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Francisco Matte Bon Facoltà d'interpretariato e traduzione Libera Università degli Studi LUSPIO Roma [email protected] Les opérations métalinguistiques fondamentales qui permettent aux langues de fonctionner: le double clavier et le principe de cyclicité en espagnol Henri Adamczewski observait en 1997 dans son article « La Genèse de l’énoncé, ou les opérations de mise en discours » 1 : « Ce qui est significatif et inquiétant tout à la fois c'est le décalage épistémologique entre l'état de la recherche d'aujourd'hui en matière de langues et de langage et le savoir dispensé par l'institution (enseignement de la grammaire de L1 et des L2, conception de l'acquisition des langues étrangères, formation des maîtres, structure et contenu des concours de recrutement des maîtres etc.).» Quinze ans ont passé, mais la situation semble toujours être la même. Dans l'enseignement des langues tout le monde semble vouloir trouver de meilleures explications, et la didactique des langues s'interroge sans répit sur le problème de la grammaire et son enseignement. Tout semble bouger apparemment, mais rien ne change réellement. On suit les modes, on change les étiquettes, mais on continue de concevoir la grammaire comme quelque chose de très peu systématique. Sur les raisons de cet état de choses, nous pourrions disserter longuement. Je préfère consacrer ici les quelques pages dont je dispose à contribuer à la recherche de voies alternatives. Dans le même article, Henri Adamczewski se référait à "l'intuition juste" de certains linguistes selon laquelle "les langues fonctionnent grâce à un nombre limité de schémas syntaxiques, que l'extraordinaire foisonnement des phrases d'une langue repose sur l'exploitation répétée d'une poignée de "structures fondamentales" qui constituent le noyau dur de la syntaxe." Et il proposait encore une fois le grand défi qu'il a poursuivi avec l'activité de recherche de toute sa vie, à savoir: « La tâche du linguiste peut être définie de façon très claire : il s'agit ni plus ni moins de découvrir, à partir des énoncés observés (à partir du discours donc) LA GRAMMAIRE qui a permis de construire les énoncés en question. Autrement dit il faut remonter aux OPÉRATIONS dont l'énoncé est le produit. » Pour répondre à ce défi Adamczewski nous a légué un modèle révolutionnaire sous plusieurs aspects, qui nous fournit les instruments pour dévoiler les secrets du fonctionnement des langues et parvenir à des descriptions plus simples et plus efficaces didactiquement. Dans son modèle le traitement des informations et les attitudes de l'énonciateur sont au centre de l'attention. Son "double clavier", incarné principalement dans le vecteur RH---TH, a précisément l'ambition de décrire les opérations fondamentales qui entrent en jeu en termes de statut attribué aux données que nous manions dans la construction de nos énoncés. Henri Adamczewski démontre magistralement dans ses écrits que le même type d'opération s'applique à d'innombrables phénomènes en suivant le «principe de cyclicité selon lequel les langues exploitent itérativement un principe donné» 2 . Pour relever le défi, dans les dernières années j'ai essayé d'identifier les différentes opérations qui font fonctionner une langue comme l'espagnol. Dans un article publié en 2008 dans les Actes de la rencontre des Amis du Crélingua de 2007 3 , je traçais un bref aperçu de certains des résultats de mes

Matte Bon- Crelingua 2012

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Gramática metaoperacional del español

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  • Francisco Matte Bon Facolt d'interpretariato e traduzione Libera Universit degli Studi LUSPIO [email protected]

    Les oprations mtalinguistiques fondamentales qui permettent aux langues de fonctionner: le double clavier et le principe de cyclicit en espagnol

    Henri Adamczewski observait en 1997 dans son article La Gense de lnonc, ou les oprations de mise en discours 1:

    Ce qui est significatif et inquitant tout la fois c'est le dcalage pistmologique entre l'tat de la recherche d'aujourd'hui en matire de langues et de langage et le savoir dispens par l'institution (enseignement de la grammaire de L1 et des L2, conception de l'acquisition des langues trangres, formation des matres, structure et contenu des concours de recrutement des matres etc.).

    Quinze ans ont pass, mais la situation semble toujours tre la mme. Dans l'enseignement des langues tout le monde semble vouloir trouver de meilleures explications, et la didactique des langues s'interroge sans rpit sur le problme de la grammaire et son enseignement. Tout semble bouger apparemment, mais rien ne change rellement. On suit les modes, on change les tiquettes, mais on continue de concevoir la grammaire comme quelque chose de trs peu systmatique. Sur les raisons de cet tat de choses, nous pourrions disserter longuement. Je prfre consacrer ici les quelques pages dont je dispose contribuer la recherche de voies alternatives.

    Dans le mme article, Henri Adamczewski se rfrait "l'intuition juste" de certains linguistes selon laquelle "les langues fonctionnent grce un nombre limit de schmas syntaxiques, que l'extraordinaire foisonnement des phrases d'une langue repose sur l'exploitation rpte d'une poigne de "structures fondamentales" qui constituent le noyau dur de la syntaxe." Et il proposait encore une fois le grand dfi qu'il a poursuivi avec l'activit de recherche de toute sa vie, savoir:

    La tche du linguiste peut tre dfinie de faon trs claire : il s'agit ni plus ni moins de dcouvrir, partir des noncs observs ( partir du discours donc) LA GRAMMAIRE qui a permis de construire les noncs en question. Autrement dit il faut remonter aux OPRATIONS dont l'nonc est le produit.

    Pour rpondre ce dfi Adamczewski nous a lgu un modle rvolutionnaire sous plusieurs aspects, qui nous fournit les instruments pour dvoiler les secrets du fonctionnement des langues et parvenir des descriptions plus simples et plus efficaces didactiquement. Dans son modle le traitement des informations et les attitudes de l'nonciateur sont au centre de l'attention. Son "double clavier", incarn principalement dans le vecteur RH---TH, a prcisment l'ambition de dcrire les oprations fondamentales qui entrent en jeu en termes de statut attribu aux donnes que nous manions dans la construction de nos noncs. Henri Adamczewski dmontre magistralement dans ses crits que le mme type d'opration s'applique d'innombrables phnomnes en suivant le principe de cyclicit selon lequel les langues exploitent itrativement un principe donn 2.

    Pour relever le dfi, dans les dernires annes j'ai essay d'identifier les diffrentes oprations qui font fonctionner une langue comme l'espagnol. Dans un article publi en 2008 dans les Actes de la rencontre des Amis du Crlingua de 20073, je traais un bref aperu de certains des rsultats de mes

  • recherches en grammaire mta-oprationnelle sur l'espagnol. Dans les pages qui suivent l'ambition est d'illustrer le double fonctionnement du double clavier en espagnol selon le principe de cyclicit auquel se rfrait notre grand Maitre.

    La puissance explicative du double clavier

    Sur la ligne des ides que nous propose Henri Adamczewski, dans mon article de 2008 je prsentais une version synthtique de mon double clavier pour l'espagnol. En voici une version enrichie de plusieurs points de vue :

    Domaine smantico-fonctionnel ou type dopration mtalinguistique

    Phase 1(+ information, nonciateur)tape de la ngociation des donnes.

    Phase 2( information, + nonciateur)tape o la ngociation des donnes nest plus en jeu parce quelle est acquise ; il sagit de faire autre chose.

