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MANUEL DE GESTION DES PROGRAMMES SENSIBLES AUX CONFLITS Ambassade de Suisse en Tunisie Division Coopération Internationale

MANUEL DE GESTION DES PROGRAMMES SENSIBLES AUX …

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MANUEL DE GESTION DES PROGRAMMES

SENSIBLES AUX CONFLITS

Ambassade de Suisse en Tunisie

Division Coopération Internationale

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2

SOMMAIRE

INTRODUCTION ..............................................................................................................................................3

PARTIE I - CONFLIT, DE QUOI PARLE-T-ON? .................................................................................................5

PARTIE II - LA SENSIBILITE AU CONFLIT ......................................................................................................9

PARTIE III - LA SENSIBILITE AU CONFLIT DANS LE CYCLE DE PROJET .................................................... 14

CONCLUSION................................................................................................................................................ 27

GLOSSAIRE ................................................................................................................................................... 28

ABREVIATIONS ............................................................................................................................................ 29

ANNEXE……………………………………………………………………………………………………………………………………….. 30

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3

INTRODUCTION

Ce manuel est un outil d’aide à la gestion des projets et des programmes dans un

contexte conflictuel. Il est destiné aux responsables, experts et agents de terrain travaillant

au sein de programmes de la Division Coopération Internationale (DCI) de l’Ambassade de

Suisse en Tunisie.

Le manuel est organisé en 3 parties. La première partie vous permettra d'approcher la

notion de conflit sans préjugé et de comprendre qu’un conflit est un phénomène

fréquent qui caractérise la vie sociale. Quand il est compris et bien géré, le conflit peut

même avoir une fonction positive.

La deuxième partie du manuel expose l’importance de la gestion des programmes

sensibles aux conflits, ses principes majeurs et les risques encourus d’une mise en œuvre

d’un projet technique sans approche sensible au conflit.

La troisième partie aborde la sensibilité aux conflits dans les différentes phases du cycle

du projet. Elle invite le personnel de programme à porter un regard particulier sur

l'évolution des projets et programmes et à avoir une attitude de recul par

rapport aux tâches quotidiennes en vue d'identifier les interactions entre

le contexte conflictuel et les interventions et d’introduire les ajustements nécessaires.

L’approche Do No Harm (DNH) représente le minimum requis pour les projets de

la Coopération suisse. L’approche DNH garantit que les programmes de la Coopération

suisse évitent de provoquer/exacerber les effets de violences. Un programme aborde ce

minimum requis lorsque les principales questions du DNH sont régulièrement discutées

avec tous les partenaires concernés, puis rapportés. Les questions clés du DNH sont :

Est-ce que nos programmes renforcent les éléments qui divisent les groupes sociaux avec

lesquels nous travaillons ? Et faut-il soutenir les éléments qui les relient?

Page 4: MANUEL DE GESTION DES PROGRAMMES SENSIBLES AUX …

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CONFLIT,

DE QUOI PARLE-T-ON ?

Un conflit ou une situation conflictuelle est la constatation

d'une opposition entre personnes ou entités.

Le conflit est chargé d'émotions telles que la peur, la

colère et la frustration.

Les conflits sont des faits inévitables et parfois nécessaires

pour le changement.

La gestion de programmes sensibles au conflit, c'est plus

de clarté et non de travail !

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PARTIE I

CONFLIT, DE QUOI PARLE-T-ON ?

Un conflit peut être défini comme une interaction incompatible entre au moins deux

acteurs, dans laquelle le premier acteur subit un dommage ou un préjudice tandis que le

second produit ce dommage, intentionnellement ou non.

Un conflit peut résulter de plusieurs causes, parmi lesquelles :

La divergence de valeurs entre des parties prenantes, sur le plan du mode de vie,

de la culture ou de l’idéologie.

Le changement, qu’il soit social ou économique, qui modifie l’accès aux

ressources en mettant parfois une partie devant le risque de devoir renoncer à ses

avantages, perdre sa position de pouvoir ou même être dépossédé de ses biens.

Le manque d’information, qui peut générer une incompréhension des intérêts et

des besoins d’une partie prenante ou une mauvaise interprétation de ces intérêts.

Connaître la cause profonde d’un conflit est importante, soit pour le résoudre, soit

pour ne pas l’aggraver à travers l’intervention d’un projet.

Pour comprendre les causes d’un conflit, dessinez (en équipe) un arbre (voir Annexe

Outils d’analyse de conflit) et notez :

Sur les branches : les facteurs dynamiques du conflit, par ex. les grèves, les violences…

Sur le tronc : les manifestations du conflit, par ex. décision impopulaire de l’Etat,

expropriation de terres…

Sur les racines : les causes profondes, par ex. absence d’élection démocratique.

Discutez les liens existants entre les causes fondamentales du conflit et les facteurs

dynamiques.

Recherchez la façon de les influencer.

Page 6: MANUEL DE GESTION DES PROGRAMMES SENSIBLES AUX …

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Un conflit est naturel, normal et neutre (3 N)

C’est un phénomène naturel car la diversité (culturelle, raciale, religieuse,

éducationnelle, etc.) est naturelle et qu’elle entraîne spontanément des risques de

conflits.

