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298 SFE Toulouse 2012 / Annales d’Endocrinologie 73 (2012) 281–305 P065 Résultats à long terme de la radiothérapie stéréotaxique fractionnée dans le traitement de l’acromégalie A.-M. Diallo a,, P. Colin b , C.-F. Litre c , M.-M. Diallo d , I. Nakib a , A.-C. Hecart a , H. Grulet a , B. Higel e , P. Rousseaux c , B. Delemer a a Service d’endocrinologie, diabète, nutrition, CHU de Reims, Reims, France b Service de radiothérapie, polyclinique Courlancy, Reims, France c Service de neurochirurgie, CHU de Reims, Reims, France d Service d’endocrinologie, diabétologie, CHU de Yopougon, Abidjan e Service de radiologie, CHU de Reims, Reims, France Auteur correspondant. Les résultats à long terme de la radiothérapie stéréotaxique fractionnée (RSF) dans l’acromégalie ne sont pas connus. Dans notre centre, la RSF est opé- rationnelle depuis 1991, nous avons évalué tous les patients traités jusqu’en 2011. Patients et méthodes.– Trente patients (sex-ratio 1, âge 43 ans [5–65]) avec un adénome de 20 mm (12–76) – 14 invasifs traités par RSF d’emblée (n = 4) ou après chirurgie (n = 26) en conditions stéréotaxiques par un accélérateur Cli- nac 2 délivrant 50 gy en 27 séances de 1,85 gy. Les indications étaient absence de contrôle hormonal malgré un traitement par analogues de la somatostatine (n = 23), contre-indication ou refus chirurgie (n = 4), refus traitement médi- cal (n = 1) et tumeur évolutive (n = 2), le contrôle hormonal étant défini par GH < 2,5 ng/mL et IGF1 normale pour l’âge. Résultats.– Après un suivi de 132 mois (12–240) : contrôle hormonal sans traite- ment (rémission) 8 patients (27 %) à 49 mois, contrôle sous traitement (réduction posologie des analogues) 15 patients (50 %) à 44 mois, contrôle tumoral chez tous les patients. Différences pour les patients en rémission : suivi (mois) plus long 157 vs 101, p = 0,02 ; moyennes de GH (mUI/L) et IGF (ng/mL) avant radio- thérapie plus basses 5,6 vs 43,4 et 524 vs 667, p < 0,001 ; reliquat d’adénome (mm) plus petit : 10 vs 17,21 ; p < 0,0001. Effets secondaires rapportés à la RSF : nouvelle atteinte antéhypophysaire 12 patients à 72 mois (12–168). Conclusion.– La RSF dans l’acromégalie est un traitement de 3 e ligne, adapté aux résidus tumoraux supracentimétriques, efficace et bien toléré pour le contrôle hormonal et tumoral. http://dx.doi.org/10.1016/j.ando.2012.07.213 P066 Métastases médullaires tardives d’un carcinome hypophysaire corticotrope A.-L. Castell a , L. Mondot b , C. Lebrun-Frenay c , F. Fauchon d , S. Chanalet b , P. Fenichel a , P. Paquis e , J.-L. Sadoul a a Endocrinologie, hôpital de l’Archet, CHU de Nice, Nice, France b Radiologie, hôpital Pasteur, CHU de Nice, Nice, France c Neurologie, hôpital Pasteur, CHU de Nice, Nice, France d Radiothérapie, rue de Paris, Nice, France e Neurochirurgie, hôpital Pasteur, CHU de Nice, Nice, France Introduction.– Les carcinomes hypophysaires représentent 0,2 % des tumeurs hypophysaires. Ils se manifestent le plus souvent comme des adénomes hypo- physaires classiques, avec des signes d’agressivité ou une diffusion à distance apparaissant secondairement. Observation.– Mme L. fut opérée en août 2006, à l’âge de 72 ans, par voie trans-sphénoïdale d’un macroadénome corticotrope. Le taux de marquage du Ki 67 (5–30 %) justifiait une radiothérapie adjuvante (55 Gy, mode conformation- nel). Durant 66 mois un suivi annuel régulier était compatible une rémission : résidu stable à l’imagerie, freinage à la dexamethasone 1 mg, absence de sti- mulation par la desmopressine. En janvier 2012, deux mois après le dernier suivi, des troubles neurologiques d’apparition brutale faisaient découvrir des métastases épidurales médullaires multiples. Leur abord chirurgical (2 niveaux) permettait une décompression ; l’histologie révélait la nature corticotrope de ces lésions avec un marquage positif pour Ki67 (5–20 %) et pour la protéine MGMT. Outre ces localisations, le bilan d’extension (imagerie en coupe, octréoscan, 18FDG-TEP/Scan) était négatif. L’évaluation fonctionnelle révélait des taux d’ACTH élevés, non freinable par 1 mg de dexaméthasone et stimulés par la desmopressine. Discussion.