    Domaine de l'essence et de l'existence: tre et avoirPrsence / existence : traduction de il y a

    Haber (hay, haba, etc.) : pose l'existence de l'lment introduit

    Ser / Estar : parlent d'un lment dont l'existence est prsuppose

    Attribution : tre Haber (hay, haba, etc.)

    Estar : prsuppose l'existence et la connaissance du sujet dont on parle (sujet du verbe) Le statut des donnes qu'il prsente dpend du temps et mode verbal

    Prsence / existence : traduction de il y a / se trouver

    Ser : prsente des donnes qui permettent de classer / connaitre le sujet dont on parle

    Estar : prsuppose la connaissance du sujet dont on parle Le statut des donnes qu'il prsente dpend du temps et mode verbal

    Systme verbalPrdication Indicatif Subjonctif4Prdication Infinitif GrondifPrdication Indicatif / subjonctif Infinitif / grondifPrdication : prsentation de donnes Indicatif prsent Indicatif imparfait

    Prdication : le pass Pretrito indefinido (prtrit) Indicatif imparfaitPrdication : prdictions Futur Ir a + infinitif5

    Statut de la relation sujet-verbeStatut de la relation sujet-verbe en termes de validation : la validation est au centre de l'attention

    S (affirmation) Si (interrogative indirecte / condition : reprise de la relation sujet - verbe pour ouvrir la question de sa validation)

    Statut acquis de la relation prdicative : interrogatif - relatif /conjonction

    Qu (interrogatif) Que (reprise d'un pralable mtalinguistique : rptition, compltive

    Statut de la relation sujet-verbe: Fr. bien / si / quoi / que

    S / si (la question de la validation est ouverte)

    Qu / que (la relation sujet-verbe est prsente comme un pralable du point de vue mta-linguistique)

    Les lments imbriqus et leurs substituts

    lments de l'nonc: sujet, complments, circonstances, etc.

    Mention de l'lment : prsentation de l'lmentx verbe y - z

    Interrogatifs / exclamatifs : signalent l'lment auquel ils se rfrent, dont ils prsupposent la relation sujet-verbe et l'existence :x? y? z? // x! y! z!

    Prsupposition de la relation sujet-verbe

    Interrogatifs / exclamatifs : signalent un lment dont l'existence est prsuppose pour ouvrir / (pro)poser une

    Relatifs / conjonctions de subordination : orientent l'interprtation de la proposition qu'ils introduisent en

  • ngociation sur son identit

    termes de temps, lieu, manire, personne, etc. La proposition qu'ils introduisent (imbrique) devient un qualificatif ou un substitut de l'antcdent

    Prsupposition de la relation sujet-verbe Formes toniques Formes atones

    Interrogatifs - exclamatifs / relatifs - conjonctions : fr. quand Cundo Cuando

    Interrogatifs - exclamatifs / relatifs - conjonctions : fr. o Dnde Donde

    Interrogatifs - exclamatifs / relatifs - conjonctions : fr. quoi / quel / que Qu (fr. quoi / que) Que (fr. qui / que)

    Interrogatifs - exclamatifs / relatifs - conjonctions ; fr. quel Cul (fr. lequel / laquelle)

    Cual (fr. comme / tel qu'un(e) XXX qui...)

    Interrogatifs - exclamatifs / relatifs - conjonctions : fr. quoi / quel / que

    Qu + (fr. quoi / que) / Qu + nom (fr. quel + nom)

    Qu quieres beber? (fr. Que veux-tu boire?)

    Has trado el libro? (fr. Tu as apport le livre?)+ Qu libro? (fr. Quel livre?)

    Cul + (fr. lequel / laquelle + )

    Me pasas el libro? (fr. Tu peux me passer le livre?)+ Cul? (fr. Lequel?)

    Interrogatifs - exclamatifs / relatifs - conjonctions : fr. comment / comme

    Cmo (fr. comment) Como (fr. comme)

    Interrogatifs - exclamatifs / relatifs - conjonctions : fr. qui Quin (fr. qui) Quien (fr. qui)

    Le groupe nominal: dtermination, substituts

    Dtermination du groupe nominal (en gnral)

    Un, una, etc Algn/alguna/algunos/algunas (fr. quelque(s) / certain(s))

    El, la, etc. Dmonstratif (este, ese, aquel) Possessif : mo, tuyo, suyo, etc... (fr. mien - moi, tien - toi, sien - lui) / mi, tu, su, etc. (fr. mon - ma, ton - ta, son - sa, etc...)

    Dtermination du groupe nominal : articles. (Situent le nom par rapport aux donnes du contexte.)

    Un / una El / la

    Dtermination du groupe nominal : indfinis. (Posent le nom comme rhmatique.)

    Un / una / unos / unas (fr. un /une / des)(Ne prsupposent rien)Yo estaba all porque haba ido a comprar unos libros que necesitaba para mi investigacin. (fr. Je me trouvais l parce que j'tais all acheter des livres dont j'avais besoin pour ma recherche.)

    Algn / alguna / algunos / algunas (fr. quelque(s) / certain(s)(Posent en slectionnant des lments d'un groupe donn - connu)Cuando llegu a casa me di cuenta de que algunos libros estaban estropeados y tuve que volver a la librera. (fr. Quand je suis arriv la maison je me suis rendu compte que certains livres taient abims et j'ai d retourner la librairie.)

    Dtermination du groupe nominal : possessifs. (Situent le nom par rapport aux personnes.)

    Forme tonique : mo, tuyo, suyo, etc. Tener (= fr. avoir) Forme atone : mi, tu, su, etc.

    Dtermination du groupe nominal : dmonstratifs. (L'nonciateur signale / focalise le nom en l'ancrant par rapport au contexte spcifique.)

    Este/a/os/as Ese/a/os/as Aquel/aquella/os/as

    Dtermination du groupe nominal : dmonstratifs Ese/a/os/as Aquel/aquella/os/as

    Dtermination du groupe nominal : dmonstratifs

    Dmonstratif avec mention du substantif : adjectif dmonstratif

    Dmonstratif sans mention du substantif : pronom dmonstratif

    Mention du groupe nominal Mention explicite Pronom

  • Article sans mention du substantif : el mo, el rojo. Ellipse du sujet Effacement de tous les lments acquis : ils ne sont pas mentionns quand on sait dj de quoi on parle :-Ayer fui a la exposicin de Dal.- Yo fui la semana pasada.(Inexistence en espagnol dquivalents de y et de en.)

    Le domaine de la qualification

    Emploi dun adjectif ou dun adverbe Mention de ladjectif ou de ladverbe

    Exclamation Tan + adjectif ou adverbe Lo + adjectif ou adverbe + que + verbe : lo bonito que es...(Es impresionante lo bien que habla.)

    Intensification de ladjectif ou de ladverbe, quantits

    Muy/mucho (= fr. trs / beaucoup)-Tiene muchos amigos. (Information de premire main.)

    -No corras mucho, eh? Conduce con prudencia. (Je ne prjuge rien sur ta faon de conduire.)

    Tan/tanto (= fr. tant / autant si / aussi)- No pensaba que tuviera tantos amigos.(Rfrence une donne acquise.)

    - Por favor, no corras tanto, que tengo miedo. (Nous sommes dans la voiture et je considre que tu vas trop vite, je le prsuppose donc.)

