Upload
phungnguyet
View
224
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE
MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE
SCIENTIFIQUE
UNIVERSITE CONSTANTINE 2
FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES
ET DES SCIENCES COMMERCIALES ET DE GESTION
THESE
PRESENTEE ET SOUTENUE PUBLIQUEMENT EN VUE DE
L’OBTENTION DU DIPLOME DE
MAGISTER EN SCIENCES ECONOMIQUES
OPTION: ECONOMIE DE DEVELOPPEMENT
THEME
Présentée et soutenue par : Sous la direction de Monsieur :
BOULKEDDID TAHAR SEBTI FOUZI
Devant le jury :
Président : M. BADAOUI Ibrahim Prof. Univ. Constantine 2.
Rapporteur : M. SEBTI Fouzi Maitre de conf « A ». Univ. Constantine 2.
Examinateur: M.LARABA Mouloud Prof. Univ. Constantine 2
Examinateur: M .BENTORKI Azzedine Prof. Univ. Constantine 2
Année universitaire 2013-2014
L’UTILISATION DES RESSOURCES PRODUCTIVES DANS L’AGRICULTURE ALGERIENNE :
Evolution et Perspectives
REMERCIEMENTS
Je souhaite tout d’abord exprimer à Fouzi Sebti, maître de conférences à l’université de Constantine 2, toute
ma reconnaissance et ma gratitude pour la confiance qu’il
m’a accordée en acceptant d’encadrer cette thèse, et pour
l’aide qu’il m’a prodigué tout au long de ce travail.
Je remercie M. Ibrahim BADAOUI professeur à
l’université Constantine 2 d’avoir accepté de présider ce
jury.
Je remercie également MM.les professeurs Mouloud
LARABA et Azzedine BENTORKI pour avoir accepté
d’examiner et d’évaluer ce travail.
1
Première partie : L’utilisation des ressources productives.
Tables des Matières Pages
Introduction générale ………..…………………………………………………..7
INTRODUCTION………………….……………………………………………..25
Chapitre I : Les potentialités de l’Algérie en ressources naturelles.
Introduction ………………………………………………………..………………….....29
1. Analyse du complexe : sol - climat……………………………..…..........… 30
1.1. La terre : facteur rare………………………………………..…...........… 30
1.2. La configuration du relief ………………………………......................... 33
1.3. La steppe …………………………………………………….................... 36
1.4. Le climat aléatoire : Pluies insuffisantes et irrégulières…….............….. 38
2. ressources hydriques…………………………………….…………………..43
2.1. L’écart entre superficies irrigables et superficies irriguées………..…....…47
2.2. La grande hydraulique ………………………………………………….…48
2.3. La petite et moyenne hydraulique ………………………………........…...50
3. Aménagement du territoire et mise en valeur des terres agricoles….................51
3.1. Aménagement du territoire et terres agricoles……………………….....…52
3.1.1. Extensionurbaine……………………………………….…..………. 53
3.1.2. Les unités industriels et infrastructures économiques……….…55
3.2. Aménagement du territoire et ressources en eau………….……….………56
3.2.1. Prélèvement au profit des villes………………………....…..57
3.2.2. Prélèvement au profit de l’industrie………..……………….58
3.3. La mise en valeur des terres …………………………….….….……..… 58
3.3.1. Les principales causes de la dégradation des sols…………58
3.3.2. L’ampleur de la mise en valeur et le rythme
des réalisation .…............................................................... 61
2
4. Evolution des systèmes de cultures et des systèmes d’élevages……….……62
4.1. Evolution des systèmes de culture…………………………………….…...62
4.2. Evolution des systèmes d’élevage……………………….….…..…….……67
Conclusion ……………………………………………………………….……….72
Chapitre II : Modernisation de l’agriculture et acquisition des
ressources productives.
Introduction ……………………………………….……………………….……..74
1. Les ressources humaines……………….…………………………………..….76
1.1. Le volume global et structure de la main d’œuvre……………….………77
1.2. Le niveau de la productivité du travail……………………………………93
2. Les ressources techniques…………………………………….……..……… 94
2.1. La motorisation en agriculture………………………………….…………95
2.1.1 Evolution du parc national…………………….………...………..…..… 97
2.1.2 Le matériel aratoire et le matériel de récoltes……….…..……….…..…105
2.1.3 Relation entre motorisation - mécanisation - et emploi
de la main d’œuvre .…………………………………………..….…… 109
2.2. L’emploi des consommations intermédiaires……………....………….110
2.2.1. Dans la production végétale ………………………..………………..…………111
2.2.2. Dans la production animale ……………………………………………………120
Conclusion …………………………………………………..……………….…122
Chapitre III : Les politiques agricoles.
Introduction ……………………………………………………………….…….125
1. Hétérogénéité du secteur agricole ……………………………………...……127
1.1. Les principales caractéristiques de ces secteurs ………..………..……127
1.1.1. secteur privé …………………………………….……………….….…….. 127
1.1.2. Extension du secteur d’Etat………………………..……………..…………..131
1.2. Politique de structures………………………….………………….……153
3
2. Vers l’homogénéisation du système d’exploitation
du secteur agricole .………...………………………………………..…155
2.1. L’orientation de la production……………………………..…….…....158
2.2. La politique des investissements……………………………..……….159
2.3. La politique des crédits………………………………………….……163
2.4. Le soutien des prix. …………………………………………………..167
2.4.1. Prix des facteurs de production livrés à l’agriculture :
les prix payés par les agriculteurs………………………………….………..168
2.4.2. Prix à la production : prix payés aux agriculteurs ……………………………...…170
2.4.3. Politique de développement agricole……………………………………..…………..171
3. Les revenus dans le secteur agricole……………….………….………...….174
3.1. Les salaires dans le secteur d’Etat……………………….………...…175
3.2. Les revenus dans le secteur agricole………………………..………..176
4. La politique de formation de recherche et de développement .................179
Conclusion :………………………………..…………………………….….....184
Chapitre IV : Les effets de la politique agricole sur la modernisation
de l’agriculture et de la production : Les résultats.
Introduction……………………………………………………………………...186
1. Evolution de la production …………………….…………………………….186
2. Les résultats de la production agricole en quantités physique ………...… 188
2.1. La production végétale …………………………………………………188
2.2. Les productions animales …………………………………….…………202
2.3. La production halieutique…………………………………...…………..206
3. Rapport entre l'évolution du capital et de la production……………….….. 208
Conclusion :……………………………………………………...………………213
4
Conclusion de la première partie………………………………………..………215
Introduction………………………………………………………………...……219
Chapitre V : Les marges de progrès possibles de la production
agricole algérienne .
Introduction……………………………………………………………….….….224
1. Analyse comparative. ……………………………………………………......224
1.1. Analyse comparative avec les pays du Maghreb …………....….. 225
1.2. Analyse comparative avec les pays développés……………..…....228
2. L’intéressement des travailleurs………………………………...……………238
2.1. L’incitation des travailleurs du secteur public……………………...…238
2.2. La motivation des paysans de secteur privé……………………...…...239
3. Faciliter l’accès aux facteurs de production………………………………….240
3.1. Accès au foncier ………………………………………………….… 241
3.2. La disponibilité des ressources techniques en quantité et qualité ..… 242
3.3. Une administration au service de la production ………………………243
Conclusion :…………………………………………………...…………………245
Chapitre VI : La relation agriculture industrie.
Introduction………………………………………………………………….…..248
1. Les retombées de l’industrialisation…………………………………......... 248
1.1. Le rythme d’absorption du surplus de la main
d’œuvre agricole…………………………………………....……….249
Deuxième partie : Perspectives d’une meilleure utilisation
des ressources productives dans l'agriculture algérienne.
5
1.2. L’amélioration du revenu moyen dans les compagnes……….…...… 250
2. Les livraisons des facteurs de production à l’agriculture ……………………….…………. 251
3. Les livraisons des produits agricoles au secteur industriel
(Céréales - lait - fruits et légumes) …....................................................................... 257
Conclusion ………………………………………………………………....……264
Chapitre VII : Le coût du progrès et de la modernisation.
Introduction………………………………………………………………....…. 266
1. Préservation de ce qui existe et élargissement des capacités de la
production agricole………………………………………………..…………266
1.1. La mise en valeur des terres agricoles .…………….……………….… 267
1.2. La mise en valeur de l’hydraulique…………………………….… 269
1.3. L’aménagement de la steppe et de zones montagneuses……….…270
2. Elargissement de l’infrastructure économique ………………………….… 272
2.1. Réseau routier et transport…………………………………….….....… 272
2.2. Capacités de stockage…………………………………………..…...… 275
3. Formation- Recherche - Vulgarisation…………………………………...... 277
Conclusion ………………………………………………………………….… 279
Chapitre VIII : Les choix politiques : importation des ressources productives
et /ou importation des produits alimentaires.
Introduction …………………………………………………………….….. 281
1. Les importations des ressources techniques sont-elles couvertes
par les exportations des produits agricoles? ...................................... 282
2. Substitution progressive des importations des facteurs de productio.. 284
3. Le rythme d’évolution de la production agricole……………………..…286
4. La politique démographique……………………………..…………....…289
6
5. Le modèle de consommation alimentaire et taux
d’auto-approvisionnement ……………………………………….……..291
Conclusion …………………………………………….……..…………...293
Conclusion générale………………………………………………….…...294
Liste des tableaux………………………………………….…………..…..301
Bibliographie ……………………………………………….………….....306
webographie ……………………………………………………….…......310
Liste des abréviations ……………………………..…………………......312
Abstract
Résumé
7
Introduction générale
8
L’agriculture en tant qu’activité économique chargée de plusieurs missions
dont la plus importante demeure celle de pourvoir aux besoins humains en denrées
alimentaires et produits agricoles lui confère un rôle essentiel et stratégique. En
effet, pour satisfaire ces besoins, l’agriculture doit non seulement produire des
biens mais aussi s’efforcer de réaliser un ajustement entre la production (offre) et
la consommation (demande) actuelle et à venir exprimée par la population. Une
discordance entre la croissance démographique et les potentialités agricoles
laisserait apparaître en général un déficit en produits agricoles et alimentaires à
combler par les importations financées par les exportations de biens et de services
produits par d’autres branches de l’économie et / ou par un endettement auprès
d’autres pays et organismes internationaux. La structure et le volume des
importations pourraient constituer, un fardeau pour le trésor public du pays, une
menace de dépendance politique envers les créanciers et les fournisseurs ainsi
qu’un frein au développement économique et social que seule une production
agricole suffisante et régulière peut atténuer.
La production agricole .de l’Algérie mobilise environ 40 millions d’hectares
(Ha) soit 17 % de la surface totale qui couvre 238.174 milles Ha. L’essentiel de
la Surface Agricole Utile (SAU) se trouve au nord du pays, occupe 7,5 à 8,3
millions d’Ha approximativement ce qui représente à peine 3 % de la surface
totale. Les pacages et parcours s’étendent sur 32 millions d’ Ha. Le reste étant
constitué par des terres improductives et stériles du désert du Sahara où toute
9
culture en sec est impossible. IL faut quand .même signaler que de très faibles
superficies localisées près des points d’eau permanents sont exploitées par
l’agriculture et ont donné naissance à des oasis très dynamiques sur le plan
économique.( BISKRA ; ADRAR;BECHAR ).
L’agriculture occupe moins de un million de personnes permanentes. Les
différents recensements de la population ont dénombré 873.000 personnes en 1966,
et 692.160 en 1977, ainsi que 724.699 en 1987. Les estimations de l'Office
National des Statistiques (O.N.S) étaient de 881.000 personnes en 1996 soit 17,35
% de la population totale occupée. Ces différents effectifs réalisent en moyenne et
selon les campagnes agricoles environ 150 millions de journées de travail.
Sa contribution dans la P.I.B, c’est à dire dans la création de richesses, a connu
un recul important de 13,6 % en 1967 à 7,4 % en 1977 et 10 % en1997.
Et, elle n’assure qu’un faible taux de couverture de la consommation alimentaire
« puisque les 2/3 des calories disponibles sont importées et plus de la moitié des
protéines le sont également »1 moyennant des sommes colossales de l’ordre de 2 à
2,5 milliards de dollars des Etats-Unis annuellement depuis le milieu des années
1980 pour dépasser les 7,9 milliards de dollars deux décennies plus tard.
Or pour produire, l’agriculture doit disposer d’un certain volume de
ressources productives ou facteurs de production dont la combinaison productive
1 Ministère de l’équipement et de l’aménagement du territoire : Demain l’Algérie Volume II P 195
10
permet d’obtenir en un temps déterminé (cycle de production) une certaine quantité
de produits. Notons que la variable temps joue un rôle déterminant puisque la
production est un processus qui se déroule dans le temps et que l’objet de travail
est formé d’êtres vivants dont la croissance obéit à des lois biologiques. Une fois le
processus de production enclenché, il ne peut être différé assez longtemps sans
compromettre le résultat de la production - contrainte qui existe rarement dans le
secteur industriel.
Pour appréhender et identifier les ressources productives mises en œuvre, et
mettre en évidence les relations qui existent entre elles, une analyse de la
production dans sa genèse et dans ses résultats est indispensable. L’analyse nous
montre que la production agricole est à la fois un processus - acte de produire – et
un résultat de ce processus exprimé en quantité physique ou en valeur. Ces deux
aspects sont étroitement liés.
L’un d’ordre technique indique comment à partir d’un cadre de ressources
limitées, comme l’enseigne la théorie économique, s’opère un choix des actes de
production. Ceux ci relèvent du domaine du possible conditionné par l’état des
connaissances techniques applicables à l’entreprise ou l’exploitation agricole.
L’autre aspect concerne la décision économique qui « consiste à choisir parmi les
actes possibles ceux dont les conséquences présentent la plus grande valeur d’après
11
le critère retenu »2 il constitue l’objectif fixé suivant certains critères de valeur liés
au comportement de l’entrepreneur.
Les ressources productives utilisées dans le processus de production agricole
sont très nombreuses mais pour simplifier l’analyse nous pouvons les regrouper en
trois grandes catégories comme les économistes de l’école classique qui
distinguent trois facteurs de production: la terre, le travail et le capital :
correspondant en gros aux ressources naturelles, aux ressources humaines et aux
ressources techniques. Les auteurs néoclassiques ajoutent aussi le progrès
technique comme facteur de production, considéré comme un "résidu" et identifier
comme facteur exogène dans le modèle de croissance de R.Solow. Ce résidu
représente l'ensemble des variables assimilées à la technologie permettant
d'améliorer l'efficacité des facteurs de production.
Cependant, à travers les combinaisons des ressources productives qui
relèvent de l’aspect technique de la production, c’est surtout à une combinaison de
prix et de coûts que procèdent les agriculteurs sous l’effet de pressions et
d’incitations extérieures exercées par les autres secteurs économiques. Ainsi,
parfois sollicitée, souvent contrainte, l’agriculture doit toujours s’adapter aux
nouvelles situations économiques grâce à la plasticité dont sont douées ses
ressources productives. Une utilisation plus rationnelle des ressources est toujours
recherchée par les agriculteurs quel que soit le niveau de développement de
2Ministère de l’équipement et de l’aménagement du territoire : Demain l’Algérie Volume II P 195.
12
l’agriculture. Et, une différence de degré de rationalité entre agriculteurs tient
plutôt au fait de degré de contraintes rencontrées par les agriculteurs (notamment le
niveau de formation) et des objectifs poursuivis.
En effet les prix des ressources productives peuvent évoluer, et dans ce cas les
agriculteurs auront tendance à utiliser abondamment la ressource la moins
onéreuse et à limiter ou abandonner celle dont le prix est excessif. Ils peuvent dans
ce cas opter pour un système de culture extensif lorsque la terre est abondante
renoncer à l’utilisation des engrais si leur prix augmente, choisir entre la culture
motorisée et la culture attelée en fonction des charges. C’est une question de bon
sens.
A la suite d’une augmentation de la demande domestique consécutive à une
amélioration des revenus ou à une croissance de la population, les agriculteurs
peuvent modifier la structure de leur production pour répondre aux nouvelles
caractéristiques de la demande. Par exemple une élévation du pouvoir d'achat des
revenus de certaines catégories sociales peut inciter à une consommation plus
importante de viande. Cette demande entraîne une augmentation de la production
de fourrage destiné au bétail. La réorientation de la production agricole, ou la
nouvelle structure de l’offre, est toujours possible à moyen et long termes même si
elle est parfois onéreuse comme dans le cas des plantations.
13
En voulant s’assurer la parité de leur niveau de revenu avec celui des autres
catégories socioprofessionnelles, les agriculteurs disposant d'une autonomie de
gestion peuvent abandonner les cultures les moins rentables si l'opportunité se
présente même si elles sont nécessaires sur le plan économique et technique :
rotation – assolement des cultures .Comme ils peuvent être tentés de pratiquer une
agriculture à temps partiel pour avoir un revenu complémentaire grâce à l’exercice
d’une autre activité plutôt que d’intensifier leurs cultures en leur consacrant plus de
travail. Ils ne sont pas insensibles (du moins l’élite) à ce qui se passe hors de leur
entreprise, ils peuvent subir l’influence du progrès technique mis au point par les
industries, les laboratoires et les centres de recherches qui les incitent à modifier la
combinaison productive de leurs ressources (fonction de production) et à bénéficier
du moins temporairement des rentes d’innovation en procédant à des substitutions
du capital au travail et aux ressources naturelles et du travail qualifié au travail non
qualifié.
Par ailleurs, les ressources productives évoluent en quantité et qualité.
Elles ne sont pas figées, immuables. Elles peuvent connaître des modifications
(dégradation progressive parfois irréversible du patrimoine naturel à la suite de
l’érosion des sols ; ou une amélioration du niveau de fertilité des terres par une
mise en valeur) et même des déplacements (des personnes et des aires de cultures).
Un changement opéré au niveau d’une zone agricole par le passage des cultures en
sec aux cultures en irriguées à la suite de la construction d’un barrage, ou l’inverse
14
en cas de tarissement des sources aquifères, peut modifier le comportement des
agriculteurs et l’utilisation des autres ressources productives. Le matériel devenu
obsolescent est remplacé par du matériel plus performant.
Des pressions externes exercées sur le secteur agricole peuvent donner lieu à
un transfert net de ressources productives (terres ,eau, main d’œuvre) vers d’autres
secteurs de l’économie provoquant ainsi une régression du potentiel productif,
comme elles peuvent aussi, à travers le comportement des agriculteurs, induire une
dynamique interne du système productif agricole qui se manifeste par des
modifications au niveau de ses principales composantes que sont : le système de
culture, le système de production et le système d’exploitation3. Chacun de ces
systèmes constitue un aspect ou une composante du système productif. Et, toute
action sur un de ces aspects ou systèmes entraîne une dynamique interne au niveau
du système productif. Même si c’est rare que des pressions externes s’exercent à la
fois et en même temps sur les trois aspects du système productif4. Une évolution
lente est perceptible. Aussi plusieurs variantes peuvent en résulter de la
combinaison de ces trois systèmes avec leurs différents degrés, ce qui donne une
diversité de systèmes productifs agricoles et un caractère hétérogène à l’agriculture
ainsi qu’une impression de modernisation différenciée.
3 R. Badouin – L’analyse économique du système productif en agriculture - cahiers des sciences humaines 23 (3-4)
1987 p357-375 4 Sauf dans le cas d’une révolution qui provoque une rupture avec la situation antérieure et un changement radical
dans le système productif.
15
Le changement progressif des ressources productives induit donc une
dynamique interne assez lente du système productif qui, tout en alimentant ses
capacités productives, s’oriente le plus souvent vers un système plus perfectionné
que l’ancien, c’est à dire plus intensif avec de meilleurs résultats du moins en
quantité physique car en valeur et d’après la loi de G. King5 ils peuvent ne pas être
assez probants.
Ce changement doit être perçu et ressenti comme une nécessité d’adaptation et /
ou de modernisation, car dans une économie de marché, où la concurrence est vive,
une exploitation qui ne s’adapte pas est condamnée à disparaître .La pérennité de
l’exploitation agricole reste subordonnée à ses résultats. Par contre le secteur
agricole existera toujours même après maintes reconfigurations du paysage
agricole. Et c'est aux résultats du secteur agricole (y compris la pêche qui est une
ressource naturelle) induits par les facteurs de production que nous nous
intéressons.
Les résultats réels représentent des résultats acquis et enregistrés qui
forment la base des données statistiques et comptables – Ils permettent de retracer
l’évolution de la production – C’est à ce type de résultats que nous aurons recours
dans notre travail de recherche actuel.
La combinaison productive des ressources disponibles, en quantité et qualité,
permet d'obtenir un certain volume de production. Ce résultat réel renseigne sur le
5 Gregory King : auteur anglais du 17ème siècle (1648-1712) connu à cause de la loi établissant une relation inverse
entre le prix du blé et l’abondance de la récolte.
16
degré d’intensification d’une agriculture et révèle les marges de progrès possible
c'est-à-dire "la différence entre les effets obtenus dans le passé et les effets qu'il est
possible d'obtenir présentement ,lorsque l'on a pu définir la quantité de facteurs
nécessaires à la production de l'effet passé et la quantité de ces mêmes facteurs
nécessaires à l'obtention de l'effet possible"6à combler ainsi que les réserves de
productivité existantes et ceci quelque soit le niveau de développement
économique et social du pays.
En Algérie, il existe une inadéquation entre les résultats souhaités et ceux
effectivement obtenus en dépit des efforts financiers consentis par l’Etat pour une
intensification du processus de la production qui viserait à obtenir une
augmentation du rendement par unité de superficie et par unité d'élevage
moyennant une utilisation plus importante des facteurs de production (intrants
,travail ) jusqu’à un seuil où le rendement stagnera ou fléchira selon la loi des
rendements décroissants constatée par Turgot au XVIII siècle et approfondie par
D.RICARDO au début du XIX siècle.
Théoriquement c’est la ressource la plus abondante et aussi la moins onéreuse
qui aura la priorité d’emploi selon les économistes classiques. Et, dans le cas de
l’Algérie, c’est la force de travail disponible, sous employée ou en chômage, qui
servirait dans un premier temps de base à l’intensification de la production
agricole. Cependant, l’emploi de la main d’œuvre par unité de superficie ne peut
6R.Launay et alii. « L’entreprise agricole ,col U.ed.A.Colin 1967.p 208 »
17
être illimité, il se heurtera à la loi des rendements décroissants et par conséquent à
une baisse de la productivité par travailleur. Sans recourir à la notion de
productivité marginale du travail, qui d’ailleurs n’a aucun sens dans un pays où la
main d’œuvre est sous employée, le passage à un autre type d’intensification
s’avère nécessaire.
En général, après l’utilisation de la main-d’œuvre familiale ou salariée, le
choix se porte sur l'emploi des produits biologiques (semences et plants
selectionnés, race des animaux…), des engrais et des produits de traitement. Car,
ce sont des produits divisibles donc accessibles aux petits agriculteurs, peu onéreux
par rapport aux biens d’équipement et leurs résultats apparaissent rapidement.
L’intensification à l’aide des ressources techniques et biologiques devient
indispensable particulièrement par une utilisation plus importante des intrants ou
consommations intermédiaires (engrais, eau, produits phytosanitaires, semences
sélectionnées…) qui se poursuivra tant qu’un seuil de saturation de consommation
d’engrais n’est pas atteint et que le rendement continuerait à croître. Ces ressources
forment un « cortège » de facteurs en interaction et la défaillance de l’un peut nuire
à l’efficacité des autres c'est-à-dire à leur productivité.
La production agricole demeure aussi trop tributaire des conditions
naturelles notamment les aléas climatiques qui traduisent la faiblesse de son
volume et son irrégularité. Ce qui ne relève pas d’une fatalité mais s’explique en
partie par le faible niveau des forces productives.
18
Les terres agricoles utilisées étant limitées et inextensibles. En dépit de cette
situation le système de culture dominant reste très extensif comme le prouve les
superficies consacrées à la jachère 30 à 40 % de la surface agricole utile et les
faibles rendements moyens obtenus particulièrement en céréales.
Les opérations d’intensification ne sont pas strictement limitées à l’emploi de la
force de travail ou aux consommations intermédiaires et aux biens d’équipements
.C’est selon la disponibilité des ressources et leur prix, ainsi que la rentabilité
escomptée, que les agriculteurs opèreront leur choix. Ces opérations
d’intensification sont également influencées par les politiques économiques et les
politiques agricoles. Les unes générales touchant tous les secteurs économiques
(inflation, fiscalité, transport …) et à titre résiduel l’agriculture ; les autres
spécifiques à l’agriculture concernent aussi bien les prix, les subventions, l’aide et
le soutien à la production ainsi que le régime juridique des terres, des coopératives
et les structures des exploitations etc. Donc seule une politique cohérente et à long
terme peut éclairer les perspectives et garantir la réussite de l’intensification
agricole, c’est à dire une meilleure efficience de l’utilisation des ressources
productives et son corollaire une croissance soutenue de la production agricole.
Le volume de la production agricole dépend principalement de la quantité de
ressources productives mais aussi des caractéristiques des unités de production
notamment leur dimension (l’économie d’échelle serait peu importante en
agriculture du fait de la fixité du facteur : terre) et leur réceptivité au progrès
19
technique. Une superficie optimale doit exister pour un meilleur résultat en
fonction des spéculations pratiquées. L’environnement socio- économique et
institutionnel des unités de production peut également influencer le résultat.
Une utilisation plus importante des ressources productives au cours des dernières
décades en Algérie a-t-elle été accompagnée d’une augmentation proportionnelle
ou plus que proportionnelle de la production ? Ou a-t-elle servi uniquement à
contribuer à une hausse des coûts de productions ? Quelles sont les exploitations
agricoles qui ont bénéficié de ces ressources ? Leurs caractéristiques et leur statut
juridique et même leur position géographique ont ils eu une influence sur le
volume des ressources (Humaines et techniques) utilisées. Le problème qui se pose
à l'agriculture algérienne c'est la croissance de sa production, et c'est là notre
problématique, qui n'arrive pas à décoller en dépit des moyens mis à sa
disposition par l'Etat .
Ces résultats de la production agricole ont-ils suivi la même tendance
croissante que celle des ressources utilisées ?
Théoriquement et suivant l’expression consacrée « cétéris paribus » (toutes
choses égales par ailleurs) si on double le volume des ressources productives
utilisées dans le procès de production on double le volume de production. Mais
comme la terre est un facteur fixe inextensible et les conditions climatiques
incontrôlables on ne peut agir que sur les autres facteurs de production que sont
20
les intrants ou consommations intermédiaires et les biens d’équipements et la force
de travail.
Trois hypothèses permettent de répondre au moins partiellement à cette question.
- Les ressources productives utilisées dans l’agriculture n’ont pas eu l’effet
souhaité ou recherché suite à une inefficacité des facteurs dans la combinaison
productive.
- Dans l’état actuel des connaissances scientifiques et techniques, l’emploi des
ressources productives et notamment techniques n’a aucune incidence sur le
volume de la production agricole en Algérie du fait de l’instabilité des structures
agraires.
- Les résultats obtenus ne sont que le reflet de l’insuffisance quantitative et
qualitative des ressources donc du faible niveau des investissements (accumulation
du capital technique et qualité du capital humain) et par conséquent une utilisation
plus importante de ces ressources entraînera une augmentation de la production.
Pour appréhender l’utilisation des ressources productives et son évolution une
approche historique rétrospective sur une longue période, afin d’éliminer les effets
conjoncturels essentiellement liés aux aléas des conditions climatiques, s’avère
indispensable.
Notre travail de recherche s’articulera autour de l’analyse des trois catégories de
ressources productives mentionnées précédemment. L’intérêt porté aux relations
21
qui existent entre ces ressources(substituabilité et complémentarité) et à l’évolution
de leur utilisation quantitative nous permettrait de mesurer et d’apprécier les
niveaux de la production à travers les résultats acquis, c’est à dire réellement
enregistrés.
Aussi nous nous proposons d’étudier cette évolution sur prés de quatre
décennies en prenant comme année de référence 1966, année qui connu
d’importants évènements économiques et sociaux : premier recensement de la
population de l’Algérie indépendante, confirmation de l’option du pays pour une
voie de développement non capitaliste et adoption de la planification comme
instrument de développement (préparation du premier plan triennal 1967 –1969),
nationalisations des banques, du commerce extérieur, etc. Ainsi l’évolution des
ressources productives s’inscrit dans le cadre d’une économie dirigée qui permet
aux exploitations agricoles du secteur public de poursuivre leur activité en dépit de
leurs résultats économiques peu reluisants. Leur maintien sous perfusion leur
permit de s’acquitter de leur rôle social notamment en matière d’emploi de la main
d’œuvre et donc de la distribution de revenus. L’allocation des ressources
matérielles et monétaire se fait par voie technico – administrative (planification) et
non économique en absence d’un véritable marché. Par contre dans une économie
capitaliste les exploitations qui n’arrivent pas à dégager un surplus sont amenées à
disparaître. L’allocation des ressources se fait par l’intermédiaire des prix fixés par
le marché où règne une concurrence très vive et permet aux exploitations les plus
22
efficientes de se maintenir et de s’agrandir. L’agriculture algérienne a vécu et
connu les deux régimes.
Nos investigations sont basées sur des données statistiques émanant de sources
différentes en priorité des organismes institutionnels : ministère de l’agriculture,
ONS, CNES, et des publications de travaux scientifiques d’universitaires algériens
et étrangers. Ce qui caractérise les statistiques algériennes c’est qu’elles sont
fragmentaires, de séries incomplètes d’âges différents et le plus souvent
contradictoires. Ceci rend le tracé des courbes pour apprécier l’évolution d’une
variable impossible sur le long terme.
Ces investigations sont complétées par des informations basées sur des contacts
personnels avec des agriculteurs, des responsables du secteur agricole et la presse
locale et internationale via l’Internet.
Ainsi le champ d’analyse déterminé et la période d’étude limitée, cette étude
comprendra deux parties.
La première partie sera consacrée à un examen historique des ressources
productives disponibles employées dans le processus de production et sa
modernisation. Aussi par une approche quantitative non exhaustive nous
procéderons à une analyse dynamique des ressources utilisées et des résultats
obtenus dans le cadre des politiques économiques et agricoles.
23
La seconde partie se veut prospective. Elle portera sur les marges de progrès
certaines ou possibles du secteur agricole. Des performances technico –
économiques attendues pourront être obtenues avec l’aide du secteur industriel et
une meilleure formation des agriculteurs. Tout cela présente un coût que
l’agriculture avec ses moyens actuels ne peut prendre en charge.
24
Première partie :
L’utilisation des ressources
productives.
25
INTRODUCTION :
La production agricole à la différence de la production industrielle met en
œuvre de la matière vivante dont les conditions d’existence sont déterminées par
les caractéristiques du sol (structure, texture) de l’eau (quantité et qualité) et du
climat (température, humidité, vent, ensoleillement…etc.). Le sol et le climat,
considérés comme ressources naturelles constituent en fait les conditions plus ou
moins favorables au développement des plantes et des animaux utiles à l’homme.
Livrées à elles même ces conditions naturelles, très peu modifiables dans le temps
du moins à l’échelle d’une vie humaine, seront grâce au travail humain parfois
transformées et souvent corrigées et améliorées pour aboutir à une
« artificialisation du milieu » favorable aux cultures.
L’existence de ressources naturelles et humaines étant un préalable à toute
production agricole.
D’autres ressources matérielles également indispensables sont utilisées soit
pour rendre le travail plus efficace (matériel de labour et de récolte) ou fournir aux
plantes des éléments nutritifs nécessaires à leur croissance (engrais, eau) et les
protéger contre leurs ennemis (produits phytosanitaires et pharmaceutiques) ou
encore préserver les récoltes des intempéries et créer des conditions propices à
l’élevage des animaux (bâtiments d’exploitation et de stockage). L’ensemble de
ces ressources concourt à la réalisation d’un certain volume de production agricole.
26
Ce volume ne peut être que proportionnel et dépendant de la quantité et de la
qualité de ces ressources mises en œuvre dans le processus de production.
Or la mise en œuvre, ou combinaison productive, de ces ressources supposées
disponibles obéit à une politique qui fixe les priorités économiques et sociales en
fonction des choix de la société, car avec ces mêmes ressources "à usage
alternatif" on peut obtenir une large gamme de produits.
Donc les résultats de la production du moins en quantité physique ne peuvent être
en partie que le reflet de l’efficacité (productivité) des ressources utilisées dans les
processus de production et de la justesse des choix économiques et politiques.
Dans cette première partie nous mettrons en évidence les ressources
disponibles, d’une manière globale mais non exhaustive, utilisées dans
l’agriculture. L’analyse de leur évolution quantitative et qualitative nous permettra
de mieux saisir et d’expliciter les résultats de la production obtenus au cours des
quatre dernières décennies.
Pour cela, cette partie sera scindée en quatre chapitres dont le premier
s’intéressera aux ressources naturelles disponibles et aux pressions exercées sur
elles par les autres secteurs socio-économiques pour leur appropriation ainsi
qu’aux multiples formes de leur dégradation dues en particulier à l’érosion des
sols.
27
Le second chapitre sera consacré à l’étude de la modernisation du secteur agricole
à travers l’évolution de l’emploi de la main d’œuvre et l’acquisition des ressources
techniques (biens d’équipements et consommation intermédiaires).
Le troisième chapitre s’intéressera aux politiques agricoles qui ont favorisé ou
freiné l’évolution de cette modernisation, par une meilleure utilisation des
ressources productives, indispensable à une augmentation de la production.
Enfin le quatrième chapitre exposera les résultats obtenus grâce à ces politiques
agricoles en matière de productions végétales et animales et partiellement les
résultats financiers du secteur agricole.
28
Chapitre I :
les potentialités de l’Algérie en ressources
naturelles.
29
INTRODUCTION :
L’Algérie dispose d’un vaste territoire présentant une grande diversité de sol et
de climat. Cette diversité donne un caractère assez différencié à l’agriculture dont
le système de production varie du type très extensif au type intensif.
Cependant, et en dépit de son vaste territoire l’Algérie n’est pas un pays agricole.
La nature ne l’a pas avantagé, elle ne l’a pas doté de terres fertiles et de climats
favorables au développement des plantes et des animaux.
En effet, la superficie totale de l’Algérie couvre près de deux millions quatre
cents milles Km2 (2.4 millions de Km
2) et ne doit pas faire illusion quant à ses
possibilités agricoles. Sur cette superficie prés de deux millions de Km2 sont
occupés par du véritable désert saharien et 150.000 Km2 sont classés par les
climatologistes comme semi-aride recevant moins de 400mm de pluie par an, seuil
minimum pour la culture des céréales.
La seule région convenablement arrosée est la bande côtière située dans la
moitié Est du pays. Elle s’étend sur environ 600Km de long (Cherchel ; El-Kala) et
sur une profondeur Nord-Sud qui ne dépasse pas les 100Km, et son relief laisse
peu de place aux terres arables.
30
Parmi les ressources naturelles indispensables à la production agricole, la terre
et l’eau occupent une place prépondérante. Ces deux facteurs sont aussi très
sollicités par d’autres secteurs économiques. Il s’agit donc pour l’agriculture, et
dans la mesure du possible, de préserver ses potentialités naturelles afin d’assurer
la pérennité de la production car avant tout, c’est de la quantité et de la qualité des
ressources naturelles que dépend le volume de la production. Donc une
appréciation de la production agricole et de sa croissance passe par une analyse des
ressources naturelles disponibles et mises en œuvre dans le processus de
production.
1. L’analyse du complexe sol- climat :
La fertilité des terres arables ou agricoles dépend de l’association du sol et du
climat. Une approche quantitative permet de cerner l’importance de ces facteurs.
Pour cela une description aussi détaillée que possible est nécessaire pour apprécier
les potentialités agricoles du pays.
1.1. La terre agricole : facteur rare :
La première contrainte que rencontre l’agriculture Algérienne et qui limite son
volume de production est liée à la faible proportion des terres arables. La
répartition générale des terres du territoire national représentée dans le tableau
ci-dessous (tableau N°1) montre que les terres improductives occupent 80% de la
superficie totale. Les surfaces forestières et les zones alfatières réunies représentent
31
environ 3% de la surface du territoire. Ce taux montre le stade catastrophique du
déboisement que connaît l’Algérie.
Tableau N° 1 : Répartition générale des terres
U : 103 Ha
Source : O.N.S. Algérie en quelques chiffres N° 29, N°30.ed : 2000-2001
1995/1996 1996/1997 1997/1998 1998 /1999
Superficie Agricole
Utile (S.A.U) 8 081 8 201 8 215 8 227
1.1-Terres labourables
Culture herbacées
Terres au repos
7 521
4 554
2 967
7 650
4 234
3 415
7 660
4 458
3 202
7 673
4 031
3 640
1.2-Cultures permanentes
Pairies Naturelles
Vignobles
Plantations fruitière
559
40
62
456
551
42
57
451
555
42
56
456
554
35
57
461
2. Pacages et parcours 31 525 31 531 31 652 31 503
3. Terres improductives des
exploitations agricoles 935 929 864 865
Total terres utilisées par
l’agriculture.(1+2+3) 40 541 40 663 40 732 40 596
Autres terres
Terres alfatières 2 865 2 830 2 920 2 916
Terres forestières 3 855 3 835 3 900 4 196
Terres improductives* 190 913 190 190 621 190 465
Total superficie territoriale 238 174 238 174 238 174 238 174
32
Quant aux terres utilisées par l’agriculture elles ne représentent que 17 % de la
surface totale et comprennent :
- Les terres labourables soumises à un assolement y compris la jachère.
- Les cultures pérennes ou permanentes qui comportent les plantations
d’arbres fruitiers et de vignobles, ainsi que les prairies naturelles et les
pacages et parcours.
Ce tableau montre également le caractère instable des superficies des différentes
catégories de terres. IL n’y a pas de frontière étanche entre elles ce qui explique les
importantes variations d’une année à l’autre. Cette fluctuation indique cependant la
tendance à long terme des superficies des différentes catégories. La stabilisation
autour de 40 millions d’Ha des terres utilisées par l’agriculture semble se
maintenir.
La rareté relative des terres agricoles peut être évaluée et appréciée également
par rapport à la surface totale du territoire et aussi par rapports aux besoins
croissants de la population en produits agricoles et en matière d’emploi de la main
d’œuvre.
A titre d’exemple, en 1999 pour une population de l’ordre de 30 millions
d’habitants et une Surface Agricole Utile (SAU) de 8,2 millions d’Ha, la
superficie par habitants est réduite à 0,27 Ha, et la superficie par actif agricole
33
s’élève à 7 Ha en tenant compte de la jachère. Sans la jachère ce chiffre chute à 4
Ha environ, alors que durant la même période le chômage global était de 30% au
sein de la population active.
Le chômage étant plus accentué dans les zones rurales où l’agriculture procure
l’essentiel de l’emploi de la population.
La diminution des superficies utilisées par l’agriculture trouve aussi son
explication dans la configuration générale du relief et les caprices du climat ainsi
que dans le résultat des activités humaines qui ont conduit à une dégradation et
même parfois à une stérilisation irréversible de certaines terres provoquées par une
érosion accélérée. L’extension des terres cultivables ne peut porter que sur les
terres marginales situées en zones montagneuses exposées à l’érosion et/ou en
zone steppique exposées à l’aridité.
1.2. La configuration du relief :
La configuration générale de relief laisse paraître deux grands ensembles
géographiques : les chaînes de l’Atlas au nord et le désert du Sahara au sud.
L’Algérie du nord, plus accidentée que l’Algérie du sud, est formée par un
immense bourrelet montagneux parallèle au littoral « large de 300 à 400 Km
appartenant au domaine des chaînes circumméditerranéen récentes d’âge
34
secondaire et tertiaire plaquée contre le vieux bâti africain »7 et comprenant l’Atlas
tellien qui longe la méditerranée et l’Atlas saharien limite nord du Sahara.
Ces deux massifs montagneux « encadrent au nord et au sud un vaste ensemble de
hautes plaines » dont l’altitude moyenne s’élève à 900m.
L’Algérie du nord qui dispose de la presque totalité des ressources en terre
exploitées par l’agriculture se décompose en trois zones aux limites naturelles bien
distinctes :
Le Tell (Atlas Tellien) constitué de chaînes de montagnes (Monts de
Tlemcen, Dahara, Ouarsenis, Kabylie, nord constantinois) séparées par des plaines
discontinues très fertiles que sont : l’arrière pays de l’Oran, la Mitidja au centre et
la plaine d’Annaba à l’Est. Il contient également de nombreuses vallées étroites
irriguées par des Oueds côtiers : vallée de Chelif irriguée par l’Oued de même
nom, vallée de la Soummam et vallée de l’Oued El-Kebir dans la wilaya de Jijel.
En plus des plaines et vallées qui regroupent l’essentiel des terres arables,
l’agriculture exploite encore des terres situées en zones montagneuses.
La zone tellienne constitue la région la plus riche d’Algérie en matière
agricole. Et malgré qu’elle ne dispose que de 34 % de la Surface Agricole Utile
(SAU) du pays (qui rappelons le ne représente à peine 3 % de la surface totale),
soit environ 2,5 millions d’Ha aux quels s’ajoutent prés de 4 millions d’Ha en
7 - J.C.Brulé - J. Fontaine : L’Algérie : Volontarisme étatique et aménagement du territoire. Ed O.P.U – Alger 1990
– P 28.
35
surfaces alfatières (exclusivement dans le sud oranais) et surtout forestières et en
terres improductives. Les 2,5 millions d’Ha de la zone tellienne représentent
cependant l’essentiel du potentiel agricole de valeur du pays.8
Les hautes plaines, situées au sud de l’Atlas tellien, constituent l’immense zone
steppique à vocation pastorale qui à l’Ouest s’étendent sur prés de 500 Km sur une
largeur de 100 à 200 Km, à l’Est elles s’étirent sur environ 200 Km et en raison
du relief plus élevé (800 à 1000 m) on parle de hauts plateaux, la largeur se
rétrécie et finie par se confondre avec les monts des Nememcha.
L’Atlas Saharien constitué de montagnes fragmentées d’Ouest en Est par
l’érosion, ces chaînes de montagnes (Monts des Ksour, Djebel Amour, Monts des
Ouled-Nail, Mzab, Aurès) abritent des oasis sur leur contrefort qui relève du
domaine désertique du Sahara. Les altitudes ne dépassent pas les 2000 m sauf
dans les régions frontalières du Maroc Djebel Aïssa 2236 m et dans la région des
Aurès où le Djebel Chelia 2328 m surplombe la région Ouest : le Hodna 400 m et
la région sud des Chotts Melghir 32 m. L’Atlas Saharien forme un véritable écran
naturel contre le sirocco vent chaud provenant du sud.
Les hautes plaines et l’Atlas Saharien réunis détiennent l’essentiel de la SAU
nationale 66 % soit prés de 5 millions d’Ha, aux quels s’ajoutent 3,6 millions
d’Ha de surfaces alfatières, des terres improductives, des surfaces forestières
8- M.E.A.T : Demain l’Algérie. Tome 1. P 17.
