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SÉNÉGAL HIVER 2014 NUMÉRO 72 WWW.FONDATIONPGL.CA MAGAZINE DE LA FONDATION PAUL GÉRIN-LAJOIE

MagaZInE DE la … · La première initiative de la Fondation au ... nationales, c’est-à-dire le wolof (langue ... « les filleuls manifestent plus de volonté à apprendre

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Alors que mon père était président de l’Agence canadienne de développement international (ACDI) de 1970 à 1977, il eut l’honneur de recevoir le premier Président du Sénégal, Leopold Sedar Senghor, accompagné de son premier ministre, Abdou Diouf, avec qui il tissa des liens d’amitié. Ainsi, en 1987, la Fondation Paul Gérin-Lajoie, en place au Canada depuis déjà 10 ans, choisit d’étendre ses activités outre-mer et décida d’intervenir au Sénégal pour accroître l’accessibilité de l’éducation.

La première initiative de la Fondation au Sénégal fut un projet de correspondance scolaire entre des élèves du Nord et du Sud. Puis, ce fut un programme de parrainage d’écoliers qui, tous les jours, permet à des enfants défavorisés d’accéder à une éducation de qualité. Après avoir obtenu des résultats probants, ce programme a été répliqué en 1998 en Haïti. Des milliers d’élèves ont aujourd’hui été scolarisés grâce au parrainage et je tiens à remercier l’ensemble des marraines et des parrains qui ont cru aux bienfaits de ce programme.

C’est également le Sénégal qui mit de l’avant pour la première fois, sur le continent africain, La Dictée P.G.L., plus précisément en 1992. Aujourd’hui, cette activité phare de la Fondation fait désormais partie intégrante des programmes de l’enseignement du ministère de l’Éducation nationale du Sénégal, ce qui témoigne de l’engagement des autorités publiques envers ce projet.

Alors que les activités de la Fondation se concentraient au départ sur l’éducation de base, elles se sont au fur et à mesure diversifiées, notamment afin d’assurer l’avenir de jeunes non scolarisés ou déscolarisés en leur permettant d’avoir accès à des formations professionnelles ainsi qu’à des classes d’alphabétisation fonctionnelle. Encore une fois les activités pionnières de la Fondation dans ces deux domaines d’intervention se sont déroulées au Sénégal, avant d’être étendues au Bénin, au Burkina Faso, en Haïti ou encore au Mali.

Plus précisément, en matière d’alphabétisation, la Fondation décida, dès 1995, de lancer au Sénégal le programme Alpha-2000, principalement à l’attention des femmes, mais aussi des jeunes mendiants non scolarisés des départements de Saint-Louis et de Dagana, qu’on appelle aussi les talibés. Suivit ensuite le Projet d’appui à la formation professionnelle des « néoalphabétisés » (PAFPNA) mis en œuvre de 2003 à 2008 où fut développé un modèle d’apprentissage chez le maître-artisan. Aujourd’hui, la Fondation œuvre également au Bénin, en Haïti et au Mali afin d’améliorer l’employabilité de jeunes de 16 à 29 ans, toujours sur la base de ce modèle de formation qualifiante en atelier qui a fait ses preuves. Je suis également très heureux d’annoncer qu’un nouveau projet de formation professionnelle, le Programme d’appui au développement et à l’intégration de l’apprentissage (PADIA), vient de démarrer au Sénégal, en mars 2013. Il s’inscrit dans la lignée des interventions précédentes, mais appuie désormais plus de 1 000 jeunes afin de faciliter leur insertion sur le marché du travail.

Les progrès en éducation au Sénégal au cours des vingt-cinq dernières années sont notables. Par exemple, le taux brut de scolarisation à l’école primaire est passé de moins de 50 % en 1987 à plus de 86 % et le taux d’alphabétisation des jeunes de 15 à 24 ans a grimpé de 38 % à près de 70 %. Ce sont là de nettes améliorations auxquelles la Fondation est fière d’avoir participé et pour lesquelles elle continuera d’agir !

le Sénégal, terrain des activités pionnières de la Fondation Paul Gérin-Lajoie !

François Gérin LajoiePré[email protected]

aRDOISES est le lien entre la Fondation Paul Gérin-Lajoie, ses partenaires et bienfaiteurs. Le magazine est publié grâce à l’appui financier du ministère des Affaires étrangères, Commerce et Développement Canada (MAECD).

Dépôt légal, Bibliothèque nationale du Québec et Bibliothèque nationale du Canada.

