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Maison de vieux… · de ma lettre, allez, hop, on se réveille, merde, c’est ... était une guenon amoureuse du vieux Jean. Avec . On a tous un ou deux vieux de trop quelque part

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On a tous un ou deux vieux de trop quelque part. Les raisons sont toutes excellentes pour s’en défaire : on n’a pas de place chez soi ni le temps de s’en occuper, on n’aime pas l’odeur des boules à mites ou on a déjà trop de couches à changer.

Sur l’invitation de Raymond Bock et d’Alexie Morin, treize auteurs ont accepté de placer les leurs dans les chambres qui composent ce recueil de nouvelles.

Ils se livrent ainsi à un périlleux exercice de projection en se mettant dans la peau d’une personne âgée à l’approche de la fin. Évitant les clichés ou se jouant d’eux, ils nous offrent des histoires tendres, cruelles, parfois décousues, souvent sages et toujours nécessaires.

Ces treize coups d’œil par autant de trous de serrures, ce sont avant tout des prises de parole contre l’oubli.

ISBN - 978-2-923553-12-2 Extrait de la publication

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Maison de vieux

Collectif

TA MÈRE

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Nous remercions de son soutien le Conseil des Arts du Canada,qui a investi 20,1 millions de dollars l’an dernier dans les lettres et l’édition partout au Canada.

We acknowledge the support of the Canada Council for the Arts which last year invested $20.1 million in writing and publishing throughout Canada.

Les auteurs ont choisi de remettre leurs redevances à la Fédéra-tion Québécoise des Sociétés Alzheimer.

Direction du recueil : Raymond Bock et Alexie MorinProduction : Maxime RaymondConception graphique : Benoit TardifRévision linguistique : Maude Nepveu-Villeneuve et Caroline DaultInfographie : Rachel Sansregret

Achevé d’imprimer en mai 2012, à Gatineau.Bibliothèque et Archives nationales du Québec - 2012Bibliothèque et Archives du Canada - 2012ISBN (PDF) 978-2-923553-31-3ISBN (Livre) - 978-2-923553-13-9© Éditions de Ta Mèrewww.tamere.org

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Chambre 61

Les bruits étouffés provenant de la grande salle la réveillent. C’est sans doute l’heure du bridge; des groupes se créent, des discussions s’animent. Pour elle, encore une autre journée passée au lit. Et c’est très bien ainsi. Elle n’a aucune envie de se lever et de s’habiller pour aller socialiser avec d’autres qui, comme elle, n’en ont plus pour si longtemps.

À quoi bon faire des rencontres, à son âge?

Alors, elle reste au lit.

Au moment de lui choisir une maison de retraite, ses enfants ont pensé à tout. Du moins, c’est ce qu’ils aiment se répéter les uns aux autres. Le jour où ils ont visité le centre pour la première fois, ils sont rentrés enthousiastes. Trop. Ils avaient visité toutes les chambres libres et avaient choisi la perle rare : une chambre avec une grande fenêtre donnant sur le parc. Ainsi, elle aurait toute la lumière dont elle pourrait rêver et ne serait pas embêtée par le bruit de la rue.

Elle avait eu envie de leur dire qu’elle n’était pas embêtée par grand-chose et que la grandeur de la chambre ne changerait rien au fait qu’ils l’avaient arrachée de chez elle. Mais il était trop tard pour ce genre de remontrances.

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Elle ne leur en veut plus. Et puis, ils n’ont pas tort : c’est plus simple ainsi. Avec la vieillesse, il faut toujours que quelqu’un souffre quelque part. Autant que ce soit elle.

Elle espère simplement qu’ils ressentiront un jour ce que ça fait au ventre de comprendre qu’on ne reviendra plus jamais chez soi.

Les branches d’un frêne planté non loin de sa fenêtre grattent parfois sur la vitre, si la tempé-rature est mauvaise. Ça lui rappelle son enfance, lorsque les vents salins de la côte bretonne fai-saient craquer les volets. Ses fils ont fait de sa chambre une réplique miniature de son ancienne maison. En fait, c’est comme si elle vivait en permanence dans son salon d’avant. Ses enfants ont recloué les mêmes cadres, disposé les mêmes bibelots. Ils se sont démenés pour qu’elle se sente chez elle, pour que le pays ne lui manque pas. Ils ont même fait venir sa bergère par paquebot.

