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Page 1 sur FGSM3 - Formation Générale aux Soins Médicaux de niveau 3 MEDLIB0501 – Le bon usage des anti-infectieux en pratique médicale Pr Nguyen / Pr Bajolet S5 – 24/11/2020 BEGUE Mattéo & CAN Yasin Correcteur : Elie Patrin Cours n°5 : Antibiothérapie : autres mesures couplées au BUA Partie 1 : La vaccination (Pr Nguyen) I) Introduction La vaccination est un moyen de protection majeur contre les maladies infectieuses. On ne peut pas parler de réduire la consommation d’antibiotiques sans parler de la vaccination, qui est à valoriser en médecine de ville et à l’hôpital. La vaccination est une immunisation active, c’est l’éducation du système immunitaire à la lutte contre un pathogène avant sa rencontre, voir pour certains après sa rencontre (ex-rage). Le principe de la vaccination repose sur l’injection de protéines ou d’ARN (qui va à son tour produire des protéines) aux patients qui vont être utilisés par le système immunitaire afin de générer une immunité adaptative. C’est différent de la sérothérapie, qui est une immunisation passive où l’on va directement injecter des anticorps à un patient. Contre certains pathogènes, la vaccination est la seule alternative possible car aucun traitement efficace n’existe (ex-rage et la vaccination post exposition). Il y a un double bénéfice à se faire vacciner, du point de vue individuelle avec une protection contre certaines maladies et à l’échelle collective, car théoriquement si tout le monde était vacciné, on pourrait éradiquer certaines maladies Exemple de la variole éradiquée après la vaccination de toute l’humanité. On pourrait techniquement faire de même avec la rougeole et la poliomyélite (ex le continent américain s’est débarrassé de la rougeole, à la différence de l’Europe). Le but des vaccins est dans un premier temps de protéger l’individu et dans un second temps de diminuer la prévalence de maladies nécessitant une antibiothérapie. La vaccination en France

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FGSM3 - Formation Générale aux Soins Médicaux de niveau 3 MEDLIB0501 – Le bon usage des anti-infectieux en pratique médicale Pr Nguyen / Pr BajoletS5 – 24/11/2020 BEGUE Mattéo & CAN Yasin

Correcteur : Elie Patrin

Cours n°5 : Antibiothérapie : autres mesures couplées au BUA

Partie 1 : La vaccination (Pr Nguyen)

I) Introduction

La vaccination est un moyen de protection majeur contre les maladies infectieuses. On ne peut pas parler de réduire la consommation d’antibiotiques sans parler de la vaccination, qui est à valoriser en médecine de ville et à l’hôpital.

La vaccination est une immunisation active, c’est l’éducation du système immunitaire à la lutte contre un pathogène avant sa rencontre, voir pour certains après sa rencontre (ex-rage).Le principe de la vaccination repose sur l’injection de protéines ou d’ARN (qui va à son tour produire des protéines) aux patients qui vont être utilisés par le système immunitaire afin de générer une immunité adaptative. C’est différent de la sérothérapie, qui est une immunisation passive où l’on va directement injecter des anticorps à un patient.

Contre certains pathogènes, la vaccination est la seule alternative possible car aucun traitement efficace n’existe (ex-rage et la vaccination post exposition).

Il y a un double bénéfice à se faire vacciner, du point de vue individuelle avec une protection contre certaines maladies et à l’échelle collective, car théoriquement si tout le monde était vacciné, on pourrait éradiquer certaines maladies Exemple de la variole éradiquée après la vaccination de toute l’humanité. On pourrait techniquement faire de même avec la rougeole et la poliomyélite (ex le continent américain s’est débarrassé de la rougeole, à la différence de l’Europe).Le but des vaccins est dans un premier temps de protéger l’individu et dans un second temps de diminuer la prévalence de maladies nécessitant une antibiothérapie.

La vaccination en FranceEn France, il y a un carnet vaccinal à suivre qui est remis à jour tous les ans :

Il faut savoir qu’il existe : Des vaccins vivants atténués : BCG et Rougeole-Oreillons- Rubéole (ROR), moins pathogène que les souches de base. Des vaccins inactivés (tous les autres)

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Depuis 2018 tous ces vaccins sont devenus obligatoires car certains étaient simplement recommandés, cela fait suite à plusieurs décès de jeunes adultes des suites d’une encéphalite causée par le virus de la rougeole. Si les parents ne vaccinent pas leurs enfants, ils n’auront pas le droit de les mettre à la crèche, à l’école….

