LVA n°16 - Compétences bénévoles, faut-il les valoriser ?

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  • 8/22/2019 LVA n16 - Comptences bnvoles, faut-il les valoriser ?

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    comptencesbnvoles

    Faut-il les valoriser ?

    14 d

    Les rades tedacdu olat e Fra

    Gd adcontre-poin

    Les compteces odas les mutuel

    m-o pdtribun

    Le mode des odoit s'iterroer sur s

    odemets mme

    16 oemre 2011 4 .Le maazie de la Corece permaete des coordiatios associaties

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    P rsente comme un mode majeur de valo-risation et de reconnaissance du bnvolat,exprimente par un certain nombre d'associa-tions et porte par les pouvoirs publics, la valida-tion des comptences acquises dans l'engagemenau travers d'outils, rrentiels et autres porto-lios de comptences, parat aire l'unanimit.

    L'tude, prsente dans cette revue, conduite avec le soutien duConseil de dveloppement de la vie associative, met en videncecombien cet unanimisme est trompeur. D'abord, il semble que lesujet peut passionner les dirigeants bnvoles ou salaris, maisqu'il laisse les bnvoles plus roids, lorsqu'il ne suscite pas chezeux des rticences. Ensuite, l'approche du travail bnvole parles comptences participe d'une logique d'individualisation et deperormance qui transorme le quotidien des bnvoles et metsous tension l'esprit associati . Enn, l'articulation entre valo-risation des comptences et employabilit, lorsque l'on penseaux bnvoles loigns du travail, pose la question de l'instru-

    mentalisation du bnvolat et interroge le dsintressement.

    Bien sr, on n'apprend pas que sur les bancs de l'cole. Les asso-ciations sont des lieux d'acquisition de comptences et cetteonction ducative et ormatrice est largement sous-estime dansnotre socit. Bien sr, le diplme initial conditionne beaucouptrop les parcours de vie et les associations peuvent (doivent ?)contribuer changer cette situation injuste socialement et ine-cace conomiquement. Encore aut-il que la validation desacquis de l'exprience trouve un nouveau soue dans notre pays,

    sinon l'exprience bnvole n'a que peu de chance d'ouvrir denouveaux droits et de permettre une relle rorientation proes-sionnelle. Encore aut-il galement apprhender, avec rigueur etsrnit, les eets qui en dcoulent sur le bnvolat m, avanttout, par la volont bonne . C'est tout l'objet de ce numro dela Vie Associative, que je vous invite dcouvrir et discuter.

    U sujet aussemetcosesuelPr Nadia Bellaoui, vc-prsnt CPCDirecteur de la pulicatio

    Andr Leclercq

    Resposale de la rdactioNadia Bellaoui (vice-prsidentede la CPCA en charge de l'engagement)

    RdactioStphanie Rizet (CPCA),Hlne Spoladore (La Pirogue)

    Ot particip ce umroFatima Akkacha (Ligue de l'enseignement),Solne Briel (CNOSF), Hlne Dolgorouky(Uniopss), Bastien Engelbach (Animaac),Jacqueline Mengin (Fonda), HubertPenicaud (Croix-Rouge ranaise), Anne-Carole Poitrenaud (France Bnvolat),Marc-Olivier Padis (Revue Esprit).

    Illustratios

    Flow

    MaquetteJonathan Debauve

    ImpressioChevillon Imprimeur,26 boulevard Kennedy - 89 101 Sens

    Publication ralise avec le soutien de laCaisse des dpts et de la Mission cono-mie sociale de la Direction gnrale de lacohsion sociale (DGCS).

    Nos partenaires, le Crdit Cooprati, leGroupe Chque Djeuner, Chorum, la Maci

    et la Mai, nous soutiennent au titre dumcnat d'entreprise pour le dveloppe-ment d'un mouvement associati organis,autonome et d'intrt gnral.

    Vous pouvez commander ce numro parmail [email protected] ou sur notresite cpca.asso.r/la-vie-associative.

    Exemplaire papier4 (5 , rais de port inclus)

    Pulicatio dite par la CPCA28 place Saint-Georges 75 009 Paris01 40 36 80 10contact@cpca. asso.rcpca.asso.r

    ISSN : 1761- 9149Dpt lgal parutiondite en 3 500 exemplaires

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    une proccupation croissante

    Les grandes tendances du bnvolat

    Viviane Tchernonog : Les associations ont besoinde bnvoles, mais aussi de comptences

    Un questionnement indissociable des mutations du monde associati

    L'esprit associati sous tensionGrard Andreck : Entre ecacit managriale et thique mutualiste

    22

    entre citoyennet et employabilit

    La n du dsintressement ? 2

    Le bnvolat de comptences : des cadres en mission associative 2

    Anne Bory : Corporate volunteering 2Les bnvoles seniors : une autre utilit socialeaprs la carrire proessionnelle 3

    Bnvoles et chmeurs : retrouver un statut d'acti

    Jean-Baptiste de Foucault : Il aut aire du bnvolatpour le bnvolat et ne pas l'instrumentaliser

    TRIbUnE LIbRE

    Marc-Olivier Padis : Le monde des bnvolesdoit s'interroger sur ses ondements mmes 3

    DITORIAL

    Nadia Bellaoui : Un sujet aussement consensuel

    Les comptences des bnvoles, une histoire rcente

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    Das le sillae de la loi sur la alidatiodes acquis de l'expriece ole

    Considre comme une orme de reconnaissance de cettepratique, la loi sur la validation des acquis de l'expriencebnvole de janvier 2002 a ait l'objet d'un accueil positiparmi les acteurs associatis. Dans le mme temps, elle aconstitu l'occasion de lgitimer et de diuser grandechelle une grille de lecture des activits bnvoles entermes de comptences jusqu'alors peu usite. Diversoutils de reprage et de collecte ont t bauchs dans laoule, tout d'abord sous gide gouvernementale. Puis,parmi les recommandations du rapport sur le bnvolatassociati rdig par le snateur Bernard Murat en 2005,est venue gurer l'institution d'un passeport du bnvole.

    Le Passeport bnvole de France Bnvolat, lancen 2007, rpond cette prconisation. Soutenu par lesMinistres de la Sant et de la Jeunesse et de la Vie asso-ciative, il ait galement l'objet d'une reconnaissance parle Ple emploi, l'Association nationale pour la ormationproessionnelle des adultes (AFPA) et le Ministre del'ducation nationale, dans la construction des parcours

    de VAE. Ce livret personnel doit permettre chacun deconsigner et de garder trace de ses diverses expriencesassociatives. Le Carnet de vie du bnvole du Comitnational olympique et sporti ranais s'est inscrit dans lemme mouvement. Disponible en ligne, il permet auxbnvoles de mmoriser des donnes sur leurs parcourset de s'auto-valuer partir d'une liste d'items. Tous deuxsont issus du monde associati et prsents comme desoutils de reconnaissance, d'volution proessionnelle, etenn de gestion des ressources humaines bnvoles pourles structures d'accueil.

    Dirents programmes europens se sont ajouts cinitiatives nationales, l'instar de VAEB pour un prjet proessionnel , men dans sept pays entre 20032006 et destin identier, valuer et valoriser les comptences acquises dans un cadre associati. De mmentre 2004 et 2006, le projet REFINE a travaill intgrer plusieurs outils europens comme vecteurs cohsion entre l'ducation ormelle, non ormelle inormelle, dans une dmarche globale d'valuation, reconnaissance puis de validation des acquis de l'exprience . Un curriculum vitae europen a alors t te

    auprs d'un panel de bnvoles dsireux d'entreprendune dmarche de VAE. Enn, ce travail de promotiotrouve aujourd'hui des suites l'chelle hexagonale. Ugroupe de travail pilot par la Djepva constitu aprsConrence de la vie associative de 2009 a ainsi bti urrentiel destin l'ensemble du monde associaticentr sur les comptences dites transversales.

    Ue deuxime impulsio aec le Fodsd'exprimetatio pour la jeuesse

    En 2009, le Fonds d'exprimentation pour la jeunessemis en place par le Haut commissaire la jeunesse Matin Hirsch a permis le nancement de plusieurs expmentations. La principale concernait l'introduction d'livret de comptences l'cole, dont l'un des axes visnotamment valoriser les engagements associatis djeunes. Un appel projets de ce mme onds s'intitulaussi Amliorer la reconnaissance des comptences aquises par l'engagement associati des jeunes . Diversorganisations y ont rpondu, telles Animaac, le CNOSla Croix-Rouge ou encore la Ligue de l'enseignement. C

    Les compteces des oles :

    ue istoire rceteL'ide mme de comptence applique la population des bnvolesn'a gure plus d'une quinzaine d'annes. Si elle doit initialementbeaucoup l'impulsion des pouvoirs publics, sa popularit actuelleest indissociable de l'cho rencontr auprs d'une grande partie dumonde associati. Plusieurs structures se sont montres pionnires enla matire, nourrissant ainsi la rexion l'origine du prsent numro.

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    structures ont alors centr leur dmarche sur deux voletscomplmentaires : du ct des jeunes, il s'est agi d'identi-er les comptences acquises dans le cadre d'une activitbnvole et d'en permettre une valorisation au cours desparcours d'insertion proessionnelle. Du ct des entre-prises, l'objecti est de saisir les reprsentations du bn-volat en vigueur chez les recruteurs et, dans un secondtemps, de aire connatre et de convaincre de la valeur

    ajoute de l'exprience associative dans un CV. Cette deu-xime phase est encore en cours.

    Le panorama brivement esquiss ne doit pas laissercroire une homognit du monde associati sur cettequestion des comptences des bnvoles. Certainesstructures s'en sont empares tandis que d'autres de-meurent plus rtives. Sans doute leur taille, la prsenceou non de salaris en leur sein, la nature des missionsdvolues aux bnvoles ou encore la culture associativejouent-elle un rle en la matire. Nanmoins, cette th-

    matique apparue rcemment est dsormais incontour-nable chez beaucoup d'entre elles. Et lire l'exprience b-nvole travers un tel prisme, qui interroge des valeurset des pratiques emblmatiques d'un certain espritassociati , n'est peut-tre pas anodin. C'est sur la basede cette intuition qu'un groupe de travail pilot par laCPCA a souhait approondir le sujet des comptencesdes bnvoles, omniprsent mais peu questionn dansses ondements comme dans ses eets.

