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35 MEMBRE DE LA FÉDÉRATION NATIONALE DES ASSOCIATIONS PARACHUTISTES BULLETIN N°120 • DÉCEMBRE 2017 ADRESSE MAIL DU CLUB : [email protected] Président : Jacques Hogard c/o EPEE – 9 rue Beaujon- 75008 Paris. Tel 01 58 05 25 00. E-mail : [email protected] Secrétaire Général : Bernard Gruet - [email protected] - 01.47.51.15.50 Rédacteur du Bulletin : Rémy Camous. 06.48.77.83.61 - [email protected] PROCHAINE RÉUNION LE 26 JANVIER 2018 À 12H AU CNA ST AUGUSTIN

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MEMBRE DE LA FÉDÉRATION NATIONALE DES ASSOCIATIONS PARACHUTISTES

BULLETIN N°120 • DÉCEMBRE 2017

ADRESSE MAIL DU CLUB : [email protected] Président : Jacques Hogard c/o EPEE – 9 rue Beaujon- 75008 Paris. Tel 01 58 05 25 00. E-mail : [email protected]

Secrétaire Général : Bernard Gruet - [email protected] - 01.47.51.15.50Rédacteur du Bulletin : Rémy Camous. 06.48.77.83.61 - [email protected]

PROCHAINE RÉUNION LE 26 JANVIER 2018 À 12H

AU CNA ST AUGUSTIN

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SOMMAIRE

Éditorial ................................................................p.3

In Memoriam .........................................................p.4

Réunion de la Saint Michel, le 13 octobre ..............p.7

• Messe de la Saint Michel ........................p.8

• Laïus du Président...................................p.11

• Présents sur les rangs..............................p.13

• Des nouvelles des absents........................p.14

• Distinctions ............................................p.15

o Discours du Général Schmitt............p.15

o Discours du Général Chabanne .........p.16

Histoire :

L’évasion des Hussards..............................................p.19

Sarajevo, 25 ans après ...............................................p.22

Lectures.....................................................................p.26

Agenda et bulletin d’inscription

pour le 26 janvier 2018 : ...........................................p.30

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ÉDITORIAL

Mes chers Anciens, mes chers camarades, mes très chers amis,

Mesdames,

Dans quelques jours nous allons fêter Noël.

Noël, fête de la Nativité du Seigneur, fête aussi de la Famille et de l’Espérance, fête

qui nous ramène inlassablement chaque année au cours de cette nuit à nulle autre

pareille à notre enfance, à nos racines.

Mais fête qui nous rappelle aussi bien des souvenirs en opération, en mission

lointaine, au milieu de nos hommes.

Que cette nuit sacrée et cette journée de Noël vous soient sources de joie, au

singulier et de joies, au pluriel !

Pensons tout particulièrement à ceux d’entre nous qui malades ou isolés n’auront

pas le réconfort de la présence des leurs. Que ceux-là sachent que nous ne les

oublions pas et que nous partageons pensées, et prières aussi, pour ceux qui

croient.

En cette fin d’année, nous apprenons le rappel à Dieu de Sim Heux, veuve du

Général Pierre Heux, ancien chef de corps du 13ème RDP qui était l’un des nôtres.

Sim, très attachée au Club, n’était pas n’importe qui. Comme le rappelle le Général

Georges Lebel, « assistante sociale en Algérie, elle sillonnait le bled à bord de sa 2CV

avec un sabre de cavalerie sous le siège, au cas où...Cela a séduit son capitaine

parachutiste de futur mari » !

Et puis nous apprenons aussi le départ de notre camarade Louis Torrecillas, dit

« TOTOR ». Valeureux sous-officier chef de section au 1er RCP, grièvement blessé

dans le Hodna en 1959, resté paraplégique, devenu docteur en Droit, il était

pensionnaire aux Invalides depuis des années.

Que Saint Michel les accueille et qu’ils reposent en paix.

Nous ne les oublierons pas.

Notre prochain déjeuner aura lieu le vendredi 26 janvier. Notez-le bien dans vos

agendas. J’y reviendrai plus en détail sur une nouvelle qui fera je le sais un

immense plaisir à nombre d’entre vous : celle de l’admission d’Yves Boualem, ex

sous-lieutenant chef de section au 14ème RCP en Algérie. Outre qu’il s’agit là d’un

homme et d’un officier de grande qualité, le fait qu’il enrichisse ainsi le patrimoine

du Club de son nom, celui de son oncle, le Bachaga de l’Ouarsenis, le Bachaga de

« mon pays la France » constitue un élément de fierté pour chacun d’entre nous.

Bienvenue donc parmi nous, Yves Boualem !

En attendant nos premières retrouvailles de 2018,

Je vous souhaite chaleureusement à tous, à vos familles, ceux que vous aimez, une

belle et joyeuse fête de Noël, et une bonne et heureuse année 2018,

A bientôt.

Jacques Hogard, le 14 décembre 2017.

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IN MEMORIAM

Gilles QUEYRAT

Emblématique figure de cette génération d’appelés ou rappelés, Gilles nous laisse le

souvenir d’un magnifique jeune officier para en même temps que d’un être

exemplaire de droiture et de dévouement.

Le général Jean-Claude Hamel, qui, dans nos rangs, l’a décoré de la Légion

d’honneur, nous a impressionnés par l’admiration que lui, son chef, portait à son

jeune Sous-Lieutenant, devenu pour lui un véritable ami. Lui qui commandait en

second le fameux Commando Guillaume, en décembre 1958, dans l’Ouarsenis, a été

témoin de l’affectation pittoresque du jeune appelé. S’agissant de remplacer un

sous-officier, ancien d’Indochine chevronné et brillant, Nelin, pour commander un

stick de combat, c’est ce jeune réserviste qui fut désigné par le commandement de

Mont-de-Marsan (annexe des « Paras Colo » de Château-Jobert). Furieux, le

lieutenant Dominique, patron du commando protesta avec énergie. Le Colonel de

Mont de Marsan lui répondit : « Vous allez voir ; c’est moi qui l’ai choisi ; il est

exceptionnel ! » Et comme le dit le général Hamel, très vite, le premier stick et tout le

Commando ont pu constater que Queyrat était bien exceptionnel. Dès les premiers

combats, il fit preuve de courage, d’intelligence et d’humanité. Ses hommes lui

vouaient une admiration affectueuse et sans bornes.

Il disait volontiers que cette expérience humaine de commandement avait été le

moteur de sa vie professionnelle. Nous savons qu’il a été un cadre dirigeant très

respecté et aimé.

Lui qui avait l’ambition de réussir sa vie, nous pouvons dire que cela a bien été le

cas. Avant tout dans le cadre familial, son plus riche trésor, mais aussi sur le plan

associatif, notamment par son engagement dans le domaine de l’enseignement privé

et l’assistance de conseil aux déshérités

À Dieu, cher Gilles, tu restes un exemple pour nous.

Notre ami Jacques Allaire a eu la gentillesse de représenter le Club à ses obsèques, à

Tours, le 1er septembre.

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Jacques Bouillot

Fidèle parmi les fidèles, Jacques Bouillot reste pour nous un symbole. L’image du

para simple et courageux, franchissant des obstacles jusqu’à la cravate de

Commandeur de la Légion d’honneur, au rang de Colonel. Il manifestait toujours,

même dans ses plus rudes épreuves, une formidable volonté et des sentiments de

camaraderie exemplaires.

Il traverse notre histoire, de juin 1944 à l’Algérie, en passant par l’Indochine.

Figure de la 2ème DB du Maréchal Leclerc, il débarque en Normandie en juin 1944.

Brigadier-chef lors de la Libération de Paris, il se distingue par une action d’éclat en

tant que chef de char sur le pont de Kehl, à Strasbourg, où sa bravoure permet

d’une façon incontestable l’échec des Allemands. Breveté, il rejoint le 1er RHP en

1947, à Constantine. Puis vient l’Indochine : Chef de section au 7ème BPVN. Vient

ensuite le 13ème RDP, en Algérie, où il est cité comme Lieutenant.

De la Libération à l’Algérie, Jacques Bouillot glane 6 citations, auxquelles s’ajoutent

la Presidential Unit et la Croix de la Vaillance Vietnamienne.

