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Le Magazine bimestriel de l’actualité Agricole Agronomique et Agroalimentaire Martiniquaise. Martinique Agricole Un prototype pour traiter les plantations” Mai/Juillet 2011- N° 3 ISSN : 2114-9003 3€ « La banane restera toujours un élément structurant de l'agriculture » La filière de diversification animale Martiniquaise BANANE:

Martinique Agricole N°3 - Juillet 2011

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Agriculture en Martinique

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Page 1: Martinique Agricole N°3 - Juillet 2011

Le Magazine bimestriel de l’actualité Agricole Agronomique et Agroalimentaire Martiniquaise.Martinique

AgricoleUn prototype pour traiter les plantations”

Mai/Juillet 2011- N° 3 ISSN: 2114-9003 3€

« La banane restera toujours un élément structurant de l'agriculture »

La filière de diversification animale Martiniquaise

BANANE :

Page 2: Martinique Agricole N°3 - Juillet 2011

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Page 3: Martinique Agricole N°3 - Juillet 2011

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Page 4: Martinique Agricole N°3 - Juillet 2011

30 ansau service de la Martinique…

Page 5: Martinique Agricole N°3 - Juillet 2011

EDITORIAL

Comme si ces mouvements sociaux à ré-pétitions ne suffisaient pas� voila queles éléments climatiques s’y mettentaussi.

Depuis le début du carême, en effet, lapluie est omniprésente dans le quotidiendes agriculteurs de Martinique. Occasion-nant des conditions de travail difficiles,car les exploitations sont gorgées d’eau,des retards de livraison pour certainescultures, une teneur en sucre moindre dufait de la pluviométrie, des pertes finan-cières donc pour ces chefs d’entreprisesdéjà pris à la gorge !

Ils ne baissent pas les bras, et restent dé-terminés, car ils savent qu’un pays sansagriculture est un pays sans avenir.

Les pouvoirs publics et les différentes as-sociations de sauvegarde du patrimoineœuvrent à leur manière afin d’assurer àces professionnels une continuité et une“meilleure” vision de l’avenir. C’est notamment le cas, vu l’actualité deces derniers mois en ce qui concerne le

développement des fermes photovol-taïques qui (peut-être se faisait ou alorsrisquait de se faire au détriment desterres agricoles, en tout cas en prenantleur place.Une partie de la Martinique doit absolu-ment être préservée pour l’agriculture etpour les jeunes agriculteurs désirants’installer, et qui ne peuvent faute deterre�Cela veut-il dire pour autant d’arrêter laconstruction de fermes solaires?Ou alors trouver un compromis?

Doit-on choisir entre Fermes solairesou terres agricoles?

Le débat reste ouvert.Pour vous donner un modeste éclaircis-sement sur le sujet vous pouvez consul-ter en kiosque le dernier numéro de “LaCaraïbéenne d’Equipements” qui traitedes besoins énergétiques de la Marti-nique.

Bonne lecture,

Philippe PIED

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La Caraïbéenne d’ÉquipementsPropriété de PIMEDIAS SARL

34 rue Schœlcher97232 Le Lamentin

RCS Fort de France 483 314 928

Directeur de la Publication:Philippe PIED

Rédacteurs, Collaborateurs, Journalistes et Pigistes:

Mike Irasque, P.P, Antilla, ADV

Maquette et Régie Publicitaire PIMEDIAS SARL

Port.: 0696 73 26 26Tél.: 0596 75 54 31Fax : 0596 75 58 46

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ISSN: 2114-9003

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Débat:Fermes solaires Vs Terres agricoles�

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Page 7: Martinique Agricole N°3 - Juillet 2011

SOMMAIRE

8 / Actualités :

Journée de présentation aux planteurs, du pro-

totype destiné à traiter les plantations de ba-

nane, à l’exploitation agricole de Liliane

Ely-Marius au quartier Bochette, Lamentin.

● CEMAGREF

- Interview de Roger Genet, Directeur Général

- Interview de Dominique Didelot, Chef de projet

● BANAMART

- Interview, Nicolas Marraud Des Grottes, Président

● CONSEIL RÉGIONAL

- Catherine Conconne,Vice-Présidente de la Ré-

gion Martinique nous donne son avis�

29 / Initiative :

● Martinique Elevage Initiative - MELI - 2010-2025Suite aux Etats Généraux de l’Outre-Mer, lesprofessionnels des filières d’élevage de Marti-nique se sont rassemblés pour rédiger un do-cument déclinant les objectifs et les stratégiesà mettre en œuvre pour la période 2010-2025 :Martinique Elevage Initiative 2010-2025(MELI).

10 / Entreprise :

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Jardi Pro Carimat existe depuis1996. Employant 6 peronnes,

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marques prestigieuses comme Stihl, Viking, John Deere, Honda...

Nous avons souhaité vous faire découvrir cette structure qui bénéfi-cie de la plus grande salle d’exposi-

tion de matériel de ce type à la Martinique.

« La banane resteratoujours un élément

structurant de l'agriculture »

Eric de Lucy de Fossarieu, Président del’Union des Groupements de Producteursde Banane, lors de la présentation auxplanteurs et à la presse du prototype des-tiné à traiter les plantations de bananes.

Interview�

La filière de diversification animale martiniquaiseDossier:

Aux côtés des cultures traditionnelles (ba-nane et canne à sucre), les productions ani-males constituent l’un des principauxsecteurs de diversification de l’agriculturemartiniquaise.

Nous avons rencontré MM. Milia et Degras del’AMIV qui nous en parle�

20 / UGPB

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8 - Martinique Agricole N°3 - Mai/Juillet 2011

Actu/Brèves

Une résolution pour protégerles productions agricoles

Le 3 mai, le Sénat a adopté à l’unanimité une résolution eu-ropéenne, déposée par le sénateur Serge Larcher, prési-dent du Comité de suivi de la mission communed’information sur la situation des DOM de 2009, pour de-mander compensation du préjudice auquel l’accord de Ge-nève de 2009 sur la banane et ceux de mars 2010 conclusentre l’Union européenne et l’Amérique centrale d’une part,la Colombie et le Pérou, d’autre part, exposent l’agricultureen outre-mer.

En échange d’un meilleur accès essentiellement pour sesproduits industriels et ses vins et spiritueux, l’Union euro-péenne a accordé aux deux États andins une améliorationde leur potentiel d’exportation de bananes, de sucre, derhum et d’autres produits comme ceux de la pêche, qui me-nace le cœur des économies ultramarines.

En effet, la banane représente 57 % de la production agri-cole en Martinique et la canne à sucre 20,3 % de la pro-duction agricole en Guadeloupe. Le commerce extérieurdes DOM est lui aussi étroitement dépendant de ces pro-duits : ainsi, pour La Réunion, le sucre représente 38,5 %des exportations en valeur. Comme l’a déclaré M. SergeLarcher, « il nous faut sauvegarder l’essentiel : les dizainesde milliers d’emplois qui sont en jeu derrière ces pourcen-tages ».

Le 24 septembre 2010, la Commission européenne a pro-posé un règlement portant mesures spécifiques dans le do-maine de l’agriculture en faveur des régionsultrapériphériques (RUP) qui aménage le régime existantappelé « POSEI » (Programmes d’Options Spécifiques àl’Éloignement et l’Insularité), déjà en place depuis près de20 ans. Or, ce texte ne tient pas compte, de l’impact, po-tentiellement dévastateur sur l’agriculture des RUP, de cesrécents accords commerciaux.

La France estime à 40 millions d’euros par an le besoin decompensation de pertes de revenu et de restructurationpour la filière ; or, la Commission européenne n’envisageaujourd’hui qu’une compensation de 4 millions d’euros, soitdix fois moins !

La résolution adoptée par le Sénat pourra être invoquée parle Gouvernement français pour obtenir meilleure compen-sation et rappeler à nos partenaires que la France n’entendpas renoncer à son agriculture, ni à son modèle social dansl’économie mondialisée. Bruno Le Maire, ministre de l’agri-culture, a salué son adoption, estimant en séance publiqueque cette résolution du Sénat arrivait « à point nommé ».

In http://www.politiques-publiques.com/

L’avis d’Ange Lavenaire, Maire du Marigot, Président de la CCNM.Propos recueillis le 9 avril dernier au quartier Bochetteau Lamentin, lors de la présentation d’un prototype d’en-gin de traitement des plantations.

“La banane est une produc-

tion extrêmement menacée.

Elle est fragile, parce que

nous sommes sur un territoire souvent soumis à

des phénomènes naturels, un cyclone ou un gros

coup de vent, et tout est détruit. C'est une produc-

tion qui est tout le temps sous perfusion. Ce n'est

pas durablement concevable.

