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Malentendants, Devenus-Sourds, ne restez pas seuls ! Abonnement à Résonnances : 24 euros Pour les adhérents d'une des associations ci-dessus (sauf abonnement réglé par votre association) :13 Euros Don supplémentaire au Bucodes (déductible de votre impôt à hauteur de 66% de son montant) : ......... Euros Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adhérent(e) de l'Association (le cas échéant) : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Association reconnue d'utilité publique, le Bucodes est habilité à recevoir des dons et legs. Vous pouvez le soutenir dans ses actions en faveur des devenus sourds et malentendants en lui envoyant un don (un reçu fiscal vous sera envoyé) ou en prenant des dispositions pour qu'il soit bénéficiaire d'un legs.Votre notaire peut vous renseigner. BUCODES La revue du BUCODES Bureau de Coordination des Associations de Devenus Sourds et Malentendants 10 13 22 29 30 31 34 49 50 53 54 56 59 65 68 69 75 72 75 75 76 77 84 86 Association des Devenus Sourds de la Manche 31, rue de l'épine - 50530 CHAMPEAUX Tel/SMS : 06.84.60.75.41 Fax : 02.33.91.88.06 Centre Social de la Brèche du Bois 50100 Cherbourg-Octeville Tel 02 33 20 44 18 - Fax 02 33 20 53 25 [email protected] Association des Devenus Sourds et Malentendants de la Mayenne 15 quai Gambetta - 53000 LAVAL Tel/Fax:02.43.53.91.32 L'Espoir Lorrain des Devenus Sourds 39-41 rue de l'Armée Patton 54000 NANCY Tel/Fax :03.83.28.26.96 helene.marchal1@free.fr Oreille et Vie, association des MDS du Morbihan 11P Maison des Associations 12 rue Colbert - 56100 LORIENT Tel/Fax:02.97.64.30.11 (Lorient) 02.97.63.77.71 (Vannes) [email protected] Antenne : 35 Association des Devenus Sourds et Malentendants du Nord Centre social d'Annapes, 2, rue Genets 59650 Villeneuve d'Ascq. Fax : 03.20.67.16.95 [email protected] Antenne : 62 AFIAC Association Française des Implantés Auditifs Cochléaires 12, Chemin Suzac 65500 VIC EN BIGORRE Tél/Fax : 05-62-96-83-16 [email protected] Association des Malentendants et Devenus Sourds d'Alsace 63a rue d'Illzach - 68100 MULHOUSE ALDS,Association Lyonnaise des Devenus Sourds 6 Résidence Récamier Chemin du Randin - 69130 Ecully Tel/Fax :04.78.33.36.69 AMDSS, Association des malentendants et Devenus Sourds de la Sarthe Maison des Associations, 4, rue d'Arcole - 72000 LE MANS Tel/Fax 02.43.23.70.89 [email protected] ARDDS Association Réadaptation et Défense des Devenus Sourds 75 rue Alexandre Dumas - 75020 Paris Fax : 01 44 62 63 24 Minitel Bal : 3614 chez ardds [email protected] - Site :www.ardds.org Antennes : 38, 44, 45, 56, 57 AUDIO Ile de France 20. rue du Château d'eau. 75010 PARIS Tel:01.42.41.74.34 [email protected] F.C.S - Fraternité Catholique des Sourds 47 rue de la Roquette . 75011 Paris Tél / Fax : 02 38 62 76 14 [email protected] Site : http.//fcs.malentendants.free.fr / Antennes : 01, 06, 12, 17, 20, 21, 22, 31, 32, 37, 54, 59, 69, 72, 75, 76, 78, 80 ANDS - Association Normande des Devenus Sourds Maison du patient,55bis rue Gustave Flau- bert. 76 600 Le HAVRE Tel : 02.35.54.12.90 ; Fax : 02.32.73.35.61 [email protected] AIFIC Association d'Ile de France des Implantés Cochléaires 11, rue du Poirier de Paris. 77280 OTHIS Fax : 01 60 03 48 13 ou 01 45 88 39 42 [email protected] ou [email protected] A.C.M.E Surdi 84 962, les jardins, av. Pasteur 84270 VEDENE Tel/Fax:04.90.23.37.66 [email protected] Asso. des Enseignants Devenus Malenten- dants de Poitou-Charentes 9 allée de la Vigne 86280 St-Benoît Tél. : 05 49 57 17 36 [email protected] Antennes : 16, 17, 79 Abonnement à envoyer à : Jean MER BUCODES "Callac" - 29860 PLABENNEC accompagné d'un chèque libellé à l'ordre du Bucodes. Je m’abonne à la revue Association des Malentendants et Devenus Sourds de l'Aube Maison de quartier des Marrots 23 rue Trouvassot 10000 TROYES Tél : 03 25 71 04 84 [email protected] SURDI 13 11 Rés. la Combe aux Peupliers 13090 Aix en Provence Tél/Fax : 04.42.64.13.57 ou 04.91.73.64.20 [email protected] Site :http://www.surdi13.fr.st Association des devenus sourds et malentendants des Côtes d'Armor 15 rue Dr Rahuel 22000 SAINT-BRIEUC Tél/Fax : 02.96.33.41.76 Association des Malentendants et Deve- nus Sourds du Finistère, Sourdine 12,chemin de Kerdero, 29170 FOUESNANT Tel/Fax :02.98.94.96.73 ou 02.98.50.60.28 [email protected] Surdi 30 300 ancienne route d'Alès 30000 Nîmes Fax : 04 66 68 13 73 [email protected] Association de Malentendants et Devenus Sourds de Midi-Pyrénées 6 chemin Mailheaux 31270 Villeneuve Tolosane Tél. : 05 61 92 60 98 - Fax : 05 62 48 11 05 AMEDSH Surdi 34 46, cours Gambetta 34 000 MONTPELLIER Tél : 04 67 42 50 14 - Fax : 04.67.47.08.82 [email protected] Site : http://assoc.wanadoo.fr/surdi34/ Surdi 49 22 rue du Maine 49100 Angers. Fax : 02.41.48.91.64 [email protected]

Malentendants,Devenus-Sourds,ne restez pas seulstive dont Monsieur Roy, président des syndicats d'audioprothésistes, achève de nous parler dans une pas-sionnante interview (première

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Page 1: Malentendants,Devenus-Sourds,ne restez pas seulstive dont Monsieur Roy, président des syndicats d'audioprothésistes, achève de nous parler dans une pas-sionnante interview (première

Malentendants, Devenus-Sourds, ne restez pas seuls !

Abonnement à Résonnances : 24 eurosPour les adhérents d'une des associations ci-dessus (sauf abonnement réglé par votre association) : 13 Euros Don supplémentaire au Bucodes (déductible de votre impôt à hauteur de 66% de son montant) : . . . . . . . . . Euros

Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adhérent(e) de l'Association (le cas échéant) : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Association reconnue d'utilité publique, le Bucodes est habilité à recevoir des dons et legs.Vous pouvez le soutenir dans ses actions en faveur des devenus sourds et malentendantsen lui envoyant un don (un reçu fiscal vous sera envoyé) ou en prenant des dispositionspour qu'il soit bénéficiaire d'un legs.Votre notaire peut vous renseigner.

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Association des Devenus Sourdsde la Manche31, rue de l'épine - 50530 CHAMPEAUXTel/SMS : 06.84.60.75.41 Fax : 02.33.91.88.06

Centre Social de la Brèche du Bois50100 Cherbourg-OctevilleTel 02 33 20 44 18 - Fax 02 33 20 53 25 [email protected]

Association des Devenus Sourdset Malentendants de la Mayenne15 quai Gambetta - 53000 LAVALTel/Fax: 02.43.53.91.32

L'Espoir Lorrain des Devenus Sourds39-41 rue de l'Armée Patton54000 NANCYTel/Fax : [email protected]

Oreille et Vie,association des MDS du Morbihan11P Maison des Associations 12 rue Colbert - 56100 LORIENTTel/Fax: 02.97.64.30.11 (Lorient)02.97.63.77.71 (Vannes)[email protected] Antenne : 35

Association des Devenus Sourdset Malentendants du NordCentre social d'Annapes,2, rue Genets 59650 Villeneuve d'Ascq.Fax : [email protected] Antenne : 62

AFIAC Association Françaisedes Implantés Auditifs Cochléaires12, Chemin Suzac65500 VIC EN BIGORRETél/Fax : [email protected]

Association des Malentendantset Devenus Sourds d'Alsace63a rue d'Illzach - 68100 MULHOUSE

ALDS,Association Lyonnaisedes Devenus Sourds6 Résidence RécamierChemin du Randin - 69130 EcullyTel/Fax : 04.78.33.36.69

AMDSS, Association des malentendantset Devenus Sourds de la SartheMaison des Associations,4, rue d'Arcole - 72000 LE MANSTel/Fax [email protected]

ARDDS Association Réadaptationet Défense des Devenus Sourds75 rue Alexandre Dumas - 75020 ParisFax : 01 44 62 63 24Minitel Bal : 3614 chez [email protected] - Site : www.ardds.orgAntennes : 38, 44, 45, 56, 57

AUDIO Ile de France20. rue du Château d'eau. 75010 PARISTel: [email protected]

F.C.S - Fraternité Catholique des Sourds47 rue de la Roquette . 75011 ParisTél / Fax : 02 38 62 76 [email protected] : http.//fcs.malentendants.free.fr /Antennes : 01, 06, 12, 17, 20, 21, 22, 31, 32, 37,54, 59, 69, 72, 75, 76, 78, 80

ANDS - Association Normandedes Devenus SourdsMaison du patient, 55bis rue Gustave Flau-bert. 76 600 Le HAVRETel : 02.35.54.12.90 ; Fax : [email protected]

AIFIC Association d'Ile de Francedes Implantés Cochléaires11, rue du Poirier de Paris. 77280 OTHISFax : 01 60 03 48 13 ou 01 45 88 39 [email protected] [email protected]

A.C.M.E Surdi 84962, les jardins, av. Pasteur 84270 VEDENETel/Fax: [email protected]

Asso. des Enseignants Devenus Malenten-dants de Poitou-Charentes9 allée de la Vigne 86280 St-BenoîtTél. : 05 49 57 17 [email protected] : 16, 17, 79

Abonnement à envoyer à : Jean MER BUCODES "Callac" - 29860 PLABENNEC accompagné d'un chèque libellé à l'ordre du Bucodes.

Je m’abonne à la revue

Association des Malentendantset Devenus Sourds de l'AubeMaison de quartier des Marrots23 rue Trouvassot10000 TROYESTél : 03 25 71 04 84 [email protected]

SURDI 1311 Rés. la Combe aux Peupliers13090 Aix en Provence Tél/Fax : 04.42.64.13.57 ou [email protected] : http://www.surdi13.fr.st

Association des devenus sourdset malentendants des Côtes d'Armor15 rue Dr Rahuel22000 SAINT-BRIEUCTél/Fax : 02.96.33.41.76

Association des Malentendants et Deve-nus Sourds du Finistère, Sourdine 12, chemin de Kerdero,29170 FOUESNANTTel/Fax : 02.98.94.96.73 ou [email protected]

Surdi 30300 ancienne route d'Alès30000 NîmesFax : 04 66 68 13 [email protected]

Association de Malentendantset Devenus Sourds de Midi-Pyrénées6 chemin Mailheaux31270 Villeneuve TolosaneTél. : 05 61 92 60 98 - Fax : 05 62 48 11 05

AMEDSH Surdi 3446, cours Gambetta34 000 MONTPELLIERTél : 04 67 42 50 14 - Fax : [email protected] : http://assoc.wanadoo.fr/surdi34/

Surdi 4922 rue du Maine49100 Angers.Fax : [email protected]

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BUCODESLa revue du BUCODESBureau de Coordination des Associations de Devenus Sourds et Malentendants

TrimestrielOctobre2005

N° ISSN : 1624-0987

Vie des associationsL’association normande

DossierEmploi et malentendance

Appareils auditifsUn prix officiel pour les prothèses auditives

CommuniquerLes malentendants en sept idées recues

Vie des associationsL’association normande

DossierEmploi et malentendance

Appareils auditifsUn prix officiel pour les prothèses auditives

CommuniquerLes malentendants en sept idées recues

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BUCODESBureau de Coordination des associationsde Devenus-Sourds et MalentendantsGroupement d'Associations régies par la loi de 1901, recon-nu d'utilité publique par le décret du 13 janvier 1982.Membre de l'International Federationof the Hard Of Hearing People.Membre de l'European Federationof the Hard Of Hearing People.Membre de l'UNISDA(Union Nationale pour l'Insertion du Déficient Auditif).Membre du Comité d'Entente des Personnes Handicapées.

Le Bucodes a pour objet :• établir une liaison entre les associations membres,• définir des actions communes,• mettre en œuvre tous les moyens propres à

améliorer la vie des devenus sourds et malentendants,• assurer la représentation des devenus sourds et des

malentendants auprès des organismes publics etprofessionnels.

Adresse73 rue Riquet 75018 Paris,Tel/Fax : 01 46 07 19 74 E mail : [email protected] Courrier des lecteurs : [email protected] : http://bucodes.free.fr

BureauPrésidente : Françoise Quéruel (FCS, Paris)Vice-président :Paul Zylberberg (Audio Ile de France, Paris)Secrétaire Générale :Jeanne Guigo (Oreille et Vie, Lorient)Secrétaire Générale adjointe :Marie-Christine Subtil (ADSMN, Lille)Trésorier : René Cottin (ARDDS)Trésorier adjoint : Jacques Schlosser (Surdi 13, Aix)Directrice de la publication : F. QuéruelResponsable de la Rédaction : J. GuigoComité de Rédaction : H. Bergmann, J.Guigo,Mp Pelloux, F. Quéruel, C. Sermage, P. Zylberberg.N° Commission Paritaire : 0908G80672Photo de couverture : “Au port de Honfleur”(Photo : B. Hervé)Conception et Impression :Imprim’art - 56620 Pont-ScorffDépôt légal : 4e trimestre 2005

2 Résonnances - Octobre 2005

BUCODESLa revue du BUCODESBureau de Coordination des Associations de Devenus Sourds et Malentendants

numéro 20 - octobre 2005

Editorial P. 3Vie du Bucodes P. 4

Actualité du BucodesRevue de presse des associationsSourds signeurs... et citoyensAprès l'ANPEDA, nous continuons notre tour d’horizon des asso-ciations de l’UNISDA avec le Mouvement des Sourds de France.

