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2007-2008 1 Mémoire de maîtrise en sciences de gestion Microfinance, développement financier et coopération internationale au Sénégal : Dans quelle mesure le développement financier du Sénégal à travers la microfinance est-il incontournable dans le succès de ses stratégies de développement économique et pour les PME en particulier? Et quel rôle les agences de coopération internationale y jouent-elles? Auteur Mlle GAYE Ndeye-Arame Chargée d’étude chez AFG Faculté des sciences économiques et de gestion MSG 2 Option International Université d’AIX-MARSEILLE 2 [email protected]

Mémoire de maîtrise en sciences de gestion - CGAP · La performance des IMF ne pourrait être notée sans l’appui des agences de coopération et des ... l’inadaptation de l’offre

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Mémoire de maîtrise en sciences de gestion

Microfinance, développement financier et coopération internationale au Sénégal :

Dans quelle mesure le développement financier du Sénégal à travers la microfinance est-il incontournable dans le succès de ses stratégies de développement économique et pour les PME en particulier? Et quel rôle les agences de coopération internationale y jouent-elles?

Auteur Mlle GAYE Ndeye-Arame Chargée d’étude chez AFG Faculté des sciences économiques et de gestion MSG 2 Option International Université d’AIX-MARSEILLE 2 [email protected]

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Remerciements et dédicaces A mes grands parents A ma famille A mes amis

• au Sénégal (Djigo, Binette, Nasse, Yacine, Thié…), • en France (Annie, Claudie, Henry, marie, Ibrahima, Abdou, Salam,

Oumy...) • A Québec (Julie, Daniel, Adam,..)

A mes professeurs

• Au Sénégal (de l’Immaculée conception, de Dior, du collège LSS, du Lycée LTC),

• En France (Université de la méditerranée) • à Québec (UQAR, Lévis)

A toute l’équipe Access Finance gestion, Sénégal Je remercie mes parents, qui sont loin mais qui ne cessent de me soutenir durant toutes ces années. Je remercie monsieur Babacar Cissé, monsieur Ahmet Ndiaye et monsieur René Strugala pour leurs conseils et leur encadrement. A monsieur Mohammad Yunus (Grameen Bank) qui m’a permis de découvrir la microfinance. A mon pays, le Sénégal qui m’accompagne toujours à travers mes conquêtes.

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Sommaire Introduction 5 Chapitre1 6 L’Afrique Subsaharienne face au développement financier : pour une meilleure compréhension de la nécessaire implication de la microfinance

I. Les caractéristiques des banques classiques dans la zone UEMOA 6

1) L’inadaptation de l’offre de produits et de services bancaires aux besoins des entreprises 6 2) La faible efficacité de la gestion bancaire 7 3) L’éloignement physique et psychologique des institutions financières modernes 7

II. L’impact du secteur informel dans le système financier classique et dans l’économie 8

1) Le financement informel une innovation financière pour l’entrepreneur 9 2) Les Caractéristiques socioculturelles de la finance informelle 12 3) Les Caractéristiques économico financières : signification du critère « disponibilité/non

immédiateté » pour l’agent informel 12

III. Le développement financier et la microfinance : état des lieux dans l’UEMOA 14

1) La différence entre les modèles conceptuels dédiés au développement financier et de celui de la microfinance 14

2) L’intérêt de la microfinance au vu des événements financiers dans l’UEMOA 15 Chapitre 2 17 Le rôle de la coopération internationale dans le financement des PME par les IMF

I. Quel type d’organisation financière pour le financement durable des PME Sénégalaises? 17

1. Caractéristiques des PME sénégalaises : la typologie de leurs besoins face à la

problématique du financement bancaire 17 a. Les besoins financiers des PME 18 b. Les besoins non financiers des PME 18 c. Le paysage bancaire sénégalais : nature du financement, des garanties et des taux offerts aux PME 19 d. Les critères de financement et les contraintes des banques et des PME 20

2. Vers une formalisation de la finance parallèle grâce à des organismes financiers adaptés,

les IMF: le cas d’ACEP, du CMS et de l’UM-PAMECAS 22

a. L’adaptation de l’offre de produits et de services aux PME 22 b. La performance et l’adéquation de la gestion des IMF : stratégies organisationnelles et financières 31 c. La proximité physique et psychologique à travers les agents de crédit 41

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II. La microfinance: un outil incontournable de développement pour les agences de coopération internationale et un impératif stratégique pour la croissance économique au Sénégal 47

1. le rôle de la coopération internationale dans la microfinance 47

a. L’appui financier des bailleurs, une nécessité pour le financement des PME et des IMF 47 b. L’appui technique, un préalable au développement financier, à l’éradication des

pratiques informelles et à une meilleure intervention 50

2. Les stratégies de développement des PME mises en œuvre par l’état et ses partenaires internationaux pour faciliter l’accès aux services financiers décentralisés 52

a. Les stratégies générales des institutions publiques 52 b. Les stratégies spécifiques initiées par les programmes de développement 54

3. les contraintes inhérentes à la microfinance au Sénégal 56

a. La réglementation, un poids incontestable pour le renforcement du financement des PME et des IMF 56

b. Les autres faiblesses des IMF sénégalaises et de leurs clients 58 Chapitre 3 62 Comment améliorer davantage le secteur financier sénégalais à travers la microfinance pour mieux établir les bases saines du développement économique?

I. L’Etat et les agences de coopération internationale, stabilisateurs des environnements économique et financier 62

1) Pour une lutte contre la « rivalité » financière de l’état vis-à-vis des institutions financières

décentralisées et des PME 62 2) Pour une considération plus poussée du secteur informel 62 3) Pour une incitation fiscale des PME et un allègement de la réglementation du système

financier décentralisé (SFD) 63 4) Pour une autonomie des structures d’appui 63 5) Pour une orientation des bailleurs de fonds vers les secteurs porteurs 63

II. Les Banques classiques et les IMF, accompagnateurs financiers incontournables des PME 64

1) Pour un partenariat entre banques et IMF 64 2) Pour une collaboration entre IMF 65 3) Pour une diversification de l’offre aux PME et un dépassement du clivage Banque-IMF 65 4) Pour une mise en place d’une centrale des risques 65 5) Pour une réforme supplémentaire de l’environnement financier Sénégalais et sous-régional 66

Conclusion 67 Bibliographie 68/69/70

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Introduction Mac Kinnon et Shaw (1973) – avec le développement de la thèse de la répression financière – estiment que : « des réformes appropriées du système financier peuvent promouvoir la croissance économique ». Dans les pays industrialisés, les banques possèdent une fonction essentielle dans le financement des activités productives et donc dans la croissance économique, en redistribuant les fonds collectés sous forme d’investissement. Cependant, dans les pays de l’Afrique Subsaharienne comme le Sénégal, le système financier connaît quelques écueils empêchant ainsi aux banques de remplir pleinement leur rôle d’intermédiaires financières. Elles assurent certes la croissance économique dans les pays du Nord, mais ne contribuent que faiblement à la réduction de la pauvreté dans ceux du Sud. La défaillance du système financier classique provient du fait que les institutions financières ont été importées du Nord et qu elles n’ont pas su s’adapter aux réalités sociale, économique et culturelles. Et celles-ci sont notables dans les secteur réel et monétaire informels. Cela a aboutit à la crise bancaire des années 1970 au Sénégal. L’informel est tout ce qui échappe à l’économie moderne et qui ne peut être enregistré dans le Produit Intérieur Brut (PIB). Il constitue un biais à la croissance et oppose les systèmes financiers classique (banques) et parallèle (tontines, usuriers…). On pourrait dire que sa formalisation permettrait une évolution économique au Sénégal. Mais son éradication enlèverait à l’économie Sénégalaise de tout son dynamisme puisque le secteur informel regorge de pratiques très innovantes pour l’entrepreneur. Comment intégrer le secteur financier parallèle en le formalisant ? Pour répondre à ces questions, le secteur de la microfinance doit être interpellé obligatoirement. L’Organisation des Nations Unies (ONU) définit la microfinance : « comme la provision de services financiers à petite échelle, tels que l’épargne, le crédit et les autres services financiers de base, à des personnes pauvres et à faible revenu ». Au Sénégal, les Institutions de microfinance sont chargées d’offrir ces services. Leur secteur est en expansion depuis 1999. En 2005, on comptait 833 IMF reconnues par le Ministère de l’Economie et des Finances et ces dernières étaient constituées de 439 Mutuelles d’épargne et de crédit (MEC), de 6 Unions, d’une fédération, d’une confédération, de 387 groupements d’épargne et de crédit (GEC) et de 7 signataires de la convention cadre. Celles –ci ont enregistré 92 milliards de FCFA de crédit et 82 milliards d’encours de crédit, et ont collecté 62,17 milliards d’épargne pour 2005. Elles comptaient aussi 4000 employés et 686 219 000 membres/clients avec un portefeuille à risque à 90 jours de 2,46%1. Les IMF sont régies par la Loi PARMEC2 et sont sous la supervision de la cellule AT/CPEC3. La performance des IMF ne pourrait être notée sans l’appui des agences de coopération et des bailleurs de fonds. L’état Sénégalais ne joue qu’un rôle de régulateur du secteur de la microfinance qui essaie de répondre aux besoins des particuliers et des PME appuyées par des structures d’encadrement publiques. L’objet de notre étude consiste à voir d’une part comment les IMF s’impliquent dans le financement des PME qui ne parviennent pas à bénéficier de crédit bancaire du fait de leur caractère risqué. D’autre part, lumière sera apportée sur le rôle de la coopération internationale et de l’Etat dans la promotion de la microfinance et de l’entrepreneuriat. Pour ce faire, une analyse de l’état du développement financier dans l’UEMOA s’avère incontournable. 1 L’Association des Institutions Mutualistes d’Epargne et de Crédit (APIMEC) 2Loi Portant Réglementation des Mutuelles d’Epargne et crédit 3 Cellule assistance technique aux caisses populaires d’épargne et de crédit

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Chapitre 1 L’Afrique Subsaharienne face au développement financier : pour une meilleure compréhension de la nécessaire implication de la microfinance

Il s’agit d’étudier le comportement des pays de l’UEMOA dans leur quête de se développer financièrement et économiquement. Et pour ce faire, il sera utile d’étudier ce qui lie le développement financier et la croissance économique, de voir quel est le comportement des banques classiques dans les pays de l’ouest africain et l’impact de l’informel dans le secteur financier classique.

I. Les caractéristiques des banques classiques dans la zone UEMOA Les systèmes bancaires d’origine coloniale et occidentale ne constituent pas un bon exemple pour renforcer le développement financier de l’Afrique subsaharienne puisque les banques rencontrent des difficultés à trois niveaux : l’inadaptation de leur offre de produits et de services aux besoins des entreprises ; la faible efficacité de la gestion bancaire et l’éloignement physique et psychologique 1) l’inadaptation de l’offre de produits et de services bancaires aux besoins des

entreprises

Pour que la gestion de l’actif et du passif d’une banque soit efficace, le banquier doit être habile ; c'est-à-dire qu’il doit rechercher des ressources suffisantes et stables d’une part. D’autre part, il doit pouvoir octroyer des crédits en tenant compte du risque client, des contraintes de liquidité et de taux d’intérêt. Son savoir-faire doit se reposer sur sa capacité à maîtriser les échéances pour augmenter les bénéfices de la banque. Cependant, en Afrique, la collecte de l’épargne n’a pas reposé sur une stratégie adaptée. Les produits proposés sont des comptes à vue ou des comptes à terme, et ces derniers n’ont pas attiré l’attention du public. La clientèle est confrontée à des difficultés de retrait. En effet, dans ces pays africains comme le Sénégal, les banques rencontrent des problèmes de liquidité. Cela a pour conséquence la méfiance du public vis-à-vis de ces dernières qui sont confrontées à des phénomènes de « run » , c'est-à-dire que les clients peuvent venir à tout moment retirer la totalité de leur dépôt à cause d’un manque de confiance. Pourtant les banques classiques disposent d’outils modernes, néanmoins ils s’avèrent inefficaces dans le système financier Africain et pour un certain nombre de clients comme les micro entrepreneurs et les particuliers ne disposant pas assez de garanties. Par ailleurs, la rentabilité des produits reste limitée. Les taux créditeurs connaissent une rigidité au moment où les taux directeurs sont administrés. Ce qui favorise la délocalisation des gros revenus qui sont en quête de rémunération élevée. Les institutions financières internationales (IFI) bénéficient de cet effet d’éviction produit par les banques sur leurs clients des pays pauvres. Le climat de confiance qui régit les banques et leurs clients n’est pas lui non plus bien mis en œuvre, à cause des caractéristiques de confidentialité et de sécurité des placements qui sont souvent négligées. Dans ce cas, la collecte massive et durable de l’épargne s’en

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trouve lésée. Ce qui implique un mauvais climat de confiance et par la suite une entrave au climat des affaires en Afrique Subsaharienne. Outre l’inadaptation des produits et services offerts par les banques, celles-ci sont confrontées à la mauvaise gestion des risques au niveau local. 2) la faible efficacité de la gestion bancaire

Certaines banques se basent sur des critères économiques et non rationnels. Or le crédit doit se baser sur une analyse rigoureuse du risque et le « crédit doit se mériter » selon Chekili et Saidane. Ces derniers ont noté la complaisance et le laxisme des banques africaines. Ce qui a pour conséquence la défaillance des débiteurs, favorisant un risque financier systémique et la remise en cause de la capacité du système bancaire moderne à financer l’économie Ainsi, l’augmentation des créances douteuses et la faiblesse des fonds propres provoquées par la faiblesse des provisions ne fait que creuser leur inefficacité. En effet, la problématique des provisions a fait l’objet d’un séminaire des professionnels de banques en Afrique de l’ouest (FAPBEF-UEMOA), du 02 au 03 août 2007 sur le thème : Provisions constituées par les banques en application des règles prudentielles de la BCEAO. Certes, certaines banques ont un comportement généreux à l’égard de leurs clients, mais cela contraste avec le comportement des banques de développement. Ces dernières ne s’intéressent qu’aux projets susceptibles d’être rentables et aux entrepreneurs qui disposent de garanties suffisantes. Les déséconomies d’échelle constituent l’autre difficulté rencontrée par les banques. Elles investissent dans des réseaux, dans des effectifs et dans des équipements qui ne leur permettent pas de réaliser la part de marché escomptée et d’atteindre un volume d’activité important. Cela provient du fait qu’elles utilisent des moyens inadéquats aux réalités sociales. Les prospections sont mal définies pour atteindre les cibles (particuliers ou entreprises). Parallèlement, les banques bénéficient d’une rente de situation avec des taux d’intérêt élevés et d’un monopole au niveau du financement de l’activité économique. Selon Chekili et Saidane, ce « pouvoir de marché » a été remis en cause par le risque systémique lié au niveau d’endettement des pays Africains et en particuliers ceux de l’Afrique Occidentale. Elles constituent des actrices au service des états pour leur permettre de réduire leur déficit public. Ce qui est dommageable dans la mesure où elles n’interviennent qu’à court terme, mettant en mal ainsi leurs plans d’actions à moyen et long terme. D’une part les entreprises en sont contraintes puisqu’elles rivalisent avec l’Etat, qui est plus viable que celles-ci au niveau local, dans une certaine mesure. Le non respect du rôle principal des banques, qu’est le financement de l’activité économique et non publique conduit à des insuffisances qui affectent l’efficacité de sa gestion et favorisent des défaillances au niveau de son système d’octroi de crédit et de collecte de l’épargne. Cela a pour conséquence la défaillance des débiteurs d’une part et d’autre part d’une sous-liquidité permanente. 3) L’éloignement physique et psychologique

On se demande jusqu’à présent si les banques ont mis en œuvre des politiques financières spécifiques pour la population rurale. Jusqu’à présent on n’a pas noté un intérêt accru porté sur celle-ci pour la majorité des Banques classiques Subsahariennes. Cela est-il du à la précarité que connaît cette population éloignée ou est ce que ce sont les banques qui ont décidé de les exclure de leurs politiques volontairement. Selon une évaluation de la

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Banque mondiale, seulement 4% de la population en Afrique Occidentale 4possèdent un compte bancaire, 1% seulement des Africains ont obtenu un prêt ou une autre forme de crédit provenant d’une institution financière formelle. Le manque de confiance vis-à-vis des personnes qui ne disposent pas assez de revenus a favorisé l’éloignement physique des banques classiques, qui préfèrent les centres villes aux périphéries et aux villages reculés. Outre l’éloignement physique, l’éloignement psychologique est noté. En effet, la majorité des crédits octroyés dépendent de la taille de l’entreprise et de ses capacités à constituer des garanties conséquentes. Ce qui n’est le cas que pour les grandes entreprises. Les PME qui ne peuvent pas satisfaire à cette condition se verront dans l’obligation de s’intéresser aux services financiers décentralisés que les mutuelles d’épargne et de crédit octroient ou elles peuvent se rabattre sur le secteur informel en bénéficiant des prêts des tontines. En plus les dépôts de l’entreprise cliente au niveau des banques classiques ne lui permettent en aucun cas de bénéficier de crédit, si elle ne respecte pas les conditions décrites dernièrement (garanties et taille de l’entreprise). Après avoir noté que les banques sont contraintes par l’inadaptation de leur offre ; l’inefficacité de leur gestion financière et leur éloignement physique et psychologique, on peut se poser la question de savoir ce qui rend réellement inefficace les banques classiques en Afrique Subsaharienne? Nous verrons que même si les banques font des efforts pour adapter leurs politiques aux réalités socio-culturelles, elles seront toujours confrontées au secteur informel. Et leurs résultats ne seront que minimes face à la montée en puissance de ce dernier.

II. L’impact du secteur informel dans le système financier classique et dans l’économie

Le circuit financier de l’Afrique Subsaharienne est original à cause des pratiques financières et économiques qui sévissent dans le continent noir. Et il ne faudrait pas interpeller celles-ci sans penser aux réalités socio-culturelles des ses sociétés locales. Le schéma montre comment l’informel est imbriqué dans le circuit formel. Est-ce qu’il le gêne ou est-ce qu’il le complète ? On peut considérer que le secteur informel est un handicap et un complément pour la majorité des économies Africaines puisque :

Ø ses retombées ne sont pas enregistrées dans le produit intérieur brut (PIB) Ø ses retombées font vivre plus de la moitié des populations locales Considérons le schéma suivant (inspiré des constats de Bloy et Dupuy)5

4 Editorial « Encore très loin du compte » Madame Cissé ; Microfinance et développement ; Magazine janvier mars 2007, AFG 5 « Adaptation des règles de gestion aux contraintes du financement informel » ; Réflexion dans le cadre du contexte Africain ; E Bloy, C Dupuy, Département Monnaie-Finance-Banque, Université Lumière Lyon 2

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1) Le financement informel une innovation financière pour l’entrepreneur

Dans les relations entre apporteurs de fonds exigeant la liquidité de leurs placements et les demandeurs de fonds qui ont du mal à émettre des actifs très liquides, il y’a les intermédiaires financiers formels et informels (cf. graphique précédent). Les premiers ont un statut juridique reconnu par la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de L’Ouest (BCEAO) et les seconds ne disposent d’aucun cadre juridique et sont confrontés au risque lié au manque de formalisation. Les procédures que ces derniers utilisent sont tacites et la transmission des informations contractuelles se fait de façon orale et se base sur la morale et la confiance mutuelle. Le secteur informel a des potentialités productives, mais il échappe au circuit de financement classique. Il est certes risqué, mais il a su s’adapter en mettant en œuvre des modalités de financement parfaitement adaptées aux réalités économiques et sociales. Ce secteur a pu fournir les liquidités manquantes que le système bancaire classique n’a pas pu financer. Les actifs peuvent provenir d’une société tontinière ou d’un apport de la famille ou du village. Le financement informel peut être considéré comme un détournement créatif permettant de satisfaire les besoins d’un grand nombre d’agents économiques qui ont été exclus du système bancaire classique à des coûts moins élevés. En effet, les banques appliquent des taux élevés pour le secteur productif informel parce que celui-ci est très risqué. Le traitement spécifique du risque permet d’abaisser les coûts pour le marché financier informel. Le manque de compétitivité du marché du crédit bancaire découle de l’évaluation de la prise de risque selon Dupuy et Dubois. Cette dernière se base sur des données comptables (rentabilité économique, structure de financement), économiques (secteur d’activité porteur ou non) et juridique (prise de garantie). L’environnement précaire du secteur productif informel conduit les banques à établir des taux élevés face au risque potentiel qu’il pourrait engendrer. La prise de garanties réelles est presque impossible à cause de la faiblesse des immobilisations du demandeur de fonds et l’absence de la tenue d’une comptabilité rend impossible une analyse financière. Cependant dans le cas du financement informel, les coûts sont nuls ou faible à cause du lien personnel établi entre le demandeur et le prêteur de fonds. L’entrepreneur subit une forte pression morale et sociale, ce qui réduit ainsi la prise de risque.