La commune du Marigot est une commune aux

deux-tiers agricole, avec beaucoup de contraintes

par rapport à la topographie, aux risques naturels.

Par conséquent, c'est un secteur que je protège.

Dans tous nos projets, on tient beaucoup compte du fait qu'il faut protéger les

terres agricoles. Le problème, quand on a une exiguïté de territoire ; il y a

aussi des habitations qui sont toutes proches. Et là aussi, l'épandage, puisque

c'est ce dont il s'agit aujourd'hui, pose problème en terme de santé publique.

L'impact est plus ou moins mesuré. Mais ce que je sais, puisque les gens me

le disent : « Mr le Maire, arbres fruitiers nou ka pwan fè, nou ni kresson � ika mo, ». Les cours d’eau� Il y a un vrai problème.

C'est pour cela que j'ai été invité ici, parce que j'avais alerté les planteurs du

secteur sur cette problématique de pollution et de santé publique. Ils m'avaient

proposé de faire une intervention devant le conseil communautaire, et

m'avaient indiqué qu'ils étaient en étude, en train de faire des progrès, notam-

ment sur les hélicoptères avec GPS embarqué, etc.

Aujourd'hui, venir voir qu’il y avait un pas qui avait été fait.

C'est pour ça que je tenais à venir : parce qu'il faut assurer le suivi du problème

que l'on évoque.

Distribué en Martinique SDVI

Luc de GRANDMAISON est le nouveau Président de la Commission Agriculture

du Conseil Général de la Martinique.

Page 9: Martinique Agricole N°3 - Juillet 2011
Page 10: Martinique Agricole N°3 - Juillet 2011

10 - Martinique Agricole N°3 - Mai/Juillet 2011

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culture peuvent quand à eux

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teurs Honda et Viking

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niciens qui se déplacent sur sîte

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Page 11: Martinique Agricole N°3 - Juillet 2011

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Page 13: Martinique Agricole N°3 - Juillet 2011

Martinique Agricole N°3 - Mai/Juillet 2011 - 13

On savait que la filière banane

faisait depuis quelques an-

nées des efforts notables pour

mieux respecter l’environnement et la

santé des hommes (agriculteurs ou

non).

On savait également que, dans ce

cadre, la recherche allait bon train afin

que les espoirs et la volonté théo-

riques se transforment, de plus en

plus, en des résultats palpables, quan-

tifiables, et durables.

Durable comme notamment ce plan

de développement de la banane* qui

avait conduit ce monde agricole com-

plexe à modifier de façon importante

les modes de cultures (jachères, gé-

néralisation des vitroplants, pièges à

charançons, etc.). Lui avait permis en

dix ans de réduire de 72% l’utilisation

des pesticides en bananeraies.

Et avait contribué à améliorer l’effica-

cité des traitements aériens contre les

cercosporioses, limités actuellement à

8 par an en moyenne (contre 60 dans

les exploitations du même secteur au

Costa Rica�).

L’objectif principal de cet honorable

branle-bas de combat étant de pro-

duire « une banane propre, respec-

tueuse de la terre et des hommes ».

Néanmoins des efforts restaient à faire

pour préserver totalement les ZITA

(zones interdites aux traitements aé-

riens) tout en les traitant efficacement.

Et pour convaincre le plus grand nom-

bre de la réalité de cette évolution (voir

Interview Ange Lavenaire).

Le projet OPTIBAN initié le 21

mars 2008 (avant même la si-

gnature du Plan prénommé) par

la filière banane antillaise, en par-

tenariat avec le Ministère de

l’Agriculture et le CEMAGREF

(l’Institut de Recherche pour l’in-

génierie de l’Agriculture et de

l’Environnement) va dans ce

sens. Car c’est un programme de

recherches (mené par l’institut

précité) qui vise à optimiser les tech-

niques de traitement et à trouver des

solutions terrestres complémentaires.

Concrètement, cette optimisation s’est

faite sur plusieurs axes.

Sur celui de la cartographie des ZITA,

réalisée afin de définir précisément les

zones d’exclusion des traitements aé-

riens autour des éléments à protéger

(les habitations et jardins, les ruches

et ruchers, les points d’eau consom-

mables par l’homme et les animaux,

les bassins de piscicultures, le littoral

maritime, les cours d’eau, les bâti-“�il faudrait encore quelques mois, même quelques annéesde travail supplémentaires, pour véritablement avoir une fi-lière industrielle. »

Des machines innovantes pour la bananepropre

« Le projet OPTIBAN, pour préserver les ZITA...tout en les traitant efficacement »

Les dernières avancées technologiques pour letraitement aérien et terrestre des exploitationsde la filière banane étaient présentées le 09 avrildernier au quartier Bochette, situé dans la com-mune du Lamentin. Grand angle sur une innovations d’importance.

Actualité

Page 14: Martinique Agricole N°3 - Juillet 2011

14 - Martinique Agricole N°3 - Mai/Juillet 2011

ments et parcs où des animaux sont

présents, le parc national, les ré-

serves naturelles, etc, etc.).

Sur celui, également, des traitements

aériens : avec la mise en place à l’in-

térieur des aéronefs (avions, hélicop-

tères) de GPS permettant non

seulement d’enregistrer la réalité des

épandages ; mais aussi (et surtout) de

couper automatiquement la pulvérisa-

tion dans le cas où l’oiseau métallique

spécialisé rentrerait dans une zone

prohibée.

Sur, enfin, un système d’information,

Banatrace, élaboré afin de suivre la

traçabilité des épandages aériens.

Et tendant à améliorer la programma-

tion, le suivi et le contrôle des travaux

d’épandage des produits phytosani-

taires.

Mais ce n’était pas tout. Et c’est juste-

ment pour présenter sur le terrain les

dernières avancées technologiques

que, le 09 avril dernier, un grand ras-

semblement avait lieu à la banane-

raie du quartier Bochette au

Lamentin, domaine de l’exploitante

agricole Liliane Ely Marius. Des re-

présentants émérites de l’univers de

cette culture, des personnalités poli-

tiques, des membres issus de la re-

cherche, des représentants de l’île

sœur, et bien sûr les médias, s’y

pressaient afin de découvrir les nou-

veautés techniques destinées au

traitement aérien. Et au traitement

terrestre� Avec la première sortie

«grand public» d’un prototype an-

noncé comme quasi-révolutionnaire

pour celui-ci (voir interviews Domi-

nique Didelot et Roger Genet).

Concernant le traitement aérien, outre

le système GPS décrit plus haut, les

personnes présentes pouvaient re-

marquer sur l’hélicoptère venu sur le

site pour l’occasion un nouvel équipe-

ment : les buses à injection d’air per-

mettant de mieux maîtriser la dérive

de la pulvérisation.

Pour le traitement terrestre le proto-

type était un bras télescopique monté

sur un engin à huit roues ressemblant

vaguement à un petit char à ciel ou-

vert ; bras permettant de monter au-

dessus des bananeraies (jusqu’à 6 m;

avec une portée de 12 m de chaque

côté) et d’ainsi répartir le plus effica-

cement possible le produit phytosani-

taire. La démonstration du bras était

concluante, mais point celle de la

compacte machine roulante, qui, alors

qu’elle était censée monter à 45° (voir

interview Dominique Didelot enregis-trée juste avant la démonstration)n’arriva pas, à cause du « terrain dé-

trempé », à se hisser sur une « une

petite côte de 10° » (voir interview Li-liane Ely Marius).Mais cela ne gâcha pas la fête.

Car tous semblaient avoir pris

conscience, comme le soulignait Ni-

colas Marraud Des Grottes, le Prési-

dent de Banamart, que ce n’était

qu’«une étape» et qu’il fallait continuer

à avancer dans le bon sens : « c’est

comme le vélo, si on arrête de péda-

ler, on tombe� Donc on va pédaler.»

(voir interview)D’autant que Roger Genet, le Direc-

teur Général de CEMAGREF, confir-

mait, toujours au sujet du prototype

placé quelques heures sous les feux

de la rampe qu’il faudrait « encore

quelques mois, et je dirais même

quelques années de travail, pour véri-

tablement avoir une filière indus-

trielle.» (voir interview)Cette matinée était également l’occa-

sion pour nous de faire avec tous ces

hommes (et femmes) de terrain un

point sur l’état des lieux du secteur ba-

nanier martiniquais (voir interviews

Eric de Lucy, Nicolas Marraud Des

Grottes, Liliane Ely Marius, Catherine

Conconne). Et d’engranger des ré-

ponses très intéressantes. A découvrir

ci-après.