Conseil d’administration

Président du Conseil Président fondateur Paul Gérin-Lajoie, C.C., G.O.Q, c.r.

Vice-présidents Mamadou Ndoye, Consultant en Éducation Ancien ministre de l’Éducation au Sénégal

Michel Agnaïeff, Consultant en développement de politiques

Secrétaire Maryse Alcindor, Administratrice

Trésorier Gaétan Savoie, Consultant en transport

Administrateurs

François Audet, Professeur – École des sciences de la gestion, UQÀM Directeur - Observatoire canadien sur les crises et l’action humanitaire

Paul Bélanger, Professeur - Faculté des sciences de l’éducation, UQÀM

Monique Brodeur, Doyenne - Faculté des sciences de l’éducation, UQÀM

André d’Orsonnens, Président et chef de la direction - Druide informatique inc.

Pascale Fournier, Avocate et professeure - Faculté de droit, Université d’Ottawa

Carole Gagné-Gervais, Gestionnaire - OSBL

Marie-Françoise Joly, Éducatrice sans frontières

Marc Lachance, Vice-président - Les Consultants d’Assurance Adelson et Associés inc.

Anne Leahy, Ambassadeur du Canada - Saint-Siège 2008-2012 Conseil consultatif - Faculty of Religious Studies, McGill University

Eric Lemieux, Directeur général - Finance Montréal et Centre Financier International

Yves Masson, Associé principal - Saine Marketing

Président François Gérin-Lajoie

Rédaction :François Gérin-Lajoie Geneviève Déry Sophie D’AoustRévision :Geneviève Déry Sophie D’AoustGraphisme :Tabasko Communications

Imprimé au Canada sur du papier fabriqué à 100 % de fibres recyclées.

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Vers l’atteinte de l’éducation pour tous au Sénégal !

Le Sénégal est un pays de l’Afrique de l’Ouest, bordé par la Mauritanie au nord, le Mali à l’est et la Guinée et la Guinée-Bissau au sud. Classé au 154e rang sur 187 selon l’Indice de développement humain (IDH) des Nations Unies, le Sénégal doit encore aujourd’hui surmonter plusieurs défis en matière d’éducation et d’employabilité des jeunes.

Quelques informations de base sur le Sénégal :

• langues : français (langue officielle) et plus de trente langues parlées dont six ont le statut de langues nationales, c’est-à-dire le wolof (langue véhiculaire), le sérère, le peul, le diola, le mandingue et le saralolé

• religion : musulmane (94 %), catholique (5 %), animiste (1 %)

• population : 13,3 millions• population urbaine : 42,5 %• système d’éducation : l’école est obligatoire

pour les enfants de 6 à 16 ans

Le pays se trouve confronté aux défis suivants1 :

• une population très jeune : 42,7 % des habitants sont âgés de 0 à 14 ans ;

• un taux de pauvreté significatif : 55 % de la population vit avec moins de 2 $ (US) par jour ;

• un taux important de chômage chez les jeunes et un secteur informel qui constitue l’employeur de la très grande majorité de la population ;

• un taux d’analphabétisme considérable : 41 % des personnes de 15 ans et plus et 30 % des jeunes de 15 à 24 ans ne savent pas lire et écrire ;

• un nombre notable d’enfants non scolarisés ou qui abandonnent prématurément leurs études primaires :

- un taux brut de scolarisation de 86 % ; - un taux brut d’accès à la dernière année du

primaire de 63 % ; - un nombre moyen d’années d’études de 8 ans.

Pour contrer ces diverses problématiques, le gouver-nement du Sénégal vient d’adopter son nouveau document d’orientations stratégiques sur l’éducation

pour la période 2013-2025 : le Programme d’Amélio-ration de la Qualité, de l’Équité et de la Transparence (PAQUET). Ce programme reconnaît qu’il existe toujours au Sénégal différents obstacles à la scolarisation des enfants, dont la pauvreté, l’éloignement de l’école et l’inadéquation de l’offre d’éducation à la formation. Cette inadéquation peut être socioculturelle alors qu’au Sénégal les écoles publiques sont en compétition notamment avec les écoles coraniques, communément appelées daaras. Elle peut aussi être socioéconomique lorsque l’éducation ne permet pas aux finissants de s’insérer professionnellement.