C’est un phénomène normal car la diversité des personnes dans un groupe

quelconque (sur le lieu de travail, dans une équipe ou dans une région) rend

leurs besoins différents et pas forcément compatibles.

C’est un phénomène neutre car il n’est ni négatif ni positif. C’est plutôt la manière

de le gérer qui détermine son aboutissement.

Bien entendu, ces caractéristiques ne justifient pas l’inaction face au conflit, car celui-ci

risque l’escalade entre deux parties, allant du simple désaccord au durcissement des

positions jusqu’à la violence physique.

Les conflits peuvent aboutir à des dégâts, comme ils peuvent générer des opportunités.

C’est la façon de les percevoir qui aura un impact sur leur résolution. Une vision

conventionnelle percevra le conflit négativement, l’associant à : colère, désastre, peine,

peur. Tandis qu’une vision plus positive le percevra plutôt comme: renforçant, aidant,

stimulant, éclairant, enrichissant, faisant progresser.

Aspects

Problèmes

Conflits

Accès à l’eau potable Rareté de l’eau en zone

rurale.

Bagarre à la source

entre les femmes de

deux villages pour

avoir de l’eau.

Santé Les médicaments sont

trop chers au centre de

santé.

La population locale

accuse les travailleurs

du centre de santé de

vol car ils les font

payer les médicaments.

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Toutefois, afin d’éviter l’exagération, il est utile de faire la distinction entre un conflit et un

problème. Les exemples susmentionnés montrent que pour les mêmes aspects, les

manifestations d’un problème et d’un conflit sont différentes ; sachant qu'un conflit

engendre des problèmes multiples et qu’un problème, parfois mineur, peut déclencher

graduellement un conflit.

Comprendre un conflit, sa dynamique, ses manifestations et ses causes profondes se fait

préférablement en équipe, constituée des partenaires du projet et de compétences

pluridisciplinaires. De cette façon, l’analyse est plus complète et intègre plusieurs angles

de vues.

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LA SENSIBILITE AU CONFLIT

A Kasserine, l'eau est une ressource rare. Elle est non seulement vitale pour

l'économie rurale traditionnelle mais pour la survie des familles. Dans cette

région de la Tunisie, quand la gestion communautaire des infrastructures

hydrauliques devient défaillante, les paysans recourent à des moyens illégaux

pour s'approvisionner, surtout à travers des branchements illicites au réseau

d'eau potable. De pareilles situations créent des tensions entre les

groupements de développement responsables de la gestion de l'eau, les

communautés et l'administration.

Dans le cadre de ses projets de réhabilitation des systèmes d'eau potable

rurale, l'équipe du Programme Eau à Kasserine (PEK) a favorisé la création du

Comité de l'eau qui vise à réunir les divers protagonistes du secteur pour

discuter, suivre et évaluer des solutions durables pour la gestion de l'eau dans

la région.

A travers l'amorçage d'un pareil mécanisme de concertation multipartenaires, le

PEK vise la création d'une plateforme pérenne de participation et de résolution

de problèmes.

Page 9: MANUEL DE GESTION DES PROGRAMMES SENSIBLES AUX …

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PARTIE II

LA SENSIBILITE AU CONFLIT

Dans le contexte de transition démocratique que vit la Tunisie depuis la révolution de

2011, les risques d’émergence de conflits sont nombreux. Ce phénomène est normal : les

changements brusques dans les domaines de l’économie, de la société et de la politique

produisent des tensions entre les acteurs et à tous les niveaux. Lesquels acteurs cherchent,

spontanément, un meilleur positionnement et davantage d’accès aux décisions et aux

ressources.

Dans un pareil contexte, la conception et la mise en œuvre des projets et programmes de

la DCI se doivent d’accorder une attention particulière aux effets qu’ils produisent. C’est la

raison pour laquelle ces programmes sont efficaces quand ils sont gérés d’une façon

sensible aux conflits, c’est à dire quand leurs interventions contribuent à atténuer les

impacts des conflits et non à les aggraver.

Travailler dans un projet sensible aux conflits exige l’application de principes clefs, comme

la participation, le respect et le partenariat.

Principe 1 : Encourager la participation

Favoriser la participation des acteurs à toutes les étapes d’un projet (planification, mise en

œuvre et suivi-évaluation) offre de multiples avantages :

Elle facilite la communication entre les bénéficiaires, les promoteurs du projet et les

autorités ;

Elle permet de prendre les meilleures décisions d’une manière transparente ;

Elle offre un cadre de discussion et de négociation, dans lequel les acteurs peuvent

ouvertement exprimer leur satisfaction ou leur insatisfaction ;

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Elle permet l’inclusion des groupes sociaux marginalisés et évite d’exclure

d’éventuels acteurs aux besoins spécifiques.

La transparence est l’un des piliers de la bonne gouvernance.

La participation de tous les acteurs concernés directement ou indirectement par un projet

favorise la communication entre eux et permet d’instaurer un processus de décision

transparent.

A travers les mécanismes simples de participation (réunions, ateliers, accords et conventions

entre les acteurs, etc.), une plateforme de résolution des différends est créée.

Principe 2 : Agir avec respect

Dans la mise en œuvre d’un projet sensible aux conflits, le respect des acteurs ne signifie

pas seulement être ponctuel, dire ‘bonjour’ ou écouter attentivement les interlocuteurs.

