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A l’intention des formateurs au Sénégal 1 PARTENARIAT SODEFITEX /BAMTAARE – TEEKANNE - GIZ/PRODDEL MANUEL DE FORMATION SUR LE BISSAP (Hibiscus sabdariffa) A l’intention des formateurs au Sénégal

Manuel formation Bissap - virgilles.files.wordpress.com · 1 LE BISSAP AU SENEGAL ET SES UTILISATIONS 5 ... la réalisation d’une production suffisante aux normes standards de qualité,

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A l’intention des formateurs au Sénégal 1

 

 

 

 

PARTENARIAT SODEFITEX /BAMTAARE – TEEKANNE - GIZ/PRODDEL

MANUEL DE FORMATIONSUR LE BISSAP

(Hibiscus sabdariffa)

A l’intention des formateurs au Sénégal

Manuel de Formation sur le Bissap (Hibiscus sabdariffa)2

Mentions légales

Editeur :Programme sénégalo-allemand d’Appui à la Décentralisation et au développement Local (PRODDEL)Dakar/Kaolack/Fatick/KaffrineSénégal

Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbHEschborn/Bonn/Allemagne

Responsable:Rolf LinkConseiller Technique Principal du PRODDEL

Auteur – Rédaction :Goule Gueye (BAMTAARE / SODEFITEX)Djibril Diop (PRODDEL)Peter Hofmann (Teekanne GmbH & Co. KG)

Lieu et année de publication : Dakar, 2012

A l’intention des formateurs au Sénégal 3

SOMMAIRE

1 LE BISSAP AU SENEGAL ET SES UTILISATIONS 5

1.1 Introduction et généralités 5

1.2 Utilisations du bissap 5

2 - LE MARCHE DU BISSAP AU SENEGAL 6

3 - LES RESULTATS ECONOMIQUES 7

4 - LA CULTURE DU BISSAP AU SENEGAL 7

4.1 Le choix de la variété 8

4.2 Le choix du sol 8

4.3 Piquetage : 9

4.4 La fumure organique 9

4.5 Préparation du sol : 10

4.6 Semis : 10

4.6.1 Semis mécanique 104.6.2 Semis manuel 10

4.7 Le resemis 11

4.8 L’épandage NPK (Azote (N) Phosphore (P) et Potassium (K)) 11

4.9 Sarclobinage : 11

4.10 Démariage 12

4.11 Epandage Urée 12

4.12 Parasitisme et traitement phytosanitaire 13

4.13 Récolte 13

4.14 Techniques de Séchage, de Triage et de Conditionnement 14

4.14.1 Le séchage 144.14.2 Triage : 174.14.3 Le conditionnement 17

4.15 La démarche qualité 19

5 - LA MULTIPLICATION DE SEMENCES 19

5.1 Origine des semences à multiplier 20

5.2 Le choix du terrain de multiplication. 20

5.3 L’entretien 21

5.4 La récolte 21

5.5 Conditionnement de la semence et stockage 21

Manuel de Formation sur le Bissap (Hibiscus sabdariffa)4

A qui s’adresse ce guide ?

Ce présent manuel édité par la GIZ/PRODDEL en partenariat avec la SODEFITEX /BAMTAARE et TEEKANNE (fabriquant de thé basée en Allemagne) est un outil destiné à la formation des productrices et producteurs de Bissap dans les régions de Kaolack, Kaffrine et Fatick, zones d’intervention de GIZ/PRODDEL. Il vise, à doter les encadreurs des groupements de producteurs d’outils nécessaires, pour accompagner dans le cadre d’un partenariat public privé, la réalisation d’une production suffisante aux normes standards de qualité, prêt à intégrer le circuit des producteurs européens.