Grand sportif, il est officier des sports au Prytanée de La Flèche, de 1965 à 1969, où

il laisse un souvenir indélébile, (comme le rappelle le général Lebel). Après quoi, il

commande le Bataillon de Joinville.

Avec philosophie, Jacques a su résister sans perdre son sourire à des deuils

familiaux, puis à une grande épreuve physique qui le condamnait, lui le grand

sportif, malgré des séjours répétés aux Invalides à me plus pouvoir marcher.

Lui qui invoquait souvent saint Michel, nous sommes sûrs que celui-ci l’aura bien

accueilli.

Louis DUFFAUT

Encore un grand soldat qui s’estompe discrètement…

Camarade de notre cher maréchal depuis la campagne de France et le 6ème BCCP, le

Dr Duffaut n’a laissé aucune trace lisible de lui dans nos archives. En regrettant de

ne pas pouvoir mieux le saluer, nous comprenons l’émotion d’Hélène Oudinot,

grande amie de Simone Duffaut, autre infirmière décorée comme elle, ancienne de la

campagne d’Italie et du Tonkin.

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Yves DELMAS

Le capitaine Yves Delmas a fait son dernier saut en octobre 2017. Il était officier de

réserve et avait servi de1957 à 1959 en Algérie au 3ème R.P.C.

A la sortie de l’école des officiers de réserve il avait choisi les parachutistes coloniaux.

C’est en octobre 1957 à Colomb Bechar qu’il rejoignit la compagnie d’appui du 3. Il y

commanda une section jusqu’à la fin de son service militaire (27 mois à l’époque).

Il fut de tous les combats. Bataille des frontières en 1958 où, à Djeurf et dans le djebel

Onk, il participa à la destruction de trois katibas venant de Tunisie. En juillet après

avoir participé au changement de République au forum d’Alger, il est à Djelfa. Le 27

octobre c’est à nouveau la destruction d’une katiba dans le secteur de Sidi Aïch. En

1959, ce sont les opérations Challe dans l’Ouarsenis et en Kabylie.

Lors de chaque combat il fait preuve d’audace, de courage, de calme et de lucidité.

Lorsqu’il termine son séjour en Algérie et son service militaire, il a été quatre fois cité

et nommé Chevalier de la Légion d’Honneur.

En 2007 lors de la saint Michel du 3ème RPIMA je lui remettrai la croix d’Officier de la

Légion d’Honneur.

En lui rendant l’hommage que mérite son parcours exceptionnel, je voudrais rappeler

la contribution remarquable des officiers de réserve qui ont participé à l’encadrement

des unités engagées en Algérie. Plusieurs d’entre eux sont membres de notre club.

Certains ont côtoyé Yves Delmas.

Erwin Rommel dans les carnets publiés après sa mort écrivait que l’issue victorieuse

des batailles devait beaucoup à l’énergie des jeunes officiers commandant les sections

de combat. Ce fut le cas dans nos forces d’Algérie où les jeunes chefs de section de

réserve ont pris une large part des succès hélas sans lendemains.

Général d’Armée Maurice SCHMITT

Nous apprenons avec tristesse, au moment de mettre le Bulletin sous presse, le décès

de « Sim » qui a marqué le 13ème Dragons à l’époque où le général Pierre

HEUX (†) le commandait, de même que celui de Louis TORRECILLAS. Vous aurez vu

que le Président évoque leur mémoire dans son éditorial. Que Saint Michel les

accueille.

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Et nos pensées accompagnent aussi fidèlement tous les camarades

du Club qui nous ont précédés :

Georges Marce, Jean Moutin, Lucien Béal, Maurice Viard, Pierre Poinsignon, Michel

Glasser, Olivier d’Assignies, Erwan Bergot, André Botella, Fredy Bauer, Bernard

Blouin, Michel Cossart, Gaston Coudurier, Maurice Grillet-Paysan, Daniel Loth,

Philippe Dangerfield, Pierre Sergent, Bernard Cabiro, Jacques Jeannerot, Gabriel

Bailly, Henry Hubert, Maurice Hautechaud, Julien Lamiaux, Lavaud, Jacques Morin,

Hervé Trapp, Pierre de Haynin de Brye, Robert Caillaud, Jacques Pelé, Jean Claude

Ogé, Guy Rubin de Cervens, François Perron, Pierre Albert Thébault, Aimé Brouin,

Creté, René Hébert, Jacques Ferrari, Jean Mélet, Père Delarue, Robert Gozé, Pierre

Ducassou, Charles-Henry de Clermont Tonnerre, Fernand Dié, Yvan Tommasi, Roger

Vailly, Paul Alain Léger, Hervé Louis-Callixte, Alain de Gaigneron de Marolles, Jean

Pierre Chabert, Pierre Gorce, Régis Privat de Garilhes, Antoine Ysquerdo, Jean René

Souêtre, Alain Guyot, Guy Desrousseaux, Philippe Marbot, Jean-Jacques Engels,

Bernard Dubois, Bernard Mertz, Pierre Guillaume, Coustaux, Bernard Clémentin,

Jean Léopold Martin, François Cartalade, Henri Jean Simon, Raymond Toce, Charles

Paoli, Gonzague du Cheyron du Pavillon, Dominique Piétri, Andernos Mosconi, Jean

Margueron, Roger Decours, André Leguerré, Jacques Planet, André Besamat, Michel

Rousseau, Maurice Desgruelles, Amédée de la Forest Divonne, Bernard Bole du

Chaumont, Michel Vautrin, Jean-Marie Madelaine, Jean Flamand, Raymond Gardes,

Yves Gauvin, Jacques Marcout, Louis Bonnel, Jean-Pierre Valdant, François Rioual,

Pierre Decorse, Auffret, Georges Armstrong, Louis Martin, Michel Brandon, Robert

Devouges, François Hitter, Albert Meyer, Marie-Louise Decorse, Jacques Gardel,

Florent Ostermann, Michel Brassens, Bernard Magnillat Rapp, Jacques Abadie,

Michel Leblond, Michel Datin, Jean-Pierre Liron, Michel Ducret, Roger Ceccaldi,

Georges Robin, Jean Perronne, Robert Fontani, Victor Chaudrut, Olivier Martin-

Deheurles, Michel Desmond, Diego Santa, Jean Sassi, Lucien Nectoux, Philippe

Tripier, Pierre Lassalle, Pierre Bardon, Jacques Le Cour Grandmaison, Pierre

Lecomte, Bertrand de Castelbajac, Henri Desmaizières, Serge de Saint Blanquat,

Jean Chaumier, Marcel Chevrot, Alain Bizard, Jean-Alain Truc, Patrice de Carfort,

Philippe Bizot, Michel Boisson, Robert Thomassin, Guy Vergnaud, Yves de la

Bourdonnaye, Pierre Le Coq, Donatien Gouraud, Bernard Cazaumayou, Louison de

Fossarieu, Daniel Godot, Joseph Onimus, Louis Stien, Maurice Genty, Jean de

Quillacq, Père François Casta, Pierre Rouault, Claude Frileux, Marcel Guilleminot,

Roger Faulques, Numa Fourès, Roger Tortot, Max Mesnier, Jean-Jacques Le Pezennec,

Armand Bénézis de Rotrou, Anthony Hunter-Choat, Michel Bézineau, Jean Kessler,

Claude Calès, Jean-Paul Dorr, Jacques Garnier, André Chanel, Jacques Lemaire,

Jean-Michel Saüt, Georges Oudinot, Jean Desjeux, Jacques Guichard, Henri Duteil,

Paul Armand, Lucien Le Boudec, Hélie Denoix de Saint Marc, Jacques-Henry de

Talhouët., Raymond Muelle, Bruno Duffard, Benoît Dekeister, Pierre Hovette, Michel

Leclerc de Hauteclocque, Roger Camous, Jacques Nault, Guy Tocqueville, Jean

Bernard, Louis d'Harcourt, Michel Bailly, Roger Jamin, René de Biré, Jean-Paul

Pietri, Louis de Chastenet, Fred Bernard, Désiré Cottebrune, Jean Herraud, Guy

Branca, Jean Cornuault, Jean-Claude Mignotte, Georges Longeret, Pierre

Pédoussaut, René Yannou, Dominique Bonelli, Bernard Truc, Jean-Claude Bourguin,

Philippe de Longeaux, Louis Le Rudulier, Jean Duhil de Bénazé, Dominique Tiger,

Yves Guyader, Jean-François Schmitt, Pierre Graff, Guy Perrier, Gildas Lebeurier,

Gérard Sanz, Roger Leducq, Gilles Queyrat, Jacques Bouillot, Louis Torrecillas

Saluons aussi les Généraux Marcel Bigeard et Jean Compagnon.

