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revue de presse 2012MémoireLe projet d’oléoduc Énergie Est : un immense refus citoyenDans le cadre du BAPE - Projet Oléoduc Énergie Est - section québécoisePar :Martin Poirier, Stéphane Poirier et Benoit St-HilaireDe l’initiative citoyenne « Non à une Marée Noire dans le Saint-Laurent » Rimouski, 20 avril 2016
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2012-04-27
Une loi mammouth pour changer les règles sans débat
Le projet de 431 pages modifie plus de 60 lois déjà existantes
Hélène Buzzetti – Le Devoir
Ottawa – Le scénario du pire que craignaient les environnementalistes s’est produit. Le
gouvernement conservateur a déposé hier un projet de loi mammouth de mise en oeuvre du
budget qui englobe tous les changements en profondeur aux lois environnementales annoncés
par les ministres et même d’autres passés sous silence jusqu’à maintenant. Le tout sera étudié à
toute vitesse par un comité spécialisé… en finances.
Tout y passe dans ce projet de loi de 431 pages modifiant plus de 60 lois existantes : l’évaluation
environnementale, la protection de l’habitat des poissons, l’immigration, la Sécurité de la
vieillesse, la procréation assistée, la surveillance des services secrets, l’assurance des expositions
culturelles itinérantes, l’encadrement des organismes de bienfaisance et bien d’autres choses
encore. Ces sujets auraient pu chacun faire l’objet d’un projet de loi distinct et être analysés par
le comité parlementaire approprié. Le gouvernement a plutôt tout regroupé dans le même
document qui sera étudié en un bloc par les critiques en finances. L’opposition y voit une
manière d’empêcher tout débat.
« Le gouvernement n’a pas confiance en ses propres idées », a ironisé le leader parlementaire
du NPD, Nathan Cullen. « Ils disent au fond que si cette idée était soumise de manière directe
aux Canadiens, elle serait rejetée. Alors à la place, ils espèrent l’enterrer à la page 200 d’une loi
de mise en oeuvre budgétaire en pensant que personne ne la lira. Mais nous lisons et les
Canadiens seront mis au courant. Ils ne peuvent pas cacher la vérité. » Selon le critique libéral
en matière de finances, Scott Brison, il s’agit d’une façon de « réduire le débat ». « Ce n’est pas
démocratique, mais c’est toujours le cas avec ce gouvernement. »
Le ministre des Finances, qui pilote ce projet de loi, Jim Flaherty, estime qu’il faut procéder
rapidement, car il s’agit de protéger et de stimuler l’économie. « Certains des changements
apportés sont assez importants et doivent être faits rapidement », a-t-il dit.
Le projet de loi budgétaire revoit en profondeur le processus d’évaluation environnementale
pour les grands projets comme les oléoducs, comme l’avait promis le ministre des Ressources
naturelles, mais on y trouve aussi certains éléments qui n’avaient pas été publicisés. Ainsi,
lorsque viendra le temps d’évaluer l’impact d’un projet sur l’environnement, seuls seront
considérés les poissons, les espèces aquatiques menacées et les oiseaux migrateurs. Autre chose
pourrait être éventuellement ajouté à une annexe. L’humain ? Les ours ? Les batraciens ? Ils ne
sont plus mentionnés pour l’instant, déplore la chef du Parti vert, Elizabeth May.
« On aura une évaluation environnementale qui se limitera aux poissons, aux espèces
aquatiques et aux oiseaux migrateurs et rien d’autre à moins qu’on réussisse à faire inscrire le
reste de l’univers vivant dans cette annexe ii », déplore Mme May.
Autre surprise selon elle : quand viendra le temps d’évaluer un oléoduc, c’est l’Office national
de l’énergie qui aura désormais la responsabilité de faire appliquer la Loi sur les eaux
navigables et la Loi sur les espèces en péril. « L’Office national de l’énergie aura le pouvoir, en
vertu de la Loi sur les espèces en péril, de permettre la destruction d’espèces en danger si
elles se trouvent sur le chemin d’un oléoduc, dit Mme May. […] Ceci n’est pas un budget, ce
n’est pas une mesure fiscale, il s’agit de faire passer sans débat le projet de Northern
Gateway. »
Mme May reconnaît que certaines de ses craintes ne se sont pas matérialisées. Ainsi, le
gouvernement change bel et bien la Loi sur les pêches pour protéger seulement les espèces
ayant une valeur commerciale, récréative ou autochtone, mais il est aussi précisé que les
poisons dont ils se nourrissent seront aussi protégés.
Ce projet de loi resserre par ailleurs les règles encadrant les organismes de bienfaisance, qui ne
peuvent utiliser plus que 10 % de leurs revenus pour faire des démarches politiques. Le
gouvernement referme une faille du système en décrétant que l’argent versé par un organisme
de bienfaisance à un autre organisme faisant de la militance sera considéré comme des sommes
servant à des fins politiques soumises au plafond.