36
réduites et un peu plus de la moitié (54 %) des terres de parcours du pays partagées
essentiellement avec la zone saharienne.9
Le grand sud de l’Algérie formé par le désert du Sahara, occupe 80 % de la
surface totale du territoire. L’altitude moyenne généralement inférieure à 500m,
culmine au mont Tahat à 2.918 m dans le massif du Hoggar. Les terres agricoles
sont limitées à quelques 45.000 Ha localisées dans les oasis. Le facteur de
production le plus important qui joue un rôle limitant dans un climat désertique
n’est plus la terre mais l’eau. Aussi, lors des années favorables, pluvieuses, les
zones de parcours exploitées par l’élevage ovin se déplacent plus au sud par
rapport à l’atlas saharien et forment un prolongement naturel de la steppe. Par
contre durant les années de sécheresse c’est le désert du Sahara qui a tendance à
progresser vers le nord, et réduit les surfaces utilisées par l’élevage dans la
steppe.10
1.3. La steppe :
La steppe en Algérie représente un vaste territoire de l’ordre de 20 millions
d’hectares où du fait de l’aridité du climat aucune culture en sec n’est possible
mais où cependant une végétation permanente permet l’élevage ovin. C’est « le
pays du mouton », comme il est précisé par la charte de la révolution agraire, « qui
s’étend au sud du tracé de l’isohyète des 400 mm de pluies moyennes par année,
9 M.E.A.T : Demain l’Algérie T 1. P 17. Alger 19 10
R. Gallissot : «L’économie du Maghreb » collection «Que sais-je » Ed P.U.F – Paris 19. P 22.
37
jusqu’à l’isohyète 100 mm, au sud du quel commence le désert saharien. »11
. Ainsi
définie la steppe englobe trois zones :
- Les hautes plaines ou hauts plateaux.
- L’atlas saharien.
- Le piémont sud de l’atlas saharien.
« La partie nord de cet ensemble entre les isohyètes 400 et 300 mm environ, est
souvent utilisée pour une céréaliculture peu productive qui s’étend au détriment
des parcours. »12
.
Sur les 20 millions d’Ha environ que compte la steppe, 15 millions seraient
effectivement utilisés par les troupeaux qui procurent l’essentiel de la production
de viande et de laine de l’Algérie. Ce troupeau constituait en 1975 la ressource
principale sinon unique à quelque 170.000 familles.13
L’élevage ovin extensif étant l’activité dominante dans les zones steppiques,
l’agriculture en irriguée se trouve limitée faute de ressources en eau suffisantes et
l’agriculture en sec (la céréaliculture) pratiquée dans la partie nord contribue
beaucoup plus à aggraver l’érosion des sols provoquée par des conditions
climatiques difficiles qu’à obtenir des rendements suffisants et surtout réguliers.
11- Ministère de l’information et de la culture : Charte de la révolution.
- Algérie : Annexe relative à la steppe – Janvier 1975. p 5.
12 Ibidem. 13
Avant projet – R.A. dans la steppe.
38
1.4. Le climat aléatoire : pluies insuffisantes et irrégulières :
Le climat avec ses caractéristiques constitue la ressource naturelle la plus
déterminante pour l’agriculture. Rappelons brièvement que le climat se caractérise
essentiellement par l’humidité, la température et la luminosité et que l’action
simultanée de ces trois facteurs détermine d’abord la limite des aires de culture de
plusieurs espèces végétales et influe ensuite sur leur croissance et leur productivité.
De même le climat exerce une influence sur la formation des sols grâce à
l’action de l’eau de pluie et de la température sur la roche mère et aussi sur les
débris des végétaux qui en se décomposant se transforment en humus matière
organique indispensable à la fertilité du sol.
A son tour le relief, à l’aide de ses facteurs topographiques (altitude,
orientation, pente), influence le climat et permet l’existence de microclimats
locaux.
Le climat se compose de toute une série de facteurs, tous non modifiables du
moins à grande échelle et dont les plus importantes restent cependant la pluie et la
température.
La pluviométrie : insuffisante et irrégulière..
Dans l’ensemble l’Algérie est un pays à climat semi-aride, aride, et dont
l’aridité est aggravée par l’évaporation due à l’amplitude thermique.
39
Les pluies sont globalement insuffisantes irrégulières et inégalement reparties dans
le temps et dans l’espace. Pratiquement nulles en été, elles ont leur maxima en
hiver dans le tell et au printemps sur les hautes plaines. L’irrégularité interannuelle
est d’autant plus grande à mesure que l’on se dirige vers le sud. Le nombre de jour
pluvieux est généralement faible 60 à 80 jours et n’a pas de conséquences
notables sur le déroulement du travail agricole.
Le territoire national peut être divisé en plusieurs zones agro-écologique se
succédant du nord au sud en fonction du tracé des isoètes de la pluviométrie et des
superficies.
- La bande côtière (littoral + sahel) bénéficie d’un climat méditerranéen
caractérisé par l’existence de deux saisons : des étés chauds et secs et des hivers
doux et humides (400 mm à 1200 mm de pluie). Le printemps et l’automne sont
parfois très brefs. Ici la notion de saison n’a pas la même signification (transition)
que dans les pays à climat tempéré où la saison dure à peu prés le quart de l’année.
La saison estivale sans pluie dure en moyenne trois mois dans l’Est du pays, quatre
mois à l’Ouest et même six mois à l’intérieur dans les hautes plaines.14
- La zone sublittorale avec un climat continental
- Les hautes plaines, et jusqu’aux confins de l’atlas saharien, ont un climat
Continental marqué par une insuffisance des précipitations (400 mm à 200
mm) 14 J.C. Brulé – J. Fontaine : L’Algérie : volontarisme étatique et aménagement du territoire
Ed. O.P.U – Alger 1990 - p
40
qui diminuent du nord au sud et à une augmentation des amplitudes
thermiques.
- Dans le Sahara la pluviométrie est inférieure à 130 mm par an et
l’amplitude thermique y est importante (de 49°C le jour à moins de 10°C la
nuit).
Les températures :
L’amplitude thermique, à l’inverse de la pluviométrie, augmente du nord au
sud. Les premières gelées font leur apparition à quelques kilomètres du littoral et
s’accentuent de plus en plus vers le sud. L’aridité du climat est rendue plus aigue
par les vents de sables parfois très violents et notamment le sirocco vent
extrêmement chaud et sec, qui souffle en provenance du Sahara. Les accidents
climatiques dus aux gelées tardives et au sirocco précoce sont fréquents et influent
sur les rendements des cultures.
La superposition de la carte climatique sur la carte topographique permet de
relever l’étendue des superficies totales utilisées ou non utilisées par l’agriculture
comme le montre le tableau qui suit :
41
Tableau N°2 : répartition des terres selon la pente et la pluviométrie.
Unité : Milliers d’Ha.
Pluviométrie Catégorie de pente.
0 – 3 % 3 % à 12,5% 12,5% à 25% + de 25% Totaux
Zone sub-humide
+ de 600 mm
500 à 600 mm
400 à 500 mm
368
235
1.944
1.239
675
1.388
2.139
984
1.507
1.335
63
98
5.081
1.957
4.537
Zone semi-aride
300 à 400 mm 5.049 1.387 538 224 7.558
Zone aride
200 à 300 mm
100 à 200 mm
4.334
2.742
810
229
326
90
95
52
5.565
3.113
Totaux 14.632 5.728 5.584 1.867 27.811
Source : Projet de rapport sur la rénovation rurale – Alger – 19 Septembre 1960. Délégation générale en
Algérie. Direction de l’agriculture et des forêts – 37 pages. Gérard BLANC. « Agriculture et croissance
économique en Algérie » - thèse complémentaire. Université de Montpellier. Faculté de droit et des
sciences économiques. Nov 1968 – p 183.
A ces contraintes écologiques liées au climat et au relief aux quelles s’ajoutent des
contraintes sociales dues principalement à la surpopulation des compagnes qui
limitent les potentialités des terres agricoles utilisées par l’agriculture et accentuent
leur rareté relative.
42
Ces contraintes n’ont évidemment de signification et d’importance que mises en
rapport avec les superficies qu’elles concernent.
Ainsi :
- 1/3 de la SAU a une pente supérieure à 12,5 %.
Les terres concernées sont globalement impropres aux cultures car elles
contribuent à provoquer l’érosion des sols. Et doivent donc être réservées aux
forêts et pacages modérés.
- Ces terres marginales de montagne sont dans l’ensemble surexploitées et se
trouvent déjà à un stade avancé de dégradation.
Quant au climat, ses contraintes relevées surtout à travers la pluviométrie
montre que, l’agriculture utilise une SAU de l’ordre de :15
- 1.800.000 Ha soit 24% de la SAU reçoivent plus de 600 mm d’eau de
pluie par an peuvent faire l’objet d’une exploitation intensive même en sec.
- 3.200.000 Ha soit 42% de la SAU, bénéficient 400 à 600 mm, se trouvent
entre les isohyète « autorisant les cultures assolées en sec et l’arboriculture
fruitière » - sans doute extensive -..
- 2.500.000 Ha soit 34% de la SAU recevant moins de 400 mm d’eau de
pluie consacrés à une « agriculture aléatoire. ». présentant des risques élevés
15 E. MESLI : « les vicissitudes de l’agricole algérienne : de l’autogestion à la restitution des terres de 1990. »
Ed. Dahlab. 1996 p 165.
43
L’insuffisance des pluies peut être atténuée par une irrigation rationnelle des terres
sous réserve d’une politique dynamique de l’eau et des techniques d’irrigation
modernes.
2. Les ressources hydriques :
Le cycle général de l’eau fait bénéficier l’Algérie d’un apport sous forme de
précipitations de l’ordre de 130 milliards de m3 par an soit une moyenne de 68
mm de pluie par an sur l’ensemble du territoire avec des extrêmes de zéro
millimètre au sud et 1500 mm /an maximum enregistré dans les presqu’île de
Collo dans le nord-est du pays.
L’Algérie du nord, c'est-à-dire l’Algérie tellienne, recevrait quelques 65
milliards de m3 par an qui se repartissent comme suit :
- 47 milliards de mètres
cubes s’évaporent dans l’atmosphère.
- 3 milliards de m3
s’infiltrent.
- 15 milliards de m3 s’écoulent on ruisselant vers la mère.
L’apport à la mer des rivières de l’Ouest du pays (3/5 du territoire
considéré) : 3 Milliards de m3.
L’apport à la mer des rivières de l’Est du pays (2/5 du territoire
considéré) : 12 Milliards de m3.
Sur le volume dynamique de 18 milliards de m3 transitant annuellement (15 de
ruissellement et 3 d’infiltration) la mobilisation ne concernait que 1,705 milliards
44
de m3 en 1960 soit moins de 10 % - ce qui laisserait supposer à l’époque
d’énormes possibilités pour l’amélioration des capacités de mobilisation.
En gros, les barrages au nombre de 24 à la veille de l’indépendance
permettaient le stockage de 554 millions de m3 /an.
Le reste étant fournit par exhaure des eaux souterraines profondes à l’aide des
forages, les sources et les puits avec un volume de l’ordre de 0,865 Md de m3 /an.
L’utilisation de l’eau :
L’eau de barrages était affectée à :
- L’énergie électrique : 0,3 Md de m3 /an.
- L’irrigation des grands périmètres : 0,304 Md de m3 /an.
- Eau potable et industrielle : 0,115 Md de m3 /an.
L’eau des forages servait à :
- l’alimentation en eau potable et industrielle.
- L’irrigation en moyenne hydraulique.
L’eau des sources et puits servait à :
- l’alimentation humaine et animale.
- L’irrigation en petite hydraulique.
La part de l’agriculture s’élevait à 0,826 Md de m3 /an soit plus de 50 % du
volume mobilisé. D’ailleurs comme l’indiquait l’emplacement des barrages, cette
eau était destinée en priorité à l’irrigation et accessoirement à la population et à
l’industrie.
45
L’Algérie indépendante a enregistré un retard considérable en matière
d’investissement en hydraulique .Durant deux décennies de 1962 à 1980 seul deux
barrages ont été construit : Djorf-Torba à Béchar et Bounamoussa à Annaba. La
politique de l’eau était reléguée au second plan. La population a vécu des coupures
d’eau et l’agriculture la réduction des surfaces irriguées. Le retard par rapport au
Maroc était assez important pour un pays situé en zone aride à semi aride et
disposant d’importantes ressources financières.
A partir de 1980 d’importants efforts ont été entrepris en matière de construction
de barrages et de réalisation de forages afin de mobiliser le maximum de ressource
en eau.
- En 1994 le nombre de barrage était de 98 passant de 24 en 1962 à 98 en
1994 (selon le Ministère de l’Equipement et de l’Aménagement du
Territoire ) ce qui est peu vraisemblable, avec un volume régularisé de 2
milliards de m3 /an.
16
- Le nombre de barrage en cours de réalisation ou en voie de lancement était
en 1994 de l’ordre de 19 avec une capacité de 1,600 milliards de m3 /an.
- 37 barrages et ouvrages de dérivation étaient en cours d’études avec un
volume régularisé de 2,100 milliard de m3 /an.
A terme ces ouvrages installés sur « tous les sites envisageables à des
conditions économiques acceptables » porteront théoriquement le volume
16
Source : M E A T-Demain l’Algérie. P 66.
46
mobilisable des eaux de surface à 5,7 milliards de m3.17
Cette capacité théorique
risque cependant de diminuer si des mesures de lutte contre l’érosion des sols ne
sont pas entreprises pour éviter l’envasement des barrages.
Ces ressources en eau de surface mobilisables par les barrages sont comme le
climat mal réparties dans l’espace : la zone tellienne recevrait 94,1 % et les hauts
plateaux 4,5 % tandis que le sud ne bénéficierait que de 1,4 %. L’Est du pays est
mieux arrosé que l’ouest où se trouve les zones de plaines qui s’y prêtent le mieux
à l’irrigation.
En attendant ces réalisations et leur réception définitive par le secteur hydraulique,
en 1990 la production d’eau potable et d’eau industrielle était évaluée à 1,3
milliard de mètres cubes.
L’eau destinée à l’irrigation était évaluée à 2 milliards de m3.Ce chiffre est loin
de répondre aux besoins et en plus il est revu à la baisse ce qui explique l’écart
entre les superficies potentiellement irrigables et les superficies irriguées.
Ce volume de 5,7milliards m3 confirme celui avancé par les rédacteurs du Plan de
Constantine à la fin des années 1950, ce qui confirme selon R. ARRUS le fait
que : « la rareté de l’eau a été consciemment organisée par le système colonial …
sur les 6 milliards de m / an mobilisables seules étaient mobilisées 554 millions de
m3
/an ».
17
Ibid.
47
2.1. L’écart entre superficies irrigables et superficies irriguées.
Avec près de 5% de la SAU soit 350.000 Ha, les superficies irriguées assurent
40 % en valeur de la production totale. C’est dire l’importance de l’irrigation en
Algérie où même les cultures d’hiver exigent parfois un complément d’irrigation
et où les cultures d’été en sec sont pratiquement rares.
Le potentiel des terres irrigables est évalué à 1,24 million d’ha, mais en tenant
compte des ressources en eau mobilisables et des techniques d’irrigation utilisées,
ce potentiel chute à 730.000 ha. Les disponibilités en eau en année de
pluviométrie normale ne permettent d’irriguer qu’une superficie plus réduite
encore.
La superficie totale irriguée en 1992 avec contrôle de l’eau s’élève à 555.500
ha se répartissant comme suit :
- La superficie qui bénéficie de l’épandage de crues est estimée à 111.000 ha.
- La superficie en maîtrise totale ou partielle s’élève à 445.500 ha. Cette
dernière se décompose en :
- 45.000 ha dans les oasis du sud.
- 400.500 ha dans le nord du pays.
Le système d’irrigation (système de foggara) pratiqué dans certaines régions du
sud du pays a fait ses preuves et a démontré son efficacité au cours des siècles18
. Il
est constitué par un réseau de galeries souterraines. Sa confection et son entretien
18
René Arrus – op. cit. p
48
exigent beaucoup de travail, mais sa performance en matière d’économie de l’eau
par limitation de l’évaporation est supérieure à celle d’un réseau moderne à ciel
ouvert. La gestion du réseau et de l’eau se fait d’une manière traditionnelle qui a
permis d’assurer outre la pérennité des oasis une production agricole non
négligeable notamment celle des dattes.
La gestion de l’eau des barrages relève du ministère de l’hydraulique qui par le
biais de ses offices assure la distribution de l’eau aux périmètres irrigués. La
superficie irriguée du nord du pays par commodité de l’analyse est généralement
décomposée en grande hydraulique, et petite et moyenne hydraulique.
2.2. La grande hydraulique :
Elle rassemble 17 périmètres variant de 1500 ha à 22.500 ha qui peuvent être
décomposés en fonction de leur autorité de tutelle : OPIR et OPIW. On distingue
ainsi :
- 10 périmètres allant de 2.200 à 22.500 ha regroupés en 4 Offices de
Périmètre Irrigués Régionaux (OPIR), d’El -Taref à l’Est, de Mitidja, de
Chlef au centre et de Habra-Sig à l’Ouest, totalisant 146.200 ha équipés
dont 80.100 ha soit 55 % sont considérés comme régulièrement irrigables.
- La différence entre les 2 chiffres s’explique par la détérioration des
infrastructures dont 63 % des superficies ont été équipées de 1937 à 1943
et l’abandon des terres rendues stériles par salinisation
(faute d’un réseau de drainage performant pour assurer un lessivage du sol).
49
Par ailleurs en 1991, à cause de la faiblesse des ressources en eau, seuls
32.000 ha ont été effectivement irrigués soit 22% de la surface équipée.
- 7 périmètres de 3000 à 5500 ha regroupés dans 7 Offices de Périmètres
Irrigués de Wilaya (O.P.I.W) totalisant 29.300 ha équipés dont 16.200 ha
sont considérés comme régulièrement irrigués pour les mêmes raisons que
précédemment (vétusté des équipements des réseaux). En 1991 seuls 10.000
ha ont été effectivement irrigués. Ces périmètres sont pour la plupart
récents.
De la surface totale équipée, des O.P.I.R et O.P.I.W et considérée comme
irrigable soit : 80100 + 16200 = 96300 ha ; 62.560 ha (ou 65 %) sont irrigués par
irrigation de surface ou submersion et 33.740 ha (ou 35 %) par aspersion.
L’arboriculture occupe 17 % des superficies équipées pour l’irrigation dans les
grands périmètres. Mais les surfaces équipées ne sont pas toutes irriguées faute de
disponibilité en eau. En 1991, seulement 74 % des superficies ont été réellement
irriguées dans ces grands périmètres. Le faible niveau des ressources en eau oblige
à favoriser l’arboriculture qui constitue un capital fixe au détriment des cultures
saisonnières – le plus souvent pratiquées en petite et moyenne hydraulique.
Sur les 17 grands périmètres d’irrigation en exploitation dont la superficie équipée
est de 173 000 ha soit 2,2 % de la surface agricole utile, moins de 100.000 ha (58
%) sont irrigables et moins de 40.000 ha (23 %) ont été en moyenne irriguées ces
vingt dernières années.
50
Les volumes affectés à l’irrigation sont très inferieurs aux besoins. En plus de la
réduction des ressources en eau affectées, les taux annuels de déperdition sont de
l’ordre de 40 %.
Ainsi, en 2002 les déperditions dans les grands périmètres irrigues gérés par les
quatre offices des périmètres d’irrigation régionaux ont représenté plus de 40
millions de m3.
De plus l’irrigation par gravité est consommatrice d’eau et de superficie, pour cela
il faut opter pour des systèmes d’irrigations plus économe en eau : système goutte
à goutte, et système d’aspersion.
2.3. La petite et moyenne hydraulique :
L’irrigation en Algérie en 2002 est essentiellement développée dans le cadre
de la “ petite et moyenne hydraulique ” qui, avec une moyenne annuelle de
300.000 ha/an représente 88 % de la superficie irriguée totale du pays. Cette
surface est faible puisqu’elle ne représente que 0,01 ha/habitant toutes surfaces
irriguées confondues.
Le reste, 12 %, est représenté par les surfaces mises en valeur dans les grands
périmètres irrigues, qui sont passées de 124 000 ha en 1962 `a plus de 173 000 ha
en 2002, soit une augmentation de 40 %.
51
La petite et moyenne hydraulique couvraient 225.000 ha en 1992, irrigués à
partir des puits, forages, sources, petites rivières par dérivation traditionnelle ou
pompes individuelles ou encore à partir des retenues collinaires derrières de petits
barrages en terres.
Les données statistiques relatives aux superficies irriguées, qu’elles relèvent de
la grande hydraulique ou de la petite et moyenne hydraulique, restent
approximatives et connaissent d’importantes variations d’une année à l’autre. Ce
qui rend difficile la comptabilisation de leur flux et l’étude de leur évolution.
A ces facteurs internes propres au secteur s’ajoutent d’autres liés à
l’aménagement du territoire qui contribuent indirectement à la réduction de la
superficie agricole en général et irriguée en particulier.
3. Aménagement du territoire et mise en valeur des terres agricoles
L’aménagement du territoire est entendu ici au sens de répartition des hommes
et des activités économiques sur le territoire national. A l’indépendance, l’Algérie
a hérité d’un certain aménagement du territoire caractérisé par des déséquilibres
régionaux.
La population et les activités économiques étaient concentrées au nord du pays où
le climat est favorable. Les réseaux routier et ferroviaire plus denses sur la bande
du littoral étaient orientés vers les ports pour servir les échanges commerciaux
avec l’extérieur.
52
L’Algérie indépendante n’a pas rompu avec ce schéma. Elle l’a au contraire
accentué à l’aide d’un accroissement démographique sans précédent et un
développement économique et industriel accéléré.
L’urbanisation s’est faite au dépend des terres agricoles et des ressources en eau
auparavant utilisées par l’agriculture. Ces deux facteurs l’eau et la terre très
convoités par les autres secteurs socio-économiques qui bénéficient de l’arbitrage
favorable des pouvoirs publics dans l’allocation des ressources pour répondre à des
besoins pressants de la population en matière d’emploi et d’habitat.
Les pertes en terres et en eau du secteur agricole au profit de l’urbanisme et de
l’infrastructure économique sont ils compensées par la mise en valeur de nouvelles
terres? C’est ce que nous tenterons d’élucider.
3.1. Aménagement du territoire et terres agricoles :
La répartition sur l’espace national de la population et des activités
économiques a entraîné des pertes importantes de terres agricoles au profit de
l’urbanisation au sens large du terme (battisses à usages d’habitation et celles
destinées à abriter différents services), de l’implantation des unités industrielles et
de la mise en place du réseau routier.
53
3.1.1. Extension urbaine :
Les pertes en terres agricoles dues aux constructions induites par une forte
croissance démographique ne sont pas connues avec précision et leur évaluation
demeure aléatoire. Cependant le recoupement avec l’évolution du volume de la
population et l’évolution du nombre de villes et agglomérations laisse penser que
le prélèvement des surfaces agricoles est important. Slimane Bedrani, citant une
source du ministère de l’agriculture, signale qu’ « en 1978 dans le bilan du
deuxième plan quadriennal le ministère estime à 250.000 ha (dont 10.000 ha en
irrigués) les transferts fonciers au profit des secteurs non agricoles »19
. Mais
quelques années plus tard en 1996 le journal El Watan relève en citant des sources
ministérielles que « l’avancé effrénée du béton a entraîné la perte de 250.000 ha
de terres agricoles dont 10.000 ha en irrigués » et d’ajouter que « pour la période
située entre 1988 et 1996 se sont près de 78.000 ha de terres fertiles qui ont été
détournés de leur vocation au profit de la construction privé »20
.
Le même journal citant une autre source proche du ministère de l’agriculture
indique que « De l’indépendance à1995; 150.000 ha ont perdu leur vocation
légalement ou illicitement »21
. Ce phénomène se poursuit encore en dépit des
19 Bedrani (S) :Les effets sur la production des transformations dans l’agriculture algérienne . Université d’Alger
1980 p 20 El Watan du 21
El Watan du 13 /10 /1999
54
mesures prises par les différents gouvernements, des instructions présidentielles et
ministérielles visant à préserver les ressources en terres agricoles.22
Ce phénomène se poursuit car d’autres sources signalent une perte de l’ordre de
200.000 à 400.000 ha. Mais pour relativiser les choses que seul un relevé cadastral
et un recensement des terres agricoles peuvent établir, nous disons que l’extension
des villes, la création de nouvelles villes, de même que la construction des villages
socialistes.( 200 villages socialistes achevés sur 1000 programmés) ainsi que les
constructions illicites sur les terres des fermes par « les indus occupants » c'est-à-
dire d’anciens travailleurs agricoles ou leur descendants vivants sur le territoire de
l’exploitation mais n’ayant aucun rapport avec elle, car ils exercent d’autres
professions extra agricoles – n’ont pas toujours été faites sur les terres à forts
potentialité agronomique -. Donc il reste à déterminer l’ampleur du phénomène et
de classer les pertes en fonction du niveau de fertilité de ces terres, chose que seul
un recensement exhaustif de l’agriculture peut révéler. A titre, d’exemple depuis la
promulgation de l’instruction présidentielle du14/8/1995 portant préservation des
terres à vocation agricole, 427 cas de transfert de terres agricoles ont été recensé
dans 23 wilayas et ceci jusqu’au 31/2/1998 portant sur une superficie de 727 ha à
22 - loi № 84 – 12 du 23 juin 1984 portant régime général des forêts
- L’ordonnance 85 – 01 du 15 / 8 /1985 fixant à titre transitoire les règles d’occupation du sol et ses textes
d’application
- Loi 90 – 29 du o1 - 12 -1990 relative à l’aménagement de l’urbanisme.
- L’instruction présidentielle № 005 du 14 -8 -1995 portant préservation des ressources en terres agricoles
- La circulaire du ministère de l’agriculture adressée aux D.S.A le 5 / 9/ 1995et la note du 13 /9 /1995
55
vocation agricole.23
Ceci pour dire que le transfert légal ou illicite se poursuivra
tant que les lois ne seront pas appliquées impartialement.
En plus des constructions à usage de services administratifs et d’habitation les
secteurs : industriel, artisanal et commercial ont également bénéficié des terres
agricoles.
3.1.2. Les unités industrielles et infrastructures économiques :
Certains observateurs estiment à 10.000 ha la superficie parmi les terres les
plus fertiles et d’accès facile prélevée au profit du secteur industriel depuis
l’indépendance au début des années quatre vingt.24
Mais si l’on tient compte du nombre de zones industrielles situées dans les
banlieues des grands centres urbains estimés à 72 –Z.I- et celui des zones
d’activités destinées à la petite et moyenne entreprises évalué à 400 Z.A et localisé
dans les périphéries des agglomérations ont bénéficié respectivement de 15.000 ha
et 10.000 ha .La superficie perdue par l’agriculture au profits des secteurs non
agricoles serait plus importante.
Aux ZI et ZA s’ajoutent également les zones d’extension touristiques ZET qui ont
bénéficié d’importante superficies sans les avoir utilisées25
.
Ces transferts de terres et d’eau, certes nécessaires, sont parfois irrationnels. Cette
irrationalité dans l’utilisation de ces ressources par les autres secteurs est
23 El Watan du 13/10/1999. 24 Quotidien – Liberté du 12-13/2/1999. 25
CNES-La configuration du foncier en Algérie :une contrainte au développement économique Alger –Mai-2004
56
d’autant plus criante lorsqu’elles sont octroyées gratuitement pour les entreprises
relevant du secteur public afin de réduire leurs coûts d’installation. Mais parfois
une forte proportion de ces terres se retrouve gelée pendant de longues années et
même abandonnée sans profiter ni à ses nouveaux acquéreurs ni à son secteur
d’origine : exemple la zone de Bellara dans la wilaya de Jijel où des centaines d’ha
sont clôturés et laissés en friche.
La mise en place du tissu industriel a été accompagnée d’un réseau routier et
ferroviaire plus étoffé pour faciliter le déplacement des hommes et des
marchandises. Ce réseau s’est aussi accaparé de bonnes terres agricoles. Un
kilomètre d’autoroute nécessite des dizaines d’hectares pour sa construction et en
comptant les espaces limitrophes de quelques mètres qui seront inévitablement
perdus à l’agriculture tout au long de l’autoroute .Aucune statistique disponible ne
rend compte des pertes subies par le secteur agricole au profit des routes, chemins
vicinaux etc…mais elles sont importantes et provoquent des désagréments aux
exploitations agricoles surtout lorsqu’elles se retrouvent coupées en deux.
3.2. Aménagement du territoire et ressource en eau :
L’eau plus que la terre constitue un facteur limitant pour la production agricole
surtout sous un climat aride à semi-aride comme celui de l’Algérie où les cultures
d’été ne peuvent être réalisées sans irrigation et que même les cultures d’hiver
57
demandent parfois un complément d’irrigation. Cette eau de plus en plus rare fait
l’objet d’une grande convoitise des différents secteurs économiques et sociaux.
3.2.1. Prélèvement au profit des villes :
L’alimentation en eau potable des agglomérations provient à 80 % des forages
.L’eau est puisée des nappes phréatiques qui constituent de véritables réservoirs où
les pertes par effets d’évaporation sont limitées (par opposition aux eaux de
surfaces : cours d’eau et barrage) et de meilleures qualité en absence de toute
pollution due à des agents externes.
Les besoins de plus en plus importants en eau potable nécessaire à l’entretien de
la population et la mobilisation de cette eau qui n’arrive pas à suivre le rythme de
croissance de la population est à l’origine d’une gène qui touche toutes les
agglomérations algériennes et qui se manifeste à travers les coupures d’eau
fréquentes et son absence de plusieurs jours des robinets est une chose toute à fait
courante.
La distribution de l’eau, son rationnement et sa gestion sont tributaires non
seulement des capacités insuffisantes de mobilisation et surtout des pertes qui
s’élèvent à 40 % dues à la vétusté du réseau de canalisation, aux picages sauvages
(prélèvement sans autorisation préalable par les citoyens, défaillance des
compteurs d’eau, gaspillage encouragé par une facturation forfaitaire égale pour
tous les foyers etc.) et aux fuites nombreuses et dont le délais de réparation peut
58
durer longtemps par manque de moyens et de compétences des organismes chargés
de la distribution de l’eau.
3.2.2. Prélèvement au profit de l’industrie.
Les besoins en eau de l’industrie ont énormément augmenté depuis
l’indépendance du pays. Certaines industries inexistantes à l’indépendance ont vu
le jour et se sont développées. Certaines sont très consommatrices d’eau : telle que
l’industrie du papier (cellulosiques), la sidérurgie, les tanneries, la pétrochimie et
les industries agroalimentaires.
3.3. La mise en valeur des terres.
La mise en valeur des terres consiste tout d’abord en une extension des terres
agricoles (surtout par l’irrigation) qui jusque là étaient inexploitées ou
insuffisamment exploitées. Elle consiste aussi à rétablir une valeur ou une fertilité
perdue à la suite des surexploitations du sol. Enfin elle porte sur l’identification des
causes de la perte ou de la diminution de la valeur (ou fertilité) pour pouvoir
stopper cette dégradation
3.3.1. Les principales causes de la dégradation des sols.
La dégradation des sols agricoles résulte d’un ensemble de phénomènes liés à
l’activité humaine .Ainsi la surexploitation des sols par la mise en culture ou le
surpâturage provoque une dégradation des terres. Celle-ci est d’autant plus
59
importante que des apports en éléments fertilisants pour compenser les pertes dues
aux prélèvements des plantes ne sont pas restitués au sol.
Cette technique qui consiste à prélever sans restituer a été qualifiée
« d’exploitation minière des sols » entreprise par les colons à la recherche de
profits immédiats sans se soucier du long terme. La puissance des engins utilisés
dans la préparation des sols tel que le dry-farming, technique importée des Etats-
Unis et utilisée dans la préparation de la Jachère travaillée a contribué à
l’accélération de la dégradation des sols par une érosion hydrique et éolienne.
L’équilibre se trouve ainsi rompu entre jachère nue travaillée et jachère
ancestrale généralement pâturée.
Les sols algériens, étaient soumis à un assolement biennal, céréale jachère. La
jachère pâturée, technique qui consiste à laisser le sol se reposer pendant une ou
quelques années pour reconstituer sa fertilité et ne pas l’épuiser. La jachère
pâturée le plus souvent, avait un couvert végétal composé d’herbe et de plantes
annuelles.
Une technique en provenance des Etats a été introduite entre les deux guerres
mondiales. Cette technique ou le « dry-farming » consiste en un labour profond à
l’aide d’engin (charrues à disques) puissant rendu possible grâce à la motorisation
qui était à ses débuts en Algérie. La puissance de travail de la machine a décuplé le
travail des attelages.
60
Le sol nu, sans aucune végétation se trouve exposer aux différentes formes
d’érosion.
La Jachère nue travaillée selon ses défenseurs permet, à l’aide de labours profonds
et répétés, d’emmagasiner l’eau en brisant la partie superficielle du sol pour limiter
l’évaporation par capillarité et de lutter contre les mauvaises herbes.
En plus du travail du sol, qui permet ou non de préserver l’humus, véritable
éponge retenant l’eau, riche en matière organique et éléments fertilisants puisqu’il
résulte de la décomposition des débris végétaux qui serviront par la suite à la
nutrition des plantes.
Trois autres fléaux bien connus sont aussi le plus souvent signalés et résumés
dans la formule « la dent, la scie et le feu » auquel sont exposés les différents
couverts végétaux qui préservent de la dégradation des sols par érosion. La dent
des animaux surtout les chèvres et les moutons. La scie pour la coupe de bois de
chauffe et le feu provoqué par des incendies volontaires ou accidentels.
Les sols algériens sont dans une forte proportion dégradés .fragiles et peu
profonds , ils ont été exposés à des surexploitations effrénées par suite d’ignorance
ou de cupidité durant longtemps par des colons et des paysans pauvres.
La dégradation se poursuit en l’absence d’un contrôle strict de la part des
pouvoirs publics qui doivent informer d’abord les agricultures et les éleveurs sur
les risques qui peuvent découler de cette surexploitation de ce patrimoine et
61
sanctionner par la suite si les orientations et prescriptions pour la sauvegarde du
patrimoine ne sont pas respectées.
3.3.2. L’ampleur de la mise en valeur et le rythme des réalisations.
Cette dégradation de la terre, ressource naturelle la plus importante, a atteint
par endroits, à cause de l’érosion, des stades très avancés où toute régénération de
sol s’avère irrémédiable vu l’ampleur des dégâts occasionnés.
En effet sur l’ensemble du territoire, « 23 millions d’hectares de terres érodées
sont à restaurer dont 4 millions en première urgence » c’est un peu plus de la
moitié des terres utilisées par l’agriculture qui se trouve ainsi exposée à une
érosion accélérée.26
Les résultats d’une étude plus récente réalisée en 1982 par le BNEDER, et
consacrée à « l’Inventaire des terres et des forêts » confirme l’ampleur des
dégradations signalée auparavant par de nombreux travaux 27
et précise que 4
millions d’ha sont potentiellement touchés par la dégradation liée à l’érosion dont
2.110.000 ha de terres labourables et 830.000 ha de parcours.28
Pour freiner la diminution de la SAU, permettre son extension et facilité
l’accès à la profession agricole, l’Etat a promulgué en 1983 une loi29
permettant
26 Martens J. C : Le modèle algérien de développement : bilan d’une décennie 1962 – 1972. Ed SNED. Alger 1973,
289 p 188. 27 - Majauze. A.
- Sari. J. 28 Demain l’Algérie op cit T1 p 18. 29
Loi 83 – 18 du 13/8/1983 portant sur l’accession à la propriété foncière agricole (A.P.F.A).
62
l’Accession à la Propriété Foncière Agricole par le biais de la mise en valeur des
terres dans les zones marginales : de montagne, de steppe et dans le sud. Ces
attributions sous forme de concession ont atteint 501.013 ha dont 119.477 ha mis
en culture 30
après avoir au préalable étaient préparés par une mise en valeur c'est-
à-dire un aménagement du sol et une élévation du degré de la fertilité dûment
constatée par les services compétents du ministère de l’agriculture. La loi stipule
que les bénéficiaires de concession ne deviendront propriétaires qu’après 5 ans de
mise en valeur.
Cette dégradation des sols due essentiellement à l'érosion et les transferts de
terres et de l'eau au profit d'autres secteurs ont eu des effets économiques négatifs
sur les systèmes de culture et les systèmes d'élevage et sur le volume de
production.
4. Evolution des systèmes de culture et des systèmes d’élevage.
4.1. Evolution des systèmes de culture.
L’objectif recherché à travers un système de culture est d’obtenir des rendements
élevés et réguliers tout en préservant la fertilité du sol et même en l’améliorant.
Les systèmes de culture se rapportent donc à un agencement des cultures sur
l’espace agricole.
30
El Watan du 2/4/1997.
63
Ces agencements (Assolement – Rotation) sont d’autant plus nombreux que
l’autorise la diversité du climat. Même si la tendance à une simplification
(spécialisation) demeure la règle pour une meilleure utilisation du sol et du
matériel, l’influence du climat reste prépondérante dans la délimitation des aires
de culture. Ainsi on ne peut procéder aux mêmes cultures et à grande échelle dans
les plaines littorales du sahel et sur les plaines sublittorales de la Mitidja qui ont un
climat favorable et sur celles des hauts plateaux qui ont un climat plus rigoureux
ou dans les oasis sahariennes.
Cependant, la détermination des aires de culture en plus des contraintes du climat
obéit en règle générale à trois critères.
- En premier lieu les systèmes de culture évoluent à la suite d’une
modification de la demande qu’elle soit domestique ou internationale. Pour
répondre à cette nouvelle demande les agriculteurs apportent des
changements à leur système de culture quand les prix sont assez
rémunérateurs et que les ressources naturelles l’autorisent.
- En suite c’est par les déplacements ou délocalisations des cultures des zones
généralement fertiles situées à la périphérie des villes vers des zones plus
éloignées. L’extension urbaine chasse les cultures et entraine une
modification du système de culture.
64
- Enfin le système de culture d’une zone subit une transformation lors du
passage d’un mode de culture en sec à un mode de culture en irrigué. A la
suite d’un aménagement hydraulique : exemple des périmètres irrigués.
Dans tous les cas le système de culture reste le résultat du choix de l’agriculteur
effectué en fonction des conditions naturelles, de la structure de l’exploitation, de
son niveau technique et économique et des possibilités du marché.
Dans le système de culture de « la grande ferme Algérie » On ne peut que relever
l’évolution par grand type ou groupe de culture, y compris la jachère qui constitue
une immobilisation du sol.
Ainsi on constate que certaines cultures ont vu leur superficie augmentée, d’autres
leur superficie demeure fluctuante ou à stagné dans l’ensemble et en fin un
troisième groupe de cultures a enregistré une baisse de sa superficie.
- Les superficies stagnantes
- La jachère comme sole occupe environ 2,8 à 3,8 millions d’Ha de la S.A.U.
- Ensuite, ce sont les cultures considérées comme stratégiques par l’Etat mais
jugées non suffisamment rentables par les agriculteurs : céréales, légumes secs, et
les cultures industrielles.
- Les céréales :cultivées essentiellement sur les terres des hautes plaines soumises
à un assolement biennal (céréale/jachère) la superficie consacrée annuellement aux
céréales avoisine les 3 millions d’Ha avec cependant de fortes amplitude, et une
65
tendance à la baisse, dont les extrêmes ont été enregistrées avec 3.518.000 Ha en
1971/1972 et 3.418.000 Ha en 1987/1988 et 1902.000 en 1965/1966. D’une année
à l’autre la superficie emblavée peut varier facilement de un million d’Ha. Donc la
variation du volume de production peut être attribuée, en plus des aléas
climatiques, aux variations des rendements et de la superficie cultivée.
- Les légumes secs ont vu leur superficie augmenté passant de 63.000 Ha en 1967
et après une augmentation continue ont culminé à 168.000 Ha en 1987 pour
rechuter à 92.000 Ha en 1990.
- Les cultures industrielles : Tomates, tabac, betterave à sucre, coton, géranium
rosat, néroli... jugées également stratégiques, elles n’ont pas connu un
développement notable. Certaines ont complètement disparues, d’autres sont
maintenues à titre expérimentale. Seule la tomate industrielle a vu sa superficie
s’élargir surtout dans la plaine de Annaba.
- Les superficies en hausse :
Les cultures fourragées, les cultures maraichères et l’arboriculture ou cultures
fruitières ont enregistré des augmentations en superficie pour répondre à une
demande solvable croissante.
- Les fourrages : cultivés surtout dans les zones sublittorales la superficie
consacrée aux fourrages (artificiels et naturels) a été en moyenne annuelle de
230.000 Ha entre 1967 et 1969. Elle passe à 880.000 Ha entre 1984 et 1989 pour
66
retomber à 399.000 Ha entre 1996 et 1999, conséquence directe de la
réorganisation du secteur agricole.
- Les cultures maraichères pratiquées particulièrement dans les zones du
littorales bénéficiant des conditions favorables et soumises à un assolement
quadriennal à quinquennal très intensif ont connu une expansion importante
passant de 98.000 Ha en moyenne annuelle entre 1967 et 1969 à 303.000 Ha entre
1984 et 1989 pour chuter à 266.000 Ha entre 1996 et 1999.
- les superficies de régression :
La viticulture a connu une régression. Sa superficie est passée de 301.000 Ha en
1967 à 23.000 Ha en 1999. Cette réduction concerne la vigne de cuve et s’explique
d’une part par le vieillissement des ceps et le non renouvellement des plantations et
d’autre part par l’absence d’un marché local (les habitants sont musulmans et la
boisson alcoolisée étant prohibée) et la perte du marché français qui absorbait la
quasi-totalité de la production vinicole au lendemain de l’indépendance. Cette
situation a amené les responsables politiques de l’Algérie à ordonner l’arrachage
de la vigne et la reconversion à d’autres cultures, faute d’une percée sur le marché
international pour préserver la commercialisation du vin et sauvegarder la part du
marché détenue auparavant par la France. La reprise des plantations des vignes à
raisin de table est encouragée par l’octroi de crédits à partir de l’an 2000 dans le
cadre du programme PNDRA ;
67
L’arboriculture après avoir connu une baisse de ses superficies dues au
vieillissement des vergers et le non renouvellement des plantations ce qui a
entrainé une chute de la production et de la qualité des fruits .Une reprise des
plantations très importante a débuté à la fin des années 1980 d’abord timidement
puis elle s’est accélérée à partir de l’an 2000 avec le lancement du programme (
PNDRA ) financé essentiellement par le ( FNDRA).