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MESSE DE LA SAINT MICHEL

en la cathédrale Saint Louis des Invalides

« Le chef c’est le charisme, plus la compétence, plus la noblesse de

la mission. »

On trouvera ci-après, imparfaitement condensée, l’homélie du Père Richard

Kalka.

Se fondant sur les Textes Saints, il analyse l’essence du commandement qui ne

se résume pas, comme on a pu l’entendre récemment, à la formule

péremptoire du supérieur à ses subordonnés : « Je suis votre chef... »

PB

Le vieux soldat, le centurion, le chef : lucidité du premier qui, fidèle à sa vocation

d’origine, qui n’avale pas « les fausses vérités que nous servent les médias de la bien-

pensance. »

Le centurion, aujourd’hui en mission à l’étranger, dont le privilège de diriger commence

d’abord par le commandement sur-lui-même et n’est pas exclusif de cette « valeur

primordiale qu’est l’amitié fraternelle ».

Sa façon de commander et sa manière d’être lui valent, certes, la reconnaissance de

ses hommes, mais aussi les éloges de la population locale : Dans l’Evangile, le

centurion a su délivrer les notables juifs de leur aversion contre l’occupant romain....

Pas d’autorité qui ne vienne de Dieu

Qu’est-ce qu’un chef, interroge le Père Kalka ? Qui d’entre nous ne se souvient-il pas

d’un chef, peu importe son grade, remarquable, voire lumineux, dont le charisme et la

façon de vivre nous ont laissé une empreinte indélébile ?

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Et c’est dans l’Écriture Sainte qu’il trouve la réponse à sa question : Qu’est ce qui fait

qu’on devient un bon chef, un vrai chef dont parlent des générations de soldats ?

Saint Paul : « il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu (lettre aux Romains 13-1)

Salomon qui succède à David : « Seigneur, mon Dieu c’est toi qui m’a fait roi à la place

de David, mon père ... donne à ton serviteur un cœur attentif pour qu’il sache gouverner

ton peuple et discerner le bien et le mal... »

Au-delà de l’esprit d’humilité qu’elle révèle, la prière de Salomon vise exclusivement le

service du peuple, Il intègre l’idéal du vrai chef : disposer des capacités nécessaires

pour exercer « la mission que Dieu lui a confiée : le bonheur et la sécurité des

personnes » dont il a la charge,

Celui qui veut être premier sera l’esclave de tous

« Etre au service de » : la formule est, de nos jours, « galvaudée, mélangée à toutes les

sauces, reprise dans nombre de prêches et de discours. »

Pourtant, « le Christ, un jeudi, la veille de sa passion, l’a inscrite dans son testament »

Il ne faut pas en effet prendre l’acte de laver les pieds des disciples comme une

obligation mutuelle imposée à ces derniers, mais comme le symbole d’un

comportement beaucoup plus étendu et qui met l’accent sur la valeur et la dignité d’un

humble service rendu à un autre. »

De même, aux fils de Zébédée, Jacques et Jean, qui se disputent la prééminence,

Jésus leur rappelle l’essentiel :

« Ceux qu’on regarde comme chefs des nations païennes, commandent en maîtres : les

grands font sentir leur pouvoir. Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur. Celui

qui veut être premier sera l’esclave de tous. Car le Fils de l’Homme n’est pas venu pour

être servi mais pour servir (Marc 10 45-45). »

Aux plus petits des subordonnés....

Et la mission ne se résume pas à l’exercice du pouvoir, en faisant claquer ses galons

et son état hiérarchique. » Ecoutons le Prophète Isaïe définir le contenu du

commandement : Si tu fais disparaître de ta maison la domination, le geste de menace,

la parole malfaisante ; si tu fais attention aux plus petits parmi tes subordonnés, ton

commandement portera du fruit, ton obscurité sera comme la lumière du midi... »

Et le Père Kalka évoque l’autorité : qui ne se limite pas au seul charisme « qui mène

au despotisme » ou aux seules compétences « qui fabriquent un scribouillard d’état-

major. »

Pour lui, le charisme et les compétences, augmentées de la noblesse d’une mission,

permettent la naissance du chef...

En invitant les « grands de ce monde » à s’inspirer de cette parole biblique et à

apprendre "des vieux soldats que nous sommes" les qualités morales de courage, de

respect et de bienveillance, le Père Kalka leur demande enfin de s’incliner devant les

tombes de tous ceux qui ont aimé la France éternelle jusqu’à en mourir....

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Jusqu’à en mourir… Appel prononcé par le général Patrice Caille

« À nos morts, à nos chefs, nos camarades, aux hommes que nous

avons commandés, en particulier aujourd’hui à ceux qui nous ont

quittés depuis la dernière Saint Michel »

Philippe de Longeaux

Louis Le Rudulier

Jean Duhil de Bénazé

Dominique Tiger

Yves Guyader

Jean-François Schmitt

Pierre Graff

Guy Perrier

Gildas Lebeurier

Gérard Sanz

Roger Leducq

Gilles Queyrat

Jacques Bouillot

« Clairon ! Aux morts »

« Quel type d’hommes sont-ils donc ceux qui portent le béret amarante ? Ils sont d’abord tous volontaires, et puis ils sont endurcis par un entraînement physique très rigoureux. Du coup ils ont cette espèce d’optimisme viscéral et cet ardent élan offensif qui tient au fait qu’ils sont bien dans leur peau. Ils ont sauté des airs et, en le faisant, ont dompté la peur. C’est à l’avant-garde de la bataille que se situe leur tâche : ils sont fiers de cet honneur et n’ont jamais failli à aucune de leurs missions. Ils ont une exigence d’excellence en tout, que cela relève de leur compétence exemplaire au combat ou de l’impeccable exécution de toute mission en temps de paix. Ils ont prouvé qu’ils étaient aussi tenaces et déterminés en défense que courageux à l’attaque. En fait, ce sont vraiment des types spéciaux ; chacun d’eux est un seigneur ».

Field Marshal the Viscount Montgomery of Alamein

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Laïus du vendredi 13 octobre 2017

Mesdames,

Messieurs les Officiers Généraux, mes chers Anciens et chers Camarades,

Chers invités,

Chers amis,

Cette Saint Michel - qui nous voit regroupés cette année encore, dans le cadre

prestigieux des Invalides grâce à la bienveillance du Général LE RAY GMP, qui a

bien voulu mettre ses salons, à notre disposition - revêt une dimension particulière.

Nous allons en effet assister dans quelques instants à la remise des insignes de

Grand-Croix de la Légion d’Honneur à l’un de nos membres, le Général Raymond

CHABANNE, par un autre de nos membres, le Général SCHMITT.

Ces instants exceptionnels nous font mesurer le caractère exceptionnel de notre

Club, voulu par ses fondateurs pour lesquels nous avons une pensée fidèle : le

Maréchal, Georges OUDINOT, Raymond MUELLE, François RIOUAL et Paul-

Alain LÉGER.

Mais avant, nous avons le plaisir d’accueillir parmi nous deux nouveaux membres :

➢ Tout d’abord, le colonel Bertrand BOURGAIN, parrainé par le général

Rémy GAUSSERRÈS et moi-même, chef de section para au feu à

Kolwezi, qui a fait une très belle carrière d’officier para, commandeur de

la Légion d’honneur et titulaire de 5 citations dont 2 palmes.

Je laisserai en quelques mots le Gal GAUSSERÈS le présenter plus complètement.

➢ Et puis, le LCL Jean-Michel TROTIGNON, ensuite : lui aussi beau

soldat de sa génération, celle des OPEX, qu’il a effectuées en nombre au

sein du 2ème REP. Parrainé par Philippe RIDEAU et moi-même, il est

officier de la Légion d’Honneur et titulaire de 4 citations.