Il est structuré en cinq grands chapitres. Les trois premiers chapitres parlent de l’utilisation du Bissap au Sénégal dans sa globalité, des prix pratiqués sur le marché et présentent une simulation de compte d’exploitation prévisionnel du Bissap en culture intensive. Les deux derniers chapitres insistent sur les spécificités techniques allant de la sélection des semences jusqu’au conditionnement de la production en passant par les différentes étapes de la récolte.

A l’intention des formateurs au Sénégal 5

1 - LE BISSAP AU SÉNÉGAL ET SES UTILISATIONS

1.1 Introduction et généralités

Le Bissap ou oseille de Guinée (Hibiscus sabdariffa) est un légume de type africain dont la culture est en pleine expansion. Il est de la famille des malvacées qu’il par-tage avec le coton et le gombo.

Une pluviométrie de 600 à 800 mm bien répartie dans le temps convient mieux au bissap. Le Bissap est résistant à la sécheresse en raison de son système racinaire pivotant qui lui permet d’explorer les couches profondes du sol en cas d’arrêt des pluies.

Le bissap pousse aussi bien dans les sols sablonneux (dior) du nord du Sénégal que dans ceux du sud (deck dior). La culture préfère les sols bien drainés et meubles. Il est intolérant aux sols engorgés.

Le bissap s’accommode à des sols pauvres mais donne de meilleurs résultats en sols humides et fertiles (sols riches en matières organiques et en éléments nutritifs).

1.2 Utilisations du bissap

Il y a deux types botaniques de bissap caractérisés par la couleur des calices ;

• Un type rouge qui est le plus apprécié pour les infusions, jus, confi tures, gelées, etc. ;

• Un type blanc (ou vert) cultivé pour les calices et les feuilles utilisées dans la préparation des sauces.

Le type rouge qui fait l’objet d’importants échanges comporte 2 variétés au Séné-gal : le Vimto et le Koor qui sont essentiellement cultivés pour leurs calices (pour faire des jus riches en vitamine C) et font l’objet d’un commerce fl orissant. Le Vimto est la variété demandée par l’industrie du thé et par les pays d’importation de Bissap grâce à ses propriétés de goût et de couleur.

   

Bissap rougeBissap blanc

Manuel de Formation sur le Bissap (Hibiscus sabdariffa)6

2 - LE MARCHÉ DU BISSAP AU SÉNÉGAL

Le Bissap est une culture traditionnelle pratiquée généralement pour l’autoconsommation ou à la vente locale (dans les villages, dans les loumas, dans les marchés urbains)

L’essentiel de la production est achetée par les Bana-bana après la récolte et le séchage (janvier, février) qui les revendent dans les marchés urbains. Les exportateurs achètent au niveau de ces banas-banas ou envoient leurs agents directement au niveau des produc-teurs.

Les prix pratiqués varient suivant les régions et les périodes de commercialisation. Les uni-tés de mesure sont la « bassine » ou le « pot de tomate grand modèle»

La bassine pleine avec dôme fait 4 kg environ de calices secs ; Il est vendu entre 1.500 et 3.000 francs soit 375 à 750 francs le kg à la période des récoltes (prix indicatifs basés sur l’expérience du marché 2010-2011).

L’ouverture du marché bissap vers l’exportation est récente. Mais il prend de plus en plus de l’importance. Les plus grands importateurs de bissap restent les Etats Unis et l’Allemagne.

Au Sénégal, l’exportation varie énormément d’une année à l’autre en raison du manque d’homogénéité du produit et de l’existence de concurrents extérieurs. Les régions les plus productrices de bissap sont les régions de Louga, de Thiès, de Fatick et de Kaolack.

A l’intention des formateurs au Sénégal 7

3 - LES RESULTATS ECONOMIQUES

Au Sénégal, le bissap a un potentiel de production qui varie entre 500 et 700 kg/ha en culture intensive. Dans cette hypothèse basse (400 kg/ha), avec un prix au producteur 600 F CFA par kg, la marge nette à l’hectare est de 216 500 FCFA sans valorisation des travaux d’entretien et 151 500 FCFA le cas échéant (tableau1).