Apporteurs de fonds Liquidité des placements exigée

Demandeurs de fonds Liquidité faible de leurs activités productives

Intermédiaires Financiers formels Liqui-dité manquante

Intermédiaires financiers informels Hors cadre juridique Liquidité manquante

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Au niveau des fonds prélevés dans les groupes socialement formés et reconnus, l’entrepreneur est lié aux réalisations des objectifs de ces derniers, donc il est solidaire vis-à-vis des autres membres. Ce qui réduit aussi le risque d’insolvabilité. Et il ne fera appel au secteur bancaire qu’en cas d’acquisition d’une immobilisation qui a un coût élevé, tout en privilégiant le financement informel, jugé plus compétitif. En nous conférant au tableau sur le secteur informel en chiffres dans la zone UEMOA (avec plus de 40 des effectifs dans le commerce informel), on se rend compte de l’obligation de sa transformation en système formel pour que ses retombées soient prises en compte dans le PIB En plus Dupuis et Dubois ont noté que « l’informalité du mode de production ne semble pas devoir dicter une informalité des sources de financement. Néanmoins, l’observation des faits permet de constater une certaine superposition des deux sphères de l’informel, réelle et financière ». Ce qui nous pousse à nous intéresser au secteur financier informel notamment de son impact sur le secteur productif, en distinguant ses caractéristiques socioculturelles, économiques et financières.

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Source : UEMOA (2001-2002), UPI=unité de production informelle

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2) les caractéristiques socioculturelles de la finance informelle Elles se fondent à travers la solidarité communautaire et les tontines.

Ø La solidarité communautaire

Les groupes associatifs sont définis selon Dupuy et Dubois par la reconnaissance d’une conscience collective. Ceci est noté par les ethnologues. Adhérer à un groupe ne relève pas d’une volonté individuelle. Les individus sont contraints dés fois par la société même. Les objectifs du groupe peuvent être différents de ceux qui décident d’y adhérer, mais la solidarité est utilisée comme outil pour fédérer les personnes et leurs apports pécuniaires. La mise en commun des parts sociales permet d’atteindre les objectifs communs tout en satisfaisant ceux qui sont individuels. Donc les individus sont supposés respecter la conscience collective sous toutes ses formes. Celle-ci justifie la levée d’une épargne pour répondre aux besoins de chaque adhérant. L’entrepreneur fait appel à des fonds solidaires émanant de la famille, du village ou d’un bailleur informel. Son appartenance à un groupe lui confère la possibilité d’y avoir accès sans contraintes, tout en respectant ses obligations vis-à-vis de son prêteur, avec un engagement moral sans précédent.

Ø les tontines

Elles représentent un bon exemple au niveau des structures sociétaires. A ce niveau, la conscience individuelle l’emporte sur celle collective. Michel Lelart6, dans le cadre du réseau francophone entrepreneuriat, oppose tontine mutuelle, tontine commerciale et tontine financière : -dans une tontine mutuelle, chaque participant reçoit autant qu’il verse ; -dans une tontine commerciale, l’organisateur est rémunéré que ce soit sous forme de rétention du premier versement fait à chaque renouvellement du cycle de la tontine ou comme pourcentage du lot remis périodiquement à chaque membre bénéficiaire de la tontine ; -dans une tontine financière, le lot est vendu aux enchères. Quelque soit la forme tontinière, les individus sont unis par un objectif commun et ils mettent en commun leur épargne pour que chacun puisse l’atteindre Cependant la mise en association de fonds ne signifie pas un prêt rotatif. Les individus ne sont pas motivés par une volonté de prêter un capital dans le but de percevoir un revenu. Les motivations d’un entrepreneur qui participe à une tontine ne tournent pas principalement autour d’une sollicitation d’un prêt mais autour d’un apport temporaire de trésorerie. Chacun des membres effectue un apport compensatoire de liquidité en contrepartie d’un financement à solliciter à court ou moyen terme. A part l’aspect socio-culturel de la finance informelle, les caractéristiques économico- financières s’imposent.

3) Les caractéristiques économico financières : la signification du critère « disponibilité/non immédiateté » pour l’agent informel

Les prêteurs ne raisonnent pas en terme de risque/rentabilité à cause de l’importance accordée à la disponibilité immédiate des fonds. Dans le contexte de précarité, l’entrepreneur cherche à satisfaire ses besoins financiers quotidiens, à savoir l’accroissement de ses disponibilités ou de ses besoins domestiques. Les raisonnements en terme de stock sont quasi inexistants et le 6 M. Lelart « L’épargne informelle en Afrique : les tontines Béninoises» Revue Tiers monde, n°118, Avril Juin 1989, P280

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capital ne doit être vu que sous son angle liquide. Ces bouleversements ont conduit Dupuis et Dubois à nier la signification des concepts de capital et de résultat au niveau de l’analyse financière. Ce qui remet en cause les critères de mesure de la performance de l’entreprise même. Et celle informelle n’est jugée que si elle dégage quotidiennement des flux de trésorerie lui permettant de couvrir l’avance initiale et de couvrir les prélèvements de l’entrepreneur. C’est pourquoi ces auteurs ont souligné l’importance du délai de récupération dans l’analyse de la performance de l’entreprise informelle. Ainsi il est intéressant de voir quels sont les critères les plus pertinents pour analyser l’entreprise informelle dans son ensemble. A ce niveau, on a noté que les chroniques de flux à échéances très rapprochées étaient privilégiées par l’entrepreneur Africain. Et il va procéder selon Dupuis et Dubois à une optimisation des flux de liquidité en élargissant les marges, en réduisant l’augmentation du BFRE et l’immobilisation en capital fixe.

Ø L’élargissement des marges grâce à la réduction des charges et des prix d’achat L’accroissement des flux de liquidité passe par l’augmentation de l’excédent brut d’exploitation (EBE), et par une minimisation des charges d’exploitation. Or, la majorité des activités informelles d’un entrepreneur ne sont pas soumises à l’impôt, parce qu’elles ne relèvent pas du cadre juridique. Et donc, elles sont exemptées de prélèvements fiscaux. En plus, les charges financières sont nulles voir quasi inexistantes si l’entrepreneur a eu recours à un apport tontinier ou associatif. L’informalité permet d’alléger la valeur ajoutée des charges de personnel parce que les activités sont effectuées en général par l’entrepreneur lui-même ou il est aidé par les membres de sa famille ou par ses amis, qui peuvent être rémunérés que faiblement ou sur une période ultérieure. Aussi ; les pris d’achat sont minimisés grâce au recours au secteur informel pour les matières premières. Secteur ou la négociation constitue une règle d’or, ce qui permet une flexibilité au niveau de la fixation du prix. Ce qui est favorable à l’acheteur.

Ø la minimisation de la variation du besoin en fonds de roulement (BFRE) Le secteur informel exige peu de capital (fixe ou circulant), dans la majorité de ses activités. Cependant, Dupuis et Dubois ont noté que le capital circulant était contenu, en faisant les observations suivantes :

• Le crédit interentreprise est ignoré, donc il n’y a pas de besoin de financement lié aux créances clients • Le poids des stocks est allégé, ou totalement supprimé. Au niveau commercial, l’entrepreneur achète des marchandises chez un grossiste qu’il aura réglé que si celles-ci sont totalement écoulées (système des dépôts). Au niveau industriel, l’artisan n’achètera sa matière première que s’il a des commandes (système du juste à temps) • Les cycles d’exploitation sont très courts, ce qui limite les stocks • La majorité des activités relèvent du secteur tertiaire, ce qui ne nécessite aucun capital circulant

Toutes ces remarques font que la variation du BFR sera très proche de zéro et donc permettra de transformer la marge, c'est-à-dire l’EBE, en liquidité.

Ø la réduction de l’immobilisation en capital fixe Pour Dupuis et Dubois, celle-ci est obtenue :

• En s’insérant dans des activités n’exigeant pas la mise en œuvre de réelles immobilisations (tailleur, maçon, coiffeur etc.…)

• Lorsque l’activité est plus capitalistique en acquérant un matériel d’occasion (exemple du transport)

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• En éliminant la notion d’investissement incorporel • Par obtention du capital en contrepartie d’un apprentissage non rémunéré, ou d’un

travail effectué au profit d’un membre de la famille. Cette relation que les entrepreneurs informels entretiennent avec le capital, a conduit à deux principales remarques au niveau de la gestion de leurs activités :

1- Les entrepreneurs ne considèrent pas la notion d’amortissement, qui est une charge non décaissable. Ce qui est logique dans une gestion où c’est la liquidité qui prime. Les charges d’entretien des machines sont aussi minimisées. L’absence d’amortissement permet la transformation du capital fixe en liquidité potentielle et permet de limiter les risques liés à l’immobilisation.

2- Pour limiter les risques, l’entrepreneur préfère mettre ses surplus de liquidité dans de nouvelles activités de façon à diversifier les risques qu’il est susceptible de rencontrer.

Cela porte le nom de « papillonnage entrepreneurial », qui consiste à répondre à l’instabilité d’un secteur d’activité. L’entrepreneur informel est rationnel, puisqu’il anticipe certaines réactions du marché tout en restant réactif à tout changement. On a vu que la gestion du capital fixe lui permettait d’accumuler des flux de trésorerie. En plus il est conscient de l’enjeu de la limitation du risque sur ses activités. Ce qui nous pousse à nous poser la question de savoir à qui l’entrepreneur confie t-il ses liquidités et comment s’y prend-t-il en cas de besoin de liquidité, à qui s’adresse-t-il ? Pour répondre à ces questions on a noté l’implication de la solidarité communautaire et des sociétés d’épargne informelles. La base de l’économie informelle réside dans la finance informelle. Dupuis et Dubois se sont posé quant à eux la question suivante : « ne peut on pas inverser la problématique et se demander si l’informalité des modes de collecte de l’épargne ne dicte pas, dans une certaine mesure, une informalité du monde économique ? » Le retard financier n’est-il pas facteur de sous développement alors? Cela légitime-t-il les consensus au niveau des débats autour du développement financier en Afrique occidentale ?

III. Le développement financier et la microfinance : états des lieux dans l’UEMOA

Ils se basent sur des recherches inadéquates (comme celles de King et Levine sur le développement financier et la croissance) à la zone ouest africaine puisque celles-ci n’intègrent pas en général les aspects informels de cette économie et ses pratiques financières. Ce qui peut limiter l’impact du renforcement financier dans la croissance économique des pays considérés. Néanmoins le renforcement financier passant par la microfinance a des impacts et peut faciliter l’insertion des entrepreneurs informels dans l’économie informelle en leur permettant d’avoir accès aux sources de financement disponibles. Ce qui est possible grâce à la lutte contre l’asymétrie de l’information induite par le système financier.

1) La différence entre les modèles conceptuels du développement financier et de celui de la microfinance

Selon Kamalan7, dans l’espace de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA)8, plusieurs approches ont été appliquées pour mesurer le développement financier 7 Eugène Kamalan, «Microfinance et Développement économique. Repères et évidences dans des pays de l’UEMOA », LEFI Université Lumière Lyon 2- 2èmes journées du développement du GRES « Quel financement pour quel développement », Bordeaux, 23-24 novembre 2006

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des ces derniers. Selon leur degré d’ouverture ( somme des importations et des exportations rapportées au PIB) et du fait en priorité des régimes politiques et de l’instabilité sociopolitique, certains états(Bénin, Togo, Niger, Mali, Burkina Faso, Guinée Bissau) ont connu des modèles de financement distincts de la Cote d’Ivoire et du Sénégal. Différents modèles ont été expérimentés dans l’union d’après Kamalan :

• Le modèle dit de finance publique versus finance privée • Le modèle dit de finance externe versus finance interne • Le modèle axé sur la réduction de la dette touchant les programmes de

rééchelonnement de dettes annexés sur les ajustements structurels • L’initiative pays pauvres très endettés (PPTE) lancé par le G7 en 1996 et

renforcé en 1999 • Les projets d’annulation des dettes • Les projets de financement du plan du nouveau partenariat pour le

développement de l’Afrique (NEPAD) et du document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP)

• la réémergence de l’aide publique au développement et la taxe Tobin Kamalan a noté une différence entre ces modèles de financement du développement et le modèle de la microfinance. Et celle-ci se ressent au niveau des analyses conceptuelles de développement. Les premiers adoptent une approche « par le haut » tandis que le dernier se base sur une approche « par le bas », approches qui ne doivent pas être jugées en référence à la position de l’Etat. Celui-ci est acteur dans les deux. L’approche par le bas, selon Kamalan caractérise l’implication de l’individu qui est qui est qualifié de pauvre dans des programmes visant à lutter contre « sa propre pauvreté ». Cependant le développement financier et la lute contre la pauvreté relève d’un même cadre que l’on se positionne au niveau des Institutions financières internationales (IFI) ou au niveau des organismes de l’ONU pour les pays de l’UEMOA. L’ensemble des recherches académiques devrait se baser sur cette relation bicéphale pour bien asseoir leurs études sur le développement économique des PED. Il est important de voir quel est l’intérêt de recadrer l’importance du développement financier tout en considérant certains faits qui ont impacté celui-ci dans l’espace UEMOA.

2) L’intérêt de la microfinance au vu des événements financiers dans l’UEMOA

Son analyse peut interpeller trois événements selon la banque centrale des états de l’Afrique de l’ouest (BCEAO)9: le coût des crises bancaires, le risque lié au crédit et l’importance notée de la microfinance dans la zone.

• les coûts des crises bancaires Les crises bancaires sont coûteuses en général (40% du PIB au Chili et en Argentine au début des années 1980)10 ; notamment avec des coûts budgétaires entraînés par la restructuration du secteur financier et des effets néfastes liés à la confiance des ménages (épargnants et investisseurs).

8 Comprend huit pays de l’Afrique Occidentale : Bénin, Burkina Faso, Cote d’ivoire, Guinée Bissau, Niger, Mali, Togo et Sénégal 9 3ème colloque BCEAO-Universités-Centres de recherche ; thème : « Stabilité financière et gestion macroéconomique dans l’UEMOA » ; Présentation des communications ; BCEAO siège, Dakar, 11-12 Juillet 2005 10 Perspectives de l’économie mondiale ; FMI, mai 1998

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Dans l’UEMOA, le financement interne des économies a été assuré essentiellement par le secteur bancaire. La crise bancaire qui est survenue dans l’UEMOA dans les années 1980 a eu ainsi des conséquences non négligeables sur la sphère réelle. En effet, la restructuration du secteur bancaire et la dévaluation du FCFA ont eu des impacts positifs sur le système financier et sur l’économie de l’Afrique Occidentale. Néanmoins, l’aversion au risque léguée par la crise ne privilégie pas les PME. L’offre de crédit qui leur est octroyée est très faible, voire inexistante pour certaines activités plus risquées que d’autres. Ce qui n’est pas profitable à la croissance économique des états. La communication autour des effets directs et indirects des crises bancaires pourrait estomper l’impact négatif de ces dernières sur le financement des activités économiques.

• le risque de crédit Il constitue une source potentielle d’instabilité financière dans les pays de la zone UEMOA ; notamment dans du fait de l’importance du crédit dans les actifs des banques, principales actrices du système financier. Ceci est lié d’une part à l’imperfection du marché du crédit, caractérisée par une forte asymétrie de l’information et d’autres part aux risques liés aux instabilités sociopolitiques et institutionnelle. Du reste, les aléas économiques liés aux conjonctures ne sont pas négligeables. Pour maîtriser le risque du crédit ; il est important selon la BCEAO d’adopter des instruments appropriés d’appréciation (ex-ante) et de suivi (ex-post) du risque. La communication autour du risque pourrait permettre de définir des instruments adéquats d’analyse permettent d’effectuer un diagnostic et de proposer des instruments de prévention et de gestion de ce risque. Comment le secteur de la microfinance est-il perçu. Est-il plus adéquat pour rétablir la confiance des acteurs économiques et redynamiser de ce fait les économies Africaines.

• l’importance du secteur de la microfinance Le développement du secteur de la microfinance dans l’union monétaire ouest africaine (UMOA) est un phénomène récent, notamment dans la restructuration bancaire de la fin des années 1980. Selon la BCEAO, entre 1993 et 2001, le nombre de bénéficiaires des systèmes financiers décentralisés est passé de 310000 à 4,5 millions. Aussi, les ressources mobilisées ont été multipliées par dix sur la même période, passant ainsi de 12,7 à 140 milliards de FCFA. Cependant le développement de ce secteur, intervient dans un environnement de plus risqué, liés aux imperfections du marché, notamment la défaillance liée aux informations disponibles. L’objectif de la communication de la banque centrale consiste à procéder à un diagnostic interne (adéquation entre les méthodes de recouvrement et l’importance des créances accordées), et externe (par rapport à son environnement). Elle pourra ainsi évaluer le risque du crédit, compte tenu de la forte croissance du secteur. Ce qui légitime de plus l’intérêt de notre étude portant sur l’impact du développement financier à travers la microfinance pour la croissance économique. Et celle-ci porte sur un des pays de l’UEMOA plus précisément le Sénégal. Quel type d’outils financiers ou de structures financières s’est développé en Afrique Subsaharienne pour favoriser son développement économique, tout en se basant sur ses réalités socioculturelles et économico financières ? La formalisation du secteur financier parallèle favorise-t-elle l’implication du secteur réel informel ?

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Chapitre 2 Le rôle de la coopération dans le financement des PME par les IMF Il s’agit de voir en premier lieu quels sont les besoins des PME et comment les IMF y répondent. En second, on soulignera le rôle des agents de coopération et de l’Etat Sénégalais dans la promotion de la microfinance à travers les programmes de développement économique. I. Quel type d’organisation financière pour le renforcement

financier des PME Sénégalaises ?

Il est important de voir quelles sont les caractéristiques des PME sénégalaises, d’étudier l’offre bancaire et son inadéquation à la clientèle locale. Enfin on essaiera de voir l’importance des institutions de microfinance dans la satisfaction des besoins financiers.

1. Caractéristiques des PME Sénégalaises : la typologie de leurs besoins face à la problématique du financement bancaire

Selon la Charte des PME11, les petites (Très petites entreprises et Micro petites entreprises) et moyennes entreprises peuvent être classées au niveau national selon les critères suivants (cf. Tableau) Caractéristiques des PME Sénégalaises Type effectif Chiffres d’affaires Normes de

gestion Investissement

PE= TPE et MPE

1<e<20 CA<50 millions de Fcfa12 avec des opérations de livraison ou mixtes; CA<25millions de Fcfa avec des opérations de services

Tenue d’une comptabilité allégée ou de trésorerie certifiée par une structure de gestion agrée

ME e<250 15milliards<CA<50 milliards

Tenue d’une comptabilité et certification par un membre inscrit à l’ONECCA13

<1 milliard de FCFA

Les PME représentent 80 à 90% de l’ensemble des entreprises Sénégalaises et concentrent 30% des emplois, 25% du chiffre d’affaires et 20% de la valeur ajoutée nationale, selon la

11 Ministère des PME et de la Microfinance, Sénégal, décembre 2003 12 1 euro=655 FCFA 13 Ordre national des experts comptables et comptables agrées

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charte des PME. Au niveau des micro-petites entreprises (MPE), on a noté que leur structure se base sur l’économie informelle, regroupant 60% de la population active. Les PME Sénégalaise sont caractérisées par plusieurs spécificités en nous basant sur le PRIME14 :

Ø Manque de diversification vers les créneaux porteurs et mimétisme, ce qui a pour conséquence une saturation rapide des créneaux exploités

Ø Difficulté à trouver des débouchés internes d’une part, face à la concurrence des produits importés et externes d’autres part, face à l’exigence du respect de certaines normes internationales

Ø Faiblesse de la qualité des produits et problèmes de finition rencontrés par certains clients notamment étrangers

Ø Faiblesse et inadéquation des équipements de production dans l’artisanat, la transformation, l’agriculture etc.