Annick de Vassoigne

*Signé en décembre 2008.

Actualité

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18 - Martinique Agricole N°3 - Mai/Juillet 2011

Actualité

« On peut passer tous les quatregrands rangs, et traiter sans êtreobligé de toucher à labananeraie. »

Concernant le projet en question,

qu'est-ce qu'on va voir aujourd'hui ?

Le projet porte sur deux aspects : l'as-

pect d'amélioration des traitements aé-

riens, etnotamment tout ce qui est

traçabilité. Ensuite sur la recherche de

méthodes alternatives terrestres, no-

tamment par des engins qui peuvent

se déplacer dans les bananeraies pour

traiter depuis la voie terrestre.

Vous êtes le chef de projet de l'en-

gin qu'on va nous présenter, parlez-

nous-en�

On va voir un engin. Mais en fait on en

a plusieurs, parce qu’il faut pouvoir

s'adapter à divers terrains et diverses

circonstances. Les terrains plats vont

être gérés différemment des terrains en

pente. Celui qu'on va voir, est plus par-

ticulièrement destiné aux terrains pen-

tus, jusqu'à 45% de pentes ; pour des

bananeraies qu'on n'a pas tellement

besoin d'aménager. Parce qu'on peut

se faufiler sous les bananiers, et traiter

à 6m de haut au-dessus d’eux.

Vous aurez donc probablement et

prochainement d'autres présenta-

tions de d'autres types d'engins, ou

est-ce un engin standard avec diffé-

rentes options ?

La partie « pulvérisateur » qui se greffe

sur l'engin en question sera la même

que sur les autres systèmes. Notam-

ment les systèmes « traînés », qui

pourront être traînés par un tracteur,

qui eux seront adaptés à des terrains

plutôt plats ou légèrement en pente.

Par contre, pour les terrains très en

pente, il faut des engins qui arrivent à

grimper des pentes importantes ; donc

des engins comme ceux-là. Mais le

système de pulvérisateur sera exacte-

ment le même.

Quelle est la différence avec les ca-

nons ?

D'abord les canons (vu leur taille) ne

peuvent pas pénétrer dans les bana-

neraies. On est obligé de traiter du

bord, ou alors de faire des traces ma-

térialisées dans les surfaces à traiter.

Avec ce ystème, on peut très bien pas-

ser tous les quatre grands rangs, et

traiter sans être obligé de toucher à la

bananeraie. C'est un aspect important.

Ensuite on a une meilleure régularité

du traitement : homogénéité, réparti-

tion, moindre dérive, moindre pollution

vers l'extérieur. Les embruns que vous

voyez se déplacer ; on en a beaucoup

moins avec ces engins-là.

Quelle est la portée du jet ?

Les portées sont de 12 mètres de

chaque côté. Cela fait 22 mètres.

Quand ce produit sera-t-il commer-

cialisé ?

Pas tout de suite. Cela demande en-

core des développements.

Comme vous le verrez c'est un proto-

type, et un prototype a des défauts.

Nous avons fait venir l'appareil des

Etats-Unis, il n'est pas parfait par rap-

port au contexte antillais. L’UGPBAN

s'est mis en relation avec des construc-

teurs de matériel. Notamment des bu-

reaux d'étude en France, qui travaillent

en étroite collaboration avec des fabri-

cants de pulvérisateurs afin de pouvoir

concevoir l'engin final. A mon avis, il

faudra encore une bonne année pour

que nous ayons une pré-série du sys-

tème.

Après, ce n'est pas encore terminé :

il faudra déployer les solutions et les

méthodes, former les personnes, créer

les nouveaux emplois�

Nous pensons qu’il faudra encore 2 à 3

ans pour déployer ce système.

Notre travail s'arrête au prototype.

Après, ce sont aux développeurs de

choisir les bons fabricants, de mettre

en place les structures qui convien-

nent, les modes d'organisation, la for-

mation des gens.

Propos recueillis

par Philippe Pied

Visite guidée de la contention à moutons lors du Festival du Mouton

■ CEMAGREFInterview de Dominique Didelot, Chef de projet au CEMAGREF pour laconception du prototype présenté le 09 avril dernier à l’exploitationagricole de Liliane Ely Marius au quartier Bochette, Lamentin.

Le Scientifique…

Page 19: Martinique Agricole N°3 - Juillet 2011
Page 20: Martinique Agricole N°3 - Juillet 2011

Quel est votre avis, aujourd'hui, sur la

banane en Martinique ?

La banane reste une activité agricole de

premier plan. Quoiqu'en disent certains,

dès que l’on va au fond des choses, on

s'aperçoit qu'elle n'est absolument pas

remplaçable. Ni en surface de terre utili-

sée, ni en nombre d'emplois. Je mettrais

prioritairement le nombre d'emplois, mais

je mettrais aussi les surfaces qu'elle uti-

lise aujourd’hui. Si elles n'étaient pas utili-

sées en banane, elles ne seraient utilisées

à peu près en rien d’autre. Je crois que

l’idée, selon laquelle si demain il n'y avait

plus de canne à sucre et de bananes en

Martinique, on pourrait enfin développer

les cultures de diversification qui

permettraient à la population de

se nourrir est totalement

fausse, et qu’elle est propagée

par des gens qui ne savent pas

bien de quoi ils parlent. C'est ex-

trêmement faux de dire ça,

parce qu'il y a les terres suffi-

santes pour faire aussi bien la

canne que la banane, mais

aussi toutes les cultures de di-

versification. Quand on fait le

calcul, avec 30 ou 40 hectares

de tomates, on nourrit une

grande partie de la population

martiniquaise.

Et avec 10 hectares de serre de

laitue, il y a des laitues pour toute l'année

et pour tout le monde. Donc la banane, de

ce fait, (comme au demeurant la canne à

sucre), reste une culture que l’on peut ap-

peler une activité structurante. Grâce aux-

quelles la population agricole continue à

être dynamique. Grâce auxquelles les

terres trouvent des agriculteurs pour les

cultiver. Il y a une chose qu'on oublie, c'est

que l'agriculture, ce n'est pas de la théorie.

C'est un métier d'hommes et de femmes.

Et que s'il n'y a pas des hommes et des

femmes pour faire fonctionner une exploi-

tation, il n'y a plus d'exploitation.

Un des problèmes que nous connaissons

d'ailleurs dans l'agriculture en Martinique

en général, et la banane n'est pas épar-

gnée, c'est le problème de la succession

des agriculteurs qui ont aujourd'hui 65, 70,

75 ans, et qui ont envie de prendre leur re-

traite, ce qui est tout à fait normal à leur

âge, et qui ne trouvent pas facilement de

successeur.

L'exploitation sur laquelle nous sommes

aujourd'hui est à ce titre extrêmement in-

téressante, parce que la dame qui dirige

cette entreprise est le successeur de

quelqu'un. C'est la relève, et la relève bien

faite ; avec les techniques modernes de

l'agriculture.

Un des autres problèmes auxquels nous

sommes confrontés, et qui fait que la ba-

nane restera toujours un élément structu-

rant de l'agriculture, c'est que c'est autour

de la banane que s'effectue toute la re-

cherche fondamentale et toute l'expéri-

mentation en cultures tropicales.

Aujourd'hui, vous avez ici le président du

CIARD, le PDG du CEMAGREF, certaines

personnes de l'INRA ; tous les grands ins-

tituts techniques de recherche français

sont là. Ils sont connus mondialement

pour faire partie des plus compétents.

S’ils sont ici aujourd'hui, s’ils ont sur

place, (en Guadeloupe comme en Marti-

nique cela représente des dizaines de

chercheurs, je crois que le CIRAD de la

Guadeloupe c'est plus de 100 personnes,

et l'INRA en Guadeloupe c'est plus de 300

personnes� en Martinique il y a des di-

zaines de gens qui y travaillent aussi.),

c'est parce qu’il y a quelques grandes ac-

tivités agricoles structurantes comme la

banane et la canne à sucre, qui leur don-

nent les moyens de mobiliser tout cet

« équipement humain »�et de faire avan-

cer tout le reste.

On cherche sur la banane, mais on

cherche aussi sur les cultures moins im-

portantes, qui sont tout aussi essentielles.