4.2. Evolution des systèmes d’élevage :
L’élevage des animaux est une branche de l’agriculture qui vise à satisfaire les
besoins de la population en protéines animales. L’élevage est une spéculation
exigeante en travail, aussi les colons ont négligé cette activité. Disposant de vastes
étendues ils se sont adonnés à la culture extensive des céréales tout en recherchant
un profit élevé et en perpétuant le modèle ancestral : céréales / jachère propre aux
pays méditerranéens. Ce modèle fut, après l’indépendance, suivi par les
travailleurs du secteur autogéré sur des terres fertiles où les innovations étaient
possibles ainsi que l’introduction d’un élevage intensif constitué d’animaux à haut
rendement.
L’élevage ovin est de loin la ressource animale la plus importante suivie de
l’élevage bovin ensuite des caprins et des camelins pour la consommation
humaine.
68
L’élevage équin, asinien et camelin comme animaux de trait et de transport.
L’élevage sans sol s’est développé rapidement au cours des dernières décennies :
avicole, apicole. La production halieutique reste en deçà des potentialités offertes
par 1.200 km de cote dont dispose l’Algérie.
- L’élevage ovin : pratiqué essentiellement par le secteur privé de manière
extensive utilisant quelques 20 millions d’Ha de la steppe. La sévérité des
conditions naturelles a, par le passé, obligé les pasteurs et leurs troupeaux à des
déplacements sur de longues distances à la recherche des pâturages. La pratique de
la « achaba » en été et le « azel » en hiver a été plus ou moins abandonnée31
.
La vocation nomade des éleveurs s’est atténuée d’abord avec la colonisation qui a
limité les déplacements et a fixé les itinéraires, ensuite avec l’avènement de la
révolution agraire qui soumettra les déplacements à des autorisations
administratives délivrées par les communes et créera des contraintes32
. Le
déplacement s’effectue de nos jours par des moyens de transports modernes
mécaniques : camions, qui permettent aux bêtes de ne pas perdre du poids dû à la
marche et aux éleveurs de gagner du temps. Rares sont les éleveurs qui pratiquent
le nomadisme même si les rendements des pâturages de la steppe ne font plus vivre
les troupeaux à cause des dégradations subies par un surpâturage.
31 M’hamed Boukhobza : l’agropastoralisme traditionnel en Algérie : Ed OPU – Alger 1982. 32 Haoues EL-KENZ : Etude – CEPRA : rapport introductif : pastoralisme limites de l’exploitation extensive et
évolution des rapports de productivité. Aout 1982.
69
Le recours à un complément d’alimentation acheté auprès des organismes créés
pour pallier à la pénurie des fourrages a remplacé les déplacements ancestraux des
troupeaux à la recherche des pâturages. Seule une infime minorité d’éleveurs
pratique encore le nomadisme avec des déplacements limités, un cheptel aussi
limité et transporté.
Les terres du domaine de l’Etat, devenues à gestion privative appartenant aux EAC
et EAI, sont louées à des prix considérés par les éleveurs comme assez élevés et
d’autre part, le glanage a disparu et même les nomades ne le pratiquent plus pour
améliorer leur revenu.
- L’élevage bovin : se caractérise par l’existence de deux systèmes : L’un extensif
pratiqué exclusivement par le secteur privé, et l’autre intensif pratiqué par les
fermes des secteurs public et privé.
- Le système extensif : comprend 700.000 vaches représentant 47% de la
production laitière. Cet effectif recouvre les peuplements issus des multiples
croisements entre la race locale « Brune de l’Atlas » et ses variantes d’une part et
diverses races importées d’Europe : Pie rouge, tarentaise, Brune des Alpes,
Frisonne, Pie noire – Ce croisement entre la race importée plus productive et aussi
plus exigeante a donné des « bovins laitiers améliorés »
70
- Le bovin local de piémont :
Se trouve en zones de collines et des montagnes peu arrosées du nord du pays
ainsi que sur les pentes de toutes les chaines montagneuses à la lisière des plaines
sublittoral.
Ce cheptel se rencontre aussi en grand nombre dans les petites vallées, à l’intérieur
des massifs montagneux.
L’adaptation des animaux aux conditions naturelles et l’acquisition de l’immunité
contre les maladies font d’eux des bêtes résistantes, rustiques peu exigeantes mais
peu productives.
Les ressources fourragères sont constituées par les fourrages naturels en hiver et au
printemps ainsi que les chaumes de céréales et les foins achetés dans les zones
céréalières.
- Le bovin local est caractéristique des zones montagneuses et boisées du nord
de l’Algérie. La production laitière suit celle de l’offre fourragère. Elle est plus
élevée au printemps. Ce sont des élevages « sur parcours » et des insuffisances
alimentaires sont particulièrement notées dans les zones peu arrosées ou dans les
forêts. L’éloignement des centres de consommation oriente ces élevages vers la
production de viande principalement. La production de lait était essentiellement
destinée à l’autoconsommation.
71
- Le système intensif :
- Le secteur « privé héritier du secteur public » qui détient les meilleures terres
situées dans les zones littorales et telliennes-nord bénéficie d’une pluviométrie
importante, dispose d’un effectif d’environ 32.000 vaches laitières (en 1999) de
race améliorée. La production moyenne par vache s’élève à 2.500 l /an. Cet
élevage fournit environ 15% du lait local.
- Le secteur privé s’est développé dans les zones irrigables autour des
agglomérations de moyenne importance ; l’effectif de son élevage tourne autour
de 6.000 vaches laitières. IL est constitué de races fortes productrices importées.
La production moyenne par vache est de 3.300 l/an et ce système fournit 38% de la
production laitière locale.
- Le secteur privé spéculatif pratique un élevage bovin sans sol localisé dans les
périphéries des villes, dispose de vaches laitière à haut potentiel productif nourrie
aux fourrages achetés et aux aliments industriels concentrés livrés par l’office
national des aliments du bétail. Sa production de lait est commercialisée en faible
quantité. Elle est livrée aux laitiers ou vendue au détail par l’éleveur lui-même qui
se trouve être commerçant et généralement laitier.
72
CONCLUSION :
L'agriculture algérienne rencontre de nombreuses contraintes écologiques
inhérentes à la qualité de ses ressources naturelles qui freinent son développement.
Et l'absence de réserves en terres fertiles, et les caprices du climat expliquent en
partie ses faibles performances en matière de production et de productivité.
Les ressources en terres sont non seulement limitées et de plus elles subissent
des pressions exercées par d'autres secteurs en vue de s'approprier les terres les
mieux situées et les moins accidentées prêtes à accueillir divers projets de
construction aux moindre frais d'aménagement.
L'une des possibilités qui s'offre à l'agriculture, en tant que secteur productif
afin de maintenir son niveau de production et de l'améliorer, réside dans
l’utilisation d'autres ressources productives provenant d'autres secteurs et
susceptibles d’améliorer l'efficacité productive des ressources naturelles et atténuer
la forte pression dont elles sont l'objet. En effet les ressources humaines (le facteur
de production: travail) et les ressources techniques (le facteur de production:
capital) peuvent concourir à une amélioration de l'efficacité des ressources
naturelles tout en contribuant à la modernisation de l'agriculture.
73
Chapitre II :
Modernisation de l’agriculture et acquisition
des ressources productives.
74
INTRODUCTION
La modernisation de l’agriculture signifie avant tout la rupture avec les
pratiques surannées et l’adoption de nouvelles méthodes technico-économiques
plus efficaces. Elle est perçue et ressentie comme une nécessité par des agriculteurs
sensibles aux progrès scientifiques et techniques qui, disposent de ressources
productives suffisantes, et veulent améliorer leur revenu, leurs conditions de vie et
de travail. Son rythme d’évolution peut être apprécié à travers la division du
travail, la simplification des systèmes de culture et d’élevage, c'est-à-dire une
spécialisation rendue possible et même souhaitable grâce à la disparition du
sentiment d’insécurité (alimentaire, revenu…) à l’origine de la diversification des
spéculations pour s’assurer d’une part l’autoconsommation et d’autre part amortir
les risques économiques éventuels (mauvaise récolte ou baisse de prix…).
La modernisation s’accompagne aussi par une perméabilité plus grande aux
progrès scientifiques, innovations techniques, économiques et culturelles de même
que par une intensification des échanges avec les autres secteurs. Cette
intensification des échanges avec les autres secteurs traduit le degré d’intégration
de l’économie nationale. Dépendance et complémentarité sont les signes apparents
de cette intégration.
Les échanges portent évidemment sur les biens et services c'est-à-dire sur les
facteurs de production, les différentes prestations de services et les produits
agricoles. L’agriculture renonce à produire ce qu’elle peut se procurer à moindre
75
frais auprès des autres secteurs c’est ainsi que tous les métiers lié à l’artisanat au
niveau des fermes ont disparu (forgerons, bourreliers, tonneliers, charretiers…) et
c’est là un principe de bon sens déjà relevé par les auteurs classiques notamment
Adam Smith qui a constaté que la division du travail (la spécialisation) et le
commerce (principe de l’avantage absolu) contribuent à la croissance de la
production qui ne peut être limitée que par l’inextension du marché.
L’acquisition d’autres ressources productives par le secteur agricole lui permet
de se moderniser et d’atténuer les contraintes inhérentes aux ressources naturelles.
Ces nouvelles ressources améliorent l’efficience des ressources naturelles et
contribuent ainsi à la croissance du volume de la production.
Nous assistons à une transformation de la fonction de production qui devient plus
complexe (plus capitalistique) et sa mise en œuvre exige des compétences avérées
car la modernisation de l’agriculture peut certes entraîner une augmentation de la
production, comme elle peut également contribuer à un accroissement du coût de
la production si la productivité des facteurs acquis s’avère insuffisante ou si la
combinaison productive des facteurs révèle peu d’efficience.
Dans ce chapitre nous nous intéresserons qu’à certaines caractéristiques des
ressources humaines et des ressources techniques et à leur évolution.
Les facteurs institutionnels, juridiques et organisationnels qui forment le cadre
environnemental dans lequel évoluent les facteurs physiques de la production,
76
en dépit de leur influence sur les résultats de la production, ne retiendrons
qu’accessoirement notre attention.
L’augmentation relative du volume des biens produits par rapport à
l’augmentation du volume des facteurs de production acquis et mis en œuvre ne
peuvent être imputés (productivité marginale des facteurs) à des changements
purement techniques. Ils relèvent aussi de l’organisation du travail au sein des
unités de production et de l’agencement de celles-ci au sein de l’économie d’où
l’importance primordiale des ressources humaines.
1. Les ressources humaines :
- L’emploi de la force de travail
Le surpeuplement relatif des campagnes par rapport aux ressources naturelles
inextensibles (terres) et très peu modifiables dans le temps ( micro-climat) fait que
le secteur agricole a de tout temps été considéré comme un secteur de départ de la
main d’œuvre plutôt que secteur d’accueil. L’accélération des départs qui n’est
autre qu’un exode agricole et rural apparaît surtout en période d’expansion
économique et se ralentie en période de récession. Durant les crises économiques
aigues il se transforme rarement en secteur refuge pour les individus qui perdent
leur emploi en ville et dont le contact n’a pas été totalement rompu avec la
campagne. Ceci traduit le caractère irréversible de l’exode.
77
La force de travail disponible dans le milieu rural, est suffisamment abondante
pour mettre en valeur les terres agricoles et réaliser les programmes de production.
Mais si sur le plan quantitatif le problème ne semble pas se poser puisqu’il règne
un important sous-emploi de la main d’œuvre, par contre sur le plan qualitatif cette
main d’œuvre présente des insuffisances auxquelles l’agriculture tend à remédier
pour se moderniser. L’agriculture moderne ne peut être donc intéressée que par les
aspects qualitatifs de cette main d’œuvre qu’elle obtient soit par mutation interne
soit par acquisition de l’extérieur pour d’une part mettre fin à l’inertie que connaît
le monde agricole et d’autre part permettre un meilleur usage de ressources
techniques offertes par le progrès scientifique. Cette main d’œuvre qualifiée ne
peut être attirée et surtout stabilisée par l’agriculture que par une revalorisation du
travail agricole sur le plan social et donc une rémunération des salariés compatible
avec les efforts fournis et une garantie de revenus aux agriculteurs indépendants à
travers les mécanismes de prix.
1.1. Le volume global et structure de la main d’œuvre :
L’effectif moyen annuel des travailleurs agricoles est difficile à cerner en
dehors des recensements de la population ou des recensements généraux de
l’agriculture. Cet effectif est tributaire des différentes définitions retenues par le
recensement et aussi de la nature spécifique du travail agricole. Au moins deux
définitions, l’une politique et social et l’autre technique et économique peuvent
être relevées. Ainsi les données statistiques disponibles de l’Office National des
78
Statistiques (O.N.S) expriment le nombre de travailleurs exerçant une profession
agricole en « équivalent permanents » et évitent leur classification en catégories.
Rappelons d’une part au moins pour l’Algérie que, selon les textes relatifs à
l’autogestion agricole et plus précisément l’article 1er
du décret 69 – 15 du 12 / 2 /
1969 portant entre autre sur les droits et les devoirs des membres du collectif, il
suffit pour être membre permanant : « d’avoir accompli, lors de l’année agricole un
nombre de jours de travail au moins égal à 200 dans l’exploitation considérée,
même si ce nombre a été reparti en plusieurs périodes au cours de l’année. Dans les
domaines de monoculture, ce minimum est ramené à 160 jours – Est réputé
domaine monoculture celui dont le revenu brut est constitué à concurrence de 80
% par les recettes d’une seule production. » Et d’autre part la conversion de
« l’équivalent permanent » en unité de travail homme à l’aide de coefficients
techniques, qui tiennent compte de l’état du travailleur (sexe, âge, validité…)
explique l’écart qui existe entre les effectifs réels et les effectifs théoriques calculés
en « équivalents permanents ». Donc les effectifs réels employés par l’agriculture
sont largement supérieurs aux effectifs calculés en « équivalent permanents »
établis sur la base des programmes de production et des normes de cultures et
d’élevage pour dresser les bilans des besoins en travail.
Les statistiques du ministère de l’agriculture prennent en considération les
effectifs réels des travailleurs classés en deux catégories : travailleurs permanents
et travailleurs saisonniers. Les données établies à partir des fichiers des domaines
79
agricoles relevant du secteur public sont précises car elles sont prélevées
directement des fichiers de paie. Elles rendent compte des effectifs réels mais ne
prennent pas en considération l’état des travailleurs c'est-à-dire les calculs en
U.T.H (unité travail homme) nécessaires au plan de production ce qui explique en
partie les sureffectifs du secteur public. La force de travail ne concerne que le
nombre global de journées rémunérées.
Le secteur privé qui emploie plus de travailleurs agricoles 65,41 % en 1984
reste peu connu. Seules des enquêtes de main d’œuvre spécifiques à ce secteur
arrivent à rendre partiellement compte de ses effectifs. Signalons que le secteur de
la pêche maritime occupe moins de 1 % de la main d’œuvre ; 2.070 pour le secteur
public et 5.000 pour le secteur privé en 1984 (0,17 et 0,42 %).
L’évolution des effectifs de main d’œuvre utilisés dans l’agriculture
algérienne.
Tableau N°3 : Evolution des effectifs de la main d’œuvre
Unité : 106
1966 1977 1987 1997
Emploi total 1,725 2,33 4,14 5,70
Emploi agricole 0,873 0,686 0,725 0,884
Part de l’agriculture en % 50,6 29,4 17,5 15,5
Source : ONS : Equivalent permanent.
80
Le volume de l’emploi en agriculture est arrivé à se maintenir en dépit des
transformations des structures de production dues notamment à l’arrachage
d’importantes superficies de vignes culture nécessitant beaucoup de main d’œuvre
et leur reconversion en céréales et fourrages cultures peu exigeantes en travail.
Tableau N°4: Structure de l’emploi masculin RGPH 66 -77-1987 par secteur
d’activité.
Unité : %
Sources : 1966,1977 – ONS – Statistique N° 15. Avril – Juin 1987 p 12.
1987 – ONS – Annuaire statistique de l’Algérie N° 14 – Ed 1990 p 46.
1997 – ONS – Algérie en quelques chiffres N° 29. Ed 2000.
L’emploi agricole n’a pas connu de variations importantes d’un recensement à
l’autre de la population. Ceci révèle si besoin est le faible niveau de
l’intensification agricole à base de travail et le recul de l’emploi agricole dans
l’emploi total qui passe de 58,23 % à 15,5 % en l’espace de trois décennies. Mais
ce qui importe le plus pour la production, ce n’est pas tellement l’effectif de la
main d’œuvre, c’est surtout sa structure par âge et par qualification principaux
indicateurs de productivité du facteur travail.
Agriculture BTP Industrie Services ND Total
1966 58,23 5,24 8,24 23,85 3,81 100
1977 31,10 15,60 17,20 32,60 3,50 100
1987 17,5 16,7 15 46,6 / 100
1997 15,5 10,3 10,2 64 / 100
81
Or cette force de travail se constitue d’une main d’œuvre ordinaire peu qualifiée
composée d’une forte proportion de jeunes à la recherche de leur premier emploi
(en attendant d’effectuer leur service rational) et de personnes âgées ayant
dépassées l’âge de la retraite comme le montre la structure d’âge de la population
occupée par branche d’activité résumé dans le tableau ci-dessous(tableauN°5)
Tableau N° 5: Structure de la population occupée par la branche d’activité.
(R.G.P.H 1977)
Unité : %
Agriculture Industrie BTP Services ND Total
18 ans 58,60 14,20 7,20 16,50 3,50 100
18 – 59 ans 28,80 17,90 16,44 33,26 3,60 100
60 ans et + 53,39 8,24 7,41 28,10 2,86 100
Total 31,10 17,20 15,60 32,60 3,50 100
Source : ONS Statistique N° 15. Avril – Juin 1987 p 12.
La structure par grand groupe d’âge indique que les moins de 18 ans et les
plus de 60 ans sont concentrés dans l’agriculture (58,60 % et 53,39 %)
contrairement aux 18 – 59 ans en minorité dans l’agriculture (28,8 %) et repartis
ensuite d’une manière égale entre le secteur secondaire (Industrie + BTP) : 34,3 %
et le secteur tertiaire 33,26 %.
Dans l’absolu les effectifs ne peuvent être appréciés que par rapport à :
- La structure d’âge.
- Niveau de formation.
82
« L’activité agricole est réservée à ceux des ruraux dont la force de travail n’est pas
encore prête ou trop usée pour les autres activités »33
.
« La population agricole est donc une population résiduelle, mais phénomène
remarquable, les campagnes ont joué leur rôle de réservoir de main d’œuvre pour
les autres secteurs sans pour autant rejeter vers les villes les travailleurs ainsi
transférés »34
.
Le secteur agricole se trouve encore pénalisé par le niveau de formation et de
qualification de cette main d’œuvre.
Le secteur agricole se trouve ainsi doublement désavantagé. D’une part il
occupe une forte proportion de jeunes instables et de personnes âgées à faible
productivité comme signalée précédemment. D’autre part la concentration de
personnes non qualifiées est analphabètes se retrouve dans le secteur agricole et
influe sur son rythme de développement d’une manière négative et freine sa
modernisation.
33 C. Chaulet : La terre les frères et l’argent Tr p 171. 34
Idem – p 172.
83
Tableau N°6: Taux d’analphabétisme de la main d’œuvre occupée / B.A.E
Unité : %
Secteur d’activité Taux d’analphabétisme
Agriculture 68,7
Industrie 31,7
BTP 54,5
Transport 38,9
Commerce 38,7
Services 28,7
Services non marchants 19,2
Total 45,3
Source : ONS – Statistique N° 18 – Mars 1988.
La modernisation de l’agriculture ne peut se réaliser avec des agriculteurs en
majorité analphabètes donc incapables de noter les quantités utilisées, d’enregistrer
les travaux réaliser et d’archiver ces notes et enregistrements pour d’éventuelles
analyses et comparaisons dans l’avenir.
Exprimé en valeur absolue, le nombre de personnes non qualifiées employées
par l’agriculture représente prés de la moitié des effectifs employés par l’économie
nationale.
84
Tableau N°7 : Répartition de la population occupée par BAE et niveau de qualification.
Unité : Individu
Niveau de qualification Cadres et
techn. sup techn
Agt tech et
pers HQ
Personnel
qualifié
Personnel
d’aide
Sans
qualification ND Total
Agriculture 2148 3786 4457 95.581 2647 808.544 / 917.163
Industrie 7682 12914 25624 220.103 27047 138.497 70 431.939
BTP 7291 7698 14163 221.731 7998 313.105 / 571.986
Hydrocarbures et transport 2284 2409 5296 22.957 3050 13.040 / 49.036
Transport Entr – comm 2714 6000 11980 113.563 8149 64.614 70 207.089
Commerce 4600 3479 11200 121.694 13376 138.053 / 292.402
Services 4978 5728 16698 112.325 12858 68.497 / 221.085
Administration 60496 65966 172602 259.230 26504 176.000 697 761.496
Non déclarés / / / 1.140 / 1.179 / 2.319
Non concernés 307 / / 70 / 376 18636 19.388
Total 92500 107981 262021 1.168.936 101630 1.721.904 19476 3.473.904
Source : ONS – Statistique N° 18 – Mars 1988
85
Une enquête sur la main d’œuvre réalisée en 1983 par l’ONS bien avant la
réorganisation du secteur agricole public consécutive à la loi 87 – 19 estimait à
1.722.000 individus le personnel sans aucune qualification pour une population
occupée totale de 3.474.000 soit prés de 49,6 %. Prés de la moitié de cette main
d’œuvre non qualifiée se retrouve dans le secteur agricole soit 46,9 % - 47 % comme
le montre le tableau N° 7.
La main d’œuvre qualifiée se trouvait concentrée au niveau du secteur public et
plutôt dans les administrations que dans les unités de production.
- Le secteur privé, plus important en superficie et en effectif, est dépourvu de la
main d’œuvre ayant en une formation suffisante lui permettant de bien gérer
une exploitation agricole.
- D’origine urbaine, cette main d’œuvre n’arrive pas à s’adapter dans le milieu
rural.
- La structure d’âge et le niveau d’instruction (alphabétisation) sont assez
différenciés suivant les catégories socioprofessionnelles.
1ere
catégorie : Les agriculteurs indépendants.
89,97 % sont des chefs de ménages. Ils passent de 255.252 en 1977 à 347.572 en
1983. Il s’agit de la catégorie la plus âgée ; l’âge modal se situe entre 50 et 54 ans et
15,5 % sont âgés de 65 ans ou plus.
86
D’ailleurs, là, réside un des problèmes de l’agriculture algérienne. La non intégration
à un système de protection sociale oblige bon nombre à continuer leur activité au-delà
de l’âge légal à la retraite même si la baisse de la productivité est notable. D’un autre
coté 90 % n’ont aucune instruction.
C’est une catégorie assez stable, seul moins du cinquième ont eu à changer de
caractéristiques professionnelles.
Le problème posé par cette catégorie est qu’elle ne fait pas la distinction entre les
superficies exploitables ou le nombre de têtes possédées ou le type d’exploitation et
le type de spéculation (seul un recensement permettrait d’appréhender ces
situations.).
2ème
catégorie : Les ouvriers agricoles.
69,51 % sont des chefs de ménages. Ce sont des salariés permanents de l’agriculture.
Au nombre de 205.000 dont 16 % dans le secteur privé soit 32.800 individus.
On le retrouve surtout dans les secteurs autogérés dans des coopératives ou les fermes
d’Etat. La presque totalité n’ont aucune instruction. Ils ne représentent qu’un
cinquième de l’emploi agricole.
Leur structure d’âge est assez particulière. Elle est équidistribuée entre 15 et 55 ans
soit 1/5 du total par tranche décennale.
87
3ème
catégorie : Les saisonniers.
46,22 % sont des chefs de ménages. Il s’agit de toutes les personnes dont la situation
dans la profession est « salarié non permanent ». Les ouvriers agricoles non
permanents : 114.521 en 1977. En 1983 ils sont 123.000 se répartissant : 31 % dans
les métiers de l’agriculture, 17,5 % dans les métiers de la construction et 37,5 %
manœuvre sans corps de métiers spécifique.
- Il s’agit d’une profession provisoire l’âge modal compris entre 20 et 24 ans le
prouve bien.
- Le passage de l’agricole au non agricole se fait au gré de la conjoncture économique
sans qu’il s’agisse d’une spécialisation rigide, c’est ainsi que 34,6 % ont vu leurs
caractéristiques professionnelles changer.
- Le cheminement des jeunes ruraux (68,3 % des saisonniers le sont) qui reste à
vérifier serait du type : aide familial dans l’agriculture, service national, salarié
saisonnier dans le BTP, salarié permanent dans des collectivités locales.
Malgré leur jeune âge 75 % sont sans instruction ce qui rend encore plus précaire leur
situation, d’autre part 75 % travaillent dans le secteur privé ce qui diminue leur
chance de permanisation.
- En moyenne, le salarié saisonnier travaille 7 mois dans l’année - le mode est de 6
mois dans l’agriculture et de 8 mois dans le BTP -
88
4ème
catégorie : Les coopérateurs.
90,39 % sont des chefs de ménages. De 75.000 en 1977 ils diminuent de plus de
moitié en 1983 (33.000). Il s’agit d’une catégorie nouvelle, 77,8 % y ont accédé après
les reformes qu’à connu le monde rural (création de coopérative) après avoir été des
agriculteurs indépendants ou des ouvriers agricoles.
L’âge modal est compris en 40 et 44 ans comme chez les ouvriers agricoles. 91 %
n’ont aucune instruction.
5ème
catégorie : Les apprentis et aides familiaux.
2,95 % sont des chefs de ménages. L’âge modal se situe entre 15 et 19 ans et 76 %
travaillent dans l’agriculture. Ils passent de 77.277 en 1977 à 319.800 en 1983. Cette
hausse très sensible est due à l’insuffisance de l’appareil de formation. 55,4 % sont
sans instruction et seulement 10,7 % ont un niveau moyen ou secondaire et à la
sélection qui s’effectue sur le marché du travail par élimination des jeunes avant
l’accomplissement de leur service national.
Volume de travail.
Une compagne agricole représentant en moyenne 150 millions de journées de
travail, on constate que le taux d’occupation d’un travailleur agricole n’est que de
150 jours par an. Encore faut il distinguer le travailleur du secteur socialiste qui
réalise en moyenne 250 jours par an du travailleur du secteur privé qui ne travaille
89
que 180 jours par an et du travailleur saisonnier qui n’est occupé et ceci quelque soit
le secteur, que 74 jours par an.
- A titre illustratif nous reproduisons les évaluations de la main d’œuvre agricole
présentées par le ministère de l’agriculture dans un rapport ronéotype daté de
décembre 1985 représentant les résultats de la compagne 1984 et nous
renvoyons en annexe35
( tableaux 8-9 ci-dessous) une série de données
statistiques concernant l’évolution de l’emploi dans le secteur public.
- Pour le secteur public
Le nombre des journées travaillées en 1984 s’élève à 51 millions.
La moyenne en nombre de journées travaillées par an et par travailleur
permanent et saisonnier confondus est de 150 jours / an. Une telle
moyenne confrontée au plan de production fait ressortir que les 2/5 du
temps ne sont pas utilisés par le travail productif. Ceci amène sans grand
risque à émettre trois alternatives :
La 1ère
consiste à considérer que le personnel est sous-utilisé.
La 2ème
, qu’il y’a pléthore c'est-à-dire un sureffectif qui diminue
considérablement la part de chaque travailleurs.
La 3ème
peut être un amalgame des deux précédentes.
35
Tableau N°8 et 9 Evolution de l’emploi dans le secteur autogéré compagnes 1967 / 1968 à 1983 / 1984.
90
- Pour le secteur privé.
Le nombre de journées travaillées par travailleur permanent et travailleur
saisonnier confondu est de 126 jours par an.
Cette moyenne se justifiait par la part de la monoculture au niveau de ce
secteur.
Une application des normes jour/ha régissant le secteur privé dégagerait
un besoin de 127 millions journées de travail pour une disponibilité de 95
millions de journées travaillées soit un déficit de 32 millions journées de
travail qui représentaient 24 % environ du volume global et se
traduiraient en 120.000 permanents et 142.000 saisonniers, en respectant
les proportions des effectifs permanents et saisonniers existants.
Ce déficit du secteur privé est basé sur des estimations qui nécessitent cependant une
certaine prudence quand aux significations et maniement des résultats qu’elles
donnent.
91
Tableau N° 8 : Evolution de l’emploi dans le secteur socialiste autogéré.
1967/68 1968/69 1969/70 1972/73 1973/74 1974/75 1975/76 1976/77
1/ Effectif moyen
annuel
Permanent
Temporaire
Indéterminé
Total
En %
Permanent
Temporaire
Indéterminé
Total
2/ Journée de travail
Permanent
Temporaire
Indéterminé
Total
En %
Permanent
Temporaire
Indéterminé
Total
3/Nomb moyen de J
de travail annuel
Permanent
Temporaire
Indéterminé
Total
En %
Permanent
Temporaire
Indéterminé
Total
1) Champ de
l’enquête
114.620
119.730
18.210
252.560
45,0
48,0
7,0
100,0
31.575.600
26.277.600
4.826.400
62.679.600
50,0
42,0
8,0
100,0
275
219
265
248
23,0
18,3
22,2
20,7
132.950
123.510
13.390
269.850
49,3
45,8
4,9
100,0
36.080.300
25.931.800
3.546.000
65.558.100
55,0
39,6
5,4
100,0
271
210
265
243
22,6
17,5
22,2
20,0
173.770
102.209
/
275.979
63,0
37,0
/
100,0
44.148.756
19.113.366
/
63.262.122
69,8
30,2
/
100,0
254
187
/
229
21,1
15,5
/
19,9
121.301
117.991
/
239.292
50,7
49,3
/
100,0
33.548.173
23.543.852
/
57.092.025
58,8
41,2
/
100,0
277
199
/
238
23,0
16,6
/
19,9
113.566
120.876
/
233.442
48,4
51,6
/
100,0
32.708.953
26.168.381
/
58.876.734
55,6
44,4
/
100,0
288
216
/
215
24,0
18,0
/
20,9
106.630
124.571
/
231.201
46,1
53,9
/
100,0
34.829.764
24.919.410
/
59.749.174
58,3
41,7
/
100,0
327
200
/
258
27,2
16,7
/
21,5
111.471
96.948
/
208.419
53,5
46,5
/
100,0
33.644.018
19.759.576
/
53.403.594
63,0
37,0
/
100,0
302
204
/
256
25,2
17,0
/
21,3
100.504
99.610
/
200.114
50,2
49,8
/
100,0
31.201.000
22.448.000
/
53.649.000
58,2
41,8
/
100,0
310
225
/
268
25,9
18,8
/
22,3
Nombre total de
domaines enquêtés / / 1.995 1.998 1.999 2.071 2.080 /
Source : M.A.R.A. (Enquête de l’emploi)
92
Tableau N°9 : Evolution de l’emploi dans le secteur socialiste autogéré par
compagne.
Sources d’information : 1- 1975/76 à 1977/78 Enquête domaines. 2- 1978/79 BNA.
Source : 1982/83 Bilan de l’emploi annuel 1983 MAP.
1977/78 1978/79 1979/80 1980/81 1981/82 1982/83 1983/84
1/ effectif moyen
annuel
Permanent
Temporaire
Total
En %
Permanent
Temporaire
Total
2/ Nombre de journée
de travail (mille jours)
Permanent
Temporaire
Total
En %
Permanent
Temporaire
Total
3/ Nombre de jours de
travail par an
Permanent
Temporaire
Total
100.136
100.196
200.332
50,0
50,0
100,0
30.893
23.203
54.096
57,1
42,9
100,0
308
232
270
106.796
93.706
200.502
53,3
46,7
100,0
31.972
20.397
52.369
61,1
38,9
100,0
299
218
216
112.646
85.507
198.153
56,8
43,2
100,0
33.843
18.844
52.687
64,2
35,8
100,0
300
220
266
108.524
87.372
195.896
55,4
44,6
100,0
32.326
19.328
51.654
62,6
37,4
100,0
298
221
264
134.869
111.932
246.801
54,6
45,4
100,0
40.778
24.572
65.350
62,4
37,6
100,0
302
219
265
148.858
109.372
257.230
57,87
42,13
100,0
32.749
13.286
46.035
71,1
28,9
100,0
220,0
122,6
179,0
155.368
184.861
338.492
45,4
54,6
100,0
33.833
22.644
56.477
59,9
40,1
100,0
220,0
122,6
166,8
Nombre total de
domaines enquêtés / / / / / 3.324 3.367
93
1.2. Le niveau de la productivité du travail :
La modernisation de l’agriculture ne peut se poursuivre sans un gain de
productivité appréciable plus ou moins régulier sur une longue période qui permet
d’une part le financement d’une accumulation soutenue et d’autre part une
amélioration du revenu et du niveau de vie des travailleurs.
La productivité du travail est un instrument efficace pour mesurer le gain de
productivité. Mais comme il est difficile de faire une séparation nette entre la
productivité du travail (surtout sur le long terme) et la productivité du capital et celle
du progrès technique qui se trouvent intimement liées, et pour contourner cet obstacle
les économistes ont eu recours à la productivité apparente du travail qui n’est autre
que la productivité globale des facteurs de production.
La productivité apparente représentée par le rapport entre la valeur ajoutée brute et
le nombre de travailleurs ou journées de travail ayant contribué à l’obtention de cette
production est plus facile à calculer.
Calculée en Dinars courants sa valeur nominale a connu une progression
importante de 2.255 DA en 1967 elle passe à 31.961 en 1987 dernier exercice du
secteur public agricole. De 1988 à 1997 la valeur de la productivité apparente va
connaître une augmentation vertigineuse, propulsée par une inflation annuelle à deux
chiffres, puisqu’ elle passe de 38.668 DA à 221.071 DA36
. Ainsi la valeur
36
CNES – Rapport sur : La problématique de développement agricole : Eléments pour un débat national.
94
ajoutée par travailleur a été multipliée par 98 en l’espace de trois décennies et par 5,7
en l’espace d’une décennie (1988 – 1997).Calculée en Dinars constants de 1967 cette
progression serait beaucoup moins importante. Or seul ce calcul en volume ou valeur
réelle permet l’appréciation de son évolution.
Ce niveau de productivité et surtout son évolution sont à prendre avec réserve
pour au moins deux raisons :
- La première est relative à la fiabilité des données statistiques disponibles.
- La seconde raison est due au fait que la valeur de la production est estimée et
non exactement calculée. Elle ne tient pas compte des livraisons réelles
(livraisons de la production agricole au marché et des prix) ni de
l’autoconsommation qui reste non négligeable dans les pays en développement
et notamment l’Algérie. L’amélioration de la productivité reste tributaire non
seulement du niveau de la qualification et de motivation des travailleurs (capital
humain) mais aussi et surtout des ressources techniques (capital dans ses
différentes formes) mises en œuvre dans le processus de production et dont
l’acquisition contribue à la modernisation de l’agriculture.
2. Les ressources techniques :
L’acquisition des ressources techniques, constituées par l’ensemble des biens
matériels produits par le secteur industriel local ou fournis par les importations,
http : // www cnes. dz. p 42 Ed 2003.
95
permet à l’agriculture de se moderniser sous certaines réserves et d’améliorer son
volume de production.
Ces ressources techniques forment ce qui est communément appelé « capital » et sont
classées en deux catégories : Les biens d’équipement (biens durables soumis à
l’amortissement) et les consommations intermédiaires (biens non durables, utilisés
une seule fois dans le procès de production) qui s’apparentent suivant la classification
comptable les uns aux charges fixes et les autres aux charges variables.
Pour notre progression dans l’analyse, par commodité et surtout en fonction des
disponibilités de données statistiques, nous ne retiendrons des biens d’équipements
que ceux liés à la motorisation - mécanisation portant sur le matériel de préparation
du sol et le matériel de récolte considérés généralement comme les plus représentatifs
de la mécanisation. Par contre nous ne tiendrons pas compte des bâtiments
d’exploitation qui relève des biens d’équipement faute d’informations suffisantes.
Des consommations intermédiaires ou « intrants » nous ne retiendrons que les
produits les plus représentatifs : engrais, produits phytosanitaires, semences, aliments
du bétail, etc.
2.1. La motorisation en agriculture :
La motorisation est représentée par les engins utilisés en remplacement de
l’énergie animale et humaine qui devient de plus en plus onéreuse et insuffisante,
96
car il faut bien nourrir et entretenir le cheptel de trait. Les superficies consacrées aux
fourrages réservés à ce cheptel se trouvent ainsi libérées et affectées à d’autres
cultures jugées plus utiles.
Cette substitution de la machine à l’animal a certes ses avantages dans la mesure
ou elle permet de réaliser un travail avec rapidité et efficacité nécessitant peu de main
d’œuvre donc de coût, réduit la pénibilité du travail tout en permettant une extension
des terres travaillées même les plus difficiles auparavant laissées en friche.
Cependant cette substitution présente également des inconvénients. En se substituant
à l’animal la machine peut accentuer le chômage et le sous emploi, supprimer la
fumure organique procurée par les animaux, détruit l’équilibre écologique des zones
fragiles, etc.
Ce ne sont là ,selon certains économistes, que des idées reçues propagées par des
économistes et sociologues des pays développés et reliées par les élites des pays en
développement où elles sont appliquées avec des résultats parfois catastrophiques
(ex :transfert de technologie).En effet la mécanisation supprime des emplois mais elle
en crée à moyen et long terme des postes nécessitants beaucoup plus de
qualifications. Par contre en ce qui concerne la fumure organique la substitution de la
machine à l’animal est plus compliquée et les expériences réussies de certains pays
comme les Etats-Unis peuvent servir d’exemple. En effet, du fait de l’augmentation
fulgurante de la productivité et des quantités mises sur le marché les Etats Unis
affrontèrent dans les années 1920 et 1930 une crise des excédents agricoles
97
et recherchèrent de nouveaux marchés d’exportation. Pour conquérir ces marchés ils
misèrent très largement sur la culture du soja, qui permet non seulement la croissance
du bétail, mais qui possède en outre l’avantage de fixer l’azote de l’air et de le
restituer au sol, remplaçant ainsi la fumure disparue en même temps que les animaux
de trait. En 1918, près de 30% des surfaces cultivées servaient à nourrir les animaux
de trait principalement avec l’avoine, Quarante années plus tard cette surface est
tombée à zéro.
L’Algérie, en dépit du chômage chronique qui règne dans les campagnes, a tenté
de concilier mécanisation et emploi en équipant modérément son agriculture afin de
lui assurer une modernisation progressive qui n’est pas encore achevée comme le
montre l’étude de l’évolution du parc de tracteurs.
2.1.1. Evolution du parc national :
Pour mieux appréhender l’évolution du parc et apprécier son rythme de
progression il nous faudrait tout d’abord connaître sa situation initiale c'est-à-dire sa
situation de départ à travers ses effectifs, sa structure d’âge, le secteur juridique et
l’état du parc en général.
Le parc algérien de tracteurs s’élevait en (1966) à 40.761 unités ainsi réparties par
secteur juridique.
98
Tableau N°10 : Parc algérien en 1966.
Tracteurs à roues Tracteurs à chenilles Total
- Secteur socialiste 12.263 6.499 18.762
- S.A.P (C.C.R.A) 956 648 1.604
- Secteur privé 18.345 2.050 20.395
- Total 31.564 9.197 40.761
Source : Etude – Développement industriel et production agricole – Tome 1 I.E.J.E Décembre 1968.
Les tracteurs à chenilles occupent une place importante dans le parc algérien :
22% du parc en 1966. D’un point de vue technique le tracteur à chenille est
indispensable pour les labours de défrichement dans les terres lourdes, pour la culture
sur les terrains dont la pente est supérieure à 12,5 % ainsi que pour l’arboriculture et
dans les vignes à faible écartement. Comparativement à d’autres pays et à la même
époque, la proportion de tracteurs à chenilles semble élevée, mais se justifiait par la
nature des sols et du relief. Mais compte tenu du prix plus élevé et dont
l’amortissement est très lourd et des frais d’entretien, le tracteur à chenilles peut être
remplacé par des tracteurs à roue de forte puissance (plus de 55CV jusqu’à 80CV et
davantage) chaque fois que la substitution et possible.
De ce fait la proportion des tracteurs à chenilles ne représentera en 1992 que 10 % de
l’effectif total du parc. Plus de la moitié, 68,5 % des tracteurs à chenilles, étaient
âgées de plus de 10 ans et 1/3 des tracteurs à roues avait plus de 10 ans également.
Donc le parc se caractérisait en 1966 par un vieillissement qui est à l’origine d’un
99
taux de panne assez élevé et des fréquentes immobilisations comme le montre les
tableaux ci-dessous.
Tableau N° 11 : Structure du parc par âge.
Unité :%
Source : Etude – Développement industriel et production agricole – Tome 1- I.E.J.E Décembre 1968.
L’âge des tracteurs reflète l’état général du parc dont le taux de panne immobilise en
moyenne 33% du parc du secteur autogéré.
Tableau N° 12 : Etat du parc en %
Unité :%
Tracteurs à roues en
panne
Tracteurs à chenilles
en panne
- Moins de 5 ans
- 5 à 10 ans
- plus de 10 ans
- dont plus de 13 ans
08,5
28,0
48,0
51,0
10,5
40,0
53,5
56,0
- Total 29,0 43,5
Source : Etude – Développement industriel et production agricole – Tome 1 I.E.J.E Décembre 1968
Tracteurs à roues Tracteurs à chenilles
- Moins de 5 ans
- 5 à 10 ans
- plus de 10 ans
- dont plus de 13 ans
27,5
39,0
33,5
23,0
18,0
13,5
68,5
54,0
- Total 100,0 100,0
100
Le taux de pannes plus élevé pour les tracteurs à chenilles correspond à la vétusté
plus accentuée du parc. Et, en gros, le secteur privé et le secteur autogéré présentent
des parcs composés de tracteurs assez vieux comparés aux CCRA qui disposent d’un
matériel plus récent mais en nombre limité. Aussi l’état du parc se fait sentir avec
prés de 43,5 % de tracteurs à chenilles en panne et 29 % de tracteurs à roues. Donc le
nombre de tracteur en état de marche qui représente l’effectif réel du parc se trouve
considérablement réduit comme le montre le tableau ci-dessous.
Tableau N° 13 : Tracteur en état de marche par secteur.
Source : Etude – Développement industriel et production agricole – Tome 1 I.E.J.E Décembre 1968
La lecture de ce tableau permet de faire un certain nombre de remarques :
- En tenant compte uniquement des tracteurs en état de marche on constate que
l’agriculture algérienne ne disposait en fait (en 1966) que d’un parc de 26.361
tracteurs soit rapporté à la SAU totale de l’Algérie du nord : 1tracteur pour 250
ha ou rapporté à la SAU « mécanisée » 1 tracteur pour 185 ha.
Tracteurs à roues Tracteurs à chenilles Total
- Parc autogéré
- Parc CCRA
- Parc privé
8.689
796
11.406
3.647
623
1.200
12.336
1.419
12.606
20.891 5.470 26.361
101
- Le secteur privé cultive une superficie plus grande que celle du secteur
socialiste et ne dispose que d’un nombre à peu prés égal en tracteurs.
