Memoire Master Recherche

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  • 7/28/2019 Memoire Master Recherche

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    Mmoire prsent pour obtenir le diplme de

    MASTER 2 RECHERCHEMentionSCIENCES DE GESTION

    SpcialitMANAGEMENT DES ORGANISATIONS ET DES POLITIQUES PUBLIQUES

    Cohabilit parENA, ECOLE POLYTECHNIQUE, ECOLE DES MINES, ESSEC, ESCP-EAP, PARIS X

    Prsent parStphanie DESNOGUES

    QUELLE PLACE POUR LA FRANCHISE SOCIALE DANS LAIDE AU DEVELOPPEMENT :

    LE PROBLEME DE LEAU POTABLE DANS LES COMMUNAUTES RURALES

    Soutenance en novembre 2008

    Composition du Jury :

    Alain JEUNEMAITRE Directeur de Recherche au CNRS, CRG-Ecole PolytechniqueDirecteur de mmoire

    Michel NAKHLA Professeur, INA-PG et CGS-cole des Mines de Paris

    Rapporteur

    Claude RIVELINE Professeur, cole des Mines de Paris

    cole Polytechnique - CNRS

    Centre de Recherche en Gestion

    cole Polytechnique - CNRS

    Centre de Recherche en Gestion

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    2 Introduction

    LUniversit de Paris-X nentend donner aucune approbation ou improbation aux opinions misesdans les mmoires : ces opinions doivent tre considres comme propres leur auteur.

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    3 Introduction

    RESUME

    Aujourdhui, 1,2 milliard de personnes nont pas accs leau potable. La majorit rside en milieurural dans un pays en dveloppement. Le secteur public y est souvent dfaillant et les grandsoprateurs privs, pour des raisons de rentabilit, ne peuvent pas fournir ce service. Les habitants deces villages font donc appel des petits oprateurs privs, souvent informels, qui pallient cetteabsence de service dintrt gnral. Lapproche descendante soutenue par les institutions publiquesnest donc pas adapte pour rpondre ce besoin, mais lapproche ascendante impulse par lespetits acteurs privs nest ni encadre ni organise. Cest pourquoi ce travail de recherche sintresseau modle de gestion de la franchise sociale qui permet le contrle et la gnralisation grandechelle de ces initiatives prives innovantes. Nous avons ainsi men une tude de terrain de deuxmois pendant laquelle nous avons tudi le cas de 1001 Fontaines, une franchise sociale auCambodge qui fournit de leau potable dans des villages. Ensuite, en Inde, nous avons interrog 85

    personnes pour dterminer le potentiel de rplication de linitiative dans ce pays. En sappuyant sur lagrille quatre niveaux et la relation principal-agent, nous proposons un idal-type de franchise socialeselon une approche volutive qui prend en compte le passage dun modle soutenu dabord par lesinstitutions et ensuite par des acteurs privs qui en assurent lautonomie et la prennit. Nousestimons ds lors que la franchise sociale est un modle de gestion qui constitue un levier dans lecadre des politiques publiques daide au dveloppement.

    Mots-clefs : franchise sociale, politiques publiques daide au dveloppement, eau potable, rural

    ABSTRACT

    Today, 1.2 billion people lack access to safe drinking water. Most of them live in rural areas indeveloping countries. The public sector is often failing in its mission and big private operators, onprofitability grounds, cannot deliver this basic service. Village inhabitants thus depend on small, ofteninformal, private operators that compensate for the lack of this essential public service. The top-downapproach based on public institutions is therefore unsuitable to meet these needs, but the bottom-upapproach driven by private actors is neither controlled nor structured. This research work is thereforefocused on the social franchise business model which allows these innovative private initiatives to becontrolled and generalized on a large scale. We thus undertook a two months field study during whichwe studied the case of 1001 Fontaines, a social franchise committed to providing drinkable water to

    villages in Cambodia. Then, in India, we interviewed 85 people to determine the potential forreplication of the initiative in that country. Grounding our work on the four level grid and the principal-agent relationship, we propose a social franchise best practice model according to an evolutionaryperspective taking into account a development process initially based on institutions and then onprivate actors that ensure its autonomy and sustainability. Finally, we assess the social franchise as abusiness model that can serve as a lever within the framework of development aid policies.

    Key words : social franchise, development aid policies, drinking water, rural

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    4 Introduction

    REMERCIEMENTS

    Je souhaite avant tout remercier mon Directeur de Mmoire Alain Jeunematre pour le temps quil aconsacr mapporter les outils mthodologiques indispensables la conduite de cette recherche.Son exigence ma grandement stimule. Lenseignement de qualit dispens par le Master MOPP a galement su nourrir mes rflexions et a reprsent une profonde satisfaction intellectuelle, mercidonc aux enseignants-chercheurs.

    Je remercie en particulier Franois Jaquenoud et Rosemary OMahony de mavoir donn loccasionextraordinaire de raliser un travail de terrain de deux mois seule en Inde pour une mission deprospection. Un grand merci galement Marie Yen et Chay Lo davoir eu la patience de rpondre mes innombrables questions sur le fonctionnement de 1001 Fontaines au Cambodge. Je ne suis pasprte doublier ces palpitants voyages moto pour rejoindre les villages reculs. Et merci enfin LelioLemoine sans qui cette rencontre naurait pas eu lieu.

    Je suis galement reconnaissante envers les 85 personnes qui, aux quatre coins de lInde, ont eu lagentillesse de participer des entretiens, et tout particulirement Raj et Shobha Arole, Mr Mishra,Joe Madiath et Gilles Boulicot qui ont aliment ma soif de comprhension de ce pays. Je tiens enoutre souligner la profonde admiration que ma inspir le Comprehensive Rural Health Project deJamkhed.

    Jaimerais exprimer ma gratitude tous les chercheurs et spcialistes, trop nombreux pour les citer,qui ont pris le temps de discuter de mon sujet. Chacun de ces changes ma aid faire avancer monanalyse.

    Merci galement aux pionniers de lInde qui mont aid clairer la voie de la comprhension des

    mystres de cet tonnant pays : Jessie Le Roux, Jrmie Cave, Matthieu Carrre, Oriane Lepastier etCaroline Le Moigne. Grce leurs conseils, jai pu aborder lInde avec la rceptivit ncessaire.

    Enfin, un grand merci ma mre qui ma apport une aide prcieuse en acceptant de relire cemmoire.

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    5 Introduction

    TABLE DES MATIERES

    Introduction .............................................................................................................................................. 6

    I. Mise en perspective thorique ............................................................................................................. 8A. Jeu des acteurs de lapprovisionnement en eau potable ............................................................... 81. Le secteur public ......................................................................................................................... 82. Les grands oprateurs privs ................................................................................................... 103. Les petits oprateurs privs et la gestion communautaire ....................................................... 134. Lalternative de la franchise sociale .......................................................................................... 15

    B. Apports thoriques ........................................................................................................................ 211. La grille quatre niveaux .......................................................................................................... 222. La thorie de lagence .............................................................................................................. 23

    II. Construction dun objet empirique ..................................................................................................... 29A. Elaboration du sujet de recherche ................................................................................................ 29

    1. Le processus de recherche ...................................................................................................... 292. Limpratif dune recherche de terrain ...................................................................................... 30

    B. 1001 Fontaines au Cambodge ..................................................................................................... 301. La raison dtre du projet .......................................................................................................... 312. Le concept ................................................................................................................................ 313. La structure organisationnelle ................................................................................................... 334. Les relations contractuelles ...................................................................................................... 345. Le modle de dveloppement .................................................................................................. 366. Le modle conomique et social .............................................................................................. 377. Les obstacles la rplication .................................................................................................... 388. Les critres de faisabilit dun projet 1001 Fontaines .............................................................. 41

    C. Mthodologie de lenqute en Inde .............................................................................................. 411.La mthode de collecte de donnes .......................................................................................... 412. Lchantillon .............................................................................................................................. 433. Les complications de lenqute de terrain ................................................................................ 44

    D. Prsentation gnrale de lenvironnement de lenqute .............................................................. 461. Lenvironnement socio-culturel ................................................................................................. 462. Lenvironnement conomique ................................................................................................... 493. Lenvironnement politico-lgal .................................................................................................. 50

    E. Narration de la construction de lobjet de recherche en Inde ....................................................... 531. Development Alternatives ......................................................................................................... 542. Aaviskaar .................................................................................................................................. 553. Comprehensive Rural Health Project ....................................................................................... 564. Institute for Rural Credit and Enterprise Development ............................................................. 655. Intellecap ................................................................................................................................... 696. Byrraju ....................................................................................................................................... 707. Selco Solar Light ....................................................................................................................... 728. Aqua Dyn & Harvest ................................................................................................................. 75

    9. Development Alternatives Jhansi .......................................................................................... 7810. Gram Vikas ............................................................................................................................. 80

    III. Retour sur les cas partir de la thorie ........................................................................................... 84A. La grille de lecture quatre niveaux ............................................................................................. 84B. La relation principal-agent ............................................................................................................ 86C. Idal-type ...................................................................................................................................... 91

    Conclusion ............................................................................................................................................. 93Bibliographie .......................................................................................................................................... 94Annexes ................................................................................................................................................. 96

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    6 Introduction

    INTRODUCTION

    Labsence daccs leau potable est le premier frein au dveloppement et prs dune personne surcinq dans le monde, soit 1,2 milliard, ny a pas accs aujourdhui (UNDP, 2006). 75% dentre ellesvivent en milieu rural dans un pays en dveloppement rendant ce dfi particulirement complexe relever.

