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UNIVERSITE DE PROVENCE UFR DES SCIENCES GEOGRAPHIQUES ET DE L’AMENAGEMENT MEMOIRE DE MASTER 1 MISE EN PERSPECTIVE DE 2 PROJETS DE REQUALIFICATION URBAINE D’UNE CITE DE GRANDS ENSEMBLES: EXEMPLE DE LA CITE DES FLAMANTS DANS LE 14ème ARRONDISSEMENT DE MARSEILLE Présenté par : Sous la direction de : Pascal GIUSEPPI Mme Virginie BABY-COLLIN Session universitaire 2007/2008

MEMOIRE DE MASTER 1

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Page 1: MEMOIRE DE MASTER 1

UNIVERSITE DE PROVENCE

UFR DES SCIENCES GEOGRAPHIQUES ET DE L’AMENAGEMENT

MEMOIRE DE MASTER 1

MISE EN PERSPECTIVE DE 2 PROJETS DE REQUALIFICATION URBAINE D’UNE CITE DE GRANDS ENSEMBLES:

EXEMPLE DE LA CITE DES FLAMANTS DANS LE 14ème ARRONDISSEMENT DE MARSEILLE

Présenté par : Sous la direction de : Pascal GIUSEPPI Mme Virginie BABY-COLLIN

Session universitaire 2007/2008

Page 2: MEMOIRE DE MASTER 1

SOMMAIRE

THESIS ABSTRACT P1 REMERCIEMENTS P2 AVANT-PROPOS P3 INTRODUCTION P5 METHODOLOGIE ET CALENDRIER DE TRAVAIL P9 SOUTIENS ET DIFFICULTES RENCONTREES P11 I)LES FLAMANTS, CITE EMBLEMATIQUE DE MARSEILLE P14

A) PRESENTATION GEOGRAPHIQUE ET HISTORIQUE DE LA CITE P14 1) La création de la cité P14 2) Un site difficile, malgré certaines potentialités P19

B) EVOLUTIONS DE LA CITE P23

1) Des caractéristiques techniques P23 2) Nécessitant des interventions précoces et multiples P25 3) Et des problèmes dans la vie de la cité P28

C) LA COMPOSITION SOCIALE DE LA CITE ET SON EVOLUTION P29

1) La mixité, un discours plutôt qu’une réalité P30 2) Des difficultés sociales toujours importantes P33

II) 1984-1989 : AU DELA D’UNE REHABILITATION CLASSIQUE P35

A) DES ORIENTATIONS ORIGINALES POUR L’EPOQUE P37

B) LES PRINCIPAUX POINTS FORTS DE LA REHABILITATION P40 1) Des réalisations originales P40 2) Une réhabilitation technique classique mais complète P45

C) DES RESULTATS MITIGES P49

III) LE PROJET DE RENOVATION URBAINE P54

A) LES PREMICES DU PROJET P54 1) Un contexte national P54 2) ...Devancé par des enjeux locaux P56

Page 3: MEMOIRE DE MASTER 1

B) UN PROJET AMBITIEUX ET TRANSVERSAL P59

C) LA RENOVATION, TEMOIN DE L’ECHEC DES OPERATIONS PRECEDENTES ? P72 1) Certaines ruptures P72 2) ...Malgré une continuité évidente P76 CONCLUSION P79

BIBLIOGRAPHIE P81

ANNEXE 1 P85

ANNEXE 2 P93

ANNEXE 3 P94

ANNEXE 4 P95 TABLE DES ABREVIATIONS P96

Page 4: MEMOIRE DE MASTER 1

THESIS ABSTRACT

THESIS: In my thesis, I will confront the rehabilitation of the 1980’s to the renovation of

today experienced in the Housing Estate of “les Flamants”.

This housing estate, in the 14 th Arrondissement of Marseille, was completed in 1972, and has

throughout its history, always known major urban, social and economical problems, recurring

in this type of areas.

To try to solve these problems, this area has experienced a first rehabilitation project between

1986 and 1988. Despite relevant achievements, the first rehabilitation never fully resolved the

problems of the district (landlocked, unemployment, delinquency, deterioration of buildings).

Based on this semi failure observation, public authorities (licensor (OPAC Sud), National

Agency for Urban Renewal (A.N.R.U.), the city of Marseille, the urban community (MPM))

have decided to implement a renovation project of a larger scale, beginning in 2006.

Despite two very different methods (rehabilitation against renovation), are these two projects

different from the other?

In the first part and I will present the housing estate of Les Flamants, geographically,

technically and sociologically: what problems it incorporates, which handicaps or potential it

met, how has it evolved over the procedures or urban projects it has known, and what was the

socio-economic evolutions of its inhabitants

Then, in a second point I will analyze and understand the logics implemented in the first

rehabilitation. Therefore I will see how architects and town-planners thought this project,

what were their diagnoses of this quarter at the time, and what were the achievements

and the means used to solve urban problems.

In a third point, I analyze the current project. What is the logic implemented, which

treatments suffers the area, how can it solve the problems of the neighborhood better today.

The aim is to put into perspective the first rehabilitation and the present renovation and to see

what are the presents logics in comparison with those of the past.

Finally, the aim is to see the historical urban evolution of housing estate, through the example

of “les Flamants”. The issue of urban problems in the areas of social housing is still valid. The

current project, said innovative but in reality its intervention on the buildings are they really

original? Is it lies in the continuity or rupture compared to previous projects?

Page 5: MEMOIRE DE MASTER 1

REMERCIEMENTS

En premier lieu, je tiens à remercier Virginie BABY-COLLIN, maître de conférence à

l’Université de Provence pour avoir dirigé ce travail de mémoire tout au long de l’année et

pour ses conseils méthodologiques tant dans l’élaboration de la problématique que pour le

travail de terrain dans le cadre de la campagne d’archives orales de la Politique de la Ville.

Je remercie Nicole GIRARD, Maître de conférence émérite et Laurence AMERICIE,

maître de conférence à l’Université de Provence qui m’a également conseillé et suivi durant

tout le travail de recueil d’archives orales de la Politique de Ville depuis le mois de juin 2007.

Un grand merci au conseil scientifique qui a dirigé l’opération d’archives orales

pendant toute la durée de la campagne, particulièrement Karima BERRICHE, directrice du

centre social Agora, Véronique MARZO, chargée de mission à la Politique de la Ville de

Marseille, Sylvie CLAIR, directrice des archives municipales de la ville de Marseille et Emile

TEMIME, historien.

Je remercie ensuite toutes les personnes qui m’ont accordé un peu de leur temps pour

m’éclairer dans mes recherches, architectes, chefs de projets, acteurs associatifs et habitants.

En particulier le centre social des Flamants et l’équipe de la MOUS qui m’ont toujours

accueilli avec une grande sympathie.

Merci à ma collègue Nelly FERREIRA DE MELO qui m’a épaulé pendant la

campagne d’archives orales de la Politique de la Ville, notre binôme s’est révélé très efficace

dans ce domaine.

Et enfin je remercie ma famille et mes proches qui m’ont toujours soutenu dans les

moments ou j’en avais le plus besoin...

Page 6: MEMOIRE DE MASTER 1

AVANT-PROPOS

Avant de commencer le mémoire à proprement parler, il me semble important de dire

qu’en parallèle, 6 étudiants géographes et historiens, dont je fais partie, ont participé à un

travail collectif. Ce travail commandé par la DIV (Délégation Interministérielle à la Ville) et

la DAF (Direction des Archives de France) à l’université de Provence a consisté en un recueil

de témoignages oraux d’acteurs de la Politique de la ville par le bais d’entretiens enregistrés et

qui seront aussi exploités par les Archives Municipales de Marseille. Au delà d’un simple

archivage, ce travail va aussi faire l’objet d’une valorisation scientifique sur le thème de

l’importance et de la transmission de la mémoire de cette Politique de la Ville.

Au cours de ce travail qui s’est étalé de Septembre 2007 à Juin 2008, nous avons été

chargé de rencontrer et d’interroger trois catégories d’acteurs, il s’agit des politiques et

décideurs, des techniciens et des acteurs associatifs.

Ce travail de mémoire concerne la période allant de 1980 aux années 2000 sur le

territoire du Grand Saint-Barthélemy, ou ex-ZUP n°1, quartier du 14ème arrondissement de

Marseille. Ce quartier composé de plusieurs cités : Les Flamants, la Busserine, le Mail, Picon

et Font-Vert, constitue un terrain d’études scientifiques très intéressantes, et c’est donc ainsi

que dans le cadre de mon mémoire mes recherches se sont portées sur ce territoire.

De plus, ce travail d’enquêtes orales sur le site de Marseille est inscrit dans un

programme national de valorisation de la mémoire de la Politique de la ville, qui a déjà eu lieu

sur 6 autres sites. Cette tache a été encadrée par un comité de pilotage composé notamment de

Mme Virginie BABY-COLLIN et Mme Nicole GIRARD enseignantes à l’UFR de

Géographie de l’Université de Provence sur le site Robert Schumann.

Afin d’obtenir des résultats exploitables pour les archives municipales de Marseille et

des entretiens riches, nous avons dû faire des recherches préalables sur la formation et les

fonctions des différents acteurs de la Politique de la Ville, nous avons ensuite réalisé des

grilles d’entretien. Une fois l’entretien réalisé, nous avons dû rédiger des fiches chrono

thématiques afin de les rendre exploitables. Très vite, le travail en équipe s’est révélé

enrichissant et productif, le travail de partage des taches nous a permis d’être plus dynamiques

et compétents.

Page 7: MEMOIRE DE MASTER 1

Au contact de cet espace dans les premiers temps de ce travail, mon attention s’est vite

portée sur la cité des Flamants. Au cours d’une visite au centre social de cette cité j’ai pris

connaissance d’un projet de rénovation qu’allait connaitre la cité jusqu’en 2012.

La question des grands ensembles est une question qui m’a toujours intéressé, car

habitant moi-même dans les quartiers Nord de Marseille, dans le quartier de la Rose, ce

paysage urbain fait parti de mon environnement direct. De plus, durant mon cursus

universitaire au sein de l’université de Provence, les enseignements concernant les courants

d’architectures modernes et utopiques (promus par Le Corbusier ou Candilis) à l’origine de la

construction de ces cités de grands ensembles m’ont aussi beaucoup marqué. La question des

grands ensembles, de leurs modalités de constructions, de tous les problèmes sociaux,

économiques ou humains relatifs à ces espaces ont ainsi suscité beaucoup d’interrogations me

concernant.

Le projet de rénovation de la cité des Flamants, cité emblématique de la ville de

Marseille, a donc, à mes yeux, constitué un terrain d’étude pertinent, concentrant les

différentes thématiques dans le cadre du traitement des problèmes relatifs aux cités de grands

ensembles.

C’est ainsi que mon travail de recherche s’est porté sur cet espace, sous la direction de Mme

Virginie BABY-COLLIN.

Page 8: MEMOIRE DE MASTER 1

INTRODUCTION

La question des grands ensembles d’habitats sociaux est depuis les années 60 une des

préoccupations principales de l’Etat et plus précisément de la Délégation Interministérielle à

la Ville via la Politique de la Ville. La France est un des pays d’Europe qui a le plus eu

recours à ce mode de construction, en particulier après la 2ème Guerre Mondiale, en réponse à

certaines dynamiques démographiques et inspiré par certaines théories sur l’urbanisme (en

particulier le modernisme promu par Le Corbusier).

Ces logiques se sont donc matérialisées par ce que l’on appelle aujourd’hui les cités de grands

ensembles, dans la majorité des cas logements sociaux, qui apparaissaient alors comme

l’apogée de "la modernité". Mais ce type de construction montra très rapidement ses limites.

Peu conforme aux aspirations de la population en terme de densité, de monofonctionnalisme,

et à terme de mixité sociale et d’enclavement, une circulaire gouvernementale datant du 5

Avril 19731 contribua, entre autres, « a empêcher la réalisation des formes d’urbanisation

désignés sous le nom de grands ensembles ».

En effet, la qualité technique et urbanistique de ces constructions a souvent été identifiée par

les pouvoirs publics ou les scientifiques comme une des causes pouvant contribuer au

développement de certains désordres économiques et surtout sociaux dans ces quartiers

(surdensité, manque de services et d’équipement par rapport à la population résidente trop

importante, phénomène d’enclavement physique et moral, paupérisation, délinquance...).

Cependant la forme de l’habitat lui-même n’est pas la seule explication au malaise social dans

ces cités, car certains espaces (comme la cité de la Rouvière à Marseille) dont la forme

urbaine est semblable n’accumulent pas tant de difficultés.

Ces maux se matérialisèrent et alertèrent l’opinion publique et le gouvernement en 1981 avec

l’une des premières émeutes aussi violente ayant eu lieu dans la cité des Minguettes à

Vénissieux. Face à ces violences et découvrant l’ampleur des malaises sociaux dans

l’ensemble de ces cités, les pouvoirs publics mirent en place depuis la fin des années 1970 des

procédures visant à résorber ces désordres. Pour ce faire, un mode de réponse fut

1 Circulaire publiée au journal officiel du 5 Avril 1973 relatives aux formes d’urbanisation dites Grands Ensembles et à la lutte contre la ségrégation sociale par l’habitat

Page 9: MEMOIRE DE MASTER 1

l’intervention sur la forme urbaine et architecturale, l’urbanisme de ces quartiers étant

identifié comme une des causes pouvant contribuer aux difficultés rencontrées par les

populations qui y vivent.

Un des champs d’intervention de ces politiques est le bâti lui-même et le traitement de

la question urbanistique, dans le but d’améliorer les conditions de vie des citoyens y habitant

et de contribuer à leur intégration sociale. La mise en place de la politique de la ville afin de

revaloriser les zones urbaines en difficulté et réduire les inégalités entre les territoires a

permis la mise en place d’une succession de mesures visant à l’amélioration du cadre de vie

dans les cités comme la Procédure HVS en 1977, la mission Banlieue 89 en 1983, la Loi

d’Orientation pour la Ville en 1991 instaurant les Programmes Locaux pour l’Habitat, le pacte

de relance pour la ville en 1996, la loi Solidarité et Renouvellement Urbain en 2000, loi

d’orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine en 2003 ainsi que la

création la même année de l’Agence Nationale pour le Renouvellement Urbain.

Ces politiques se sont petit à petit détachées du seul traitement technique des cités,

souvent inefficace, pour devenir de plus en plus globales et transversales (multiplication des

acteurs et des domaines d’intervention) en les accompagnants de mesures socio-économiques

(éducation, emploi, formation...) et en ajoutant la participation des habitants à chaque projet.

Pour mettre en place ces politiques adaptés aux cités, les aménageurs ont procédés depuis les

années 70 à plusieurs types de travaux. Il semble important d’en définir les termes.

L’une des premières procédures employées et encore employée aujourd’hui est la

réhabilitation. Ce mode opératoire consiste en une amélioration d’un bâti existant sans passer

par la destruction/reconstruction. Cela sous-entend une remise aux normes de sécurité,

d’hygiène, ou un ravalement de façade avec une réfection du bâtiment, des appartements et

des parties communes pour ainsi améliorer les conditions de vie des habitants. Une

réhabilitation comporte donc différents degrés, elle peut être plus ou moins profonde selon le

type de travaux réalisés.

Une autre méthode pour répondre à la problématique du bâti et de l’urbain dans les

grands ensembles est celle de la rénovation qui correspond à une opération visant à détruire

un bâti ancien, et remplacé par des constructions nouvelles, s’accompagnant souvent d’une

dédensification (réduction du nombre d’habitants) et d‘une revalorisation des espaces publics

: espaces verts, voies de circulation, accès. Les motivations entraînant ce type d’opérations

sont diverses (répondre a la crise du logement, réinsertion de quartiers marginalisés dans la

Page 10: MEMOIRE DE MASTER 1

ville, favoriser la mixité sociale et fonctionnelle, limiter l’étalement urbain…). Elles

concernent des quartiers paupérisés habités par des populations en difficulté et où l’habitat est

généralement dégradé. Cette méthode de traitement est plus récente (début des années 2000)

que la réhabilitation, car l’idée de détruire du logement a été très difficile à accepter par les

pouvoirs publics et l’opinion générale dans un contexte de crise du logement.

Un autre concept assez proche et parfois employé est celui de la requalification

urbaine. Ici aussi le bâti reste sur pied sans démolition, cela consiste en un changement

d’usage grâce à une réfection du bâti et une restructuration des espaces extérieurs et publics.

Cette méthode a pour but d’entrainer un processus de tertiarisation de l’usage des bâtiments,

transformés en immeubles de bureaux par exemple.

Un dernier concept prenant place dans la problématique du traitement physique des

grands ensembles est celui de résidentialisation. Ce type d’aménagement consiste à donner un

caractère privé aux immeubles. L’effort est mis sur les espaces publics permettant de fournir

aux populations un sentiment de bien être grâce à leur revalorisation. Ainsi les pieds

d’immeubles sont réaménagés en petits jardins fermés, aires de jeux pour les enfants, rangées

de verdure séparant le rez-de-chaussée du front de rue pour rompre avec une certaine

« monotonie horizontale ». Promu en particulier par l’ANRU et souvent complémentaire aux

travaux de rénovation, ce procédé permettrait une certaine forme d’appropriation de

l’immeuble par ses habitants, d’accroître le sentiment de sécurité et les rencontres entre

habitants, en les associant d’avantage aux règles de la vie en communauté. Tout ceci

permettant un meilleur respect des biens publics, dans le but d’éviter des dégradations

physiques précoces.

Ce sont donc tous ces travaux qui ont jalonné les politiques publiques de traitement

physique des grands ensembles.

Dans ce mémoire nous allons nous intéresser dans le détail à ces méthodes et aux

solutions qu’elles proposent pour répondre aux problématiques de ces espaces, à travers

l’exemple de la cité des Flamants à Marseille. Cette cité qui semble réunir beaucoup de

problèmes récurrents aux cités de grands ensembles, connait actuellement un projet de

rénovation conventionné par l’ANRU. Outre ce projet elle a aussi connu de part le passé

d’autres travaux originaux, en particulier une profonde réhabilitation dans les années 80. Ces

travaux peuvent être perçus comme les témoins de l’évolution de la pensée urbanistique en

termes de traitement physique des cités de grands ensembles. Elle se situe donc en plein cœur

Page 11: MEMOIRE DE MASTER 1

de notre thématique d’étude concernant les moyens d’interventions physiques (architecturaux,

formes urbaines...) utilisés comme moyen de réponse aux problèmes de ces quartiers.

Ce projet de rénovation constitue notre point de départ quant à l’élaboration de notre

hypothèse. Ainsi, notre hypothèse de départ est que la mise en place d’un tel projet serait le

témoin de l’échec des travaux précédents réalisés dans la cité. De ce fait, ce projet de

rénovation prétendrait, mieux que les précédents, contribuer à résoudre les problèmes que

connaissent les Flamants.

Pour trouver certains éléments de réponse nous allons donc essayer de voir qu’est ce

qui a été fait avant cette rénovation en matière de traitement urbain et technique, pourquoi,

dans quel but, et pourquoi on assiste aujourd’hui à ce projet. Nous nous concentrerons donc

principalement sur les deux projets les plus importants qu’a connus la cité (réhabilitation et

rénovation), principaux reflets des modes d’intervention sur les quartiers d’habitats sociaux

pour nous permettre de comprendre comment ceux-ci ont évolués.

