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AUX FOURNEAUX 88
Haute gastronomie
quatre mains
Bernard Ravet, 19 points au GaultMillau,
vient de publier son premier livre
de recettes avec laide de son fils Guy.
Rencontre Vufflens-le-Chteau.
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* En vente dans les plus grands magasins Migros.
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Migros Magazine 45, 8 novembre 2010
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Une route prilleuse
Steve Gaspoz,
rdacteur en chef
DITORIAL
Favoriser lgalit entre hommes et femmes. Une tche ardue
laquelle Patricia Schulz sattelle depuis prs de seize ans
comme directrice du Bureau fdral de lgalit. Une
fonction quelle quittera la fin de lanne, pour poursuivre
son combat linternational en rejoignant le comit dex-
perts de lONU pour llimination de la discrimination
envers les femmes. Loccasion de nous pencher sur la
situation de lgalit dans la Suisse daujourdhui dans un
entretien lire en page 28. Nul doute que de nombreux
progrs ont t effectus, au niveau lgislatif du moins.
Chacun des sexes dispose en effet de droits gaux.Que ce soit
face
lEtat, la formation, lemploi, la maladie, la vie, les
discri-
minations ont t officiellement gommes. Ce qui vaut
dailleurs lhonneur la Suisse doccuper la 10
e
place du clas-
sement duWorld Economic Forum. Mais videmment, la
ralit nest pas si rose. On a beau se fliciter dune majorit
de femmes au Conseil fdral, elles restent trs rares aux
postes cls des entreprises et ce sont toujours elles qui
sacrifient leurs tudes ou leur carrire ds que sannoncent
les joies dune maternit, etc.
Rome ne sest pas faite en un jour. Lgalit se construit
pierre
aprs pierre. Promulguer une loi ne change pas les mentali-
ts, les strotypes, les cultures. Sans compter quen trans-
formant en ralit un principe idologique, les risques de
drapage sont nombreux. Dailleurs, nentend-on pas
aujourdhui dj de nombreux hommes se plaignant de
nouvelles discriminations, en matire de garde denfant ou
demploi par exemple? Donner lun sans reprendre
lautre, voil le prilleux exercice de lgalit.
[email protected]
PhotosMischaImbach,LaurentdeSenarclens,LDD,istockphoto
REPORTAGE 22
La presqule dOlkiluoto,
en Finlande, abrite des centrales
nuclaires dun genre nouveau.
Elles pourraient servir de modle
la Suisse. Visite guide.
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fruits surgels bio.
CUISINE DE SAISON
Bernard et Guy Ravet 88
VOTRE RGION
Les informations
de votre cooprative rgionale 95
VIE PRATIQUE
Plein air 101
Une magnifique balade faire
dans la rgion dOvronnaz.
Mieux vivre 107
Couple: faire lamour pour
viter les disputes.
Voiture 112
La Volvo V70.
RUBRIQUES
Migros Flash 6
Temps prsents 8
Minute papillon 27
La chronique
de Jean-Franois Duval.
Offre aux lecteurs 115
Mots flchs / Impressum 117
RUSSITE
Laetitia Porqueddu 118
Lenjoliveuse de manteaux.
RCITS
Socit 10
Le dopage dans les entreprises.
Culture 16
Les chroniques de Jean-Franois
Duval dites aux PUF.
Energie 22
La centrale nuclaire
du futur existe en Finlande.
ENTRETIEN
Patricia Schulz 28
ACTUALIT MIGROS
Alimentation 35
Caf certifi Utz: doublement
savoureux.
Assemble des dlgus 36
Le parlement de Migros sest
runi pour la 167
e
fois.
Oceanmania 39
La rcolte des vignettes
se termine le 15 novembre.
EN MAGASIN
Nol 42
Des ides de dcoration.
Pizza 80
La nouvelle ligne de pizzas
surgeles Finizza rpond
aux gots de chacun.
Baisse de prix 83
Fruits et lgumes plus avantageux.
ENTRETIEN 28
Patricia Schulz,
directrice du Bureau
fdral de lgalit
entre femmes et
hommes, quitte ses
fonctions aprs seize
ans dactivit. Bilan.
SANT 10
Le nombre
demploys qui
ont recours
des substances
lgales ou non
pour amliorer
leurs per-
formances est
en augmenta-
tion. Analyse
dun phno-
mne.
PLEIN AIR 101
Une ide de balade automnale: le tour du Grand-Chavalard,
au-dessus de la valle du Rhne dans la rgion dOvronnaz.
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6|
Migros Magazine 45, 8 novembre 2010
Le monde
est en fte
March de Nol autour
de la cathdrale de
Munich ou Christmas
Shopping dans la
scintillante New York
avec Hotelplan?
Rveillon dexception
Reykjavik avec Falcon-
travel? Sjour reposant
loin du tumulte en
Engadine avec Globus
Voyages? Ces voya-
gistes ont forcment
loffre dvasion qui vous convient le mieux. Laissez-vous
sduire et envoter par la magie des ftes de fin danne.
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LE CHIFFRE DE LA SEMAINE
70 000
A loccasion de la Journe mondiale des animaux, Migros a
prlev,
du 21 septembre au 4 octobre, 1% du chiffre daffaires ralis
sur
lassortiment pour animaux. La somme obtenue de 70 000 francs
sera reverse trois organismes: la Fondation Certodog, la
Protection
suisse des animaux et la Station ornithologique suisse de
Sempach.
Distributeurs Delizio: change gratuit
Il sest avr que les capsules Delizio de la nouvelle gnration
ntaient plus compatibles avec les distributeurs de capsules
Delizio
proposs par Melectronics. Seuls certains modles sont
concerns
par ce problme. Les clients en possession dun tel article
peuvent
lchanger gratuitement dans les magasins Melectronics ainsi
que
les plus grands magasins Migros.
Soutien aux acteurs suisses
Pour la premire fois dans lhistoire de son concours dart
dramatique, le Pour-cent culturel Migros a dcern outre des
prix
dtudes des prix dencouragement. Si les premiers ont pour
objectif de permettre aux laurats de se concentrer entirement
sur
leur formation, les seconds visent soutenir les titulaires lors
de la
transition entre la fin de la formation et le lancement de
leur
carrire, souvent difficile. Dans le cadre des auditions
organises
Yverdon-les-Bains et Zurich, deux jurys internationaux ont
dcern
quatre prix dencouragement ainsi que dix prix dtudes, dots
de
14 400 francs chacun. Notons encore que, depuis plus de
quarante
ans, le Pour-cent culturel Migros a dj investi quelque 36
millions
de francs dans la promotion de la relve artistique suisse.
Informations:
www.pour-cent-culturel-migros.ch/concoursjeunestalents
M commemeilleur march
Avis aux consommateurs: Migros est 10% moins chre que
son principal concurrent, comme vient de le prouver un
journal
de consommateurs. Non content de ce rsultat, le
distributeur annonce une nouvelle baisse de prix.