    Mme s'il a t admis quil est de la responsabilit des Etats, gouvernements et bailleurs de fondsinternationaux de sassurer que les besoins en eau sont couverts (Metha, 2000), les services publicstant irrguliers et dfaillants dans les pays en dveloppement, la Banque mondiale a dnonc cettesituation et assur la promotion de la privatisation du march de l'eau. Des partenariats public-priv

    ont alors vu le jour avec de grands oprateurs de pays occidentaux (Breuil, 2004). Toutefois, cemodle ne peut pas convenir au milieu rural o il ne peut pas tre rentable. Des micro-entrepreneurs,souvent issus du secteur informel, ont identifi cette opportunit commerciale et trouv des rponsesinnovantes aux besoins en eau potable du bas de la pyramide , cest--dire les quatre milliards depersonnes vivant avec moins de deux dollars par jour (Prahalad, 2005).

    Lapprovisionnement des plus pauvres auprs de ces vendeurs nest pas exempt deffets ngatifs, lesprix tant notamment plus levs pour un service de qualit mdiocre. Nanmoins, en fournissant unservice dintrt gnral, ces petits oprateurs privs ont un rle dterminant dans lamlioration desconditions de vie des populations rurales. Cest pourquoi les bailleurs de fonds portent une attention

    croissante ces petits oprateurs afin de dterminer dans quelle mesure ils peuvent constituer unlevier de dveloppement dans le cadre des politiques daide publique (Dardenne, 2006). Dans laperspective daccompagner cet effort, nous avons dcid dexplorer une solution innovante pour parerla porte limite des rponses apportes jusqu aujourdhui.

    Le modle de gestion de la franchise sociale1 nous a sembl prometteur par sa capacit d'acclrer ledploiement d'un service dintrt gnral. Nous souhaitons donc mesurer son potentiel dans lesservices d'approvisionnement en eau potable. Il existe dans le monde peu d'expriences de ce type etune revue de la littrature met en vidence la nouveaut du sujet (du Toit, 2003). Nous jugeons par

    consquent utile dapprofondir ltude de la franchise sociale pour dterminer si elle peut constituer unlevier efficace, dans le cadre des politiques publiques daide au dveloppement, pour tendre ladesserte en eau potable des communauts rurales.

    1 Nous dfinirons la franchise sociale dans cette tude comme une relation contractuelle par laquelleun franchiseur, en contrepartie dune rmunration, met disposition dun franchis un savoir-faire

    prouv et une assistance technique pour acclrer la dissmination de services dintrt gnral ensappuyant sur des initiatives prives cratrices de profit.

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    7 Introduction

    Nous serons ainsi conduits aborder la question dune ncessaire adaptation du modle au contextedans lequel se joue le processus de transposition. Puis, nous nous efforcerons de prsenter le modede dveloppement dune franchise sociale dont limpulsion mane du soutien des acteurs

    institutionnels et dont la prennit est ensuite assure par une gestion conduite par des acteursprivs.

    Pour ce faire, nous aurons recours des clairages thoriques. La grille quatre niveaux nous aidera caractriser les dimensions dune activit (Claude Riveline, 2005), tandis que le modle du principal-agent nous permettra dtablir une relation dynamique lintrieur et entre les niveaux. Ainsi, avec lathorie de lagence, nous aborderons les problmatiques lies la divergence dintrts et dattitudesvis--vis du risque entre un principal et son agent (Jensen et Mekling, 1976).

    Nous nous appuierons galement sur une perspective empirique, base sur un travail de terrain dedeux mois au Cambodge et en Inde. Lobjet empirique a t bti avec lappui dune franchise sociale,1001 Fontaines qui distribue de l'eau de boisson des populations rurales de pays en dveloppementet qui cherche dployer ses activits dans de nouveaux pays.

    partir de ces considrations, nous dvelopperons quatre parties pour traiter la question de laccs leau dans les communauts rurales des pays en dveloppement et du possible rle de la franchisesociale. Dans un premier temps, nous nous attacherons une mise en perspective thorique duproblme. Pour complter la discussion acadmique, nous dcrirons ensuite la construction de lobjet

    empirique. Puis nous le rediscuterons la lumire des approches thoriques tudies. Enfin, nousproposerons un idal-type de franchise sociale pour lapprovisionnement en eau potable descommunauts rurales des pays en dveloppement.

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    8 I. Mise en perspective thorique

    I. MISE EN PERSPECTIVE THEORIQUE

    La prsente recherche s'efforce d'accompagner la nouvelle dynamique institutionnelledes organisations d'aide au dveloppement qui favorise une approche plus ascendantedans la gestion des projets. Afin de proposer un nouveau modle tenant compte desenseignements du pass, il nous parat ncessaire de prsenter les schmas depense qui ont dtermin les politiques dans le domaine de l'eau au cours de cesdernires annes ainsi que les rsultats de leur application. D'autre part, nouscomplterons les connaissances acquises au travers de ces expriences par d'autresclairages thoriques qui nous paraissent pertinents dans le cadre de la rplicationd'une franchise sociale.

    A. JEU DES ACTEURS DE L APPROVISIONNEMENT EN EAU POTABLE

    Laide publique au dveloppement a t influence par des idologies successives, senrichissant aufur et mesure de son histoire de lapport des prcdentes. Cette accumulation doit tre rappelepour viter de reproduire les erreurs du pass et adapter la gestion des projets d'eau potable aucontexte actuel. Pour ce faire, nous prsenterons laction des diffrents acteurs de ce domaine. Aprsavoir expos les dfis auxquels sont confronts le secteur public, les grands oprateurs privs, lespetits oprateurs privs et les communauts, nous pourrons alors positionner la franchise sociale par

    rapport aux acteurs existants.

    1. LE SECTEUR PUBLIC

    Introduction

    La classification des biens en science conomique ne qualifie pas l'eau comme un bien public parceque, pour tre considr comme tel, un bien ne doit tre ni rival, ni exclusif. Dans la plupart des paysnanmoins, leau potable est fournie par le secteur public parce quelle est communment considrecomme un bien public, eu gard aux externalits de la distribution deau notamment sur la sant. Il est

    par consquent habituellement considr que la gestion de ce service d'intrt gnral relve de laresponsabilit des institutions publiques (Llorente, Zrah, 2003). Nous nous pencherons dans cettesection sur les implications de cette mission en prsentant la notion de droit leau et en jugeantl'aptitude du secteur public contrler la ressource et son attitude vis--vis des plus pauvres. Nousexposerons galement la ncessit dune instance de rgulation indpendante, la problmatique ducot de lextension de la desserte ainsi que lenjeu dun service adapt aux attentes descommunauts. Enfin, nous mentionnerons les modalits de la rcente mobilisation internationale.

    Le droit leau

    Laccs leau ayant un impact majeur sur la sant, il est internationalement reconnu comme un droit:le droit d'avoir de l'eau en quantit suffisante, salubre ainsi que physiquement et financirement

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    9 I. Mise en perspective thorique

    accessible. Les institutions daide publique au dveloppement se sont accordes pour estimer deuxlitres par personne les besoins minimums journaliers en eau potable (Mehta, 2000).

    Le contrle sur la ressource

    Cependant, les pouvoirs publics nont pas la capacit de contrler entirement sa disponibilit, enraison dun nombre important de facteurs comme les conditions biophysiques et cologiques ou lesdimensions temporelles et cycliques de leau. Toutefois, on peut noter lexistence de grandesingalits daccs cette ressource vitale dues son contrle par des groupes dindividus et lamauvaise gestion des installations deau. Il est donc important de distinguer la vraie raret de cellequi est fabrique (Mehta, 2000).

    Lattitude du secteur public vis--vis des plus pauvres

    Non seulement leau salubre est souvent rare en milieu rural, mais leau salubre et gratuite lestencore plus. En effet, dans les pays en dveloppement, les services publics cherchent plus souvent fournir de leau bas cot aux plus aiss qu trouver le moyen de proposer de leau un prixabordable pour les pauvres. On dplore des ingalits, de la corruption parfois et un manquedefficacit car la notion de secteur public nest pas culturellement ancre. De plus, au-del desquestions financires et techniques, les communauts rurales supportent le double fardeau dunegrande pauvret et dune faible influence politique. Les populations rurales nont ainsi que peu depoids sur les choix institutionnels qui dterminent lallocation de la ressource en eau (UNDP, 2006).

    La ncessit dune instance de rgulation indpendante

    La rgulation du secteur public est indispensable partir du moment o la loi du march incite lesecteur priv ne se concentrer que sur les consommateurs solvables. Il est donc ncessaire decrer des instances qui dfendent les intrts des consommateurs. Pour quune instance dergulation soit efficace, il est essentiel quelle soit indpendante du pouvoir politique, quelle disposedun pouvoir dinvestigation et de sanction et que la participation de reprsentants des usagers soitgarantie pour sassurer que leurs intrts sont pris en compte (UNDP, 2006).

    Le cot de lextension de la desserte

    Les dpenses publiques jouent un rle crucial dans lextension du rseau puisquil existe une limite la fixation du prix de leau de telle sorte quil couvre les cots car celle-ci devient alors un bieninabordable pour les pauvres. Dans les pays revenu moyen, une partie peut tre prise en charge pardes impts ou une rallocation de ces dpenses. Dans les pays pauvres, laide publique audveloppement est tout simplement indispensable une extension de la desserte. Les solutionsmises en uvre sexpriment sous plusieurs formes : en subventionnant les cots dinvestissement, ensubventionnant une partie de la consommation des mnages pauvres, ou alors en offrant le minimumvital (soit 20 litres) puis en faisant payer les consommations supplmentaires ou bien en faisantsupporter le cot des mnages les plus pauvres par les plus riches au travers dun systme

    redistributif. Ces systmes prsentent toutefois des limites puisque certains reposent sur le postulatquil existe un moyen de mesurer les consommations mais surtout parce que la plupart ne rsolvent

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    10 I. Mise en perspective thorique

    pas le problme dabsence totale daccs un quelconque rseau notamment dans les communautsisoles. La rgulation du secteur public est indispensable partir du moment o la loi du march incitele secteur priv ne se concentrer que sur les consommateurs solvables (UNDP, 2006).