Au-delà des règles d’éducation, il s’agit surtout de :

Reconnaître les problèmes spécifiques à chaque acteur et la manière dont ces

problèmes sont perçus, en évitant de les banaliser.

Comprendre et accepter la culture, les traditions et les coutumes propres à chaque

acteur, que ce soit un individu, un groupe social ou une institution. Par exemple,

accepter qu’une organisation puisse être le produit d’une longue histoire

bureaucratique et travaille de manière rigide, avec une prise de décision

hiérarchique et centralisée.

Principe 3 : Favoriser le partenariat

Dans un contexte de conflit, les messages véhiculés par les différentes organisations de

coopération, pouvoirs publics ou associations travaillant dans une même zone ou sur le

même domaine, risquent d’être involontairement contradictoires ou perçus comme tels

par les bénéficiaires. Les messages véhiculés ne sont pas uniquement ce que l’on dit ou

ce que l’on distribue comme documents. C’est aussi, la façon de se comporter, de

s’habiller, de parler et de gesticuler. Quand les messages sont contradictoires et

incohérents, des tensions apparaissent et ralentissent considérablement l’avancement vers

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les objectifs du projet. Pourtant, ces risques peuvent être évités facilement à travers les

activités de coordination entre les partenaires.

Le partenariat se développe grâce à la coordination entre les intervenants.

L’échange d’information, les actions communes, la recherche de complémentarité et de

synergie entre différents intervenants sont autant d’actions concrètes qui permettent à tous

d’être plus efficient et d’éviter la création de tensions dues à des incohérences ou

incompréhensions des messages.

Pour une équipe de projet, la sensibilité aux conflits signifie sa capacité à :

1 Comprendre le contexte

dans lequel l’équipe opère.

2 Comprendre l’interaction

entre les activités du

projet et le contexte.

3 Agir à la lumière de la

compréhension de

cette interaction.

Il existe deux approches dans la gestion des programmes sensibles aux conflits.

La gestion des programmes sensibles

aux conflits

« BASIQUE »

La gestion des programmes sensibles

aux conflits

« GLOBALE »

L’approche basique est destinée aux

équipes de projets qui travaillent dans le

conflit sans pour autant avoir l’objectif de

le résoudre.

L’approche globale est destinée aux

équipes de projets qui travaillent sur le

conflit, donc qui cherchent à trouver des

solutions et résoudre ce conflit.

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Dans ce cas, l’objectif de l’équipe du projet

est de soutenir les facteurs qui peuvent

promouvoir la paix sociale et mettre en

œuvre les activités du projet sans

exacerber les conflits existants.

Dans ce cas, l’objectif de l’équipe du projet

est d’agir sur les conflits afin de réduire

leurs effets négatifs et de les

transformer positivement.

Par exemple, le Programme Eau à

Kasserine (PEK) vise à améliorer l’accès des

communautés rurales à l’eau potable en

quantité et en qualité acceptables. Bien

qu’il existe des conflits autour d'une

ressource rare comme l'eau, le PEK ne

cherche pas à agir directement pour

résoudre ces conflits car ce n’est pas son

objectif. Cependant, en réhabilitant des

systèmes d’eau potable, le PEK cherchera à

renforcer la cohésion sociale chez les

bénéficiaires et fera attention à ce que ses

activités ne créent ou n’amplifient pas

d’éventuels conflits.

Par exemple, un projet de protection des

réfugiés cherchera directement à intervenir

sur les conflits possibles d'accès aux

ressources entre les bénéficiaires de la

protection (réfugiés) et les populations

locales. Pour ce faire, le projet pourra agir

comme médiateur entre la population

autochtone et les réfugiés, en mettant en

place une plateforme de consultation ou

en apportant une compensation aux

acteurs locaux.

Et si je ne suis pas sensible aux conflits ?

L’expérience montre que travailler dans un projet sans accorder de l’importance au

contexte conflictuel dans lequel il intervient entraîne des risques divers, principalement :

La mise en danger du personnel de la DCI, des consultants, des partenaires et/ou

des bénéficiaires.

Le gaspillage des ressources et du temps dans la gestion des problèmes

additionnels dus à un défaut de sensibilité.

L’échec du projet ou du programme qui rate ses objectifs.

Dans un contexte de conflit, travailler dans un projet sans être sensible aux conflits, c’est comme

conduire une voiture dans un rallye sans ceinture de sécurité. Vous prenez des risques

démesurés, même si vous êtes un excellent pilote !

D’ailleurs, remarquez que les meilleurs pilotes mettent toujours leurs ceintures de sécurité, n’est

ce pas ?

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LA SENSIBILITE AU CONFLIT

DANS LE CYCLE DE PROJET

A Djebba, dans le Nord de la Tunisie, le Projet d'accès aux marchés

des produits agroalimentaires de terroir (PAMPAT), mis en œuvre

par l'ONUDI sur financement de la Coopération suisse a contribué à

l'amélioration de chaîne de valeur de la figue en tant que produit de

terroir, entre autre en instaurant une appellation d'origine contrôlée.

Grâce à une approche participative impliquant tous les partenaires,

le projet a pu améliorer la gouvernance de la filière en stimulant la

productivité et en diversifiant la production par la transformation

des fruits. Les bénéficiaires en tirent aujourd'hui profit en appliquant

des prix de vente plus élevés grâce à l'accès à un marché haut de

gamme et cela leur permet d'améliorer leur revenu agricole.