Donc je crois que c’est une très mauvaise

réflexion, celle qui consisterait à dire :

« Oh, vous savez, la banane c'est très

subventionné� ». Alors il faut abandon-

ner ça. Ou remplacer la banane ou la

canne à sucre. Et de toutes les manières,

quelle que soit l'activité qu'on fera dans les

îles guadeloupéenne ou martiniquaise elle

sera obligatoirement subventionnée. Pour

la bonne raison que nous avons dans ce

pays, et fort heureusement je dirais, un ni-

veau social et un coût de main-d’œuvre

20 - Martinique Agricole N°3 - Mai/Juillet 2011

Actualité

« La banane restera toujours un élément structurant de l'agriculture »

« L’une des problématiques de la banane estcelle de la succession des exploitations…»

■ UGPBInterview d’Eric de Lucy de Fossarieu, Président de l’Union des Grou-pements de Producteurs de Banane

Page 21: Martinique Agricole N°3 - Juillet 2011

Martinique Agricole N°3 - Mai/Juillet 2011 - 21

qui sont ce qu'ils sont. Tant mieux, parce

que c'est grâce à cela que l’on peut dire

que notre banane est une vraie banane

durable. Mais s’il s'agit d'aller chercher

tel fruit ou tel légume au moindre coût, ce

n’est pas en Martinique et en Guade-

loupe qu'on va le produire. C'est en Ré-

publique Dominicaine...

C'est pour cela que les subventions

diverses allouées par l'Etat sont ab-

solument nécessaires, notamment

pour contrer la banane dollar ?�

Dans la banane, elles sont fondamen-

tales pour lutter contre les bananes-dol-

lar. Mais si demain nous voulons faire

une autre activité, il y a aura toujours à

Saint-Domingue, ou au Costa Rica, ou

en Equateur, c'est-à-dire tout près de nos

portes, le même produit moins cher.

Et comme nous n'avons plus de barrières

douanières�C'est encore un élément

que ceux qui parlent sans savoir n'ont

pas mesuré. On ne peut pas empêcher

à un fruit ou à un légume venant de

quelque part dans le monde d'entrer en

Guadeloupe ou en Martinique ; pas plus

qu'on ne peut l'empêcher d'ailleurs d'en-

trer en Europe.

Donc la seule compensation possible,

c'est la subvention. Ce que j’appelle le

soutien financier, de l'Etat, en l'occur-

rence pour nous, la France et de l'Eu-

rope. Et je n'aime pas le mot subvention,

je préfère le mot de soutien financier.

Parce que subvention ça fait assistanat ;

alors que soutien financier, c'est quelque

chose que nous pouvons revendiquer

sans avoir à rougir du tout.

Il était dit dans l'actualité dernière-

ment qu'on avait donné au monde de

la banane trop de fonds�

Vous voulez parler du rapport de la Cour

des Comptes ? Et bien, confiez à un

comptable le souhait de définir une stra-

tégie, et ça donne le rapport de la Cour

des Comptes� Pour la Cour des

comptes, deux et deux ça fait quatre ; je

les en félicite. Ce que le rapport de Cour

des Comptes ne dit pas, et il ne peut pas

le dire puisqu'il n'aurait pas la réponse :

“on prend l'argent qui est aujourd'hui uti-lisé dans la banane, et on le met surautre chose.”S'il vous plaît, messieurs de la Cour des

Comptes, ne vous privez pas de me dire

quelles autres choses, puisque désespé-

rément, je suis à la recherche de cet

autre chose�

Vous observez aussi que le rôle de la

Cour des Comptes c'est de faire des rap-

ports généralement à charge. Il n'y a pas

un seul rapport de la Cour des Comptes

qui dit : « J'ai été inspecter telle et telle

activité, entreprise, musée, administra-

tion et tout va bien ». Quand elle va

quelque part, c'est pour dire que ça ne va

pas bien.

Les inspecteurs de la Cour des Comptes

sont dans cette mentalité-là. C'est utile

dans une démocratie d'avoir des gens

qui critiquent. Le rapport de la Cour des

Comptes ne m'a pas fait de peine, ne m'a

pas choqué ; il m'a simplement permis de

considérer que nous devons faire avec

les sommes importantes que nous rece-

vons pour la banane le mieux possible.

Sinon, pour nous mettre à l'abri de la cri-

tique, mais au moins pour pouvoir justi-

fier cet important appui financier.

Philippe Pied.

« Le soutien financier de l’Etat est indis-pensable pour les planteurs…»

■ La responsable de l’ExploitationInterview de Liliane Ely Marius, exploitante agricole de5 hectares installée sur deux sites (Quartier Petite Ri-vière - 3,5 hectares - et quartier Bochette - 1,5 hectare)

« C’est la première fois que je voyais cet engin en action »

C’est sur votre exploitation bana-

nière que l’on a assisté à la pré-

sentation du prototype destiné au

traitement terrestre ce matin� Vos

premières impressions ?

Cela fait 11 ans que je suis installée

dans le secteur de la banane.

Je suis assez fière de mon exploita-

tion et du travail que j’ai fourni.

Avant toute chose, j’aurais aimé dire

un mot sur un sujet qui me tient à

cœur�

J’aurais aimé que les autorités

compétentes nous aident quand

même un peu. Afin de faire face

aux difficultés pour pouvoir faire

redémarrer la banane. Car après la

cercosporiose, il y a eu la grève du

port qui n’a rien arrangé�Je ne vais

pas empêcher aux autres de faire la

grève. Mais ce que je dis c’est qu’ils

auraient pu faire la grève autrement,

et laisser l’économie du pays fonc-

tionner. Car ça fait beaucoup d’em-

plois perdus. Et beaucoup de petits

qui disparaissent� Comme moi

j’aime ce que je fais et que j’aurais

aimé continuer dans cette filière, je

trouve qu’il serait plus juste qu’ils ne

bloquent pas tout. Mais seulement

les personnes concernées. Pour eux,

c’est une histoire de quelques sous

qui nous fait perdre à nous beaucoup

de sous� J’ai perdu beaucoup. Et au

lieu d’avoir une rentrée d’argent, j’ai

eu une sortie d’argent. Car il fallait

tout recommencer.

Cela vous donne du baume au

cœur que l’on ait pris votre exploi-

tation pour exemple pour pouvoir

faire cette manifestation ?

Ah oui. Je suis contente qu’ils m’aient

sollicité pour faire tourner le proto-

type. Ça montre qu’il y a des gens qui

reconnaissent le travail que j’ai

fourni�

Cet appareil va changer quoi à

votre quotidien ?�

C’est la première fois que je voyais

cet engin en action. Ce sera intéres-

sant pour les planteurs en général.

Mais en temps de pluie�

J’ai vu qu’il avait des difficultés à

monter une petite pente qui n’a

même pas 10°, je crois�

Alors je pense qu’il sera efficace,

après quelques mises au point.

Page 22: Martinique Agricole N°3 - Juillet 2011

22 - Martinique Agricole N°3 - Mai/Juillet 2011

Actualité

Aujourd’hui nous avons assisté à une

étape importante concernant la re-

cherche et l’innovation. Quand sera-t-

elle opérationnelle pour les

agriculteurs ?

C’est une étape cruciale : la présentation

du premier prototype. Elle fait suite à

trois ans de travail intensif, sur différents

volets. D’abord toute la cartographie du

territoire qui permet de voir l’ensemble

des zones sur lesquelles on peut traiter

avec des produits phytosanitaires.

Ensuite déterminer les zones qui doivent

être exclues d’un épandage aérien ; qui

est aujourd’hui extrêmement efficace,

car il permet de répartir des quantités in-

fimes de produits phytosanitaires sur la

cime des bananeraies pour avoir un trai-

tement efficace.

Enfin, évidemment, d’améliorer toujours

cette technologie. On a vu ce matin sur

l’hélicoptère des buses qui permettent de

réduire la dérive de presque 20% ; pour

éviter que les produits phytosanitaires

soient répandus sur les parcelles voi-

sines ou dans les cours d’eau.

Dans les parcelles qui sont soit à proxi-

mité d’une zone dense de population,

soit à proximité de cours d’eau (où on ne

veut pas de pollution des masses d’eau),

il faut trouver des méthodes alternatives.

C’est pour cela que l’on a développé

cette technologie, qui procède de la

même façon qu’un traite-

ment aérien : c’est un

bras télescopique qui

permet de monter au-

dessus des bananeraies

et de répartir ce produit

phytosanitaire avec une

très grande efficacité,

une grande homogé-

néité.

Nous avons encore des

progrès à faire (nous

l’avons vu). Car ce matériel, qui fait l’ob-

jet de deux brevets (entre la recherche

publique, et le CEMAGREF le secteur

économique) sur la partie épandage est

porté par un matériel commercial à qua-

tre essieux qui a certaines limites.