Nous allons donc voir tout au long de ce mémoire pourquoi et quels handicaps

récurrents aux cités de grands ensembles cumule la cité des Flamants? Quels sont les types de

travaux qu’a connus la cité pour essayer d’y remédier ? Dans quelle logique et dans quels buts

ils ont été réalisés ? À quels problèmes particuliers et spécifiques à la cité devaient-ils

répondre ? Quelles ont été les modalités de leur mise en œuvre ? Quels ont été leurs effets ? Et

comment ont-ils évolué à travers le temps dans un contexte plus général d’intervention

publique sur les grands ensembles (via la Politique de la Ville) ?

Dans une première partie nous allons ainsi présenter la cité des Flamants,

géographiquement, techniquement et sociologiquement : quels problèmes elle intègre, quels

handicaps ou potentialités elle réunie, comment a-t-elle évoluée par rapport aux procédures ou

projets urbains qu’elle a connus, et quelle a été l’évolution socio-économique de ses habitants.

Dans un deuxième temps nous allons nous intéresser dans le détail a l’opération de

réhabilitation du milieu des années 1980 : dans quel contexte elle s’est inscrite, comment a-t-

elle été mise en œuvre, quels ont été ses logiques principales, qu’elles réalisations ont été

effectuées, et si les résultats attendus ont été a la hauteur des attentes et pourquoi.

Dans une troisième partie nous verrons pourquoi l’OPAC Sud, bailleur de la cité, a jugé

nécessaire un projet de réhabilitation, comment l’ANRU a permis la concrétisation de ce

projet, en quoi consiste cette rénovation et de quelle façon ont évolué les logiques, buts et

réalisations prévues par rapport aux projets précédents, et si il se situe dans la continuité ou en

rupture par rapport aux précédents projets.

Page 12: MEMOIRE DE MASTER 1

METHODOLOGIE ET CALENDRIER DE TRAVAIL

Dans un premier temps mes recherches ont été essentiellement bibliographiques. Ce

travail de lecture et de compréhension a été réalisé jusqu’en Février 2008. Il a fallu se plonger

dans l’historique de la cité des Flamants. Cette cité a elle-même connu différentes opérations

de réhabilitation au cours de son histoire. Ces opérations sont le témoin de l’évolution de la

pensée et des logiques d’interventions pour l’amélioration sociale et urbaine de ces espaces en

difficulté. Ainsi, je me suis particulièrement intéressé à la réhabilitation la plus marquante et

importante qu’a connu cette cité au milieu des années 1980, pour la mettre en relation avec la

rénovation en cours. Cela m’a permis ainsi de voir comment la pensée urbanistique et

gouvernementale a évolué dans le traitement des grands ensembles et de prendre connaissance

de l’évolution de la cité elle-même depuis sa création jusqu'à nos jours.

C’est ainsi que sous les conseils de M. André JOLLIVET, architecte de cette

réhabilitation, rencontré dans le cadre des entretiens enregistrés pour la DIV et la DAF, je me

suis rendu dans les locaux du CERFISE (Centre d’Etudes, de Recherches et de Formation

Institutionnelle du Sud-Est) dans le quartier de l’Estaque pour retrouver les études de projet

de cette opération. Cette structure est en fait un bureau d’études composé de scientifiques

(urbanistes, sociologues, géographes) qui ont assisté M. JOLLIVET lors de la mise sur pied

du projet. J’ai pu y trouver de nombreux documents très précieux dans la compréhension de

cette réhabilitation. Plusieurs enquêtes sociologiques menées dans le quartier, rapports de

présentations de projets architecturaux, plans de financement, logiques d’interventions... ont

été amicalement mis à ma disposition par les membres de cette équipe. Ceci m’a permis de

prendre connaissance dans les détails de ce projet, le comprendre, pourquoi et comment il

avait été mis en place, dans quel but il a été faits, quels furent les point principaux...pour

pouvoir ainsi le confronter avec celui d’aujourd’hui, pour répondre a la question de

l’évolution des modes de traitement urbains des cités. Cela m’a permis aussi de comprendre

quelle était la composition sociale de la cité à l’époque et qui justifiait en partie une telle

opération.

J’ai aussi pris connaissance de certains ouvrages concernant la Politique de la Ville en

France pour en connaitre l’origine, la chronologie des actions menées pour comprendre

comment la cité des Flamants s’inscrit dans ce contexte d’évolution de la Politique de la Ville

Page 13: MEMOIRE DE MASTER 1

Le recueil de données concernant la rénovation en cours a été un peu plus aisé. La

convention du projet ainsi que ses annexes a été mise à disposition sur le site de l’ANRU

(Agence Nationale pour le Renouvellement Urbain) et m’a donc donné un aperçu assez

complet du projet. J’ai pu aussi disposer de plaquettes d’information de l’OPAC, le bailleur

de la cité des Flamants, dans les locaux de l’agence Lieux-dits, du CRPV PACA (Centre de

Ressources pour la Politique de la Ville). Grace a ces informations et comme celles recueillies

au CERFISE, j’ai pu m’imprégner du projet actuel, le comprendre, pourquoi et comment il

avait été mis en place, dans quel but il a été faits, quels en sont les point principaux...En me

rendant aussi à l’AGAM (Agence d’Urbanisme de l’Agglomération Marseillaise) j’ai pu

trouver de nombreux articles de journaux et de revues scientifiques traitant de la réhabilitation

des années 1980 et de la rénovation actuelle. Ces articles d’archives m’ont permis de répondre

à la question du résultat et du sentiment des habitants concernant la première réhabilitation, et

de comprendre alors quelles en ont été les limites.

Ce travail de recherches bibliographiques effectué en Mars et Avril 2008, m’a donc

permis d’effectuer un travail de synthèse et de mise en perspective des 2 opérations sur la cité

des Flamants. Le tableau réalisé reprend les thèmes et les moyens d’interventions concernant

la réhabilitation des années 1980, ainsi que ceux de l’opération de rénovation. Ce tableau

comparatif m’a ainsi permis de prendre du recul et d’identifier les logiques et réalisations

propres à chaque opération pour les confronter.

Ce travail m’a aussi permis de mieux y voir et de structurer ma pensée et d’orienter

les entretiens réalisés par la suite.

C’est ainsi que toutes ces recherches bibliographiques qui m’ont tenu jusqu’en Avril

2008, ont été ensuite complétées par la réalisation d’entretiens avec des acteurs et habitants de

ces différentes périodes (Annexe 2). Ces entretiens ont été très précieux puisqu’ils m’ont

permis de répondre à certains questionnements personnels dont les réponses se trouvent

difficilement dans les livres. J’ai ainsi pu rencontrer des acteurs importants des ces différents

projets (architectes, chef de projet, directrice MOUS, acteurs associatifs) pour mieux

comprendre les mécanismes de telles opérations, et ainsi pouvoir confronter les points de vues

en fonction du rôle de chaque acteur.

Page 14: MEMOIRE DE MASTER 1

Grâce à ces entretiens j’ai pu prendre connaissance des actions des acteurs techniques

de ces deux opérations ainsi que le sentiment des habitants et/ou acteurs associatifs des

Flamants. J’ai pu ainsi, avec la participation de Mme MOSTEFAOUI, être au contact des

habitants et ainsi me faire une idée concernant leur avis général sur ces projets. Je me suis

aussi rendu à plusieurs reprises au centre social pour me rendre compte de la richesse de leurs

actions mais aussi de leurs difficultés et pouvoir regarder la maquette du projet final,

amicalement expliquée par un membre du centre social.

Ces déplacements dans la cité m’ont permis aussi de me rendre plusieurs fois a la

MOUS (Maitrise d’Œuvre Urbaine et Sociale) pour échanger des informations avec Mme

MOUSSERIN qui réalise un mémoire de Master 2 de sociologie sur les Flamants.

Grace à elle j’ai aussi pu me rendre dans les locaux de l’agence « Lieux dits »

spécialisée en ingénierie sociale et urbaine et qui travaille en collaboration avec les maitres

d’œuvre et d‘ouvrage depuis le début du projet de rénovation et à laquelle est rattachée la

MOUS. Ceci dans le but de consulter certains documents ou rapports en relation avec le projet

en cours. Ces rapports m’ont permis de prendre connaissance de la composition sociale

actuelle de la cité, de pouvoir la comparer avec celle d’il y 25 ans, et de mieux comprendre les

enjeux auxquels devait répondre la rénovation de la cité.

Page 15: MEMOIRE DE MASTER 1

SOUTIENS ET DIFFICULTES RENCONTREES

Ce travail a pu se dérouler grâce au précieux soutient de plusieurs personnes. Dès les

premières réunions de lancement de l’opération de collecte d’archives orales de la Politique

de la Ville au mois de juin 2007, le comité scientifique chargé de piloter l’opération nous a

assuré un accompagnement et un suivi de notre travail de mémoire.

Ce comité composé de trois professeurs, Virginie BABY-COLLIN, Nicole GIRARD,

Laurence AMERICI, ainsi que de Karima BERRICHE, directrice du centre social Agora,

Véronique MARZO, chargée de mission à la Politique de la Ville de Marseille, Sylvie

CLAIR, directrice des archives municipales de la ville de Marseille et Emile TEMIME,

historien ont fait preuve d’un soutien qui s’est révélé précieux jusqu’à la réalisation finale du

mémoire. Lors de réunions concernant l’opération de collecte d’archives, un temps était

consacré au suivi de la réalisation des mémoires des étudiants. Les membres du comité

scientifique nous ont mis en relation avec des personnes incontournables pour la réalisation

d’une recherche sur le sujet de chacun des étudiants.

Le travail de groupe mis en place lors de l’opération de collecte d’archives orales s’est

poursuivi lors de la réalisation de mon mémoire. Ainsi le binôme constitué de ma collègue

Nelly Ferreira de Melo et moi-même s’est révélé très efficace sur le terrain. Les études de

terrain ont ainsi pu être dynamiques. Ce partenariat a été pour moi un grand soutien, de plus,

je pense qu’il est nécessaire de travailler de cette manière afin de préparer au travail

professionnel dans lequel je serai certainement amené à travailler en équipe.

De plus, j’ai bénéficié de la sympathie des personnes avec qui je suis entré en contact

pour réaliser mes recherches. Ces acteurs importants m’ont ainsi accordé de leur temps pour

répondre à mes questionnements. J’ai pu bénéficier de l’aide du centre social, de la MOUS

des Flamants et en particulier de Madame MOUSSERIN, de Madame MOSTEFAOUI qui

m’a présenté la vie du quartier et quelques uns de ses plus vieux locataires. Au delà du simple

enrichissement universitaire, toutes ces rencontres m’ont permis d’acquérir des connaissances

supplémentaires et d’élargir mes horizons personnels.

Page 16: MEMOIRE DE MASTER 1

La principale difficulté a résidé dans l’organisation de mon travail.

En effet, même si mon travail dans le cadre du recueil des témoignages oraux de la

politique de la ville m’a permis de disposer de nombreux contacts, il a été très délicat de

pouvoir joindre tout les témoins interrogés et de trouver un créneau horaire au sein de leurs

emplois du temps très chargés, retardant mes avancées.

Lors du travail d’observation et d’entretien nécessaire à la réalisation de mon mémoire, je

me suis trouvé confronté au terrain et ses acteurs. Cette expérience était nouvelle car je n’ai

pas eu l’occasion de véritablement travailler sur un terrain lors de ma formation de licence.

Tout au long de l’élaboration de mon mémoire et des recherches que j’ai pu mener, j’ai

souvent été en proie au doute, concernant la méthodologie, mes réflexions, l’avancée des

recherches et tout ce qui concerne l’organisation de mes pensées, tout cela a mettre en

harmonie avec ma vie personnelle.

Je regrette enfin que le travail de groupe, dans le cadre de la commande concernant la

politique de la ville, n’ait pas été optimisé par un meilleur travail d’équipe notamment en ce

qui concerne la diffusion de documents et d’informations utiles à tous compte tenu la

proximité de nos sujets et de nos terrains.

Ainsi les binômes constitués lors de l’opération de collecte d’archives se sont

maintenus en ce qui concerne ma collègue et moi mais ces binômes n’ont malheureusement

pas assez communiqués entre eux. La circulation des informations entre les étudiants aurait

enrichi les mémoires.

Page 17: MEMOIRE DE MASTER 1

I) LES FLAMANTS, CITE EMBLEMATIQUE DE

MARSEILLE.

Dans cette première partie nous allons essayer de brosser le portrait de la cité des

Flamants. Cette présentation s’intéresse à sa situation géographique, ses modalités de

fonctionnement et ses aspects techniques, ses évolutions ainsi que celle de sa population pour

essayer d’identifier les handicaps ou les atouts de cette cité, d’où proviennent-ils et comment

ils expliquent les projets d’interventions qu’a connues la cité pour l’améliorer.

A) PRESENTATION GEOGRAPHIQUE ET HISTORIQUE DE

LA CITE

1) La création de la cité

La cité des Flamants est située dans le 14ème arrondissement de Marseille, dans le quartier du

grand Saint-Barthélemy, ou ex-ZUP n°1. Cet ensemble, géré par l’OPAC sud, a été achevé en

1972 et comportait à l’origine 899 logements. La carte de la page suivante nous présente la

localisation du quartier du Grand Saint-Barthélemy à l’intérieur de la commune de Marseille.

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Comme toutes les cités de grands ensembles construites après guerre, son architecture et ses

logiques de constructions s’inscrivaient dans le courant du modernisme promu, entre autres,

par Le Corbusier ou Candilis. Ces « utopies urbaines » se sont modélisées grâce à la

procédure des ZUP.

Ces procédures administratives d'urbanisme opérationnel créées en France entre 1959 et 1967

étaient censées répondre à la demande croissante de logements. Les ZUP étaient destinées à

permettre la création ex-nihilo de quartiers nouveaux, avec leurs logements, mais également

leurs commerces et leurs équipements. Elles ont permis la construction en France de grands

ensembles, et, si elles ont permis de résorber le retard de l'époque en terme de besoins de

logements, on considère généralement qu'elles n'ont pas permis la création de quartiers

dynamiques. En effet, ces zones de logements n’ont pas bénéficié d’un traitement

urbanistique satisfaisant.

Crées de toutes pièces et « déposées » dans le tissu urbain préexistant, elles souffrent entre

autres, d’une carence en équipements et services collectifs en tout genre, d’une

monofonctionnalité résidentielle les renfermant sur elles-mêmes.

C’est dans ce contexte d’urgence (et donc de manque de rigueur) lié à une forte pression

démographique que la cité des Flamants fut construite pour répondre à la crise du logement à

la fin de la guerre. La nécessité était de construire vite et en grande quantité pour pouvoir

pallier les destructions liées à la guerre, l’explosion démographique du baby-boom durant les

30 glorieuses, répondre à l’exode rural, au rapatriement des Français d’Algérie, et à la venue

des populations immigrées.

C’est ainsi qu’a Marseille, cette procédure s’est matérialisée sur le quartier aujourd’hui appelé

Grand Saint-Barthélemy. Cette ZUP fut destinée à accueillir les Pieds-Noirs arrivés en masse,

à la résorption des bidonvilles présents sur le site ou a la rénovation des poches d’habitats

vétustes en centre-ville. Perçue comme une véritable déflagration urbanistique, ce quartier a

vu la construction « à tours de barres » entre 1960 et 1975 de plus de 3700 logements HLM.

La pression urbanistique liée aux phénomènes démographiques entrevus plus haut, a conduit à

remodeler dans l’urgence un quartier pavillonnaire diffus et a résorber un habitat informel de

type bidonville, très présent sur ce site, par l’apport de ces logements HLM installés dans des

bâtiments de grande hauteur en R+10 ou R+8. Plusieurs cités sont ainsi nées dans cette

période en plus des Flamants : La Busserine, Picon, Le mail, et Fond Vert. De plus ces

Page 20: MEMOIRE DE MASTER 1

constructions de grands ensembles étaient à l’époque le symbole du progrès social et du

confort de vie. Mais très vite les procédés de constructions, proches du préfabriqué, employés

pour ces bâtiments ont trop rapidement avoué leurs faiblesses. La carte page suivante présente

ainsi le plan de situation de la cité dans le quartier.

Les problèmes d’humidité, d’infiltrations, d’isolations thermiques, de dégradations

physiques ont vu le jour peu de temps après l’édification de la cité. Ajouté a cela les

problèmes précités en termes de monofonctionnalité, d’isolement et de mise en place d’un

certain entre soi ont condamné ces cités à accueillir les populations les plus démunies avec

des habitants qui ne pouvaient pas aspirer à déménager. En effet, toutes ces malfaçons en

termes de confort de vie dans les appartements, dans les bâtiments, le manque de services et

d’équipements, les dégradations techniques du bâti, la mauvaise intégration du quartier au

reste de la ville ont poussée les personnes les moins fragiles à accéder à la propriété souvent

en logement individuel, ou tout simplement a déménager dans des quartiers plus attrayants.

Ce départ des classes ouvrières ou moyennes qui n’ont jamais été renouvelées a entrainé un

processus de paupérisation, car remplacée par une classe sociale beaucoup plus modeste,

n’ayant pas les moyens d’aller vivre ailleurs que dans des logements bon marché et délaissée

par ceux qui avaient les moyens d’en partir.

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2)Un site difficile, malgré certaines potentialités.

• UNE TOPOGRAPHIE DIFFICILE

En plus de ces problèmes récurrents déjà présents très tôt et qui ont influé sur la

composition socio-économique des habitants des Flamants (ce que nous verrons plus loin), la

cité a été construite sur un site particulier avec une topographie contrastée comme le montre

cette photo historique du site avant la construction de la cité. La cité a donc été réalisée au

sommet d’une bute, témoin d’une forte déclivité du terrain.

Photo du site des Flamants prise avant la construction de la cité

Source : inconnue. Date : 1967 La photo est orientée vers le nord. A droite de l’image nous pouvons voir la pente sur laquelle

est construite une partie de la cité et ou passe aujourd’hui le chemin de Sainte-Marthe (Cf. :

photo suivante)

Page 23: MEMOIRE DE MASTER 1

Cette forte déclivité du site est dénoncée, entre autres, par Antoine GRUMBACH,

architecte de la rénovation en cours des Flamants. Il a identifié cette topographie comme

l’une des principales causes des dysfonctionnements de la vie de la cité. A l’époque de la

construction de la cité, les aménageurs ont cherché à combattre ce handicap en créant trois «

plateaux d’assiette ». Selon Antoine GRUMBACH « c’est une création artificielle faite en

obéissant a une logique industrielle, c’est une grande violence faite au territoire, comme

toujours celui-ci a fini par se venger ». Ceci a pour conséquence une extrême ségrégation du

site.

L’autre handicap du site, mais cette fois ci non naturel, concerne le réseau viaire.

Encaissée dans la déclivité du terrain, il contribue peut-être aussi au sentiment d’enfermement

qui caractérise les cités, car emprunté à grande vitesse et contournant la cité sans la traverser.

Comme dans la plupart des grands ensembles, elle est seulement desservie par des allées en

boucle autour des barres d’immeubles. En effet, la cité des Flamants est enserrée par des voies

de communications empruntées à grande vitesse comme l’avenue Raimu, l’avenue Georges

Braque ou le chemin de Sainte-Marthe. Cet enclavement est qualifié d’effet « d’ilot » par M.

GRUMBACH ou de « circuit automobile » par M. JOLLIVET architecte de la principale

réhabilitation des Flamants.