Aujourd'hui, le défi du projet est de concilier une demande

croissante en eau d'irrigation qui émane des agriculteurs désireux

d’intensifier la production et l'équilibre nécessaire au maintien

d'une qualité acceptable du produit.

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PARTIE III

LA SENSIBILITE AU CONFLIT DANS LE CYCLE DE PROJET

Les projets sont gérés selon des phases, que l’on appelle cycles de projet. Ainsi,

qu’ils soient de grande dimension (comme la construction d’une station d’épuration des

eaux usées d’une localité de 10'000 habitants) ou de petite dimension (par exemple la

réhabilitation d’un réseau d’eau potable pour 40 familles), tous les projets passent

normalement par des cycles identiques.

Quelle que soit votre fonction, votre rôle et votre responsabilité dans le projet, vous êtes appelés

constamment à porter les lunettes ‘sensibilité aux conflits’.

MAIS EGALEMENT

Quelle que soit la phase actuelle de votre projet, vous êtes appelés constamment à porter

les lunettes ‘sensibilité aux conflits’.

Les étapes du cycle d’un projet sont globalement définies comme suit :

- L’analyse du contexte

- La conception du projet (planification)

- La mise en œuvre

- Le suivi-évaluation

- La sortie (clôture).

Au sein de la DCI, le personnel contribue, directement ou indirectement, à toutes les

phases du projet. Néanmoins, les responsabilités sont plus ou moins importantes selon

que le projet/programme soit mis en œuvre par un partenaire gouvernemental, une ONG

(internationale, nationale ou locale) ou par une agence multilatérale, ou encore qu'il soit

en gestion directe en coopération avec des partenaires locaux et/ou nationaux. Dans tous

les cas, le personnel est appelé à intervenir en intégrant la sensibilité aux conflits dans

Page 15: MANUEL DE GESTION DES PROGRAMMES SENSIBLES AUX …

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son travail. Les fiches ci-dessous vous donnent un aperçu sur les aspects à considérer

dans chaque phase d’un projet à partir d’une position sensible aux conflits.

Bien entendu, ces fiches ne visent pas à vous enseigner à planifier un projet ni à assurer

le suivi ou réaliser une évaluation. Elles sont en quelque sorte des "lunettes" vous

permettant de travailler en considération du contexte de conflit dans lequel votre projet

devrait se réaliser.

Dans la dernière partie de ce manuel, une approche pragmatique vous sera exposée en

vue de vous faciliter le pilotage de votre projet avec un regard particulièrement sensible

au conflit : le Do No Harm. Cette approche peut être appliquée dans toutes les phases du

projet.

1. ANALYSE DU CONTEXTE

Comment faire

l’analyse ?

L’analyse du contexte peut concerner une zone

géographique, une communauté ou un ensemble

d’institutions. Dans tous les cas, il faudra délimiter les

frontières du projet. Un outil pertinent pour délimiter le

projet est la carte des acteurs (voir Annexe Outils d’analyse

de conflit). Cet outil permet de définir :

- les acteurs clefs (groupes cibles, bénéficiaires

et partenaires, sans qui le projet ne pourra pas

réussir) ;

- les acteurs primaires, qui sont généralement des

partenaires désirant contribuer à la réalisation du

projet ou des bénéficiaires indirects;

- les acteurs secondaires, qui peuvent être affectés par

le projet, soit positivement soit négativement. Dans

ce dernier cas, ils risquent de devenir des ‘Veto

players’ c’est à dire des opposants potentiels au

projet et il sera inévitable de considérer leurs

intérêts.

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La collecte d’informations sur le contexte de conflit peut se

faire par diverses techniques : enquêtes, groupes de

discussion (ou Focus Groups), entretiens individuels avec

des personnes ressources ou recherche documentaire.

Une combinaison de ces techniques est souvent nécessaire

et garantit une meilleure compréhension du contexte.

Voir en Annexe Outils d’analyse de conflit, un exemple simplifié d'une carte des acteurs autour des projets d'eau

potable à Kasserine.

Qui doit mener

l’analyse ?

L’analyse du contexte et des conflits potentiels ou existants

implique idéalement toute l’équipe du projet. Celle-ci peut

être appuyée par des consultants externes et fera de sorte

à impliquer dans l’analyse quelques partenaires clefs.

Pour mener à bien l’analyse du contexte de conflit, l’équipe

du projet devrait :

- Connaître la culture locale et l’histoire de la zone

d’intervention ou des institutions bénéficiaires.

- Avoir été formée à la sensibilité des conflits ou

du moins pratiqué quelques techniques d'analyse.

- Maîtriser quelques outils d'analyse, tels l'arbre du

conflit et la carte des acteurs (exemples en Annexe

Outils d’analyse de conflit).

A quel niveau effectuer

l’analyse ?

Le niveau d’analyse du contexte de conflit dépend de la

dimension du projet, mais pas seulement. Elle peut se faire

au niveau national (macro-analyse) ou au niveau local

(micro-analyse).

Par exemple, un projet visant l’amélioration du cadre

juridique de protection des migrants nécessite une analyse

au niveau national. Par contre, un projet de création d’un

club de citoyenneté à Médenine nécessite une analyse au

niveau local.

