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    L’en-dehors en danse, physiopathologie et prévention

    L’en-dehors est une figure de danse classique. Il s’agit d’une technique de base qui fait partie des premiers apprentissages

    en danse et qui consiste à développer le mouvement en rotation externe des membres inférieurs. L’en-dehors est parfois

    nommé « l’ouverture ».

    En-dehors en danse

     Anatomiquement, d’après Thiesce et Thomasen, il correspond à une rotation externe du pied de 90° sur le plan bilatéral

    (ouverture de 180°) par rapport à l’axe sagittal. Il est réalisé pour 70° par la rotation externe de la hanche, 5° par la

    rotation externe du squelette jambier, 15° par l’abduction du pied.

    C’est une technique très exigeante pour le danseur qui désire développer un en-dehors idéal ; tous les moyens

     biomécaniques et techniques sont alors utilisés pour développer cette ouverture au moyen parfois de compensations

    néfastes pour la santé musculo-squelettique. L’en-dehors est considéré comme une capacité de base pour s’engager au

    moins dans une pratique dansée de haut niveau amateur ou dans une pratique professionnelle.

    Pour satisfaire cette règle d’or de la danse classique, le danseur et la danseuse, lorsque l’amplitude de rotation externe de la

    hanche est insuffisante, ce qui est souvent le cas, est obligé de compenser. En effet peu de danseurs peuvent réaliser

    l’en-dehors sans ces compensations qui se font au niveau du bassin, du rachis lombaire, de la cheville et des articulations

    du pied.

     Ainsi, le danseur ou la danseuse va utiliser des moyens complémentaires de compensation pour obtenir l’en-dehors tels

    que :

     l’exagération de l’abduction du pied et/ou la rotation externe de la cheville avec mise en tension du LLI (ligament latéral

    interne) ;

     le placement de pied en pronation articulaire excessive sous-astragalienne ;

     la torsion tibiale externe, ou la rotation externe du genou avec mise en tension du LLI et des ligaments croisés ;

     la participation d’une bascule antérieure du bassin ou hyperlordose lombaire.

    L’en-dehors est une manœuvre anti-physiologique en soi, il nécessite surtout lors des apprentissages une grande vigilance

    qui devra se poursuivre ensuite dans l’évolution de la pratique dansée. Limiter les compensations néfastes et promoteurs

    de lésions, de microtraumatismes sont un des enjeux de la prévention en danse.

    Les 5 positions fondamentales des pieds en danse classique

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    Il existe peu d’études quantitatives sur les conséquences de l’en-dehors sur la santé du danseur et de la danseuse et plus

    particulièrement sur l’identification des lésions les plus typiques associées aux compensations utilisées pour augmenter

    l’amplitude de l’en-dehors. Les connaissances médicales sont fondées plus volontiers sur des critères qualitatifs,

    d’observation et les lésions les plus fréquemment décrites sont retrouvées aux articulations tibio-fémorales et patello-

    fémorales, moins fréquemment au niveau des jambes et des pieds. Ces lésions spécifiquement en rapport avec la tendance

    à développer de manière répétée une rotation excessive de l’articulation tibio-fémorale impliquent le ligament collatéral

    médial, des lésions méniscales médiales, des douleurs patello-fémorales [2] [3] [4] [5]

    « Lorsque l’augmentation de l’amplitude de l’en-dehors se fait également au niveau du pied, ce qui est également fréquent

    chez le danseur et la danseuse, par une pronation excessive des pieds, ces auteurs observent également des lésions telles

    que les tendinites d’Achille, tendinite du fléchisseur du gros orteil, tendinite du tibial postérieur, fasciite plantaire, hallux

     valgus, fracture de stress métatarsienne.

    Lorsque l’augmentation de l’amplitude de l’en-dehors est associée avec une inclinaison antérieure excessive pelvienne, on

    observe des douleurs lombaires. » [6]

    Ne pas rechercher un en-dehors parfait dans des conditions de compensations excessives

    Limiter le risque lésionnel, c’est en premier lieu pour les danseurs ou danseuses qui ne peuvent obtenir un « en-dehors »

    parfait ou pour ceux qui sont dans une phase d’apprentissage de se satisfaire de l’amplitude disponible sans utiliser des

    compensations excessives au niveau des articulations sous-jacentes de la hanche.