- En période de pointe c'est-à-dire de grands travaux, la traction mécanique est
certainement insuffisante surtout si l’on tient compte de la fréquence des
pannes, des pénuries en pièces de rechanges et en main d’œuvre qualifiée que
ce soit en conducteurs ou en mécaniciens.
- La traction animale restait encore très répandue. Alors que dans le secteur
socialiste le taux de traction animale ne dépassait pas 15 à 20 % dans le secteur
privé il voisinait les 50 %. Il faut aussi souligner qu’une part importante du
matériel du secteur privé, tracteurs et surtout moissonneuses batteuses étaient
détenues par des entrepreneurs dont la profession n’est pas l’agriculture.
- Les exploitations dépourvues de tracteurs ont recours aux services des CCRA et
des entrepreneurs privés qu’elles soient du secteur socialiste ou du secteur
privé.
- En effet, les biens d’équipement (tracteurs) sont non divisibles, onéreux, et dont
la possession à titre individuel pose souvent le problème de leur sous utilisation
(problème d'économie d'échelle) sur les petites propriétés. Aussi les travaux de
labours et de récolte sont confiés de plus en plus aux prestataires de services du
102
secteur privé. L’absence de coopérative37
où l’agriculteur se considère comme
adhérent à part entière et à laquelle il peut s’adresser pour les travaux à des prix
étudiés a favorisé l’émergence des entrepreneurs privés encouragés par une
forte demande induite par des phénomènes nouveaux en relation avec la
modernisation de l’agriculture ou du moins l’ayant suscitée et dont nous
relevons :
- L’agriculture comme activité à temps partiel pratiquée par les paysans
disposant de peu de terre et dont les travaux se limitent au strict minimum
nécessaire : labours et récolte.
- L’avènement de la reforme agraire (révolution agraire) dont l’application à
partir de 1972 a entraîné une restriction aux crédits d’équipement pour le
secteur privé.
- Enfin l’intensification des travaux pour les cultures spéculatives, aux itinéraires
techniques plus complexes, induites par la croissance démographique, le
pouvoir d’achat et donc une demande.
Sous les effets conjugués de ces phénomènes, aux quels il faut ajouter le maintien
du système de production colonial basé sur un usage plus important de machines et
perpétué par le secteur public (autogéré + CAPAM) et un secteur privé globalement
sous équipé, la traction mécanique s’est développée suivant des rythmes variables
37 La CAPCS qui a remplacé le CCRA au niveau de la commune n’arrive pas à satisfaire la demande en période de
pointe.
103
comme le montre le tableau placé en annexe résumant l’évolution du parc matériel
agricole.
Tableau N°14 : Evolution du parc matériel.
Tracteurs à roues Tracteurs à chenilles Total
- Secteur socialiste
- S.A.P (C.C.R.A)
- Secteur privé
12.263
956
18.345
6.499
648
2.050
18.762
1.604
20.395
Total 31.564 9.197 40.761
Source : Etude – Développement industriel et production agricole – Tome 1 I.E.J.E Décembre 1968.
Ce tableau montre en effet que :
- De 1966 à 1978, le nombre de tracteurs est passé de 40.761 à 42.496 unités.
Les acquisitions de tracteurs ont essentiellement servi au renouvellement du
parc dont le vieillissement était assez prononcé. Comme le prévoie le rapport
du 1er
plan quadriennal ou il était question d’envoyer à la reforme les tracteurs
ayant plus de 8 années d’âge.
- « Entre 1978 et 1999 comme le relève le rapport du CNES, le parc de traction
(tracteurs à roues et à chenilles) s’est accru en moyenne annuelle de 4 %
entraînant une consolidation de la mécanisation dans le secteur reflété à travers
le nombre d’hectares / tracteur qui est passé d’un tracteur pour 176 hectares à
un tracteur pour 86 hectares. »38
.
38
CNES – Rapport sur : la problématique de développement agricole élément pour un débat national p31.
104
Tableau N°15 : Evolution du nombre d’hectares par tracteur
et par moissonneuse batteuse.
Année Hectare par tracteur Hectares par
moissonneuse batteuse
1978 176 1.875
1988 93 1.001
1998 86 869
1999 86 869
Source : CNES. Rapport op.cit. p 31
- Toujours selon le CNES « l’analyse du parc de traction de 1992 composé de
95.000 tracteurs dont 90 % à roues et 10 % à chenilles, fait ressortir que 50 %
de ce potentiel productif a un âge compris entre 9 et plus de 12 ans. Le reste se
reparti entre 35 % qui ont un âge situé entre 5 et 8 ans et 15 % ont un âge
inférieur à 5 ans.
Les rédacteurs de ce rapport du CNES notent que « dans l’hypothèse d’un
renouvellement à hauteur de 10 % des tracteurs de plus de 12 ans, le secteur devrait
acquérir annuellement 3.420 tracteurs. Or, entre 1978 et 1999, les acquisitions du
secteur ont été en moyenne de l’ordre de 1.140 soit 1/3 des 10% à renouveler. » Et de
remarquer que « la faible reconstitution du parc de traction pourrait s’expliquer par
un niveau de saturation de la productivité et probablement par une faible évolution
des techniques culturales. »39
.Alors que cette non reconstitution était surtout liée aux
prix élevés des tracteurs.
39
CNES op cit p 31.
105
2.1.2. Le matériel aratoire et le matériel de récolte :
Etant donnée la large gamme de ce matériel nous ne tiendrons compte que de
l’aspect quantitatif et non de ses caractéristiques techniques et économiques :
- Le matériel de récolte comprend les moissonneuses batteuses pour les céréales
et les faucheuses, ramasseuses presse, râteaux faneurs pour les fourrages et
paille.
- Le parc de moissonneuses batteuses (MB), selon une enquête réalisée par les
services du ministère de l’agriculture en 1966, était composé de 5.627 unités
ainsi reparties par secteur juridique :
Secteur autogéré (Socialiste) 2.419
Les CCRA 438
Secteur privé 2.770
Mais comme pour les tracteurs il s’agissait en fait d’un parc très âgé comme
l’indique la structure par âge du parc de M.B du secteur autogéré.
Unité :%
Classe d’âge %
- Moins de 5 ans 26,8
- De 5 à 10 ans 17,1
- Plus de 10 ans 65,1
La structure du parc de M.B du secteur privé est supposée semblable à celle du
secteur autogéré. Seules les M.B en état de marche sont à prendre en considération
106
pour l’évaluation du parc réel, et même si l’importance de l’effectif en panne est
compensé par l’importance du matériel utilisé bien au-delà de sa durée de vie utile.
On arrive à l’effectif des M.B utilisées en 1966 de l’ordre de 4.073 unités reparties
entre les 3 secteurs :
Secteur socialiste 1.699
Les CCRA 424
Secteur privé 1.950
- Ce nombre de M.B n’arrive pas à assurer la récolte de toute la superficie de
céréale ce qui provoque une sur-utilisation des machines et donc des pannes et
des immobilisations inévitables et entraîne un allongement de la période de
récolte ainsi que des pertes d’une partie de la production facilement estimée à
5%. Le parc de M.B va connaître un renforcement par des achats destinés à
renouveler les vieilles machines et accroître son effectif.
Entre 1966 et 1999 le nombre de M.B passera de 4.000 à 9.200.
Le chiffre 9.200 concerne certainement le nombre effectif de machine dont une
forte proportion se trouve en panne.
- Les appareils pour la récolte du fourrage.
L’importance de ces machines est liée à la surface consacrée aux fourrages, elle-
même dépendante de l’orientation de la production animale.
Le parc des appareils en état de marche comprenait en 1966 approximativement :
107
Faucheuses : 3.557
Râteaux faneurs : 2.551
Ramasseuses presses (botteleuses) : 240
La progression du nombre de ces appareils a suivi celle de surface fourragère,
puisqu’en 1992 l’étude du CNES dénombrait 26.000 ramasseuses presses et estimait
en 1987 le nombre de râteaux faneurs à 54.349 unités et les faucheuses à 11.466 en
1978.
Les matériels de semi fertilisants :
Les semoirs : Ils présentent l’avantage d’économiser la semence, d’enfouir les
grains à la même profondeur ce qui permet une levée homogène des plants.
En 1966 l’agriculture algérienne disposait de 1.487 semoirs à la volée qui ne sont en
fait que des épandeurs d’engrais utilisés comme semoirs, et de 2.598 semoirs en ligne
en majorité utilisés sur les assolement en sec et une faible partie formée de semoirs de
précision utilisées sur les terres irrigué. En 1987 le nombre de semoirs s’élevait à
19.356 tous types confondus.
Les épandeurs : Le nombre d’épandeurs d’engrais à la même époque était de
1.860 appareils dont 320 à traction animale.
Ces chiffres montrent le faible équipement en semoirs et en épandeurs. Un grand
nombre d’exploitants n’utilise pas ce genre d’appareil. Le nombre d’épandeurs a
atteint 8.900 appareils de capacités et d’âges variables.
108
Le matériel de traitement :
Les appareils de traitement contre les ennemis des cultures comprennent les
pulvérisateurs, les poudreuses et les atomiseurs de différentes capacités. Ils peuvent
être tractés ou portés à dos d’homme. En 1966 les appareils en état de marche étaient
de l’ordre de 24.366 unités et sont passé en 1988 à 43.803.
Le matériel aratoire.
Composé des appareils à soc, des charrues à disques, à dents rigides, des
rouleaux, etc. Utilisés pour la préparation du sol en surface et en profondeur, la
substitution entre appareil est possible. Le nombre d’appareil est jugé suffisant.
L’outillage.
L’agriculture utilise également le petit outillage indispensable à la bonne conduite
de l’activité et au processus de production. De l’outillage de quincaillerie aux
différents accessoires en passant par la pièce de rechange des engins et différentes
machines.
Les moyens de transport.
Camions, véhicules utilitaires, remorques, citernes, également indispensables à la
production agricole sont disponibles en quantité insuffisante.
109
2.1.3. Relation entre motorisation – mécanisation et emploi de la main d’œuvre :
L’augmentation de l’effectif du parc matériel n’a pas eu d’incidence notable sur
les effectifs de la main d’œuvre. Cette substitution du capital au travail n’était pas
importante pour provoquer une libération des travailleurs du secteur agricole. Un
grand nombre d’exploitations du secteur privé et d’exploitations agricoles nées de la
dernière « réorganisation » du secteur public constituées en EAC et EAI restent
dépourvues de tout matériel et recourent à la location pour effectuer leurs travaux.
Cette situation peut s’expliquer par trois causes qui peuvent être à l’origine de ce
maintien des effectifs agricoles :
- Tout d’abord, une intensification des cultures à base de travail. En l’absence du
matériel mécanique adapté, certaines opérations culturales sont réalisées à la
main : buttage, binage, semis, épandage à la volée, fauchage, traite, etc. Ceci
permet le maintien des effectifs de la main d’œuvre dans le secteur agricole.
- La seconde raison qui peut expliquer cette situation est représentée par le sous
emploi qui touche la population agricole et rurale. Le maintien de ces effectifs
aux prix d’une baisse du niveau de la productivité et d’une augmentation des
charges due à l’acquisition du matériel et à l’entretien d’un parc qui se
caractérise par sa vétusté et par les immobilisations prolongées faute de pièces
de rechange.
110
- Enfin l’acquisition du matériel n’a permis que le juste renouvellement du parc
et non pas son extension.
Le maintien des tracteurs et moissonneuses batteuses âgées et leur
comptabilisation donnent l’impression d’un suréquipement du secteur agricole.
Mais en réalité, ce matériel n’est pas opérationnel.
La faible variation de l’effectif de main d’œuvre d’une campagne agricole à
l’autre peut s’expliquer beaucoup plus par les variations des plans de production que
par les acquisitions du matériel.
L’utilisation de ce matériel de mécanisation reste une condition nécessaire à
l’augmentation de la production agricole, mais non suffisante. Le recours à l’emploi
d’autres facteurs de production concernant la nutrition des plantes et des animaux,
leur protection comme leur amélioration génétique est indispensable. Une agriculture
moderne a de plus en plus recours aux consommations intermédiaires ou intrants
acquis sur le marché.
2.2.L’emploi des consommations intermédiaires :
La modernisation de l’agriculture peut aussi être appréhendée à travers
l’acquisition des consommations intermédiaires d’origine industrielle, représentées
par un ensemble de facteurs de production qui englobe aussi bien l’énergie électrique
que les eaux d’irrigation nécessaires au procès de production mais
111
surtout les facteurs ou intrants indispensables à la nutrition des plantes et des animaux
à leur protection contre les parasites et à leur amélioration génétique.
Ces intrants intéressent la production végétale et la production animale. Les plus
couramment employés présentent l’avantage d’être divisibles pouvant ainsi êtres
utilisés à différentes doses fractionnées en plusieurs apports en fonction des besoins
de la plante ou de l’animal indifféremment par les grandes comme par les petites
exploitations selon le degré d’intensification envisagée des cultures et des élevages.
2.2.1. Dans la production végétale
Ces consommations intermédiaires ou intrants sont représentés essentiellement par
les engrais, les produits phytosanitaires et les produits pharmaceutiques, les semences
et les plants ainsi que les aliments pour bétail.
L’utilisation des engrais :
L’objectif de leur utilisation vise, avant tout l’accroissement des rendements de la
production puis, le maintien et l’amélioration de la fertilité du sol par une restitution
de ce qu’a été prélevé par les plantes cultivées, en éléments chimiques nécessaires à
leur nutrition et par conséquent à la production. Trois types d’engraissement du sol
sont couramment pratiqués :
112
L’engrais vert : il consiste à semer des graines particulièrement celles des
Légumineuses (féveroles, luzernes…). Une fois que les plantes auront atteint un stade
de développement déterminé, généralement la floraison, elles sont enfouies et
incorporées au sol. Leur décomposition donnera humus qui présente les
caractéristiques d’un engrais organique, riche en azote, capable d’améliorer la
structure du sol et d’augmenter la rétention de l’eau.
Ce type d’engraissement des terres est très onéreux. Pratiqué essentiellement dans la
mise en valeur des terres tel que les périmètres irrigués (périmètre irrigué d’Abadla
Wilaya de Béchar) à grande échelle. Il constitue un investissement dont la rentabilité
peut se relever concluante à moyen terme temps nécessaire à la décomposition des
végétaux.
L’engrais organique : composé essentiellement de fumier riche en azote,
provenant des déjections animales mélangées à la paille servant de litière.
Utilisé généralement par les exploitations pour les cultures à forte valeur
ajoutée, tel que le maraîchage.
L’engrais minéral : composé d’éléments chimiques ou éléments fertilisants
Incorporés à la matière apportée sous forme de granulés (ou parfois liquide) livrés par
l’industrie.
Les éléments (macro éléments), nécessaires à la croissance, la nutrition des plantes et
l’augmentation de la production.
113
Les plus sollicités sont l’azote, les phosphates et le potassium (N-P-k). Tandis que les
microéléments (molybdène, cuivre, zinc, soufre…) même s’ils ne sont pas très
demandés par les plantes, leur présence en quantité suffisante dans le sol dispense les
agriculteurs de leur apport.
Cependant si leur absence ou leur faible présence se manifeste à travers des carences
présentées par les végétaux et qui influe sur les rendements en quantité et qualité, leur
apport devient indispensable.
L’agriculture algérienne qui consommait tous engrais minéraux confondus moins
de 100.000 Tonnes par an en moyenne entre 1967 et 1970 a augmenté sa
consommation à 500.000 Tonnes en 1979. Cette hausse s’est poursuivie, comme
indiquée au tableau N°16 jusqu’en 1986 avec un pic de 605.000 Tonnes.
Tableau N° 16 : Evolution des ventes des engrais
Unité :Tonne
Années 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993
Tonnes 605.540 540.000 447.000 338.000 270.000 274.000 210.000 302.000
Années 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
Tonnes 268.000 178.000 108 - - 232 188
Source : cnes
114
La tendance à la baisse commencée en 1987 et s’est poursuivie. Le niveau de la
consommation de 1996 était approximativement égal à celui d’avant 1970. Ce recul
s’explique essentiellement par la conjonction de plusieurs facteurs économiques et
politiques qu’a connu le pays entre autres :
- La hausse des prix des engrais surtout après le désengagement de l’Etat de la
gestion directe des exploitations du secteur public et la suppression progressive des
subventions aux intrants et aux investissements entamée partir de 1988.
Tableau N°17 : Evolution des prix des engrais
Unité : (Da/quintal)
Années 1991 1992 1993 1994 1995 1996
N P K 163 450 450 1082 1555 2889
Source :cnes
- La réorganisation du secteur agricole public avec le droit d’usufruit et l’autonomie
de gestion accordés aux attributaires dont la majorité ignore les principes de gestion
et se trouve dépourvue de moyens financiers.
- Les difficultés financières qu’a connu l’Algérie à la suite de la baisse du prix du
pétrole en 1986, puis son passage sous l’influence du Fonds Monétaire International
et la Banque Mondiale dont les prescriptions sont connues en matière de soutien des
prix aux intrants et à la production .La signature du PAS (Programme d’Ajustement
Structurel) avec le FMI en 1994 en contre partie du rééchelonnement de la dette
extérieure et la situation sécuritaire notamment la contrainte du transport sous escorte
115
de l’usine jusqu’au point de vente la qu’a vécu le pays ont aggravé l’état déjà non
reluisant de l’agriculture.
L’utilisation des produits phytosanitaires :
L’utilisation des produits chimiques pour lutter contre les parasites a également
régressé dans de fortes proportions. Les données statistiques disponibles montrent
que tous les produits sont concernés (ceux réservés au traitement du sol, des plantes
ou des produits) par cette réduction des quantités.
Pour éliminer l’effet de conjoncture qui peut être lié à la non prolifération de
parasites d’une campagne à l’autre ou à leur multiplication en cas d’année favorable,
nous avons pris une période de plus de 10 ans pour mettre en évidence la tendance à
la baisse des quantités utilisées.
Le non traitement ou l’absence de lutte contre les parasites y compris les
adventices permet leur prolifération qui affaiblit les végétaux, réduit la production,
déprécie la qualité marchande des produits et provoque ainsi un manque à gagner aux
agriculteurs.
Notons également que plus de la moitié des quantités d’engrais et de produits
phytosanitaires livrés à l’agriculture étaient utilisés par les exploitations du secteur
public. Dans le secteur privé seules les exploitations modernes, réalisant des
productions marchandes spéculatives employaient les engrais et les produits de
traitement pour rentabiliser leur activité.
116
Les exploitations parcellaires exiguës isolées n’ont pas recours aux engrais ni aux
produits chimiques de lutte contre les parasites. Elles pratiquent une agriculture
biologique qui généralement donne des rendements plus faible mais des produits de
bonne qualité. Et même si les exploitations parcellaires voulaient utilisées les engrais,
elles rencontrent une sorte de discrimination auprès des offices chargés de monopole
de commercialisation qui refusent de livrer des petits tonnages sur une longue
distance. L’absence de coopératives proches des exploitations ou des achats collectifs
rend difficile leur approvisionnement.
Les conditions d’utilisations des engrais et de PPS sont également à prendre en
considération pour préserver leur efficacité et tirer un grand avantage pour la
production.
L’agriculture conventionnelle appelée aussi « productiviste » a de plus en plus
recours à ces intrants car elle utilise des semences et des plants sélectionnés à haut
rendement obtenu grâce à des longs travaux de recherche en manipulation génétique
et sélection.
Ces végétaux, pour donner de bons résultats, sont plus exigeants en matière de
nutrition et peu résistants aux parasites comparativement aux végétaux utilisés par
l’agriculture biologique qui ont développé avec le temps une certaine résistance.
Les semences et les plants : l’agriculture algérienne dispose d’un patrimoine assez
riche en semences et en plants, très rustiques, résistants à la sécheresse et aux
maladies résultats de plusieurs siècles de sélection effectuées par les agriculteurs.
117
Peu productives certes, mais peu coûteuses également. Adaptées au climat elles
donnent de bons résultats en année pluvieuse et des apports minimum en cas de
sécheresse .L’introduction de nouvelles variétés notamment de semences VHR
(Variété à Haut Rendement : blé mexicain, pomme de terre, plantes fourragères et
maraîchères plants fruitiers…) crées généralement dans des pays étrangers sont trop
exigeantes en nutrition et sensibles aux maladies. Pour s’acclimater aux conditions
locales il faudrait transposer toutes les conditions d’origine qui se manifestent par
« un cortège d’intrants » afin d’obtenir éventuellement les même résultats sous
réserve que ces intrants (eaux, engrais, PPS…) soient manipulés par une main
d’œuvre qualifiée et un environnement socio- économique favorable.
Malgré les efforts entrepris en matière de multiplication de semences avec l’aide
des instituts de recherches spécialisés (IDGC, IDCM, IDCI…) la production
nationale arrive à peine « a satisfaire 60 % de la demande entre 1989 et 1995,
l’Algérie importe annuellement, en moyenne, un million de quintaux de semences. »
118
Tableau N°18 : Evolution des ventes de semences de céréales.
Unité : Quintal
Espèces /
Années 1989 1992 1993 1995 1997 1999
Blé dur 1.220.161 971.124 1.098.516 780.538 694.370 815.343
Blé tendre 648.933 562.838 479.500 397.944 466.531 583.962
Orge 1.354.142 1.311.725 898.934 146.819 143.605 136.313
Avoine 451.172 373.450 204.750 98.026 81.345 52.576
Autres semences / / / 1.130 303 140
Total 3.674.408 3.219.137 2.681.700 1.423.327 1.386.154 1.588.334
Source : Ministère de l’Agriculture (Rapport CNES p33)
L’analyse des données figurant dans le tableau et leur confrontation aux
superficies emblavées durant les mêmes campagnes et aux doses de semis utilisées
révèle qu’une partie des agriculteurs n’ont pas recours à l’achat (du moins auprès des
organismes officiels) de semences, mais utilise des semences prélevées sur leur
propre récolte.
Les exploitations céréalières qui utilisent des intrants en vue d'une intensification
de cultures restent très minoritaires comme le montre les chiffres du tableau n° 19.
119
TABLEAU N°19 : Eléments d'intensification des techniques culturale dans les
exploitations céréalières.
Exploitations utilisant Nombre % *
Semences sélectionnées 87 442 14,9
Semoir 62 193 10,6
Fumier 136 416 23,2
Engrais N et P2O5 142 462 24,2
Herbicides 87 486 14,9
Pratiquant la jachère 286 915 48,7
Source : MADR-rapport, RGA- 2001
* Pour cent par rapport au nombre des exploitations céréalières.
Il en est de même pour la pomme de terre, où on assiste à une utilisation intensive
des engrais (NPK 15-15-15) et dont les rendements oscillent entre 15 et 40 tonnes par
hectare en fonction des zones et des degrés d'intensification et de conduite. La
superficie allouée à la pomme de terre est certes réduite par rapport aux céréales (100
000 ha par rapport à 3,5 millions d'ha) mais elle est très consommatrice d'engrais.
Dans toutes les conditions, l'engrais azoté reste le plus utilisé, probablement de par
son effet instantané et remarquable sur les cultures de céréales et dont l'impact sur la
culture est mesurable (visible), à l'inverse des autres engrais dont l'effet sur les
cultures n'est pas apparent. Un effort de vulgarisation est à faire dans ce sens pour
mettre en exergue la synergie et la complémentarité des engrais. Dans les
120
zones arides et semi-arides, le phosphore et le potassium sont essentiels pour
l'amélioration de la tolérance à la sécheresse et l'assimilation de l'azote.
Pour remédier à l’irrégularité de la production de plein champ où plusieurs
facteurs ne peuvent être maîtrisés car soumis aux aléas du climat, la plasticulture a
connu un essor formidable au cours des dernières décennies et dont les superficies
sont passées de 100 ha en 1971 à 4700 ha en 1989 et à 6.100 ha en 2000.
L’utilisation des films en polyéthylène permet de mieux contrôler l’itinéraire
technique nécessaire à la croissance des végétaux. Les contrôles de nutrition, de
température, d’humidité et de protection contre les parasites, mieux maîtrisés c’est à
dire corrigés au moment voulu, favorisent l’accroissement des rendements. Il s’agit
surtout des activités spéculatives dont les produits sont obtenus hors saison et donc
généralement assez rémunérateurs.
Le secteur agricole utilise également des produits fournis par lui même pour ses
propres besoins productifs, par exemple le lait de vache consommé par les veaux ou
le fourrage consommé par les animaux est comptabilisé comme intra consommation
ou consommation intermédiaire et non pas comme produit final. En effet seul peut
être considéré comme produit final du moins pour l’exploitation agricole un produit
destiné à la consommation finale des ménages ou à la consommation intermédiaire ou
productive d’autres unités de productions agricoles ou industrielles.
121
Outre les fourrages, les élevages modernes se procurent des aliments du bétail
auprès des offices spécialisés dans leur production et commercialisation type : ONAB
(Office Nationale des Aliments du Bétail). Ces aliments concentrés riches en
éléments nutritifs constituent un complément indispensable à une ration équilibrée et
donc à une production régulière de lait et un croît important (masse musculaire) des
animaux.
La concentration des élevages modernes fait qu’ils ont de plus en plus recours aux
produits pharmaceutiques (prophylactiques et de traitement), à l’utilisation de
l’électricité pour l’éclairage et le fonctionnement des machines à traire, à l’eau
potable pour l’abreuvement des bêtes et l’hygiène des locaux.
De même l’élevage avicole nécessite une température ambiante favorable à la
croissance du cheptel et donc la mise en place du chauffage au gaz.
Ces opérations se déroulent dans des locaux assujettis à des normes de construction
respectant l’aération, l’éclairage, la densité des animaux, les passages facilitant les
mouvements des hommes et du matériel etc...
122
Conclusion :
Les ressources humaines, chargées de mettre en œuvre les ressources techniques,
malgré l’amélioration de leur niveau général d’éducation n’ont pas encore perdu le
réflexe d’assistanat vis à vis de l’Etat acquis certes pendant des années qui
s’explique par la structure d’âge dominée par les personnes trop âgées.
La suppression progressive à partir de 1984-1985 des subventions aux ressources
techniques a révélé la fragilité du système de production agricole par rapport à ses
capacités d’intensification et aux performances de la production.
L’agriculture reste sous équipée en matériel de traction. Sa consommation d’engrais
est tombée au niveau enregistré dans années 1960 soit 12kg / ha. Sa superficie
irriguée a stagné ou diminué. L’Etat devait réagir par des politiques plus adaptées aux
situations nouvelles notamment celles apparues à la suite de l’application du PSA
proposé par le FMI. La politique ultralibérale prônée par le FMI a eu pour
conséquences l’aggravation du chômage, la fermeture des usines et une forte
paupérisation de la population. Mais grâce à la hausse progressive du cours du pétrole
à la fin des années 1990 l’Etat a lancé un vaste programme d’investissement le PSRE
(Plan de Soutien à la Relance Economique pour 2000-2004 suivi d’un PCSC
(Programme Complémentaire de Soutien à la Croissance pour 2005-2009) dans
lequel l’agriculture a bénéficié d’un important programme le PNDA.
123
La modernisation de l'agriculture à l’aide de l’utilisation des ressources techniques
reste, en dépit des évolutions favorables enregistrées ne serait ce que sur le plan
quantitatif, subordonnée aux politiques économiques (prix, pénurie, inflation…) et
agricoles (structures des exploitations et de production, investissement…).
124
Chapitre III :
Les politiques agricoles :
125
INTRODUCTION
Les objectifs de la politique agricole ont été et demeurent encore l'accroissement
de la production agricole et alimentaire afin de limiter les importations qui ont atteint
un seuil intolérable en volume et en valeur.
La priorité fut donnée aux productions des filières dites stratégiques : les céréales
(blé dur et blé tendre) et au lait même si d’autres productions sont également
encouragées à des degrés divers. Le revenu des agriculteurs et leur stabilité n'ont
constitué qu'une préoccupation secondaire.
Les moyens utilisés par les pouvoirs publics seront les différentes restructurations des
terres agricoles, les investissements dans les ressources productives, les subventions,
les soutiens les aides et les indemnités et les incitations de la main d’œuvre au
travail.
L’Algérie au cours des quatre dernières décennies a connu plusieurs politiques
agricoles. En gros chaque décennie a eu droit à une politique spécifique parfois en
rupture totale avec ce qui a été proclamé et réalisé auparavant.
Aussi les malheurs de l’agriculture algérienne semblent justement provenir de
l’absence de continuité et de l’inexistence d’une loi cadre qui trace les grandes lignes
d’une politique qui serait suivie et nécessairement amendée par les gouvernements
qui se succèdent par voies législative et règlementaire .Le développement de
l’agriculture est une affaire trop importante qui relève des prérogatives de l’Etat et
126
non de gouvernement qui par essence est non durable, comme le fait observer à juste
titre un observateur de la vie politique.« L’investiture de chaque gouvernement en
Algérie s’est accompagnée de nouveaux textes, d’une nouvelle réglementation et
d’un nouveau mode de gestion de l’agriculture, signe d’une instabilité
caractérisée. »40
Les agriculteurs ont eu souvent juste le temps de s’adapter aux
structures et institutions nouvelles que d’autres structures imposées, apparaissent
dues à un changement de gouvernement et aux quelles il faudrait se plier même si
l’exploitation est bénéficiaire.41
.
Dans ce chapitre nous nous intéresserons à l’évolution des politiques de structures
agricoles, à l’environnement institutionnel, au système juridique des terres (ou le
régime foncier) et au système d’exploitation des ressources productives. Ensuite à
l’orientation de la production par le biais des investissements et du financement des
ressources techniques et enfin à l’intéressement des travailleurs ou ressources
humaines exerçant des activités agricoles et la formation- recherche- vulgarisation.
40 Revue hebdomadaire – Révolution africaine n°- 1448 du 28 novembre au 4 décembre 1991-p 35
41 journal – quotidien « liberté » du 12 – 13 / 2 / 1999 –
l’assemblée générale des agronomes « non au bradage des terres » les spécialistes refusent que le foncier soit géré par
les holding .
127
1. Hétérogénéité du secteur agricole :
L’agriculture algérienne, à l’image de la diversité de ses terres et de son climat, est
très hétérogène sur les plans : juridique, économique et socioculturel. Plusieurs
formes d’organisation ou systèmes d’exploitation coexistent. Elles diffèrent par leur
dotation en ressources productives, les objectifs poursuivis et les résultats obtenus.
Pour notre analyse nous privilégierons l’approche juridique car elle réduit cette
complexité et se limite à scinder le secteur agricole avec ses composantes, les unités
de production, en deux secteurs juridiques par référence à l’appropriation des moyens
de production : secteur public et secteur privé.
1.1. Les principales caractéristiques de ces secteurs :
1.1.1. Le secteur privé :
évolution du nombre et des dimensions des exploitations
Le secteur agricole privé occupe environ les 2/3 de la SAU et utilise la totalité des
parcours de « la steppe qui couvre près de 20 millions d’hectares dont 15 seraient
effectivement utilisables par les troupeaux »42
. Il détient également le monopole de la
production animale y compris celle de la pêche maritime.
IL exploite la totalité des terres marginales peu fertiles, pauvres, enclavées situées
en zones de piémont, de steppe, de montagnes et au Sahara.
42 Carte de la Révolution Agraire :Annexe relative à la steppe-Janvier 1975. Ed- .Ministère de l’Information et de la
culture-p : 5-
128
L’exploitation des terres marginales s’est étendue, sous la pression de la croissance
démographique, aux terres en pentes qui ont été mises en culture au détriment des
maquis et forêts. Ce défrichement des sols a accéléré l’érosion sous ses différentes
formes (hydraulique, éolienne) provoquant ainsi leur épuisement qui se traduit par
une chute des rendements des cultures. La baisse des rendements pousse les
agriculteurs à des défrichements plus importants et à une utilisation plus extensive
des terres pour se procurer les moyens de subsistance.
Le recensement général de l’agriculture dont les données statistiques sont
disponibles remonte à 197343
. Il dénombre 710.000 exploitations environ installées
sur 5,5 millions d’hectares auxquelles s’ajoutent approximativement 170.000
familles, dont la ressource principale ou unique provient de l’élevage, disséminées
dans les régions steppiques.
Tableau N° 20 : Répartition des exploitations privées par classe de superficie.
Taille des exploitations 1965 1973
Nombre
(Unité) % 1000 Ha %
Nombre
(Unité) % 1000 Ha %
0 à 10 Ha 423.270 72,1 1.319,6 22,6 563.391 79,3 1.633,3 29,9
10 à 50 Ha 147.045 25,1 2.967,5 50,8 134.528 18,9 2.565,7 46,9
50 à 100 Ha 11.875 2,0 765,6 13,1 9.765 1,4 642,8 11,8
Plus de 100 Ha 4.655 0,8 787 13,5 3.409 0,5 622,5 11,4
Total
Algérie du Nord 586.845 100 5.839,6 100 710.093 100 5.464,4 100
Source : I. MOLINA : La politique agraire intégration inter-sectorielle et évolution structurelles – CREA Alger 1980 p:374.
43 Notons que le dernier Recensement Général de l’Agriculture effectué en 2001par le Ministère de l’Agriculture n’a
pas encore livré ses résultats. Il est toujours en phase de dépouillement. Ce qui fait que seules les données de 1973 sont
disponibles.
129
La ventilation des exploitations agricoles en fonction de leur superficie, indiquée
au tableau précédent (tableau N° 19) montre que la catégorie la plus nombreuse est
celle disposant de moins de 10 Ha, et suivie de celle dont la taille est comprise entre
10 et 50 Ha. Les exploitations de plus de 50 Ha, considérées comme relativement
grandes, représentent 2,8 % de l’effectif total et occupent 26,6 % des terres en 1965.
L’évolution des exploitations va renforcer la classe la plus faible. En moins d’une
décennie, la catégorie de moins de 10 Ha est passée de 423.270 à 563.391
exploitations représentant 79,3 % de l’ensemble de l’effectif et détiennent 29,9 % de
la S.A.U du secteur privé. Il s’agit surtout de micro exploitations qui n’ont aucune
possibilité de se moderniser.
Cet émiettement des terres s’est réalisé au détriment des classes de superficies
supérieures à 10 Ha qui ont vu leur effectif diminué à la suite d’au moins deux
causes :
- Le partage des terres dû aux droits successoraux de l’héritage.
- L’application de la révolution agraire, dans une moindre mesure qui a touché
particulièrement les grandes propriétés.
La classe de 10 à 50 Ha a chuté de 25,1 % à 18,9 %. La classe de 50 à 100 Ha est
passée de 2 % à 1,4 % et la classe de plus de 100 Ha a régressé passant de 0,8 % à
0,5 %. Cet émiettement de terres entraîne inévitablement un gaspillage, car d’une part
le lopin de terre revenant à un cohéritier devient trop exigu et ne lui permet pas de
tirer un revenu conséquent et fait donc de lui un candidat potentiel à l’exode.
130
Ce sont ces agriculteurs qui forment le lot des absentéistes. D’autre part, la location
de ce lopin à des voisins ou son abandon en friche sera la finalité de cette agriculture
parcellaire. Le fermier ou le métayer qui prend en location ces terres ne va pas
investir sur des terres qui ne lui appartiennent pas pour améliorer leur fertilité ou du
moins la préserver.
Les agriculteurs contraints de rester sur leur terre ne peuvent acquérir des biens
d’équipement (tracteur, moissonneuse batteuse) car ils seront sous utilises à moins de
se transformer en prestataires de services.
La superficie dont ils disposent, et l’assolement pratiqué, peut être compatible
avec l’agriculture attelée mais non avec une agriculture motorisée. Or l’agriculture
attelée a pratiquement disparue des zones d’accès facile proche des agglomérations
où les agriculteurs, notamment ceux disposant de faible superficie, ont recours à la
location de matériel pour leurs travaux. Elle existe toujours dans les zones isolées.
Sur le plan économique, le maintien de l’indivision constitue un frein au
développement de la production agricole. Cette terre est inaliénable, car il faudrait le
titre de propriété individuelle à un cohéritier qui veut vendre sa part, ou à la rigueur
l’accord de tous les cohéritiers. Dans une propriété en indivision les héritiers ont le
droit de jouissance et non le droit de propriété qui reste collectif.
131
Le retard acquis dans la modernisation du marché foncier, c’est à dire l’existence
d’un marché formel et opérationnel, fait que les cohéritiers sont nombreux et
regroupent parfois plusieurs générations qu’il est difficile de réunir et encore plus à
les faire aboutir à un consensus. L’absence d’une politique fiscale agricole et
l’exemption du secteur agricole des impôts jusqu’en 1984 qui sanctionne l’abandon
des terres en friche a aggravé la situation.44
Le secteur privé n’a connu aucune politique de remembrement de ses terres qui
inexorablement se divisent et s’éparpillent lors des successions par héritage. Les
exploitations parcellisées et les mutations professionnelles peuvent augmenter les
superficies laissées en friche et réduire ainsi la SAU ; alors que l’Etat encourage
l’accession à la propriété foncière par le biais de la mise en valeur des terres
marginales pour une extension de la SAU.
Le secteur agricole privé a été marginalisé par la politique agricole qui depuis la
fin des années soixante et durant presque deux décennies, se consacra quasi
exclusivement au secteur public et à ses différentes restructurations.
1.1.2. Extension du secteur d’Etat :
Naissance du secteur d’Etat :
Le secteur agricole d’Etat est apparu au lendemain de l’indépendance avec la mise
en place de l’autogestion, forme nouvelle d’organisation de la production et de la
44 La superficie en friche reste inconnue. Cependant les services concernés ne tiennent apparemment pas compte,
puisque la S.A.U est reportée presque à l’identique par les statistiques.
132
gestion des terres agricoles sur les terres abandonnées par les colons. En effet, à la
suite du départ massif et précipité des colons les travailleurs ont spontanément
occupé les fermes dans lesquelles ils travaillaient, devenues vacantes, pour faire
rentrer les récoltes, sauver leur emploi et préserver leur salaire.
Ce n’est qu’au mois de mars 1963 que l’autogestion sera institutionnalisée et
confirmera le fait accompli des travailleurs45
.
Le secteur colonial s’étendait sur 2.726.700 hectares parmi les meilleures terres
situées en zones de plaines et de piémont, bien arrosées et désenclavées. Il était
composé de 22.037 fermes.
Le nouveau secteur agricole, appelé secteur d’Etat ou secteur autogéré comprenait
également en plus des terres du secteur colonial (terres déclarées vacantes en 1962)
des terres appartenant à des algériens et acquises auprès des colons durant la guerre
de libération. Ces propriétaires ont été nationalisés et leur terre versée au même titre
que celle des colons à l’ONRA (Office National de la Reforme Agraire).
Le pouvoir politique de l’époque a procédé au regroupement de ces fermes qui a
donné naissance à 1994 domaines autogérés et dont la gestion (économique et
financière notamment un compte unique pour toute l’autogestion agricole) fut confiée
à l’ONRA placé sous la tutelle du ministère de l’agriculture.
45
Décret de Mars 1963.
133
Tableau N°21: Répartition des exploitations du secteur autogéré.
Exploitation Structure 1000 Ha % travailleurs
permanent et
temporaires dans le
total des effectifs
Classe de
superficie Nombre
% du
total
Superfici
e
% du
total
Moins de
100 106 5,3 5 0,2 2,5
100 – 500 479 24,0 159 6,9 20,5
500 – 1000 634 31,8 520 22,6 37,0
1000 – 2000 554 27,8 856 37,2 28,7
+ 2000 221 11,1 752 33,3 7,3
Total 1994 100 2302 100 100
Source: L'agriculture algérienne à travers les chiffres –Mars 1970 p87.
Ce regroupement, qui s’apparente à une opération technique, réalisé dans
l’euphorie de l’indépendance n’a pas toujours était propice pour le développement
futur des exploitations. Comme le signale T. Nadir « cette concentration s’est faite à
la hâte, sans connaissance suffisante des terres existantes, ni critère ou norme valable
pouvant conduire à la constitution d’unités viables et faciles à gérer, si bien que l’on
trouve toutes sortes de tailles qui vont de moins de 100 hectares parfois, comme il en
existe en Mitidja, à plus de 5.000 hectares dans les régions céréalières »46
.
« Le regroupement s’étant fait sans remembrement des terres, le parcellaire lui
même est resté tel qu’il était avant le regroupement des 20.000 fermes si bien que le
morcellement des terres est très grand et la dispersion se fait parfois sur
46
T. Nadir : L’agriculture dans la planification en Algérie de 1967 à 1977. Ed OPU Alger 1980. p 414 – 415.
134
plusieurs kilomètres. C’est ainsi que certains domaines, faisant un nombre limité de
culture, comptent facilement plus de 100 parcelles. Dans la Mitidja le nombre de
parcelles de plusieurs domaines est supérieur à 200 ».
Le nouveau domaine autogéré composé de plusieurs fermes et surtout de plusieurs
parcelles très dispersées. Les parcelles les plus éloignés se trouve à 10 Km voir à
20Km du centre de l’exploitation. Cette dispersion influe sur les résultats par une
augmentation des charges générées par les problèmes de déplacement du matériel,
des hommes et du gardiennage. Ceci amène souvent les responsables du domaine à
laisser les parcelles trop éloignées en friche qui seront utilisées comme pâturage par
le cheptel des agriculteurs privés. L’attribution des terres à titre individuel était, au
temps de l’autogestion proscrite.
La conséquence de ce regroupement des terres fût l’apparition d’une première
forme de gaspillage d’une ressource naturelle rare. Les bâtiments d’exploitation ne
pouvant être groupés ont connu un délabrement suite à un manque d’entretien.
Même l’enthousiasme des travailleurs des premières années de l’indépendance s’est
atténué avec le temps et n’a pu être préservé par un travail de mobilisation
idéologique du parti au pouvoir : le FLN.
Le poids économique et social du secteur agricole d’Etat :
Le secteur autogéré occupait alors 135 000 travailleurs permanents et 50.000
saisonniers soit 15 pour cent de la main d’œuvre agricole occupée et participe pour
135
60 pour cent dans le revenu brut agricole (dont 90 % pour les agrumes, 85 % pour la
vigne, 55 % pour le maraîchage, 33 % pour les céréales et seulement 20 % pour la
production animale).Tout en utilisant un tiers de la SAU exploitée du pays. Sa
production est destinée au marché local et à l’exportation.
Mais en dépit de ses résultats physiques et financiers47
peu encourageant le secteur
public va connaître une extension de sa superficie grâce à l’application d’une
nouvelle réforme agraire.
Extension du secteur d’Etat :
Dix années après l’indépendance le secteur agricole public connaîtra donc un
élargissement de ses capacités productives, au dépend du secteur privé qui sera
touché pour la première fois ; avec l’avènement de la reforme agraire ; qui se voulait
plus qu’une reforme, une révolution agraire et qui avait pour objectifs :
- D’augmenter la production par la lutte contre l’absentéisme et la grande propriété
foncière qui pratique un système de production jugé trop extensif donc source de
gaspillage d’une ressource productive rare : la terre
- De procurer de l’emploi aux masses paysannes en particulier les paysans sans
terre, et ceux non suffisamment pourvu qui se trouve en situation de sous emploi.