Source : OPAC, Date : 2005

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Vue axonométrique des Flamants et du réseau de circulation automobile autour de la cité

illustrant les propos de M.GRUMBACH et JOLLIVET

Photo du Bâtiment B (avec l’école d’infirmière en rouge au dernier étage)

et du terrain de foot en contrebas de l’avenue de Sainte-Marthe

Auteur : Stéphanie Mousserin, Date : 1998

• UNE SITUATION GEOGRAPHIQUE MISE EN AVANT PAR LE GPV

MARSEILLE SEPTEMES.

Cependant la situation de la cité à l’échelle de l’agglomération Aix-Marseille constitue

un atout en étant situé en plein cœur géographique de l’agglomération d’Aix-Marseille. Ces

potentialités ont été identifiées par la ville de Marseille à travers l’élaboration d’un GPV

(Grand Projet de Ville) dans lequel s’insère les Flamants.

Ce GPV mis en place depuis 2003 « est situé sur les Quartier Nord de Marseille, sur

un territoire de 5000 hectares et 210 000 habitants ou s’accumulent les difficultés sociales,

économiques et urbaines : déclin démographique, taux de chômage de 29%, parc privé ancien

dégradé, concentration de logements locatifs sociaux, tissu urbain peu structuré, services de

qualité inégale. Partant de ce constat ce Grand Projet de Ville intitulé Marseille-Septèmes a la

double ambition de redresser les déséquilibres et de contribuer au développement de

l’agglomération à travers la restructuration urbaine de ce territoire. Ces difficultés sont

Page 25: MEMOIRE DE MASTER 1

cependant contrebalancées par certaines potentialités : une situation au cœur de

l’agglomération, un site dominant la rade de Marseille, de nombreuses infrastructures de

transports traversant le territoire, la présence des pôles de service à l’échelle métropolitaine,

une tradition d’accueil d’activités économiques, la proximité de la mer et du Port Autonome

de Marseille, des disponibilités foncières. » (CRPV-PACA, Relevé d’expérience n°7, Avril

2006)

Mené en partenariat par la Ville de Marseille, l’Etat, la Région, le Département, la

Communauté Urbaine Marseille Provence Métropole, la Ville de Septèmes les Vallons, la

Caisse des Dépôts et Consignations, et le Fonds d'Action et de Soutien pour l'Intégration et la

Lutte contre les Discriminations, le GPV est un programme d’intervention particulier

valorisant des territoires jusqu’alors négligés sur des quartiers appelés à jouer un rôle de

centralité. Le GPV est aussi un outil de mise en cohérence des politiques publiques et de mise

en réseau d’opérateurs publics et privés, avec un double objectif : éviter que la ville soit

coupée en deux, et créer les conditions de son développement. Pour ce faire les priorités se

concentrent sur le développement social, le développement économique et l’emploi et le

développement urbain.

Cette procédure de restructuration urbaine est en fait divisée en pôles de projet, 6 dans

le cas du GPV Marseille-Septèmes, dont le pole Saint-Barthélemy/Malpassé/Sainte-Marthe

(dans lequel s’insère les Flamants) a pour objectif « de réconcilier la ZUP et la ville ». Les

principaux axes d’interventions à l’intérieur de ce pole portent sur la requalification de

l’habitat, la diversification urbaine et l’amélioration des transports. Ce pole de projet est lui-

même divisé en secteurs : le Vallon de Malpassé et les Cèdres, Saint-Paul, Flamants-Iris,

Saint-Barthélemy/Busserine/Picon et le noyau villageois de Sainte-Marthe.

Le secteur Flamants-Iris constitue en fait un Projet de Rénovation Urbaine (PRU)

conventionné avec l’ANRU en 2005 mais qui avait été initié par l’OPAC en 1999 avant même

que le GPV ne s’étende sur ce territoire et avant la création de l’ANRU.

Dans ce premier point nous avons décris historiquement et géographiquement la cité

pour poser les bases de notre réflexion. Nous allons voir maintenant plus en détail l’évolution

de la cité au cours des 30 dernières années.

Page 26: MEMOIRE DE MASTER 1

B) EVOLUTIONS DE LA CITE

Dans cette deuxième sous partie nous allons présenter plus en détail la composition technique

des Flamants, pour comprendre en quoi elle s’est révélée problématique par la suite en termes

de conditions de vie pour ces habitants. Nous allons aussi présenter brièvement les travaux

qu’a connus la cité a travers son histoire en réponse à ces problèmes techniques et sociaux.

1) Des caractéristiques techniques...

Le territoire des Flamants s’étend sur une surface de 56 840 m² avec une surface bâtie au

sol de 15 500m² pour une surface habitable de 65 779 m². La densité du bâti est ainsi de 150

logements/ hectare.

La cité des Flamants a été achevée en 1972 et comptait à l’origine 899 logements, concentrés

au sein de « tripodes ». La cité s’articule autour des 4 bâtiments A, B, C et D répartis en 24

entrées. Le bâtiment A, le plus à l’ouest sur le plan de la page suivante, comportait a l’origine

155 logements, le B : 240, le C : 278 et le bâtiment D : 226. Tous ces immeubles sont des

R+10 dont la répartition par type de logement est la suivante : 33 Types1, 110 Types2, 386

Types3, 160 Types4, 180 Types5 et 30 Types6 cette répartition peu homogène entrainera

certains problèmes que l’on verra plus tard.

Bâtiments A B C D

Nombres de logements 155 240 278 226

Type de logement T1 T2 T3 T4 T5 T6

Nombre 33 110 386 160 180 30

La densité des Flamants est donc particulièrement élevée avec un COS (Coefficient

d’Occupation du Sol) aujourd’hui de 1,70, alors qu’elle ne compte plus que 722 logements,

équivalents à une densité d’environ 130 logements/hectares. La population totale est

aujourd’hui de 1861 habitants ce qui correspond à une densité de 25 497 habitants/km². Il est

à noter que ces chiffres sont inferieur à l’état initial en raison des nombreuses interventions

techniques qu’a connues la cité.

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PLAN DE MASSE DE LA CITE DES FLAMANTS EN 1984

Source : Opac Sud, Année : 1984

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2) Nécessitant des interventions précoces et multiples...

Cette surdensité des habitants dans la cité (cartographiée en page suivante) a rapidement

été identifiée comme un problème majeur dans la gestion de la cité par l’OPAC. Ce

phénomène a entrainé des dégradations trop importantes d’ordre physique et technique en

raison d’une sur utilisation des parties communes et espaces publics (cages d’escaliers,

ascenseurs...) au sein de bâtiments qui nous l’avons vu en A) 1) ont été construits en des

temps records avec des procédés de fabrications peu satisfaisants, proche du préfabriqué ou

des pans d’immeubles étaient simplement assemblés ensembles. Parallèlement, des

dégradations se sont manifestées aussi à l’intérieur des appartements : infiltrations, mauvaise

isolation thermique et phoniques, humidité entrainant inconfort de vie.

C’est ainsi qu’en 1977 soit 5 ans après la fin de la construction des derniers bâtiments

ces constatations en termes de dégradations ont nécessité un premier programme de

réhabilitation grâce à la procédure Habitat et Vie Sociale (HVS). Cette procédure

gouvernementale, a suivi le lancement du premier "plan banlieue" par Jacques Barrot,

ministre du Logement. Ce plan reposait sur une série de contrats passés entre les villes, les

organismes HLM et l’Etat afin d’aménager 53 sites en « banlieue ». La procédure Habitat et

Vie Sociale (HVS) est instituée pour chercher à corriger les défauts les plus évidents de ces

quartiers. L’approche HVS est novatrice : globale et transversale, elle tente d’associer les

habitants aux projets qui les concernent. Cette procédure présentait une triple particularité :

globalité (HVS est une politique urbaine et sociale), transversalité (plusieurs ministères

étaient impliqués), citoyenneté (la participation des habitants était prévue). (http://i.ville.gouv.fr/divbib/doc/chronopolvil14062004.pdf)

Page 29: MEMOIRE DE MASTER 1
Page 30: MEMOIRE DE MASTER 1

Aux Flamants cette procédure a été mise en œuvre et portait sur 3 axes :

- Un rééquilibrage socio démographique grâce à une gestion plus adaptée et une politique

d’attribution pour dédensifier la cité tout en rééquilibrant la population résidente (par

l’intermédiaire de la création d’une agence de l’OPAC sur place, la libération de la quasi-

totalité des appartements en RDC, mutation des familles nombreuses dans les étages

inferieurs, vacances volontaires),

- Un aménagement du cadre de vie des résidents par la mise en œuvre d’une politique

socioculturelle et le traitement des espaces extérieurs (par la création d’un centre social, d’un

terrain de mini-foot et de tennis, une aire de jeux pour les jeunes enfants, un terrain de

boules),

- des améliorations techniques apportées aux constructions, visant à reprendre les

dégradations, améliorer l’installation thermique, créer des transparences et aménager les

entrées d’immeubles (isolation thermiques, étanchéité, halls d’entrée, chauffage...)

Mais ces interventions n’ont eu que peut d’effet, l’OPAC lui-même en tirait les

conclusions suivantes : « grâce a toutes les actions que nous avons poursuivies, le groupe des

Flamants a connu une nette amélioration. Cependant, bien que nous soyons encore loin de

connaitre dans cette cité une situation que l’on pourrait qualifier de « stabilisée », il semble

que, malgré notre bonne volonté, nous ayons atteint un seuil au delà duquel notre action n’a

pas de répercussions très sensibles au niveau de la vie sociale du groupe. Nous pouvons

même dire que d’ores et déjà, certains travaux seraient à recommencer (ascenseurs, espaces

extérieurs, cages d’escaliers, etc.) » (Opac Sud, 1982)

Face a ce constat d’échec l’OPAC décida en 1983 de mettre en place un groupe de

réflexion pour la définition d’une programmation de travaux de réhabilitation de plus grande

ampleur... que nous verrons beaucoup plus en détail dans la deuxième partie de ce mémoire.

Il est d’ailleurs important de noter que la cité des Flamants a connu et connait aujourd’hui

des travaux de réhabilitation et de rénovation assez originaux. Outre ce premier projet de

réhabilitation dans le cadre de la procédure HVS, la cité a fait l’objet d’une très importante

réhabilitation bien plus poussée, dans les années 80, et connait aujourd’hui un projet de

rénovation conventionné par l’ANRU dans le cadre de la loi Borloo en cours de réalisation

jusqu’en 2012. Ce sont ces projets qui vont alimenter notre réflexion dans les deuxième et

troisième parties de ce mémoire, pour voir quels sont les moyens d’intervention et leurs

évolutions concernant la question des grands ensembles.

Page 31: MEMOIRE DE MASTER 1

3) ...Et des problèmes dans la vie de la cité

La cité des Flamants a souvent été stigmatisée. Certains éléments peuvent nous faire

comprendre pourquoi.

Alain Guyot, membre du centre social des Flamants en tant qu’animateur jeune au début des

années 80, soulignait dans un entretien (amicalement accordé le 2 Mai 2008) certaines

caractéristiques du quartier, expliquant certains problèmes aux Flamants et entrainant cette

première opération HVS. Effectivement les bâtiments connaissaient des dégradations très

importantes à cause de la densité très forte et leur sur utilisation, relative à certaines

malfaçons de constructions (problèmes d’isolation thermique et phonique, d’étanchéité et

d’humidité, de chauffage, de pannes d’ascenseurs...). Il en était de même pour les espaces

collectifs en particulier le stade de football. Un sentiment de mal vivre relatif à ces problèmes

a entrainé un certain effondrement du lien social et du dialogue entres habitants.

Parallèlement, la conjoncture économique d’après choc pétrolier signait la fin des « 30

glorieuses ». C’est ainsi que la situation socio professionnelle des habitants s’est rapidement

précarisée (voir sous partie suivante). En parallèle (ou peut être par conséquent) la drogue a

fait son apparition avec les désastres sanitaires et les désordres publics et d’image qu’elle a

entrainé derrière elle. De ce fait, personne ne voulait plus venir s’installer aux Flamants,

seules les populations les plus précarisées y restaient, entrainant un taux de vacance locative

très important pour l’OPAC, rendant encore plus difficile la gestion de la cité...

En plus de cela certains événements dramatiques ont émaillé la vie de la cité et renforcé ce

sentiment de tension sociale. Celle-ci a peut-être atteint son paroxysme avec le drame

intervenu avec la mort du jeune Houari Ben Mohamed, jeune habitant de la cité. Ce drame

avait été interprété à l’époque comme un meurtre racial en raison d’une « bavure » policière.

Ce drame intervenu en 1980 s’inscrivait dans un contexte de monté de l’extrémisme, de mal

vivre dans les « banlieues » de France, et de violence urbaine notamment les fameuses

émeutes de la cité des Minguettes en 1981.

C’est ainsi qu’en réponse à toutes ces injustices sociales fut organisée la « marche des beurs »

partie de Marseille et dont la première escale s’arrêtait aux Flamants. Cette marche pacifique

Page 32: MEMOIRE DE MASTER 1

contre le racisme et pour l’égalité organisée par des jeunes issus de l’immigration avait pour

but de retraverser la France et de rejoindre Paris pour faire prendre conscience à l’opinion

publique et aux politiques de la situation problématique qui se jouait dans ces territoires.

Effectuée en 1983 cette marche rassembla plus de 60 000 personnes à son arrivée dans la

capitale alors qu’à son départ de Marseille elle était composée de 32 personnes.

(http://www.koinai.net/article23.html.)

Nous avons donc vu la situation géographique de la cité, ses atouts et ses handicaps, son

historique, ses caractéristiques techniques. Ces modalités ont conditionnées une certaine

situation sociale dans la cité. Nous allons maintenant étayer les propos évoqués plus haut en

mettant quelques chiffres sur ces affirmations.

C) LA COMPOSITION SOCIALE DE LA CITE ET SON

EVOLUTION

Pour compléter notre état des lieux de la cité des Flamants et mieux cerner les propos

évoquer juste avant, il semble nécessaire de s’intéresser a la composition sociale des ses

habitants. Deux principales études sociologiques ont été réalisées sur la cité. La première fut

menée en 1984 par l’équipe du CERFISE pour adapter les travaux de la réhabilitation à la

réalité de la vie de la cité. La deuxième fut réalisée par l’équipe Lieux-Dits en 2004

préalablement au projet de rénovation ANRU. Ces deux études ont servis de bases à ces deux

projets pour adapter la réflexion des aménageurs et leurs réalisations à la réalité du terrain.

Page 33: MEMOIRE DE MASTER 1

1) La mixité, un discours plutôt qu’une réalité.

Une étude réalisée par les sociologues du CERFISE en 1985 (source : synopsis pour une

réhabilitation délicate) basé sur une analyse sociologique de la cité a partir de recensements

effectué auprès de la population (dépouillement des dossiers des locataires ayant résidé dans

la cité, enquêtes réalisées auprès des habitants de l’époque) a pu permettre de brosser un

portrait de la composition socioprofessionnelle de la cité et de son évolution dans le temps.

Leur conclusion est formelle : la cité des Flamants n’a jamais abrité, même au temps de sa

« splendeur passée », les « couches moyennes ».

L’essentiel de sa population a toujours été d’origine modeste, composée principalement

d’ouvriers et d’employés.

En 1972, les ouvriers représentaient environ 68% des personnes ayant un emploi, dont 6/10

n’avaient aucune qualification (manœuvres, manutentionnaires). Les employés représentaient

environ 25% des personnes ayant un emploi, dont la moitié dans le secteur public.

Les couches dites moyennes représentaient quant à elle seulement 6,5% de la population

ayant un emploi (techniciens, enseignants...)

En une dizaine d’années, en 1984, ces ordres de grandeur n’ont que peu varié. Le pourcentage

d’ouvriers était de 71% avec quasiment la même structure des qualifications ouvrières. La

seule rupture notable concerne la catégorie des employés qui, tout en restant autour des 25%

des personnes ayant un emploi, est constituée à 75% d’employés du privé.

La catégorie des couches moyennes a connu elle aussi une modification réelle. Elle est

passée de 6,5 à seulement 2,5%. Le départ de la plupart des quelques techniciens ou

enseignants que comptait la cité explique cet événement.

Ainsi la paupérisation et le déclassement qui caractérisait la cité (et qui la caractérise toujours)

n’avait que peu avoir avec une modification socio professionnelle profonde. Elle a

fondamentalement eu trait à une précarisation accrue des catégories qui ont, depuis toujours,

habité la cité. Ceci a été expliqué aussi par une chute brutale du pourcentage de couples où les

deux conjoints travaillent ; entre 1972 et 1984, ce taux est passé de 15% a moins de 5%.

D’autre part sur la même période le taux d’emploi effectif par ménage est passé de 1,15 à

0,86. Ceci explique et confirme l’accroissement du pourcentage d’inactifs (retraités,

invalides, chômeurs) qui est passé de 9% à plus de 15% sur la période.

Page 34: MEMOIRE DE MASTER 1

Tous ces chiffres expliquent donc l’accroissement de la précarisation des familles de la cité.

La deuxième caractéristique qui éclaire en partie ce qui vient d’être dit se rapporte aux

trajectoires résidentielles et sociales des locataires. La cité des Flamants est une cité ou

cohabitent des familles aux trajectoires différenciées. De plus la cité était caractérisée par des

flux d’entrés et de sorties dont la régularité indique que celle-ci remplit une fonction

particulière ou plus exactement une série de fonctions diversifiées d’accueil, de transit et/ou

de stabilisation des locataires. Pour résumer la cité des Flamants mettait en situation de

cohabitation des « flux » et des « stocks » de locataires aux caractéristiques diversifiées.

L’hétérogénéité des situations était caractérisée par des populations, certaines plutôt captives

(les plus démunis), d’autres demeurant dans la cité pour diverses raisons (réseau familial,

cohabitation enfants/parents, attachement particulier au site, pas d’autres choix...) et d’autres

enfin n’attendant qu’une opportunité pour quitter la cité (les moins fragiles). Ainsi la cité des

Flamants mettait en position de cohabiter des populations qui n’avaient pas le même avenir et

surtout n’en avait pas la même perception.

La dernière caractéristique de la situation sociale des Flamants à cette époque était que la

cité était composée de réseaux familiaux conséquents. Plus de la moitié des foyers de la cité

des Flamants avaient de la famille dans la cité. L’hypothèse avait été faite à l’époque qu’un

tel mode de territorialisation des relations était un élément de stabilisation et de sécurisation

très fort.

Un autre élément que nous avons vu dans la partie B) 1) concerne la répartition des types

de logements. Il est important de noter qu’originellement la cité comportait un trop grand

nombre de grands appartements et mal répartis dans la cité car situés dans les étages

supérieurs des immeubles. Cela a influé aussi sur la composition de la cité dans laquelle

s’accumulaient les familles nombreuses avec des difficultés financières supérieures et dont les

pratiques ont tendance à avancer les dégradations des parties communes pour la simple raison

d’une utilisation plus intensive des ces espaces (les va et vien dans les cages d’escaliers ou les

utilisations d’ascenseurs et donc leur vieillissement précoce sont plus importants si un

immeuble comporte des grandes familles plutôt que des petites en raison du nombre plus

Page 35: MEMOIRE DE MASTER 1

important d’utilisateurs et d’utilisations dans la journée, comme en témoigne la mutation des

familles nombreuses dans les étages inferieurs des bâtiments).