Le libéral Scott Brison a été prompt à y voir une « chasse aux sorcières » visant à intimider les
groupes qui osent se prononcer contre les visées du gouvernement. L’avocat spécialisé dans le
droit des organismes de bienfaisance, Mark Blumberg, ne croit pas qu’il y a péril en la demeure,
estimant que la rhétorique conservatrice a été plus musclée que ce que la loi fait en réalité. « Ça
ne change pas grand-chose », dit-il. Quant à la surveillance accrue promise du respect des
règles, l’avocat estime qu’elle pourrait faire des victimes imprévues. « Il y a beaucoup plus
d’églises et de groupes religieux qui risquent d’avoir un problème que de groupes
environnementaux. »
Un gouverneur général plus riche
Comme promis dans le dernier budget, le salaire du gouverneur général sera désormais soumis
au fisc, mais pour compenser l’effet financier, ce salaire est… doublé. Il passe de 137 500 $ à 270
602 $. Il a été impossible de calculer hier soir si ce montant fera en sorte que le représentant de
la reine se retrouvera avec plus d’argent en poche qu’avant.
Avec le projet de loi d’hier, une panoplie d’organismes n’auront plus à faire de rapport annuel
aux ministres responsables et au Parlement. Ils ne seront plus non plus soumis annuellement à
un rapport du vérificateur général. C’est le cas notamment de l’Administration du pipeline du
Nord, le Bureau canadien d’enquête sur les accidents de transport et de la sécurité des
transports ou encore l’Agence canadienne d’inspection des aliments.
Autre surprise glissée en plein coeur du projet de loi omnibus, le poste d’inspecteur général du
Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) - chien de garde indépendant de
l’organisme - est aboli. Le comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité, qui
n’a pas de président permanent pour le moment, sera donc seul pour surveiller le SCRS.
L’économie annuelle est de près de 1 million de dollars, a plaidé le bureau du ministre de la
Sécurité publique, Vic Toews.
En immigration, le ministre Jason Kenney laissait planer l’idée depuis plusieurs mois, et voilà que
c’est confirmé : afin de mettre fin à l’engorgement du système, toutes les demandes de
résidence permanente déposées en vertu du programme de travailleurs qualifiés avant le 27
février 2008, et qui n’avaient pas été approuvées avant le début du mois, sont effacées.
http://www.ledevoir.com/politique/canada/348607/une-loi-mammouth-pour-changer-les-
regles-sans-debat
2012-05-30
«Quand on coupe dans les ministères fédéraux, c'est comme si on éteignait la lumière dans le
pays'»
Pierre Béland - Institut national d'écotoxicologie du Saint-Laurent
Reportage sur les coupures des laboratoires de recherche en analyse chimique aquatique.... on
ne pourra plus analyser les conséquences de centaines de contaminants chimiques, dont ceux
issus des hydrocarbures, sur les espèces qui y vivent et celles qu'on mange!! Tiens tiens, toute
qu'une coïncidence avec les projets d'exploration et d'exploitation des hydrocarbures qui
s'annoncent dans le golfe!!
Téléjournal Est du Québec, émission intégrale du 30 mai (écouter à 6: 45):
http://www.radio-canada.ca/audio-video/pop.shtml#urlMedia=http://www.radio-
canada.ca/Medianet/2012/CJBRT/LeTelejournalEstDuQuebec201205301759.asx
2012-04-27
Daniel Green de la S.V.P., à l'émission Médium Large, réagit à propos du projet de loi C-38:
http://www.radio-canada.ca/audio-video/pop.shtml#urlMedia=http://www.radio-
canada.ca/Medianet/2012/CBF/MediumLarge201206051008.asx
2012-10-19
Des milliers de cours d'eau soustraits à la Loi sur la protection des eaux navigables
Mise à jour le vendredi 19 octobre 2012 à 8 h 23 HAE – Radio-Canada
2e loi omnibus
L'une des modifications législatives que compte adopter le gouvernement Harper dans son
projet de loi omnibus réduira considérablement le nombre de cours d'eau couvert par la Loi sur
la protection des eaux navigables.
Seuls une centaine de lacs, les océans et une soixantaine de rivières seront dorénavant soumis à
cette loi, dont le nom deviendra la Loi sur la protection de la navigation.
Cette mesure qui amoindrira sensiblement la portée de l'une des plus vieilles lois du pays sur les
cours d'eau est enfouie dans les 450 pages du dernier projet de loi omnibus, officiellement de
nature budgétaire, que s'apprêtent à adopter les conservateurs.