Ancien ORSA au 9ème RCP avec lequel il intervient au Liban comme chef de section,

il fait l’EMIA (88/90) et rejoins le 2ème REP comme chef de section à la 1ere Cie. Il

intervient à Sarajevo puis au Congo et récolte ses deux premières citations. Après

avoir commandé une compagnie du 2ème REP, et servi comme OL Terre au CFAP à

Villacoublay, il rejoint la 13ème DBLE à Djibouti où il chef adjoint du BOI. Il

commande ensuite le 4ème Bat de l’ESM de Saint Cyr puis est désigné comme

commandant en second du 2ème REP (07/09). Il est affecté alors à l’EM 11ème BP puis

de 2010 à 2013 comme Chef de corps du Groupement de soutien de la Base de

Défense de Toulouse. Il a participé à nombre d’OPEX, notamment au Liban, en

Afrique et en Afghanistan.

Emblématiques de leur génération, ce sont des recrues de haute qualité pour notre

Club, qui s’honore de les accueillir en son sein.

Nous leur souhaitons fraternellement, chaleureusement la bienvenue parmi nous.

Je voudrais citer la présence aujourd’hui parmi nous du général Benoît PUGA,

grand chancelier de la Légion d’Honneur qui est l’un des nôtres, lui aussi ancien

chef de section para au feu à Kolwezi, ainsi que du général Bertrand de SAINT-

CHAMAS, gouverneur des Invalides, qui nous font l’honneur de venir déjeuner avec

nous et que je salue en notre nom à tous.

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Je voudrais aussi saluer la présence du Général Elrick IRASTORZA, notre ancien

CEMAT, ancien Chef de corps du 8ème RPIMa et celle du Général Bruno DARY,

ancien GMP et ancien Chef de corps du 2ème REP.

Certains des nôtres sont malheureusement absents aujourd’hui, notamment pour

raisons de santé. Qu’ils sachent que nous pensons fraternellement à eux.

Nos disparus ont été cités lors de l’appel des morts tout à l’heure en la cathédrale

Saint Louis des Invalides. Néanmoins, l’un d’entre eux, suite à une malheureuse

erreur de frappe, a été oublié : je veux citer le nom du Général Pierre GRAFF,

connu il y a bien des années chez le Maréchal, et qui était un pilier autant qu’une

figure de notre Club.

Je voudrais toutefois citer le dernier d’entre eux : Jacques BOUILLOT qui était une

figure de notre Club et auquel un hommage particulier sera rendu dans notre

prochain bulletin.

« Brillant soldat dès l’âge de 17 ans, parcours exemplaire, de l’Armée d’Afrique à

l’Algérie en passant par l’Allemagne et l’Indo ; entraîneur sportif célèbre ; grand

fidèle de notre Club depuis sa fondation ».

Je vais maintenant céder la parole au Général SCHMITT pour qu’il puisse à présent

procéder à la remise des insignes de Grand-Croix de la Légion d’Honneur au Général

CHABANNE, en présence du Grand Chancelier de l’Ordre, le Général Benoit PUGA,

qui comme je viens de le dire est lui aussi un des nôtres.

Avant cela je voudrais une fois encore invoquer avec ferveur Saint Michel, patron

des parachutistes, protecteur de la France, en lui demandant de protéger nos

Soldats, en particulier ceux qui exposent leur vie en opération en ce moment même,

que ce soit en Irak, au Mali ou dans nos grandes villes de métropole, de soutenir

leurs familles et de protéger notre pays.

Je salue en particulier nos jeunes camarades du 1er RCP en mission Sentinelle à

Paris et présents parmi nous pour cette cérémonie.

Je remercie les artisans de la réussite de cette journée : le Père Richard Kalka,

Bernard Gruet, et Philippe Rideau.

Avec une mention pour le Général Patrice Caille, qui a également donné de sa

personne pour l’organisation de la magnifique Messe ce matin.

Je terminerai en formant le vœu :

Que Saint Michel maintienne en nous l’esprit de nos vingt ans, cet esprit para qui

est fait, comme l’a si bien rappelé il y a quelques jours, le Général Jacops :

« …de disponibilité, d’audace et de fierté mais aussi d’abnégation et

d’humilité,

…de cette camaraderie forgée par l’attente interminable auprès des avions, le

passage de la porte, le poids de la même gaine, et, à l’ouverture du

parachute, ce sentiment incroyable de dominer le monde » !

Bonne et belle Saint Michel à tous !

Et par Saint Michel : vive les Paras !

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Club des Chefs de Section Para au Feu

Déjeuner du 13 octobre 2017,

En présence du Général d’Armée Benoit Puga, Grand Chancelier de la Légion

d’Honneur et du Général de Corps d’Armée de Saint Chamas, Gouverneur des

Invalides

Et par Saint Michel, vive les Paras !

Présents sur les rangs

Alix Arène

Assémat et Madame

Assignies(d’) Madame

Baläy et Madame Balazuc

Bardon

Baulain Beth

Bourdonnay (de la)

Madame Bourgain

Caille

Camarda Camous

Carbonnier et Madame

Chabanne

Chabert Madame Coiquaud

Collignan

Cortés Dadoune

Dary

Doucet

Douchet

Fessard-

Raffalli et

Madame

Flamen

Fourrière

Gausserès

Graff Madame

Grenon

Gruet et

Madame Gros

Gusic

Hautecloque (de)

Haynin (de)

Haÿs Heux Madame

Hogard

Humeau Irastorza

Jean

Jourdain

Kalka Padre

Labbé de Montais Labriffe & Madame

Lajoux

Laporte

Léger Madame Leonetti

Le Peltier

Lhopitallier Maréchal et

Madame

Michel J

Michel Y

Moreau

Muelle Madame

Nicard

Orsini et Madame

Oudinot Madame

Oudinot Ombeline

Pinchon

Planet Madame

Priot

Provent et Madame

Puga

Raymond

Rideau

Rives-Niessel

Saboureau

Schmitt

Simonet

Thomann

Torecillas

Tramond

Trottignon

Turpin

Urwald

Vidal

Walter

Wirtz-Risse

Le champagne nous est offert par le général Raymond Chabanne

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DES NOUVELLES DES ABSENTS

le 13 octobre 2017

Beaucoup n’ont pas pu participer à notre saint Michel.

Parmi ceux dont nous avons reçu des nouvelles, commençons par citer les

« éclopés ». Nombreux sont les camarades empêchés par des problèmes de santé, à

des degrés divers. Parmi eux, mettons en tête le général Fleutiaux, grand

inséparable du général Chabanne, héros du jour, ce 13 octobre. Il était

particulièrement proche de nous par la pensée. Autres absents « sanitaires » : les

généraux Morel, Fayette (qui venait d’être élevé à la dignité de grand Officier de la

Légion d’honneur), Rolin, Lafourcade et Hamel. Par Alain Barbion, nous savons que

François Boisnier est extrêmement fragile. Au même chapitre citons Geneviève et

Jean de Heaulme, qui ont traversé une rude épreuve, mais dont la santé s’améliore.

S’agissant d’accrocs de santé ou de difficultés liées à l’éloignement comme au poids

des ans : les docteurs Gindrey, Rondy, Escousse (in extremis), Banssillon, Thibult ;

Luciani, Thiébaud, Fydrych, Yves Michel, Sassard, Gusic, Bauer, Clédic, Vallauri,

Lelarge, Debuire. Le Père Vampouille, le « vieux caporal du capitaine Oudinot » est de

tout cœur avec nous et nous invite à l’espérance.

Parmi les dames, « Sim » Heux, grande figure du Club, nous a très

exceptionnellement fait faux bond (Depuis, elle nous a hélas quittés). Après une

longue période difficile, Simone Martin, absente le 13 octobre, nous rassure. Autres

absences liées à des problèmes de santé : Micheline Guilleminot, Chouky Sergent,

M.J. Cartalade. Beaucoup de messages amicaux d’autres dames regrettant de ne

pas nous rejoindre : Mesdames Caillaud, Magnillat (toujours très active dans le

cadre de Vietnam Espérance et du Musée Militaire de Lyon), Nault, Juliette Bernard,

France-Elizabeth Schmitt, Bénédicte Colins. Madame Perrier, que nous n’avions pas

assez saluée au moment de son grand deuil, reste très éprouvée. De la Martinique :

message très chaleureux de Madame de Lucy de Fossarieu.