NEWS
PhotosPnlopeHenriod,EddyMottaz,FrdricMontfort
D
ans sa dernire dition, le
journal des consommateurs
almaniqueK-Tipp a compar
les prix de produits conditionns
en petites portions, une solution
que privilgient les personnes seu-
les et les mnages peu nombreux.
Etant donn que Denner, Lidl et
Aldi proposent peu de tels embal-
lages, les journalistes ont pris uni-
quement en considration loffre
de Migros, Coop et Spar.
Avec un total de Fr. 75.65 sur
quarante articles pris en compte,
Migros est 10% meilleur march
que son principal concurrent
(Fr. 83.46). La diffrence est en-
core plus grande avec Spar qui est
17% plus cher que Migros sur
vingt-six articles compars.
A Migros, petits emballages riment avec petits prix.
-
MIGROS FLASH
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7
Une nouvelle fois, lengagement
de Migros en faveur de lenvi-
ronnement a t prim. Fin
octobre, le distributeur sest vu
dcerner le prix du manage-
ment nergtique de lInstitut
scientifique du commerce de
Cologne pour sa politique
dconomies dnergie. Le jury a
notamment lou les efforts
remarquables de lentreprise
qui, depuis plus de trente ans
dj, uvre en faveur de la
protection du climat. Lutilisa-
tion dnergie renouvelable, le
dveloppement de techniques
de refroidissement nergtique-
ment performantes et la
construction de btiments
cocompatibles ont t salus.
Ainsi, avec une puissance de
2,6 mgawatts rpartie sur
quatorze centrales solaires,
Migros fait figure de leader dans
le domaine. Tout aussi impres-
sionnant: depuis 1990, la
consommation de chaleur a
diminu de 40% dans les
magasins. Enfin, notons que
Migros dispose, avec seize biens
immobiliers et 600 000 m
2
de
surface, du plus grand parc
suisse de btiments certifis
Minergie.
M commemeilleur march
Avis aux consommateurs: Migros est 10% moins chre que
son principal concurrent, comme vient de le prouver un
journal
de consommateurs. Non content de ce rsultat, le
distributeur annonce une nouvelle baisse de prix.
Migros ne se repose toutefois pas
sur ses lauriers et annonceunenou-
velle baisse de prix. Celle-ci slve
enmoyenne 7% et concerne qua-
tre-vingts produits de diffrents
secteurs: charcuterie, volaille, sur-
gels, fruits, lgumes et soins
bucco-dentaires. A cette fin, Mi-
gros investit 25millions de francs.
Lire aussi en page 83.
Energie: Migros rcompense
Palo: trente
livres gagner
Urs Berger et Ren Meyer,
responsables de la gestion
nergtique Migros, lors de
la remise du prix.
Edit notamment avec le soutien
de Migros, le livre La magie
de lphmre* revient sur les
trente-cinq ditions du Palo
Festival. Si les anecdotes
savoureuses sont lgion,
louvrage met aussi lhonneur
les installations artistiques
proposes chaque anne
et laisse une place impor-
tante liconographie.
Des amusantes photos
darchives aux magni-
fiques portraits
dartistes, le lecteur
plongera avec dlice
dans lhistoire du plus
grand festival open
air de Suisse.
* En vente dans les plus
grands magasins Migros.
A loccasion de
la sortie du livre,
Migros Magazine
met en jeu trente
exemplaires de La magie
de lphmre.
Tentez votre chance en
participant:
par tlphone:
en compo-
sant le 0901 591 913 (Fr. 1./appel
depuis un poste fixe) et mention-
nez vos nom et adresse.
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suivi de vos nom et adresse au
920 (Fr. 1./SMS). Exemple:
Chance Max Modle, Rue Modle
1, 9999 Modleville.
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sur www.migrosmagazine.ch
(rubrique Coup de chance).
Dlai de participation: 14.11.2010.
Les gagnants seront informs
par crit. Aucun versement en
espces. Tout change de
correspondance ainsi que le
recours la voie judiciaire sont
exclus.us.
Louvrage laisse une
grande place aux
photographies.
-
8|
Migros Magazine 45, 8 novembre 2010
TRAIT POUR TRAIT
SUR LE VIF
IMPULSIONS
Martina Chyba, journaliste
et productrice la TSR.
Tas le Outlook coco
DessindeHerrmannparudansLaTribunedeGenvedu3novembre2010
Harclement
publicitaire, que faire?
A 8 h le samedi, 22 h en semaine, les appels indsirables
agacent. Comment les viter? Les conseils de Martin Lthi,
porte-parole de Directories.
Si commemoivousavez la chance
de travailler dans une grande en-
treprise sur un ordinateur de type
PC, alors vous connaissez certai-
nement le calendrier Outlook.
Cet outil merveilleux permet
de donner des rendez-vous pour
des sances. Donc, a se passe
ainsi. Quand on vous convoque
pour une sance disons de bud-
get, vous recevez un message
avec des mots clefs du style:
sance budget 10 h 30 11 h 30
salleMP2057843LX, accepter ou
refuser. Ni bonjour, ni sil vous
plat, ni merci, ni mme va te
faire cuire un uf. Le sommet
de la convivialit dentreprise.
Vous, comme vous tes un tre
poli, et surtout que vous avez
peur de perdre votre emploi,
vous cliquez sur Accepter.
Mme avec un astrisque ct
de son numro, on reoit des
appels intempestifs. Pourquoi?
Souvent, Directories nest pas en
cause. Les vendeurs en tlmar-
keting ont des listes qui viennent
dailleurs. Quelquun qui parti-
cipe un concours par e-mail,
tlphone ou en remplissant un
coupon est responsable des in-
formations quil fournit. Donner
son numro signifie que lon est
daccord de recevoir de la pub.
A quoi sert ltoile alors?
Nous avons une convention avec
lassociation interprofessionnelle
Callnet.ch qui vrifie toutes les
inscriptions avec toile. Lesmem-
bres de cette association nont pas
le droit dappeler les particuliers
avec astrisque dans un but com-
mercial. Si le contrat nest pas res-
pect, lentreprise est punissable.
Comment ne plus tre impor-
tun?
Commencer par sinscrire sur la
liste Robinson de lAssociation
suisse de marketing direct pour
obtenir un blocage de la publi-
cit chez les vendeurs dadresses.
Si malgr tout on reoit un appel
non dsir, il faut prendre le nu-
mro et le prsenter son op-
rateur, qui le suspendra. En der-
nier recours, il reste la voie juri-
dique. Lusager peut attaquer la
compagnie de promotion tl-
phonique, ses frais.
Et si le numro est masqu?
Linscription numro indispo-
nible est douteuse. Chez tous
les oprateurs, il existe un ser-
vice qui permet de ne plus rece-
voir ce genre dappels.
Propos recueillis par Virginie Job
Infos: www.directories.ch
-
TEMPSPRSENTS
|
9
A voir:
Burlesque franais.
A cause dun imbroglio
juridique, les films de lenfant
naturel de Buster Keaton et de
Jacques Tati sont rests
invisibles pendant vingt ans.