À l'origine, cette loi assurait une protection minimale aux dizaines de milliers de cours d'eau du
pays en imposant l'obtention d'un permis du ministère des Transports pour construire des
barrages, des quais et des ponts.
Après l'adoption du projet de loi omnibus, seuls quelques cours d'eau bénéficieront encore de
cette protection, déplore Elizabeth May, chef du Parti vert du Canada : « Les 62 fleuves et cours
d'eau et les 100 lacs de la liste, c'est une petite minorité des eaux du Canada. »
C'est donc dire que pour construire sur la très grande majorité des cours d'eau au pays, il ne
sera plus nécessaire désormais d'obtenir un permis de Transports Canada.
Plus d'efficacité pour le développement
Il s'agit d'une mesure fondée sur l'efficacité, explique le ministre fédéral des Transports et des
Infrastructures, Denis Lebel.
« Nous parlons d'améliorations au niveau de notre système d'eaux navigables. Quand on va
parler d'eaux navigables, on ne parlera plus d'un ruisseau ou d'un fossé où il y a de l'eau pour
empêcher le développement de projets », explique M. Lebel.
Selon lui, la protection de l'environnement ne sera pas compromise pour autant.
« On ne parle que de navigation. Tout le reste des autorisations nécessaires pour faire des
projets d'envergure sont toujours en place par les provinces, par les municipalités », assure le
ministre.
Ottawa fuit ses responsabilités, selon l'opposition
Le chef du NPD, Thomas Mulcair, ne voit pas la chose du même oeil et affirme qu'Ottawa fuit
ses responsabilités.
« C'est une conséquence extrêmement grave. Il n'y aura plus cette protection homogène
garantie. »
— Thomas Mulcair
Pour l'opposition, cette réforme n'avait pas été annoncée dans le dernier budget fédéral.
Si le bureau du ministre Lebel souligne qu'un paragraphe indiquait que Transports Canada allait
réduire les formalités administratives, nulle part dans le budget il n'était question de modifier la
Loi sur la protection des eaux navigables.
Le projet de loi C-45 doit être adopté la semaine prochaine.
http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/politique/2012/10/19/001-omnibus-cours-eau.shtml
2012-11-14
Affaires
Pétrole des sables bitumineux: Daniel Breton s'oppose
14 novembre 2012 | 13h05
Agence QMI
Le ministre de l'Environnement, Daniel Breton, ne digère pas que du pétrole issu des sables
bitumineux albertains puisse être acheminé à Montréal sans le consentement du
gouvernement.
Un bras de fer s'annonce entre le Québec et l'Alberta. Le ministre de l'Environnement, Daniel
Breton, ne digère pas que du pétrole issu des sables bitumineux albertains puisse être acheminé
à Montréal sans le consentement du gouvernement.
«Savez-vous quelle date on est aujourd'hui? Le 14 novembre 2012, aujourd'hui, c'est le 50e
anniversaire de l'élection sur la nationalisation de l'électricité. Je pense qu'il est important
qu'on prenne compte de ça, parce que les Albertains veulent amener leur pétrole sur notre
territoire sans notre consentement.
« Il faut qu'on regarde ça, est-ce qu'on est maître chez nous ou pas maître chez nous sur notre
territoire? C'est ce qu'on va voir!», a tonné mercredi le ministre de l'Environnement.
Le transporteur d'énergie Enbridge (ENB) souhaite renverser le flux du pipeline de Sarnia, en
Ontario, vers Montréal. Si l'Office national de l'énergie accepte, du pétrole de l'Alberta issu des
sables bitumineux pourra être acheminé jusqu'au Québec.
La colère du ministre Breton tranche avec la position de sa collègue des Ressources naturelles,
Martine Ouellet, qui a affirmé que «la diversification d'approvisionnement en pétrole est très
intéressante».
«On sait que les coûts sont plus bas dans l'Ouest. Alors nous sommes en train d'examiner le
dossier pour favoriser l'industrie de transformation tant à Montréal qu'à Québec», a-t-elle dit.
http://argent.canoe.ca/lca/affaires/quebec/archives/2012/11/petrole-des-sables-bitumineux:-
daniel-breton-oppose.html
=============================
2012-11-15
Affaires
Des groupes félicitent le ministre Daniel Breton
ARGENT CANOE
Équiterre, la Fondation David Suzuki Québec, Greenpeace Québec et le Fonds mondial pour la
nature (WWF) saluent la décision du ministre de l'Environnement, Daniel Breton, de tenir des
consultations publiques sur le projet d'Enbridge qui vise à renverser le flux de son pipeline
reliant Sarnia en Ontario à Montréal, afin d'acheminer du pétrole issu des sables bitumineux.