Il est important d’ajouter à cela que les Flamants ont toujours été problématiques en

termes de gestion pour le bailleur, en particulier le problème de la vacance locative. En effet

dès 1976, la cité atteignait les 300 logements vacants, soit plus du tiers de la cité. La politique

d’attribution de l’OPAC en est en partie la cause. En effet les Flamants sont la cité ou les

loyers appliqués font parti des plus bas du parc de l’OPAC. La composition sociale de la cité

entrevue plus haut en est le reflet. Les populations arrivantes sont donc souvent fragiles. La

forte densité de la cité, les malfaçons, les dégradations, le trop fort pourcentage de grands

appartements et les impayés s’accumulant, l’OPAC s’est vite retrouvé face à un casse-tête

financier. Un logement laissé vacant coûte ainsi moins cher qu’un logement occupé et tous les

frais d’entretient que cela implique (aussi bien à l’intérieur de l’appartement que dans les

parties communes).

Outre ce phénomène de vacance locative importante due aussi à une image fortement

dévalorisée de la cité, les difficultés de gestion pour l’OPAC sud sont liées à des actes de

vandalismes importants, et aux dégradations périodiques des espaces extérieurs et des locaux

communs, déjà entrevus plus haut. C’est ainsi que chaque année, le coût de gestion de la cité

se traduit par un déficit d’environ 100 000 euros. (OPAC, 1984)

Le site, la situation, la configuration physique et urbaine de la cité, ses problèmes en

termes de qualité technique, son enclavement, ses carences en équipements et services publics

(monofonctionnalité résidentielle), la gestion de l’OPAC, la composition sociale de la cité et

les malaises qui en découlent ont entrainé une spirale de dégradation-paupérisation assez

dramatique dès les premières années de l’histoire de la cité.

Le dispositif HVS n’a pas permis de modifier en profondeur toutes ces problématiques.

En effet, la complexité des problèmes dépassait le simple cadre d’une réhabilitation classique

et des remèdes structurels s’imposaient. Cela a donc justifié le projet de réhabilitation des

années 80 mené par l’architecte André JOLLIVET en collaboration avec l’équipe de

sociologues du CERFISE dans le cadre de la Politique de la Ville. Avant de s’y plonger dans

la deuxième partie de ce mémoire, nous allons essayer de connaitre aussi les caractéristiques

socio-économiques de la cité 20 ans plus tard, avant le projet de rénovation actuel.

Page 36: MEMOIRE DE MASTER 1

2) Des difficultés sociales toujours importantes

Une deuxième enquête socio économique a été réalisée par la MOUS Flamants (par

l’équipe de sociologues de la SARL Lieux-Dits Ingénierie sociale et Urbaine) en 2003/2004

pour prendre connaissance de la situation sociale aux Flamants et ainsi adapter et faire mieux

coller à la réalité les logiques de réalisation du projet de rénovation actuel (synthèse de l’enquête :

phase APS conditionnelle, Groupement A. GRUMBACH, J.J. RAYMOND, BETEREM ingénierie, SARL Lieux

Dits pour l’OPAC Sud).

437 ménages ont été enquêtés, représentant 1378 personnes soit environ 85% des

locataires.

Force est de constater que les problèmes socio-économiques des habitants de la cité sont

toujours très marqués.

La première constatation relative à cette enquête confirme un résultat issu de la première

dévoilée plus haut. En effet, la cité est encore caractérisée par un fort enracinement de ses

locataires qui a favorisé le développement des réseaux familiaux et amicaux.

- 37% des locataires étaient installés aux Flamants avant 1981 et seulement 28% des

locataires sont arrivés après 1998

- 51% des ménages ont de la famille dans un ou plusieurs bâtiments aux Flamants (comme

en 1984)

Le deuxième point concerne les difficultés économiques encore très marquées et peut-être

plus qu’il y a vingt ans

- L’âge moyen des chefs de familles et de 48 ans

- Leur taux d’activité est très faible : moins de 30% de salariés, 20% de retraités, 50% sont

soit chômeurs soit déclarés sans activités (pension d’invalidité, personne au foyer, ¼ vivent

du RMI)

- Le revenu moyen par ménage est de 976,9 € soit 310 € par personnes

- Moins de la moitié des familles perçoivent des prestations familiales (CAF), le revenu

moyen total avec ces prestations est de 1166 €

- 20% des ménages déclarent des difficultés à payer leur loyer (86 ménages avec une dette

moyenne de 847 €)

- 92 % des ménages ne sont pas imposables

Page 37: MEMOIRE DE MASTER 1

Pour tirer un bilan rapide de ces enquêtes, nous pouvons constater une grande pauvreté de

la population des Flamants. Il est important d’ajouter aussi qu’une grande part des habitants et

des visiteurs ressentent une certaine insécurité dans la vie de la cité.

Il est donc certain que la mixité sociale est restée inachevée et problématique, malgré tous les

efforts mis en place au cours de l’histoire de la cité. Aujourd’hui il existe même des conflits

d’usage (notamment en termes de stationnement) entre les habitants et les visiteurs de la cité

(élèves ou enseignants de l’école d’infirmières mise en place lors de la réhabilitation des

années 80). Les habitants des Flamants ressentent un certain sentiment de relégation et de

favorisation des visiteurs.

Les habitants ressentent également et par conséquent une grande défiance à l’égard du bailleur

en raison de ce genre de frustration, de la faible satisfaction des précédents travaux de

réhabilitation et de l’absence de concertation et de communication régulière de la part du

bailleur. (Propos issus de la lecture d’articles de presse ou de l’entrevue avec Mme

MOSTEFAOUI, habitante du quartier réalisée le 9 Juin 2008).

Certains (association ADEUS, qui avait mené une enquête auprès des habitants au

début des années 2000 pour le compte de l’OPAC dans le cadre du projet de rénovation

entrepris a l’époque par le bailleur) dressent un constat de ghettoïsation ou la loi du dedans se

différencie et s’affranchit de la loi du dehors et ou l’ordre républicain y est en régression.

Dans cette première partie nous avons essayé d’identifier les maux dont souffre la cité

des Flamants et comment ils se répercutent sur la vie et la composition sociale du quartier. La

situation socio-économique des habitants des Flamants ne s’est pas améliorée au fil du temps.

Des problématiques diverses y subsistent. L’état des lieux de tous ces problèmes que nous

venons d’évoquer a pourtant fait l’objet de nombreuses réflexions et actions de la part du

bailleur et des pouvoirs publics. Une opération de réhabilitation de grande envergure a

d’ailleurs été menée pour essayer de réduire tous ces malaises (réhabilitation entre 1984 et

1988). Nous allons voir maintenant dans quels buts et logiques cette opération a été pensée

pour infléchir tous ces désordres, comment elle a été menée, quelles opérations ont été

réalisées et quels objectifs ont été atteints, et pourquoi assiste t’on aujourd’hui à un projet de

rénovation malgré tous ces efforts.

Page 38: MEMOIRE DE MASTER 1

II) 1984-1989 : AU DELA D’UNE REHABILITATION

CLASSIQUE

Dès 1978, une première réhabilitation initiée par la procédure HVS a été menée pour

résorber tous ces problèmes mais elle n’a pu entrainer des dynamiques satisfaisantes comme

le montrent les conclusions de l’OPAC que l’on a vues en partie I) B) 2). Dans la réalité les

réalisations avaient surtout porté sur le bâti lui-même, oubliant les autres aspects de

l’intervention (social, économique et démographique). Toujours selon l’OPAC : « si de la

sorte, la spirale dégradation-paupérisation a pu partiellement être enrayée, ce dispositif n’a

pas permis de modifier en profondeur les conditions de vie ». Source : Opac Sud, 1982. Ce

constat réalisé par l’OPAC nous démontre qu’une simple intervention technique sur les

bâtiments sans un réel travail en profondeur d’insertion économique et sociale de la cité et de

ses habitants au reste de la ville s’avère souvent vaine.

Ainsi c’est au début des années 80, qu’une nouvelle logique d’appréhension du traitement

des grands ensembles a commencé à émerger. La méthode d’intervention sur le bâti stricto

sensu ayant rapidement avoué ses limites, des moyens de traitement nouveaux ont été

expérimentés. En effet, à la suite des rapports SCHWARTZ, BONNEMAISON et

DUBEDOUT (Rapports : « Face à la délinquance : prévention, répression, solidarité, 1982 ;

« Ensemble refaire la ville, 1982) la procédure de DSQ (Développement Social des Quartiers)

vise à améliorer tous les aspects de la vie quotidienne des habitants de quartiers cumulant des

handicaps sociaux, culturels et urbains. Cette procédure cherche à décloisonner les

interventions sectorielles et à traiter les problèmes dans toutes leurs dimensions éducatives,

sociales, économiques, préventive.

Un des premiers architecte-urbanistes en France se penchant sur la question fut M. André

JOLLIVET. Cet architecte marseillais diplômé de l’ENSBA (Ecole Nationale Supérieure des

Beaux-arts) en 1976 fut sensibilisé a la question du logement social au cours de son cursus,

par l’intermédiaire d’un de ses professeurs : Georges CANDILIS, architecte du mouvement

moderne attaché a la question du logement collectif d’après guerre. Il fut par la suite premier

Page 39: MEMOIRE DE MASTER 1

lauréat d’un appel d’offre en 1977 du programme d’architecture urbaine, sur le thème de la

requalification de l’habitat social avec la présentation d’un projet concentré sur la

participation des habitants dans les opérations de réhabilitation.

Ainsi, au delà de l’intervention technique, il promut une participation active des citoyens,

des enquêtes socio économiques sur les habitants des cités, la mise en place d’un projet global

en collaboration avec les habitants, des débats, et la création d’un atelier de la réhabilitation...

Ces travaux sur la question des grands ensembles ont permis à M. JOLLIVET et son équipe

d’être contactés par l’OPHLM de la ville de Marseille pour concrétiser toutes ces orientations

sur la cité du Petit Séminaire dans le 13ème arrondissement de Marseille.

Enthousiasmé par cette opération et désireux de remédier aux problèmes de la cité des

Flamants, Philippe SANMARCO, à l’époque président de l’OPAC sud, recruta M.

JOLLIVET pour intervenir sur cette cité après l’échec de la procédure HVS. Il lui accorda une

grande liberté d’intervention pour mener à bien cette réhabilitation ambitieuse. C’est ainsi

que cette opération des Flamant, au même titre que celles des Minguettes a Lyon, de l’Alma-

gare a Roubaix furent l’une des premières opérations de requalification urbaine tant est si bien

qu’elle fut caractérisée d’expérimentale.

La complexité des problèmes sur la cité des Flamants dépassait le cadre d’une

réhabilitation classique et des remèdes véritablement structurels s’imposaient. Le bailleur de

la cité avait ainsi la ferme intention de mener à bien un projet de restructuration en ayant la

volonté d’aboutir à un mieux vivre dans la cité. Nous allons donc maintenant essayer de

comprendre en quoi consistait ce projet, comment pouvait-il prétendre répondre aux

problématiques de la vie du quartier, quelles réalisations furent prévues pour ce faire et quel

impact a-t-il réellement eu pour la cité et ses habitants ?

Page 40: MEMOIRE DE MASTER 1

A) DES ORIENTATIONS ORIGINALES POUR L’EPOQUE.

Pour la mise en place, et la phase opérationnelle de ce projet, M. JOLLIVET s’était

entouré d’une équipe de sociologues, celle du CERFISE (Centre d’Etudes, de Recherches et

de Formation Institutionnelle du Sud Est), pour mettre en œuvre les enquêtes socio

démographiques pour une meilleure connaissance du quartier, de son mode de

fonctionnement et de ses problèmes. Ces enquêtes ont permis l’élaboration des conclusions

détaillées en partie I) C) 1). Cette approche et ces enquêtes sociologiques furent originales

pour l’époque et sont aujourd’hui indispensables pour toute opération de ce type. Outre ces

enquêtes sociologiques, des enquêtes sur l’état technique et des études de satisfactions des

habitants ont été réalisées pour faire le point sur l’état général de la cité et ainsi mettre en

œuvre des travaux appropriés (Rapport (non publié) : synopsis pour une réhabilitation

délicate, CERFISE, 1985)

Les principales orientations du projet devaient dépasser le cadre d’une réhabilitation

classique, mettre en place des remèdes structurels par un changement d’usage, dédensifier la

cité, introduire d’autres fonctions que la simple résidence, rompre la monofonctionnalité et

réduire les coûts de gestion de la cité.

Pour André JOLLIVET les principaux points d’originalité de l’opération des

Flamants consistaient en « Une des premières opérations de changement d’usage, introduire

a l’intérieur de la cité d’autres activités que la simple résidence (école d’infirmière et de

travailleurs sociaux), faire venir dans la journée des gens extérieurs aux Flamants, et rompre

avec l’effet centrifuge (habitants allant travailler à l’extérieur ou qui y restent a cause du

fort taux de chômage), rompre avec la monofonctionnalité, écrire sur les bâtiments autre

chose qu’une vie immuable d’HLM, créer une sédimentation et rompre avec « je nais hlm, je

meurs hlm », changer l’usage et l’histoire des bâtiments dans l’idée de constituer et d’inscrire

une histoire sur ces derniers, comme par exemple des bâtiments des centre villes qui ont

connu une stratification d’usage (commerce, atelier, habitation). » (entretien réalisé le 5 mai 2008)

L’un des principaux buts était donc d’introduire une réelle dynamique urbaine,

d’introduire la cité dans le fonctionnement général de la ville, de la sortir de sa simple

fonction résidentielle, de créer de l’urbanité.

La mise en place de cette opération de changement d’usage avait été encouragée par le

bailleur et les pouvoirs publics qui refusaient catégoriquement une opération de démolition,

Page 41: MEMOIRE DE MASTER 1

un temps envisagée. Une autre préoccupation principale était la dédensification de la cité pour

faciliter et réduire les coûts de gestion pour l’OPAC, introduire d’autres fonctions que le

logement, réduire les dégradations sur les bâtiments, car on sait qu’une trop forte densité

urbaine associée à un sous-équipement en services publics et collectifs était l’une des

principales préoccupations récurrentes à toute cité de grand ensemble.

André JOLLIVET et l’équipe du CERFISE avaient, dans un premier temps opté pour la

démolition du bâtiment B. Source : CERFISE, 1984, « Les Flamants : situation dans le quartier »,

(Rapport non publié)

Mais cette option avait été très rapidement écartée, car l’idée de détruire des immeubles

presque neufs, âgés d’une dizaine d’années seulement et dont les crédits de remboursement

couraient sur 40 ans semblait impensable à l’époque.

La dédensification, le changement d’usage couplé à l’introduction d’autres fonctions

urbaines allant au-delà de la simple fonction résidentielle, rompre la monofonctionnalité, des

interventions techniques de confort des appartements devaient permettre de fait d’introduire

une certaine mixité sociale qui a toujours fait défaut dans la vie et dans le fonctionnement de

la cité. Ces interventions architecturales et techniques devaient permettre d’intégrer d’autres

usages que celui de résidence dans la cité, (école de Provence, régie de quartier, centre

commercial) entrainant des dynamiques économiques et sociales (créations d’emplois et

attraction de catégories sociales dites supérieures sur la cité).

Au total, l’équipe de M. JOLLIVET et du CERFISE a imaginé 6 scenarii pour la

réhabilitation des Flamants. Cette équipe a en fait procédé a l’envers pour l’imagination et la

mise en place du projet. En effet, l’approche « analytique » des problèmes qui est

généralement pratiquée dans ce type de réflexions se révélant peu efficace (une cité comme

celle des Flamants constituant un système complexe), l’équipe de maitrise d’œuvre a ainsi

décidé de procéder a l’envers en imaginant des principes de solutions et d’analyser ensuite les

répercutions sur les Flamants par un bilan des avantages et des inconvénients. Les scenarii

furent les suivants :

1er scenario : ce scénario envisageait la réhabilitation complète de la cité avec

restructuration des niveaux bas (grands appartements avec accès direct) et des derniers

niveaux (en petits appartements attractifs). En fin d’opération il devait rester 744 logements.

Une variante avait aussi été imaginée, neutralisant les 2 derniers niveaux, et qui devait

conduire à 600 logements.

Page 42: MEMOIRE DE MASTER 1

2ème scénario : Ce scenario prévoyait la destruction de tout l’îlot B et la reconstruction

d’un minimum de 30 logements neufs non collectifs sur l’emplacement libéré. Ce scenario

permettait une importante dédensification pour aboutir a un bilan de 600 logements.

3ème scénario : il prévoyait la destruction complète de tout l’îlot C et la reconstruction de

logements individuels à la place.

4ème scénario : vente de la totalité de l’ilot A après réhabilitation. Le reste de la cité aurait

pu être traité comme dans le premier scénario, soit comme dans le second.

5ème scénario : Changement d’affectation des entrées 22 à 24 (îlot B) par création de

bureaux. Les autres ilots auraient pu être traités comme dans les 2 premiers scenarii.

6ème scénario : scénario fait d’interventions ponctuelles visant a récupérer au niveau de la

cité des affectations en services sociaux, commerces de proximité, artisans, équipements

collectifs divers (crèches, P.M.I....). Il s’agissait en fait d’un scénario d’appoint pouvant se

superposer aux autres.

Après analyse des avantages et inconvénients l’attention avait été arrêtée sur le premier

scénario qui devait guider les maitres d’ouvrages dans leur intervention. Il devait permettre,

entre autres, de dédensifier la cité, diminuer la cohabitation forcée verticale ou horizontale,

réduire le transit vertical (problème des escaliers et ascenseurs, redistribuer les grands

logements sur toute la cité et la possibilité de retrouver des logements de taille réduite en

étage.

Nous avons donc vu quels étaient les points qui nous permettaient de dire que ce projet

allait au delà d’une simple réhabilitation technique. En effet, au-delà du simple traitement

architectural, les logiques étaient de créer certaines dynamiques urbaines dans la cité. Pour ce

faire, une série de réalisations d’ordres plutôt sociales est venue accompagner les réalisations

architecturales. Ceci peut nous permettre confirmer l’idée de la plus grande profondeur de ce

projet qu’une simple réhabilitation, associant projet architectural et urbain. Ce sont ces

réalisations que nous allons détailler maintenant.

Page 43: MEMOIRE DE MASTER 1

B) LES PRINCIPAUX POINTS FORTS DE LA

REHABILITATION.

1) Des réalisations originales

- L’école le Provence

La mise en place du projet de l’école de Provence devait avoir de multiples

répercussions. Localisée dans les étages supérieurs du tripode du bâtiment B (étages 8, 9 et 10

des entrées 9-10-11) qui disposait du taux de vacance locative le plus fort, cette école a permis

une certaine dédensification de la cité. Accueillant une école d’infirmières, d’éducateurs de

jeunes enfants, d’assistants de Service Social, et d’une formation permanente elle devait

permettre aussi la présence quotidienne de 300 étudiants et de leurs enseignants, facteur de

dynamisme, d’échanges, en créant un effet centripète. Des travailleurs et étudiants viendraient

ainsi de l’extérieur de la cité pour rompre l’enclavement de la cité. La notion de changement

d’usage prend ici toute sa signification. Transformer des appartements en une école vient

donc rompre avec la monofonctionnalité résidentielle de la cité des Flamants.