    Position de ladjectif Adjectif aprs le substantif Adjectif avant le substantif

    Prsentation et reprise des informations

    Prsentation des informations nouvelles Information (indicatif)

    Que + information, par exemple dans la rptition dinformations :(1) - Cmo dices? - Que ha llegado Pedro.

    (2) Te repito que / es verdad que / te recuerdo que / etc. + information

    lments de relation : prpositionsPrpositions A DePrpositions Para PorPrpositions Para / por A / dePrpositions : destination, finalit Para A

    Prpositions : agent de la voix passive

    Por (la grammaire traditionnelle parle dans ces cas de pasiva de proceso : El edificio fue rodeado por manifestantes de todas las tendencias polticas. (fr. Le btiment fut entour par des manifestants de toutes les couleurs politiques.)

    De (la grammaire traditionnelle en parle comme pasiva de resultado : el edificio est rodeado de manifestantes de todas las tendencias politicas.(fr. Le btiment est entour de manifestants de toutes les couleurs politiques.)

    Prpositions A De

    Relation prdicative dans les constructions priphrastiques

    A + infinitif : empezar a, ponerse a, romper a, etc. (= fr. commencer , se mettre ) / De + infinitif dpassement / rupture de la relation : dejar de, acabar de, terminar de, etc. (= fr. cesser de, arrter de, terminer de)

    Grondif : seguir/ continuar + -ndo, etc. (= fr. continuer)

    Relation prdicative dans les constructions priphrastiques

    A + infinitif : empezar a, ponerse a, romper a, etc. (= fr. commencer , se mettre )

    De + infinitif dpassement / rupture de la relation : dejar de, acabar de, terminar de, etc. (= fr. cesser de, arrter

  • de, terminer de)

    Relation prdicative dans les constructions priphrastiques

    POR + infinitif : empezar / acabar por + infinitif (= fr. commencer / finir - terminer par...)

    grondif : empezar / acabar + grondif (= fr. commencer / finir - terminer en...)

    lments de relation : prpositions

    Catgories morphosyntaxiquesCatgories morphosyntaxiques Verbe NomCatgories morphosyntaxiques Adverbe AdjectifCatgories morphosyntaxiques Dmonstratif ArticleCatgories morphosyntaxiques Interrogatifs ExclamatifsCatgories morphosyntaxiques Interrogatifs / exclamatifs Relatifs / conjonctions

    Domaine lexical: quelques paires remarquables6

    Lexique : donner / remettre Dar (donner) Entregar (remettre / livrer)Lexique : remplir Llenar Rellenar (remplir ce qu'il y a remplir)

    Lexique : limiter / dlimiter Limitar Delimitar (mettre/signaler les limites qu'il y a signaler)

    Lexique : montrer / dmontrer Mostrar Demostrar (dmontrer : montrer ce qu'il y a montrer)

    Lexique : couper / dcouper Cortar (couper) Recortar (dcouper : couper ce qu'il y a couper)Lexique : tuer / achever Matar (tuer) Rematar (achever : finir de tuer)

    Lexique : prendre / ramasser Coger (prendre) Recoger (ramasser : prendre ce qu'il y a prendre)

    Lexique : mettre / remettre Poner (mettre) Reponer (remettre ce qui a t consomm, mettre ce qu'il y a mettre)

    Lexique : annoncer Anunciar (annoncer) Confirmar (confirmer : annoncer ce qui a dj t annonc, annoncer ce qu'il y a annoncer)

    Lexique : voir / regarder Ver (voir) Mirar (regarder: voir (volontairement) ce qu'il y a voir)

    Lexique : entendre / couter Or (entendre) Escuchar (entendre (volontairement) ce qu'il y a entendre)

    Ce tableau, qui recueille un grand nombre de phnomnes divers de la grammaire de la langue espagnole7, nous fournit des instruments pour comprendre bien des usages en contexte et bien des phnomnes syntaxiques, et dmontre assez clairement le potentiel explicatif de ce qu'Henri Adamczewski a baptis avec l'expression "double clavier" qui renferme parfaitement l'ide selon laquelle l'nonciateur est comme un compositeur ou un chef d'orchestre qui dispose de deux perspectives de codification dont il se sert avec sapience selon les besoins du contexte. Dans la version que je propose ici j'ai ajout un certain nombre d'lments par rapport la version que je proposais en 2008 : S / SI, QU / QUE, CUNDO / CUANDO, DNDE / DONDE, CUL / CUAL, QUIN / QUIEN, quelques items lexicaux. En outre, j'ai introduit certaines catgories morphosyntaxiques, telles que nom, verbe, adjectif, adverbe, articles, dmonstratifs, exclamatifs, interrogatifs, conjonctions.

    La rcursivit ou la double articulation du double clavier...

    Dans la version du double clavier pour l'espagnol que nous venons de voir certains lments (A, DE, PARA, POR, indicatif, subjonctif, infinitif, grondif, etc.) apparaissent deux fois, tantt gauche, tantt droite : une fois en tant qu'lments individuels qui entrent dans une opposition binaire telle que celles que nous connaissons bien et une deuxime fois en tant qu'lments d'un couple (microsytme) qui s'oppose un autre couple (microsystme).

  • La raison principale de cette nouveaut, ainsi que du fait que j'ai introduit des catgories morphosyntaxiques, est que, comme je le signalais en 2008, quand on observe la langue espagnole en contexte on dcouvre que le systme des deux phases est dynamique.Ainsi, en espagnol A s'oppose DE et ceci est bien visible dans des constructions comme :empezar / comenzar a + infinitivo (commencer )ponerse a + infinitivo (se mettre + infinitif)ir a + infinitivo / ir a + lugar (aller + infinitif / aller + lieu)face :terminar de + infinitivo (fr. finir de + infinitif)acabar de + infinitivo (fr. finir de + infinitif / venir de + infinitif)dejar de + infinitivo (fr. cesser / arrter de + infinitif)venir de + lugar (fr. venir de + lieu)

    De mme, PARA s'oppose POR, comme on peu le constater dans des constructions comme :Sali para Madrid. (fr. il est parti pour Madrid.)Lo he comprado para Pablo (fr. je l'ai achet pour Paul.)Una cucharada para mam, una para pap, una para el hermanito (fr. une cuillere pour maman, une pour papa, une pour le petit frre (en distribuant la soupe dans les diffrentes assiettes))face :Sali por Madrid (fr. il est parti en passant par Madrid)Lo he comprado por Pablo (fr. je l'ai achet en pensant Paul)Una cucharada por mam, una por pap, una por el hermanito (fr. une cuillere pour maman, une pour papa, une pour le petit frre (quand on donne manger un bb : une cuillere en pensant maman, une cuillere en pensant papa etc., PARce qu'ils existent)).

    Dans notre double clavier A et PARA seront donc dans la premire colonne dans la mesure o ils introduisent un lment qui a un statut pos, nouveau, alors que DE et POR seront dans la deuxime colonne car ils introduisent un lment qui a un statut prsuppos. Mais alors la question se pose de savoir pourquoi nous aurons :Le he comprado un libro a Pablo. (fr. j'ai achet un livre Paul littralement : je lui ai achet un livre Paul)face He comprado un libro para Pablo (fr. j'ai achet un livre pour Paul).Dans le premier cas, le complment introduit par A (a Pablo) est ncessairement annonc par le pronom atone LE. Dans le deuxime cas il ne l'est pas. Mais encore : dans un nonc comme LE he comprado un libro A PABLO, LE se rfre PABLO, alors que dans LE he comprado un libro PARA PABLO (fr. Je lui ai achet un livre POUR Paul), LE renverrait un rfrent qui est diffrent de PABLO, il ne pourrait en aucun cas renvoyer l'lment PABLO.