«Il est extrêmement important que le Québec mène des consultations publiques, qu'il évalue
de façon sérieuse et indépendante l'impact environnemental d'un tel projet et qu'il ait droit
de regard sur la décision puisque le gouvernement fédéral a, depuis longtemps, pris le
contrôle des évaluations environnementales au profit des pétrolières», peut-on lire dans un
communiqué conjoint mis par ces groupes environnementaux.
Le ministre Breton ne digère pas que du pétrole issu des sables bitumineux albertains puisse
être acheminé à Montréal, sans le consentement du gouvernement du Québec.
Le transporteur de pétrole Enbridge, qui opère déjà la ligne 9, un oléoduc traversant le sud du
Québec et qui passe notamment par Mirabel, veut inverser le sens du pétrole de l'Ouest
canadien vers le Québec. Le tout est prévu pour le printemps 2014.
L'entreprise a tenu deux consultations publiques au début octobre au Québec, qui ont attiré 17
personnes dans le secteur Saint-Janvier à Mirabel et 35 personnes à Montréal.
Techniquement, les travaux qui seraient effectués seraient mineurs, puisqu'il ne s'agirait que
d'inverser le flot du pétrole de l'ouest vers l'est, plutôt que de l'est vers l'ouest comme c'est le
cas depuis les années '90.
Plutôt que d'acheter du pétrole étranger qui arrive par le fleuve Saint-Laurent, les raffineries
achèteraient le pétrole canadien, y compris celui provenant des sables bitumineux, économisant
ainsi 1,5 milliard $ par année, estime-t-on. Selon Enbridge, «le prix du baril de pétrole brut
canadien est d'environ 20 $ de moins que le brut étranger».
Le pipeline fait 831 km de long et passe notamment par Terrebonne, Sainte-Anne-des-Plaines,
Mirabel, Saint-Benoît, généralement à travers des terres privées.
Le tuyau est enfoui à trois pieds dans le sol. Le pétrole circule à une vitesse de 1300 m3 à
l'heure. Le volume transporté est de 240 000 tonnes par année et pourrait passer à 300 000
avec ce projet d'inversion.
Depuis la construction de l'oléoduc en 1976, un seul déversement a eu lieu à Mirabel dans le
rang St-Joachim, en 1988, a fait savoir la compagnie lors de ses consultations.
http://argent.canoe.ca/lca/affaires/quebec/archives/2012/11/groupes-felicitent-ministre-
Daniel-Breton.html
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2012-11-24
D’abord, une évaluation des risques
Les groupes environnementaux s’inquiètent de la porte ouverte par Pauline Marois au pétrole
albertain
24 novembre 2012 |Alexandre Shields | Actualités sur l'environnement
Ultramar se montre très intéressée à l’idée de raffiner du pétrole albertain à ses installations de
Lévis.
Photo: La Presse canadienne (photo) Jacques Boissinot
Ultramar se montre très intéressée à l’idée de raffiner du pétrole albertain à ses installations de
Lévis.
La perspective de voir du pétrole albertain couler jusqu’à Montréal inquiète les groupes
environnementaux québécois, une crainte amplifiée depuis que la première ministre Pauline
Marois a ouvert la porte à l’arrivée d’or noir extrait des sables bitumineux. Ils pressent donc le
gouvernement de lancer une évaluation complète des risques que pose ce projet promu par
Ottawa et les entreprises du secteur de l’énergie fossile.
« On a eu un budget de chambre de commerce, mais il ne faudrait pas que le lobby pétrolier
nous dicte nos politiques énergétiques et environnementales. Il n’y a pas de compromis à faire,
a lancé vendredi Christian Simard, directeur général de Nature Québec. En cas de déversement,
le Québec risque de subir des impacts environnementaux majeurs. Il faut absolument qu’il y ait
un débat public. Ça ne peut pas passer sous le radar, contrairement à ce qu’on tente de faire
présentement. »
Selon lui, le Parti québécois ne peut faire autrement que de confier au Bureau d’audiences
publiques sur l’environnement la tâche de mener une évaluation complète des risques associés
à l’inversion du flux de pétrole dans le pipeline qui va de Sarnia, en Ontario, à Montréal. Ce
tronçon de 640 kilomètres a un diamètre de 30 pouces et une capacité d’environ 240 000 barils
par jour. L’entreprise Enbridge compte augmenter le débit à quelque 300 000 barils par jour.
Le projet est actuellement évalué par l’Office national de l’énergie. Mais tant Nature Québec
qu’Équiterre affirment que l’organisme fédéral n’est pas en mesure de mener une véritable
analyse, notamment parce que les conservateurs ont réduit les moyens dont il dispose pour
étudier les risques environnementaux depuis qu’ils sont majoritaires.