- D’opérer une transformation radicale du mode de vie dans les campagnes par la
construction des villages socialistes et des infrastructures nécessaires.
47 Les résultats financiers des domaines autogérés n’ont pratiquement aucune signification
économique dans une économie administrée où les prix, les salaires, les bénéfices ou les pertes sont
fixés par l’administration.
136
L’application de cette reforme va se dérouler en plusieurs phases.
Les trois phases de la révolution agraire :
La première phase lancée le 1/1/1972 concernait les terres domaniales,
communales et habous déjà exploitées par des privés grâce à des baux. Ces terres
seront versées au fonds national du la révolution agraire (FNRA) crée à cette fin.
Les terres récupérées au cours de cette opération s’élevaient à 1.446.390 Ha dont
617.867 Ha soit 42,7 % ont été attribué des la première année de cette reforme, ce
qui a permis la création de 3.434 exploitations de statuts divers (répartition ci-
dessous) et l’installation de 43.784 bénéficiaires. L’impact de cette opération sur la
création d’emploi a été très limité car les terres étaient déjà occupées par les mêmes
bénéficiaires qui ont seulement changé de statuts. D’agriculteur exploitant
indépendant ils sont passés au rang d’attributaire coopérateur.
Répartition des exploitations de la RA de la première phase :
Type d’exploitation Nombre Attributaires
G M V 258 6.650
G A E C 707 11.580
C A P R A 1.349 24.434
Attribution individuelle 1.120 1.120
Total 3.434 43.784
137
Ces nouvelles formes d'organisation sont dominées par le type CAPRA.
L'attribution de terres à titre individuelle est exceptionnelle et ne concerne que les
lots de terrains isolés ne pouvant convenir à la création d'une coopérative.
La deuxième phase, lancée le 17/6/1973 avait pour objectif la nationalisation des
propriétés des absentéistes et la limitation des grandes propriétés foncières. Ces
actions devaient toucher 50.051 propriétaires recensés dont 34.056 au titre
d’absentéistes et 15.995 concernés par la limitation. Cette phase rencontrera une
grande résistance de la part de la bourgeoisie foncière qui utilisera de nombreux
subterfuges pour échapper à la nationalisation, et usera de son influence dans les
rouages des appareils de l’Etat ou elle est suffisamment introduite pour bloquer cette
réforme. Cette résistance limita la portée de cette phase, seulement 26.454
propriétaires ont pu être nationalisés pour une superficie de 479.904 hectares 48
.
Cet échec peut être également attribué à d’autres facteurs et particulièrement à
l’application parfois précipitée et surtout mécanique des fourchettes d’attribution et
de limitation élaborées par l’administration basées sur des enquêtes socio-
économiques sommaires49
. Le revenu brut a été calculé pour chaque zone.
48 En plus des exceptions prévues par la loi les grands propriétaires fonciers utiliserons les prétextes de l’indivision, de
nombreux héritiers, et ayant droits, et surtout de la désinformation contre l’information des pouvoirs publics à tous les
niveaux ,en plus des subterfuges pour faire croire à une dévalorisation de leur patrimoine foncier afin de bénéficier du
maximum prévu par les fourchettes de délimitation. Ainsi le recours à l’abattage des arbres fruitiers et l’obstruction des
puits ont été parfois réalisés pour tromper les commissions de délimitation et faire passer leurs terrains pour des terres
non irriguées afin de garder le maximum autorisé. 49 M.A.R.A: Dossier sur les fourchettes de limitation. CNRA – Secrétariat Générale – Ed. Direction de la reforme
agraire sous direction de Contrôle et de l’Animation – 1974 p 15 à 26.
138
Les rendements moyens retenus pour ces calculs étaient supérieurs aux rendements
moyens obtenus par les fellahs de la zone afin de pousser à l’intensification.
Cependant, les rendements élevés obtenus par les exploitations performantes n’ont
pas été également retenus, comme d’ailleurs les techniques des pointes utilisées par
ces exploitations et qui ne correspondent pas aux compétences des agriculteurs et
nécessitaient des moyens de production indispensables dans la majorité des
exploitations agricoles50
.
Les décideurs des opérations de limitation et d’attribution ont privilégié le revenu
procuré par la superficie retenue pour chaque zone, à la capacité de travail des
attributaires et des propriétaires.
Le revenu de base retenu pour les propriétaires était l’équivalent en 1972 à 3 fois le
revenu d’un travailleur de l’autogestion réalisant 250 journées par an soit 9000
DA / an.
Les lots d’attribution en terre agricole ou à vocation agricole, et en palmiers
dattiers, fixés par les fourchettes étaient sensés procurer à leur bénéficiaire un revenu
équivalent à celui d’un travailleur de l’autogestion réalisant 250 journées de travail
par an, soit en 1972, un revenu de 3000 DA / an. Le salaire minimum agricole garanti
(SMAG) en vigueur à l’époque était de 12 DA / jour. IL correspondait à l’avance sur
revenu perçue par un travailleur sans qualification d’un domaine autogéré.
50
M. E. Mesli – op. Cit. p
139
La troisième phase de la révolution agraire qui devait concerner les zones
steppiques, organiser la gestion des parcours et du cheptel, n’a pu être lancée
réellement et a connu dès ses débuts comme la seconde phase, une très forte
résistance de la part des gros éleveurs. Mise en œuvre après la publication du code
pastoral en juin 1975, elle avait pour but de transformer les rapports de production et
d’améliorer les conditions de vie et de travail des bergers tout en :
- Organisant les parcours par la mise en défens.
- Limitant le nombre de têtes de bétail par éleveur.
- D’interdire la possibilité de posséder des troupeaux aux propriétaires qui
n’exploitaient pas directement leur cheptel.
- D’abolir également les pratiques ancestrales de la « Azala » (association entre
propriétaires et bergers payés par la moitié du croit du cheptel)
- L’Achaba était tolérée mais limitée dans l’espace. Les déplacements et les
itinéraires des troupeaux étaient soumis à des autorisations administratives.
- La nationalisation de l’ensemble des terres de parcours évaluées à plus de 20
millions d’Ha, et la limitation du cheptel, par une autorisation de vente du surplus
accordée aux éleveurs qui ne seront pas nationalisés comme les propriétaires fonciers
du nord du pays.
140
- Le revenu individuel des éleveurs limité ne devait pas excéder les 10.000 DA (en
juin 1975) par contre, les attributaires de la révolution agraire devaient bénéficier
gratuitement d’un cheptel leur assurant un revenu annuel de 3.500 DA cependant,
avec obligation de maintenir les effectifs de reproductrices à leur niveau initial et
d’adhérer à une coopérative d’élevage51
.
Le principe directeur de la RA a été la production d’un revenu aux attributaires, et
non pas l’utilisation de leur force de travail. Ce principe est dicté par la fourchette
d’attribution de la terre, en mesure de donner un revenu minimum et de laisser sous
employée la force de travail. Comme les bénéficiaires n’ont pas une autonomie totale
leur permettant de se procurer des crédits en hypothéquant leur terre, ils seront
condamnés à vivoter et à se considérer comme des temporaires sur ces terres. Dès que
l’occasion se présente, ils quittent la terre. Les désistements sont nombreux, estimés à
1,1 % des effectifs .Ces attributaires, généralement d'anciens prolétaires agricoles,
n'ont pas le comportement des agriculteurs propriétaires exploitants. Ils n’ont aucun
lien affectif ni intérêt économique avec la terre. Certains y sont nées mais étaient de
simples salariés ou khammès d’autres sont venus de loin et ne font que transité. D’ou
la dégradation du patrimoine foncier.
La révolution agraire a donné naissance à un secteur coopératif aux structures plus
complexes, constitué de coopératives juridiquement différenciées aux superficies
limitées et aux effectifs plus restreints par rapport aux domaines autogérés.
51
M. E. Mesli : op cit p 131 – 132.
141
Installées sur des terres marginales, prélevées au secteur privé, elles procurent des
revenus limités (inférieurs aux revenus théoriques fixés par les fourchettes
d’attribution). Des attributaires qui n’ont aucune attache avec elle le plus souvent
démissionnent, renoncent au travail de cette terre tant convoitée. En plus du faible
revenu procuré par la terre, de l’incompatibilité des membres du groupe, la nécessité
de mettre en place de nouvelles structures devient urgente .Le système
d’exploitation collective des terres imposé aux agriculteurs sans consultation
préalable a activé et hâté la réforme du secteur public et la recherche de nouvelles
structures et de nouveaux modes d’exploitation.
a- Les prémices aux reformes économiques et aux reformes agricoles :
Le bilan économique et social de la décennie 1967-1978, qui a vu l’application des
plans de développement52
, réalisé par le MPAT53
a révélé les limites de la politique
de l’économie dirigée. Les résultats enregistrés, en dépit de leur relative importance,
restaient insuffisants comparés aux moyens financiers mis en œuvre et aux sacrifices
consentis par la population en matière de restriction de consommation à cause de la
politique ( d’austérité et d'épargne forcée) menée par l’Etat qui a privilégié
l’accumulation intensive au détriment de la consommation pour les ménages.
52 - Plan triennal – 1967 – 1969 – et les 2 plans quadriennaux 1970 – 1973 et 1974 – 1977. 53 - Ministère de la Planification et de l’Aménagement du Territoire. Synthèse du bilan économique et social de la
décennie 1967 – 1978. (Alger – Mai 1980).
142
Le 4ème
congrès du parti FLN, a donné une nouvelle orientation à l’économie qui
marque une rupture avec la période antérieure en mettant un terme à l’application de
la révolution agraire en réhabilitant le secteur économique privé et en restructurant le
secteur industriel public, proclamant implicitement la rupture avec l’économie
centralisée (planifiée) et la transition vers l’économie de marché.
Aussi, afin de limiter la dépendance alimentaire d’importantes mesures concernant le
secteur agricole ont été prises par le pouvoir et dont l’application un peu précipité a
eu pour conséquences de freiner le développement agricole et de ne pas générer une
forte croissance de la production.
Les décisions concernant le remodelage du secteur public agricole étaient bien
antérieures à l’emprise du FMI sur l’économie algérienne puisque la commission des
affaires économiques du FLN en 1980 chargeait de la préparation du 4ème congrès
prévoyait une industrialisation de l’agriculture en notant que « Pour éviter d’être soit
soumis soit affamés, il n’y a d’autre alternative que celle de consentir tous les
sacrifices qu’il faut pour rendre notre agriculture en mesure de nourrir les siens… A
l’évidence, des bonds quantitatifs aussi importants dans les différentes productions ne
peuvent être atteint que par une agriculture à forte intensité capitalistique. »54
.
54 - FLN – commission des affaires économiques – Rapport sur les problèmes de l’agriculture (Alger – 1980)
introduction p12. – cité in : « La crise du système productif algérien » Simon. Pierre Thiery - p45. Ed IREP –
Grenoble.
143
Une rupture progressive avec la politique des années 1970 va être suivie. Elle tentera
de donner plus de moyens (matériels et financiers) au secteur privé et orientera le
secteur public vers une économie de marché en lui accordant plus d’autonomie de
gestion.
b- La mise en œuvre des reformes :
Deux réformes vont être appliquées au secteur agricole public. Toutes les deux se
voulaient globales et dépassaient le cadre limité des exploitations. Elles ont été
élargies à l’environnement économique des exploitations y compris le secteur
bancaire.
Cette option retenue par les décisions du comité central du FLN (Juin 1980) a ouvert
également la porte à une certaine libéralisation des circuits de commercialisation des
produits agricoles55
et à l’accession à la propriété foncière par le biais de la mise en
valeur des terres marginales.
La première réforme de structures, de faible envergure, réalisée en 1982, visait
la restructuration des domaines autogérés et des coopératives de la révolution agraire
dans le sens de leur éclatement. Ainsi 2000 domaines autogérés et 6.000
coopératives de la révolution agraire ont donné naissance à environ 3400 Domaines
Agricoles Socialistes.
55 La liberté de commercialiser les fruits et légumes(suspendue depuis l’été 1974) a été restaurée dès juillet 1980 et
l’ensemble des contraintes liées à la fonction commerciale a été levée pour le secteur public agricole (autoriser à écouler
sur le marché librement ses produits mis à part les céréales et les légumes secs. Des textes complémentaires ont été
adoptés en 1984 et 1990.
144
L’objectif recherché à travers cette restructuration étant la mise en place
d’exploitations économiquement viables en mesure de réaliser un équilibre financier
tout en liant le revenu des travailleurs aux résultats comptables. Les moyens utilisés
pour atteindre cet objectif étant la réduction de la superficie et de l’effectif des
travailleurs par exploitation afin de mieux maîtriser la gestion. Les résultats obtenus
par les DAS étaient satisfaisants puisque un grand nombre d’entre eux a commencé à
dégager des bénéfices grâce notamment à la liberté obtenue pour gérer leur unité de
production et commercialiser leurs produits
La reforme a également touché l’environnement agricole et l’environnement
financier des exploitations.
- L’environnement agricole.
La libéralisation des circuits de commercialisation des produits agricoles, à partir de
1980, a mis fin aux livraisons obligatoires de la production des exploitations du
secteur public à des coopératives de commercialisation de l’Etat. Aussi la CAPCS au
niveau de la commune et la COFEL au niveau de wilaya n’avaient plus de raison
d’être. Elles furent dissoutes. Ces coopératives dont les activités se situent à l’aval
des exploitations ne pouvaient, une fois leur monopole aboli, concurrencer « les
nouveaux mandataires », les collecteurs et les commerçants privés.
La CAPCS a même perdu ses activités situées en amont (approvisionnement des
exploitations en engrais, semences…) et les prestations de services qu’elle assurait
145
(labour, moisson…). Une autre forme de coopérative assurant les approvisionnements
l’ONAPSA a vu le jour et a remplacé la CAPCS.
L’ensemble des offices qui avaient un monopole en relation direct avec l’activité
agricole ont été restructurés ou plutôt « déstructurés ».
L’office chargé de la distribution et réparation du matériel agricole ONAMA a été
remplacé par PMA-EDIMA.
L’ONAB a perdu la partie de ses activités liée à la production et à la
commercialisation des produits de l’aviculture (viande blanche, œufs) et le monopole
d’importation de viande pour ne garder que la production et la commercialisation des
aliments de bétail.
La production avicole a été restructurée en trois offices régionaux : l’ORAC,
l’ORAVIE et l’ORAVIO.
L’activité viande a été aussi repartie entre trois offices régionaux : ORVE, OREVIC
et ORVO.
L ’ONA Lait, l’office chargé de la collecte et de la commercialisation du lait et
de ses dérivés a été restructuré en trois offices régionaux qui sont : l’ORELAC,
l’OROLAIT et l’ORELAIT.
La démultiplication des structures n’a pas produit la dynamique attendue.
146
- L’environnement financier.
Le financement de l’agriculture était assuré par la Banque Nationale d’Algérie
(BNA) crée en 1966.Le secteur agricole public était totalement pris en charge sur
concours budgétaire définitif de l’Etat et c’est la BNA qui gérait les comptes des
domaines autogérés et des coopératives de la révolution agraire. L’Etat garantit les
emprunts des domaines composés essentiellement des investissements et des salaires
La nouvelle situation économique exige de nouvelles institutions. Aussi une banque
spéciale a été créée pour s’occuper du financement des crédits agricoles : La BADR
(Banque de l’Agriculture et du Développement Rural) est chargée du financement
des secteurs agricoles privé et public.
La libéralisation de la commercialisation des produits agricoles octroyée au
secteur public a ouvert la porte à l’économie de marché.
Une autre loi permettant l’accès à la propriété foncière a été promulguée en
1983.56
L’accès à la propriété foncière par la mise en valeur des terres d’abord dans le sud et
les hautes plaines steppiques puis élargie aux zones de montagnes avait pour objectif
essentiel d’une part de créer des emplois et de pallier à l’insuffisance des terres par
une extension de la SAU et d’autres part assurer l’accès à la profession agricole.
56
Loi 83-18 du 13 / 8 /1983
147
Cette loi qui renforce l’orientation de l’économie vers l’économie libérale vise
également a préparé l’opinion à un abandon de la propriété collective de la terre. En
autorisant l’accession à la propriété privée elle a remis en cause la Révolution
Agraire, qui se voulait une opération permanente, et ses principes de transformation
des rapports sociaux de production comme elle justifie (plus tard) en quelque sorte la
restitution des terres nationalisées au cours de l’application de la révolution agraire.
Ainsi la propriété constitue la voie royale pour un changement progressif du système
économique et le passage du système d’économie planifiée dirigée à un système
d’économie de marché libéral.
- La deuxième reforme de structures va pulvériser les exploitations du
secteur public agricole.
L’opération de réorganisation des Domaines Agricoles Socialistes a été
déclenchée par une simple circulaire interministérielle datée d’Août 1987.
Les initiateurs de ce projet prévoyaient de porter le nombre de domaines de 3.159 à
environ 20.000 exploitations car ils estimaient qu’un trop grand morcellement des
terres, c’est à dire un grand nombre d’exploitations 40.000 ou 45.000, poserait le
problème d’utilisation du matériel et de l’accès au crédit57
.
L’opération sera lancée début Octobre 1987 avec quelques 200 DAS pris sur une
liste préalablement établis avant d’être généralisée à l’ensemble des domaines.
57
El Moudjahid du 10 / 09 / 1987.
148
Mais la précipitation dans l’application de cette circulaire, dont les termes du contenu
seront repris et codifié dans la loi 87 – 19 du 08 / 12 / 1987, a fait qu’au bout d’une
année l’ensemble des DAS a subit la réorganisation.
La situation établie au 31 Décembre 1988 faisait ressortir les résultats suivants :
- Les 3159 DAS touchés par l’opération de réorganisation ont donné naissance
à 25.375 exploitations reparties entre 21.253 EAC et 4.122 EAI regroupant
164.109 bénéficiaires parmi lesquels on compte 7.604 jeunes et 5.783
moudjahid et ayant droit58
.
- Les terres reparties par type d’exploitation sont de l’ordre de 85 Ha par EAC
avec un collectif moyen de 8 producteurs et de 9 Ha par EAI pour les Wilayas
du nord, 267 Ha par collectif moyen de 7 producteurs et 18 Ha par EAI pour
les Wilayas steppiques.
- Ces fourchettes d’attribution ont permis de dégager un excèdent en terres dont
une partie à été repartie et une autre reste non encore attribuée à la fin de
l’année 1988. On enregistre ainsi la création de 3.658 exploitations situées sur
des terres excédentaires totalisant une superficie de 113.567 Ha, tandis que les
terres non encore attribuées représentent 63.893 Ha. Ce problème d’excédent
en terre, devenu récurent à chaque restructuration, provoque le gel des terres
pendant un certain temps plus ou moins long avant qu’elles ne soient
58 El Moudjahid du 07 / 02 / 1989.
Remarque :chaque restructuration a donné lieu à un excédent de terres dont la répartition se fera par la suite à titre
individuel,
149
redistribuées à titre individuel. Ceci révèle si besoin est le gaspillage même
temporaire, des terres agricole et la réduction des activités connexes.
- Sur les 25.375 exploitations près de 24.329 exploitations d’une superficie
globale de 2.285.074 Ha ont fait l’objet d’une délimitation par les services des
domaines.
Les bénéficiaires de ces terres sont considérées comme de simples dépositaires des
terres de l’Etat et non des propriétaires. Ils ont reçu le droit de jouissance
(temporaire) sur ces terres avec possibilité de transmission de ce droit à leur
descendance, mais l’Etat reste toujours propriétaire. L’Etat leur a cependant livré
tous les éléments du patrimoine des DAS autres que la terre.
L’opération sur les éléments du patrimoine cédé aux producteurs à titre onéreux
étant terminée. Le montant dégagé à cet effet qui est de 16.342..089.418 DA est mis à
la charge des attributaires et donne lieu à un échéancier de paiement négociable avec
les institutions financières.
Les montants d’évaluation ont été fortement contestés au niveau de certaines
exploitations. Pour régler ce litige, des commissions de recours ont été mises sur pied
afin d’examiner les demandes émanant des attributaires.
Les désistements déclarés au cours de la 1ère
année d’application de la
réorganisation des DAS en EAC et EAI s’élève à 2.862 ,tandis que le nombre
d’attributaires déchus de leur titre d’attribution à titre individuel avoisine les 10 % du
150
totales. Ces derniers ont profité de la complexité et de l’ampleur de l’opération, de la
confusion et de la hâte dans la mise en œuvre de cette circulaire, pour se porter
candidats à l’attribution des terres. Les principaux motifs de déchéance ont porté sur
la non régularité de dossiers constitués ou sur le cumul de revenu.
La précipitation avec laquelle a été mise en œuvre la réorganisation a généré de
nombreux problèmes et particulièrement celui du transfert des autres facteurs de
production du patrimoine.
Ainsi sur les 28.033 exploitations créées, 9.263 étaient dépourvues de tout
équipement agricole et certaines entreprises débutaient avec un endettement hérité
des DAS dont elles sont issues dû aux déficits antérieurs cumulés.Les exploitation
dépouvues d’équipement doivent faire appel à des prestataires de services pour toutes
les opérations culturales.
Les résultats de la réforme :
La réorganisation du secteur public agricole a aboutit aux résultats suivants :
- Concernant le foncier :
Plus de 2,5 millions d’Ha ont été attribués à environ 210.000 producteurs
organisés en 96.629 exploitations agricoles : 30.519 EAC sur 1.841.000 Ha et
66.110 EAI sur 674.000 Ha .La division des EAC en EAI se poursuit encore en
dépit de son interdiction par la loi.
151
La superficie restante, soit en 200.000 Ha a servi à la création de 180 fermes
pilotes dont la gestion a été confiée à des Holding chargés de produire de
« l’excellence » en matière de semences et d’autres produits agricoles, et aussi de
servir modèle aux agriculteurs issus du secteur public ou ceux relevant du secteur
privé.
L’échec de ces fermes pilotes a amené les pouvoirs publics à reverser leurs terres à
leur secteur d’origine à savoir l’Agriculture.
- Concernant l’environnement des entreprises agricoles :
Les différentes coopératives de services agricoles mises en place lors de la
précédente réforme qui a assuré la transformation, du moins sur le plan juridique, des
domaines autogérés en DAS ont été dissoutes :
- L’ONAPSA : l’Office National des Approvisionnements et des Services
Agricoles crée en vertu du décret N° 82 – 33 du 23 Janvier 1982 après la
dissolution des ex : SAP (Société Agricole de Prévoyance) a été dissout par le
Ministère de l’agriculture par l’arrêté N° 0032 du 18 Décembre 1996.
- COPSEM : Coopérative Agricole de Semences et de Plants.
- COOPSEL : Coopérative d’Elevage.
- L’URCAV : Union Régionale des Coopératives Avicoles.
- Coopératives Apicoles...etc.
152
Certaines coopératives ont été rachetées par les travailleurs et payées cash ou en
plusieurs tranches selon le décret 88 / 170 qui a servi à la privatisation des
coopératives et qui stipule entre autres dispositions que l’ingérence dans la gestion
des coopératives est punie par la loi. Cependant quelques années plus tard, le décret
96 / 459 est venu remettre en cause certaines dispositions du décret précédent ce qui a
provoqué la colère des travailleurs d’autant plus que certains ont réalisé d’importants
investissements. Les coopératives devenues des entreprises par action relevant du
régime de droit privé. Mais l’administration continue à superviser toute leur activité
en fixant le prix de l’action et même le taux de dividende ce qui fait craindre aux
travailleurs les ingérences de l’administration.
Certains opérateurs privés ont reçu l’agrément pour entreprendre les activités qui
étaient du ressort exclusif des coopératives agricoles. La concurrence par les prix et la
qualité de services entre les privés et les anciennes coopératives ne peut que profiter
aux agriculteurs. Mais ces derniers n’ont pas perdu les réflexes de l’assistanat aux
quels les autorités les ont habitués et ne font pas apparemment jouer à fond cette
concurrence.
Les opérateurs privés n’ont pas les moyens suffisants pour assurer
l’approvisionnement total en facteurs de production nécessaires à la bonne marche du
secteur agricole.
153
Les nouvelles coopératives n’ont pas également les moyens pour couvrir tous les
besoins. Pour cela il est fréquent de voir des tensions sur le marché qui généralement
engendrent la spéculation et la hausse des prix et favorisent l’émergence d’un marché
parallèle dominé par des spéculateurs qui n’ont rien à voir avec l’agriculture.
En conclusion, on peut dire que l’imbroglio du système foncier avec ses différents
types de propriétés (terres : Melk, Arch, Habous, EAC, EAI…) constitue un véritable
obstacle au développement agricole. Chaque type de propriété a ses contraintes
spécifiques. Les terres privées Melk rencontrent le problème de l’indivision. Les
terres en EAC et EAI ont comme écueil le titre de propriété, les agriculteurs
disposent du droit de jouissance temporaire, tandis que le droit de propriété revient à
l’Etat. Or le droit de jouissance n’est pas reconnu par les banques pour l’octroi de
crédits car il n’offre pas suffisamment de garantie.
Le débat n’est pas clos. La recherche d’une forme juridique de propriété (concession
ou vente des terres) aux EAC et EAI acceptable par les banques et autres
créanciers constitue la condition nécessaire et non suffisante au développement de
l’agriculture.
1.2. Politique de structures :
Augmentation du nombre d’exploitations et diminution des dimensions :
La dernière réforme a mis fin à l’existence des grandes exploitations du secteur
public. L’agriculture algérienne est dominée aujourd’hui par les exploitations
154
de faibles dimensions. Comme le montre le tableau n° 21 .Le nombre d’exploitations
s’élève à 967900. Les exploitations de moins de 20 ha représentent 88,8 pour cent
du total des exploitations et 47,9 pour cent de la SAU. Les micros exploitations de
moins de 2 ha constituent 30,59 pour cent des exploitations et occupent 2,7 pour
cent de la SAU. La taille moyenne pour la classe de SAU inférieure à 10 ha est de
6,6 ha, superficie difficile à procurer un revenu satisfaisant en culture céréalière
compte tenu du système de culture et de la nature du climat.
Tableau N° 22: Nombre et taille des exploitations selon la tranche de SAU
Classe de
SAU (ha)
Nombre
d’exploitations
(milliers)
Superficie
(milliers
d’ha)
Taille
moyenne (ha)
0,1 < 0,5 88,9 20,1 0,2
0,5 < 1 78,3 50,4 0,6
1 < 2 128,9 162,3 1,3
2 < 5 239,8 722,3 3,0
5 < 10 181,3 1 200,7 6,6
10 < 20 143,0 1 896,5 13,3
20 < 50 88,1 2 485,0 28,2
50 < 100 14,3 930,8 66,1
100 < 200 4,1 632,1 131,0
200 et + 1,2 458,6 369,3
Total 967,9
Hors sol1 55,9
Total 1 023,8 8 458,8 8,3
Source : MADR 2004
Les exploitations de plus de 100 ha ne représentent que 0,55% de l'ensemble des
exploitations.
155
2. Vers l’homogénéisation du système d'exploitation du secteur agricole :
- Nature juridique des exploitations :
Il ressort du tableau 2 les éléments suivants:
L'exploitation individuelle prédomine avec 83,1 pour cent du nombre total des
exploitations et occupe 79,7 pour cent de la SAU totale. Elle est représentée
par:
2,8 pour cent d'exploitations sur les terres de propriété privée (65,7 pour cent
de la SAU totale).
10,2 pour cent d'exploitations individuelles à gestion privative (EAI) sur les
terres du domaine privé de l'Etat (14 pour cent de la SAU totale).
L'exploitation collective, en société ou en coopérative, représente 5 pour cent
de toutes les exploitations et couvre 14 pour cent de la SAU totale. Les
exploitations agricoles collectives à gestion privative (EAC) constituent 68,8
pour cent des exploitations et 78,1 pour cent de la SAU de cette catégorie. Il
est à noter que les EAC représentent 3,4 pour cent du total des exploitations et
couvrent près de 11 pour cent de la SAU totale.
156
Tableau N° 23 : Nombre et superficie des exploitations selon la nature
juridique
Type de statut Milliers
d’exploitations SAU 10
3 ha
Exploitations individuelles
privées 745,7 5557
APFA 41,1 298,3
Concession 5,2 33
Avec location de terre 14,6 151,3
Avec association de terre 4,2 38,5
Hors sol 55,9 -
EAI 105,2 1 187,70
Société civile 5,4 26, 0
Société familiale 9 72,1
SARL 0,3 5, 8
EURL 0,2 7, 5
EAC 35,3 929,5
Coopérative 0,6 17,7
Groupement 0,1 2, 8
Ferme pilote 0,2 117,2
Ferme ou station EPE 0,1 3,4
Ferme ou station EPA 0,1 5,6
Ferme ou station EPIC 0,04 2,6
Total partiel 1 023,20 8 456,00
Indéterminé 0,5 2,7
Total 1 023,70 8 458, 7
Source: MADR, 2004.
157
Statuts juridiques des terres
Le tableau 22 présente la répartition des terres selon leur statut juridique. Quatre
statuts caractérisent les terres des exploitations: Melk, domaine privé de l'Etat,
domaine public et Wakf.
75,9 pour cent des exploitations sont érigées sur des terres Melk et couvrent
69,3 pour cent de la SAU totale. Parmi ces exploitations:
39,6 pour cent sont dans l'indivision: elles représentent 46,3 pour cent de la
SAU totale.
50,1 pour cent sont sans titre: elles représentent 41,1 pour cent de la SAU
totale.
17,7 pour cent des exploitations sont érigées sur les terres du domaine privé de
l'Etat et couvrent 30 pour cent de la SAU totale.
158
Tableau N°24 : Nombre et superficie des exploitations selon le statut
juridique de la terre
Origine des terres Milliers
d’exploitations Superficie 10
3 ha
Melk personnel titré 120,1 1 090,20
Melk personnel non-titré 252,3 847,9
Melk en indivision titré 143,9 1 294,70
Melk en indivision non-
titré 261 2 624,50
Domaine privé de l'Etat 181,2 2 541,90
Domaine public 5,4 24,3
Wakfs privé 2,2 24,1
Wakfs public 0,6 4,8
Non déclaré 1,1 6,4
Total 967,9 8 458,70
Hors sol 55,9 -
Total 1 023,80 8 458,68
Source: MADR, 2004.
2.1. L’orientation de la production :
Dans une économie de marché, libérale, se sont la demande, les profits escomptés
et les prix anticipés qui orientent la production. Par contre dans une économie dirigée,
c’est l’administration qui fixe les objectifs, attribue les moyens et détermine la
structure de la production.
L’agriculture algérienne, ou du moins une partie, a vécu les deux situations.
C’est par des investissements directs, du moins dans le secteur public, et indirects que
l’Etat avait put faciliter ou décourager une production.
159
C’est également par des mesures favorables à la production comme : la politique de
crédits, l’aide et le soutien des prix, la fixation des prix à la production et la fiscalité
que l’Etat influence l’orientation de la structure de la production.
2.2. La politique des investissements :
Tout d’abord il nous faut distinguer la place de l’agriculture dans les
investissements globaux à travers les différents plans de développement. Le
financement de ces investissements par l’Etat et autofinancement du secteur privé.
Place de l’agriculture :
L'investissement global de l'Algérie passera de 10 milliards de DA en (1967-69 )
à 34 milliards de DA pour le plan quadriennal (1970-73) ,puis à 110 milliards au
cours du troisième plan (1974-77) et à 550 milliards pour le second plan quinquennal
1985-89. L'Algérie consacrera près de la moitié de sa PIB à l'accumulation .Ce
rythme élevé modifiera les situations de l'emploi, des revenus et de la consommation
alimentaire de la population de 1970 à 1986. Cependant la part relative de
l'agriculture n'a cessée de baisser d'un plan à l'autre. De 1967 à 1977 elle passe de 26
% à 11 % soit en moyenne 5%des investissements planifiés entre 1967 et 1979, c'est-
à-dire à la veille du lancement du premier plan quinquennal.
160
Tableau N°25 :évolution du volume des investissements agricoles programmés
Unité :milliards de DA
Période 1967-69 1970-73 1974-77 1980-84 1985-89
1- Economie nationale 9,3 27,7 110,2 400 550
2- Prévision agriculture 2,4 4 12 18 14
3- (2/1) % Inv. Total 25 14 11 5 3,5
Source : Naceur Bourenane – Opt.Med.serie A N°21-1991 (p 145-157)
L’agriculture a bénéficié de crédits au cours des différents plans de
développement qui à priori ne reflètent pas l’importance du secteur du moins sur le
plan économique et social. Tous les spécialistes de l’économie algérienne s’accordent
à dire que l’agriculture était marginalisée et n’a pas bénéficié d’un financement des
investissements suffisants permettant une croissance de la production. De ce fait, le
sous -développement de l’agriculture s’explique par l’insuffisance des
investissements. Certains économistes ont même relevé l’existence d’un
désinvestissement dans le secteur aux cours des années 1970. Le vieillissement des
plantations, et leur non renouvellement, le manque d’entretiens des bâtiments
d’exploitation, du réseau de drainage etc. diminuent la capacité de production et
provoquent une chute des rendements.
Mais, en dépit de la faiblesse relative des montants allouées ; ces crédits ne sont
pas entièrement consommés pour au moins deux raisons :
161
Tableau n° 26 : évolution de la consommation des crédits agricoles
et réalisation
Période 1967-69 1970-73 1974-77 1980-84
Consommation % 100 46 28 61
Matériel 24 64 63 84
Irrigation 30 67 69 50
Source : Naceur Bourenane – Opt.Med.serie A N°21-1991 (p 145-157)
- Les capacités de réalisation de l’économie sont insuffisantes alors que la demande
est grande. Peu d’entreprises nationales sont en mesure de répondre à des besoins
importants Les équipements en matière d’irrigation, de bâtiments d’exploitation,
d’étables etc ,sont la parfaite illustration de ces défaillances..
Les données figurant au tableau N° 25 montrent les proportions de crédits
consommés par l'agriculture dans son ensemble et particulièrement par deux postes
importants pour la croissance de la production.
- Les lenteurs administratives dans le déblocage des fonds par les différentes
instances étatiques. La constitution de différents dossiers, dont l’étude est confiée à
plusieurs autorités. Les entreprises agricoles du secteur public, ne font qu’émettre des
souhaits d’être dotés de tel ou tel matériel et la décision finale revient à
l’administration de tutelle et à la banque. IL est fréquent que les entreprises se voient
imposer un matériel ou des intrants qu’elles n’ont pas demandé.
- Aux lenteurs de la bureaucratie s’ajoutent les fréquentes pénuries de biens et de
services, le retard des livraisons et produits non conformes aux demandes exprimées,
162
souvent imposées aux exploitations par des offices qui détiennent le monopole de
commercialisation. Le peu de matériel livrés aux exploitations du secteur public est
mis entre les mains d’ouvriers agricoles peu qualifiés et surtout peu motivés et peu
intéressés par les résultats.
- Le financement des investissements dont a bénéficié l’agriculture était en partie
pris en charge par l’Etat c’est-à-dire par le trésor public. La partie revenant aux
entreprises agricoles était financée par des crédits bancaires, à court, moyen et long
terme, remboursables.
L’autofinancement :
Très difficile à évaluer en l'absence d'une comptabilité mais il peut être estimé
grâce aux livraisons des biens et les prestations services fournis au secteur
agricole. Cependant la nécessité d'acquérir les biens de production oblige
parfois les agriculteurs, jouissant d'une relative aisance financière, à recourir
au marché parallèle et à payer beaucoup plus que les prix fixés par l'Etat.
Donc, globalement la restriction des investissements par autofinancement était
due beaucoup plus aux pénuries de biens et services qu'à l'absence d'une
épargne agricole et rurale qui va s'investir dans d'autres secteurs : commerce
et immobilier.
Les efforts de production ont été concentrés sur les cultures spéculatives plus
rémunératrices que les cultures stratégiques.
163
Tableau N°27 : évolution indiciaire de la production agricole 1968-86
(1965-68 =100)
céréales Blé
dur orge Maraîch.
Po.de
terre Melon/past. aviculture
Viandes
rouges oeufs
90 60 130 300 700 300 875 224 1
100
Source : Naceur Bourenane – Opt.Med. serie A N°21-1991 (p 145-157)
Les filières de production animale et de cultures maraîchères ont enregistré une
croissance notable alors que les céréales ont connu une quasi stagnation et même une
légère régression comme indiquée au tableau précédent N°27.
2.3. La politique de crédits :
Le financement des crédits à l’agriculture (domaines autogérés et secteur privé)
était assuré par la Banque Nationale d’Algérie (BNA) et ils étaient garantis par l’Etat.
Mais le risque d’insolvabilité des domaines a incité les autorités à créer une banque
spécialisée pour le financement de l’agriculture.
La BADR, banque spécialisée (Banque d’Agriculture et de Développement Rural)
créée en 1982 a pris la relève à la BNA. Devenue autonome à partir de1990, avec
obligations d’équilibres, elle s’est transformée en banque classique appliquant à
l’agriculture « les règles strictes du crédit bancaire ». L’Etat ne garantit plus les
emprunts bancaires fait par le secteur agricole. De ce fait l’essentiel des exploitants
agricoles individuels n’ont plus accès au système bancaire.La BADR a limité ses
164
opérations de crédits de campagnes et de crédits d’investissements de moyen et long
terme.
L'examen des données statistiques pour le financement de la production à court terme
révèle, sur quatre campagnes agricoles de la réforme (1987-88 à1990-91), une chute
de 25% en moyenne annuellement du nombre d'exploitants financés par la banque
agricole. Le montant des crédits réalisés passe de 5,3 milliards de DA en 1987-88 à
1,8 milliards de DA en 1990-91.
Le montant des remboursements chute également de façon brutale entre les deux
périodes.
Tableau N°28 : Financement de la production –Crédits à court terme
Unité : millions de DA
Crédits de campagne 1987-88 1988-89 1989-90 1990-91(juin)
1. Dossiers de
bénéficiaires 56.082 61.076 46.199 31.950
2. Prévisions 7.025 9.400 5.683 3.005
3. Réalisations 5.330 7.500 4.012 1.842
4. Remboursements 4.128 5.600 2.746 345
Source : Conseil National de la Planification
La chute des montants inscrits en prévisions s'explique en partie par le retrait des
"charges de main d'œuvre et de rémunération" que finançait la BADR aux ex DAS
.IL faut noter que le nombre d'exploitations et de bénéficiaires qui peuvent accéder
au crédit, compte tenu des nouveaux critères établis par la banque ( solvabilité,
garantie, remboursements ...) tend à diminuer très fortement La dégradation de la
165
situation est plus accentuée pour le financement des investissements à moyen et
long termes. Durant la période considérée (1987-88 à 1990-91), le nombre de
candidats au crédit à moyen et long termes (MLT) est passé de 19.484 à 2.216 et le
montant de crédits a chuté de 1,4 milliards de DA en 1988 à 191 millions de DA en
1991.
Tableau N°29: financement à moyen et long termes (MLT) (millions de DA)
Crédits à MLT 1987-88 1988-89 1989-90 1990-91
1. Dossiers 19.484 15.784 4.976 2.216
2 .Prévisions 1.400 1.128 404 191
3. Réalisations 1.100 850 203 182
Source :Banque Agricole et de Développement Rural ; Conseil National de la Planification
L'endettement des EAC et EAI est aujourd'hui très lourd sous le double effet de la
prise en charge du patrimoine transféré (17 milliards de DA) des ex DAS et des
crédits non remboursés depuis leurs installations.
Cet endettement s'est aggravé sous l'effet des nouveaux taux d'intérêt appliqués ces
dernières années (les taux d'intérêt sur le court terme ont été porté de 4-6% en 1986 à
15% - 22% en 1990-91) et qui, réescomptés trimestriellement, s'accumulent en créant
un effet multiplicateur qui augmente de façon sensible le service de la dette.
Le désengagement de l’Etat et la fin de la garantie des crédits au secteur agricole
sera remplacé par de nouveaux mécanismes et instruments qui mettront un terme à la
politique antérieure de crédit qui « a été appliquée de façon uniforme à l’ensemble
166
des agriculteurs ne faisant pas la différence entre ceux pouvant supporter les taux du
marché (investissant souvent dans le commerce et dans les immeubles urbains) et
ceux dont la situation est difficile »59
.
Les crédits à l’agriculture seront pris en charge par différents fonds alimentés
essentiellement par l’Etat avec une dotation d’environ 14 milliards de DA (en 1997)
et dont la gestion fût confiée à la Caisse Nationale de Mutualité Agricole et ses
antennes : les CRMA (Caisse Régionale de Mutualité et d’Assurance Agricole) avec
l’autorisation de réaliser des opérations bancaires, d’assurance et de crédit en Algérie
et à l’étranger
La gestion de ces fonds au nombre de trois ;
- Le FNDA : Fonds National de Développement Agricole crée en 1988 ; il
accorde des crédits sur budget de l’Etat mais exige une participation financière
du bénéficiaire, Il ne touche que quelques filières et secteurs d’activités
notamment les productions céréalières et laitières.
- Le FGA : Fonds de Garantie Agricole ne protège que les adhérents
- Le FCA : Fonds de Calamité Agricole n’indemnise que les agriculteurs affiliés
à la CNMA.
59 Bedrani.S , Boukhari N ,al- Eléments d’analyse des politiques de prix, de subvention et de fiscalité sur
l’agriculture en Algérie Options Méditerranéennes, Sér. B / n°11, 1997 - Prix et subventions : effets sur les
agricultures familiales méditerranéennes
167
Le désengagement de l'Etat, de la gestion directe de la production a permis une
extension du secteur privé avec une quasi intégration des EAC et EAI soumises aux
même système d'exploitation, a favorisé l'apparition d'un type de financement de la
production. IL s'agit de la résurgence du contrat d'association, pour une campagne ou
une saison pour les cultures et, plusieurs pour un élevage, entre un agriculteur et un
créancier .Le partage de la récolte se fait selon l'accord convenu. Le créancier y
trouve son compte en faisant un placement très rémunérateur à court terme et
l'agriculteur trouve un financement pour sa production. Ces pratiques disparues avec
l'application de la révolution agraire sont réapparues à cause des difficultés
rencontrées par les agriculteurs pour l'octroi de crédits bancaires. Il existe cependant
des agriculteurs qui par conviction religieuse ne sollicitent pas de crédits bancaire car
ils assimilent les intérêts à de l’usure60
.
2.4. Le soutien des prix
Les subventions et soutien des prix, concernent ceux appliqués aux facteurs de
production et aux produits. Elles seront élargies aux opérations culturales et
installations des unités de transformation et des unités de stockage éligibles dans le
cadre du PNDA .
60 L’Etat mettra en place un crédit sans intérêts le RFIG pour cette catégorie d’agriculteur en Aout 2008.
168
2.4.1. Prix des facteurs de production livrés à l’agriculture : les prix payés
par les agriculteurs.