Vie des associations P. 8L’association normande : un quart de siècle auservice des devenus sourds et malentendantsOdile Longour, fondatrice de l’association Normande des DevenusSourds, nous en retrace l’histoire.

Dossier : Emploi et malentendance P. 10Des services pour les travailleurs handicapésLa loi du 10 juillet 1987 instituait l’obligation d’emploi des per-sonnes handicapées pour les entreprises de plus de 20 salariés.Celle du 11 février 2005,“pour égalité des droits et des chances,la participation et la citoyenneté des personnes handicapées”,consacre tout un chapitre à l’emploi, introduisant des mesures nou-velles.Les maisons de l’Emploi

Appareils auditifs P. 17Un prix officiel pour les prothèses auditivesLa prise en charge financière des “appareils électroniques correc-teurs de surdités” par les caisses d’assurance maladie varie selonla situation du patient. Pour les jeunes de moins de vingt ans, (…)la base de remboursement est bien plus favorable. Elle sert deréférence de prix.

Petits conseils afin d’obtenir un maximum designatures pour une pétition.

Interview de Monsieur Roy,Président de l’UNSAF (Seconde partie).

Communiquer P. 21Les malentendants en sept idées recuesPetit glossaire ironique des remarques que nous “entendons” sou-vent... et nos réponses !

Malentendance : L'aventure au quotidien.P. 22Les ACA à la poubelle ??!Saignant !

Courrier des lecteurs P. 23

S o m m a i r e

Résonnances : Non les 2 N ne sont pas une faute d'orthographe !Nous avons choisi l'ancienne orthographe devenue obsolète, pour nous différencier d'autres revues pareillement dénommées.

Résonnances est aussi votre journal, vous pouvez nous soumettre des articles soit directement, soit via votre association.

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3Octobre 2005 - Résonnances

Éditorial Par Françoise Queruel

Cet été lourd en attentats, accidents, incendies, catastrophes… nous entraînantchaque jour en compassion… nous a bien souvent remis en mémoire combien estfragile notre existence d'aujourd'hui. Bien installée, heureuse et sûre, elle peut bas-culer en quelques minutes… et nous voilà démunis, désemparés, désespérés…

A l'échelle individuelle, et pour beaucoup d'entre nous, la survenance d'une surditéa pu être vécue comme un cataclysme, un séisme, qui remet toute notre vie enquestion… et nous laisse totalement démunis.

Où allons nous chercher nos forces alors ?

En nous-mêmes déjà, bien sûr… c'est ainsi que les témoins de notre dossier "inser-tion professionnelle" ont dû puiser le plus souvent dans leur propre énergie pour s'intégrer et réussir leurvie professionnelle, en dépit de leur handicap.

Avec l'aide des solutions "extérieures" qui s'offrent à nous, au premier chef les appareils de correction audi-tive dont Monsieur Roy, président des syndicats d'audioprothésistes, achève de nous parler dans une pas-sionnante interview (première partie dans notre dernier numéro). Au-delà des appareils de corection audi-tive (ACA), de nouvelles pistes de compensation s'ouvrent, et s'ouvriront bientôt nous l'espérons, grâce autravail de nos associations en ces jours de concertations sur la mise en application de la loi de février : priseen charge financière, accessibilité… Indispensable combat ! où chacun de nous est appelé à se mobiliser tou-jours davantage !

Et puis, surtout, parce c'est d'abord notre raison d'être, nous pouvons toujours retrouver des forces dans lavie associative, les échanges d'expériences et d'informations bien sûr, mais surtout l'amitié partagée, et la vieet le dynamisme qui éclatent dans nos associations. Cet été encore, dans la joie de plusieurs rencontres fes-tives en province, j'ai admiré l'énergie et la mobilisation des différents responsables, je me suis réjoui de l'évi-dent bonheur des adhérents à se rencontrer et à se soutenir, parfois au plus fort d'une vie difficile…

Prenons des forces dans la lecture de ce numéro de Résonnances... Et que cette année "associative" quis'ouvre soit placée, pour chacun de nous, sous le signe de l'enthousiasme et de la solidarité !

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4 Résonnances - Octobre 2005

Vie du Bucodes Par Françoise Quéruel

Une activité épuisante donc, mais passionnante :le travail inter-associatif est très riche et permetd'avoir une vision globale des problèmes, de décou-vrir la compétence et le professionnalisme des uns,la qualité humaine et d'expression des autres, laqualité d'écoute de tous. La difficulté est, alorsmême que l'on mesure ainsi le poids très lourdd'autres handicaps et le poids des contraintes bud-gétaires ou techniques, de faire entendre notrevoix et de promouvoir sans relâche la prise encompte des besoins des sourds et malentendants :l'Unisda et toutes ses associations, notamment leBucodes, s'y emploient énergiquement.

Aucun nouveau décret n'a été promulgué, à l'heureoù nous écrivons, depuis notre dernier numéro,mais, pour plusieurs, la préparation est très avan-cée et ils seront finalisés dans les semaines qui vien-nent. En voici un état des lieux :

Projet de décret relatif à l'accès despersonnes sourdes ou malentendantes auxépreuves de l'examen du permis de conduire dela catégorie B et modifiant le code de la route.Il prévoit que "des sessions spécialisées sont pré-vues pour les candidats sourds ou malentendantsse présentant aux épreuves théorique et pratiquede l'examen du permis de conduire (…) Lors deces sessions, les candidats sourds ou malenten-dants bénéficient du dispositif de communicationadapté de leur choix". Rappelons que le dispositifde communication adapté, tel que prévu dans la loi,inclut la transcription écrite simultanée, la traduc-tion en LSF, (langue signée française) le codage enLPC (langage parlé complété).

Projet de décret relatif à l'accessibilité ducadre bâti.Pour la première fois, un projet fait une place -encore modeste - aux besoins des sourds et mal-entendants, notamment pour l'accès aux bâtimentsou l'accueil dans les établissements recevant dupublic. Les projets de décret prévoient des obliga-tions différenciées selon le type de bâtiments (bâti-ments d'habitation collective, maisons individuelles,établissement recevant du public) et selon leur

nature (neuf ou existant) ; en dépit de dérogations,imprécisions ou lacunes, le dispositif devrait per-mettre de réelles avancées en matière d'accessibili-té dans un délai de dix années. Le décret doit pas-ser en Conseil d'Etat en décembre prochain : nousy reviendrons.

Maisons départementales des personneshandicapées.Deux décrets concernant le fonctionnement desMaisons Départementales des Personnes Handica-pées (MPDH) sont en préparation. Elles sont desti-nées à centraliser et remplacer, dès le 1er janvierprochain et sous l'égide du Conseil Général, uncertain nombre d'organismes - CDES (Commis-sion Départementale d’Education Spécialisée),COTOREP, SVA… Il n'existera désormais qu'unseul interlocuteur pour la personne handicapée,quelque soit sa situation : elle sera accueillie à laMDPH, informée, pourra être aidée pour son "pro-jet de vie personnalisé", bénéficier d'une évaluationde ses besoins. Puis la "commission des droits et del'autonomie" statuera sur son orientation éventuel-le et sur l'attribution d'une prestation de compen-sation destinée à couvrir le surcoût de son handi-cap. Enfin, sa situation sera suivie au fil des annéespar un référent et, éventuellement, un médiateur.

La concertation avec les associations a porté, dansun premier temps, sur le "cahier des charges" deces Maisons, leurs objectifs prioritaires et des pro-positions d'indicateurs d'évaluation de la réalisationde ces objectifs.

Les MDPH auront en outre un rôle de collecte desinformations sur le nombre et les besoins des per-sonnes handicapées. La CNSA (Caisse Nationalede Solidarité pour l'Autonomie),maître d'œuvre del'ensemble, pourra ainsi réaliser une synthèse, outilde connaissance d'un domaine très méconnu. Laconcertation s'est poursuivie avec l'ADF, Associa-tion des Départements Français, et reprendra àl'automne avec l'ensemble des associations de per-sonnes handicapées. Le Bucodes participe à cesdébats et y porte nos demandes quant à l'accessi-bilité, la confidentialité des échanges, et plus géné-

Actualité du Bucodes

Comme depuis bien des mois, l'actualité du Bucodes reste le tra-vail de concertation autour des décrets d'application de la loi du11 février 2005 ; un travail souvent épuisant pour nos délégués !Notons cependant que de plus en plus de réunions sont renduesaccessibles grâce à la vélotypie et/ou une boucle magnétique : c'estun immense progrès !… mais ce n'est pas encore le cas général.

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ralement l'ensemble des besoins spécifiques desmalentendants et devenus sourds.

Ces Maisons Départementales des Personnes Han-dicapées constituent le cœur du nouveau dispositifde prise en charge des personnes en situation dehandicap, et les associations du Bucodes devront ytrouver leur place, en concertation locale avec lesautres associations de l'Unisda, afin que les besoinsde toutes les personnes sourdes et malenten-dantes soient connus et pris en compte.

Prestation de CompensationLa concertation est très active sur ce sujet, maisaucun document officiel ne peut encore être diffu-sé : le travail porte sur la réalisation d'un "guidemulti-dimensionnel d'évaluation" qui pourra êtreutilisé par l'ensemble des équipes d'évaluation desdifférentes Maison Départementale des PersonnesHandicapées : il est important d'avoir un outil com-mun afin d'assurer un traitement homogène dessituations sur l'ensemble du territoire français. Laprestation pourra prendre en charge des besoins

en aides humaines pour les "actes essentiels de lavie", en aides techniques, en aides animalières, enaménagement du logement et du véhicule, en aidesspécifiques et exceptionnelles. Les besoins des per-sonnes sourdes et malentendantes seront pris encompte dans ce cadre, en particulier les aides à lacommunication qui leur sont nécessaires sontexpressément prévues. L'inconnu porte sur les cri-tères, en particulier en terme de "gravité" du han-dicap, qui prévaudront pour l'ouverture des droits.

Les choses avancent pour nous, avec du concret…Il reste beaucoup de travail en perspective, dans cecontexte de préparation réglementaire avec l'en-semble des associations ! Selon les termes dePatrick Gohet, délégué interministériel aux per-sonnes handicapées : "C'est une révolution culturelle !Passer d'une culture de l'orientation à une culture dupartenariat, passer d'une culture de la consultation àune culture de la concertation… c'est un appel à unevigilance résolue et positive : il ne faut pas que les héri-tages, les contraintes fassent perdre de vue l'objectif dela loi".

5Octobre 2005 - Résonnances

Vie du Bucodes Actualité du Bucodes

L'article 16 de la loi institue "une garantie de ressourcespour les personnes handicapées composée de l'allocationaux adultes handicapés et d'un complément de res-sources". Les décrets d'application (n° 2005-724 et 2005-725) ont été promulgués le 29 juin (JO du 30/06/05) et lesnouvelles règles sont entrées en application le 1er juillet.

L'Allocation Adulte Handicap (AAH).Les règles d'attribution de l'AAH n'ont pas subi de modifi-cation. Rappelons-en l'essentiel :- avoir une invalidité évaluée par la COTOREP à au moins80 %,- avoir des ressources inférieures à un plafond qui variechaque année, fixé,depuis le 1er juillet 2005,à 7193,88 eurospour une personne seule (14384,76 pour un couple, mon-tants augmentés de 3596,94 euros par enfant à charge).

Une personne de moins de 60 ans dont le taux d'invaliditéest compris entre 50 % et 80 % peut bénéficier de l'AAHsi elle est reconnue dans l'impossibilité de travailler.

Depuis le 1er juillet 2005, le montant maximum de l'AAHest de 599,49 euros par mois. Les personnes qui bénéfi-cient d'autres ressources (salaire, pension,…) peuvent per-cevoir une partie de ce montant.

Le complément de ressourcesC'est la nouveauté principale. Pour en bénéficier il fautavoir un taux d'invalidité d'au moins 80 %, percevoir l'AAHà taux plein ou en complément d'une pension (vieillesse,invalidité, une rente d'accident du travail), ne pas exercerd'activité professionnelle, disposer d'un logement indépen-dant.Deux formes de complément peuvent être attribuées,

selon la situation de la personne, mais elle recevra l'une oul'autre (jamais les deux) :

- le "complément de ressources", d'un montant de 166,51euros par mois, si la personne a moins de 60 ans et, en plusdes conditions ci-dessus, a une capacité de travail inférieu-re à 5 %,

- la "majoration pour la vie autonome" d'un montant de100 euros par mois remplace le complément d'AAH.

Remarquons que la garantie de ressources maximale,réservée aux personnes qui ne peuvent travailler à causede leur handicap, s'élève à 766 euros par mois, soit 63 % duSMIC mensuel brut (le SMIC mensuel net est d'environ78% du brut).

Comment les obtenir ?AAH et complément de ressources sont accordés aprèsdemande adressée à la COTOREP (à l'avenir à la maisondépartementale des personnes handicapées). Pour cela ilfaut remplir le dossier prévu à cet effet. La majoration pourvie autonome est versée automatiquement aux personnesqui y ont droit. Ils sont versés par la Caisse d'AllocationsFamiliales dont dépend la personne. Ceux qui remplissentles conditions pour les deux compléments doivent indi-quer à leur caisse celui qu'ils désirent recevoir.