Tableau 1 : Compte d’exploitation prévisionnel du bissap en culture intensive

Désignation Unités Quantitécout unitaire

FCFACoût total

FCFA

Intrants et matériel 85 000

Semences kg 4 1 000 4 000

NPK kg 200 250 50 000

UREE kg 100 200 20 000

Insecticide (exceptionnellement) litre 4 1 000 4 000

Sacs vides unité 35 200 7 000

Travaux d’entretien 83 500

Nettoyage ha 1 2 000 2 000

Préparation du sol ha 1 2 000 2 000

Epandage NPK(Azote (N) Phosphore (P) et Potassium (K)) ha 1 2 000 2 000

Semis ha 1 6 000 6 000

Sarclage mécanique ha 1 6 000 6 000

1er sarclage manuel ha 1 8 000 8 000

2ème sarclage manuel ha 1 5 000 5 000

Récolte et décaliçage kg 500 50 25 000

Séchage kg 500 25 12 500

Ensachage kg 500 10 5 000

Transport kg 500 20 10 000

Total charges 168 500

Total Produits kg 500 600 300 000

Marge à l’ha 131 500

Marge hors main d’oeuvre 216 500

4 - LA CULTURE DU BISSAP AU SENEGAL

Il ne suffi t pas d’appliquer une quantité importante d’intrants pour obtenir une bonne pro-duction. Faudrait-il encore savoir quand et comment appliquer ces intrants et dans quelles conditions leur utilisation par la plante est optimale.

Manuel de Formation sur le Bissap (Hibiscus sabdariffa)8

4.1 Le choix de la variété

Pour choisir une variété, il faut tenir compte :

• du potentiel de rendement. Ce potentiel s’exprime différemment suivant les condi-tions dans lesquelles la plante est soumise. Le potentiel de rendement est de 500 kg / ha pour la variété « Koor » et de 700 kg / ha pour le « Vimto ;

• de la résistance de la variété à la sécheresse ;

• de la résistance de la variété à certaines maladies ;

• de son cycle : le cycle moyen des variétés locales est de 120 jours ;

• des objectifs de production (calices, feuilles...) ;

• des exigences du marché (des consommateurs).

4.2 Le choix du sol

Le sol est le support et le garde-manger de la plante. Son choix est déterminant dans la réussite de la culture. Le bissap n’est pas exigent en sols ; il réussit aussi bien dans les sols sablonneux du nord que ceux argilo-sableux du sud du Sénégal.

Cependant on évitera les sols engorgés d’eau. Le Bissap n’aime pas « les pieds dans l’eau ».

Eviter les champs en voisinage des cultures traitées avec des produits phytosanitaires telles que le coton, la tomate etc. Cela présente des risques de contamination du bissap par le vent.

A l’intention des formateurs au Sénégal 9

4.3 Piquetage :

Le piquetage permet à l’agriculteur de connaître la superfi cie de son exploitation et d’appli-quer correctement les doses d’intrants prévues. Il se fait par ¼ d’hectares :

Pour cela, on utilise une corde de 50 mètres.

50 m

X 3m

X 4m

50 m 100 m

25 m

1/4 ha

1/4 ha

Pour avoir des mesures correctes, il est indispensable d’avoir des angles droits. Les angles droits peuvent être obtenus de plusieurs façons dont celle qui consiste à appliquer le théorème de Pythagore.

4.4 La fumure organique

Le bissap est une culture qui répond bien à la fumure organique. En plus des éléments fertilisants qu’il donne à la plante, le fumier permet :

• l’ameublissement du sol ;

• l’augmentation de la vie microbienne dans le sol ;

• une bonne capacité d’échanges (meilleure utilisation par la plante de l’engrais épandu) ;

• une bonne capacité de rétention de l’eau du sol.