    Pour aller plus loin

    La validation des acquis de l'expriencebnvole : un d relever ensemble ! ,ribune Fonda, n184, 2007, tlchargeableen ligne : http://www.onda.asso.r/La-VAE-benevole-un-de-a-relever.html

    Le Passeport bnvole de France bnvolat :http://www.passeport-benevole.org/

    Le Carnet de vie du CNOSF :http://ranceolympique.com/art/160-carnet_de_vie_du_benevole.html

    La dmarche bnvolat et comptencesd'Animaac : http://www.animaac.net/ormations-benevolat-et-competences-comment-valoriser-son-parcours-associati

    Bnvolat : reconnatre les comptences ,conue par un groupe de travail du Ministrede l'ducation nationale, de la jeunesse et de laVie associative : http://www.associations.gouv.r/IMG/pd/Porteeuille_competences_2011.pd

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    L mn ssct cnn cs rnrs nns

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    Les compteces oles

    Ue proccupatiocroissate

    16oemre 2011la vie associative

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    Ue pratique qui ted se delopper

    Sur 1 100 000 associations, 172 000 ont recours de aonrgulire ou non de l'emploi salari. Les autres, qui nes'appuient que sur du bnvolat pour raliser leurs pro-jets, ont gnr 76 % du volume total de travail bnvole.Ce dernier a d'ailleurs augment un rythme soutenu de5 % sur les six dernires annes (soit 30 % au total). Dans lemme temps, le nombre de bnvoles a connu une crois-sance de 23 %. Enn, le nombre d'associations semble avoirsuivi la mme tendance, mme s'il est dicile sur ce pointd'obtenir des rsultats prcis tant la part des structures nondissoutes mais en sommeil semble importante.

    Aumetatio 'est pas somede dmocratisatio

    Tout comme la participation associative en gnral, l'en-gagement bnvole s'avre plus masculin que minin. Ilconcernait 30 % des hommes et 22 % des emmes en 2002,une proportion qui demeure stable. Ce constat gnralpeut cependant tre nuanc en onction des secteurs d'ac-tivit. Le sport, mais aussi la dense des droits, la cultureet les loisirs sont des bnvolats masculins. Les emmes

    semblent plus disposes s'engager dans le domaine du-cati, dans l'action sociale et l'humanitaire ou encore dansle domaine religieux. On retrouve ainsi, dans le bnvo-lat, la rpartition traditionnelle des tches et des centresd'intrt selon le genre.

    L'eet de la catgorie socioproessionnelle sur la partici-pation bnvole est aussi un constat largement partag.Les engags appartiennent globalement aux catgories lesplus diplmes des proessions intermdiaires (enseigne-ment, travail social). Paralllement la catgorie socio-

    proessionnelle, le niveau d'instruction s'avre galemeortement discriminant. Les diplms de l'enseignemesuprieur sont ceux qui adhrent et participent le plaux activits associatives et cette tendance semble s'ts'accentue depuis les annes 1980. l'inverse, la part dpeu ou pas diplms a ortement diminu, de mme ql'intensit de leur participation.

    L'ge, enn, contribue structurer de aon signicatila distribution des taux d'adhsion et de participatiassociative. Alors que ce taux culminait pour la trancdes 34 moins de 44 ans en 1982, il a progressivment recul. C'tait, en 2002, des individus plus gs (

    64 ans, 64 ans et plus) qui prsentaient les rquencmaximales. Par ailleurs, les bnvoles rguliers ont tedance tre plus gs que les occasionnels, leur taux participation maximum se situant 49 ans contre 42 apour les seconds.

    Le poids de ces variables, dj ort, est encore plus mqu parmi les dirigeants associatis. Ainsi, les emmn'occupent-elles que 31 % des onctions de prsidenalors qu'elles sont majoritaires parmi les secrtairLes jeunes sont quasiment absents de cette oncti

    tandis que prs d'un prsident sur deux est retrait. En, les catgories socioproessionnelles suprieures moyennes (actives et retraites) semblent surreprsetes dans les onctions de direction.

    Ue participatio associatie moisdisperse mais plus dese

    Les dterminants sociodmographiques de la particiption bnvole et de la prise de responsabilit sont somis une grande inertie, mais ils semblent cependa

    Les rades tedaces

    du olatLa dernire grande enqute nationale de 2007 estime 14,2 millionsle nombre de bnvoles en France. Ceux-ci ralisent ensemble unvolume de travail de l'ordre de 935 000 emplois en quivalents tempsplein, qui viennent s'ajouter aux 1 050 000 emplois ETP du secteur.

    une proccupation croissante

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    s'accompagner d'une volution notable. On observe eneet une tendance gnrale un moindre cumul des en-gagements, sau pour les 64 ans et plus o, au contraire,le cumul augmente. Cette dispersion plus aible ne remetpas en cause la hirarchie sociale dj voque puisqueles classes moyennes restent dominantes du point de vuede la multiadhsion. Ce moindre cumul des adhsions

    s'accompagne d'une lvation globale du degr de partici-pation puisque les adhrents dclarant participer active-ment et prendre des responsabilits sont beaucoup plusnombreux. Un tel constat, associ celui d'une part crois-sante des diplms de l'enseignement suprieur parmila population bnvole, pourrait constituer un signe deproessionnalisation croissante des engagements associa-tis. Tout se passe en eet comme si ce type de dmarchencessitait dsormais une vritable spcialisation qui nelaissait plus le temps une dispersion des adhsions.

    Ce premier panorama quantitati de la pratique bnvopermet de nuancer quelques ides reues. Il relativtout d'abord l'ide d'une crise du bnvolat dont s'iquitent certains acteurs du monde associati puisqubien au contraire, cette pratique semble connatre uorte croissance depuis plusieurs annes. Il indique glement que la sociologie de cette orme d'engagement

    plus slective qu'on ne le pense souvent et que les eediscriminants du genre, du niveau de diplme et de l'y sont massivement prsents. Enn, il souligne quebnvolat ncessite une implication et des responsabts croissantes, bien loin de la dsinvolture dont on teparois qualier ceux qui s'engagent aujourd'hui.

    Pour aller plus loin

    Michle Febvre, Lara Muller, La vie associative en 2002. 12 millions de bnvoles , INSEE premire, n146, vrier 2004

    Matthieu Hly, Denis Bernardeau-Moreau, ransormations et inerties du bnvolatassociati sur la priode 1982-2002 , Sociologies pratiques, n15, 2007

    Lionel Prouteau, Franois-Charles Wolf, Donner son temps : les bnvolesdans la vie associative , conomie et statistiques, n372, 2004

    Viviane chernonog, Le paysage associati ranais. Mesures et volutions, Paris, Dalloz, 2007Nouvelle version actualise paratre prochainement

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    Diplms du suprieur Bac gnral Bac technique CAP-BEP BEPC CEP Sans diplme

    ResponsableActifAdhrent0

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    ResponsableActifAdhrent

    Modalits de participation selon le niveau d'tudes (1982 - 2002)Source : La sphre de l'engagement associatif : un monde de plus en plus slectif, http://laviedesidees.r/la-sphere-de-l-engagement.html

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    Pour aller plus loin Rapport Connaissance des

    associations , dcembre2010, n122, tlchargeableen ligne sur cnis.r

    paratre en 2012, unnumro de la Vie associativeet un dossier spcialconsacr au nancementdes associations

    A-t-on des indications

    sur l'volution du mondeassociati depuis la

    crise de 2009 ?

    La demande d'inormation sur lesecteur associati est trs orte, et elleest encore amplie par la raret desdonnes disponibles. On peut donctout dire, et la tentation est paroisgrande pour certains de livrer desrsultats qui auraient un caractre

    inattendu, sensationnel , maisqui ne tardent pas dmontrer leurincohrence. Ainsi a-t-on pu voir lesmmes observateurs dplorer tout la ois une baisse drastique desnancements publics, mesurer un moral en berne des responsablesassociatis et constater un niveauimportant de recrutements dans lesassociations !

    Soyons srieux et responsables : ac-teurs associatis et publics s'appuientsur les inormations qui leur sontournies pour agir, il est donc essen-tiel de rester prudent dans la ormu-lation de conclusions et de recom-mandations.

    Le caractre rare et parcellaire desinormations disponibles sur lesassociations doit inciter non seule-

    ment les observateurs mais aussi

    utilisateurs de donnes se posla question de leur vraisemblan conronter les sources possibl apprcier leurs points de convegence, comprendre les points divergence pour mieux cerner ralit associative.

    O en est-on aujourd'hui ?

    La priode qui a prcd la cri

    de 2008/2009 a t marque pune baisse importante des nancments de l'tat et par une monten charge des nancements des clectivits locales qui ont compencette baisse. Il en est cependant rsult des mutations violentes dales modalits de nancement et partenariat qui ont considrabment boulevers le tissu associaet conduit de nombreuses re

    tructurations du secteur.

    La crise a acclr toutes ces voltions. L'tat en a immdiatemesubi les eets, sur les rentres cales - la TVA notamment -, sur les rentres sociales du ait chmage. Dans le mme temps, besoins de solidarit ont, eux, aument. Les collectivits locales oconnu les eets de cette crise c

    Les associatios otesoi de oles,mais aussi de comptecesEnTRETIEn AvEC vIvIAnE TChERnOnOg

    Le bnvolat

    semble toujours

    en expansion. Il

    s'agit d'volutions

    socitales fortes

    qui n'ont pas de

    raison de connatre

    de rupture.

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    nomique avec un certain dcalageli la structure des leurs ressources

    scales (droits de mutation, ). En2009, leurs budgets rgions etdpartements principalement ontainsi augment et elles semblentavoir continu, pour un grandnombre, compenser la baisse desnancements de l'tat. Ce qui peutexpliquer en partie le maintien dunombre de personnes salaries dansun premier temps. Mais ce constat,abusivement quali d'augmenta-tion, a vraisemblablement masquaussi une dtrioration de la qualitde l'emploi salari, avec une aug-mentation du nombre de CDD oud'emplois trs prcaires. Il est doncdicile d'interprter correctementcette volution.

    Les choses sont direntes en 2010 :les rgions et dpartements ontsubi les eets de la crise et diminu

    le volume de leurs nancementsen direction des associations, dans

    des proportions qu'il n'est encorepossible de mesurer, mais qui ex-pliquent sans doute l'infchisse-ment du nombre d'emplois salarisobserv depuis n 2010. L'enqutesur le nancement des associationsconduite par la CPCA apporteratrs vite des lments plus prcissur ces volutions.

    A-t-on des ides sur

    les volutions rcentesdu bnvolat ?

    On peut bien entendu s'interrogersur l'impact qu'auront ces trans-ormations des modes de nance-ment et de l'emploi associati surle bnvolat. Pour le moment, lesenqutes nationales sur le sujet sontassez rares... Les sondages conduitsen 2007, 2008 et 2009 l'occasion

    du Forum national des assoctions et des ondations montre

    que les Franais sont de plus plus nombreux dire qu'ils veules'engager. Le taux de bnvoserait aujourd'hui, selon l'enquDREES, de l'ordre de 32 %. Le bnvolat semble donc toujours expansion. Il s'agit l d'volutiosocitales ortes qui n'ont pas raison de connatre de ruptuDes problmes existent cependanotamment en matire de renovellement des dirigeants bnvolqui proviennent de dicults ormation et de qualication daun contexte de orte proessionnlisation du monde associati. Cles associations ont besoin de bnvoles, mais elles ont aussi besoincomptences.

    viiae TcerooChercheuse au CNRS

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    12/4012 la vie associative oemre 2011 16

    noueaux oles ou ouelleore d'eaemet associati ?