Loccasion donc de se gondoler,
en (re)visionnant son uvre
intgrale et restaure.
Redcouvrir Pierre Etaix,
Cinmathque suisse,
Lausanne, 9 au 28 novembre.
A couter:
Bicentenaire
romantique.
Brillante, intime, lyrique, mais
aussi nostalgique, la musique de
Robert Schumann est celle dun
homme qui lutta toute sa vie
contre la hantise de devenir fou.
Schumann, concert de
soutien en faveur de la
Fondation Rsonnance.
Thtre de Beausobre,
Morges, le 14 novembre.
A visiter:
Faire tapisserie.
Retour en force, pour
le meilleur et pour le pire, du
papier peint! Ici, ce sont des
plasticiens et des designers qui
tapissent deux hauts lieux de la
culture vaudoise.
Face au mur Papiers
peints contemporains,
mudac Lausanne et Muse
de Pully, jusquau 13 fvrier.
A lire:
Islande profonde.
Correspondant dun
journal de Reykjavik, Einar attire
inexorablement lui les sombres
affaires. Cette fois, la descente
aux enfers dmarre par ce qui
semble tre un banal incendie Et
si ctait juste un cran de fume?
Le septime fils, dArni
Thorarinsson, Ed. Mtaili.
Pour annoncer un vnement:
[email protected]
DANS LOBJECTIF
PhotoDukas/Catersnews
> Nos chroniqueurs sont nos htes. Leurs opinions
ne refltent par forcment celles de la rdaction.
Mais cette machine croit que vous
tes undbile profond incapable de
se souvenir dune heure de rendez-
vous. Donc AVANT la sance, elle
vous bombarde de rappels. a son-
ne: ding dong, dans 15 minutes
sancebudgetsalleMP2057843LX.
Ding dong, dans 10 minutes, dans
5 minutes, etc. Bref vous arrivez
la sance et vous avez dj envie de
tuer tout le monde.
Mais lemeilleur, cest que ced-
licieux appareil vous envoie aussi
des rappelsAPRS,des fois quevous
soyez vraiment dbile profond et
que vous ayez oubli dy aller. Ding
donc, 15 minutes de retard sance
budget salleMP2057843LX. Au se-
cours.Bon il parat quonpeut rgler
ces paramtres, mais moi je ne sais
pas faire.Dailleurs, jenutilisepas ce
calendrier et jentends 10 fois par
semaine ton Outlook nest pas
jour, cest embtant pour caler des
rendez-vous.Maintenant jai dci-
d de rpondre si, si, il est jour,
mais en fait, je nai aucun rendez-
vous, je ne fais rien. a calme.
Je pense quon devrait intro-
duire ce joli systme au sein de no-
tre vie prive. Vous imaginez: repas
commun, 19 h 30, salle manger,
accepter ou refuser. Ou bien: de-
voir conjugal 22 h 30, chambre
coucher, accepter ou refuser. Ding
dong, 15 minutes de retard devoir
conjugal, chambre coucher. Prire
de reprendre un rendez-vous sur le
calendrierOutlook.Ohdsole pas
de crneau possible avant trois se-
maines. Parions quavec une ges-
tion aussi efficace, la crise du cou-
ple sera rsolue aussi rapidement
que la crise conomique.
Un phnomne
spectaculaire
Contredisant les pronostics
alarmistes des experts et des
cologistes, plus de 34 mil-
lions de saumons sockeye
ont investi depuis fin aot la
rivire Fraser, au Canada,
pour frayer puis mourir.
Ce fleuve contient la
concentration de saumons la
plus leve au monde.
par
Alain Portner,
journaliste
MES BONS
PLANS
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Migros Magazine 45, 8 novembre 2010
Au travail aussi, le dopage envahit le quotidien
De la cafine la pharmacologie, lgales ou non, les substances
prises pour aider supporter son boulot apparaissent co
Avec plusieurs spcialistes, levons le voile sur une nouvelle
proccupation de sant publique.
J
ules* a 38 ans. Cadre dynami-
que dans une entreprise de
communication, sa carrire
semble au znith. Ce quil navoue
pas, aux autres comme lui-m-
me, cest que sa russite profes-
sionnelle ne tient qu une surcon-
sommation de nicotine et de ca-
fine. Et que les nuits blanches
saccumulent, de plus en plus dif-
ficilement combattues par des
somnifres. Il faudra une alerte
cardiovasculaire lors de vacances
de ski en famille pour que Jules
dise stop, se mette en arrt mala-
die. Avant de consulter un thra-
peute et de remettre complte-
ment en question son rapport au
travail.
Une grosse pression
sur ltre humain
Lhomme moderne est plac de-
vant une triple injonction: devenir
clbre, heureux et performant.
Pour la premire, on pensera aux
hros phmres de la tl-ralit
et au succs plantaire de Lady
Gaga en relisant la vieille proph-
tie dAndy Warhol: tout le monde
peut tre connu sil le veut suffi-
samment et sendonne lesmoyens.
La seconde a t verbalise entre
autres par Pascal Bruckner et son
obligation du bonheur que la so-
cit de consommation nous pro-
pose coups de nouvelles voitures
ou de Rolex. Et puis il y a le culte
de la performance, avec des dieux
du stade comme objets de vnra-
tion. Pour en rester dignes, ils en-
chanent les exploits, multiplient
les victoires, acclrent la ca-
dence. Aventuriers de lextrme
ou sportifs dlite, rien ne leur sera
pardonn. Leur hypermdiatisa-
tion et leur fortune colossale sont
ce prix.
Et moi, et moi, et moi, comme
dirait Dutronc? Pour supporter les
injonctions dun chef tatillon, ac-
complir les objectifs dune hi-
rarchie exigeante ou tout simple-
ment tenir le coup au travail, de
plus en plus danonymes font com-
me Jules: ils se dopent. Bquilles
chimiques en tout genre, compl-
ments alimentaires et vitamini-
ques, alcool et cafine (trs)
haute dose, nicotine et substances
psychoactives diverses forment le
joli cocktail du salari contempo-
rain. Lapanage du trader insom-
niaque, du cadre sur-stress ou du
publicitaire au nez poudr? Point
du tout. Le dop du quotidien peut
tout aussi bien tre infirmier, em-
ploy de bureau, routier ou tu-
diant. Chez ces derniers, les fili-
res les plus exigeantes comme la
mdecine abriteraient mme des
proportions alarmantes de condui-
tes dopantes.
En 2008, le conseiller national
jurassien Jean-Claude Rennwald
tirait la sonnette dalarme par le
biais dun postulat. Alors que le
dopage sportif fait scandale, le do-
page au travail semble nmouvoir
personne et tend mme se nor-
maliser. Constatant que tant les
milieux de la sant que les syndi-
cats se montrent de plus en plus
proccups par le problme, llu
estimait que les pouvoirs publics
devaient, leur tour, ragir. Proba-
blement la fin de cette anne, la
Direction du travail devrait livrer
les rsultats dune vaste enqute
sur le stress professionnel, pre-
nant en compte la consommation
de mdicaments.