On voit bien qu’il ne s’adapte pas à

toutes les conditions de terrain très

riches de la Martinique, avec des pentes

extrêmement importantes. Ce matin, la

parcelle était non seulement en pente

mais en dévers, avec un terrain gras

parce qu’il a beaucoup plu. Le matériel

ne passe plus�

Nous avons donc encore beaucoup

d’améliorations à faire. Egalement pour

le rendre acceptable au niveau écono-

mique, afin qu’il puisse être repris par

des professionnels qui se regroupent

avec ce matériel.

Pour cela, il faut encore quelques mois,

même quelques années de travail, pour

véritablement avoir une filière indus-

trielle.

Justement un tel engin coûte ou coû-

terait combien ?

Je ne vais pas vous donner le prix de

l’appareil, mais le prix de l’ensemble de

l’étude OPTIBAN. C’est aujourd’hui plus

de deux millions d’euros en coût com-

plet. Dont 500 000 euros qui ont été ap-

portés par un financement du ministère

de l’Agriculture. Et 500 000 euros par la

profession elle-même. Sur cette partie

de développement technologique de por-

teurs, la profession a énormément contri-

bué à son financement.

2 millions d’euros pour tout un ensemble

d’études qui portent à la fois sur la sécu-

rité des opérateurs, sur la cartographie,

sur les systèmes aériens, sur les sys-

tèmes terrestres ; ce n’est pas une

somme qui est extrêmement élevée.

Développer une filière industrielle de por-

teurs terrestres : je suis incapable au-

jourd’hui de vous donner une estimation

précise. Je pense que le prix sera celui

du marché. Il faut qu’en fait l’on déve-

loppe des porteurs qui aient un prix ac-

ceptable en terme d’utilisation pour la

profession ; pour que la filière puisse se

développer.

En fin de matinée on a parlé d’une

autre étape importante : le projet

d’amélioration de la mécanisation

dans les petites exploitations� Pou-

vez- vous nous donner quelques pré-

cisions sur ce sujet ?

Il faudra adapter et améliorer ce matériel

terrestre. Mais il faudra aussi jouer sur

les pratiques agricoles. On voit que le

type de plantation dans les pentes est

évidemment extrêmement compliqué

quand, par exemple les rangs sont en

dévers, pour de la mécanisation terres-

tre. Donc il faudra adapter, au fur et à

mesure, les exploitations. Pour que le

traitement terrestre soit pleinement effi-

cace.

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“Nous avons encore des progrès à faire”

■ CEMAGREFInterview de Roger Genet, Directeur Général de CEMAGREF

Page 23: Martinique Agricole N°3 - Juillet 2011

Formation

1/ Le CACES engins agricoles de la

Recommandation Régionale de la

CGSS Martinique.

Cette recommandation classe les en-gins agricoles en 3 catégories :

■ Catégorie 1 : Tracteurs agricoles

■ Catégorie 2 : Les remorques (à

berceau, traditionnel, hangiban, à

benne.)

■ Catégorie 3 : Les engins spéci-

fiques à la canne à sucre (canne loa-

der, le coupe canne�)

Ce CACES valide l’aptitude des ou-

vriers agricoles à effectuer les ma-

nœuvres et les déplacements sur

l’exploitation en sécurité.

L’objectif étant :

- De diminuer le nombre d’accidents

sur les exploitations agricoles,

- Sensibiliser à la sécurité sur le lieu

de travail notamment par le port des

équipements de protection individuel.

Ce CACES® est valable 5 ans et

ne concerne que le secteur agri-

cole de la Martinique

2/ Le CACES® engins de chantier

de la Recommandation Nationale

(CNAMTS) R372m

Catégorie 8 qui concerne les trac-teurs agricoles et ses équipementsde travail à savoir l’épareuse,fourche, godet, benne, remorque,herse�

Les exploitations se positionnent

aussi sur les autres catégories de

cette recommandation nationale à sa-

voir :

■ la catégorie 2 : Pelle hydraulique :

utilisée pour refaire les traces, les

tranchées et curage des fossés�

■ la catégorie 7 : Compacteur pour

compacter les traces�

■ la catégorie 3 : Bulldozer pour la-

bourer les champs et faire du terras-

sement.

■ la catégorie 4 : Chargeuse pour

évacuer les déblais autour des han-

gars.

Ces CACES® sont valables 10 ans.

3/ D’autres types d’engins sont

aussi utilisés sur les exploitations

agricoles et réclament une valida-

tion de leur manipulation par un

CACES®, à savoir :

■ les chariots élévateurs à conduc-

teur porté ou accompagnant de la

R e c o m m a n d a t i o n N a t i o n a l e

(CNAMTS) R389

■ les transpalettes,

■ les chariots à conducteur porté ca-

tégorie 1 de levée inférieure à 1m,

■ la catégorie 3 (chariots en porte à

faux de capacité inférieure à 6 T) qui

servent à soulever, transporter et ar-

rimer les palettes de bananes dans

les containers.

Les ouvriers des exploitations agricoles de la Martinique peuvent se positionner pour certifier leur aptitude à conduire en sécurité les engins agricoles sur deux recommandations de CACES® validées par le GRETA BTP Organisme Testeur CACES® depuis 2000 pour toutes les familles d’engins.

Le CACES du GRETA BTP :Le Certificat d’Aptitude à la Conduite

des Engins en Sécurité (CACES) sur les exploitations agricoles

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CONTACT : Marie-Line BRAY – Conseillère en Formation Continue au GRETA BTPTéléphone : 0596.57.08.70 - Fax 0596.51.92.00 – Mail : [email protected]

Joël LANGERON

testeur CACES®

GRETA BTP

Bruno LAPOINTE

testeur CACES®

GRETA BTP

Page 24: Martinique Agricole N°3 - Juillet 2011

Quel est votre

sentiment face à

de telles innova-

tions ?

Comme l’a dit le

directeur général

du CEMAGREF :

c’est une étape.

Il y a encore des

choses a amélio-

rer, comme vous

avez pu le voir.

Mais pour nous,

c’est une bonne

étape ; parce quenous sommes sur la bonne voie.

Et comment ça va se passer pour les agriculteurs ?

Ils pourront les acheter ? Les louer ?

C’est en réflexion pour le moment. Mais c’est vrai que l’on

peut utiliser le même principe que pour l’hélicoptère : un

traitement généralisé. Il y aura bien sûr des adaptations

pour les agriculteurs qui veulent acheter des engins

comme celui-là. Ce n’est que le début. Mais comme je le

disais : “C’est comme le vélo, si on arrête de pédaler, ontombe� Donc on va pédaler.”

Un petit mot sur la cercosporiose noire� Quel est

l’état des lieux actuel ?

Elle est à peu près partout. Mais nous la maîtrisons.

Les agriculteurs ont fait beaucoup d’efforts. Nous n’avons

pas pour le moment de catastrophe chez nos agriculteurs.

En tant que président de groupement, quels sont vos

objectifs pour l’année 2011?

C’est de produire. Nous avons eu Tomas l’année der-

nière : il a fait beaucoup de dégâts. Cette année, nous es-

pérons produire le maximum, expédier le maximum, et

vendre le maximum pour nos agriculteurs.

Vous nous avez parlé de Tomas. Les exploitants agri-

coles nous ont aussi parlé de la cercosporiose noire

et de la grève du port ; deux événements qui font que

certains peinent à maintenir leurs exploitations à

flot� Qu’en est-il ?

C’est sûr que les agriculteurs ont l’habitude de se battre

tout le temps. Ça, c’est une partie du combat. Le port nous

a occasionné beaucoup de dégâts. Mais on se relèvera.

On va repartir.

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24 - Martinique Agricole N°3 - Mai/Juillet 2011

Actualité

“C’est une étape importante de franchie”

■ BANAMARTInterview de Nicolas Marraud Des Grottes, Président de Banamart

■ Région MartiniqueCatherine Conconne,Vice-Présidente de la Région Martinique

Votre sentiment sur les

innovations présentées

aujourd’hui ?

Je crois que plus l’homme

peut innover, mieux on se

porte. Visiblement ce sys-

tème a le souci d’un déve-

loppement durable,

c’est-à-dire préserve ce

qu’il y a lieu de préserver.