Le fumier est épandu à la dose de 8 à 16 tonnes à l’hectare suivant la nature des sols, soit 2 à 4 tonnes par ¼ d’hectare (corde). L’épandage est renouvelé tous les 3 ou 4 ans. Lorsque le fumier est utilisé à cette dose, on peut réduire de moitié la dose de l’engrais NPK (Azote (N) Phosphore (P) et Potassium (K)).

Le fumier est épandu au champ en petits tas. A la première pluie utile, il est étalé de façon homogène et recouvert par un labour.

Manuel de Formation sur le Bissap (Hibiscus sabdariffa)10

4.5 Préparation du sol

La préparation du sol doit donc permettre l’ameublissement des couches les plus pro-fondes possibles.

En sol léger et sablonneux, un grattage croisé de 10 à 15 cm est recommandé.

En sol lourd et argileux, un labour (au tracteur) de 20 à 25 cm de profondeur permet une bonne infiltration de l’eau et un bon développement racinaire et par conséquent une bonne alimentation de la plante.

L’épandage du NPK peut se faire au moment de la préparation du sol (voir 4.8.: épandage NPK)

4.6 Semis

4.6.1 Semis mécanique

La dose de semences est de 3 à 4 kg à l’hectare. Les semences doivent être traitées avec des insecticides et fongicides pour contrôler les fontes de semis et les attaques précoces de chenilles défoliatrices et d’insectes piqueurs suceurs.

Le semis est effectué avec un disque de 8 trous (disque de sorgho).

L’écartement recommandé entre les lignes est alors de 80 cm ; l’écartement sur la ligne est de 40 cm.

Si l’écartement entre les lignes est réduit à 70 cm, l’écartement entre poquets sur la ligne peut être augmenté jusqu’à 45 cm pour obtenir le même niveau de densité.

La profondeur de semis doit se situer entre 2 et 3 cm. Au delà, des difficultés de germina-tion peuvent survenir.

Les dates de semis dépendent de l’installation de l’hivernage et de la production envisagée : toute l’année pour la production de feuilles et juin – juillet pour la production de calices

4.6.2 Semis manuel

Certains producteurs de bissap ne disposent pas de semoir pour effectuer les semis. Ils doivent alors effectuer des semis manuels. Pour cela, ils doivent disposer d’une corde de 50 mètres pour semer un quart d’hectare. Deux personnes tendent la corde dans le sens A B. La corde est ensuite posée sur le sol. A l’aide d’une daba, l’une des 2 personnes ouvre des poquets distants de 40 cm tout le long de la corde. La profondeur des poquets est de 2 à 3 cm environ.

Dans chaque poquet, on enterre 3 grains. L’opération se poursuit jusqu’à la limite du champ matérialisée par la ligne D C.

A l’intention des formateurs au Sénégal 11

A40 cm

80 c

m

B

D

Corde à semis

C

4.7 - Le resemis

Il est indispensable de procéder à des resemis en cas de faible levée (pour obtenir la densité optimale). Les faibles levées peuvent être dues à :

• une mauvaise germination ;

• des fontes de semis ;

• des attaques précoces.

Les resemis se font au plus tard au 10ème jour après levée. Lorsque le resemis se fait tard, les plants issus des derniers semis sont gênés dans leur croissance par les premiers plants.

4.8 - L’épandage Azote (N) Phosphore (P) et Potassium (K))

Le NPK doit être épandu au moment de la préparation du sol à raison de 200 kg / ha. Il est recouvert par un labour ou un grattage croisé.

Mais en raison des risques liés à la fonte des semis, aux attaques de jeunes plants, à l’abandon consécutif à un enherbement excessif, les agriculteurs cherchent à minimiser les risques; ils ne veulent épandre le NPK qu’à un certain niveau de croissance de la plante.

Dans ce cas, il est proposé d’épandre le NPK après levée et en le fractionnant comme suit:

• 100 kg/ha à 10 jours après levée recouvert par un sarclo-binage

• 100 kg /ha à 25 jours après levée. Ce deuxième épandage doit être couplé avec le 1er épandage de l’urée.