    Lenjeu dun service adapt aux attentes

    Lenjeu pour le secteur public est de formuler des politiques rurales dapprovisionnement en eau quifournissent le service que les populations attendent et pour lequel elles sont prtes payer. Il ne fautpas oublier que chaque communaut des attentes diffrentes. En tenant compte de cette exigence,les institutions seront capables de proposer des solutions judicieuses aussi bien techniques avec unetechnologie approprie et un niveau de service adquat, que financires avec des tarifs mensuels etdes cots dinstallation adapts. En revanche, ne pas prendre en compte ces principes fait courir lerisque de reproduire les erreurs du pass aux institutions daide et aux gouvernements. En

    consquence, des programmes o les gens ne sont pas consults seraient nouveau mis en place ettomberaient dans loubli parce que personne dans la communaut ne sintresserait rellement aubon fonctionnement oprationnel du projet. Toutefois, cela ne rpond pas toutes les questions etnotamment pas celles relatives au type de coopration ncessaire entre les acteurs publics, privs,associatifs et les usagers dans la fourniture de ce service (World Bank, 1993).

    La mobilisation internationale

    Les Etats membres des Nations Unies se sont engags atteindre les Objectifs du Millnaire pour leDveloppement, dont notamment celui de rduire de moiti la proportion de personnes sans accs

    leau potable avant 2015. Le Conseil Mondial de lEau a estim que les investissements mondiauxdans le secteur de leau et de lassainissement ncessiteraient d'tre plus que doubls pour atteindrecet objectif. Il est donc indispensable que des ressources complmentaires soient mobilises pourlaide publique au dveloppement (Giraud & al., 2003).

    Conclusion

    Le secteur public, garant dune prestation minimum pour les pauvres ainsi que de la qualit de leau etde la fiabilit du service, remplit mal ses fonctions dans les pays en dveloppement. Lindiffrence etla corruption de certains de ses administrateurs expliquent essentiellement son inefficacit.

    2. LES GRANDS OPERATEURS PRIVES

    Introduction

    L'implication des grands acteurs du secteur priv de la gestion de l'eau dans les pays endveloppement remonte une vingtaine d'annes. La privatisation a t encourage en raison de sonpotentiel de croissance pour rpondre aux besoins mais les origines de ce mouvement dans les payspauvres sont antrieures. Il nous parat intressant de revenir en arrire et clairer la manire dont lesthories librales ont influenc l'volution de la gestion des services d'intrt gnral dans ces pays.Aprs avoir clairci les fondements de cette volution, nous dcrirons la rpartition des rles dans les

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    12 I. Mise en perspective thorique

    Le prix de l'eau

    Les nombreux rsultats de recherches dans ce domaine sont clairs : les pauvres paient leur eau plus

    chre que les riches dans les pays en dveloppement (Mehta, 2000). Une tude de la Banquemondiale a dtermin que trois types de caractristiques influencent conjointement la disposition desfoyers ruraux utiliser ou payer un service deau amlior.

    En premier lieu, les caractristiques socioconomiques et dmographiques du foyer priment.Lducation et le sexe des membres de la famille, leur activit professionnelle, la taille et lacomposition de la famille mais galement le revenu, le patrimoine et les dpenses de celle-ci sont deslments cruciaux dans leur disposition payer pour un service deau amlior.

    En deuxime lieu, les caractristiques de la source deau existante par rapport un meilleurapprovisionnement sont capitales. On comparera les cots financiers, le temps requis pour allerchercher leau, la qualit et la fiabilit de lapprovisionnement ainsi que le niveau de service associ.

    Enfin, les attitudes du foyer vis--vis des instances politiques sont essentielles. Leur confiance dansles politiques gouvernementales du secteur de leau et dans la capacit du gouvernement fournircorrectement ce service jouent un rle important dans leur disposition payer pour un serviceamlior (World Bank, 1993)

    La ncessit d'un modle de gestion alternatif

    Le peu de recherche empirique sur les effets des partenariats public-priv ne permet pas dedterminer s'il y a des gagnants et des perdants. Il nexiste pas de preuve empirique de lefficacitrelative du secteur priv, et comme les partenariats actuels ne conviennent manifestement pas toutes les situations, il parat ncessaire dexplorer des solutions alternatives (Ouyahia, 2006).

    Le modle actuel des partenariats public-priv doit dsormais se renouveler en dterminant un nouvelquilibre dans la rpartition des rles entre les secteurs public, priv et la socit civile (Breuil, 2004).

    Il est ncessaire de trouver des alternatives techniques aux systmes actuellement mis en place parles grands oprateurs privs trop coteux et inadapts aux communauts isoles. Le modleconomique des grands oprateurs privs est en effet bas sur des conomies dchelle, ce qui lerend inadapt aux communauts de petite taille. De plus, le secteur priv nest pas prt prendre desrisques financiers, il faut par consquent quil soit support par le gouvernement local ou par desorganisations daide publique au dveloppement.

    Pour obtenir des systmes techniques adapts et bas cot, il faut penser une industrialisation pardes entreprises locales. C'est pourquoi lEtat et les bailleurs de fonds internationaux devraient pluttsattacher favoriser la cration de systmes innovants en dveloppant le rseau industriel localcapable de les offrir. (Giraud & al., 2003)

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    13 I. Mise en perspective thorique

    Conclusion

    Le secteur priv a t sollicit pour intervenir dans le domaine de lapprovisionnement en eau en

    raison de ses capacits managriales, technologiques et surtout financires. Nanmoins, cesavantages sont contrebalancs par labsence de proccupation sociale dont les grands oprateursprivs font preuve du fait de limpratif de rentabilit auquel ils sont soumis. Cela a entran uneopposition manifeste par la population pauvre des pays en dveloppement comme par exemple Cochabamba en Bolivie (Breuil, 2004). En outre, limmense majorit dentre eux vivant dans deszones rurales ne verront jamais le dbut dune canalisation du fait de labsence de taille critique deleur communaut pour raliser des conomies dchelle.

    3. LES PETITS OPERATEURS PRIVES ET LA GESTION COMMUNAUTAIRE

    Introduction

    Le contexte actuel favorise une concertation croissante des parties prenantes sur la ngociation desthmes les concernant. Les avances dans ce domaine peuvent laisser penser que lapprochedescendante jusqualors prne dans les programmes de dveloppement laissera progressivement laplace une approche plus ascendante. Cest pourquoi nous souhaitons introduire le mouvement dedcentralisation et de gouvernance locale et dcrire les conditions de la gestion communautaire.Ensuite, nous prciserons les avantages de l'offre alternative des petits oprateurs privs ainsi queles caractristiques de l'informalit. Pour finir, nous voquerons la place des femmes dansl'approvisionnement en eau dans les villages des pays en dveloppement.

    La gestion communautaire

    Les approches descendantes des institutions publiques chouent lorsquelles ne prennent pas assezen compte les lments du contexte local. En sont la preuve les innombrables projets en milieu ruralqui ont chou parce que les communauts ne se les sont pas appropris et les ont laisss labandon. Il ne faut pas esprer que les communauts contribuent maintenir des projets standardquelles ne considrent pas adapts leurs besoins ni quelles appliquent des politiques dcides pardes institutions opaques et corrompues. (UNDP, 2006)

    Il a t estim que les foyers sont prts consacrer jusqu' 10% de leurs dpenses globales dansleau, mme s'il convient dtre prudent avant de rationaliser de tels choix de consommation. En effet,plutt que de sengager payer un tarif fixe pour un systme dapprovisionnement communautaire,les plus pauvres ont tendance prfrer puiser gratuitement de leau dans une source voisine demoindre qualit ou bien acheter de leau un micro-entrepreneur local. (Metha, 2000)

    En change de lutilisation des points deau du village, les comits deau locaux requirentgnralement une contribution en nature, en participant activement la construction du systme ainsiquune participation financire pour couvrir les investissements initiaux puis les cots de maintenance.

    (UNDP, 2006)

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    14 I. Mise en perspective thorique

    Quand on traite le thme de leau, il ne faut pas oublier ses dimensions sociale et culturelle. Cestpourquoi la gestion communautaire rcemment loue par les organisations daide au dveloppementmrite dtre explore avec plus de prudence. Ce type de gestion reflte exactement les interactions

    sociales existantes et peuvent donc tre trs discriminantes pour certaines catgories de personnes.Si la perspective dune eau gre par les populations elles-mmes est trs certainement encourager, il ne faut pas oublier que les structures communautaires sont complexes et quil convientdviter de reproduire des ingalits et conflits existants. (Metha, 2000)

    Le mouvement de dcentralisation et de gouvernance locale

    Les gouvernements et les bailleurs de fonds privilgient aujourdhui une approche base sur lesbesoins exprims par les communauts elles-mmes en mettant en place des technologies quellessont prtes et capables de financer mais galement de maintenir. Mme si lengagement des

    communauts dans le processus de dcision peut tre considr comme un progrs, il faut treconscient que le fonctionnement des communauts nest pas exempt dingalit, notamment enversles femmes et les plus pauvres. La dcentralisation de la gouvernance de leau des instances pluslocales peut jouer un rle important mais des capacits financires et techniques restentincontournables. Cest pourquoi en complment de laide publique au dveloppement, beaucoup depays ont besoin de mobiliser de nouvelles ressources auprs du secteur priv. (UNDP, 2006)

    Les avantages de l'offre alternative des petits oprateurs privs

    Les petits oprateurs privs locaux qui relvent en majorit de l'conomie informelle constituent une

    alternative intressante aux projets d'approvisionnement en eau potable financs par les institutionspubliques. En fournissant un bien vital, ils assurent en effet un service dintrt gnral. Leur prsencea un rle dterminant dans lamlioration des conditions de vie des populations isoles puisquellepermet davoir un accs leau potable qui fait gagner du temps sur la collecte une sourceventuellement loigne. De plus, ces activits crent des emplois locaux. Les typologies de cespetits oprateurs sont multiples : gr par un entrepreneur priv, lobjectif est alors dirig vers le profit,mais gr par une ONG ou une communaut, il est alors plutt dirig vers le profit ou le bien-tre dela population desservie. (Dardenne, 2006)