Il est moins généraliste,

spécialisé ; l’arrosage va là

où il faut le mettre. Et c’est

vrai que c’est une préoccu-

pation. Parce que l’on a ce

souci d’épandage aérien

qui pose problème parce

qu’il est très généraliste ; il

va partout. Mais, en même

temps, le développement

durable c’est aussi le côté hu-

main. Donc une machine qui fait à la place de l’homme, c’est

bien, car cela préserve notre santé. Aller faire de l’épandage

manuellement, ce n’est pas évident� Mais il faut aussi penser

dans un si petit pays aux incidences sur l’emploi�

Est-ce que tout cela ne va pas tuer des métiers qui existent

dans la banane ? Et ne va pas faire qu’humainement on ne va

pas s’y retrouver ? Donc pour résumer : il y a encore du travail

dans la recherche, mais je tiens beaucoup à ce que l’aspect

humain soit préservé. Par la machine certes, surtout par rapport

aux aspects négatifs des traitements phytosanitaires qui ont

des incidences sur la santé humaine (on le voit dans des pays

d’Amérique Latine, qui n’ont pas le même souci que nous.

Avec les maladies, la mortalité extrêmement jeune des publics

qui travaillent dans les plantations de banane). Mais, en même

temps, il faut absolument que l’on ait toujours en tête l’indica-

teur emploi à la Martinique. Et tant que l’on peut préserver les

métiers, préserver les emplois, il faut le faire. Dans le dévelop-

pement durable, tout cela doit être compatible et conciliable.

Propos recueillis par Annick de Vassoigne

« Je tiens beaucoup à ce que l’aspect humain soit préservé. »

Page 25: Martinique Agricole N°3 - Juillet 2011

Le contexte de l’élevage Martini-

quais

Comparé à la métropole, le développe-

ment des filières d’élevage est

contraint par un certain nombre de

handicaps :

- Incidences négatives du climat tropi-

cal sur les performances d’élevage

(températures et taux d’humidité éle-

vés une grande partie de l’année) ;

- Existence de pathologies particulières

Ces contraintes d’ordre bioclimatique,

auxquelles s’ajoutent les handicaps liés

à l’insularité et à l’isolement (prix des

intrants), ont pour conséquence des

coûts de production élevés et un

manque de compétitivité vis-à-vis des

produits importés. Pour lever ces

contraintes, un certain nombre d’ac-

tions sont menées par les acteurs lo-

caux et nationaux, dont l’ODEADOM,

et l’Union européenne à travers des

programmes de soutien aux diverses fi-

lières animales.

L’interprofession

Dans notre département, les profes-

sionnels se sont progressivement or-

ganisés au sein d’une interprofession :

l’AMIV, l’Association Martiniquaise In-

terprofessionnelle des Viandes. Elle a

été créée en 1992 à partir de coopéra-

tives spécialisées et associe les pro-

ducteurs (320 éleveurs réunis en

coopératives), les abattoirs et ateliers

de découpe, les industriels de la trans-

formation et de la restauration, les dis-

tributeurs (moyennes et grandes

surfaces), les artisans bouchers (adhé-

rents au SABM), l’AMPI, et les

consommateurs. Ce partenariat fort,

vise à développer les productions lo-

cales. Il est à noter aussi la présence

de partenaires institutionnels et finan-

ciers (POSEIDOM, ODEADOM,

Conseil Général, Conseil Régional,

Ass. des Consommateurs, DAAF, et la

Direction Régionale des Douanes).

Présidée par Monsieur Ange Milia, agri-

culteur depuis 1987, mais aussi Prési-

dent de la SCAM, de SOCOPORC, et

récemment de l’Union MADIVIAL, cette

interprofession a pour objectif de pro-

mouvoir le développement de l’éle-

vage, et d’aider dans tous les

domaines les différents éleveurs et par-

tenaires. Les ressources de l’AMIV pro-

viennent essentiellement du POSEI

(4,9 millions d’euros en 2010) et de la

cotisation volontaire des membres (900

000 euros en 2010). Les viandes

concernées sont celles des ovins, des

caprins, des porcs, de la volaille, le lait

et l’aquaculture. Certains produits n’en

font pas partie, c’est notamment le cas

des œufs, du miel et des chevaux.

(Voir questions posées à MM. Miliaet Degras)

La situation des productions ani-

males

La viande bovine locale, produite

principalement à partir des races brah-

man, charolaise, blonde d’Aquitaine ou

limousine et de leur croisement, est

très appréciée du consommateur.

L’élevage laitier se développe à partir

des races européennes prim’holstein et

brune des Alpes. L’amélioration signifi-

cative de la qualité du lait a permis la

commercialisation en grandes surfaces

de lait pasteurisé produit localement.

La production des petits ruminants

progresse avec l’utilisation de la race

ovine locale «Martinik» sélectionnée

par l’Union pour la sélection de l’ovin

Martinik (USOM) avec le concours de

l’Inra, ainsi que par l’exploitation d’un

cheptel caprin bien représenté.

La production contrôlée de viande

porcine est encadrée par deux struc-

tures professionnelles regroupant une

cinquantaine d’éleveurs (la COOPMAR

et la SOCOPORC). Cette filière dis-

pose de deux ateliers de découpe

agréés.

La production locale de volailles

issue des abattages contrôlés a forte-

ment augmenté entre 2007 et 2010 de

plus de 10% par an, et représente 10%

des volumes mis en marché. Le dé-

marrage en 2008 du nouvel abattoir du

François (d’une capacité de 2 500 t par

an) ainsi qu’un atelier de découpe a

permis de poursuivre le développe-

ment de cette filière.

La production aquacole marine (om-

brine, cobia, Ti lapia) est supérieure à

celle provenant de l’aquaculture ter-

restre (chevrettes et saint-pierre).

Martinique Agricole N°3 - Mai/Juillet 2011 - 25

Aux côtés des cultures tradi-tionnelles (banane et canne àsucre), les productions ani-males constituent l’un des prin-cipaux secteurs dediversification de l’agriculturemartiniquaise.

DOSSIER

La filière de diversification animale martiniquaise

Les principaux acteurs de la filièreDe gauche à droite : Jarrin David (Coopgelma), Jacques Pivert (Socoporc) V.psdt,Ange Milia, André Prosper (Codem), Monpela (Coopprolam), Yerro (Socoporc)

Page 26: Martinique Agricole N°3 - Juillet 2011

Quelle est, aujourd’hui, l’actualité

de l’interprofession ? Comment

voyez-vous 2011 et quels ont été

vos problèmes de 2010 ?

MM Ange Milia & Philippe Degras :

Notre objectif est de promouvoir le

développement de l’élevage à partir

d’un tissu de producteurs. Notre but

est de créer un tissu économique et

non pas de livrer toute une filière à un

seul producteur. Ce développement

doit nécessairement passer par l’exis-

tence de plusieurs exploitations éco-

nomiquement viables.

Le deuxième problème, est la réparti-

tion de la valeur ajoutée tout au long

de la filière. Nous injectons de plus en

plus de fonds publics dans la filière,

encore faudrait-il savoir qui en béné-

ficie, quels sont les revenus de cha-

cun, etc. C’est un système que nous

ne maîtrisons pas encore. Pour l’ins-

tant, nous avons lancé un système

pour observer les prix, pour mesurer

les volumes ; la répartition équita-ble de la valeur ajoutée est un ob-jectif aujourd’hui non atteint. C’est

u n

sujet traité par la LMA (Loi de Mon-

dialisation Agricole). Un deuxième

volet concerne l’observation. Un or-

ganisme national, l’Observatoire de la

Formation des Prix et des Marges au

niveau national, a été créé et a rendu,

en février au niveau national, les pre-

miers rapports. La première question

que nous avons posée au Minis-

tère était : « Comment en outre-meret particulièrement en Martinique,allons-nous pouvoir observer laformation des prix et des margestout au long de la filière éle-vage? ». Puisque nous ne connais-

sons pas les marges réelles des

différents intervenants. Il n’y a pas de

transparence des prix en Martinique.

Quels sont vos objectifs dans les

années à venir?

Notre objectif principal est simple :

Gagner des parts de marché par rap-

port aux produits importés, en ayant

une production régulière et de qualité.

Vous produisez 3500 t par an,

22,000 t sont consommées, arri-

vez-vous à tout vendre? Pensez-

vous que vous pourriez en vendre

plus si la Martinique avait les

moyens de produire davantage ?

Le marché global c’est 50% de vo-

laille, dont la moitié en cuisses et pi-

lons. La consommation de cuisses ou

de pilons est l’équivalent de la pro-

duction locale totale, tous produits

confondus !

C’est 20% de viande de bœuf, 20%

de porc, le reste est réparti entre la

viande de mouton, cabri, lapin.

C’est 81 % de congelé, 19% de frais.

Dans les 19% de frais, il y a 67% de

local. Ce qui veut dire qu’on est bien

présent sur le marché du frais, mais

pas sur le congelé.