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17

Parfois, même s’il semble que le projet se

mette en œuvre essentiellement au niveau local, une

approche trop étroite risque de passer à côté d’éléments

de conflits, liés à la nature des partenaires (organisme avec

des représentations locales mais où les décisions se

prennent au niveau central).

Qui impliquer dans

l’analyse ?

Les membres de la communauté appartenant à différentes

couches de la population, les organisations locales, les

associations, etc. doivent être impliqués dans les analyses.

Cette approche participative garantit le recoupement des

informations et la diversité des opinions collectées.

L’analyse sera ainsi plus fiable.

Lorsque les parties prenantes d’un projet sont impliquées

dans l’analyse du contexte de conflits, elles sont mieux

préparées à le comprendre et à s’engager dans sa

résolution.

L’implication des parties prenantes dans l’analyse ne doit

pas se limiter à leur soutirer des informations. Il s’agira

plutôt de les inviter à exprimer leurs points de vue, leurs

interprétations et surtout à proposer des solutions et des

alternatives aux conflits identifiés.

L’analyse est-elle

sensible aux conflits ?

La sensibilité aux conflits implique que l’analyse du

contexte soit également sensible aux conflits. Il y a lieu

alors d’appliquer les principes de sensibilité depuis la

collecte de données, à travers :

- L’implication dans l’analyse d’un maximum de

personnes concernées par le projet ;

- L’assurance que les personnes impliquées soient

représentatives des différentes parties ;

- La garantie que le personnel qui mène l’analyse soit

impartial et ne défend aucune partie au conflit ;

- La garantie d’un environnement sécurisé pour aborder

les question sensibles ;

Page 18: MANUEL DE GESTION DES PROGRAMMES SENSIBLES AUX …

18

- Le partage des résultats de l’analyse avec les personnes

interrogées et celles ayant contribué à cette analyse ;

- Le nouement de relations avec les membres de la

communauté ou des institutions et la mise en place des

structures d’analyse et de résolution des conflits, surtout

dans le cas d'un projet qui cherche à résoudre un conflit.

2. LA CONCEPTION DU PROJET

Quel est l’impact du

projet sur les diviseurs

et les connecteurs ?

Étudier l’impact d’un projet revient à analyser les influences

de chacun de ses aspects sur les facteurs générateurs de

conflits (« diviseurs ») et les éléments qui, au contraire,

rassemblent (« connecteurs »). A ce niveau, Il y a lieu de

déterminer :

- Les probables gagnants et les perdants si le projet est

mis en œuvre ;

- Les probables bénéficiaires indirects qui risquent

d'exacerber un conflit (partis politiques, groupes

dominants, organisations spécifiques, etc.) ;

- Les opportunités qui se présentent et qui pourraient

renforcer les connecteurs.

Doit-on envisager des

options de

reprogrammation ?

Si l’étude de l’impact du projet sur les diviseurs et les

connecteurs révèle une possibilité d’aggravation des

diviseurs, il y a lieu de réfléchir sur la réorientation de ce

projet afin de réduire ou d’éliminer ses impacts négatifs.

Aussi, s’il s’avère que des connecteurs ont été omis, le

projet doit être révisé afin de les intégrer. Ainsi les options

sa capacité à résoudre les conflits ou à les atténuer.

Page 19: MANUEL DE GESTION DES PROGRAMMES SENSIBLES AUX …

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Une fois le projet

révisé, doit-on tester

encore les options

retenues ?

Absolument ! Une fois les options du projet optimisées, il y

a lieu de refaire l’analyse de ses impacts, tels que révisés,

sur les diviseurs et les connecteurs.

Comment intégrer la

sensibilité au conflit

dans le cadre logique

du projet ?

C’est la rubrique "hypothèses et risques" qui forme

l’endroit adéquat pour indiquer les points où un projet peut

avoir une interaction sur un conflit existant. Elle inclut les

risques liés au projet ainsi que ceux liés aux interactions

entre le projet et les conflits. Il y a lieu d’indiquer dans

cette section les activités qu’il est possible de mener de

façon à réduire les risques d’interactions négatives et

d’augmenter les interactions positives.

Lorsque cette partie intègre les questions liées à

l’interaction entre le projet et le contexte conflictuel, cela

témoigne qu’un travail de réflexion sur la sensibilité aux

conflits a été mené.

Comment intégrer la

sensibilité au conflit

dans le plan d'activités

du projet ?

Une fois les risques identifiés, il devient nécessaire de

prévoir des activités complémentaires pour les atténuer ou

les effacer. Souvent, ces activités ne sont pas directement

liées à l'objectif du projet mais sont obligatoires pour ne

pas créer de nouveaux problèmes en essayant d'en

résoudre d'autres.

A titre d'exemple, un projet d'irrigation va intensifier la

production agricole, demandant de plus en plus de main-

d'œuvre dans une zone rurale. Le risque étant que les

irrigants se mettent à exploiter les femmes et même les

enfants. Quelques activités seront alors utiles pour éviter

ce genre de développement. Par exemple, appuyer la

création d'une association de femmes pour défendre leur

droit à un salaire juste et à des conditions de travail

décentes, ou développer un programme de sensibilisation

des irrigants au respect du droit de travail.