Afin de pallier à ces obstacles, la Fondation Paul Gérin- Lajoie a développé au Sénégal des projets qui per-mettent non seulement d’accroître l’accès à l’éducation et d’encourager la poursuite et la réussite des études (programme de parrainage et projet triennal d’appui pédagogique aux enseignants et aux jeunes), mais aussi de répondre à la préoccupation d’inadéquation socioculturelle et socioéconomique du système d’édu-cation (projet Éducation de base (EDB) et projet d’appui au développement et à l’intégration de l’apprentissage (PADIA)). Ces projets se déroulent dans les régions suivantes :

1 Ces chiffres proviennent de l’Institut de Statistiques de l’UNESCO

Parrainage : Saint-Louis

Projet triennal d’appui pédagogique aux enseignants et aux jeunes : Saint-Louis

EDB : Dakar, Louga, Saint-Louis et Matam

PADIA : Thiès, Diourbel, Fatick et Kaolack

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Au Sénégal, le programme de parrainage d’écoliers a vu le jour en 1987 et se déroule dans la ville de Saint-Louis. Pour l’année 2012-2013, ce sont 242 enfants âgés de 6 à 18 ans qui ont été parrainés, dont 143 filles. Ces filleuls sont répartis entre 7 écoles publiques qui représentent un effectif total de 5 765 élèves.

Ce programme a plusieurs répercussions concrètes :

• les enfants parrainés apprennent à lire et à écrire auprès d’enseignants qualifiés ;• ils disposent de fournitures scolaires et de manuels adéquats ;• ils bénéficient d’un encadrement personnalisé pour leurs études et travaux ;• ils participent à des activités culturelles ; • certaines classes des écoles qu’ils fréquentent sont rénovées et agrandies ;• des bibliothèques scolaires sont mises à leur disposition.

Ainsi, le programme de parrainage permet non seulement à des enfants non sco-larisés d’avoir accès à une éducation de qualité, mais améliore leurs conditions d’apprentissage. Par le fait même, ce programme accroît la chance de réussite des élèves et diminue le nombre de redoublement. Il est aussi un rempart aux nombreux cas d’abandon dus en grande partie au Sénégal à l’insertion précoce dans le milieu professionnel ou à des problèmes économiques ou encore à l’échec scolaire.

En effet, dans chaque école, la Fondation met en place un service de soutien pour les directeurs, les enseignants et les élèves. De même, des agents de suivi travaillent conjointement avec les enseignants à maintenir l’enfant au sein du système scolaire, en leur offrant par exemple des services de tutorat. Le programme de parrainage répond à son niveau à l’un des principaux défis à relever au Sénégal en termes d’éducation, c’est-à-dire la déperdition scolaire.

L’école Boubacar Diop est l’une des sept écoles qui accueillent des enfants parrainés. Le responsable du programme de parrainage de cette école, M. Assane Diop, est convaincu que l’encadrement scolaire offert aux enfants s’avère très avantageux. Selon lui, « les filleuls manifestent plus de volonté à apprendre. Ils comprennent plus rapidement, développent un goût pour le travail de groupe et participent plus activement aux activités proposées. Ainsi, les agents de suivi sont des partenaires indispensables de l’école. Ils aident les élèves à consolider ou à renforcer leurs acquis. Ces agents administrent des cours de soir qui sont très appréciés de la part des parents. Leur appui pédagogique est fondamental ! ».

Mariame Gaïdo est aussi responsable du programme de parrainage, mais au sein de l’école Alioune Babacar Sarr. Elle confirme que « les cours de renforcement dont bénéficient les élèves parrainés dynamisent l’enseignement et constituent un nouveau moyen et un nouveau cadre d’épanouissement qui a bénéficié aux élèves ». Selon elle, « les taux de réussite sont très satisfaisants et ceci certaine-ment grâce au sérieux de l’engagement des intervenants ».

Encourager la poursuite des études et la réussite des écoliers

Le programme de parrainage, c’est aussi le tissage de liens durables entre les parrains et les filleuls.

M. Assane Diop, responsable à l’école Boubacar Diop

Mme Mariame Gaïdo, responsable à l’école Alioune Babacar Sarr

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1. Fatou, filleule de M. Ethier2. Ngoma, filleule de Mme Maurice

Réalisations 2012-2013 du programme de parrainage d’écoliers au Sénégal :

• 242 enfants parrainés, dont 143 filles ;• 36 bourses scolaires offertes aux filleuls admis en 6e (soit 94,73 % des filleuls finissants en 2011-2012) ;• 400 ensembles de matériel scolaire offerts ;• Réfection d’une salle de classe à l’école Mamadou Charles Legros Diallo et de deux salles de classe à

l’école Pikine Takk ;• Agrandissement et réhabilitation de la classe du CI à l’école Nalla Ndiaye ;• Achat de livres scolaires à l’école Boubacar Diop.