    La gure du nouveau bnvole est prsente dansles discours de beaucoup d'acteurs associatis. Motivpar une dmarche et un intrt avant tout person-nels, celui-ci est la recherche d'actions concrtes etponctuelles, dont les rsultats sont immdiatementvisibles et ecaces. L'acquisition, le dveloppement etla reconnaissance des comptences qu'il saura mobili-ser dans d'autres sphres ont partie de ses nouvellesexigences, dans une logique de donnant-donnant bien

    loigne de toute perspective sacricielle. La montede l'individualisme et le recul des grands rcits col-lectis (politiques, religieux, moraux), l'apparitionde modes de vie plus incertains marqus par des rup-tures proessionnelles et prives viennent alors tayerun portrait qui ait brutalement vieillir l'image plustraditionnelle du bnvole dsintress, m par desvaleurs et un engagement de long terme.

    Qu'elle provoque l'enthousiasme ou l'indignation, cettedescription largement usite se dpartit rarement d'ac-

    cents moraux dommageables l'analyse. Mais surtout, ellen'est jamais relie aux mutations radicales, pourtant bienidenties maintenant, que le monde associati a connuesces dernires annes. Comme si les aons individuellesde vivre et de dire l'exprience bnvole n'avaient aucunlien avec les cadres collectis qui les suscitent, les orga-nisent et leur donnent sens. C'est pourtant de ce ct del' ore d'engagement qu'il nous aut creuser pour com-prendre la ois comment les comptences des bnvolessont devenues une proccupation essentielle du mondeassociati, et les tensions qui en rsultent.

    Deloppemet du salariat,istitutioalisatio du olat

    Le monde associati connat depuis une trentaid'annes une croissance massive de ses activits conmiques, croissance largement sollicite et organise ples pouvoirs publics. L'augmentation continuelle dnancements qui lui ont t accords (au moins jusqula crise conomique de 2008) et le quasi triplement deectis salaris concomitant de 600 000 au dbut dannes 1980 presque deux millions aujourd'hui attestent. Le bnvolat s'en est trouv recongur da

    le sens d'une institutionnalisation de ses pratiquIntervenir aux cts de salaris associatis ou d'autrproessionnels tels des enseignants ou des mdecinncessite un cadrage bien prcis de la place des bnvoles. L'importation de procdures et d'outils issus salariat (recrutement, ches de postes, ormation, etapparat alors comme un principe d'organisation et cadrage de leur activit, qui permet notamment d'vila concurrence et le confit dans la relation avec les pressionnels salaris.

    olutio des modes de acemetspulics, productiit du olat

    Dans le mme temps, plutt qu' un dsengagement l'tat si souvent dnonc, on assiste une recongurtion de ses modalits d'intervention et de nancemeLes subventions de onctionnement, auparavant versaux associations sur leur projet global, se sont progresivement rares au prot de nancements sur dactions prcises et bornes dans le temps. Le dveloppment actuel des appels d'ore et autres appels proj

    U questioemet idissociale

    des mutatios du mode associatiOn oppose souvent les motivations et les modalits d'actiondes nouveaux bnvoles celles des anciens . Mais cettedichotomie ne rete-t-elle pas plutt une proonde mutationde l'ore de bnvolat ? Proessionnalisation et rationalisation dumonde associati transorment en eet les aons de s'engager.

    une proccupation croissante

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    amoindrit encore la marge de manuvre de structuresmises en concurrence dans une logique de prestationplus que de partenariat. Les associations sont conduites mettre en avant des indicateurs concrets d'ecacit, leplus souvent quantitatis, et rgulirement soumis va-luation. Dans un tel contexte, le bnvolat peut devenirune ressource non ngligeable : d'une part, il constitue

    en tant que tel un argument valorisable dans un dossierde nancement. D'autre part, il n'est plus seulementengagement au service d'un projet mais aussi, et paroisprioritairement, ressource en main d'uvre dans unprocessus de production. Certaines activits bnvolessont ainsi soumises aujourd'hui une demande crois-sante d'ecacit, tout comme les salaris.

    Complexicatio admiistratie,tecicisatio du olat

    Cette volution des modes de nancement est indis-sociable d'un mouvement de complexication des loiset des rglements auxquels les associations sont sou-mises. Les obligations juridiques, comptables et scalesdont elles ont l'objet se sont ortement alourdies cesdernires annes, tmoignant dans le mme temps deormes de contrle croissantes qui concernent aussi lesactivits des bnvoles. Une certaine technicit devientncessaire, notamment pour tous ceux qui se charge-ront d'organiser ou d'animer ces activits (mme si ellen'pargne pas tout ait les autres, de plus en plus incits utiliser des supports et des outils permettant de rendre

    compte et de laisser des traces crites de leurs ralisa-

    tions). Mais la question prend bien entendu une acutoute particulire pour les dirigeants, prsidents et trsoriers, surtout dans des structures aisant appel dsalaris et grant des budgets consquents. Les comptences requises se ont alors si pointues que les inquitudes se multiplient aujourd'hui quant la possibilit pourvoir l'avenir ces onctions.

    Les compteces oles :u rlateur des tesios l'ure

    La problmatique des comptences des bnvoconstitue ainsi le refet de transormations proondes monde associati qu'elle contribue dans le mme tem accompagner. L'apparition de toute une littrature mnagriale (guides, rpertoires de bonnes pratiques, etet d'une ore de ormation spcique sur le thme degestion des ressources humaines bnvoles tmoigne

    poids grandissant de cette proccupation laquelle elont bonne place. L'accolement des deux termes, comptences et bnvoles, ne va pas pourtant sans suscitde tensions. Car l' esprit associati que ceux-ci socenss incarner, garantir et lgitimer ne ait pas toujoubon mnage avec les volutions dcrites en termes d'intitutionnalisation, de productivit attendue et de tecnicisation. En ce sens, la question des comptences dbnvoles est rvlatrice de cette conrontation permnente et de ses implications concrtes et quotidiennC'est l tout le sujet de l'enqute mene par la CPCA.

    Pour aller plus loin

    Bndicte Havard-Duclos, Sandrine Nicourd, Pourquoi s'engager ? Bnvoles etmilitants dans les associations de solidarit, Paris, Payot, 2005

    Matthieu Hly, Les mtamorphoses du monde associati, Paris, PUF, 2009

    Maud Simonet, Le travail bnvole. Engagement citoyen ou travail gratuit ?, Paris, La Dispute, 2010

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    Compteces des oles :de quoi parle-t-o ?

    Il existe aujourd'hui autant de dnitions de la notionde comptence que d'auteurs et d'outils qui la prennentpour objet. Plutt que d'allonger encore une liste djbien ournie, l'tude a cherch comprendre quelsusages les acteurs associatis ont de ceterme, et comment les pratiques desbnvoles s'en trouvent aectes. cetgard, si la question de la comptence

    apparat rarement associe l'adjecti proessionnelle , ce dernier est pour-tant invariablement sous-entendu. Par-ler de comptences, c'est d'abord parlerde comptences proessionnelles, et airerrence de aon plus ou moins tacite des notions de complexit, d'ecacitet de productivit de l'action. En creux,c'est aussi souvent opposer bnvolatet salariat, amateurisme et proession-nalisme, monde associati et sphre del'entreprise. Ces paires envisages comme antinomiquesont distinctement apparatre toute l'ambivalence quiimprgne aujourd'hui la question du bnvolat dansbeaucoup d'associations.

    Le olat, ictime d'u modeassociati do ou icaratiode ses ailesses actuelles ?

    La majeure partie des acteurs associatis, lus et sala-ris notamment, relativisent tout d'abord l'ide d'une

    crise gnralise du bnvolat si souvent proclamDes inquitudes existent en la matire, mais elles soproportionnelles aux comptences attendues. Dpetites mains, on en trouvera toujours : cette phrarcurrente rsume un sentiment largement partagPour des activits simples, rptitives ou encore pontuelles, les bonnes volonts sont loin de dcliner, voi

    mme se multiplient. En revanche, elsemblent se rarer ds lors que tches vises (justement celles qui sucitent des besoins croissants) implique

    une orte technicit, une spcialisatiodes responsabilits d'animation et d'ecadrement d'quipe, et plus encore donctions de direction. Face une od'engagement de plus en plus compleet exigeante, les bnvoles suscitent dapprciations contrastes, incarnatour tour un dvouement presque hroque et une rsistance au changemeteinte de mollesse.

    Essence et ressource du monde associati, garant trditionnel de ses valeurs et de ses nalits, le bnvlat est aussi parois peru dsormais comme un repotentiel son dveloppement : pourront-ils suivremouvement ? . Les reprsentations dont il ait l'oboscillent entre nostalgie d'un ge d'or et satisaction voir diminuer l'amateurisme et la bonne ranquetteDes regrets s'expriment pour une part, qui concerneune poque rve o les contraintes administrativesnancires taient souples, le salariat et la question la rentabilit conomique presque inexistants, les bn

    L'esprit associati

    sous tesioLa CPCA a men une tude sur la problmatique descomptences des bnvoles. L'analyse met en vidence lecaractre dsormais incontournable de ce questionnementdans beaucoup d'associations. Mais elle souligne aussi lestensions suscites lorsque cet enjeu vient malmener les valeursemblmatiques d'un esprit associati toujours bien ancr.

    une proccupation croissante

    La comptence est

    rarement associe l'adjecti

    professionnelle

    mais celui-ci

    est toujours

    sous-entendu

  • 8/22/2019 LVA n16 - Comptences bnvoles, faut-il les valoriser ?

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    voles libres et matres de leurs associations. L'ide d'unsalariat impos et presque subi ( travers les contratsaids notamment) est d'ailleurs bien prsente, y compris

    chez les salaris eux-mmes. Ce discours critique sur lesvolutions du monde associati et du bnvolat se voitdans le mme temps contrebalanc par une srie d'ar-guments qui soulignent les amliorations intervenues,en termes de gestion plus ecace de l'argent public, dequalit des activits et des services rendus par les asso-ciations. travers ces deux perceptions du bnvolat,parois prsentes chez une mme personne d'ailleurs,s'exprime la crainte de voir disparatre un certain espritassociati, mais aussi la ncessit perue de s'adapter une nouvelle donne inluctable. La question des com-ptences constitue alors un rvlateur des tensions l'uvre.

    Le olat, crateur de liesocial ou d'exclusio ?

    Dans beaucoup d'associations, la bonne volont ne su-t plus aujourd'hui exercer des activits bnvoles deplus en plus complexes et spcialises. Le constat estdevenu banal, mais ses consquences sont nalementpeu interroges, sau pointer le risque de pnurie et

    l'importance croissante de la ormation. Beaucoup structures (celles qui ont une implantation nationaledes salaris en premier lieu) dveloppent ainsi des pr

    grammes riches et pointus que les bnvoles sont ints, voire parois obligs, suivre. Cette dimension contrainte peut dj, en elle-mme, poser question sein des structures concernes.