Sur le calendrier, la première vaccination est faite à 1mois et demie et concerne le BCG (vaccin vivant atténué), qui est une souche de Mycobacterium bovi. C’est une exception car il ne concerne que les enfants exposés, c’est-à-dire avec des parents africains ou habitants dans des régions de haute endémie comme en Ile de France ou les DOM-TOM.

Il est possible de regrouper plusieurs souches lors d’un même vaccin, par exemple le vaccin diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche, Haemophilus influenzae b et Hépatite B. On ajoute en plus de ce vaccin à 6 valences le pneumocoque à 2, 4 et 11 mois.

On peut voir sur le calendrier qu’il est nécessaire de faire des rappels pour certains pathogènes car l’immunité induite par ces vaccins n’est pas définitive. Il peut aussi être nécessaire de revacciner certaines personnes comme les immunodéprimés (pneumocoque…) ou de vacciner chaque année comme avec la grippe.

Il est important de noter que les vaccins ne concernent pas exclusivement les maladies infectieuses mais également certains phénomènes cancéreux provoqués par des virus (le vaccin contre le papillomavirus entre 11 et 14 ans, avant les premiers rapports sexuels afin d’éviter tout cancer ultérieur) Exemple de l’Australie avec des campagnes de vaccination contre le papillomavirus très efficace faisant presque disparaitre le cancer du col utérin à l’inverse de la France où la couverture vaccinale n’est pas suffisante.

Ce qu’il faut retenir : Il existe des vaccinations pré et post infection (rage) La vaccination est utile pour les maladies infectieuses et pour les conséquences de maladie

infectieuses comme des cancers. Quels sont les vaccins vivants et quels sont ceux inertes Les grandes lignes du calendrier Que certaines vaccinations ne concernent pas tout le monde mais une population à risque

(BCG).

Objectif vaccinal

On aimerait qu’il y ait une couverture vaccinale de 95% pour chaque vaccin, excepté pour la grippe où l’on recherche à vacciner 75% de la population. Mais les français ne se vaccinent pas assez, par exemple en 2009 avec l’épidémie de la Grippe H1N1, il y avait seulement 47% de la population vaccinée.

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Nous allons voir 3 vaccins qui ont permis la réduction drastique de la consommation d’antibiotiques : le vaccin contre pneumocoque, anti-Haemophilus influenzae b et antigrippal.

Le vaccin contre la grippe

Le virus de la grippe alterne tous les 6 mois entre hémisphère nord et hémisphère sud, c’est pour cela qu’il est possible de prévoir quelle souche sera présente chaque année dans l’hémisphère nord en se renseignant sur la souche qui est présente dans le sud. On peut grâce à cela produire un vaccin et vacciner la population avant que la grippe n’arrive.Le vaccin contre la grippe n’est pas toujours efficace à 100% car on ne peut jamais être réellement sûr de la souche qui arrivera dans l’hémisphère nord, il est possible que la souche soit quelque peu différente de celle présente dans le sud suite à des recombinaisons génétiques. Mais il faut tout de même vacciner un maximum de personne pour avoir un impact plus ou moins important sur la dynamie de l’épidémie et ainsi diminuer les dépenses liées aux soins de la grippe.En effet, la vaccination contre la grippe à un énorme effet sur la diminution de l’utilisation des antibiotiques, en se protégeant contre la grippe, on évite les surinfections post grippale.

Rappel :- Vaccin inerte : protéique, c’est la plupart des vaccins- Vaccin vivant atténués : BCG/ Rougeole-Oreillon-Rubéole/ fièvre jaune/varicelle-zona.

o Il faut faire attention car les vaccins vivants atténués peuvent être un risque chez certains patients comme les immunodéprimés, à l’inverse des inertes, non dangereux et qui dans le pire des cas ne marcheront pas Exemple pas de BCG chez les personnes infectées par le VIH.