Dès le moment où j’ai connu son nom, lu son histoire et vu sa photo, j’ai ressenti une vive émo-tion. Ce n’est pas banal d’être en lien avec une fillette d’une dizaine d’années qui vit à des milliers de kilomètres de chez soi. Le Sénégal n’est plus un concept abstrait pour moi. Fatou l’incarne dans son quotidien et dans ses rêves d’écolière. Je me suis rapidement rendu compte que le lien qui se tissait entre ma filleule et moi ne se limitait pas aux formules de politesse. Je crois, sans en avoir la certitude, que mes mots d’encouragement s’ajoutent à ceux de ses maîtres et de son entourage.

Je suis particulièrement touché par sa manière de me raconter sa vie, par ce qu’elle m’apprend sur son pays et sa culture. Par ailleurs, quand je reçois ses bulletins scolaires, je constate que malgré les véritables défis qui se dressent devant elle, elle parvient à les relever un à un et ses notes en sont la preuve.

Par le biais des lettres envoyées à leur marraine ou parrain, les filleuls racontent leur réussite scolaire. Tel est le cas de Ngoma, élève de l’école Mamadou Charles Legros Diallo qui a annoncé en octobre dernier de très bonnes nouvelles à sa marraine :

Chère marraine,

Je vous informe que j’ai réussi l’examen du certificat d’études et de l’entrée en sixième. C’est l’occasion pour moi de vous remercier très chaleureusement de votre soutien tout au long de ma scolarité. Vous me donnez encore une bourse d’études pour mon inscription. Quelle joie pour moi et mes parents ! Vous avez été très généreuse avec moi. Je ne vous oublierai jamais.

- Ngoma

Le programme de parrainage, c’est aussi le tissage de liens durables entre les parrains et les filleuls. Grâce à un système de correspondance, les parrains peuvent appuyer moralement leur filleul tout au long de ses études. Certains parrains ont même la chance de rendre visite à leur filleul, notamment en participant aux voyages humanitaires, les treks, organisés par la Fondation.

Monsieur Ethier parraine une petite fille au Sénégal, Fatou, depuis 2010. Il souhaitait alors contribuer à la scolarisation d’un enfant, croyant que sans éduca-tion, on ne peut changer le monde ! Il témoigne ici du lien qu’il a pu développer au cours des trois dernières années avec sa filleule :

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nos stagiaires QSF, engagés à améliorer les techniques pédagogiques au Sénégal !

Les stages Québec sans frontières (QSF) initient des jeunes de 18 à 35 ans à la solidarité internationale et sont élaborés en partenariat avec le ministère des Relations internationales, de la Francophonie et du Commerce extérieur du Québec (MRIFCE).

Pour une deuxième année successive, 6 stagiaires étudiant dans le domaine de l’éducation ont participé au projet triennal d’appui pédagogique dans la ville de Saint-Louis. Ce projet a pour objectif de contribuer à l’amélioration des techniques pédagogiques des enseignants sénégalais pour favoriser la réussite des jeunes en difficulté, les encourageant ainsi à poursuivre ou à terminer leurs études primaires.

Du 1er mai au 9 juillet 2013, les stagiaires ont travaillé au sein de deux écoles primaires à Saint-Louis : Alioune Babacar Sarr et Amadou Mbaye Masseyni.

L’école Alioune Babacar Sarr

• École primaire comportant six salles de classe de 50 à 70 élèves en moyenne

« Nous sommes satisfaits des activités réalisées et des suggestions des stagiaires. Ce projet a permis en 2013 de développer des outils pour mieux gérer la discipline des élèves, de réorganiser la bibliothèque afin d’inciter les élèves à la lecture, de maîtriser de nouveaux jeux récréatifs, de prendre en charge des élèves en difficulté et de mettre en place un atelier de reliure et d’imprimerie qui permettra de produire des manuels et de créer un journal scolaire. Notre école est désormais très bien perçue au sein de la communauté ! » - Alassane Seck, directeur de l’école

L’école Amadou Mbaye Masseyni

• École primaire comportant six classes de 15 à 20 élèves en moyenne

« Cette expérience est très enrichissante et permet d’optimiser le temps de nos enseignants en classe. Concrètement, les impacts du projet sont : l’encadrement des élèves en dehors des heures de classe, l’amélioration du niveau académique des élèves en français et en mathématiques, la réparation des bâtiments et l’ajout de tableaux et de placards afin de ranger en toute sécurité le matériel. Nous avons surtout apprécié les lettres de l’alphabet peintes sur les murs qui serviront de support péda-gogique. » - Mamadou Niang, directeur de l’école

Nous tenons à remercier les stagiaires QSF pour les photos prises lors de leur mission qui ont été utilisées dans ce numéro.