Le schéma de la page suivante présente ainsi le projet de reconversion du bâtiment B. Seuls

les 5 premiers étages du bâtiment sont conservés pour diminuer le nombre d’habitants

(dédensifier), réduire les dégradations « naturelles » liée a une sur utilisation des parties

communes (l’accès a l’école d’infirmière se faisant indépendamment des accès aux

appartements) et donc faciliter l’entretient et réduire les coûts de gestion de l’immeuble. La

mise en place de logements étudiants devait aussi permettre l’introduction d’une nouvelle

catégorie sociale à l’intérieur de la cité, favorisant la mixité et le dynamisme social. Une

galerie de circulation devait servir de zone tampon entre les étages résidentiels et d’activité.

Enfin dans le reste du bâtiment les 3 derniers étages devaient servir de zone d’activité par

l’implantation de bureaux et ainsi favoriser l’activité économique et de développement de

l’emploi sur la cité.

Page 44: MEMOIRE DE MASTER 1

Source : CERFISE, juin 1985, « Iris-Flamants, une réhabilitation délicate » (Rapport non publié)

Une des volontés principale de ce projet était aussi le développement de l’emploi qui selon

André JOLLIVET est une condition indispensable de la réussite d’un tel projet. Selon lui le

Page 45: MEMOIRE DE MASTER 1

principal est de créer de l’emploi afin de modifier les conditions économiques dans lesquelles

les gens vivent pour changer en profondeur ces cités.

L’école de Provence devait permettre certaines retombées économiques et créations d’emplois

comme des tâches d’entretient, de nettoyage, de restauration.

Des locaux à usages tertiaires avaient été aussi prévus dans les étages supérieurs du bâtiment

B grâce à la reconversion de logements pour une surface totale de 2000 m².

La reconversion du bâtiment B était la pierre angulaire de ce projet de réhabilitation. Mais

pour obtenir les résultats voulus par l’OPAC et ainsi créer de l’urbanité, des réalisations

d’ordres plutôt sociales ont accompagnées les réalisations architecturales.

- La régie de quartier, le centre commercial

Une autre innovation mise en place par ce projet fut la création d’une des premières

régies de quartier. Le but principal étant la création d’activités commerciales employant

uniquement les habitants chômeurs du quartier. Cette régie constituait un outil de

développement social fondé sur des activités économiques régulières.

Cette régie devait créer des emplois dans 3 domaines principaux à savoir : des tâches

nécessaires a la collectivité (nettoyage des parties communes ou des espaces extérieurs),

l’aide aux travaux locatifs, et enfin la constitution d’un lieu social, permettant de faire le lien

entre les locataires et le bailleur. (OPAC, 1986, « les Flamants changent », (plaquette non publiée)

Toujours pour rompre la spirale chômage-paupérisation la création d’un centre commercial

avait été prévue. S’insérant dans le processus général de restructuration de la cité, il devait

représenter l’élément moteur de la réhabilitation au même titre que l’école de Provence et

permettre de renforcer l’attractivité du site et de mieux répondre aux besoins de la population.

Constituant un pole d’attraction, un centre d’activité ainsi qu’un lieu de rencontre, le centre

commercial devait permettre une modification du paysage économique et un accroissement du

flux financier de la cité et sur la vie sociale. L’idée était de créer une place urbaine qui

articulerait pratiques spatiales, liaison avec la cité des Iris, et transparence entre l’avant et

l’arrière des bâtiments. Parallèlement à cette place les commerces devaient être organisés en

galerie marchande facilitant la traversée de la cité. 10 commerces furent prévus facteur de

création d’emploi et de cohésion sociale sur la cité.

Page 46: MEMOIRE DE MASTER 1

Illustration de la place urbaine située tout à l’est de la cité devant relier les Flamants et les

Iris. Source : OPAC, 1986, « les Flamants changent », (plaquette non publiée)

Illustration de la galerie marchande dans le prolongement de la place urbaine

Source : OPAC, 1986, « les Flamants changent », (plaquette non publiée)

Page 47: MEMOIRE DE MASTER 1

- Le centre social, l’atelier photo

Il est à noter aussi que depuis son édification le quartier du Grand Saint Barthelemy

connait un riche tissu associatif. La cité des Flamants ne déroge pas à la règle puisque cette

réhabilitation a permis l’agrandissement du centre social et la création d’un atelier photo.

Avec la création de l’école de Provence et la volonté d’agrandissement du centre social, ce

dernier a été déplacé du bâtiment 4 au bâtiment 3. Cette extension marque la volonté de

retisser une vie sociale avec les objectifs de créer un flux d’activité, une synergie entre les

habitants, d’être un centre d’attraction et représenter un point de rayonnement de la cité,

maintenir et développer une vie sociale plus active en proposant un lieu d’accueil pour les

différentes associations du quartier et aider a palier certains problèmes sociaux inhérents à

toute cité. Cette nouvelle implantation a été aussi l’occasion d’un redéploiement de ses

activités. Il a permis de regrouper le collectif des travailleurs sociaux et les institutions qu’il

représente : la CAF, l’UDAF la DASS et l’AEMO.

La création de l’atelier photo devait répondre à une triple volonté : procurer un travail

aux jeunes du quartier en leur dispensant une formation complémentaire, intervention de

photographes professionnels collaborant avec les étudiants, et enfin permettre à ces mêmes

photographes professionnels d’avoir une action de formation et d’encadrement des jeunes. Cet

atelier a permis la création de l’association Média2 encore très active aujourd’hui.

Voici donc les principales innovations allant au delà d’une simple réhabilitation. Ces

aménagements devaient répondre aux thématiques de la dédensification, du changement

d’usage, du désenclavement, de la mixité sociale, de la création d’emploi et du

développement d’activités économiques, problématiques pour la cité. Mais ces projets ont

bien entendu été accompagnés de travaux de réhabilitation techniques, eux aussi complexes et

complémentaires de ceux déjà présentés. C’est ce que nous allons présenter maintenant.

Page 48: MEMOIRE DE MASTER 1

2) Une réhabilitation technique classique mais complète.

Pour accompagner les réalisations originales pour la décennie 1980, et répondre aux

problématiques de la cité, André JOLLIVET et son équipe ont aussi entrepris des travaux de

réhabilitation plus classiques.

Pour ce faire les enjeux de cette réhabilitation furent :

- d’améliorer le confort et la sécurité à l’intérieur et à l’extérieur des logements,

- restructurer les appartements en réduisant le nombre le nombre de grands logements et en les

transformant en appartements de petite taille et en studio,

- limiter la vacance, véritable gouffre financier pour le bailleur

- changer l’image des Flamants par un traitement architectural significatif,

- Transformer l’environnement proche constitué par les espaces extérieurs et le redéfinir par

rapport aux activités nouvelles des bâtiments.

Le premier point constitue des travaux classiques dans toutes les réhabilitations aux

Flamants cela s’est traduit par : remplacement des portes palières par des portes « sans

soucis », pose de barreaudages métalliques sur l’ensemble des 1ers étages, pose de volets

extérieurs sur cuisine, pose d’interphones, amélioration du rendement du chauffage et passage

au chauffage individuel, isolation thermique par l’intérieur des pièces mitoyennes aux loggias,

isolation thermique des sous faces des planchers, isolation thermique de toiture terrasse,

amélioration de la VMC (Système de ventilation), remplacement des moquettes par des dalles

thermoplastiques, pose de carreaux de faïence dans la salle de bain, révision générale des

menuiseries intérieures et extérieures.

Concernant le deuxième point, entre la création des Flamants et les années 1980, la

composition moyenne des familles a bien évolué. A l’origine construite pour les familles

nombreuses, rapatriées, immigrées ou classes moyennes, la cité comportait trop de logements

de grande taille inadaptés à la demande des années 80 ou la taille moyenne des foyers

commençait a diminuer. Ceci se traduisait par des logements en sous occupation et

contribuait aussi à alimenter la vacance locative en raison d’une trop faible demande des

grands logements. Le graphique de l’Annexe 4 nous montre la répartition des types de

logements dans la cité et leurs évolutions à l’issue de la réhabilitation.

Page 49: MEMOIRE DE MASTER 1

Pour ce faire les appartements ont été restructurés par la diminution du nombre des grands

logements et le rééquilibrage de leur répartition (ajout ou retrait de pièces, déclassement de

certaines pièces transformées en pièces communes). La part des grands logements (T5 et T6)

a ainsi été réduite de 25% à 16%, le nombre de logements intermédiaires a été augmenté car

la cité comportait quand même un nombre important de famille avec 2 ou 3 enfants, la part

des plus petits logements Studios, T1 et T2 a été augmenté pour faire venir une population

étudiante, et encourager le processus de décohabitation (Parents/enfants) très important sur la

cité.

Le but fut d’adapter la localisation et le type de logements a l’évolution socio démographique

de la population et non l’inverse.

Il avait été question aussi de supprimer tous les logements en rez-de-chaussée pour les

reconvertir en locaux commerciaux ou à caractère culturel.

Cette politique de mise en adéquation de l’offre par rapport à la demande avait pour but aussi

la dédensification de la cité et de limiter la vacance locative. Ces deux thématiques ont ainsi

bénéficiées de multiples pistes de réflexions et de réponses. Avec ces travaux et la création de

l’école de Provence, le nombre de logements est ainsi passé de 899 a environ 750. L’autre

volonté affichée été qu’en proposant une nouvelle offre en logements de petite taille, une

nouvelle classe sociale devait faire son apparition sur la cité (étudiants) favorisant la mixité

sociale.

André JOLLIVET et l’équipe du CERFISE avaient aussi préconisé la nécessité que l‘OPAC

mette en place une politique d’attribution de logements équilibrée pour varier les classes

sociales et ethniques sur la cité, afin de limiter la vacance et permettre la réussite de ces

restructurations de logements.

Le quatrième point de la réhabilitation est aussi un classique de ce genre de travaux.

Dans ce type d’intervention le but est l’amélioration de l’image de la cité. Fortement

dégradés, les bâtiments des Flamants participaient à la mauvaise image de la cité et de sa

stigmatisation. Certains travaux ont donc été entrepris pour le confort des habitants et la

requalification de l’image de la cité et en donner une nouvelle lecture : une réorganisation des

halls d’entrées, un réaménagement des locaux vide-ordures, le changement du système

d’éclairage des halls et cages d’escaliers, des balcons ont été rajoutés pour tous les T3 qui

n’en avaient pas et certaines loggias ont été fermées (celles situées au nord), doublage des

Page 50: MEMOIRE DE MASTER 1

ascenseurs pour les entrées comportant le plus d’habitants, traitement architectural (rajout de

modénatures, ceinture métallique autour du toit de chaque immeuble) et technique des

façades, des cages d’escaliers, des halls d’entrée, des entrées et pieds d’immeubles.

Le dernier point concerne le traitement et le réaménagement des espaces extérieurs. Les

principaux points consistaient en une restructuration par déplacement de certaines voies,

augmentation de la capacité des parkings, aménagements d’aires de jeux pour les enfants,

mise en place d’un système de gardiennage. De plus, les espaces extérieurs devaient être

redéfinis et requalifiées en fonction de la spécificité de chaque bâtiment, à travers la

constitution de 4 pôles. Le premier pôle devait être articulé autour du bâtiment D et devait

prendre forme avec la création d’une place urbaine (vue plus haut), le deuxième articulé

autour du bâtiment C avec la création d’un square avec activités sportives, le troisième pôle

articulé autour du bâtiment B avec la création d’un parking pour les besoins du secteur

tertiaire nouvellement installé (école de Provence), enfin le dernier pôle devait accueillir de

nouveaux espaces végetalisés autour du bâtiment A.

CERFISE, avril 1985, « Iris-Flamants, une réhabilitation délicate »

(Rapport non publié)

Projet de zonage de la cité des flamants : logements et fonctions annexes

Les espaces extérieurs seront redéfinis et requalifiés en fonction de la spécificité de chaque

bâtiment pour apporter une meilleure lisibilité à la cité.

Page 51: MEMOIRE DE MASTER 1

Pour finir cette sous partie il est à noter aussi qu’au niveau des relogements, peu ou

pas furent nécessaires car il n’y eut pas de démolitions, les travaux de réhabilitation des

appartements ont été faits en la présence des habitants. Les relogements nécessaires dans le

cadre de la réalisation de l’école de Provence ou autre se sont faits dans des appartements

vacants.

Concernant les estimations originelles des financements, le coût total devait s’élever à

60 millions de francs et les investissements devaient être partagés comme suit :

Etat : 30%, Conseil General : 15%, Conseil Régional : 15%, Prêts URCIL : 5%, Prêts

collecteur : 5%, OPAC : 10%, Emprunt (couvert par les hausses de loyers) : 20%

Nous avons donc vu les principales logiques et volontés devant répondre aux

problématiques des Flamants et les réalisations prévues pour les concrétiser. Nous allons voir

maintenant comment cela s’est traduit dans la réalité et dans la vie des habitants de la cité.

Page 52: MEMOIRE DE MASTER 1

C) DES RESULTATS MITIGES

Nous avons vu les principales logiques et projets devant répondre aux problématiques de

la cité des Flamants. Les travaux devaient être réalisés sur 36 mois de 1986 à 1989 et

découpés en 4 tranches. La première tranche consistait en des interventions diverses, la

deuxième portait sur des prestations générales à tous les logements des Bâtiments A, B et C,

la restructuration des bâtiments C et D, et des interventions sur les parties communes et les

façades du bâtiment A. La troisième tranche devait permettre la restructuration des Bâtiments

A et B, des interventions sur les parties communes et les façades des bâtiments B, C et D et la

restructuration des Bâtiments A et B. Enfin la quatrième tranche devait permettre

l’aménagement des espaces extérieurs.

Mais très vite les prévisions annoncées par le bailleur furent rattrapées par la réalité.

Avant même la fin des travaux, le mécontentement des locataires prit forme et s’amplifia

(ARNOULT Dominique, 23/05/1991, « Les Flamants : derrière les façades neuves, les premières fissures », Le

Soir). En effet de nombreux locataires constatèrent des malfaçons dans les travaux de

réhabilitation. Des problèmes de mauvaise isolation, d’infiltrations, de froid, d’humidité, de

moisissures, en raison de l’utilisation de matériaux de mauvaise qualité furent constatées des

la fin des premiers travaux de réhabilitation. C’est ainsi qu’une association de défense des

locataires (ADLF) vit le jour pour pointer du doigt ces malfaçons et mettre le bailleur devant

ses responsabilités. Cette association s’offusqua aussi d’une hausse de 56% des loyers jugée

faramineuse eu égard à la qualité plus que moyenne des réalisations. (DI MAJO Christine,

07/06/1990, « Réhabilitation, la flambée des loyers », La Marseillaise) Cette association présidée par M.

André CATONA invoqua aussi la non représentativité des associations signataires du

protocole de réhabilitation (accord signé entre les associations de locataires et l’OPAC

concernant la nature de travaux réalisés à l’intérieur des appartements), l’illégalité des cette

hausse des loyers et désirant une expertise des travaux. Toutes ces requêtes prirent même la

forme d’une plainte déposée par cette association contre l’OPAC en 1990. Les locataires

reprochèrent un gaspillage de l’argent de la réhabilitation de la part de l’OPAC dans des

réalisations inutiles comme le passage au chauffage individuel, ou une ceinture métallique

installée autour de chaque immeuble pour 140 Millions de Francs.

Outre les problèmes de malfaçons, d’augmentations abusives des loyers par rapport à la

qualité des travaux et du gaspillage d’argent, l’ADLF pointa aussi un retard dans

Page 53: MEMOIRE DE MASTER 1

l’achèvement des travaux. En 1991, soit deux ans après la fin théorique des travaux ceux ne

furent toujours pas terminés. Le mécontentement fut donc le principal sentiment des locataires

par rapport a cette réhabilitation, certains n’ayant pas hésité a la qualifiée de véritable échec.

Page 54: MEMOIRE DE MASTER 1

Malgré le projet ambitieux proposé par André JOLLIVET et l’équipe du CERFISE, et en

plus de ces défauts « de fabrication » beaucoup de choses ne virent pas le jour. L’architecte

de cette réhabilitation n’hésite pas à mettre en cause le changement de présidence de l’OPAC

comme une des principales causes du problème : « le changement de présidence de l’OPAC a

eu pour conséquence de freiner les expérimentations mises en place voir de les stopper ». En

effet en 1986 Philipe SANMARCO fut remplacé à la tête de l’OPAC par Jean-Noël

GUERINI. Ce dernier fut apparemment moins intéressé et moins convaincu de la pertinence

de l’opération sur la cité (la plus problématique du parc HLM du bailleur), que ne fut son

prédécesseur, beaucoup plus ambitieux et soucieux du devenir des Flamants. Les problèmes

financiers sont aussi en partis responsables. Le coût des travaux ayant largement dépassé les

prévisions, en raison de certains retards, et de la nécessité de refaire certains travaux au niveau

des appartements et des parties communes.

Il en résulta le non-achèvement et la non-réalisation de certains travaux. Le centre

commercial n’a jamais vu le jour dans la forme qu’il devait prendre, seuls quelques

commerces furent mis en place autour du Bâtiment D, la place urbaine n’a pas non plus été

réalisée, les retombées économiques furent minimes, les travaux de réhabilitation furent

même stoppés pendant de nombreux mois entrainant retard et dépassements des budgets

initiaux (100 Millions de francs auraient ainsi été dépensés au final) (MATALON Jean-Marc, « Les

Flamants : l’OPAC joue la transparence », Le Provençal,). De ce fait, l’emploi et l’insertion

professionnelle des jeunes tellement mise en avant pour la réussite à long terme d’un tel projet

n’ont jamais été satisfaisants. En effet, l’aménagement du centre commercial n’a jamais été

réalisé et les étages supérieurs du bâtiment B n’ont jamais accueillis de bureaux, réduisant

d’autant les perspectives d’emplois dans la cité.

L’architecte évoque aussi le non respect de ses préconisations pour la réussite de ce projet.

En effet l’une des premières structures mises en place fut l’atelier de la réhabilitation

coordonnée par une des premières MOS (Maitrise d’Œuvre Sociale) mise en œuvre lors de

travaux de réhabilitation. Ce dispositif de terrain mis en place par l’équipe du CERFISE et

l’OPAC avait pour rôlet d’associer les habitants avec la maitrise d’œuvre avant, pendant et

après les travaux pour assurer sa réussite. Les principes mis en place par cet atelier furent,

entre autres, la participation citoyenne, l’intégration, l’information et la participation des

habitants tout au long du projet.

Page 55: MEMOIRE DE MASTER 1

Apres le départ de M. JOLLIVET et de l’équipe du CERFISE, le bailleur aurait du laisser

un dispositif de terrain et une équipe sur place pour gérer les choses de façon pertinente, le

maitre d’ouvrage n’a pas suivi les préconisations de l’architecte en terme de dispositifs de

suivi (attributions des logements, formations personnelles ou professionnelles...), la pérennité

de l’atelier de la réhabilitation n’ayant pas non plus été assuré. (entretien de M JOLLIVET réalisé le

5 mai 2008)

La politique d’attribution mise en place par le bailleur et objet de préconisations

particulières de la part de la MOS (éviter les familles nombreuses, « sensibles » ou trop

fragiles) est jugée peu pertinente de la part de l’architecte, entrainant vacance et fermeture

rapide de certain logements entrainant à nouveau des phénomènes de dégradations, peu de

temps après les travaux.

M. JOLLIVET ne parle pas d’échec de la première réhabilitation mais d’une défaillance

totale de la part du bailleur, n’ayant pas fait perdurer sur le terrain des dispositifs mis en

place : politique d’attribution, suivre pas à pas les familles, gestion familiale et non pas

patrimoniale, avoir une attention toute particulière dans ce genre de cité où on ne gère pas

seulement des stocks de logements mains des familles souvent fragiles.