Mais elle ne s’y assoit plus.

Lorsqu’elle veut lire ou écouter la télévision, elle remonte le dossier de son lit électrique. Ça lui suffit.

Elle sort seulement du lit quand l’infirmière passe faire sa toilette. Elle n’a pas le choix, il faut se déplacer jusqu’à la salle de bain. Il y a quelques semaines, elle se levait encore pour ouvrir la fenêtre, lorsqu’il faisait doux. Plus maintenant. Elle n’en a plus envie.

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Ses enfants passent tous les dimanches. Parfois, ils viennent accompagnés de leur femme ou de leurs enfants. Comme la chambre devient exiguë dès qu’il y a plus que trois personnes, ils descendent tous jusqu’à la grande salle. Elle doit alors se peigner, quitter ses chaussons pour des souliers, s’habiller, prendre sa canne. C’est une expédition chaque se-maine. Elle râle. Ses garçons lui disent gentiment d’arrêter de se plaindre, que c’est bon pour elle de sortir un peu, de voir des gens. Elle se sent comme une petite fille gâtée qu’on réprimande. Elle déteste ça.

Ses voisines de palier la jalousent. Quelle chance, quand même, d’avoir ses trois garçons dans la même ville, sur le même continent! Elle ne leur dit pas qu’elle aurait préféré qu’on la laisse crever chez elle, loin de tout le monde, dans sa vieille baraque. Elle ne leur dit pas qu’au lieu de survoler l’Atlantique à son âge, elle aurait préféré se réveiller un matin dans son lit et sentir que ça y était, aujourd’hui, elle mourrait. Elle ne leur dit pas. On n’a pas le droit de dire des choses comme ça.

En plus de ces visites dominicales, son aîné s’ar-rête une ou deux fois, durant la semaine, en reve-nant du travail. Il lui apporte des mots fléchés et des magazines français. Les premiers mois, elle prenait la peine d’enlever sa couche du calorifère où elle la met à sécher l’après-midi. Plus maintenant. Alors, pendant qu’ils discutent un peu ou regardent la fin d’un jeu-questionnaire à la télé, une odeur d’urine chaude se répand dans la pièce. Il n’en dit jamais rien. Il repart systématiquement avec l’arrivée de

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l’infirmière, autour de dix-neuf heures. La femme trouve qu’il vieillit mal. Il grossit à vue d’œil, il est constamment cerné. Son souffle est court. Ça l’in-quiète. Elle ne veut pas le voir malade. Elle n’a pas la force de se faire du souci pour lui. Une mère ne devrait pas enterrer ses enfants.

Hier, elle avait sa visite mensuelle chez le médecin. Il lui a encore sorti une connerie comme « Eh bien, Madame Le Goff, avec une santé comme la vôtre, vous allez vivre encore de belles années! » Il était fier de lui, l’idiot. Il pensait lui faire une fleur. Il n’envisage pas la fatigue de vivre. Il est trop jeune. Un de ces jours, il faudra bien qu’elle lui recommande de cesser d’annoncer de telles âneries à ses patients. Il va finir par en déprimer un.

Elle ouvre la télévision. Le jeu-questionnaire a commencé; son fils ne passera pas. Ce sera pour demain. Autant se rendormir un coup, avant le passage de l’infirmière. Puis elle écoutera le film de vingt heures, à la télé française. Elle dormira en-suite une bonne partie de la nuit. Durant les heures d’insomnie, elle jouera à se rappeler les bruits et les odeurs de là-bas. Et peut-être demain mourra-t-elle.

Ce serait bien, n’empêche.

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Chambre 17

Faudra probablement que tu changes l’adresse de la prochaine lettre que tu vas m’envoyer, parce que je pense pas qu’ils vont très exactement m’envoyer tout ça à la nouvelle résidence, hein? C’est madame Potvin qui s’occupe du courrier par ici, et disons qu’elle me porte plus vraiment dans son cœur. C’est de bonne guerre, et de toute façon, c’était une très mauvaise baise et elle a du poil. Hé hé, ça te donne de foutues images, hein, Steve? Dis-le que ça t’écœure un peu, voilà, dis-le que je suis qu’une saleté de vieux lubrique, dis-le. T’auras jamais eu si raison.