    Mais il y a de plus : on doit se demander pourquoi tout hispanophone sait que dans le syntagme escrito de Garca Mrquez le mot escrito est un nom, c'est UN crit DE Garca Mrquez, alors que dans escrito por Garca Mrquez, escrito est un verbe : crit PAR Garca Mrquez.Dans mon double clavier la catgorie NOM est dans la deuxime colonne, car les noms sont des tiquettes et il prsupposent ncessairement que le rfrent prexiste, alors que la catgorie VERBE est dans la premire colonne, car les verbes prsentent, annoncent. Mais alors la question se pose de savoir pourquoi le mme mot escrito avec un DE est interprt comme nom alors qu'avec un POR il est interprt comme verbe. On vient de voir que POR face PARA est dans la deuxime colonne et ceci devrait nous mener vers une interprtation de escrito comme nom ! La rponse laquelle je suis parvenu en analysant de diffrents exemples est qu'en tant que couple de deux lments qui s'opposent l'un l'autre PARA / POR sont classer dans la premire colonne face A / DE qui, en tant qu'opposition entre deux termes se trouveraient dans la deuxime colonne. Et ceci nous permet d'expliquer la diffrence qui existe entre les deux noncs suivants :

  • (Chez le cordonnier :)He venido a recoger mis botas (fr. je suis venu chercher / reprendre mes bottes)He venido para recoger mis botas (fr. je suis venu POUR reprendre mes bottes).Le premier de ces noncs sera l'explication qu'on donne en entrant dans l'atelier du cordonnier : venido-a-recoger est interprter comme un verbe complexe dans lequel recoger est intgr avec un statut prsuppos : les deux lments venir et recoger sont bloqus ensemble. Dans le deuxime cas, avec PARA les deux lments sont indpendants l'un de l'autre. Cet nonc pourra tre produit si le cordonnier se met discuter pour quelque raison : Mire, no he venido para discutir con usted, he venido para recoger mis botas (fr. coutez, je ne suis pas venu pour discuter avec vous, je suis venu pour reprendre mes bottes). Le statut nouveau de l'lment introduit para PARA devient donc vident. Le couple PARA / POR nous situe donc dans une perspective o quelque chose est propos et mis au centre de la ngociation, et c'est la raison pour laquelle dans escrito por Garca Mrquez le mot escrito est interprt comme un verbe. L'opposition PARA / POR est lire dans cette perspective : je propose, j'affirme quelque chose et ce faisant avec PARA j'introduit un deuxime lment qui a un statut pos, alors qu'avec POR je prsente un deuxime lment qui a un statut prsuppos, comme c'est bien le cas dans l'agent de la passive. POR Garca Mrquez, en tant que complment d'agent d'une construction passive est prsent comme prsuppos dans un contexte o l'on affirme quelque chose de nouveau grce l'lment escrito qui est donc interprt comme verbe. A / DE, de leur ct, s'inscrivent dans une perspective de forte prsupposition, et c'est dans cette perspective que A prsente un lment dont l'existence est prsuppose comme s'il tait nouveau, alors que DE introduit un lment qui est, pourrait-on dire, doublement prsuppos. Tout cela nous permet de comprendre pourquoi dans Le he comprado un libro a Pablo l'lment LE renvoie Pablo, alors que dans Le he comprado un libro para Pablo il renvoie ncessairement un lment diffrent.PARA s'oppose A dans bien des contextes. Avec les verbes de mouvement, tous les deux peuvent exprimer le lieu o l'on va, la destination :Va a Madrid (fr. il/elle va Madrid) / Va para Madrid (fr. il/elle va vers Madrid / il/elle se dirige Madrid). Avec A c'est un complment attendu, prsuppos dans son existence. C'est le complment qu'un verbe comme ir (fr. aller) exige en quelque sorte. Avec PARA, par contre, le complment est prsent comme un ajout optionnel, dcidment moins intimement li / attach au verbe. Certes, le complment introduit par A est, lui aussi, nouveau, et le destinataire peut ne rien en savoir. Mais c'est l'identit (rhmatique) d'un lment attendu (prsuppos) que l'on prsente, alors qu'avec PARA nous avons un paradigme qui, dans un certain sens, est doublement ouvert.

    Le mme type de problme se pose maintes fois : EL libro prsente un lment prsuppos para rapport UN libro, mais en tant qu'lment mentionn le mme syntagme el libro aura un statut pos face au simple pronom LO dans un contexte comme : Has comprado el libro? (fr. Tu as achet le livre?)+No lo he encontrado. (fr. Je ne l'ai pas trouv.)

    Il en est de mme pour les oppositions un - una - unos - unas /algn - alguna - algunos - algunas // el - la : l encore, nous pouvons prendre le premier groupe (un / algn etc...) face l'article dfini (el / la). Ceux-l seront du statut pos, alors que ceux-ci seront prsupposs. Mais si on veut comprendre le rapport qui existe entre un - una - unos - unas et algn - alguna - algunos - algunas et on se met analyser des contextes prcis, on dcouvre que unos, pour ne rpter qu'un seul lment du groupe, ne prsuppose rien, alors que algunos se rfre des lments extraits d'un groupe donn. (Voir les exemples dans le double clavier ci-dessus.)

    Dans le systme verbal, l'imparfait prsente ce qu'exprime le verbe comme prcdent en termes mtalinguistiques par rapport au prsent de l'indicatif ou au pretrito indefinido (pass simple) dans des contextes comme : Quera ver esa camisa que est en el escaparate. [...] Tambin quiero unos calcetines. (fr. Je

  • voulais voir la (littralement : cette) chemise qui est dans la vitrine. [...] Je veux / voudrais aussi des chaussettes.

    Estaba a punto de salir pero lleg Andrs. (fr. j'tais sur le point de sortir mais Andr est arriv.)

    Dans le premier de ces exemples, avec quera (fr. je voulais) l'nonciateur explique la raison de son entre dans le magasin (et comme dans toute "raison" ou explication, il s'agit de ce qu'il y a de pralable8) et neutralise ce faisant la force rhmatique du verbe vouloir. C'est la raison pour laquelle ce type d'emploi est considr plus "courtois". Le dsir suivant est, par contre, exprim avec un prsent (quiero (fr. je veux)), car il s'agit d'introduire un nouvel lment (calcetines, chaussettes) qui s'ajoute ce qui a dj t dit. Ce deuxime emploi du verbe querer (fr. vouloir) n'est pas peru comme non courtois parce que l'ide d'exprimer des demandes est dj dans le contexte.Dans le deuxime exemple, l'imparfait estaba informe sur quelque chose de pralable para rapport lleg Andrs.Cette proprit de l'imparfait qui consiste prsenter le contenu verbal comme quelque chose "qui vient d'avant" du point de vue mtalinguistique est bien celle qui nous permet de comprendre des emplois comme les suivants : Yo era el rey y t eras una princesa que viva encerrada en un castillo. (fr. Moi j'tais un roi et toi tu tais une princesse qui vivait enferme dans un chteau.) [Des enfants qui ngocient les pralables de leur jeu.]