Page 20: MANUEL DE GESTION DES PROGRAMMES SENSIBLES AUX …

20

Comment intégrer la

sensibilité au conflit

dans le budget du

projet ?

Introduire la sensibilité aux conflits dans un projet entraîne

un coût. Il est donc important d’intégrer la sensibilité dans

le budget dès la phase de conception du projet. Ces coûts

sont liés entre autres aux éléments suivants :

- Budget pour réaliser l'analyse approfondie du contexte ;

- Budget pour mettre à jour cette analyse ;

- Budget pour réviser cette analyse dans le cadre du suivi ;

- Budget pour renforcer les capacités du personnel du

projet en sensibilité aux conflits ;

- Budget pour faire du monitoring participatif et des

réflexions régulières avec les bénéficiaires (communautés

ou institutions) ;

- Budget pour les mécanismes de feedback et reddition de

compte

- Eventuellement budget pour un consultant expert en

CSPM.

3. LA MISE EN ŒUVRE DU PROJET

Que faire lors de la

phase de démarrage

du projet ?

Il est important de profiter de la phase de démarrage pour

tester les hypothèses élaborées lors de la conception, c'est

à dire vérifier si les risques identifiés sont bien réels et si

les effets prévisibles du projet sont fort probables. C’est

alors le moment opportun pour faire les ajustements avant

le démarrage effectif des activités. A ce niveau, il serait

intéressant d’agir à travers des consultations participatives.

Comment recruter le

personnel en étant

sensible aux conflits ?

Si vous avez la responsabilité de recruter le staff du projet

(toutes fonctions confondues), surtout si le recrutement se

fait dans la localité où le projet intervient, il faudra veiller à

Page 21: MANUEL DE GESTION DES PROGRAMMES SENSIBLES AUX …

21

ne pas exclure certaines catégories sociales ou procéder au

recrutement avec favoritisme. Recruter un staff local qui

représente la diversité de la zone ou de la localité véhicule

un message d'impartialité et d'équité et démontre à la

communauté ou aux institutions que des personnes de

différentes appartenances peuvent collaborer ensemble.

L’expérience a montré qu’une formation du staff et des

partenaires sur la sensibilité aux conflits ou du moins sur

l'approche Do No Harm, aboutit à une meilleure qualité de

mise en œuvre du projet. Cette formation permet au

personnel d’identifier les conflits dans leur contexte

d’intervention et de comprendre leur lien et impact sur le

projet.

Devrait-on être

sensible aux conflits

dans nos relations avec

les autorités et les

partenaires étatiques ?

Le projet doit veiller à ce que le financement des activités

n'exacerbe pas d'éventuels problèmes de corruption ou de

régionalisme et devient une source de conflits. Aussi, le

projet ne doit pas être orienté par les pouvoirs publics vers

une seule région ou une seule partie au détriment d'autres

et sans arguments transparents. Dans ce cas, des solutions

pour limiter ce risque devraient être trouvées.

La sensibilité aux

conflits est-elle liée à la

sécurité du personnel ?

Dans certaines situations conflictuelles, le personnel du

projet peut courir des risques (violence verbale ou

physique, agression, chantage et même prise d'otage). La

garantie de la sécurité du personnel est donc une question

de première importance.

La sécurité du personnel du projet lui incombe en premier

lieu. Ainsi, en dépit des instructions de sécurité à respecter

et des formations dont le personnel bénéficie, la sensibilité

aux conflits exige que le personnel soit attentif et prudent.

Page 22: MANUEL DE GESTION DES PROGRAMMES SENSIBLES AUX …

22

4. LE SUIVI & EVALUATION

Comment assurer un

suivi & évaluation

sensibles aux conflits ?

Pour garantir que le suivi-évaluation soit sensible aux

conflits, il faut :

Consulter, en plus des bénéficiaires, les parties

non ciblées par le projet, afin d’avoir une

vision élargie du contexte et de ses liens avec le

projet ;

Réaliser la mise en place d’un mécanisme de

feedback et de réponse aux plaintes des personnes

consultées durant la mise en œuvre des activités,

étant donné que la reddition de compte est l’un des

principes de base de la sensibilité aux conflits. A

défaut, ces personnes seraient réticentes à coopérer

par la suite ;

Réviser les risques et hypothèses du cadre logique et

de la proposition de projet pour éviter les omissions ;

Veiller à mettre à jour l’analyse des conflits via des

moyens informels. Réellement, il serait pratique et

intéressant de ne pas attendre les dates fixées pour les

études de contexte, et d’avoir une idée de la situation à

travers des moyens informels, tels que les discussions et

les observations directes.

Comment rester

sensible aux conflits

dans un contexte qui

change ?

Des fois, les zones d’intervention sont très fragiles. Ainsi,

un contexte conflictuel peut varier en un laps de temps

très court. Les causes sont nombreuses : un évènement

politique par exemple ou la construction d’une route. Ceci

rend inévitable l’actualisation de l'analyse du contexte

conflictuel car celui-ci n’est pas statique.

Page 23: MANUEL DE GESTION DES PROGRAMMES SENSIBLES AUX …

23

Ainsi, certains indicateurs mesurent par exemple le nombre

de conflits liés au projet, alors que d’autres mesurent la

perception, par les personnes, les conflits liés au projet.