    Les caractristiques de l'informalit

    La notion de secteur informel fait rfrence aux activits situes hors de l'conomie rgule. Lesactivits du secteur informel ne sont par consquent pas soumises au droit du travail, ni auxrglementations sociales ou aux normes environnementales. (Mignaval, 2008). Les acteurs du secteurinformel ptissent de difficults pour accder aux services bancaires ou aux subventions de bailleursde fonds. Les institutions daide publique au dveloppement tudient la possibilit dinciter les acteursdu secteur informel se formaliser afin de leur permettre de recourir des financements et de lesengager respecter les rglementations. Toutefois, le choix de rester dans linformalit estgnralement fond sur les conomies que ce statut octroie en chappant la fiscalit lie l'enregistrement d'une activit formelle ainsi qu'aux cots habituellement gnrs par la corruptiondans les pays en dveloppement. (Valfrey, 2006)

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    15 I. Mise en perspective thorique

    En 1990 en Inde par exemple, 75% de la population active qui ne travaillait pas dans lagriculture taitdans le secteur informel. Ce taux est pass 93% en 1998. (Gallin, 1999)

    La place des femmes

    Les femmes sont majoritairement responsables de la collecte deau mais elles nont pasncessairement de pouvoir de dcision sur lallocation des revenus du foyer. Mme si ce sont lespremires comprendre les bienfaits dun meilleur systme dapprovisionnement en eau, elles nontdonc pas forcment la possibilit dexprimer leur prfrence. (Metha, 2000)

    La rpartition culturelle des tches engendre un temps de travail hebdomadaire ingal de plusieursheures qui empche les femmes de participer des activits gnratrices de revenu, dtendre leurchamp de comptences et qui rduit par consquent leurs rtributions conomiques futures. Il fautprciser quune amlioration de laccs leau engendre des bnfices importants concernant lgalitdes sexes, et particulirement en milieu rural puisque ce sont principalement les femmes et les jeunesfilles qui soccupent de sa collecte (UNDP, 2006).

    Conclusion

    Dans les zones rurales des pays en dveloppement, les besoins non satisfaits en eau potablereprsentent une niche commerciale. L o il existe un seuil critique de consommateurs assurant lasolvabilit d'une activit d'eau, des petits oprateurs privs ont conu des modles d'entrepriseinnovants adapts aux conditions locales. Ils ont ainsi non seulement apport un service dintrtgnral aux communauts o ils se sont implants mais aussi cr des emplois locaux au travers deleur activit. Cependant, ce service est offert pour un prix plus lev qu'en milieu urbain pour unequalit moindre. Pour encadrer cette offre, les communauts se sont donc vues dlguer le rle decoordinateur des services d'eau par les grandes institutions publiques, incapables d'apporter uneplanification approprie un micro-niveau.

    4. LALTERNATIVE DE LA FRANCHISE SOCIALE

    Introduction

    On constate finalement quaucun acteur nest exempt de dfaut, ce que le tableau suivant vientcorroborer en permettant de comparer la performance des principaux acteurs des services deaupotable dans les pays en dveloppement. Il se dgage en revanche une bien meilleure adquationdes entrepreneurs locaux et des organisations non gouvernementales (ONGs) pour rpondre auxbesoins des zones rurales des pays en dveloppement. Par ailleurs, tant donn quon observe quechacun fait preuve de qualits dont lautre est dpourvu, il semble intressant de rflchir unecombinaison de leurs offres qui crerait des synergies. Nous pensons dtecter ce potentiel dans lafranchise sociale et allons donc nous pencher sur ce modle de gestion en prcisant lescaractristiques de la franchise commerciale et de lentrepreneuriat social. Puis nous rflchirons sa

    place dans les politiques publiques daide au dveloppement et prsenterons les modes dedissmination de ce modle.

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    16 I. Mise en perspective thorique

    valuation de la performance des principaux acteurs des services d'eau potable dans les pays en dveloppement

    * les indicateurs proviennent partiellement du rapport du groupe de travail de l'IGD (2004)

    pas du tout modestement un peu modrment beaucouppas du toutpas du tout modestementmodestement un peuun peu modrment modrment beaucoupbeaucoup

    Source : Tableau tabli par lauteure

    1. Satisfaire les besoins d'eau potable des usagers1.1. Achemine l'eau potable chez chaque habitant (couverture)1.2. Assure la continuit de la fourniture1.3. Assure la qualit sanitaire de l'eau (bactriologiques et physico-chimiques)2. Prserver durablement le cadre de vie des usagers et le milieu naturel2.1. Gre les eaux uses et les sous produits d'puration2.2. Protge la ressource : nappes phratiques, rivires3. Assurer la prennit du patrimoine de fourniture et d'vacuation3.1. Maintient l'tat des installations (surveillance, pr ventif, remplacement)3.2. Adapte le patrimoine l'volution de la demande et de la technologie3.3. Fourni une expertise technique3.4. Limite les nuisances des travaux3.5. Protge les installations contre les dgradations

    3.6. Evite les pertes d'eau et les connexions pirates4. Grer les finances4.1. Recouvre le paiement du service4.2. Acc de des financements internationaux4.3. Accde des financements locaux4.4. Gnre des profits4.5. Cre de la valeurconomique4.6. Recquiert une taille critique4.7. Permet de raliser des conomies d'chelle4.8. Supporte les cots d'investissement4.9. Supporte les cots d'extension de la desserte4.10. Autofinance les cots oprationnels4.11. Supporte les risques financiers4.12. Engage contractuellement les usagers payer p riodiquement4.13. Soumet son activit la fiscali t5. Satisfaire les attentes de service et de cohsion sociale des usagers5.1. Rend le service physiquement accessible

    5.2. Rend le service financirement accessible5.3. Assure la solidarit avec les plus dmunis pour le paiement de l'eau5.4. Consulte les usagers sur le service et son amlioration5.5. Cre du changement social5.7. Etablit les projets au travers d'une approche ascendante6. Garantir une gestion comptente6.1. Atteint un taux de russite des projets honorable6.2. Fournit une assistance aux oprateurs6.3. Met en place une technologie adapt e au contexte locale6.4. Dispose d'un potentiel de r plication de son mod le grande chelle6.5. Capitalise ses bonnes pratiques en partageant son expertise6.6. Assure de bonnes conditions de travail ses op rateurs6.7. Motive les oprateurs6.8. Cre des emplois locaux7. Promouvoir une bonne gouvernance7.1. Mobilise des instances internationales7.2. Se soumet une instance de contrle indpendante7.3. Se conforme aux rgles de la corruption7.4. Implique les administrateurs publics7.5. Dtient la proprit du rseau

    ACTEUR

    PublicGrandoprateurpriv

    occidental

    Petitentrepreneur

    priv localCommunaut ONGOBJECTIF - INDICATEUR *

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    17 I. Mise en perspective thorique

    Prsentation de la franchise commerciale

    La franchise est un modle de gestion qui permet de bnficier du savoir-faire et de lexpertise dune

    organisation, souvent au moyen dune formation spcifique, en transfrant les comptencesncessaires lexercice dune activit professionnelle particulire. Le vendeur du concept commercialest le franchiseur, tandis que celui qui achte la licence pour utiliser le savoir-faire est le franchis. Ilpaie le franchiseur pour le savoir-faire acquis et lutilisation de la marque de la franchise pendant unepriode de temps et sur une zone gographique dfinies contractuellement. Le franchis paie aufranchiseur un droit dentre puis une redevance mensuelle fixe et/ou forfaitaire en pourcentage duchiffre daffaires. Le franchiseur peut offrir au franchis une gamme tendue de services. Outre desformations techniques et managriales et lutilisation de sa marque, le franchiseur peut proposer deslogiciels, la centralisation de certaines fonctions ainsi que de certains achats pour profiter dconomiesdchelle ou encore faciliter le financement des oprations du franchis auprs dinstitutionsfinancires. Le contrat de franchise se distingue du contrat d'agence ou de concession dans lamesure o, si le franchis est indpendant comme le concessionnaire, il bnficie du savoir-faire dufranchiseur et d'une assistance technico-commerciale pousse (Beshel, 2001).

    Introduction lentrepreneuriat social

    Les entrepreneurs sont les moteurs essentiels de l'innovation et du progrs. On en distingue deuxtypes : classique et social. Alors que lentrepreneur classique cherche maximiser le profit desactionnaires en rpondant des besoins rentables, lentrepreneur social cherche crer duchangement social au travers de la ralisation de sa mission en rpondant des besoins noncouverts. Ainsi, au-del de la mission traditionnelle de cration de valeur conomique et de profit desentreprises, l'entrepreneuriat social sappuie sur des initiatives prives au service de lintrt gnral,inventant de nouvelles rponses aux problmes sociaux, de nouvelles manires de mobiliser desressources et en adaptant certaines mthodes utilises dans la sphre capitaliste afin de servir unemission sociale (Pache 2006).

    Le capitalisme peut contribuer radiquer la pauvret grce au social business. Contrairement uneentreprise classique qui a pour seule mission de maximiser ses profits, une entreprise vocationsociale sefforce en outre de produire des avantages sociaux tout en limitant ses cots sociaux. Ellecontribue rduire les ingalits et faire reculer la pauvret en rendant accessibles aux populationspauvres des produits et services normalement rservs aux segments de march suprieurs (Yunus,

    2008).