En France, un employ
sur dix se dope
Dwight Rodrick, responsable
Addiction Info Suisse (ex-ISPA) de
la prvention des addictions en
entreprises, sen dit dj convain-
cu: la problmatique requiert une
attention soutenue. Joignant le
geste la parole, il a ainsi organis
en septembre dernier un colloque
pluridisciplinaire sur ce thme. En
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RCITSOCIT
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Au travail aussi, le dopage envahit le quotidien
De la cafine la pharmacologie, lgales ou non, les substances
prises pour aider supporter son boulot apparaissent comme beaucoup
plus rpandues que prvu.
France, on parle dun employ sur
dix. Et en Suisse? Les chiffres
prcis manquent, admet Dwight
Rodrick. Mais en extrapolant,
nous arrivons peu prs aux m-
mes conclusions.
Un tabou autour de la prise
de substances
Sur le terrain, ce spcialiste
constate galement une augmen-
tation des cas. Pas forcment
pour se montrer performant,
dailleurs, simplement pour sup-
porter sa charge de travail, pour
tenir le coup. Avec la croyance que
lon ne peut pas faire sans. Evi-
demment, le phnomne se heurte
un grand tabou. Pas facile pour
la personne concerne dadmettre
que sa bquille devient tronc
darbre. Difficile pour la direction
daccepter lide que tout ne va
peut-tre pas si bien. Jencadre
les ressources humaines dans la
gestion de ce genre de situation.
Cest dautant plus dlicat que lon
se retrouve vite franchir les limi-
tes de la vie prive. En gnral, je
conseille de laisser la porte ouverte
pour lemploy. Et jaide mettre
en place des structures denca-
drement.
Psychiatre spcialiste des stup-
fiants et des psychotropes, prati-
cien auCentre hospitalierMarmot-
tan Paris, Michel Hautefeuille
relve pour sa part que, contraire-
ment lalcool, finalement consi-
dr comme mettant en danger la
sant du travailleur et donc sa per-
formance, dans le dopage au quo-
tidien, la problmatique sinverse:
consommation de produit et renta-
bilit ne sont plus, en tout cas
court terme, antinomiques. Bref,
mme officiellement interdite, pa-
reille consommation serait dautant
mieux tolre quelle est cense
participer la qualit du travail.
La comptition profession-
nelle permanente se double
Pression de la
performance oblige:
de plus en plus de
travailleurs se dopent.
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Migros Magazine 45, 8 novembre 2010
du risque de perdre son em-
ploi, dautant plus stressant
quil ne dpend plus dsormais
seulement de la qualit du travail
fourni, ni mme du bilan de len-
treprise. Dans le Culte de lurgence,
la Socit malade du temps, Nicole
Aubert parle dune gestion du
personnel calque sur la gestion
des stocks dite du flux tendu avec
un souci de rentabilit immdiate
et court terme.
Les effets dvastateurs
des open spaces
Le psychanalyste franais St-
phane Clerget voque, pour sa
part, des salaris interchangea-
bles dans des emplois qui nont
mme plus de nom signifiant
quelque chose. Les spcialistes
de lergonomie du travail insis-
tent, eux, sur les effets parfois
dvastateurs des open spaces:
constamment sous le regard des
autres, il faut maintenir limage
de quelquun d la fois toujours
occup et disponible. Sans
oublier demmener partout son
Blackberry ou son Iphone, lhy-
peroccupation devenant syno-
nyme dhyperefficacit.
Etonnantes, certaines recher-
ches estiment quun cadre moyen
se voit drang toutes les trois ou
quatre minutes par un tlphone
ouun collgue en qute dinforma-
tion. Un zapping professionnel
qui devient une image contradic-
toire dun statut professionnel en
mme temps que de lpuisement
et du stress quil produit. Dans ce
paysage, noteMichelHautefeuille,
la souffrance des salaris ne peut
que se dvelopper. Et dboucher
sur le besoin de saider tenir le
coup par tous les moyens.
Psychologue lausannoise sp-
cialise dans le traitement du burn-
out, Catherine Vasey en fait le
constat presque quotidien. Parce
que lon parle de caf, dalcool ou de
cigarettes, voire de substances
chimiques qui ne sont plus vrai-
ment considres comme des m-
dicaments, les gens nont pas
conscience que ces toxiques les en-
ferment dans un systme dont ils
deviennent peu peuprisonniers.
Un stimulant la journe pour tre
au top. Les glules de cafine forte-
ment dose (CHD pour Cafine
Haut Dosage) et les phdrines
ont, parat-il, beaucoup de succs.
Contrairement au cocanomane,
relve Michel Hautefeuille, le but
nest pas ici dtre totalement ex-
plos. Mais de maintenir un ni-
veau dexcitation constant et com-
patible avec le milieu profes-
sionnel.
Au sortir du travail, il
faut faire retomber la
La multiplication des pilules en tout
genre est une nouveaut de notre
poque. Quelles soient supposes
efficaces ou quelles le soient
vraiment, elles ont toutes la mme
ambition: transformer un quotidien
vcu comme insupportable en une
succession de moments perfor-
mants et/ou bnfiques. Et Michel
Hautefeuille de dresser dans cet
ouvrage* une partie de cet inven-
taire la Prvert: pilule de lamour
(XTC ou ecstasy), pilule de lobis-
sance (Ritaline), pilule anti-sommeil
(modafinil), pilule du rajeunissement
(mlatonine) ou lixir de jouvence
(DHEA ou hormone strode), mais
aussi le cortge des drogues
stimulantes (comme la cratine ou
les amphtamines) ou au contraire
normalisantes comme les psycho-
tropes, tranquillisants, sdatifs et
autres antidpresseurs comme le
clbre Prozac.
Homme daffaires stress, cohorte
dangoisss, ados en mal dexpri-
mentation, flipps du vieillissement
et autres accros la performance
offrent cette chimie du
quotidien un march en pleine
expansion. Pour arrter le temps,
vaincre la dprime, dvelopper
des capacits corporelles
surprenantes ou une humeur
festive permanente. Un envahisse-
ment du quotidien qui fait dire ce
psychiatre spcialis quil devient
ncessaire dorganiser une
rflexion au niveau de lensemble
de notre socit pour dterminer
comment celle-ci veut grer les
produits considrs aujourdhui
comme illicites et les nombreuses
molcules psychotropes venir.
Car comme le montre la lutte
antidopage dans le sport depuis
lapparition des drogues de
synthse, linterdiction a toujours
une molcule de retard.
*Michel Hautefeuille, Dopage et
vie quotidienne, Payot, 2009.
Une longue liste de substances
Les personnes qui abusent de substances deviennent peu peu
prisonnires de leur propre systme.
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pression. Il faut surtout,
note Catherine Vasey, res-
ter dans le faire pour ne pas se
confronter aux ides qui tour-
nent dans la tte.
Toujours plus
de mdicaments
Cest lheure de lapro prolong,
du malaxage de manette ou de
smartphone dans des jeux qui vi-
tent de se retrouver avec soi-m-
me. Les soires deux ou trois
DVD enchans font a trs bien
aussi. Et le soir venu, bien sr,
crit Michel Hautefeuille, trou-
ver le sommeil relve de lexploit.