M. Simard estime d’autant plus nécessaire que le gouvernement québécois mène sa propre
évaluation que les pressions sont de plus en plus fortes de la part des pétrolières et du
gouvernement Harper pour faire passer le pétrole de l’Ouest canadien par le Québec. Il a
d’ailleurs rappelé que les promoteurs des sables bitumineux ont lancé une vaste offensive
publicitaire très visible ces jours-ci dans les médias. Ces publicités insistent sur la création
d’emplois associée à l’exploitation de l’énergie fossile, en plus de prétendre que son extraction
ne pose pas de risques environnementaux significatifs.
Doubler la production
Il faut dire que les pétrolières actives en Alberta comptent doubler la production de ce pétrole
lourd au cours des prochaines années, d’où la nécessité de trouver des débouchés. Or les deux
projets de pipeline envisagés, soit le Northern Gateway, vers le Pacifique, et le Keystone XL, vers
le sud des États, rencontrent une vive opposition. Dans ce contexte, plusieurs estiment très
plausible que le Québec soit dans la mire des pétrolières. Pour Sidney Ribaux, coordonnateur
général d’Équiterre, l’objectif serait d’amener le brut jusqu’à Portland, dans le Maine, en
utilisant le pipeline qui traverse le sud de la province.
Chose certaine, Ultramar se montre très intéressée à l’idée de raffiner du pétrole albertain à ses
installations de Lévis. Michel Martin, directeur principal, Affaires publiques et gouvernementales
pour l’entreprise, a d’ailleurs salué le projet d’Enbridge vendredi. Ultramar souhaiterait acheter
du pétrole qui aurait déjà subi un premier traitement et qui serait acheminé à ses installations
de Montréal. De là, on le transborderait sur des navires de type Panamax d’une capacité de 300
000 barils. Ces navires chargés de pétrole voyageraient sur le Saint-Laurent jusqu’à Lévis.
Ultramar souhaite remplacer ainsi au moins la moitié de ses importations de brut.
Sans l’inversion du pipeline, M. Martin prévient qu’Ultramar pourrait éventuellement avoir de la
difficulté à maintenir ses activités de raffinage au Québec. « On veut éviter d’en arriver à cette
situation. On croit qu’on a tous les avantages et on croit que, pour le Québec, c’est positif », a-t-
il toutefois souligné.
Le ministre fédéral des Ressources naturelles, Joe Oliver, s’est réjoui du nouvel intérêt du
gouvernement péquiste pour le pétrole lourd des sables bitumineux. « C’est évidemment très
positif », a déclaré vendredi l’élu conservateur dans la foulée d’un discours devant la Chambre
de commerce du Montréal métropolitain. Ottawa aura le dernier mot sur l’inversion du flux du
pipeline, a-t-il indiqué à demi-mot.
Avec Marco Bélair-Cirino
http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/364825/d-abord-
une-evaluation-des-risques
2012-11-27
Le lobby du pétrole sale veut la tête du ministre Breton
Pierre DUBUC, Marc LAVIOLETTE
L’Aut’Journal
mardi 27 novembre 2012
En des temps normaux, dans un pays normal, les accusations portées contre le ministre de
l’Environnement Daniel Breton par l’inénarrable Jean-Marc Fournier aurait fait crouler le
Québec sous les rires.
Qui, en effet, peut prendre au sérieux la défense de l’indépendance du BAPE, au nom du respect
de la séparation des pouvoirs entre l’exécutif et le judiciaire, par le chef temporaire d’un parti
politique qui s’immisçait dans la nomination des juges à coups de post-it ?!
Mais, en ces temps déraisonnables, dans ce pays qui n’en est pas un, tout ce que le Québec
compte d’éditorialistes et de chroniqueurs de la droite fédéraliste s’est empressé de faire écho
au chef de l’opposition et d’ameuter l’opinion publique contre le ministre Daniel Breton parce
qu’il aurait soi-disant « menacé de faire de gros yeux » aux responsables qu’il vient de nommer
à la tête du BAPE en cas de différends.
Accusations non fondées
Ces faiseurs d’opinion se sont empressés d’accréditer le message de Fournier qualifiant le BAPE
de « tribunal quasi-judiciaire », ses membres de « juges », sans vérifier l’article de la Loi sur la
qualité de l’environnement créant le BAPE.
L’article 6.3 le décrit comme un organisme consultatif – et non judiciaire – dont les fonctions
sont d’ « enquêter sur toute question relative à la qualité de l’environnement que lui soumet le
ministre et (…) faire rapport à ce dernier de ses constatations ainsi que de l’analyse qu’il en a
faite. Il doit tenir des audiences publiques dans les cas où le ministre le requiert ».
Donc, plutôt que de s’inquiéter de « la séparation des pouvoirs entre l’exécutif et le judiciaire »,
ces aboyeurs publics devraient plutôt se préoccuper de leur propre indépendance à l’égard du
Parti libéral !