    Le bas de la pyramide conomique est compos de quatre milliards de personnes vivant avec moinsde deux dollars par jour, mais les organisations daide publique au dveloppement sont impuissantesface cette pauvret. Cest pourquoi Prahalad propose de dvelopper le march du bas de lapyramide afin de crer des entrepreneurs au niveau de la base et de permettre laccs cespopulations aux produits et services du secteur priv. Si les grandes entreprises prives repensentleur chane de valeur, elles sauront capter ce segment de march actuellement considr comme nonprofitable. Leurs efforts contribueraient ainsi au dveloppement conomique et la transformationsociale des populations pauvres grce une action productive plutt que charitable comme cest

    gnralement le cas dans les activits de responsabilit sociale des entreprises. Ce modle

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    18 I. Mise en perspective thorique

    ncessiterait une coopration du secteur priv avec les organisations de la socit civile, les agencesdaide au dveloppement et les gouvernements locaux (Prahalad, 2004).

    The World Economic Pyramid

    Source : Prahalad et Hart (2005)

    Bottom of the Pyramid Framework

    Private enterprise

    Development

    and aid

    agencies

    BOP consumers

    BOP entrepreneurs

    Civil society

    organizations and

    local government

    Economic

    development

    and socialtransformation

    Private enterprise

    Development

    and aid

    agencies

    BOP consumers

    BOP entrepreneurs

    Civil society

    organizations and

    local government

    Economic

    development

    and socialtransformation

    Source : Prahalad et Hart (2005)

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    19 I. Mise en perspective thorique

    Atouts potentiels de la franchise sociale

    Comme nous lavons prcis en introduction de cette tude, nous dfinirons la franchise sociale

    comme une relation contractuelle par laquelle un franchiseur, en contrepartie dune rmunration, met disposition dun franchis un savoir-faire prouv et une assistance technique pour acclrer ladissmination de services dintrt gnral en sappuyant sur des initiatives prives cratrices deprofit.

    Nous pouvons comparer cette dfinition avec une proposition que Du Toit (2003) soumet : Lesfranchises sociales poursuivent des objectifs sociaux au travers de la franchise dont le modle permetla rplication et la distribution des produits et services de lorganisation. Les franchises socialesrecherchent la prennit de leurs activits en les conduisant selon les principes commerciaux. Ceux-cileur permettent ainsi de raliser assez de profits pour soutenir leurs oprations et rinvestir les profits

    excdentaires au bnfice de la communaut quils servent.

    Smith (2002) parfait cette description en ajoutant que la diffrence principale concernant les acteursde la franchise sociale par rapport la franchise commerciale est la prsence dun tiers et partieprenante supplmentaire : le donateur. Il apporte des fonds la franchise, mais fonctionne selon sespropres rgles et agenda. Cela peut compliquer la relation entre le franchis et le franchiseur voirelaffecter. Pour minimiser cet effet, les franchises sociales peuvent sefforcer de devenirindpendantes en tendant lauto-suffisance mme si cela dpend des forces du march et de leurcapacit gnrer des revenus. Si lobjectif de la franchise est de devenir auto-suffisante, faire payerles utilisateurs pour les services et gnrer des revenus devient ds lors impratif.

    De nombreuses raisons peuvent amener vouloir dupliquer une initiative russie : envie de partagerune expertise, dtendre rapidement sa couverture gographique, de faire des conomies dchelle...Quelles qu'elles soient, la mise en uvre du dveloppement sous forme de franchise sociale al'avantage d'assurer un ancrage local fort qui permet une adaptation aux spcificits locales, unematrise de la qualit et un accs aux financements locaux (Chalenon et Pache 2006).

    De leur ct, les clients profitent d'une accessibilit financire des produits et services de qualit,

    tandis que les franchiss bnficient d'un soutien technique, de formations et ventuellement d'unappui l'obtention de financements. Tous les membres tirent avantage dun atout indniable de lafranchise sociale : sa capacit capitaliser les bonnes pratiques (van Ginneken 2006).

    La solution alternative de la franchise sociale permet d'acclrer le dveloppement d'une organisationen se basant sur une mthodologie prouve. Une des forces motrices du concept de la franchise estl'existence d'un business model qui a fait ses preuves avec le potentiel d'tre rpliqu grandechelle. La seconde force est que le concept est bas sur les incitations, sous forme de rsultatsprcis et quantifiables tels que des profits.

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    20 I. Mise en perspective thorique

    Il a t abondamment dmontr que les franchises commerciales ont un taux d'chec largementinfrieur celui des organisations indpendantes. Le systme repose sur un rseau d'acteurs clsque sont le franchiseur, les franchiss, les utilisateurs du service, les rgulateurs et les financeurs.

    Les revenus du franchis proviennent du succs de son affaire ce qui constitue une forte incitation l'effort. L'accompagnement d'un franchiseur expert a particulirement de la valeur pour lescommunauts isoles parce qu'elles ne peuvent pas se permettre d'embaucher du personnel qualifi.Si les micro-entrepreneurs de l'eau faisaient partie d'une franchise, ils partageraient les cots desservices d'un spcialiste normalement rservs aux grands oprateurs de l'eau. Ils jouiraient ainsi dusoutien d'un mentor avec un haut niveau d'expertise tout en assurant pour la communaut un contrlede la qualit de l'eau.

    Le franchiseur et le franchis seraient incits ce que cet arrangement fonctionne. Le rle de lacommunaut serait alors primordial pour assurer la bonne performance du systme et le respect du

    contrat. Si elle n'avait pas assez de personnel pour assurer la maintenance oprationnelle du service,ses efforts pourraient alors se concentrer sur le suivi du travail d'un tiers. Les partenariats public-privsous forme de franchise dans le secteur de l'eau ont le potentiel la fois d'amliorer la desserte ainsique de promouvoir des emplois durables et dencourager des entreprises locales. Le modle degestion de la franchise est donc bien adapt au secteur de leau (Bhagwan & Wall, 2007).

    Les modes de dissmination de la franchise sociale

    Il est possible de recourir diffrents modles de dveloppement pour rpliquer un concept defranchise sociale dans des contextes locaux varis. Le tableau ci-aprs prsente une synthse des

    types de dveloppement la porte des organisations vocation sociale. Lanalyse du changementdchelle propose quatre modles, avec un degr croissant de centralisation. La mise en uvre dudveloppement peut seffectuer selon divers schmas, chacun dpendant de choix stratgiques etdes enjeux qui leurs sont associs. Parmi les options de dveloppement, on distingue celle pardissmination, par essaimage souple, par essaimage franchis et centralis. Le transfert dexpertise alieu selon ces diffrentes modalits en fonction des caractristiques des organisations, tel quon peutlobserver dans le tableau ci-dessous (Pache & Chalenon, 2007).

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    21 I. Mise en perspective thorique

    Les modles de dveloppement la disposition des structures fondatrices

    Source : Pache & Chalenon (2007)

    Conclusion

    En combinant les avantages de lefficacit dun entrepreneur local avec les exigences sociales desONGs, la franchise sociale permet de minimiser les inconvnients inhrents au fonctionnementhabituel de ce type dorganisation. Cette solution constitue ainsi un compromis satisfaisant entre laprovision dfaillante des services dintrt gnral par le secteur public et leur privatisation totale.

    B. APPORTS THEORIQUES

    La grille quatre niveaux permet de caractriser les dimensions dune activit tandis que le modledu principal-agent permet dtablir une relation dynamique lintrieur et entre les quatre niveaux.

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    22 I. Mise en perspective thorique

    1. LA GRILLE A QUATRE NIVEAUX

    Claude Riveline (1991) se dmarque de la conception classique de la rationalit conomique en

    estimant que sur un thme donn, les points de vue des acteurs conomiques divergentirrmdiablement, sans quaucun ne soit plus vrai que les autres. Bien que chacun des points de vuesoit rationnel, ils sont construits sur des critres diffrents, ceux sur lesquels chacun des acteurs sesent jug. Pour quune organisation fonctionne, il est ncessaire que ces critres soient en harmonieentre eux, constituent un ensemble homogne et cohrent. Ils dpendent de quatre sortes deralits : la matire, les personnes, les institutions et les normes culturelles.

    Claude Riveline dfinit ces concepts de la manire suivante : la matire c'est tout ce qui, uninstant donn, ne souffre pas de discussion, comme le champ de la pesanteur, la rsistivit du cuivreou le prix du ptrole; les personnes c'est tout ce qui peut changer quand on remplace un individu par

    un autre; les institutions, c'est l'ensemble des comportements permis, interdits ou obligatoires, parceque c'est crit quelque part ; et les normes culturelles, cela dsigne le permis, l'interdit ou l'obligatoirequi ne sont pas mme crits.

    Labondance de niveaux de ralit conduit admettre quil est impossible de les rendre dfinitivementcohrents entre eux. Tous les systmes sont donc condamns une cohsion prcaire, construiteautour de ces quatre contraintes. Cest pourquoi on observe que lorsquon essaie de changer lun desparamtres dun systme, les quatre niveaux rsistent. Les crises sont ainsi le rsultat dun dcalageentre les niveaux.

    Grille de lecture quatre niveaux

    Source : Claude Riveline (1991)

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    23 I. Mise en perspective thorique

    2. LA THEORIE DE LAGENCE

    Ross (1973) dfinit la relation dagence comme suit : On dira quune relation dagence sest cre

    entre deux (ou plusieurs) parties lorsquune de ces deux parties, dsigne comme lagent, agit soit dela part de lautre, soit comme son reprsentant, dsigne comme le principal, dans un domainedcisionnel particulier. Charreaux (1998) note que la relation dagence dans cette formulation estimplicitement une relation dautorit au sens de Coleman (1990) : Une relation dautorit, dun acteursur un autre, existe si le premier dispose de droits de contrle sur certaines actions du second. Enoutre, les contrats considrs par la thorie de lagence sont explicites ou implicites , cest--dire formels ou informels et surtout, ils sont rputs tre incomplets au sens de la thorieconomique ; autrement dit, ils ne prvoient pas toutes les ventualits possibles. De plus, la relationdagence est ncessairement associe une ou plusieurs transactions. Dans la relation principal-agent, le principal met des ressources (matrielles ou non) disposition de lagent, qui, encontrepartie, met sa disposition sa capacit accomplir une tche. Cependant, dans la conception

    asymtrique, principal-agent, de la relation dagence, seul lobjectif du principal est retenu. La relationdagence met en jeu des droits de proprit. Le principal procde une dlgation parce quil na paspar exemple les capacits ncessaires pour accomplir au mieux la tche ou encore parce quen vertudu principe de lavantage comparatif ses talents sont mieux employs par ailleurs.