Ouais, je fais un arrêt ici. Steve, c’est un clown. Il est venu l’année passée dans le temps de Noël avant que deux trois connards s’insurgent et nous enlèvent le droit à des magiciens, des clowns et de la viande bien fraîche payée par le gouvernement. Merde que je m’étais amusé, cette fois-là, avec Steve le clown. Faut faire attention, son nom de clown, c’est pas Steve. C’est quelque chose de stupide, comme Nano ou Bozo. N’empêche, Steve, il a du métier, il en a vu d’autres. Je l’ai su tout de suite que ça l’emmerdait royalement de venir faire crever (de rire, je dis bien, quoiqu’il est passé proche de refroidir madame Lussier) des petites vieilles en chaise roulante, alors je l’ai pris sous mon aile et je l’ai aimé.

Hé hé, je déconne. Dit comme ça, on dirait que je lui ai dégraissé le cul, hein, à ce bon vieux

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Steve? Non, non. J’ai pas fait ça. Il serait fou de se laisser approcher par moi, aussi perverti soit-il, le Steve. Il a une femme pour ça. Belle, grosse, des grosses cuisses et des grosses lèvres et la peau plus noire que le fin fond de mon trou du cul à moi. Une belle femme. Je sais pas de quel pays elle vient, mais je maudis le connard qui a empêché sa mère d’immigrer ici dans mon jeune temps. Bien roulée. J’aurais bien aimé être ton beau-père, Steve, ça c’est certain.

Steve. Un clown au nom imprononçable. Ils nous avaient envoyé ça pour rendre plus aisé notre passage dans l’au-delà. Puis il a arrêté de venir quand les gens ils ont pris leur crayon et ils ont écrit dans les journaux qu’ils s’offusquaient qu’on m’envoie un clown et sa poule me divertir.

HEY HO. Personne vous a jamais demandé rien, madame la journaliste. Merde. Allez vous faire voir et retournez sucer des bites. Ouais, ouais, je suis un peu misogyne. Chaque fois que ça me reprend, je dois faire attention et blâmer mon âge. Je suis un peu raciste aussi, mais beaucoup moins depuis que Steve m’a présenté sa femme. En fait, je suis plutôt une mauvaise personne en général. Ça, Steve l’a bien appris.

Tu te souviens, hein Steve (ça, c’est la continuité de ma lettre, allez, hop, on se réveille, merde, c’est une lettre que j’écrivais, faut suivre ou faut s’en aller)? Quand je t’ai offert un petit coup de fort. T’as certainement pas dit non. Même que tu t’es saoulé avec moi. Et c’est là que t’as compris, parce

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que je te l’ai dit, faut pas être trop modeste, que tu l’avais pas du tout pour divertir les gens. Fallait pas être gentil, fallait être la pire des merdes, voilà. Alors t’as mis un coussin à péter sur la chaise de monsieur Chicoine, t’as fait baver de rage madame Thibeault avec ta poudre à gratter et je pense bien que t’as fait mouiller de plaisir madame Paul quand t’as hypnotisé le vieux Carl et lui a fait croire qu’il était une guenon amoureuse du vieux Jean. Avec des talents comme ça, Steve, t’aurais dû partir en spectacle, Vegas, toutes ces choses, le sexe, la drogue, l’alcool, le sexe, surtout, je l’ai dit? Ouais, le sexe.

C’est ce qui me manque le plus, tu sais? Le sexe. Les testicules. La peau qui pique. Passé quatre-vingts bien sonnés comme moi, plus question de prendre de Viagra. Il y a un vieux, à l’autre étage, qui arrête pas de parler de ça, la dernière fois qu’il a bandé. Il me fait bien rire, mais faudrait pas exa-gérer. Vient un temps où il faut ranger l’arsenal, lever le drapeau blanc et arrêter de faire chier. De toute façon, j’ai la gonorrhée, Steve. Ouais… c’est ta femme qui me l’a refilée.

OH!

Je déconne, Steve.