Attention ! le décret du 30 juin précise, pour l'AAH : "lesilence gardé pendant plus de quatre mois […] vaut décision derejet." Pour la CAF le délai est d'un mois après la décisionde la COTOREP. Chacun devra donc être très attentif etsuivre le devenir de son dossier !

Tout renseignement sur le site www.caf.fr

La garantie de ressources

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Pour ce n°20, nous sommes allés au siège du Bucodesà la pêche aux lettres d'info, aux bulletins de liaison, auxéchos de... et, tandis que nous fouillions les classeurs,notre secrétaire interrogeait Internet.

En fait, au moment de nos recherches, juste avant lesvacances, nous n'avons trouvé la trace que de 8 asso-ciations. Alors, alors... que font les 17 autres ? Elles ontsûrement un bulletin.Où est-il ? L'avons nous égaré ? a-t-il été subtilisé, parceque trop attractif, par quelque visiteur avide d'informa-tions sur la surdité ? ou ne l'avons-nous pas reçu ?

La situation doit être éclaircie pour nos numéros sui-vants. Nous devons, au Bucodes, veiller au classement,mais il faut aussi que toutes les associations se sou-viennent que l'équipe de rédaction souhaite faire échoà tous les témoignages, initiatives ou recherches origi-naux, à toute intervention de personnalités apportantun éclairage, un point de vue particulier sur le handicapen général et sur la surdité en particulier, à toutesinformations sur des expériences régionales nouvelles.

Il faut signaler, dans ce sens, l'initiative de l'ANDS(Association Normande des Devenus Sourds). Elleintroduit, comme elle le note dans deux de ses bulle-tins, la notion de "confort d'usage" dans ses rapportsavec la CHN (Coordination Handicap Normandie)concernant les actions de Tourisme et Handicap et l'ap-proche des mairies et collectivités pour la conformitédes travaux du bâtiment. Elle va ainsi un peu plus loinque ce que les lois,décrets et circulaires ne demandent.

Nous avons aussi relevé, dans "la Puce à l'Oreille", lebulletin de l'AIFIC, le témoignage d'un implanté musi-cien et compositeur qui ne perçoit plus la ligne mélo-dique de la musique classique, mais qui a néanmoinscomposé en utilisant sa mémoire musicale. Et il comp-te bien continuer. Cette association, particulièrementbien introduite à l'Hôpital Avicenne de Bobigny,présen-te dans son bulletin de juin une communication fortintéressante d'un cadre formateur à l'École d'infir-mières lié à l'Hôpital. Il conseille aux malentendants de"hurler pour se faire entendre", surtout s'il s'agit decommunication avec des soignants !Notons également l'extraordinaire similitude de pro-blème de communication des malentendants et desémigrés qui ressort de ce qui a été dit lors de laréunion du groupe de réflexion de l'Hôpital "mieuxcommuniquer pour mieux soigner".

La Caravelle (revue de l'ARDDS) nous livre,dans sonnuméro d'avril 2005, le récit d'une de ses adhérentes,

partie pour quelques jours au Québec. Elle a assisté àune réunion de l'Association des malentendants qué-bécois où elle a constaté qu'on n'y travaille pas seule-ment la lecture labiale mais aussi la mémoire visuelle.Le dossier portant sur scolarité et malentendance nousfait entrer dans le milieu scolaire où nous n'avons passouvent l'occasion de pénétrer.

Nous apprenons aussi qu'aux Pays-Bas, le sous-titrageconcerne toute la population dès qu'une séquence enlangue étrangère est diffusée.

Et le comble est l'expérience de ce responsable qui afait découvrir à un audioprothésiste ce qu'est uneboucle magnétique en lui faisant écouter de la musiqueavec son propre ACA et l'aide de sa boucle magné-tique !

Voilà quelques éléments remarqués dans notre "pres-se associative". Mais il faut dire qu'en parcourant l'en-semble des bulletins qui ont pu être réunis, nous avonsconstaté que partout le désir de faire entendre la voixdes DSME (devenus sourds et malentendants) auprèsdes autorités est très vif et les actions nombreuses,quechaque association organise des sorties, des réunions,des contacts variés. La lecture labiale est très soutenue.Il y a beaucoup d'énergie dépensée ! Bravo !

Notre tour d'horizon était par trop limité... Noustrouverons sûrement bien d'autres faits marquants àvous communiquer, lorsque nous aurons réuni tous lesbulletins d'information. Nous comptons sur vous pourle prochain numéro.

6 Résonnances - Octobre 2005

Vie du Bucodes Par Hélène Bergmann

Revue de presse des associations Cette nouvelle rubrique était amorcée dans le numéro 18 de Réson-nances afin de permettre à tous les lecteurs, écrivions-nous, dedécouvrir les publications des associations du Bucodes, des publica-tions révélatrices de leur dynamisme.

Le Bucodes reçupar le nouveau cabinet ministériel.

Le 20 juillet, une délégation de l'Unisda et de sesprincipales composantes, dont le Bucodes, arencontré Monsieur Philippe BAS, nouveauMinistre délégué à la Sécurité sociale, aux Per-sonnes âgées, aux Personnes handicapées et à laFamille, en présence de sa conseillère, EmilieDelpit (membre de l’ancien cabinet de Mme

Montchamp, elle est bien informée de nosbesoins).Nous avons pu évoquer tous les sujetsqui nous tiennent à cœur en matière d'accessi-bilité, de sous-titrage, de prise en charge desACA et bien d'autres encore. Un dialogueconstructif est engagé : à suivre !

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7Octobre 2005 - Résonnances

Vie du Bucodes Interview de René Bruneaul

Sourds signeurs… et citoyensAprès l'ANPEDA, nous continuons notre tour d'horizon desassociations de l'UNISDA avec le Mouvement des Sourdsde France qui fête cette année ses vingt ans ! Le MDSF, quiœuvre d'abord pour les sourds signeurs (leur langue decommunication est la langue signée française) est présidépar Jean-Jacques PELLEGRINI. Françoise Quéruel a rencon-tré son Secrétaire Général, René Bruneau.

En 1985, le Mouvement des Sourds de France estné d'un constat et d'un besoin faits par un sourd denaissance, Jean KACZMAREK : les personnessourdes sont souvent tenues à l'écart de la vie socia-le et conviviale comme de la prise des décisions, ycompris pour ce qui les concerne. "Au plus quoti-dien… aller faire des démarches à la maire, pour obtenirdes papiers supposait la présence d'une autre personne,souvent un membre de la famille, qui parle à la place dela personne sourde... elle n'a pas sa citoyenneté" expliqueRené Bruneau, secrétaire général de l'association etprésent dès les premiers jours. "Notre rôle a été defaire comprendre aux pouvoirs publics que les personnessourdes sont capables, si on leur en donne les moyens, degérer elles-mêmes leurs problèmes. Je connais encore dessourds normalement intelligents qui ont été mis soustutelle dans leur jeunesse et qui, des années après, doiventtoujours rendre compte de l'usage qu'ils font de leurargent !".

Le Mouvement Des Sourds de France s'est doncconstitué autour d'un objectif fondamental : interpel-ler les pouvoirs publics pour défendre les droits despersonnes sourdes communiquant avec la langue dessignes (LSF), afin de leur permettre d'acquérir unevéritable autonomie, sans dépendance aucune.

Au fil du temps, il s'est engagé dans le domaine del'éducation pour faire reconnaître, par exemple, l'idéeque les enfants sourds ne sont pas des malades etqu'ils doivent relever de l'Education Nationale et nondes Affaires sociales, ou pour s'interroger sur le rôledes orthophonistes. "En éducation intégrée, les ortho-phonistes venaient chercher les enfants pendant les courspour leur rééducation... et, pendant ce temps là, les courscontinuaient ; ce n'est pas le choix des parents ! Pour eux,ce qui est important c'est que les enfants lisent et com-prennent le français ; parler est pour eux un objectifmoins important… mais pas pour les orthophonistes !"L'engagement du Mouvement des Sourds de Frances'insère alors dans le contexte des débats qui ontentouré la genèse de la Loi Fabius 1992 (elle instau-rait le principe du bilinguisme à l'école).

L'association s'est créée en Ile de France et dans leNord. Elle a été rejointe assez vite tant par des asso-ciations que par des personnes heureuses de trouverune association qui les défendent. Il y a eu un effet

rassembleur, une émulation : l'association est deve-nue nationale en 1989. Aujourd'hui, le MDSF comp-te 225 adhérents directs et environ 1700 adhérentsindirects (par le biais des associations affiliées). Il aadhéré à l'UNISDA en 1998.

Le Mouvement Des Sourds de France a d'impor-tantes activités de représentation auprès des pou-voirs publics nationaux ou départementaux et desservices publics, partout où il peut être question desdroits des sourds ; par ailleurs, il offre à ses adhérentsun service "troisième âge" qui marche bien et permetde lutter contre l'isolement des personnes sourdesâgées. Surtout, il a des activités d'information de sesassociations et de ses adhérents : toutes les informa-tions qui peuvent les concerner sont diffusées etexpliquées, à la fois par le biais d' "info-fax"*, qui n'estpas géré par le MDSF mais alimenté par lui deux foispar semaine, et par le biais de réunions d'informa-tions partout en province, au rythme d'une quinzainepar an.

Enfin, chaque année, l'Assemblée Générale est l'occa-sion d'un grand rassemblement. Cette année 2005, ilaura une importance particulière puisqu'il célébrerales vingt ans de l'association : du 2 au 4 décembreseront proposés débats, théâtre en LSF avec notam-ment la troupe d'IVT (International Visual Theater),animations et repas. Ce sera une occasion pour lespersonnes sourdes qui pratiquent la LSF de se ren-contrer et de bénéficier d'activités accessibles, ce quine leur est pas souvent possible. Le projet du MDSFest d'ailleurs de créer à Paris une "Maison desSourds" où il y ait la possibilité de faire des confé-rences, des informations passant par le visuel, desactivités de théâtre… Aujourd'hui il existe beaucoupde foyers de sourds en province, mais aucun à Paris :les sourds pratiquant la LSF n'ont d'autre lieu de ren-contre, depuis de nombreuses années, que la gare deRER du forum des Halles ! Une situation à laquelle leMDSF compte bien remédier !

* Info-fax propose de courts bulletins d'informations générales diffu-sés par fax.

Siège social : 40 Av. Gabriel Péri - 93400 ST-OUENFax- 01 40 12 57 97 ou secrétariat- 01 34 64 93 24-Site internet : www.mdsf.org • e-mail : [email protected]

Jean-Jacques Pellegrini

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8 Résonnances - Octobre 2005

Vie des associations Par Odile Longour

C'est en découvrant, dans une revue, un article quiprésentait le BUCODES que le germe va se déve-lopper pendant les années 1970/1980. Il existedonc quelques organismes pour s'intéresser ànotre sort. Nous, qui ne sommes plus des enten-dants, pas davantage des sourds (de naissance). Jedécouvre les mots : "devenu sourd ou malenten-dant" et déjà je participe à de nombreux stages delecture labiale, jusqu'à la rencontre, vers 1978, enAlsace, avec le Président du BUCODES, M. MichelLANDRIEU. Pendant deux ans la décision va mûrir.Avec son aide active, je vais trouver quelques sub-sides et apprendre. Mais je ne perçois pas vraimentd'intérêt de la part des ORL ou des audioprothé-sistes, où je devrais trouver des personnes se sen-tant concernées pour créer un noyau actif.

Le Havre va donc avoir son association ! Pour exis-ter vraiment, se structurer et se présenter auxAdministrations et Services il nous faut faire ladéclaration au Journal Officiel et vite adhérer auBUCODES. Le Président de ce dernier m'écrit : "Jeserais heureux de compter votre Association ausein du BUCODES. Examen de votre candidatureau Conseil d'Administration du 9 Janvier 1981".Nous serons leur dixième Association Membre.

En 1982, c'est l'année internationale des per-sonnes handicapées : une chance pour nous. Nousparticipons à la "décade", avec exposition à laChambre de Commerce et d'Industrie, aux troisjournées de sensibilisation des agents SNCF, avecprésentation de nos problèmes : tout doit êtreécrit, nécessité de boucle magnétique (projet sanssuite). Nous avions fait des mises en situation (lec-ture sur les lèvres).

Les 15, 16 et 17 Avril 1982 participation à l'Assem-blée Générale de l'IFHOH qui se tient à Paris.Toutle programme "l'état des lieux" en France va y êtreprésenté, donnant une orientation renouveléepour nos Associations.

En novembre de cette même année, le PrésidentLandrieu en personne vient au Havre animer laréunion publique que nous organisons, avec l'appui

de la Mairie, en présence des personnalités invitées(un député, un conseiller municipal, un ORL, desorthophonistes et audioprothésistes...).

Les dix années qui suivent seront d'une richesseencourageante, en France, et au Havre également.Un ensemble théatre-culture se construit. Le prin-cipe exposé par le premier directeur contient lesouhait d'accueillir tous les publics. Et nous ? J'ex-pose nos problèmes et voilà trois boucles magné-tiques installées au Centre Niemeyer, essayées avecnos adhérents.

D'autres boucles magnétiques suivront (cinéma,église…).L'ANDS pilote l'attribution, contingentée,des premiers Minitel-Dialogue avec des démons-trations, réunions d'information.Voici les premiersessais, débats et suggestions, qui vont réunir l'asso-ciation et toutes les catégories de sourds. Uneautre nouveauté arrive : le décodeur de télétexte,avec un seul film sous-titré, puis un autre…

A ces actions ponctuelles s'ajoute, pour moi la Pré-sidente de fait (et auto-proclamée faute de volon-taires), la tâche de présenter nos buts et nos sou-haits, comme le Minitel Dialogue ou les bouclesmagnétiques, dans les services et administrations.Heureuse époque, où tout était à faire, avec l'arri-vée des nouvelles techniques qui sortaient lesdevenus sourds de leur isolement.