En plus de l’étude du contexte au début de projet, il ya lieu

d’assurer la mise à jour de l’analyse du contexte de pouvoir,

de conflits, des diviseurs et des connecteurs, ainsi que le

lien entre le projet et le "nouveau" contexte, et ce afin

d’assurer tout au long du projet que l’intervention demeure

sensible aux conflits.

La mise à jour de l’analyse du contexte doit être faite

parallèlement aux phases d’évaluation du projet : au début,

en cours et à la fin du projet. Cependant, la sensibilité aux

conflits exige une certaine flexibilité. Par conséquent, s’il y

a une évolution importante du contexte, il serait approprié

de collecter des informations spécifiques, indépendamment

des échéances prévues.

D’une manière générale, il existe des indicateurs classiques

et des indicateurs spécifiques au contexte. Ces indicateurs

servent à spécifier les changements dans le contexte et le

rythme d’évolution, par exemple :

la fréquence d’incidents violents entre des individus

ou des groupes déterminés, sur une période de

temps précise,

la fréquence des négociations entre les parties en

conflit.

Le Monitoring régulier des changements susceptibles

d’influencer le développement réalisé périodiquement par la

DCI (« MERV ») constitue un outil pertinent pour suivre les

changements qui interviennent dans un contexte particulier.

En plus de l’étude du contexte, le suivi doit tenir compte

des changements du lien entre le contexte conflictuel et le

projet. Il est donc nécessaire d’assurer un suivi des impacts

mutuels entre le contexte et l’intervention.

A ce niveau, il y a lieu d’utiliser des indicateurs

d’interaction. Il s’agit d’un mélange d’indicateurs objectifs

et subjectifs.

Comment suivre le lien

Entre le contexte

conflictuel et les effets

du projets ?

Page 24: MANUEL DE GESTION DES PROGRAMMES SENSIBLES AUX …

24

5. LA STRATEGIE DE SORTIE

Dans un contexte de

conflits, quand est ce

que la stratégie de

sortie doit-elle être

préparée ?

La sortie du projet se prépare au préalable, dès la phase de

conception, en développant plusieurs stratégies possibles.

Ces stratégies sont révisées par la suite compte tenu de

l’évolution de la situation conflictuelle, et quand la fin du

projet approche, la stratégie la plus adéquate est retenue.

Par exemple : le transfert du projet à un partenaire crédible

et fiable dans la communauté et qui aurait était soutenu

tout au long du projet.

Doit-on communiquer

la stratégie de sortie ?

D'une manière générale, la communication est une variable

nécessaire pour la sortie du projet. Elle doit dépasser les

bénéficiaires et le personnel pour s’élargir aux autorités,

aux institutions partenaires et à toute la communauté.

L'objectif étant de toujours préserver et jusqu’à la dernière

étape, la sensibilité aux conflits. L’objectif étant d’amener

les partenaires et les bénéficiaires à l’acceptation de la fin

du projet. D’ailleurs, lors des discussions menées tout au

long du projet, il est possible de recueillir des informations

qui pourraient exprimer la peur, les craintes et les risques

perçus par la population vis-à-vis de la clôture du projet et

d'en tenir compte dans la communication des messages

que le projet véhicule.

Page 25: MANUEL DE GESTION DES PROGRAMMES SENSIBLES AUX …

25

La sensibilité au conflit dans le cycle de projet

Révisez votre

stratégie de sortie

pendant toutes les

phases

Consultez avec les

partenaires et

communiquez la

stratégie de sortie

Impliquez les acteurs clefs

dans l’analyse

Elaborez une carte des acteurs

Décidez du niveau d’analyse

(macro, méso, micro)

Discutez de la stratégie de

sortie avec tous les partenaires

Phase 1: Analyse du

contexte

Identifiez les probables effets du

projet sur les groupes sociaux

Décidez s’il faut modifier l’un des

aspects du projet

Consignez les risques sur le cadre

logique

Planifiez de nouvelles activités

pour atténuer les risques

Réajustez votre budget

Phase 5: Sortie

Un projet sensible au conflit

Phase 2: Conception

du projet

Phase 4: Suivi &

Evaluation

Phase 3: Mise en oeuvre

Consultez les groupes non ciblés par le projet

Mettez à jour votre analyse du contexte

Mesurez l’interaction entre le contexte et le projet

Vérifiez les hypothèses des risques identifiés

Recrutez le personnel avec transparence

Veillez à ce que les investissements soient équitables et transparents

Veillez à la sécurité du personneltravaillant dans le contexte de conflit

Page 26: MANUEL DE GESTION DES PROGRAMMES SENSIBLES AUX …

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Dans la localité de Ouled Heddaya à Kasserine, le Programme Eau à Kasserine (PEK) compte réhabiliter

le réseau d'eau potable

défaillant depuis quelques années. Plusieurs paysans se sont branchés illicitement sur le réseau pour

irriguer une quarantaine d'hectares de terres. Normalement, la réhabilitation du système devrait priver

les irrigants de l'accès à l'eau.

Toutefois, une pareille mesure suppose le risque que ces derniers s'opposeront directement ou

indirectement au projet et seront les premiers à le saboter.