Le véritable enjeu
Pour comprendre les motifs de cette fronde contre le ministre Breton, il faut remonter à sa
cause véritable. Le ministre a mis le feu aux poudres lorsqu’il a déclaré, à propos du projet de la
pétrolière Enbridge d’inverser le flux de l’oléoduc Sarnia-Montréal : « Ce que les Albertains
veulent faire avec leur pétrole, l’amener sur notre territoire sans notre consentement… il va
falloir qu’on regarde ça ».
Au départ, le projet d’Enbridge a été présenté comme l’approvisionnement des raffineries de
Suncor à Montréal et Ultramar à Québec en pétrole léger. Mais, le ministre Breton savait
qu’Enbridge avait également demandé l’autorisation d’utiliser l’oléoduc pour le transport du
pétrole des sables bitumineux.
Les pétrolières veulent faire transiter le pétrole des sables bitumineux par le territoire québécois
vers Portland, en inversant, là aussi, le flux de l’oléoduc Montréal-Portland, et vers les raffineries
de la compagnie Irving au Nouveau-Brunswick.
Le goulot d’étranglement
Les pétrolières de l’Alberta font face à un problème de taille. Elles n’ont pas les moyens
physiques d’acheminer leur pétrole vers les lucratifs marchés asiatiques.
Elles se voient obliger de vendre leur pétrole aux États-Unis à un prix de 20 $ à 30$ inférieur au
prix mondial.
De plus, elles sont devant un véritable goulot d’étranglement. Les oléoducs fonctionnent à
pleine capacité et le transport par train atteint aussi ses limites.
Au cours des prochaines années, le potentiel d’augmentation de la production est énorme, mais
les capacités d’exportation sont réduites.
Le président Obama a déclaré un moratoire sur le projet d’oléoduc Keystone qui devait
acheminer le pétrole albertain vers les raffineries du Golfe du Mexique et la probabilité qu’il soit
levé est faible.
Le projet Northern Gateway de construction d’un oléoduc vers le port de Kitimat en Colombie-
Britannique fait face à l’opposition des nations autochtones, des environnementalistes et de la
majorité de la population, ce qui se traduit au plan politique par le refus net du Parti libéral au
pouvoir et du NPD, qui constitue la principale opposition, d’appuyer le projet. Les observateurs
de la scène politique considèrent le projet mort et enterré.
Reste donc, comme seule alternative, de rejoindre l’Asie par la côte est. L’entreprise serait
rentable. La distance entre l’Alberta et la côte ouest de l’Inde est plus courte par l’est que par
l’ouest et le coût supplémentaire pour atteindre la Chine serait d’environ 0,30 $ le baril.
L’oléoduc de l’unité canadienne
Plusieurs commentateurs politiques au Canada anglais voient dans cet oléoduc de l’Alberta vers
l’est du pays un facteur d’unité canadienne au même que l’a été jadis le chemin de fer.
Au récent Conseil de la fédération, Pauline Marois et la première ministre Alison Redford ont
convenu de la formation d’un comité formé de fonctionnaires des ministères des Finances, des
Ressources naturelles et de l’Environnement du Québec et de l’Alberta.
Mme Marois a déclaré : « Il y a un certain avantage économique sûrement de part et d’autre au
niveau de l’emploi qui peut être créé au Québec. Nous avons une importante industrie
pétrochimique. Le comité déterminera s’il y a un avantage de part et d’autre à ce qu’il y ait du
raffinage de pétrole albertain qui se fasse au Québec ».
Remplacer les importations de pétrole de l’Algérie, de la Mer du Nord et du Nigéria par du
pétrole albertain pour les besoins domestiques du Québec est une chose. Mais là n’est pas le
cœur de la question.
Ce que visent les pétrolières albertaines, c’est d’acheminer des quantités astronomiques de
pétrole vers l’Asie en passant par le territoire québécois.
Les premiers ministres des autres provinces voient, au-delà des aspects économiques, des
avantages pour l’unité canadienne.
À Halifax, au Conseil de la fédération, le premier ministre du Manitoba, Greg Selinger, a déclaré
que ce n’était pas « une question concernant uniquement l’Alberta et le Québec. Cela fait partie
d’une stratégie nationale », rapporte le Globe and Mail du 24 novembre.
David Alward, le premier ministre du Nouveau-Brunswick, a reconnu être en discussion depuis
plusieurs mois avec Mme Redford pour amener du pétrole des sables bitumineux vers les
raffineries de la compagnie Irving dans le port de Saint-Jean. « J’y vois, a-t-il déclaré, une autre
composante d’un plan de développement à long terme qui pourrait facilement inclure toutes les
provinces ».
De toute évidence, la Colombie-Britannique n’en fait pas partie pour l’instant. Au Conseil de la
fédération, sa première ministre a été reléguée à l’arrière-plan, selon les journalistes présents.