Pour y parvenir, le sujet doit
consommer toujours plus dhyp-
notiques.Ouboire quelques ver-
res supplmentaires. Ce fonction-
nement, explique le psychiatre, se
caractrise par linflation. Le su-
jet est persuad quen augmentant
les doses, il ira mieux.
Rien de plus faux, naturellement.
Dautant que ces Ben Johnson du
bureau se dopent souvent en ca-
chette, labri du regard de leurs
collgues, et parfois de leurs pro-
ches. Ces dernires annes, la
gestion du stress au travail est
devenue de plus en plus indivi-
duelle, explique Marc Loriol,
sociologue au CNRS (Centre na-
tional de la recherche scientifi-
que) Paris. La prise de substan-
ces qui sensuit est isole, hon-
teuse.
Pierre Lderrey
Photos Getty et Istockphoto
* Nom connu de la rdaction
Lalcoolisme au travail a trs souvent des effets dsastreux.
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diverses dimensions, p.ex. 160x210 cm, 850 g
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avant 549.
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Migros Magazine 45, 8 novembre 2010
Nous sommes
des tres dous
pour lillusion
Les chroniques de Jean-Franois Duval pour Migros Magazine
ont
lhonneur dune publication parisienne dans une maison
prestigieuse.
Minute papillon aux PUF, cela valait bien un entretien.
Lorsque vous avez commenc
crire ces chroniques il y a trois
ans, quaviez-vous exactement
en tte?
Par opposition au jus de crne des
commentaires dactualit ou aux
grands rcits religieux, mythologi-
ques et scientifiques, javais envie
de redonner le got de la fable
notre quotidien, de manire mini-
maliste.Dansundes textes, je parle
de Robinson Cruso qui recueille
peu peu, sur ce que jappelle les
plages du quotidien, les dbris qui
vont laider reconstruire une em-
barcation de sauvetage. Nous som-
mesunpeudans lamme situation.
A une poque o le monde se d-
senchante, il est peut-tre possible
de le renchanter en sattachant
des petites choses.
Mais quest-ce qui a provoqu le
naufrage?
Il y a encore cinquante ou soixante
ans, les gens avaient des convic-
tions trs fortes. Ils croyaient en
un Dieu barbe blanche, ils
avaient foi en lEtat, dans les auto-
rits et les institutions. Il y avait
des grandes explications de type
freudien ou structuraliste, lhom-
me semblait explicable, on avait
des repres, on arrivait structu-
rer notre univers. Tout cela sest
plus oumoins effondr. On le voit
bien, chacun aujourdhui labore
ses petites croyances propres, bri-
cole avec des dbris...
Que vous moquez travers les
corneilles qui font Cro
cro
Oui et non. Car nous sommes fata-
lementdesboulesdecroyances, des
tresdouspour lillusion.Nousd-
primons lorsque nous narrivons
plus avoir notre dose suffisante
dillusion sur la vie, le monde, les
choses qui nous entourent. On at-
teint ce moment-l une lucidit
qui tue, si lon perd notre capacit
naturelle projeter une sorte de
poudre dillusion sur le rel. Et le
leurre le plus russi, cest lamour.
Pour perptuer lespce, pensait
Schopenhauer. Proust parle, lui, de
maladie.
de crise, lidemtait venue dune
nouvelle arche btir pour embar-
quer le lecteur ou les passagers et
tenter de leur faire voir, mme si
mon caractre est plutt sombre
et mlancolique, des messages ou
des signes despoir, tels quen ap-
porte la colombe. Des brin-
dilles...
Une arche o, pourtant, le
couple humain occupe une
place difficile...
Jai limpression que les animaux
mettent excellemment en uvre
les moyens dont ils sont pourvus,
quil existe une adquation totale
entre leur psych, leur cerveau,
leurs actes et leurs intentions.
Chez lhomme, qui me parat par-
fois la plus stupide des cratures,
cette adquation est nulle. Nous
donnons libre cours nos pas-
sions, qui conduisent aux conflits
lintrieur de soi, lintrieur de
la famille, lintrieur de la so-
cit, et entre les nations. Nous
pataugeons et ne sommes pas du
tout la hauteur de nos ambitions,
de notre dsir dhumanit.
Vous semblez parfois suggrer
quil nen a pas toujours t
ainsi...
Les gens du Moyen Age taient
plus vivants que nous dans la me-
sure o ils vivaient dans un uni-
vers beaucoup plus contrast.
Quand ils taient joyeux, ils taient
Comment tes-vous pass du
canot de sauvetage de Robin-
son lArche de No, laquelle
vous consacrez aussi une
chronique?
Ctait en plein hiver, jtais isol
la montagne, dans un moment
Javais envie
de redonner
le got de la
fable notre
quotidien
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RCITCULTURE
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vraiment joyeux et quand ils
taient tristes, ils taient vraiment
tristes. Aujourdhui, dans notre
socit, il y a comme une galisa-
tion des humeurs, permise par un
tas de choses, le confort par exem-
ple, qui fait quon vit moins inten-
sment, moins dramatiquement
que lhomme du Moyen Age qui
pouvait, lui, mourir tout mo-
ment.
Dans ce contexte, faire
semblant dexister cest une
tactique pour exister mieux?
Non, cest une propension qui
nous est devenue naturelle, mais
quil sagirait de djouer. Godard,
que je fais parler dans une des
chroniques, dit que les seuls ges
o lon existe vraiment sont len-
fance et la vieillesse, parce quon
se trouve alors dgag de toute ac-
tivit, et quil ny a plus rien pour
nous distraire, au sens pascalien.
On trouve aussi chez Emerson
cette phrase qui me convient tout
fait: Nest riche que celui qui
possde le jour. Ou encore tou-
jours chez Emerson cette rplique
dun chef Peau-Rouge qui
quelquun se plaignait de ne pas
avoir assez de temps: Eh bien
nas-tupas tout le tempsqui existe?
Ce que je regrette, cest que la
seule chose que rclame notre so-
cit, la seule des nombreuses vir-
tualits de notre personnalit
quelle sollicite, cest notre aptitude
au travail.
Mais Godard a-t-il raison?
Depuis que vous avez pris votre
retraite, avez-vous retrouv
lintensit de votre jeunesse?
La faondontonapprhende
le rel au temps de la jeu-
Aujourdhui,
il y a comme
une galisa-
tion des
humeurs
Depuis trois ans,
les chroniques
Minute papillon
de Jean-Franois
Duval sont publies
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Migros Magazine 45, 8 novembre 2010
Publicit
nesse, on ne peut videm-
ment pas la retrouver et si
on la retrouve, cest lorsquon de-
vient trs vieux. Ma mre a vcu
quatre ans en EMS, jai bien vu
comment les personnes ges vi-
vent la fin de leur vie. Il se peut qu
cet ge-l on soit contraint den re-
venir lessentiel, qui est de lordre
de lvnement minuscule. Tandis
que, de notre ct, nous passons un
temps invraisemblable en blablas et
vaines considrations.