Ouais, là, j’arrête la lettre, parce qu’il faut vraiment savoir que Steve, nom de Dieu, Steve quand il a amené sa femme, elle m’a vraiment fait beaucoup d’œil. Je pense même qu’elle m’a caressé un peu avec son pied. Sans farce. Une belle femme

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comme ça. C’est pas comme si j’étais vraiment riche non plus, hein. Peut-être qu’elle voulait tenter une expérience. Toutes des dépravées, ces femmes.

Excusez-moi, c’est l’âge, je l’ai déjà dit. Mais allez pas me croire, faudrait pas.

Ouais, je suis plus capable de l’entendre, celle-là, Steve. Excusez-moi, c’est l’âge. Faut rien excuser à cause de l’âge, sauf peut-être quand je me pisse dessus, parce que ça c’est ma vessie, j’ai plus le contrôle total. Mais je vais te dire quelque chose, et écoute-moi bien. Quand on est con, on est con. Il y en a tout plein, des connards, ici, au mouroir. Tellement que je les compte plus. La pire connerie, à notre âge, c’est d’arrêter de rire. Et ça, merde, ça, ils sont des dizaines à plus jamais rire.

Moi, j’aime bien rire. C’est notre dernier salut dans ce bas monde avant Dieu et les anges du ciel, tu sais, ceux qui vont venir chercher mon esprit par ma bouche et qui vont le tirer jusqu’au ciel pour que je puisse te regarder péter le cul de ta jolie toute la nuit. Merde. J’espère qu’on a une forme jeune, au ciel, parce que si c’est le cas, ça sera la plus belle asticote que je me serai jamais foutue, hé hé. Bonheur aux voyeurs.

Ouais, ouais, j’ai pas vraiment écrit ça à Steve, mais merde que je le pense. Parfois, ma plus grande peur, c’est pas de crever, c’est d’être déçu par ce qui m’attend. Ma plus grande peur, ça serait de pas me réveiller. T’imagines, toute cette merde et aucun paradis perdu. Toute ma vie, j’ai gueulé pour que les

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curés arrêtent de nous faire chier, mais aujourd’hui, c’est pas vous dire, j’espère qu’ils avaient un peu raison. Je ris un peu pour ça, pour pas y penser.

Parce que quand je te dis qu’il me reste un ou cinq ans, Steve, c’est pas des farces. C’est pas des paroles en l’air. Je dis pas ça en sachant qu’il m’en reste quarante, comme toi. Quand tu dis : je vis au jour le jour, je te dis : Steve, t’es le plus gros enculé de toute ta foutue confédération de clowns. Vivre au jour le jour, ça veut rien dire. Vivre au jour le jour, c’est fermer les yeux chaque nuit avec la peur de pas se réveiller le lendemain, voilà ce que c’est. Y a que deux types de personnes qui vivent comme ça, les vieux et les orphelins. Nous, c’est parce qu’on sait que ça approche. Eux, c’est parce qu’ils ont pas eu le temps d’ouvrir les yeux qu’on leur rappelait qu’ils étaient pas éternels. Voilà. Le reste, c’est de la foutaise.

Il y a ce petit gars, merde, je le sais, je lui écris tous les mois. Il m’a dit, un peu saoul, qu’il lui manquait quelque chose dans sa vie. Je pensais bien que je savais quoi, alors j’ai pas arrêté de lui écrire. Je pense que ça lui fait du bien. T’imagines, trente-six ans, Steve, et tu t’es pas encore remis, t’as encore besoin d’un vieux fou dans ta vie pour te donner une tape sur le cul comme quand t’étais petit et que tu marquais des buts au hockey et que tout le monde s’en foutait, de ton but. Voilà. Foutu orphelin, t’es comme moi, une vieille merde. Et les deux on a choisi notre voie. On préfère rire.

J’ai été assez déçu quand ils ont coupé les vivres

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et que tu m’as dit, pendant qu’ils nettoyaient madame Chiasson après qu’elle se soit chié dessus parce qu’elle avait trop ri, que tu t’en allais pour de bon, que tu pouvais pas revenir parce qu’ils avaient sabordé le programme. Bande de cravates sans couilles. Des clowns dans des maisons de vieux, on prend nos vieux pour des imbéciles, qu’ils disaient. Je le sentais à plein nez (pas le caca de Chiasson, non), ça devait être un coup de Géraldine Poitras.