Ø Faible niveau de formalisation, absence de comptabilité fiable et de documents financiers

Ø Difficulté à présenter des garanties acceptables par la banque Face à ces caractéristiques, les PME Sénégalaises ont un certain nombre de besoins financiers et non financiers.

a. Les besoins financiers des PME sénégalaises

Ils sont divers et tournent autour du besoin : Ø De financer l’implantation, c'est-à-dire l’investissement et le fonds de roulement Ø De financer le développement de l’activité avec l’acquisition de nouvelles machines

par exemple Ø De financer le fonds de roulement ordinaire Ø De financer des marchés spécifiques, l’entreprise doit trouver les ressources

permettant de produire et d’effectuer des livraisons avant d’obtenir le règlement Ø De financer les autres services financiers tels que la caution sur marché, la caution

d’avance de démarrage

Pour satisfaire ces besoins, l’entrepreneur doit en plus : Ø Trouver des garanties et des partenaires financiers capables de fournir des ressources

longues à des taux avantageux Ø Identifier toutes les sources de financement disponibles et mobilisables Ø Réduire les délais de financement et de refinancement

Selon les auteurs de la Réflexion sur la Mésofinance, le niveau de ces besoins financiers est très variables et ils peuvent être regroupés en trois types : les crédits d’investissement, les crédits à court terme (crédit de trésorerie), et les engagements par signature (cautions). A part les besoins financiers, des besoins non financiers se déclinent.

b. Les besoins non financiers des PME Sénégalaises

Ils sont importants et sont non négligeables pour une bonne gestion de ces PME. Ils tournent autour :

Ø Du renforcement des capacités des ressources humaines plus précisément en terme de formation

14 Programme de renforcement institutionnel de la Microfinance et de son environnement, « Rapport final du groupe de réflexion sur la Mésofinance au Sénégal », Epargne sans frontière, France coopération et Access finance gestion

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Ø De la promotion des produits et des services à travers les salons commerciaux, les foires internationales, les représentations commerciales, les participations aux appels d’offres

Ø De l’amélioration de la qualité et de la protection des produits (certification, brevet, normalisation, manuels de procédures …)

Ø Du recours aux services de conseils (encadrement et assistance) Ø Des relations de partenariat (inscription dans des chambres des métiers, adhésion à une

organisation professionnelle) Pour faire face à leurs besoins, les PME Sénégalaises peuvent avoir recours aux banques. Il est intéressant de voir comment celles-ci répondent à leurs besoins ?

c. Le paysage bancaire Sénégalais : nature de l’offre de financement, des garanties et des taux

Le secteur bancaire est plus tourné vers les grandes entreprises que vers les PME. Ce qui crée une disparité au niveau de l’accès de crédit. Cependant, de plus en plus de banques s’intéressent à promouvoir la croissance de ces dernières. Elles effectuent du « dowscaling » pour les toucher et élargir leur portefeuille de clients. Le Sénégal compte aujourd’hui dix sept banques classiques, avec 167 agences et bureaux, soit 22% du total de l’UEMOA en 2005. Il dispose du réseau le plus structuré après le Mali selon le Ministère de l’économie et des finances du Sénégal. Ainsi il est intéressant de voir quelles sont les actions développées à l’endroit des PME.

Ø Nature de l’offre de financement

A part la Banque islamique du Sénégal (BIS), les autres banques n’ont pas mis en place des crédits destinés spécifiquement aux PME. Les principales offres de financement tournent autour de : -crédit à court terme (moins de 2 ans) -crédit à moyen terme (2 à 4 ans) -crédit à long terme (5 à 7 ans) Les crédits à court terme sont prédominants, avec 50% du financement des banques. Cependant, le financement de l’investissement fait défaut. Au niveau des produits bancaires offerts aux PME, on a recensé :

- des crédits par signature - le financement de l’exploitation - le financement de l’investissement - le financement des opérations de commerce international - le financement des marchés - le financement des stocks - les découverts - les crédits de campagne - le financement des projets de construction et de génie civil - le financement du fonds de roulement avec la mobilisation des créances, les escompte

de traite, les avances sur facture. Ø Les garanties bancaires

A ce niveau, les banques exigent : -des cautions personnelles

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-des nantissements et domiciliation de marchés -des nantissements du matériel de production -des nantissements du fonds de commerce -des hypothèques Dans certains cas, le bien financé peut être pris comme garantie. La Banque sénégalo tunisienne (BST) privilégie les relations durables plutôt que les garanties pour garder sa clientèle et contrer la concurrence.

Ø Les taux de base bancaire

Il varie en fonction des banques. Il est de : - 8% ( BIS, CBAO, ECOBANK, CNCAS, CITIBANK, BSIC) - 8,5% (BICIS) - 9%(SGBS)

Et il peut évoluer en fonction du type de crédit (cf. Tableau suivant) : Taux d’intérêt bancaire par type de crédit (Taux de base bancaire en %) Crédit à court terme Crédit à moyen terme Crédit à long terme BICIS 8,5 à 12 8,5 à 13 8,5 à 13 BOA 9 à 12 9 à 13 ND BST 8 à 14 8,5 à 12 ND CBAO 10 à 14 10 à 13 ND ECOBANK 10 à 14 10 à 13 ND SGBS 9 9 à 14 ND CNCAS 13,5 ou 7,5 si

bonification 13,5 ou 7,5 si bonification

13,5 ou 7,5 si bonification

BHS 9,5 ND ND CITIBANK 7,75 à 9 10 ND CREDIT LYONNAIS

9 + marge 9+ marge ND

BSIC 12 8 ND Source : www.izf.net Pour financer les PME, les banques Sénégalaises ont défini un certain nombre de critères et font face à un certain nombre de contraintes.

d. Les critères de financement et les contraintes des banques et des PME

Leurs critères sont classiques et ne prennent pas en compte les réalités socio-culurelles comme on l’a démontré dans la première partie pour les pays de l’UEMOA. Ils comprennent :

• La rentabilité du projet • la cohérence et la fiabilité des informations fournies • la connaissance des marchés visés • la situation financière de la PME • l’antériorité de la relation • l’ancienneté dans l’activité et jouissance d’une bonne moralité et réputation

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• la disponibilité des documents administratifs (registre de commerce, NINEA…) et l’ouverture préalable de compte

• la compétence, le savoir-faire et la notoriété. Cependant, ces critères ne sont pas respectés par les PME informelles, ou par celles qui sont formelles mais qui ne disposent pas de structures financières fortes (garanties, taille critique, coût du crédit élevé…). C’est pourquoi, les intermédiaires financières classiques font face à un certain nombre de contraintes, à savoir :

• l’absence de ressources longues • l’absence de concertation des actions en matière de financement des PME • l’absence de transparence • le manque de structuration et d’organisation des PME (impact trop fort du secteur

informel) • le manque d’informations financières fiables • l’insuffisance des garanties.

Face à ces dernières, les banques se trouvent dans l’incapacité voire dans l’impossibilité de mettre des structures de financement dédiées aux PME. Elles privilégient les grandes entreprises et les petites sont exclues de leur système. Les banques sont-elles capables d’adapter leurs politiques financières face aux contraintes inhérentes aux PME face aux difficultés qu’elles rencontrent ? Au Sénégal, elles souffrent de plusieurs maux. Ce qui handicape leur croissance. On peut noter :

• Le manque de transparence dans la gestion à cause de l’insuffisance des systèmes d’information et de gestion

• les problèmes de gouvernance • l’opacité des procédures de gestion financière et sociale • la faiblesse du niveau des fonds propres, et donc du degré de capitalisation • l’incapacité de fournir les garanties exigées par certaines structures bancaires • un environnement juridique contraignant • l’inadaptation du financement octroyé dans certains cas • l’insuffisance des infrastructures • la faiblesse des services aux entreprises • l’inefficacité des structures d’appui • le manque de maîtrise des sources d’approvisionnement en matières premières • la difficulté d’accéder à de nouveaux marchés • l’ignorance ou la non considération des normes de qualité, d’hygiène et de sécurité des

produits et des services offerts. Face à l’inefficacité des banques et les contraintes des PME Sénégalaises, il est urgent de s’intéresser aux structures adéquates pour le financement et l’appui de ces dernières. Quelles sont-elles et qu’apportent-elles de différent ? Pour répondre à cette question, on s’est intéressé aux institutions de microfinance qui se sont développées au Sénégal depuis les années 80, période de la crise bancaire. Leurs politiques, leurs stratégies et les moyens dont elles disposent sont elles performants pour répondre aux besoins des PME? Leur montée en puissance est-elle légitimée ?

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2. Vers une formalisation de la finance parallèle grâce à des organismes financiers

adaptés, les IMF : le cas d’ACEP, du CMS et de l’UM-PAMECAS

Au Sénégal, les principaux réseaux d’IMF sont l’alliance de crédit et d’épargne pour la production (ACEP), le crédit mutuel du Sénégal (CMS) et l’union des mutuelles du partenariat pour la mobilisation de l’épargne et du crédit au Sénégal (UM-PAMECAS). Il existe plus de 800 caisses au Sénégal (833 en 2005), mais notre attention s’est focalisée sur les principales qui se sont formées en réseaux, puisqu’elles sont les mieux adaptées à financer les PME Sénégalaises. Cette capacité provient du fait qu’elles ont de l’expérience dans le financement de ces dernières et des ressources (ressources humaines, ressources financières, système d’information de gestion, partenaires) adéquates. Pour montrer que le renforcement financier du Sénégal dépend du développement des IMF, on va tenter de montrer à travers nos trois échantillons et grâce aux organismes de notation (planet rating, microrate, mix..). L’adaptation de leur offre de produits et de services, la performance de la gestion de leurs caisses et leur proximité psychologique et physique témoignent de leur légitimité en matière de financement de la PME.

a. L’adaptation de l’offre de produits et de services aux PME Comment les IMF choisies adaptent-elles leur offre de produits et de services tout en tenant compte des réalités socio-économique? Pour l’ACEP Elle est créée depuis 1985 pour octroyer de petits prêts dans le bassin arachidier Sénégalais. Elle constituait l’organe de crédit d’un projet de développement d’entreprises communautaires financé par l’agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID). En 1990, l’organe de crédit devient une entité indépendante. Son principal objectif est d’accorder des prêts pour des investissements et des prêts de fonds à des PME du secteur informel ne pouvant avoir accès au crédit institutionnalisé. En 1993, le projet USAID prend fin et l’ACEP est en mesure de puiser dans ses propres ressources pour les prêts et les changements institutionnels lui ont permis d’appliquer des taux d’intérêt pouvant atteindre 16%. Aujourd’hui elle est soumise à la supervision du Ministère des finances au travers la cellule Assistance technique aux caisses populaires d’épargne et de crédit (AT-CPEC)

1. Bon positionnement de marché et gamme de produits connue

Selon Planet rating15, ACEP bénéficie d’un bon positionnement de marché de par son ancienneté et de sa réputation dans un environnement concurrentiel qui demande une surveillance accrue. Ses deux concurrents directs, l’UM-Pamecas et le CMS se sont traditionnellement adressés à des clients ayant des besoins inférieurs. Ils ont récemment développé des produits pour les TPE. En terme de crédit distribué aux PME, ACEP a atteint selon le PRIME : -en 2005 : 5 milliard de FCFA (environ 7 millions d’euros) pour 174 PME, soit en moyenne 28,7 millions de FCFA (40230 euros) par PME ; -en 2006 ; 3,965 milliards de FCFA pour 164 PME, soit en moyenne 6 millions de FCFA (37000) par PME.

15 Transparency for micro finance development, ACEP, Sénégal, Juin 2004, www.planetrating.org

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En ce qui concerne sa gamme de produits, elle est connue par ses membres. Cependant ces derniers voudraient que le plafond de prêts soit augmenté, une diminution des taux d’intérêt et la mise en place de produis adapté aux différents cycles de production. ACEP y a répondu en autorisant une augmentation progressive des montants et en baissant légèrement les taux d’intérêt16. L’institution mène une réflexion sur les nouveaux produits à proposer à ses membres. Cela a débouché en 2004 sur le lancement du produit de transferts internationaux d’argent, avec en partenariat, Money Gram et la caisse nationale du crédit agricole du Sénégal (CNCAS) d’une part et d’autre part la banque islamique du Sénégal (BIS). . Elle devra développer de nouveaux produits au fur et à mesure que la concurrence s’intensifie. C’est ainsi que de nouveaux produits tels que les prêts PME, les Plans épargne projet, d’épargne à terme, les comptes courants ont été mis en oeuvre en 2006. L’encours de ses prêts en 2003 était de 18,1millions d’euros pour 17200 emprunteurs, 10810 épargnants et 21759 membres. L’encours brut de crédit a enregistré une légère hausse en 2006, 8% passant de 19,796 milliards de FCFA en 2005 à 21,571 milliards de FCFA en 200617. L’institution dispose d’une couverture nationale au travers de huit agences régionales et propose un produit de crédit individuel aux TPE et à certaines PME. Elle propose aussi un produit de groupe qui reste marginal (8% e l’encours). Elle a octroyé en 2006, 13001 prêts pour un montant global de 26 milliards de FCFA. Et la répartition du volume de crédit s’est effectuée comme suit : Commerce 81% ; Service 8% ; Agriculture 6% et Manufacture 5%. Au niveau de ses activités d’épargne, on a noté qu’ACEP les marginalise. Elle est née en tant qu’institution de crédit et n’a proposé des services d’épargne que postérieurement, avec la transformation en mutuelle. Ainsi, l’encours d’épargne volontaire en 2003 ne représentait que 4,8% du passif, alors que l’épargne obligatoire représente 73,5% de l’épargne totale. Les deux produits d’épargne volontaire (épargne spéciale et épargne projet) ne font pas l’objet d’une promotion particulière et ne présentent pas de caractéristiques les rendant plus attractifs que l’épargne obligatoire (même taux d’intérêt). Compte tenu de ses besoins financiers, ACEP est entrain de voir comment dynamiser l’épargne à travers les stratégies qu’elle veut mettre en oeuvre. Evolution de l’épargne d’ACEP en 2001, 2002 et 2003

Source : planet rating, juin 2004

16 Le taux d’intérêt nominal a été réduit de 15% à 14%(sur capital initial) en 2001 et le plafond des prêts a été augmenté de 15 à 20 millions de FCFA en 2000 17ACEP, Rapport annuel, exercice 2006

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2. Méthode de crédit prudente et qualité du portefeuille

La méthode de crédit est prudente et standardisée permettant d’assurer la qualité du portefeuille. La sélection des emprunteurs se fait au cas par cas. L’analyse de la situation financière du membre est poussée (formulaire de plusieurs pages analysant les revenus/dépenses et les actifs du membre et de sa famille) et doublée d’une enquête de moralité. La capacité de remboursement est analysée par rapport à l’activité et non par rapport aux flux de trésorerie qui pourraient être engendrés par le prêt. Tous les prêts font l’objet de visites et de suivi par l’agent de crédit (AC) et d’une contre visite par d’autres agents et l’assistant juridique. . Tous les prêts doivent passer par une chaîne de visas interne (assistant juridique, assistant comptable, assistant auditeur interne). Au niveau de la gestion du portefeuille, Acep ne dispose pas de règles globales, mais se base sur la conjoncture pour décider de l’orientation du portefeuille. Ainsi, en 2001, la direction a pris la décision de réduire la concentration sur l’agriculture, notamment l’arachide, en raison de la crise que le secteur a connue. En plus, consciente d’une situation d’excès d’offre dans le commerce en 2004, la direction a envisagé une diversification vers le secteur productif. Elle est tenue de respecter par ailleurs, un des ratios prudentiels de risques de la BCEAO sur un seul membre18. L’encours de prêts, alimenté par la croissance du prêt moyen, connaît une croissance soutenue sur la période, de 10% en 2002 et de 28,7% en 2003. Les crédits aux personnes morales (crédit individuel) étant beaucoup plus conséquents (92%) que les crédits aux groupements (8%). Le produit principal en terme d’encours est de loin le crédit individuel (graphe 3), même s’il concerne seulement 54,9% des emprunteurs. Il existe un écart entre l’encours moyen par emprunteur pour les groupes (161 euros), contre 2249 euros pour les crédits individuels. L’institution est bel et bien orientée vers les TPE, avec un produit de groupe qui subsiste dans les zones rurales. Le portefeuille à risque (PAR) montre une tendance à la baisse sur la période considérée (en 2003 cf. graphe 4) et par région. Il reflète une bonne qualité du portefeuille. On note un infléchissement du PAR91-365 par rapport au PAR1-90, preuve de l’efficacité des procédures de recouvrement informel dans les trois mois précédant le basculement en contentieux. Malgré la politique de passage en pertes, il subsiste un PAR>365 lié à l’analyse cas par cas des crédits. Le taux des pertes sur prêt affiche une remarquable réduction (cf. graphe 4) selon les régions. Ce qui témoigne de nouveau la bonne qualité du portefeuille.

18 Montant de l’encours de crédit le plus important sur un seul membre/Dépôts des membres. En 2003, ce ratio était de 0,79%, la BCEAO exigeant qu’il soit inférieur à 10%

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Source : planet rating, juin 2004

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3. Recouvrement efficace et allègement du processus d’octroi

Acep opère à un recouvrement rigoureux. Le système de primes aux agents de crédit est lié entre autre au PAR, au taux de contentieux et au taux de pénalité. Le membre est passible de fortes pénalités (2% de l’impayé et 3000 FCFA forfaitaires) ; dès le premier jour d’impayé. Les Agents de Crédit lancent les activités de recouvrement. Le service juridique donne son appui pour tous les crédits passés en contentieux (après 90 jours), aucun rééchelonnement ou refinancement n’est autorisé. Quant au processus d’octroi, qui demande entre 15 jours et un mois, il a été allégé. En effet, le cycle crédit se déroule par étapes fixes : les comités d’instruction de crédit ont lieu entre le 10 et le 15 de chaque mois, quelle que soit la date de dépôt de dossier. Après, viennent la prise de garanties et la chaîne de visas. Un mécanisme plus rapide a été mis en place pour les clients anciens, pour qui un comité d’intervention ad hoc peut être convoqué. La chaîne de visas se déroule désormais de manière informatisée. ACEP a su développer un traitement de dossiers similaire à celui des concurrents. Elle devra être vigilante, car il s’agit d’un levier que d’autres acteurs pourraient utiliser pour attirer les clients selon Planet Rating. Cependant, il est intéressant de voir ce que fait le crédit mutuel du Sénégal au niveau de son offre de produit et de services. Pour le CMS Il a démarré ses activités en 1988 sous forme de projet, piloté par le centre international du crédit mutuel (CICM). En 2000, elle se transforme en fédération mutualiste, régulée par la loi PARMEC et les autorités nationales.

