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Master 2 Ecologie Module : Economie forestière
1 Dr. Beldjazia Amina
Chapitre I : Les productions forestières (Suite)
1.3.Vices du bois
Le bois peut présenter des vices, c’est-à-dire des anomalies qui en modifient les
propriétés et en restreignent les emplois possibles.
Les vices du bois sont soit des défauts, c’est-à-dire des anomalies de structure, soit des
altérations, c’est-à-dire des anomalies portant sur la composition chimique, entraînant la
destruction partielle ou la modification de la substance du bois.
1.3.1. Défauts du bois
Ils se manifestent soit sur l’arbre sur pied, soit sur le bois après abatage et même mise en
œuvre.
Parmi les défauts du bois, il y a les nœuds (fig. 6), anomalie de structure consistant en la
trace d’une branche englobée dans le tronc au cours de l’accroissement en diamètre de l’arbre.
Le nœud peut être vivant s’il est formé par une branche qui reste vivante et continue à
s’accroître en même temps que le tronc. Un tel nœud est un point faible dans une poutre ou un
poteau, car il y a alors changement de direction des éléments du bois ; c’est une cause de
dépréciation en menuiserie.
Le nœud mort est formé par une branche morte. Il se crée alors au niveau de l’insertion
de la branche, un bourrelet de recouvrement à la branche morts reste incluse dans la masse du
bois ; si la branche morte se casse, les couches de bois se forment indéfiniment au-dessus du
nœud qui n’est plus visible extérieurement.
Ces nœuds morts ont les mêmes inconvénients que les vivants. Si la cicatrisation s’est
mal faite, notamment en cas de branches brisées accidentellement ou élaguées, des
champignons peuvent s’introduire dans le nœud qui se pourrit.
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Figure 6 : Nœud sur tronc d’arbre
On peut restreindre les inconvénients des nœuds par un élagage naturel aussi précoce
que possible, par l’éducation en massif serré, de façon à obtenir des billes dites « nettes de
nœuds », quand les branches sont encore de faible diamètre.
Un certain nombre de défauts du bois sur pied proviennent de causes internes, c’est-à-
dire d’anomalies de fonctionnement ou de structure de l’assise cambiale.
Ce sont : la fibre torse, quand les éléments allongés du bois au lieu d’être orientés
parallèlement à l’axe sont uniformément inclinés sur lui. Elle rend impossible le débit par
fente et est très gênante pour le débit à la scie. On la reconnaît à l’obliquité des fentes de
retrait sur les grumes abattues et écorcées (fig.7).
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Figure 7 : La fibre torse du tronc d’arbre
Il y a aussi les loupes, excroissances lisses du tronc ou des branches formées de bois à
éléments enchevêtrés, qu’il faut distinguer des broussins, excroissance du tronc hérissée de
petites aspérités coniques. Ces divers défauts ne sont pas acceptés pour le bois de menuiserie,
mais de telles anomalies sont recherchées, après débit par tranchage, pour les meubles de luxe
(fig. 8).
Figure 8 : Une loupe sur tronc d’arbre.
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Parmi les autres irrégularités de croissance provenant d’un fonctionnement inégal de
l’assise cambiale, citons : les arbres méplats, à la moelle excentrique, la courbure du tronc.
D’autres défauts sont dus à des causes météoriques comme :
- la gélivure, fente longitudinale et radiale affectant l’écorce et les couches superficielles
du bois à la suite d’un abaissement brusque et intense de la température (fig. 9).
Figure 9 : La gélivure du bois
- la roulure, fente circulaire résultant du décollement partiel ou total de deux couches
annuelles successives ; c’est un grave défaut dépréciant fortement le bois (fig. 10).
Figure 10 : La roulure du bois
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- les frottures sont produites par l’arrachement de lambeaux d’écorce ou même de bois ;
on peut en rapprocher les coups de soleil.
Certains défauts sont dûs aussi à des blessures de nature et causes très diverses qui se
cicatrisent, mais il n’y a alors jamais soudure entre le bois mis à nu par la blessure et la
couche de nouvelle formation. Des blessures proviennent aussi de corps étrangers inclus dans
le bois : clou ou éclat dans le bois, fil de fer l’enserrant et recouvert par un bourrelet. La
présence de ces corps étrangers rend le bois inutilisable et occasionne des ruptures d’outils,
notamment des lames de scies. Enfin, des défauts sont dûs à des végétaux parasites, par
exemple le Gui, qui détermine au niveau de son implantation un renflement du tronc et
l’enchevêtrement des éléments du bois, ce qui le rend inutilisable (fig. 11).
