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RAPPORT FÉVRIER 2018 Mieux accueillir mieux intégrer Propositions pour refonder les politiques en faveur des primo-arrivants en France Réda Didi, président du cercle de réflexion Graines de France et ancien conseiller ministériel en politique de la ville

Mieux accueillir mieux intégrer · en politique de la ville. Propositions pour refonder les politiques en faveur des primo-arrivants en France 1 Synthèse Aujourd’hui, l’intégration

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RAPPORTFÉVRIER 2018

Mieux accueillirmieux intégrerPropositions pour refonder les politiques en faveur des primo-arrivants en France

Réda Didi, président du cercle de réflexionGraines de France et ancien conseiller ministérielen politique de la ville

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Propositions pour refonder les politiques en faveur des primo-arrivants en France

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Synthèse

Aujourd’hui, l’intégration des primo-migrants est un défi majeur et les attentes desFrançais et des Européens sont fortes à cet égard. L’urgence est là, à nos portes,et nécessite des réponses concrètes et rapides. Les Français ont bien comprisque, en raison de l’instabilité politique grandissante des pays d’origine concernéset du changement climatique, le flux migratoire ne se tarira pas. Ce contextepose une question majeure, à la fois politique et démocratique. Au-delà de laquestion de l’immigration, celle de l’identité bouscule aujourd’hui la majorité desgrandes démocraties occidentales.

Nos politiques publiques concernant les primo-arrivants doivent être repenséespour offrir une réponse cohérente aux défis actuels. L’intégration est un processuscomplexe qui nécessite une double volonté : celle, de la part de l’arrivant, des’intégrer, et celle, de la part de la société, de l’accueillir dans les meilleuresconditions. Les principaux vecteurs d’intégration que sont le marché du travail,le logement, l’éducation et la culture doivent être abordés. Il s’agit de dégagerun chemin donnant la possibilité aux primo-arrivants de trouver leur place et des’inscrire dans un parcours de citoyenneté solide, qui repose notamment sur lamaîtrise de la langue et l’assimilation des valeurs républicaines. Il faut accompagnerles signataires du contrat d’intégration républicain pour les aider à apprendre lefrançais, à pénétrer plus facilement le marché de l’emploi et du logement et,enfin, à appréhender les valeurs et la culture de notre pays. Ce parcours faitappel à des politiques publiques transversales qui doivent permettre de mobiliserla plupart des ministères avec un portage politique fort, ancré au plus hautniveau. Il nous faut être capables d’élaborer un discours partagé, avec unemajorité de responsables politiques, pour tenir à l’écart du champ tactique etpoliticien ce sujet fondamental qu’est l’intégration des primo-migrants comme,plus largement, l’immigration. Pour cela, il est nécessaire de défendre despolitiques publiques ambitieuses, à la hauteur du rang de cinquième puissancemondiale que tient notre pays. La réflexion que la Fondation Jean-Jaurès a menéeet l’élaboration de propositions se veulent une première étape dans ce sens.

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Propositions pour refonder les politiques en faveur des primo-arrivants en France

01Créer un ministère de l’Intégration

02Offrir un minimum de 600 heuresd’apprentissage de la langue française pourles non-francophones

03Ouvrir l’école aux parents pour l’appren-tissage de la langue, leur expliquer le moded’emploi de l’école et permettre la réussitescolaire des enfants

Portage politique

04Rendre à nouveau le bilan de compétences obligatoire

Faciliter l’accès des primo-arrivants au marché du travail avec des outils d’évaluation et d’appropriation

05Créer des centres d’hébergement et d’accompagnement

Héberger et accompagner les plus fragiles

06Instaurer l’objectif « un migrant, un parrain »

Impliquer la société civile

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Propositions pour refonder les politiques en faveur des primo-arrivants en France

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07Ouvrir le service national universel auxprimo-arrivants

08Favoriser la participation à la vie de la cité

09Renforcer les associations locales et nationales traitant du sujet de l’intégration des primo-arrivants

11Déconstruire les idées reçues sur la faillite del’intégration

12Créer un Pass Culture

Renforcer le sentiment d’appartenance à la nation

Impliquer la société civile

Déconstruire les imaginaires

10Créer une plateforme qui permette des créer des ponts entre les besoins de la société

Centraliser et donner plus de visibilité à l’information

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Introduction

Très ancien pays d’immigration, la France a connu,depuis le XIXe siècle, de nombreuses vagues d’affluxde populations. Aujourd’hui encore, le paysagemigratoire évolue et s’est considérablement diversifié.C’est pourquoi il est important de présenter unevision collective sur cet enjeu, chevillé à la Franceet aux Français par l’histoire.

En septembre 2017, le Premier ministre ÉdouardPhilippe a chargé Aurélien Taché, député du Val-d’Oise, d’une mission sur la refonte de la politiqued’intégration. Afin d’accompagner cette démarche,la Fondation Jean-Jaurès, associée à la FondationFriedrich-Ebert, a organisé un séminaire de réflexion1

qui a procédé à une approche comparative despolitiques française et allemande d’intégration desprimo-arrivants. Rappelons que le terme « primo-arrivants » désigne les étrangers détenteurs d’un droitde séjour et signataires d’un contrat d’intégrationrépublicaine (CIR). Ces étrangers sont considéréscomme des primo-arrivants durant les cinqpremières années de leur présence en France.

Nous aborderons ici le marché du travail, lelogement, l’éducation et la culture, principauxvecteurs d’intégration, afin de trouver des pistespermettant aux primo-arrivants de trouver leur placeet de s’inscrire dans un parcours de citoyennetésolide, reposant sur la maîtrise de la langue etl’assimilation des valeurs républicaines.

Le rapport Tuot sur la refondation des politiquesd’intégration du 1er février 2013, le dernier remis augouvernement sur ce sujet, offre certes uneapproche plus large que la présente réflexion. Denotre côté, nous avons souhaité présenter despropositions concrètes pour permettre la refonte despolitiques publiques. À cette fin, nous nous sommesappuyés sur les éléments apportés par les expertsqui ont activement participé au séminaire dont est

issu notre rapport, sur des entretiens menés avecdes chercheurs et des praticiens ainsi que sur desvisites de terrain. Nous débuterons par un état deslieux en France, puis évoquerons les politiquespubliques en matière de travail, de logement,d’éducation, d’intégration, et la participationpolitique des primo-arrivants. In fine, nousdégagerons des pistes pour la refonte de nospolitiques d’intégration de ces populations.