1. Positionnement et gamme de produits

Le CMS est le leader du marché avec 74 agences en 2005 couvrant tout le territoire national. Il mène des études de marché appropriées de manière à assurer le développement de nouveaux produits. Sa gamme est large et elle est conçue de manière à satisfaire les besoins de ses clients. Les produits de crédit du CMS sont de deux types professionnel et particulier (cf. tableau suivant). Ils peuvent être destinés à des groupes ou à des individus. Les groupes (entre 2 et 25 membres qui sont solidaires) sont auto- formés et représentés par un Président, un secrétaire et un Trésorier. Les taux d’intérêt sont constants et se situent entre 1,5% et 2% par mois. Et la durée des prêts varie entre 3 et 36 mois. Vu que la demande de crédits est de plus en plus croissante, le CMS a augmenté la taille moyenne de crédit octroyé. Selon les réflexions du programme de renforcement institutionnel de la microfinance et de son environnement (PRIME) sur une production totale de crédit de 38 milliards de FCFA , le CMS a alloué 6 milliards de FCFA(soit 9 millions d’euros) à des PME. Il a pris des mesures d’accompagnement liées au recrutement et à la mise en place d’instances pour prendre en charge leur gestion. Il finance aussi tous les secteurs d’activités avec une prédominance du financement en fonds de roulement. Par exemple, en 2005, il a octroyé 8,585 milliards de FCFA (13millions d’euros) à 669 dossiers. Soit en fonds de roulement 5,661326526 milliards de FCFA (66% du portefeuille crédit PRO), avec un montant moyen de crédit égal à 12,8 millions de FCFA (19400 euros)

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Source: Microrate (The rating agency for microfinance), CMS 2005 Typologie des produits offerts

Source: Microrate (The rating agency for microfinance), CMS 2005 En matière d’épargne, il dispose de 4 produits différents. Bien que moins rapide que le portefeuille de crédits, l’épargne a augmenté en 2005(cf. diagramme). Elle a atteint plus de 60 000 dollars. En plus, les clients ouvrent un compte d’épargne dès qu’ils rejoignent le CMS, sur lequel, le dépôt minimum est de 4 dollars.

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Source: Microrate (The rating agency for microfinance), CMS 2005 Il a récemment démarré un test pilote pour le transfert d’argent et prévoit de le développer dans l’ensemble du réseau pour la fin de 2005. Les autres produits offert sont : la domiciliation de salaires, les transferts internationaux et les transferts internes.

2. Conditions d’octroi des crédits et qualité du portefeuille

Comme on vient de l’expliquer, le CMS octroie des crédits à des groupes ou des individus, qui sont des membres de la caisse. Afin qu’un membre ou qu’un groupe soit éligible pour un prêt, il doit être membre depuis au moins trois mois. Les particuliers (fonctionnaires et clients) ayant domicilié leur salaire au CMS peuvent directement introduire une demande de prêt (en Juin, ils étaient 16028). L’épargne caution obligatoire varie entre 10 et 20% du montant souhaité, en fonction du type de crédit et de la taille. Certains crédits requièrent que le client ait une garantie personnelle. D’autres garanties matérielles (véhicules, équipements, titres de propriétés) sont aussi acceptées. Afin de recevoir un crédit, le client doit introduire une requête écrite stipulant le montant souhaité ainsi que son objet. Un agent de crédit évalue ensuite l’entreprise du client et calcule sa capacité de remboursement (basée sur les flux financiers des 3 derniers mois). Il émet ensuite une recommandation soumise au gérant de l’agence. Le dossier de prêt est ensuite transféré au comité de crédit (composé de 5 membres élus), qui prend la décision finale pour les crédits dont les montants sont inférieurs à sa côte (Ex. 920 dollars). Le processus est relativement rapide comparé aux concurrents du CMS. Les côtes sont définies par la Commission nationale des côtes de crédits (CNCAC). Elle définie les montants maximum qu’une agence peut approuver. Les côtes sont revues deux fois par an, en fonction de la performance, la croissance et la qualité du portefeuille. Lorsqu’une agence n’est pas performante, la CNCAC peut décider de restreindre les activités de cette dernière au recouvrement. Le portefeuille de crédits du CMS est dominé par les crédits à moyen terme (59%), avec 36% de crédit à la consommation. Quant au portefeuille à risque (PAR) au-delà de 30 jours, il a augmenté au cours des deux dernières années et était de 5,8% en 2005. Et il a augmenté pour tous les produits (cf. tableau). Cette augmentation est due à la hausse du PAR du crédit fonds de roulement court terme, du crédit équipement moyen terme et du crédit professionnel, qui représentent 42,4% du portefeuille et avec un PAR de 12% en Juin.

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PAR selon type de produit

Source: Microrate (The rating agency for microfinance), CMS 2005 Il est important de noter qu’en Afrique de l’ouest, la mesure standard de la qualité du portefeuille est celle du PAR à 90 jours. Ce dernier étant de 1,88 en juin 2005, ce qui est satisfaisant pour le CMS. Celui-ci a un fonds de garantie aussi, auquel il contribue 1% de tous les crédits déboursés (ce fonds était de 814000 dollars en 2005 et de 673000 dollars en 2004). Ce fonds est utilisé par les comités de crédits afin de recouvrir les impayés importants, pour pallier à des problèmes de vol ou de fraude et dans des cas exceptionnels. En plus du fonds de garantie, la CMS dispose d’un fonds de mutualisation décès, auquel les clients de moins de 60 ans contribuent à hauteur de 0,5% pour les crédit court terme et de 1% pour les crédits long terme. Ce fonds est utilisé pour les sociétaires décédés et ne présentant pas d’arriérés de paiement au moment de leur décès. (Ce fonds était de 890000 dollars en 2005 et de 838000 dollars en 2004). Le CMS provisionne ses réserves pour créances douteuses conformément à la loi PARMEC19. Et selon Microrate, les niveaux de provisionnement qui sont stipulés sont inadéquats pour un portefeuille de Micro crédit. Ceci étant, une partie importante du portefeuille du CMS est couverte par des garanties. Pour l’UM-PAMECAS L’union des mutuelles du partenariat pour la mobilisation de l’épargne et le crédit au Sénégal a été créée en septembre 1998 après une phase de projet. Elle est soutenue par l’agence canadienne pour le développement et la coopération internationale (ACDI) au niveau financier et au niveau technique par l’agence développement international Desjardins (DID).

1. Positionnement et gamme de produits et services Les concurrents principaux du PAMECAS sont le CMS, l’UMECU, les programmes émanant des ONG et dans une certaine mesure l’ACEP. Ces derniers facturent leurs clients à des taux plus faibles que ceux du Pamecas. La concurrence des banques est pour l’instant inexistante. Cependant, elle peut se ressentir au niveau de la collecte de l’épargne. Les produits de crédit sont assez flexibles quant à l’activité financée, le montant de crédit et les garanties demandées selon planet rating. Cependant les clients ne sont pas fidélisés en matière de taux d’intérêt. L’activité de crédit s’organise autour d’un produit central, le « crédit régulier », qui se décline en plusieurs formes selon le type de population. Par exemple, le crédit « AFSSEF » pour les

19 Les politiques de provisionnement pour créances douteuses selon la loi Parmec consistent à provisionner :40% de l’encours de crédit en retard de 3 à 6 mois ; 80% de l’encours des crédits en retard de 6 à 12 mois, et 100% de l’encours des crédits en retard e 12 mois.

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femmes permet d’obtenir un crédit à des conditions avantageuses : épargne nantie plus faible voir nulle, groupe solidaire, pas de période d’attente entre l’adhésion et le premier prêt.

Source : Planet rating Pamecas, juin 2003 D’autres produits sont développés à des conditions avantageuses et en partenariat avec des ONG qui offrent un fonds de garanties pour soutenir une catégorie ciblée de la population. Un centre financier aux entrepreneurs (CFE) a été développé pour les PME. La gamme de produits d’épargne est très limitée et bénéficie d’une promotion faible, alors qu’elle est en progression régulière de 20% par an. D’autres produits sont développés avec le partenariat de ses réseaux, tels que le transfert de fonds à l’international, la domiciliation de salaires, la collecte de l’épargne dans les marchés. Il est intéressant de voir maintenant comment Pamecas gère les crédits octroyés et comment se comporte son portefeuille à risque.

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2. Gestion du crédit En 2006, 3,520 milliards de FCFA (5,36 millions d’euros) ont été financés, pour 526 projets. Soit en moyenne 6,7 millions de FCFA (1020 euros) par projet, dont 7% sont des personnes morales selon le PRIME. Il a été noté par le groupe de réflexion sur la mésofinance du PRIME que le Pamecas en 2006 a octroyé un volume important de crédit lors du lancement de son centre financier aux entrepreneurs, même s’il l’a baissé entre 2004 et 2005 de 23% et que les personnes morales représentent 40% des crédits en retard. La sélection de clients permet une limitation des risques de non remboursement. Le processus est géré par l’agent de crédit, qui est sous la supervision de l’analyste en crédit de l’Union et l’approbation du comité de crédit de la caisse. La sélection dépend : -de la capacité de l’emprunteur à rembourser, évaluée à partir de son revenu après imputation des charges de l’entreprise et du foyer, avant et après octroi du crédit. Plusieurs preuves sont demandées pour valider l’activité de l’entreprise ; -de son apport personnel, au travers d’une épargne de garantie et de multiples garanties ; -d’une enquête de moralité et de validation de la qualité des activités par le comité de crédit. Le suivi est peu formalisé, mais adéquat, car les impayés sont identifiés par l’AC, grâce à une vérification trimestrielle par l’union des remboursements attendus. La gestion des impayés est confiée dans un premier temps à l’AC puis transmis au département crédit et contentieux après 90 jours de retard et à un organisme externe de recouvrement. Les comités de crédit de caisses et les gérants jouent un rôle important, mais ne pas assez impliqués. Le système de pénalités incite aussi le client à rembourser. Les mesures plus coercitives ne sont mises en place qu’après 45 jours de retard. Cette attente est due au fait que l’institution est une mutuelle et que ses clients en sont les membres privilégiés. Ce choix est légitimé par les mesures prises après les 45 jours de retard, qui sont moins strictes. Au niveau du portefeuille, il n’existe aucune règle de gestion globale. La clientèle variée du Pamecas limite les risques. Au niveau des garanties, l’objectif fixé par les procédures est de garantir plus de 100% du montant octroyé, dont 10% à 25% par de l’épargne nantie et 5% à 10% par de l’épargne obligatoire à constituer pendant les remboursements. Les autres garanties peuvent être un garant, de biens, des loyers, des contrats. Les montants requis d’épargne sont respectés et parfois même augmentés. En revanche, les exigences en terme de garanties physiques sont peu efficaces en cas de bon remboursement, mis à part les bijoux. Les poursuites judiciaires peuvent abouti en faveur de Pamecas, mais il est difficile de tirer un bon pris des biens pris en garantie selon planet rating. La prise de garantie constitue un moyen de dissuasion dans la plupart des cas. En plus, Pamecas dispose de nombreux fonds de garantie, internes et externes, on peut citer ceux qui sont mis à disposition par des bailleurs de fonds pour soutenir la clientèle et ceux qui sont constitués à partir des frais payés par les clients. Ils sont utilisés en cas de besoin.

b. La performance de la gestion des caisses : stratégies organisationnelles et financières pour le renforcement financier des PME

Il s’agit de voir comment nos trois IMF (ACEP, CMS et PAMECAS) se sont formalisées pour renforcer financièrement le système, resté jusqu’ici dominé par des pratiques informelles, neutralisant ainsi l’impact de ces dernières dans l’économie sénégalaise.

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Pour l’ACEP Dès 1996, à l’occasion d’une assemblée générale, les objectifs de l’ACEP se ont redéfinis comme suit : -Offrir des services de crédit et d’épargne à des entreprises Sénégalaises afin de favoriser leur croissance ainsi que le développement économique du Sénégal -mettre en place un réseau de services financiers -gérer ses activités selon le principe de la coopération. Ses stratégies ont été adaptées aux évolutions socio économiques, politique et juridique du Sénégal. Elles tournent principalement autour de sa gestion administrative et au niveau de son financement.

1. les stratégies organisationnelles : procédures internes, système d’information, gestion du personnel et des compétences

La plupart des procédures sont documentées dans un manuel de procédures internes clair, qui favorise une standardisation des pratiques aussi bien au siège que dans les agences régionales. L’institution se caractérise par une forte culture du contrôle interne qui se traduit en des procédures adéquates entre autres : -la vérification multiple de l’ensemble des procédures (crédit, épargne, achats, arrêtés de caisse, rapprochements bancaires). Chaque dossier de crédit, une fois approuvé, doit passer par une « chaîne de visas » où interviennent tous les services concernés (comptabilité, service juridique, audit interne…), -la limitation des pouvoirs, notamment dans l’autorisation des crédits de montants élevés (les montants supérieurs à 15 millions de FCFA doivent être autorisés par le directeur général) et les achats (obligation de consulter trois fournisseurs pour les achats supérieurs à 150000 FCFA). Acep a mis en place des mesures appropriées pour limiter les risques liés à la manipulation d’espèces mais elles pourraient être améliorées. Les déboursements sont toujours faits par chèques. Les remboursements sont concentrés sur une courte période (du 1er au 5 de chaque mois), durant laquelle les fonds sont collectés quotidiennement par des fourgonnettes de la banque. Au niveau du SIG, ACEP en a mis en place un nouveau dénommé « ACE » et comportant des « cadenas » qui garantissent l’intégrité de l’information et rendent presque impossible l’altération des données clients. La sécurité de l’information est aussi garantie : sauvegarde quotidienne sur des serveurs dans les agences régionales et copie mensuelle sur CD-ROM (risque de perte maximale d’un mois) ; mots de passe personnels et modifiés périodiquement, et donnant accès aux différents modules selon le profil de l’utilisateur avec une mise en place d’un anti-virus et d’un accès limité à internet. L’information papier est stockée dans un lieu sécurisé et surveillé par des assistants juridiques de chaque agence régionale. Le SIG est connu de tous et facile d’accès. Il peut fournir des données sur le nombre d’emprunteurs et de membres par agence régionale, l’encours de crédit et d’épargne et la répartition des déboursements par secteur d’activité. Il permet aussi de réaliser des requêtes rétrospectives. Au niveau de sa gestion des ressources humaines (cf. tableau suivant), la prise de décision est centrée sur les techniciens avec une validation a posteriori des élus qui font preuve d’une implication aléatoire en raison de l’insuffisance de leur formation. Les décisions sont discutées par l’équipe de direction. Celle-ci est compétente, très expérimentée et consacrée à l’institution. La gestion des ressources humaines, partagée de manière adéquate entre plusieurs services, stimule l’efficacité et un fort sentiment d’entreprise.

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Organigramme de l’ACEP

Source : planet rating, juin 2004 Qu’en est-il au niveau de ses opérations financières ?

2. les politiques de financement : sources de financement, gestion de la liquidité et rentabilité

L’ACEP se finance à hauteur de 73,7% de son passif avec des fonds propres (cf. tableau) issus des subventions et des réserves accumulées. Ce qui reflète à la fois l’origine de l’institution et sa rentabilité. L’épargne vient en deuxième position et représente 18,1% du passif en 2003, l’épargne de garantie représentent à elle seule 13,3%. L’endettement externe vient en troisième position, avec un emprunt commercial auprès de la caisse nationale du crédit agricole du Sénégal (CNCAS) et d’autres emprunts concessionnels dans le cadre des différents programmes réalisés par ACEP. L’institution maîtrise les principaux risques liés à la gestion actif/passif. Le risque de maturité (rappelons que Acep est âgée de plus de 20 ans), est couvert par un financement essentiellement à long terme pour les crédits à 12 mois environ. Ainsi l’encours de crédit est couvert à 100% par des fonds propres et par de l’épargne garantie. Et le risque de taux est maîtrisé par l’importance du financement sur les fonds propres et le fait que l’épargne et les emprunts sont à taux fixe.

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Source : planet rating, juin 2004 Face à ses contraintes de financement, Acep a commencé à démarcher plusieurs investisseurs, commerciaux et solidaires et entretient de bonnes relations avec les bailleurs de fonds. La qualité de l’institution lui permet de mobiliser des fonds au niveau des banques Sénégalaises pour subvenir à ses besoins ponctuels et récurrents comme le financement de la campagne agricole. Cependant, elle devrait plus encourager l’épargne volontaire pour combler ses besoins financiers. La bonne organisation de la gestion de la liquidité permet d’éviter des crises de liquidité et de placer le surplus qui en émane. Cependant, les taux proposés par les banques ne sont pas très incitatifs. La liquidité est rigoureusement suivie et sa gestion repose sur la maîtrise des calendriers de déboursement et de remboursement. Ainsi les déboursements sont effectués après les périodes de remboursements qui sont concentrés sur cinq jours (du 1er au 5 de chaque mois). A la fin de chaque mois, le chef du service comptable et financier, sur la base des disponibilités dans les comptes, des prévisions de financement et de remboursements attendus, planifie les besoins de chaque agence régionale. Selon Planet rating, ce type de gestion de la liquidité parait pertinent et compense le fait que l’institution ne réalise pas de prévisions annuelles de cash flow. Avant et après ajustement, Planet rating a trouvé qu’Acep est une institution structurellement rentable. Elle affiche des performances supérieures à son groupe de références du Micro banking bulletin (MBB)20 : sa rentabilité ajustée à son actif (AROA), son autonomie opérationnelle et financière sont toutes supérieures à la moyenne du groupe. Et ils se situent respectivement à 3,7%, 148% et 133% et son résultat net hors subventions représentait 53,8% de ses revenus financiers en 2003 (cf. tableau suivant). Quant à sa rentabilité ajustée aux fonds propres (AROE), elle est légèrement inférieure à celle de la moyenne qui est 14,1%. Cela provient du fait du haut niveau de capitalisation de ACEP comparée aux grands IMF Africaines.

20 Acep Sénégal appartient au groupe Arica Large qui regroupe : ACSI(Ethiopie), CERUDEB (Ouganda), EBS (Kenya), K-REP (Kenya), PADME( Bénin), UM-Pamecas (Sénégal), MBB n°9 Juillet 2003

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Source : planet rating, juin 2004 La rentabilité de ACEP est solide et connaît peu de risques selon Planet Rating. Les seuls éléments qui pourraient affecter sa performance sur le court/moyen terme sont : - l’augmentation du coût de la dette du fait de la recherche de financements externes, ou l’augmentation des charges liées à la gestion de l’épargne si l’institution décide de dynamiser la collecte de l’épargne ; - la possible dégradation du portefeuille en raison de l’endettement croisé et de la concentration des risques découlant de l’augmentation du prêt moyen. Cependant, l’institution dispose de marges de manœuvre pour faire face à ces menaces. Pour le CMS C’est une structure mutualiste à trois niveaux dont le siège est à Dakar, avec 6 bureaux régionaux et un solide réseau de 74 agences locales et 13 permanentes.

1. Stratégies organisationnelles : contrôle interne, gestion du personnel et SIG

En tant que fédération mutualiste, le CMS compte six bureaux régionaux, totalisant 74 institutions mutualistes. Chaque institution ou agence est gouvernée par 4 organes statutaires, composés de membres élus : l’assemblée générale, le conseil d’administration, le comité de crédit et le conseil de surveillance. Au niveau, il y’a 6 bureaux, chacun géré par un directeur général. Chaque agence étant membre de la fédération, et est représentée par son président. L’organisation du contrôle interne implique tous les acteurs et se présente sous 4 niveaux selon le Rapport Annuel 2005, qui sont les suivants : -le contrôle opérationnel -le contrôle hiérarchique ou de supervision -le contrôle fonctionnel -l’évaluation du contrôle interne par l’inspection générale L’inspection générale compte 17 agents et toute l’équipe est basée à la direction générale. Elle est équipée et dispose de manuels d’organisation et de contrôle, d’applications informatiques permettant de développer des requêtes pour le contrôle à distance et la préparation de missions d’inspection. Elle dispose aussi d’une charte d’éthique et de déontologie. Le CMS a une bonne politique de formation pour tous les membres du personnel ainsi que pour les membres élus.

