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L ’exposition Fou et Cavalier a été organisée pour un public trié sur le volet, invité à admirer (et acheter) des toiles inédites de Mœbius - Jean Giraud. BoDoï vous fait entrer par la petite porte en dévoilant quelques-uns de ces tableaux et s’interroge sur la cote du maître. 700 000 euros pour un Hergé, 177 000 euros un Bilal. Les artistes de bande dessinée ont montré ces derniers temps qu’ils avaient la cote. Sans surprise, Mœbius alias Jean Giraud fait partie de ceux qu’affectionnent particulièrement les commissaires-priseurs. Après une vente aux enchères entièrement dédiée à ses créations (organisée par Millon et Associés en novembre 2007), une vente privée intitulée Fou et Cavalier lui a été consacrée en juin dernier, rassemblant 50 œuvres inédites. Jean Giraud les a réalisées spécialement pour l’événement en six mois seulement. « L’idée était de mêler mes travaux signés Mœbius à ceux signés Jean Giraud, afin de présenter une sorte de bilan de ma carrière commencée à 18 ans, c’est-à-dire il y a 50 ans ! » Résultat, une belle galerie de portraits allant de Blueberry au Major Fatal, représentés selon des techniques aussi variées que l’aquarelle, le crayon de couleur ou la gouache. Environ 500 personnes sont venues admirer les tableaux exposés dans un appartement du 16 e arrondissement parisien. Plus de la moitié des dessins, vendus entre 2 500 et 25 000 euros, ont trouvé preneur. Gonzague de Waresquiel et Fabrice Frémy (voir ci-contre) ont ouvert leur carnet d’adresses et prêté le lieu à Mœbius Productions, qui gère l’œuvre de Mœbius. « Fabrice et moi sommes des amateurs de bandes dessinées, explique Gonzague de Waresquiel. Nous souhaitions organiser des ventes de prestige autour de ce médium afin d’attirer un nouveau public : celui du show business ou de la finance. Vincent Bolloré, Ridley Scott, Jan Kounen ou Michel Barnier sont ainsi venus assister à l’exposition. » Pour Isabelle Giraud, femme de l’artiste et directrice de Mœbius Productions, cet événement privé visait à en préparer une autre : « J’ai l’ambition de monter une grande exposition autour de l’œuvre de Jean, qui compterait plus de 300 pièces. Mais pour cela j’ai besoin de rencontrer des conservateurs de musée ou des financiers capables de soutenir ce projet. » Voilà qui aura le mérite de soutenir la cote du dessinateur de L’Incal sur le marché de l’art contemporain. « Plutôt que d’un “ marché d’art contemporain ”, je parlerais plutôt d’un “ marché de l’art de nos contemporains ” sur lequel il faut être actif, nuance Isabelle Giraud. Ce sont les investisseurs ou les musées qui le dirigent. Notre marge de manœuvre consiste à accepter ou pas de vendre des œuvres. » Et de les créer, pourrait-on ajouter. Car les illustrations et toiles des auteurs trouvent plus facilement acquéreur que les planches, ce qui oblige les faiseurs de bulles à peindre. « Quel genre d’artistes sommes-nous, nous autres auteurs de bandes dessinées ?, s’interroge Jean Giraud. Notre travail est généralement le fruit d’une commande, il répond à des impératifs éditoriaux ou scénaristiques. Les portraits que j’ai peints pour l’exposition Fou et Cavalier s’apparentent à des illustrations plutôt qu’à des tableaux. Mes toiles peuvent s’imposer par leur qualité plastique, mais aussi par leur pouvoir émotionnel. Car les acquéreurs les achètent aussi pour les personnages représentés, qu’ils aimaient dans leur enfance. » C’est pourquoi Jean Giraud n’oublie pas de travailler sur ses albums. Et annonce pour le mois d’octobre la sortie du 5 e tome d’Inside Mœbius. ALLISON REBER IMAGE DE CETTE PAGE ET DES TROIS SUIVANTES © MŒBIUS PRODUCTIONS portfolio M 58 BoDoï Mœbius, côté cote ! Gonzague de Waresquiel (ancien fonctionnaire des Nations Unies) et Fabrice Frémy (directeur général du Quid) organiseront d’autres ventes privées autour d’œuvres spécialement réalisées pour l’occasion. Deux événements sont prévus pour 2009 : Walter Minus exposera ses pin-up et Dany présentera une série de dessins sur les sept merveilles du monde. Contact : [email protected] « J’ai l’ambition de monter une grande exposition autour de l’œuvre de Jean Giraud, qui compterait plus de 300 pièces. » ISABELLE GIRAUD - Une déclinaison aux crayons de couleur de la couverture du Chasseur déprime. - La Caisse verte, portrait de Blueberry à l’encre. - Mutation, variation aux crayons de couleur inspirée par d’anciennes sculptures japonaises en bois. Suivent 3 dessins extraits de l’exposition FOU ET CAVALIER 122_Bodoi.indd 58 11/09/2008 13:11:41

Mœbius, côté cote ! L¯.pdf · 2009-02-13 · Mœbius - Jean Giraud. BoDoï vous fait entrer par la petite porte en dévoilant quelques-uns de ces tableaux et s’interroge sur

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L’exposition Fou et Cavalier a été organisée pour un public trié

sur le volet, invité à admirer (et acheter) des toiles inédites de

Mœbius - Jean Giraud. BoDoï vous fait entrer par la petite porte

en dévoilant quelques-uns de ces tableaux et s’interroge sur

la cote du maître.