Une politique d’intégrationfrançaise insuffisante et malperçue

Les grandes lignes de la politiqued’intégration en France

L’immigration, une tradition françaiseLa France est un vieux pays d’immigration.L’évolution de sa démographie, son besoin de main-d’œuvre, notamment dans ses industries, ont, au fildes années, accentué ce mouvement pour le rendreplus aigu à certaines périodes de son histoire.Longtemps, l’intégration sociale s’est accomplie parl’accès au travail. Dans la dynamique de croissanceet d’emploi des années 1950 à 1980, le simple faitd’occuper un emploi était en effet un signed’intégration. C’est pourquoi la question de lamaîtrise de la langue n’apparaissait pas comme unaspect essentiel pour cette intégration. Ce fut le casdurant plusieurs vagues d’immigration, dont lesindividus furent très présents sur les chantiers duBTP. Après vingt ou trente ans en France, ils avaienttoujours du mal à maîtriser la langue française, sansque cela affecte particulièrement leur intégration.L’entreprise était un lieu d’intégration sociale et departicipation à la vie de l’entreprise. C’était aussi unlieu d’apprentissage des codes sociaux.

1. Ce séminaire intitulé « La refonte de la politique d’intégration des primo-arrivants : analyse des modèles français et allemand » a été organisé parla Fondation Jean-Jaurès et Fondation Friedrich-Ebert le 13 novembre 2017.

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Propositions pour refonder les politiques en faveur des primo-arrivants en France

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Une politique d’intégration des primo-arrivantsnécessaire mais discontinue Jusqu’en 1976, il existe une idée commune,incarnée par la notion de « mythe du retour ». Ils’agit de la conviction selon laquelle les immigrés, àl’issue de leur contrat de travail, repartiraient dansleur pays d’origine. Cette idée d’une présencetemporaire sans projet d’installation dans le paysd’accueil, partagée par les décideurs politiques etpar les immigrés eux-mêmes, a conduit à uneabsence de politique d’intégration en France.

Une prise de conscience émerge en 1976, avec lapolitique du regroupement familial, mise en placepour compenser l’arrêt de la politique d’immigrationdu travail de 1974. Cette décision conduit à uneaugmentation du nombre d’immigrés présents surle territoire français.

À partir de 1981, une nouvelle politiqued’intégration voit le jour. Après la valorisation deslangues et des cultures d’origine sous le septennatdu président Valéry Giscard d’Estaing, politiqueincarnée par l’Office national de promotionculturelle des immigrés (ONPCI), par exemple, unepolitique plus ambitieuse en matière d’intégrationest menée sous la présidence de FrançoisMitterrand, via notamment la mise en place du titrede séjour et de travail, avec l’objectif de faciliter laliberté d’installation et la mobilité pour la recherched’un emploi et d’un logement. Ce dispositif est actifà partir de 1984. Les questions d’intégration desimmigrés sont associées aux questions de lapolitique de la ville, comme le déclare FrançoisAutain, secrétaire d’État chargé des immigrés dejuin 1981 à mars 19831. Des zones d’éducationprioritaires (ZEP), notamment, sont mises en placeafin de lutter contre l’échec scolaire et laghettoïsation, en allouant davantage de moyens àcertaines zones défavorisées.

Il faut également signaler l’action de Michel Rocard,Premier ministre de François Mitterrand de 1988 à1991, qui porte politiquement et positivement le

sujet de l’intégration. Il crée le Haut Conseil àl’intégration en 1989 et met en place un comitéinterministériel animé par un secrétaire général àl’Intégration, également président du Fonds d’actionsociale. Avec la circulaire du 10 avril 1991 relativeaux contrats d’agglomération (la circulaire du 10 avril1991 relative aux contrats d’agglomération)2, legouvernement affirme sa volonté de se servir de lapolitique de la ville pour intégrer davantage lesimmigrés.

Malheureusement, entre 1991 et 1997, plusieurssecrétaires d’État chargés de cette question sesuccèdent, nuisant à la cohérence politique. À partirde 2000, les politiques d’intégration tendent à serecentrer sur des missions d’accueil avec lesparcours d’intégration. Jean-Louis Borloo, ministredélégué à la Ville et à la Rénovation urbaine de 2002à 2004, met en place l’Agence nationale de l’accueildes étrangers et des migrations (ANAEM) et lecontrat d’accueil et d’intégration (CAI) en 2007. Ilinstitue également la Haute Autorité de lutte contreles discriminations et pour l’égalité (Halde). Enfin,il crée la Cité nationale de l’histoire de l’immigration(CNHI). La politique de Jean-Louis Borloo s’inscritdans une volonté de donner une image plus juste etpositive de l’immigration, assise sur un portagepolitique fort et ambitieux.

Ensuite se succèdent des lois qui viennent réduireles droits des immigrés en matière de naturalisation,tout en renforçant leurs conditions d’accueil. Ainsi,sous le mandat du président Nicolas Sarkozy est misen place un ministère de l’Immigration, del’Intégration, de l’Identité nationale et du Dévelop-pement solidaire, à l’origine du CAI (contratd’accueil et d’intégration). Son efficacité estdiscutable, tant en raison de la qualité insuffisantede la formation proposée que du fait de la difficultéaccrue à s’installer de façon légale dans le pays quien a résulté. La mandature du président suivant,François Hollande, ne témoigne pas d’une réellevolonté de changer d’approche sur la question. Ilfaut cependant noter qu’en 2016, la France connaît

1. « Immigration et intégration », portail Vie-publique.fr, dossier mis à jour le 12 avril 2016. 2. « Immigration et intégration », portail Vie-publique.fr, dossier mis à jour le 12 avril 2016.

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une évolution de la législation concernant les primo-migrants sur quatre axes :– le remplacement du contrat d’accueil et

d’intégration par le contrat d’intégrationrépublicaine (CIR),

– l’augmentation des moyens alloués àl’apprentissage du français,

– la création d’un titre de séjour pluriannuel de deuxà quatre ans,

– « le passeport talent » pour les personneshautement qualifiées et leurs familles.

En 2016, d’après le rapport annuel de l’Officefrançais, on dénombre 106 282 contrats d’intégrationrépublicaine1. Il n’en demeure pas moins qu’uneréelle politique d’intégration se fait attendre. Durantcette décennie, la carence de la France dans cedomaine est soulignée par différents rapports : celuidu Haut Conseil à l’intégration en 2011, le rapportTuot en 20132. Nous devons donc nous questionnersur les conditions d’accueil des migrants et surl’acceptation par nos concitoyens de ces conditionspour pouvoir construire des outils pertinents,efficaces et acceptés par une majorité de notrepopulation.

État de l’opinion française sur l’immigration et l’intégration

En octobre 2017, l’Ifop a réalisé en France et enAllemagne une enquête d’opinion pour le comptede la Fondation Jean-Jaurès et de la FondationFriedrich-Ebert3. Elle porte sur la perception de lacrise migratoire par les différentes opinionspubliques européennes. Voici les principauxenseignements qu’elle nous apporte.– De manière croissante s’installe dans les opinions

publiques européennes l’idée que nous sommespassés d’une crise migratoire ponctuelle à unphénomène récurrent et structurant, ce qui crée

des attentes différentes en termes de politiquespubliques. En France, la proportion de personnesqui estiment que cette crise va durer plus de troisou quatre ans a doublé, passant de 29 à 56 %entre 2013 et 2017.