Tous les absents ne nous ont naturellement pas écrit ou appelé. Mais, parmi les

messages, signalons, de Nouvelle Calédonie, Terzian et Ubinger. Autres absents : les

généraux Guignon, avec ses vifs regrets ; de Courrèges, Cann, Roudeillac, Valentin,

Lebel (avec le 13 à Bordeaux), Norlain, Faivre. Ont aussi manifesté leurs regrets :

Prévost (mobilisé in extremis pour les obsèques d’une personnalité), Delpit (IHEDN),

F. Pons, Boissy, Boudon, Reinlé, Dornier, Patigny, Pince…

Et pardon à ceux et celles que nous aurions oubliés…

BG

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DISTINCTIONS

Le général Raymond CHABANNE est élevé à la dignité de

Grand-Croix dans l’Ordre National de la Légion d’Honneur

par le général d’armée Maurice Schmitt.

Discours du Général Maurice SCHMITT :

Mon général

C’est le 30 avril 1957 que je me suis présenté à vous, à Sidi Ferruch, au

cantonnement de la compagnie d’appui (la CA) du 3ème régiment de parachutistes

coloniaux que commandait – chacun le sait – le lieutenant-colonel Bigeard.

Je servirai un an sous vos ordres. Une année restée marquée dans mon esprit car les

hasards de la guerre me conduisirent à combattre à vos côtés à Agounenda, Miliana,

Timimoune et Djeurf lors de la bataille des frontières et à Alger lors de la destruction

de l’organisation terroriste qui garde le triste record de la fréquence et du nombre

d’attentats dans une ville française. C’est au sud des Némentchas que vous m’avez

transmis le commandement de la C.A.

Soixante ans après cette année très dense, c’est un grand honneur pour moi de vous

élever à la dignité de Grand-Croix de la Légion d’Honneur en cet hôtel des Invalides,

cher à tous les soldats de France, en présence de votre famille et de nos camarades

du club des anciens chefs de section parachutistes ayant commandé au feu dont

plusieurs anciens de la C.A font partie ou en ont fait partie comme le colonel Tiger

récemment disparu. En fait partie aussi le général Puga Grand Chancelier de la Légion

d’Honneur qui nous fait l’honneur de sa présence.

Vous avez été artilleur – moi aussi d’ailleurs- puis très vite vous êtes passé dans

l’infanterie coloniale. C’est ainsi que lors d’un premier séjour au Tonkin vous servez

au 6ème régiment d’infanterie coloniale. Vous y méritez quatre citations entre avril

1949 et septembre 1951, année de votre retour en France.

Vous êtes affecté au 110ème R.I.C. en Allemagne. Mais la guerre froide ne vous

passionne pas et en octobre 1952 vous repartez au Tonkin où vous prenez le

commandement d’un commando opérant en Moyenne et Haute région.

Vous serez blessé, trois fois cité et nommé chevalier de la Légion d’Honneur en 1953.

Cette même année 1953 vous agirez quelques semaines aux ordres de Bigeard qui

vous repère et vous décrit ainsi dans « Pour une parcelle de gloire » : « je reçus en

renfort un commando d’une cinquantaine d’hommes commandés par le lieutenant

Chabanne, petit, brun, tout en muscles, gueule d’amour, forte personnalité, ayant un

ascendant certain sur son commando ».

Fin 1954 vous regagnez la France et ce sera l’Algérie.

Après quelques mois, en mars 1955 vous rejoignez Bayonne. Affecté au 3ème bataillon

colonial de commandos parachutistes en formation, vous êtes désigné en commander

la compagnie d’appui. Vous êtes nommé capitaine alors que le 3ème BCCP rejoint en

décembre 1955 le Constantinois. Quelques mois après le bataillon devient le 3ème

régiment de parachutistes coloniaux et Bigeard en prend le commandement. A la tête

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de la C.A vous accumulez les succès dans les secteurs d’El Milia et de Bougie avant

que ne survienne l’intermède de Chypre. A son retour le 3 s’installe à Sidi Ferruch et

est engagé dans ce que l’on appelle depuis la bataille d’Alger. Avec la C.A vous

remportez des succès exceptionnels avant de découvrir l’Atlas Blidéen lorsque le

dispositif d’Alger est allégé.

J’ai déjà évoqué la suite que j’ai vécue sous vos ordres. Je compléterai en précisant

qu’à Djeurf le 27 février 1958 vous avez été à la base des succès du régiment. Vous

serez promu officier de la Légion d’Honneur avec citation à l’ordre de l’armée.

Vous quitterez le 3 en même temps que Bigeard et le suivrez au centre d’entrainement

à la guerre subversive à Philippeville puis dans le secteur de Djelfa.

En avril 1959, vous participerez à la mise sur pied du groupement de commandos

parachutistes de réserve générale. Vous serez à nouveau blessé et cité.

Au total durant les campagnes d’Indochine et d’Algérie, vous aurez été quatorze fois

cité. Six fois à l’ordre de l’armée. Vous aurez été blessé trois fois au combat.

Après 1962 vous alternerez les fonctions de commandement et les affectations en

France et Outre-mer. Vous servirez ainsi à Madagascar et au Gabon tout en retrouvant

deux fois le 3ème RPIMA à Carcassonne ; en 1964 pour en diriger le groupement

d’instruction et en 1972 comme chef de corps.

Le 14 juillet 1971 vous êtes promu commandeur de la Légion d’Honneur.

En novembre 1979, vous êtes affecté en République Centrafricaine afin de conseiller

le Président de la République et de réorganiser les forces centrafricaines.

Enfin, le 28 mars 1981 vous êtes nommé général et versé dans la 2ème section du cadre

des officiers généraux. Vous vous établissez à Fontainebleau et devenez un membre

fidèle du club des chefs de section parachutistes ayant commandé au feu.

Vous serez enfin élevé à la dignité de grand officier de la Légion d’Honneur en mars

2003.

A vos proches, ici présents pour la plupart, je dis qu’ils peuvent être fiers d’un tel

cursus. Grand soldat, je le rappelle : quatorze fois cité et trois fois blessé au combat,

il n’était que justice que vous soyez élevé à la dignité de Grand-Croix de la Légion

d’Honneur. C’est pour moi je le répète un grand honneur de vous en remettre le cordon

devant l’étendard de l’Institution nationale des Invalides qui porte brodée sur ses plis

depuis le Premier empire l’inscription « Toutes les batailles ».

Discours du Général CHABANNE

Monsieur le Grand Chancelier de la Légion d’honneur, Monsieur le Gouverneur, Mon

Général, Monsieur le Président, Chers Amis,

Je laisse le soin à mon Fils de prononcer ces quelques mots de remerciements

chaleureux, ayant vous le savez, quelques difficultés d’élocution.

Permettez-moi tout d’abord de dire à quel point je suis sensible à ce que ce soit toi,

cher Maurice, qui aies accepté de me remettre cette Grand-Croix.

Je n’aurai pu trouver remettant plus emblématique, plus proche et représentant

autant de souvenirs que le Général Maurice Schmitt que j’ai eu l’honneur d’avoir sous

mes ordres et qui, tout au long d’une carrière magnifique, a su incarner cet esprit qui

nous réunit aujourd’hui à l’occasion de la Saint Michel.

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Maurice Schmitt compte au nombre de ces officiers avec lesquels j’ai eu la chance de

partager une partie importante de ma vie et de ces aventures qui nous ont construits

et d’une certaine manière façonnés.

Il est difficile de tous les citer et de tous les remercier mais je souhaite rendre

hommage à certains d’entre eux, au premier rang desquels bien sûr le Général

BIGEARD qui nous a tant appris sur nous-mêmes.

Certains d’entre eux sont parmi nous aujourd’hui, comme Antoine BALAY et François

DOUCHET. D’’autres sont à nos côtés par la pensée, comme le Général Michel

FLEUTIAUX ou Gérard BORDES.