Le Do No Harm a permis de trouver une solution en réajustant l'étude technique, surtout que le

débit du forage est suffisant pour l'eau potable et pour l'irrigation. L'irrigation ne pouvant se faire

avec de l'eau javellisée, le système de javellisation a été juste modifié pour être installé à côté du

bassin d'eau potable et non à la sortie du forage permettant ainsi au bassin d'eau d'irrigation de

collecter l'eau non javellisée. Ainsi, les irrigants ne subiront pas les effets négatifs de l'intervention.

Le coût de ce réajustement a été seulement de 600 DT.

Page 27: MANUEL DE GESTION DES PROGRAMMES SENSIBLES AUX …

27

CONCLUSION

La gestion de programmes sensible aux conflits (GPSC) permet une plus grande clarté sur l'évolution des programmes et projets et offre plus d'opportunités pour

atteindre les objectifs et satisfaire les groupes cibles.

Intégrée systématiquement dans la gestion des programmes, la sensibilité au conflit ouvre

de nouvelles perspectives au développement, non seulement en garantissant la réussite

des programmes, mais aussi en permettant des transformations positives de la société qui

se développe d'une façon exponentielle en multipliant les effets positifs recherchés.

Les conflits font partie de la réalité. Ils sont inévitables ! Leur issue dépend moins de leurs

causes profondes, qui restent difficiles à déchiffrer et à résoudre, que de la façon de les

gérer et de les transformer.

Aujourd'hui, la Tunisie vit une transition historique vers une société démocratique et

moderne. Les enjeux et les défis sont importants et les conflits font partie du jeu ! Les

comprendre, les analyser et les transformer relève d'un esprit alerte plutôt que de

simples techniques figées dans des manuels.

Ce guide dédié au personnel de programmes de la DCI tend à déranger les idées

plutôt qu'à inculquer une méthode, afin que vous soyez des agents actifs de la Tunisie en

devenir.

C'est l'une des raisons clefs qui ont motivé son élaboration.

Page 28: MANUEL DE GESTION DES PROGRAMMES SENSIBLES AUX …

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GLOSSAIRE Conflit Un conflit peut être défini comme une interaction incompatible entre

au moins deux acteurs dans laquelle le premier acteur subit un

dommage ou un préjudice tandis que le deuxième produit ce

dommage intentionnellement ou non.

Connecteurs Les "connecteurs" sont des éléments qui relient les gens ou les

institutions et renforcent leur rapport.

Diviseurs Les "diviseurs" sont les facteurs qui créent les tensions et les conflits entre

les gens ou les institutions et les poussent à s'opposer.

Do No Harm L’approche Do No Harm (DNH) représente le minimum requis pour

tous les projets de la Coopération suisse, il s’agit de la gestion des

programmes sensibles aux conflits. La DNH garantit que les programmes

de la Coopération suisse évitent de provoquer/exacerber les effets de

violences. Un programme de la Coopération suisse aborde ce

minimum requis lorsque les principales questions de la DNH sont

régulièrement discutées avec tous les partenaires concernés et puis

rapportés. Les questions clés de la DNH sont: Nos programmes

renforcent-ils les éléments qui divisent les groupes sociaux avec lesquels

nous travaillons ? Et faut-il soutenir les éléments qui les relient ?

Gestion de

programme

sensible

aux conflits

La gestion des programmes sensible aux conflits (GPSC) est une procédure

destinée à ancrer la perspective conflit dans les programmes de la

Coopération suisse. La GPSC attire l’attention sur une question centrale: tel

programme contribue-t-il à la prévention de la violence et à la

transformation pacifique d’un conflit ou l’aggrave-t-il?

Sensibilité au

conflit

La sensibilité au conflit est l'ensemble des efforts, méthodes et

outils pour travailler dans un contexte de programme de la Coopération

suisse peuvent potentiellement avoir, négativement ou positivement, un

effet sur les conflits et réagir en conséquence pour réduire les risques non

intentionnels d’escalade et contribuer à réduire les conflits.

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ABREVIATIONS DCI Division Coopération Internationale de l'Ambassade Suisse en Tunisie

DNH Do No Harm

GPSC Gestion de Programmes Sensible aux Conflits

MERV « Monitoring Entwicklungsrelevanter Veränderungen » , monitoring

régulier des changements susceptibles d’influencer le développement

ONUDI Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel

PEK Programme Eau Kasserine

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ANNEXE : OUTILS D’ANALYSE DE CONFLIT (EXEMPLES)

Ci-dessous, un exemple de cartographie des acteurs et un exemple d’arbre du conflit. D’autres exemples sont

donnés dans le document de la DDC, Tipsheet : K:\_SDC\85 Programmes\859 Divers\859 Projects\852.2 Eco

Dev\General\Fragile states\CSPM\SDC outil analyse conflit.pdf

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Publié par Ambassade de Suisse en Tunisie

Division Coopération Internationale 14 Rue de l'Ile d'Elba 1053 Les Berges du Lac II, Tunis - Tunisie Tél: +216 71 19 71 61

Auteur Mourad Turki

Equipe de projet Barbara Dätwyler, Danielle Meuwly Monteleone, Nejla Ghachem

Contribution

Photos

Mourad Zougar, Chef du bureau DCI Kasserine

Mahfoudh Menjli, Responsable Programme Eau Kasserine

Pablo Leiva, ONUDI (pages 4 et 13)

Equipe PEK, Kasserine (pages 8 et 26)

Date d'édition Février 2015