II) Le vaccin antipneumococcique (Prevenar 7 puis 13)

C’est grâce à celui-ci qu’il y a eu une nette diminution du nombre de souche de pneumocoque résistant à la pénicilline G. En effet, ces souches étaient de plus en plus présentes au début des années 2000.Il existait déjà un vaccin antipneumococcique avant les années 2000 (le Pneumo 23), constitué d’un ose de la capsule du pneumocoque.La différence avec le Prevenar 13 est que celui-ci est constitué d’oses de la capsule du pneumocoque conjugués avec la toxine diphtérique, ce qui a permis d’obtenir un vaccin beaucoup plus immunogène.

Rappel sur le Streptococcus pneumoniae

Le Pneumocoque est :- un Diplocoque à Gram+- capsulé- α-hémolytique sur gélose au sang- dans le nasopharynx des enfants de ˂2ans- un agent invasif responsable de pneumonie, méningite,

otites, sinusites.

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Il y avait une « courbe en U » avant le vaccin« Prevenar 13 ». Le pneumocoque touchait surtout les enfants et les personnes très âgées présentant des comorbidités (âge en abscisse de la courbe).

Historiquement, le S.pneumoniae est : Sensible : à la Pénicilline G, à l’amox, aux Céphalosporines (3G), à la Vancomycine, aux Macrolides. Résistant : aux Aminosides en monothérapie et aux

Fluoroquinolones (sauf Levofloxacine et Moxifloxacine)

Mécanisme de résistance

Il n’existe qu’un seul mécanisme de résistance chez le pneumocoque, la modification de sa PLP pour des PLP de plus faible affinité. Ceci lui permet d’obtenir une résistance à la plupart des antibiotiques sensible contre lui (β-lactamines et Vancomycine car ils ne peuvent plus se fixer).

Contrairement au S.aureus qui ne possède qu’une modification de PLP (PLP habituelle→PLP2A), le pneumocoque à la capacité de recombiner ses PLP et d’obtenir une grande diversité de PLP différentes qui donne des CMI (Concentration Minimale Inhibitrice) imprévisible.Le laboratoire est donc obligé de tester tous les B-Lactamines à la différence du Staphylocoque ou le laboratoire conclut directement à une résistance à toutes les β -lactamines en présence de PLP2A. Le laboratoire va donc devoir chiffrer chaque CMI pour chaque β - lactamine (surtout C3G, pénicilline G et A).

Exemple de 4 souches de pneumocoque présentant des CMI différentes pour chaque molécule, la première souche est une souche sauvage très sensible. Puis les suivantes sont des souches résistantes, on voit que la sensibilité à l’antibiotique change en fonction de chaque souche (multitude de PLP).

Pour tester les CMI, le laboratoire va faire une bandelette de test pour chaque antibiotique, ici plus on est proche du sommet de la bandelette et plus la concentration d’antibiotique libérée sera grande. La CMI correspond à la première concentration où les bactéries se trouveront à proximité de la bandelette.

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Pneumocoque sauvage Pneumocoque résistant

Valeur seuil pour sensibilité et résistance

La C3G est sensible si CMI ≤ 0,5mg/L et résistante si CMI ≥ 2mg/L.La pénicilline G est sensible si CMI ≤ 0,06mg/L et resistante si CMI ≥ 2mg/LExemple : Une souche présentant une CMI à 0,12mg/L

à la pénicilline G et aux C3G sera intermédiaire à la pénicilline mais sensible aux C3G.

Ces méthodes permettent de savoir rapidement si nous faisons face à un Pneumocoque avec une Sensibilité Diminuée pour les Péniciilines (PSDP).

Dans les années 1990, on a vu émerger de nombreuses souches de S.pneumoniae résistant à la pénicilline G ainsi que des souches résistantes à la plupart des β -lactamines.Cela découle d’une surprescription d’antibiothérapie dans les infections des voies aériennes (le plus souvent d’origines virales).

Exemple : dans les angines érythémateuses, on traitait avec des antibiotiques pour éviter les Rhumatismes Articulaires Aigu causés par le streptocoque A mais ces traitements étaient inutiles dans 90% des cas.

On est arrivé à 50% de résistance aux pénicillines G et plus largement au β - lactames qui obligeait dans le cadre de méningite à prescrire des C3G + de la vancomycine (qui ne diffuse pas bien dans les méninges) par sécurité car il y avait beaucoup de souche résistante aux C3G.