Mais je voudrais, en ce moment, renouveler la mémoire de la cohorte de héros dont

l’Histoire ne retient pas les noms : marsouins, commandos tonkinois, parachutistes

et ces soldats de tout rang de l’Union Française qui, un jour ont mis, de confiance,

leur pas dans les miens.

Je ne prononcerai pas un long discours, mais permettez-moi de revenir sur quelques

points qui me sont chers.

Je voudrais rendre ici hommage à ma grand-mère qui m’a élevé et a accepté cet

enfant né de père inconnu ce qui, dans les années 20 était encore plus difficile

qu’aujourd’hui. A ma sœur Paulette qui était placée en orphelinat parce que ma

grand-mère ne pouvait pas s’occuper de deux enfants.

Je charge son fils, le Capitaine de Vaisseau Daniel Parisis, que je remercie de sa

présence, de l’embrasser et de lui redire à quel point elle compte pour moi.

Cette Grand-Croix représente énormément pour moi. Elle est l’aboutissement d’une

carrière longue et marque la reconnaissance de la Nation envers un de ses fils les

plus modestes que rien ne prédestinait à embrasser la carrière de soldat.

Elle marque également la capacité de notre Pays et de notre Armée à offrir à ceux de

ses concitoyens les moins aisés, un espace d’expression de leurs talents ou de leur

volonté.

Ce creuset, cette capacité à offrir de formidables opportunités à chacun, quelle que

soit son origine sociale ethnique ou religieuse, notre armée doit la sauvegarder et

notre Nation doit la considérer comme un de ses trésors les plus précieux.

Cela me permet de redire mon admiration aux générations d’officiers qui se sont

succédé depuis que j’ai quitté le service actif. Certains sont présents aujourd’hui, et

je me souviens de nos discussions quand ils étaient jeunes lieutenants, amis de mes

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enfants. Colonels ou généraux à présent, ils ont su garder cette force et cette

sérénité qui les habitaient. Les périodes changent, les défis changent, mais la qualité

de l’engagement et le sens du sacrifice restent les mêmes : admirables.

Vous avez repris, mon Général, les quelques grandes étapes de ma carrière et je

vous en remercie. Celle-ci a été marquée par les guerres, la perte de frères d’armes,

les quelques succès modestes au regard de l’Histoire.

Je peux vous assurer que le jeune garçon qui rêvait d’aventure, le jeune homme qui

rejoignit les chantiers de jeunesse, l’armée de démobilisation, la résistance -bien

modestement-, la coloniale enfin, était alors bien loin d’imaginer qu’il serait un jour

Grand-Croix dans l’ordre national de la Légion d’Honneur.

C’est pour moi un motif de grande fierté, que je partage avec ma famille, avec Marie-

Jo, mes 4 enfants, mes 21 petits enfants dont la plupart sont à mes côtés

aujourd’hui et que j’embrasse tendrement.

Merci au Président des « PARAS au FEU », le Colonel Jacques HOGARD. Merci aussi

à Bernard GRUET et à vous tous qui m’avez fait un grand plaisir en accueillant cette

cérémonie à l’occasion de cette réunion célébrant la Saint Michel.

Merci à tous ceux qui se sont déplacés, parfois de loin, pour me donner une nouvelle

preuve de leur amitié et de leur affection.

Je ne compte pas au nombre des gens démonstratifs, mais sachez que votre

présence nombreuse me fait chaud au cœur.

Merci à vous tous.

DISTINCTION

Le général André Fayette a été élevé à la dignité de Grand Officier de la

Légion d’honneur, selon décret du 5 avril 2017. Il a la fierté d’avoir été

décoré par le Président de la République, au cours d’une cérémonie aux

Invalides, le 29 juin.

Nos félicitations à ce brillant soldat dont le parcours est allé du galon de

sergent, à 19 ans, jusqu’aux trois étoiles.

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HISTOIRE

L’EVASION DES HUSSARDS PRISONNIERS DU FLN EN 1955

Les cas d’évasion ont été peu nombreux au cours de la guerre d’Algérie.

Sans doute en raison des conditions particulières de détention des

soldats capturés par l’adversaire. Celui-ci ne disposait pas en effet, de

structure d’accueil pour ses prisonniers, le plus souvent condamnés à

errer dans le djebel avec leurs geôliers, dans des conditions de vie et

d’insécurité qui rendaient leur survie extrêmement aléatoire.

L’évasion des six hussards du 1er R.H.P., capturés dans les premiers

mois de la guerre, a sans doute servi de leçon aux rebelles qui, par la

suite, obligèrent la plupart de leurs prisonniers à vivre constamment

enchaînés les uns aux autres ou les mains attachées.

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Ils étaient partis à l‘aube, en ce matin du 16 février 1955, sous les ordres du maréchal

des logis-chef BAZE, pour effectuer une patrouille du côté de la mechta de Bou

Yahedene, à quatre heures de marche du poste de SEIAR (Massif des Némentchas) où

est stationné leur peloton du 1er Régiment de Hussards Parachutistes.

Une sorte de marche d’entraînement et d’acclimatation, pour la plupart de ces jeunes

récemment arrivés de métropole.

La mission accomplie, c’est sur le chemin du retour que la patrouille tombe dans une

embuscade, dans une gorge encaissée. Le chef de peloton est immédiatement blessé

grièvement. Les hussards ripostent avec énergie, mais les munitions s’épuisent

rapidement. Le hussard Etienne MALET est tué d’une balle dans la tête. Avant de

mourir à son tour, le MdL-Chef BAZE conseille à ses hommes de se rendre, pour

sauver leur vie. Les six survivants baissent les armes et se rendent.

Il s’agit du brigadier-chef Claude GABET et des hussards Francis BARBET, Pierre

COQUET, René CROTTA, Claude GAURY et Maurice MELOUS. Ce dernier, blessé à la

main, est sommairement pansé par ses camarades, tandis que les rebelles entraînent

rapidement le groupe dans la montagne.

Au bout de plusieurs heures de marche, la bande se réfugie avec ses prisonniers dans

une des innombrables grottes du secteur, dont on décèle à peine l’entrée. Le

lendemain et les jours suivants, la marche reprend, tandis que leurs uniformes leur

sont échangés contre des vêtements locaux, usés et délavés : pantalon bouffant serré

aux chevilles, chemise au col échancré, chèche autour de la tête, sandales

confectionnées avec de vieux pneus. Devenus méconnaissables, ils passeront ainsi

inaperçus et pourront mieux échapper aux recherches. On leur donne aussi un

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burnous (pour six), ce qui les oblige, la nuit, à dormir serrés les uns contre les autres

en tournant à tour de rôle pour avoir les places les plus chaudes…

Dans un village, un habitant reconnaît le caporal-chef GABET et témoigne de son

comportement très humain au cours d’une opération dans les mechtas du secteur.

Dès lors, GABET jouit d’un régime plus souple et peut circuler presque librement, tout

en étant prévenu que toute évasion entraînerait aussitôt l’exécution de ses camarades,

le plus souvent enfermés dans des grottes et constamment gardés par un petit groupe

armé. Les déplacements ont lieu de nuit.

Au bout d’une quinzaine de jours, les captifs sont autorisés à écrire à leurs familles,

à condition que les propos soient bienveillants pour leurs gardiens : « Nous sommes

bien traités par les soldats de l’ALN et menons la même existence qu’eux…Ce sont des

patriotes qui luttent pour la libération de leur pays. »

La nourriture, identique à celle de leurs gardiens, est frugale : semoule, galette,

sauterelles séchées au soleil. Parfois des petits rongeurs qu’il faut préparer et cuisiner

avec les moyens du bord, c’est-à-dire rien.

Tous les huit à dix jours, leurs gardiens changent, plus ou moins sympathiques.

L’hygiène est vite un souci : ils sont envahis par les poux et vivent souvent entassés

dans des boyaux souterrains, sans lumière ni eau.

Bien décidé à s’évader, le brigadier-chef GABET recherche toutes les informations

pouvant faciliter son projet. Un jour, c’est un rebelle qui mentionne par inadvertance

le nom du poste de Ferkane, tenu par la Légion, dans les environs. GABET remarque

aussi qu’un avion passe régulièrement, sans doute pour ravitailler le poste, car il

observe que la porte de l’appareil est ouverte et que celui-ci perd peu à peu de

l’altitude. Ce que lui confirme un autre gardien, indiquant qu’il va parachuter vivres

et munitions sur Ferkane. GABET en déduit que le poste doit se trouver à environ une

dizaine de kilomètres, en direction du Sud.