La politique de l’Etat en matière de soutien de prix était très importante,
Cependant, la brutale rupture de cette politique au cours de la décennie1990 et
la mise en application de la politique de la réalité des prix c'est-à-dire la
réduction progressive puis la suspension totale des subventions aux intrants a
réduit considérablement leur utilisation.
L’agriculture a bénéficié d’important avantage avant ce réajustement :
prix des produits issus de l’industrie et livrés à l’agriculture, sont uniformes à
travers tout le territoire éliminant ainsi certaines rentes de situation.
stabilité des prix sur le court et moyen terme.
mission du secteur public : assurer la disponibilité des produits en même temps
que l’aménagement du territoire, sur tout le territoire.
bonification des taux d’intérêts.
La hausse des prix des matériels agricoles a entraîné le réajustement des prix des
services. Le prix des labours, du fauchage, des semailles et du battage ont doublé
entre 1990 et 1991. Les frais de motoculture du transport de la récolte pratiquée par
les sections de motoculture des CASSAP – là où elles existent– n'ont cessé
169
d'augmenter depuis la dissolution des coopératives agricoles polyvalentes
communales de services–CAPCS (1984).
Entre 1984–85 et 1990–91, il y a multiplication par cinq des prix des services
offerts aux agriculteurs car, là également, la rupture avec le principe du monopole des
prestations de services exercé par les ex-CAPCS a été suivi d'un phénomène
spéculatif (contenu et contrôlé auparavant par les CAPCS) et, ceci, indépendamment
des réajustements de prix opérés par l'Etat sur les matériels agricoles.
IL importe donc de relever une tendance manifeste à l'écartement des niveaux des
prix payés par les agriculteurs et les prix reçus. IL y a des agriculteurs dotés en terre,
en ressources financières et en équipements. Cette dotation en matériel agricole
décide de la reproduction de l'exploitation, mais aussi de la diversification des
sources de revenu (location), compte tenu de l'évolution du système des prix de
services.
L'accroissement marqué des prix des facteurs de production et des services
participe aujourd'hui, sans aucun doute, à une restructuration des exploitations
agricoles et à un changement dans les conditions sociales de la majorité des
agriculteurs.
Aucun système agricole ne peut rester insensible à des variations de prix aussi fortes
et nous risquons, dans l'hypothèse où cette tendance à la hausse accélérée se poursuit,
d'assister non seulement à un blocage de la production (parce que les ressources
170
disponibles, les loyers de l'argent s'opposent à un refinancement de la production)
mais aussi à une détérioration de la base matérielle de l'agriculture.
La « liberalisation des prix », qui visait à lutter contre le gaspillage de ressources
rares et à réaliser une meilleure allocation des ressources, donc à diminuer les coûts
d'opportunité, risque en l'absence d'une intervention de l'Etat sur le marché (des
produits, des matériels et des services) de bloquer l'accroissement de la production et
de la productivité agricoles. Elle s'oppose ainsi aux objectifs d'intensification définis
pour certaines cultures stratégiques (céréales par exemple) car les coûts de production
des facteurs d'intensification, assurés par les seuls exploitants, sont trop élevés.
Dans des situations marquées par la pénurie en facteurs de production, en absence de
toute régulation par l’Etat du marché des services, des intrants et des matériels, elle
ne peut objectivement déboucher que sur la formation des prix de monopole
défavorables aux producteurs agricoles.
2.4.2. Prix à la production : prix payés aux agriculteurs :
- Les prix à la production, du moins ceux appliqués à certains produits : céréales et
légumes secs, lait et cultures industrielles étaient fixés par décret. Fixés en début de
campagne par décret, ils peuvent influencer les plans de cultures quand les
responsables du domaine disposent d’une autonomie dans leur établissement...
Les domaines optent pour les cultures les mieux rémunérées.
171
- A l'exception des céréales, et du lait cru de vache tous les prix à la production
obéissent aujourd'hui au régime de la liberté des prix. Et afin d'encourager le
développement de certaines cultures jugées stratégiques au regard des objectifs de
couverture alimentaire du pays, et/ou d'exportation, l'Etat, via les organismes de
collecte et/ou de commercialisation, garantit les prix de certains produits (pomme de
terre, oignons, agrumes, dattes).
- Les prix à la production arrêtés au début de la campagne agricole 1990–91 ont
toutefois enregistré une importante hausse par rapport aux variations des coûts et des
charges d'exploitation. Mais la suspension des subventions aux intrants et matériels
agricoles et leurs reports au soutien de produits agricoles, hausse des prix et primes
incitatives, n’a pas incité les agriculteurs à augmenter les superficies et les
rendements des cultures concernées.
2.4.3. Politique de développement agricole
La situation économique et sociale de l’Algérie s’est fortement dégradée au cours de
la décennie 90 à la suite de la conjonction de plusieurs facteurs :chute du prix du
pétrole, grave situation sécuritaire, programmes d’ajustements structurels imposés par
le FMI ,dévaluations successives du dinar, récession économique…IL a fallu attendre
le début des années 2000 pour voir la mise en œuvre d’un vaste programme consacré
à l’agriculture :le PNDA qui s’inscrit dans le cadre du Plan de Soutien à la Relance
Economique (PSRE) 2000-2004 suivi par un autre plan le Plan Complémentaire de
172
Soutien à la Croissance (PCSC) 2005-2009 à la faveur de la reprise des cours du
pétrole
Le PNDA fût lancé en septembre 2000.IL avait pour objectifs de mettre en œuvre les
démarches suivantes :
Meilleure utilisation et valorisation des potentialités naturelles (sol et eau) et moyens
de toute nature (financiers-humains …) ;
Extension de la surface agricole utile par des actions de mise en valeur des terres
agricoles ;
Stabilisation des populations rurales ;
Préservation des ressources naturelles pour un développement durable ;
Intensification de la production agricole dans les zones favorables ;
Adaptation des systèmes de production aux conditions de milieu ;
Promotion des exportations de produits agricoles notamment les produits jouissants,
d’avantages comparatifs avérés et les produits de l’agriculture dite biologique ;
Création de l’emploi ;
Amélioration des revenus des populations agricoles.
Suite à l’élargissement en Juin 2002 des missions du Ministère de l’Agriculture au
Développement Rurale, le PNDA a étendu ses objectifs à la revitalisation des
173
espaces ruraux, à l’amélioration des conditions de vie des populations rurales et à la
promotion de l’artisanat et de métiers ruraux.
Le PNDA devenu PNDAR (Plan National de Développement Agricole et Rural ) est
composé de programmes spécifiques et complémentaires prenant en compte les
contraintes agro-climatiques, notamment l’aridité du climat et l’amélioration des
conditions socioéconomiques des populations rurales.
Ces programmes sont les suivants :
1. Programme national de reboisement, outre les objectifs visant la restauration du
patrimoine forestier et la protection des sols contre l’érosion, il vise également à
chaque fois que cela soit possible les boisements utiles et économiques ;
2. Programme de développement des zones de parcours et de protection de la
steppe qui met notamment l’accent sur la protection de l’écosystème pastoral, la lutte
contre la désertification et l’amélioration de l’offre fourragère ;
3. Programme de développement rural à travers la mise en œuvre de projet de
proximité de développement rural ( PPDR ).
La mise en œuvre du PNDA s'appuie sur un dispositif de financement rénové
reposant sur le FNRDA pour le soutien à l'investissement, le FMVC pour l'exécution
du programme de mise en valeur par la concession et sur le FPZPP pour les aspects
174
de protection des patrimoines végétal et animal ainsi que sur les mécanismes
budgétaires de financement du PNR.
Pour financer ces programmes plusieurs fonds ont été crées :
Le FNDRA :Fonds National de Régulation et de Développement Agricole,
remplace le FNDA ,IL contribue au soutien financier des agriculteurs dans
leurs investissements.
Le FDRMVTC :Fonds pour la Mise en Valeur par les Concessions apporte
un soutien financier aux bénéficiaires des concessions des terres à mettre en
valeur.
Le FLDDPS : le fonds de lutte contre la désertification et le développement du
pastoralisme
La gestion de ces fonds fût confiée à la CNMA et ses antennes régionales les CRMA
3. Les revenus dans le secteur agricole
Le revenu constitue l’une des mesures incitatives pour mobiliser la force de travail et
améliorer sa productivité.
Le revenu agricole provient de trois sources différentes : les profits, les salaires et
l’autoconsommation. Chacune de ces catégories présente des spécificités et a connu
une évolution particulière.
175
L’autoconsommation dans les domaines autogérés était tolérée pour les produits de
la ferme disponibles et cédés à prix coutant aux travailleurs en quantité limitée pour
les besoins de la famille. Les travailleurs avaient même droit à un élevage familial et
le fourrage était payant s’il provenait de la ferme.
Par la suite elle fût interdite, même si elle constitue un complément de revenu pour
les travailleurs, car il ya eu des intrus constitués de notables locaux qui ont envahi les
domaines pour se servir et le plus souvent sans payer. Devant cette situation
l’initiative était laissée aux responsables des domaines de l’interdire ou la tolérée, ce
qui profite toujours à certains petits responsables locaux au dépens des travailleurs.
L’autoconsommation s’est estompée durant ces deux dernières décennies avec la
situation sécuritaire l’exode agricole et la dernière restructuration du domaine foncier
de l’Etat qui a donné naissance aux EAI et EAC. En effet l’unité de l’exploitation
agricole formée de trois fonctions principales ; économique, sociale et de lieu de
résidence a éclaté. La majorité des bénéficiaires des EAI et EAC n’habitent pas sur
leur lieu de travail. Ils sont devenus de simples ouvriers paysans qui habitent des
agglomérations loin de la terre qu’ils exploitent. Rares sont les enquêtes qui ont pu
mesurer l’autoconsommation globale dans le secteur agricole.
3.1. Les salaires dans le secteur d’Etat
Les salaires dans le secteur autogéré ils étaient soumis aux règlements en vigueur .Ils
sont fixés par des barèmes et non négociables. Ils étaient assimilés par les textes
176
officiels à des avances sur revenu qui sera complété par le partage des bénéfices
éventuels entre les membres du collectif constitué uniquement de travailleurs
permanents. Les saisonniers n’ouvrent pas droit. Le taux journalier de rémunération
pour les permanents et les saisonniers était le même pour le même poste de travail.
L’avantage des permanents c’est qu’ils réalisent plus de journées de travail et qu’ils
occupent les postes les mieux rémunérés (chauffeurs) et les moins fatigants
(gardiennage).
Dans le secteur privé les salaires étaient négociables et présentent une certaine
flexibilité qui permet l’embauche selon les besoins. Ils étaient plus élevés, que ceux
offerts par le secteur public, dans les zones des plaines situées à proximité des pôles
industriels. Le taux a toujours obéit à la loi de l’offre et de la demande et échappe aux
règlements en vigueur.IL n’est pas rare cependant de rencontrer des situations ou
coexistent chômage et pénurie de main d’œuvre.
3.2. Les revenus dans le secteur agricole :
Les profits sont dégagés par les résultats de l’activité productive de l’exploitation
agricole et forment le revenu des propriétaires exploitants, des fermiers, des éleveurs
et des propriétaires fonciers.
La masse salariale a régressé au cours des dernières décennies suite au nouveau
système d’exploitation dominant des fermes de faibles dimensions ayant surtout
recours à la main d’œuvre familiale. Elle ne représente en moyenne que 5% de la
177
masse globale des salaires de l’économie nationale. Si la masse salariale a augmenté
en valeur absolue cela s’explique par la hausse des salaires comme le montre le
tableau N°30 ou le SNMG est passé entre 1997 et 2005 de 4800DA à 12000DA par
mois et non pas par une augmentation du nombre de travailleurs.
Tableau N° 30 : Evolution du SNMG
Année Janvier
1990
Janvier
1991
Juillet
1991
Avril
1992
Janvier
1994
Mai
1997
Janvier
1998
Septembre
1998
Janvier
2001
Janvier
2004
Janvier
2007
SNMG 1 000 1 800 2 000 2500 4 000 4800 5 400 6 000 8 000 10 000 12 000
Source : ONS
La masse monétaire du revenu des indépendants a augmenté. Ces revenus s’ils ne
sont pas consommés dans leur intégralité génèrent une épargne qui réinvestie
engendrera des profits plus importants et contribuera à l’accumulation du capital de
l’exploitation favorisant à son tour la croissance de la production .Mais l’analyse
montrera que le profit.
178
Tableau N°31 : Evolution de la masse salariale et les revenus des
indépendants en Milliards de DA
1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
MASSE SALARIALE
Secteur
économique 352,9 378,0 393,2 416,5 450,3 482,2 510,6 576,2 613,9
Agriculture 33,3 37,4 39,3 39,2 42,4 56,8 63,1 72,1 76,0
Administration 334,5 365,8 388,2 410,4 464,3 489,3 542,8 596,3 632,4
Total 720,7 781,1 820,7 866,1 956,9 1 028,30 1 116,50 1 244,60 1322,3
REVENU DES INDEPENDANTS
Secteur
économique 399,9 434,0 475,2 515,7 563,4 857,4 924,1 1 040,90 1106,6
Agriculture 221,6 272,0 296,9 284,8 344,9 356,2 443,8 502,3 497,7
Affaires
immobilières 14,4 17,3 20,7 24,9 29,9 33,6 35,2 37,6 33,8
Total 635,9 723,3 792,7 825,4 938,2 1 247,20 1 403,10 1 580,80 1638,1
SOURCE : O.N.S
moyen à l’ha est faible si on tient compte de l’assolement biennal pratiqué par la
majorité des exploitations céréalières où la jachère occupe presque 50% de la SAU de
chaque exploitation, le niveau d’intensification assez bas et les aléas climatiques. Ce
qui fait dire à A. Benachenhou alors ministre des finances que « Les revenus des
paysans, généralement faibles, n'ont été maintenus, pour la majorité des exploitations
que grâce à la garantie de prix pour les produits céréaliers61
. »
61
A.Benachenhou –Algérie :la modernisation maîtrisée – Alger 2004 .p19
179
Le revenu précaire d’une activité agricole incite les agriculteurs à exercer une autre
activité à la recherche d’un revenu complémentaire.
Cette situation encourage l’apparition de l’agriculture en tant qu’activité à temps
partiel. En plus de la recherche d’un revenu l’agriculture à temps partiel peut résulter
du sous emploi qui règne dans l’exploitation. Le revenu d’une activité constitue le
stimulant le plus important pour le choix d’une profession surtout pour les jeunes en
âge de formation L’agriculture pour attirer les futurs travailleurs se doit d’améliorer
les conditions de travail et le statut social de l’agriculteur et de revaloriser son travail
ce qui n’est possible et réalisable que par une éducation et une formation adéquates et
non par décrets.
4. La politique de formation de recherche et de développement
L’Algérie dispose d’une infrastructure assez développée pour assurer la formation
agricole et répondre aux besoins de l’agriculture. Les différents centres et instituts
existants dans le secteur agricole en Algérie sont constitués :
de Centres de Formation et de Vulgarisation Agricoles (C.F.V.A.) qui forment
des agents techniques agricoles en 2 années et des agents qualifiés par des
formations de courte durée.(niveau moyen)
d’Instituts de Formation de Technologie Moyens Agricoles (I.T.M.A.) qui
forment pendant 3 années des agents de maîtrise ayant des profils plus ou
moins spécifiques.(niveau secondaire)
180
d’Instituts de Formation de Techniciens Supérieurs (I.F.T.S.A.), sous tutelle de
Ministère de l'agriculture,(promotion interne-recyclage)
d’instituts Nationaux de Formation Supérieure Agricole qui sont des
établissements de formation supérieure cycle long sous tutelle du Ministère de
l'Agriculture et du Ministère de l'Enseignement Supérieur représentant :
- 10 instituts de formation d'ingénieurs agronomes. (El-Harrach, Blida,
Tizi-Ouzou, Mascara, Tiaret, Chlef, Tlemcen, Sétif, Ouargla,
Mostaganem)
- 05 instituts de formation de docteurs vétérinaires. (El-Harrach, Blida,
Tiaret, Batna, Constantine)
- 03 instituts de formation d'ingénieurs forestiers. (Batna, Tlemcen,
Tizi-Ouzou);
- 01 institut de formation d'ingénieurs en technologie alimentaire.
(Constantine)
- 01 institut de formation d'ingénieurs en hydraulique. (Blida).
La formation agricole, avant l'indépendance était assurée par des établissements
d'enseignement de différents niveaux :
Au niveau du supérieur : l'Institut Agronomique d'El-Harrach. crée en 1905
Au niveau du secondaire : les écoles régionales d'agriculture de Sidi-Bel-Abbès
et de Skikda.
181
Au niveau du moyen : les écoles pratiques d'agriculture de Guelma,
Constantine, Tizi-Ouzou, Ain Temouchent, Hamma Alger.
L’accès à ces écoles était réservé en priorité aux enfants des colons même si
selon une certaine littérature de l’époque ce sont les enfants des « musulmans
indigènes »qui refusaient la formation agronomique et lui préfèrent celles de
droit de médecine ou de pharmacie. Ceci explique en partie le manque de
culture agronomique des paysans algériens en particulier et de la population en
général et le fatalisme qui règne encore dans les campagnes. Car il faudrait des
générations pour fonder une classe paysanne capable de maitriser son
environnement.
La formation s’est démocratisée et massifiée progressivement après l’indépendance
avec tous les avantages et les limites d’une formation de masse.
La politique de formation pour l’agriculture a privilégié la quantité aux dépens de la
qualité, la formation des ingénieurs aux dépens de la formation des producteurs
directs et des techniciens moyens et celle des agriculteurs du secteur d’Etat aux
dépens des agriculteurs du secteur privé.
182
Les structures de formation disposent de près de 12.000 places pédagogiques.
Certains niveaux étaient pléthoriques qu’il a fallu procéder à « un sérieux
dégraissage avec la fermeture de 24 CFVA entre 1984 et 1991. »62
La formation diplomante a plus cours en Algérie que la formation professionnelle qui
débouche sur l’action. D’ou l’inadéquation entre la formation et l’emploi. Tout le
personnel formé se retrouve dans des bureaux souvent totalement coupé de la réalité.
Les données technico-économiques et sociales peuvent influencer les résultats des
chercheurs si les marges d’erreurs sont importantes.
La recherche scientifique fondamentale relève du secteur public c’est à dire des
universités et centres de recherche du MADR : C’est l’Etat qui finance la recherche et
la formation des chercheurs. Le secteur privé est totalement absent. La recherche
fondamentale est une recherche désintéressée, non lucrative son but est de
comprendre et d’expliquer les phénomènes naturels et les phénomènes économiques
et sociaux.
La recherche appliquée ou recherche-développement s’occupe d’abord de la
concrétisation des résultats obtenus par la recherche fondamentale à échelle réduite
.Elle a un but lucratif et recherche des profits. En l’absence de mécènes pour financer
ce type de recherche c’est l’Etat qui prend en charge ces dépenses, cela a été même
recommandé par un ministre de l’agriculture : « IL ne faut pas que les expériences
62
Source :CNES-La Formation en Agriculture – NAPLES (Italie ) novembre 2000
183
soient pratiquées par le fellah c’est du gaspillage de finance et de temps. C’est aux
services de l’Etat de s’engager d’abord »63
. En effet certain agriculteurs entreprennent
des expériences mais leurs résultats ne sont ni diffusés ni archivés et restent toujours
du domaine privé et ne sont pas vulgarisés pour servir à d’autres agriculteurs.
La vulgarisation agricole a été quasi inexistante du fait de la faiblesse des résultats de
la recherche et de la modicité des crédits qui lui ont été consacrés. L’absence d’un
corps de vulgarisateurs chevronnés, motivés et socialement acceptés par les
agriculteurs, l’absence d’associations professionnelles capables d’orienter les
programmes de vulgarisation en fonction des besoins réels de leurs adhérents,
l’absence de priorité accordée à la vulgarisation de la part de l’administration
agricole, tout ceci a fait que le progrès technique et agronomique s’est très faiblement
diffusé dans le secteur agricole privé et mal diffusé dans le secteur agricole public.
Récemment, les chercheurs et les vulgarisateurs ont été dotés chacun de statuts
propres. L’amélioration de la situation matérielle de ces personnels ainsi obtenue et
l’octroi d’un prêt important de la Banque Mondiale pour le développement des
activités de recherche et de vulgarisation constituent sans doute les bases d’une plus
grande efficacité de ces dernières a la vulgarisation agricole
63
Le ministre de l’agriculture Elyes Mesli : hebdomadaire « La vie économique » n°4- 1991.
184
CONCLUSION
Notons que le secteur privé historique qui détient les 2/3 de la SAU et fait vivre la
majorité de la population agricole, n’a pas été touché par la restructuration des terres.
IL connaît toujours une trop grande parcellisation et aucune politique de
remembrement n’a été envisagée pour la freiner. Cette parcellisation résulte
essentiellement du partage successoral des héritiers et constitue un sérieux obstacle
au développement agricole. Parcellisation et indivision forment un véritable
handicape aux investissements privés et même publics (cas d’enquête de
dépossession des terres pour utilité publique d’intérêt général) et un frein au
développement économique de la paysannerie.
Le « nouveau secteur privé » secteur à gestion privative dont les terres restent
propriété de l’Etat risque de connaître le même sort que le secteur privé dans
quelques années La transmission du patrimoine aux descendants va provoquer un
émiettement des parcelles. Déjà la division des EAC en EAI et la location des
parcelles nues ainsi que la vente prématurée des récoltes de vergers et de cultures de
saison par certaines EAI devenues courantes contribuent à la dégradation du
patrimoine foncier. Ce laxisme de l’administration, qui laisse faire risque de couter
cher à l’agriculture dans un proche avenir.
185
Chapitre IV :
Les effets de la politique agricole sur la
modernisation de l'agriculture et de la
production: les résultats
186
INTRODUCTION
Les politiques économiques et agricoles ont certes eu une influence sur les
résultats de la production dans la mesure ou elles ont fixé les objectifs et attribué les
moyens. L'importance des résultats apparaît à travers leur évolution et en
comparaison aux volumes des ressources (moyens) utilisées et aux disponibilités en
produits agricoles et alimentaires offerts à la population. Ces résultats peuvent être
mesurés et calculés à l'aide de plusieurs outils plus ou moins efficaces.
L'indice de production exprime l'évolution de la production (en volume ou en
valeur) par rapport à une année de base mais ne renseigne pas sur le volume des
ressources utilisées. L'évolution à travers les indices ne traduit que la tendance.
Pour le calcul des résultats en quantités physique et par culture, on doit tenir
compte de l'évolution de la superficie car le volume de la production peut être dû à
l'augmentation de la superficie, et / o u, à l'accroissement des rendements.
Les résultats peuvent également être calculés en valeur en Dinar courant ou
constant (en tenant compte de l'inflation monétaire) pour apprécier l'évolution.
1. Evolution de la production :
Les statistiques disponibles montrent qu'il y avait une quasi-stagnation de la
production agricole sur le long terme .Les volumes de production sont fluctuants. Les
187
amplitudes annuelles sont plus importantes pour la production végétale comme
indiquée au tableau ci-dessous (tableau 32)
Tableau N° 32 : Evolution annuelle des indices de 1986 à 1996
POIDS
ANNEES
1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996
Production
végétale 46,1 97,6 97,1 74,5 97,6 77,8 127,5 130,0 101,9 83,7 112,3 166,7
Elevage 34,2 66,2 92,3 91,6 99,1 99,3 92,8 121,4 117,5 107,2 112,7 113,0
Produits de
l'élevage 16,6 78,1 100,2 99,5 100,1 107,3 108,8 106,8 94,8 100,6 103,6 95,5
Production
animale 50,8 70,1 94,9 94,2 99,4 101,9 98,1 116,6 110,1 105,0 109,7 107,3
Production
de la pêche 3,1 87,0 101,0 92,3 79,8 94,4 90,6 93,9 116,7 134,2 110,0 132,0
Production
agricole 100 83,3 96,1 85,0 98,0 90,6 111,4 122,1 106,5 96,1 110,9 135,4
Sources: O.N.S
Le poids de la production végétale dans la production agricole globale représente
moins de la moitié (46,1 %), tandis que celui de la production halieutique est de
(3,1%). La production animale représente 50,8 % de la production globale.
Les variations de la production agricole sont dues essentiellement aux importantes
fluctuations de la production végétale qui reste trop dépendante des conditions
climatiques. C'est ainsi que la variation de la production végétale a chuté de moins (-
21,6 %) en 1993 par rapport à 1992, tandis qu'elle a crût de (+ 48,4 %) de 1995 à
1996.
188
2. Les résultats de la production agricole en quantités physique :
La production agricole comprend : la production végétale, la production animale
et la production halieutique .Nous tenterons de cerner l'évolution des résultats de ces
activités en nous basant sur les statistiques disponibles qui rappelons le sont peu
fiables, approximatives, et reflètent beaucoup plus la tendance des résultats que leur
précision.
2.1. La production végétale :
Elle comprend principalement: les céréales, les légumes secs, l'arboriculture
fruitière, la viticulture, le maraîchage, les cultures industrielles et cultures
fourragères. Les produits de ces cultures sont destinés à la consommation humaine, à
la consommation animale et aux industries agro-alimentaires.
L’importance de chaque produit sera située par rapport à la superficie qui lui est
réservée, au volume de la production, au rendement et à la disponibilité par habitant.
Ces paramètres, montrent l'importance de chaque spéculation ou filière et permettent
de saisir dans l'ensemble les orientations du système de culture (répartition des
cultures et occupation des sols) et ses résultats.
- Les céréales : La céréaliculture occupe en moyenne 3 à 3,5 millions d’hectares
annuellement sur une superficie totale de 7,5 millions d’hectares soit 45%. La prise
en compte de la jachère fait passer ce taux à plus 80%.
189
La production de céréales s’articule autour du blé dur (41,5%), du blé tendre (19%),
de l’orge (36,7%), de l’avoine (2,4%) et des autres céréales (0,4%); dans cette
structure le blé dur et l’orge occupent plus des deux tiers de la production. En termes
d’évolution, la production de céréales se caractérise par une quasi-stagnation avec des
rendements moyens variant entre 6,5 et 9,4 quintaux/hectare sur la période 1967 –
1999.
Tableau N°33 : Evolution de la production et des disponibilités moyennes
annuelles en céréales.
Périodes 1967-69 1970-73 1974-77 1979-83 1984-89 1990-95 1996-99
Superficie 10 6 Ha 2,86 3,21 3,04 3,26 2,71 2,64 2,55
Produc.Moyenne106Qx 18,6 19,3 18,9 19,6 19,8 22,2 24,0*
Imp. Moyenne 10 6 Qx 6,2 7,8 17,3 26 42,7 42,2 40,01
Rendement Qx/Ha 6,5 6 6,2 6 7,3 8,4 9,4
Population 10 3 habitants 12.954 13.967 16.110 19.288 22.654 26.564 29.163
Disp. Kg/an/Habitant 191 194 225 236 276 242 220
Source : O.N.S
* Moyenne corrigée, (1) estimation
tendance est le résultat de conditions climatiques défavorables accompagnées par une
grande sécheresse et des rendements insuffisants, 4 à 5,2 quintaux/ hectare sur les
terres détenues par le secteur privé qui réalise prés de 55% de la production de
céréales.
190
Les efforts entrepris durant les quarante dernières années ont porté
particulièrement sur l’introduction de nouvelles variétés, une mécanisation et une
fertilisation adéquates. Néanmoins, les résultats escomptés sont en deçà des attentes
compte tenu de la non maîtrise par le secteur privé des itinéraires techniques
appropriés et notamment le non respect des doses d’intrants. Le volume de
production des céréales s’explique par l’introduction de nouvelles techniques sur une
partie des terres agricoles, et aussi par la variation des superficies emblavées. Ces
actions, dominées par un contexte de crise, n’ont pas eu d’incidences sur la rentabilité
et la productivité.
De même, la hausse des prix des céréales à la production n'a eu qu'un effet
négligeable sur le comportement des agriculteurs pour l'accroissement des
superficies et de la production. L'orge seule constitue l'exception (forte croissance des
superficies ensemencées) mais la raison est que la production de l'orge se vend sur le
marché libre de l'aliment de bétail à des prix beaucoup plus élevés que ceux proposés
par l'organisme d'Etat l’OAIC.
La production demeure fluctuante et ne couvre selon les années qu’un faible taux des
besoins de la population. Ainsi, le recours aux importations s’avère incontournable.
Les céréales à elles seules ont représenté, en 1999, prés de 40% des importations
alimentaires globales.
191
- Les légumes secs
- Après avoir connu une augmentation suite à l’accroissement des superficies, la
production de légumes secs a baissé, durant la période 1979-83, de prés de 25% par
rapport à 1974-77. Les rendements en moyenne 5 quintaux/hectare, durant les
périodes considérées, n’ont pas connu de progression conséquente. La couverture par
la production nationale de la consommation passe ainsi de 60% au cours de la période
1974-77 à 30% en moyenne entre 1990-95.
Tableau N°34 : Evolution de la production et des disponibilités moyennes
annuelles en légumes secs
Périodes 1967-69 1970-73 1974-77 1979-83 1984-89 1990-95 1996-99
Superficie 103 Ha 82 86 96 110 142 103 80
Production 103 Qx 404 421 666 500 533 482 450
Rendement Qx/Ha 5 5 7 4,5 3,7 4,7 5,6
Importations 103 Qx 42 90 473 800 900(1) 1051,5 -
Population 103
habitants 12.954 13.967 16.110 19.288 22.654 26.564 29.163
Dispo. Kg/an/habitant 3,4 3,6 7,0 6,7 6,3 5,8 -
Source : ONS (1)Estimation
192
Compte tenu du recul de la production et du poids des légumes secs dans la ration
alimentaire, le déficit sera comblé par les importations qui se sont accrues en
moyenne annuelle de 12% depuis 1967.
Par ailleurs, le désintérêt des agriculteurs pour ces spéculations peu rémunératrices
et le manque de main-d’œuvre expliquent, en partie, cette régression de la production
qui ne peut être relancée qu’à travers l’introduction de la mécanisation et la
reconsidération des prix. Ces mesures pourraient assurer une consolidation de la
production.
- Les maraîchages
Les cultures maraîchères ont enregistré une augmentation importante en superficie
et en volume de production grâce à l'existence d'une demande. Elles occupent la
seconde place dans la production végétale, juste après les céréales, et pèsent pour
11,3 %dans la production agricole.
Les principales cultures sont : la pomme de terre (50,6 %), la tomate (7,7 %) l'oignon
(7 %), pastèque et melon (9,4 %)
193
Tableau N°35: Evolution de la production et des disponibilités moyennes
annuelles en produits maraîchers
Périodes 1967-69 1970-73 1974-77 1979-83 1984-89 1990-95 1996-99
Superficies 103 Ha
produits maraîchers 75 88 122 160 302 303 266
Production moyenne103 Qx
produits maraîchers 6.541 7.418 10.458 12.500 22.294 28.180 31.894
Pomme de terre 2.331 2.758 4.837 5.700 8.252 10.041 10.485
Rendement Qx/Ha
produits maraîchers 87 84 86 78 73 93 120
Pomme de terre 61 59 70 65 92 103 144
Importations 103 Qx
produits maraîchers 617 709 1.052 2.000 - - -
Population 10 3
habitants 12.954 13.967 16.110 19.288 22.654 26.564 29.163
Dispo. Kg/an/Habitant
produits maraîchers 55 58 71 75 98(1) 106 109
Source : ONS
(1) A partir de 1984 les disponibilités n’intègrent pas les importations
Comme le montre le tableau № la production annuelle moyenne de légumes frais
est passée de 6,54 millions de quintaux à 31,89 millions de quintaux de 1967 à 1999.
Dans le même temps la superficie a été multipliée par quatre et les rendements ont
quasiment stagné, mis à part la période 1990-1999 où ils ont enregistré un
accroissement de l'ordre de 12 % à 64 % .Seul le rendement de la pomme de terre a
réalisé un taux de croissance annuel modéré de l'ordre de 3 % entre 1967 et 1999 en
passant de 61 quintaux /ha à 144 quintaux / ha. L'augmentation de la production est
194
beaucoup plus due à la variation de la superficie qu'à une amélioration des
rendements.
Les disponibilités moyennes annuelles par habitant en légumes frais ont doublé
en passant de 55 Kilogrammes à 109 kilogrammes dont une faible quantité provient
des importations.
Ces résultats se sont traduits par une consommation de pomme de terre de 56
kg/an/habitant ce qui lui confère une place importante dans la ration alimentaire des
ménages. Pour cette culture de grande priorité, dans les politiques agricoles, la
tendance à la hausse de la production a comblé, en partie le déficit des autres cultures
notamment les céréales. Cette évolution positive est liée à la rémunération
conséquente suite à la hausse des prix enregistrée ces dernières années par le produit.
Ainsi, l’introduction de la plasticulture a été d’un apport certain dans l’évolution
des productions. Ces efforts ont été consolidés par la mise en place d’infrastructures
de stockage qui restent encore insuffisantes. La poursuite de ces actions, élargie aux
autres cultures, contribuerait à atténuer la dépendance alimentaire.
Par ailleurs, certaines limites imputables à l’irrigation, à la qualité des semences et
à l’utilisation des engrais et des produits phytosanitaires, persistent encore, et
atténuent considérablement les efforts d’intensification des cultures. L’ensemble de
ces évolutions à contribué à la satisfaction des besoins de la population et agi en
retour sur les importations.
195
- L’arboriculture
L’Algérie, traditionnellement exportatrice de fruits, fait face à de sérieux
problèmes pour l’approvisionnement et la régulation de son marché. La
consommation de fruits est passée de 27 kg/an/habitant en 1988 à 45 kg/an/habitant
en 1995 soit un accroissement moyen annuel de 7,5%. Ces résultats ont été obtenus,
malgré les retards enregistrés dans le renouvellement des plantations arboricoles.
Tableau N°36 : Evolution de la production des disponibilités moyennes
annuelles de l’arboriculture
Périodes 1967-69 1970-73 1974-77 1979-83 1984-89 1990-95 1996-99
Superficie 103Ha
- Agrumes 47 49 49 47 38 39 43
Noyaux-pépins 12 21 48 60 81 88 92
- Dattes 43 57 71 71 73 83 98
- Olives 94 130 173 179 162 154 165
Production moyenne 103 Qx
- Agrumes 4.410 5.143 5.100 4.000 2.716 3.372 3.889
- Noyaux -pépins 580 610 950 1.200 2.418 3.243 3.958
- Dattes 1.549 1.318 1.509 1.984 2.002 2.566 3.695
- Olives 1.429 1.490 1.543 1.543 1.444 1.731 2.800
Rendements
- Agrumes 34 105 104 85 71 86 90
- Noyaux -pépins 48 29 20 20 30 37 43
- Dattes 36 23 21 28 27 31 38
- Olives 15 11 10 9 9 11 17
Population 10 3
- habitants 12.954 13.967 16.110 19.288 22.654 26.564 29.163
Dispo Kg/an/habitant
- Agrumes 34 36 31 20 11 12 13
- Noyaux -pépins 4 4 5 6 10 12 13
- Dattes 12 9 9 10 9 10 13
- Olives 11 11 11 8 6 7 10
Source : CNES
196
La situation de la production arboricole se caractérise par :
Une baisse de 0,4% en moyenne annuelle pour la production d’agrumes et de
0,13% sur les rendements, pour les périodes 1967-99, conséquence de la stagnation
des superficies, du vieillissement des plantations, du manque d’entretien et de suivi
des vergers.
Concernant les noyaux et pépins, les actions entreprises au cours des différents
plans de développement ont permis une augmentation des superficies de 7% et un
accroissement de la production de 6% entre 1967-99. En revanche, les rendements
ont connu une stabilité voire même un léger recul de 0,3%.
La production phoenicicole a connu une évolution cyclique qui est passée de 1,3
million de quintaux en 1970-73 à 3,7 millions de quintaux en 1996-99 soit un
accroissement de 2,4 millions de quintaux. Néanmoins, ces performances n’ont pas
concerné les rendements qui se sont stabilisés, sur la période, à hauteur de 38
quintaux/hectare. Ainsi, l’amélioration de la production est le fait de la multiplication
des plantations de palmiers dattiers mais ce patrimoine ne semble pas suffisamment
rentable, au vu des rendements et des maladies qui l’infestent notamment le Bayoud.
La production d’olives a été perturbée par le manque de main-d’œuvre et la faible
rémunération des prix. Ces facteurs éclairent sur la progression de 2% de la
production totale et sur l’augmentation de 0,4% des rendements entre 1967-99.
197
Les productions arboricoles et leurs rendements ont connu de faibles évolutions en
raison notamment du vieillissement des vergers, de l’absence de traitement des
parasites, du manque de vulgarisation et de suivi des exploitations fruitières. Les
actions entreprises en direction de l’arboriculture de montagne ont eu certes des
retombées positives sur les revenus de la population. Cependant, elles n’ont pu être
poursuivies et généralisées à l’ensemble des régions arboricoles.
- La viticulture
Constituée de raisin de table et de vigne à cuve, la viticulture, suite aux opérations
d’arrachage, a vu sa superficie régresser en moyenne de 5% annuellement depuis
1967.
Tableau N° 37 : Evolution de la production et des disponibilités moyennes
annuelles viticoles
Périodes 1967-69 1970-73 1974-77 1979-83 1984-89 1990-95 1996-99
Superficies 103 Ha
Vigne à cuve 301 260 208 182 69 41 23
Vigne de table 8 12,5 21 26 27 31 30
Production totale
Vigne à cuve 103 HL 8.369 7.401 3.872 2.500 880 318 170(1)
Vigne de table 103 Qx 294 355 503 705 1009 1367 1326
Rendement
Vigne à cuve Hl/Ha 28 28 19 14 13 8 7
Vigne de table Qx/Ha 37 28 24 27 37 44 44
Exportations de vins 7.844 8.613 4.538 3.500 909 104 -
Population 10 3
Habitants 12.954 13.967 16.110 19.288 22.654 26.564 29.163
Dispo en kg/an/habitant
raisin 2,3 2,5 3,1 3,6 4,4 5,1 4,5
Source : ONS et MA (1) estimation
198
Entre 1967 et 1999, la production viticole s’est caractérisée comme suit :
Les arrachages effectués et l’âge du vignoble ont donné à la production vinicole
une tendance baissière avec des rendements qui sont passés, sur la période concernée,
de 28 hectolitres/hectare à 7 hectolitres/hectare soit une régression moyenne annuelle
de 4%.
Cette baisse de la production s’est accompagnée par l’apparition d’un déséquilibre
dans l’écosystème étant donné que les cultures de substitution n’ont pas les mêmes
propriétés en termes de protection de l’environnement. A ces impacts, s’ajoutent une
réduction des revenus agricoles et des ressources pour l’économie nationale.
En revanche, le raisin de table a connu une évolution sensible au niveau des
superficies (plus 4%/an) et des productions avec des rendements qui sont passés sur
la période de 37 quintaux/hectare à 44 quintaux/hectare soit une amélioration
annuelle moyenne de 0,5%.
En 1962, les principales ressources de l’économie provenaient des exportations
agricoles et notamment des vins. Compte tenu des enjeux que la commercialisation
de ce produit impliquait, la réduction de la superficie vinicole était incontournable.
La mise en œuvre de cette option n’a pas envisagé les retombées sur l’emploi (250
jours de travail/an), les revenus et l’écosystème : cas de Mostaganem.
199
- Les cultures industrielles
Les cultures industrielles telles que le tabac, la tomate industrielle, la betterave
sucrière constituent le lien privilégié de l’intégration entre l’agriculture et l’industrie.
Parmi ces cultures, la tomate industrielle, destinée à la production du concentré de
tomate, est passée en termes de superficies de 5.400 hectares entre 1970-73 à 30.400
hectares entre 1996-99 soit une croissance annuelle moyenne de 6%.
Tableau N°38 : Evolution de la production et des disponibilités moyennes
annuelles des cultures industrielles
Périodes 1967-69 1970-73 1974-77 1979-83 1984-89 1990-95 1996-99
Superficie 103Ha
Tabac 9,3 5,4 2 ,6 4,2 3,3 3,8 5,7
Tomate
industrielle - 5,4 7,9 10,5 16,5 24,3 30,4
Betterave sucrière 3,1 2,8 2,9 3,6 - - -
Production moyenne 103 Qx
Tabac 60 35 25 40 43 44 62
Tomate
industrielle - 374 701 950 1.588 3.616 4.563
Betterave sucrière 73 561 573 600 - - -
Rendement Qx/Ha
Tabac 6,4 6,5 9,6 9,5 13,0 11,6 10,9
Tomate
industrielle - 69,3 88,7 90,5 96,3 148,8 150,1
Betterave sucrière 23,5 200,4 197,6 166,7 - - -
Population 10 3
habitants 12.954 13.967 16.110 19.288 22.654 26.564 29.163
Dispo Kg/an/habitant
Tabac 0,5 0,2 0,15 0,21 1,9 0,2 0,2
Tomate
industrielle - 2,7 4,3 4,9 7 13,6 15,6
Betterave sucrière 0,6 4,0 3,6 3,1 - - -
Source : CNES
200
Par ailleurs, les évolutions, sur la période, sont très inégales entre les cultures. La
tomate industrielle a atteint 150,1 quintaux à l’hectare. La production de la betterave
sucrière a été abandonnée malgré ses retombées sur l’industrie du sucre et sur
l’alimentation du bétail au profit de l’importation de sucre roux qui a accentué notre
dépendance à l’égard de l’extérieur; bien que la production de betteraves sucrières ait
été multipliée par 8 passant ainsi de 73.000 quintaux en 1967 à 600.000 quintaux en
1983.
Concernant la production du tabac, elle s’est maintenue grâce à la valorisation des
prix qui lui ont insufflé une nouvelle dynamique. C’est ainsi que ses rendements sont
passés de 6,4 quintaux/hectare durant la période 1967-1973 à 9,5 quintaux/hectare
pour la 1974-1983 et à 11 quintaux/hectare durant ces dernières années.
La promotion des cultures industrielles s’inscrivait dans la stratégie de
développement économique. En effet, l’articulation agriculture industrie qui constitue
le vecteur déterminant pour la diffusion du progrès technique dans l’agriculture,
notamment dans le monde rural, n’a pas pleinement joué son rôle dans le cadre des
cultures industrielles telles que la tomate, la betterave et le tabac. Ainsi, l’abandon de
certaines productions agricoles a contraint l’appareil de production à s’approvisionner
à l’extérieur avec toutes les retombées sur les ressources nationales.
201
- Les fourrages
La nutrition animale est un facteur stimulant de la production de lait et de viande.
L’alimentation animale à partir des céréales, de la jachère et de l’utilisation des
parcours qui constituent les principaux supports.