2 mesures ont alors été adoptées pour réduire l’utilisation d’antibiothérapie : Plan national pour préserver l’efficacité des antibiotiques (peu efficace) :

Campagne de masse « Les antibiotiques c’est pas automatique ! » pour la population

Formations médicales continues (FMC) pour les prescripteurs dans le but de réduire les prescriptions inutiles d’antibio

Surveillance de la consommation Mise à disposition de Strepto test pour les angines

Mise en place du vaccin Prévenar 7 chez les enfants (très efficace) : Efficace contre 7 sérotypes de pneumocoque Plus immunogène que le précédent. Plus performant car les enfants ont plus de mal à créer des anticorps

dirigés contre un sucre seulement. Donc, couplage avec une protéine, la toxine diphtérique.

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Graphique montrant le nombre d’infection aux différents sérotypes de pneumocoque en 2001, (courbe de gauche) et en 2009 (courbe de droite)

Le début de la vaccination a lieu en 2001, on peut voir que 10 ans plus tard, il y a un effondrement du taux d’infection invasive dut aux 7 sérotypes présent dans le vaccin. Mais à l’inverse, il y a l’émergence de nouveaux pneumocoques qui étaient moins pathogènes et moins présents. Ils ont été ajoutés à leur tour dans le vaccin qui est donc devenu le Prevenar 13 pour 13 sérotypes.

Via la vaccination, on a eu un effet sur le portage nasal des souches de pneumocoques chez l’enfant en se débarrassant des souches qui étaient résistantes, ce qui a permis de réduire les infections aux souches très résistantes compliquées à soigner.

Courbes représentants le nombre de prescription d’antibiotiques pour 100 habitants, chaque année est représentée par une droite

Ces dernières années, il y a eu une légère remontée des S.Pneumoniae résistant à la pénicilline G (25%).

Donc, le vaccin Prevenar 7 puis Prevenar 13 et le plan national pour préserver l’efficacité des antibiotiques ont permis de faire changer radicalement le profil des infections à pneumocoque, passant de souches très résistantes à des souches beaucoup plus sensible aux β- lactamines.Exemple : plus besoin d’ajouter de vancomycine

dans le traitement de la méningite à pneumocoque (seulement C3G) et amoxicilline dans les otites.

Pour résumer :- Moins d’antibiotiques car moins d’infections- Retour de souches plus sensible aux antibiotiques.- Infection moins grave qu’il y a 10-20 ans- Traitement plus simple (exemple des méningites et des otites)

Il ne faut pas savoir la démonstration par cœur mais comprendre pourquoi les vaccins permettent de diminuer la consommation d’antibiotique.

III) Vaccination anti grippal

De nombreuses personnes devraient être vaccinés chaque année, c’est un véritable enjeu mais il y a en réalité peu de vaccination car ils ne veulent pas se vacciner parce que « ça ne marche pas » ou ils« sont malades après la vaccination ».

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Il est vrai que l’on peut observer quelques effets indésirables après injection, et parfois le vaccin est moins efficace qu’envisagé (cf plus haut).Mais même s’il ne marche qu’un petit peu, comme il touche des millions de personne, il aura tout de même un impact sur le plan économique, car il va diminuer le nombre de cas de grippe, donc le nombre de surinfection bactérienne et ainsi diminuer l’utilisation des antibiotiques. Il faut donc pousser les gens à se faire vacciner.

Les indications pour se faire vacciner contre la grippe sont extrêmement larges.Principales bactéries causant les surinfections grippales : Haemophilus influenzae, S.aureus (diffère du cours de Med0501) S.pneumoniae

En cas d’hospitalisation, pour cause de grippe, il y a aussi des risques d’infections urinaires sur sonde ou bactériémie sur cathéter...>Risques nosocomiaux qui auraient pu être évités sans la grippe

Pendant la grippe espagnole, en 1918, le plus mortel n’a pas été la grippe mais les surinfections survenues ultérieurement à celle-ci.

IV) Vaccination anti-Haemophilus influenzae b

Il y a 20-30 ans, cette bactérie représentait la première cause de méningite chez l’enfant et était aussi retrouvée dans l’épiglottite qui est une complication ORL grave (laryngite bactérienne avec augmentation du volume de l’épiglotte, obstruction des voies respiratoires, traitement difficile nécessitant une trachéotomie…).