Ah. Quelle conne. J’ai été doublement déçu de constater que, même à mon âge vénérable, on pouvait encore assez haïr pour foutre le bordel. Moi, j’essaie de n’avoir plus qu’une seule émotion. Le bonheur. Le rire. Mes petits-enfants me visitent une fois par année et mes deux filles une fois par semaine. Je suis chanceux, je le sais. J’ai même une correspondance avec un foutu clown. T’imagines, Steve? Et j’ai pas pris de drogue depuis la Corée. Alors, tu vois, moi, j’essaie de faire contre mauvaise fortune bon cœur. J’organise à Noël un petit quelque chose, on se fait un tournoi de bowling sur la télé avec ceux qui sont seuls, je passe voir ceux qui ont plus leurs jambes pour les soutenir (pour pas qu’ils tombent, foutus culs-de-jatte, hé hé, je déconne). J’essaie de faire en sorte qu’on s’aide un peu, hein? Comme toi avec tes amis les clowns, il y a de la fraternité, là-dedans, j’espère. Nous aussi, les vieux, on en a besoin, de fraternité. Mais il y a toujours des vieilles folles comme madame Poitras qui viennent tout gâcher en pensant qu’on est plus seul aujourd’hui qu’on le sera à la fin du monde avec les trompettes et la terre qui se sépare en deux.

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Je vais être honnête, les clowns, c’est pas l’idée du siècle, d’accord. Mais quand j’étais jeune et que j’amenais Céline et Béatrice (ce sont mes filles, jolies, mais un peu trop vieilles pour toi, pas de chance, j’aurais bien aimé que tu sois mon gendre) voir le cirque, tu peux pas savoir comment je m’emmerdais. Sans rancune, petit, mais les jongleurs et les acrobates, je m’en foutais pas mal. Mais je riais de bon cœur parce que les petites, elles aimaient ça. Même chose avec toi. T’es probablement le pire des demeurés et cette idée nous arrive probablement du fonctionnaire le plus abruti qui soit, mais, y a pas à dire, y a pas mal de petits vieux, quelques-uns séniles, mais bon, qui ont pas détesté. Et c’est déjà ça.

Mais la Poitras, oh, la Poitras. Incapable de voir des gens s’amuser un peu. Je te donne un exemple. L’année passée, on a fait une bataille de boules de neige. Même la vieille Landry, avec sa chaise rou-lante, elle était là, et quand elle a reçu en pleine poitrine une boule grosse comme mes chiasses du dimanche, elle a bien ri. Voilà. Et il a fallu que la Poitras lance un bloc de glace à monsieur Véron-neau. Quelle conne. Les infirmières sont sorties et elles ont tout arrêté. Personne me croit, mais je l’ai vu, dans ses yeux, à Géraldine. La haine. Elle était contente de son coup. Elle voulait pas qu’on s’amuse. Jamais.

Conasse.

Je fais un aparté parce que j’ai mal aux doigts, c’est l’arthrite, pour parler un peu de Géraldine. Elle

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a coupé tous les contacts avec sa famille. Elle a une fille merveilleuse qui s’occupait d’elle, mais tout ce qu’elle voulait, la vieille, c’était de faire chier. Qu’on la prenne en pitié. Elle a tellement menti, détruit les gens autour d’elle qu’ils l’ont laissé tomber. Là elle se complaît en râlant qu’elle est seule au monde et que la mort peut bien l’emporter. De temps en temps la fille rapplique au téléphone pour que je sonde le terrain, parfois elle se pointe aussi, ça finit jamais vraiment bien. Elles s’engueulent et la petite pleure dans ma chambre et repart en jurant de ne plus jamais revenir. La Poitras, c’est la pire des femmes que j’ai jamais connues, et, comme je te l’ai souvent dit, j’en ai connu beaucoup, des femmes, qui m’ont refilé toutes sortes de choses, alors c’est beaucoup dire.

Noël passé, ç’a été la goutte qui a fait déborder le vase (et c’est là que je recommence ma lettre à Steve, qui devient un peu longue).