    Lasymtrie dinformation, quelle soit volontaire ou non, entrane un risque dopportunisme quisexprime sous deux formes. Avant la signature du contrat, la notion de slection adverse se rfre aucas o le principal serait incit prfrer un service de moindre qualit plutt qu prendre des risquesparce quil ignore une caractristique de lagent qui a un impact sur lissue de laccord entre eux.Aprs la signature du contrat, la notion dala moral dnonce les situations o les parties ne

    respectent pas les accords passs, comme par exemple un agent qui ne fournirait quun effort minimalen change dun salaire fixe. Afin de lutter contre lopportunisme de lagent, le principal va organisersa surveillance, ce qui engage des cots dagence. Lenjeu est de dterminer le type de contrat quiminimise les cots. Le problme des intrts divergents entre le principal et lagent peut notammenttre rsolu par un contrat formel qui les harmonise et met en place un systme de contrle.

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    24 I. Mise en perspective thorique

    L'tat des lieux propos dans cette premire section fait ressortir le jeu et les intrtsdes diffrents acteurs de lapprovisionnement en eau potable dans les zones ruralesdes pays en dveloppement. Nous constatons que le secteur public y est trs souvent

    dfaillant et corrompu et que par consquent, les populations rurales nont pas accs un service dapprovisionnement en eau potable de qualit. Les oprateurs privsoccidentaux qui oprent dans les villes ne peuvent pas faire bnficier les zonesisoles de leurs capacits technologiques et de gestion en labsence de taille minimumqui assurerait leur rentabilit. Ces populations doivent donc compter sur desentrepreneurs locaux prts prendre les risques financiers pour fournir ce service etsur des organisations non gouvernementales (ONGs) ayant la volont damliorer lebien-tre des villageois. On peut dplorer le fait que les oprateurs privs ont tendance puiser les ressources naturelles de leur milieu (Murthy, 2005) et ne font pas cas desrglementations sociales avec leurs employs quand ils sont issus du secteurinformel. Nanmoins, ils apportent les investissements ncessaires ltablissement

    des services deau et assument galement la prennit des installations grce leursefforts de maintenance, ces dernires reprsentant leur source de revenu. En outre, onpeut faire confiance leur gestion financire pour quelle auto-finance la production duservice, tout en apportant un service dintrt gnral crucial pour lamlioration desconditions de vie des populations isoles. Les ONGs naffichent gnralement pasdaussi bons rsultats concernant lauto-financement des services mais elles seproccupent de lenvironnement naturel o elles uvrent ainsi que des attentessanitaires et sociales des usagers. La franchise sociale reprsente la synergie entrelefficacit de lentrepreneur local et les exigences sociales de lONG, tout enminimisant leurs inconvnients. En fournissant un service dintrt gnral, lafranchise sociale reprsente une alternative la dfaillance du secteur public et laprivatisation totale de ce type de service. En faisant ensuite appel la grille de lecture quatre niveaux et au modle du principal-agent, nous proposons une mise enperspective thorique du problme qui permet la fois de caractriser les dimensionsdune activit et denrichir cette prsentation d'un aspect dynamique.Pour mettre cette analyse lpreuve du terrain, nous avons examin deux cas, celuide lONG 1001 Fontaines, une franchise sociale implante au Cambodge, et celui deson potentiel de rplication en Inde, au travers de rencontres avec une dizainedorganisations sociales uvrant aux quatre coins du pays. Nous prsenterons cescas dans la section suivante en procdant un rcit narratif de notre enqute deterrain.

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    25 I. Mise en perspective thorique

    QUELQUES PHOTOGRAPHIES

    Avant de commencer la description de lenqute de terrain et surtout pour mieux visualiser le

    contexte du rcit, il parat intressant de lintroduire au moyen de quelques photographiesprises lors du travail de recherche au Cambodge et en Inde.

    1001 Fontaines au Cambodge

    Franchise et sa famille Livraison de bonbonnes deau aux villageois

    Activits de sensibilisation leau et la sant Systme de purification deau

    Eau de surface (mare) purifier Dessin anim ducatif

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    26 I. Mise en perspective thorique

    Leau en Inde

    Pompe manuelle dun village Pompe manuelle 1 km dun village

    Pauvret rurale en Inde

    Bidonville Casseurs de pierres

    Travail des enfants, fillettes transportant des briques

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    27 I. Mise en perspective thorique

    Personnes interroges au cours de lenqute en Inde

    Membres du conseil municipal dun village Villageois

    Membres dun Self Help Group CRHPHealth Workers

    Membres du Water Committee avec lauteure Villageoises

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    28 I. Mise en perspective thorique

    lments du contexte

    choppe dun village Compteur collectif

    La cuisine dune maison La cuisine dune maison

    Campagnes dducation

    Message ducatif sur un mur du village Session de formation des Health Workers de CRHP

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    29 II. Construction dun objet empirique

    II. CONSTRUCTION DUN OBJET EMPIRIQUE

    Nous avons choisi de recourir une narration chronologique pour rapporter laconstruction de notre objet empirique afin de faire ressortir lintrt du choix de notresujet dans le contexte des problmatiques lies leau dans les pays endveloppement. Dautre part, nous estimons important que notre rcit reste fidle notre dmarche exploratoire pour permettre au lecteur de suivre le mme cheminementintellectuel que celui par lequel nous sommes passs, afin dclairer les enjeux quecette tude cherche relever.

    A. ELABORATION DU SUJET DE RECHE RCHE

    Je vais dans cette partie introduire de manire trs personnelle la manire dont jen suis venue tudier la place de la franchise sociale dans les politiques publiques daide au dveloppement lies leau potable en milieu rural.

    1. LE PROCESSUS DE RECHERCHE

    Mon intrt pour les problmatiques de politiques publiques daide au dveloppement est antrieuraux tudes de Master Recherche en Management des Organisations et Politiques Publiques. En effet,aprs avoir vcu pendant deux ans au Mexique et voyag dans de nombreux pays endveloppement, jai progressivement dvelopp un intrt pour les problmatiques se rapportant ces pays. Par la suite, jai construit mon exprience professionnelle dans le secteur priv maisgalement dans le secteur associatif et le secteur public, au sein de lONU New York et Rome, etau Ministre du Travail et des Relations Sociales Paris. Sensibilise la situation des pays endveloppement, ces contextes de travail mont apport un clairage nouveau par les tudesapprofondies auxquelles jai eu accs. Ces donnes, associes aux comptences en managementdveloppes au cours de mes tudes de commerce, mont amene essayer dapporter macontribution pour rpondre des problmes existants.

    Cest pourquoi jai choisi de suivre ce Master. Jai en effet pens que cela me donnerait lopportunitde prendre le temps dapprofondir et de stimuler ma rflexion pour matteler cette ncessit que jeressentais de prsenter une proposition concrte au travers dun mmoire. Tout au long des deuxannes dtudes mon envie de traiter une question de dveloppement selon une approcheascendante sest confirme. Les dbats sur leau et notamment la place du secteur priv dans sagestion mont ainsi sembl constituer un terrain dexploration tout fait adapt. Aprs avoir remarqulintrt grandissant que suscite le secteur informel dans les services deau parmi les thmes derecherche des institutions daide publique au dveloppement, jai explor la littrature disponible sur lesujet. Convaincue de ne pas pouvoir apporter un vritable complment ces contributions, jaisouhait nanmoins ne pas mloigner de la thmatique et jai donc poursuivi mes recherches danscette direction.

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    30 II. Construction dun objet empirique

    2. LIMPERATIF DUNE RECHERCHE DE TERRAIN

    Sensibilise la mthodologie de la recherche-action par les professeurs-chercheurs du Master, il

    ma sembl impratif de combiner mes efforts de recherche une tude de terrain. Lelio Lemoine,grce sa position de coordinateur du Prix de lEntrepreneur Social 2007 de la Fondation Schwab enFrance, a repr une organisation de lconomie sociale innovante, dmontrant un impact important etdont la viabilit semblait prometteuse. Sa mission rpondant mes intrts puisque lONG apportaitde leau potable dans les zones rurales des pays en dveloppement, il ma mise en relation avecFranois Jaquenoud, co-fondateur de 1001 Fontaines. Cette organisation a choisi de mettre en placedes solutions adaptes au contexte local au travers dun systme de franchise sociale, qui permet lafois le dploiement grande chelle du modle et sa prennit grce aux incitations personnelles deloprateur grer de manire performante son activit.

    LONG 1001 Fontaines souhaitait tendre ses activits lInde, et tant implante au Cambodge et Madagascar, ma propos deffectuer une mission de prospection pour elle. Cette opportunit sestrvle idale pour tudier un modle de gestion selon une approche ascendante fonctionnant avecdes acteurs en partie informels. Une revue de la littrature a confirm la nouveaut du sujet ce qui ena accru lintrt mes yeux.

    Lobjectif de lenqute de terrain tait donc dual entre les exigences du Master et celles de 1001Fontaines. Cette double fonction est importante souligner ds maintenant puisquelle a eu uneincidence sur la manire dont jai t introduite sur le terrain. Compte tenu du retour favorable despremiers projets de 1001 Fontaines au Cambodge, lONG a en effet dcid dquiper de nouveauxvillages dans le pays et a lanc un projet pilote Madagascar. 1001 Fontaines, cherchant dployerses activits dans de nouveaux pays dont lInde, ma charge de comprendre comment ce systmepourrait tre appliqu cet environnement. Pour conduire cette recherche de terrain, jai pass unesemaine au Cambodge pour observer moi-mme le systme sur lequel je mtais dj abondammentdocumente et ensuite deux mois en Inde pour proposer une stratgie dintroduction et dedploiement de lONG dans ce pays.