    Nos vemos la semana que viene. (fr. On se voit la semaine prochaine.)+ Pero la semana que viene no estabas en Pars? (fr. Mais tu n'tais pas Paris la semaine prochaine?) [Reprise d'une information que est dans le contexte antrieur.]

    Dans notre double clavier l'imparfait trouve donc sa collocation naturelle dans la deuxime colonne, face au prsent de l'indicatif ou au pretrito indefinido, qui sont, eux dans la premire colonne. Mais le subjonctif aussi sert prsenter des donnes comme pralables par rapport autre chose. Dans- Me alegro (de) que ests mejor. (fr. je suis content que tu ailles mieux. Littralement : je me rjouis (du (fait)) que tu ailles mieux.)ests mejor, avec le verbe au prsent du subjonctif, se rfre une donne prsuppose, prcdente me alegro.Le subjonctif se trouvera donc dans la colonne de droite par rapport l'indicatif, qui retombe tout naturellement dans la colonne de gauche. Et nous avons, encore une fois, un paralllisme entre ces deux oppositions. Mais si l'on s'interroge sur ce qui distingue l'imparfait de l'indicatif du subjonctif, on dcouvre que ce qui est propos l'imparfait de l'indicatif est ngociable, alors que ce qui est propos au subjonctif, prsent ou imparfait, ne l'est pas. La preuve en est qu' Yo era el rey y t eras una princesa que viva encerrada en un castillo.on pourrait parfaitement rpondre avec un No!, de mme qu' Estaba a punto de salir pero lleg Andrs.on pourrait parfaitement rpliquer :+ Eso no es verdad. (fr. Ce n'est pas vrai.)Dans le premier cas, le No serait interprt comme un refus de la proposition : je ne suis pas d'accord sur l'ide que tu sois un roi et moi une princesse, je ne l'accepte pas. Dans le deuxime cas, no es verdad peut se rfrer soit estaba a punto de salir, soit lleg Andrs, soit ces deux donnes ou leur simultanit. Il n'en est pas de mme avec le subjonctif. Si l'on rpondait avec Eso no es verdad Me alegro (de) que ests mejor, la seule interprtation possible serait : no es verdad que te alegras (fr. ce n'est pas vrai que tu t'en rjouis), car l'expression ests mejor, au subjonctif, est fortement prsuppose, bloque, elle n'est pas ngociable. Si nous devions comparer l'imparfait de l'indicatif au subjonctif, nous devrions donc placer l'imparfait de l'indicatif dans notre colonne de gauche et le subjonctif dans la colonne de droite.Mais dans le systme verbal nous avons un autre couple remarquable qui entre de plein droit dans

  • ce systme d'quilibres dynamiques : l'infinitif et le grondif. Dans ce couple, l'infinitif sert parler de la possibilit de la relation sujet-verbe, alors que le grondif en prsuppose l'existence et la prsente comme relation bloque qui n'est pas au centre de la ngociation, parce que ce n'est pas d'elle qu'il s'agit : Pero por qu me dices que est cojo, si yo lo veo correr por aqu delante todas las maanas? (fr. Mais pourquoi me dis-tu qu'il boite (littralement : qu'il est boiteux), si je le vois courir l devant tous les matins?)

    Y Javier? Hace mucho que no hablo con l... (fr. Et Xavier? a fait longtemps que ne parle pas avec lui.)+ Yo tambin hace mucho que no hablo con l, pero el otro da lo vi sentado en la plaza charlando con una chica. (fr. Moi aussi a fait longtemps que je ne parle pas avec lui, mais l'autre jour je l'ai vu assis sur la place, qui bavardait / bavarder avec une fille.)

    Ainsi trouverons-nous querer hacer algo (fr. vouloir faire quelque chose), poder hacer algo (fr. pouvoir faire qqch.), pensar hacer algo (fr. penser) : il s'agit dans ce cas de verbes qui visent la relation sujet-verbe dans toute sa virtualit. Et avec le grondif : seguir / continuar + ndo (fr. continuer), estar + ndo (parent proche de BE + -ing).Face ces constructions, nous avons celles auxquelles nous nous sommes rfrs ci-dessus avec les prpositions A et DE. Avec A et DE l'nonciateur nous projette dans une relation sujet - verbe qui se cre (empezar a (fr. commencer), ir a (fr. aller), etc. ou qui est dpasse / casse (acabar de (fr. finir / venir de), dejar de (fr. arrter de).

    Dans les constructions avec deux verbes9 l'espagnol a donc :verbe 1 verbe 2-infinitif : en gnral les deux verbes se rapportent au mme sujet. Les verbes-1 qui adoptent cette solution sont du type : querer, desear, esperar, poder, pensar, etc. La relation sujet-verbe-2 est considre dans toute sa virtualitverbe 1 prposition verbe 2-infinitif : dans cette typologie la prposition suivie de l'infinitif du verbe-2 nous projette dans une relation concrte, qui est prsente comme nouvelle et non encore effective (A - PARA), ou dpasse (DE) ou de toute faon prsente dans l'air (CON (fr. avec) / SIN (fr. sans).verbe 1 verbe 2-grondif : la relation sujet-verbe-2 est prexistante, les deux sont bloqus ensemble et la relation n'est pas au centre de la ngociation.L'espace me fait dfaut ici pour commenter dans les dtails toutes les diffrentes possibilits qui existent10. Toutefois il y a une autre opposition remarquable qui confirme encore ce qui a t dit jusqu'ici : dans certaines constructions priphrastiques POR + infinitif s'oppose au grondif : ainsi trouvons-nous acabar por + infinitif et acabar + grondif :Al principio jur que no se lo dira a nadie, pero al final acab contndoselo a todo el mundo. (fr. Au dbut il avait jur (littralement: il jura) qu'il ne dirait rien personne, mais il a fini par tout raconter tout le monde.)

    Haba muchos problemas que no saba cmo resolver. Cada da algo nuevo. Despus de meses luchando, acab por dimitir (fr. Il y avait beaucoup de problmes qu'il ne savait pas comment rsoudre. Tous les jours une nouvelle question affronter. Au bout de plusieurs mois de conflits, il finit par dmissionner / il prsenta sa dmission.)

    Quand on consulte les exemples qui apparaissent dans le corpus CREA de la Real Academia Espaola on constate que acabar + grondif apparat dans des contextes o ce qui est exprim par le verbe au grondif est dj dans l'air, alors que acabar + por + infinitif prsente des donnes nouvelles11.Ce dernier exemple nous montre encore une fois que POR, qui face PARA est du statut prsuppos peut en mme temps prsenter un paradigme plus ouvert que d'autres oprateurs, sans

  • jamais perdre, nanmoins sa proprit qui consiste signaler que ce qu'il introduit est mta-linguistiquement prcdent. Face au grondif ou DE, POR prsente du pralable comme propos.

    Si nous comparons maintenant l'opposition indicatif subjonctif au couple infinitif grondif, nous dcouvrons qu'avec les premiers l'nonciateur propose la relation prdicative et la met au centre de l'attention, comme rhmatique, ouverte et ngociable avec l'indicatif, et comme thmatique, ferme et non ngociable avec le subjonctif, alors qu'avec l'infinitif et le grondif il nous en parle de diffrentes manires mais ne la propose pas : avec l'infinitif c'est le verbe en tant que potentialit qui est mis sur la table; avec le grondif nous sommes bien au-de-l, la relation sujet-verbe n'est pas l'objet de la discussion.