Figure 11 : Le Gui des conifères
Après abatage, les grumes en forêt ou sur chantier se dessèchent, la rétractibilité entre en
jeu et il se produit des fentes de retrait, orientées suivant les rayons qui gênent ou même
empêchent le débit.
1.3.2. Altération du bois
Ce sont des modifications dans la composition chimique ou des destructions partielles
dues à diverse causes.
Parmi elles, nous citerons la lunure, appelée aussi double aubier, consistant dans la
présence au milieu du bois parfait d’un anneau complet ou non de bois ayant la couleur et les
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propriétés de l’aubier et qui est fréquente chez les Chênes. Elle résulte de l’action d’une forte
gelée, qui affecte des couches de l’aubier et atteint plus ou moins l’activité de leurs cellules de
sorte que, plus tard, les phénomènes chimiques, notamment la sécrétion des tanins, ne s’opère
pas normalement lors de la transformation en bois parfait.
Champignons
Mais les altérations les plus graves sont dues aux champignons dont le mycélium pénètre
dans les cellules et se nourrissent de leurs membranes et des substances qu’elles contiennent,
en déterminant des changements dans la composition chimique.
Ces transformations sont dites pourritures, se manifestant par un changement de
coloration et de consistance du bois (fig. 12).
Figure 12 : Pourriture blanche
On distingue ainsi les champignons lignicoles (bleuissement), lignivores (pourritures) et
moisissures.
Les champignons lignivores sécrètent des enzymes qui catalysent des réactions dont le
résultat est de transformer en composés assimilables par le champignon les principaux
constituants du bois (Ericksson et al., 1990). Lors de la dégradation du bois par les
champignons lignivores, on peut avoir trois types de pourriture à savoir : pourriture blanche,
pourriture brune et pourriture molle (Silva et al., 2007). Les champignons de pourritures
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brunes attaquent préférentiellement les polysaccarides (cellulose et hémicellulose) en
modifiant partiellement la lignine. Parmi tous les agents de dégradation du bois, les
champignons de pourriture blanches sont les plus importants, car ils dégradent tous les
composés de la paroi cellulaire et sont capables de décomposer totalement la matière
lignocellulosique. Tous ces champignons ont la capacité de dégrader les extractibles et
certains biocides utilisés pour protéger le bois (Schultz and Nicholas, 2000).
Aussitôt après abatage, le bois est également attaqué par certains champignons qui se
nourrissent surtout aux dépens des réserves des cellules plutôt que des membranes. Ils
déterminent des changements de coloration et sont dit échauffures. Le cas le plus connu est le
bleuissement des bois résineux, notamment des pins ; il est dû à un champignon ou mycélium
brun dont la coloration combinée à celle du bois lui donne une teinte bleue. Ces champignons
ne modifient pas les membranes, aussi le bleuissement n’entraîne aucun changement
appréciable des qualités du bois.
Le bois mis en œuvre, s’il est exposé à l’humidité, peut encore être envahi par les
champignons.
Bactéries
Les bactéries sont de la classe des actinomycètes et sont probablement les premiers
colonisateurs du bois. Leur dégradation est très lente, moins destructrice que celle des
champignons et se développent dans des conditions très particulières. Elles créent des
conditions favorables à l’attaque fongiques en dégradant les polysaccarides (cellulose,
hémicellulose, amidon) de la paroi cellulaire après un temps extrêmement long dans les
conditions anaérobiques. Elles ont la capacité de dégrader les éléments de préservation du
bois. La dégradation se manifeste lorsque le bois est immergé ou conservé en milieu très
humide.
Insectes xylophages
Ils se regroupent en deux grands groupes à savoir : les coléoptères et les isoptères qui
sont des termites. Ils consomment la matière ligneuse pour assurer leur développement. On
dénombre actuellement plus de 2,5 millions d’insectes décrits. On distingue les insectes de
bois frais et de bois sec (Fouquet, 2003).