Je déteste les journalistes. Je t’ai déjà dit? Tu penses que je saute du coq à l’âne, comme ça, mais non. Les journalistes non plus, ils veulent pas s’amuser. Le rire, ça vend pas la nouvelle. La nouvelle, il faut qu’elle fasse pleurer. Tout le monde sait ça. Même quand ils ramassent la tête de ce petit gars qui s’est fait écraser par un autobus et qui est vivant, il faut qu’ils nous montrent sa mère quand elle braille comme une conne plutôt que lorsqu’elle le prend dans ses bras pour danser. Ouais, ouais, je suis un peu dur, Steve, t’as raison. Mais t’es un clown, tu le sais que les gens veulent pas vraiment rire. Ce qu’ils veulent, c’est rire en pleurant, en faisant des

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sons de nez bizarres comme des cochons. Ce qu’ils veulent, c’est que tu reçoives la tarte à la crème en plein nez et qu’ensuite tu fasses l’existentialiste en pleurant sur ton sort, voilà, Steve, ce qu’ils veulent. Merde. Des clowns tristes, on a encore besoin de ça.

Tout ça pour dire que les médias ont débarqué, le mois passé. On a été les heureux élus. Un repor-tage sur la vieillesse au temps de Noël. Tu m’excu-seras si je bâille. Encore? Ils ont pas autre chose à filmer, un film sur Moïse à programmer? Faut vrai-ment qu’ils viennent nous déranger, comme ça, sans prévenir? Tout ça pour dire qu’on a été deux à proposer quelque chose, tout de go, sans aucune indication, pour orienter leur reportage. L’angle, qu’ils appellent. Foutaises de communicateurs. J’ai proposé qu’ils viennent nous filmer pendant qu’on joue. Il y a un petit gars du village qui nous demande cinq dollars à tous pour nous organiser des matches d’improvisation, qu’ils appellent, là où on peut imiter des poulets ou des chiens ou des chiennes (ouais, Géraldine a essayé une fois). Lui, ça lui fait cinquante dollars faciles pour trois heures, et nous, ça nous donne une excuse pour voir monsieur Tremblay, qui a été acteur, faire, chaque fois, le même passage de Hamlet, qu’il in-troduit toujours de la même façon, en entrant dra-matiquement avec son chandail bleu en guise de turban (Hamlet, il avait pas de turban, je sais pas où il est allé chercher ça) sans que le jeu l’appelle vraiment. Personne dit jamais rien quand il mono-polise la scène ainsi, parce qu’on s’amuse bien à l’écouter.

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Bref. Je voulais que la journaliste vienne nous filmer. J’en avais assez que les petits vieux, on soit la risée de Noël et que tout le monde se fasse du capital politique ou de sympathie ou de bonnes actions sur notre dos. Allez voir ces vieux finis durant la journée et ensuite allez vous saouler et baiser l’esprit tranquille le soir. Bonne année! Salut petit Jésus, on se revoit l’année prochaine. Merde à tout ça. (Même si j’admets que j’aurais bien aimé qu’ils viennent baiser ici.) (Hé hé.)

Mais non, ils ont choisi le projet de madame Poitras. Et c’était quoi, son projet, tu penses? Rester assis comme une vache à ruminer les mêmes conneries pour la planète entière. Ils se sont jetés là-dessus, tu penses bien, en buvant beaucoup d’eau pour être certain d’avoir des larmes en quantité phénoménale juste pour ça. Elle raconterait les mêmes saloperies, que sa fille l’a abandonnée, qu’elle a toujours été seule au monde, qu’elle avait terriblement mal ici ou là et qu’elle avait trois cancers qui la rongeaient tranquillement, et elle utiliserait des mots comme mélancolie et désespoir de vivre pour parler de son cas. Merde, les larmes couleraient à flots et la journaliste parlerait de la force des vraies choses, du pouvoir de la vérité pure, dirait qu’elle n’était qu’un témoin du réel et de la triste histoire de madame Poitras. N’est-ce pas terrible et maintenant à vous en studio et le présentateur s’étranglant dans sa voix et hop! à la météo. Complètement à vomir, t’imagines. La primauté des vraies choses. T’imagines bien que je suis plié en deux, Steve. Merde. Tous les racontars de madame Poitras. Quand j’ai vu la journaliste arriver

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avec son caméraman obèse, j’ai décidé d’agir. Quoi? Tu pensais pas que j’allais laisser faire ça, hein, Steve? Tu commences à me connaître, hein?