Le vaccin contre l’Haemophilus est compris dans le vaccin à 6 valences obligatoires chez l’enfant. Il a permis la disparition des méningites et des épiglottites causées par Haemophilus influenzae de sérogroupe b (pas les autres).

Il faut faire très attention au carnet de vaccination du patient et les pousser à se faire vacciner s’ils ne le sont pas. On ne peut avoir qu’un effet positif en vaccinant une personne, le passé nous a déjà démontré l’efficacité des vaccins (variole...). Mais on doit nous même être convaincu de l’intérêt de la vaccination pour pouvoir convaincre les patients.Pour les gens qui refusent de se faire vacciner et ayant pour excuse « ça modifie le système immunitaire », il peut être bon de leur rappeler qu’ils devraient donc refuser :

Les chimiothérapies La protection contre la rage/tétanos en cas de morsure/griffure Les biothérapies dans les rhumatismes inflammatoires et les MICI

C’est-à-dire la plupart des traitements de la médecine moderne.

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Partie 2 : La Chimio-décontamination (Pr Bajolet)

Mesures complémentaires de l’Antibiothérapie : La Chimio-décontamination

Sur la photo il s’agit d’un Staphylocoque, Cocci à Gram +La chimio-décontamination est beaucoup utilisé pour les infections àS.aureus.

QCM 1 : Quelles sont les propositions vraies concernant Staphylococcus aureus ?A) S.aureus est une bactérie commensale de l’Homme et des mammifèresB) S.aureus est une bactérie pathogène chez l’Homme et les mammifèresC) S.aureus est une bactérie du tube digestifD) S.aureus est une bactérie de la flore cutanéo-muqueuseE) S.aureus est présent chez tous les individus

Réponses : ABDE : Faux, chaque individu a sa propre carte bactérienne

QCM 2 : Quelles sont les propositions vraies concernant Neisseria meningitidis ?A) N.meningitidis est une bactérie commensale de l’Homme et des mammifèresB) N.meningitidis chez l’Homme est dans l’oropharynxC) N.meningitidis est un Cocci à Gram positifD) N.meningitidis est responsable d’infections génitalesE) N.meningitidis est toujours sensible à l’ampicilline

Réponses : BA : Faux, uniquement de l’Homme C : Faux, Cocci à Gram négatifD : Faux, il s’agit de N.gonorrhoeaeE : Faux, extrêmement important à connaître car on a quelques souches résistantes à l’ampicilline et dans une infection neuro-méningée on prend 0 risques pour le patient (on utilise plutôt une C3G)

But de la chimio-décontamination : l’éradication d’une bactérie commensale ou non au niveau de son site de portage au moyen d’antibiotiques ou de topiques locaux.

- Indications :o Bactérie pathogène (ex : Neisseria meningitidis et sujets contact)o Bactérie commensale productrice d’un facteur de virulence (ex : infections cutanées

sévères à S.aureus productrices d’une toxine particulière qui est la toxine de Panton Valentine qui est une leucocidine. Cette toxine fait des trous dans les neutrophiles et donne des infections cutanées très sévères ainsi que des pneumonies chez les enfants)

Décrit sous forme épidémique, d’abord chez des prisonniers, dans des clubs de sportifs et chez les militaires où il y avait un échange des souches clone USA- 300 (penser à demander au laboratoire une recherche de S.aureus productrice d’une leucocidine de Panton Valentine chez un enfant qui fait des infections cutanées récidivantes importantes + mesures à prendre pour la famille)

o Bactérie commensale résistante aux ATB (ex : S.aureus résistant à la méticilline)

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I) Méningocoque

Diplocoque à Gram négatif intracellulaire et extracellulaire.Urgence extrême en maladie infectieuse : Purpura fulminans avec des évolutions dramatiques (nécrose distale des doigts chez cet enfant).

Définition des sujets contacts devant bénéficier d’une antibioprophylaxie dans le cadre des infections invasives à méningocoques :

« Un sujet contact est une personne ayant été exposée directement aux sécrétions rhino- pharyngées d’un cas dans les dix jours précédant son hospitalisation. Il s’agit principalement des personnes qui vivent ou sont gardées sous le même toit que le cas index pendant sa période de contagiosité.