– Les carcinomes hypophysaires sont dans 30–40 % des cas de nature corticotrope. La malignité relève de l’apparition de métastases essentiellement cérébrales et médullaires traduisant une diffusion via le LCR. La survie moyenne après découverte des métastases est de 4 ans, malgré les traitements combinés associant chirurgie, radiothérapie et chimiothérapie. L’usage du temozolomide (agent alkylant) dont l’efficacité dans ces carcinomes ressort de travaux récents est envisagé chez cette patiente. http://dx.doi.org/10.1016/j.ando.2012.07.214 P067 Régression d’un macroprolactinome invasif et extensif sous bromocriptine à forte dose B. Sadi , F. Hemsas , Z. Arbouche-Lezoul Service d’endocrinologie-diabétologie, CHU Tizi Ouzou, Tizi Ouzou Auteur correspondant. Le macroprolactinome extensif et invasif est plus fréquent chez l’homme que chez la femme, se révèle souvent par un syndrome tumoral intracrânien et par un hypogonadisme. Le TRT est souvent médical par les agonistes dopaminergiques, le TRT chirurgical est indiqué en cas de compression chiasmatique et échec du TRT médical. Nous rapportons le cas d’un patient âgé de 42 ans, présentant un macroprolac- tinome invasif et extensif, compliqué d’insuffisance antéhypophysaire globale, de compression chiasmatique avec atteinte ophtalmologique. L’IRM hypophysaire objective un macroadénome hypophysaire de 55/40/35 mm, avec triple composante (hémorragique, kysticonécrotique et charnue), refoulant et comprimant le chiasma optique, envahissant le sinus sphénoïdal et le sinus caverneux gauche. Le patient a été mis sous bromocriptine à dose progressive jusqu’à 45 mg/j, ainsi que sous lévothyroxine 100 g/j et hydrocortisone 20 mg/j. L’évolution a été rapidement favorable après 2mois de traitement avec respec- tivement : récupération partielle puis complète du champ et de l’acuité visuelle. Prolactinémie à 570 ng/mL puis à 105 ng/mL. À l’IRM hypophysaire : nette régression du volume tumoral (la composante suprasellaire mesurant 36/29/20 mm). À travers cette observation, on constate l’effet rapidement favorable de la bro- mocriptine surtout sur la compression chiasmatique, avec une bonne tolérance malgré les fortes doses utilisées. L’indication du TRT médical en première intention garde sa place, malgré la compression du chiasma optique. http://dx.doi.org/10.1016/j.ando.2012.07.215 P068 Évaluation de la prise en charge de patients présentant un déficit en hormone de croissance (GHD) traité dans l’enfance, avant et après la période de la transition C. Courtillot a , R. Baudoin a , T. du Souich a , N. Gambier a , L. Saatdjian a , J.-L. Golmard b , P. Touraine a,a Endocrinologie et médecine de la reproduction, GH Pitié-Salpêtrière, Paris, France b Unité de recherche clinique, GH Pitié-Salpêtrière, Paris, France Auteur correspondant. Objectifs.– Évaluer la prise en charge, de l’enfance à l’âge adulte, de patients avec GHD traités par hormone de croissance (GH) en pédiatrie. Patients et méthodes.– Étude de cohorte rétrospective incluant les patients avec GHD traités par GH en pédiatrie, transférés du 1/1/1994 au 1/3/2012 dans notre service pour leur transition. Données relevées dans les dossiers : (1) pédia- triques = étiologie du GHD, fonction hypophysaire, traitement par GH ; (2) adultes : fonction somatotrope et traitement par GH à chaque visite, et évaluation de l’état métabolique, osseux et cardiovasculaire en hospitalisation. Résultats.– Cohorte de 119 patients transférés à un âge médian de 19,5 ans. Caractéristiques du GHD : congénital = 34 %, acquis = 54 %, idio- pathique = 12 %, complet = 72 %, isolé = 30 %. Persistance du GHD chez 106/119 adultes réévalués à la transition. Le nombre de nouveaux patients annuels augmente fortement depuis 10 ans. Les patients sont globalement régu- lièrement suivis, principalement en consultation. À l’âge adulte, près de 2/3 des