Concrtement, quest-ce qui
dclenche une chronique?
Jaime partir de quelque chose de
vcu, mme si le personnage de
Max, qui revient quelquefois, est
fictif. Certaines histoires qui lui
arriventme sont partiellement ar-
rives. Dautres fois, ce sont des
histoires survenues dautres
gens, mais que je ne peux pas d-
signer nommment. Lorsque je
raconte par exemple une msa-
venture de prostate.
Vos chroniques vous valent pas
mal de courrier. Quel genre de
lectorat est le vtre?
Tout le monde rve un peu dtre
commeHerg avec des lecteurs de
7 77 ans. Daprs les chos, jai un
lectorat de 9 99 ans, des pension-
naires dEMS jusqu des fillettes.
Un lectorat 95% fminin. On sait
que les femmes lisent plus que les
hommes. Au dpart, le roman
comme genre tait destin aux
femmes. Sinon je neme lexplique
pas.
Pourquoi avoir voulu donner
une vie parisienne ces
chroniques publies dj en
Suisse romande?
Le lectorat romand, cest lquiva-
lent de trois arrondissements de
Paris. Je me suis dit, pourquoi est-
Louvrage sera ds le
10 novembre en librairie.
ce que je nessaierais pas de tou-
cher les Franais? Jai envoy mes
Minute papillon Denis Grozdano-
vitch, lauteur entre autres de Lart
difficile de ne presque rien faire, que
javais rencontr une fois pendant
vingt minutes. Il ma rpondu que
nous tions des frres en criture
et sest propos de porter le livre
chez deux ou trois diteurs. Il a t
accept aux PUF par Roland Jac-
card que je connais aussi.
PUF, a ne fait pas un peu trop
srieux, trop universitaire?
La collection que Jaccard dirige
chez PUF, Perspectives criti-
ques, tient beaucoup sa person-
nalit propre. Il publie essentielle-
ment des textes qui flirtent avec le
nihilisme. Cest vrai, jarrive peut-
tre un peu l-bas comme un che-
veu sur la soupe. Mme si Jaccard
ma dit une fois quelque chose
comme: Est vivant celui qui est
encore capable dapporter du plai-
sir et de la joie aux autres.
Propos recueillis par
Laurent Nicolet
Photo Emmanuelle Bayart
A lire: Et vous, faites-vous semblant
dexister?, suivi de Sur la route avec
Marylou, de Jean-Franois Duval, PUF
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22
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Migros Magazine 45, 8 novembre 2010
Au cur de leldorado
atomique
La presqule dOlkiluoto en Finlande est une place forte du
nuclaire, en avance sur son temps
et envie de partout. Notamment par une Suisse qui songe
renouveler ses centrales et
creuser un emplacement en profondeur pour ses dchets.
-
REPORTAGE FINLANDE
|
23
Dabord une route goudronne en
pente douce qui senfonce dans les
profondeurs de la terre, puis, pour
aller plus vite, des ascenseurs, qui
conduisent le visiteur 60 mtres
plus bas. Cest l que la socit
finlandaise Posiva Oy entrepose
les dchets faiblement et
moyennement radioactifs. Son
directeur, Reijo Sundell, use dun
argument classique: les dchets
prennent trs peu de place. Sous
nos pieds dorment ceux des
trente dernires annes avec
encore suffisamment despace
pour ceux des trente prochai-
nes. Le tout dans deux silos de
24 mtres de diamtre et de
34 mtres de profond.
Tout cela nest pourtant que
rigolade. La grande affaire, ce
sera, dici 2020 et 420 et 520
mtres de profondeur, lachve-
ment dun lieu de stockage dfinitif
pour les dchets hautement
radioactifs et entreposs pour
lheure, comme en Suisse, dans un
dpt intermdiaire.
Au bout dune galerie daccs de
5,5 kilomtres, des forages de
8 mtres de profond seront
pratiqus, o viendront prendre
place, la verticale, les containers
de cuivre et dacier dun mtre de
diamtre, recelant les dchets.
Lespace vide entre la roche et les
containers sera combl par de la
bentonite, une cendre volcanique
naturelle, spcialement traite,
tanche leau.
Le challenge de ce genre
douvrage est queffectivement
aucune forme deau, travers
les millnaires, nentre en
contact avec les dchets. Reijo
Sundell se montre catgorique:
une telle installation rsistera
des vnements aussi extrmes
que des tremblements de terre et
une calotte glaciaire qui recouvri-
rait la plante. Mme assurance
chez son homologue suisse
Markus Fritschi, membre de la
direction de la Nagra (Socit coo-
prative nationale pour le
stockage de dchets radioactifs):
Le problme du stockage des
dchets en couches gologiques
profondes est techniquement
rsolu. La Suisse a fait le choix
de containers en acier qui seront
enfouis non pas dans du granit
comme Olkiluoto, mais de largile
Opaline. Six sites sont encore
sur les rangs pour accueillir ds
2030 les dchets faiblement et
moyennement radioactifs et ds
2040 les dchets hautement
radioactifs.
S
rement de lhumour finlan-
dais: une grande olienne
accueille le visiteur lentre
de la presqule dOlkiluoto, qui
abrite, sur 15 kilomtres carrs,
tout de mme deux centrales nu-
claires, une troisime en
construction, et bientt une qua-
trime. Ainsi quun dpt (lire en-
cadr) pour les dchets faiblement
et moyennement radioactifs.
Bien quidyllique, au milieu
des pins, face la mer, lendroit
fait plutt saliver les lobbys nu-
claires que les voyagistes. Cest
ainsi quen septembre dernier le
Forum nuclaire suisse avait
convi les mdias une petite vi-
site, l-bas, dans cet eldorado ato-
mique, 270 kilomtres au nord-
ouest dHelsinki. Bien normal
lheure o les discussions saccl-
rent sur le renouvellement des
cinq vieilles centrales confdra-
les. O, aussi, progresse la recher-
che dun site de dpt en couches
gologiques profondes pour les
dchets collatraux.
A Olkiluoto, la troisime cen-
trale en construction rpondant
au sobriquet attendu de OL3 et
capable de rsister limpact dun
avion de ligne nest autre que le
fameux EPR franais nouvelle g-
nration. Premier racteur eau
sous pression de ce type construit
dans le monde, sous la houlette
dAreva. Pas moins de 3500 per-
sonnes et 55 nationalits, 8 lan-
gues de travail sont luvre. A
partir de 2013, la centrale devrait
assurer une production nette de
1600MW, soit le double de la plus
grosse centrale suisse Leibstadt.
Ou encore davantage que Mhle-
berg et Beznau I et II runies. Tou-
tes des centrales de deuxime g-
nration.
Avec en sus la promesse, selon
Jean-PierreMouroux, le responsable
du projet OL3 chez Areva, dutili-
sermoinsdecombustibles etdepro-
duiremoinsdedchets.Comment
dit-on trop fort! en finlandais?
