" MARTIAL "

MAQUIS DE LA VIENNE

DU MÊME AUTEUR :

« ESSAI SUR LA NOTION DE VoiE DE FAIT EN DROIT ADMI-

NISTRATIF FRANÇAIS » (Thèse Poitiers 1937. Paris Sirey 1938 avec une préface du professeur WALINE).

« LA FORMATION TERRITORIALE DU DÉPARTEMENT DE LA

HAUTE-VIENNE 1789, au X » (Librairie Générale de Droit el de Jurisprudence, 20, rue Soufflot, Paris, 1942).

EN PRÉPARATION

L'ÉTERNELLE JUSTICE POLITIQUE (Etude doctrinale et his- torique).

LE POSITIVISME RÉALISTE ou LE PROGRÈS DU DROIT.

Tous droits de reproduction réservés par l'auteur.

EUGÈNE DESGRANGES Professeur Agrégé des Facultés de Droit

Capitaine des F. F. 1.

" MARTIAL "

MAQUIS DE LA VIENNE

POITIERS. - IMP. L'UNIÔN

Voici, un peuple vient du septemtrion. Une grande nation et des rois puissants Se lèvent des extrémités de la terre ; ils portent l'arc et le javelot Ils sont cruels sans miséricorde Leur voix mugit comme la mer Ils sont montés sur des chevaux Prêts à combattre comme un seul homme.

(Jérémie L - 41 - 42).

A insi parle l'Éternel, Voici, je fais lever contre Babylone Un vent destructeur. Qu'on tende l'arc contre celui qui tend son arc. Contre celui qui est fier de sa cuirasse. N'épargnes pas ses jeunes hommes ! Exterminez toute son armée ! Fortifies les postes, placez des gardes, Dresses des embuscades.

(Jérémie L - 3 - 12).

Soudain Babylone tombe, elle est brisée. L'Éternel manifeste la justice de notre. cause. Venez et racontons dans Sion L' œuvre de l'Éternel, notre Dieu. Les guerriers de Babylone sont pris. Leurs arcs sont brisés, Car l'Éternel est un Dieu qui rend à chacun selon ses

[ oeuv res,] Qui paie à chacun son salaire.

(Jérémie LI - 8 - 10 - 56).

LUCIEN LIORET MARTIAL »

CHEF DE CAMP

AVANT PROPOS

Un « maquisard » de plus vient présenter au public le récit de la vie et des actions d'un groupe F. F. I.

Et le lecteur de penser : encore une justification, en- core des prouesses dignes des plus glorieux combattants, encore le récit des combats libérateurs, encore une pyg- mée devenu géant et seul patriote.

Nullement. Le récit que l'on va lire n'est pas une jus- tification. Ce n'est pas davantage l'éloge des actes du groupe Martial, maquis A. S. de la Vienne. Ce n'est pas non plus la critique des actions d'un groupe maquis quelconque. C'est tout simplement le récit des opérations du Groupe Martial que l'auteur a entrepris dans le but de laisser à ses camarades un souvenir des journées qu'ils vécurent ensemble. Après tout, bien des soldats ont écrit la narration d'une période imprévue et peu ordinaire de leur vie. Assimilons donc cet écrit (si l'on tient à tout prix aux formules) au genre récit de guerre.

Était-ce bien utile ? Depuis six ans que la libération du territoire est ache-

vée, la Résistance est à l'honneur ou décriée. Pure réac- tion du patriotisme, elle est devenue le mot magique qui absoud, la purificatrice des pensées et des actes, le sé- same qui ouvre les portes secrètes. Pour d'autres, au

contraire, elle est l'époque douteuse des appétits et des vengeances, l'heure qui était inutile, et qui est venue s'a- jouter comme un mal supplémentaire aux plaies françai- ses que la victoire alliée aurait guéries sans le secours de cet adjuvant.

Il en est de la Résistance comme de bien d'autres mou- vements de l'histoire. Ligne de partage des sentiments et des actes, elle reste et restera une ligne de clivage de l'opinion française pour longtemps encore.

Dans ce duel tragique, il ne m'appartient pas, en ce court récit, de prendre parti. Laissons nos fils et petits- fils juger la question quand ils auront en mains les élé- ments décantés et criblés par le temps.

Cependant, c'est un devoir, pour l'auteur, de faire part au public des sentiments qui l'animent. Le genre du ré- cit ne lui permettant pas de prendre la parole sinon dans les cas spéciaux, je crois loyal de dire, ici, les opinions qui sont miennes. Que faites-vous, dira-t-on, du prudent conseil de La Bruyère : « Il faut chercher à penser et parler juste .sans vouloir amener les autres à notre part et à nos sentiments. C'est une trop grande entreprise ». Je dirais que, précisément, je me suis efforcé de penser et de parler juste, mais que je n'ai pas voulu amener les autres à partager ces pensées.

Ce qui est le plus caractéristique dans le Maquis est qu'il fût un mouvement du sentiment national. Ce fût

la traduction d'un .sentiment profond que toute la propa- gande allemande cherchait à détruire par tous les procé- dés dont l'homme sait si bien se servir : mensonge, ap- pât du gain, peur, amour du calme. Ce sentiment est celui de la Patrie. Et la faute capitale, la faute psycho- logique qui ne pardonne pas, du Gouvernement qui a dirigé les affaires métropolitaines de 1942 à 1944, est d'avoir méconnu la survivance du culte patriotique que bien des apparences, pourtant, permettaient de croire éteint.

On a beaucoup parlé du « double jeu » pratiqué par certains gouvernements de cette époque. Il me semble, cependant, qu'en admettant même qu'il y eût double jeu, la conscience populaire ne pouvait pas s'y associer, soit parce qu'il était trop subtil, soit, surtout, parce que les apparences du jeu heurtaient son âme. Le maquis est la réaction ultime de ce peuple « mobile, contradictoire, incertain » (1), mais resté patriote et, comme toutes les réactions finales du peuple, celle-ci fut insurrectionnelle.

L'avalanche victorieuse que le Centre, l'Ouest et le Midi de la France ont bien senti au cours du printemps et de l'été 1944, il fallait la prévoir. Le Général de Gaulle l'avait prévue : « Rien n'est perdu parce que cette guerre est une guerre mondiale. Dans l'univers libre, des for- ces immenses n'ont pas encore donné. Un jour, ces forces

(1) Charles de GAULLE « Vers l'Armée de métier ».

TABLE DES MATIÈRES

Pages. AVANT-PROPOS 7 I. — Départ 13

II. — Camps et combats 22 III. — Poitiers 65 IV. — Vers l'Ouest 75 Etats-Annexes. 85

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