Un souvenir très fort a été la rencontre avec ledirecteur de la C.P.A.M. du Havre qui a tenu à merencontrer personnellement et sans intermédiaire,ou celle du directeur de Gaz de France.

Avant de fêter le dixième anniversaire de l'As-sociation, le bilan était fort intéressant : des Minitelsà la Mairie (en 1987, M. le Maire lui-même est venupour l'inauguration), chez les Pompiers, au SAMU,etc... et une dizaine de boucles magnétiques. Il fautaussi signaler que, depuis quelques années, la villedu Havre utilise le "système RISP" (ndlr : transcrip-tion par vélotypie) pour ses conférences.

Depuis le premier et mémorable pique-niqueimprovisé par les adhérents en bord de Seine, nous

L'Association Normande :un quart de siècle

au service des devenus sourds et malentendants

Odile LONGOUR, fondatrice de l'Association Normande des Deve-nus Sourds, nous en retrace l'histoire. Une association qui s'appelait,à sa création, l'Association Havraise des Devenus Sourds et dont onpeut mesurer l'œuvre accomplie.

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9Octobre 2005 - Résonnances

Vie des associations L’association Normande

Spécialité de terroirMatelote normande pour tous poissons de mer

1 kg de poisson varié ou non ; 1 grand verre de cidre sec ; 3 à 4 cuillères de calvados ; un peu de velou-té de poison ou de fumet de poisson ; 1 dl de crème fraîche ; 250 gr de champignons blanchis ;1 litrede moules cuites au naturel et décortiquées ; 1 dz de belles huîtres pochées ; des langoustines cuitesau court bouillon ; des croûtons frits au beurre.

Cuisson : 15 à 20 mn suivant les poissons employés.

Placer les poissons, vidés, nettoyés, parés et coupés en tronçons, dans une sauteuse. Mouiller avec lecidre, assaisonner et amener à ébullition assez vivement. Baisser le feu et flamber au calvados. Ajou-ter le velouté de poisson. Poursuivre doucement la cuisson.

Au moment de servir, ajouter la crème liée avec 1 ou 2 jaunes mêlés à un peu de sauce refroidie enincorporant doucement. Réchauffer sans bouillir, verser dans un plat chaud, ajouter la garniture qu'onaura maintenue au chaud : moules, champignons, langoustines ou crevettes décortiquées. Décoreravec les croûtons frits et les huîtres pochées.

Servir avec des pommes de terre et de la jardinière de légumes.Bon appétit !

avons eu des permanences, rencontres d'informa-tions ou débats, des fêtes et spectacles pour recru-ter, mais aussi pour motiver ou soutenir nosmembres actifs, et, bien sûr, des sessions de lecturelabiale, et ceci dès l'année 1983.

Bien épaulée par la Mairie du Havre et la CPAM,l'association programmait un film en version origi-nale puis des tournées d'informations, dans diverslieux publics (comme les bureaux des sécuritésociale des quartiers) et à la Mairie, avec exposés etprésentation de matériel adapté à la communica-tion. Et elle terminait par une fête avec un banquet.Hélas, à la réception à la Mairie un problème tech-nique n'a pas permis d'avoir un écran, pourtant

prévu, et le discours de M. l'Adjoint a été malcompris. La Présidente, très émue par la remi-se de la médaille de la ville du Havre, a étébien terne dans son discours de remercie-ments !

Les années suivantes ont encore vu se déve-lopper nos programmes et nous avons crééune permanence mensuelle à Rouen. Aprèsbien des "migrations", nous avons maintenantnotre local, avec une vraie plaque d'identité.Nous pilotons des mémoires d'élèves ensoins infirmiers ou en services sociaux, nousdonnons des cours aux mêmes élèves et nousparticipons (comme bon nombre d'associa-tions du BUCODES) aux rencontres inter-associations handicap.

Et quand est venu le 20e anniversaire del'ANDS, après tant d'années d'activité en son

sein, j'ai enfin pu passer la main. A la création, enco-re jeune, j'avais quelque chose à prouver.Après tantd'années je me suis sentie lasse et même dépassée.Il était temps de laisser la place… et ce fut fait, Josia-ne Sponem ayant accepté de prendre la succession.La fête anniversaire, bien émouvante d'ailleurs, s'estdéroulée après 23 ans de présidence.

L'ANDS est maintenant une association reconnueet dynamique, présidée par Jean Fontaine, toujoursactive aux sein du BUCODES dont elle suit lesréunions, participe à l'élaboration de documents.Elle œuvre beaucoup pour l'accessibilité.

Pique-nique mémorable en bord de Seine (Jumièges) - 1982

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10 Résonnances - Octobre 2005

Dossier

Emploi et malentendanceLa "Semaine pour l'emploi des personnes handicapées" est programmée, pour l'année2005, du 14 au 20 novembre. Une semaine qui reste importante pour sensibiliser lepublic car les études sont unanimes pour constater que les personnes atteintes d’unedéficience sont particulièrement désavantagées par rapport à l'emploi. La part des chô-meurs dans la population handicapée était en France, en 2001, de 14,7 % contre 9,3 %pour l'ensemble de la population active. Les difficultés au niveau de l'emploi ne se limi-tent pas au difficile parcours pour en trouver : il faut encore s'intégrer au mieux à l'équi-pe professionnelle, ce qui peut être source de grandes difficultés quand le sens principalde la communication, l'audition, est défaillant.

Le statut de travailleur handicapé.

Pour pouvoir bénéficier des dispositions inscritesdans les lois, il faut être reconnu travailleur handica-pé. Pour obtenir ce statut, il suffit de remplir le dos-sier COTOREP prévu à cet effet. "Nous insistons tou-jours pour que les personnes en fassent la demande,même si certaines n'acceptent pas facilement cette idéede se faire reconnaître comme handicapées" (médecindu travail, Bouches du Rhône). Dans ce dossier, larédaction du certificat médical est primordiale : il estbon de faire appel au médecin du travail à chaque foisque c'est possible. En effet, pour la COTOREP, le han-dicap "n'est pas un handicap en soi, mais c'est un han-dicap par rapport à une situation de travail". On com-prend que l'avis du médecin du travail soit détermi-nant. Ce statut a valeur tant pour le secteur privéque pour le secteur public.

Quel est l'intérêt de la reconnaissance de travailleurhandicapé ? Si la personne a un emploi, elle peutdemander un aménagement de son poste de travail

et se faire aider par la cellule de maintien de CapEmploi (voir ci-dessous). Si la personne recherche unemploi, Cap Emploi peut l'y aider. L'employeur quiembauche le travailleur handicapé pour au moins 12mois (que le contrat soit à durée déterminée ouindéterminée) touche une prime. Une prime est éga-lement prévue pour l'employé (800 euros).Tout employeur du secteur privé qui n'atteint passon quota de travailleurs handicapés (6 % de l'effec-tif total pour une entreprise de plus de vingt sala-riés), doit verser des pénalités à l'AGEFIPH (voir ci-dessous).

Lors des entretiens préalables à l'embauche, les per-sonnes ne savent pas s'il leur faut déclarer leur sur-dité à l'employeur. "Je pense que c'est bien de le dire.L'employeur peut ainsi mieux décider du poste detravail qui convient. On comprend la crainte de nepas avoir d'avancement ou de subir une ségrégationau niveau des primes, mais il y a quand même plusd'avantages à faire reconnaître son handicap et àoser le dire". (même médecin)

Des services pour les travailleurs handicapés.La loi du 10 juillet 1987 instituait l'obligation d'emploi des personneshandicapées pour les entreprises de plus de 20 salariés. Celle du 11février 2005, "pour égalité des droits et des chances, la participationet la citoyenneté des personnes handicapées", consacre tout un cha-pitre à l'emploi, introduisant des mesures nouvelles.A l'heure où nousmettons sous presse, les décrets d'application sont en cours de dis-cussion. On peut cependant prévoir que l'essentiel de ce qui est pré-senté ci-dessous restera en vigueur.

Par Catherine Sermage et Jeanne Guigo

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11Octobre 2005 - Résonnances

Dossier Emploi et malentendance

Cap Emploiet le handicap auditif.

Cap-Emploi (on peut trouverd'autres noms, par exemple OhéProméthée), est un réseau d'asso-

ciations ayant un agrément du Comité de PilotageNational (composé du Ministère du Travail, de l'AGE-FIPH, et de l'ANPE). Normalement il y a au moins unCap-Emploi dans chaque département. Ils ont unemission de service public, donc gratuit, pour l'emploides personnes handicapées.

Les Cap Emploi peuvent aider à l'insertion profes-sionnelle de la personne, au maintien dans l'emploiou au reclassement professionnel d'un travailleur quidevient handicapé (aide à l'aménagement notam-ment).

Pour trouver un emploi, le projet professionnel estfondamental. On peut classer les personnes quis'adressent à Cap Emploi en trois catégories :- celles qui ont un projet défini : si elles ont un métieren vue, des parcours formation ou des aides dansleur recherche d'un emploi précis peuvent être pro-posés ;- celles qui ont un projet qui reste à préciser : CapEmploi va les aider dans la confirmation et la formu-lation précise de ce projet ;- celles dont le projet professionnel n'est pas défini :un bilan de compétences peut être proposé.Le but est toujours de trouver ou de retrouver unemploi adapté à l'état de santé, ce qui ne peut se fairequ'avec la personne concernée.

Les conseillers de Cap Emploi, chargés de guider lespersonnes dans leur recherche d'emploi, sont spé-cialisés dans le traitement du handicap du point devue de l'insertion professionnelle. Mais ce sont des"généralistes", c'est à dire qu'ils ne sont pas spéciali-sés dans un handicap précis comme la surdité. Danscertains départements, il est parfois fait appel à desprofessionnels de la déficience (URAPEDA parexemple). Il faut noter, pour le regretter, que biendes conseillers ne font pas de différence entre les dif-férentes catégories de malentendants : le recours auxinterprètes est facilement cité tandis qu'il n'est pas faitmention de la transcription ou même de la bouclemagnétique.

"La reconversion des personnes devenues sourdes ou mal-entendantes n'est, en aucun cas, plus difficile à gérer qu'unautre handicap, à condition que le projet professionnel soitcompatible avec l'état de santé. Les employeurs ne sontpas plus réticents à l'embauche de personnes sourdes oumalentendantes qu'à celle de personnes souffrant d'unautre handicap. En revanche, ils sont plus préoccupés parle mode de communication possible avec le futur salarié etentre les salariés. Notre rôle est également d'informer etde rassurer les employeurs, notamment en leur précisantque des aménagements de poste existent aussi pour la

Toujours expliquer !Fabien, 34 ans, est salarié dans une compagnie théâtrale.Sa surdité n'a été détectée qu'à 8 ans. Il a suivi une sco-larité normale. La surdité, devenue sévère a progressé àl’adolescence, se stabilisant vers 20 ans.“J'ai trouvé mon travail dans un cadre particulier. J'ai unDUT électronique mais, dans cette discipline, je n'ai euque des intérims. Ce n'est pas seulement dû à ma surdi-té : à cette époque je me cherchais. Je prenais des coursde Théâtre avec une Compagnie locale et j'avais noué descontacts avec les intervenants. J'ai demandé à travailleravec eux. Ce fut fait.Nous avons utilisé un dispositif d'aide à l'emploi, leContrat Emploi Jeune (CEJ).Nous avons signé un CDI.Leréseau OHE Promothée nous a accompagnés dans notredémarche ainsi que dans le financement d'aides maté-rielles : Microlink, téléphone vibratoire, flashes de sonne-rie de téléphone. J'ai effectué deux formations en paral-lèle (DESS "Filmer le Réel" et Langue des Signes) commele permettait le dispositif CEJ.Dans l’ensemble, même si on oublie parfois mon handi-cap, je suis bien intégré dans ma structure. Pour 50% dutemps de travail, je suis en contact avec une seule per-sonne à la fois. C’est une structure ouverte sur lemonde : travail avec les handicapés, les chômeurs, lesquartiers, échanges européens. L'acceptation de mes dif-ficultés est forcément plus facile. Je peux dire que c'est dela chance.Les plus gros problèmes sont le téléphone et lesréunions extérieures où je suis difficilement ment leséchanges, ce qui m’empêche de prendre pleinement partau travail. Beaucoup de contacts se prennent ou s'entre-tiennent par le téléphone. Ne pas pouvoir y écouter unnouvel interlocuteur, l’impossibilité de comprendre lerépondeur m'obligent à attendre le retour d'une person-ne au bureau : c’est une source de nervosité et de stresset ça ne facilite pas la prise d'initiatives et le développe-ment des activités. Internet et la messagerie électroniquene remédient que partiellement au problème puisque cesoutils ne sont pas utilisés par tout le monde. La surditéne met pas en position forte et souvent la crédibilité esten jeu, la diplomatie est de mise.Je suis souvent amené à rencontrer des personnes exté-rieures à la Compagnie. S'il y a peu d’interlocuteurs, lemicro FM m'est d'un grand secours. C'est tout de mêmelassant de toujours expliquer le pourquoi du commentde ma surdité, mais c'est indispensable.Je ne peux pas me prononcer sur la pérennité de monposte dans la mesure où, dans le domaine de la culture,l'avenir est incertain. Que sera la suite ? Je perçois desévolutions dans la société par rapport à la surdité, maisc'est lent. Si déjà ceux que nous côtoyons souvent enprenaient conscience !

Transmis par Jean-Marie Taché

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12 Résonnances - Octobre 2005

Dossier Emploi et malentendance

surdité. Le plus compliqué, c'est de faire prendre conscien-ce à l'employeur que la gestion de la surdité n'est pasinsurmontable." (Cap Emploi, Lille)

"Nous voyons arriver de nouveaux outils, de nouvelles tech-niques. C'est fantastique, car ils vont permettre à des per-sonnes qui ne pouvaient pas prétendre à certains emploisd'y accéder à nouveau. Il faut donc avoir une veille tech-nologique, rechercher les nouvelles possibilités.