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Plusieurs réalisations ont été faites pour accentuer le développement de la fédération ; entre autre : -le renforcement de l’organisation du contrôle à distance en spécialisant des inspecteurs, -le contrôle à distance pour l’ensemble des caisses locales : dépôts, crédit, encaisse, comptabilité -missions de révision dans les caisses locales (intervention trimestrielle) -assistance aux missions d’audit externe. Celles-ci ont pu couvrir les risques majeurs de l’organisation grâce au système de contrôle interne et aux interventions de l’inspection générale. La fonction de contrôle est quadruple : opérationnelle, fonctionnelle, hiérarchique et basée sur l’évaluation. Au niveau de sa gestion des systèmes d’information, le CMS utilise SIBANQUE, qui a été développé avec son partenaire Français, le centre international du crédit mutuel (CICM). Il s’agit d’un système intégré (comptabilité et suivi du crédit). En 2003, toutes les agences ont été équipées de la nouvelle version SIBANQUE 2. Le nouveau système est sécurisé, pratique, flexible et permet de faire des rapports concis. Ils sont consolidés et préparés mensuellement au niveau du siège, et les rapports trimestriels sont envoyés à la banque centrale et à la cellule de supervision Assistance Technique aux caisses populaires d’épargne et de crédit (AT/CPEC). Cependant, il est important de voir comment le CMS se finance-t-il ?

2. Politiques de financement : sources de financement, gestion de la liquidité et rentabilité

Le CMS bénéficie de l’épargne de ses membres pour se financer (à hauteur de 78%), de ses fonds propres (pour 15%) et de d’emprunts commerciaux (pour 7%). Les dettes et subventions sont inexistantes dans son portefeuille financier. Sources de financement

Source: Microrate (The rating agency for microfinance), CMS 2005 La mise en place de la banque des institutions mutualistes de l’Afrique de l’ouest (BIMAO) avec ses partenaires (CICM et Jémini) lui permet une autonomie financière supplémentaire. En 2005, la situation financière du groupe a été caractérisée par une hausse de 27 % du total du bilan, permettant ainsi l’intensification des activités. Le pourcentage des fonds propres sur

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les ressources a été de 20% en 2005 contre 15% en 2004. Les résultats cumulés mis en réserves depuis la création de l’institution sont de 5,944 milliards de Fcfa, et représentent près de 63% des fonds propres. Le niveau de l’apport des partenaires commerciaux représentait 4% des fonds propres en 2005. Selon le rapport annuel de 2005, il est ressorti de l’analyse des états financiers que se sont les sociétaires qui sont les principaux pourvoyeurs de fonds du CMS (cf. Tableau ci-dessus), conformément aux principes de fonctionnement d’une institution mutualiste. La participation de ceux-ci aux fonds propres et leurs dépôts représentent 77% des ressources du groupe, soit 37 milliards de Fcfa. Au niveau de la gestion de la liquidité, Microrate a noté une relative stabilité de l’épargne, bien que les sources de financement avec maturité de 30 jours (ou moins) excèdent les investissements de même nature de près de 30 millions de dollars. Néanmoins, selon l’agence de notation, si le système venait à subir un choc, par exemple un ébranlement de la stabilité politique ou une mauvaise récolte agricole, le CMS pourrait être exposé à des risques nouveaux sans être équipé pour y faire face. Cependant, étant donné le caractère mutualiste du CMS, il y’a peu de chance que la clientèle mette en péril leur propre institution, qui aurait les capacités requises pour lutter contre une crise (le CMS respecte les règles prudentielles de la loi Parmec, donc en cas de crise les dépôts dont il dispose au niveau des banques commerciales locales pourraient mitiger le risque). Le CMS n’est pas exposé au risque de change, et il présente des états financiers sains. Avec le lancement de la BIMAO, il pourrait bénéficier de nouvelles sources de financement. Au niveau de la rentabilité, il a enregistré de bons résultats. Il est rentable depuis 2001, et a enregistré son plus haut profit net de 2,2 millions de dollars (~23% des fonds propres en 2004)

Pour l’UM-PAMECAS Le Pamecas est une institution autonome et qui gère son organisation de façon efficace. Elle est appuyée financièrement par ses membres et les bailleurs de fonds. Sa vision est de démocratiser l’offre de services financiers au Sénégal, afin d’améliorer durablement la qualité de vie des populations.

1. Les stratégies organisationnelles : procédures internes, SIG et gestion des ressources humaines

Le réseau est sous le contrôle et la surveillance de 3 organes : -le conseil d’administration chargé du fonctionnement et de la bonne gestion ; -le comité de crédit chargé de la distribution du crédit ; -le conseil de surveillance responsable du contrôle de toutes les opérations et de la gestion de l’institution. Les procédures sont appliquées de façon standardisées grâce aux formations internes et au suivi hiérarchique. La qualité et la standardisation des formulaires permettent une meilleure application des procédures d’octroi de crédit. Les contrôles sont réguliers et s’exercent à deux niveaux : hiérarchie des caisses et suivi régulier réalisé par les agents de l’institution. La sécurité de la liquidité est garantie par une série de procédures dont l’application est fréquemment contrôlée. Le département inspection vérification réalise l’audit régulier des caisses. Il comprend six inspecteurs qui effectuent deux visites inopinées par an et par caisse. En plus de la vérification

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des informations, ces visites ont pour objectif de contrôler les risques liés à la concentration de l’épargne, du crédit, aux clients fictifs, au favoritisme vis-à-vis des élus, à la gestion de la liquidité et des impayés.

Source : Planet rating Pamecas, juin 2003 Les inspecteurs ont la plupart occupé d’autres fonctions chez Pamecas et connaissent bien donc le fonctionnement des mutuelles. Leurs missions au niveau des caisses garantissent une information annuelle fiable. Les rapports d’audit finaux sont très standardisés et essentiellement quantitatifs selon Planet rating. Il manque une évaluation quantitative du travail de l’équipe de la caisse. La restitution faite aux équipes est aussi succincte et n’est pas l’occasion d’un échange avec le gérant sur les points forts et les points faibles de la caisse. L’équipe de direction est très compétente et polyvalente. Ils disposent tous d’une bonne formation universitaire qu’ils ont complétée par des formations professionnelles. Ils ont rejoint Pamecas à sa création et ont évolué, par des promotions internes. La présence permanente de l’assistance technique(AT) de DID, une agence canadienne de développement pendant 9 ans (fin en 2003) a permis à Pamecas d’acquérir des méthodes efficaces en gestion de projet, suivi des performances et planification. L’organigramme change au fur et à mesure pour s’adapter aux besoins de la structure ou pour améliorer le fonctionnement du réseau. L’entente et la communication sont bonnes au sein de l’équipe de direction. Les équipes sont en place depuis plusieurs années et ont eu un parcours similaires, ce qui facilite la cohésion mutuelle. Pamecas a eu depuis sa création une politique claire de gestion des ressources humaines : -recrutement de jeunes diplômés pour limiter les coûts -promotions internes et parcours polyvalents à l’intérieur de Pamecas (des caissiers deviennent gérants ou AC, des gérants deviennent conseillers en gestion ou inspecteurs,…) -formation continue

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-appel à candidatures très largement diffusé en interne et en externe, et recrutement sur concours, utilisation des stages pour tester les compétences de candidats -prime de fin d’année sous forme d’intéressement au résultat. Cela permet une fidélisation du personnel. Le responsable es ressources humaines qui y est présent depuis 2001 a eu comme objectif premier de professionnaliser la gestion administrative du personnel. Au niveau de la gestion du système d’information, en 2003, il n’était pas opérationnel. L’informatisation du réseau s’est étendue jusqu’en 2005. Il permet de mettre en place une consolidation des données des caisses et de l’union, ainsi qu’une production des rapports d’activités et états financiers. Pamecas s’est doté d’une équipe solide, incluant des informaticiens récemment embauchés en 2003 et des membres des autres départements connaissant déjà les procédures et les produits. Une assistance technique de DID a été indispensable entre 2002 et 2003. Son soutien a été indispensable pour assurer le contact avec SYSDE, le développeur du logiciel SAF 2000, société Costaricaine ne s’exprimant pas en français et détenant le code source. Une entreprise Sénégalaise, Touch Technologie représentant de SYSDE au Sénégal, assure la maintenance du logiciel. Cependant jusqu’en 2003, le système manuel a été utilisé pour connaître le niveau des encours et la liste des clients en impayés. Ce qui a handicapé les échanges entre les caisses et l’union. Qu’en est-il au niveau de la gestion financière de Pamecas ?

2. les politiques de financement : sources de financement, gestion de la liquidité et rentabilité

L’épargne représentait en 2003, 70% du passif, les fonds propres sont constitués à 32% de fonds non permanents (parts sociales des membres et fonds de garanties) ; de 26% de subventions accumulées et 42% de report à nouveau.

Source : Planet rating Pamecas, juin 2003 Pamecas, dans les premières années du lancement du centre financier aux entrepreneurs (CFE), a pu se refinancer grâce à une partie de ses fonds propres pour ce produit. Il n’a jamais eu besoin de financement externe autre que l’épargne et n’en a pas envisagé avant 2005.

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Disponibilité de l’épargne

Source : Planet rating Pamecas, juin 2003 L’institution a cependant reçu un certain nombre de prêts concessionnels destinés à financer des populations particulièrement défavorisées ou qui connaissent des difficultés. Elle reçoit aussi des subventions.

Source : Planet rating Pamecas, juin 2003

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Au niveau de la rentabilité, Pamecas satisfait toutes les conditions requises pour ce faire selon Planet rating. Il est rentable depuis 2000. Avant subvention, le réseau dégage un excédent égal à plus de 4% des actifs moyens sur l’année. Il reste positif après l’ajustement opéré par Planet rating, soit 2,5%, une performance inférieure au groupe des IMF autosuffisantes (5,5%), mais supérieure au groupe Africa Large (0,2%) et très supérieure aux IMF jeunes (entre 4 et 7 ans : avec, -7%). Chacune des caisses est rentable avant et après paiement des frais de l’union en 2002. Elles dégagent toutes une rentabilité des actifs supérieure à 4%. La performance n’est pas mise en péril par des caisses à risque.

Source : Planet rating Pamecas, juin 2003 Grâce à un effet de levier des fonds propres très élevé (l’épargne représente 70% du passif total) et une rentabilité certaine, Pamecas dégage une rentabilité des fonds propres élevé, de plus de 20%. En 2002, la diminution s’est expliquée non pas par une diminution de la rentabilité mais par une augmentation des fonds propres, puisque l’institution a reçu à cette année de nouvelles subventions (effet de levier de 400% à 300%). Le rendement du portefeuille a augmenté malgré la diminution de la qualité du portefeuille. Ce qui s’explique par la part de la croissance des crédits de montants importants dans le portefeuille. On a vu que les trois IMF (ACEP, CMS et PAMECAS) qu’on a choisies ont pu adapter leurs produits et leurs services à leurs populations ciblées et sont performantes au niveau organisationnel et financier. Mais qu’en est-il au niveau de leur localisation et de leur mission principale, celle d’aller vers les populations exclues du système financier ?

c. La proximité physique et psychologique à travers les agents de crédits

Les IMF disposent de caisses qui sont proches de la population locale et les agents de crédit, chargés de l’exécution de leurs politiques sont conscients des attentes et des capacités de leurs clients. Ce qui permet une écoute attentive et une meilleure anticipation des besoins ; et donc l’établissement d’une confiance mutuelle entre établissements financiers et ménages. Celle-ci étant ignoré voire inaperçue par les banques classiques. On va voir ce qu’il en est pour nos

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trois IMF Sénégalaises choisies, qui ont su adapter leur politique de rémunération pour fidéliser leurs agents de crédits pour une meilleure proximité psychologique avec leurs clients. Pour l’ACEP Elle dispose d’agences régionales (8 au total en 2003) réparties au niveau national comme indiqué sur la carte ci-dessous. Les agents de crédits sont en contact direct avec les clients et leur environnement. Ils sont affectés dans les agences régionales et connaissent les attentes de ces derniers. Ils présentent toutes les compétences nécessaires pour leurs fonctions et bénéficient d’un système motivant de rémunération. Ils suivent une formation terrain par leurs pairs qui garantit leurs compétences. Ils effectuent une formation théorique et fournie par le chef du service des opérations. Ils sont motivés par un système de prime annuelle qui garantit le volume et la qualité du portefeuille. Leur poste est essentiellement terrain ; tout le traitement administratif du crédit est réalisé dans les agences régionales (saisie de l’information sur ACE, prise de garanties, saisie des remboursements. Ce qui explique la faiblesse de leur effectif entre 2001 et 2003(cf. tableau suivant).

Source : planet rating, juin 2004 Evolution du personnel entre 2001 et 2003

Source : planet rating, juin 2004

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Pour le CMS En 2004, le CMS disposait de 79 caisses et de 13 permanences. En 2005, il a crée 8 nouvelles caisses. Cette extension de réseau consacre la couverture quasi-totale du Sénégal.21 En ce qui concerne le positionnement stratégique, le CMS a commencé son implantation en zone rurale où les populations du fait de la faiblesse de leur revenu, sont délaissées par les banques. Il s’est par la suite développé en zone urbaine avec la même mission pour mettre à la disposition des populations des outils financiers adaptés aux besoins des catégories. D’où son slogan : « le service financier de proximité ». Pour diversifier sa clientèle et la fidéliser, le CMS ne cesse d’améliorer ses produits et ses services ; et de faire croître sa gamme en tenant compte des besoins de sa clientèle. Le réseau du CMS

Source : CMS (Technofoire CAPAF, Informatisation du CMS)

21 Rapport annuel du CMS, 2005

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Les agents de crédits du CMS sont productifs et sont motivés par un système de prime et cela a occasionné l’excellence de leur productivité et l’atteinte de l’objectif de compétence technique. Ils reçoivent des primes en fonction de leurs performances (cf. tableau suivant), leurs compétences techniques et de leur comportement. Ils gèrent en moyenne 361 clients.

Source: Microrate (The rating agency for microfinance), CMS 2005 Le nombre d’employés a augmenté parallèlement avec la croissance du portefeuille de crédits, 38% des employés sont agents de crédits, ce qui est proportionnellement assez faible mais s’explique par l’importance que le CMS accorde à la mobilisation de l’épargne au niveau local. En plus pour satisfaire sa clientèle, il a mis en place, avec le partenariat du crédit mutuel de France et dans le cadre d’une confédération avec Jémini du Mali, la Banque des institutions mutualistes de l’Afrique de l’ouest (BIMAO). Le but étant de mettre sur pied une banque qui permettra de canaliser des fonds, de réduire sa dépendance vis-à-vis des banques commerciales. On note cependant la nécessité des fonds extérieurs, puisque le CMS limite l’utilisation des dépôts à hauteur de 70% pour le financement du portefeuille de crédits. Pour l’UM-PAMECAS Jusqu’en 2003, il n’y a pas eu encore de système de prime pour les agents de crédit qui sont pourtant les plus proches de la clientèle. Et le Pamecas a beaucoup d’effort à faire pour se rapprocher de population Sénégalaise dans son ensemble. Elle a choisi de se localiser dans les zones urbaines (cf.carte). Le réseau comporte 46 agences dont 34 sont dans la capitale. En 2006, 6 autres agences ont été ouvertes dans les autres régions.

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Le Réseau Pamecas

Source : Pamecas D’autres part, Pamecas a développé une mutuelle de santé nommé MS-PAMECAS. Elle permet aux populations démunies d’avoir accès aux services de santé, réservées jusqu’ici à la population moyenne et riche, moyennant 250 FCFA (0,38 euros) par mois. Ce qui rapproche l’institution de sa clientèle et lui permet de remplir sa mission.

Source : Plan de développement de la Mutuelle de santé du Pamecas (octobre 2005)

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Source : Plan de développement de la Mutuelle de santé du Pamecas (octobre 2005) On peut noter que les trois IMF leader du marché de la microfinance au Sénégal, ont su adapter leurs produits et leurs services, développer des stratégies pour rendre leur institution performante et renforcer leur proximité vis-à-vis de la population exclue financièrement. Cependant, un certain nombre de contraintes pourraient les empêcher de remplir leurs objectifs, de réaliser des innovations et de se rapprocher davantage de leurs clients. Elles sont d’ordre financières et organisationnelles. Quel est le rôle de l’état et des agences de coopération internationale dans la lutte contre l’exclusion financière? Quelles sont les stratégies mises en oeuvre pour le développement financier du Sénégal et pour la création d’un environnement favorable à l’entrepreneuriat ?

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II. La microfinance: un outil incontournable de développement pour les agences de coopération internationale et un impératif stratégique pour la croissance économique au Sénégal

Plusieurs programmes de développement s’articulent autour de la réduction de la pauvreté en améliorant l’accès à l’éducation, la santé et l’alimentation. Pour notre part, nous allons nous intéresser à ceux qui se soucient de la production pour diminuer la dépendance de la population vis-à-vis de l’aide extérieur et de l’état. C’est ainsi que les agences de coopération internationale, partenaires au développement du Sénégal, ont pris conscience de l’importance de la microfinance pour faciliter l’accès aux services financiers et aux services vitaux dans leur globalité. Auparavant ; la majorité de ces programmes ne prenaient pas en compte la finance solidaire dans leurs actions sociales. Maintenant la donne a changé. L’objectif de notre étude est d’encourager ainsi les acteurs au développement pour une plus grande considération de la finance décentralisée de façon plus réaliste.

1. le rôle de la coopération internationale dans la microfinance

Les bailleurs de fonds ont jusqu’ici joué un rôle prédominant dans le développement du secteur de la microfinance. La grande majorité des IMF est financée par ces derniers. Dans le secteur de la microfinance il ne s’agit pas d’assister, mais de promouvoir la production et la consommation en aidant les IMF qui sont bien structurées à bénéficier de financement ou d’appui technique pour venir en aide aux populations démunies mais aussi aux entrepreneurs.

a. L’appui financier des bailleurs, une nécessité pour l’investissement des PME et le financement des IMF

Les acteurs les plus dynamiques dans le secteur de la microfinance au Sénégal sont les agences de coopération Canadienne (DID à travers l’ACDI)), Française (AFD) et Allemande (KFW et GTZ).

• Le rôle de DID (Développement International Desjardins) Au Sénégal, c’est l’ACDI qui est chargée de gérer la coopération Canadienne. Cependant, au niveau de la microfinance, elle exécute ses projets avec l’appui de DID. En plus DID est appuyé par elle dans le développement de l’expertise au niveau de la gestion des caisses populaires dans les PED. En effet celui-ci s’appuie sur l’organisation de ses caisses au Canada. Il dispose de plusieurs fonds (FONIDI, Fonds de partenariat Nord-Sud)22 qui ont des objectifs divers et variés en faveur de la microfinance pour le financement -Le Fonds d’investissement pour le développement pour le développement international Le FONIDI constitue une source pour le financement d’institutions ou de fonds spécialisés du secteur financier de l’économie sociale de pays en développement ou de transition. Ses principaux objectifs sont les suivants :

22 www.did.qc

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Ø Etablir des liens commerciaux avec les institutions coopératives ou mutualistes des PED ou pays à revenu intermédiaire

Ø Fournir un levier financier à ces institutions et à des fonds d’investissement dédiés à ces marchés en vue d’obtenir un financement d’autres sources

Ø Améliorer l’accès aux services financiers et la qualité de vie des populations locales

Ø Contribuer à l’amélioration de la gouvernance des institutions financées Les types de financement que le fonds propose tournent autour :

Ø d’investissement dans le capital sous formes d’actions ordinaires ou privilégiées ou de parts de sociétés en commandite ou de coopératives

Ø d’un financement sous forme de prêts… Pour en bénéficier, les conditions suivantes sont à remplir :

Ø avoir un historique d’exploitation ou une notoriété dans le secteur Ø avoir franchi l’étape du démarrage des activités Ø ne pas être coté en bourse Ø ne pas faire l’objet d’un projet à durée déterminée.