En matière de congelé, nous ne pou-

vons pas lutter contre la concurrence

extérieure, car elle est issue de la sur-

production de producteurs européen,

qui développent le marché du frais

(sur leur territoire) en sortant les mor-

ceaux « nobles » et en y faisant l’es-

sentiel de leur marge. Le reste est

congelé et « dégagé » vers d’autres

pays dont la Martinique, et peut être

vendu à n’importe quel prix puisque

les marges ont déjà été réalisées en

amont. Nous ne pouvons pas lutter

contre cela !

Pourquoi ne pouvez-vous pas faire

du surgelé ?

Quand il y a mévente, les producteurs

congèlent et les produits ressortent

sur le marché du congelé. L’abattoir

de Martinique est arrivé, à une pé-

riode critique, à avoir plus de 200 t de

congelé. Compte tenu de la concur-

rence, dont nous venons de parler,

nous ne pouvons pas vendre au

même prix que le frais.

26 - Martinique Agricole N°3 - Mai/Juillet 2011

DOSSIER

“Notre objectif est de promouvoir le développementde l’élevage à partir d’un tissu de producteurs.”

■ AMIVInterview de MM. Ange MILIA et Philippe DEGRAS, respectivementPrésident et Secrétaire Général de l’AMIV.

En matière de congelé, nous ne pouvons pas luttercontre la concurrence extérieure car elle est issue de lasurproduction de producteurs européen

Page 27: Martinique Agricole N°3 - Juillet 2011

SES MISSIONS

Renforcer la performance écono-

mique et la capacité d’innovation

des coopératives partenaires en leur

proposant des outils, techniques et

services adaptés.

L’élevage se retrouve aujourd’hui au

cœur des enjeux économiques, envi-

ronnementaux et de société. Sa mis-

sion nourricière reste prioritaire et

fondamentale dans notre contexte in-

sulaire.

Forts de cette donnée essentielle, les

éleveurs sont confrontés à une double

problématique : produire plus pour

nourrir la population et produire mieux

dans un cadre de responsabilité poli-

tique, sociale et environnementale :

aménagement de l’espace, entretien

de la biodiversité et respect des équili-

bres naturels.

Pour aider ses coopératives l’union

conçoit, développe et mutualise, pro-

duits, outils et services avec un objec-

tif : générer une différenciation visible

et un retour économique tangible pour

les sociétaires.

Le statut d’Union de coopératives, la

représentativité et sa taille lui confèrent

un rôle moteur au niveau de la

conquête du marché intérieur.

Dans son volet approvisionnement la

coopérative joue un rôle important afin

de massifier et de négocier les meil-

leures conditions, et de mutualiser les

coûts logistiques.

En matière de gestion et de dévelop-

pement l’union des coopératives dé-

tient une forte responsabilité dans

l’appui administratif et financier de ses

membres et des éleveurs.

SA GENÈSE

Le projet de création d’une union de

coopératives s’inscrit dans une dé-

marche réamorcée en 2008 par la

chambre d’agriculture et par les coo-

pératives elles-mêmes.

Le principe de la mutualisation a été en

effet clairement posé tant dans les pro-

grammes sectoriels que dans des

sphères moins formelles à l’instar des

Etats généraux de l’outre-mer.

Si on parle toutefois de réamorçage,

c’est qu’il convient de ne pas oublier

que cette idée de mutualisation s’est

concrétisée dans le passé, donnant

lieu ainsi à des unions partielles.

Ces dernières n’ont pas résisté à

l’épreuve du temps et des hommes.

Martinique Agricole N°3 - Mai/Juillet 2011 - 27

■ MADIVIAL : l’Union de Coopératives d’Elevage« Une alliance pour l’élevage »

MADIVIAL EN CHIFFRES :

- 5 coopératives (CODEM, SCAM,

SOCOPORC, COOPGELMA, COO-

PROLAM)

- 345 producteurs

- 5 familles de produits (bœuf, porc,

lapin, lait, et volaille)

- 3 000 tonnes de viande

- 800 mille litres de lait

- Pour un chiffre d’affaires de 16 mil-

lions d’euros. (Viande et lait : 10,5

millions, Aliment du bétail : 5,5 mil-

lions d’euros)

Page 28: Martinique Agricole N°3 - Juillet 2011

Le projet de mutualisation a consisté à regrouper au sein d’une

structure nouvelle cinq coopératives déjà adhérentes de l’AMIV à

savoir CODEM (bovin), SCAM (volaille), SOCOPORC (porcin),

COOPGELMA (lapin), COOPROLAM (lait).

Ces coopératives ont émis le souhait d’adopter un schéma de mu-

tualisation intégré allant de l’industrie au commercial en passant

par la gestion. Ce projet n’exclut toutefois pas l’entrée de nou-

velles coopératives.

La réussite de la mutualisation dépend de la capacité de l’UDC à

gérer l’hétérogénéité des produits et des métiers, à mettre en adé-

quation son appartenance à l’économie sociale et l’âpreté du

monde concurrentiel privé, et à apprivoiser les contraintes finan-

cières et techniques.

Le développement des fonctions à mutualiser est prévu sur

plusieurs années dans l’ordre prévisionnel suivant :

2011 à 2012 : Mise en marché, appui administratif et finan-

cier, et approvisionnement en aliment.

2013 : Autre approvisionnement et service expert pour le

développement des élevages

SA GOUVERNANCE

Les orientations de l’union sont fixées par un conseil d’adminis-

tration.

La gestion de l’entreprise est assurée au quotidien par la direc-

tion générale entourée de responsables opérationnels et fonc-

tionnels.

IMPLANTATIONS

Le siège statutaire est la Chambre d’Agriculture de Martinique.

Le siège administratif est à Immeuble Chapelle. Place d’armes

Lamentin

SES VALEURS COOPÉRATIVES

L’union est une « coopérative de coopératives ». Son capital est

détenu par 5 coopératives qui partagent les valeurs historiques du

mutualisme : responsabilité, transparence, équité, solidarité, et

des valeurs propres :

La confiance et la transparenceLe professionnalisme

L’EfficacitéLe Respect

L’équité et le partage équitable

28 - Martinique Agricole N°3 - Mai/Juillet 2011

DOSSIER

Frais Congelés

Page 29: Martinique Agricole N°3 - Juillet 2011

Les 5 dernières années ont per-mis aux acteurs de la filière dese doter des infrastructures né-cessaires à un approvisionne-ment conforme du marché :mise aux normes de l’abattoirde gros bétail, constructiond’un nouvel abattoir de vo-lailles, entrée en activité d’outilsde découpe et de transforma-tion, refonte de la logistique dutransport (vif et mort).Par ailleurs, lors de l’élaborationdu programme sectoriel rumi-nants en 2007-2008, la Chambred’Agriculture de Martinique etles organisations profession-nelles d’élevage ont dressé leconstat de la faible taille descoopératives d’élevage et deleur faible capacité financière,ce qui limite le développementde la production. A l’issue decette mission, six des sept coo-pératives d’élevage de Marti-nique ont décidé de mettre enplace une Union des Coopéra-tives (UDC) orientée vers l’opti-misation des moyens par lamutualisation de la commercia-lisation des produits.

Cependant, la crise économiqueet financière mondiale et lesmouvements sociaux du 1er tri-mestre 2009 ont eu pour consé-quence une diminution duchiffre d’affaires des coopéra-tives d’élevage de 11 % enmoyenne. La situation compta-ble des coopératives s’est dé-gradée.

STRATEGIE ET OBJECTIFS DU

PROGRAMME SECTORIEL

Le programme sectoriel des fi-

lières d’élevage regroupe les ac-

tions à mener au sein d’outils

transversaux à l’ensemble des fi-

lières.

Les objectifs de MELI sont de :

- Passer de 14,5% à 40% de part

de marché

- Accentuer le dynamisme écono-

mique et la durabilité de la filière

- Valoriser les liens inter-filières

Les obstacles à lever

- Insuffisance de moyens pour les

éleveurs, les coopératives et les

industries de la filière

- Concurrence de produits impor-

tés à très bas prix

La stratégie

- Consolider les entreprises exis-

tantes et installer de nouvelles en-

treprises.

- Renforcer les actions interprofes-

sionnelles pour un développement

continu et durable de la produc-

tion.

Les actions principales

Consolider les entreprises exis-

tantes et installer de nouvelles

entreprises.

• Pallier aux difficultés financières

des entreprises créées par les in-

suffisances du POSEI en 2008 et

2009 et à la crise sociale de 2009)

• Améliorer et créer des outils fi-

nanciers et des dispositifs d’aide

adaptés aux structures de la filière.