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- Insectes de bois frais : Ces insectes ne peuvent vivre que dans le bois ayant une
humidité supérieure à 35%, leur action s’arrêtant lorsque l’humidité du bois devient inférieure
à 35%. Ils se retrouvent sur des arbres sur pied ou fraichement abattus. Ils creusent de petites
galeries pour y séjourner. Ils pondent des larves dans le bois et ces derniers se nourrissent de
l’amidon du bois. On peut citer comme insecte de bois frais les lyctus, les platypes et les
bostryches (Fig. 13).
Figure 13 : Insecte « Lyctus » de bois frais
- Insectes de bois sec : Indépendamment de ceux décrits au paragraphe précédent, les
insectes de bois sec peuvent se développer sur des bois ayant une humidité inférieure à 18%.
Ils sont très dangereux pour les bois d’œuvre, car plusieurs générations d’insectes peuvent
poursuivre le travail de destruction sur une même pièce de bois. Les insectes de bois sec sont
principalement le capricorne de maison, le criocéphale, l’hespérophane, les vrillettes et les
termites (fig. 14).
Figure 14 : Insecte « Termites » de bois sec
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Les insectes xylophages produisent des altérations en creusant dans le bois des galeries
dites trous de vers ; le plus souvent, elles sont dues aux larves qui se nourrissent du bois et
forent des galeries.
1.4.Production de bois de qualité
Le forestier a compris qu'il fallait de plus en plus privilégier la qualité des produits
ligneux, source de diversification et de valorisation. Pour produire le maximum de bois de
qualité en un minimum de temps et au moindre coût, il doit absolument viser à la constitution
de forêts saines et équilibrées en vue de respecter un judicieux compromis entre les exigences
économiques souvent mouvantes et les contraintes écologiques généralement stables. Le bois
de qualité est, en réalité, celui qui présente d'excellentes propriétés technologiques; il provient
d'arbres sains, vigoureux, exempts de défauts ou de tares, à fûts cylindriques et à branches
fines. Pour atteindre cet objectif, le forestier doit être attentif à la fois au choix des espèces
ligneuses et au traitement des peuplements. Cette spéculation à long terme envisage rarement
- contrairement à l'agriculture - l'utilisation de matières fertilisantes destinées, par exemple, à
améliorer le rendement d'essences qui se sont révélées avec le temps mal adaptées aux
conditions locales.
1.4.1. Choix des espèces ligneuses
Pour remplir les objectifs visés, les essences seront choisies, non seulement en fonction
de leur aptitude à produire du bois de qualité, mais aussi en fonction de leur parfaite
adaptation aux conditions stationnelles. Cette dernière contrainte constitue un préalable qui
n'a pas toujours été respecté et qui doit être basé sur une étude approfondie et intégrée du
milieu, abordant le climat, le sol et la végétation. Pareille la démarche permet d'ailleurs
d'aboutir à une forêt parfaitement économique qui est, en principe, capable de se régénérer
naturellement et est aussi, dans une large mesure, beaucoup plus compétitive face à la
végétation spontanée herbacée et ligneuse. Enfin, si les essences retenues n'ont pas d'influence
néfaste sur le sol et si elles sont cultivées en mélange dans des peuplements constitués, de
structure irrégulière ou d'allure jardinée, elles permettront à la forêt de remplir non seulement
sa fonction économique mais aussi les nombreuses autres fonctions qui lui sont
habituellement dévolues (protection, cynégétique, loisirs, ...).
En ce qui concerne la forêt naturellement en place, si elle n'est pas suffisamment
productive, rien n'empêche de choisir de meilleurs écotypes ou de l'enrichir au moyen
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d'espèces étrangères à la station ou exotiques, ce qui implique d'effectuer une analyse d'autant
plus soignée du milieu. Si les exigences de ces espèces sont satisfaites et si elles supportent la
concurrence des espèces indigènes, elles pourront aussi produire du bois de qualité et se
régénérer par voie naturelle. Parmi les feuillus, à côté des essences couramment cultivées
depuis longtemps et présentant un bois de haute valeur telles que le chêne pédonculé
(Quercus robur) (fig. 15), le chêne sessile (Quercus petraea), le chêne rouge (Quercus rubra)
et le hêtre (Fagus sylvatica), il existe une série d'espèces, qui étaient autrefois considérées
comme secondaires ou accessoires.
Figure 15 : Bois de chêne pédoncué
Depuis quelques années, elles sont désignées sous le nom d'essences "nobles" ou
"précieuses" et leur bois est souvent recherché pour des emplois spéciaux très rémunérateurs.