    La prévention du risque, c’est également rappeler au danseur (se) qui ne peut réaliser l’en-dehors parfait de rester dans les

    limites de l’en-dehors physiologique.

    « Les trois critères [7] qualitatifs pour réaliser un en-dehors physiologique et éviter des compensations indésirables sont :

     Garder le centre du genou sur la ligne médiane du pied afin de limiter la rotation excessive tibiale.

     Garder un poids également réparti sur les deux pieds afin de limiter la contrainte de l’en-dehors dans une des deux

    extrémités inférieures par rapport à l’autre, notamment dans les 3e, 4e, 5e positions

     Garder un poids également réparti sur le calcanéum, la tête du premier métatarsien et la tête du Ve métatarsien afin de

    limiter la pronation des pieds. » [8]

    La difficulté est d’identifier ces compensations indésirables et ainsi pouvoir éviter les lésions induites. C’est d’autant plus

    important sur le plan préventif que le danseur a l’ambition et le désir de mener une pratique de haut niveau.

    Quelles sont les préconisations pour la santé du danseur ?

    Certains auteurs préconisent que l’en-dehors devrait être évalué environ à 11 ans chez les jeunes danseuses parce que

    l’angle d’antétorsion fémoral n’apparaît pas être affecté par l’entraînement après cet âge [ 9]

    L’augmentation de l’amplitude au-delà de cet âge peut être en relation avec le rôle joué par l’étirement des tissus mous

    mais aussi par les compensations variées sur le plan articulaire qui se situent au niveau des espaces sus et sous-jacents de

    la hanche. Les jeunes danseurs qui apprennent précocement à se mobiliser à l’intérieur de leur en-dehors physiologique en

    limitant les compensations indésirables sont moins enclins à souffrir de lésions musculo-squelettiques.

    L’en-dehors parfait requiert des caractéristiques anatomiques particulières des membres inférieurs du danseur et de la

    danseuse ; on peut noter d’ailleurs que les sujets de sexe masculin sont moins enclins à satisfaire cet en-dehors. Les sujets

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    laxes sur le plan articulaire présentent d’ailleurs plus de facilité, et on constate qu’au fil des sélections techniques lors du

    cursus en danse les sujets les plus laxes se retrouvent en plus grand nombre en fin de cursus. L’hyperlaxité est une facilité,

    mais également un risque supplémentaire de troubles musculo-squelettiques. L’entraînement est également un facteur de

    développement de ces capacités.

    Si les ressources biomécaniques ne sont pas présentes, qu’il existe des limites sur le plan anatomique, un défaut

    d’entraînement, des compensations vont se développer et prédisposer le danseur à des lésions aiguës et chroniques

    (Syndrome de surmenage musculo-squelettique).

    L’en-dehors dépend de la rotation de la hanche, mais pas uniquement

    Mesures degré d’amplitude SD

    Rotation externe de la hanche 79,4° 12,4

     Amplitude de l’en-dehors, première position 93,6° 15,6

     Amplitude de l’en-dehors, deuxième position 96,9° 17,3

     Amplitude de l’en-dehors, troisième position 92,7° 15,8

     Amplitude de l’en-dehors, quatrième position 94,4° 14,7

     Amplitude de l’en-dehors, cinquième position 95,1° 14

    Coryleen B. Gilbert et al [10] montrent dans leur étude à partir de l’échantillon de danseurs étudiés que « la rotation

    externe moyenne de la hanche est de 79,3° (SD = 12, 37). Ce qui correspond aux valeurs habituellement retrouvés pour des

    danseurs avec une expérience similaire (7 ans en moyenne). Alors que les valeurs moyennes de l’amplitude de l’en-dehors

    pour les cinq positions étaient de 92,65° (SD = 15,80) à 96,90° (SD = 17,27). Ces valeurs sont dans la gamme de celles

    retrouvées de 90 à 100° pour l’en-dehors fonctionnel. [11] L’amplitude de rotation de l’en-dehors ne se résume donc pas à

    la rotation de la hanche.

    En dehors, les cinq positions

    Ces résultats sont cohérents avec d’autres études dans lesquels l’en-dehors a été mesuré. » [12] [13] [14] Pour autant, des

    amplitudes plus importantes peuvent être retrouvées dans des populations de danseurs plus expérimentés et donc plus et

    mieux entraînés.