Ils ont dans un premier temps appuyé les enseignants, notamment en participant à la mise en place de nou-velles techniques de gestion de classe participatives et inclu sives. Puis, ils ont aidé les élèves en animant des ateliers d’aide aux devoirs, en les préparant aux examens, en favorisant leur participation active en classe et en créant des modules d’apprentissage pour ceux en difficulté.

Le mandat de ce projet d’appui pédagogique est tout à fait pertinent, puisqu’il permet d’encadrer les élèves dans le besoin, alors que l’attention est souvent accordée aux élèves en voie de réussite. Pourtant, ceux qui éprouvent des difficultés d’apprentissage sont les plus à risque d’abandonner. Tout comme le projet de parrainage, l’appui aux enseignants s’inscrit donc dans la lutte contre la déperdition scolaire et rejoint les objectifs du gouvernement sénégalais en matière d’éducation.

Nos partenaires d’accueil :

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Des enfants talibés apprennent le français et les mathématiques !

Au Sénégal, la très grande majorité de la population est musulmane (94 %) et bien avant l’arrivée de l’école « française », l’éducation était dispensée par les écoles coraniques. Ces écoles sont communément appelées daaras et les élèves qui les fréquentent talibés.

Encore aujourd’hui, plusieurs parents choisissent d’envoyer leurs enfants au daara afin que ceux-ci reçoivent une éducation religieuse. Ces écoles font partie du secteur non formel de l’éducation au Sénégal et ne sont donc pas contrôlées par l’État, contraire-ment aux écoles publiques ou privées autorisées. L’enseignement de bon nombre d’entre elles se concentre donc uniquement sur la mémorisation du Coran.

Ne recevant pas de subventions de la part du gouver-nement, ni d’appui de la part des parents, certains maîtres coraniques se tournent vers d’autres moyens de financement, entre autres, en demandant aux enfants talibés de mendier. Il n’est donc pas étonnant que les talibés soient fréquemment confondus avec les jeunes de la rue.

Si certains parents envoient leurs enfants à la fois au daara et à l’école publique, d’autres choisissent les écoles coraniques comme unique mode de scola- risation. Ceci explique que depuis quelques années,

les autorités publiques envisagent la modernisation des daaras, notamment afin de s’assurer que ces enfants reçoivent une éducation de base.

Dans cette lignée, la Fondation a travaillé au cours des cinq dernières années comme sous-traitant de l’organisation non gouvernementale FHI Développe-ment 360 LLC dans le cadre du projet Éducation de base (EDB) financé par l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID). Plus précisé-ment, la Fondation a été responsable de développer le matériel pédagogique à être utilisé au sein d’un nouveau modèle de daara communautaire aménagé d’espaces d’apprentissage adéquats.

Ce projet vient tout juste de se terminer avec des résultats impressionnants : 17 168 talibés âgés entre 6 et 12 ans et issus de 350 daaras ont pu acquérir des compétences de base essentielles en français, en mathématiques et en modes de vie et 230 ont em- prunté la passerelle du non formel vers le formel. En sus, 6 414 enfants vulnérables de 13 à 18 ans ont reçu une formation préprofessionnelle.

Tout au long de sa mise-en-œuvre, ce projet a suscité un fort engagement des communautés, des parents et des maîtres coraniques. Tous sont unanimes pour dire que ce modèle de daara communautaire est pertinent et fiable !

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Démarrage d’un nouveau projet en formation professionnelle : le PaDIa

Au Sénégal, de nombreux jeunes qui terminent leurs études, parfois même de niveau universitaire, se retrouvent au chômage. Ceci s’explique en partie par l’inadéquation de l’enseignement général avec les besoins du marché du travail. Découragés par cette réalité, plusieurs jeunes décident donc d’abandonner leurs études en milieu de parcours. D’autres se voient également contraints d’abandonner pour diverses raisons ou n’ont tout simplement pas accès à cet enseigne ment général. La formation professionnelle prend alors tout son sens pour ces jeunes, leur permettant de perfectionner ou de développer leurs compétences dans des domaines en demande.