    Une deuxime consquence concerne le recrutemecar les comptences ncessaires l'action ne sont ptoujours des produits de l'engagement qui rsultent la ormation et de l'exprience de terrain. Elles sembleaussi tre plus rquemment un pralable celui-Pour les lus et les responsables d'activit en particuli

    les rles de la ormation initiale et de la carrire proesionnelle deviennent incontournables. Cette slectipar les comptences trouve s'expliquer. L'oprationnlit immdiate des bnvoles constitue en eet un gade temps, d'nergie et nancier, ce qui n'est pas nggeable dans des structures souvent prises la gorgeet en manque de chacune de ces ressources. Elle peaussi orir certaines garanties quant la qualit dactions menes et ce sont alors les publics bnciairqui viennent lui apporter, plus ou moins explicitemejustication. Enn, elle est source de conort pour

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    bnvoles dont l'eort d'adaptation et de mise niveausera moindre. Parce que quelque part, a arrange toutle monde , cette slection par les comptences tendainsi se dvelopper dans bon nombre d'associations.La plupart du temps, elle est cependant un constat a pos-teriori plutt qu'une intention initiale. Et elle ne va passans susciter malaise et questionnements.

    La vocation rassembleuse, unicatrice, cratrice de liensocial du bnvolat associati doit ainsi cohabiter dsor-

    mais avec des pratiques de recrutement plus ormaliseset plus slectives. La tension peut s'avrer particuli-rement orte au sein d'associations qui ont vocation lutter contre l'exclusion sociale tout en reproduisant eninterne certains des mcanismes qui en sont l'origine.Plus largement, qu'en est-il de la lgitimit du mondeassociati s'exprimer au nom de la socit s'il se aittoujours plus litiste ?

    Sociailits autetiques ou relatios de serice ?

    Pour la plupart des acteurs associatis, une associationn'est pas seulement un lieu o chacun doit pouvoirtrouver sa place, elle constitue galement un espace derelations vraies , authentiques , personnalises et galitaires , la ois en interne et avec les publicspotentiellement viss. Cette dimension de l'esprit asso-ciati, bien sr trs idalise, entre elle aussi en tensionavec les volutions actuelles du monde associati et dubnvolat. Car, dans bien des structures, ces relationsassociatives sont soumises l'exercice d'un certain

    nombre de comptences spciques, et rgies par uorganisation du travail de plus en plus individualiserationalise.

    Les ormations l'accueil, l'coute, au soutien psychlogique en constituent une bonne illustration. Elles dveloppent ortement ces dernires annes, en paticulier dans les associations dont le projet comporune dimension sociale. L'enjeu est d'importance cdans beaucoup de structures, les bnvoles assurent

    premier contact, sinon le seul, avec le public. Ces omations relationnelles, principalement donnes pdes proessionnels salaris (psychologues, travailleusociaux, ), sont motives par un principe souvenonc : on ne peut pas tre bnvole uniquement avle cur, il aut un minimum de comptences . Il s'aessentiellement de cadrer une relation qui ne doit meten dicult ni le bnciaire de l'action ni le bnvoet de permettre ce dernier de trouver la bonne dtance . Les marques de amiliarit (tutoiement, contaphysique, etc.) y sont notamment dconseilles. Ces o

    mations suscitent cependant des ractions mitiges chbeaucoup de bnvoles qui y voient une tentative standardisation, d'uniormisation de rencontres quconoivent, pour leur part, comme toujours uniquesncessairement empreintes d'aects.

    Les relations entre bnvoles de l'association se voieelles aussi, transormes par une organisation du travo les questions de qualit, de rgularit et de constandes actions menes jouent un rle croissant. Une teconception implique une grande adaptabilit des bn

    MthodologieL'tude, intitule Faut-il valoriser les comp-tences des bnvoles ? , a t ralise en 2011par la CPCA et pilote par un groupe associa-ti (Animaac, CNOSF, Croix-Rouge, Fonda,France Bnvolat, Ligue de l'enseignement,Uniopss). Le recueil de donnes a concern

    18 structures rparties sur l'ensemble de laFrance et reprsentant une grande diversitde secteurs d'activit. Les associations visescomptent une quinzaine plusieurs milliers demembres. Certaines se composent uniquementde bnvoles tandis que d'autres les ont coha-biter avec des salaris dans des proportionsvariables. 80 entretiens ont t mens auprsde bnvoles lus, responsables d'activit ouoprationnels, de salaris.

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    voles qui est l'origine de certaines tensions. Par exemple,les groupes anitaires, surtout s'ils existent de longuedate, peuvent devenir problmatiques, toujours soupon-ns de onctionner en vase clos, de manire sclrose, etde reuser de s'adapter la nouveaut. Et l'on peut alorsparois chercher les dissoudre dans d'autres collectisplus volatiles. De mme, dans certaines structures, lesbnvoles ne sont pas encourags s'approprier troppersonnellement leurs espaces et leurs outils de travail :d'autres doivent tre en mesure d'y avoir recours de lamme manire et de parvenir un rsultat quivalent. Parailleurs, les activits sont amenes voluer au rythmedes projets et des renouvellements de nancement.

    L'existence de ormes de sociabilit spciques et nondnues d'aect, l'ide d'appropriation, de personnalisa-tion de l'activit (notamment dans la sphre de l'duca-tion populaire) sont parties prenantes d'un esprit asso-ciati auquel beaucoup d'acteurs demeurent attachs etqui se voit ici ortement questionn. Qu'en est-il de larevendication d'un modle alternati de relation au tra-vail qui incarnerait, chelle rduite, une autre aon de

    aire socit ?

    Ue attetio radissate porteau traail des oles

    Dans nombre d'associations, le bnvolat connat actuel-lement de ortes transormations, s'institutionnalise et secomplexie. Ses modes d'organisation semblent entra-ner une tendance l'individualisation et la fexibilisa-tion des activits qu'accompagne l'usage croissant d'une

    grille de lecture en termes de comptences. Un tel consdoit bien entendu tre nuanc en onction de nombreparamtres tels que le projet de l'association, son publsa taille, la prsence ou non de salaris en interne, etc.

    Dans le mme temps, cette approche par les comptences a contribu aire voluer le regard port sur dbnvoles dont les activits sont dsormais apprhedes aussi sous l'angle du travail et non plus uniquemesous celui de l'engagement moral. Les conditions da

    lesquelles ces activits sont organises et eectues ol'objet d'une attention grandissante et bienvenue dabeaucoup de structures, la ois pour des raisons d'ecacit quotidienne et de dlisation des bnvoles dale temps. Mais ace cette proccupation nouvelle pole maintien des engagements, la solution la plus rquemment avance, qui consiste proposer des ormde valorisation des comptences exerces, comporte eaussi de nombreuses ambiguts.

    Pour aller plus loin

    L' esprit associati l'preuve dutravail , dossier coordonn par Anne Boryet Sylvie Clrier, Sociologos, n5, 2010,http://socio-logos.revues.org/2438

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    Les associations ne sont pas les seules recourir des b-nvoles pour diriger leurs structures et mener bien leursprojets. Les mutuelles, autres acteurs cls de l'conomiesociale, s'appuient galement sur des dlgus bnvoles,qui peut-tre plus que dans les associations, doivent na-viguer entre contraintes conomiques largement condi-tionnes par la concurrence et projet politique.

    Dans une tude de 2005 sur le militantisme mutualiste,Emmanuel Closse s'interrogeait sur le pourquoi de l'en-gagement bnvole de dizaines de milliers de personnesdans les mutuelles si celles-ci sont des entreprisescomme les autres, c'est--dire intgralement subordon-nes aux lois dominantes du march et leur logique .Il avanait une hypothse : l'engagement militant enmutualit est structur et motiv par des ressorts poli-tiques . Mais Emmanuel Closse pointait galement que

    le besoin de proessionnalisation de ces militants, du de normes lgales et rglementaires, et du poids deconcurrence du secteur lucrati, pouvait menacer cet egagement politique . Il reconnaissait que ces militandevaient sans cesse aire le pont entre ecacit managriale et thique mutualiste (onde sur la solidaritdmocratie, la dngation du profit comme nalit). Ole voit, dans les mutuelles comme dans les associationsquestion des comptences des dlgus bnvoles se aujourd'hui plus prgnante.

    Assurer le risque ole

    L'activit d'un assureur se complexie , analyse GraAndreck, prsident de la Maci. titre d'exemple, cration, la Maci n'assurait que les vhicules et le logment de ses socitaires. Aujourd'hui, elle propose de l'a

    Etre efcacit maarialeet tique mutualiste

    Comme les associations, les mutuelles s'appuient, pour

    leur gouvernance, sur des bnvoles. Si les modes derecrutement varient entre les deux secteurs, les problmatiquesde ormation ou d'engagement sont proches.

    une proccupation croissante

    grard AdreckPrsident de la Maci

  • 8/22/2019 LVA n16 - Comptences bnvoles, faut-il les valoriser ?

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    surance sant, de l'assurance-vie, des produits nanciers,etc. mais elle rpond galement aux besoins des proes-sionnels, des associations ou des comits d'entreprise.

    Cette diversication oblige la mutuelle pouvoir s'ap-puyer sur des militants en phase avec l'volution des m-tiers tout en tant en situation de prendre en compte lesenjeux politiques et conomiques sur lesquels la mutuelledveloppe son projet.

    Dans le mme temps, le contexte lgislati et rglementairese complexie lui aussi, ne acilitant pas l'exercice de cesystme de gouvernance. Constituti d'un risque potentielpour certains, le militantisme est une opportunit pour lagouvernance ; pour d'autres, il permet prcisment de d-velopper un projet conomique crateur de valeur sociale.Le maintien de cette gouvernance spcique et atypiquecontraint les mutuelles un devoir d'anticipation en ma-tire de comptences des dirigeants bnvoles.

    caes de compteces

    La Maci compte prs de 5 millions de socitaires. Pourtre reprsents dans les instances dcisionnelles de lamutuelle, ils lisent 2 000 dlgus. Ces porte-paroles sontissus des organisations syndicales salaries, de drationspatronales et d'organisations de l'conomie sociale. Pourpartie, la Maci s'enrichit ainsi des connaissances, desexpriences acquises par les bnvoles associatis : res-ponsabilit employeur, gestion des ressources humaines,

    construction de plan de dveloppement, etc. Le ait queles syndicats d'employeurs associatis se lancent dans laormation des bnvoles est particulirement intressantpour les mutuelles. La Maci dveloppe des actions ana-logues pour ses dlgus via Campus, structure internequi propose des ormations pour les nouveaux dlgusmais aussi, pour certains d'entre eux, des sessions sur desthmes spciques comme par exemple les nouvelles r-glementations ou le management des risques.

    Les mutuelles misent sur l'change d'inormations. Si on ne

    peut pas encore parler de rciprocit dans la mesure o lesormations proposes par la Maci ses dlgus concernentdavantage les comptences mtier, la Maci souhaite nan-moins dvelopper des actions avorisant la transversalit.