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Il ne reste plus qu’à trouver l’occasion, d’autant plus que le nombre de gardiens a été

réduit à trois hommes, qui sont cependant extrêmement vigilants et toujours armés.

Le 22 mai au soir, GABET et ses camarades, qu’il a réussi à convaincre de tenter leur

chance tous ensemble, passent à l’action. Tandis que MELOUS détourne l’attention

de celui qui garde l’entrée de la grotte, GABET projette du sable au visage des deux

autres et, profitant de leur surprise, s’empare de leurs armes et les assomme à coups

de crosse. MELOUS fait de même avec le troisième homme, qui parvient néanmoins à

s’enfuir.

MELOUS le poursuit puis le met en joue, mais ne tire pas. Terrorisé, le jeune rebelle

lui abandonne ses chaussures puis s’enfuit sans demander son reste. MELOUS tente

alors de rejoindre ses camarades à la grotte, mais ceux-ci ont déjà disparu.

Les cinq autres paras se sont en effet enfuis aussi vite qu’ils le peuvent, vers le Sud,

dans la direction prise par l’avion. Marchant et courant toute la nuit et la journée du

lendemain, sans chaussures, ils ont vite les pieds en sang. Mais ils ne s’arrêtent pas,

car ils ont l’impression d’être suivis.

Ils apprendront par la suite que c’est MELOUS qui, sans le savoir, non, plus, est lancé

sur la même piste qu’eux. Il parviendra d’ailleurs une heure avant eux au poste de

Ferkane, où les évadés, après quelques difficultés pour se faire reconnaître, seront

enfin recueillis.

Après 96 jours de captivité dans des conditions éprouvantes, les six Hussards sont

sains et saufs.

Cette évasion réussie repose sur l’esprit de décision, le sang-froid et l’autorité du

brigadier-chef Claude GABET. Promu maréchal des logis, il recevra également la

Médaille militaire et la Croix de la Valeur militaire avec palme, pour la citation

suivante :

« Jeune brigadier parachutiste, ardent et courageux, fait prisonnier le 16 février

1955 dans le Djebel Chechar, après une résistance héroïque de son groupe contre

un parti rebelle quatre fois supérieur en nombre. A su maintenir, au cours d’une

captivité de trois mois dans les Monts Némentchas, par son exemple et son

ascendant, la cohésion et le moral de ses hommes en dépit de toutes les tentatives

de démoralisation de l’adversaire.

Le 23 mai 1955, agissant avec un sang-froid et une résolution remarquables, a

réussi à maîtriser ses gardiens et, après s’être emparé de leur armement, a rejoint

avec la totalité de son groupe le poste de Ferkane. »

Les cinq autres hussards seront décorés de la Croix de la Valeur militaire avec palme.

Mais aucun ne recevra jamais la médaille des Evadés, ni pendant la guerre d’Algérie,

car les « opérations de maintien de l’ordre » ne prévoyaient pas cette situation, ni

après…bien qu’ils n’aient malheureusement été guère nombreux à pouvoir prétendre

à cette reconnaissance d’une aventure qui reste marquée dans leur mémoire.

Documentation SOLDIS ALGERIE

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25 ans : SARAJEVO ou la guerre civile si proche, d’hier à aujourd’hui...

Voici déjà 25 années écoulées en ce mois de décembre 2017, le 2ème REP fut, pour la

première fois de son histoire, engagé en ex-Yougoslavie.

Souvenirs d’alors...

Septembre 1992- Le 2ème REP est désigné pour être le bataillon français de la

Forpronu, à Sarajevo de janvier à juillet 1993.

Tremblement de terre !! jamais le Régiment a été engagé au titre de l’ONU : troquer

notre béret vert contre le casque bleu, qui plus est en Europe, à 800 km de Calvi, en

pleine guerre civile, le pari semble insensé, impossible, sauf pour le Colonel Poulet,

qui vient de prendre le commandement.

La mobilisation de toutes les énergies pour ce grand saut est immédiate, la zone de

saut se transforme en zone de check-points à franchir, en contrôle de population

hostile, en utilisation de VAB... Il nous faut des équipements hivernaux, il nous faut

nous débrouiller nous-mêmes : des équipementiers civils de haute renommée

viennent présenter leurs collections au foyer. Chacun achètera sur ses propres

deniers, gants, polaires, cagoules …

Le REP se prépare, s’entraine, apprend tout ce qu’il est possible de savoir sur les

causes et acteurs de ce conflit déjà si cruel.

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Calvi, à l’unisson des familles, sentait bien que ce départ était particulier, ce n’était

pas l’Afrique mais l’Europe pour une mission dans toute son ambiguïté onusienne et

sa désinformation médiatique : tenir l’aéroport pour permettre les flux humanitaires.

La guerre à deux pas…

Et l’hiver, glacial et sanglant nous prit tandis que les mimosas allaient fleurir à

Calvi.

Sans rentrer dans le détail de notre opération et d’en faire le bilan, qu’il me soit

simplement permis de souligner ici que Le REP fut d’un bloc derrière son chef

exceptionnel grâce à l’investissement et la discipline incroyables des officiers, sous-

officiers et légionnaires, rigoureux à l’extrême, étendant son influence bien au-delà

de l’aéroport avec ses détachements de liaison auprès de chacun des camps croates,

serbe et bosniaque. La force fut en nous, elle nous permit de tenir...

Car ce fut l’atroce guerre civile, six mois de casque et gilet pare-balle, dans des

circonstances confinant souvent à l’absurde, au déchainement du feu, à la prise en

otage des consciences...

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Vingt-cinq ans plus tard...

La récente condamnation à la prison à perpétuité du général Ratko Mladic par les juges du Tribunal Pénal International (TPIY) pour l’ex-Yougoslavie semble clore la

guerre de Bosnie si lointaine (1992-1995) et si proche de nous (Paris-Sarajevo 1350

km).

Selon les sources diverses plus de 100 000 morts, 2,2 millions de personnes

déplacées, 44 mois de siège de Sarajevo, 10 000 tués,5ans de procés,600 témoins,10

000 preuves, mais finalement aussi un seul et définitif coupable : la Serbie...

Comme si tout était désormais cliniquement établi, limpide et jugé pour l’histoire et

l’enseignement des générations futures, le mal, le diable, l ’ennemi est désigné, la bonne conscience, le camp du bien aussi…d’ailleurs Srebrenica par exemple nous

gouvernants onusien, américains, français, anglais on ne savait pas, on ne savait pas

Monsieur, que ça pouvait arriver...

« Nous appelons fermement à ce que tous les individus impliqués dans ces atrocités ou

d’autres en Bosnie-Herzégovine doivent comparaitre devant la justice et être punis le plus vite possible... » rapporte la déclaration du ministère russe des affaires étrangères

à l’issue de l’ultime séance du TPIY.

Avoir en fait le courage d’affronter la réalité historique !

Ne surtout pas la travestir à de seules fins idéologiques pour mieux parer les dangers

actuels en ce temps d’affrontement civilisationnel mené par l’islam conquérant en nos terres de tradition chrétienne est plus que jamais nécessaire.

Comme si Sarajevo ne pouvait pas recommencer, là-bas, ailleurs, ici, chez nous... Sarajevo, si lointaine, si proche...

Colonel (er) Philippe Rideau

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LIVRES

Michel Klen : La tragédie de l’Algérie française. Ed. Dualpha, 2017. 473 pages,

33 €

Saint Cyrien de 1966, Michel Klen analyse en détail les évènements de la guerre d’Algérie et souligne avec neutralité tous les traumatismes qui ont entraîné la fin de

l’Algérie Française. Remontant dans le passé, il rappelle l’enlèvement des Chrétiens

par les pirates barbaresques, la vente frauduleuse de blé au Directoire, l’opposition des Arabes à l’agriculture (selon Tocqueville), les hésitations de Bugeaud,

l’approbation de la colonisation par Victor Hugo et Ferhat Abbas.