    Tout ce que nous avons vu ci-dessus nous dmontre que la double perspective de codification qu'Adamcweski nous a rvle avec son double clavier, avec l'norme potentiel explicatif qu'elle a dans toutes les langues, devient encore plus puissante si on la considre comme un systme dynamique o chaque lment se situe d'un ct ou de l'autre selon la perspective partir de laquelle on le considre, tout en maintenant toujours ses proprits fondamentales. un premier niveau, il s'agit, certes, d'un systme d'oppositions binaires. Mais il y a aussi un deuxime niveau, celui o chaque paire minimale en tant que microsystme s'insre dans un macrosystme plus ample. Pendant longtemps je me suis interrog sur certains phnomnes qui semblaient en redoubler d'autres, sans parvenir percer les secrets de leur organisation dans cet tonnant systme qu'est la langue. Le jour o j'ai compris que le principe de cyclicit pouvait s'appliquer d'une autre faon, et qu'il ne s'agissait pas seulement de retrouver les mmes mcanismes dans d'autres microsystmes, mais aussi de les faire fonctionner de faon rcursive sur les mmes lments en tudiant leur positionnement dans le systme d'une faon plus ample, j'ai commenc les considrer dans la perspective illustre ici, et de nombreux doutes ont trouv leur solution. Et c'est ainsi que j'ai russi a dcouvrir l'architecture secrte du systme verbal espagnol, que l'on peut prsenter dans un tableau o chaque paradigme trouve sa collocation naturelle et qui nous permet de comprendre la spcificit de chaque lment. Il s'agit d'une reprsentation dans laquelle la double perspective que nous avons vu jusqu'ici prend la forme d'un double clavier vertical qui se croise avec un double clavier horizontal caractris para la rcursivit : ainsi aurons nous sur l'axe vertical les opposition binaires entre les diffrents oprateurs (paradigmes du systme verbal) telles que nous les avons reprsentes jusqu'ici en suivant le schma que nous proposait Adamczewski:

    Phase 1 (Pro)poseNgociation sur les donnes

    Phase 2 PrsupposePrsentation de donnes pralables

    Indicatif prsent Indicatif imparfait Pretrito indefinido (prtrit) Indicatif imparfait Futur Conditionnel Subjonctif prsent Subjonctif imparfait Infinitif Grondif

    Sur l'axe horizontal, nous aurons les oppositions d'un niveau suprieur, entre les diffrents systmes, de faon rcursive (chaque ligne reprsente une explicitation majeure de l'organisation des perspectives proposes dans les cases des lignes prcdentes :

    Phase 1 (Pro)poseNgociation sur les donnes

    Phase 2 PrsupposePrsentation de donnes pralables

    Formes personnelles du verbe Formes non personnelles du verbe La relation sujet-verbe n'existe pas encore, elle est propose: impratif La relation sujet-verbe existe: indicatif et subjonctif

    Indicatif Subjonctif Infinitif Grondif

    Nous avons donc une double articulation rcursive du double clavier.

  • Voyons maintenant l'organisation du systme dans son ensemble:(Instructions pour la lecture: Mis part les titres en haut de chaque colonne, qui indiquent le contenu de la colonne, la table est lire horizontalement: chaque case se rfre ce qui si trouve sa droite. Pour comprendre le statut de chaque temps et mode il faudra donc lire ce qui est sa gauche sur la mme ligne en se reportant au haut de chaque colonne pour pouvoir interprter le contenu de chaque case. Les appels renvoient aux notes qui suivent la table.)

    Quel type d'opration est en jeu?

    Statut du sujet

    Comment l'nonciateur prsente-il la relationsujet - verbe?

    Type d'opration mise en uvre au niveau de l'interaction

    Comment accde-t-on l'information / au contenu verbal?

    Degr de compromis de l'nonciateur par rapport au prdicat verbal

    Comment l'nonciateur prsente-t-il les donnes?

    Y a-t-il information sur le sujet?

    La ngociation sur le prdicat verbal est-elle ouverte ou ferme?

    Donne tout court, prsent mtalinguistique, l'nonciateur la propose par l'acte mme de l'nonciation

    Donne pralable, prsente comme antrieure / acquise du point de vu mtalinguistique, elle vient d'avant1 pass mtalinguistique

    L'nonciateur attribue le verbe au sujet, il propose la relation prdicative comme effective ou bien la cre en l'nonant

    (formes conjugues du verbe)

    Destinataire du discours

    Comme non existante

    Non

    Le prdicat verbal est nouveau (statut rhmatique) et donc refusable, mais il n'est pas objet de ngociation

    De manire directe. Il ne s'agit pas d'information. Il le propose /

    l'imposeImpratif (affirmatif)3

    Objet du discours

    Comme directe, existante

    Oui

    Ouverte, l'information est (pro)pose, objet de ngociation

    De manire directe

    Il le prsente comme actuel2

    Prsent de l'indicatifPretrito indefinido

    [+ pass extralinguistique]

    Imparfait de l'indicatif

    Il le prsente comme virtuel2

    Futur Conditionnel

    Ferme, l'information n'est pas ngociable, elle est prsuppose

    S'il n'est pas connu, on y accde de manire indirecte, on le dduit puisqu'il est prsuppos et n'est pas objet de ngociation

    Il le prsente comme actuel2

    Prsent du subjonctif

    Imparfait du subjonctifIl le prsente

    comme virtuel2Futur du subjonctif

    L'nonciateur ne propose pas la relation prdicative, il en parle, se rfre elle (formes non conjugues du verbe)

    Le sujet auquel se rfre le verbe peut tre un objet du discours ou un destinataire4

    Il l'voque, la cre ou la casse, il propose la possibilit de son existence5

    Oui Ouverte De manire directeIl parle de la possibilit de son existence

    Infinitif

    La relation sujet-verbe est prsuppose. Le sujet et le verbe sont bloqus ensemble

    Oui Ouverte De manire indirecte

    Il le prsente comme un acquis pralable, un fait accompli

    Grondif

    Notes:1 vient d'avant du point de vue mtalinguistique: dans la chronologie des oprations mtalinguistiques. Il ne s'agit pas forcment d'un avant qui renvoie la chronologie extralinguistique (le temps du calendrier).2 Lire actuel comme non virtuel et non pas en termes temporaux.3 L'impratif ngatif implique, comme toute ngation, un fort niveau de prsupposition. Voil la raison pour laquelle en espagnol on emploie le subjonctif pour exprimer l'impratif ngatif.4 Aussi bien l'infinitif que le grondif sont parfois employs comme formes alternatives l'impratif dans le langage familier. Dans ces cas il peut s'agir d'un impratif adress l'interlocuteur ou bien d'une forme qui inclut l'nonciateur.5 Quelquefois l'infinitif se rfre un verbe qui est dj dans le contexte, soit parce qu'on veut simplement le considrer comme possibilit, comme dans: Tu padre podra llamar a mi madre. (fr. Ton pre pourrait appeler ma mre)+ Llamar mi padre a tu madre?! Me parece imposible! (fr. littralement: Mon pre appeler ta mre? a

  • me semble impossible !soit parce qu'il est prsuppos, comme dans: Al entrar Pablo, el gato se asust y lo tir al suelo. (fr. Quand /par le fait que Pablo est entr, le chat s'est effray et l'a fait tomber par terre.)Nous voyons dans ces exemples que l'infinitif a parfois un sujet propre qui est diffrent du sujet du verbe principal.