Parmi celles-ci, on retiendra : le frêne commun (Fraxinus excelsior), l'érable sycomore (Acer
pseudoplatanus), le merisier (Prunus avium), l'aulne glutineux (Alnus glutinosa), l'alisier
torminal (Sorbus torminalis), le noyer noir (Juglans nigra), le noyer hybride (Juglans
vilmoriana). Toutes ces essences nobles, souvent très exigeantes quant aux propriétés
physiques et chimiques du sol, se singularisent par des caractéristiques fort intéressantes :
elles croissent rapidement, produisent du bois de grande valeur technologique et esthétique,
apte aux usages nobles (ébénisterie, objets d'art, déroulage, ...). En outre, elles se vendent à
des prix élevés, s'il est possible de fournir sur le marché des lots de qualité et de quantité
suffisante. Si les préoccupations se sont progressivement tournées vers la production de bois
feuillus de qualité, il est aussi primordial aujourd'hui que celle-ci concerne également les bois
résineux. Il y a une quarantaine d'années encore, l'épicéa commun (Picea abies) avait un
énorme débouché dans les charbonnages. Suite à leur disparition, ce n'est plus le cas
actuellement. Les gros bois de sciage à haute valeur ajoutée sont particulièrement appréciés.
En raison de la facilité de sa culture et des rentrées financières assez rapides qu'il permet
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d'obtenir, l'épicéa commun est prisé par les propriétaires privés qui l'ont installé un peu
partout même quand les conditions stationnelles s'y prêtaient mal. D'autres conifères connu
par leurs qualités: le douglas vert (Pseudotsuga menziesii), le sapin pectiné (Abies alba), le
sapin noble (Abies procera), le tsuga de Californie (Tsuga heterophylla), le mélèze d'Europe
(Larix decidua) et le pin sylvestre de bonne origine (Pinus sylvestris). Le choix de l'essence
doit obligatoirement être associé à l'utilisation de plants d'élites issus de l'amélioration
génétique et de pépinières de qualité. Il est en effet illusoire de vouloir produire du bois de
qualité à partir de plants d'origine incertaine ou inconnue dont la mauvaise reprise, la
croissance défectueuse ou le manque de résistance au climat et aux agents parasitaires sont
parfois la source d'importants déboires.
1.4.2. Traitement des forêts
Un peuplement forestier ne peut être abandonné aux seules forces de la nature. Le
forestier doit lui apporter des soins culturaux qui ont pour objectifs d'activer et de contrôler la
croissance des arbres tout en veillant à améliorer la qualité de leurs bois. La phase d'éducation
des peuplements commence par les dégagements qui consistent, dans la jeunesse, à éliminer la
végétation concurrentielle au profit des bonnes essences en leur donnant l'espace vital.
Viennent ensuite les nettoiements qui enlèvent, dans l'étage supérieur, tous les non valeurs
empêchant les élites de se développer. Après cette sélection massale, on pratique une sélection
individuelle parmi les sujets de valeur. Cette opération, fondamentale pour l'avenir du
peuplement, correspond à l'éclaircie dont la nature, la vigueur et la fréquence déterminent la
répartition des tiges par catégorie de grosseur. Le sylviculteur dispose de deux autres
techniques visant à améliorer la qualité du bois : les tailles de formations destinées à produire
des troncs droits et solides et les élagages visant à fabriquer du bois sans nœuds (Hubert,
1989b). Le nombre d'arbres à tailler et à élaguer, les modalités et la hauteur d'intervention
sont liés à l'objectif fixé au départ et sans aucun doute à l'évolution des besoins.
2. Production des dérivés du bois
Le bois est un matériau d’origine végétale, que l’on peut appréhender à différentes
échelles et niveaux de complexité.
Le bois possède des caractéristiques propres, présente des différences d’une pièce à
l’autre et d’une essence à l’autre. Le bois a aussi du caractère: des tons et des textures
variables, des nœuds, des défauts de croissance et des fentes. La variabilité de ses
caractéristiques complique la production de séries identiques, alors que l’influence de l’eau,
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de l’air et de la lumière modifient les propriétés du bois au cours du temps. Mais avec un peu
d’astuce et de technique, ces inconvénients apparents se transforment en avantages. C’est
dans ce sens que les praticiens et les chercheurs ont développé, ensemble, les
dérivés du bois. En dérivant du bois, ces produits permettent de dépasser les limites naturelles
du bois. Les dérivés du bois élargissent la gamme d’utilisation du bois de manière à la fois
logique et décisive (Braun et al., 2007).