Alain GUYOT, animateur jeune au centre social entre 1983 et 1990, tire aussi, dans un

entretien réalisé le 2 Mai 2008, un bilan mitigé de ce projet. Sans parler de véritable échec, il

met en avant le mauvais souvenir qu’a laissé cette réhabilitation dans la mémoire des

habitants contrastant cependant ses propos avec leur enthousiasme originel et leur réelle

participation à travers l’atelier de la réhabilitation.

Ce sentiment est aussi partagé par M. Fatima MOSTEFAOUI, habitante du quartier

depuis son origine et aujourd’hui présidente du collectif de défense des habitants de la cité.

Elle évoque dans un entretien accordé le 9 Juin 2008, le sentiment mitigé qu’à laissé cette

opération dans la tête des habitants et l’inutilité de certains travaux ou leur mauvaise qualité

de réalisation chauffage collectif, « portes blindées », espaces extérieurs abandonnés... Elle

évoque aussi le problème de gestion des attributions et du peuplement sur la cité, déséquilibré.

Elle évoque aussi certains problèmes de cohabitation entre les habitants et les usagers de

l’école de Provence, notamment en termes de stationnement, ainsi que le sentiment d’être

laissés pour compte par rapport à cette école, les efforts étant d’abords réalisés pour elle avant

d’être en faveur des habitants.

Page 56: MEMOIRE DE MASTER 1

Ce projet a néanmoins, de leurs avis et de celui de M. JOLLIVET, ouvert une brèche sur

la réflexion et les méthodes concernant les réhabilitations. Celle des Flamants a pu être ainsi

être qualifiée de laboratoire et a fait école en la matière. Beaucoup de travaux du même genre

ayant mis en place certaines idées émanant du projet de réhabilitation des Flamants. Les

procédures expérimentales, menées sur les Flamants, d’ingénierie sociale entre autres, sont

devenues au fil du temps institutionnelles, à l’image de la création systématique aujourd’hui

d’une MOUS dans chaque opération. De plus, au-delà de la simple réhabilitation physique, le

sociologue Michel PERALDI, dans son ouvrage « Gouverner Marseille », évoque la

dimension humaine d’une telle entreprise. En effet le terme « réhabiliter » est aussi approprié

par les habitants de ces cités comme la réhabilitation de leur quotidien, de leur image de leur

place et de leur existence dans la ville. Une réhabilitation est aussi le reflet d’un désir

d’exister de la part des habitants, dans des quartiers ou ils se sentent à l’abandon. D’après

Michel PERALDI « il en va avec la « réhab » d’un engagement moral, d’une restauration en

dignité »

De ce fait, même si ce projet de réhabilitation n’a pas eu les effets désirés dans la vie de la

cité, sa dimension perçue en particulier de la part des habitants, est resté ancré dans les esprits

de la cité. C’est toute cette logique d’intervention physique transversale (architecturale,

urbaine, sociale) mais aussi de restitution d’une certaine dignité aux citoyens des Flamants qui

peut être jugée de « greffon » au projet de rénovation dont est témoin les Flamants

aujourd’hui.

Nous allons maintenant nous intéresser dans le détail à ce projet. Nous allons voir

comment est ce qu’il a émergé, en quoi il consiste-il dans ses objectifs et réalisations et dans

quelles mesures il s’inspire de cette réhabilitation.

Page 57: MEMOIRE DE MASTER 1

III) LE PROJET DE RENOVATION URBAINE

La rénovation de la cité des Flamants s’inscrit dans un contexte national de programmation

pour la ville et la rénovation urbaine. Cette logique formalisée par la création de l’ANRU a

permis la concrétisation du projet des Flamants. Nous allons voir comment ce programme

est-il né et en quoi il consiste, comment il a permis la réalisation du projet des Flamants, déjà

en réflexion au sein de l’OPAC. Après avoir contextualisé ce projet nous essayerons d’en

comprendre les enjeux concrets sur le site des Flamants, pourquoi se justifiait-il, comment il

prétend répondre aux problèmes de la cité après les précédents projets, quelles en sont les

réalisations prévues et en quoi il s’inspire ou s’éloigne de la précédente réhabilitation.

A) LES PREMICES DU PROJET

1) Un contexte national...

Dans la lignée des décisions importantes marquant la Politique de la Ville, un événement

important fut, le 18 juin 2003, la présentation en Conseil des Ministres d’un projet de loi

d’orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine : ce programme de

reconstruction urbaine représentant 30 milliards d’euros d’investissement sur 5 ans (objectif

de construction de 200 000 logements locatifs sociaux, 200 000 réhabilitations ou

reconstructions lourdes, 150 à 200 000 démolitions de logements vétustes), prévoyait un

soutien à la création d’emplois et à l’activité économique, un traitement des problèmes des

familles surendettées, une solidarité envers les communes les plus pauvres. A la suite de ce

projet de loi fut votée le 1er Aout 2003 la loi 200-710 d’orientation et de programmation pour

la ville et la rénovation urbaine dite loi Borloo, Ministre délégué à la ville et à la rénovation

urbaine. Dans la foulée et à la fin de l’année 2003, fut crée l’Agence Nationale pour le

Renouvellement Urbain (ANRU).

Page 58: MEMOIRE DE MASTER 1

Les logiques et les objectifs de ce programme prévoient un effort national sans précédent

de transformation des quartiers fragiles classés en Zones Urbaines Sensibles (ZUS) ou

présentant les mêmes difficultés socio-économiques. Cela se traduit par l’amélioration des

espaces urbains, le développement des équipements publics, la réhabilitation et la

résidentialisation de logements locatifs sociaux, la démolition de logements pour cause de

vétusté ou pour une meilleure organisation urbaine de logements, ou le développement d’une

nouvelle offre de logements.

L’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU) met en œuvre le Programme

National de Rénovation Urbaine en approuvant des projets globaux qu’elle finance sur des

fonds publics et privés. L’Agence apporte son soutien financier aux collectivités locales, aux

établissements publics et aux organismes privés ou publics qui conduisent des opérations de

rénovation urbaine.

Sur le site de l’ANRU il est indiqué : « A l’horizon 2013, 530 quartiers répartis dans la

France entière seront rénovés améliorant le cadre de vie de près de 4 millions d’habitants.

Au-delà de son intervention sur les logements, les aménagements et équipements publics,

selon une forte exigence de qualité, l’ANRU soutient un projet global qui tend à désenclaver

durablement l’espace urbain, à faciliter l’accès à l’emploi, à l’éducation, à la culture, en

cohérence avec la politique menée dans le cadre des Contrats Urbains de Cohésion Sociale.

Sur ces quartiers, l’ANRU participe ainsi:

- à la reconstitution des logements sociaux démolis

- à la réhabilitation et à la résidentialisation de logements locatifs sociaux

- à la démolition de logements pour cause de vétusté ou pour une meilleure organisation

urbaine

- à l’amélioration des espaces urbains et à la création de voies délimitant des îlots

- au développement des équipements publics incluant la livraison de nombreuses écoles

- à la création ou à la rénovation d’équipements commerciaux, sociaux et culturels

- à l’ingénierie nécessaire à la mise en œuvre et à la conduite des projets. »

Pour mieux comprendre et illustrer ces prérogatives, nous allons voir maintenant de quelle

façon est née l’idée de rénover la cité, comment cela a été mené par l’OPAC dans un premier

temps et comment l’ANRU a permis la réalisation de ce projet.

Page 59: MEMOIRE DE MASTER 1

2) ...Devancé par des enjeux locaux.

Face aux difficultés socio-économiques récurrentes de la cité des Flamants, que la

réhabilitation menée par André JOLLIVET n’avait pas permis de résoudre totalement,

l’OPAC Sud lança en 1999 un concours de marché de définition.

En effet, en 1999, l’OPAC réalisa une étude socio-économique pour dresser un état des

lieux une dizaine d’années après la fin de la réhabilitation. Les conclusions ne furent pas

alarmistes mais ont cependant ravivé les préoccupations du bailleur. Au total ce sont 196

Millions de Francs qui furent investis sur la cité en 20 ans, mais malgré tous ces efforts,

chaque année le cout de gestion de la cité se traduisait par un déficit d’environ un demi

million de franc, pour l’OPAC Sud (Marché d’étude de Définition : Restructuration de la cité Les

Flamants, OPAC, 2000). Le bailleur était très soucieux de cette situation et voulait à tout prix

éviter la perte de ces investissements très élevés déjà réalisés, sans compter l’impact

psychologique qu’aurait sur les forces vives de la cité le délaissement du quartier et le départ

des institutions mises en place lors de la réhabilitation. Car ces institutions (services publics et

d’aide sociale, organismes de formation (Mission locale, DISS, IRTS, Ecole d’infirmière))

étaient même remises en cause sur le site par une inadaptation des équipements, en particulier

de transport, des espaces insuffisants et par la montée de l’insécurité.

De plus, aucun aménagement récent n’était venu améliorer ou structurer le paysage urbain

environnant, entrainant selon l’OPAC « un sentiment de malaise du à la densité de l’habitat

collectif organisé en secteur, accentué par le changement d’échelle rencontré quand on

parcourt le quartier ».

Les travaux de réhabilitations avaient permis globalement de régler les problèmes

techniques majeurs. Cependant de fortes dégradations des bâtiments et notamment des

espaces communs (halls d’entrées, escaliers...) furent toujours constatées en 1999. Elles furent

essentiellement dues à des comportements individuels, identifiés comme la conséquence du

nombre important de logements vacants et de l’insécurité dans la cité.

Malgré toutes les interventions consenties par l’OPAC et les pouvoirs publics pour la cité,

les principales difficultés demeuraient aussi bien sur les conditions de vie des locataires, la

gestion quotidienne pour l’OPAC, l’enclavement encore important de la cité, les

dysfonctionnements des services et équipements mis en place lors de la réhabilitation, les

dégradations physiques, la délinquance, le trafic de drogue, et les conflits d’usages entre

Page 60: MEMOIRE DE MASTER 1

utilisateurs de l’école de Provence et les habitants. Madame MESLIAND, chef du projet pour

l’OPAC, pointa, dans un entretien accordé le 19 Mai 2008, 2 problèmes principaux justifiant

cette intervention : « le premier problème concerne le taux de vacance locative structurelle

atteinte après la première réhabilitation pour dédensifier la cité; avec la crise du logement

actuelle, il semblait inadmissible d’avoir autant de logements vacants. Cette opération de

rénovation est d’autant plus pertinente qu’elle intervient dans un patrimoine ancien et

dégradé, stigmatisé, en voie de ghettoïsation »

Face à ces problèmes, l’OPAC décida donc de mettre en place en 1999 une procédure

originale : un marché de définition. Une cinquantaine de dossiers furent déposés, 7 furent

retenus mais seulement 3 ont été lauréats pour participer et mettre en place une étude de

projet, dont le duo d’architectes Antoine GRUMBACH et Jean-Jacques RAYMOND.

Supervisés par l’OPAC, conscients des problèmes sans totalement les cerner, ce marché

de définition a permis au bailleur de prendre de la hauteur et du recul grâce aux compétences

de ces techniciens. La procédure de marché de définition est en fait constituée de 3 phases.

Les 2 premières phases sont constituées par 2 dossiers de réflexions confrontés entre chaque

équipe d’architectes-urbanistes et soumis approbation d’un jury constitué de membres de

l’OPAC. C’est d’ailleurs l’un des intérêts de cette méthode puisqu’elle permet un travail en

collaboration entre les différentes équipes et un échange d’idées intéressant. La troisième

phase est l’établissement d’un programme par le maitre d’ouvrage en référence aux dossiers

de réflexion des 2 premières phases, qui met en place alors un concours pour départager les

équipes.

C’est ainsi que les maitres d’œuvre (Antoine GRUMBACH et Jean-Jacques RAYMOND)

et le maitre d’ouvrage (l’OPAC) ont identifiées certaines problématiques principales à traiter

par l’intermédiaire de ce projet de rénovation.

La première concernait l’occupation sociale de la cité marquée par des familles à

ressources très faibles (Voir partie I) C) 2)).

La deuxième relevait d’une gestion difficile pour l’OPAC : les actes de vandalismes

étaient nombreux et les processus de dégradations rapides, une vacance importante, la cité

faisant l’objet d’une image fortement dévalorisée, une dégradation des espaces extérieurs et

des locaux communs.

La troisième concernait une mauvaise intégration physique dans le quartier, des difficultés

à franchir les limites virtuelles existantes, une mauvaise desserte des transports en communs

Page 61: MEMOIRE DE MASTER 1

et des difficultés d’accès aux équipements de proximité. Jean-Jacques RAYMOND évoquant

dans un entretien accordé le 19 Mai 2008 « le problème des Flamants n’est pas la cité elle-

même, mais sa relation avec son environnement ».

Enfin, des problèmes réels de fonctionnements internes sur le plan du stationnement des

véhicules (insuffisance des places) et des schémas de déplacement (piétonniers et

automobiles) furent identifiés. (rapport Marché d’études de définition, restructuration de la cité Les

Flamants, OPAC, 2000)

De l’avis de M. RAYMOND, l’OPAC a donc eu un certain courage pour se lancer dans ce

projet de rénovation et de soulever les problèmes à bras le corps. Au départ ce projet avait été

projeté grâce aux financements et en collaboration avec le GIE Villes et Quartiers et les

différentes collectivités territoriales : Etat, Région et Département ainsi que la commune de

Marseille. Cependant, devant l’ampleur du projet et les financements colossaux qu’il

nécessitait, il est resté en suspend pendant plusieurs années. Ce n’est qu’avec l’avènement et

la création de l’ANRU, comme nous l’avons vu plus haut que ce projet a pu réellement voir le

jour. Le projet lancé par l’OPAC a ainsi pu bénéficier des moyens financiers de l’ANRU qui

s’est greffé et a conventionné ce projet en 2005. Par ailleurs la notion de démolition dans le

cadre du renouvèlement urbain, a fait l’objet d’un consensus bien avant la création de cette

agence comme le montre le désir de rénover les Flamants de la part l’OPAC.

C’est maintenant ce que nous allons voir dans la deuxième partie, la définition des

objectifs devant répondre aux problématiques de la cité et les réalisations mises en œuvre

pour y parvenir.

Page 62: MEMOIRE DE MASTER 1

B) UN PROJET AMBITIEUX ET TRANSVERSAL

Après les expertises menées par l’OPAC et les équipes d’architectes-urbanistes lors du

marché de définition, l’ANRU dans sa convention a défini 4 handicaps principaux dont

souffre particulièrement la cité des Flamants:

« - Une topographie contrastée marquée par de forts dénivelés ayant induit un réseau de

voiries internes confus et une adaptation au sol des bâtiments peu satisfaisante,

- Un enclavement lié à la présence d’axes de transit qui les enserrent, les isolent et les

renferment sur elles-mêmes,

- Une mauvaise occupation de l’espace avec un plan masse fermant toute perspective visuelle,

- Une absence de disponibilité foncière en périphérie immédiate. »

Tous ces handicaps ne sont pas si lointains de ceux énoncés lors de la première

réhabilitation... pour enfin réussir à les contrer la convention fixe 4 objectifs généraux au

projet :

« - Supprimer l’effet de ghetto par des réhabilitations, des démolitions, des constructions,

- Rompre avec l’effet de masse par une nouvelle occupation de l’espace et un réaménagement

des espaces publics,

- Ouvrir la cité par la création de voies transversantes découpant la propriété en ilots

distincts,

- Favoriser l’intégration par la réalisation d’équipements publics et l’implantation de

services »

Pour essayer de mieux comprendre ce projet qui va au delà d’une simple intervention

architecturale nous nous proposons de l’organiser en 3 sous parties.

- Un projet urbain

Pour lutter contre le handicap topographique qui n’avait fait l’objet d’aucune intervention lors

des précédents projets et en préalable des autres réalisations, Antoine GRUMBACH, a pour

premier objectif de restituer une assiette topographique et de mieux inscrire les Flamants dans

leur territoire pour organiser l’intervention de rénovation.

Page 63: MEMOIRE DE MASTER 1

Vue axonométrique et en relief de la cité des Flamants après l’achèvement du projet

Source : MOUS Flamants, 2004. Auteur : inconnu

Vue en coupe du nivèlement de la cité. En orange le remblaiement du sol permettant de créer une pente plus naturelle entre le nord et le sud de la cité (correspondant a la partie verte de l’illustration ci-dessus). En pointillés rouges le futur ex-Bâtiment B.

Source : http://antoinegrumbach.com/

Page 64: MEMOIRE DE MASTER 1

Nous pouvons voir sur ces modélisations comment l’architecte gomme l’effet de palier entre

le nord et le sud de la cité (en vert et en orange sur les images). Le but étant de redonner une

lisibilité au site et de rétablir une continuité dans le tissu urbain.

Selon A. GRUMBACH : « l’apparente complexité de la topographie se simplifie des lors que

se révèlent les 3 plateaux d’assiette du bâti crées lors de la réalisation de la cité. De ces 3

plateaux le but est de modifier sensiblement le plateau central (en vert) pour restituer

artificiellement la pente naturelle » (rapport « restructuration requalification de la cité des Flamants,

marché d’étude de définition, mission 3 », OPAC Sud, Janvier 2001)

Outre ce projet de nivèlement topographique, le projet global prévoit la création de 2

rues traversant la cité, la dimension « d’îlot » des Flamants ayant été identifié depuis

longtemps comme un des obstacles majeur a son insertion dans le territoire. Le

désenclavement physique de la cité passe par la mise en œuvre des 2 rues transversantes qui

sont les témoins de l’amélioration du réseau de voierie afin d’assurer un meilleur maillage et

des liaisons plus cohérentes entre les dessertes principales et secondaires et de décloisonner la

cité par l’aménagement d’une trame viaire lisible. Selon J-J. RAYMOND, « l’invention de

ces 2 rues publiques, symboles de la République qui rentre dans et rompt la propriété privée,

sont un point fort du projet. Cela permet la traversée des Flamants par n’importe quel citoyen

et service de la République. Cela entraine aussi la fabrication de 3 nouveaux quartiers

changeant la lecture de Flamants. »

Ces deux rues permettent de relier l’avenue Georges Braque et le Chemin de Sainte-Marthe

eux-mêmes cible d’un aménagement paysager (transformés en boulevards urbains plantés

pour perdre leur caractère strictement circulatoire). La requalification du paysage urbain

passera aussi par la création de 2 places urbaines à l’intérieur de la cité. Les 2 architectes,

avançant que « le drame de ces quartiers, c’est qu’ils ne savent plus créer de lien social par

l’espace » (ALLAIRE William, Février 2002, Article « Les Flamants, cure d’urbanité », Revue TPBM, n°386,

4 Pages), s’attaquent par l’intermédiaire de ces créations au problème de l’urbanité de l’espace.

L’illustration page suivante nous montre un plan de situation de ces rues nouvellement crées

ainsi que les 2 places urbaines.

Page 65: MEMOIRE DE MASTER 1

Source : Convention ANRU, 2005

Page 66: MEMOIRE DE MASTER 1

Ces aménagements urbains et paysagers ont pour but d’insérer la cité dans son

environnement, « de créer de la ville » selon J.J. RAYMOND et de créer une certaine

cohésion urbaine avec le reste du quartier et de la ville. Cela doit répondre au problème

d’autarcie et d’enfermement physique dont souffrent beaucoup de cités de grands ensembles.