• Mutualiser des moyens (soutien,

encadrement, trésorerie de lance-

ment)

• Favoriser les démarches de dif-

férenciation de nos produits.

• Créer des élevages de reproduc-

teurs locaux

• «Décloisonner» le monde végé-

tal et animal

• Renforcer les actions interprofes-

sionnelles pour un développement

continu et durable de la produc-

tion.

• Renforcer le budget destiné à

l’action « mise en marché »

• Aider à la commercialisation

d’une gamme spécifique de pro-

duits congelés

Ressources budgétaires

• Le POSEI

• Les aides de l’Etat et des Collec-

tivités

■ Martinique Elevage Initiative - MELI - 2010-2025

Suite aux Etats Généraux de l’Outre-Mer, les professionnels des filièresd’élevage de Martinique se sont rassemblés pour rédiger un documentdéclinant les objectifs et les stratégies à mettre en œuvre pour la pé-riode 2010-2025 : Martinique Elevage Initiative 2010-2025 (MELI).

Martinique Agricole N°3 - Mai/Juillet 2011 - 29

Page 30: Martinique Agricole N°3 - Juillet 2011

GUADELOUPE

Le cheptel bovin de Guadeloupe est

le plus important des DOM avec 75

800 têtes.

Il se caractérise par son atomisation

avec près de 13 000 détenteurs de

bétail dont une grande majorité d’éle-

veurs pluriactifs.

Le programme d’amélioration géné-

tique, élaboré par l’Inra Guadeloupe

et conduit par l’UPRA créole, a per-

mis de stabiliser les caractères de la

race « créole », issue d’animaux

d’Europe et d’Afrique (zébus).

L’élevage des petits ruminants desti-

nés à la production de viande reste

très traditionnel et familial. La pro-

duction caprine commence à se

structurer mais la majeure partie de la

production reste commercialisée en

vente directe. La production porcine

organisée est rassemblée autour de

deux structures regroupant 36 pro-

ducteurs.

La production avicole a subi de nom-

breuses crises (faible niveau d’orga-

nisation de la filière et développement

d’épizooties), mais un retour à une

production organisée, en cours de

réalisation, devrait, à terme, assurer

un approvisionnement notable et ré-

gulier du marché.

GUYANE

L’activité économique et agricole

se concentre le long du littoral.

L’élevage reste très dépendant

des approvisionnements exté-

rieurs (aliments et animaux repro-

ducteurs) et souffre d’un relatif

manque d’organisation au niveau

interprofessionnel.

De type extensif, l’élevage bovin

est pratiqué sur les savanes en-

tretenues de la plaine côtière et

sur des pâturages créés par défri-

chement de forêts secondaires.

Cette activité connaît un accrois-

sement rapide. Les structures de

production mettent en œuvre un

schéma génétique fondé sur le

croisement entre le zébu brahman

et les bovins de races à viande rus-

tiques (Aubrac et Gasconne). Elles se

sont également lancées dans l’éle-

vage de buffles à orientation bou-

chère.

Il existe, par ailleurs, des élevages de

petits ruminants souvent en associa-

tion avec des élevages bovins.

Les éleveurs de porcs se sont réunis

en syndicat professionnel en vue

d’obtenir un meilleur accès au mar-

ché, avec pour objectif de constituer à

court terme une OP reconnue.

La production de volaille de chair,

d’œufs et de lapin est organisée au

sein d’une coopérative qui regroupe

une vingtaine d’éleveurs.

La filière piscicole repose sur les tra-

vaux de recherche et de développe-

ment de la station expérimentale de

Soucoumou, gérée par la Chambre

d’agriculture.

L’écloserie fournit des alevins aux

aquaculteurs. Un programme d’expé-

rimentation est mené sur la station

sur l’association volailles/poissons.

RÉUNION

Le développement spectaculaire de

l’élevage réunionnais est lié à la

structuration précoce de la production

et des services d’amont (provenderie)

et d’aval (abattoir et transformation)

ainsi qu’à la volonté d’accroître la pro-

duction locale et d’accélérer le déve-

loppement économique de l’île.

L’élevage bovin repose essentielle-

ment sur des races européennes

comme la limousine ou la blonde

d’Aquitaine pour la viande et la

prim’holstein pour le lait.

Les unités de transformation fournis-

sent une gamme complète de pro-

duits : viande fraîche en barquette,

steak haché, lait UHT, yaourt et fro-

mages.

La production de viande porcine cou-

vre plus de 80 % des besoins de la

Réunion en viande fraîche.

Elle a développé plusieurs signes de

qualité : «qualité rose» et «porc mon-

tagne». La filière volaille a entrepris

une politique de segmentation de l’of-

fre en développant la production de

poulets fermiers, de poulets jaunes et

de poulets congelés. L’offre s’est éga-

lement diversifiée grâce au dévelop-

pement d’une gamme de découpe et

de charcuterie.

L’aquaculture s’est développée avec

la création, en 1991, de l’Association

réunionnaise pour le développement

de l’aquaculture (ARDA).

Son action a permis de développer la

production de poissons d’eau douce

(tilapias et truites) par une dizaine de

producteurs.

Source :ODEADOM

E-mail : [email protected]

Tél. : 01 41 63 19 70

Fax : 01 41 63 19 45

www.odeadom.fr

La situation des productions animales en Guadeloupe en Guyane, et à la Réunion.

■ …Ailleurs

30 - Martinique Agricole N°3 - Mai/Juillet 2011

DOSSIER

Page 31: Martinique Agricole N°3 - Juillet 2011

La MGPA, premier réseau mutualisteMartiniquais, protège plus de 100 000personnes aux Antilles- Guyanes. Forte de ces 14 Agences et Antennes, laMGPA joue à fond la carte de la proximitépour les particuliers, les travailleurs nonsalariés et les entreprises. Elle permet desouscrire à différents types de contrat encomplémentaire Santé, en Prévoyance,en Allocation Obsèques et Rapatrie-ment de corps, en Assistance et Ser-vices à la personne.

POUR LES PARTICULIERS

Pour les particuliers, nos tarifs sont spé-

cialement étudiés pour permettre au

plus grand nombre de souscrire à moin-

dre coût à l’une de nos couvertures sui-

vantes :

Complémentaire Maladie : à partir de

18€ par mois

Garantie obsèques : à partir de 30€ par

an pour une allocation de 3 400€ et dou-

blée en cas d’accident 6 800€.

Et en Prévoyance : étude au cas par cas

(arrêt de travail).

POUR LES ENTREPRISES

Le secteur des entreprises qui constitue

un gros volume d’activité nous fait de

plus en plus confiance. Aujourd’hui, plus

d’un millier d’entre elles nous a choisi

pour proposer une bonne couverture

santé et prévoyance à leurs salariés tant

les conditions tarifaires sont intéres-

santes et les prestations de hautes qua-

lités (exemple : Primes Optiques de 250€

à 600€ et les frais dentaires de 250 à

500% de taux de remboursement).

POUR LES TRAVAILLEURS

NON SALARIÉS

Que vous soyez artisans, commerçants,

de professions libérales, ou gérant majo-

ritaire, nous vous proposons une Offre

Confort qui assure toutes les protections

nécessaires. Les cotisations versées

pour l’ensemble des garanties santé et

prévoyance MGPA sont déductibles

des revenus imposés dans les condi-

tions et limite fixées par l’article 154 bis

du C.G.I. (Loi Madelin)

L’assistance, l’une des forces princi-

pales de la MGPA

• L’assistance à domicile :

Le soutien psychologique en vis à vis ou

par téléphone, la garde d’enfant, le por-

tage des repas, l’aide ménagère, le sou-

tien scolaire etc.�assurés en cas

d’immobilisation.

• L’Assistance déplacement :

Une véritable assurance pour voyager en

toute tranquillité dans le monde entier

(rapatriement sanitaire, hospitalisation

sur site, mise à disposition des médica-

ments, etc.�).

•L’Assistance rapatriement de corps :

En cas de décès hors du Département,

la MGPA prend en charge le coût et l’or-

ganisation du rapatriement de corps et

ce, quel que soit l’endroit à travers le

monde.

Depuis le 01/01/2010, la MGPA permet à

tous ses adhérents d’être bien informés

et bien conseillés par le biais de notre

plateforme médicale Priorité Santé Mu-

tualiste en composant le 39 35 au prix

d’un appel local.

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Pour en savoir plus, appelez vite aux :

0596 39 33 82 - 0596 39 33 44 et 0596 39 33 75Zone de la Jambette, Imm. De La Houssaye - 1er Etage97232 LAMENTIN

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Page 32: Martinique Agricole N°3 - Juillet 2011

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