Tableau N°39 : Evolution de la production de fourrage
Périodes 1967-69 1970-73 1974-77 1979-83 1984-89 1990-95 1996-99
Superficie totale
103 Ha
229 302,8 429,7 546,4 852 624,5 399,2
Production
moyenne 103
Qx 3.332,9 5.160,9 7.655 8.075,5
11.186,
8 8.087,8 8.327,9
Rendements 14,5 17,0 17,8 14,8 13,1 12,9 20,8
Source : CNES
La production des fourrages, entre 1967-99, a évolué à un rythme annuel de 3 %
passant de 3, 3 millions de quintaux à 8,3 millions de quintaux. Dans cette tendance
les rendements sont passés, sur la période, de 14 quintaux/hectare à 21
quintaux/hectare soit une progression moyenne annuelle de 1%. Ces efforts
demeurent insuffisants vu la consommation de viandes (22 kg/an/habitant) et de lait
(90 litres équivalent lait/an/habitant, dont environ 30 litres sont fournis par les
importations).
La production végétale analysée à partir des disponibilités et des rendements
révèle une évolution en déclin des céréales, des légumes secs, du maraîchage,
202
de l’arboriculture fruitière, de la viticulture, des cultures industrielles et de la
production fourragère en raison de la faible maîtrise des itinéraires techniques
mécanisés, du manque de main d’œuvre qualifiée, de la réduction des engrais, du
manque d’entretien des vergers, d’une vulgarisation insuffisante et de l’absence de
suivi des exploitations.
2.2. Les productions animales
Les productions animales comprennent la production de lait, des viandes rouges,
des viandes blanches et des œufs. Ces productions prennent appui sur un cheptel
évalué, entre 1996-99, à environ 18 millions d’ovins, 3 millions de caprins, 1,4
millions de bovins et 119.000 camelins.
Tableau N° 40 : Evolution moyenne et annuelle du cheptel
Périodes 1967-69 1970-73 1974-77 1979-83 1984-89 1990-95 1996-99
En 103 de têtes
- Ovins 7.444 8.358 9.524 14.507 16.174 17.687 17.775
- Caprins 2.465 2.474 2.344 2.822 2.536 2.623 3.168
- Bovins 838 891 1.014 1.443 1.404 1.577 1.362
- Camelins 175 168 151 151 125 119 119(1)
Source : ONS (1)Estimation
Malgré le poids de la sécheresse, la population ovine s’est accrue de 3 % en moyenne
annuelle, passant ainsi de plus de 7 millions à prés de 18 millions de têtes.
Concernant les bovins leur progression moyenne a atteint 1,5% par an et la
203
population des chèvres est restée stable. En revanche, le cheptel des camelins a connu
une régression moyenne de 1,2% par an sur la période 1967-99. De cette structure du
cheptel dépendent les évolutions des productions d’élevage.
- Les produits des élevages
Les produits des élevages sont : le lait, les viandes (rouges et blanches) et les œufs
- Le lait
La production laitière est passée de 482 millions de litres en 1968 à 742 millions
de litres en 1982 et à 1,2 milliard de litres en 1999 soit une progression moyenne de
prés de 3% par an entre 1968-99, avec cependant une stagnation entre 1977-1982.
Cette production couvre environ 30% de la demande domestique dont 6% sont
destinés à l’industrie du lait.
Pour satisfaire la demande nationale en produits laitiers, les plans nationaux de
développement ont mis en place une industrie laitière (plus de 25 laiteries)
fonctionnant en partie à partir de la poudre de lait et de MGLA importées. Cet outil
de production couvre, à partir du lait recombiné, en moyenne 30% de la demande. La
consommation moyenne par habitant, en équivalent lait, est de l’ordre de 100 litres
dont 30 litres sont fournis par la production nationale soit 30%.
L’apport de vaches laitières a permis un accroissement de la production de lait qui
demeure néanmoins insuffisant par rapport à la demande. Les difficultés
d’approvisionnement en aliments et la sécheresse ont été les facteurs déterminants de
204
l’évolution du cheptel. Par ailleurs, la concurrence entre le lait et la viande a fait que
les éleveurs accordent une préférence à la production de viande. Cette faible
couverture des besoins nationaux explique en partie l’inefficacité de la politique
laitière mise en œuvre dans le cadre du développement de la filière lait.
Tableau N° 41 : Evolution de la production des disponibilités moyennes
annuelles des produits de l’élevage
Périodes 1968 1973 1977 1982 1984-89 1990-95 1996-99
Lait 106 litres
Productions 482 550 700 742 891 1.101 1.222
Importations 213 302 677 946 950(1) 950 950
Dispo. Litres/an
/habitant 54 61 85 87 81 77 74
Viandes rouges 103
tonnes
Productions 76 100 118 140 192 285 292
Importations 0,5 - 14,5 58 21 20 19
Dispo. en Kg/an
/habitant 6 7 8 10 9 11 11
Viandes blanches
103 tonnes
Productions 24 27 70 116 200 220 140
Importations - - - - - - -
Dispo. en Kg/an
/habitant 2 1,9 4,3 6 8,8 8,3 4,8
Œufs total 103
tonnes
Productions 10,5 12 15 32 124 120 103
Importations 0,7 0,8 17,5 45 - - -
Dispo. en Kg/an
/habitant 0,81 0,9 2 4 5,5 4,5 3,5
Population 103
Habitants 12.954 13.967 16.110 19.288 22.654 26.564 29.163
Source : ONS (1)Estimation des importations à partir de 1984
205
– Les viandes rouges
La production de viandes rouges est passée de 76.000 tonnes en 1968 à 310.000
tonnes en 1999, soit une progression de prés de 5% en moyenne par an. Pour
répondre à la demande nationale, la production est soutenue annuellement par des
importations de l’ordre de 20.000 tonnes. Ces disponibilités situent la consommation
des viandes rouges à environ 10 kg/an/habitant. Ce déficit peut être comblé grâce à
une rationalisation dans la conduite des élevages.
– Les viandes blanches
La production de viandes blanches a connu une progression appréciable passant de
24000 tonnes en 1968 à 200000 tonnes en 1999 soit une croissance moyenne annuelle
de 7%. Cette augmentation s’explique par les efforts accomplis dans le domaine
avicole, notamment en direction des facteurs de production ce qui a permis de faire
passer la consommation de viande blanche de 0,5 kg/an/habitant en 1968 à 9
kg/an/habitant en 1995.
– Les œufs
La production d’œufs s’est accrue en moyenne de 8% par an entre 1968 et 1999.
Cette croissance a été stimulée par :
La réalisation en amont des investissements (couvoir ponte et chair, abattoirs de
volaille) par le secteur public dans la filière avicole.
206
L’organisation des approvisionnements en intrants (aliments du bétail et facteurs
de production, produits vétérinaires et équipements).
La forte demande en œufs de consommation suite au renchérissement du prix de la
viande (rouge et blanche). L’ensemble de ces facteurs a dynamisé la filière avicole.
La filière protéines animales (lait, viandes, œufs) a connu un développement
inégal entraînant un apport limité en protides de l’ordre de 25% à la ration
alimentaire des ménages. Ce déséquilibre alimentaire pourrait se répercuter
négativement sur la santé de la population.
2.3. La production halieutique
L'Algérie dispose d'une façade maritime de 1.200 km, d'une zone d'exploitation de
9,5 millions d'hectares dont seuls 2,2 millions sont exploités. Le plateau continental
offre une surface exploitable de 1,6 millions d'ha et de près de 3 millions d'ha de
zones réservées à la pêche et aux petits métiers.
Les ressources halieutiques en zone côtière; riche de 26 espèces de poissons
pélagiques et 409 de démersales; ont été évaluées à plus de 200.000 tonnes / an .Et
bien que la production halieutique nationale ait connu un essor considérable avec un
taux d'accroissement de près de 42 % par rapport à la moyenne de la décennie
dernière, les réserves encore disponibles seraient d'environ 100.000 Tonnes/an.
207
La pêche continentale et l'aquaculture
En plus de la pêche maritime l'Algérie dispose également de quelques 100.000 ha
de plan d'eau naturels et artificiels qui peuvent être valorisés par l'aquaculture et la
pêche continentale représentant une production estimée en 2004 à 500 Tonnes/an. Le
repeuplement, par lâcher d'alevins, des barrages et des retenues collinaires permettrait
à la production aquacole selon les prévisions d'atteindre 50.000 Tonnes/an.
La production halieutique a connu une croissance soutenue au cours des trois
dernières décennies. Elle a été multipliée par trois entre 1970 et l'an 2000.
Moyenne annuelle 1970-1979 1980-1989 1990-1999 2000-2003
En tonnes 33.380 69.014 99.930 130.657
La production a suivi l'évolution des moyens mis à la disposition du secteur par
l'Etat, moyens qui restent cependant relativement insuffisants compte tenu des
potentialités naturelles et des besoins actuels et futurs de la population.
Les ressources humaines: le secteur compte 34.046 personnes c'est-à-dire
inscrits maritimes détenteurs de carte professionnelle; de 119 associations et d'une
Chambre Nationale de la Pêche et de l'Aquaculture.
Les ressources techniques: La flottille dont dispose le secteur (embarcations
de 5mètres à 16 mètres, chalutiers, petits métiers sardiniers et corailleurs) se
caractérise par sa vétusté, due à son vieillissement, une moyenne d'âge supérieur à 20
208
ans, et un taux d'immobilisation de 50 %.Son renouvellement a fait l'objet d'aides
étatique ces dernières années qui ont permis aux intéressés d'acquérir 523
embarcations dont un thonier.
La flottille est passée de 714 embarcations en 1976 à 2.221 en 1996 pour
atteindre 3.292 unités en 2003.Son impact sur la production est indéniable comme
nous l'avons signalé précédemment .Une partie des potentialités halieutique est
exploitée par des sociétés étrangères sous forme de concession.
La consommation par habitant a évolué modérément mais elle reste globalement
insuffisante et les produits de la mer restent des produits de luxes pour la majorité de
la population :
Année 1999 2000 2001 2002 2003
Kg/habitant 3,02 4,06 4,58 4,62 5,12
Le secteur de la pêche a bénéficié récemment de plus d'autonomie et d'une
politique de développement volontariste avec la création d'un Fonds National de la
Pêche et de l'Aquaculture (FNDPA).
3. Rapport entre l'évolution du capital et de la production :
Les comptes économiques dressés par l’ONS pour chaque exercice comptable,
mesurent quelques agrégats significatifs concernant la production agricole,
permettent de déterminer l’évolution de la place de l'agriculture dans l'économie
209
nationale et surtout de relever l'évolution de certains comptes qui peuvent à leur tour
expliquer celui de l'évolution de la production.
L'analyse des agrégats figurants au tableau N° 42 donne des renseignements
intéressants concernant les résultats de la production et son évolution.
210
Tableau N°42 L'agriculture et le cadre macro-économique 1967-1999
Unité: millions de DA
Source : CNES-Rapport sur : la Problématique de Développement Agricole : Eléments pour un débat national-p42 Ainsi, comme le montre le tableau, en l'espace de trois décennies la valeur de la
production agricole brute est passée en Dinars courants de 2.692 millions en 1967 à 353.757 millions. Elle a été multipliée par 131.Ceci est beaucoup plus le résultat de l'inflation monétaire que
d'une augmentation en volume comme nous l'avons signalé précédemment (résultats en quantité physique).
*Estimation
AGREGATS 1967 1987 1988 1990 1994 1995 1996 1997 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008
Production agricole
brute PB 2.692 41.823 47.602 74.748 180.172 231.356 376.948 353.757 425583,7 505 135 ,7 510637,3 630893,7 710494,4 715461,9 793556,8 885091,2 902126,7
Consommations
productives agricoles
CI
721 10.035 8.817 11.268 34.558 43.963 - - 79412,3 93 016,2 93412,1 115612,0 129988,8 133846,1 152271,8 177018,7 174713,5
Valeur ajoutée
agricole VA 1.971 31.787 38.785 62.725 145.614 196.559 277.842 260.800 346171,4 412 119,5 417225,2 515281,7 580505,6 581615,8 641285,0 708072,5 727413,1
Produit intérieur brut
(PIB)tot 16.700 312.706 347.717 554.381 148.7404 200.2638 256.4738 276.2400 5116430,3
5234272,5
5551046,3 6289595,3 7303406,5 8873009,9 10195084,
0
11261449,
9
12874725,
4
Valeur ajoutée
agricole/PIB en% 11,8 10,16 11,15 11,31 9,78 9,81 10,83 9,44 6,76 7,87 7,51 8,19 7,94 6,55 6,29 6,28 5,64
Consommation
fondsfixes agricole
CFF
- 1.438 1.559 2.073 741 721 - - 1418,9 452,2 389,1 422,7 400,7 455,8 452,6 609,0 797,6
Rémunération des
salariés agricoles RS 719 10.435 7.978 4.002 18.699 26.075 33.300 33.300 51153,4 56341,9 56842,5 63108,3 74055,3 78084,3 90902,5 90689,2 96601,8
Excédent net
d'exploitation agricole
ENE
- 19.630 29.038 56.385 125.844 160.256 - - 293197,2 351453,3 356510,9 444103,8 502141,9 497654,6 544294,6 610940,3 623571,6
Emploi agricole en
milliers 874 1003 1003 970 1023 1048 1154 1180 - - - - - - - - -
Valeurajoutée
/travailleur en DA
courant
2.255 31.691 38.668 64.665 142.340 187.556 240.764 221.017 - - - - - - - - -
211
Cette production a nécessité évidemment l'utilisation des ressources techniques ou
consommations intermédiaires.
La valeur de la consommation intermédiaire représentait 28,8% de la valeur
de la production brute agricole en 1967.Elle ne représente que 15% en 1990 et 19%
en 1995.Or la consommation intermédiaire renseigne sur le niveau d'intensification
d'une agriculture. Dans les pays développés où l'agriculture est très intensive ce taux
peut atteindre 55 % (Allemagne, Belgique, Pays-Bas) de la valeur de la production
agricole.
La consommation de fonds fixes ne représente environ que 3% de la valeur
de la production. Ce qui révèle le sous équipement de l'agriculture algérienne. Cette
consommation de fonds fixes est surtout l'œuvre du secteur public .A titre d'exemple
pour l'année 1987, pour le secteur public elle représentait 7,8% de la valeur de sa
production brute alors qu'elle ne représentait que 1,9% pour le secteur privé et pour
l'ensemble du secteur agricole elle s'élevait à 3,4%.
L’accumulation brute de fonds fixes (FBCF) pour les postes animaux et forêts
s'élevait en 1987 à quelques 946,0 millions de Dinars. La comparaison avec la
consommation de fonds fixes totale de la même année qui était de l'ordre de 1.438
millions de dinars.
La FBCF est difficile à calculer dans la production animale car il faut distinguer la
partie destinée à l'accroissement de l'accumulation de celle destinée à l'augmentation
212
des stocks. En effet une partie du croît des du cheptel est comptabilisée comme
variation de stock pour les animaux destinés à l'abattoir et une autre partie considérée
comme FBCF comprend les animaux de trait et les animaux reproducteurs.
La valeur ajoutée se situait à hauteur de 12,9% du P.I.B en 1967, elle est passée
à 9,44% en 1997. En même temps la rémunération des salariés était passée de 32,8%
à 12,76% du montant de la valeur ajoutée avec un minimum de 6,38 % en1990.
Pendant que la masse salariale diminuait celle des profits et des revenu des
indépendants augmentait.
Enfin l'excédent net d'exploitation qui est égal à :
Valeur ajoutée = production brute – consommation intermédiaire
Revenu intérieur = valeur ajoutée - consommation de fonds fixes (amortissements)
Excèdent net d'exploitation = revenu intérieur – (rémunération des salariés +
impôts liés à la production)
L'excédent net d'exploitation a presque toujours été négatif pour le secteur public
et positif pour le secteur privé. A titre d'exemple le secteur public a enregistré un
déficit de moins -617,3 millions DA en 1987, de moins -219,8 millions DA en 1995
et de moins-959,4 millions DA en 1985.La réduction du déficit de ce secteur est due
au désengagement de l'Etat de la sphère de production et la quasi-disparition du
secteur public agricole consécutive à la dernière restructuration de 1987.
213
CONCLUSION :
La modernisation de l'agriculture n'a pas eu les effets souhaités sur la production.
Cette modernisation était partielle, n'a pas touché l'ensemble du secteur agricole faute
de moyens humains, matériels et financiers. La modernisation doit se poursuivre pour
atténuer la dépendance envers les conditions naturelles par l'introduction et la
maîtrise des progrès sous toutes ses formes: scientifique, techniques et
économiques.
Le dualisme qui a caractérisé l'agriculture depuis l’indépendance et même avant a
laissé de graves séquelles qui s'estamperont avec le temps pour laisser place à de
véritables agriculteurs, entrepreneurs, responsables et conscients de la confiance
placée en eux par l'Etat et les citoyens. L'élimination dans la légalité et la
transparence par la loi et le système associatif,64
des spéculateurs sur les facteurs de
production (et même les services) et des faux agriculteurs à l'affût des primes, des
subventions, des rentes et des plus values, qui sont à l'origine des pénuries
récurrentes que connait le secteur agricole afin de rendre toute sa noblesse à la
profession agricole.
L'agriculture algérienne est très loin des performances réalisées ailleurs.
Beaucoup de progrès sont possibles et même accessibles .La production agricole
reste cependant dépendante, outre les aléas du climat, d'autres secteurs fournisseurs
64 Le système associatif est parfois dominé par des notables qui défendent avant tout leur intérêt surtout quand il y a un
déficit de démocratie au sein des associations .Mais il reste perfectible et peu servir la profession.
214
de biens et services, et seul des lois claires et applicables dans des délais raisonnables
peuvent protéger les agriculteurs contre les dominations diverses qu'ils subissent. Les
agriculteurs y gagneraient aussi à rétablir les normes de qualité et la standardisation
de leurs produits car il n’y aurait pas de succès sans qualité.
215
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
Les facteurs de productions (ressources productives) à la disposition de chacun
des deux secteurs ont toujours avantagé l'un par rapport à l'autre.Le secteur public
était avantagé par la détention des meilleures terres et la priorité dans
l'approvisionnement, le financement etc.
Par contre, le secteur privé dispose d'une capacité d'adaptation qui lui a permis de
traverser différentes crises et de surmonter les difficultés.
Pour ce qui est des terres, le secteur public a perdu des terres agricoles au profit de
l'industrie et de l'urbanisme. Car il était plus facile aux responsables de puiser sur le
patrimoine public en donnant des ordres que de prélever sur les terres privées ou
chaque prélèvement est soumis à une enquête et à des indemnisations.
Le secteur privé s'est heurté quant à lui à l'obstacle de l'indivision des terres qui
constitue un véritable handicap à l'investissement et désintéresse les cohéritiers du
travail de la terre.
Pour freiner la dégradation des terres, l'Etat a eu recours à plusieurs
restructurations des terres relevant du secteur public. Le secteur privé à été ignoré par
ces restructurations.
Ces restructurations successives ont provoqué une instabilité des parcellaires des
exploitations et des travailleurs. L'émiettement des terres du secteur public a entrainé
inévitablement une diminution de la SAU.
216
Le système de culture a connu une évolution lente mais perceptible à travers:
- la disparition des cultures riches, localisées à la périphérie des agglomérations sur
des terres fertiles travaillées par des générations d'agriculteurs, chassées par le béton
et la pollution.
- la réduction des superficies consacrées à la vigne et aux cultures industrielles.
La baisse des investissements a eu un effet négatif sur les systèmes de production
avec une tendance à l'intensification des cultures spéculatives et l'abandon des
cultures jugées stratégiques par l'Etat mais non rentables pour les agriculteurs ou leur
pratique extensive ne demande qu’ un faible capital (ressources techniques).
L'avenir de l'agriculture algérienne dépend de la recherche scientifique et technique
et de la diffusion des résultats de ces recherches. Pour cela, la formation, la
vulgarisation et le recyclage des agriculteurs sont indispensables.
L'information et sa diffusion par tous les moyens favorise et prépare la prise de
décisions des agriculteurs. Pour cela la généralisation de l'éducation et l'amélioration
du niveau de formation générale et technique devrait être des impératifs pour l'accès à
la profession. De même la profession a besoin de plus de démocratie et de
transparence dans la gestion et l'organisation des associations professionnelles
indispensables à la relance et au développement du secteur agricole ainsi qu'à la
revalorisation du travail en agriculture et à la promotion sociale des agriculteurs et du
monde rural.
217
Ceci garantie un développement durable à l'agriculture et favorise l'efficacité de
l'utilisation des ressources productives grâce aux progrès scientifique et technique et
aussi à la promotion économique et sociale des agriculteurs.
218
DEUXIEME PARTIE : Les perspectives
d’utilisation des ressources
productives.
219
INTRODUCTION:
L’évolution quantitative et qualitative des ressources productives a été limitée au
cours des quatre dernières décennies. Aussi l’impact sur la production agricole n’a
pas donné les résultats souhaités. Les rendements obtenus, restent inférieurs aux
rendements potentiels susceptibles d’être atteint moyennant une utilisation plus
rationnelle des ressources productives disponibles.
Comme demain (le futur) se prépare aujourd’hui (le présent) en se basant sur les
résultats enregistrés hier (le passé) les perspectives de l’agriculture algérienne
risquent d’être comparables à celles des années passées si une rupture drastique n’est
pas opérée d’avec les pratiques antérieures apparues et développées à l’ombre de
l’économie dirigée et qui ont démontré leur limite.
Dans cette seconde partie nous montrerons que des marges de progrès possibles de
la production agricole existent vraiment, mais demeurent tributaires du
développement global de l’économie et des moyens financiers dont disposent les
agriculteurs, notamment leur épargne, pour financer les investissements nécessaires.
Pour cela en effet, seul le secteur industriel pourrait alléger l’agriculture de son
fardeau constitué par le surpeuplement des campagnes à l’origine du sous –emploi, de
la faible productivité du travail et par conséquent de faibles revenus et donc de
l’épargne nécessaire à l’autofinancement des investissements.
220
L’intensification des échanges entre l’agriculture et l’industrie, rendue possible
grâce à un système de crédit plus adéquat, adapté à la complexité engendrée par
l’évolution de l’économie, impose à l’agriculture un rythme d’évolution, d’innovation
et de modernisation d’une part pour accroître sa capacité productive en utilisant plus
de produits de l’industrie, actuels et futurs, et d’autre part répondre à la demande de
l’industrie en produits agricoles et surtout rembourser les crédits contractés.
Cette intensification des échanges marque également le passage d’une agriculture
quasi-biologique, extensive, peu consommatrice d’intrants et peu productive, à une
agriculture plus progressive (agriculture conventionnelle, moderne) plus
consommatrice d’intrants, donc plus onéreuse et sûrement plus productive et dont la
mise en œuvre nécessite des agriculteurs plus compétents et surtout réceptifs aux
progrès.
Mais ce type de progrès, généralement situé en amont et en aval des exploitations
agricoles, présente évidemment des coûts que l’agriculture ne peut supporter au stade
actuel de son développement. Seul l’Etat peut prendre en charge partiellement ou
intégralement les investissements nécessaires.
On peut relever au moins deux catégories de progrès selon leur localisation en
utilisant deux approches différentes : l’une microéconomique qui s’intéresse à la
gestion de l’exploitation et à son résultat économique et l’autre macroéconomique
221
qui permet une insertion plus précise du secteur agricole dans l’économie nationale et
la planification.
- Les progrès situés au niveau de l’exploitation, dont le financement serait avant
tout du ressort des agriculteurs et de leur capacité à maîtriser l’évolution
même si certaines opérations pourraient être prises en charge par l’Etat sous
forme d’aides et de subvention à la production.
- Une autre catégorie de progrès, celle qui nous intéresse, relève de la
responsabilité de l’Etat. Elle profite indirectement aux exploitations agricoles
.C’est ce que les économistes appellent les externalités ou les économies
externes. D’ailleurs le désengagement progressif de l’Etat des activités
productives ne peut signifier son désintéressement total du secteur agricole,
mais au contraire une intensification des tâches, auparavant limitées et
ponctuelles telle que la mise en valeur des terres, le désenclavement des zones
isolées, la construction de barrages, le reboisement, la formation, recherche et
la vulgarisation etc. Toutes ces opérations ont un coût que devrait payer la
société, donc l’Etat, pour assurer une plus grande autonomie alimentaire et
préserver les ressources naturelles, financières et humaines tout en
sauvegardant les bases d’un développement durable.
Cette seconde partie sera divisée en quatre chapitres. Dans le premier nous
essaierons de montrer que des progrès sont possibles en matière de production
agricole, en procédant à des comparaisons avec d’autres pays, mais qu’ils restent
222
subordonnés au développement du secteur industriel. Le second chapitre fera l’objet
de l’étude des relations entre l’agriculture et l’industrie. Quant au troisième chapitre
il s’intéressera au coût du progrès et de la modernisation (sans quantification
exhaustive) de l’agriculture, notamment le coût social et le coût écologique qui
peuvent réduire à néant l’impact de l’industrie sur l’agriculture. Enfin le quatrième
chapitre sera consacré à des choix alternatifs du développement agricole et l’impact
sur la sécurité alimentaire.
223
Chapitre V:
Les marges de progrès possibles pour la
production agricole algérienne.
224
INTRODUCTION
Les résultats obtenus par l’agriculture algérienne au cours des quatre dernières
décennies, comparés à ceux de certains pays méditerranéens développés ou en voie
de développement, laissent apparaître un grand écart en matière de rendement par
unité de superficie et par unité d’élevage.
La réduction de cet écart constituerait un progrès pour la production agricole qui
dispose indéniablement d’une importante réserve de productivité due à l’inefficacité
des facteurs de production mis en œuvre dans le processus de production.
L’écart de rendement peut être mis en évidence par une analyse comparative, et
son explication appréhendée à travers la motivation des travailleurs agricoles et leur
accès aux ressources productives.
1. Analyse comparative :
Une comparaison pour être objective doit évidemment tenir compte de l’ensemble
des facteurs ayant contribué directement (facteurs de production – technologie) ou
indirectement (services – environnement) à la formation des produits. Or, cette tâche
s’avère pratiquement difficile sinon impossible à cause de la multitude d’indices
facteurs dont certains sont mesurables et d’autres d’ordre qualitatif à prendre en
considération. Aussi nous nous contenterons d’une analyse sommaire des résultats
obtenus par différents pays méditerranéens pour mettre en évidence l’écart entre les
rendements observés c'est-à-dire effectifs.
225
1.1. Analyse comparative avec les pays du Maghreb :
L’Algérie, la Tunisie et le Maroc présentent des similitudes en matière de
développement économique même si sur le plan institutionnel des différences
existent.
Ces trois pays maghrébins sont méditerranéens, disposent de ressources naturelles
spécifiques au bassin méditerranéen, même si le Maroc bénéficie de l’influence
océanique de l’Atlantique.
Et, compte tenu du niveau de développement (pays à revenus intermédiaires), le
niveau de technicité de la main d’œuvre ne peut être que très proche dans les trois
pays. En ce qui concerne le capital ou les ressources techniques utilisées l’Algérie
parait, d’après les statistiques disponibles plus avantagée que ses deux pays voisins.
Cette situation était valable avant 1988 c'est-à-dire la baisse du prix du pétrole.
L’agriculture algérienne était mieux équipée. Mais cette dotation en biens
d’équipement n’a pas eu l’effet sur un accroissement des rendements.
226
Tableau N°43 : Emploi du capital : Maroc, Tunisie, Algérie (1985)
Maroc Tunisie Algérie
Tracteurs (ha/tracteur) 324.0 166.0 87.0
Moissonneuses-batteuses (ha/MB) - 905 503.0
Semences certifiées (kg/ha) 14.8 16.5 28.3
Engrais (kg/ha) 51.3 17.2 54.6
Source : Agrostat 1990, FAO.
Les rendements de l’Algérie en particulier dans le secteur céréalier sont bas. Ils sont
inférieurs à ceux obtenus ces vingt dernières années au Maroc et en Tunisie comme
le montre le tableau N°44 . Ceci ne peut s’expliquer en partie que par l’utilisation peu
efficace des ressources.
Tableau N°44. Rendements de blés : Algérie, Maroc, Tunisie (1970-90)
Unité : quintal/ha
Moyenne 1970-75 Moyenne 1988-90
Algérie 6 6
Maroc 10 15
Tunisie 9 12
Source : Agrostat 1990, FAO.
En tenant compte uniquement des superficies consacrées à certaines cultures et
des rendements obtenus à l’hectare, par les trois pays maghrébins, nous constatons
que l’Algérie occupe la dernière place. Cela signifie que les rendements bas ne se
limitent uniquement aux grandes cultures cultivées en sec mais concernent aussi les
cultures irriguées comme le montre les résultats figurants au tableau ci-dessous
227
Tableau N° 45 :Rendement moyen par Kg/ hectare
Tunisie Maroc Algérie
1971/81 1986 1987 1988 1971/81 1986 1987 1988 1971/81 1986 1987 1988
Céréales totales 828 610 1150 632 812 1509 853 1483 656 837 759 671
- Blé 971 878 1401 782 894 1714 750 1250 652 808 778 769
- Maïs / / / / 602 818 652 896 1029 843 500 491
- Orge 600 600 600 600 785 1441 667 1372 669 893 753 545
Pomme de terre 12905 11333 12208 11180 14167 12443 18909 1395 6878 8397 8458 8482
Légumes secs
- Pois chiche 441 682 800 654 633 857 794 766 389 316 379 379
- Lentille 602 667 625 625 347 813 398 781 209 217 250 167
Tomate 17813 22340 26944 18500 40657 21858 36697 18779 11231 13567 13332 13611
Oignons secs 9000 12000 13462 9259 11991 16875 16564 16790 8143 7856 7907 7848
Ail 4578 3387 3333 3438 6103 6552 6667 19737 / / / /
Pastèques 14896 14706 17333 22500 17402 17561 17683 17590 6013 7934 8000 8000
Source :FAO-annuaire-ProductionVol421988
228
L’analyse des chiffres du tableau N° 45 présentant certains rendements agricoles
obtenus pas les trois pays maghrébins montre que l’Algérie occupe la dernière place
pratiquement pour la quasi-totalité des cultures. L’écart entre les rendements moyens
en céréales, cultures pratiquées sur de grandes superficies et où les conditions
climatiques influent énormément, reste modéré.
Par contre, l’écart se creuse de plus en plus avec les légumes secs et les cultures
maraîchères:
Pour les pois chiches, en 1988 l’Algérie n’a enregistré qu’un rendement moyen de
379 Kg / Ha par contre le Maroc et la Tunisie ont eu respectivement 766 Kg / Ha et
654 Kg / Ha.
Concernant la pomme de terre en 1987, l’Algérie a obtenu 8.458 Kg / Ha alors
que le Maroc et la Tunisie ont eu respectivement 18.909 Kg / Ha et 12.208 Kg / Ha
soit des rendements supérieur de 44 % pour la Tunisie et plus de 123 % pour le
Maroc par rapport à l’Algérie.
Cet écart entre les rendements se creuse encore plus comparé aux résultats des pays
développés.
1.2. Analyse comparative avec les pays développés :
Nous avons limité notre choix de pays développés aux pays du bassin
méditerranéen et pris comme référence ceux qui disposent d’une agriculture
performante par ses rendements : L’Espagne, la France et Israël.
229
Tableau N° 46 Les rendements moyens par culture :
Unité : Kg / Ha
Source : FAO annuaire – Production. Vol 42 – 1988
Superficie : 1000 Ha Rendement : en Kg / Ha
1979/81 1986 1987 1988 1979/81 1986 1987 1988
Céréales
Algérie 2986 2871 2727 2639 656 837 759 671
Maroc 4411 5192 5093 5406 812 1509 853 1483
Tunisie 1416 1053 1682 513 828 610 1150 632
Israel 129 116 120 114 1840 1750 2875 2259
France 9805 9481 9293 9284 4700 5315 5700 6051
Australie 15985 15740 13828 14160 1321 1524 1446 1559
Pomme de terre
Algérie - - - - - - - -
Maroc 35 44 28 42 14167 12443 18909 13095
Tunisie 10 15 15 16 12905 11333 12208 11180
Israël 5 5 5 5 36537 38296 40444 38333
France 238 201 197 183 28465 31134 34112 34596
Australie 36 36 37 39 23551 26717 27662 27179
Tomate
Algérie 23 25 36 36 11231 13567 13333 13611
Maroc 10 18 11 21 40657 21858 36697 18779
Tunisie 18 19 18 20 17813 22340 26944 18500
Israël 5 6 5 5 49861 48136 49923 43704
France 18 13 12 13 45572 56677 60104 57642
Oignons secs
Algérie 15 21 22 22 8143 7856 7907 7848
Maroc 13 16 16 16 11991 16875 16564 17790
Tunisie 2 3 3 3 9000 12000 13462 9259
Israël 3 2 2 2 17061 21046 21491 21500
France 8 6 7 6 19004 35159 32235 31769
Espagne 32 34 31 32 29282 33895 35805 35813
Pastèque
Algérie 28 40 40 40 6013 7934 8000 8000
Maroc 8 8 8 8 17402 17561 17683 17590
Tunisie 14 17 15 12 14896 14706 17333 22500
Israël 5 6 6 6 14998 16509 16749 16102
France / / / / 15462 30000 30000 30000
Australie 4 6 6 6 11976 15298 15689 15906
230
Tableau N° 47 : Les rendements moyens par culture :
Unité : Kg / Ha
Tunisie Maroc Algérie
2000 2001 2002 2003 2004 2000 2001 2002 2003 2004 2000 2001 2002 2003 2004
Blé 1172 2000 1414 2204 1444 475 1228 1279 1722 1041 919 1110 1073 1448 1444
Orge 207 543 833 1155 1195 757 1114 1036 1562 1300
Pois chiches 579 598 780 780 780 342 638 774 750 750
Lentilles 350 350 350 350 350 64 307 682 620 620 281 497 472 450 450
Pomme de terre 14009 15493 14039 11600 13800 18019 18774 23198 22302 22302 16614 14702 18372 21203 20000
Tomate 38152 34403 41040 36740 35185 38803 48944 51967 52585 52585 18602 20851 19170 20500 20500
Oignons sec 14097 18008 21033 23194 23194 11919 14141 15109 15000 15000
Ail 1918 2320 2280 2320 2320 6641 5619 5666 5386 5386 3987 3803 4025 4000 4000
Poivron 24265 29362 28314 26982 26982 10992 10000 10267 10312 10312
Pastèque 15102 15510 18691 18691 18691 22687 27347 29714 33931 33931 13757 14542 14531 14531 14531
Raisin 3990 3812 4324 4597 4666
Oranges 11022 10002 9950 10000 10000
Source : site / www. Faostat. Fao. Org.
231
Tableau N° 48: Les rendements moyens par culture :
Unité : Kg / Ha
Israël Espagne France
2000 2001 2002 2003 2004 2000 2001 2002 2003 2004 2000 2001 2002 2003 2004
Blé 1465 1943 2364 2835 1846 3099 2300 2824 2835 3292 7117 6617 7445 6249 7578
Orge 1132 1020 1290 3450 2000 3375 2088 2687 2816 3331 6330 5747 6687 5599 6764
Pois
chiches 703 690 821 825 723
Lentilles 899 692 804 748 748 1710 1413 1509 1214 1230
Pomme de
terre 34434 34764 32758 34808 34808 25919 25992 27303 26930 28426 39559 37462 42380 40362 43125
Tomate 84150 83597 136631 121515 125806 60469 63012 65183 59668 56034 116347 120018 126285 135269 131538
Oignons sec 32258 30000 30531 29562 28125 43835 46929 47671 45378 45370 40864 37870 43509 36047 37000
Ail 6239 8049 81176 7840 7840 7160 7613 7797 8038 7229 7924 7965 7904 6844 7000
Poivron 44917 47161 58200 58850 55000 40801 42971 42960 45190 45396 31075 32282 36635 38240 38571
Pastèque 25501 25652 21529 20000 20937 39204 37637 36897 45769 40958 33864 34311 35537 33381 35000
Raisin 5600 4584 5151 5885 5751 9016 8388 7952 7413 8666
Oranges 34490 40814 30648 29237 27884 19446 20988 21159 21921 20714 16176 16253 15400 13577 13333
Source : site / www. Faostat. Fao. Org
232
L’Espagne et la France sont dans l’ensemble, mieux dotées en ressources naturelles
que l’Algérie. Israël, par contre, plus proche de la rive sud de la méditerranée dispose
de ressources naturelles moins favorables.
L’avantage de ces pays, au développement assez différencié, réside dans leur main
d’œuvre plus qualifiée et surtout plus motivée, ainsi que leur possession d’un capital
technique important c’est à dire d’un outillage ou moyens de production performant,
d’une technologie de pointe et aussi d’un environnement favorable au développement
de l’agriculture.
Pour les pays développés, les rendements enregistrés, sont encore plus importants
que ceux des pays maghrébins.
Comme indiqué aux tableaux N° 46, 47 ,48 les rendements en céréales sont 8 à
10 fois supérieurs à ceux de l’Algérie. Les rendements moyens en pomme de terre,
tomates, oignons sont 4,5 fois plus importants que ceux obtenus par l’agriculture
algérienne. Nous avons délibérément limité notre comparaison aux produits de base.
Mais globalement ces proportions peuvent être appliquées à l’ensemble des fruits et
légumes. Les rendements des produits d’élevage, lait, viande sont pratiquement le
double de ceux obtenus par les élevages bovins algériens avant la dernière réforme.
Si on élargie notre champ d’analyse comparative à d’autres pays disposant des
conditions naturelles semblables à celles de l’Algérie comme par exemple une partie
233
de l’Australie et la Californie l’écart de rendement ne peut aussi s’expliquer que par
les capitaux injectés dans l’agriculture et la technicité de la main d’œuvre.
Donc ce sont le capital technique et le capital humain qui sont à l’origine de
l’écart existant entre les rendements des pays développés et ceux des pays en
développement tel que l’Algérie.
Utilisation d'engrais par hectare de terres agricoles :
La consommation moyenne d’engrais par hectare de terres arables dans le bassin
méditerranéen est de 113 kg/ha en 1997. Elle est en augmentation dans tous les pays
depuis 1960, excepté en Albanie et en Algérie où elle a diminué depuis ces dernières
années, pour s’approcher des niveaux de 1960 (7 kg/ha et 12 kg/ha respectivement).
La France consommait 261 kg/ha en 1997, après avoir atteint les 300 kg/ha dans
les années 80.
En Grèce, la consommation par hectare a également légèrement baissé, après avoir
atteint son maximum au début des années 1990.
Tableau N° 49 : Utilisation d'engrais par hectare de terres agricoles
(Kg/Ha)
ESPAGNE FRANCE ITALIE GRECE
1961 35 113 56 43
1970 59 244 90 86
1980 81 297 170 134
1990 98 296 163 175
1997 108 261 168 129
Source : FAO, 1999
234
Dans tous les autres pays, les augmentations de la consommation sont très
importantes.
Elle a été multipliée par 10 au Proche-Orient, entre 1961 et 1997 (de 9 à 87 kg/ha).
Israël (274 kg/ha) et le Liban (195 kg/ha) ont des niveaux d’utilisation équivalents ou
supérieurs aux pays européens.
La Syrie (67 kg/ha) et la Turquie (63 kg/ha) sont situées sous la moyenne
méditerranéenne, mais ont vu leur consommation multipliée par 30 et 20, depuis
1960.
L’Egypte, où toutes les terres arables sont irriguées, est le plus grand consommateur
d’engrais à l’hectare des pays méditerranéens avec 306 kg/ha en 1997.
Dans le Maghreb, les quantités utilisées sont bien moindres, de l’ordre de 23 kg/ha en
moyenne pour la même année.
Tableau N°50 : Utilisation d'engrais par hectare de terres agricoles
Unité (Kg/Ha)
MAROC ALGERIE TUNISIE ISRAEL
1961 4 7 4 91
1970 12 16 8 140
1980 26 31 13 192
1990 35 18 17 235
1997 32 12 19 274
Source : FAO, 1999
235
Le faible niveau d’utilisation des engrais par l’agriculture algérienne explique en
partie seulement le faible niveau des rendements et pour compenser cette insuffisance
les agriculteurs ont eu tendance à exploiter plus de terre .Une ressource rare
puisqu’elle est fixe et inextensible. De tous les pays méditerranéens figurants au
tableau n° 48 l’Algérie y consacre le plus de terre surtout aux cultures maraichères
qui ne peuvent être qu’intensives pour rentabiliser les facteurs de productions. Or de
ce tableau il ressort que même ces cultures sont extensives au regard des superficies
utilisées et des rendements obtenus.
Dans les pays développés le capital technique se trouve en général en harmonie avec
le niveau de formation et d’expérience de ses utilisateurs.
Donc, faut- il investir plus pour réduire cet écart ? Certes l’accumulation est, une
condition nécessaire mais non suffisante, en mesure d’entraîner une augmentation des
rendements, comme elle ne peut que provoquer une hausse des coûts de production
sans un accroissement notable du volume de production.
La mise au point d’un outillage ou d’une technologie répond à un besoin ressenti
et exprimé par les agriculteurs et auquel tendent de répondre les industriels et les
laboratoires de recherches. Ainsi, la technologie n’est pas plaquée sur une réalité en
déphasage avec le lieu qui l’a vu naître comme c’est le cas dans les pays en
développement.
236
IL faut noter cependant que les rendements agricoles algériens ont connu un
accroissement important au cours de la période 2000 – 2004 par rapport à la période
1980 – 1988 comme indiqué le tableau N° 46 et N°47 et N°48.
Mais, et en dépit de cet accroissement l’écart avec les rendements des pays
maghrébins reste assez significatif dans la mesure où eux aussi ont enregistrés des
augmentations notables de leur rendement selon les cultures.
L’élévation des rendements algériens est elle due à une bonne conjoncture
climatique ou est elle le résultat des reformes économiques menées par l’Etat depuis
le début des années 1990 ou encore aux sommes considérables des aides et
subventions dont a bénéficié le secteur agricole dans le cadre de la relance
économique PSRE par le biais du programme consacré à l’agriculture : le PNDA. Il
semble bien que l’abandon du système socialiste avec ses contraintes a libéré les
initiatives des agriculteurs du moins dans les filières spéculatives : fruits et légumes
frais, viandes et produits laitiers, œufs. Par contre la quasi stagnation des rendements
demeure la règle dans les cultures stratégiques : céréales, cultures industrielles
légumes secs jugées peu rémunératrices.
Comme indiqué aux tableaux précédents le rendement moyen des céréales :
Le blé était de 8,08 Qx / ha en 1986 il est passé à 14,44 Qx / ha en 2004.
L’orge de 6,69 Qx / ha il est passé à 13 Qx / ha en 2004.
Par contre la pomme de terre est passé dans le même temps de 68,78 Qx / ha à 200
Qx / ha et la tomate de 112,31 Qx / ha à 205 Qx / ha.
237
La pastèque jugée culture spéculative par excellence a vu son rendement moyen
passé de 60,13 Qx / ha à 145,31 Qx / ha.
Beaucoup de progrès cependant restent à faire pour l’agriculture algérienne. Ces
progrès relèvent du domaine du possible, car les rendements à la portée des
agriculteurs marocains ou tunisiens peuvent aisément être réalisés par les agriculteurs
algériens. Une fois les niveaux maghrébins atteints, ce sera vers le niveau européen
auquel il faudrait tendre.