Dans les autres circonstances, l’évaluation du risque doit prendre en compte l’ensemble des critères suivants :

o La proximité : la transmission des sécrétions rhino-pharyngées est facilitée par une distance de moins d’un mètre

o Le type de contact : il s’agit uniquement de contacts en face à faceo La durée : à moins d’un mètre, la probabilité de transmission des sécrétons augmente

avec la durée du contacto Lors d’un contact « bouche à bouche », la durée importe peu ».

Délai de prise en charge des sujets contacts : L’antibioprophylaxie doit être réalisée dans les plus brefs délais, autant que possible dans les 24 à 48 heures suivant le diagnostic, et n’a plus d’intérêt au-delà de 10 jours après le dernier contact avec le cas index pendant sa période contagiosité.

- Schéma de l’antibioprophylaxie et rappel à pratique pour la gestion d’un cas d’infection invasive à méningocoque :

o Rifampicine par voie orale pendant 2 jours (600mg 2x/j) Colore en rouge les sécrétions (urines, larmes, salive) prévenir le patient et lui

dire d’arrêter de porter ses lentilles de contact(Et moyen d’évaluer l’observance du patient)

Diminue l’efficacité des contraceptifs oraux (grossesse non désirée…)o Ciprofloxacine par voie injectable, en dose uniqueo Ceftriaxone par voie injectable, en dose unique (plus compliqué pour la prophylaxie)

Il faut bien dire au patient de surveiller sa clinique car le but est l’éradication d’un portage ORL (si la souche a déjà diffusé, les patients vont faire une infection invasive à méningocoque).

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II) Staphylococcus aureus

Chimio-décontamination de S.aureus : Indications- Staphylococcies cutanées nécrosante/récidivantes

o Clone de SARM (Staphylococcus Aureus Résistant à la Meticilline ou sensible) communautaire ST80/USA300

o Il faut l’évoquer en cas d’échec d’un premier traitement antibiotique et/ou chirurgical pour infection, et en cas de rechute ou récidive

o Elle doit systématiquement associer la décontamination des membres du foyer (pour éviter la recontamination)

o Pour des cas groupés en milieu scolaire, sportif, carcéral ou autre collectivité. La décontamination doit être proposée aux sujets contacts porteurs de SARM communautaires

Anecdote : Coupe du Monde de Rugby, match entre les USA et la Nouvelle Zélande or un rugbyman américain avait une staphylococcie et donc la peur a été qu’il transmette le clone aux autres joueurs qui auraient pu faire une staphylococcie grave/importante toute l’équipe de rugby américaine a été chimio-décontaminée pour le match (qu’ils ont perdu)

- Prévention des infections du site opératoire à S.aureus en chirurgie « propre réglée ». La majorité des infections nosocomiales est originaire des bactéries de la flore patient lui-même. On propose la chimio-décontamination pour S.aureus méticillino-sensible +++ et méticillino- résistant pour :

o Chirurgie cardio-thoraciqueo Chir orthopédique prothétique de hanche et genou

- Patients porteurs de S.aureus résistant à la méticilline (très rare)o Réservé à quelques situations (ex : épidémie non maîtrisée)o Jamais réalisée par la prof (il faut plutôt revoir les mesures barrières mises en place

autour des patients)

Comment réaliser cette chimio-décontamination de S.aureus ?

- Décontamination nasale : Habitat de S.aureus +++ résistant ou pas- Topique local: mupirocine Bactroban® (pommade nasal) ou Mupiderm® (cutané)- Structure : acide pseudomonique ou mupirocine (isolé sur Pseudomonas fluorescens)- Mode d’action et résistance : Inhibition de l’ARN de transfert ; Résistance chromosomique (bas

niveau) ou plasmidique (haut niveau)- Spectre : espèces habituellement Sensibles > 90% pour les souches S.aureus et S.epidermidis- Pharmacocinétique : Hydrolyse cutanée ou muqueuse lente ; il reste encore du produit après

48h- Précautions d’emploi et contre-indications : Survenue de résistance fréquente et rapide- Posologie : 2 à 3 applications/jours sur la fosse nasale antérieure pendant 5 jours

DOIT ETRE ASSOCIEE A UNE DECONTAMINATION CUTANEE +++ Proposer un savon ou un shampoing à base de Chlorhexidine

Est-ce que c’est efficace ?