Sauf que, jusquici, cet EPR a fait
parler de lui par ses explosions de
cots devis 3 milliards, il en
cotera au minimum 2 de plus et
ses 3 ans de retard sur les dlais. De
quoi perdre en rentabilit ce qui a
t gagn en production.
Une bataille
devant les tribunaux
Depuis, lentreprise finlandaise
TVO, commanditaire, et Areva en
sont se battre devant les tribu-
naux, histoire de savoir qui va payer
lardoise. En gros, les Finlandais re-
prochent aux Franais les retards
importants pris dans la construc-
tion et les Franais rpliquent en
accusant les Finlandais davoir lam-
bin dlivrer les autorisations n-
cessaires et octroyer une
information suffisante aux
La grotte miraculeuse
La construction
de la centrale a pris un
retard important. Elle devait
tre inaugure en 2009, mais
ne sera mise en service, au
plus tt, qu la fin de 2012.
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24
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REPORTAGE FINLANDE Migros Magazine 45, 8 novembre 2010
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Donnez votre avis sur dautres
thmes sur notre site internet:
RSULTATS DU
SONDAGE EN LIGNE
Que faire des dchets
nuclaires?
71 %
Arrtons le
nuclaire!
22 %
Les enterrer
6 %
Les envoyer
dans lespace
1381 personnes ont donn leur avis sur
notre site internet du 11 au 21 octobre
2010.
fournisseurs et sous-trai-
tants (plus de 1700).
Dans une atmosphre quon
pressent glaciale, Jean-Pierre
Mouroux et Jouni Silvennoinen,
responsable du projet OL3 chez
TVO, saccordent ce matin-l au
moins sur une chose: lesmontants
exacts en jeu sont dsormais de
lordre du secret conomique.
Prs de quatre ans
de retard
OL3 en tout cas aurait d tre li-
vr cls en main au printemps
2009. Il ne le sera, au plus tt,
que fin 2012. Jean Puppin, res-
ponsable de la coordination tech-
nique du chantier pour Areva,
raconte tre l depuis 2005.
Avant, dans un sourire crisp,
dvoquer la date de son dpart:
On verra bien, on ne fait plus de
pronostics.
En Suisse, lInspection fd-
rale de la scurit nuclaire
(IFSN) se montre dautant plus
attentive ce qui se passe Olki-
luoto que lintrt de nouvelles
centrales rside galement dans
limplication des entreprises loca-
les. Des sminaires dinforma-
tion, des cours, des exemples de
rglementation sont dj mis sur
pied dans le cas o le peuple, sans
doute en 2013, se prononcera
pour de nouveaux racteurs. Ax-
po, BKW (Forces Motrices Ber-
noises) et Alpiq sont en tout cas
sur les rangs.
Les rats de lEPR finlandais
sont videmment pris comme ar-
gument par les adversaires dun
renouvellement du parc nuclaire
suisse. Du ct des pro-nuclaires
on rtorque que les retards pris
par Areva sont surtout la cons-
quence dune longue priode o
lEurope navait plus bti de cen-
trales en gros depuis Tcherno-
byl et quil y avait une nouvelle
exprience, un nouveau savoir-
faire acqurir. Le secrtaire du
Forum nuclaire suisse, Roland
Bilang, a ainsi salu les ingnieurs
dAreva Olkiluoto en les quali-
fiant de pionniers ayant pris des
risques dont les autres profite-
ront.
Une ONG critique
la construction
Une ONG comme Sortir du nu-
claire affirme que les racteurs
de troisime gnration seraient
particulirement dangereux du
fait que le systme de scurit
ny est pas spar du systme
dexploitation, un peu comme
si dans une voiture les freins
taient dpendants du chauf-
fage.
Jrg Starflinger, de lInstitut
de gnie nuclaire de Karlsruhe
une structure cofinance par
Areva, tait invit comme ex-
pert par le Forumnuclaire suisse.
Lui assure quau contraire les
racteurs de la troisime gnra-
tion sont plus srs que leurs
prdcesseurs. Grce notam-
ment un rcuprateur de
surface, lintrieur du racteur,
dans lequel le cur fondu
pourrait tre refroidi efficace-
ment en cas de fusion acciden-
telle. Mieux: Les effets se-
raient alors limits la centrale
elle-mme. Croix de bois, croix
de fer. Laurent Nicolet,
de retour de Finlande
Photos Reuters / LDD
Sur ce photomontage la nouvelle centrale (tout gauche) et les
deux centrales existantes.
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Les jeter
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Migros Magazine 45, 8 novembre 2010
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Jean-Franois Duval,
journaliste
Voici longtemps,
quand je faisais
mon cole de re-
crues, trois de
mes camarades et
moi-mme co-
pmes pour une peccadille de quinze jours
au clou. Ctait S-chanf, dans les Grisons,
mois doctobre, ciel bleu au-dessus des som-
mets, merveilleux paysage de forts, cou-
leurs magnifiques de la valle! Et nous al-
lions passer notre temps chacun isol dans
une cellule demi obscure.Midi et soir, des
camarades nous apportaient le repas sur le
seuil de nos cellules. Ils avaient lair trs in-
quiets pour nous: a va? tu tiens le coup?
Cest pas trop dur?On les rassurait lunis-
son, mais on voyait bien que cela ne mar-
chait pas. Ils repartaient tout aussi inquiets,
et le lendemain, nous les voyions encore
plus rongs par le sort quils nous imagi-
naient. Ma petite amie dalors tait plus
perspicace, qui mcrivit: Je suis sre
quavec ton imagination et un rien de vie
intrieure, lendroit o tu loges pourra te
devenir fabuleux.
Elle voyait juste. En ralit (jexagre peine), nos
camarades navaient pas ide de la fte qui r-
gnait dans les quatre cellules de fortune, qui
taient contigus. Il faut dire que les pa-
rois taient en vulgaires planches de sa-
pin et que lon sentendait trs bien de
lune lautre je crois mme qu hau-
teur du plafond, les planches laissaient
dix centimtres despace vide. Nos paro-
les pouvaient donc senvoler et circuler
tout loisir, de manire arienne, entre
les quatre cellules.
Nous navions rien dautre faire que de
nous raconter des histoires, et nous le fai-
sions avec llan de quatre jeunesmousque-
taires. Avez-vous ide quel point chacun
de nous est tiss par les histoires quil se
raconte sur lui-mme? Jy vois mme la
marque de lhumain, notre diffrence es-
sentielle avec les animaux. Attention, nous
ne dlirons pas, nous naffabulons pas!Non,
par nos paroles fussent-elles silencieuses
et intrieures nousmettons constamment
en forme le rel.
Cest ce qui se passait dans nos cellules. Notre
gardien, un fin Suisse almanique, sy tait lui-
mme mis. A16h30, il nous servait une tasse
de th, puis nous faisait haute voix la lec-
ture de Le Rouge et le Noir de Stendhal.
Ctait exquis, dlicieux, surraliste.