    Resposailit

    La constitution des listes de bnvoles mutualistes se sur des critres de diversit et de reprsentativit. Biqu'essentiels, on ne peut plus se contenter de ces seucritres. Le dveloppement de nos activits conomiqunous oblige prendre en compte les comptences dcandidats , reconnat Grard Andreck. La poursuite

    projet conomique et politique de la Maci amne l'ingration de militants ayant un regard aigu sur les activitde la mutuelle dans les domaines de l'habitat, de la moblit, de la sant, ...

    La mutuelle constitue donc des listes de dlgus qdans leur parcours militant ou proessionnel, ont acquune expertise dans les dirents domaines d'activit demutuelle. Cette recherche de correspondance entre actits proessionnelle et militante est assez nouvelle sans qus'agisse pour autant de verser dans l'excs inverse. Un qlibre doit s'oprer entre engagement sur le projet politiqet comptences proessionnelles rinvestir dans le madat de dlgu. Les comptences proessionnelles ne sodonc pas une condition sine qua non l'lection des dgus, mais elles ont bien partie d'un aisceau d'indices

    Formatio aturelle

    Les militants travaillent trs troitement avec les salariCette collaboration vient alimenter le projet conomiq(nouveaux besoins, nouveaux modes de distributionsoucis de proposer une ore de qualit accessible au pl

    grand nombre de personnes).

    Cette collaboration participe galement la ormati naturelle des militants qui, leur tour, peuvent senbiliser les quipes salaries des risques mergents oude nouveaux types d'engagement. C'est ainsi que la dmarche Maci Sourds est ne, dispositi indit qui permde rendre l'assurance accessible aux personnes sourdet malentendantes. L'initiative a t mise en place suitel'intervention d'une dlgue de socitaires qui, lors d'uassemble rgionale, a soulign les problmes que renco

    trait cette population d'assurs. Car, l'acte premier est bil'envie de s'engager. Les salaris sont vraiment aux ctdes militants et c'est bien ensemble qu'ils dveloppent uore d'assurance plus quitable.

    Pour aller plus loin

    Emmanuel Closse, Les politiques mutualistes. tude de la dimension politique dumilitantisme mutualiste, 2005, prim par l'ADDES en 2006.

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    20/40

    14 millions de bnvoles

    quoi a sert ?Lundi 5 dcembre 2011 - 14:00

    hteL de viLLe de paris loccasion de la Journe Mondiale du bnvolat

    suivie de la soire des bnvoles

    inscription gratuite & programme

    sur benevolat2011.org

    en partenariat avec

  • 8/22/2019 LVA n16 - Comptences bnvoles, faut-il les valoriser ?

    21/40

    mardi 17 janvier 2012 Parisu sige du - 80 boulevrd uguste blnqui - 75013 Pris

    inscriPtion grtuite sur cPc.sso.fr/inscriPtion/17-jnvier

    Les aa actricesde leur dveloppement

    Financement des associationse a a p aa, x 2012 ?

    tbles-rondes

    Constats de lenqute

    Financement public

    Partenariats privs

    Banques et fnance solidaire

  • 8/22/2019 LVA n16 - Comptences bnvoles, faut-il les valoriser ?

    22/4022 la vie associative oemre 2011 1622la vie associative oemre 201116

  • 8/22/2019 LVA n16 - Comptences bnvoles, faut-il les valoriser ?

    23/40 16 oemre 2011 la vie associative

    L bnvt cnn cs rnrs nns rtsvtns, ntmmnt trvrs ms n pc gqs rgnstnns q snt vns mmnr

    n sprt ssct tjrs bn ncr. Ls bnvs

    n snt 'rs ps s ss tchs. Dns bcp

    strctrs, 'ntrctn nvx ts gstn,

    prssn prctvt ncr mtpctn snctrs t s cntrs ssctnt n ms prm

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    tn ccrs bnvt, s smts ntr cs x

    ctgrs trvrs sscts s nt crssnts.

    Es ntrrgnt cmpmntrt s pstrs t s

    rs, vr s pssbs sbstttns ntr s ns t s

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    rtn prgrssv rms nstts vrstn bnvt. Cmm s mnt n cmptncs ttn

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    prts, cctvs t nvs. C'st sr c xm

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    ps cpnnt qstn sntrssmnt t t-

    bt n n mbg ntr ctynnt t mpybt.

    Les compteces oles

    Etre citoeet

    et emploailit

    D.R. 16oemre 2011la vie associative

    Dernire campagne de l'associa-tion Lire et aire lire : Enchan-tez votre quotidien, racontezdes histoires aux enants .

  • 8/22/2019 LVA n16 - Comptences bnvoles, faut-il les valoriser ?

    24/4024 la vie associative oemre 2011 16

    valoriser les compteces des oles,

    ue dmarce difcilemet cotestale

    Comment ne pas souscrire une intention positiveenvers une population dont les mrites sont largementclbrs ? D'autant qu'il rgne cet gard un certain fousmantique propice au consensus, la ois sur le terme devalorisation (on parle tout aussi bien de reconnaissance,de gratication, d'incitation, de promotion, de soutien,etc.), et sur celui de comptence (mot valise par excel-lence). Les quelques mesures dj mises en place par lespouvoirs publics ont ait l'objet d'un accueil trs avorableau sein du monde associati qui avait d'ailleurs parois

    contribu les porter (VAE bnvole notamment), tandisque d'autres sont en pleine exprimentation ou l'tat deprojets (crdits universitaires octroys en change d'unengagement associati, CV citoyen, ). Plusieurs struc-tures ont galement instaur en interne des dmarches etdes outils de cet ordre.

    Cette approche du bnvolat positionne en eet les asso-ciations comme des lieux de ormation part entire, etva l'encontre de l'image d'amateurisme dont elles ontle sentiment de ptir encore. Elle tablit galement une

    orme d'quivalence entre ducations ormelle et non or-melle, argument positi pour tous ceux qui se rclamentdes principes de l'ducation populaire. Du ct des bn-voles, elle est prsente comme un moyen de aciliter et desolidier l'insertion proessionnelle, de permettre une as-cension sociale l o l'cole et l'Universit sont montresdu doigt, de soutenir des reconversions sur un marchde l'emploi des plus incertains. Dans un contexte de criseconomique et de chmage accru, une telle justicationne peut, elle aussi, que susciter l'adhsion.

    Ue coceptio utilitariste de l'eaeme

    Dans le mme temps, ces dmarches de valorisati

    permettent de lgitimer les besoins croissants en comptences et les nouvelles attentes dont le bnvolat aujourd'hui l'objet au sein de bon nombre de structurTout en remettant en cause une autre dimension structrante du bnvolat : celle du dsintressement. Il s'agit eet d'orir chacun, grce son engagement, la possilit d'ajuster son prol de ormation et ses expriences aattentes toujours plus mouvantes du march du travLes bnvoles interrogs dans le cadre de l'tude menpar la CPCA demeurent pourtant relativement manet dubitatis ace de telles propositions, toujours pro

    cups de l'authenticit des motivations. A leurs yeutoute contrepartie pralablement xe leur engageme(quelle qu'en soit la nature) risque en eet de aire cret de remettre en cause des relations conues comm vraies avec les usagers de leurs actions, mais aussi avles autres membres de la structure. Elle peut galemede constituer une entrave la libert du bnvole, pou moins explicitement somm de rendre ce qu'on ludonn. L'ide de valorisation a posteriori semble, posa part, plus acceptable d'un point de vue moral, parqu'elle n'entache pas la puret des motivations, mais dcile rendre oprationnelle La prgnance de celogique de dsintressement chez les bnvoles trancainsi avec la foraison d'outils et de discours en lien avecvalorisation des comptences bnvoles.

    Des populatios oles cilesselo leur emploailit

    La valorisation des comptences bnvoles tablit un lidirect entre engagement citoyen et employabilit, le prmier permettant d'optimiser et d'exercer la seconde. U

    La du dsitressemet ?

    L'approche par les comptences bnvoles contribue donner unelecture renouvele du bnvolat. Elle invite chacun rinterprterses motivations l'engagement dans une perspective plusutilitaire. Dans le mme temps, elle tire cette pratique du ct dumarch du travail. Au dtriment de sa vocation citoyenne ?

    entre citoyennet et employabilit

  • 8/22/2019 LVA n16 - Comptences bnvoles, faut-il les valoriser ?

    25/40 16 oemre 2011 la vie associative

    telle conception implique un regard particulier sur la po-pulation bnvole dont se dtachent des viviers qu'in-carnent paraitement le bnvolat de comptences des

    cadres notamment, et des populations problmatiques que cette pratique va pouvoir aider rapprocher du mar-ch de l'emploi. On pense alors par exemple une partiedes jeunes qui peinent s'insrer proessionnellement, etbien entendu aux chmeurs. C'est pour ces populationsragilises que l'association automatique entre engage-ment citoyen et employabilit s'avre la plus sensible. Car,comme le souligne la sociologue Maud Simonet, le risqued'instrumentalisation n'est jamais loin, de la part des pou-

    voirs publics mais aussi des associations elles-mmes. Dnombreux discours convergent actuellement pour juser et encourager le travail associati des seniors dont

    retraites creusent la dette publique, des jeunes sommd'acqurir une exprience proessionnelle s'ils veulent jour esprer aire leur place sur le march de l'emploi, dchmeurs toujours suspects de proter paresseusemedes aides qui leur sont verses. Ce risque d'instrumentasation est bien entendu prsent et il reste aux acteurs assciatis s'en prmunir. Ainsi la question de la valorisatides comptences bnvoles apparat-elle beaucoup moiconsensuelle qu'il n'y parat au premier abord.

    Pour aller plus loin

    Frdric Neyrat, La validation des acquis de l'exprience : une reconnaissance de la ormation toutau long de la vie ?, in F. Neyrat (s/d), La validation des acquis de l'exprience. La reconnaissance d'unnouveau droit, Bellecombe-en-Bauges, Editions du Croquant, 2007

    Maud Simonet, Le travail bnvole : engagement citoyen ou travail gratuit ?, Paris, la Dispute, 2010

    Laurent Willemez, Faire ructier son engagement : consquences et limites de la validationdes expriences militantes, in F. Neyrat (s/d), La validation des acquis de l'exprience. Lareconnaissance d'un nouveau droit, Bellecombe-en-Bauges, Editions du Croquant, 2007

    Note d'analyse n241 du Centre d'analyse stratgique (CAS), Dvelopper, accompagner et valoriserle bnvolat , septembre 2011, tlchargeable en ligne sur le site du CAS , strategie.gouv.r

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    Cette orme de bnvolat est aujourd'hui trs souvent

    clbre comme un vivier de comptences, unechance pour les associations. Mais elle pose aussi cer-taines questions qui sont ici esquisses, au-del du pro-l de ces bnvoles proessionnels trs majoritairementissus des classes socioproessionnelles suprieures.

    bolat ou mcat de compteces ?

