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11 RUE BERANGER 75154 PARIS 3 - 01 42 76 17 89 22 FEV 13 Quotidien Paris OJD : 113108 Surface approx. (cm²) : 718 N° de page : 26 Page 1/3 LIENS 4693045300509/GTH/ADC/1 Eléments de recherche : LLL ou Les Liens Qui Libèrent : uniquement les ouvrages de la maison d'édition, passages significatifs PORTRAIT MARY PLARD Féministe et égalitariste, cette avocate défend les sans-droits que sont ces hommes à qui on a fait un enfant dans le dos. La cause du père obligé

Mary Plard, Libération

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Mary Plard, en Der de Libé pourla publication de son livre, paternités imposées, aux éditions les Liens qui Libèrent.

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Page 1: Mary Plard, Libération

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Eléments de recherche : LLL ou Les Liens Qui Libèrent : uniquement les ouvrages de la maison d'édition, passages significatifs

PORTRAIT MARY PLARD

Féministe et égalitariste, cette avocate défend les sans-droitsque sont ces hommes à qui on a fait un enfant dans le dos.

La cause du père obligé

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Par VIOLETTE LAZARDPhoto BRUNO CHAROY

Mary Plard aime les anecdotes. Celles qu'on ra-conte avec des couleurs, des bruits, mimées oususurrées au gré des émotions. Son combat pourles droits des hommes devenus pères malgré eux,

l'avocate aime à l'expliquer par une voix. Celle de Paul, pèred'un enfant non voulu. «Hte exprimait tout, la douleur, l'an-goisse», se rappelle Mary Plard, devant son thé -qu'ellechoisit vert, puis noir, puis en fait non, vert - à la buvette dupalais de justice de Paris. «Puis fl a prononcé des mots peu masculins: "abusé", "violé". J'ai tendu l'oreOle.» Paul sera son pre-mier «dossier», celui qui a inspire Paternités imposées, seullivre à évoquer ce sujet qui fâche.Les pères malgré eux? Des salauds qui n'ont qu'à assumer !Ils n'ont pas de droits? Et puis quoi encore? Mary Plard,57 ans, spécialiste des divorces, droits de garde et succession,répond toujours très calmement, très «avocate» dans sonjean - serré - chemise - blanche. Et raconte l'histoire de Paul.L'homme est quinqua, marié, père de grands enfants. Lorsd'un déplacement, il croise Barbara, 44 ans, célibataire.Quèlques semaines plus tard, Barbara annonce à Paul qu'elleest enceinte de lui, elle qui n'a pas eu d'enfants. Qu'elle le

garde. Paul cherche des réponses, juridiques, et n'en trouvepas. «Sur te terrain de la conception, les hommes ont aujourd'huimoins de droits que les femmes, constate Mary. Us doivent justese taire. C'est norma!, ça, en 2013 ?» Et voilà comment Paula réveillé son féminisme, qu'elle définit tout simplementcomme «une recherche d'égalité, et pas une surpuissance delafemme». ll ne s'est pas protége ? Soit. Mais quid des fillesqui avortent ? Leur reproche-t-on, à elles, de n'avoir pas uti-lisé un préservatif? Si Paul est un salaud, les femmes quiavortent, alors, sont des salopes?Mary a bien suivi les tribulations de 343 d'entre elles, en 1971.Etudiante en droit à Nantes, admiratrice de Gisèle Halimi,la légalisation de l'avortement est même son premier combatféministe. Elle accepte donc de revêtir sa «cotte de mailles»- elle adore l'expression ! - pour défendre Paul, qui décide desuivre la grossesse de Barbara à défaut de pouvoir l'empêcher.Mais toutes ses demandes se heurtent au silence de la mère.Il ne sait rien du sexe, de l'état de santé, de révolution dufœtus. Il ne connaît même pas le lieu de l'accouchement.L'avocate tente alors de faire entendre sa voix devant un tribunal. Son client est condamné à verser des dommages etintérêts. Il abandonne le combat, au moins judiciaire. «J'ai eu