C’est ainsi la logique de construction de ces ensembles, déposés et souvent sans liens avec

l’extérieur qui est remise en cause. Au delà de ce type de traitement, le projet porte aussi sur

des thématiques architecturales et socio-économiques, que nous allons détaillées maintenant.

- Un projet architectural.

Comme le concept de rénovation l’indique, la cité des Flamants va complètement changer de

visage. La notion de destruction, complètement impensable il y à 25 ans est aujourd’hui

rentrée dans les mœurs et dans les logiques de traitements architecturaux des grands

ensembles. Même si les 2 architectes de cette rénovation n’étaient pas forcement convaincu

de l’utilité d’une telle méthode (« devoir de mémoire, méthode à appliquer prudemment et à

maitriser » selon J.J. RAYMOND), l’ANRU et l’OPAC ont imposés leurs choix.

L’un des principaux points de ce volet architectural est la démolition totale du bâtiment B

ainsi que l’entrée 5 du bâtiment C, soit un total de 320 logements démolis. A la place du

bâtiment B, seront reconstruits deux immeubles dits de petits collectifs en R+4 devant

accueillir 106 logements neufs. 212 logements sociaux seront aussi construits hors sites et

destinés aux relogements des familles issues des Flamants, pour une reconstitution quasi-

totale de l’offre de logements sociaux. Même si le nombre total de ces logements ne va pas

diminuer, cette opération ne va pas permettre d’en créer de nouveaux. Ceci ne va donc pas

résorber la longue liste d’attente des demandeurs de logements sociaux et ne va pas résorber

le manque de ce type d’habitat, objectif pourtant central dans le projet de loi Borloo.

Outre ces deux immeubles de logements sociaux reconstruits, deux autres bâtiments en accès

libre seront construits. Cette orientation a en fait été dictée par l’ANRU, qui impose de

reconstruire les logements destinés au marché de l’immobilier privé. 52 logements de ce type

Page 67: MEMOIRE DE MASTER 1

seront construits et mis en vente par la Foncière Logement1. Cette volonté de diversifier

l’offre de logement en mélangeant social et privé est censée permettre de diversifier la

composition sociale de la cité en y ajoutant des classes moyennes capables d’accéder à la

propriété.

Toutes ces réalisations vont permettre aussi de faire passer le nombre de logements sur site de

722 à 509 permettant de dédensifier la cité. Ceci permettra de faciliter la gestion de la cité

pour le bailleur et de limiter les travaux d’entretient (les nouveaux immeubles construits

n’auront, par exemple, pas d’ascenseurs). La dédensification de la cité passera aussi par la

réduction du nombre d’étages des bâtiments. Grace au nivèlement topographique le niveau

du sol remontera de quelques mètres condamnant les 2 premiers étages. De ce fait les

bâtiments qui comportaient 10 étages n’en auront plus que 8, les sous sols étant transformés

en parking souterrain. Ce procédé permettant de créer des places de stationnement, permettra

par la même occasion de régler le problème des conflits entre usagers de l’Ecole de Provence

et habitants concernant le stationnement de leurs véhicules.

1 FONCIERE LOGEMENT est une association à but non lucratif régie par la loi de 1901, créée dans le cadre d’une convention Etat-UESL (Union d’Economie Sociale pour le Logement, représentant les organismes gestionnaires du 1% logement) signée le 11 décembre 2001 entre les partenaires sociaux et l’Etat. Cet organisme, dont l’activité est effective depuis mars 2002, est un acteur nouveau dans le secteur du logement locatif. Ni promoteur, ni constructeur, FONCIERE LOGEMENT joue un rôle totalement novateur, puisqu’il lui incombe, avant tout, d’élaborer et de mettre en œuvre une politique de diversification et de renouvellement de l’offre locative, avec la volonté affirmée de participer, à terme, au financement des retraites des salariés du secteur privé. (Source : http://www.foncierelogement.com/index.html)

Page 68: MEMOIRE DE MASTER 1

Source : http://antoinegrumbach.com/

Illustration du nivellement du sol au niveau du futur Pôle de Services et de la Place Centrale.

En rouge le niveau du sol actuel, en noir le niveau futur du sol, surélevé, permettant

d’abaisser la hauteur des immeubles et de créer des places de parking souterraines.

Pour étoffer la volonté d’atteindre ces 2 objectifs, les 2 architectes ont prévu de diversifier et

de complexifier l’offre des logements « sur la base du projet imaginé par André

JOLLIVET », confia J.J. RAYMOND. Ainsi des logements de type 1, à destination des

étudiants de l’école de Provence seront aménagés, la taille de nombreux logements sera

amputée d’une pièce par la restructuration des paliers dans lesquels les escaliers centraux

seront encloisonnés assurant une meilleur sécurité et un confort acoustique pour les locataires.

Enfin des duplex seront même proposés en pied d’immeuble du Bâtiment C. L’offre de

logements sur les Flamants sera ainsi très diversifiée : de T1 a T6, duplex, social, privé.

(L’annexe 5 nous montre la répartition prévisionnelle des types d’appartements dans chaque

immeuble)

L’illustration de la page suivante nous donne un aperçue de l’évolution des bâtiments à l’issue

du projet

Page 69: MEMOIRE DE MASTER 1

Source : convention ANRU, 2005

Page 70: MEMOIRE DE MASTER 1

En plus de cette complexification de l’offre en logements, le traitement architectural

porte bien entendu, sur la réhabilitation des immeubles non détruits et dans les 403

appartements concernés. Les travaux consisteront en la réfection des sols (carrelages, plinthes,

plus solides et facile d’entretien), des murs (carrelages aussi, peintures) les travaux seront

surtout concentrés dans les pièces humides pour répondre au mécontentement des locataires

en la matière. Les systèmes d’électricité et les équipements sanitaires (éviers, lavabos,

baignoires, WC) seront refaits. Concernant les bâtiments l’ancien système de chauffage sera

remplacé par un chauffage collectif au gaz plus économique et l’eau sera chauffée grâce à la

pose de panneaux solaires sur les toits des immeubles incarnant la volonté de l’ANRU d’agir

en matière de développement durable. Cela entrainera pour les locataires une réduction d’au

moins 20% sur les charges de chauffage et de production d’eau chaude. (OPAC Sud, 2005,

Plaquette Les Flamants en changements). Les toits et les terrasses seront restaurés et des travaux

d’étanchéité seront réalisés, les façades seront quant à elles ravalées et les menuiseries

extérieures changées, et enfin les balcons métalliques seront rénovés. Les halls d’entrées

seront plus spacieux, les boites aux lettres changées ainsi que les interphones et les

ascenseurs, les locaux de poubelles seront agrandis pour faciliter le tri sélectif. Enfin un

gardien s’installera dans chaque ensemble de bâtiments. Cela traduit la volonté des architectes

de « rompre avec les logiques pingres des bailleurs en changeant toutes les menuiseries, et

d’arrêter le bricolage, trop couteux » (J.J.RAYMOND, interview du 19 Mai 2008). Enfin cette

rénovation va permettre la mise en place du concept de résidentialisation des entrées

d’immeubles, inédite aux Flamants. D’après J.J.RAYMOND « la résidentialisation est

importante pour créer de la sérénité au niveau des habitants du RDC. Cela traduit une chose

tout à fait normale dans l’identification des entrées, comme dans n’importe quel immeuble de

ville. Cela devrait permettre de résoudre le problème des pieds d’immeubles dégradés, des

entrées dévastées. Mais cette méthode ne doit pas être perçue comme répressive envers les

jeunes ayant l’habitude d’y passer du temps, d’où la nécessité de créer d’autres espaces

publics pour leurs pratiques quotidiennes »

Les bâtiments seront recomposés en entités distinctes dans le traitement des façades

comme celui des entrées et des jardins collectifs en pied d’immeuble. Cette diversification des

bâtiments permettra d’identifier chaque adresse. Les abords immédiats des immeubles seront

donc protégés par des haies basses, les entrées seront différentes les unes des autres grâce à un

traitement paysager. Tout cela dans le but d’apporter un meilleur cadre de vie aux habitants,

Page 71: MEMOIRE DE MASTER 1

de les responsabiliser concernant l’entretient des parties communes, de réduire les

dégradations et ainsi de faire diminuer le cout d’entretient de ces espaces pour le bailleur.

(OPAC Sud, 2005, Plaquette Les Flamants en changements).

Exemple d’aménagement paysager réalisé en pied d’immeuble

- Le projet de développement socio-économique.

Le troisième volet de cette sous partie concerne le projet socio économique. Comme nous

l’avons déjà évoqué, les projets de traitement des grands ensembles ont au fil du temps

dépassé la simple intervention technique, pour devenir transversaux et intervenir sur d’autres

problématiques. Pour lutter contre le sentiment de délaissement et d’entre-soi, il est

indispensable de prévoir le développement et l’insertion économique des habitants des

Flamants. Le projet de renouvellement urbain des Flamants s’attache donc à répondre à cette

problématique.

L’une des principales réalisations mise en place dans la continuité des travaux promus par

André JOLLIVET concernera le changement d’affectation de la totalité du tripode du

Page 72: MEMOIRE DE MASTER 1

bâtiment C qui sera intégralement transformé en pôle de formation et de service. Ce pôle de

service sera bien identifiable car bordé par une des 2 places urbaines devant être crées, lui

permettant de prendre plus de sens et de lui assurer une meilleure lecture dans la cité. De

l’avis général des architectes s’étant penchés sur la cité, il est indispensable de créer des

emplois pour la population résidente pour favoriser leur insertion sociale dans le reste de la

ville. Cela constitue d’après eux la condition sine qua non de la réussite et de la durabilité des

travaux de réhabilitation et de rénovation ; le meilleur moyen de lutter contre les problèmes

sociaux récurrents aux cités étant l’insertion et l‘accès à l’emploi pour ces populations.

L’extension des activités dans le Bâtiment C par la création de ce pôle de services permettra

aussi de dédensifier la cité. Tous les appartements de ce tripode seront ainsi transformés en

locaux d’activité. C’est ainsi qu’il accueillera, à terme, l’école d’infirmière et de travailleurs

sociaux, des services du Conseil Général, de l’OPAC SUD, l’ACPM (Association de

formation pour les entreprises, les salariés et les demandeurs d'emploi), la mission locale, le

Cyberespace, le Café Santé, l’école de la deuxième chance et deux associations dédiées aux

formations des métiers du son et de l’image (Adcoméam et Média2). Ce pole disposera de

280 places de parking pour éviter les conflits d’usages avec la population résidente. Pour

aboutir à la volonté de faire de la cité un quartier de ville, une place au pied du Pôle viendra

simuler la place centrale d’un village, lieu d’animation et de rencontre favorisant la cohésion

sociale. De plus, d’autres établissements seront concentrés aux abords de cette place. Des

structures d’ordre social comme la maison de la solidarité, un centre de planification, ou le

centre social (qui sera agrandi et bénéficiera d’un immeuble pour lui tout seul) viendront

encercler cette place.

Illustration de la future place centrale et du Pôle de services.

( OPAC SUD, 2006)

Page 73: MEMOIRE DE MASTER 1

Pour renforcer cet aspect villageois, et surtout conforter la volonté de créer des emplois sur la

cité, de nombreux nouveaux commerces devraient faire leur apparition. Un scénario envisagé,

est la réalisation de ces commerces en rez-de-chaussée d’un immeuble nouvellement créé, le

long d’une des 2 nouvelles rues crées et dans la continuité de la place centrale. Toutes ces

réalisations sont dans la lignée des préconisations instaurées par M. JOLLIVET en termes de

changement d’usage et de diversité fonctionnelle. C’est ainsi que les Flamants réuniront,

logements (de différents types), services, commerces, espaces de loisirs (construction d’un

nouveau terrain de foot tout à l’Est de la cité).

Toutes ces réalisations dans le domaine économico-social pour intégrer les Flamants et leurs

habitants à la ville ne seront certainement pas auto-suffisantes. En effet, dans sa convention,

l’ANRU expliquait « si l’installation et le confortement d’activités économiques, au sein des

ensembles de logements sociaux, constituent un facteur de diversification des fonctions

urbaines et d’amélioration des services à la population, ils ne peuvent répondre à eux seuls

au problème de chômage que rencontre une large part de la population ». Pour compléter

cette volonté d’insertion économique pour les habitants de la cité, c’est donc à une échelle

plus large que le développement économique au profit des demandeurs d’emploi locaux est à

apprécier. Dans le cadre du GPV, porteur du Projet de Rénovation Urbaine des Flamants,

cette échelle doit couvrir, toujours selon l’ANRU, « au moins la seconde Zone Franche

Urbaine de Marseille ». Les Flamants profiteraient ainsi à travers leur inscription dans une

échelle d’intervention plus large, de perspectives d’emplois supplémentaires pour ses

habitants grâce à cette ZFU. Pour se faire il semble nécessaire de coordonner toutes les

politiques en la manière de la part des tous les différents acteurs publics.

Mais de l’avis des acteurs de ce projet, notamment Françoise MESLIAND et Jean-Jacques

RAYMOND, cette greffe et cette insertion dans le reste de la ville n’est possible qu’en

fonction d’un renforcement de la qualité des transports dans l’agglomération marseillaise pour

une meilleure articulation entre les quartiers de la ville. En effet M. RAYMOND jugeant les

quartiers nord sous-équipés en termes de transports collectifs. Selon lui, la question des

transports est tout aussi importante pour articuler les différents quartiers entre eux et faire

fructifier ce projet urbain et ainsi donner les moyens aux habitants des Flamants de se

mouvoir dans leur ville. Mais ceci ne relève pas des problématiques de ce mémoire et celles-

ci pourront être approfondies dans un travail futur.

Page 74: MEMOIRE DE MASTER 1

Vue axonométrique du projet de rénovation achevé.

OPAC Sud, 2005, « Plaquette Les Flamants en changements »

Nous venons de présenter les réalisations qui vont être effectuées dans le cadre de cette

rénovation et dans quelles mesures elles sont censées répondre à des problématiques toujours

prégnantes dans la cité. Nous allons voir maintenant dans quelles mesures elles incarnent une

continuité ou une rupture par rapport à la réhabilitation menée dans les années 1980.

Page 75: MEMOIRE DE MASTER 1

C) LA RENOVATION, TEMOIN DE L’ECHEC DES

OPERATIONS PRECEDENTES ?

Après nous être penchés sur les résultats et le sentiment des habitants concernant les

réalisations effectives dans le cadre de la réhabilitation, et la nécessité d’avoir recours à ce

projet de rénovation que nous venons de voir, nous pouvions nous interroger sur l’impact et

les limites qu’ a eu la réhabilitation et nous demander si elle fut vraiment un échec. Nous

allons donc voir comment se différencient ces 2 projets malgré des volontés et des logiques

communes et pourquoi la réhabilitation ne peut pas être qualifiée d’échec.

1) Certaines ruptures...

La première différence concerne l’échelle d’intervention de ces 2 réalisations. La

réhabilitation ne concernait que le territoire de la cité. Le projet actuel s’inscrit dans un cadre

plus large, celui du GPV Marseille-Septèmes, que nous avons déjà évoqué en partie I) A) 2),

et englobe aussi le territoire des Iris. Autre différence, la rénovation est conventionnée par

l’ANRU, ce qui lui assure certaines garanties financières quand à l’aboutissement du projet,

contrairement à la réhabilitation qui n’avait pu aller à son terme en raison de « coupures

financières ». Mais cette intervention de l’ANRU à imposé certains choix dans la rénovation.

Le premier est comme nous venons de le dire, l’intégration dans le projet de la cité des Iris.

Nous n’en avons pas parlé dans la partie précédente puisqu’elle était consacrée au périmètre

des Flamants. De plus le travail réalisé sur le bâtiment des Iris n’est qu’une simple

réhabilitation, très classique (ravalement, remise aux normes des parties communes). Jean-

Jacques RAYMOND qualifiant même cette intervention « d’emballage sous vide, dénaturant

le travail architectural des précédents architectes » (interview réalisée le 19 Mai 2008). En fait le

choix de la cité des Iris a été dicté par l’ANRU, puisqu’elle impose dans tout Projet de

Rénovation Urbain, l’intégration de 2 bailleurs différents. Le bailleur des Flamants étant,

l’OPAC SUD celui des Iris ; HMP (Habitat Marseille Provence). C’est pour cette unique

Page 76: MEMOIRE DE MASTER 1

raison réglementaire et administrative que la cité des Iris a été intégrée au projet de

rénovation. L’arrivée des Iris dans ce projet a donc eu lieu en conséquence du

conventionnement du projet par l’ANRU en 2005. C’est pour cette raison d’entrée tardive

dans le projet que la cité des Iris ne subit qu’une simple réhabilitation et n’est pas réellement

intégrée au projet. C’est d’ailleurs un des regrets de M. RAYMOND concernant ces travaux.

Il regrette que la cité des Iris n’ait pas été intégrée plus pertinemment au projet pour créer un

véritable lien urbain et social entre ces deux cités et ainsi en faire un seul et même quartier,

d’autant plus que l’architecture de ces cités étant quasiment identique.

Autre différence, elle aussi imposée par l’ANRU est l’obligation de la part de l’OPAC de

céder du terrain en locatif libre à la Foncière Logement. Cette idée qui pourrait selon l’ANRU

« contribuer de fait à la nécessaire diversification sociale de ces quartiers » (Convention ANRU,

2005) peut entrainer certains doutes. M. RAYMOND par exemple, pense que cette intégration

n’est pas sans risque, avec un risque de paupérisation comme dans certaines copropriétés

privées telles que La Kalliste ou le Parc Bellevue à Marseille et qu’il est indispensable que

cette partie de logements ai un système de syndicat de copropriétaires efficace. Pour Madame

MESLIAND le risque est aussi présent et la réussite de cette idée passe, selon elle, par la

résolution de la question des transports et de l’éducation notamment, en les renforçant sur les

Flamants. En effet, comment attirer les classes moyennes dans le quartier alors qu’elles n’en

ont jamais, ou presque, fait parti (Partie I) C)) sans résoudre ces sujets.... Cependant M.

RAYMOND souligne un point positif concernant cette diversification de logements. « Cela

peut permettre à certains habitants des Flamants ayant quelques sous de coté de pouvoir

accéder à la propriété sur place, car ce qui caractérise aussi les Flamants est un fort

sentiment d’appartenance au quartier ; les gens ne veulent pas spécialement en partir ».

Enfin la dernière contrainte imposée par l’ANRU concerne le relogement hors-site de

nombreuses familles. Le projet entrainera un nombre de relogements important; 365 ménages

soit 2/3 des occupants seront amenés à déménager sur et hors-site. Comme nous l’avons vu, la

destruction du bâtiment B et la dédensification de la cité passe par la diminution du nombre

de logements proposés sur la cité. Lors de la réhabilitation très peu ou pas de relogements

avaient été nécessaires. Aujourd’hui cela représente un vrai casse-tête pour la MOUS des

Flamants dirigée par Stéphanie MOUSSERIN qui jongle avec les appartements réhabilités,

vacants ou même hors site, pour reloger les habitants des bâtiments détruits. Pour reconstituer

l’offre locative en nombre absolu, 212 logements seront construits hors site. C’est cette

Page 77: MEMOIRE DE MASTER 1

prérogative de l’ANRU que Françoise MESLIAND remet en question : « l’un des problèmes

des Projets ANRU c’est qu’ils sont trop formatés et ne se calent pas assez à la réalité du

terrain et aux spécificités locales. Il existe, par exemple de grandes différences entre les

stratégies et les volontés résidentielles entre Paris et Marseille. Les gens sont beaucoup

moins mobiles en terme de trajectoire résidentielle et beaucoup plus attachés à leur quartier

à Marseille qu’à Paris, ce qui peut provoquer certains mécontentements et complications

quand aux relogements hors sites. ».