J’ai réuni mes meilleurs éléments, soit monsieur Thivierge, monsieur Véronneau et madame Thi-beault. Avec Géraldine, ils filmaient la première partie de l’entrevue l’avant-midi, les choses légères (ils savaient pas dans quoi ils s’étaient embarqués, les choses légères, pour la Poitras, c’étaient des cancers, des diarrhées et sa maudite canne), ils dînaient avec nous (caméras éteintes, quels cons, nos dîners sont la meilleure partie de la journée) et continuaient l’entrevue avec les questions consis-tantes (pourquoi êtes-vous seule, qui vous a aban-donnée, dites-nous que vous avez mal et nous dirons que vous avez mal à la planète. Horrible. Le chant du cygne d’une femme en manque de drame.)

On a commencé par aller dans la chambre de mon-sieur Véronneau. Juste à côté de celle de madame Poi-tras. On allait pas laisser passer cette chance, et on y est tous allés le plus fort possible. Nous quatre. À piaffer comme les derniers des imbéciles, on parlait fort, on riait, on déconnait, j’ai même attrapé le cul de madame, à son grand désarroi, mais bon, la mis-sion était plus importante que les réprimandes. Et ça fonctionnait bien, ils sont venus une fois pour nous demander de faire les choses moins fort, et on leur a dit qu’ils pouvaient changer de place, que nous, on en avait rien à faire, ce à quoi ils ont répliqué qu’ils ne pouvaient pas parce qu’ils désiraient capter l’extrême pauvreté de la chambre de la Poitras.

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Quoi? La connasse a des rideaux en cachemire et un stylo plaqué or pour tenir le journal de sa vie (qu’elle veut publier, d’ailleurs. Bonne blague. Vieille folle. Il y a des limites à brasser sa propre merde si c’est pas bien écrit, moindre des choses, tu penses pas, Steve? La Poitras, elle sait à peine aligner deux mots sans que ça sonne croche. Personne lirait ça. Ou peut-être que si. Ça ferait un énorme succès. Monde de charogne, je te dis.)

Ouais. On y était presque. On les entendait dire « coupez! » à toutes les minutes, même Géraldine a pris sa canne pour frapper dans le mur à quelques reprises. Jusqu’à ce que monsieur Véronneau pousse un mi bémol un peu trop fort et qu’il nous vomisse ça sur les pieds. Les infirmières nous ont foutus à la porte et tout était à recommencer. Sacré monsieur Véronneau, jamais été capable de tenir son vin ou son rire. Il en donnait toujours trop.

La deuxième partie du plan, c’était, à l’heure du dîner, de voler les cassettes d’enregistrement de l’équipe de tournage. Mauvaise idée, tout était en numérique. Et, je t’en passe un papier, Steve, ni moi, ni monsieur Thivierge, ni madame Thibeault, on savait c’était quoi du numérique, et comme madame Thibeault voulait pas voler tout l’équipement comme je le suggérais (elle voulait pas crever dans une prison, petite pisse-cul), on a avorté le plan. Et elle nous a quittés parce qu’il y avait du hockey junior à la télé et que son petit-fils était réserviste sur l’équipe et qu’elle voulait pas manquer sa performance. Ouais, assis au bout du banc à se curer le nez avec des gants, trois buts une

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passe garantis. Bah, je lui en voulais pas.

Ce qui ne nous laissait plus que l’après-midi pour faire foirer l’entrevue.

Et c’est là, c’est là que ç’a un peu foiré, je l’avoue. C’est à cause de ce qui s’est passé que je vais avoir une réputation de vieux lubrique accolée à celle de vieux fou que je traîne déjà. Merde, Steve, je pouvais pas savoir qu’en employant trop souvent des mots comme « continue » ou bien encore « abstenu » ou « revenu », ce bougre de sourd, monsieur Thivierge, ne retiendrait que la dernière syllabe, et je te jure, Steve, que j’ai été aussi surpris que n’importe qui quand il a baissé ses pantalons et ses culottes et qu’il s’est mis à courir, ballotant et fier, mythique et éternel, obscène et morbide, jusque dans la chambre où se déroulait l’entrevue sur fond de pleurs et de mouchoirs, pour danser une danse atroce qui ne laissait rien à l’imagination. Avec l’âge et la gravité, Steve, je te passe les détails, vieille trompe rugueuse, je rougissais, merde, monsieur Thivierge, cachottier.