    Le bnvolat de comptences pourrait se dnir commel'apport gratuit et limit dans le temps d'un savoir-aire une association. Cependant, cette caractrisation

    ne rend pas compte de dirences quitiennent au cadre d'intervention de cesbnvoles ponctuels et la naturedes comptences apportes. Ce typede bnvolat peut tre encadr par uneentreprise partenaire de l'association,qui propose ses salaris d'y interve-nir hors de leurs heures de travail (la dirence du mcnat de comp-tences). Mais il peut aussi s'agir d'unemobilisation de proessionnels, dans lecadre d'un projet personnel , comme

    le rappelle Patrick Bertrand, ondateuret prsident de Passerelles & comp-tences. Deuxime distinction, la naturedes comptences. Lorsque l'on parlede comptences , on entend proessionnelles (quirelvent d'un mtier) direncier du coup de main quine requiert pas de qualication technique, mais pluttdes qualits humaines. Pour Patrick Bertrand, un sala-ri qui repeindrait les locaux de l'association, moinsqu'il ne soit peintre, ne recourt pas ses comptences

    proessionnelles . Cette prcision est importante da

    le cadre d'un partenariat avec une entreprise.

    U outil de estio des ressourcesumaies et de commuicatiopour l'etreprise

    Marion Leprovost, charge de projets Mcnat & solidrit IMS-Entreprendre pour la Cit, souligne l'intcroissant des entreprises pour le bnvolat de comptences. Certaines consacrent mme aujourd'hui dpostes au pilotage de ces projets. Le recours au bnvo

    de comptences est galement de plen plus courant dans les appels projdes ondations d'entreprise.

    Deux cas de gure se prsentent : sun salari intervient bnvolement daune association sur ses comptencsoit une entreprise engage une quide salaris dans une opration montavec une association partenaire, qui requiert pas de comptences spciqu

    Pour l'entreprise, la nalit n'est pasmme : le bnvolat d'un collaboratepermet, en interne, de le remobiliser, valoriser ses comptences et ses capaci

    d'adaptation. l'externe, le bnvolat de comptencest stratgique pour l'entreprise. Il participe ses enjede RSE (Responsabilit sociale des entreprises), constMarion Leprovost. Dans le second cas, l'objecti vis le team building, la cohsion et le dcloisonnement dquipes : Ces journes de team building solidaires soun atout important en termes de RH et de communic

    Le olat de compteces :

    des cadres e missio associatieLes associations ont toujours ait appel au bnvolat decomptences, mais sans le savoir. Cette question prend aujourd'huiune nouvelle acuit dans un contexte de demande accrue dequalifcation et de proessionnalisation de leurs activits.

    entre citoyennet et employabilit

    Si la dfnition

    des missions

    est concerte,

    le bnvolat

    de comptences

    apporte auxdeux parties

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    tion interne . Pour les associations, l'intrt n'est pas lemme : apport de comptences dans un cas, de plus detemps bnvole dans l'autre.

    Dir cojoitemet les missios Les associations doivent prendre en charge de plusen plus de missions, de plus en plus proessionnalises,mais avec de moins en moins de moyens , avance Pa-trick Bertrand. Dans ce contexte, le bnvolat reprendtoute sa dimension. Il permet l'association de gagneren ecacit et de bncier de comptences pointues,ce qu'elle pourra valoriser auprs de ses partenaires,notamment institutionnels. Pour Marion Leprovost,ce type de bnvolat participe galement du renor-cement du partenariat entre l'entreprise et ses associa-

    tions partenaires. C'est un moyen pour l'entreprise des'impliquer diremment, au-del du mcnat nan-cier . Un argument qui peut peser dans un contextede concurrence dans l'accs aux ressources. Mais il autalors prendre garde ne pas retomber dans le traversdes appels projets publics, trs cadrs, o les associa-tions se coulent dans la demande du prescripteur, quitte tordre leur projet. Si la dnition des missions est aitede manire concerte, le bnvolat de comptencespeut constituer un apport pour les deux parties. Dansle cas contraire, l'association y perdra certainement plus(d'nergie) qu'elle n'y gagnera (en comptences).

    Ue questio de posture

    Selon Patrick Bertrand, deux types de comptencessont particulirement recherchs : la communicationexterne (stratgie et outils), et les ressources humaines. Les associations sont assez peu outilles en RH alorsqu'elles ont besoin de recruter, d'encadrer et de licen-cier , explique-t-il. Ct bnvolat d'entreprise, unetude mene par IMS montre que les comptences les

    plus recherches par les associations sont la rechercde onds et le montage de projets (pour 50 %), la communication (29 %), la gestion et la comptabilit (26%les comptences juridiques (17 %).

    Ces demandes associatives ne sont pas sans poser quetion. Car, quand il s'agit de reondre le site internet l'association, la ponctualit de la mission n'est pas uproblme. Mais il en va autrement lorsqu'on parle R(ressources humaines) ou gestion nancire. D'o l'importance de privilgier, lors de la dnition de ces msions, le transert de comptences, comme le rappePatrick Bertrand.

    Le caractre ponctuel de ces dmarches interroge glement l'implication de ces bnvoles dans le pro

    associati. Dans les ormations au bnvolat qu'IMorganise dans les entreprises, un point concerne positionnement du bnvole par rapport aux autrparties prenantes de l'association : il ne aut pas qudonne l'impression de prendre la place d'un permnent , conseille Marion Leprovost. Ce qui suppode travailler sur sa posture vis--vis des quipes bnvoles dans les petites associations, et des salaris dales plus grandes. Et si ses comptences sont essentiel un moment de la vie de la structure, elles ne doivepas aire oublier cependant celles des bnvoles rgliers qui portent le projet associati.

    Pour aller plus loin

    Le site de Passerelles et comptenceswww.passerellesetcompetences.org

    Le site d'IMS - Entreprendre pour la cit,www.imsentreprendre.com

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    29/40 16 oemre 2011 la vie associative

    Quand apparat le bnvolat

    de comptences ?

    L'origine du bnvolat de comp-tences vient de corporate voluntee-

    ring . La politique de bnvolat decomptences aux tats-Unis a tpense du ct des entreprises : ils'agit bien d'une politique de ma-nagement dans l'arsenal des res-sources humaines. La rrence auxcomptences n'est pas innocentelexicalement. En France, dans lesannes 1990, le mcnat s'intressepeu aux comptences. Il aut at-tendre les annes 2000 pour qu'on

    mette disposition les comp-tences proessionnelles des salaris,ce qu'on appelle le pro bono workaux tats-Unis. Ce type de mc-nat a notamment t dvelopp parSFR en France.

    En quoi ce type de

    bnvolat peut-il tre utile

    pour les associations ?

    Qu'il s'agisse de bnvolat ou demcnat, la question de l'utilit pourles associations est identique : la mis-sion est relativement utile si elle estdnie l'avance par l'association.Ce qui suppose que l'associationdispose de ressources pour rfchir ses besoins. Mais si ce bnvolatn'est pas bien dni, cela cote l'as-sociation ; les besoins de l'entrepriseprennent le pas sur ceux de l'asso-

    ciation. Il en est de mme quand lamission est trop courte.

    Ce type de bnvolat

    se dveloppe-t-il ?

    Oui, les entreprises tendent au-jourd'hui privilgier l'apport decomptences plutt que de tempsaux associations. Les structures quise sont lances sur ce type de bn-volat connaissent un vritable d-veloppement. On pourrait donnerl'exemple de Pro bono lab, montpar des jeunes diplms d'colesde commerce, inspir d'un modle

    amricain. Cela peut permettre auxassociations de proter de comp-tences pointues qu'elles n'auraientpu se payer. Pour ces salaris dbu-tants, ce bnvolat agit comme uneormation proessionnelle. L'appa-rition de ces consultants Pro bonoest bien l'indice du dveloppementdu bnvolat de comptences.

    Qu'implique le bnvolat

    de comptences ?

    L'ide sous-jacente : l'entreprisesait mieux aire. Quand il s'agit depublicit ou de comptabilit, quisont vraiment des mtiers, on peutl'admettre. Mais quand ce bnvo-lat touche les ressources humaines,le management, l'audit, cela posequestion, comme dans le cas d'ail-leurs du new public management.

    Les associations oublient qu'elont des comptences aire valoi

    Les associations doivent aussi

    demander ce que le bnvolat comptences renvoie aux autrbnvoles, surtout quand le salamis disposition remplit les mmmissions qu'eux. C'est trs dvalrisant pour un bnvole de longdate, qui a acquis les comptencncessaires au ur et mesure, d'atant que certaines associations otendance survaloriser les bnvoles de comptence

    Aux tats-Unis, des bureaux placement ont t crs pour pcer des salaris dans les consed'administration des associationCela peut s'avrer utile si l'assoction recherche du capital social des comptences trs spciquMais il y a toujours un risque poque cet administrateur rorienles missions de l'association daun sens qui n'est plus conorme

    l'intrt gnral.

    Corporate oluteeriEnTRETIEn AvEC AnnE bORyMatre de conrence en sociologie l'universit Lille 1

    Pour aller plus loin

    Anne Bory, Le monde deafaires la tte du secteurlucrati amricain ? Un regsociologique , Entrepriseset histoire, n56, 2009.

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    Ces volutions dmographiques tendent aire desseniors un vivier de bnvoles la ois comptents etdisponibles, deux caractristiques prcieuses pour unmonde associati toujours plus rationnalis et proes-sionnalis. Cette rencontre est-elle pour autant aussiacile et naturelle qu'il y parat ?

    Les retraits dj prsetsdas les associatios

    Les seniors sont les plus nombreux parmi la populationranaise adhrer des associations (51,3 % contre42,2 % chez leurs cadets), principalement de loisirs. cetgard, le dpart en retraite semble d'ailleurs jouer un rleincitati non ngligeable.

    En revanche, ils sont lgrement moins enclins que autres tranches d'ge exercer des activits bnvo(23 % contre 26 %) et prendre des responsabilits sein des associations o ils s'impliquent (11 % con

    19 %). Leur rle y est pourtant majeur car ils sont dansmme temps les bnvoles les plus assidus et les plus rguliers : au total, les seniors reprsentent 26 % du temde bnvolat annuel, et ce taux peut monter plus 40 % dans l'action sociale, caritative ou humanitaire. moyenne, leur investissement hebdomadaire est de ciheures, soit le double du chire global.

    Cet intrt pour le bnvolat se dcouvre cependararement l'occasion de la retraite. Comme l'indiqueles travaux existants, la plupart du temps, les vieux b

    Les oles seiors :ue autre utilit sociale aprsla carrire proessioelle

    la lumire des projections, les calculettes s'emballent :600 700 000 jeunes retraits chaque anne, uneesprance de vie en bonne sant plus longue que celle deleurs ans et un niveau de ormation plus lev

    entre citoyennet et employabilit

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    31/40 16 oemre 2011 la vie associative

    nvoles sont d'abord des bnvoles qui ont vieilli et lesvocations tardives demeurent moins rquentes.