D’ailleurs, la formation professionnelle compte désormais parmi les priorités du gouvernement du Sénégal. Dans son Programme d’Amélioration de la

Qualité, de l’Équité et de la Transparence (PAQUET), couvrant la période 2013-2025, le gouvernement reconnaît ainsi certains défis devant être priorisés :

• l’offre de formation professionnelle très peu développée et qui ne coïncide pas toujours avec les demandes ;

• la prise en compte insuffisante de l’orientation scolaire et professionnelle des élèves dès le bas âge ;

• les disparités importantes au niveau de la répartition de l’offre tant sur le plan géographique, que par secteur d’activités économiques et du genre ;

• les effectifs très faibles du secteur primaire (agriculture).

Tenant compte de l’ensemble de ces facteurs, la Fondation Paul Gérin-Lajoie vient de démarrer le Projet d’appui au développement et à l’intégration de l’apprentissage (PADIA) en collaboration avec la Direction de l’appren-tissage du ministère de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Artisanat du Sénégal.

Ce projet offrira à 1 000 jeunes Sénégalais exclus du système éducatif général, dont 500 filles, une forma-tion de 14 mois en atelier afin de leur permettre d’acquérir les compétences de base requises pour exercer un métier ainsi qu’un appui matériel et financier pour intégrer le marché du travail à la fin de leur formation. La Fondation financera, en outre, des acti-vités favorisant l’intégration des filles sur le marché de l’emploi.

Pour contrer les disparités régionales de l’offre de for-mation, ce projet cible les régions de Thiès, Diourbel, Fatick et Kaolack. Pour s’assurer de répondre aux demandes locales, des filières ont été identifiées comme offrant les meilleures chances d’emploi à la suite d’une étude de marché menée dans chaque région. Il s’agit, entre autres, du maraîchage, de la tein-ture, de la mécanique automobile, de la menuiserie, de la couture et de la transformation de produits agricoles.

Des cours d’alphabétisation fonctionnelle seront offerts aux jeunes n’ayant pas acquis ces com-pétences ainsi que des formations sur la sécurité au travail et la gestion. Ceux qui souhaitent devenir entrepreneurs pourront de plus bénéficier de ressources pour élaborer des projets d’entreprise et obtenir du crédit. Ce projet constituera certes un levier important pour l’amélioration des conditions socioéconomiques des jeunes apprenants, mais également de leur com-munauté !

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9Une participation en hausse à La Dictée P.G.L. au Sénégal !

La Dictée P.G.L., activité phare de la Fondation Paul Gérin-Lajoie depuis 1991, s’est déplacée en Afrique en 1992 et s’est alors déroulée pour la première fois au Sénégal. Au départ, cette activité n’a été implantée que dans la région de Saint-Louis. Puis en 2005-2006, elle s’est déroulée dans six régions du Sénégal. L’an dernier, lors de la 22e édition (2012-2013), douze régions ont accepté de relever le défi ! Ce sont en fait 132 580 élèves de 5e et 6e qui ont participé à ce concours international de dictée. Cette même année, le ministère de l’Éducation a proclamé que La Dictée P.G.L. faisait désormais partie intégrante des programmes de l’enseigne-ment au Sénégal, démontrant l’appréciation des outils pédagogiques mis à leur disposition.

Chaque année, le Sénégal organise la finale nationale à Saint-Louis, réunissant les finalistes des différentes régions administratives du pays. Les gagnants ont ensuite la chance de prendre part à la Grande Finale internationale qui se déroule, elle, au Canada. En 2012-2013, Khamad Sarr et Mame Maty Mbaye ont été les deux élèves sénégalais sélectionnés par leur pays. Mame Maty Mbaye s’est illustrée lors de la Grande Finale internationale en remportant le premier prix des participants hors Canada dans la catégorie français langue seconde.

Mame Maty Mbaye a accepté de nous livrer son témoignage sur son expérience vécue au Canada :

J’ai participé pour la première fois à La Dictée P.G.L. en 2012. Avant cela, j’ignorais l’exis tence de ce concours. Quand j’ai appris que j’allais représenter le Sénégal à la Grande Finale internationale de La Dictée P.G.L., j’étais très heureuse, mais aussi très fière de moi. Je m’exerçais tout le temps à faire des dictées et à lire. Ce que j’ai le plus aimé de mon séjour à Montréal a été la visite au parc d’animaux ou j’ai vu des pingouins, diverses espèces de poissons, des oiseaux et des reptiles, mais aussi le fait d’avoir pu échanger avec les participants de divers horizons. Je suis très fière d’avoir eu la chance d’aller au Canada, et de représenter dignement mon pays : le Sénégal !