– Les opinions françaises et européennes tablentmajoritairement sur une installation définitive desprimo-arrivants dans leurs pays d’accueil. 60 % denos concitoyens estiment que les personnes quisont arrivées en France vont s’y installer et y faireleur vie, contre 26 % qui estiment qu’il s’agit d’unséjour provisoire et que les migrants vont à termerepartir dans leur propre pays. Cela nous confirmedans l’idée que nos concitoyens souhaitentvivement une réforme urgente des politiquespubliques concernant les primo-arrivants.

– 71 % de nos concitoyens estiment que lespersonnes issues de l’immigration sont malintégrées dans la société française. Ils invoquentdeux facteurs explicatifs. Soit la société françaisen’a pas fait le nécessaire et ne s’est pas montréesuffisamment accueillante ; soit la responsabilitéde cette non-intégration incombe à ces migrants.46 % des personnes sondées estiment que l’échecde l’intégration en France repose sur le refus des’intégrer des immigrés et 45 % constatent unfossé important du fait des différences culturelleset religieuses. Cette étude d’opinion vientconfirmer des tendances déjà anciennes,confortées par un climat délétère depuis 2012suite à l’élection présidentielle – ainsi que le thinktank Graines de France l’a analysé dans sonrapport « Altérité racisme et xénophobie dans lescampagnes présidentielles et législatives de 2012 »publié en 2012 – et par la vague d’attentatsterroristes. Cependant, une analyse des donnéesdisponibles montre une complexité des situationset laisse entrevoir des perspectives encourageantes.

Le glissement de la vision de la société françaisesur les migrants se révèle également par la

1. Office français de l’immigration et de l’intégration, Rapport d’activité 2016, mars 2017.2. Haut Conseil à l’intégration, La France sait-elle encore intégrer les immigrés ? Les élus issus de l’immigration dans les conseils régionaux (2004-2010), avril2011 ; Thierry Tuot, La grande nation dans une société inclusive. Rapport au Premier ministre sur la refonte des politiques d’intégration, 1er février 2013.3. Jérôme Fourquet, « Les Européens et l’immigration : perceptions des flux et représentations en France », Fondation Jean-Jaurès, Fondation Friedrich-Ebert, 12 octobre 2017.

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sémantique. Au cours du XXe siècle, on a parléusuellement de « travailleurs immigrés », ce quiprésentait la venue en France sous un jourvalorisant, la société ayant un intérêt collectif à sereconstruire. Le vocabulaire actuel a abandonnécette notion de travail. On dit simplement « lemigrant », laissant poindre l’idée qu’il est davantageune charge qu’une chance pour la France.

Il apparaît que la vision négative de la société surles migrants révélée par cette enquête a principale-ment pour causes l’absence de réelle politique surle sujet, l’immigré pouvant servir de bouc émissairepour partie des politiques, et le manque de moyensmis en œuvre en France par comparaison avecd’autres pays, et notamment l’Allemagne. Pourquois’intéresser à l’Allemagne ? Tout d’abord, il esttoujours éclairant d’apprendre des politiques misesen œuvre dans les autres pays. Or le modèleallemand est, par bien des aspects, différent dumodèle français. De plus, vient d’être installé ennovembre 2017 le Conseil franco-allemand del’intégration. Enfin, le couple franco-allemand,moteur de l’Europe, a la volonté d’accroître sesconvergences en matière de politique d’intégration.

Comparaison avec l’Europe : focus surl’Allemagne

Si la France a adopté le droit du sol inspiré de l’idéede nation selon Renan dès 1889, alors quel’Allemagne a institué en 1913 le droit du sangréformé en 2000 – à présent la citoyenneté reposesur le droit du sol –, ces deux pays européens sontceux qui accueillent le plus d’immigrés. Une volontéde construction européenne, de faire face auxnouveaux défis migratoires, de répondre au besoin detravailleurs pour pallier le vieillissement de la popula-tion, a fini par atténuer les différences pour laisserplace à une convergence des politiques migratoires.Les problématiques liées au marché du travail et àla maîtrise de la langue et les interrogations sur uneintégration réussie entre assimilation et multicultu-

ralisme dans un contexte de mondialisationviennent renforcer les convergences. Cependant,l’Allemagne, par son engagement et sa politiqued’ouverture, consacrés notamment par lachancelière Angela Merkel en août 2015, s’estdémarquée de la France. D’après les chiffres del’Organisation de coopération et de développementéconomique (OCDE) relatifs à l’année 2015, et entenant compte des migrations familiales, de cellesdes travailleurs saisonniers et temporaires, desétudiants étrangers, des demandeurs d’asile et desréfugiés, la France a accueilli 256 500 migrants,contre 686 000 pour l’Allemagne1.

Il faut confronter ces chiffres avec l’état de l’opiniondans chacun de ces deux pays. En Allemagne, laproportion de ceux qui pensent que les migrantsrepartiront est un peu plus importante qu’en France– 55 % des Français estimant qu’il s’agit d’uneimmigration de long terme ou définitive2. Lesentiment d’un devoir d’accueil des migrants fuyantla guerre et la misère est très nettement supérieuren Allemagne, avec 75 %, qu’en France et en Grande-Bretagne, où il se situe aux alentours de 55 %. Celapeut s’expliquer par un facteur historique. À partirde 1933, le régime politique nazi a conduit plus d’undemi-million d’Allemands à s’exiler. Cette mémoire,encore vivante, se retrouve dans les réponses. Enrevanche, on note des évolutions sur la capacitéd’intégration. En Allemagne, l’idée selon laquelle« notre pays compte déjà beaucoup d’étrangers oude personnes d’origine étrangère, et accueillir desimmigrés supplémentaires n’est pas possible » étaitpartagée par 33 % des sondés en septembre 2015contre 49 % aujourd’hui, le décrochage s’étantproduit dès le mois d’octobre 2015. La mêmebascule s’est opérée sur la question de la capacitéd’intégration économique. À la question « Est-ceque cette arrivée de nouveaux habitants va être uneopportunité ou pas pour l’économie du pays ? », 55 %des Allemands répondent par l’affirmative au débutde la crise migratoire. Ils ne sont plus que 46 %fin 2017.

1. Organisation de cooperation et de developpement economique, Perspectives des migrations internationales 2016, Editions OCDE, 2016.2. Les chiffres qui suivent sont issus de l’enquête de la Fondation Jean-Jaurès et la Fondation Friedrich Ebert analysée dans la note suivante : JérômeFourquet, Les Européens et l’immigration : perception des flux et représentations de l’immigration, 12 octobre 2017.