2.1. Classification des matériaux en fonction du débit du bois
2.1.1. Matériaux dérivés du bois scié
A. Les lamellés-collés
On appelle bois lamellé-collé des pièces massives reconstituées à partir de lamelles de
bois assemblées par collage. Ces lamelles sont disposées de telle sorte que leurs fils soient
parallèles (Fig. 16 ). Généralement, le lamellé-collé a les caractéristiques mécaniques du ou
des bois qui le composent. Il est surtout utilisé comme élément de structure, poteau ou poutre.
Les poutres lamellées-collées permettent de réaliser des structures de très grandes portées,
jusqu’à 100 mètres, voire plus. À cet avantage propre, s’ajoutent tous ceux inhérents au
matériau bois :
— matériau naturel, renouvelable, stock de carbone issu du gaz carbonique
atmosphérique, matériau à faible coût énergétique et présentant un faible impact
environnemental ;
— matériau léger et résistant : comparativement, pour une résistance sensiblement
équivalente, le bois lamellé-collé est cinq fois plus léger que le béton ;
— matériau résistant au feu : la zone carbonisée périphérique joue un rôle protecteur
lié à sa faible conductivité thermique. L’élévation de la température ne fait pas chuter les
propriétés mécaniques. Pour dimensionner les pièces, il faut seulement tenir compte de la
vitesse de transformation du bois en charbon de bois qui est pour le lamellé-collé comme pour
le bois massif de 0,5 mm/min pour les essences dures (chêne) à 0,7 mm/min pour les
essences tendres (résineux) ;
— matériau durable : la connaissance des risques, une conception réfléchie, un choix
correct de l’essence et d’un éventuel traitement de préservation permettent d’assurer la
pérennité de l’ouvrage.
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Figure 16 : Lamellé-collé (source : Marie Christine Trouy- Triboulot, 2017)
B. Les contrecollés
Les bois massifs contrecollés sont obtenus par association par collage à plat de deux ou
plusieurs lames de bois massif.
C. Les panneautés
Les panneautés ou panneaux en lamellé-collé sont notamment utilisés pour la réalisation
de meubles ou de plans de cuisine (fig. 17). Les panneaux existent en différentes épaisseurs et
en différentes essences (épicéa, hêtre, chêne, frêne, érable...), parfois mélangées pour obtenir
des effets décoratifs. Les panneaux multiplis, ou panneaux contrecollés 3 et 5 plis, sont le fruit
à la fois des techniques du lamellé-collé et du contreplaqué car ils sont constitués de plusieurs
couches panneautées et les lames de bois massif sont à fil croisé d’une couche à l’autre.
Disponibles en épicéa, douglas ou mélèze, ils sont surtout intéressants en menuiserie,
agencement et ameublement mais aussi en bardage extérieur.
Figure 17 : Elément de salle de bain en bois panneauté
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D. Les carrelets lamellés-collés aboutés
Les carrelets lamellés-collés aboutés sont essentiellement utilisés en menuiserie (fig. 18),
où ils se substituent peu à peu au bois massif acheté en plot. Ils permettent des rendements
matière proches de 100 % et un approvisionnement en flux tendu. Les essences utilisées sont
le chêne et le pin. Certains bois tropicaux asiatiques sont importés sous forme de carrelets
(méranti, lauan).
Figure 18 : Menuiserie en carrelet lamellé-collé abouté
2.1.2. Matériaux dérivés du bois tranché ou déroulé
A. Les contreplaqués
On définit le contreplaqué comme un panneau à base de bois obtenu par collage de
couches adjacentes à fils croisés habituellement à angle droit. Les couches (plis) sont le plus
souvent des feuilles de bois obtenues par déroulage, d’environ 3 à 4 mm d’épaisseur. Le
contreplaqué est généralement équilibré, ce qui signifie que les couches sont symétriques par
rapport à la couche centrale, en ce qui concerne l’épaisseur, le sens du fil et l’essence.