    Lorsqu’on observe en détail les degrés d’amplitude de l’en-dehors pour les cinq positions, on constate des amplitudes

    significativement plus grandes (entre 13 et 17°) que les mesures relevées de la rotation externe de la hanche. Ce qui

    contredit la croyance populaire parmi les professeurs de danse que l’en-dehors fonctionnel serait uniquement dû à la

    rotation externe de la hanche.

    Le fait que les amplitudes de l’en-dehors dans les cinq positions classiques du ballet ne sont significativement pas

    différentes peut permettre d’utiliser la première position comme standard pour évaluer la disponibilité du danseur

     vis-à-vis de l’en-dehors et pour mieux ressentir les moyens et les limites fonctionnelle de ce mouvement. Ce contrôle sur

    des critères qualitatifs est en effet plus aisé pour la première position que pour les 3e, 4e, 5e positions. Les professeurs de

    danse et les danseurs pourraient utiliser l’amplitude de l’en-dehors en première position en tant que guide pour

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    s’approprier l’en-dehors en limitant les risques pour les autres positions. La limitation de l’en-dehors pour les 3e, 4e et 5e

    positions est en mesure de limiter les mouvements compensatoires et les lésions induites.

    Rédacteur : Docteur ARCIER, Médecine des arts®

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    [1] Grazioso Cecchetti. A Complete Manual of the Cecchetti. Ed. Flavia Pappacena , 1995

    [2] 1. Bachrach RM : A physician’s primer of dance injuries. Part III. Kinesiol Dance 9 :8-13, 1986

    [3] 8. Hamilton W. : Nature’s choice : The best body for ballet. Dance Magazine 10 : 82-83, 182

    [4] 3. Howse J., Hancock S. : Dance Technique and injury Prevention, New York, NY : Routledge, Chapman, et Hall,1988.

    [5] 15. Reid DC : Preventing injuries to the young ballet dancer. Physiother Can 39 : 231-236, 1987

    [6] Coryleen B. Gilbert, Michael T. Gross, Kimberly B. Klug . Relationship Between Hip External Rotation and Turnout

     Angle for the Five Classical Ballet Positions.. Volume 27 Number 5 may, 1998, Journal of Orthopaedi et Sport Physical

    Therapy.

    [7] Gelabert R : Turning out. Dance Magazine 2 :86-87, 1977. Kirstein L. Stuart M., Dyer C : The Classic Ballet : Basic

    technique and terminology. New York, NY : Alfred A. Knopf, Inc., 1952.

    [8] Coryleen B. Gilbert, Michael T. Gross, Kimberly B. Klug . Relationship Between Hip External Rotation and Turnout

     Angle for the Five Classical Ballet Positions.. Volume 27 Number 5 may, 1998, Journal of Orthopaedi et Sport PhysicalTherapy.

    [9] Hamilton W : Nature’s choice : The best body for ballet. Dance Magazine 10 : 82-83, 1982. ; Sammarco Gj : The

    dancer’s hip. Clin Sports Med 2 : 485-498, 1983.

    [10] Coryleen B. Gilbert, Michael T. Gross, Kimberly B. Klug . Relationship Between Hip External Rotation and Turnout

     Angle for the Five Classical Ballet Positions. Volume 27 Number 5 may, 1998, Journal of Orthopaedi et Sport Physical

    Therapy.

    [11] Kirstein L, Stuart M, Dyer C. The Classic Ballet. Basic Technique and Terminolmogy, New York, NY. Alfred A.

    Knopf, Inc., 1952.

    [12] Bretzman LD, Hayees CL. Existence of functional hip external rotation range of motion in ballet dancers.

    Unpublished master’s thesis, Duke University, Durham, NC., 1990.

    [13] Darm SE. Lower limb alignment of baller and modern dancers while in a turn out position. Unpublished master’s

    thesis, Duke University, Durham, NC, 1982

    [14] DiTullio M., Wilczek L., Paulus D., Kiriakatis A., Pollack M., Eisenhardt J. Comparison of hip rotation in female

    non dancers. MPPA 12 : 154-158, 1989.

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