    Les compteces proessioellespralales : atout ou adicap ?

    Selon Gilles Duthil, ondateur du Silverlie Institut, centre

    de recherches sur les questions de vieillissement, lesbnvoles seniors arrivent aujourd'hui avec des comp-tences proessionnelles et relationnelles qu'ils n'avaientpas il y a encore 30 ans . Toute la question est alors desavoir s'il aut ou non privilgier ces comptences proes-sionnelles, lors du recrutement notamment.

    Pour certaines associations, la questionne se pose pas dans ces termes, commel'explique Laurent Piolatto, dlgunational de Lire et aire lire : Nousaisons appel une comptence nonormalise : aire partager le plaisir dela lecture. Cette activit ne requiert pasde diplmes mais un savoir tre et unsavoir aire. Il s'agit plus d'une aptitudeque d'une comptence identie dansun rrentiel de comptences.

    Les comptences proessionnellespeuvent mme parois constituer un han-dicap dans l'intgration des bnvoles se-lon Andr Hochberg, prsident de France

    Gnrosits : Certains ont l'impression que leurs comp-tences proessionnelles ont une grande valeur par rapport ce qui est demand dans les associations et ils peinent les adapter aux ralits de ces structures. Il s'agit d'unequestion importante en termes d'animation : c'est bien leprojet associati qui doit conditionner l'usage des com-ptences proessionnelles et non l'inverse, au risque d'undvoiement. Hubert Pnicaud de la Croix-Rouge ne ditpas autre chose : Quand les bnvoles sont choisis pourleur expertise ou leurs comptences, l'enjeu est bien qu'ilsse mettent au service de la cause.

    La ormatio mieux apprede

    Comme pour les autres bnvoles, la ormation des s-niors constitue aujourd'hui un enjeu essentiel dans beau-coup d'associations. la Croix-Rouge, des ormationsd'accueil sont en voie de gnralisation ; c'est l'occasion detravailler sur un socle commun de valeurs et de principeset sur les gestes ondamentaux lis l'activit, ce qui per-met de toucher du doigt la mission globale de l'associa-tion . Lire et aire lire, les bnvoles retraits suivent

    des modules de ormation en lien avec l'activit. LaurePiolatto ajoute : Les bnvoles sont les porteurs du prjet. Leurs comptences ondent sa crdibilit. La ormtion est donc essentielle .

    La question n'est pourtant pas anodine pour des bnvoles retraits, elle a mme longtemps t dlicaLaurent Piolatto raconte : Avant, on pouvait entendce n'est pas maintenant que je suis la retraite que vais me ormer . Hubert Pnicaud conrme cette rcence : La Croix-Rouge a ait le choix audacieux d'uormation obligatoire pour ceux qui prennent des resposabilits. Les seniors sont assez rticents ; ils entrent av

    des semelles de plomb mais en ressortesatisaits : ces ormations, direntes ce qu'ils ont vcu dans leur vie prosionnelle, permettent de aire le lien ensavoir-aire et savoir-tre.

    Des rseaux de recrutemetspciques ?

    Nous recrutons par logique de rsesur un territoire, ce qui onctionne biavec les jeunes retraits qui sont dans uperspective de proximit , relve HubPnicaud. Laurent Piolatto pointe aul'ecacit de la presse quotidienne rgnale : le lectorat correspond au pubvis . D'autre part, Lire et aire lire par

    cipe des stages de prparation la retraite en entreprirendus obligatoires par la mise en place des plans senioPour Andr Hochberg, ces stages constituent un enjpour les associations : ormer la vie associative pour umeilleur accueil ultrieur. Il va plus loin : Il serait intrsant de dvelopper les ormations en amont, avant le dpart en retraite, avec des stages pralables en associatipour aciliter la transition, comme les tudiants peuveen aire pour s'ouvrir aux ralits du monde du travail.

    Aimer les seiors

    Les nouveaux retraits ont part d'exigences en termd'investissement. Beaucoup viennent en posant termes de leur contrat d'engagement (nombre d'heurpriodes de disponibilit), constate Hubert PnicauCe qui demande des rponses en termes d'animation bnvolat. Laurent Piolatto conrme : Il aut passun contrat qui les rassure quant au respect de leur dponibilit, renouvel chaque anne. Nous sommes a une gnration pivot qui s'occupe de ses parents et ses petits-enants.

    Les comptences

    proessionnelles

    pralablespeuvent mme

    constituer

    un handicap

    l'intgration

    des bnvoles

  • 8/22/2019 LVA n16 - Comptences bnvoles, faut-il les valoriser ?

    32/4032 la vie associative oemre 2011 16

    Autre d : de nombreuses associations constatentdes phnomnes de turn-over plus rquents parmiles jeunes retraits. Hubert Pnicaud tmoigne : De-

    puis peu, nous voyons arriver des jeunes retraits quiont le tour des associations pour choisir celle danslaquelle ils s'engageront. La Croix-Rouge tente d'y r-pondre en les accueillant sur des projets courts pourqu'ils testent. C'est aussi une manire de dmystierl'image de l'engagement chronophage. Enrichir lesactions des bnvoles constitue galement un moyende les dliser . Selon Andr Hochberg, pour gar-der leurs bnvoles, les associations doivent les airevoluer. Elles ont hlas tendance vouloir les main-tenir sur des tches o elles ont obtenu satisaction. Ilmanque une GRH bnvole qui soit dans une visionde dveloppement.

    Encore aut-il que l'association puisse proposer diversesactivits, ce qui n'est pas le cas Lire et aire lire qui aadopt une autre dmarche : Quand ils en ont ait letour, on les renvoie vers le rseau de la Ligue et de l'Una[les deux coordinations l'origine du programme]. Enattendant et pour entretenir la motivation de ses bn-voles, Lire et aire lire mise sur la qualit de leur inter-vention. Leur bnvolat doit s'exercer dans les meil-

    leures conditions possibles, qu'ils soient reconnus pl'ensemble des partenaires et des usagers.

    Andr Hochberg conclut : Les retraits n'attendent plde salaire en change de leur investissement, mais environnement humain et la possibilit de dendre ucause qui leur tient cur. Ils recherchent dans le bnvolat plus de sens que dans la vie proessionnelle . Aassociations de leur apporter ce sens. La commission eropenne a d'ailleurs ait de 2012 l'anne du vieillissemeacti, rappelle Gilles Duthil qui y voit l'occasion d'une rfexion politique plus approondie sur la question.

    Pour aller plus loin

    Lionel Prouteau, Franois-Charles Wolf, La participation associative et le bnvolatdes seniors , La Documentation ranaise,Retraite et socit 2007/1, n50.

    Dominique Tierry, L'engagement bnvoledes seniors. Une implication rfchie, tudeFrance Bnvolat, 2010, tlchargeableen ligne sur rancebenevolat.org

  • 8/22/2019 LVA n16 - Comptences bnvoles, faut-il les valoriser ?

    33/40 16 oemre 2011 la vie associative

    Direntes tudes montrent que le bnvolat permet deprotger les chmeurs des eets destructeurs du ch-mage et que cette activit est sans doute propice acili-ter le retour l'emploi et renorce leur employabilit .On pourrait ds lors se demander si cela tient l'acquisi-tion de comptences dans le cadre associati ou au main-tien des comptences proessionnelles grce leur enga-gement. La question n'est pourtant pas si simple.

    olutio des reprsetatios

    Dans sa thse, Marie-Franoise Loubet-Grosjean notece paradoxe apparent et provoquant de la juxtaposi-

    tion de chmeur et bnvole . Paradoxe car longtemps,on a pu considrer que l'investissement associati taitune perte de temps pour des chmeurs appels utiliserce temps libre pour leur recherche d'emploi et que lesindemnits verses n'avaient pas pour onction de cou-vrir leurs loisirs . la n des annes 1990 pourtant,on assiste une volution notoire de la lgislation quipermet aux chmeurs d'exercer une activit bnvolesans perte des indemnits chmage. La loi de 19981 xetrois rgles pour l'exercice du bnvolat : il ne peut pass'eectuer chez un prcdent employeur (et pas unique-

    ment chez le dernier) ni se substituer un emploi sala-ri ; l'activit bnvole doit rester compatible avec l'obli-gation de recherche d'emploi. On pourrait parler d'unereconnaissance ocielle de l'intrt du bnvolat pourun chmeur, en termes de rinsertion, ce qu'admettaitd'ailleurs une circulaire de l'ANPE de 1994. Les repr-sentations de cette activit bnvole semblent ainsi vo-luer, du loisir vers le travail.

    1. Reprises dans l'article L. 5425-8 du code du travail.

    Iestissemet rulier

    24 % des chmeurs sont engags dans le bnvolat, u

    taux quasi identique la moyenne nationale. Plus ddeux tiers assument des responsabilits (direction, aministration, encadrement, ormation, animation).est vrai que les demandeurs d'emploi impliqus dale bnvolat sont majoritairement diplms de l'ensgnement suprieur et issus des catgories cadres, pressions intermdiaires ou proessions librales, dcaractristiques socio-conomiques que l'on retrouplus largement chez les dirigeants d'association. JeaBaptiste de Foucauld, prsident de Solidarits nouvelace au chmage apporte un clairage complmentai

    lorsqu'ils s'investissent, les moins diplms se retrouveplutt dans des activits de proximit, dans la vie locet leur engagement n'est pas orcment structur.

    Leur implication est plus rgulire que la moyenne, comprise entre 2 et 5 heures par mois pour 62,5 % d'enteux. Pour moiti, ils interviennent dans des associatio caractre social et humanitaire, pour un quart dans dassociations culturelles et de loisirs, puis dans des assciations d'ducation et d'animation (13 %) et dans dassociations sportives (7 %).

    Se redre utile

    Si le bnvolat participe augmenter l'employabilit chmeur , il n'est pas peru par les chmeurs commun substitut au travail, ce n'est pas ce qui onde leur egagement. Les motivations avances sont gnralemel'envie d'aider les autres (recherche de lien social), le bsoin de se sentir utile (besoin de reconnaissance socialde rencontrer d'autres personnes (sortir de l'isolemenLe bnvolat leur conre un statut d'acti (qu'ils o

    boles et cmeurs :

    retrouer u statut d'actiRien ne ressemble plus un chmeur qu'un bnvole et denombreux demandeurs d'emploi engags dans les associationsne ont pas tat d'un statut peru comme conjoncturel.

    entre citoyennet et employabilit

  • 8/22/2019 LVA n16 - Comptences bnvoles, faut-il les valoriser ?

    34/4034 la vie associative oemre 2011 16

    perdu), relve Marie-Franoise Loubet-Grosjean. Endevenant bnvole, un chmeur se sent utile sociale-ment. Pour elle, leur bnvolat relverait plus de l'in-vestissement social que de la militance. Ce ne sont pastant les modalits de l'action (choix de l'association) quiimportent que l'action elle-mme (devenir bnvole).Cette rserve vis--vis de l'investissement s'explique parle ait qu'avec la reprise d'une activit proessionnelle, lebnvolat peut s'arrter tout moment. Une donne prendre en compte dans l'animation de ces bnvoles.