Il peut dans certains cas comporter une âme (contreplaqué à âme), par exemple constituée par
des lattes de bois massif de largeur comprise entre 7 et 30 mm, collées ou non entre elles
(contreplaqué latté), ou par des lamelles de placage déroulé de 7 mm d’épaisseur au plus,
disposées sur chant, toutes ou la plupart étant collées entre elles (contreplaqué lamellé).
L’âme peut également contenir des matériaux autres que du bois (contreplaqué composite).
Le contreplaqué peut être plan ou moulé, obtenu par pressage sur une forme. Le contreplaqué
est un matériau homogène, léger, facile à mettre en œuvre (fig. 19). Il a des performances
mécaniques élevées et résiste bien au fluage, aux chocs et aux vibrations. Sa stabilité
dimensionnelle est meilleure que celle du bois massif.
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Figure 19 : Contreplaqué mis en œuvre
Les essences les plus utilisées pour la fabrication sont le pin, le hêtre, le peuplier, le
bouleau, l’ozigo et l’okoumé. Les plis extérieurs sont souvent composés d’une essence de bois
plus noble ou d’une meilleure qualité. La durabilité du contreplaqué vis-à-vis des
agents biologiques de dégradation dépend de la durabilité des essences employées mais aussi
de la colle qui peut contenir des biocides, pénétrer plus ou moins dans les plis, ou agir comme
barrière aux insectes lignivores et à leurs larves traversant les plis.
B. Les lamibois
Le lamibois est un lamellé-collé de placages de bois déroulés, collés à fils parallèles.
C’est une solution intéressante pour promouvoir l’utilisation des bois de faibles diamètres, le
procédé de fabrication permettant de convertir environ 75 % de l’arbre en éléments de
structure. On utilise généralement l’épicéa et une colle phénolformaldéhyde. Les
caractéristiques mécaniques du lamibois sont supérieures à celles du bois massif et du
lamellé-collé classique. Il est stable dimensionnellement aux variations de température et
d’humidité.
Les éléments en lamibois sont utilisés dans les structures neuves (charpentes et
ossatures, portiques, poutres porteuses, pannes, solives, chevrons, poteaux...) en réhabilitation
et réparation (transformations de combles, renforcements...).
C. Les déroulés découpés en lamelles longues
Généralement utilisé sous forme de poutre, Ils sont formés de lamelles longues et
étroites assemblées parallèlement avec une résine phénolique. Stable dimensionnellement, il
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présente d’excellentes propriétés mécaniques. Il est surtout utilisé pour les éléments porteurs
(poutres maîtresses, poteaux, pannes, linteaux...) (fig. 20).
Le procédé de fabrication utilise des produits du déroulage. Il est continu : les lamelles
sont assemblées et subissent une compression dans une filière associée à un faisceau micro-
ondes pour réticuler la colle.
Figure 20 : Poutre lamellé collé Epicéa
D. Les tranchés découpés en lamelles minces orientées (LSL)
Les panneaux sont fabriqués à partir de grands copeaux minces parallèles, collés,
orientés suivant la longueur du panneau. Les panneaux sont débités longitudinalement afin
d’obtenir des sections standards. Les propriétés mécaniques sont élevées. Le LSL est utilisé
comme planches de rives, poutres ou linteaux de moyenne portée.
Le bois utilisé est le peuplier tremble et le tulipier de Virginie. Il est tranché en fines
lamelles d’environ 3 × 30 × 300 mm, qui sont ensuite séchées, encollées avec une colle de
type isocyanate et pressées avec injection de vapeur.
2.1.3 Matériaux dérivés du bois broyé ou déchiqueté
A. Les panneaux de particules
Le panneau de particules est un matériau en plaque, fabriqué sous pression,
essentiellement à partir de particules de bois et/ou d’autres matières fibreuses
lignocellulosiques (lin, bagasse, chanvre...) avec apport de liant organique (résine
thermodurcissable).
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B. Les panneaux de lamelles orientées
Les panneaux de particules (panneaux en lamelles minces longues et orientées) et en
prescrit les exigences sont des panneaux en plusieurs couches constituées de lamelles de bois,
de forme et d’épaisseur déterminées avec addition de liant. Les lamelles des couches
extérieures sont alignées et disposées parallèlement à la longueur ou à la largeur du panneau.
Les lamelles de la ou des couches intérieures peuvent être orientées aléatoirement ou alignées,
généralement perpendiculairement à la direction des lamelles des couches extérieures.