Métastases médullaires tardives d’un carcinome hypophysaire corticotrope

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298 SFE Toulouse 2012 / Annales d’Endocrinologie 73 (2012) 281–305

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Résultats à long terme de la radiothérapie stéréotaxiquefractionnée dans le traitement de l’acromégalieA.-M. Diallo a,∗, P. Colin b, C.-F. Litre c, M.-M. Diallo d, I. Nakib a,A.-C. Hecart a, H. Grulet a, B. Higel e, P. Rousseaux c, B. Delemer a

a Service d’endocrinologie, diabète, nutrition, CHU de Reims, Reims, Franceb Service de radiothérapie, polyclinique Courlancy, Reims, Francec Service de neurochirurgie, CHU de Reims, Reims, Franced Service d’endocrinologie, diabétologie, CHU de Yopougon, Abidjane Service de radiologie, CHU de Reims, Reims, France∗Auteur correspondant.

Les résultats à long terme de la radiothérapie stéréotaxique fractionnée (RSF)dans l’acromégalie ne sont pas connus. Dans notre centre, la RSF est opé-rationnelle depuis 1991, nous avons évalué tous les patients traités jusqu’en2011.Patients et méthodes.– Trente patients (sex-ratio 1, âge 43 ans [5–65]) avec unadénome de 20 mm (12–76) – 14 invasifs traités par RSF d’emblée (n = 4) ouaprès chirurgie (n = 26) en conditions stéréotaxiques par un accélérateur Cli-nac 2 délivrant 50 gy en 27 séances de 1,85 gy. Les indications étaient absencede contrôle hormonal malgré un traitement par analogues de la somatostatine(n = 23), contre-indication ou refus chirurgie (n = 4), refus traitement médi-cal (n = 1) et tumeur évolutive (n = 2), le contrôle hormonal étant défini parGH < 2,5 ng/mL et IGF1 normale pour l’âge.Résultats.– Après un suivi de 132 mois (12–240) : contrôle hormonal sans traite-ment (rémission) 8 patients (27 %) à 49 mois, contrôle sous traitement (réductionposologie des analogues) 15 patients (50 %) à 44 mois, contrôle tumoral cheztous les patients. Différences pour les patients en rémission : suivi (mois) pluslong 157 vs 101, p = 0,02 ; moyennes de GH (mUI/L) et IGF (ng/mL) avant radio-thérapie plus basses 5,6 vs 43,4 et 524 vs 667, p < 0,001 ; reliquat d’adénome(mm) plus petit : 10 vs 17,21 ; p < 0,0001. Effets secondaires rapportés à la RSF :nouvelle atteinte antéhypophysaire 12 patients à 72 mois (12–168).Conclusion.– La RSF dans l’acromégalie est un traitement de 3e ligne, adaptéaux résidus tumoraux supracentimétriques, efficace et bien toléré pour le contrôlehormonal et tumoral.

http://dx.doi.org/10.1016/j.ando.2012.07.213

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Métastases médullaires tardives d’un carcinomehypophysaire corticotropeA.-L. Castell a, L. Mondot b, C. Lebrun-Frenay c, F. Fauchon d, S. Chanalet b,P. Fenichel a, P. Paquis e, J.-L. Sadoul a

a Endocrinologie, hôpital de l’Archet, CHU de Nice, Nice, Franceb Radiologie, hôpital Pasteur, CHU de Nice, Nice, Francec Neurologie, hôpital Pasteur, CHU de Nice, Nice, Franced Radiothérapie, rue de Paris, Nice, Francee Neurochirurgie, hôpital Pasteur, CHU de Nice, Nice, France

Introduction.– Les carcinomes hypophysaires représentent 0,2 % des tumeurshypophysaires. Ils se manifestent le plus souvent comme des adénomes hypo-physaires classiques, avec des signes d’agressivité ou une diffusion à distanceapparaissant secondairement.Observation.– Mme L. fut opérée en août 2006, à l’âge de 72 ans, par voietrans-sphénoïdale d’un macroadénome corticotrope. Le taux de marquage du Ki67 (5–30 %) justifiait une radiothérapie adjuvante (55 Gy, mode conformation-nel). Durant 66 mois un suivi annuel régulier était compatible une rémission :résidu stable à l’imagerie, freinage à la dexamethasone 1 mg, absence de sti-mulation par la desmopressine. En janvier 2012, deux mois après le derniersuivi, des troubles neurologiques d’apparition brutale faisaient découvrir desmétastases épidurales médullaires multiples. Leur abord chirurgical (2 niveaux)permettait une décompression ; l’histologie révélait la nature corticotrope de ceslésions avec un marquage positif pour Ki67 (5–20 %) et pour la protéine MGMT.Outre ces localisations, le bilan d’extension (imagerie en coupe, octréoscan,18FDG-TEP/Scan) était négatif. L’évaluation fonctionnelle révélait des tauxd’ACTH élevés, non freinable par 1 mg de dexaméthasone et stimulés par ladesmopressine.