    L'antriorit choronologique (extralinguistique) dans chaque perspective est exprime par les temps composs: haber + participe pass.

    Commentaires:Tout se tient! Tout redevient cohrent... Je maintiens les tiquettes traditionnelles, mais en ralit elles se rvlent assez inadquates pour des raisons qu'Adamczewski illustrait parfaitement. Le temps semble peser trs peu. Le pretrito indefinido et les constructions en haber + participe pass semblent tres les seuls qui sont vraiment marqus par la perspective temporelle extralinguistique de faon univoque. Le prsent de l'indicatif se limite prsenter des donnes et peut servir pour parler du prsent, du pass et du futur quand l'attention est concentre sur les donnes et non pas sur les perspectives passes ou futures. Il s'agit de raisonnements sur le pass, de la prsentation de donnes concernant le prsent ou le futur, de la simple affirmation d'un prdicat ou de la prsentation de donnes tenir en compte ou sur lesquelles raisonner ou rflchir. C'est la raison pour laquelle il apparait dans les raisonnements: si x, y // x, (et donc) y // etc. L'imparfait de l'indicatif peut se rfrer au pass, au prsent ou au futur (voir les exemples comments ci-dessus: Quera ver esa camisa que est en el escaparate / Pero la semana que viene, no estabas en Pars? Le systme verbal espagnol ne semble pas codifier l'aspect, qui est un phnomne lexical ou lexical et syntaxique la fois: prsence ou non de certains pronoms, singulier / pluriel, ordre des mots, etc. Le systme verbal espagnol dmontre une architecture d'une cohrence impressionnante. Plus besoin de changer de critres pour rendre compte des diffrents phnomnes ! On comprend beaucoup mieux de nombreuses questions morphologiques: l'impratif n'a pas les marques de personne habituelles (puisque la relation sujet-verbe n'existe pas), ainsi que les analogies qui existent entre les conjugaisons du prsent de l'indicatif et du subjonctif, entre le prsent et le futur (qui se construit avec le prsent de haber), entre le futur et l'infinitif (car le futur garde les terminaisons de l'infinitif, entre le futur et le conditionnel, entre l'imparfait de l'indicatif et le conditionnel, etc... Les mouvements et les fluctuations semblent se produire plus facilement sur l'axe vertical dans chaque colonne. On comprend donc mieux les substitutions, les erreurs et les confusions entre l'imparfait, le conditionnel et l'imparfait du subjonctif (dont certaines sont tolres). Il existe des zones de superposition entre le pretrito perfecto (fr. pass compos) et le pretrito indefinido (fr. pass simple) car tous les deux renvoient au pass extralinguistique. Le pretrito indefinido de faon directe, et le pretrito perfecto de faon indirecte, par rapport au prsent (en ralit il s'agit d'une faon de se rfrer un pass dans le prsent. L'information prsuppose est prsente par rapport autre chose: puisqu'elle est prsuppose, se limiter elle quivaut ne rien dire, sauf dans les cas o nous nous en servons pour voquer ou exclamer (et dans ces cas l'apport nouveau consiste justement exclamer ou voquer grce au traits suprasegmentaux). Cela explique bien pourquoi l'information prsuppose a peu de possibilits de vivre seule dans un contexte : il s'agit de donnes que l'on rcupre pour faire autre chose. Les donnes pralables sont aussi pralables par rapport autre chose. De l qu'elles soient moins frquentes toutes seules, tout en tant possibles. Ceci explique le fait que l'imparfait require souvent qu'il y ait un point de rfrence donn ou une autre information. Si l'on tient compte de ces deux dernires observations, on comprend bien pourquoi l'imparfait du

  • subjonctif semble tre le paradigme qui a moins de possibilits d'apparatre seul: il a les deux traits [+ pralable; + prsuppos]. Plus la considration des donnes est directe e explicite, plus il peut y avoir renvoi au monde extralinguistique: de l que le prsent de l'indicatif et le pretrito indefinido, qui se limitent prsenter des donnes tout court, sans prsupposition et sans renvoi du pralable, soient les paradigmes qui renvoient le plus directement au monde extralinguistique.

    Tous ces exemples montrent bien la puissance et la simplicit de la perspective que nous propose Henri Adamczewski, qui permet de percer les secrets d'un nombre infini de phnomnes. Grce la rcursivit illustre ci dessus, les possibilits expressives se multiplient normment.Mais ces mcanismes ne s'appliquent pas seulement au monde de la syntaxe : on les retrouve sous mille manifestations diffrentes aussi dans le lexique comme on a peu le constater dans le tableau ci-dessus.

    Tout cela interagit avec d'autres mcanismes que je ne peux pas illustrer ici: les trois paramtres qui caractrisent l'intonation (frquence fondamentale, intensit et dure), les attitudes de l'nonciateur qui prend ou ne prend pas en charge ce qu'il dit, les mcanismes de composition de structures complexes, etc... elle seule, pour ne citer qu'un exemple, la composition par juxtaposition mriterait une tude approfondie dans les diffrentes langues, car il s'agit d'un recours qui entre en jeu dans la cration lexicale (un wagon-lit est bien diffrent d'un lit-wagon, si l'on voudra bien me pardonner ce nologisme), dans la syntaxe plusieurs niveaux: Il pleut, je ne sors pas est un bel exemple de l'emploi qu'on peut en faire.Mais je ne voudrais pas fermer cet article sans mentionner brivement un autre double clavier qui n'as pas encore t suffisamment explor. Une langue comme l'espagnol dispose d'un autre systme de double codification qui s'entrecroise avec celui de la prise en charge ou non de la part de l'enonciateur et avec celui qu'on a vu jusque l: il existe des oprateurs qui renvoient plus directement l'extralinguistique et d'autres qui sont purement mtalinguistiques:

    Domaine smantico-fonctionnel

    Rfrence au monde extralinguistique Rfrence la langue

    Avoir Tener (fr. avoir dans le monde extralinguistique : avoir quelque chose, avoir faim, etc.)