Si ces dernières sont remplies, une injection de capital peut avoir lieu et elle varie entre 500000 CAD et 1500000 CAD. Et une participation minoritaire dans le capital se situant entre 10% et 40% aura lieu et l’horizon d’investissement se situe entre 5 et 7 ans. En plus du FONIDI, il existe un fonds de partenariat Nord-Sud en matière de financement. -Le Fonds partenariat Nord-Sud En 2003, DID fait appel aux caisses Desjardins afin qu’elles contribuent financièrement au vaste projet d’informatisation des caisses appuyées par DID en Afrique et en Haïti. Il fallait trouver le financement nécessaire à l’achat d’équipement informatique requis pour ce genre de modernisation. Cette invitation a donné lieu à une collecte au niveau de 27O caisses Desjardins qui a permis d’amasser 1,6 millions de CAD et de constituer le Fonds. L’appui financier a permis aux caisses partenaires de se moderniser et :

Ø de se développer à leur plein potentiel Ø de rendre plus fiables les opérations de caisses Ø d’améliorer l’efficacité dans le travail en simplifiant largement la gestion des

opérations Ø d’offrir de nouveaux produits Ø de toucher plus de clients Ø d’améliorer les services offerts aux clients

En 2007, 671000 CAD ont été attribués à neuf réseaux (dont le Pamecas au Sénégal) grâce au Fonds Partenariat Nord-Sud.

• Le rôle de l’AFD (Agence Française de Développement)

A un certain stade de développement d’une IMF23, et une fois son équilibre d’exploitation atteint ses besoins, comme ceux de toute institution financière, portent sur le renforcement de

23Note d’information « Les interventions de l’AFD dans le secteur de la microfinance », Janvier 2000

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sa solvabilité, de sa liquidité et de son actionnariat. Le groupe AFD a trouvé nécessaire de pouvoir développer des instruments financiers adaptés pour le renforcement du secteur. Ces derniers tournent autour de la solvabilité, la liquidité et du renforcement de l’actionnariat. -La solvabilité Il s’agit de renforcer la structure financière des IMF par la mise au point de schémas sécurisés de dotations en fonds propres et de fonds de garanties pour répondre à des risques hors de portée des institutions (assurances agricoles, garanties contre les risques de catastrophes…) Ces besoins bien que distincts des besoins initiaux en subventions nécessaires à l’arrivée de l’équilibre de l’exploitation, peuvent nécessiter la mise en place de ressources supplémentaires. Ce type de ressources peut répondre aussi à un besoin de financement public en faveur d’IMF performantes dans le cadre d’une politique macro-économique claire des Etats (bonifications d’intérêts pour l’agriculture, dotation e fonds de calamités…). -La liquidité Il s’agit d’assurer aux IMF un accès durable à des ressources financières en monnaie locale et sur des durées adaptées à celles de leurs produits. L’AFD peut favoriser le développement d’instruments d’épargne plus stables que de type « plan d’épargne », et faciliter notamment en apportant sa garantie :

o Le recours à des instruments financiers plus longs tels que des emprunts à moyen terme auprès des banques, voire même des émissions obligataires auprès du public

o L’obtention auprès des banques de facilités de financement à vue pour pallier l’absence d’accès au marché monétaire

-Le renforcement de l’actionnariat Cela concerne, en particulier, des interventions sous forme de capital risque notamment par un partenariat avec des fonds d’investissement régionaux ou avec des opérateurs spécialisés. Ainsi l’AFD a mis en place PROPARCO dont la mission est de financer le secteur privé dans les PED et pays en transition, avec des prêts, des capitaux-investissement avec des garanties. Le conseil d’administration de PROPARCO du 15 décembre 1999 consacré au Plan d’Orientation Stratégique 2000-2002, a affirmé le principe d’une intervention plus déterminé dans le secteur de la microfinance. Au Sénégal, l’AFD garantit des emprunts bancaires qui ont été consentis à la Banque des Institutions Mutualistes d’Afrique de l’Ouest (BIMAO) pour des banques commerciales de la région, pour un montant maximum de 12 millions d’euros sur 5 ans. La BIMAO peut ainsi accorder davantage de crédits à moyen terme aux IMF membres de la Confédération des Caisses Mutualistes d’Afrique de l’Ouest (CCMAO), an particulier le CMS. Un prêt de 1,5 millions d’euros a été aussi accordé à la BIMAO afin d’augmenter ses quasi fonds propres. La Société d’Ingénierie Informatique des Mutuelles d’Epargne et de Crédit bénéficie d’un prêt de 500000 euros pour faire évoluer le logiciel de gestion qui équipe huit réseaux mutualistes dont le CMS.

• Le rôle de la KFW (coopération allemande) Elle finance des projets ou programmes d’infrastructure économique et sociale, mais aussi le secteur financier. Son pole d’intervention «promotion de l’emploi des jeunes en milieu urbain» est doté d’un budget de 12 millions d’euros24. Il a été initié avec une composante

24 http : //senegal.portailmicrofinance.org

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financière, la KFW (avec 8 millions d’euros) et une autre technique, la GTZ (avec 4 millions d’euros). La composante financière se consacre principalement aux micros petites entreprises (MPME) qui connaissent des difficultés d’accès au crédit, en finançant les institutions intermédiaires actives dans ce domaine. Son objectif vise à combler les besoins des MPME en financement pour favoriser la création d’emplois des jeunes en milieu urbain. La KFW apporte aux IMF qui offrent des crédits aux PME un appui sous forme de lignes de crédit à long terme. Cela devrait permettre de renforcer leurs efforts visant à mieux servir la demande des MPME, notamment en crédits d’investissement. Cependant, les conditions d’octroi de crédits sont fixées par les IMF. A travers les portefeuilles de crédits de CMS, du PAMECAS et de l’ACEP, la KFW est en partenariat avec ces dites IMF. En dehors de l’appui financier, les agences de coopération Canadienne, Française et Allemande apportent leur soutien au niveau de la gestion des IMF et des PME.

b. L’appui technique, un préalable au renforcement financier, à l’éradication des

pratiques informelles et à une meilleure intervention L’appui technique tourne autour des pratiques organisationnelles mais aussi au niveau de la formation des entrepreneurs et dirigeants d’institutions.

• Le rôle de DID Au niveau technique, DID, fort de l’expérience des caisses Desjardins, peut appuyer ses partenaires dans la mise en place d’institutions de base destinées à donner accès aux personnes exclues des services financiers adéquats. C’est ainsi qu’il a appuyé PAMECAS à mettre en place ses caisses au Sénégal et à élargir son réseau. Rappelons que celui-ci fait partie des institutions leaders du secteur. Pour assurer la pérennité et la viabilité de ses institutions partenaires, DID se préoccupe de la consolidation de leur structure et de leur système. Il s’est ainsi fixé comme objectif de les regrouper en réseaux, ce qui facilite la concertation et l’accès aux ressources, et contribue à professionnaliser les services offerts. DID appui aussi la création d’unités d’affaires comme le centre d’innovation financière (CIF), qui regroupe six réseaux de coopératives financières d’Afrique occidentale. Et parce que la permanence des services passe par la formalisation des systèmes, DID veut doter les caisses partenaires d’outils informatiques comme il le fait avec son fonds partenariat Nord-Sud. En effet l’informatisation des opérations permet la rapidité et la fiabilité des transactions quotidiennes. Cela sécurise et optimise les opérations de travail. DID, pour accompagner ses partenaires sur la voie de l’informatisation, leur propose le logiciel transactionnel SAF2000 et le système d’information de gestion DIDSIG. Enfin, en vue de structurer l’industrie de la microfinance dans le pays où il intervient, DID peut aussi appuyer la mise en place d’un cadre juridique adapté aux réalités de la collectivité et aux spécificités de chaque pays. Une bonne législation permet aux IMF d’assurer la sécurité et la confiance de leurs sociétaires. DID appuie aussi ses partenaires dans la conception et la mise en application des politiques internes notamment les conditions d’agrément et les principales règles de fonctionnement. C’est ainsi qu’il a appuyé la mise en place de la cellule AT/CPEC au Sénégal.

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• Le rôle de l’AFD Elle effectue plusieurs opérations visant à promouvoir le secteur de la microfinance pour faciliter son accès aux ressources financières en lui dotant de bonnes pratiques, fiables et reconnues par les bailleurs de fonds. Elles sont variées et objectives. -L’AFD appuie la consolidation d’IMF existantes Ce type d’intervention est adaptée dans les pays où la microfinance est déjà développée, et pour répondre à des besoins spécifiques de l’IMF ou d’un groupe identifié. La stratégie peut être triple :

1) appuyer et sécuriser l’extension d’IMF ayant fait leur preuve vers d’autres clientèles ou régions ;

2) appuyer la diversification des produits ou des types d’activité financés par les IMF. Cela concerne notamment le développement d’une épargne longue, du crédit moyen terme ou du crédit à l’agriculture ;

3) appuyer la mise en place de mécanismes financiers favorisant l’articulation et la coopération entre institution ou avec le système bancaire mais aussi l’amélioration de la structure financière et de la sécurité de leur exploitation (accès à des ressources en monnaie locale, développement en fonds de garantie, dotations en fond propres, participation au capital…°

-L’AFD appuie la création d’IMF Les situations où il existe un cadre institutionnel minimum et une volonté politique d’appuyer développement de ce secteur doivent être privilégiées pour la création d’institutions. Au plan technique, la création d’IMF gérées au niveau régional est privilégiée pour des raisons de capacité de gestion, même si certains services peuvent être regroupés ultérieurement au niveau national. Au cours des premières années des instruments de gestion simples mais professionnels doivent être mis en place. Ceux-ci doivent être évalués au courant du projet et à sa clôture. Au plan juridique et institutionnel, même si l’institution en cours de création ne peut rentrer immédiatement dans les dispositions juridiques et réglementaires nationales ou lorsque celles-ci sont incomplètes, le projet doit démarrer avec la reconnaissance des autorités de contrôle de l’activité financière. Enfin si la professionnalisation de l’institution est un processus long (formation et responsabilisation des cadres et administrateurs locaux…), il convient selon l’AFD à favoriser le positionnement rapide de l’opérateur en appui à l’institution et non en poste de direction. L’appui doit s’effectuer dans une logique d’entreprise au sein de l’institution. L’extension et la diversification des activités ne sont envisagées qu’une fois l’autonomie de l’institution atteinte. Par cette stratégie, l’AFD recherche une autonomie de l’institution.

• Le rôle de la GTZ (Coopération Allemande)

Elle constitue le volet technique de la coopération technique de la coopération Sénégalo Allemande. En étroite collaboration avec le volet financier, elle intervient dans le cadre de la mise en œuvre de la Lettre de politique sectorielle de la microfinance (LPS), en s’impliquant dans la promotion du secteur à travers les actions suivantes :

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• appui à la création d’IMF commerciales sous forme de société anonyme (S.A), en vue de l’amélioration et de la diversification de l’offre de produits financiers et de services ;

• appui à la mise en place de mécanismes visant à favoriser le financement des IMF par les banques, l’objectif poursuivi par la LPS étant entre autres l’articulation des IMF commerciales avec les banques et leur intégration progressive aux marchés financiers.

Pour améliorer les performances du secteur et intégrer les bonnes pratiques de management, les agents de la coopération allemande proposent des formations aux entrepreneurs et aux gestionnaires d’IMF aussi. Grâce à la médiatisation que connaît le secteur, le financement de la microfinance fait de plus en plus l’objet de convoitise au niveau des bailleurs. Ce qui pousse certains auteurs à se poser la question de savoir si « les institutions financières internationales sont en train d’évincer de la microfinance les investisseurs privés ? »25 La capitalisation croissante du secteur constitue un sujet d’étude sur lequel il serait intéressant de se concentrer. Pour l’instant, voyons quelles sont les stratégies que l’Etat Sénégalais et de ses partenaires au développement économique ont mis en place pour la réduction de la pauvreté et qui sont en faveur de l’entrepreneuriat. Et quelle rôle y joue la microfinance ou quel rôle pourrait-elle y jouer si elle n’est pas incluse dans un programme donné?

2. Les stratégies de développement mises en œuvre par l’état et ses partenaires internationaux pour faciliter l’accès aux services financiers décentralisés

Elles sont générales et spécifiques.

a. Les stratégies générales des institutions publiques Le rôle des PME dans la croissance et la réduction de la pauvreté est reconnu au Sénégal, en raison de leur apport dans l’économie nationale. L’état retrace un certain nombre de stratégies avec ses partenaires dans divers documents ayant pour objectif le développement économique à travers l’encadrement des PME, pour leur faciliter ainsi l’accès au financement. C’est le cas du document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP), des objectifs du millénaire pour le développement (OMD), de la stratégie de développement du secteur privé (SDSP), du programme intégré de l’ONUDI et de la stratégie de croissance accélérée (SCA). Au niveau sous régional, le nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) accorde une importance particulière à la promotion des PME dans le domaine prioritaire de l’accès au marché. De même l’UEMOA et la CEDEAO s’en imprègnent pour en faire un élément moteur de développement économique ; notamment à travers la directive sur le financement et le développement des PME et les accords de partenariat (APE)26.

• Les axes stratégiques concernant la promotion des PME Elles tournent autour de : -l’amélioration de l’environnement légal et réglementaire pour créer un cadre propice à la promotion et au développement des PME ;

25 BIM n°-10 avril 2007 26 ADEPME, Sénégal

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-l’information et à la communication pour rendre accessible les données sur les PME (principal soucis des banques, IMF et bailleurs de fonds), -l’accès au marché par la compétitivité des entreprises et la formation des entrepreneurs ; -la mise en place de produits financiers adaptés aux besoins des PME pour faciliter la création, le développement et la restructuration de leurs activités, -la promotion et le développement des activités de soutien aux PME ; -le renforcement du cadre institutionnel pour le pilotage, le suivi et l’évaluation des projets et programmes ainsi que l’encadrement, -du programme de consolidation du fonds national de promotion de l’entrepreneuriat féminin pour faciliter l’accès des femmes au financement, -du programme de consolidation du fonds d’impulsion de la microfinance pour le renforcement des mutuelles d’épargne et de crédit, -la création d’une banque des PME, -du programme de renforcement du marché des services aux entreprises, -du montage d’un projet intégré pilote pour la transformation des fruits et légumes -la mise en place d’un fonds d’appui à la «cellule entreprise en difficulté», -du programme de promotion et de développement des micros petites entreprises (MPE) rurales, -du programme de facilitation de l’accès au marché pour les femmes. En dehors des programmes et des stratégies, des structures ont été créées pour faciliter leur mise en œuvre.

• Les structures d’appui aux PME Le Sénégal s’est enrichi de la création d’un ministère des PME, de l’entrepreneuriat féminin et de la microfinance. Le gouvernement est conscient que l’accès au financement des entreprises est facilité par l’intégration e la microfinance. Ce département ministériel a pour mission de: • favoriser la création de PME et PMI notamment dans le secteur des services, de

l’industrie, de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche et des NTIC ; • conduire les politiques de mise à niveau des PME et PMI ainsi que de leur

environnement en vue d’assurer leur intégration dans l’économie sous régionale et internationale,

• élaborer et mettre en œuvre des stratégies pour le développement de programmes de promotion de la qualité à travers la diffusion de la culture de la qualité, du respect des normes et de l’intégration de la certification ;

• développer les actions permettant d’aider les femmes entrepreneurs, ainsi que celles souhaitant créer leur entreprise ;

• favoriser la formation des femmes chefs d’entreprises, notamment en matière de finances, de crédits, de comptabilité, de commerce national et international.

• En rapport avec le ministère de l’économie et des finances, des actions sont concertées. Et ce dernier est chargé de :

• veiller à l’exécution et à la gestion des lignes de crédits destinés aux femmes entrepreneurs, ainsi qu’à la formation des populations cibles ;

• veiller à la promotion et au développement de la microfinance, à l’exclusion des mutuelles qui sont du ressort du ministère chargé de la famille,

• favoriser la participation de institutions bancaires et du système financier décentralisé (SFD) à une politique de développement de la microfinance.

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Le ministère des PME, de l’entrepreneuriat féminin et de la microfinance comprend trois directions :

ü La direction des PME ü La direction de l’entrepreneuriat féminin ü La direction de la microfinance

Il assure la tutelle de l’agence de développement et d’encadrement des PME (ADEPME). Dans le cadre de ses activités, il collabore avec l’agence de promotion de l’artisanat (APDA), des partenaires au développement, des mutuelles d’épargne et de crédit, de l’agence sénégalaise de normalisation…etc. Plusieurs stratégies s’inscrivent dans l’horizon 2005-2010. Il s’agit :

ü d’améliorer la visibilité des PME ü d’améliorer leur viabilité et leur compétitivité ü d’assurer l’attractivité de leur environnement.

Il existe même une loi d’orientation des PME, qui s’articule elle aussi autour de leur promotion et de leur développement, notamment à travers:

ü la définition de la PME ü les dispositions relatives au financement ü les fonds d’aménagement régionaux ü l’accès aux marchés publics ü le rôle des collectivités locales ü l’allègement et les dispositions d’ordre fiscal ü le rôle des organisations patronales ü le plan de formation des effectifs PME ü les obligations des bénéficiaires de mesures d’aides ü les obligations légales et fiscales.

En plus des stratégies que l’état a mis en œuvre pour asseoir la viabilité et la pérennité des PME afin de leur faciliter l’accès au financement et au partenariat, il existe d’autres stratégies mises en place à travers les programmes de développement.

b. Les stratégies spécifiques initiées par des programmes de développement Les principales sont : la stratégie du développement économique local (DEL) et celle de l’approche « Nucleus »27.

La stratégie de développement local Elle a pour objectif de stimuler l’économie locale et régionale pour renforcer la compétitivité et la capacité d’emploi des entreprises sur place. Pour cela, les activités du DEL créent des opportunités d’échange d’expérience entre les communautés des entrepreneurs et leurs associations professionnelles d’une part et l’administration et les structures d’appui d’autre part. Les contraintes du développement locales sont identifiées et les discussions entre ces différents acteurs vont permettre de trouver des solutions en commun accord. L’initiative de la ville de Pikine, une banlieue Dakaroise en est un exemple.

27 ADEPME, Sénégal

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En effet, il s’agissait de voir quels sont les problèmes qui entravent le climat des affaires de cette ville. L’initiateur est la coopération allemande avec son programme de promotion de l’emploi des jeunes en milieu urbain (PEJU). Des réunions avec l’administration locale et des entrepreneurs ont eu lieu et ont permis de dégager les contraintes qui tournaient autour de deux principales : -L’environnement réglementaire local : il est marqué par

♦ des procédures administratives lourdes et lentes ♦ une méconnaissance des dispositions sur la fiscalité ♦ le coût qu’elle génère est élevé ♦ une insuffisance des informations sur les marchés communaux ♦ un difficile accès au foncier et une insécurité foncière pour les entrepreneurs ♦ une déficience de la mobilité urbaine

-La fourniture de services aux entreprises : quant à celle-ci, elle tourne autour :

♦ d’un absence d’informations économiques sur les entreprises existantes et les créneaux porteurs

♦ d’une inadéquation de la formation des jeunes par rapport à l’emploi ♦ d’un absence d’opportunités liées aux marchés publics communaux pour les

micros PME locales ♦ d’un manque de structures d’appui (en matière de financement, d’information

et d’encadrement) ♦ d’un absence de guichet unique pour la formalisation des micro entreprises ♦ d’un absence de politique marketing ♦ d’un déficit d’infrastructures économiques et d’accès à la technologie pour les

entreprises locales.

Les participants ont par la suite mis en exergue les actions qu’il urgeait d’entreprendre. Trois principaux domaines en sont ressortis :

o L’appui à la formation et à la qualification des jeunes o Faciliter l’accès aux marchés en promouvant la communication o Des incitations financières en se basant sur la fiscalité locale

Pour notre part, il serait intéressant d’impliquer les mutuelles de crédit et d’épargne pour rendre plus accessible le financement aux PME de la localité de Pikine. Cependant ces actions (formation, communication et promotion) sont préalables à toute demande de financement. En dehors de la stratégie visant le développement local, il existe une autre stratégie spécifique, qu’est celle de l’approche « Nucleus ».

La stratégie de l’approche « Nucleus » Ce concept est basé sur le besoin de création d’une synergie entre différents membres d’un groupe afin de stimuler le développement des entreprises dont ils proviennent. Le Nucleus est avant tout un groupement de professionnels d’un même secteur ou ayant les mêmes intérêts ou problèmes28.