Il faut arriver à cerner, avec l'employeur et la personne, leposte tel qu'il devra être aménagé pour que l'employé han-dicapé devienne complètement opérationnel, c'est à direcapable de répondre aux demandes de l'employeur. Cedernier et l'employé seront alors satisfaits et tout le mondesera gagnant. Pour les personnes malentendantes, il peut yavoir un déficit d'information : elles n'ont pas tout compris.Il faut en informer l'employeur et former un collectif de tra-vail sur les conditions d'intégration de la personne, et peut-être mettre en place des procédures pour assurer l'infor-mation : ce peut-être un cahier où sont notées lesconsignes et informations, un boîtier pour des SMS...”(Cap Emploi HEDA, Bouches du Rhône).

L'AGEFIPH.

L'AGEFIPH (Association pour la Ges-tion des Fonds pour l'Insertion Profes-sionnelle des Personnes Handicapées)

a été créée en 1986 pour favoriser l'insertion profes-sionnelle des travailleurs handicapés. Sa mission estd'apporter des aides financières, dans le cadre profes-sionnel à ceux d’entre eux qui travaillent ou sont enformation professionnelle dans le secteur privé. Ellene prend pas l'initiative d'actions en faveur de ces per-sonnes mais peut intervenir pour leur financement,ens'appuyant sur un réseau de prestataires.

L'AGEFIPH peut ainsi :- aider à des remises à niveau, à des créations d'acti-vité, à des formations professionnelles permettantd'accéder à un emploi, à des bilans de compé-tences,… - participer au financement de l'adaptation matérielledu poste de travail d'une personne handicapée,notamment à l'acquisition d'aides techniques telles untéléphone ou un ordinateur adaptés, un système desécurité visuel,…- financer, au moins en partie, les prestations d'aideshumaines (transcripteurs, interprète en LSF, codeursen LPC) dans la double limite d'un plafond de 24euros de l'heure et de 9 150 euros pour une année(chiffres de 2003).C'est aussi elle qui verse les primes à l'employeur etau salarié lors de l'embauche.

Elle peut accorder une aide pour l'acquisition desappareils de correction auditive, une aide qui a étéconsidérablement réduite depuis le 1er janvier 2005(voir page 14).

Pour bénéficier d'une aide financière, il faut présenterun dossier à l'AGEFIPH de sa région. Aucun frais nedoit avoir été engagé avant qu'elle n'ait donné sonaccord : ne pas respecter cette règle c'est risquer unrefus de financement.Pour constituer le dossier, il est préférable de se faireaider par le SVA,Cap Emploi, ou tout autre organismespécialisé.

Pour sa part, l'AGEFIPH est financée par les pénalitésversées par les entreprises du secteur privéemployant au moins 20 salariés qui ne respectent pasl'obligation d'emploi de travailleurs handicapés (fixé à6% de l’effectif global). Dans ses premières années, levolume de ces pénalités était important car la plupartdes entreprises étaient loin de remplir leurs obliga-tions. Disposant de fonds importants, l'AGEFIPH a pufinancer des actions qui ne rentraient pas directementdans ses missions, l'accompagnement des étudiantspar exemple. Mais, malgré les carences, la proportionde travailleurs handicapés employés augmente, ce quia pour conséquence une stagnation du montant despénalités… et donc des finances de l'AGEFIPH. Dansle même temps les demandes sont de plus en plusnombreuses !

Les apports de la loi de février 2005

Les modifications les plus importantes inscrites danscette loi concernent les employeurs (secteur privé).Voici les plus importantes.- Dans certains cas de non respect des quotas, lescontributions des entreprises seront majorées.- Les employeurs doivent prendre des mesures"appropriées" afin que le handicap ne constitue pasune cause d'éviction lors d'une embauche, d'un main-tien dans l'emploi ou d'une évolution professionnelle(adaptation de machines, aménagements de postes detravail, accessibilité aux lieux professionnels, accompa-gnement et équipements individuels nécessaires autravailleur handicapé). Mais ceci ne devra pas consti-tuer une charge "disproportionnée" pour l'employeurqui pourra d'ailleurs recourir aux aides existantes,dont celles de l'AGEFIPH, antérieures à cette loi.- Les employeurs ont l'obligation de mener une négo-ciation annuelle sur l'emploi des personnes handica-pées dans leur entreprise, une disposition qui peutapporter de réels changement dans la politique d'em-ploi de ces personnes car la question devra obligatoi-rement être évoquée au moins une fois par an.

Voici les principaux changements relatifs aux tra-vailleurs concernés eux-mêmes.- Les titulaires de la carte d'invalidité et les titulairesde l'AAH peuvent bénéficier de toutes les mesures enfaveur des travailleurs handicapés sans qu'ils aientbesoin de demander en plus que ce statut leur soitreconnu.- Le salarié pourra bénéficier d'aménagements d'ho-raires individualisés.

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13Octobre 2005 - Résonnances

Dossier Emploi et malentendance

Je suis devenu brusquement sourd en 1991. J'aid'abord perdu l’audition de l'oreille droite au moisde mars, mais je ne me suis pas méfié. J'ai commen-cé à perdre totalement l'audition de l'oreille gauchevers le mois de juillet, en une semaine. Les médecinsORL consultés à l'époque n'ont pas su déterminerles causes de cette surdité bilatérale aiguë brutale.Du jour au lendemain, je n'ai plus entendu de son, lesvoix de mon entourage immédiat ont disparu. J'ai étémis en arrêt maladie pendant deux ans, parce quemon emploi demandait l'emploi du téléphone que jene pouvais plus utiliser bien sûr… Il m'a fallu néan-moins prendre le dessus, demander à la COTOREPla reconnaissance de travailleur handicapé. Elle m’aété accordée (catégorie B). J'ai voulu retrouver unemploi, mais j'ai dû effectuer plusieurs stages : sou-vent ils n'aboutissent pas à un emploi stable, dans uncontexte économique difficile.C'est à cette époque que j'ai connu l'Association desDevenus Sourds du Nord. Je me suis aperçu que jen'étais pas le seul devenus sourds de la région, maissans doute l'un de ceux qui avait une surdité profon-de : je n'ai pas accès à la boucle magnétique commela plupart des adhérents de l'association.J'ai d'abord été “licencié économique” en 1992 et j'aipu bénéficier d'un congé de reconversion de troisans. J'ai effectué des stages, notamment en secréta-riat et bureautique.Ce dernier (bureautique) m'a ététrès utile pour découvrir l'informatique,puis Internetgrâce auquel je communique le plus souvent désor-mais. J'ai aussi effectué un stage en Publication Assis-

tée par Ordinateur (P.A.O), désirant travailler dansce domaine. Mais le métier ne convient pas bien auxpersonnes sourdes… et les débouchés diminuent.Seul malentendant dans ces stages, j'étais un “incon-gru”, mais j'ai toujours été bien accueilli, même si,pour moi, la formation a été parfois difficile du faitdes autres élèves, entendants, qui ne comprenaientpas toujours mon handicap.Je me suis efforcé de trouver un emploi en milieuordinaire (avec des entendants), mais c'est psycholo-giquement très dur car, malgré l'apprentissage de lalecture labiale, je passe plus souvent par l'écrit avecmes interlocuteurs, ce qui peut en exaspérer cer-tains. Je précisais que je ne pouvais pas avoir accès autéléphone. J'ai maintenant un emploi depuis troisans : mon ancien patron m’a réembauché dans l'en-treprise qu'il avait créée huit ans auparavant.Aujourd'hui, mon contrat s'achève faute d'activité.Dans quelques mois je serai, pour une seconde fois,licencié économique. Mais cette fois c'est très diffé-rent car comment avoir un entretien d'embauchelorsqu'on sait pertinemment que l'on ne va pas com-prendre la personne en face de vous ? Commentpeut-elle réagir ? Nous avons beaucoup moins dechances qu’un entendant, handicapé ou non, qui ades compétences similaires aux nôtres. J’ai aussi prisconscience que, lorsqu'on parle de surdité, on pense“muet”, surtout dans le milieu du travail. Il y a uneméconnaissance générale de la surdité acquise à l'âgeadulte.

Par ailleurs le décompte des personnes handicapéesdans les entreprises a été simplifié : toute personnehandicapée ne compte plus que pour une seule unité,quelle que soit la catégorie (A, B ou C) dans laquelleelles a été classée. D'autre part, l'effectif de référencede l'entreprise comprend la totalité du personnel : lanotion de postes "écartés" pour nécessité de condi-tions particulières d'aptitudes disparaît.

Concernant la fonction publique (d'État, territoriale ethospitalière) un système similaire va être mis en placequi se substituera à ce qui existe aujourd'hui dans cer-tains secteurs. La loi prévoit la création d'un fondspour l'insertion professionnelle dans la fonctionpublique ainsi que des dispositions qui permettront àun plus grand nombre de personnes handicapées d’yaccéder. En outre, le gouvernement devra déposerchaque année au Parlement un rapport sur la situa-

tion de l'emploi des personnes handicapées dans cha-cune des trois fonctions publiques.

Pour conclure

L'insertion professionnelle des personnes handica-pées est l'affaire de tous : des travailleurs eux-mêmesqui doivent rester maîtres de leur projet, actifs dansleur recherche d'emploi. C'est aussi celui des associa-tions qui ont un rôle à jouer près des personnes,pourleur redonner confiance et les informer, et égalementprès du public, pour que change le regard sur le han-dicap. C'est aussi à elles de rester vigilantes pour quela loi passe réellement dans les faits.

Pour réaliser cet article, les auteurs ont utilisé le compte-rendu de laréunion de Surdi 13 du 12/03/05 "Malentendance et vie profes-sionnelle", un interview d'une conseillère de Cap Emploi de Lille et decommentaires de la présidente de l'association du Nord. Merci pources contributions.

Comment avoir un entretien d’embauche ?

Par Didier Dupont

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14 Résonnances - Octobre 2005

Dossier Emploi et malentendance

Les Maisons de l’Emploi ont pour vocation “d’assurerauprès du terrain une meilleure coopération entre lesacteurs, collectivités locales, ANPE, UNEDIC, autour d’unprojet de territoire construit à partir d’un diagnostic, d’unplan d’action et d’une programmation”.

Elles agissent dans trois directions principales :

1) Le diagnostic territorial.La première priorité des maisons de l'emploi est debien identifier les problématiques d'emploi sur les bas-sins d'emplois de son territoire car, de l'établissementd'un diagnostic territorial de qualité dépend unebonne allocation des moyens (actions de formation,ciblages des contrats aidés dans le cadre de l'envelop-pe unique régionale…)

2) L'accès et le retour à l'emploi des publics quien sont les plus éloignés.C'est là que vont être conçus et développés les pro-grammes d'accompagnement individualisé et le reclas-sement des personnes sans emploi en “optimisant eten fédérant l'offre de service des partenaires”.

3) Le développement de l'emploi et la créationd'entreprise.Enfin les maisons de l'emploi agissent pour favoriser ledéveloppement de l'emploi, la reprise et la créationd'entreprise. (d’après un document du Ministère de l’em-ploi, du travail et de la cohésion sociale).En d’autres termes, c’est un “lieu unique” au servicedes demandeurs d’emploi.

Le secteur géographique d’influence d’une maisonde l’emploi peut être variable, la règle étant d’être

“adapté à la configuration des bassins d’emploi” sansexcéder une région. Il peut y en avoir plusieurs sur undépartement.

La dénomination “maison de l’emploi” est soumise àl’obtention d’un label délivré par une “Commissionnationale regroupant les services de l’État, l’ANPE, l’UNE-DIC, l’AFPA, les organismes consulaires et les principalesassociations d’élus appuyée par la mission confiée au dépu-té Jean-Paul ANCIAUX”.

Une quarantaine de Maisons de l’Emploi ont obte-nu leur labellisation au cours du premier semestre2005 (on en prévoit 300). Elles peuvent se présentersous diverses formes : un lieu physique réunissant l’en-semble des services (ANPE, UNEDIC, AFPA,…), unsimple lieu d’accueil et d’orientation vers le ou les ser-vices qui répondent au cas de la personne, avec éven-tuellement des permanences de l’un ou l’autre desorganismes, ou une forme intermédiaire. Chacune esttenue de respecter la “charte de la maison de l’em-ploi”. L’ensemble du dispositif devrait devenir opéra-tionnel au début 2006.

Quel intérêt pour les travailleurs handicapés ? Les textes des lois sont peu précis, mais les nouvellesdispositions en faveur de l’emploi dans notre paysn’oublient pas les travailleurs handicapés.En particulier,ils rentrent, sous certaines conditions, dans les critèresà remplir pour les emplois aidés.

Merci à Monsieur LE GOFF, directeur adjoint de la Direction du Travailet de l’Emploi du Morbihan, pour sa collaboration à cet article.

Les Maisons de l'EmploiLes Maisons de l'Emploi ont été crées par la loi n° 2005-32 du 18 jan-vier 2005 de programmation pour la cohésion sociale (JO du 19/01/05).