4.9 - Sarclobinage

Les parcelles doivent être maintenues propres pendant tout le cycle de la plante par des sarclages. Le 1er sarclage doit intervenir juste après la phase « germination-levée ». C’est à ce premier sarclage que se fait le démariage. Les sarclo-binages suivants sont réalisés à la demande ou pour recouvrir les engrais épandus.

Manuel de Formation sur le Bissap (Hibiscus sabdariffa)12

4.10 - Démariage

Le démariage est nécessaire quelque soit le mode de semis. Il convient donc de démarier en laissant un seul plant par poquet. On doit avoir un écartement de 80 cm x 40 cm ou un écartement de 70 cm x 45 cm.

Les feuilles de plants supprimés peuvent être utilisées comme épinard.

 

      40 cm                      40 cm                40 cm                  40 cm 

      40 cm                      40 cm                40 cm                  40 cm 

80 cm 

4.11 Epandage Urée

La dose recommandée est de 100 kg /ha et l’épandage doit être fractionné.

• Le 1er épandage doit intervenir en même temps que le 2ème épandage de NPK soit 25 jours après levée. On apporte alors 50 kg/ha ;

• Le 2ème épandage doit intervenir au stade bouton floral (70 jours après levée). On apporte alors les 50 kg/ha complémentaires.

NB : JAL = Nombre de jours après levée

1er JAL 10 JAL 25 JAL 70 JAL

- 100 kg NPK - 100 kg NPK - 50 kg Urée - 50 kg Urée

A l’intention des formateurs au Sénégal 13

4.12 Parasitisme et traitement phytosanitaire

Régulièrement, le bissap est résistant contre les attaques des insectes. Mais il peut être attaqué occasionnellement par les mêmes parasites que le coton et le Gombo qui sont tous de la même famille Les parasites les plus fréquents sont l’altise (Niostrata sp) qui est un coléoptère de petite taille qui perfore les feuilles, la cétoine, les jassides, les nématodes (Meloidogyne sp), etc.

Chute de feuilles Niostrata sp

On rencontre également des maladies cryptogamiques dont le flétrissement dû au Fusa-rium sp et le blanc (Oïdium abelmoschi) provoquent la pourriture des feuilles et leur chute.

La méthode de traitement G.I.P.D : « Gestion Intégrée de la Production et des Dépré-dateurs.» peut être utilisée. C’est un système de traitement qui cherche à promouvoir l’utilisation des moyens de lutte non chimiques (utilisation des bio-pesticides, techniques culturales...). L’utilisation de pesticides chimiques est un ultime recours. S’il s’avère néces-saire, on peut utiliser le diméthoate, l’acephate, deltamétrine, le lamda cyalothrine contre les chenilles, les jassides et les cétoines. Contre les nématodes, il est recommandé d’utiliser du carbofuran. Le souffre peut être utilisé pour le contrôle du blanc. Concernant le flétris-sement, l’utilisation de cultivars résistants est recommandée. Toute application doit se faire seulement après consultation et autorisation des agents. Dans tous les cas, il y a un risque de contaminations dépassant les valeurs limites de l’U.E.

4.13 Récolte

La récolte du bissap se fait lorsque les calices sont mûrs. Sur le bissap, la maturation des capsules ne se fait pas en même temps. Les capsules des rameaux inférieurs et médians mûrissent les premiers. C’est pourquoi la récolte doit être étagée.

Traditionnellement les femmes récoltent le bissap en coupant la plante à la base de la tige. Ceci constitue une perte énorme car les capsules supérieures seront coupées alors qu’elles ne sont pas arrivées à maturité.

Manuel de Formation sur le Bissap (Hibiscus sabdariffa)14

Lors de la recolte et lors du décaliçage, il est très important que les conditions hygiéniques soient respectées. Tout contact des calices avec le sol est à éviter ! Si les calices sont recoltés au champ, ils sont à mettre dans des sacs propres. Le décaliçage doit se faire sur des bâches bien propres.