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En réponse à la question « Face à cela, quellespourraient être les pistes auxquelles les Françaispensent ? » présentée avec des choix multiples, onconstate une très forte demande de mise en placede dispositifs pour apprendre la langue, qui culmineà 44 % (intégration par la langue). Nous retrouvonsla même proportion s’agissant de l’intégration par laculture. La voie d’une meilleure reconnaissance desdiplômes étrangers arrive en troisième position. Il estlogique que la question de la langue et de la culturearrive en première position puisque les personnesinterrogées estiment que ces populations ontvocation à faire leur vie dans notre pays. En Francecomme en Allemagne, plus on est diplômé ou pluson appartient aux catégories sociales supérieures– cadres et professions intellectuelles –, plus on estbienveillant et ouvert à l’immigration. Les milieuxpopulaires et les personnes les moins diplômées semontrent beaucoup plus sceptiques ou opposés.

À travers les quelques chiffres que nous venons deprésenter, on voit que cette question du rapport àl’immigration et de la capacité à accueilliréconomiquement ou à intégrer socialement met enlumière des fractures éducatives ou culturelles,mais aussi sociales. Cette ligne de fracture, nous laretrouvons bien évidemment dans toutes lesdémocraties occidentales. Elle s’est illustrée enAngleterre par le Brexit et aux États-Unis parl’élection de Donald Trump.

Au final, on constate un réel différentiel desopinions entre la France et Allemagne. Celas’explique en partie par le fait que l’Allemagne mènedes politiques publiques affirmées, portéespolitiquement, accompagnées de moyens à lahauteur des enjeux, contrairement à la France.Cette dernière a une vision défaitiste de l’intégration– 71 % de nos concitoyens estiment que lespersonnes issues de l’immigration sont mal intégréesdans la société française –, sans réel portagepolitique, et met en œuvre des moyens insuffisants.Durant ces vingt dernières années, cela a conduit àdes différences d’acceptation par le public.L’installation du Conseil franco-allemand del’intégration doit être un outil de convergence despolitiques publiques en la matière au travers desprincipaux vecteurs d’intégration que sont le marché

du travail, le logement, l’éducation et la culture. Cespolitiques doivent aider les primo-arrivants à trouverleur place et à s’inscrire dans un parcours decitoyenneté solide, reposant sur la maîtrise de lalangue et l’assimilation des valeurs républicaines.

Les politiques publiquesd’intégration

L’intégration par le marché du travail et la formation professionnelle

Pour l’entreprise, les primo-arrivants peuvent êtreune source de recrutement sur des marchés entension, lui permettant de trouver des collaborateursplus compétents ou de répondre aux besoins d’unmarché mondialisé qui nécessite des équipesdiverses et multiculturelles. Elle peut ainsidemeurer compétitive et conquérir de nouveauxmarchés à l’international. Sur cette question précisede l’intégration des primo-arrivants par le marchédu travail et la formation professionnelle, nouspouvons établir deux constats.– Malgré un fort taux de chômage, des pans entiers

de l’économie française – bâtiment et travauxpublics, construction, commerce et industrie –manquent de main-d’œuvre (en raisonnotamment par la montée du niveau dequalification générale).

– Il faut penser sur la durée la manière dont on peutvaloriser les compétences que les personnes ontacquises ou peuvent acquérir pour être utiles àl’ensemble de la société française.

Il nous faut revoir les politiques de formationprofessionnelle en France, les acteurs (financeurs,opérateurs), le financement, les principauxdispositifs et les questions de gouvernance tripartitetripartite (État, régions et partenaires sociaux).L’État est le premier opérateur de la formationprofessionnelle avec l’Éducation nationale. Lesenjeux de la formation professionnelle pour lesprimo-arrivants se situent au niveau de l’accès àcette formation. On constate globalement une

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inefficacité de l’offre, de la gestion et du ciblage despublics fragiles, encore trop peu pris en compte.

L’intégration par le logement

Un élément important du parcours d’intégration estle logement, quelle que soit la cause de la migration.Il s’agit en effet du point de départ de lascolarisation des enfants, de la formation, del’emploi et, plus largement, de l’intégration dans laville. La situation actuelle en France est à cet égardtrès différente de celle de l’Allemagne. Notrepolitique globale est beaucoup plus décentrali-satrice que celle de notre voisin, pays fédéral qui ales moyens de maintenir les personnes dans un lieudéterminé durant plusieurs années, ce qui favoriseleur intégration.

En France, 8,6 millions de personnes vivaient dansun logement surpeuplé en 2013, selon le23e rapport annuel sur le mal-logement publié parla Fondation Abbé Pierre. Le système d’entraideaccumule de la pauvreté et crée des zones deconcentration du nombre de migrants ou depersonnes en situation difficile, accentuant lesentiment que l’intégration est problématique.Malheureusement, ces vingt dernières années, onconstate une fermeture de l’attribution des logementsau détriment des migrants. Cependant, plusieursinitiatives intéressantes existent en France. Elles sontdécrites dans le 22e rapport de la Fondation Abbé-Pierre. En voici quelques exemples.

• Mobiliser le parc privéHabitat et Humanisme, qui mobilise chaqueannee 500 nouveaux logements aupres deproprietaires solidaires, a lance en septembre2015 un appel specifique visant la mise adisposition, au benefice de refugies, delogements issus du parc prive, en sous-location.Les logements sont mis a disposition auminimum 12 mois et le proprietaire consent unabandon de loyer pour 6 mois minimum. Enechange, Habitat et Humanisme prend encharge l’ensemble des couts et assure, en lienavec ses partenaires associatifs, l’accompagne-ment des menages. A la fin de la periode

d’occupation du logement, un bail glissant peutetre propose au menage, qui devient alorslocataire en titre. Dans le cas contraire, Habitatet Humanisme l’accompagne dans sesdemarches de relogement. Pour renforcer cetype d’initiatives, une aide complementaire de1 000 euros au conventionnement ANAH a etemise en place par le gouvernement au beneficedes bailleurs volontaires.