Jusqu’au 31 décembre 2004, l’AGEFIPH acceptait de finan-cer l’achat de prothèses auditives pour les travailleurshandicapés, à hauteur de 50 % de la facture (avec un pla-fond de 800 euros par appareil). Depuis le 1er janvier2005, la participation est descendue à un maximum de 170euros par appareil (décision prise au Conseil d'Adminis-tration de novembre 2004). Dans le même temps, l’AGE-FIPH se déchargeait d’autres financements comme l’aideaux étudiants (notamment sourds), les fauteuils roulants,l’aménagement de véhicules…Le Bucodes était informé des changements dès la premiè-re quinzaine de janvier. Son Conseil d'Administration futrapidement alerté et une lettre de demande d’informationétait envoyée au président de l’AGEFIPH au début dumois de février. D’autres associations membre de l’UNIS-DA élevaient des protestations, ce qui conduisait l’AGEFI-

PH à participer, le 14 avril, à table ronde organisée parl’UNISDA.Les associations ont demandé que l’AGEFIPH ne sedésengage pas, tant pour les étudiants que pour les tra-vailleurs ayant besoin de prothèses auditives, avant la paru-tion des décrets relatifs à la compensation du handicap.Pour les prothèses, le Bucodes a fait valoir le fait que, bienque personnelles, elles sont une aide technique indispen-sable à tout malentendant dans l’exercice de son travail,unargument qui semblerait avoir eu quelques échos, mais saprise en compte reste à confirmer.Espérons que l’automne verra des décisions favorablesaux malentendants ! Sans attendre, chaque lecteurconnaissant une victime de la décision de novembre 2004est invité à le faire savoir à son association ou directementau Bucodes.

AGEFIPH et prothèses auditives

Par Jeanne Guigo

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15Octobre 2005 - Résonnances

Dossier Emploi et malentendance

La loi et les COTOREPLa loi du 11 février 2005 remplace la COTOREP par la “commission des droits et de l'autonomie des per-sonnes handicapées”. Cette commission fera partie des maisons départementales des personnes handica-pées. Elle aura compétence pour reconnaître la qualité de travailleur handicapé (article 66, art L.241.6-I) etpour orienter les personnes vers le service ou l’établissement le plus approprié.

Je n’hésite pas à rappeler mon handicapPersonne ne sait exactement d'où vient ma surdité.Etait-elle présente à la naissance (rubéole ?), puisaggravée par des otites ? C'est l'année de mes cinqans que le diagnostic est tombé : sourde sévère àdroite et profonde à gauche. Appareillée immédiate-ment, et avec l'implication forte de mes parents, j'ai pusuivre une scolarité quasi-normale, avec un soutienorthophonique dans des écoles insonorisées jusqu'aucollège inclus, puis ensuite lycée, classes prépara-toires, école d'ingénieur ESTP (Ecole Supérieure deTravaux Publics).

Je téléphone aisément pour peu que le poste soitadapté, que le volume sonore soit suffisant et que l'in-terlocuteur soit compréhensible. Dans les groupes,au-delà de deux ou trois personnes, il m'est plus diffi-cile de suivre une conversation et d'intervenir à bonescient. Je m'aide beaucoup de la lecture labiale.

J'ai mis huit mois à trouver mon premier emploi deconducteur de travaux en entreprise générale debâtiment. Ce temps m'a semblé long, mais j'avais plu-sieurs handicaps : c'est un métier plutôt masculin etj'étais malentendante bien-sûr. J'ai même fait lesdémarches pour la reconnaissance de Travailleur Han-dicapé.Au début, je me disais que mon parcours par-lait de lui-même, qu'il suffisait à prouver que je pou-vais faire la même chose que les autres.Mais, au fil desentretiens d'embauche, mon discours a évolué : A lafin, je disais : "Je suis sourde, plus exactement, je suismalentendante, mais je peux téléphone ; d'ailleurs, j'aipris rendez vous par téléphone". J'avais vraiment l'im-pression que cette franchise portait, qu'elle rassuraitl'employeur potentiel. D'ailleurs, peu de temps aprèsavoir adopté cette présentation, j'ai été embauchée,sans même avoir eu besoin de parler des avantagesliés à ma reconnaissance COTOREP !Lorsque j'ai souhaité me rapprocher de la Bretagne,j'ai démissionné. J'ai trouvé un deuxième poste iden-tique pendant la durée de mon préavis. C'était facilecar j'expliquais bien pour quelles raisons je quittais lepremier poste. J'avais déjà exercé le même métierpendant deux ans et je reprenais la présentation de

mon handicap. Après la naissance de ma fille, j'ai, cettefois, souhaité changer de métier, à la fois pour amélio-rer mes conditions de travail (stress, horaires de tra-vail) et pour enrichir mes compétences. J'ai mis un anà en trouver, moins je pense à cause de ma surditéqu'en raison des exigences que je m'étais fixées.

Aujourd'hui, je travaille dans un organisme HLMcomme chargée d'opérations. Je dois diriger des pro-jets de logements depuis leur conception jusqu'à lalivraison aux clients ou aux locataires, dans le respectdu budget, du délai et de la qualité. Je prépare lesfinancements,manage les équipes de maîtrise d'œuvrede conception et de suivi de chantier. J'ai égalementbeaucoup de relations avec les entreprises. Je passe70% de mon temps au bureau en réunion ou au télé-phone, et le reste sur les chantiers en rendez-vous ouen visite.

Comme pour mon précédent métier, je me suis adap-tée : je fonctionne beaucoup par fax, e-mail, courrier,en substitution ou en appui des conversations télé-phoniques. En réunion, je choisis ma place. Soit je suistrès directive pour maîtriser les sujets, soit je faisrépéter. Je n'hésite pas à rappeler mon handicap et àreprendre mes interlocuteurs si je ne les comprendspas. Sur les chantiers, je suis très vigilante car je saisque je n'entendrai pas forcément le danger arriver. Jechange de téléphone si nécessaire. Ma grosse difficul-té, c'est le téléphone portable, indispensable aujour-d'hui, avec lequel j'ai beaucoup de mal à comprendremes interlocuteurs. Aussi je donne très peu monnuméro et demande régulièrement à être rappeléesur mon fixe plutôt que de continuer la conversationsur le mobile.

Je regrette de ne pas pouvoir participer à ces plaisan-teries, si fréquentes au quotidien, qui contribuent àrésoudre les problèmes.

Au final, la leçon la plus difficile que j'ai retenue est :s'accepter avec ses défauts, c'est le premier pas versla solution qui permettra d'y remédier.

Par Florence Lecat-Foveau

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16 Résonnances - Octobre 2005

Dossier Emploi et malentendance

35 ans de luttepour se “faire une place au soleil”

A 16 ans, Jean-François, d'un milieu très modeste, aquitté sa famille, surtout son père sourd, difficile àvivre, replié sur le même. Jean-François, toute sa vie,a conservé cette image paternelle qu'il ne voulaitpas reproduire et cela lui fut salutaire. Quand il pritconscience de sa propre surdité, il est "entré encombat".

Dés sa sortie de l'école, il essaye un peu tous lesmétiers : apprenti pâtissier, ouvrier agricole, décou-peur de tôle. Là, première alerte. Le milieu est trèsbruyant, le médecin du travail exige le portd'oreillettes. L'infirmière chargée du test s'étonne :"Mais, elles ne marchent pas ces oreillettes, avectout ce que je vous envoie dedans, vous ne bron-chez pas !" Sur le coup Jean-François ne s'étonnepas...

Premier audiogramme passé lors des "trois jours"qui précédaient le service militaire, mais on n'endéduit rien... Première réelle prise de conscienced'un problème au niveau des oreilles pendant le ser-vice militaire : "quand je disais que le tir me faisaitmal aux oreilles, on ne me croyait pas et, malgrél'audiogramme, j'ai du continuer à tirer !".

A la sortie de l'armée, Jean-François entre commeagent d'entretien dans un orphelinat. Il s'entend trèsbien avec le Directeur, qui le pousse à préparer unCAP de plomberie. Mais les cours commencent àêtre difficiles à suivre, il demande au professeur derépéter, ce qu'il obtient avec plus ou moins de bon-heur...

A 23 ans, première consultation d'ORL et premierappareil et puis, patatras : un accident du travail !Mais il peut bénéficier d'un reclassement profes-sionnel en passant pas la COTOREP. Les tests luipermettent de s'orienter vers le métier d'automati-cien : "J'ai du faire un effort considérable pour suivreces 18 mois de cours, mais j'ai eu mon diplôme etune place dans une entreprise." Jean-François aobtenu un reclassement conforme à ses possibilitésintellectuelles, une bonne situation avec bon salaireet travail intéressant.

Hélas, un jour, il n'intervient pas assez vite sur unemachine : il n'a pas entendu ! Retour à la casedépart : chômeur pendant plus de 2 ans, il ne peutplus bénéficier, ayant obtenu un diplôme, d'unsecond reclassement de la COTOREP.

Il s'acharne et par l'intermédiaire d'une associationdes accidentés du travail, l'ADAPT, il parvient à sereplacer dans le circuit de la COTOREP et postulepour une formation visant un CAP de cuisinier.Parallèlement, il a suivi une formation en LSF pen-dant 4 mois à Vincenne, à l'Institut Visuel Théatre, etdemande l'aide d'un interprète en LSF pour suivreles cours. Le professeur refuse tout net d'enseignerà un malentendant !

Mais, Jean-François ne baisse pas les bras et, tou-jours soutenu par l'ADAPT, il se tourne vers leGRETA (formation continue) des métiers de latable de Paris qui dépend de l'Education Nationale.Il explique ses problèmes d'audition. L'enseignanthésite puis se renseigne auprès d'un collègue dontla femme est malentendante et qui lui dit " tu peuxenseigner à condition de regarder le malentendanten face ! L'élève, pas comme les autres, est accepté.

Pour Jean-François, c'est la lutte acharnée. Il obtient,pour survivre, des CDD à temps partiels dans descantines. Son emploi du temps : le travail le jour, lescours le soir, les devoirs la nuit... sans oublier desséances chez une orthophoniste à laquelle il rendgrâce. Non seulement elle lui apprend à perfection-ner sa lecture labiale, mais elle l'aide également àclasser ses idées, à synthétiser les notions qu'ilreçoit. Il apprend enfin à apprendre ! Et comme il aacquis beaucoup d'assurance avec tout ce qu'il avécu, il n'hésite plus à arrêter un professeur quandil n'a pas compris. Il a déjà 37 ans !

Pour être reconnu comme agent technique qualifié,il faut un 2e diplôme dans l'alimentation ; suit doncune formation supplémentaire d'un an et demi : ildevient chocolatier, confiseur, glacier et sort dansles premiers. On lui demande même d'être exami-nateur pour les apprentis cuisiniers malentendants.

Actuellement, implanté depuis quelques années,Jean-François officie avec 4 collègues dans une can-tine qui prépare 600 couverts par jour. Mais lahotte, la cellule de refroidissement, la climatisation,les fours... sont autant de nuisances quotidiennespour lui. Il a donc de nouveaux projets ! Avec toutesles bases acquises au cours de ce long parcours etsûrement une formation supplémentaire, il sedemande s'il n'y aurait pas quelque chose pour luidans la gestion de l'économat : au calme, enfin !Nous le lui souhaitons ardemment !

Transmis par Hélène Bergman

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17Octobre 2005 - Résonnances

Appareils auditifs Par Jacques Schlosser

Un arrêté du 25 août 2004* crée unpetit séisme dans le mode de rem-boursement pour ces derniers.Alors que jusqu'à cette date il exis-tait un tarif spécifique pour chaquemodèle d'audioprothèse homologué(et il n'y a pas loin de 400 modèlescommercialisés en France) la tarifi-cation est désormais faite suivant 4classes d'appareils :

Classe A : 900 Euros On trouvera dans cette classe les appareils boîtiers,mais aussi des contours analogiques non program-mables : chez Siemens ce seront les Phoenix ouAGC, chez Phonak les Classica, Pico Forte ousuper front.

Classe B : 1000 Euros Il s'agit essentiellement des appareils analogiquesprogrammables : chez Siemens Infiniti Pro, PhoenixPro, S1 à S3, Music Power, chez Phonak Piconet.

Classe C : 1250 Euros Il s'agit soit d'appareils analogiques programmablesde qualité, soit de numériques "de base" : MusicPro, Music BTE, Infiniti Pro, chez Phonak Aero 211,Sono Forte, Power Zoom, Perseo 111 et 211, chezOticon Gaia, Digifocus, Geodia, Go.

Classe D : 1400 Euros Il s'agit en gros de tous les numériques haut degamme récents.

Cette valeur de 1400 Euros fixe ainsi la limitesupérieure de remboursement par les Caisses d'as-surance maladie en matière de prothèses auditives.Rien n'interdit bien sûr de vendre moins cher...L'arrêté définit aussi, pour chaque classe, le type desurdité et ou le type de vie qui s'y rapporte.Ainsides patients "ayant une surdité simple […] vivant enenvironnemnt sonore calme et ayant une activité socia-le simple" relèvent d'appareils de la classe A. Cettedémarche est assez obscure, à la limite révoltante.

Rappelons que le prix d'une prothè-se comprend l'achat de la prothèse(avec tous les accessoires, dont lesembouts) et le coût de l'adaptation.Pour ce dernier, les audioprothé-sistes appliquent un coefficient multi-plicateur au prix de la prothèse.Quand il est indiqué sur le devis oula facture (ce qui est obligatoireselon l'arrêté du 23 avril 2002, JO du

4/05) ce coût d'adaptation est généralement valori-sé à 33 % (si une prothèse est vendue 1680 Eurosl'adaptation représente, dans ces conditions 560Euros, et c'est le double en cas d'appareillage sté-réophonique).

Remarquons qu'une prothèse vendue 1680 Eurosest à 280 Euros au dessus du plafond (+20%), ce quin'est pas un surcoût négligeable.

Peut-on agir sur les prix de ventes ?Il faut savoir que le simple fait d'exiger un devispour sa mutuelle, un dossier AGEFIPH ou pour leSite pour la Vie Autonome peut conduire l'audio-prothésiste à se rapprocher des prix plafond de lasécurité sociale.

Une complémentaire santé a même mis en placeun service pour informer le patient des "avantageset inconvénients des fonctionnalités de l'appareilproposé" et pour, au besoin, "renégocier le prix devente trop élevé auprès de l'audioprothésiste"(copié de www.ipeca.fr).