700 000 euros pour un Hergé, 177 000 euros un Bilal. Les artistes

de bande dessinée ont montré ces derniers temps qu’ils avaient la

cote. Sans surprise, Mœbius alias Jean Giraud fait partie de ceux

qu’affectionnent particulièrement les commissaires-priseurs. Après une

vente aux enchères entièrement dédiée à ses créations (organisée par

Millon et Associés en novembre 2007), une vente privée intitulée Fou

et Cavalier lui a été consacrée en juin dernier, rassemblant 50 œuvres

inédites. Jean Giraud les a réalisées spécialement pour l’événement en

six mois seulement. « L’idée était de mêler mes travaux signés Mœbius

à ceux signés Jean Giraud, afi n de présenter une sorte de bilan de ma

carrière commencée à 18 ans, c’est-à-dire il y a 50 ans ! »

Résultat, une belle galerie de portraits allant de Blueberry au Major

Fatal, représentés selon des techniques aussi variées que l’aquarelle,

le crayon de couleur ou la gouache. Environ 500 personnes sont

venues admirer les tableaux exposés dans un appartement du 16e

arrondissement parisien. Plus de la moitié des dessins, vendus entre

2 500 et 25 000 euros, ont trouvé preneur. Gonzague de Waresquiel et

Fabrice Frémy (voir ci-contre) ont ouvert leur carnet d’adresses et prêté

le lieu à Mœbius Productions, qui gère l’œuvre de Mœbius. « Fabrice et

moi sommes des amateurs de bandes dessinées, explique Gonzague de

Waresquiel. Nous souhaitions organiser des ventes de prestige autour de

ce médium afi n d’attirer un nouveau public : celui du show business ou

de la fi nance. Vincent Bolloré, Ridley Scott, Jan Kounen ou Michel Barnier

sont ainsi venus assister à l’exposition. » Pour Isabelle Giraud, femme

de l’artiste et directrice de Mœbius Productions, cet événement privé

visait à en préparer une autre : « J’ai l’ambition de monter une grande

exposition autour de l’œuvre de Jean, qui compterait plus de 300 pièces.

Mais pour cela j’ai besoin de rencontrer des conservateurs de musée ou

des fi nanciers capables de soutenir ce projet. »

Voilà qui aura le mérite de soutenir la cote du dessinateur de L’Incal

sur le marché de l’art contemporain. « Plutôt que d’un “ marché d’art

contemporain ”, je parlerais plutôt d’un “ marché de l’art de nos

contemporains ” sur lequel il faut être actif, nuance Isabelle Giraud.

Ce sont les investisseurs ou les musées qui le dirigent. Notre marge de

manœuvre consiste à accepter ou pas de vendre des œuvres. » Et de

les créer, pourrait-on ajouter. Car les illustrations et toiles des auteurs

trouvent plus facilement acquéreur que les planches, ce qui oblige les

faiseurs de bulles à peindre. « Quel genre d’artistes sommes-nous,

nous autres auteurs de bandes dessinées ?, s’interroge Jean Giraud.

Notre travail est généralement le fruit d’une commande, il répond à des

impératifs éditoriaux ou scénaristiques. Les portraits que j’ai peints pour

l’exposition Fou et Cavalier s’apparentent à des illustrations plutôt qu’à

des tableaux. Mes toiles peuvent s’imposer par leur qualité plastique,

mais aussi par leur pouvoir émotionnel. Car les acquéreurs les achètent

aussi pour les personnages représentés, qu’ils aimaient dans leur

enfance. » C’est pourquoi Jean Giraud n’oublie pas de travailler sur ses

albums. Et annonce pour le mois d’octobre la sortie du 5e tome d’Inside

Mœbius. ALLISON REBER

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Mœbius, côté cote !

Gonzague de Waresquiel (ancien fonctionnaire des

Nations Unies) et Fabrice Frémy (directeur général du Quid)

organiseront d’autres ventes privées autour d’œuvres

spécialement réalisées pour l’occasion. Deux événements

sont prévus pour 2009 : Walter Minus exposera ses pin-up

et Dany présentera une série de dessins

sur les sept merveilles du monde.

Contact : [email protected]

« J’ai l’ambition de monter une grande exposition autour de l’œuvre de Jean Giraud, qui compterait plus de 300 pièces. »

ISABELLE GIRAUD

- Une déclinaison aux crayons de couleur

de la couverture du Chasseur déprime.

- La Caisse verte, portrait de Blueberry à l’encre.

- Mutation, variation aux crayons de couleur

inspirée par d’anciennes sculptures japonaises

en bois.

Suivent 3 dessins extraits de l’exposition

FOU ET CAVALIER

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