Sans l’appui de ses partenaires, la Fondation ne pourrait permettre à des jeunes comme Mame Maty Mbaye de vivre une telle expérience. Nous tenons ainsi à remercier : le ministère des Relations internationales, de la Francophonie et du Commerce extérieur (MRIFCE), Sénégal Tours, Bolloré Africa Logistics, Plan Sénégal, la Lonase, la Sénégalaise de l’auto, Sismar, Oumou information et l’Ambassade du Canada au Sénégal.

Finale nationale de La Dictée P.G.L. à Saint-Louis

Mame Maty Mbaye lors de la Grande Finale internationale

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Dakar : hôte du prochain Sommet de la Francophonie en 2014

Les dates sont désormais confirmées : le XVe Sommet de la Francophonie se tiendra les 29 et 30 novembre 2014 à Dakar, au Sénégal. Ce Sommet fait partie des trois instances qui composent l’Organisation interna-tionale de la Francophonie (OIF), avec la Conférence ministérielle et le Conseil permanent. Il se réunit tous les deux ans afin de définir les orientations de la Francophonie et d’adopter toutes résolutions néces-saires au bon fonctionnement de l’Organisation. Ce sera la deuxième fois que le Sénégal accueillera cet important Sommet ; il en a déjà eu l’honneur en 1989.

Tout récemment, le gouvernement du Sénégal a annoncé le thème retenu pour ce Sommet, « Femmes et Jeunes en Francophonie : Vecteurs de paix, Acteurs de développement ». Selon le conseiller spécial du Secrétaire général de la Francophonie, Ousmane Paye, ce thème représente une des préoc-cupations majeures du monde francophone, c’es t- à-dire la nécessité d’accorder une attention toute particulière aux femmes et aux jeunes qui sont confrontés à de nombreux défis et qui doivent par-ticiper aux processus de paix et de développement des États membres (Le Soleil : 3 déc. 2013). De nombreux chefs d’États membres de l’OIF et invités,

ainsi que plusieurs hauts représentants d’organisa-tions internationales et régionales sont espérés pour cet événement. À l’instar des sommets précédents, les débats fructueux aboutiront à une Déclaration, qui appellera certes les États membres à redoubler d’efforts pour inclure davantage les femmes et les jeunes.

Les autorités sénégalaises profiteront également de ce Sommet pour rendre hommage à leur ancien prési-dent, Abdou Diouf, actuel Secrétaire général de l’OIF.

La Fondation Paul Gérin-Lajoie a fait de la valo-risation de la langue française une de ses priorités et intervient au sein des pays francophones pour l’atteinte de l’éducation pour tous. Le thème choisi par le gouvernement du Sénégal pour le prochain Sommet de la Francophonie rejoint directement les acteurs ciblés par la Fondation pour ses interventions. La Fondation ne peut que se réjouir de l’attention qui sera accordée aux femmes et aux jeunes, acteurs souvent marginalisés, mais qui méritent d’être inclus dans tous processus de décision. C’est avec grand intérêt qu’elle suivra ce Sommet !

L’ancien président du Sénégal, Abdou Diouf, a reçu M. Paul Gérin-Lajoie et la première délégation de la Fondation, le 9 juillet 1987.

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Sénégal : La coopération au service des caisses de petite taille

Alors que les grandes institutions financières séné-galaises sont pour la plupart informatisées depuis longtemps déjà, la situation des caisses de petite taille et de celles qui se trouvent éloignées des grands centres est demeurée plus difficile jusqu’à récemment.

« Dans notre caisse d’épargne et de crédit, nous n’avions pas les moyens de nous informatiser », raconte Henriette Pina, vice-présidente de la caisse de l’Île de Gorée, créée pour les femmes.

Cet isolement est toutefois révolu grâce à l’offre de service du Centre de traitement informatisé du Sénégal (CTISN), qui a vu le jour en 2009 avec l’appui de Dévelop pement international Desjardins (DID). Devenu en 20 11 un groupement d’intérêt écono-mique (GIE) indépendant, le CTISN aide les organi-sations membres à progresser dans les dédales de l’informatisation, tout en donnant de la formation à leur personnel afin de les aider à maîtriser les nouvelles technologies.