La récolte et la séparation des calices et de leurs capsules doivent intervenir le même jour.

D’habitude, la séparation des calices se fait en arrachant avec la main ou en écorchant avec un couteau dont on faisait passer le tranchant tout autour du réceptacle.

Actuellement pour la séparation des calices de leurs capsules, il est recommandé un outil appelé « écorcheuse à calices ». C’est un tube inoxydable d’une longueur de 30 cm envi-ron, avec des crans à l’intérieur. Son utilisation permet de garder le calice entier (photo 3).

L’écorcheuse à calices

Le récolteur doit disposer de deux sacs en bandoulière (ou deux paniers) pour permettre d’effectuer le triage à la récolte.

Dans le 1er sac, le récolteur met les capsules saines et entières ; le deuxième sac contiendra les capsules attaquées, dénaturées ou décolorées. Ce triage doit permettre d’avoir dans le premier sac (panier) des calices de qualité impeccable

Lorsque le triage n’est pas réalisé à la récolte, il doit être fait au moment du décaliçage (séparation des calices de la capsule).

Après la récolte, les calices doivent être séchés.

4.14 Techniques de Séchage, de Triage et de Conditionnement

4.14.1 Le séchage

Au moment de la récolte, le calice est encore humide. Il ne peut être conservé à cet état aux risques de pourriture ou de moisissures. Il doit être séché.

A l’intention des formateurs au Sénégal 15

Le séchage est l’une des étapes les plus importantes pour la préservation de la qualité des calices. Il ne faut jamais poser les calices directement au sol ! Il faut les sécher soit sur des séchoirs au-dessus du sol, soit sur des bâches bien propres et surveillés ! Chaque contact avec sol, sable, poussière, fumée, animaux ou dechets d’animaux est à éviter. C’est pour-quoi les dispositions suivantes doivent être prises :

• Faire un pré séchage au soleil pendant 1 ou 2 jours ;

• Sécher sous un abri dès le 3ème jour ;

• Sécher en hauteur pour éviter la pollution par la poussière ou par le sable ou par les animaux en divagation (poules, chiens, chèvres, etc.)

• Sécher loin des points de souillure (toilettes, fosses sceptiques, bergerie...) ;

• Eviter des endroits exposés à la rosée ;

• Etre vigilant avec les pluies parasites ;

• Ne pas ajouter la récolte de 2 ou 3 jours dans une même aire de séchage ;

• Retourner souvent le produit à sécher pour avoir un séchage homogène. Le faire avec des mains propres ;

• Ne pas avoir une forte épaisseur de calices à sécher c’est pourquoi l’aire de séchage doit être grande.

Le séchoir traditionnel à base de matériaux locaux

Manuel de Formation sur le Bissap (Hibiscus sabdariffa)16

Modèle de séchoir amélioré(vue de dessus)

Modèle de séchoir amélioré (vue de dessous)

Deux types de séchoir peuvent être utilisés :

Le séchoir à base de matériaux locaux.

Il est constitué d’un panneau de bambous ou de pailles tressées suspendu par 6 piquets de 1, 25 m de hauteur. La longueur du panneau est de 3,5 mètres et la largeur 2 mètres. Le panneau est recouvert d’une bâche cousue à partir de sacs en PP.

L’avantage de ce séchoir c’est son accessibilité par les producteurs car tous les matériaux sont à la portée des producteurs.

L’inconvénient c’est le manque d’aération par le bas qui allonge la durée du séchage. Ensuite, l’utilisation de ce type de séchoir nécessite de remuer chaque jour pour éviter le développement de moisissures sur les calices frais qui sont en contact avec la bâche.

Impuretés trouvées dans des containers de bissap

A l’intention des formateurs au Sénégal 17

Le séchoir amélioré.