• Mobiliser le parc socialUne plateforme nationale pour le logement desrefugies a ete mise en place, sous le pilotage dela DIHAL (Délégation interministérielle àl’hébergement et à l’accès au logement), en vuede faciliter la mobilisation de logements (issusdu parc prive ou social) dans des zonesdetendues au benefice de refugies. Entre fin2015 et mi-2016, ce sont pres de 1 000 refugiesqui en auraient beneficie, pour un objectif de 3000 logements a mobiliser d’ici mi-2017. Cetteplateforme pourrait assurer un processus fluided’acces au logement pour les personnes, enjouant un role d’interface entre l’offre et lademande. Son efficacite est cependant limitee,notamment par l’inadequation entre la typologiedes logements mis a disposition (majoritairementdes logements de type familial) et le profil desrefugies (essentiellement des hommes isoles).D’autre part, les dysfonctionnements et lalenteur du mecanisme europeen derelocalisation, visant a repartir les demandeursd’asile dans les differents Etats europeens, ontretarde l’arrivee de nombreux refugies, laissantdes logements mis a disposition inoccupes, aurisque de demobiliser les bonnes volontes.L’exemple de Pontivy, en Bretagne, temoigne despossibilites de mobilisation du parc social, memeau benefice de familles deboutees de leurdemande d’asile. Le projet consiste a louer unlogement social au nom du centre communald’action sociale de Pontivy et a le mettre adisposition d’une famille deboutee de l’asile ensous-location. Les couts sont pris en charge pardifferents partenaires, tandis que le menageparticipe a hauteur de 10 % de ses ressources.Celui-ci beneficie d’un accompagnementrenforce par le Reseau éducation sans frontieres

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et le Secours catholique, avec le soutien de laFondation Abbe-Pierre.

• Faciliter l’intégration des réfugiés statutairesDans le Rhone, Forum refugies a mis en placedes 2002 le programme Accelair, qui visel’integration des refugies via l’emploi et lelogement. Un accord collectif departementald’attribution a ete conclu avec les bailleurssociaux. Les menages beneficient d’unaccompagnement renforce pour l’acces et lemaintien dans le logement. Fort de plusieursannees de fonctionnement, la methodologie duprogramme peut aujourd’hui etre « transferee »dans d’autres departements, avec l’aide de Forumrefugies. Les partenaires du programme mettenten avant ses points forts : fixation concertee desobjectifs quantitatifs, accompagnement desmenages, interface entre menages et bailleurs,sensibilisation et formation des bailleurs. Ilsregrettent cependant l’absence de certainesinstitutions, en particulier les mairies. Depuis samise en place, le programme a permis lerelogement de 7 388 personnes, avec 2 643 bauxsignes. L’association cherche desormais a elargirson offre grace a la mobilisation du parc prive,l’hebergement provisoire chez des particuliers etla colocation1.

L’intégration par l’éducation, les valeurs, la culture et la citoyenneté

Le rapport de l’OCDE2 de 2016 indique :L’integration est un processus qui s’inscrit dansla duree. A leur arrivee dans le pays dedestination, les migrants peuvent se heurter ades difficultes considerables, qui risquentnotamment de compromettre leur reussite sur lemarche du travail. Toutefois, ils s’adaptent avecle temps a leur pays d’accueil de multiplesmanieres : en ameliorant leur maitrise de la

langue du pays, en acquerant des qualificationsou une experience professionnelle nationale, enapprenant a s’orienter sur le marche du travaillocal et en etablissant des contacts. A terme, denombreux migrants parviennent ainsi a trouverun emploi, ou a occuper des postes quicorrespondent mieux a leurs qualifications etcompetences. L’integration sur le marche dutravail peut considerablement favoriser lareussite de l’integration en general.

L’éducationNous traiterons ici principalement du primaire etdu secondaire, et donc des élèves que l’on appelait« primo-arrivants » et que l’on désigne aujourd’huisous le vocable d’« élèves allophones nouvellementarrivés ».

Nous ferons plusieurs remarques.– En 2014-2015, on dénombre 52 500 élèvesallophones, qui représentent un peu plus de 0,5 %des effectifs globaux des élèves accueillis dansl’Éducation nationale, ayant intégré plus de 9 000établissements scolaires3. Le primaire et le collègesont les établissements les plus représentés, ce quisignifie que ces élèves arrivent plutôt jeunes. Il fautajouter à cela les élèves pris en charge dans desstructures de décrochage scolaire du fait de leursdéficits linguistiques. 88 % des élèves allophonesbénéficient d’un soutien linguistique ou d’unescolarité dans un dispositif spécifique, les autressuivant une scolarité classique4.– Les académies d’Île-de-France – Paris, Créteil,

Versailles – accueillent plus d’un tiers des primo-arrivants. Vienne ensuite les académies degrandes métropoles comme Lyon, Grenoble, lepourtour méditerranéen, et enfin l’Alsace et laLorraine. Dans le cadre de l’intégration scolaire,chaque rectorat est doté d’un centre académiquepour la scolarisation des élèves allophonesnouvellement arrivés (CASNAV).

– Il faut évoquer l’opération « Ouvrir l’école aux

1. L’État du mal-logement en France. 22e rapport de la Fondation Abbé-Pierre, 2017, pp. 101-102.2. Organisation de cooperation et de developpement economique, Perspectives des migrations internationales 2016, Editions OCDE, 2016.3. Juliette Robin et Mustapha Touahir, « Année scolaire 2014-2015 : 52 500 élèves allophones scolarisés dont 15 300 l'étaient déjà l'année précédente »,Note d’information n°35, Direction de l’évaluation, note d’information de la prospective et de la performance, Éducation nationale, octobre 2015.4. Ibidem.

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Propositions pour refonder les politiques en faveur des primo-arrivants en France

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parents pour la réussite des enfants » (OEPRE),qui s’adresse aux parents ayant les mêmesdifficultés linguistiques que leurs enfants. Cedispositif a été créé en 2008 à titre expérimental.Dès 2011, plus de 70 départements en ontbénéficié (soit près de 500 établissementsscolaires, surtout des écoles et des collèges)1. Lesobjectifs sont l’apprentissage de la langue, desvaleurs de la République, et leur mise en œuvredans la société française.

Deux limites sont à signaler. La première tient aufait que certaines académies sont dépourvues destructures d’accueil spécifiques pour les élèvesallophones. Les enseignants ne sont pas assezformés sur la question parce que les sessions sontbeaucoup trop courtes et reposent sur le volontariat.Adapter sa pédagogie à des élèves dont le niveau delangue est inégal s’avère difficile. Il faut travaillersur la formation des enseignants. La seconde limiteest liée au fait que trop peu de parents sontaccueillis dans les opérations OEPRE, même siun nombre croissant y participent. On notera que88 % de ces parents sont des femmes2. Le dispositifreste méconnu, notamment en raison d’un défautde liens entre le monde de l’école et les associations,centres sociaux… C’est regrettable dans la mesureoù les expérimentations donnent des résultats trèssatisfaisants3.

Valeurs et cultureDans l’opinion publique, l’image du migrant estdevenue négative. Tout d’abord, on remarque uneperte de confiance générale dans les institutionspolitiques et médiatiques. Aux yeux des Français, lamachine à intégrer ne fonctionne plus. Pourremédier à cela, il faut remettre en évidence ce quenous avons tous en commun, ce qui impliqueparfois de ne plus célébrer la diversité, ou de lacélébrer autrement. La diversité est un bonmarqueur. Plusieurs enquêtes, notamment l’étude« Trajectoires et Origines » (TeO) de l’Ined, montrentqu’elle est très fortement acceptée par certains

segments. Elle est en revanche rejetée massivementpar un milieu ambivalent, sans parler des électeursdu Front. Il faudrait réussir à combiner unimaginaire collectif qu’on remettrait en marche, d’unecertaine façon, avec une nouvelle expérience du« nous », en recherchant des points de convergencedans la société entre des populations séparées ; enmettant l’accent sur le commun.