    Haber (auxiliaire des temps composs. Intervient dans la formation du futur. Sert parler de l'existence (il y a))

    Demander Pedir (fr. demander pour obtenir un acte ou un objet) Preguntar(fr. demander pour obtenir une rponse)

    Temps verbaux Pretrito indefinido: pass extralinguistique Imparfait: pass mtalinguistique

    Quantification : traduction de trs / beaucoup / autant

    Mucho / tanto + nom : mucho pan, muchos amigos, etc.(fr. beaucoup de pain, beaucoup d'amis)

    Muy / tan (fr. trs / si - aussi) + adjectif / adverbe: muy bonito, tan feo (fr. trs joli / aussi laid)

    Ainsi - comme a / aussi anglais: so As (fr. comme a) Tan (fr. Si / aussi)

    Savoir / connaitre Conocer : ce que l'on connait est indpendant de nous et appartient au monde

    Saber : ce que l'on sait ce sont des donnes qui nous appartiennent

    Catgories morphosyntaxiques Adjectif Adverbe

    Bien des choses restent explorer. En particulier, il faudrait poursuivre dans l'identification des diffrents domaines oprationnels qui font fonctionner les langues et les oprations qui se produisent dans chacun d'entre eux. Jusqu' prsent j'en ai identifi un petit nombre: intonation avec ses trois paramtres (dont chacun se spcialise et exprime des choses trs prcises), choix des mots, composition par juxtaposition ou l'aide d'un lment de relation, information (double clavier), degr de rfrence au monde extralinguistique. Restent explorer les rgles logiques12 qui gouvernent notre esprit et le langage. Le tout fonctionne dans le cadre des rgles qui gouvernent la

  • conversation dcrites par P. Grice et D. Sperber D. Wilson.En explorant un peu un nombre limit de domaines, nous pourrons enfin dvoiler les secrets de systmes qui peuvent exprimer un nombre infini de nuances en nous dbarrassant de la conception nave d'une grammaire fonde sur l'assignation directe du sens laquelle se rfrait Adamczewski en 1997 dans l'article cit au dbut.Henri Adamczewski a parcouru un bon bout du chemin. nous de continuer.

    Bibliographie essentielle

    Pour une bibliographie plus complte se reporter par exemple F. MATTE BON,. Criterios para el anlisis de la lengua desde la perspectiva de la comunicacin . Disponible l'adresse http://cvc.cervantes.es/obref/antologia_didactica/default.htm (Voir ci-dessous).

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    ADAMCZEWSKI, H. Be+ing dans la grammaire de langlais contemporain, Lille: Atelier Reproduction des thses, Universit de Lille III / Librairie Honor Champion, 1978.

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    MATTE BON, F., Maneras de hablar del futuro en espaol entre gramtica y pragmtica. Futuro, ir a + infinitivo y presente de indicativo: anlisis, usos y valor profundo, in RedEle, n 6, fvrier 2006 (Revue de didactique de lespagnol on line: http://www.sgci.mec.es/redele/revista.shtml).

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    MATTE BON, F., "El anlisis contrastivo en algunos manuales de gramtica espaola publicados en Italia en los ltimos aos", in Preite, C., Soliman, L. T. y Vecchiato, S. (eds.), Esempi di multilinguismo in Europa. Inglese lingua franca e italiano lingua straniera. La contrastivit nella codificazione linguistica. XV Incontro del Centro Linguistico Universit Bocconi. Milano. 25 novembre 2006, . Milan, Egea, 2007, pp. 261-292.

  • 1 La TILV, no 21, mai 19972 Ibidem.3 Recherches en grammaire mta-oprationnelle sur l'espagnol: applications et dveloppements, in Les amis du

    Crelingua, Actes du colloque du 16 juin 2007, CREIL, EMA, 2008.4 Sur lopposition subjonctif / indicatif en espagnol cfr. MATTE BON, F., Il congiuntivo spagnolo come operatore

    metalinguistico di gestione delle informazioni, Rivista di filologia e letterature ispaniche, vol. IV, Pisa, ETS, 2001, pp. 145-179, disponible la page http ://www.rom.unipi.it/RFLI.php. Une traduction en espagnol de Teresa Martn Snchez revue et corrige par moi sera publie prochainement dans la revue MarcoEle (http ://www.marcoele.com). Je conseille au lecteur intress de lire larticle en espagnol, dans lequel jai intgr de petites nuances. Voir aussi MATTE BON, F., "Il congiuntivo spagnolo : alla ricerca di una teoria unitaria", in SCHENA, L., PRANDI, M. y MAZZOLENI, M. (eds), Intorno al Congiuntivo, Bologne, CLUEB, 2002, pp. 123 147.

    5 Sur les manires de parler du futur en espagnol, cfr. MATTE BON, F., Maneras de hablar del futuro en espaol entre gramtica y pragmtica. Futuro, ir a + infinitivo y presente de indicativo : anlisis, usos y valor profundo, in RedEle, n 6, fvrier 2006 (Revue de didactique de lespagnol : http ://www.sgci.mec.es/redele/revista.shtml) et MATTE BON, F., I modi di parlare del futuro in spagnolo : dal sistema codificato alle interpretazioni contestuali" in SCHENA, L., PREITE, C. y VECCHIATO, S. (eds.), Gli insegnamenti linguistici dell'area economico-giuridica in Europa. Il concetto di futurit nella codificazione linguistica. XIV Incontro del Centro Linguistico, Universit Bocconi (Milano). 6 novembre 2005, Milan, Egea, 2006, pp. 253-281 (Traduction espagnole de Pilar Hernndez in MarcoEle (http ://www.marcoele.com)., n 5, 2007).

    6 Sur certains des phnomnes illustrs dans ce tableau, et en particulier sur certains phnomnes lexicaux, couter l'interview su la revue podcast L de lengua n 33, tlchargeable l'adresse http://eledelengua.com/ldelengua-33-con-francisco-matte-bon/.

    7 Et recueille quelques-uns des rsultats les plus significatifs obtenus du travail d'une trentaine d'annes consacres l'analyse de phnomnes de toutes sortes et de milliers d'exemples en contexte.

    8 Il est intressant de considrer, dans ce sens, que parmi les mcanismes dont dispose l'espagnol pour exprimer la cause nous retrouvons POR dans PORQUE (fr. parce que), DE et le grondif (sur le grondif, lire la suite).

    9 Sur les constructions avec deux verbes se reporter ma confrence "Qu modelo de gramtica? De las enumeraciones desordenadas de evidencias superficiales al descubrimiento de un sistema organizado y comprensible: el ejemplo de las perfrasis verbales y otras construcciones con dos verbos" 22 novembre 2011 -Congrs Mondial de Professeurs d'Espagnol organis par l'institut Cervantes. Consultable sur internet la page http://comprofes.es/sesiones-plenarias .

    10 Il ne faut pas oublier que le deuxime verbe peut aussi, tre introduit per QUE. Mais les constructions avec deux verbes relis par QUE (verbe 1 QUE verbe 2-infinitif) sont limites en nombre, bien que frquentes : hay + que + infinitif (fr. il faut. Littralement : il y a + que + infinitif) et tener + que + infinitif (fr. devoir; Eng. have + to + verbe).

    11 Paralllement acabar por + infinitif / acabar + grondif nous trouvons aussi, outre empezar + infinitif (qui nous projette dans une relation qui se cre), empezar por + infinitif et empezar + grondif: dans ces deux derniers cas ce qui commence ce n'est pas la relation entre le sujet et le verbe l'infinitif ou au grondif, mais autre chose, de mme qu'en anglais avec start by + verbe-ing. Por + infinitif et le grondif dans ces constructions (et en anglais start by + verbe-ing) nous parlent de la faon dont se produit empezar. L'opposition empezar por + infinitif / empezar + grondif est parallle acabar por + infinitif / acabar + grondif.

    12 Sur la logique et le langage se reporter F. Matte Bon, Lingua, analisi della lingua e bilogica, in Pietro Bria e Fiorangela Oneroso (eds), L'Inconscio antinomico. Sviluppi e prospettive dell'opera di Ignacio Matte Blanco, Milan, Franco Angeli, 1999, pp. 88-132.

    RomaGABILAN, J.-P. Les suites VI/V2 en Anglais - VI 0 V2 to V2 V1 V2ing, Perros-Guirec, LA TILV diteur, 1998.