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Oui, c’est parfaitement prouvé en chirurgie cardiaque et orthopédique. Mais pour les autres chirurgies, il n’y a pas de preuves suffisantes qui montrent qu’il faut le faire (sauf peut-être la chirurgie des gros vaisseaux).

Attention : La chimio-décontamination, et notamment pour S.aureus, est temporaire. Quand on les recontrôle à distance, à 6 mois, ils ont à nouveau leurs souches de S.aureus qui sont apparues.Si elles sont en situation commensale depuis longtemps impossible à retirer (exception pourS.aureus productrices de leucocidine).

III) Chimio-décontamination et autres micro-organismes

Autres situations utilisant des antibiotiques (ex : Microbiote digestif)

Décontamination digestive sélective :- Essai avec Entérobactéries productrices de β-lactamases à spectre étendu échec total - Hémato-oncologie/patients en aplasie (en chimiothérapie, on éradique le clone cancéreux

mais on touche les autres cellules à renouvellement rapide comme les cellules hématopoïétiques. On met donc ces patients en isolement protecteur mais ces patients ont toujours une flore). Problème : ces patients font volontiers des bactériémies à entérobactéries qu’ils ont dans leur tube digestif. Historiquement on surveillait (par coprocultures-dilution) les numérations des entérobactéries et la plupart de patients avaient une chimio- décontamination. De plus en plus de services d’hémato reviennent à ces pratiques même si favorisent antibiorésistance. Mais bénéfice balance/rique entre faire bactériémie a entérobactérie et favoriser antibiorésistance. Controversé en systématique

- Réanimation : prévention des pneumopathies nosocomiales sous ventilation (infections redoutées car les patients ont des dispositifs invasifs : ils sont intubés) controversé

Il y a donc peu de situations ou la chimio-décontamination peut être utile en préventif- Attention lors d’utilisation d’ATB (la moindre dose a un impact sur la flore du patient)- Emergence de souches Résistantes- Impact sur la Résistance (sauf pour l’utilisation de topiques nasaux pour S.aureus)

Annales 2019/2020 :

Question 1 (QRU) : Quelle est la modalité de la chimio-décontamination d’un patient colonisé avec une souche de S.aureus ?

A) Application de pommade à la fucidine au niveau nasal pendant 5 joursB) Application de pommade antiseptique au niveau nasal pendant 5 joursC) Application de pommade à la mupirocine au niveau nasal pendant 5 joursD) Rinçage du nez au sérum physiologique pendant 5 joursE) Inhalation d’antibiotiques pendant 5 jours

Question 2 (QRM) : Quelle(s) est (sont) la (les) chirurgie(s) pour la(les)quelle(s) il est recommandé de réaliser une chimio-décontamination nasale et cutanée en cas de colonisation d’un patient avec S.aureus ?

A) Chirurgie cardiaque

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B) NeurochirurgieC) Chirurgie prothétique réglée de hanche et de genouD) Chirurgie plastiqueE) Chirurgie gynécologique

Question 11 (QRM) : Quelle(s) maladie(s) parmi les suivantes a (ont) pu ou pourrai(en)t être éradiquée(s) par une vaccination universelle de la population mondiale ?

A) VarioleB) GrippeC) RougeoleD) PoliomyéliteE) Leptospirose

Question 12 (QRM) : Parmi les suivantes, quelle(s) vaccination(s) a (ont) pu permettre de réduire la consommation d’antibiotiques ?

A) Prevenar 13®B) Prevenar 7®C) Vaccination contre Haemophilus influenza bD) Vaccination contre la grippe saisonnièreE) Vaccination contre rubéole

Question 13 (QRM) : Parmi les suivants, quel(s) vaccin(s) doit (doivent) être réalisé(s) à 2, 4 et 11 mois de vie ?

A) Pneumo 23®B) Vaccin contre l’Hépatite BC) Vaccin contre la Diphtérie Tétanos PolioD) Vaccin contre la CoquelucheE) Vaccin contre Haemophilus influenza du type b

Correction :

Question 1 : C / Question 2 : AC / Question 11 : ACD / Question 12 : ABCD / Question 13 : BCDE