La Saskatchewan ne s’opposera pas au passage de l’oléoduc sur son territoire. Son premier
ministre est tellement inféodé aux pétrolières et acoquiné avec le premier ministre Harper qu’il
s’est contenté d’assister au Conseil de la fédération par vidéo-conférence , sous le fallacieux
prétexte d’économies à réaliser.
Quant à l’Ontario, son accord reflétera l’alliance du cœur financier du pays avec les pétrolières
de l’Alberta, l’axe Toronto-Calgary ayant désormais remplacé l’axe Montréal-Toronto comme
colonne vertébrale du pays.
Maitres chez nous !
Quelle sera la position du Parti Québécois face aux projets d’oléoducs des pétrolières de
l’Alberta ? Rien ne semble arrêté pour l’instant. Mais, chose certaine, le lobby du pétrole sale a
identifié le ministre Daniel Breton comme un « obstacle » à ses projets.
Pas étonnant de voir le Parti Libéral et les médias de Gesca, deux succursales de Power
Corporation, mener la charge contre le ministre Breton. Power Corp. est un des principaux
actionnaires de la pétrolière française Total qui a des investissements de plusieurs milliards de
dollars dans les sables bitumineux.
La faute du ministre n’est donc pas d’avoir laissé entendre qu’il interviendrait auprès du BAPE.
C’est d’avoir déclaré : « Aujourd’hui, c’est le 50e anniversaire de la nationalisation de
l’électricité. C’est important de tenir compte de ça parce que je vois ce que les Albertains
veulent faire de leur pétrole, de l’amener sur notre territoire, sans notre consentement. Est-ce
qu’on est maîtres chez nous ou pas maîtres chez nous ? »
Aux environnementalistes, aux progressistes et aux indépendantistes de ne pas se laisser
intimider et paralyser par la droite fédéraliste, comme lors de leur offensive contre la taxe
santé, et de se porter résolument à la défense du ministre Daniel Breton, avant sa comparution
en commission parlementaire.
Une façon de le faire serait de faire parvenir un message d’appui à l’adresse courriel suivante :
Marc Laviolette et Pierre Dubuc
Respectivement président et secrétaire du SPQ Libre
http://www.vigile.net/Le-lobby-du-petrole-sale-veut-la
2012-12-04
L’industrie pétrolière lorgne le Québec
ÉVALUATION DES RISQUES OU DES ALTERNATIVES ?
Jonathan Durand Folco – Presse-toi à gauche
mardi 4 décembre 2012
L’industrie pétrolière comporte plusieurs risques, tant sur les plans économiques que sociaux et
environnementaux. Doit-on pour autant se limiter à l’évaluation des coûts et bénéfices, ou peut-
on envisager d’autres avenues possibles pour la société québécoise ?
Il est l’heure de ré-ouvrir un débat de fond sur la question du pétrole, et plus largement sur un
projet politique capable d’affronter la crise écologique. L’ouverture du gouvernement Marois à
la pétro-économie, qu’il s’agisse du pétrole des sables bitumineux acheminé par l’oléduc
Enbridge, ou encore l’exploitation domestique de gisements en Gaspésie, sur l’Île d’Anticosti ou
dans le golfe Saint-Laurent, laisse présager le pire quant à la dette écologique que nous
laisserons aux générations futures.
Visiblement, le discours du développement durable a été vidé de son sens au fur et à mesure
que les impératifs de croissance ont repris le devant de la scène politique. Nous rejoignons
ainsi la vision albertaine et conservatrice de l’économie, véritable cancre en matière
environnementale aux yeux de la communauté internationale. Même si Pauline Marois,
Daniel Breton, Martine Ouellet et Alexandre Cloutier insistent pour que le Québec ait « son
mot à dire », avec « les informations nécessaires pour prendre une décision », en analysant «
les impacts économiques et environnementaux du projet », devons-nous nous en remettre à
une simple évaluation des risques ?
D’une part, Alexandre Cloutier a souligné que le gouvernement du Québec tiendra une «
consultation publique » qui ne se fera pas dans le cadre du Bureau d’audience publique sur
l’environnement (BAPE), mais s’adressera aux personnes « directement concernées ». Les
risques se limiteraient-ils aux individus potentiellement affectés par une rupture de l’oléoduc,
qui est sécuritaire à 99,9996% selon Joe Oliver, ministre fédéral des Ressources naturelles ?
D’autre part, n’est-ce pas le gouvernement fédéral qui a la responsabilité constitutionnelle
d’évaluer les projets de nature interprovinciale par l’entremise de l’Office national de
l’énergie (ONE) ? Avec la récente « cure minceur » des lois de protection de l’environnement
entreprise par le Parti conservateur, pouvons-nous faire confiance à la grille d’analyse
utilitariste qui calculerait les coûts sociaux et écologiques en fonction des avantages
économiques potentiels pour l’économie canadienne ?