    Ayant introduit le mode de slection de mon terrain dexploration, je vais maintenant exposer les deuxcas tudis. Celui du Cambodge permettra de comprendre le mode de fonctionnement concret et

    dtaill dune franchise sociale, tandis que celui de lInde soulvera des questions relatives limplantation dune activit au sein dun contexte nouveau et complexe.

    B. 1001 FONTAINES AU CAMBODGE

    Je vais dans cette section mattacher dcrire lorganisation 1001 Fontaines que jai progressivementdcouverte au travers de rapports internes tels que son Business Plan et des documents techniques,puis des explications que les diffrents membres de lONG mont fournies en France et au Cambodge.

    Il parat important de noter que ma source dinformation vient de lorganisation elle-mme et donc desouligner la possibilit dun biais dans les donnes recueillies. Toutefois, ayant t introduite auprs

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    de lquipe ainsi que des franchiss comme membre de lONG, ma place dans ce projet ma misedans une position qui a encourag une description aussi honnte et exhaustive que possible duconcept et de ses applications. Je mattacherai donc dans un premier temps dcrire le modle qui

    sous-tend laction de la franchise 1001 Fontaines avant de prsenter les difficults que son applicationa pu susciter.

    1. LA RAISON DETRE DU PROJET

    Franois Jaquenoud ma en premier lieu dcrit la naissance du projet comme rsultant dunerencontre fortuite. Le pre ingnieur dune collgue et amie avec laquelle il avait travaill au cours desa carrire dans le cabinet de conseil Accenture, avait mis au point une technologie permettant depurifier leau partir dune petite station ultraviolets alimente par lnergie solaire. Chay Lo, unbrillant tudiant cambodgien de lEcole Nationale du Gnie Rural des Eaux et des Forts (ENGREF) afait le lien entre cette technologie et ses origines les communauts rurales du Cambodge qui boiventl'eau de la mare (voir annexe 1). Lexprience des fondateurs dans le monde du conseil estprimordiale dans la gestion du projet. En effet, lONG sinscrit parfaitement dans la ligne delentrepreneuriat social par sa porte bnfique pour la socit, tout en tant gre selon lesenseignements issus de la pure tradition commerciale. De plus, le recours la franchise repose sur laconviction que lintrt personnel dun entrepreneur a une valeur incitative forte optimiser lesrsultats dune activit.

    Linnovation de 1001 Fontaines permet d'installer auprs dune petite communaut isole de pays en

    dveloppement une unit de traitement deau - une fontaine - lui permettant de produire son eaude boisson conforme aux critres de l'Organisation Mondiale de la Sant. Lobjectif de lONG estdamliorer ainsi la sant de ces communauts. Linitiative a vu le jour dbut 2004, et les premiersrsultats sont apparus concrtement en 2005 dans des villages du Cambodge. Aprs presque uneanne dobservation, les conclusions se sont rvles suffisamment positives pour envisager unpremier dploiement de ces solutions dans le pays. Compte tenu du retour favorable de ces premiersprojets au bout de quelques annes, de nouveaux villages ont t quips au Cambodge et un projetpilote a t lanc Madagascar.

    2. LE CONCEPTLe positionnement de lONG 1001 Fontaines est caractris par des choix prcis. La capacit deproduction des sites a notamment t volontairement limite un maximum de 5000 litres par jour.Cette dcision est motive par deux considrations. En premier lieu par le fait que la technologie depurification par ultraviolets alimente par lnergie solaire est sans doute celle permettant davoir unprix de revient par litre le plus faible sur ces petits volumes ; dautres choix techniques (osmoseinverse, alimentation par gnrateur lectrique) tant sans doute plus performant partir de 10000litres par jour. Ensuite, parce que cest la capacit qui convient le mieux la typologie des villagescibls (autour de 5000 habitants). Cette production en quantit rduite sinscrit galement dans unobjectif de consommation en forte proximit, qui permet de limiter les cots de distribution aumaximum. Ensuite leau est fournie en bonbonnes fermes et scelles, dsinfectes par les

    oprateurs, afin de respecter lintgrit et la qualit de leau produite jusqu sa consommation par lespopulations et non pas simplement au seul point de sa production. Une notion de service est en outre

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    attache cette fourniture au travers de la livraison domicile des bonbonnes ce qui constituegnralement une des principales raisons dachat aprs les proccupations lies la sant.Finalement, lONG a positionn son approche sur un vritable accompagnement des oprateurs afin

    de leur transmettre le savoir-faire ncessaire un entrepreneur et non pas en se limitant la simplefourniture de la solution technologique.

    Le concept de 1001 Fontaines repose sur trois piliers. Tout dabord, afin dassurer une couverturemaximale des populations aux alentours des units de traitement deau, unprix le plus faible possibleest propos. Il est en effet primordial pour lONG de maximiser son impact social en donnant accs auplus grand nombre de leau potable et ainsi limiter les maladies hydriques causes par laconsommation dune eau dont la source est bactriologiquement contamine. Ce prix doit cependanttre suffisamment incitatif pour que loprateur et sa famille puissent vivre de cette activit et couvrirles cots dexploitation de loutil de production. Actuellement, le prix propos pour de leau distribue

    domicile correspond moins dun centime deuro pour un litre.

    Ensuite, pour tre capable doffrir un prix minimal, la solution technique mise en uvre a t adapteau milieu rural des pays en dveloppement. Le choix sest ainsi port sur un systme simplecombinant lutilisation dun processus de purification par ultraviolets et dune alimentation par despanneaux solaires pour assurer une autonomie de lunit vis--vis de lalimentation lectrique,absente ou trs peu fiable dans ce type denvironnement.

    Enfin, pour relever les enjeux de prennit, essentiels pour des projets de dveloppement, le systmerepose sur un mode de gestion qui constitue certainement son innovation la plus notable. Le choix dela franchise sociale se justifie par plusieurs des atouts dont elle fait preuve. Avant tout, les revenus dufranchis tant lis son implication, lexploitant est encourag maximiser son effort, et de faitmaximise sa performance ce qui assure le recouvrement des cots dexploitation. La franchise offregalement une source de revenu lentrepreneur qui sassocie au projet tout en minimisant sonrisque dchec grce lassistance continue dexperts et au fait que le concept a t test et prouvauparavant. Au Cambodge, les oprateurs bnficient ainsi dun revenu mensuel quatre cinq foissuprieur au revenu moyen habituel. En outre, la dmarche mthodique du modle prsente laparticularit de permettre une rplication grande chelle dun concept de manire acclre parrapport un autre type de dveloppement. LONG peut ainsi faire bnficier un plus grand nombre de

    personnes de son concept. Pour la franchise, les cots oprationnels sont minimes et le crditdquipement en milieu rural ouvre galement la possibilit de transfrer la charge des cotsdinvestissements aux franchiss. Cet oprateur sera dautre part plus mme dadapter son actionaux besoins et conditions spcifiques de sa communaut grce sa connaissance intrinsque delenvironnement local. Son appartenance la communaut permet dautre part dtablir une relationde confiance avec les usagers qui prend gnralement beaucoup de temps sinstaller avec uneONG provenant de lextrieur, et plus forte raison lorsquelle est trangre. En dernier lieu,l'accompagnement d'un franchiseur expert a particulirement de la valeur pour les communautsisoles parce qu'elles ne peuvent pas se permettre d'embaucher du personnel qualifi. En faisantpartie d'une franchise, les franchiss partagent les cots des services d'un spcialiste normalementrservs aux grands oprateurs de l'eau. Ils jouissent ainsi du soutien d'un mentor avec un hautniveau d'expertise tout en assurant pour la communaut un contrle de la qualit de l'eau.

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    3. LA STRUCTURE ORGANISATIONNELLE

    La durabilit des activits de production repose fortement, dans chaque pays, sur des volonts et des

    ressources locales ainsi que sur une recherche de capitalisation dexprience permettant de rduireles cots de mise en uvre des solutions et den optimiser lefficacit et la transfrabilit dans denouveaux sites ou pays. La capacit de dploiement sappuie sur la mise en place de structurescoordonnant les efforts de plusieurs acteurs. Nous avons schmatiquement reprsent les relationsexistantes entre les trois niveaux dorganisation (voir graphique) avant de dcrire le rle de chacun cequi nous permettra ensuite de mieux comprendre les relations contractuelles entre les acteurs de lafranchise.