Le séchoir amélioré est constitué d’un cadre en bois de 3 mètres de longueur et de 2 mètres de largeur. Une charnière permet de plier le séchoir dans le sens de la longueur.

Sur le cadre est fi xé deux grillages:

Le premier grillage situé en bas est métallique avec des mailles de plus de 2 mm de dia-mètre; le choix de la matière métallique s’explique par le fait que le support doit être résis-tant pour ne pas céder au poids des calices frais.

Le deuxième grillage, constitué de matière plastique, a des mailles plus petites (1mm de diamètre) ; le choix de la matière s’explique par le fait que le contact entre le métal et les calices frais, risque de créer des phénomènes d’oxydation (rouille).

L’avantage de ce séchoir est la bonne aération qu’il permet par le bas.

L’inconvénient c’est le coût relativement élevé pour les agriculteurs à faibles revenus.

Après séchage, il faut vérifi er si les calices sont bien secs.

4.14.2 Triage :

Après le séchage et avant le conditionnement, il faut faire un triage soigné afi n d’enle-ver toutes les impuretés tels que dechets d’animaux, plumes, pierres, pièces métalliques, coquilles d’arachides, etc.

Le triage doit se faire soit sur des tables, soit sur des bâches bien propres. Il faut tout mettre en œuvre pour éviter que le bissap soit contaminé par des impuretés à l’image de la photo 9.

4.14.3 Le conditionnement

Après séchage, le bissap doit être conditionné dans des sacs neufs. On évitera d’utiliser les sacs récupérés ou de seconde main.

Les sacs à maille sont préférables aux autres sacs pour permettre une bonne aération du produit.

Manuel de Formation sur le Bissap (Hibiscus sabdariffa)18

Au moment de l’ensachage, éviter de forcer sinon on casse les calices entiers. Eviter aussi toute contamination avec des impuretés.

Après l’ensachage, les sacs sont entreposés sous abri dans un endroit aéré. Les sacs ne doivent pas être posés à même le sol. Ils doivent être posés sur des fardages en bois pour permettre à l’air de circuler au dessous des sacs.

Les calices ne doivent être mis dans des sachets plastiques que lorsqu’ils sont complète-ment secs.

Dans tous les cas, on doit stocker le bissap sec dans un endroit ne permettant pas la ré-humidification.

Autres points importants pour le stockage :

• l’aération ;

• un endroit bien fermé pour protéger les sacs ;

• sacs bien labellisés pour éviter des confusions ;

• éviter tout contact avec la fumée ;

• éviter tout contact avec les animaux ;

• éviter toutes contaminations avec des produits phytosanitaires et autres produits toxiques (p.ex. traitement des haricots à coté du bissap, application de mort-aux-rats, stockage de produits phytosanitaires à coté etc.)

Le Bissap marchand doit être propre ; il doit avoir une bonne saveur et une bonne odeur.

A l’intention des formateurs au Sénégal 19

4.15 La démarche qualité

• La demande en calice pour l’exportation est très forte ;

• Il y a beaucoup de pays exportateurs de Bissap (Egypte, Soudan, Burkina Faso...). Le marché du bissap est donc un marché concurrentiel et beaucoup de pays com-mencent à s’y intéresser. Le potentiel existe pour le Sénégal seulement si on arrive à produir une qualité répondant aux normes strictes des pays importateurs de bissap (l’U.E., les Etats Unis...) ;

• Les pays importateurs de bissap sont très exigeants en qualité car la législation et les critères de qualité sont très stricts ;

• Si notre Bissap n’est pas de bonne qualité, les exportateurs nous tournent le dos au profi t de nos concurrents ou nous proposent des prix peu rémunérateurs.