Il corrige à la baisse les estimations des victimes de la répression en mai 1945, août

1955 et octobre 1961 ; pour cette dernière, il cite le rapport des RG qui contredit les mensonges du maoïste Einaudi : les noyés dans la Seine sont les victimes de

règlements de compte FLN/MNA. Il met en relation les interrogatoires « musclés »

des DOP avec la terreur exercée sur les civils, la mutilation des blessés, la cruauté d’Amirouche, et reconnaît la victoire de Massu sur la barbarie et le pourquoi nous mourons du père Delarue.

Sa description de la société algérienne est celle d’une origine cosmopolite des Européens, et patriarcale des musulmans, sur laquelle s’exerce l’action samaritaine

et psychologique des SAS, des EMSI, de madame Massu et du capitaine Sirvent,

contrés par la pression médiatique des insoumis et des complices du FLN.

Les évènements prometteurs : bataille des frontières, 13 mai, ralliement d’Azzedine, plan Challe, referendum de septembre 1958, affaire Si Salah, sont suivis des feux de la révolte : barricades de février 1960, fondation de l’OAS, putsch des généraux,

coopération des barbouzes avec le FLN, fusillades de Bab el Oued et de la rue d’Isly. L’échec du putsch est attribué au respect des militaires envers le chef de l’Etat.

Le drame final est celui du calvaire des pieds noirs et des harkis. Les concessions

d’Evian (statut des Européens, abandon du Sahara) s’expliquent par l’évolution

équivoque de la pensée gaulliste, qui influencé par le double jeu des grandes puissances, passe de la France intégriste de Tamanrasset à une politique

d’association, puis à la reconnaissance de la république algérienne. La trêve d’août

1961 met fin aux succès de l’armée et contribue à la remontée des wilayas. La peur de mai 1968 a entraîné le pardon accordé aux soldats perdus.

En conclusion, l’auteur confirme que l’histoire a été confisquée par le FLN : la

libération du peuple a fait place à la dictature personnelle, puis militaire, au socialisme étatique, à la fracture sociale et à la guerre civile de 1990. De nombreux

auteurs algériens confirment cette dérive. Lanzmann, accusateur des harkis, fait

acte de contrition. Albert Camus, partisan d’une réconciliation, est sans doute mort trop tôt. Cette recension synthétique est une invitation à la lecture. Les analyses, les

citations, la référence à de remarquables officiers et à des historiens objectifs

confirment le bien-fondé des idées exprimées et la nécessité de revenir à une bataille des mémoires impartiale.

Maurice Faivre, le 15 octobre 2017

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ROGER FAULQUES : L'Homme aux mille vies

Par Marc DUPONT

INDO EDITIONS, 224 pages, 25 €.

Témoin de l’invasion de son pays en 1940 alors qu’il n’est qu’un adolescent, Roger

Faulques vit ce désastre comme une humiliation personnelle. Malgré son jeune âge, il s’engage dans la résistance en Béarn, puis dans les forces armées françaises

renaissantes. Il est rapidement promu officier. Cet « homme d’explosions brusques et

de feu », tel que l’a défini dans ses mémoires son ami Hélie Denoix de Saint Marc, participe ensuite aux conflits engendrés par la décolonisation française. Il s’y couvre

de gloire, en garde un corps terriblement meurtri et devient une légende dans le

milieu très fermé des corps d’élite, de la Légion Étrangère aux parachutistes en passant par les unités “action” des services secrets français. Déçu par la politique

menée en Algérie, ne souhaitant pas s’engager dans le putsch des généraux, il quitte

l’armée pour se consacrer à une activité de technicien et de conseiller militaire à titre privé. Au début des années 1980 il se retire à Nice dans la plus grande discrétion.

Officier admiré par ses subordonnés, discret, sans compromission et à la

personnalité rude mais attachante, « l’homme aux mille vies » et aux multiples

paradoxes n’avait fait l’objet d’aucune biographie jusqu’à présent. Marc Dupont est passionné par l’Histoire et grand voyageur. Profitant de ses nombreux périples, il

arpente depuis de longues années les lieux de conflits de la planète, de Pearl Harbor

à Hiroshima, des Ardennes aux plages du Débarquement, de l’Atlantique Nord à l’Afrique en passant par l’Europe Centrale. Dans cet ouvrage, il nous invite à suivre

le parcours tumultueux de Roger Faulques dans les anciennes colonies françaises

d’Indochine et d’Afrique. Il signe ici son premier ouvrage.

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Père Richard Kalka : Père JÉGO, un prêtre, un para, une légende,

Le père Kalka présente ici la vie et le parcours militaire du père Marcel Jégo. Cet

aumônier atypique mais ô combien attachant par sa foi si profonde et son dynamisme communicatif, adoré de ses soldats, de ses « gaziers » comme il le disait, fut à l’origine

de la Saint Michel, fête patronale de tous les parachutistes.

15€ frais postaux inclus, à commander à P. Richard KALKA par courrier, 6A, Place de l’Hôtel de Ville 09340 VERNIOLLE.

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JEAN MICHELIN : Jonquille. Afghanistan, 2012

Collection Blanche, Gallimard, 368 pages, 21€

Un monde à part. Ils s’appellent Mathieu, Greg, Aïssa, David, Jean-Jacques… Jean

Michelin est leur capitaine, leur compagnie s’appelle Jonquille. Nous sommes en Afghanistan, à l’été 2012, alors qu’à la mission de lutte contre les talibans se mêlent

déjà les préparatifs du rapatriement annoncé par la France. Comment raconter la

guerre à ceux qui ne la voient que de loin ? Comment parler des hommes et des

femmes, de ce qu’ils sont, de ce qu’ils vécurent ? Jean Michelin a choisi de dire leur histoire, portrait après portrait, souvenir après souvenir, sans grand spectacle, à

hauteur d’homme. La mort est au rendez-vous, c’est un air que l’on respire. Tout,

ici, est vu à travers le prisme d'un quotidien où les urgences du moment ne cessent de croiser l’attente, les liens familiaux, la fraternité, cette part intime qui ne

disparaît jamais. Du récit haletant des opérations de terrain aux confidences

paisibles du soir et à l’angoisse du lendemain : tel est l'univers dont Jean Michelin nous ouvre les portes, avec une pudeur et une franchise qui touchent en

profondeur. L’exercice du commandement est aussi une leçon de solitude.

Général d’Armée Pierre de Villiers : SERVIR.

Fayard, 256 pages, 20,90€.

« Le lundi 17 juillet 2017, dans la solitude de mon bureau, après mûre réflexion, je

viens de prendre la décision de quitter ma fonction de chef d’État-major des armées.

Cette démission, que rien n’annonçait quinze jours plus tôt, était devenue pour moi un

devoir. J’ai désormais une responsabilité, celle de dire la vérité sur les menaces

auxquelles nous devons faire face et sur les défis de nos armées. Ainsi, les Français

pourront mieux comprendre. Ce livre est un appel. Oui, nous pouvons être fiers de

notre beau pays et de son armée. Oui, cette nation est fidèle à son histoire quand elle

est rassemblée. Je veux parler de nos forces, de nos fragilités, de notre courage, de

notre honneur. Je veux servir. » Pierre de Villiers a été chef d’État-major des armées

de 2014 à 2017, concluant quarante-trois ans d’une grande carrière militaire, au

service du succès des armes de la France.

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A VOS AGENDAS

Après le 26 janvier, la réunion suivante est programmée,

au CNA St Augustin, pour le

vendredi 25 mai 2018

……………...............................................................................

Déjeuner du vendredi 26 janvier, au CNA St Augustin

A retourner pour réception au plus tard

le vendredi 19 janvier 2018,

À Bernard Gruet. Le Cézanne, 1 rue du Port. - 92 500 Rueil-Malmaison

01 47 51 15 50 - [email protected]

Nom et prénom………………………….…………………………………………….

Participera au déjeuner du 26 janvier dans les salons du CNA

Accompagné de ………………………….………… (Nom et qualité ci-dessous)

………………………………………………………………………………………………

Ci-joint chèque de 38 € par personne à l’ordre de « MCA-Paras »

LE CLUB VOUS SOUHAITE UN JOYEUX NOËL