28 www.nucleussl.com

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Au Sénégal, le Nucleus est un cercle d’entrepreneurs à l’intérieur d’une chambre des métiers, chambre de commerce ou d’une association professionnelle, modéré et assisté par un conseiller ou facilitateur, employé de la chambre. Son objectif est de mobiliser les PME membres (des différentes chambres énoncées ci-dessus ou des organisations professionnelles visées) et de stimuler leur demande en développement organisationnel. Au sein des Nuclei, les membres cherchent à identifier les problèmes du secteur et à trouver des solutions. Le but de cette démarche étant l’incitation des PME à être autonome et à être réactives et préventives à la fois. On sait que dans les PME Sénégalaises, la notion d’anticipation est presque inexistante. Cette approche bouleverse la donne et va permettre a es dernières d’anticiper leurs besoins financiers en passant par ceux organisationnels. Les instruments par cette approche sont les suivants :

♦ Socialisation des membres ♦ Création de réseaux pour les épouses des entrepreneurs ♦ Introduction de méthodes participatives de formation, de travail en groupe et

d’échange de bonnes pratiques ♦ Offre de services de conseils au sein des ateliers ♦ Promotion de la formation continue et pratique des entrepreneurs et de leur

staff. Les agences de coopération et l’Etat à travers ses structures d’appui aux PME et ses ministères permettent de mettre en place un tissu économique formel t favorable à l’économie Sénégalaise. L’encadrement et la formalisation de la PME sont mis en avant, mais les politiques qui leur sont assignées sont récentes. Et la majorité n’a visé que très tard aussi l’implication nécessaire des IMF dans le financement et la formation de leurs clientes PME. Auparavant, les agences de coopération internationale y étaient plus actives. Encore faudrait que celles-ci accordent un prêt à une structure formelle organisée et fiable. En attendant de voir quels sont les fruits que les politiques de promotion et d’encadrement de la PME vont donner, on a voulu démontrer que la microfinance est pour l’instant le secteur le plus approprié en matière de développement de l’entrepreneuriat. Il ne faut pas oublier que ce secteur est appuyé par un certain nombre de bailleurs et d’acteurs au développement économique. L’état a mes en œuvre une lettre de politique sectorielle pour la microfinance. Celle-ci pourra jouer un rôle important dans la promotion des PME. Cependant, le secteur connaît des contraintes qui pourraient remettre en cause son efficacité et son adéquation vis-à-vis de la structure PME au Sénégal.

3. les contraintes inhérentes à la microfinance au Sénégal

Elles tournent autour de la réglementation, du refinancement et des moyens utilisés pour le fonctionnement du secteur de la microfinance.

a. La réglementation, un poids incontestable pour le renforcement financier Elle concerne les PME et les IMF.

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-Au niveau PME

Selon Laurent Lhériau (novembre 2005), le passage d’une micro entreprise individuelle à une PME, et implique sa formalisation et donc plusieurs évolutions dans l’organisation de l’entreprise :

Ø -à un stade, il n’est plus possible de se fondre dans le maquis fiscal du secteur informel, hors la TVA et impôt sur les bénéfices. L’entreprise devient trop visible et franchit les seuils d’assujettissement et doit donc entrer dans la fiscalité du secteur moderne ;

Ø -l’augmentation des besoins de financement conduit le bailleur ou l’IMF à demander des documents comptables aux normes et à créer les conditions d’une séparation claire entre le patrimoine de l’entreprise et de celui de la famille du « patron », avec des conséquences en termes de création d’une personne morale ;

Ø -le développement de l’activité implique un développement des ressources, et là aussi passé un certain stade et un niveau de compétences des salariés, il devient nécessaire de s’insérer dans la législation sociale (code du travail, sécurité sociale) ;

Ø -les évolutions ci-dessus impliquent une augmentation des compétences et en premier lieu celles de l’entrepreneur principal. L’accès aux services manquants concernant la gestion de la réglementation peut s’avérer nécessaire dans certains cas.

Outre les conséquences organisationnelles que la réglementation implique à travers la formalisation des PME, celle-ci a un impact considérable sur les IMF.

-Au niveau IMF La réglementation s’inscrit dans le cadre de la loi PARMEC, pour l’ensemble des pays de l’UEMOA. Les IMF jugent ses conditions contraignantes. Certains auteurs mettent en lumière le coût qu’une réglementation et qu’une supervision impliquent tant au niveau des autorités de tutelle (la cellule AT/CPEC au Sénégal) qu’au niveau des IMF elles-mêmes. Au-delà des coûts financiers, la réglementation peut devenir un frein à l’innovation en introduisant une série de règles limitatives, notamment au niveau de la restriction du développement de certains modèles alternatifs au modèle coopératif. Elle peut même devenir un frein à la pérennité des IMF : une fois le processus de réglementation enclenché, le plafonnement des taux d’intérêt au nom de la défense des petits emprunteurs devient souvent nécessaire à la politique des autorités de tutelle, bien que cet aspect ne soit pas prévu initialement pour un certain nombre d’IMF. Les conditions liées à l’agrément (notamment l’ouverture de nouvelles caisses) empêchent le développement du secteur. En effet, le nombre de caisses détenues témoignent de la solidité financière des IMF (cf. partie 2 de notre étude pour les caisses détenues par les leaders) et la restriction liée à la croissance des IMF remet en cause même leur viabilité. Cependant, la réglementation devrait tenir compte des contraintes financières qu’elle implique. Elle pourrait être allégée pour permettre au secteur de la microfinance d’évoluer sans entrave. Dans certains, elle est importante pour les pays de l’UEMOA comme le Sénégal, parce que ces derniers sont caractérisés par l’informalité de leurs secteurs d’activités économiques. En effet, la réglementation a permis la professionnalisation de plusieurs secteurs notamment celui

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de la microfinance. Ce qui favorise l’enregistrement de leurs retombées au niveau du PIB, et permettra leur prise en compte dans la croissance économique. En dehors de l’aspect juridique, les aspects organisationnels présentent des insuffisances qui constituent des handicaps pour la microfinance.

b. Les autres faiblesses des IMF Sénégalaises et de leurs clients Il faut noter qu’au Sénégal, on dénombre 833 IMF en 2005, alors que ces dernières n’étaient que de 18 en 1993 selon le ministère des PME, de l’entrepreneuriat féminin et de la microfinance.

L’insuffisance des infrastructures dans la gestion des IMF naissantes Plusieurs IMF ne peuvent se développer à cause de leur manque de moyens. Seules les plus viables bénéficient de financement, parce qu’elles présentent le moins de risques. Les leaders (CMS, UM-PAMECAS, ACEP…) sont les plus visées. En matière organisationnelle, elles disposent de moyens de gestion adéquate. Comme on l’a démontré dans notre deuxième partie avec l’aide des organismes de notation, elles sont rentables, elles disposent de personnel et de système d’information adéquats dans le management des caisses. Ce qui facilite leur contact avec les populations locales. Néanmoins, il existe des IMF informelles qui ne disposent pas encore de structures organisationnelles viables. Celles-ci ne sont pas dans le système formel de la microfinance, ainsi plusieurs informations relatives à l’appui technique et financier de la part des bailleurs de fonds leur échappent. L’asymétrie de l’information, ne leur est point favorable. C’est pourquoi la cellule d’assistance technique aux caisses populaires (AT/CPEC) a été créée pour permettre aux IMF informelles de s’intégrer dans le système reconnu et accessible aux bailleurs. Mais cela ne suffit pas, l’acquisition d’un statut juridique reste l’objectif de cette structure étatique mise en place avec Développement International Desjardins (DID), une agence Canadienne de développement des caisses populaires, basée à Québec. Le manque d’infrastructures techniques, de ressources humaines bien formées et de financement handicape plusieurs IMF devenues formelles. Elles sont dans l’ombre car leur manque d’expansion au niveau national les empêche d’être reconnues à l’instar des leaders qui ont su s’implanter grâce aux moyens adéquats dont elles disposent. Cependant ; les taux d’intérêt élevés que les IMF pratiquent pourraient remettre en cause leur pérennité si on considère que les taux constituent une dépense supplémentaire pour les plus pauvres et les entrepreneurs.

Les taux d’intérêt Dans un système de financement décentralisé, le taux est fixé en fonction de plusieurs variables29, à savoir :

• Le coût de l’argent Les fonds proviennent dans la majorité de l’épargne collectée ou du refinancement auprès d’autres institutions financières (banques commerciales, banques de développement, agences de coopération …). Cependant, certains bailleurs exigent une rémunération des fonds prêtés trop élevés. Plusieurs IMF ont dénoncé le niveau des taux, jugés très élevés. Ce qui a amené certaines d’entre elles à créer leur propre banque, c’est le cas du CMS et de ses partenaires sous régionaux (Jemini) et internationaux (CICM) avec la création de la BIMAO.

• Le coût du risque

29 Zoom microfinance n°9, Février 2003

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Il concerne le non remboursement des capitaux prêtés, Ce coût est plus ou moins réduit selon la qualité des garanties exigées (garanties matérielles, solidaires, avals, location-vente de matériel, stock de denrées…). Celles-ci constituent souvent un facteur déterminant du niveau d’accessibilité du crédit. Cependant, il n’est pas évident de démontrer que les garanties de qualité ont une influence positive sur le coût de l’argent.

• Le coût de gestion du crédit Ce coût comprend les frais de structure du SFD. Il varie en fonction du des dépenses d’exploitation de l’institution et de son efficience. On reconnaît en général que l’existence d’une concurrence entre IMF un effet favorable sur ce facteur et en définitive pour le client. Il faut montrer qu’au Sénégal, la concurrence n’est pas encore bien implantée bien qu’il existe un nombre important d’IMF ( 833 en 2005). Les leaders ne dépassent pas la dizaine. Pour notre étude, on en a choisi les trois meilleurs (CMS, PAMECAS et ACEP). Dans ces structures de microfinance, l’épargne y est faiblement rémunérée. Les coûts de refinancement (élevé pour les IMF) et d’administration constituent souvent la charge la plus considérée de détermination des taux pratiqués. Ceci est renforcé par le fait que les bailleurs de fonds souhaitent limiter les subventions aux IMF. Ce qui contribuent à maintenir les taux moyens à un niveau relativement élevé (2 à 3% par mois). Les Taux pratiqués par les leaders au Sénégal

Source : groupe de réflexion sur la mésofinance, PRIME, ESF, AFG Et la maîtrise du risque passe par l’exigence de garanties qui ne sont disponibles à cause des niveaux de revenus de certains clients.

Les garanties exigées aux clients et par les bailleurs de fonds

Les garanties concernent à la fois les clients des IMF et les IMF elles-mêmes vis-à-vis des institutions de refinancement (les bailleurs privés ou publics…)

• Aux clients Elles sont diverses et variées et tournent autour de sûretés réelles personnelles. Elles tournent autour des hypothèques, du nantissement, du cautionnement solidaire, de gage de bijoux…etc. Les sûretés assurent l’exécution des obligations du débiteur et les risques d’impayés. Le choix des garanties dépend du type de crédit consenti. Les crédits de groupe reposent sur le principe de cautionnement solidaire et aucune garantie réelle n’est demandée. Ils s’adressent plus aux groupements, GIE et organisations. Malgré les difficulté de réalisation de cette sûreté personnelle et la propension connue des impayés, cette forme de garantie est la plus utilisée en milieu rural. Les crédits individuels, quant à eux exigent la constitution de garanties réelles et parfois de garanties personnelles.

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Le système de garanties mis en œuvre par les institutions mutualistes doit cependant faire l’objet d’une réflexion approfondie. Les garanties formelles (nantissement, gage, warrant (garanties sous forme de stock), hypothèque, cautionnement, aval,…etc.), telles que prévues par l’acte uniforme portant organisation de sûretés (Traité de l’OHADA) sont difficilement exigibles compte tenu de la nature des promoteurs et de la complexité des problèmes fonciers au Sénégal. Il faut aussi noter que certains ne sont pas en mesure d’octroyer les garanties exigées du fait de leur situation financière ou de leur niveau de vie. Ce qui remet en cause l’objet même des IMF, qui est l’inclusion financière des personnes physique ou morale exclues du système bancaire, si ces dernières ne parviennent pas à satisfaire les besoins de leurs clients. Cependant, il faut clarifier que les activités de consommation n’exigent pas des garanties élevées dans certains cas. Ce sont les activités de production qui souffrent le plus de l’exigence de garanties. Parallèlement, des garanties peuvent être exigées par les bailleurs de fonds lors du refinancement des IMF.

• Par les bailleurs Il s’agit d’une forme d’assurance mobilisée par les IMF pour convaincre le prêteur, ou pour obtenir des conditions de refinancement plus avantageuses. Elle permet aussi de couvrir le risque relatif au défaut de paiement d’un emprunt contracté par une IMF auprès d’une banque commerciale ou par un organisme tiers interne ou externe (fonds de garantie). Elle paie une prime pour cette assurance pour accéder facilement au crédit. Ce système a été mis en œuvre par les bailleurs de fonds pour démontrer la solvabilité des IMF. L’objectif est de long terme et veut une intégration de ces structures dans le système classique de financement. Selon une étude du CGAP (consulting group assisting poors), les enjeux principaux de la garantie sont les suivants : -permettre le prêt d’une banque locale à l’IMF. Sans la garantie, dans la plupart des cas, la relation n’aurait pu être établie ; -faciliter l’accès des IMF aux prêteurs internationaux de plus en plus; -faciliter l’accès à un prêt en monnaie locale. Dans ce cas, si la garantie est libellée en devise et le prêt en monnaie locale, la garantie prend en charge non seulement le risque de défaut de paiement, mais aussi le risque de change ; -contourner des contraintes réglementaires liées au risque de change et à la notation. Plusieurs acteurs considèrent que cette garantie peut disparaître dès lors que l’IMF devient solvable. Il sera ainsi favorable à l’IMF que les relations de refinancement se poursuivent sans garanties. Cependant le risque qu’elle présente est la raréfaction des sources de refinancement disponibles pour les IMF. En effet, les garanties représentent un surcoût pour ces dernières, qu’elles ne seraient pas prêtes de payer si elles disposaient de moyens plus abordables. Et la majorité des banques ne sont pas disposées à octroyer un prêt à l’absence de garanties. Le risque ne peut être couvert à leurs yeux que par des garanties. D’autre part, vu le coût occasionné par ces dernières, les IMF se mettent à la recherche de sources alternatives de refinancement. Elles vont jusqu’à créer leur propre banque. C’est le cas du CMS, qui a mis en place la BIMAO avec ses partenaires sous régionaux et internationaux (le centre international du crédit mutuel (CICM). Le problème est qu’au lieu que les relations entre banques et IMF s’agrandissent, celles-ci se creusent. Certains bailleurs prennent la position des banques et peuvent être écarté de leur objectif de financer des activités pourtant porteurs. L’aversion au risque est variable d’un apporteur de fonds à un autre fort heureusement. Sinon, les IMF auraient bien du mal à trouver du refinancement face à la croissance du secteur. Le facteur risque reste la principale problématique du secteur de la microfinance.

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Le facteur risque ou incertitude

Selon Baumann et Servet30, les IMF ne sont pas à l’abri de risques et d’incertitudes. Ces auteurs ont trouvé que ces risques pouvaient tourner autour des aléas subis par les clients. La viabilité des institutions pouvant être affectée en cas d’insolvabilité des clients. Elle dépend aussi de la capacité de ces derniers à cotiser, à épargner et à rembourser. La confiance qu’ils ont en leur institution est un facteur fondamental dans leur décision de retirer leurs dépôts ou d’épargner de façon régulière. Ceci renvoie à la notion de construction des liens de confiance entre les IMF et leurs clients pour minimiser les risques de déviance (recours à une autre IMF) ou de défaillance (impayés). Ce qui légitime la mise en place de moyens sécuritaires. Ceci concerne aussi les liens entre le bailleur et l’institution, les garanties étant plus ou moins importantes en fonction du niveau de risque anticipé. D’autre part, les IMF peuvent faire face à un risque de change dans leur quête de financement étranger. En plus, Servet et Baumann constatent que face à la montée en puissance de la commercialisation de la microfinance, celle-ci pourrait faire face à un risque : celui d’être renié après l’importance dont elle a fait montre dans les programmes de développement et de réduction de la pauvreté. Tout le monde s’empare de la question et les IMF ont de plus en plus accès à des investissements dont l’objectif est loin sans faux la rentabilité et non la réduction de la pauvreté. Le danger est que le nouveau marché qui s’ouvre à elles pour leur refinancement, notamment celui des investisseurs traditionnels exige des rendements élevés, dépassant le court terme. Ainsi la médiatisation de la microfinance pourrait attirer des bailleurs sans scrupule : elle intègre de plus en plus l’aspect capitalistique et non humanitaire. Cependant le nouveau visage capitalistique de la microfinance pourrait être favorable au secteur. Les fonds seraient facilement accessibles et la concurrence s’en trouverait élargie. Les clients pourraient avoir accès à un nombre important de produits grâce à l’innovation qui en émanerait. Encore faudrait-il qu’il existe une centrale des risques pour ne pas aboutir à une défaillance systémique qui proviendrait de l’usage abusif des fonds proposés. La viabilité et la pérennité du secteur s’en trouveraient remises en cause. Pour éviter ces écueils, on va essayer de voir comment est-ce qu’on pourrait renforcer le secteur de la microfinance au Sénégal pour que ses retombés soient profitables aux acteurs locaux et internationaux.

30 Institut de recherche pour le développement (IRD), Editorial n°44, Risques et Microfinance

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Chapitre 3

Comment améliorer davantage le secteur financier Sénégalais à travers la microfinance pour mieux établir les bases saines du développement économique? Pour ce faire, on va voir comment les acteurs de la microfinance doivent agir à travers les rôles qui leur sont assignés.

I. L’Etat et des agences coopération internationale, stabilisateurs des environnements économique et financier

Ils constituent les précurseurs de l’évolution du secteur financier Sénégalais. On a pensé qu’il serait favorable de les impliquer en premier.

1) Pour une lutte contre la « rivalité » financière de l’état vis-à-vis des institutions financières et des PME

Les états de l’Afrique de l’Ouest ont toujours été dénoncés du fait de leur implication dans le système bancaire pour bénéficier d’apports financiers leur permettant de réduire leur déficit public, tout en bénéficiant des moyens offerts par la banque centrale (BCEAO). Ils usent des moyens octroyés aussi par les Banques de développement plusieurs projets mis en œuvre par ces derniers bénéficient de financement sans porter leurs fruits ou sans même voir le jour. L’état Sénégalais devrait s’engager dans la lutte contre « la rivalité financière » que les états de l’Union mènent avec les entreprises, qui sont les vecteurs du développement économique alors que la vocation des projets étatiques est le plus souvent social et non économique. Il peut impliquer les acteurs financiers comme les banques et les IMF à lutter contre la précarité sociale en exigeant des résultats. Le rôle de l’état devrait se limiter à la restauration de la confiance pour certaines banques. En plus il doit les orienter vers les réalités sociales et les pousser à en tenir compte lors de la mise e place de leurs politiques de crédit et de collecte de l’épargne. Sur ce point, il peut favoriser les relations Banques-IMF pour lutter contre l’asymétrie de l’information qui existe au niveau du secteur financier Sénégalais.

2) Pour une considération du secteur informel Au niveau organisationnel, l’informel n’est pas à bannir mais à intégrer. Il constitue la base de l’économie Sénégalaise, avec rappelons le, 60 % de sa population active. Le secteur est à réformer et la population n’a pas conscience des méfaits qu’il a sur l’image internationale du pays. Des campagnes de sensibilisation pourraient être organisées pour les informer, comme l’état et ses partenaires du développement l’ont fait pour la lutte contre le Paludisme ou le Sida. Le fait de prendre conscience de nos maladies économiques (endettement, manque de financement des activités économiques, corruption, lourdeurs administratives, manque de garanties, inflation, taux d’intérêt élevés…), nous permettrait de trouver des solutions adéquates à nos réalités. Par contre, le fait de les importer et de ne pas faire l’effort d’adapter les solutions du Nord de façon adéquate, ne fera que qu’aggraver notre situation économique, sociale et financière. Les agences de coopération devraient refuser que les programmes soient uniquement l’affaire de l’état, mai ils devraient constituer l’affaire de tous. En plus elles doivent considérer les

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réalités socio-économico-cuturelles du Sénégal. En insistant de nouveau, l’importation de modèles économiques et financiers d’autres pays ne feraient que remuer le couteau dans la plaie. Cela pourrait impliquer d’autres problèmes structurels. Le diagnostic sur le terrain est une méthode simpliste, mais d’une grande efficacité pour trouver des solutions adéquates à la population visée.