Par ailleurs, une évaluation étroite des risques masquerait-elle une réflexion plus générale sur
les alternatives au modèle de développement actuel ? Dans son livre Making better
environmental decisions (2000), Mary O’Brien prend l’exemple d’une femme qui désire
traverser une rivière montagneuse à l’eau glacée. Elle se fait conseiller par une équipe de
quatre évaluateurs de risques, composée d’un toxicologue, un cardiologue, un hydrologiste et
un spécialiste du ministère de l’environnement.
Le premier remarque que l’eau n’est pas toxique, mais seulement très froide. Le deuxième
considère que les risques d’arrêt cardiaque sont faibles, car la femme est en bonne santé. Le
troisième évalue qu’il est possible de nager parce que la rivière est peu profonde et
dépourvue de tourbillons. Enfin, le quatrième suggère de traverser parce que les risques sont
minimes comparativement au réchauffement climatique, la destruction de la couche d’ozone
et la perte de biodiversité.
Étonnement, la femme refuse de traverser à la nage. « Pourquoi ? », s’exclament les
spécialistes qui ont calculé sa chance de mourir à seulement 1 sur 4 millions. Comme la femme
refuse encore, les spécialistes perdent patience et l’accusent d’immobilisme. Visiblement,
celle-ci semble avoir une « crainte irrationnelle » des risques, et une mauvaise compréhension
des avantages de ce projet. Mais la femme se retourne et pointe à l’horizon : il y a un pont.
Pendant que les experts évaluaient les risques d’une seule option, la femme évaluait les
alternatives. Elle considère que ça ne vaut même pas la peine de prendre froid en traversant à
la nage, compte tenu des options qui s’offrent à elles. Une délibération collective sur les
stratégies énergétiques, les limites de la croissance économique, la justice sociale, la résilience
communautaire et écologique, pourrait s’inscrire dans cette perspective. Une évaluation
normative des alternatives au développement doit remplacer la logique étroite des risques, en
partant de plusieurs principes :
1) Il n’est pas acceptable de menacer l’intégrité physique des communautés humaines et non-
humaines s’il existe des alternatives raisonnables. 2) Personne ne peut définir pour quelqu’un
d’autre ce qui est un dommage « acceptable ». 3) Nous devons envisager et réaliser les
alternatives les moins dommageables pour la population actuelle, les générations futures et
les écosystèmes. 4) Il est difficile de penser des alternatives au statu quo, et des individus, des
entreprises et des gouvernements ont intérêt à ce qu’il en soit ainsi. 5) Le prérequis essentiel
au changement politique est de reconnaître le fait qu’il existe des alternatives. 6) De
véritables changements dans les comportements et les habitudes dommageables des
individus et des collectivités (dépendance au pétrole, étalement urbain, surconsommation,
etc.) ne peuvent se réduire à l’éthique et la responsabilité individuelle ; ils doivent être
accomplis par l’action politique.
Il est temps d’élargir le débat en matière d’écologie politique, qui ne se réduit pas au
développement durable, à l’économie environnementale néoclassique, aux solutions
technologiques et à la modernisation écologique. Il existe une pluralité de discours, comme
l’écologie sociale et socialiste, le mouvement pour la justice environnementale, la décroissance
conviviale, la démocratie délibérative et participative, qui tentent d’élargir les options au-delà
des impératifs d’accumulation, de déficit zéro, et de concurrence qui minent notre autonomie
collective. Sommes-nous prêts à troquer notre indépendance politique contre la dépendance au
pétrole et à l’économie albertaine ? Voulons-nous assurer les risques d’une pétro-économie
québécoise, même au prix de certaines conditions telles qu’énoncées par Éric Pineault (Le
Devoir, 23 novembre), afin de limiter les dégâts d’une telle entreprise ?
Un paradoxe central de la société du risque consiste dans le fait que les risques ne sont pas des
phénomènes extérieurs que l’on pourrait éviter par un savant calcul, mais des problèmes
endogènes accélérés par le processus de modernisation qui essaie de les contrôler. Nous ne
pouvons plus faire aveuglément confiance aux acteurs censés garantir la sécurité et la
rationalité, comme l’État, la science et l’industrie. Pour reprendre une métaphore d’Ulrich Beck,
ceux-ci exhortent la population à monter à bord d’un avion pour lequel aucune piste
d’atterrissage n’a encore été construite.
Jonathan Durand Folco
Doctorant en philosophie à l’Université Laval
Champs de spécialisation : écologie politique, éthique de l’environnement, démocratie
délibérative, philosophie de la ville
http://www.pressegauche.org/spip.php?article12472#.UL54kj2Cj-4.facebook