Discussion.– Les carcinomes hypophysaires sont dans 30–40 % des cas de naturecorticotrope. La malignité relève de l’apparition de métastases essentiellementcérébrales et médullaires traduisant une diffusion via le LCR. La survie moyenneaprès découverte des métastases est de 4 ans, malgré les traitements combinésassociant chirurgie, radiothérapie et chimiothérapie. L’usage du temozolomide(agent alkylant) dont l’efficacité dans ces carcinomes ressort de travaux récentsest envisagé chez cette patiente.

http://dx.doi.org/10.1016/j.ando.2012.07.214

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Régression d’un macroprolactinome invasif et extensif sousbromocriptine à forte doseB. Sadi , F. Hemsas , Z. Arbouche-Lezoul ∗Service d’endocrinologie-diabétologie, CHU Tizi Ouzou, Tizi Ouzou∗Auteur correspondant.

Le macroprolactinome extensif et invasif est plus fréquent chez l’homme quechez la femme, se révèle souvent par un syndrome tumoral intracrânien et par unhypogonadisme. Le TRT est souvent médical par les agonistes dopaminergiques,le TRT chirurgical est indiqué en cas de compression chiasmatique et échec duTRT médical.Nous rapportons le cas d’un patient âgé de 42 ans, présentant un macroprolac-tinome invasif et extensif, compliqué d’insuffisance antéhypophysaire globale,de compression chiasmatique avec atteinte ophtalmologique.L’IRM hypophysaire objective un macroadénome hypophysaire de55/40/35 mm, avec triple composante (hémorragique, kysticonécrotiqueet charnue), refoulant et comprimant le chiasma optique, envahissant le sinussphénoïdal et le sinus caverneux gauche.Le patient a été mis sous bromocriptine à dose progressive jusqu’à 45 mg/j, ainsique sous lévothyroxine 100 �g/j et hydrocortisone 20 mg/j.L’évolution a été rapidement favorable après 2 mois de traitement avec respec-tivement : récupération partielle puis complète du champ et de l’acuité visuelle.Prolactinémie à 570 ng/mL puis à 105 ng/mL.À l’IRM hypophysaire : nette régression du volume tumoral (la composantesuprasellaire mesurant 36/29/20 mm).À travers cette observation, on constate l’effet rapidement favorable de la bro-mocriptine surtout sur la compression chiasmatique, avec une bonne tolérancemalgré les fortes doses utilisées. L’indication du TRT médical en premièreintention garde sa place, malgré la compression du chiasma optique.

http://dx.doi.org/10.1016/j.ando.2012.07.215

P068

Évaluation de la prise en charge de patients présentant undéficit en hormone de croissance (GHD) traité dansl’enfance, avant et après la période de la transitionC. Courtillot a, R. Baudoin a, T. du Souich a, N. Gambier a, L. Saatdjian a,J.-L. Golmard b, P. Touraine a,∗a Endocrinologie et médecine de la reproduction, GH Pitié-Salpêtrière, Paris,Franceb Unité de recherche clinique, GH Pitié-Salpêtrière, Paris, France∗Auteur correspondant.

Objectifs.– Évaluer la prise en charge, de l’enfance à l’âge adulte, de patientsavec GHD traités par hormone de croissance (GH) en pédiatrie.Patients et méthodes.– Étude de cohorte rétrospective incluant les patients avecGHD traités par GH en pédiatrie, transférés du 1/1/1994 au 1/3/2012 dans notreservice pour leur transition. Données relevées dans les dossiers : (1) pédia-triques = étiologie du GHD, fonction hypophysaire, traitement par GH ; (2)adultes : fonction somatotrope et traitement par GH à chaque visite, et évaluationde l’état métabolique, osseux et cardiovasculaire en hospitalisation.Résultats.– Cohorte de 119 patients transférés à un âge médian de19,5 ans. Caractéristiques du GHD : congénital = 34 %, acquis = 54 %, idio-pathique = 12 %, complet = 72 %, isolé = 30 %. Persistance du GHD chez106/119 adultes réévalués à la transition. Le nombre de nouveaux patientsannuels augmente fortement depuis 10 ans. Les patients sont globalement régu-lièrement suivis, principalement en consultation. À l’âge adulte, près de 2/3 des