Un conseilDans tous les cas, demandez un devis indiquantbien le nom et la classe de l'appareil. Informez votremutuelle et, au besoin, négociez ou faites renégo-cier le prix (mutuelle, service d'action sociale,etc…).

Un prix officiel pour les prothèses auditivesLa prise en charge financière des "appareils électroniques correc-teurs de surdité" par les caisses d'assurance maladie varie selon lasituation du patient. Pour la majorité des malentendants, les adultesnon atteints de cécité, le "tarif" de référence est fixé à 199,71 eurosdepuis des années (pour la plupart, le remboursement est de129,81 euros, c'est à dire 65 % du "tarif"), montant qui est très loindes coûts réels. Pour les jeunes de moins de 20 ans, les adultesatteints de cécité et les invalides de guerre la base de rembourse-ment est bien plus favorable. Elle sert de référence de prix.

* texte complet accessible sur : http://www.legifrance.gouv.fr

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Règle n°1 : avoir toujours la pétition dans son sacainsi que de la documentation sur l'association,quelque soit l'endroit où l'on se rend et ne pas hésiterà en parler, à la faire circuler.

Règle n°2 : solliciter l'aide de ses proches, de sesamis. Ainsi je tiens à remercier tout particulière-ment ma mère, qui a obtenu 240 signatures, Mme I.(boulangère de ma commune) qui a fait signer sesclients et m'a remis plusieurs feuilles remplies,Danièle qui a fait circuler la pétition à la fac, dans ledépartement de LSF et Marie-Ange pour leur sou-tien dans cette quête de signatures.

Règle n°3 : déposer des feuilles de pétitions dansles endroits publics très fréquentés. Ainsi j'aidemandé au maire de ma commune l'autorisationde laisser quelques feuilles aux guichets de la mai-rie. J'ai effectué la même démarche auprès du res-ponsable de la médiathèque, auprès de mon audio-prothésiste (sa salle d'attente n'étant fréquentéeque par des personnes appareillées, la pétition a étévite remplie), auprès de mon ORL, à l'école desmalentendants…

Le fait d'avoir toujours la pétition avec moi pendantces quatre mois, m'a permis de la montrer et de la

faire circuler dans les endroits aussi divers que desfêtes d'anniversaire, des pots de retraite, des fêtesde fin d'année, des bals folks, au cours de dessin, auclub de randonnées, à la piscine, à la banque, chezles commerçants, les voisins, chez le coiffeur (ayantenlevé mes prothèses, c'est le coiffeur qui s'estchargé de faire circuler la pétition parmi sesemployés et ses clients). Apprenant que l'époused'un des clients était appareillée, j'ai persuadé celui-ci de prendre une feuille de pétition pour la fairesigner dans son entourage, puisqu'il était concernépar le problème et d'adhérer à l'association. Il aadhéré et m'a rendu la feuille pleine de signatures,quelque semaines plus tard ! En faisant signer lapétition, j'ai obtenu 3 adhésions à l'ADSMN. Enmême temps, j'en profitais pour parler de l'associa-tion, du Bucodes, de tous les problèmes liés à lamalentendance ainsi que de la boucle magnétiqueque trop peu de gens connaissent, aussi bien parmiles entendants que parmi les malentendants appa-reillés.

J'ai ainsi obtenu 1265 signatures… et j'ai encorequelques feuilles à récupérer début septembre…

Bravo Claudine !

18 Résonnances - Octobre 2005

Appareils auditifs

Pétitions :Petits conseils pour obtenir des signatures

Congrès de l'UNISDA, le 8 octobre.L'UNISDA organise son premier congrès le samedi 8 octobre, avec notamment une journée de colloquesur " la loi du 11 Février 2005 et ses enjeux pour les personnes sourdes et malentendantes ". Les débatsporteront sur les institutions nouvelles, la scolarisation, l'emploi, la prestation de compensation, l'acces-sibilité, avec des intervenants institutionnels éminents, acteurs de la mise en place de la loi.

La date de ce colloque a été décidée récemment, trop tard pour vous informer à temps, amis lecteurs.Il en sera rendu compte dans nos prochains numéros.

Au second trimestre 2005, le Bucodes mobilisait ses associationsautour d'une pétition pour un meilleur remboursement des appareilsde corrections auditives (voir Résonnances 18), afin d’appuyer lesdémarches du Bucodes près des responsables ministériels. Malgrél'évidence du bien fondé de cette pétition, le nombre des signaturesparvenues au Bucodes est resté inférieur à celui que nous espérions.N'aurions-nous pas peur de nous lancer dans la quête aux signa-tures ?Claudine, adhérente de l'association du Nord, détentrice du record designatures obtenues, nous dévoile sa tactique.

Par Françoise Quéruel

Page 20: Malentendants,Devenus-Sourds,ne restez pas seulstive dont Monsieur Roy, président des syndicats d'audioprothésistes, achève de nous parler dans une pas-sionnante interview (première

19Octobre 2005 - Résonnances

Appareils auditifs Interview de M Roy

Pouvez vous préciser le pourcentagede personnes appareillés par tranches d'âges ? Quels sont leurs problèmes spécifiques ?Quel est le pourcentage de premier appareillage ?

Je n'ai pas de statistiques sur les âges. La spécificitéd'un appareillage n'est pas seulement liée à l'âge dupatient, elle est tout simplement liée à la spécificitéde chacun. C'est la raison pour laquelle un appa-reillage demande du temps, en amont pour réaliserle bon choix prothétique, en aval pour en assurerun bon suivi. Ce qui est sûr c'est que, grâce à l'arri-vée des embouts ouverts, nous appareillons beau-coup plus de surdités légères, prises précocement,chez des patients nettement plus jeunes. Sur leprimo appareillage, là encore je n'ai que des statis-tiques locales : je ne connais pas les chiffres glo-baux.

Certains patients malentendants se plaignentque le prix des appareillages ne soit pas affichéet craignent un risque de facturation "à la têtedu client"; quelles sont les règles et qui estchargé de leur application ?

Les règles du commerce sont applicables car,mêmesi nous sommes des professionnels de santé à partentière, nous sommes aussi des commerçants.L'arrêté interministériel du 25 septembre 2000,pris à la suite des travaux du groupe de travail duConseil National de la Consommation sur la pro-thèse auditive, rappelle toutes les étapes de l'appa-reillage. Je vous rappelle que l'audioprothésiste a laresponsabilité du choix prothétique. Il est inadmis-sible que des audioprothésistes établissent desdevis sans avoir réalisé toutes les étapes néces-saires à ce devis. On ne fait pas un devis d'appa-reillage auditif comme on fait un devis de produitsans prestation et sans responsabilité profession-nelle. Là, je pense qu'il y a un problème d'éducationdu côté des professionnels et du côté des malen-tendants. Nous voyons arriver dans nos labora-toires des patients qui nous disent "à combien vousme faites tel appareil ?" Je ne refuse pas d'établir un

devis, je refuse de répondre à cette question, car jene suis pas sûr qu'il corresponde à mon choix pro-thétique pour ce patient. Faire un devis sur unappareil, c'est considérer qu’il permettra de réaliserun bon appareillage chez le patient. Je ne vends pasun appareil, je réalise un appareillage qui comprendun appareil, une prestation pour l'adapter et unsuivi. Conformément à l'arrêté du 25 septembre2000, je commence par respecter un certainnombre d'étapes pour réaliser un choix prothé-tique éclairé et, face à ce choix, je peux établir undevis.On voit encore aujourd'hui des devis faits parune secrétaire, sans un bilan réalisé par un audio-prothésiste ! C'est scandaleux et contraire à la loicar le choix prothétique n'a pas été fait par unaudioprothésiste.

D'autres patients se plaignent de ne pouvoirobtenir de devis, d'information sur la part appa-reil/adaptation, ou encore de compte-rendud'appareillage. Quelle est l'action de l'UNSAFsur ces points et sur l'application de l'arrêtéd'avril 2002 par l'ensemble de la profession ?

La dissociation de l'acte et du produit est extrê-mement difficile. J'y suis opposé parce que le jouroù le service ne sera pas inclus dans l'appareillage,mais payé à part, il ne sera pas fait convenablement.Je n'ai aucun scrupule à faire revenir mes patientset à passer du temps avec eux dans la mesure oùces rendez-vous ne sont pas liés à une facturationsupplémentaire à l'appareillage. Personnellement, jeconnais le temps moyen à passer sur un appareilla-ge ; je sais aussi que ce temps va dépendre de lacatégorie de produit. Bien évidemment, il dépendaussi du type de patient et là nous savons que nousavons une mutualisation du risque. Il serait inad-missible de faire payer plus cher des patients sousprétexte que l'on passe plus de temps avec eux.L'appareillage d'un enfant ou celui d'un adulte pré-sentant des handicaps associés demandera beau-coup plus de temps : je serais choqué qu'on le fassepayer plus cher.

Interview de Monsieur ROY,président de L'UNSAF

(seconde partie)

Vous avez pu lire, dans le numéro 19 de Résonnances, la premièrepartie de l'interview de Monsieur ROY, président de L'Union Natio-nale des Syndicats d'Audioprothésistes Français. En voici la secondepartie.

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20 Résonnances - Octobre 2005

Appareils auditifs Interview de M. Roy

Quelles sont, selon vous, les conditions d'unappareillage réussi ?

L'appareillage demande une prise en charge de qua-lité et du temps.Quand je vois aujourd'hui des gensqui se targuent d'être capable de réaliser un appa-reillage en une heure, je comprends que ce sontdes financiers et non des audioprothésistes réputésqui sont à la tête de l'entreprise. Ces gens là n'ontrien compris à notre métier de professionnel desanté. J'ai moi-même un laboratoire qui me per-mettrait de faire les choses rapidement. Je l'utilisepour du service après vente, mais j'ai fait le choixde travailler consciencieusement. En parlant d'ap-pareillage en une heure, on casse le discours qu'ilfaut au contraire faire passer, c'est à dire qu'uneadaptation prothétique c'est une rééducation audi-tive. Chez certains patients, cela peut durer desmois et des mois,mais au bout du chemin que nousfaisons ensemble il y a un objectif : leur satisfactionpar une qualité de vie sociale retrouvée. Quand onannonce que l'on va appareiller en une heure, on vadécevoir en quelques minutes : je ne fais vraimentpas ce métier. Pour avoir de tels raisonnements, ilfaut calquer des méthodes de l'optique à notre dis-cipline, et prouver qu'on n’a rien compris à l'audio-prothèse !

Selon vous quel est le taux d'échecde l'appareillage ?

Je n'ai pas de statistiques générales, seulementcelles d'entreprises Iso qui mesurent la satisfactionde leurs patients ; le taux de satisfaction est del'ordre de 90 %, bien loin des idées reçues !

Quelle serait votre opinion sur la mise enplace de centres d'évaluation des performancesdes malentendants appareillés (afin d'améliorerla prise en charge des patients) ?

On ne peut pas dissocier l'appareillage du patientde sa surdité. Il faut comparer ce qui est compa-rable. Satisfaire un patient relativement jeune avecune surdité bilatérale légère ou moyenne équili-brée, ou un patient sourd profond ou un patientâgé avec des troubles associés n'est pas la mêmechose. C'est aussi pour cela qu'il faut passer dutemps avec un patient, lui expliquer, même si cen'est pas toujours très facile, les limites de ce quel'on peut faire pour lui. Dans le cadre des travauxde certification que je souhaite mettre en place auniveau européen, il faut bien évidemment que l'on

mesure la satisfaction des patients. Nous pourronsainsi mieux arriver à nous situer par rapport à l'en-semble de la profession.

Avez-vous des contacts avec les syndicatsd'orthophonistes pour essayer de créer unesynergie permettant d'améliorer le suivi despersonnes en difficulté avec leur appareillage ?

Nous avons été sollicité par Jérôme GOUST, mal-entendant, écrivain et consultant. Nous avonsaccepté de participer à l'étude "malentendances etorthophonie". Je suis personnellement très favo-rable à l'accompagnement de l'appareillage par unsuivi orthophonique. L'information ne concernepas uniquement les audioprothésistes : je penseque les prescripteurs d'appareillages manquentd'informations de la part des orthophonistes etceux de ces derniers qui s'intéressent au suivi depatients appareillés devraient le faire savoir. Beau-coup d'ORL et d'audioprothésistes se plaignent dene pas savoir qui fait ce genre de travail.

Comment nos associationspourraient-elles vous aider ?

Les associations peuvent nous aider en soutenantnos actions auprès des pouvoirs publics quant à laqualité notamment. Je souhaite que nous puissionstravailler ensemble à définir les référentiels qui per-mettront de mieux définir les attentes des patientset les limites de ce que l'on peut leur apporter. Jesouhaite aussi que les associations soutiennenttoutes nos actions en justice menées à l'encontrede ceux qui exercent sans en avoir le droit, ou lefont de façon illégale. De même, je souhaite quenous puissions évoquer tous les problèmes ren-contrés avec vos adhérents car je suis sûr que, laplupart du temps, nous pouvons les résoudre en enparlant. Je souhaite également que vous soyez vigi-lants quant à l'indépendance des audioprothésistesqui vous suivent, au service qu'ils vous offrent, aurespect de la déontologie.

Qu'est ce qui vous paraît très positifaujourd'hui dans l'audioprothèse ?

C'est de voir l'évolution du taux de satisfaction denos patients qui augmente en permanence grâce autravail des industriels, qui nous fournissent des pro-duits de plus en plus performants, et au nôtre, pourtoujours rechercher des nouvelles méthodologiesafin d'adapter au mieux ce matériel.

Le livre de Jeanne Guigo,“Je deviens sourd. Que faire ?”est toujours disponible au Bucodès et à Oreille et Vie.