    Organisation trois niveaux de 1001 Fontaines

    Communautvillageoise

    et son

    petit oprateur

    priv

    Plateformelocale du pays

    Structurecentrale

    en France

    Communautvillageoise

    et son petitoprateur priv

    Communautvillageoise

    et son petitoprateur priv

    Communautvillageoise

    et son petitoprateur priv

    Communautvillageoise

    et son

    petit oprateur

    priv

    Plateformelocale du pays

    Communautvillageoise

    et son petitoprateur priv

    Communautvillageoise

    et son petitoprateur priv

    Communautvillageoise

    et son petitoprateur priv

    Communautvillageoise

    et son

    petit oprateur

    priv

    Plateformelocale du pays

    Structurecentrale

    en France

    Communautvillageoise

    et son petitoprateur priv

    Communautvillageoise

    et son petitoprateur priv

    Communautvillageoise

    et son petitoprateur priv

    Communautvillageoise

    et son

    petit oprateur

    priv

    Plateformelocale du pays

    Communautvillageoise

    et son petitoprateur priv

    Communautvillageoise

    et son petitoprateur priv

    Communautvillageoise

    et son petitoprateur priv

    Source : Graphique tabli par lauteure

    Ce fonctionnement sappuie donc sur trois niveaux dintervention. Le niveau le plus proche desusagersest celui de la communaut villageoise et de son petit oprateur priv. Tout en restant enpermanence au service de sa communaut, le petit oprateur priv est un entrepreneur qui exploitel'unit de production deau de boisson de faon assurer la prennit de son revenu, ce qui sontour garantit la durabilit de la fourniture au plus grand nombre de villageois possible. Aprs unepriode dapprentissage dune dure dau moins 18 mois, cet entrepreneur devient totalement matrede son exploitation, dans le cadre dun contrat de cession des droits dexploitation , contrat delicence au titre duquel il sengage respecter la primaut du service la communaut, ainsi que la

    qualit du produit quil fournit. Il est assist dans lexploitation de son activit par des techniciens,regroups dans une plate-forme de support, plate-forme laquelle il verse mensuellement uneredevance. Nanmoins, linterlocuteur privilgi de 1001 Fontaines reste la communaut villageoise,dont le service est lobjectif premier du projet. Cest donc gnralement elle qui choisira sesoprateurs, fixera le prix de vente de leau avec ventuellement des tarifs sociaux et partageraavec lentrepreneur cet objectif de permettre au plus grand nombre possible daccder un minimumdeau de boisson saine. Les projets sont ainsi gnralement conduits en relation directe avec leschefs de village. Il est dailleurs systmatiquement demand une contribution la communautvillageoise concernant la mise disposition dun terrain et la construction dun local dexploitation.

    Le niveau intermdiaire de la franchise est la plate-forme locale de support. Alors que les sites sontdes franchiss, les plates-formes agissent comme des licencis de la structure centrale, le

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    franchiseur. En effet, le dploiement de ce type de solution dans une multitude de petits villagesncessite de disposer, sur place, dquipes correctement formes pour accompagner ces projets.Mais lassistance aux petits oprateurs privs ne peut pas sarrter une fois quils ont acquis une

    certaine autonomie dans leur exploitation pour plusieurs raisons. Tout dabord, cette autonomie nepeut intervenir quaprs une priode dapprentissage assez longue. Il faut effectivement transformerun villageois en entrepreneur en le formant non seulement la matrise du processus de traitement deleau mais galement la vente, la gestion ainsi que dans le domaine de la communication et delducation au bnfice de la communaut. Mme une fois form, certaines tches ne pourrontjamais tre assures par le seul oprateur. Le franchiseur continue par exemple des tches demaintenance un peu lourde ou des tches relatives au contrle qualit en faisant appel desprocdures prcises de prlvement ou des relations avec des laboratoires danalyses loigns.Ces plates-formes jouent galement un rle majeur dans linitiation de projets de dploiement enliaison avec les autorits du pays et les grands acteurs de la socit civile. Afin de fournir cetaccompagnement, des structures techniques dappui sont regroupes dans des plates-formes locales

    qui peuvent superviser jusqu cinquante cent sites, en leur prodiguant une assistance en changedune redevance. Cest lensemble de ces redevances qui permet dassurer lauto-financement desplates-formes dassistance, ces redevances tant elles-mmes finances, de la mme manire queles revenus des oprateurs et les cots de maintenance, par le prix de vente de leau. Cest aprs unepremire tape exprimentale destine dmontrer la pertinence des solutions par rapport auxbesoins spcifiques du pays, quelles deviennent des centres de profit totalement autonomes, dans lecadre dun contrat de licence avec le rseau 1001 Fontaines.

    Pour finir, une structure centrale en France matrialise la tte de ce rseau et rpond troisprincipaux objectifs. En plus de ses activits de recherche et dveloppement (R&D) pour le bnfice

    de lensemble des pays bnficiaires, elle capitalise lexprience des sites installs. Elle sen chargeen laborant des mthodologies et des best practices permettant aux nouveaux pays et sites deprofiter de lexprience cumule du rseau, et de favoriser le transfert dexprience dun pays unautre. Dautre part, elle supporte un poids financier important du systme global. Dans chaque pays,la structure centrale supporte les structures locales durant les dveloppements initiaux pendantplusieurs annes jusqu ce quelles atteignent leur propre point dauto-financement. Outre lefinancement de ces besoins, la structure doit trouver des subventions pour les projets vocationpurement sociale tels que les coles, orphelinats et hpitaux, qui ne peuvent sappuyer que sur desfinancements de solidarit.

    4. LES RELATIONS CONTRACTUELLES

    Les relations contractuelles entre la plate-forme locale et la structure centrale

    Les relations entre la plate-forme locale du pays et la structure centrale en France sont encadres parun contrat dcrivant les obligations mutuelles auxquelles les organisations sont tenues lune enverslautre, ainsi que les conditions financires et les conditions gnrales qui rgissent leurs rapports. Ilnous parat essentiel de les voquer, mme si pour des raisons de confidentialit de ces donnesnous ne pouvons pas dtailler publiquement leur contenu autant que nous aurions aim pouvoir lefaire.

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    Nous commencerons en premier lieu dtailler les obligations de la plate-forme locale du pays enversla structure centrale en France. La plate-forme se doit dinstaller les fontaines livres par la structurecentrale sur les sites slectionns, puis les accompagner vers lautonomie. Cela inclut de lui

    transmettre des connaissances techniques, commerciales et de gestion, notamment financire. Laplate-forme sengage galement agir comme relais de lassistance financire de la structure centraleenvers les sites pendant leur priode dessai. Elle est aussi responsable des campagnes dducation,puisque les populations ne sont gnralement pas conscientes des risques lis la consommationdune eau impropre et de l'importance pour leur sant de consommer une eau de boisson totalementsaine. Comme dans toute franchise, la plate-forme doit respecter la marque et le concept de lastructure centrale et lui transmettre des informations lui permettant de pouvoir capitaliser lexpriencede son rseau.

    Et inversement, la structure centrale en France a des obligations respecter vis--vis de la plate-

    forme locale du pays. Elle sengage notamment la soutenir dans laccompagnement des sites verslautonomie et lui garantir une aide au financement du projet. Cela inclut aussi bien le financementdes fontaines que celui des cots dinstallation et daccompagnement, matriels et humains ainsi quela couverture des pertes dexploitation de la priode dessai des sites et la couverture de lingnieriefinancire. Enfin, comme dans une franchise classique, la structure centrale accorde une licence demarque et de concept la plate-forme et garantit le transfert de son savoir-faire afin de permettre unemise en uvre optimale du concept.

    Les contrats dtaillent enfin les conditions financires qui dcrivent les modalits de lassistancefinancire de la structure envers la plate-forme et les modalits de gestion entre les deuxorganisations. Nous ne pourrons toutefois pas entrer dans le dtail de ces conditions pour des raisonsde confidentialit, de mme que pour les conditions gnrales dcrites dans le contrat, qui abordentles questions de causes de cessation du contrat, de consquences de la cessation du contrat, decession et transmission des engagements et de nullit partielle.

    Les relations contractuelles entre la plate-forme locale et le site dexploitation

    Mme si les conditions gnrales sont identiques celles du contrat entre la plate-forme et lastructure centrale, les autres termes du contrat diffrent largement. Les obligations de lexploitant vis--vis de la plate-forme sont relatives la mise disposition des moyens matriels, au respect de lamarque et du savoir-faire du franchiseur, la transmission dinformation, la gestion desquipements et des achats stocks, ainsi qu la recherche active dindpendance financire. Enoutre, le contrat insiste sur le respect de la dimension sociale du projet et demande au site desengager reprendre son compte lobjet social des activits de purification de leau en sappuyantsur les acquis et la capitalisation ralise dans ce domaine. La performance des sites tant lie celledes individus qui y travaillent, la plate-forme souhaite garder un droit de regard sur la gestion dupersonnel. Ainsi, lorganisation de lexploitation et en particulier le choix et la rmunration deloprateur, se fait sur proposition du site, et avec la validation de la plate-forme. Le site assuretoutefois la pleine responsabilit du personnel mis contribution. Enfin, le site sengage respecter leprotocole de purification de leau propos par la plate-forme et mettre en uvre toutes lesdispositions appropries pour garantir la qualit de leau distribue.

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    socit civile. Limplication des autorits cre selon elle les conditions propices de ce dploiement enorientant les projets vers les communauts les plus aptes en russir la mise en place et enfavorisant ventuellement ce dploiement par des demandes de financement auprs de leurs propres

    bailleurs institutionnels. De mme cela ouvre la possibilit dadapter les rglementations pour faireune place cette conomie informelle constitue par de petits producteurs artisanaux deau deboisson au service de leur communaut.

    Dans sa globalit, une initiative 1001 Fontaines a un horizon de planification lointain. Les cycles grer sont longs puisquil faut un minimum de 18 mois entre le moment o un site est install dans unvillage et le moment o le petit oprateur priv sera mme de commencer reverser la plate-forme locale sa redevance mensuelle selon le concept de franchise. Il faut galement un minimum dequatre annes entre le moment o va tre lanc le premier projet exprimental dans un pays donn etle moment o, ladaptation au pays du modle ayant t faite et teste sur au moins dix villages, il

    peut tre envisag de lancer un dploiement plus grande chelle.

    6. LE MODELE ECONOMIQUE ET SOCIAL

    Le modle conomique de lONG 1001 Fontaines est hybride, combinant deux modles definancement spars. Le premier modle sert financer linvestissement initial des sites dans lesvillages. Il est bas soit sur des financements de solidarit au travers de dons, soit sur des crditsdquipement en milieu rural. Le second modle sert assurer la prennit de lexploitation tant auniveau du site, de la plate-forme locale, que de lensemble de linitiative. Il est bas sur une logique

    conomique classique qui cherche assurer, la taille aidant, sa propre capacit dautofinancement. terme, le modle conomique de l