3) Pour une incitation fiscale des PME et un allègement de la réglementation du système financier décentralisé

L’état doit veiller à l’adéquation entre les réglementations bancaire et financière avec les traditions sociales et culturelles. Il pourrait par exemple alléger les charges fiscales pour les intermédiaires financiers qui mettraient leurs outils en adéquation aux réalités socio-écomiques du Sénégal. D’autres part, la fiscalité des PME est lourde et implique une persistance du secteur informel. En effet les PME informelles n’auront pas comme finalité de devenir formelles si elles voient que leurs coûts augmentent, notamment ceux liés à l’immatriculation, aux démarches administratives et à l’impôt. Encore faudrait-il qu’elles soient informées de l’existence et de l’intérêt de telles démarches. L’allègement de la réglementation pour les PME et pour les IMF serait favorable à celles-ci et l’économie Sénégalaise. Les agences de coopération devraient exiger un effort fiscal de la part du gouvernement avant la mise en place des programmes de développement visant les PME. Cela pourrait permettre une efficacité de leurs politiques, puisqu’elles ne pourraient voir ceci se concrétiser que si le secteur informel rétrécit. En effet beaucoup de bailleurs de fonds ne peuvent pas avoir accès à ce type de marché puisque le risque y est très élevé, voir même non quantifiable.

4) Pour une autonomie des structures d’appui publiques Les structures d’appui ne sont pas autorisées (pour l’instant) à effectuer des études sectorielles pour permettre aux banques et aux IMF d’avoir accès aux informations relatives aux PME qu’elles pourraient financer. Le manque d’informations pertinentes empêche ces dernières à considérer l’importance du renforcement financier et de son intérêt économique. Elles ne s’engageraient pas à effectuer des études pour neutraliser l’asymétrie de l’information, ce qui leur coûterait cher et exclurait un certain nombre de PME. Autonomiser les structures d’appui au service des PME permettrait de remédier à cette insuffisance. Encore faudrait-il penser à une privatisation prochaine de ces dernières ?

5) Pour une orientation des bailleurs de fonds vers les secteurs porteurs Cette recommandation est conditionnée par la réussite de la lutte contre les pratiques informelles. Certes le secteur formel peut être quantifié et approché, mais il existe des niches qui ne sont pas encore exploitées faute de moyens. Les ressources humaines sont au rendez vous, mais les capacités de production font défaut. Si l’état pouvait communiquer sur les pratiques à avoir pour attirer les bailleurs de fonds, cela permettrait l’émergence d’activités restées jusqu’ici dans le noir. Les structures d’appui essaient d’aller vers ce sens, mais il y’a un manque de dynamisme et les études sur le terrain manque énormément, notamment sur l’économie parallèle. Comment pourrait-on alors l’éradiquer, si son existence est notée, mais non prise en charge ? Notons qu’il ne s’agit en aucun cas de mener des politiques de répression contre des marchands ambulant qui gagnent leur vie et ne sont pas dans la délinquance. Il s’agit

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simplement de les informer sur la nocivité de leurs activités dans l’économie Sénégalaise, et sur la possibilité d’être pris en charge tout en améliorant leurs activités. Encore faudrait-il que l’état prenne conscience du facteur important de la communication avec la population avant la mise en place de programmes qui ne seront perçus que par des « intellectuels », sachant que la population Sénégalaise compte plus de 70% d’analphabètes. Les moyens de communication visés pourraient être des sketchs à la télévision et des campagnes de sensibilisation, les programmes de santé les ont bien intégrés. Et pourquoi les programmes de développement n’en feraient pas autant ? II. Les Banques classiques et les IMF, accompagnateurs financiers incontournables

des PME

1) Pour un partenariat entre banques et IMF Certaines banques effectuent du Dowscaling, c'est-à-dire qu’elles adaptent leurs produits à une cible prédéterminée. C’est le cas de la CBAO (Sénégal) qui a mis en place un service dédié à la microfinance. Le but de cette dernière est de se tailler une part de marché dans le secteur ou les banques sont « exclues » du fait de la concurrence forte des IMF. Certaines vont jusqu’à collaborer avec des IMF pour récupérer les clients qui ne peuvent plus bénéficier de financement du fait de la taille que leurs activités ont atteint. Les banques concurrencent à cet égard avec les IMF au niveau des clients qui auparavant étaient exclus du système bancaire, mais qui deviennent réintégrables du fait de leur évolution financière rendue possible par les dites IMF. Ainsi, les banques et les IMF devraient établir des politiques communes visant à assainir le système financier ensemble. En effet, cette tache n’incombe pas seulement les IMF antérieurement et les banques à posteriori. La concurrence que le système financier décentralisé (SFD) subit à ce niveau pourrait même remettre en cause les performances déjà notées du secteur de la microfinance d’une part. Ce qui serait dommageable, car le secteur bancaire rappelons le ne s’est pas basé sur les réalités socioculturelles et économico financières pour mettre en place ses politiques. Elles devraient s’imprégner des stratégies du SFD pour développer des produits adéquats. D’autre part, les IMF confient leurs dépôts aux banques classiques. Donc le développement du secteur de la microfinance ne permet pas réellement une concurrence des banques classiques, mais il lui favorable puisqu’il leur apporte des liquidités supplémentaires. Liquidités, qui ne pouvaient être reçues à cause du manque de structuration de certaines PME informelles et de la majorité des ménages Sénégalais. L’informel étant au cœur du système économique et financier. Parallèlement, les IMF ne doivent pas « dormir sur leurs lauriers», à cause des évolutions économique, financière, sociale, culturelle, politique et juridique. Elles ont été les premières à être capables à s’adapter dans un environnement non structuré et fortement risqué financièrement L’innovation financière leur a permis cette réelle adaptation. Elles sont dans un environnement fortement concurrentiel, où l’innovation en produits, en services, en outils de gestion sera inévitable pour conserver sa clientèle. Celles qui sont constituées en réseau devraient alléger leur procédure de gestion, rendue caduque à cause de la diversité des caisses fédérées. Les simplifier, reviendrait à conserver leurs clients et leurs employés. Les clients qui sont susceptibles de croître, doivent faire l’objet d’une étude prévisionnelle. C'est-à-dire que, pour les empêcher d’aller vers les banques pour assouvir leurs besoins financiers, qui ne peuvent pas être satisfaits par l’institution à laquelle ils ont adhéré, celle-ci doit effectuer des efforts d’anticipation des besoins de la clientèle. Cela pourrait s’effectuer en

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étudiant l’évolution des prêts accordés à un client type et ses capacités à rembourser sur une période donnée.

2) Pour une collaboration entre IMF Une IMF doit aussi être capable de nouer des partenariats avec ses concurrents au niveau national, international et au niveau de l’union pour s’imprégner des pratiques du secteur de la microfinance et pour ne pas être prise au dépourvu, vu la forte croissance du secteur. Elles pourraient renforcer leur regroupement au niveau des organisations professionnelles de la microfinance pour bénéficier d’allègements au niveau de la réglementation et au niveau des taux de leur refinancement. Le fait de constituer des groupes de pression au niveau national et international pourrait apporter des changements au niveau des pratiques financières qui ont toujours existé et qui ont toujours accompagne les banques. Cela pourrait constituer une révolution financière, qui doit être bien pensée et motivée pour lutter contre l’exclusion financière des populations pauvres. La mise en place de l’association professionnelle des institutions de microfinance d’épargne et de crédit du Sénégal (APIMEC) constitue un excellent début à cet effet.

3) Pour une diversification de l’offre aux PME et un dépassement du clivage Banque-IMF

Les besoins des PME sont divers et variés. Cependant, la majorité de leurs besoins satisfaits sont de court terme. Leurs besoins en investissement sont rarement financés. Les IMF ont du mal à retenir leurs clients qui grossissent. Les plafonds de crédits qu’elles ont fixés leur empêchent de financer des montants trop élevés. Ce qui fait l’affaire de certaines banques. Pourtant celles-ci n’ont pas mis en place jusqu’ici des stratégies visant à développer des produits pour la clientèle qui « s’évapore des IMF ». Les IMF doivent innover en matière de fidélisation de leurs clients et de nouveaux produits. Pour ce faire, leurs plafonds devront être révisés. Cependant, une collaboration entre banques et IMF comme on l’a déjà recommandé serait avantageuse. Le clivage entre banques et IMF doit être dépassé pour laisser la place un réel partenariat, pouvant aller jusqu’au partage même de base de données pour permettre aux «clients-IMF» susceptibles de progresser en mode «clients-banque» de le faire, ainsi qu’aux «clients-Banques» d’aller en mode «clients-IMF» s’ils ne peuvent pas remplir les conditions exigées. Les banques et les IMF doivent aider les PME à bien formaliser leurs besoins pour qu’elles y répondent bien. Ainsi, si l’objet du crédit est bien défini, cela favoriserait un recours excessif au crédit. Par exemple un besoin technique (en formation par exemple) ne devrait pas être camouflé par un besoin purement financier, sachant qu’un besoin technique s’accompagne d’un besoin financier dans le cas ou la formation n’est pas gratuite. Les structures d’appui publiques octroient des formations gratuites aux PME à cet effet. Ainsi, la dépense serait évitée.

4) Pour une mise en place d’une centrale des risques Il faut noter que les trois réseaux d’IMF (ACEP, CMS et PAMECAS) font chacun plus de 20 millions de FCFA de dépôt. Leur disparition équivaudrait à la disparition d’une banque selon l’étude menée sur la mésofinance du programme de renforcement institutionnel de la microfinance et de son environnement (PRIME) Ce qui pourrait entraîner des risques systémiques. La collaboration entre banques et IMF permettrait d’évincer ce risque. Au

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niveau des IMF, il y’a un manque de mutualisation des risques, ce qui n’est pas sans risque non plus. La collaboration entre banques et IMF pourrait permettre d’avoir plus de visibilité sur leur environnement technique, financier et juridique.

5) Pour une réforme de l’environnement financier La faiblesse du financement à long terme relève du fait que l’environnement financier Sénégalais est risqué dans un certaine meure. Le groupe de réflexion du PRIME pointe du doigt certains éléments de la réglementation qu’il est important d’améliorer pour la zone UEMOA. Il s’agit : -du taux de transformation financière fixé par la BCEAO (=100%, couverture exigée des emplois long terme par des ressources long terme) -des accords de classement -des ratios de portefeuille -du problème de l’utilisation des ressources à long terme -de la cherté du coût du crédit La considération de cette recommandation implique fortement la Banque centrale et l’ensemble des institutions financières de la sous région.

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Conclusion La promotion du secteur productif au Sénégal passe par la facilitation de l’accès au financement et à l’encadrement technique des PME ou TPE. En effet, les bailleurs de fonds sont prêts à financer les activités porteuses à la condition qu’elles sont non risquées et donc formelles. Or, la population active Sénégalaise est constituée de plus de 60% d’actifs informels. Les bailleurs rejoignent les banques dans leur niveau d’aversion au risque client. La question qu’on se serait tenté de nous poser est « qui va financer le secteur parallèle alors ». Les IMF ont su répondre à cette question, en mettant à la disposition des PME exclues du système financier classique par manque de garanties suffisantes, des services adéquats. Le fait qu’elles soient dans l’économie parallèle ou moderne importe peu. Ce qui amène certains auteurs à accuser les IMF de ne pas se soucier de l’objet des crédits qu’elles accordent. Ce qui augmente le niveau du risque perçu. Mais la microfinance s’est fixée comme objectif d’inclure financièrement les ménages. C’est pourquoi sa réussite s’est basée sur :

• La proximité géographique • La proximité psychologique (confiance mutuelle, culture…) • L’innovation (avec l’intégration des pratiques informelles)

Cependant, le secteur souffre de contraintes qui pourraient remettre en cause son efficacité en matière de financement des PME. Elles sont liées à la réglementation, aux taux de refinancement élevés et au manque d’infrastructures adéquates pour les IMF naissantes. Pour pallier à ces contraintes et favoriser la promotion du secteur, les agents de coopération appuient financièrement et techniquement les IMF. Ces dernièrement ont pu se développer grâce au transfert de soir faire dont les acteurs au développement ont pu leur apporter. Cela a permis d’éradiquer les pratiques informelles tout en les intégrant aux procédures de gestion des organisations. L’Etat Sénégalais a mis en place de son coté des structures d’appui aux PME et implique les services financiers décentralisés (SFD) dans ses projets de développement économique. Néanmoins la majorité des IMF font de plus en plus face à de nouvelles contraintes, à savoir l’évaporation de leurs clients PME en croissance vers les banques, le risque systémique qui pourrait provenir de l’inexistence d’une centrale des risques pour le système financier décentralisé, le déficit de moyens financiers adéquats à leur développement et l’insuffisance de leur présence au niveau rural du à l’enclavement de certaines régions Sénégalaises souffrant d’une défaillance d’un système de transport adapté. Ce dernier point mériterait une étude plus approfondie dans la mesure où ce sont les zones rurales qui constituent le bassin alimentaire du Sénégal. Et au moment où, le chef d’état maître Wade a lancé la Grande Offensive Agricole pour la Nourriture et l’Abondance (GOANA) et de la flambée des prix des denrées de première nécessité, il serait intéressant d’étudier comment la microfinance pourrait être réorientée vers le secteur agricole pour promouvoir l’autosuffisance alimentaire.

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Bibliographie Articles et études consultés

1) « La dimension bancaire et financière : facteur d’efficacité de l’entreprise en Afrique », Chekili et Saidane, Ed. AUPELF-UREF, Eurotext, pp. 81-95

2) « Adaptation des règles de gestion aux contraintes du financement informel »,

Bloy et Dupuis, Département Monnaie Finance Banque, Université Lumière Lyon 2, France, Ed. Aupelf-Uref, Eurotext, Paris pp 65-75

3) « Banque et croissance : examen critique et analyse en données de panels », Marc Hay, Université du Havre, Université de Rouen

4) Editorial « Encore très loin du compte » Madame Cissé ; « Magazine Microfinance et développement » ; janvier mars 2007, AFG

5) « Adaptation des règles de gestion aux contraintes du financement informel » ; Réflexion dans le cadre du contexte Africain ; E Bloy, C Dupuy, Département Monnaie Finance Banque, Université Lumière Lyon 2

6) M. Lelart « L’épargne informelle en Afrique : les tontines Béninoises» Revue Tiers monde, n°118, Avril Juin 1989, P280

7) King et Levine, « Liens de causalité entre développement financier et croissance économique », 1993

8) « Microfinance et développement économique : repères et évidences dans les pays de l’UEMOA », Trabelsi

9) « Microfinance et développement économique », Babacar Cissé, AFG, 1er Salon de la finance et de l’investissement, 25-27 octobre 2007

10) « La croissance économique et le développement financier ; le cas des pays d’Europe Centrale et Orientale », Ramona Jimborean, Septembre 2004

11) Eugène Kamalan, «Microfinance et Développement économique. Repères et évidences dans des pays de l’UEMOA », LEFI Université Lumière Lyon 2- 2èmes journées du développement du GRES « Quel financement pour quel développement », Bordeaux, 23-24 novembre 2006

12) « Analyse transversales des performances des IMLF Africaines », Juillet 2006, 1ère édition, ADA Luxembourg

13) « Coup de projecteur sur l’efficacité de l’aide : approche du CGAP », 17 janvier 2006, CGAP

14) 3ème colloque BCEAO-Universités-Centres de recherche ; thème : « Stabilité financière et gestion macroéconomique dans l’UEMOA » ; Présentation des communications ; BCEAO siège, Dakar, 11-12 Juillet 2005

15) « Perspectives de l’économie mondiale »; FMI, mai 1998 16) « La BEI soutient le secteur de la microfinance avec 3,3 milliards de FCFA »,

Banque Européenne de développement, communiqué de presse, Dakar, le 19/12/2005 17) « Financement de la croissance des IMF », compte rendu/rapport de conférence,

25/04/2003, Dakar, Africap 18) Charte des PME du Sénégal 19) Lettre de politique sectorielle de la microfinance du Sénégal 20) Document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP), 2006 21) Stratégie de réduction de la pauvreté, Sénégal 22) Programme de renforcement institutionnel de la Microfinance et de son

environnement (PRIME) « Rapport final du groupe de réflexion sur la Mésofinance au Sénégal », Epargne sans frontière, France coopération et AFG

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23) PLanet Rating, Transparency for micro finance development, « ACEP, Sénégal » Juin 2004

24) Microrate ( The rating agency for microfinance), “CMS 2005” 25) “Banquiers aux pieds nus”, La Microfinance, Jean Michel Servet, Odile Jacob, 2006 26) Planet rating « Pamecas, juin 2003 » 27) Plan de développement de la Mutuelle de santé du Pamecas (octobre 2005) 28) « Plan de présentation », Réseau PAMECAS 29) « L’AFD et le Sénégal, un partenariat renouvelé», AFD 2005 30) « Les institutions internationales sont-elles entrain d’évincer de la microfinance les

investisseurs privés », BIM n°10, Avril 2007 31) « Les expériences en crédit moyen terme », Marc Roesh, Décembre 2003, Espace

Finance 32) « Les interventions de l’AFD », Janvier 2000, Note d’information 33) « Représentations de la monnaie et des supports d’épargne et limites de la

mobilisation de l’épargne informelle », Hypothèses de travail pour une enquête au Sénégal, Ed. AUPELF-UREF, 1990, PP 87-96

34) « Etude socioculturelle de l’entreprise Sénégalaise », Gaye, Dia et Tidjani, UCAD, Dakar, Sénégal

35) « Règles managériales et croissance des entreprises », Alain Akanni, UCAD, Dakar, Sénégal

36) « Loi PARMEC », Loi n°95-03 du 05/01/1995, Sénégal 37) « Poids des asymétries informationnelles de l’aléa morales dans les relations entre

Banques et PME », Nadine Levratto, LATAPSES UMR 38) BIM « Les investissements internationaux en microfinance », Barlet K. 28/03/2006 39) « L’investissement étranger en microfinance : prêts et participations au capital des

investisseurs quasi-commerciaux », CGAP, note focus n°25, janvier 2004 40) « La psycho culture de la croissance et des réseaux de micro entreprise féminines »,

Henault et Terrillon, Université d’OTTAWA, Canada 41) « réglementation encore », Creusot, GRET, 25 janvier 2000 42) « Zoom microfinance » n°9, Février 2003 43) « Quelles problématiques juridiques pour la Mésofinance », Laurent Lhériau 44) « Instructions relatives aux normes d’établissement et de détermination des ratios

prudentiels applicables aux SFD », BCEAO Personnes rencontrées M Babacar Cissé, DG AFG M Ahmet Ndiaye, Consultant AFG M Souleymane Sarr, responsable études et développement ACEP M Mouhamed Ndiaye, Chargé de programmes, Coopération technique Belge Madame Denise Fatoumata Ndour, Secrétaire exécutif, Fonds de contrepartie Senegalo-Suisse M Gaye, responsable MEC-FENAPH (mutuelles des professionnelles de l’habillement) M, Thierno Diongue directeur commercial, CMS Merci pour votre collaboration

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Sites Internet consultés

www.lamicrofinance.org www.planetfinance.org www.microcred.sn www.did.qc.ca www.afd.fr www.adepme.sn www.apda.sn www.nucleussl.com www.mixmarket.org www.microrate.com www.pme.sca.sn www.imf.org www.ratingfund.org www.cerise-microfinace.org www.adie.org www.iram.fr www.cgap.org www.portaildelamicrofinance.org www.pamecas.org www.cms.sn www.microfinance.lu www. Entrepreneursdumonde.org www.grameenfoundation.org