Le parrainage pour pénétrer le marché du travail,l’implication bénévole dans les structuresassociatives, le contact avec les différents servicespublics sont des voies à explorer. Il faut comprendrece que veulent ces nouveaux arrivants et, surtout,être plus explicite sur ce qu’attend d’eux notre pays.Il faut réfléchir à des cérémonies de citoyenneté,des rituels, qui peuvent être, pour la suite duparcours d’intégration, des symboles puissants etmarquants.

À cet égard, le rôle de la culture est indispensable.Il s’agit de permettre aux primo-arrivants des’imprégner de notre culture et de pouvoir partagerla leur. Une réflexion doit être menée pour un accèsplus facile à nos lieux de culture. Le Pass Cultureest une idée à explorer.

Participation citoyenneL’idée serait que chaque primo-arrivant puissetrouver sa place dans les organisations de ladémocratie représentative (partis, institutions), afinde renforcer son sentiment d’appartenance au payset, de ce fait, d’être mieux intégré. Il faut permettreaux primo-arrivants d’appartenir à une communautéd’intérêts et de vie commune, à la communautélocale, et non aux seules communautés ethnique etreligieuse. Ils doivent pouvoir participer auxmobilisations, afin d’améliorer leurs conditions devie au quotidien, tout en élargissant leurscommunautés d’appartenance. C’est par des actionscollectives, la participation aux associations, auxsyndicats collectifs, etc., qu’ils peuvent éviter l’entre-soi culturel dont on les accuse régulièrement.

1. « Ouvrir l'école aux parents pour la réussite des enfants », portail éduscol, ministère de l’Éducation nationale.2. Ibidem.3. Ibidem.

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Mieux accueillir, mieux intégrer

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La mobilisation à partir de leur quotidien permetégalement aux primo-arrivants de comprendre quele politique est source de changement. Ils doiventavoir les moyens du jeu démocratique, même s’ilsn’ont pas le droit de vote. Il faut leur permettre defaire entendre leurs demandes auprès de leursreprésentants. De plus, le capital social est unélément fondamental que les primo-arrivantsdoivent absolument reconstituer. À défaut, cettesituation, conjuguée à leurs difficultés économiqueset sociales spécifiques, pourrait avoir des consé-quences graves, comme la perte de confiance dansles institutions et le repli de certains groupes sociauxou communautaires sur eux-mêmes. Les consé-quences négatives ne concernent d’ailleurs pas lesseuls migrants : c’est la cohésion de l’ensemble de lasociété qui pourrait se trouver menacée. Dans cecontexte, les conseils citoyens et les conseils dequartiers, présentés par l’État comme de nouveauxoutils de participation des populations des quartiers,pourraient permettre aux primo-migrants de faireleurs premiers pas dans le système démocratiquefrançais.

Conclusion

En mars 2017, lors de la campagne présidentielle,Emmanuel Macron répondait à la Cimade sur laquestion de la politique migratoire :

Contrairement à ce que certains disent, nous nesommes pas aujourd’hui confrontés à une vagued’immigration. [...] Le sujet de l’immigration nedevrait donc pas inquiéter la populationfrançaise. [...] Nous ne devons pas mentir à nosconcitoyens : l’immigration n’est pas quelquechose dont nous pourrions nous départir. Desurcroît, l’immigration se révèle une chance d’un

point économique, culturel, social. Dans toutesles théories de la croissance, elle fait partie desdéterminants positifs. Mais à condition de savoirla prendre en charge. Quand on sait les intégrer,les former, les femmes et les hommesrenouvellent notre société, lui donnent uneimpulsion nouvelle, des élans d’inventivité,d’innovation1.

Ces propos constituent une parfaite introduction àla conclusion que nous souhaitons apporter à cerapport. L’immigration peut se révéler une véritableforce pour la France, à condition que les migrantssoient correctement accueillis, dans des conditionsqui permettent à chacun de donner le meilleur delui-même. Pour une intégration efficace etpertinente des primo-arrivants, nous avons deuxdéfis majeurs à relever.D’une part, il nous faut ressouder le lien social parune reconquête des imaginaires français et unerevalorisation de notre modèle social global. Àtravers les concepts d’égalité, de fraternité, delaïcité, de République, la France peut trouver enelle les moyens d’y parvenir, pour autant que cesconcepts soient abordés selon une approcheuniversaliste, sans être pris en otage par un groupesocial contre un autre. Les responsables politiquesdoivent défendre cette approche par un discoursplacé hors du champ tactique et des viséespoliticiennes. D’autre part, l’intégration des primo-arrivants ne peut être dissociée de l’intégration desautres vagues d’immigration. Comment croire quel’on peut réussir l’intégration des primo-arrivants siles deuxième et troisième générations del’immigration d’après-guerre portent encore desrevendications extrêmement fortes ? Dès lors quenous en appelons à la contribution de tous nosconcitoyens, l’intégration des primo-arrivants nepeut s’accomplir efficacement si une partie de cesconcitoyens se vit hors de la nation.

1. « Migrants, politique migratoire et intégration : le constat d’Emmanuel Macron », Réforme, 1er mai 2017.

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Propositions pour refonder les politiques en faveur des primo-arrivants en France

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Portage politique

Proposition 1 : créer un ministère de l’Intégration Ce ministère serait détaché du ministère del’Intérieur, ce qui lui permettrait de rester à l’écartdu champ tactique et politicien. Il aurait en charge,de manière transversale, l’ensemble des questionsrelatives à l’intégration des primo-arrivants. Leparcours d’intégration fait appel à des domainestransversaux, et c’est pourquoi ce ministère ne peutêtre géré de façon efficace que sous l’autorité etl’arbitrage du Premier ministre. C’est ce que nousavons démontré dans ce rapport : une intégrationréussie s’appuie sur une politique d’apprentissagede la langue, d’accès au logement, au travail, et surla participation des primo-arrivants à la vie dela cité.La création de ce ministère s’accompagnerait decelle d’un conseil indépendant composé d’acteursassociatifs, de chercheurs, de représentants et despécialistes aptes à évaluer la politique d’intégrationdes primo-migrants et à communiquer à son sujet.Il serait dirigé par un membre de la société civileavec un mandat d’un an. Idéalement, un centre deressources, outil de la politique d’intégration,compléterait ce dispositif. Ses membres seraientparitairement des responsables associatifs,administratifs, et des élus.

Crédit personnalisé : les propositions 2, 3 et4 doivent être pensées comme un droit detirage pour chaque primo-arrivant selon sesbesoins durant ses cinq premières années enFrance.