• Nous devons donc nous efforcer à présenter le meilleur Bissap possible. Pour cela, il faut :

- De la semence pure non mélangée ;

- Des calices mûrs et secs ;

- Une récolte pure sans corps étrangers (sable, feuilles, dechets d’animaux, plumes, pierres, pièces métalliques etc.) ;

- Un système de séchage qui permet de préserver les qualités du bissap : la récolte doit être bien séchée sur une surface surélevée; les calices ne doivent pas être moisis ;

- Les emballages doivent être propres et attrayants. On évitera d’utiliser les sacs d’engrais vides qui ont été déjà utilisés ;

- Des sacs d’oignon neufs non encore utilisés ;

- La couleur ne doit pas être altérée.

Tous les producteurs doivent se mobiliser pour obtenir la meilleure qualité possible afi n de booster les exportations et d’accroître de façon substantielle leurs revenus.

5 - LA MULTIPLICATION DE SEMENCES

Les semences de bissap disponibles dans le marché sont en général constituées de mélange de plusieurs variétés. Or, l’utilisation de semences pures est une condition indispensable pour obtenir une bonne productivité mais également pour avoir un produit de qualité pou-vant répondre aux exigences des consommateurs.

La production de semences consiste à multiplier le matériel végétal à différents niveaux de génération à partir des semences de pré-base.

La conduite d’un champ de multiplication est soumise à certaines règles que le multiplica-teur est tenu de respecter.

Manuel de Formation sur le Bissap (Hibiscus sabdariffa)20

5.1 - Origine des semences à multiplier

Les semences à multiplier doivent provenir de services ou de multiplicateurs agréés. Chaque emballage ou lot de semences doit être muni d’un certificat ou d’une vignette délivrée par le service habilité dans lequel sont indiquées :

• Le niveau : pré-base, base, certifié R1, certifié R2

• La variété ;

• Le calibre ;

• Le numéro du lot ;

• La faculté germinative ;

• La date de production;

• La pureté spécifique ;

• Le poids ;

5.2 Le choix du terrain de multiplication.

- La parcelle de multiplication doit être accessible durant toute la période de culture pour faciliter les inspections des services compétents.

- La parcelle doit répondre aux exigences de la culture du bissap pour obtenir une bonne production saine.

- De préférence, le précèdent cultural ne doit pas être du bissap.

- Si le précèdent cultural est du bissap, il doit être de la même variété que le bissap à multiplier.

- Le bissap étant autogame, la parcelle de multiplication du bissap doit être éloignée d’au moins 20 mètres des parcelles de variétés différentes.

A l’intention des formateurs au Sénégal 21

5.3 L’entretien

- Le champ doit être maintenu propre par des sarclages pendant toute la durée du cycle

- Au moment des sarclages, il doit être procédé à des épurations variétales qui consistent à éliminer toutes les variétés autres que celles à multiplier. Il est donc important de connaître la morphologie des plantules des différentes variétés.

- Des traitements phytosanitaires doivent être réalisés en vue d’obtenir des semences saines.

5.4 La récolte

La récolte est effectuée lorsque les grains de bissap sont mûrs. La maturité est reconnais-sable par le début de déhiscence de la capsule.

Pendant la récolte, le producteur doit éviter toutes les possibilités de contamination de la semence (par les équipements ou par l’utilisation de sacs usés ou de seconde main).

Les sacs utilisés à la récolte doivent être de préférence tout neufs.

Les semences récoltées doivent être séchées dans des endroits éloignés des autres variétés.

5.5 Conditionnement de la semence et stockage

Après séchage, la production est pesée, des échantillons sont pesés et des prélèvements sont effectués pour déterminer la pureté spécifi que et la faculté germinative.

Le traitement avec des insecticides ou fongicides est effectué. Les semences sont condi-tionnées dans des sacs et l’emballage doit porter entre autres, le numéro du lot, l’identifi -cation de la variété et l’année de production; les semences sont par la suite stockées dans des magasins qui ne doivent contenir que les semences de la même variété.

Manuel de Formation sur le Bissap (Hibiscus sabdariffa)22

A l’intention des formateurs au Sénégal 23

 

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