En plus de ces quelques ruptures d’ordres réglementaires et administratives entre les 2 projets

(ne faisant pas toujours l’unanimité auprès des acteurs), nous avons vu que les 2 méthodes

employés concernant le traitement de la cité des Flamants divergeaient quelque peu. Bien que

voulant répondre à des problématiques similaires ces 2 projets s’éloignent l’un de l’autre en

termes de solutions et de réalisations :

Premièrement, le projet des Flamants est pensé et inséré dans un périmètre d’intervention plus

large (à l’échelle de tout le nord de l’agglomération Marseillaise : GPV, ZFU) que la première

réhabilitation qui se limitait au quartier lui-même. C’est l’ANRU qui a imposé l’ajout des Iris

(pour rappel, les projets conventionnés par l’ANRU devant réunir au moins 2 bailleurs

différents (OPAC et HMP)). La thématique du désenclavement physique avait été peu traitée

dans le précédent projet. Ici des moyens sont mis en œuvre pour lutter contre le renfermement

de la cité sur elle-même, faciliter les déplacements dans et vers la cité. Ici est donc posé le

problème de l’insertion du bâti dans son environnement direct pour enrayer les erreurs liées

au système de construction et au plan masse des cités de grands ensembles. La principale

solution proposée est ainsi la création de 2 rues transversantes. Le traitement et la gestion des

espaces extérieurs fut un terrain peu exploité lors de la première réhabilitation. Ici la création

de deux places et surtout de ces deux rues tranversantes sont un des points important de cette

rénovation. L’autre but recherché parallèlement au désenclavement physique étant de

combattre certains handicaps topographiques et viaires dont souffre la cité (forte déclivité,

autarcie, enserrée entre 2 voies rapides). Ceci permettrait de combattre cet effet « d’îlot » pour

redonner une certaine respiration à l’espace et ainsi mieux intégrer la cité dans le tissu urbain

environnant en lui donnant une certaine continuité

Page 78: MEMOIRE DE MASTER 1

Ensuite, la démolition du Bâtiment B impensable il y a 20 ans, sera accompagnée d’une

dédensification et d’une diversification de l’offre locative dans des immeubles neufs et plus

petits ainsi que de la création de logements en accès libre. La réhabilitation de 1986 prévoyait

seulement des changements d’usage et des restructurations de la taille des appartements.cet

accès a la propriété est censé diversifier la composition sociale de la cité en accueillant des

classes moyennes. Ce projet prend aussi en compte le concept de développement durable,

inconnu dans les années 80, dont le but est de limiter la consommation d’eau et d’énergie.

L’autre concept nouveau concerne la résidentialisation, totalement original par rapport à la

première réhabilitation et qui constitue l’une des prérogatives mise en place par l’ANRU.

La solution visant à dédensifier la cité ne passe pas simplement dans le projet actuel par le

changement d’usage des bâtiments. La démolition prévue entraine des modifications sur la

forme des bâtiments qui deviennent des logements dit de petits collectifs et donc diminuent la

densité. Les logiques de la première réhabilitation concernant le changement d’usage du

tripode du Bâtiment B et de la restructuration des appartements sont aussi approfondies.

Toutes ces solutions vont au delà de la réhabilitation menée dans les années 80 et sont

censées mieux répondre aux problèmes de la cité que le projet précédent (mise en perspective

de ces 2 projets dans l’annexe 1). Le fait de mettre en place une rénovation d’une telle

ampleur seulement 20 ans après une réhabilitation aussi lourde peut- il être considérée comme

le témoin de l’échec ou de la remise en cause de cette dernière, n’aurait elle servie a rien?

Cette question qui peut nous venir à l’esprit lorsque l’on voit l’ampleur et la rapidité entre les

2 opérations sera éclairée dans le dernier point de ce mémoire.

Page 79: MEMOIRE DE MASTER 1

2) ...Malgré une continuité évidente.

Même si cette rénovation très lourde et très chère, intervient seulement 20 ans après une

réhabilitation elle aussi importante, il est maladroit de penser que cela est le reflet d’un échec.

Cette réhabilitation est plutôt à appréhender comme une première greffe au projet de

diversification fonctionnelle de ce quartier d’habitat social. Comme nous l’avons vu

précédemment beaucoup de réalisations et de logiques ont été basées sur les travaux d’André

JOLLIVET comme la complexification du programme de logement, l’élargissement et la

diversification des activités du Pôle de Service, en faisant rentrer encore plus d’activité sur la

cité ( le but étant de faire passer la surface des locaux d’activités de 3500m² a 10000m²), la

dédensification (en démolissant, chose qui avait été un temps envisagé à l’époque de la

réhabilitation, ou en remontant le niveau du sol). Toutes ces notions avaient été introduites par

l’architecte de la réhabilitation, aujourd’hui reprises et approfondies dans la rénovation.

Toujours dans la continuité de la réhabilitation et outre une diversification des usages de la

cité, la formation et l’accès à l’emploi est aussi mis en avant dans ce projet de rénovation a

travers les activités du Pôle de service et des commerces de proximité dans la cité. Ces

réalisations peuvent peut-être considérés comme les « descendants » de la mise en service de

l’école de Provence, du projet de centre commercial et de place urbaine, de la Régie de

Quartier ou encore de l’Atelier Photo. Il existe ainsi une certaine continuité et une

amplification dans la logique de diversification des fonctions de la cité pour sortir de cette

monofonctionnalité résidentielle.

Cette rénovation ne peut pas être considérée comme l’échec des projets précédents mais plutôt

comme une étape dans les moyens de traitement urbains et architecturaux des quartiers de

grands ensembles. Dans un premier temps, dans les années 70, l’action était seulement

concentrée sur un traitement physique ou technique des immeubles (peintures, ravalements...),

à la fin de cette décennie, la procédure HVS introduisit la notion de vie sociale en plus de

celui d’habitat et posa les bases de la réflexion sur l’intervention et l’intégration des habitants

aux projets, à la mise en avant du développement social de ces habitants en tant que citoyens à

part entière. Puis dans les années 1980 vint une période « expérimentale » dans laquelle

s’inscrivaient les travaux de réhabilitation de la cité, en essayant d’aller au delà des bâtiments,

d’impulser un réel décollage socio-économique à la cité en élargissant les moyens et les

Page 80: MEMOIRE DE MASTER 1

domaines d’interventions (changement d’usage, dédensification, mixité sociale et

fonctionnelle, développement de l’emploi et du tissu associatif...). Aujourd’hui les

rénovations conventionnées par l’ANRU sortent de cet aspect expérimental, chose

encourageante pour l’aboutissement de ces projets. Car il est important de rappeler que la

réhabilitation ne faisait pas partie d’un programme conventionné et régularisé comme

aujourd’hui, qu’elle dépendait du bon vouloir de tel ou tel président de l’OPAC, bref qu’elle

était expérimentale voire artisanale. Cette réhabilitation peut aussi servir de leçon en termes

d’erreurs à ne pas reproduire pour le bailleur. Après le mécontentement des habitants

concernant la qualité des travaux réalisés dans les appartements dans le cadre de la

réhabilitation, Mme MESLIAND confiait que : « les travaux de réhabilitation des

appartements sont faits au mieux, quitte à prendre du retard, que l’OPAC est d’une extrême

vigilance en matière de malfaçons, pour satisfaire au mieux les attentes des locataires. »

D’ailleurs, le souvenir de cette réhabilitation n’est pas dénué de regrets notamment dans

l’esprit de M. JOLLIVET ou de M. GUYOT. Ce dernier, sans non plus parler d’échec, évoque

une tranche de vie sociale du quartier, un passage, un moment fort de la cité, qui a quand

même laissé un goût d’amertume, eu égard de l’inachèvement de certains projets, dans la

mémoire des habitants.

André JOLLIVET, lui, regrette certains aspects du projet actuel : « 20 ans ont passé, les

moyens ne sont pas les même, on est plus sur des logique de construction urbaines en faisant

des logements individuels, des petits bâtiments en écrêtant ceux existant, en essayant de

produire de la diversité spatiale avec une typologie nouvelle. Projet qui s’occupe plus des

bâtiments que des gens. La forme change mais le fond des logiques reste le même. Ce projet

reviens trop cher, le principal serait de créer de l’emploi, de modifier les conditions

économiques dans les quelles les habitants vivent. Ce travail est peut être trop urbanistique,

trop réducteur pour prétendre résoudre les problèmes d’une cité, il est d’ailleurs nécessaire

de répondre aux problèmes économiques des familles, très fragiles dans ces cités plutôt que

de donner des solutions trop urbanistiques. Avec l’argent investi dans ce projet d’autres

actions auraient pu être menées ». Il est d’ailleurs vrai que ce projet a couté très cher (100

millions d’euros). M. JOLLIVET regrette cette succession d’opérations toujours plus

couteuses (sans suivi social de la part des bailleurs), en parlant même de « gâchis ».

Page 81: MEMOIRE DE MASTER 1

Mais il apparait que ce projet de rénovation n’est peut-être et surement qu’une étape dans la

vie urbaine et dans l’évolution de la cité, comme dans n’importe quel quartier ancien d’une

ville ayant connu une stratification historique et des évolutions d’usages à travers le temps.

Les travaux de M. JOLLIVET sont, de l’avis même de M. RAYMOND « une première greffe,

une bonne amorce à ce projet de rénovation qui se situe dans la continuité des travaux de M.

JOLLIVET, il est d’ailleurs impensable de parler d’échec, c’est la suite de cette

réhabilitation». Le projet d’André JOLLIVET avait initié l’élargissement des domaines, des

modes et des logiques d’intervention sur les Flamants, ses successeurs l’ont complexifié et

complété.

Page 82: MEMOIRE DE MASTER 1

CONCLUSION

Tout au long de ce mémoire nous avons essayé de voir quelles étaient les méthodes

d’interventions en terme physique, technique, architectural et urbain concernant les cités de

grands ensembles et à quels problèmes elles sont censées répondre. Nous avons essayé de

répondre à ces questions à travers l’exemple de la cité des Flamants qui a connue de

nombreuses réalisations en la matière et qui a été le témoin de l’évolution de ces méthodes.

Car toutes ces réalisations physiques (qui sont un des domaines d’intervention des politiques

publiques en faveur des quartiers défavorisés) ont évoluées en même temps que la Politique

de la Ville, évoquée en filigrane de ce mémoire.

Cette politique s’est essayée à différents types de traitement, en commençant uniquement par

un travail d’ordre technique sur les bâtiments pour aboutir à des réflexions plus globales et

transversales dans lesquelles les habitants doivent prendre une place encore plus importante,

car au delà d’un bâtiment c’est une identité, une citoyenneté ou une appartenance à un espace

que l’on réhabilite. Aujourd’hui les travaux de rénovation conventionnés par l’ANRU

multiplient les domaines d’interventions techniques, urbaines, sociales, économiques, et font

intervenir de multiples acteurs et procédures comme nous avons pu le voir à travers l’exemple

des Flamants. Cette cité peut aussi apparaitre comme un reflet partiel de l’évolution de la

Politique de la Ville au niveau de l’échelle d’intervention. Ces politiques se sont longtemps

demandé qu’elle fût la bonne échelle d’intervention dans laquelle devaient s’inscrire les

actions en faveur des cités de grands ensembles. La cité des Flamants en constitue un témoin.

Le Projet HVS se penchait uniquement sur le quartier lui-même, la réhabilitation des années

80, essayait d’intégrer la cité dans son quartier voire au reste de la ville, tandis que la

rénovation en cours s’inscrit dans un projet plus large, à l’échelle de l’agglomération

marseillaise à travers le GPV Marseille-Septèmes.

Mais outre ces évolutions en termes de méthode ou d’échelle, il semble indispensable que ces

opérations de requalifications urbaines soient l’objet de l’attention de tous les pouvoirs

publics et soient raccordées à d’autres problématiques urbaines comme les transports,

l’éducation ou l’accès a l’emploi. Le seul traitement physique architectural ou urbain aussi

profond soit-il ne peut à lui tout seul résoudre la totalité des problèmes de ces quartiers.

Page 83: MEMOIRE DE MASTER 1

Toutes les thématiques urbaines doivent êtres reliées entres elles, pour que ces travaux ne

soient pas vains.

Tous ces travaux sont aujourd’hui formatés, réglementés, contrôlés à l’intérieur de procédures

connues. C’est une des différences avec les époques précédentes notamment celle de la

réhabilitation ou de telles opérations étaient jugées expérimentales. Même si elles n’ont pas eu

les résultats escomptées elles ont eu le mérite d’être audacieuses et de poser les bases de

nouvelles logiques d’interventions dont s’inspirent encore les travaux actuels. C’est cette

dimension expérimentale, audacieuse et risquée qui s’est perdue avec l’institutionnalisation

des interventions de rénovation.

Ceci peut être un frein au développement et à l’apparition de logiques nouvelles novatrices en

termes de traitement des grands ensembles, même si cette institutionnalisation apporte

néanmoins une certaine sécurité financière à ces projets, garantie de leur achèvement. Car

nous avons vu que le non respect des engagements pris en termes de travaux, comme lors de

la réhabilitation des Flamants peut laisser un sentiment de méfiance envers les institutions

dans l’esprit des habitants pendant de nombreuses années.

Pour ouvrir sur un autre questionnement, on peut se demander si une telle institutionnalisation

des procédures au niveau national peut elle être bénéfique en termes de résultats dans des

micros espaces ayant chacun leurs spécificités propres. L’avenir nous le dira.

Page 84: MEMOIRE DE MASTER 1

BIBLIOGRAPHIE

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- PELLOUX Alain, 22/04/1988, « L’envol des Flamants », Le Provençal, 1 page

- SATO Sandrine, 11/04/1990, « Les Flamants : non à l’arrêt des travaux », Le Provençal, 1 page - VIRRION Marie-Jeanne, 08/06/1990, « Les Flamants : la gestion des erreurs passées », Le Méridional, 1 page

MEMOIRES/THESES

- BELIN Déborah, 2003, « Essai de (re)composition urbaine : les 13eme et 14ème arrondissements de Marseille », IAR Aix-en-Provence, 111 pages

- MILLET Paul, 2000, « De la réhabilitation à la concertation : la cité des Flamants de 1972 à 1999, 14éme arrondissement de Marseille, 27 ans d’existence, 16 années d’intervention. », IAR Aix-en-Provence, 125 pages

-MERCIER Sandrine, 2006, « L’avenir des grands ensembles : leurs Habitants ont-ils la parole ? », IAR Aix-en-Provence, 344 pages

- MOREL Aline, 2007, « Les difficultés liées au relogement dans les opérations de rénovation urbaines : l’exemple de l’opération des Flamants, 14ème arrondissement de Marseille », IAR Aix-en-Provence, 108 pages

- VALLEE Bernard, 1983, « La réhabilitation de logements HLM à Marseille, le cas de la cité Le Petit Séminaire », IAR, Aix-en-Provence, 85 pages

Page 88: MEMOIRE DE MASTER 1

SITES INTERNET

- http://i.ville.gouv.fr/divbib/doc/chronopolvil14062004.pdf (Chronologie et évolutions

Politique de la Ville)

- http://www.anru.fr/-Provence-Alpes-Cote-d-Azur-.html (Fonctionnement et objectifs de

l’ANRU

- http://www.media2image.net/

- http://base.d-p-h.info/fr/fiches/premierdph/fiche-premierdph-6038.html (résidentialisation)

- http://www.culture.gouv.fr/culture/doc/index.html

- http://www.crpv-paca.org/ (GPV Marseille-Septèmes)

- http://www.koinai.net/ (Marche des Beurs, Assassinat Houari Ben Mohamed)

- http://www.vie-publique.fr/politiques-publiques/politique-ville/chronologie/emergence-

probleme-urbain/ (Chronologie Politique de la Ville)

- http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/politique-ville/evolution-politique-

ville.shtml (Chronologie Politique de la Ville)

- http://antoinegrumbach.com/ (illustrations sur la rénovation des Flamants)

Page 89: MEMOIRE DE MASTER 1

ANNEXE 2

ENTRETIENS REALISES DANS LE CADRE DU MEMOIRE

NOM

FONCTION

DATE DE L’ENTRETIEN

André JOLLIVET Architecte Première Réhabilitation Entretien téléphonique réalisé le 5 mai 2008

Alain GUYOT Animateur jeunes Centre Social les Flamants 1983-1990

Entretien réalisé le 2 Mai 2008

Stéphanie MOUSSERIN

Actuelle Directrice MOUS Flamants Entretien réalisé le jeudi 5 Juin 2008

Jean-Jacques RAYMOND

Architecte rénovation actuelle Entretien réalisé le lundi 19 mai 2008

Françoise MESLIAND Chef de Projet de l’OPAC sur les Flamants

Entretien réalisé le 19 Mai 2008

Dominique DENIAU Chargé de Mission habitat et déplacement au GPV

Entretien réalisé le 24 Avril 2008

Mme MAASKRI Habitante des Flamants depuis sa construction

Entrevues informelles

Fatima MOSTEFAOUI Fondatrice du collectif des habitants des Flamants, et habitante de la cité depuis sa construction

Entretien réalisé le vendredi 9 Juin 2008

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ANNEXE 3

CERFISE, juin 1985, « Iris-Flamants, une réhabilitation délicate » (Rapport non publié)

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ANNEXE 4

Page 92: MEMOIRE DE MASTER 1

TABLE DES ABREVIATIONS

ACPM : Association de formation pour les entreprises, les salariés et les demandeurs d'emploi

ADLF : Association de Défense des Locataires des Flamants

AEMO : Action Educative en Milieu Ouvert

AGAM : Agence d’Urbanisme de l’Agglomération Marseillaise

ANRU : Agence Nationale pour le Renouvellement Urbain

CAF : Caisse d’Allocations Familiales

CERFISE : Centre d’Etudes, de Recherches et de Formation Institutionnelle du Sud-Est

CRPV PACA : Centre de Ressources pour la Politique de la Ville Provence Alpes Cote d’Azur

CUCS : Contrat Urbain de Cohésion Sociale

DAF : Direction des Archives de France

DASS : Direction des Affaires Sanitaires et Sociales

DIV : Délégation Interministérielle à la Ville

DSQ : Développement Social des Quartiers

ENSBA : Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts

GIE : Groupement d’Intérêt Economique

GPV : Grand Projet de Ville

HLM : Habitations à Loyers Modérés

HMP (Habitat Marseille Provence

HVS : Habitat et Vie Sociale

IRTS : Institut Régional du Travail Social

MOS : Maitrise d’Œuvre Sociale

MOUS : Maitrise d’Œuvre Urbaine et Sociale

MPM : Marseille Provence Métropole

Page 93: MEMOIRE DE MASTER 1

OPAC : Office Public d'Aménagement et de Construction

OPHLM : Office Public d'Habitations à Loyer Modéré

PRU : Projet de Rénovation Urbaine

RDC : Rez De Chaussée

UDAF : Union Départementale des Associations Familiales

UFR : Unité de Formation et de Recherche

ZFU : Zone Franche Urbaine

ZUP : Zone à Urbaniser en Priorité

ZUS : Zones Urbaines Sensibles