Augmenter de façon significative les moyenset élargir le public pour l’apprentissage de lalangue française

Proposition 2 : offrir un minimum de 600 heures d’apprentissage de la langue française aux non-francophonesL’apprentissage de la langue est le principal vecteurd’intégration. Sa maîtrise est une clé pour accéderà l’emploi, à la formation, aux administrations, à laculture et à la vie de la cité. Aujourd’hui, enAllemagne, 600 heures sont consacrées àl’apprentissage de la langue. En France, seulement200 heures pour un cinquième des personnesreçues par l’Office français de l’immigration et del’intégration sont prévues pour cet apprentissage, cequi est fortement insuffisant. Le quota d’heuresattribué doit être ajusté au niveau de français duprimo-arrivant et être étalé dans le temps selon sesbesoins.

Proposition 3 : ouvrir l’école aux parentspour l’apprentissage de la langue, leurexpliquer le mode d’emploi de l’école etpermettre la réussite scolaire des enfantsL’opération « Ouvrir l’école aux parents pour laréussite des enfants » (OEPRE) s’adresse auxparents d’enfants allophones, souvent eux-mêmesallophones. Ce dispositif a été créé en 2008 à titreexpérimental. Aujourd’hui, plus de 70 départementsl’ont mis en place. Au-delà de l’apprentissage de lalangue, ce programme permet l’enseignement desvaleurs de la République. Ces éléments sontessentiels dans la construction de la citoyenneté. Side plus en plus de parents prennent part à cesopérations, la participation demeure néanmoins trèslimitée. On notera que 88 % des parents ayantrejoint ce dispositif sont des femmes. L’idée est del’étendre à l’échelle nationale.

Propositions

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Mieux accueillir, mieux intégrer

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1. Circulaire interministérielle n° DGEFP/DPE/DGEF/DIHAL/2016/398 du 21 decembre 2016 relative a l’insertion professionnelle des beneficiairesd’une protection internationale.2. Insee, Tableaux de l’économie française, édition 2016.

Faciliter l’accès des primo-arrivants au marché du travail par des outils d’évaluation et d’appropriation

Proposition 4 : rendre à nouveau le bilan de compétences obligatoireLe bilan de compétences professionnelles doit êtrede nouveau rendu obligatoire et être utilisé par lesprimo-migrants au moment le plus opportun poureux, dans un délai maximal de cinq ans à partir deleur arrivée. En pratique, l’objectif de ce bilan, quis’étale sur une demi-journée, est de permettre auxsignataires du contrat d’intégration républicaine defaire connaître et de valoriser leurs expériences,leurs compétences professionnelles et leursapprentissages. Ils peuvent ainsi optimiser leurrecherche d’emploi et accéder aux formationsprofessionnelles idoines en concertation avec lesacteurs de terrain, capables d’identifier les secteursen recherche de candidats.

Héberger et accompagner les plus fragiles

Proposition 5 : créer des centresd’hébergement et d’accompagnementDes centres alliant hébergement et accompa-gnement permettraient aux primo-arrivants d’êtreaccompagnés sur tous les aspects de l’intégration :maîtrise de la langue, formation professionnelle,recherche d’emploi et de logement… Ils enbénéficieraient pour une durée d’un anrenouvelable. Une telle expérimentation a déjà étémenee en Ile-de-France et dans les Hauts-de-France :

Cette experimentation en cours dedeveloppement concerne environ 100 refugiessur chacun des deux territoires. Cette offre deservice integree et globale mobilise, sousl’autorite des prefets de region, un partenariatautour du service public de l’emploi (Pole emploiet Afpa – prochainement etablissement public

charge de la formation professionnelle desadultes) avec le concours d’OPCA, enl’occurrence, le fonds d’assurance formation dutravail temporaire (FAF-TT)1.

Impliquer la société civile

Proposition 6 : Instaurer l’objectif« un migrant, un parrain » La difficulté que présente pour les migrantsl’intégration sur le marché du travail n’est plus àdémontrer. Ils sont davantage touchés par lechômage que la moyenne de la population vivant enFrance. Selon l’Insee, 17,2 % des immigrés sontsans emploi, contre 9,1 % des Français nés enFrance2. Cette situation s’explique en partie par lemanque de réseau et de connaissances dans lemilieu professionnel. Une mesure de type mentoratpermettrait un partage de bonnes pratiques, maiségalement une mise en relation à des finsprofessionnelles et la construction de relations deconfiance. Une formation et des moments departage de méthodes entre les différents parrainspeuvent également être envisagés.

Renforcer le sentiment d’appartenance à la nation

Proposition 7 : ouvrir le service nationaluniversel aux primo-arrivantsL’idée du service national universel est notammentde créer un creuset de mixité. Le service civiluniversel et obligatoire, dont l’objectif est unmoment de rencontre entre la jeunesse, la nation etune partie de son armée, doit permettre l’intégrationdes primo-arrivants de la même classe d’âge,hommes et femmes, sous les mêmes formes etconditions que pour les Français. Cette mesurefaciliterait l’intégration sociale des jeunes engénéral, et des jeunes migrants en particulier.

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Propositions pour refonder les politiques en faveur des primo-arrivants en France

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Proposition 8 : favoriser la participation à lavie de la citéIl est prouvé que la participation à la vie de la citédes habitants d’un territoire permet une meilleureintégration tant au niveau local que national. Pourune participation réelle et constructive à la vie de lasociété, les primo-arrivants doivent pouvoir êtreinitiés à l’organisation de cette société et auxmécanismes de participation citoyenne. Cela peutpasser par l’accès aux conseils citoyens, aux conseilsde quartiers, aux réserves citoyennes, et parl’encouragement à participer aux associationslocales et nationales et à y adhérer.Ces actions d’intégration citoyenne constitueraientpar ailleurs un moyen d’intégration sociale. Il s’agiten effet d’une occasion pour les primo-arrivants dedémultiplier leurs contacts avec des citoyens etd’amplifier le « faire ensemble ». En d’autres termes,il s’agit de casser le « nous et eux ». On pourraitenvisager la création d’un collège de primo-arrivantspour le conseil citoyen et le conseil de quartier del’ordre de 5 % des membres.

Impliquer la société civile

Proposition 9 : renforcer les associationslocales et nationales dont le rôle est defavoriser l’intégration des primo-arrivants À un moment où les associations dénoncent undésengagement étatique, tant dans l’attribution desmoyens (humains, techniques, financiers) que dansla considération qui leur est accordée, il estimportant de les replacer au cœur du processus. Lesassociations sont encore présentes dans desinterstices où l’État et les collectivités sont absentset elles jouent un rôle essentiel dans le processusd’intégration. Il est donc nécessaire de favoriser lamutualisation des connaissances et des moyens desassociations nationales et locales dont la vocationest centrée sur les primo-arrivants.