On peut aussi s’adresser à l’association membre du Bucodès la plus proche.Prix : 10 euros plus 3 euros pour le port.

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21Octobre 2005 - Résonnances

"Des malentendants ??non j'en connais pas"

5,2 millions de personnes en France décla-rent présenter une déficience auditive(enquête Insee HID 1999). Mais souvent...elles le cachent (ou essaient) à leur entou-rage ; elles n'en ont pas vraiment conscien-ce ; enfin, la presbyacousie est fréquente...et peu prise au sérieux, cela paraît normalde ne pas entendre avec l'âge.

"Tu entends quand tu veux !""Tu ne fais pas d'efforts"

La malentendance a des formes trèsdiverses, ce qui déroute souvent les enten-dants. La perte d'audition d'une personneest rarement homogène sur tous les sons ;elle diffère souvent selon les fréquences(graves, aigus). Pour une même personneelle peut varier très sensiblement d'unmoment à l'autre selon l'état de fatigue del'oreille (après exposition au bruit parexemple), et de la personne. La compré-hension varie aussi selon l'interlocuteur(bien ou peu connu…).Tout cela n'est pasperceptible par les personnes extérieures,ni même parfois par le malentendant.

"Tu ne comprends rien,tu n'as pas mis ton appareil ?"

Porter un appareil auditif, ce n'est pascomme porter des lunettes... Porter unappareil de correction auditive, c'estnécessaire, ce n'est jamais suffisant : per-sonne ne retrouve ses oreilles de 20 ans ;les appareils proposent une amplificationbien adaptée à l'audition du patient,mais ilsne permettent pas, aujourd'hui, de corrigerce qu'on appelle les distorsions fréquen-tielles (l'oreille qui fonctionne mal vaconfondre des fréquences proches, parexemple I et U, S et F..) ni les distorsionstemporelles (phénomène de résonances,les sons se confondent…). Un malenten-dant appareillé reste un malentendant.

"T'as de la chancede ne pas entendre"

Le bruit agresse les personnes malenten-dantes davantage encore que les "bienentendantes". En effet, une oreille abîméene perçoit pas un son jusqu'à un certainseuil, mais au-delà de ce seuil, elle le per-çoit avec intensité ! Par ailleurs, dans uneoreille abîmée, les cellules sensorielles nejoueront pas le même rôle de protectionque dans une oreille normale face à unbruit violent.

"Oh tu sais on dit tellementde choses sans intérêt" ou"Je n'ai pas compris"et réponse : "ce n'est pas grave !"

Les malentendants adorent...qu'on choisis-se pour eux ce qui va les intéresser !!! lesel de la communication, ce sont souventdes petits mots de rien du tout,des petiteschoses "sans intérêt"...

"Un malentendant est un triste sire"

Exemple d'un repas : quelqu'un raconteune histoire drôle qui fait rire tout lemonde… sauf le malentendant ! C'est sou-vent justement cela qu'on va faire l'effortde lui répéter; mais une histoire répétée,"réchauffée" n'a plus de sens ni de charmepour un malentendant sommé de rire toutseul devant les autres...

"Il vaut mieux être sourd qu'aveugle"

Le mal-voyant perd le contact avec leschoses et l'espace. Le malentendant perdle contact avec les personnes. Qui peutdire ce qui est le plus grave ?? Qui a ledroit de le dire sauf à être à la fois sourdet aveugle ?? Comparer des souffrances n'aguère de sens ; c'est chacun, avec son his-toire personnelle, qui devra trouver lesmoyens de "mieux vivre" avec son handi-cap.

Communiquer Françoise Queruel et Catherine Sermage

Les malentendants en sept idées reçues…Petit glossaire ironique des remarques que nous "entendons" sou-vent... et nos réponses ! Pour une approche un peu "différente" de laproblématique de la malentendance, nous avions préparé ce textepour le dossier de presse du Congrès 2004 à PARIS. Il a été reprispar la revue "Etre" dans son numéro de septembre-octobre 2004.

Dessins tirés de l’affiche“Comment parler à un malen-

tendant”, Bucodes

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Il y a peu de mois, j'ai changé mon ACA (appareil decorrection auditive) et en ait essayé un nouveaudurant plusieurs semaines. L'ACA m'est aussi fami-lier que mes lunettes, tous deux sont les dernièreschoses que je dépose sur ma table de chevet, lespremières que je prends au réveil, à vrai dire sansbeaucoup de précautions (elles sont loin les pre-mières semaines d'appareillage où je refermais soi-gneusement mon appareil dans sa petite boite…).

Un matin de gros rhume, un peu abrutie, je ne voispas l'appareil sur la table de nuit. Je regarde bien,rien… je regarde par terre, autour, derrière, nonrien… sous le lit ??? Quelques découvertes inatten-dues, mais pas d'ACA. Je commence à m'énerver…je vide le tiroir, rien qui y ressemble… je secoue lacouette, retire tous les draps, retourne le matelas…je recommence tout… toujours rien !! La paniquemonte : cet appareil n'est pas à moi, pas encore

payé, évidemment pas assuré…. et il ne pourra pasêtre pris en charge deux fois la même année. Bon-jour la note ! Ensuite, comment passer la journéesans lui, avec mon travail et les rendez-vous prévus ?Je mettrais bien mon ancien ACA (retrouvé lui sansproblème) mais… je n'ai qu'un embout, qui est surle neuf ! Et enfin, est-ce que je deviens folle ?? Je suisbien persuadée que je l'ai déposé là hier soir, et queje n'ai encore rien fait ce matin !! (à part tout bou-leverser dans la chambre)… Ahhh…. Illumination… la poubelle ?!!! Au cours dela nuit, je me suis levée une minute… machinale-ment, à peine éveillée, j'ai ramassé à côté du lit leskleenex réquisitionnés par mon rhume… Et voilà,mon pauvre ACA, tombé dans les mouchoirs, quis'était trouvé entraîné avec eux !… ouf !En fait il (et moi !) a eu beaucoup de chance : ilaurait aussi bien pu finir jeté dans les toilettes…

22 Résonnances - Octobre 2005

Malentendance, l’aventure au quotidien

Décor : la fin d'un après-midi de juin dans le salond'honneur du Palais des Arts de Vannes. La caniculea bien voulu fléchir. La ventilation s'active. Lesfenêtres sont largement ouvertes. Pas de mouchepour asticoter le badaud. Calme rassurant pour lesdonneurs de sang présents, sollicités à grands fraismédiatiques !Des brochures ("servez-vous !") les informent"qu'un don du sang se décompose en quatrephases" : l'accueil, l'entretien médical, le prélève-ment et le temps de repos.Simple comme bonjour !- " Vous brrrzuiz ze brr brrr déjà venu ?- Pardon, pouvez-vous répéter car je suis malen-tendant et il y a une musique de fond qui étouffe lesvoix !- Vous brrrzuiz ze brr brrr ? C'est "mieux commeça" ? Cette musique évite que des indiscrets écou-tent vos réponses. Maintenant remplissez le ques-tionnaire SVP !"Quelques minutes d'attente plus tard : " Vous avezfini ? Vous brrrzuiz ze brr brrr entretien médical àdroite !- Vous brrrzuiz ze brr brrr dernière fois !- Pardon docteur, pouvez-vous répéter car je suismalentendant et ce fond sonore m'empêche d'en-tendre votre voix !- Vous brrrzuiz ze brr brrr (1) ? C'est mieux"comme ça" ? Nous mettons cette musique pourpréserver la confidentialité de vos réponses. Vous

êtes le quatrième ou cinquième à vous en plaindreaujourd'hui. Comprenez que ces conditions de tra-vail ne sont guère plus agréables pour nous !- Mais je veux simplement comprendre ce que vousme dites à travers ce brouhaha ! (Merci d'articuler!)Ne serait-il pas possible dans ces conditions derecevoir les déficients auditifs dans une pièce à part,ou d'installer un isoloir ?… - Vous brrrzuiz ze brr brrr (2) ! On n'en finirait plusd'étudier chaque cas ! Maintenant, si cet entretienne vous convient pas, j'arrête là ! Brrrzuiz ze brrbrrr votre problème ne me concerne pas. C'est àvous de le répercuter ! Brrrzuiz ze brr brrr, je doisavancer! A l'avenir, rendez-vous à l'hôpital, au centrede transfusion, où vous trouverez des locaux adap-tés " (à votre cas).No comment !

Les ACA à la poubelle ??!

Saignant !

Par Françoise Quéruel

Par Francis Découtter

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23Octobre 2005 - Résonnances

Courrier des lecteurs

On ne peut que se sentir proche de M. Roy etMmes Leguiller et Wable quand ils nous parlent avectellement de conviction de leur métier d'audiopro-thésiste. On ne peut qu'être d'accord avec eux pouraméliorer la formation et les règles de la profession.Cela correspond d'ailleurs tout à fait aux contactsbien sympathiques que nous avons localement avecles audioprothésistes.Il ne faut pas oublier cependant que le patient malen-tendant veut avant tout un matériel de qualité et desprix attractifs. Le consommateur souhaite une infor-mation honnête sur ces 2 points : qualité et prix. […].Je reste convaincu qu'en refusant d'évoluer dans leurspratiques commerciales (cf. le rapport et l'avis de laDGCCRF* en 2000), les cabinets d'audioprothèsesont pris le risque de se faire tous racheter par desentreprises telles Audika ou CCA-Amplifon.Tout aucontraire s'ils avaient acceptés il y a 6 ans d'être payésà la prestation pour l'adaptation et donc de faire desmarges moins importantes sur les ventes, leur posi-tion aujourd'hui serait beaucoup moins fragile...Les sociétés commerciales ne lâcheront pas leur mar-ché facilement et sauront orienter à leur avantage lesdécideurs politiques. La seule issue pour les malen-tendants les plus pauvres, incapables de payer de 1400à 1900A par prothèse auditive, sera la délivrance etl'adaptation des audioprothèses par les CHU (pris encharge à près de 100%, comme cela se fait pourd'autres prothèses)Il ne faut guère s'attendre à ce que les patients se bat-tent pour défendre les audioprothésistes :- ils nous inondent de mailings annonçant chaque foisla dernière prothèse qui va enfin permettre d'en-tendre dans le bruit,- ils font de la résistance pour afficher les prix et fairedes devis,- ils n'ont bien souvent pas de boucle magnétique enmarche dans leur salle d'attente, ni dans leur cabinetet ils refusent d'informer leurs clients sur la position T.- ils n'ont pas acceptés d'être supervisés par d'autresprofessionnels (par ex. par des centres indépendantsqui évalueraient les performances des patients qu'ilsont appareillés).Bien sympathiques mais… peuvent mieux faire, toutau moins collectivement.

Jacques SCHLOSSER,Aix en Provence*DGCCRF : Direction Générale de la Consommation, de la Concurrence et de laRépression des Fraudes.

Âgée de 83 ans, […] je viens de me faire appa-reiller pour la 6e fois... (et pour la 1ère fois en numé-rique). Je suis malentendante depuis ma jeunessesuite à des otites […].En 1958,puis 1959, je fus parmiles premières opérées de tympanoplastie à Rennes,avec un résultat remarquable. […] En 1970, suite àune intervention chirurgicale pulmonaire,on me fit dela streptomycine. Progressivement mon audition abaissé, le nerf auditif ayant été atteint.

Ce n'est qu'en 1984 […] que je me suis fait appa-reiller à Aix En Provence (nous habitions alors àManosque), d'abord d'un seul côté puis, en I995,des 2côtés. […] Tous les 5 ou 6 ans j'ai renouvelé mes pro-thèses régulièrement, toujours en analogique. Je les airenouvelées à Aix avant de quitter la région […] pourrevenir sur Rennes, en maison de Retraite. […] Ana-logique ? numérique ? il (l'audioprothésiste, ndlr) futincapable de me le dire exactement… "c'était un peuentre les deux" !!!!!

Vint cette année le temps de renouveler mes 2 pro-thèses. […] Connaissant aucun audioprothésiste àRennes, j'en ai vu 4, lesquels m'ont tous fait un devisavec des marques différentes, tous en numérique .[…] L'ORL m'en conseille un avec lequel j'avais euune très bonne relation lors de ma 1ère visite. Celui-cim'a conseillé un NUMERIQUE. (1588 euros chaque).Alors là,quel problème ! Il m'a fallu retourner chez luiau moins 5 ou 6 fois avant d'arriver à un réglagevalable et supportable ; qu'est-ce que j'en ai bavédurant ce temps. Je comprenais tout "haché" ou tout"métallisé", y compris ma propre voix. Sans compterune augmentation agressive de la puissance sonore.

Le moral en a eu un sacré coup car je ne voyais pascomment cela allait se terminer.Moi qui croyais bête-ment qu'avec le numérique... Quelle publicité men-songère ! l'ORL m'avait bien prévenu que j'aurais tou-jours du mal à comprendre, le nerf auditif ayant étéatteint par la streptomycine. L'audioprothésiste m'abien dit, lui aussi que ma courbe d'audition ne res-semblait pas à celle d'une personne âgée "normale"qui perd l'audition avec l'âge, etc... etc...

[…] Il m'a bien fallu 3 à 4 mois pour m'y habituer et,pour être sincère, je ne comprends pas mieuxqu'avant, mais pas plus mal heureusement qu' avecmes bons analogiques (que je n'ai jamais vouluremettre malgré mon envie) que je garde toujours ensecours.

Françoise AUFFAY, Rennes

L'appareillage auditif est une importante préoccupation pour lesmalentendants : les demandes d'information et les courriers qui arri-vent aux associations le manifestent. Le dossier du numéro 19 deRésonnances, "Les audioprothésistes et nous", ne pouvait que susci-ter des réactions. Deux abonnés ont fait part de leurs réflexions :vous pouvez lire ci-dessous l'essentiel de leurs propos.