Lentement, je me suis avancé jusqu’à la porte et j’ai vu la métamorphose dans le visage de Géraldine, toute sa fausse tristesse se muer en incompréhension et puis en colère quand elle m’a vu, derrière, mi-penaud, mi-amusé, et si elle avait pas passé la journée à se plaindre de sa canne et de comment elle était incapable de marcher, probablement qu’elle se serait ruée vers moi pour m’en foutre un bon coup dans les couilles, la salope.

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Mes trois complices se sont renfrognés, les autres locataires me regardent d’un air bizarre parce que je passe pour cet homme qui en a poussé un autre à faire irruption, nu, en plein milieu d’un reportage. J’aurai aucune médaille de guerre, certainement pas. Y a que le vieux polonais à l’étage qui s’en fout parce qu’il parle pas français. Ouais, je quitte pas en héros, ça je te le dis, Steve. C’est pour ça qu’il va falloir que tu fasses le changement d’adresse de tes envois rapidement. Madame Potvin, la confidente de Géraldine Poitras, va brûler tout ce qu’elle va recevoir de moi. Et pas avant de s’être torchée avec, faut bien embrasser sa réputation de vieux vulgaire, j’ai plus longtemps pour en jouir.

Mais j’ai pas de regrets. Non. Si j’ai pu empêcher ce foutu reportage d’être diffusé, tant mieux. Ç’aurait été mon arrêt de mort que de savoir que cette conne avait réussi à passer son message plein de conneries, sa vérité toute déformée, aux nouvelles de dix-huit heures. J’en ai marre, Steve, de tous ces gens qui veulent nous faire passer pour des vieux finis et qui sentent le besoin de nous le rappeler et de le rappeler à tout le monde à Noël. Tout le monde s’en fout, de nous, tout le temps, et on s’en sort quand même. Alors on a besoin d’aucune pitié. Et ceux qui, comme madame Poitras, sont déjà un peu morts à l’intérieur, tant pis. Pas de pitié pour eux non plus. Qu’ils aillent se faire foutre et mettre en enfer. Moi, je pense que le paradis, c’est pour les gens qui rient, et ici, je le sens, y a plus beaucoup de gens qui rient. Les martyrs, c’est terminé. Fini. On passe à autre chose, et si on peut plus rire, ça me fait chier, alors je pars ailleurs. (Ouais, ouais, d’accord, je pars pas

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de mon plein gré, avec un bonnet d’âne calé bien profond sur mes oreilles, dehors, Pagliacci, qu’ils m’ont dit! Mais qu’ils aillent tous se faire voir.) Je l’ai assez enduré, cet hospice de merde avec tous ces connards incapables de s’amuser et toutes ces chiennes misérables. Mes enfants m’ont déniché une petite maison de retraite sur le bord de l’eau, tout près des lignes américaines. Paraît que l’âge limite pour y entrer, c’est soixante ans. T’imagines? Des poules de soixante ans juste pour moi. Je pense que je vais ressortir l’artillerie lourde, on va s’amuser, Steve. Cherchez plus, il vient à vous, l’Auguste.

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On a tous un ou deux vieux de trop quelque part. Les raisons sont toutes excellentes pour s’en défaire : on n’a pas de place chez soi ni le temps de s’en occuper, on n’aime pas l’odeur des boules à mites ou on a déjà trop de couches à changer.

Sur l’invitation de Raymond Bock et d’Alexie Morin, treize auteurs ont accepté de placer les leurs dans les chambres qui composent ce recueil de nouvelles.

Ils se livrent ainsi à un périlleux exercice de projection en se mettant dans la peau d’une personne âgée à l’approche de la fin. Évitant les clichés ou se jouant d’eux, ils nous offrent des histoires tendres, cruelles, parfois décousues, souvent sages et toujours nécessaires.

Ces treize coups d’œil par autant de trous de serrures, ce sont avant tout des prises de parole contre l’oubli.

ISBN - 978-2-923553-12-2Extrait de la publication