Ainsi nos cellules et la petite baraque tout
entire devinrent-elles ds le premier jour
un lieu tout entier fictionnel.Nous flottions
dans dautres dimensions, ailleurs. Nous
avions beau tre enferms, sales, puants, les
joues manges par la barbe, quantit dhis-
toires schappaient de nos lvres, emplis-
saient lespace, le mtamorphosaient et le
paraient demille couleurs. Jemtonne que,
de lextrieur, toute la troupe qui sen allait
sur la place de tirmonter sur les radars et les
canons ne sapercevait pas quel point nos
quatre cellules de fortune irradiaient et je-
taient leurs clats alentour.Ne trouvez-vous
pas que ces soldats, logiquement, auraient
d tre attirs vers notre baraque comme
des papillons de nuit vers la lumire?
Ah! Ce qui la faisait vivre, cette prison, ctaient
les histoires, fables, rcits que nous tirions de nos
souvenirs ou de nos lans dimagination.Comme
les parois qui nous sparaient taient plus
fragiles que les murs de Jricho, dun souf-
fle, de la plus mince des historiettes, nous
les faisions basculer et seffondrer. Pouvoir
de notre vie intrieure, qui est immense, et
dont les paroles que nous laissons chapper
ne sont mme que la partie visible de lice-
berg! Dites, se pourrait-il que cette exp-
rience de jadis soit lorigine des chroni-
ques que je tiens ici chaque semaine, dans
le cadre troit de cette petite page? Lide
me plat assez. Imaginez! Pour mon bon-
heur, vous seriez alors les bienvenus substi-
tuts demes trois interlocuteurs dautrefois,
auxquels jessaie tant bien quemal de payer
une dette de gratitude?
Lire galement en page 16
Vive les cellules de limaginaire!
-
28
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Migros Magazine 45, 8 novembre 2010
Les strotypes
rduisent la ralit
Patricia Schulz, la directrice du Bureau fdral de lgalit
entre
femmes et hommes, quitte ses fonctions la fin de lanne pour
devenir membre du comit dexperts de lONU sur llimination
de la discrimination lgard des femmes.
La Suisse a t classe dixime
dans le classement mondial du
World Economic Forum sur
lgalit des chances. Cest une
victoire pour vous?
a me fait videmment plaisir!
Mais il faut prendre ce classement
avec nuances. Nous avons gagn
des places grce llection de
femmes au Conseil fdral. Cela
ne signifie pas que la situation
sest fondamentalement amliore
dans le monde du travail, que la
conciliation de la vie familiale et
professionnelle ait t facilite.
Quelle dfinition donnez-vous
lgalit?
Cest disposer de droits gaux, ne
pas tre victime de discrimination
ou dexclusion parce quon est une
femme ou, le cas chant, parce
quon est un homme. Notre acti-
vit et notre mandat est de pro-
mouvoir lgalit dans tous les
domaines et lutter contre toutes
les formes de discrimination di-
rectes ou indirectes. Directes par
exemple quand seuls les hommes
pouvaient tudier luniversit.
Indirectes, quand des lois qui ont
lair neutres ont un effet particu-
lirement dfavorable pour lun
des deux sexes. Comme exiger une
taille minimale pour entrer dans
la police. Les femmes tant en
moyenne plus petites que les hom-
mes, elles sont davantage exclues.
Cela nest pas acceptable.
Comment procdez-vous pour
faire changer les choses?
Nous pouvons nous prononcer sur
toutes les lois et ordonnances qui
ont trait la situation des hommes
et des femmes. Nous distribuons
4millions daide financire pour les
projets qui favorisent lgalit des
chances dans la vie professionnelle.
Nous en avons dj soutenu envi-
ron quatre cents. Nous faisons de
linformation et de la sensibilisa-
tion, et nousmenons de nombreux
projets visant promouvoir lgali-
t. Nous mettons disposition des
instruments pratiques pour lgali-
t, et nous travaillons en rseau
avec de nombreux partenaires, pri-
vs et publics. Cela se traduit dans
les faits.
Il y a notamment lgalit
salariale
Cest une de nos priorits depuis la
cration du bureau en 1988. Nous
avons dit une brochure qui per-
met aux femmes de comparer leur
salaire celui de leurs collgues
masculins pourdes activits quiva-
lentes. Nous aidons aussi les sala-
ries et les responsables hirarchi-
ques se prparer aux entretiens
annuels de qualification durant les-
quels on discute souvent dun sa-
laire ou dune promotion et tre
attentifs au risque de discrimina-
tion inconsciente. Par exemple, si
une femme dirige une quipe, il y a
de fortes probabilits quelle dise
lquipe a super bien travaill, on a
atteint les objectifs. Un homme
dira jai bien men lquipe, grce
moi nous avons atteint les objec-
tifs, et de ce fait, il sera mieux r-
compens, alors que leur prestation
est de mme valeur. Nous avons
aussi cr un instrument, LOGIB,
qui permet aux entreprises de plus
de cinquante employs de vrifier
si elles respectent le principe dga-
lit des salaires.
Comment pouvez-vous vrifier
que les PME respectent lgalit
salariale?
Bio express
Naissance le 28 juillet
1949 Genve.
Etudes de droit
lUniversit de Genve,
licence en 1972, brevet
davocate deux ans plus
tard.
Experte associe
pour lOrganisation
internationale du travail,
Madagascar entre 1977
et 1978.
Enseignante la
facult de droit de
lUniversit de Genve
de 1979 1993.
Cheffe du Bureau
fdral de lgalit
depuis 1994
Ds le 1
er
janvier 2011,
membre du comit
dexperts de lONU pour
llimination des
discriminations envers
les femmes, quatre
sessions par anne.
-
ENTRETIENPATRICIA SCHULZ
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29
Le lgislateur ne nous a pas donn
le droit daller regarder dans les
entreprises, ni dagir devant les
tribunaux. Les femmes qui sesti-
ment discrimines doivent agir
elles-mmes. La seule exception
est la possibilit pour les syndicats
ou les organisations fminines de
porter laffaire devant un tribunal,
mais le droit daction est limit
la constatation dune discrimina-
tion et pas son radication.
O en est-on sur le chemin de
lgalit?
Onest en route. La Suisse a fait des
progrs considrables depuis qua-
rante ans. On tait le dernier pays
dEurope ne pas avoir le suffrage
fminin. Il fallait avoir fait larme
pour accder certaines profes-
sions, les portes de certaines for-
mations taient fermes pour les
filles. Les jeunes daujourdhui peu-
vent avoir limpression que lgalit
est ralise. Cest vrai sur le plan
des lois,mais cest faux dans la pra-
tique,mme si on a nettement pro-
gress. Quand jtudiais luniver-
sit, nous tions 10% de femmes
en facult de droit. Maintenant
elles sont en moyenne 40 50%.
Oui mais ensuite, pour le
doctorat, la proportion de
femmes reste faible.
La Suisse a fait
des progrs
considrables
depuis
quarante ans
Patricia Schulz a t
la tte du Bureau
fdral de lgalit
pendant seize ans.
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