Centraliser et donner plus de visibilité à l’information

Proposition 10 : créer une plateforme quipermette d’établir des ponts entre lesbesoins de la sociétéUne plateforme regroupant les informationsnécessaires à l’intégration des primo-arrivants dansles domaines de l’éducation, du logement, dutravail, de la formation professionnelle, etc.,permettrait d’identifier les besoins à la fois desmigrants et de la société d’accueil et de créer desliens humains et socioéconomiques.Déconstruire les imaginaires

Proposition 11 : déconstruire les idéesreçues sur la faillite de l’intégrationLes dispositifs d’intégration des descendantsd’immigrés ne sont pas aussi inefficaces qu’on lecroit. Il est nécessaire de valoriser les bonnespratiques pour mieux identifier les dysfonction-nements et les corriger. Il faut améliorer l’image del’immigration en faisant appel aux grandes réussiteset aux études traitant sérieusement du sujet. Alorsque l’idée de l’échec de l’intégration est largementrépandue dans l’opinion publique, l’enquête TeO(« Trajectoires et Origines ») de l’Ined démontrebien que l’intégration des immigrés est loin d’êtreune faillite en France. Un grand plan decommunication sur l’ensemble du territoire àl’occasion de la célébration de l’intégration commegrande cause nationale doit être mis en œuvre. Lareconquête des esprits sur la question des migrantsest essentielle. De même, il convient de répondreaux interrogations et aux craintes des Français surle sujet. Il s’agit de créer un consensus, de luttercontre ce que Hannah Arendt qualifiait de « véritésd’opinion »1 par des campagnes web et TVsoulignant l’utilité et l’apport des immigrationssuccessives. Promouvoir des portraits de réussites,de talents, peut contribuer à faire vivre l’immigrationqui réussit.

1. Hannah Arendt, « Vérité et politique », La Crise de la culture, 1964.

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Proposition 12 : créer un Pass Culture L’idée serait que les nouveaux arrivants aient unaccès aux installations culturelles, aux parcsnaturels, etc. pour une durée d’un an afin qu’ilsdécouvrent leur pays d’accueil. La majorité despersonnes ne maîtrisant pas le francais se trouventbien souvent eloignees du champ culturel etn’imaginent pas que ces lieux soient accessibles.Faciliter l’acces aux musees, faire decouvrir ces lieuxet permettre de les démystifier en proposant desvisites créent un accès a la culture et ouvrent lechamp des possibles.

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Propositions pour refonder les politiques en faveur des primo-arrivants en France

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Liste des participants au séminaire du 13 novembre 2017 à la Fondation Jean-Jaurès

Alice Barbe, directrice associée de Singa France

Marie-José Bernardot, cheffe du bureau chargé del’intégration sociale, culturelle et territoriale de 2007 à 2015(ministère des Affaires sociales ; ministère de l’Intérieur)

Jean-Louis Bianco, président de l’Observatoire de lalaïcité

Pascal Brice, directeur général de l’Office français deprotection des réfugiés et apatrides (Ofpra)

Laurent Cohen, directeur général adjoint de laFondation Jean-Jaurès

Sarah Coupechoux, chargée d’études Europe à ladirection générale de la Fondation Abbé-Pierre

Saïd Darwane, conseiller national, Union nationale dessyndicats autonomes (Unsa)

Stefan Dehnert, directeur général de la FondationFriedrich-Ebert, bureau de Paris

Réda Didi, rapporteur pour la Fondation Jean-Jaurès durapport sur la refonte de la politique d’intégration

Élise Fajgeles, députée de Paris

Vincent Feltesse, conseiller à la Cour des comptes,ancien conseiller du président de la République FrançoisHollande

Gilles Finchelstein, directeur général de la FondationJean-Jaurès

Jérôme Fourquet, directeur du département Opinionet stratégies d’entreprise, Ifop

Pascale Gérard, directrice insertion sociale de l’Agencenationale pour la formation professionnelle des adultes(Afpa)

Jean Grosset, directeur de l’Observatoire du dialoguesocial de la Fondation Jean-Jaurès

Ute Haug, coordinatrice, Fondation Friedrich-Ebert,bureau de Paris

Pierre Henry, directeur général de l’association Franceterre d’asile

Mathieu Lefèvre, cofondateur de More in CommonFrance

Didier Leschi, directeur général de l’Office français del’immigration et de l’intégration

Alexandre Moreau, coordinateur des relais d’accès audroit pour l’association Droits d’urgence

Chloé Morin, directrice de l’Observatoire de l’opinionde la Fondation Jean-Jaurès

Henri Nallet, ancien ministre, président de laFondation Jean-Jaurès

Delphine O, députée de Paris

Jérémie Peltier, directeur des études à la FondationJean-Jaurès

Iannis Roder, historien, professeur d’histoire-géographie, membre de l’Observatoire de l’éducation dela Fondation Jean-Jaurès

Roland Roth, chercheur à l’Institut pour ledéveloppement démocratique et l’intégration sociale(Berlin)

Benjamin Schreiber, collaborateur scientifique,Fondation Friedrich-Ebert, bureau de Paris

Aurélien Taché, député du Val-d’Oise, chargé d’unemission par le Premier ministre sur la refonte de lapolitique d’intégration

Adrien Taquet, député des Hauts-de-Seine

Christian Thimme, directeur du DAAD France,l’Office allemand d’échanges universitaires, anciencoordinateur pour l’intégration des réfugiés dans lesétablissements techniques supérieurs en Allemagne

Gwenaëlle Thomas-Maire, directrice de l’associationDroits d’urgence

Michael Voges, ancien directeur de l’administration desfinances et de l’administration chargée de l’éducation etde la formation professionnelle de Hambourg

Karin Weiss, ancienne déléguée à l’intégration du Landde Brandebourg et directrice du département intégrationet migration du ministère de l’Intégration et de la Familledu Land de Rhénanie-Palatinat

Francis Wolff, professeur de philosophie à l’Écolenormale supérieure de la rue d’Ulm

Annexe

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01 Synthèse

02 Propositions pour refonder les politiques en faveur des primo-arrivants en France

04 Rapport

04 Une politique d’intégration française insuffisante et mal perçueLes grandes lignes de la politique d’intégration en FranceÉtat de l’opinion française sur l’immigration et l’intégrationComparaison avec l’Europe : focus sur l’Allemagne

08 Les politiques publiques d’intégrationL’intégration par le marché du travail et la formation professionnelleL’intégration par le logementL’intégration par l’éducation, les valeurs, la culture et la citoyenneté

13 Propositions

Tabledes matières

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Collection dirigée par Gilles Finchelsteinet Laurent Cohen

© Éditions Fondation Jean-Jaurès12, Cité Malesherbes - 75009 Paris

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