    Pour Grard Bonneon, le bnvolat aide les personnes se maintenir dans une dynamique positive pour la

    recherche d'un emploi. En ces termes, il apporte unecontribution au retour vers l'emploi. Mais les associa-tions doivent veiller ce que ce bnvolat ne se substi-tue pas l'emploi, notamment parce que c'est le plus srmoyen de les en tenir loigns.

    Ue dmarce o proessioalisate

    Les tudes montrent que la majorit des chmeurscherche surtout ne pas reproduire dans leur bn-volat ce qu'ils vivaient en tant que travailleur, jusqu'

    reuser, pour certains, d'utiliser leurs comptences pro-essionnelles. Ce en quoi ils pourraient se rapprocherde certains retraits. Grard Bonneon remarque ainsique les bnvoles ne rpondent pas ou aiblement une ore qui serait en relation directe avec les com-ptences recherches pour un utur emploi. L'orien-tation de la demande d'un bnvole vers une ore encorrespondance avec des comptences proessionnellesrepres n'est donc pas une vidence et se heurte desrsistances d'ordre psychologique : le bnvole n'est pasvenu dans ce but, mais plutt pour se dconditionner de

    cette recherche d'empqui l'puise. Ce consdoit donc conditionnl'accueil d'un bnvochmeur dans les assciations. Grard Bonnon conseille : La prmire prise de contane doit pas tre ressetie par les demandeud'emploi comme umesure pralable d'vluation de leurs com

    ptences. Ils chercheun emploi et il n'est pjudicieux de reprodules mmes process

    que ceux du recrutement en entreprise. Rien n'empche cependant que certains soient dans une dmarc proessionnalisante qui valorise leurs comptencproessionnelles, mais elle ne peut leur tre impose.

    Le bnvolatconfre aux

    chmeurs un

    statut d'actif.

    En devenant

    bnvoles, ils se

    sentent utiles

    socialement.

    Pour aller plus loin

    Marie-Franoise Loubet-Grosean, Chmeurset bnvoles. Le bnvolat de chmeurs en milieuassociati en France, Paris, L'Harmattan, 2005.

    Grard Bonneon, Le bnvolat des demandeursd'emploi, tude ralise pour SNC et FranceBnvolat, mars 2008, tlchargeableen ligne sur rancebenevolat.org

  • 8/22/2019 LVA n16 - Comptences bnvoles, faut-il les valoriser ?

    35/40 16 oemre 2011 la vie associative

    L'engagement des chmeurs

    bnvoles est-il difrent ?

    Lorsqu' Solidarits nouvelles ace auchmage, on interroge les deman-deurs d'emploi sur leur envie d'en-gagement, plusieurs rponses sontdonnes. Soit ils n'y ont pas pens,et, selon les cas, ne se sentent pasconcerns ou, au contraire, n'y sontpas opposs. Le bnvolat peut alorstre un moyen de se sentir utile, d'trevaloris par les autres, de reprendre

    une activit. Mais il aut s'assurer quele bnvolat propos ne va pas lesmettre en chec D'autres deman-deurs d'emploi rpondent qu'ils neveulent pas en aire car ils estimentque les bnvoles prennent le tra-vail des autres et qu'ils veulent, eux,un vrai travail rmunr. D'autresencore vont uir dans le bnvolat carils estiment leur retour l'emploi tropdicile, voire inabordable. Le bn-

    volat est une boue de sauvetage,mais une boue qui va les loignerun peu plus de l'emploi. Comme onle voit, la question du bnvolat deschmeurs est complexe.

    Une tentation viter : se prcipiterdans une relation d'aide pour uirson tat ou se uir soi-mme ; lorsquele chmage dure, il cre une sorte desituation pathologique particulire :

    une rancune envers la socit, un

    manque de conance en soi. Il rendle rapport l'autre plus rugueux,ce qui se ressentira orcment dansl'activit associative. Mais le bnvo-lat peut galement tre trs positi entermes de lien social, c'est aussi unemanire de rester en activit.

    Comment accueillir ces

    chmeurs bnvoles ?

    Dans les associations ordinaires ,on ne sait gnralement pas quetel ou tel bnvole est au chmage.Mais si cet tat est connu, l'associa-tion doit y tre attentive et propo-ser une coute attentive (ce dontmanquent le plus les chmeurs), ouleur conseiller de s'adresser une as-sociation d'aide aux chmeurs. Maisen gnral, on cache son chmage,on n'a pas assez conance dans l'en-

    traide. Des pistes peuvent pourtantse dessiner quand il y a dialogue, eton peut mme crer un lien spcialautour de cette situation particulirequ'est le chmage.

    Il n'y a en tous cas aucune objection utiliser les comptences proession-nelles des bnvoles chmeurs, c'estune aon d'entretenir ses comp-tences et de prserver sa dignit par

    l'activit ; mais il aut prendre gar

    ne pas enermer un chmeur dades activits devenues obsoltes.

    Est-ce que le bnvolat

    avorise le retour l'emploi ?

    Il aut aire du bnvolat pour le bnvolat et ne pas l'instrumentalisLe bnvolat doit tre respect poce qu'il est : une action altruisavec une part de valorisation soi. Ceci tant, il ne aut pas exclunon plus que le bnvolat puistre l'occasion de trouver du travaOn peut parois le transormer contrat aid. C'est un moyen prcieux de reaire des contacts. Lcomptences acquises dans les asociations peuvent tre rinvestailleurs. Il y a une interaction relLes retombes de l'engagemeassociati sont imprvisibles, melles ne sont pas nulles. Il ne autles chercher, ni les exclure.

    Il aut aire du olatpour le olatet e pas l'istrumetaliserEnTRETIEn AvEC JEAn-bAPTISTE DE FOUCAULDFondateur de l'association Solidarits nouvelles ace au chmage

    Pour aller plus loin

    Le site de Solidaritsnouvelles ace au chmagewww.snc.asso.r

  • 8/22/2019 LVA n16 - Comptences bnvoles, faut-il les valoriser ?

    36/4036 la vie associative oemre 2011 16

    En aisant de 2011 l'Anne du b-

    nvolat et du volontariat, l'Unioneuropenne place le monde du b-nvolat sous les projecteurs. Le ren-dez-vous est important pour ce sec-teur oisonnant et trop mal connumais ne doit pas conduire l'obser-ver comme si l'on pouvait laisserdans l'ombre le paysage l'entouret ses interrences avec l'activitbnvole. En eet, les ralisationset les dicults des bnvoles nerelvent pas des seules particulari-ts du monde associati mais aussi,et peut-tre avant tout, de la ma-nire dont celui-ci est marqu parles transormations qui aectentaujourd'hui plus largement notrerapport au travail, l'intrt gnralet la participation dmocratique.

    Le monde des bnvoles ne peutignorer que le travail salari, ol'implication individuelle dans sa

    tche apparat, plus que jamais,comme une condition de la russitecollective, s'interroge beaucoup surl'puisement de l'encadrement parla contrainte hirarchique. Par uncurieux chass-crois, le mondeassociati vante le proessionna-lisme de ses bnvoles au momentmme o, pour la russite proes-sionnelle, l'engagement (dans satche) et l'autonomie sont davan-

    tage valorises que l'observan

    des prescriptions. La dlimitatientre le travail contraint et le travvolontaire tend ainsi se brouillau risque de banaliser le princide libre adhsion qui distinguebnvolat.

    Le mode de nancement des assciations a galement beaucochang, en particulier pour secteurs qui dpendent des su

    ventions publiques. On parle trrapidement d'un retrait de l'pour dcrire les nouvelles rgdu jeu, l o il serait plus exact prendre en compte un nouvemode de gestion publique, dalequel le contrle se ait distanpar des batteries d'indicateurs des instruments d'valuation avrisant le management par objectet une apparente neutralit des prcdures. Cette manire de dp

    litiser le soutien aux associatiorsulte moins de choix personndes interlocuteurs du monde assciati que de normes de politiqupubliques qui se diusent toles niveaux de l'tat. Celui-ci se dgage pas proprement parmais cherche un nouveau positionement et une nouvelle lgitimiqui tiendrait moins sa onctid'oprateur que de gestionna

    Le mode des olesdoit s'iterroer sur sesodemets mmesTRIbUnE DE MARC-OLIvIER PADIS

    Marc-Oliier Padis,Rdacteur en chede la revue Esprit

  • 8/22/2019 LVA n16 - Comptences bnvoles, faut-il les valoriser ?

    37/40 16 oemre 2011 la vie associative

    garant des bonnes pratiques. Mais,dans ce cas, que devient l'autono-mie d'action des bnvoles ?

    Enn, l'action bnvole jouit d'unebonne image publique, l o poli-tiques, syndicalistes ou proession-nels ne peuvent plus prtendreincarner l'intrt gnral. Pour-tant, ce consensus n'est peut-trequ'apparent. On crdite le bn-vole d'une capacit d'engagement,l o l'on stigmatise la potentiellemauvaise oi du militant (syndicalou politique). Dans la culture del'intrt gnral qui nous caract-rise, on reconnat qu'il ne peut yavoir de vie civique sans engage-ment mais on craint les convictions

    ortes. Comment concilier l'aspi-ration une neutralit des appari-tions publiques (mise en uvre demanire exemplaire dans la lacit la ranaise) avec la mobilisationdes citoyens porteurs de causes

    ou mme la reconnaissance desintrts lgitimes des individusqui ne sont pas seulement lis parun pacte abstrait de citoyennet ?

    La onction civique du bnvolat,clbre dans les principes, peutapparatre plus rugueuse lors demobilisations concrtes, qui s'ins-crivent ncessairement dans le jeude orces des rapports sociaux ou

    des situations d'urgence. La ontion dmocratique des bnvone peut tre rsume dans un vagconsensus mais rappelle la dynmique invitablement confictuede socits ouvertes et pluralistL'unit mme du monde du bn

    volat peut, ds lors, paratre somise de multiples tensions.

    Libert, autonomie, lgitimitle monde des bnvoles ds'interroger sur ses ondemenmmes en cette anne 2011 pas seulement sur ses ralisatioconcrtes, sa communication sa valorisation.

    Libert, autonomie,

    lgitimit : le monde

    des bnvoles doit

    s'interroger sur

    ses fondementsmmes en cette

    anne 2011.

  • 8/22/2019 LVA n16 - Comptences bnvoles, faut-il les valoriser ?

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    cptcbv

    Faut-varr?

    14 millionsde nolesLesgr andes tendancesdu bnvolat en France

    Gdandekctr-pt

    Les comptences bnvolesdans les mutuelles

    -liie pdistrbu

    Lem onded es bnvolesdoits 'interroger sur sesfondementsm mes

    n16 novembre 2011 4 .sso.f

    Lemagazinedel aConfrence permanente