« Le CTISN, poursuit Henriette Pina, nous a permis de réorganiser la caisse et d’être plus rapides pour les opérations, sans les risques d’erreurs des opérations manuelles. Désormais le processus est plus fiable et les membres de la caisse ont davantage confiance en nos services. Et nous pouvons produire facilement et rapi dement tous les rapports que nous devons remettre aux autorités réglementaires. »

Aujourd’hui, le CTISN est la propriété de 40 institutions de microfinance du Sénégal qui comptent 162 points de service dans tout le pays, desservent 165 000 membres et affichent un actif de 11 milliards de francs CFA (près de 23,6 millions $CAN). Son conseil d’administration est d’ailleurs présidé par Henriette Pina.

« Concrètement, en 24 heures, une coopérative d’épargne et de crédit peut ouvrir un nouveau point de service totalement informatisé », rapporte Abdou Karim Sow, directeur général du GIE, situé à Dakar. Aussi, grâce aux transactions intercaisses, il est possible de faire des transferts d’argent d’une succursale à l’autre dans le pays.

Par ailleurs, maintenant que les caisses sénégalaises ont leur centre de services informatisés, plusieurs pays voisins, comme le Tchad ou le Burkina Faso, affichent un grand intérêt pour ce modèle d’intégration des services et envisagent de mettre sur pied une organi-sation du même type.

Quant à DID, l’organisation demeurera présente dans le processus pour quelques mois encore à titre de conseiller, mais déjà les Sénégalais voient à établir les priorités et à gérer eux-mêmes la croissance de leur nouvelle entreprise de services informatisés.

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Représentants du CTISN lors de leur passage à la Maison Alphonse-Desjardins, à Lévis, en octobre 2013.

La Dictée P.G.L. fait son entrée au Maroc !La Fondation est très fière d’annoncer que pour la première fois, La Dictée P.G.L. se déroulera au Maroc dans la ville d’Agadir. Environ 2 000 participants sont attendus pour cette première édition. Le gagnant national aura la chance de représenter le Maroc lors de la Grande finale internationale au Canada, le 11 mai 2014.

Une délégation haïtienne en visite à MontréalDans le cadre du Programme de coopération volontaire (PCV), la Fondation Paul Gérin-Lajoie a accueilli du 19 novembre au 3 décembre 2013 une délégation composée de 6 représentants du Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) d’Haïti, venus échanger et peaufiner leurs pratiques pédagogiques dans l’enseignement fondamental. Dans un esprit de partage de connaissances, cette délégation a animé une conférence intitulée : « L’ÉFACAP, pour un renouveau pédagogique » qui a attiré plus de 30 participants.

Des départs et de nouvelles arrivées !La Fondation Paul Gérin-Lajoie tient sincèrement à remercier madame Carole Gagné- Gervais qui a œuvré pendant près de 10 ans (de 1993 à 1999 et de 2009 à 2013) à titre de directrice générale. Nous tenons à souligner son travail dévoué qui a sans aucun doute fait progresser la cause de l’éducation pour tous et lui souhaiter le meilleur dans ses projets d’avenir. La Fondation pourra toutefois continuer à compter sur le dévouement de madame Gagné-Gervais puisque cette dernière a accepté de rester sur le conseil d’administration.

La Fondation tient enfin à souhaiter la bienvenue à sa nouvelle directrice générale, madame Nadja Pollaert, qui entrera en fonction au mois de février 2014 ainsi qu’à Marie-Pierre Nogarède qui se joint à l’équipe à titre de chargée de projets outre-mer, à Kassandra Martel qui occupera le poste de chargée de la promotion et des événements à La Dictée P.G.L. et à Sophie Gravel, nouvelle adjointe administrative au développement philan-thropique et collecte de fonds.

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L’œuvre de M. Paul Gérin-Lajoie a une fois de plus été reconnue, cette fois-ci par la plus haute distinction décernée par le gouvernement du Québec, accordée à une personne ayant contribué de façon exceptionnelle à la qualité et au rayonne-ment de la langue française au Québec. Parmi ses accomplissements, soulignons les réformes du système éducatif du Québec dans les années 1960, sa nomination à titre de premier ministre de l’Édu cation, sa contribution à l’ouverture du Canada francophone sur le monde alors qu’il était président de l’Agence canadienne de développement inter-national de 1970 à 1977 et bien sûr la création de La Dictée P.G.L., un des plus importants projets pédagogiques à valoriser le français, la solidarité et le partage.

Félicitations M. Paul Gérin-Lajoie !

Paul Gérin-Lajoie remporte le prix Georges-Émile-Lapalme !

Crédit photo : Rémy Boily, Gouvernement du

Québec (Les Prix du Québec)