C. Les panneaux de fibres et les panneaux de moyenne densité
Ce matériau est définit comme un matériau en plaque d’une épaisseur nominale égale ou
supérieure à 1,5 mm obtenu à partir de fibres lignocellulosiques avec application de chaleur
et/ou de pression. La cohésion provient soit du feutrage de ces fibres et de leurs propriétés
adhésives intrinsèques, soit de l’addition aux fibres d’un liant synthétique. Dans le premier
cas, on fabrique des produits essentiellement « techniques », actuellement en décroissance :
panneaux minces pour fonds de meuble, l’emballage, panneaux isolants (fig. 20). Dans le
second cas, on obtient les panneaux MDF, en fort développement depuis
les années 1980. Ils sont usinables dans la masse et présentent une belle finesse de texture
souvent mise en valeur par un vernis (fig. 21).
Figure 20 : Les panneaux de fibres dures Figure 21 : Meuble en MDF
D. Les matériaux à liants hydrauliques
Les panneaux de particules liées au ciment sont définit comme des matériaux en plaque
fabriqués sous pression, à base de particules de bois ou autres particules végétales liées
avec du ciment hydraulique et pouvant contenir des additifs. L’intérêt de ces panneaux réside
surtout dans leur résistance au feu et aux attaques biologiques.
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Les bétons de bois se présentent sous diverses formes et sont fabriqués selon les
méthodes mises en œuvre pour les bétons. Ce sont des matériaux plus légers que les bétons
traditionnels.
2.2. Classification des matériaux en fonction de leur utilisation
2.2.1 Panneaux décoratifs et acoustiques
A. Les panneaux plaqués bois
L’application de placages bois sur des panneaux de faible qualité de surface est très
fréquemment utilisée dans l’industrie de l’ameublement mais également en menuiserie
intérieure. Il est ainsi possible d’obtenir à moindre coût des éléments présentant
des caractéristiques esthétiques proches de celles du bois massif. Les supports employés à cet
effet sont les contreplaqués, les panneaux de particules et le MDF. Les essences de placage les
plus utilisées sont le chêne, le hêtre, le frêne, le châtaignier et les bois
exotiques (acajou, okoumé, palissandre, teck...).
B. Les panneaux mélaminés et stratifiés
Différents types de revêtements peuvent être ajoutés aux panneaux bois pour en
améliorer les propriétés esthétiques et/ou techniques. Les papiers kraft imprégnés de résine
phénolique sont appliqués sur les panneaux bois (contreplaqués et panneaux de particules)
pour en améliorer la qualité de surface avant finition ou réaliser des moules pour couler le
ciment. Le papier est imprégné de résine et séché sans que la résine polymérise.
C. Les panneaux acoustiques
Ces panneaux ne présentent pas de caractéristiques particulières en ce qui concerne leur
nature ou leur composition. Ce sont le plus souvent des panneaux décoratifs auxquels les
propriétés d’amortissement acoustique sont conférées par des formes ou des perçages
spécifiques. Associés le plus souvent à un matériau absorbant comme de la laine de roche, et
généralement ignifuges, ces panneaux correspondent aux besoins de correction ou
d’affaiblissement acoustiques pour des salles de conférences, théâtres, halls d’accueil, salles
de réunion.
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2.2.2. Panneaux ignifugés
Le bois et les matériaux dérivés du bois sont naturellement inflammables et leur réaction
au feu est caractérisée par le test à l’épiradiateur qui prend en compte l’inflammation des deux
faces du matériau testé soumis au chauffage d’une source de chaleur rayonnante
(épiradiateur).
2.2.3. Poutres composites en I
Ce sont des poutres composées de membrures (ou semelles) en bois ou en matériaux
dérivés (lamellé-collé, contrecollé « bilame » ou « trilame », lamibois) et d’âme en bois
(solive ajourée), en matériaux dérivés (OSB, contreplaqué, panneaux de fibres durs...) ou en
métal (poutres NAIL web). Elles ne pèsent que 60 % de leur équivalent en bois massif et sont
généralement manuportables. Leur utilisation en solivage est intéressante, car l’âme des
poutres peut être perforée pour laisser passer canalisations et gaines, sans amoindrir leur
résistance (fig. 22).
Figure 22 : Fabricant de poutre en I.