beaucoup de chance de la rencontrer, témoigne Paul. Pour elle,je n 'étais ni un salaud ni une victime, juste une personne qui peutrevendiquer des droits. Elle ne m'a jamais jugé. Et ne m'a jamaisteurré sur mes chances de me faire entendre. » Après Paul, MaryPlard défend Georges, patron d'une grande entreprise.Un matin, dans un café, une jeune femme lui annonce êtreenceinte après leur aventure d'une nuit. Il ne veut pas de cettepaternité et le lui dit. «Devant la justice, un homme dans sasituation est coincé, décrypte maître Plard. Si lafemme le de-mande, il doit se soumettre à un test de paternité. Un refus de sapart est vu comme un aveu implicite, et il est souvent designécomme le père. » Une bizarrerie juridique connue du publicdepuis l'affaire Dati-Desseigne. Assigné en paternité par l'ex-garde des Sceaux, le président du groupe Barrière pourraitbien devenir le père de la petite Zohra s'il refuse dè livrerson ADN.«Mary va ouvrir des pistes juridiques dans ce domaine, prometune amie magistrale. Elle est d'une grande rigueur etd'une grande creativité. » Pour le moment, certains de ses dos-siers sont en attente. Les autres sont perdus.Elle éclate d'un rire clair et rocailleux. «Oui, je perds tous mesprocès et, en plus, je viens m'en vanter!» L'avocate a mêmeenduré le sermon d'une présidente de tribunal, sur le thèmedu préservatif et de la morale. Mais d'après Barbara, sa soeurcadette, avocate elle aussi, «cite ne va pas lâcher le morceauface à cette injustice légi-time». Mary Plard a EN 5 DATESd'ailleurs quèlques idées àproposer : «L'accouchement 10 avril 1955 Naissancesous X est une solution certes à Lorient (Morbihan),douloureuse, mais elle existe 198O Passe le barreau depour les femmes - elle plante Nantes (Loire-Atlantique),ses yeux de chat soulignés de *? décembre 1982noir dans les vôtres -, pour Naissance du premier

•i -«.i-*'j>-*_ « ' • de ses cinq entants,quoi îapossibflited etre 'gem- 2QO8 Ren^ontre Pau,teur sous X" ne serait pas of- Janvîer 2O13 patemités

ferte aux hommes ?» L'idée Imp0sées, éditions LLL.est séduisante. Egalitaire, entout cas. Le juge d'instruction Renaud Van Ruymbeke, quisigne la préface du livre, ne va pas si loin mais souligne néan-moins les lacunes d'une justice qui devra bien s'adapter.Pourquoi lui? Pour Mary Plard, «VR» est «emblématiqued'une justice idéale. J'avais envie de voir si je pouvais ébranlerle plus grand des juges».

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Son goût du combat, des sensations fortes, Mary en est sûre,c'est l'océan qui le lui a donné. L'océan qui bordait les mursde son lycée à Lorient (Morbihan). Le vent qui s'engouffredans les salles de classe, les bourrasques dans la cour de récré,ça forge un caractère. Le sien lui a permis de mener une car-rière d'avocate et d'avoir cinq enfants avec un mari directeurdans le BTP, dont elle est séparée depuis dix ans. Après sondeuxième bébé, Mary Plard obtient même l'ouvertured'une crèche à la maison des avocats de Nantes.Son désir d'indépendance, elle le situe un peu plus tôt. Versl'âge de 10 ans, et l'acquisition d'un petit vélo avec lequelelle parcourt 39 kilomètres, toute seule. «Monpremier sou-venir de liberté, j'ai tout de suite aimé !»Le quotidien de la fillette est moins exaltant. Deuxième detrois, Mary grandit dans un milieu bourgeois, breton etcatholique, va à la messe entre ses parents, chef d'entrepriseet mère au foyer, porte l'uniforme chez les sœurs et n'appro-che pas les garçons. Elle s'émancipe à la fac, mais sans rupture, sans drame, en évitant les sujets qui fâchent à la maison.Elle n'y prononcera jamais le mot avortement. A 57 ans,Mary Plard a bien dû évoquer le sujet de son livre devant sesparents octogénaires. «Je crois que je n'avais jamais prononcéle mot sexe devant eux. Alors sperme, préservatif... Mais plusils vieillissent, plus ils se libèrent, ite sont géniaux !»Maître Plard, elle, n'a pas retourné sa cotte de mailles, etcontinue de défendre les hommes comme les femmes. Tiens,la semaine dernière, elle défendait encore une cliente dansune procédure de reconnaissance de paternité. A l'annoncede la grossesse, le compagnon de la dame pourtant consen-tant, a pris la fuite. «Je lui ai fait la totale. Un vrai rouleaucompresseur.» Ah! Mais aurait-elle pu aussi le défendre, lui?Du tac au tac, Me Plard répond : «Sans doute oui, ii avait saversion des faits. » Elle se reprend. Homme ou femme, elle accepte «ceux qui ont besoin» d'elle. «Mais qui ne se moquentpas du monde...» Elle garde un souvenir cuisant d'un conduc-teur de TGY père d'un enfant dans chaque gare et venu la voirpour tenter d'échapper au versement dè ses pensions. Et quia tenté in fine de décrocher un rendez vous galant. Lui s'estheurté à la cotte de mailles. -*-