Ces rendements probables pour l’agriculture algérienne permettraient
d’économiser plus de terre et plus d’eau d’irrigation qui seront affectées à d’autres
activités comme le montre les chiffres figurant au tableau N°46 concernant par
exemple la culture d'oignon. La France, en 1988, avec 6.000 ha et un rendement de
31.769 kg/ha produit 190 614 tonnes .Par contre l'Algérie utilise 22 000 ha et ne
produit que 172.656 tonnes. IL est évident que si le rendement algérien atteindrait le
rendement français il permettrait de libérer, toute chose égale par ailleurs, plus de
16.000 ha qui seront affectés à d'autres spéculations tout en gagnant 17.958 tonnes.
En d’autres termes l’écart entre les rendements réel et potentiel algériens est énorme.
Aussi pour une production fixe, chaque fois que le rendement réel tend vers le
rendement potentiel la superficie réservée à la culture diminue.
Pour cela, il faudrait que les agriculteurs concernés soient d’abord motivés et
intéressés. Qu’ils disposent de certaines facilités d’accès aux ressources et que
238
l’administration chargé du contrôle et de l’orientation du secteur agricole doit être
plus impliquée et associé aux résultats pour pouvoir mieux aider et accompagner ces
producteurs et surtout réguler la production pour éviter les grandes variations de prix
qui nuiront aux producteurs et aux consommateurs .
2. L’intéressement des travailleurs :
L’accroissement des rendements agricoles et par conséquent la réduction de l’écart
existant entre les rendements observés et les rendements potentiels ou probables
passe d’abord par l’intéressement des travailleurs quelque soit leur statut
professionnel. Ces travailleurs chargés de mettre en œuvre les différents acquis des
travaux de recherches et d’innovation devraient être suffisamment motivés et
sensibilisés aux résultats possibles qui seraient obtenus par une utilisation efficace
des facteurs de production. Le système d’exploitation des terres a changé de nature
avec l’extinction de la propriété collective on ne peut évoquer dans ce cas que la
motivation des paysans à travailler la terre.
2.1. L’incitation des travailleurs du secteur public :
Les instances élues, parfois marginalisées et souvent discrédités ont perdu toute
autorité sur les travailleurs. Le statut octroyé aux travailleurs a fait d’eux beaucoup
plus des assistés que des autogestionnaires producteurs responsables. Cette situation a
durée un quart de siècle depuis l’indépendance de l’Algérie jusqu’à la promulgation
de la loi 87 – 19 du 08 décembre 1987 qui a démantelé le secteur socialiste. Durant
239
cette période il était difficile à un responsable de sanctionner ou de récompenser un
travailleur. Ceci a en partie contribué à dévaloriser le travail agricole, démobiliser les
travailleurs et créer un climat de désobéissance et une forme de résistance passive,
surtout lorsque les responsables du domaine n’ont ni formation ni expérience et
encore moins le charisme nécessaire de meneur d’hommes.
Le désengagement de l’Etat de la sphère de production a ainsi consacré le triomphe
de l’économie de marché et la domination du système d’exploitation du secteur privé
qui pourtant ne se trouve pas dans une situation meilleure en Algérie.
2.2. La motivation des paysans du secteur privé :
Disposant d’une marge de manœuvre plus importante le secteur privé, lorsque les
conditions le lui permettent, s’adonnait beaucoup plus à des cultures spéculatives et
répond ainsi à la demande solvable importante des consommateurs en produits frais :
fruits et légumes, viandes et produits animaux.
Employant une main d’œuvre familiale et salariée plus flexible, il dispose d’une
grande latitude dans la fixation des rémunérations en fonction de la disponibilité ou
de la rareté de la force de travail, chose que le secteur public ne peut faire car la
rémunération est fixée par les textes réglementaires.
Les cultures stratégiques (céréales, lait, cultures industrielles…) ont été négligées
et n’ont pas bénéficie des soins qu’elles méritaient car elles étaient peu
rémunératrices pour les agriculteurs et trop couteuses pour l’Etat qui détient le
240
monopole de collecte et préféra s’approvisionner auprès du marché mondial à
moindre frais au lieu d’aider les agriculteurs à intensifier leurs cultures mais sans
aucune garantie de réussite.
Les nouvelles exploitations agricoles issues de la dernière restructuration
consécutive a l’application de la loi 87 – 19 ont permis un élargissement du secteur
privé, qui se trouve cependant et depuis toujours confronté à un difficile accès aux
facteurs de production fautes de moyens financiers et de disponibilités de ressources
en quantités suffisantes et aux prix abordables par les petits paysans. Faute d’accès
plus facile aux ressources productives, une bonne partie de paysans se replie sur elle
même et se réfugie dans une agriculture de subsistance tout en cherchant à pratiquer
d’autres activités afin d’améliorer leur revenu. Certains laissent leur terre en friche et
d’autres l’abandonnent et sont candidats potentiel à l’exode.
3. Faciliter l’accès aux facteurs de production :
Les marges de progrès probables concernent l’ensemble des facteurs de
production. Une gestion toujours plus rationnelle des facteurs améliore leur efficacité
et partant leur productivité. Avec des quantités moindres de facteurs, grâce aux
applications des progrès scientifiques et techniques, on peut obtenir le même volume
de production voir un volume plus important tout en utilisant les même quantités de
ressources rares en particuliers les ressources naturelles.
241
3.1. Accès au foncier :
L’absence d’un marché foncier formel structuré a pénalisé et pénalise encore les
propriétaires qui veulent se séparer de leur terre, en cas d’héritage ou de cessation
d’activité par manque de vocation ou par ambition.
L’obstacle au développement agricole le plus important demeure celui de la
propriété en indivision qui stérilise la terre et même l’abandonne en friche. La
mésentente entre les cohéritiers provoque en général l’abandon de la terre surtout si la
propriété est parcellisée et ne trouve pas de locataires, qui préfèrent des exploitations
d’un seul tenant, ou d’associés. Faute d’entretien la terre se dégrade et le capital
foncier perd sa valeur et se déprécie. La majorité des exploitations agricoles
algériennes se trouvent en indivision du moins celles du secteur privé historique. Une
enquête récente, limité à la zone des hautes plaines a révélé que 41 % des
exploitations privées et 60,5 % des terres exploitées sont concernées par
l’indivision.65
Cependant faute de statistiques actualisées nous ne pouvons que
relever cette situation sans pouvoir la mesurer ni apprécier son importance sur les
terres en friche et encore moins son incidence sur la production. Aussi l’accès à la
terre et par conséquent à la profession agricole ne peut avoir lieu que par voie
d’héritage. Les investisseurs potentiels ne trouvent pas de terre. La seule possibilité
d’accès au foncier agricole reste la mise en valeur des terres relevant du domaine de
65 Aît Amara .H : La transition de l'agriculture algérienne vers un régime de propriété individuelle et d'exploitation
familiale. Cahiers Option Méditerranéenne vol.36 1999.
242
l’Etat dans des zones prédéterminées avec toutes les tracasseries administratives pour
l’octroi et l’aménagement des parcelles. .
Pour pallier à la rareté de la terre l’accès aux ressources techniques s’avère plus
que nécessaire. L’émiettement du secteur public agricole a aggravé la situation du
foncier en donnant naissance à des exploitations de faibles superficies.
3.2. La disponibilité des ressources techniques en quantité et qualité :
Pour avoir un accès aux ressources techniques il faudrait d’abord qu’elles soient
disponibles. Ces ressources permettent, par effet de substitution, d’économiser les
ressources naturelles par une amélioration de leur productivité.
L’agriculture algérienne a toujours été confrontée au manque de ressources
techniques dû aux pénuries (réelles ou provoquées) ou à leur prix élevés qui les rend
inaccessibles à la majorité des agriculteurs.
Même si les disponibilités en facteurs de production calculées ex post semblent
suffisantes cela ne veut rien dire si ces facteurs sont de moins bonne qualité ou s’ils
ont été livrés aux exploitations agricoles en retard ou encore ont été mal utilisés par
les agriculteurs. L’essentiel pour la production agricole s’est de trouver au moment
voulu le facteur nécessaire pour permettre un semis, une croissance à la plante, sa
protection, sa récolte et son transport. Ces perturbations souvent inévitables
243
entraînent une inefficacité des facteurs de production qui influe sur le volume de
production et par conséquent sur les quantités livrées aux consommateurs.
La distribution des ressources techniques reste donc tributaire de l’efficacité des
services administratifs à tous les niveaux placés en amont et en aval des unités de
productions.
3.3. Une administration au service de la production :
Les efforts de l’Etat, en vue de contrôler, de réguler et d’orienter la production
par le biais de ses services administratifs sont restés en deçà des effets souhaités et
des moyens consentis (révolution agraire, villages socialistes, offices
d’approvisionnement et de commercialisation, banques, etc.…)
Plusieurs causes sont à l’origine des résultats mitigés obtenus. D’abord l’étendue
du secteur agricole rend difficile la tâche des intervenants qui le plus souvent
disposent de peu de moyens et surtout de peu de motivation. Ensuite, et du fait qu’ils
ne sont pas soumis aux résultats, ces intervenants ne sont comptables envers aucune
structure, étant ni contrôlables ni responsables toutes les erreurs sont assumées par les
producteurs.
Que le financement ne soit pas régulier ou que les semences arrivent en retard et
de moins bonne qualité, que la production n’est pas prélevée à temps et que les
produits périssent sur place ce sont toujours les agriculteurs qui sont perdants.
244
L’éparpillement des agriculteurs, leur grand nombre et leurs intérêts divergents, la
dispersion des entreprises parfois enclavées exigent une administration efficace au
service de la production afin d’éviter les pertes des produits et le gaspillage des
ressources. L’amélioration de la gestion administrative, c'est-à-dire une meilleure
gouvernance, contribuerait à une augmentation de la production et à une réduction de
l’écart existant entre les rendements acquis et les rendements probables ou potentiels.
245
CONCLUSION :
Les rendements réalisés par l’agriculture algérienne s’expliquent en partie par le
niveau d’utilisation des intrants et notamment la consommation d’engrais par ha
comme nous l’avons signalée précédemment. Si l’on ajoute les contraintes
inhérentes à une main d’œuvre peu qualifiée, un environnement socioéconomique
peu favorable et une sous utilisation d’autres facteurs de production on s’aperçoit que
ces niveaux de rendement se justifient et expliquent largement l’écart existant avec
les pays méditerranéens.
Donc les marges de progrès sont encore considérables mais la réduction de l’écart
entre rendements potentiels et rendements réels s’avère bien difficile à réaliser. Elle
relève avant tout de la politique de l’Etat, de l’intéressement des agriculteurs et de
leur motivation à produire des produits de qualité en quantité suffisante.
La motivation ne peut provenir que de la technicité indispensable aux agriculteurs
afin qu’ils puissent entreprendre les innovations nécessaires et appliquer le progrès
techniques dans leurs activités. Ceci passe par la formation, la revalorisation du
travail en agriculture et de la profession agricole, de la reconnaissance de
l’expérience et des compétences des agriculteurs, afin de permettre la stabilité à
l’élite agricole.
L’agriculture restera toujours un secteur stratégique important. Sa mise à niveau
avec les agricultures méditerranéennes exige beaucoup de moyens que seul l’Etat
246
sera amené à mettre à la disposition des agriculteurs. L’agriculture algérienne a
surtout besoin de stabilité, de sécurité, de transparence et de visibilité pour préparer le
futur .Ces conditions relèvent toutes beaucoup plus de la volonté politique que de
l’économique. Comme elle a également besoin d’un secteur industriel fort pour
assurer ses approvisionnements en quantité et qualité afin d’améliorer sa productivité
et sa compétitivité pour les produits destinés à l’exportation.
247
Chapitre VI :
La relation agriculture – industrie.
248
INTRODUCTION
Le développement d’une agriculture intensive ne peut se concevoir et se
poursuivre de manière efficace indépendamment du secteur manufacturier. En effet,
les résultats de plus en plus performants obtenus par l’agriculture à travers le monde,
en termes de rendement et de productivité, n’ont été possibles que grâce aux produits
industriels livrés au secteur agricole et utilisés dans le processus de production
agricole.
Le secteur agricole se trouve placé au centre d'un complexe agro-industriel où se
situent en amont des industries produisant des facteurs de production (machines,
engrais…) et en aval des industries de transformation alimentaires qui transforment
les produits agricoles bruts en produits alimentaires prêts à l’emploi et font gagner du
temps à la ménagère. L'intensité des échanges entre les deux secteurs a renforcé la
dépendance de l'agriculture pour ses approvisionnements et ses livraisons et aussi en
matière d'emploi du surplus de sa main d'œuvre.
1. Les retombées de l’industrialisation :
L’industrialisation avait parmi ses objectifs, outre la fourniture des biens destinés
à l’agriculture, la création d’emploi et la réduction du chômage pour améliorer le
niveau de vie de la population. Les objectifs en matière d’emploi et de revenu ont-ils
été atteint? Quel était leur impacte sur le secteur agricole?
249
1.1. Le rythme d’absorption du surplus de la main d’œuvre agricole :
Les industries mises en place dans le cadre de la stratégie de développement,
adoptée par l’Algérie se caractérisaient par une forte intensité de capital (industrie
lourdes, industries- industrialisantes) et une faible création d’emploi. Les emplois
crées exigeaient un niveau de formation et d’expérience assez élevé qui n’est pas à la
portée de la population active algérienne et encore moins à la population paysanne.
Pendant longtemps l’encadrement des unités industrielles était assuré par des
coopérants techniques étrangers.
Le secteur agricole, disposant d’un important réservoir de main d’œuvre non
qualifiée a néanmoins fourni à l’industrie et aux autres secteurs notamment le
bâtiment et travaux publics, les administrations et les transports la main d’œuvre
nécessaire à leurs activités. Cependant, le fort taux de croissance démographique que
connaissait la campagne a fait que pratiquement tout départ est compensé de
nouveaux arrivants de sorte que le solde se trouve toujours excédentaire entre le flux
des partants et le flux des arrivants sur le marché du travail agricole.
Selon M. Tayeb Nadir sur 550.000 demandes d’emplois de 18 à 59 ans dénombrés en
1977 prés de 2/3 provenaient du monde rural66
.
66 M. Tayeb Nadir op. cit. : p 131.
250
Les emplois crées ont bénéficié avant tout aux citadins mais la démographie
galopante n’a pas permis un allégement notable du surplus de mains d’œuvre du
secteur agricole où les taux de chômage et de sous emplois restent élevées.
Même s’il est parfois signalé un manque de main d’œuvre agricole, dans les zones
situées à proximité des pôles industriels et des grandes agglomérations, cette pénurie
n’est que temporaire. Elle est liée à la nature du travail saisonnier inhérent à l’activité
agricole qui présente des périodes de pointe exigeant beaucoup de travail notamment
au moment des récoltes.
L’industrie n’a pas réussi à alléger l’agriculture de son fardeau de main d'œuvre
pléthorique qui règne dans les campagnes.
La croissance démographique en zone rurale compense les flux de départs dus à
l’exode agricole qui en fin de compte n’aura qu’un faible impact sur la production et
sur le revenu des agriculteurs.
1.2. L'amélioration du revenu moyen dans les campagnes :
L'amélioration des revenus des agriculteurs exploitants indépendants et des
salariés agricoles ne peut résulter que d'une amélioration des rendements et de la
productivité. Les effectifs disponibles ne laissent aucune possibilité à une
amélioration des revenus par une diminution du nombre de travailleurs qui se
partageront le revenu agricole grâce à l'augmentation de la capacité de production
par travailleur notamment la terre. Le revenu peut également être amélioré grâce à
251
l'augmentation de la production qui au préalable doit faire des acquisitions de plus en
plus importantes de facteurs de production auprès du secteur industriel .Cette
substitution du capital au travail devient indispensable. Mais comment concilier cette
substitution et l'aggravation du chômage qui en découle. Celui-ci peut être atténué
seulement dans la mesure ou les ressources techniques proviendraient de l'industrie
nationale et non de l'étranger .Et, est-ce que l'industrie algérienne est en mesure de
satisfaire les besoins de l'agriculture en facteurs de production. C'est ce que nous
tenterons de montrer maintenant à travers les livraisons à l'agriculture.
2. Les livraisons des facteurs de production à l'agriculture :
L'Algérie a mis en place des industries mécaniques et chimiques pour répondre
aux besoins de l'agriculture, moderniser le secteur et créer des emplois .Ces capacités
de production disponibles sont suffisantes, mais restent sous utilisées. Avec un tissu
industriel peu étoffé, et des taux d'intégration variables selon les industries par
manque de PME-PMI en mesure d’assurer la sous-traitance et la maintenance à ces
industries lourdes le recours aux importations est devenu la règle. Des pannes
bloquent parfois les chaines de production pour une simple pièce de rechange.
La modernisation de l'agriculture c'est avant tout la mécanisation et principalement la
motorisation.
252
La production de tracteurs en Algérie a commencé en 1974 avec l'usine Moteurs-
Tracteurs dans la wilaya de Constantine. Sa capacité théorique était de six milles
(6000 )tracteurs agricoles pneumatiques par an destinés essentiellement à équiper
l'agriculture et renouveler son parc .Le montage de tracteurs à chenilles se faisait déjà
à Rouïba avec quelques dizaines d'exemplaires par an et s'est poursuivi jusqu'en
1977.Les livraisons à l’agriculture de tracteurs à roues et à chenilles proviennent de
la production et des importations Les exportations de tracteurs vers des pays en
développement ont eu lieu notamment vers le Maroc, la Mauritanie et l'Irak , mais au
détriment de l'agriculture. Comme le montre les chiffres du tableau N° 51 la
production nationale arrive difficilement à couvrir les livraisons faites à l'agriculture.
Elle a atteint sa vitesse de croisière en 1983 avec la sortie de plus de 6.000 unités puis
a chuté à 1279 unités en 1996.
253
Tableau N° 51 : Production de tracteur et livraison à l’agriculture :
1967 1968 1969 1970 1971 1972 1973 1974 1975 1976
Roues
P/L
P
L
%
981
3118
31.5
340
3272
10.4
220
2708
8.1
-
3356
-
-
986
-
-
883
-
388
3090
12.6
799
3456
23.1
1562
2496
62.6
1819
1138
159.8
Chenilles
P /L
P
L
%
178
669
26.6
13
714
7.5
-
374
-
-
491
-
-
141
-
-
431
-
-
1339
-
-
961
-
15
1437
1.0
60
536
11.2
1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986
Roues
P/L
P
L
%
2779
3188
87.2
3633
4337
83.8
4840
2923
165.6
4206
-
-
4379
-
-
4500
-
-
6002
-
-
5927
-
-
6250
-
-
6323
6939
91.1
Chenilles
P/L
P
L
%
90
1052
8.5
-
609
-
-
368
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
/
394
/
1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997
Roues
P /L
P
L
%
3513
5256
66.8
3404
-
-
2965
-
-
3505
-
-
3203
-
-
3009
4809
159.8
4632
3893
84
3385
2092
61.8
2712
1718
63.3
1279
1142
89.2
-
617
-
Chenilles
P
L
%
-
699
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
441
-
-
821
-
-
407
-
-
71
-
-
53
-
-
10
-
Source : ONS – Annuaires statistiques
A partir de 1993 les livraisons sont inférieures à la production .Ceci ne veut pas
dire que l'agriculture a atteint un stade d'équipement avancé et qu'elle n'a pas besoin
d'une extension de son parc ni de son renouvellement .La seule explication à cette
chute des livraisons ce sont les prix. Le prix du tracteur devenu inaccessible aux
agriculteurs. Cet état de fait est aggravé par l'absence d'une politique de crédit
adaptée à la nouvelle situation du secteur agricole et bien rodée.
254
L'opération leasing (crédit bail) lancée ces dernières années pour sauver l’industrie
mécanique n'a pas eu de succès auprès des agriculteurs.
De ce fait la Sonacomme (Unité de production ) se retrouve avec des stocks de
tracteurs et des créances qui l'obligent à réduire son activité et à mettre une partie de
son personnel au chômage technique et à licencier des travailleurs d'une manière
déguisée en ayant recours aux formules de départs volontaires indemnisés, aux
préretraites etc.
Ce qui est valable pour les tracteurs l'est aussi encore plus pour les moissonneuses
batteuses dont les livraisons ont chuté de 592 unités de 1992 à 200 unités en 1993
pour atteindre 74 unités en 1996 soit 22,5 % de la production qui s'élevait à 328
unités comme le montre les chiffres figurants au tableau N°52.
Tableau N°52 : Moissonneuses batteuses
1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989
P
L
P/L %
416
-
-
610
-
-
590
-
-
700
-
-
1162
1076
108
280
521
54
661
-
-
314
-
-
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997
P
L
P/L %
567
-
-
510
-
-
530
592
89
291
200
145
176
170
103
46
28
164
328
74
443
-
-
-
Source: ONS- (P :production - L :livraison)
La production des moissonneuses-batteuses, autres machines indispensables à
l'activité agricole pour la récolte des céréales a été lancée en 1982 à Sidi- Bel-Abbes
255
avec une production théorique annuelle de1000 unités. Le niveau de production a
atteint un maximum avec 1162 unités produites en 1986 et puis de chuter à 46
unités une décennie plus tard comme indiqué au tableau N° 52 . Comme pour les
tracteurs la production nationale n'arrive pas à satisfaire la demande et le recours aux
importations devient indispensable avec tous les inconvénients liés aux pièces de
rechanges, aux services après vente surtout s’il y a diversité des fournisseurs. Depuis
1993 la production couvre largement les livraisons et se retrouve même avec des
stocks de MB et de tracteurs.
Les industries chimiques
L'Algérie dispose de plusieurs unités de production d'engrais, souvent avec des
capacités de production sous utilisées, dont les capacités de production théoriques
sont rarement atteintes.
L'unité de production d'engrais phosphatés de Annaba entrée en production dans les
années 1970 avec une capacité de 55.000t /an
Les unités de production de production d'ammoniac et d'ammonitrates nécessaires à
la production des engrais azotés ont été implantées à Arzew et Skikda prés des zones
de raffinages des hydrocarbures avec des capacités de production respectives de
55.000 tonnes et 85.000 t/an.
Les engrais potassiques et les engrais composés sont importés dans leur totalité.
Comme le montre le tableau N° 53 les livraisons d'engrais azotés et d'engrais
phosphatés, compte tenu du niveau de consommation de l'agriculture et de son degré
256
d'intensification, sont largement couvertes par la production et il existe un résidu
pour l'exportation.
Tableau N° 53 Production d'engrais et livraison à l'agriculture
Unité : 103 tonnes
1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985
N engrais azotes (103 T)
P
L
P/L : %
-
-
-
-
-
-
-
-
-
44
143
30.7
131
119
110
111.7
107
104
203
166
122
256
204
125
P engrais phosphates
(103T)
P
L
P/L: %
-
-
-
-
-
-
-
-
-
129
108
119
133
91
146
188
84
223
271
115
235
261
141
185
K engrais potasse
P
L
P/L: %
- 1.07
-
- 4.5
-
- 0.25
-
- 0.66
-
- 0.61
-
- 0.28
-
- 0.18
-
- 2.47
-
Engrais composés
P
L
P/L : %
4
114
-
172
-
-
154
-
-
177
-
52.2
155
33.7
88
138
63.7
-
128
-
-
122
-
1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996
N:azote
P
L
P/L: %
267.1
194
137.7
271
176
154
248
145
171
229
101
226.7
263
76
346
-
102
-
193
75
257.3
235.7
107
220.3
220.4
102
216
61.1
49
124.7
12
14
85.7
Phosphate
P
L
P/L: %
256.7
163
157.5
278
128
217
239
108
221.3
193
65
297
173
48
360
-
34
-
154
23
669.5
204.1
41
498
179.1
34
526
80.3
28
287
45.8
16
286
K:potasse
P
L
P/L: %
-
3.46
-
-
4.90
-
-
1.59
-
-
2.36
-
-
1.87
-
-
1.89
-
-
1.34
-
-
0.22
-
-
0.36
-
-
4.77
-
-
2.66
-
Composés
P
L
P/L: %
-
246
-
-
232
-
-
193
-
-
171
-
-
145
-
-
137
-
-
122
-
-
155
-
-
132
-
-
97
-
-
76
-
Source :ONS (P :production , L :livraison)
257
Les livraisons en volume des principaux facteurs de production restent encore
suffisamment tributaires des importations. Cette dépendance se répercute
inexorablement sur le volume de production agricole qui sera livré aux
consommateurs (les ménages) et aux unités industrielles de transformation placées
en aval du secteur agricole.
3. Les livraisons des produits agricoles au secteur industriel :
L'articulation agriculture -industrie qui constitue le vecteur déterminant pour la
diffusion du progrès technique dans l'agriculture ; n'a pas joué le rôle qui lui était
dévolu dans le cadre des cultures industrielles: oléagineux, betteraves à sucre, coton,
tabac etc. Cette situation, s'est traduite par des importations pour le fonctionnement
de l'appareil de production du moins pour les produite alimentaires de base: les
céréales, les oléagineux, le lait, sucre.
-L’industrie céréalière :
Cette industrie fonctionne essentiellement avec des blés importés ayant nécessité
une enveloppe de 345 millions de dollars U.S en 1990-1991. La part de la production
nationale de blés (dur et tendre) destinés à la trituration n’a représenté que 12 % du
potentiel de transformation sur place.
Le monopole de l’Etat sur la collecte, l’importation et la commercialisation des
céréales avec une garantie de prix à la production, n’a pas favorisé la croissance de
cette filière.
258
Tableau N°54 : Evolution des approvisionnements des semouleries
et minoteries 1962/2002
Période
quinquennales
Approvisionnement annuels
Moyens sur la période
(milliers de T)
Population
algérienne
(milliers
Habitants) Blé local Blé Importation
1962/1967 1174 0 11923
1967/1972 1181 678 13700
1972/1977 1047 1513 15533
1977/1982 950 2675 18740
1982/1987 928 3325 21260
1987/1992 1070 4238 24960
1992/1997 1208 4528 28540
1997/2002 1634 4732 30625
Source : Rapport 2006 du Centre International de Hautes Etudes Agronomiques Méditerranéennes
N.B Il est à signaler que toute la production céréalière nationale n’est pas
transformée par les I.A.A. une partie (à définir) étant prélevée pour
l’autoconsommation humaine et la production animale.
Tableau N°55 : Capacités nationales en semouleries et minoteries
Secteur Publique Secteur Privé
Nombre
Capacités
théoriques
T/J
Nombre Capacité
théorique T/J
Minoteries 6.953 220 18.646
Semouleries 7.600 131 11.043
Total 81 14.553 351 29.689
Le nombre des minoteries du secteur privé a augmenté à la faveur du FNRDA qui
participe au financement sous forme d’aide et de subvention à hauteur de 40-50% du
259
coût du projet. De ce fait les capacités nationales de trituration des blés ont largement
dépassé les besoins.
-L’industrie du lait :
L’industrie de transformation demeure aussi fortement dépendante des
importations. En 1990 il a été importé 127.000 tonnes de poudre de lait et de matière
grasse de lait anhydre (MGLA) soit l’équivalent de 1.300.000 tonnes de lait pour une
valeur de l’ordre de 278 millions de dollars US. La production nationale de lait
estimée à 1.300.000 tonnes par an .De cette quantité ,80 à 100.000 tonnes à peine
(3%) sont collectés pour les besoins des offices du lait. Le reste est autoconsommé et
/ou commercialisé sur le marché local. IL faut noté cependant que les volumes de
lait collectés ont connu, également grâce à la politique d’aide et de subvention de
l’Etat, un essor indéniable passant de 71 à 116 millions de litres en moyenne entre
les périodes 1990-1995 et 2000-2004 mais les taux de collecte n’ont pas progressé de
manière significative se stabilisent à des niveaux insignifiant (7 %).
La transformation industrielle a progressé de façon continue au rythme très élevé
de 9,2%/an.
La collecte de lait par l’industrie progresse plus vite (18,7% par an), mais le niveau
de collecte reste encore très faible.
Le taux d’intégration du lait cru local demeure encore bas (15,6%).
260
L’autoconsommation et le marché informel (circuit artisanal) demeurent à
d’importants niveaux.
Tableau N°56 : Evolution de l’approvisionnement du marché
Structure des approvisionnements
Approvisionnements moyens en lait En million de litres (L) par an
Période
Lait cru local Production industrielle
Collecte pour
l’industrie
Autre
Utilisation * Total
Production
industrielle
Dont Taux de
collecte en %
1987 81 669 750 810 10.0
1990 37 1063 1100 640 5.8
1995 119 938 1057 1191 10.0
2000 101 1549 1650 900 11.2
2004 200 1750 1950 1280 15.6
Source Ministère de l’Agriculture et retraitement par EDPme
*Transformation artisanal / autoconsommation / alimentation des veaux
Tableau N 57° : Evolution du potentiel de transformation
et de la consommation
Nombre
D’usine
Capacité de
transformation en
millions de litre/an
Consommation
Par tête en
L /an
Population en
million d’habitants
1967 03 30,7 35 14,1
1978 - - 61,4 17,6
1988 11 1280 71,5 21,9
2000 40 1415 82,6 30,0
2004 139 2100 98 31,9
Source ONS ( Enquête de consommation 2000/2001) ; GIPLAIT (capacité de production) ;POHL/MPPI
(capacité du secteur privé ) ; Estimation EDPme (consommation 2004).
261
-Les industries des huiles oléicoles et les huiles végétales ou de graines :
La production d’olives de table a oscillé entre 8 000 t en 1994/95 et 63 500 t
au cours de la campagne 2002/03, avec une moyenne de 15 400 t au cours de la
période 1993/94 – 1998/99 et une moyenne de 51 600 t au cours de la période
2000/01 – 2003/04
La production moyenne d’huile d’olive est de : 34 000 t0nnes
On notera cependant qu’au cours de la campagne 2003/04, l’Algérie a produit 69 500
tonnes. Les fluctuations de production sont dues essentiellement aux conditions
climatiques
L’’industrie oléicole algérienne était composée majoritairement d’huileries
traditionnelles non performantes.
Installations Nombre
huileries traditionnelles 1 400
huileries avec presses ou super-presses 85
huileries modernes 165
Total huileries 1 650
- Les huiles de graines
Elle se limite pour l’essentiel au raffinage d’huiles brutes importées (capacité totale
de 400.000 tonnes par an en 1992). Les activités de trituration de graines ayant
262
totalement disparu depuis 1982-1983.S’y ajoute la fabrication de savon de ménage
(183.960 t par an), savon de toilette (46.355 t par an), margarine et graisse végétale
(26.280 t).Les importations de matières nécessaires à ces activités s’élèvent à
quelques 200 millions de dollars US.
-L’industrie du sucre :
Les capacités de production installées se limitent ,là aussi ,au raffinage de sucre
roux importé dans sa totalité (297.000 t par an pour une valeur de 53 millions de
dollars US en 1990) ce qui permet à l’industrie sucrière de produire quelque 220.000
t de sucre blanc .Comme pour les graines oléagineuses ,la culture de la betterave à
sucre a rarement dépassé le stade de l’expérimentation .De ce fait, le traitement
local de la betterave (300.000 t par an soit la production annuelle de 30.000 t de sucre
blanc ) est arrêté totalement en 1983,à la suite de la cessation de la culture
betteravière dans les périmètres irrigués de Annaba (1981) et du Haut-Cheliff
(1983).
Les 220.000 t de sucre blanc livré par l’industrie locale ne représenté que 26% des
disponibilités totales estimés à 850.000 t. L’Algérie importe quelque 630.000 t de
sucre par le biais de l’ENAPAL .La facture sucrière totale s’élève à 320 millions de
dollars US en 1993.
Sucre non raffiné importé en 2003 à 946 833 tonnes pour un montant de 222 ,088
millions de dollars.
263
La conserverie des fruits et légumes
Le Potentiel de transformation se compose de :
• Nombre de conserveries : 29
• Capacités de transformation:16 000 Tonnes/Jour
• Effectif : 4 500
Dont
- Permanents : 1 500
- saisonniers: 3 000.
Cette branche a pour particularité la trop faible utilisation des capacités installées, en
raison à la fois de la rigidité de l’offre agricole (tomate industrielle, fruits et légumes
divers) et de la concurrence exercée par le marché du frais. Les conserveries ne
recevant des tonnages importants qu’en pleine saison, lorsque le marché du frais tend
à être saturé
L’activité de cette branche est dominée par la fabrication du double concentré de
tomate à partir de l’importation du triple concentré de tomate (TCT) soit à partir de
la transformation de la tomate industrielle locale. La production de cette dernière est
concentrée dans quatre wilayas de l’Est du pays : Annaba, Tarf, Skikda et Guelma.
La conserverie de poissons (sardine, thon) a été interrompue suite à la faible capture
et la forte demande de produits frais.
264
CONCLUSION :
L’industrie a bénéficié d’importants avantages financiers au cours des différents
plans de développement pour pouvoir satisfaire la demande de l’agriculture en
produits nécessaires à sa production créer des emplois. Mais les contraintes propres
au secteur industriel ont fait que les objectifs n’ont été que partiellement atteint. Les
réformes économiques engagées par l’Etat à la fin des années 1980 se sont traduites
par une hausse des prix qui laisse peu le choix aux agriculteurs quant à l’utilisation
des facteurs de production d’origine industrielle. Cette flambée de prix a entrainé un
accroissement des prix de produits agricoles mais n’a pas incité les agriculteurs à
produire plus. La suspension des subventions et aides aux productions industrielles et
agricoles a aggravé la situation du chômage et donner naissance à la paupérisation de
larges couches de la population, laminé la classe moyenne qui est l’un des meilleurs
atouts pour le développement économique et social et la modernité du pays.
265
Chapitre VII :
Le coût du progrès et de la modernisation
266
INTRODUCTION
La modernisation ne s’improvise pas et ne s’impose pas. Elle se prépare. Elle a un
coût économique et social et nécessite l’adhésion des intéressés.
Elle concerne la mise en œuvre du progrès scientifique et technique. Mais
auparavant, elle doit préserver les capacités de production existantes.
Le progrès à également un coût. Sa mise en œuvre peut être lente. Mais son adoption
sous toutes ses formes (scientifique, technique, organisationnel et culturel) par
l’agriculture indique la volonté d’un changement dans le sens d’une amélioration.
Ce changement concerne les ressources productives dans leur ensemble : c’est
d’abord les ressources naturelles et leur préservation d’un gaspillage et d’une gestion
qui peut paraître irrationnelle, c’est ensuite les ressources techniques à travers les
infrastructures et, enfin les ressources humaines à travers le capital humain.
1. Préservation de ce qui existe et élargissement des capacités de production
agricole :
Les ressources naturelles ont atteint un stade de dégradation assez avancé à cause
d’une surexploitation générée par un déséquilibre entre les ressources et les besoins.
Cette dégradation favorisée par des conditions climatiques difficiles qui ne facilitent
pas une régénération rapide de la fertilité des sols. Confrontés à une lente
régénération de la fertilité de leur sol, les agriculteurs doivent trouver des activités
adaptées à l’état de ces ressources naturelles en utilisant des itinéraires techniques
267
avérés afin de préserver leur patrimoine d'une érosion destructrice et par la suite de
sa stérilité irréversible.
La régénération naturelle d’un sol est possible avant que la phase de désertification et
de stérilité ne soit atteinte; mais cette régénération est extrêmement lente. Par contre,
la régénération artificielle qui recourt à l’utilisation de différents types d’amendement
(engrais) est plus rapide mais trop onéreuse.
Dans les deux cas cependant le manque à gagner durant la période de mise en valeur
se révèle assez important.
En Algérie les réserves en terres vierges non exploitées étant rares, l’extension des
terres labourables peut se faire par la mise en valeur des sols déjà plus ou moins
épuisés et dont la productivité est médiocre.
L’élargissement des capacités de production agricole peut surtout se faire par la mise
en valeur de l’hydraulique et l’aménagement des l’espaces en zones steppiques, en
zones de montagnes et au Sahara.
1.1. La mise en valeur des terres agricoles
Elle concerne environ 20 million d’Ha (toutes les terres situées entre les isohyètes
350 mm et 150 mm) et en zones montagneuses.
L’Algérie a un vaste programme de boisement et reboisement. Mais chaque année
elle enregistre des pertes par incendie qui parfois dépassent de loin la superficie
plantée durant l’année. Comme dans, pratiquement, tous les pays du bassin
268
méditerranéen, les pertes de forêts par le feu ont toujours existé, mais le taux de
reboisement en Algérie est très faible tandis que le taux de boisement l’est encore
plus (moins de 3 % du territoire national et moins de 10 % de l’Algérie du nord.)
L’Algérie a perdu plus de 1.104.000 Ha entre 1963 et 1994 pour 1.131.000 Ha
reboisées.67
La destruction de la forêt s’est aggravée au cours des années 90 :
(272.000 Ha pour la seule année 1994).
Le programme de reboisement concerne le barrage vert qui, à terme occupe trois
millions d’Ha, s’étend sur 1000 Km de long et 10 à 20 Km de largeur, et constitue un
véritable obstacle à la progression du désert vers le nord. Les effets du barrage vert
seront complétés par les reboisements des zones montagneuses et les bassins versants
des barrages, la correction des torrents et la confection des banquettes qui porteront
arbres fruitiers rustiques (oliviers, figuiers, amandiers). Les effets du barrage vert
peuvent également être complétés par la création de véritables rideaux de protection
des villes, dont certaines disposent déjà, ainsi que des espaces verts intra-muros, pour
créer des microclimats surtout dans les agglomération du sud et des hauts plateaux et
les protéger des tempêtes de vent de sable auxquelles elles sont souvent exposées.
Les plantations de haies, bosquets et clôtures permettent aussi de créer des
microclimats au niveau des parcelles en servant de brise vent dont l'effet est de
réduire l'assèchement du sol et d'économiser ainsi l'eau qui est une ressource rare et
un facteur limitant dans la production agricole. La mise en valeur des terres par
67 - ANF : Agence National des Forêts 1992.
- S. BEDRANI – 1996 – 3.
269
l’irrigation reste cependant la plus rentable surtout dans un pays à climat aride
comme l’Algérie.
1.2. La mise en valeur de l’hydraulique.
Le captage des eaux de surface par les barrages réservoirs et le puisement des eaux
souterraines par forages forment les disponibilités en ressources hydriques.
L’augmentation des capacités de stockage de l’eau, et l’introduction de nouvelles
techniques d’irrigation économisatrices d’eau (irrigation par aspersion, irrigation par
goutte à goutte) permettent d’élargir la surface irriguée. Celle ci peut être étendue en
limitant le gaspillage de l'eau et en recyclant les eaux usées.
Le gaspillage de l'eau. En dépit de l'effort financier engagé par l’Etat, près de 40 %
des quantités d'eau, provenant des barrages se perdent durant leur acheminement à
cause des installations défectueuses. C’est la contenance de deux barrages qui est
perdue chaque année. De plus la facturation au forfait égalitaire pour tous a aggravé
le gaspillage et provoqué des injustices au sein de la population. Le plus souvent
ceux des ménages qui ne consomment pas paient pour ceux qui surconsomment parce
qu’ils ont la chance d’avoir de l’eau dans leur robinet.
La récupération et le traitement des eaux usées contribuent à l’augmentation des
volumes d’eau disponibles destinés à l’irrigation. Ce recyclage de l’eau nécessite des
installations coûteuses. L’Algérie dispose de stations d’épuration des eaux usées dont
seulement sont en fonction.
270
Tableau N° 58 : Mise en valeur des terres par la concession. Situation des
réalisations cumulées (depuis1999) par mode de conduite au
31-3-2005
Superficie
Ha
Concession
nombre
Emploi
induit
Superficie
%
Concession
%
Emploi
induit %
HA /
Conc
En sec 193.862 10.027 53.444 56 41 40 19
En
irrigué 152.802 1.4291 80.516 44 59 60 11
total 346.664 24.381 133.960 100 100 100 14
Source : MADR.
1.3. L’aménagement de la steppe et des zones montagneuses :
La steppe étant la zone réservée essentiellement à l’élevage ovin et
accessoirement à une céréaliculture extensive en sec peu productive. Le maraîchage
en irrigué très limité est destiné à la consommation familiale et locale.
L’aménagement de la steppe comprend plusieurs opérations qui visent à fixer la
population et lui permettre de produire plus et mieux. Ces opérations comprennent en
général :
- La création des points d’eau pour l’abreuvement du cheptel.
- La construction des abris pour protéger les animaux en cas de tempête de vent
de sable. Ces abris se limitent à des enclos rudimentaires pour regrouper les
animaux, éviter leur éparpillement et leur exposition à des prédateurs.
- Le désenclavement par pistes carrossables.
271
- La mise en défends des zones dégradées pour la reconstitution de la flore et de
la faune.
- La limitation du cheptel par éleveur et la contribution des éleveurs dans la
réalisation des investissements d’aménagement.
L’aménagement des zones montagneuses et le développement d’une agriculture de
montagne basé sur des activités l’agro-sylvo-pastorales ou prédomine l’arboriculture
fruitière extensive exige également la réalisation de certaines opérations telles que :
- Le désenclavement des zones par l’ouverture des pistes carrossables.
- La confection des banquettes.
- L’entretien des forêts, des tranchées pare-feu et des layons.
- L’exploitation régulière des produits des la forêt (liège – bois).
Que ce soit pour la steppe ou la montagne, le rapprochement des services publics
de la population est indispensable pour son maintien dans ces zones difficiles et éviter
leur désertification à long terme.
272
Tableau N°59 : Mise en valeur des terres par la concession. Situation des
réalisations cumulées (depuis1999) par zone écologique
au 31-3-2005
Supe/ Ha Conc/
nombre
Emploi
induit
Superficie
%
Concession
%
Emploi
induit
%
Ha
/Conce
En sec 127811 11968 53801 37 49 40 10.7
En
irrigué 207403 7908 73031 60 33 55
26.2
Sud
2.6 11451 4442 7128 3 18 5
2.6
total 346665 24318 133960 100 100 100 14.3
Source : MADR
2. L’élargissement de l’infrastructure économique :
Les infrastructures qui contribuent à une meilleure utilisation des ressources
productives comprennent essentiellement le réseau routier et les moyens de stockage.
2.1. Réseau routier et transport :
Le désenclavement de certaines zones isolées facilite la collecte des produits
agricoles effectuée par les organismes publics ou privés et incite les agriculteurs à
produire davantage lorsqu’ils sont assurés de la commercialisation de leurs produits.
La production marchande gagne ainsi de l’espace au détriment de l’agriculture de
subsistance.
273
L’Algérie a étoffé son réseau routier, déjà relativement dense, en accordant plus
d’importance aux chemins communaux comme le montre le tableau ci-
dessous (tableau N° 60 ).
Signalons cependant que l’absence d’autoroutes et l’inefficacité du transport par rail
de produits périssables, font que le transport routier est onéreux et place l’Algérie
parmi les pays les plus retardé en matière de transport de marchandises et de
voyageurs (transport collectif).
T ableau N°60 : réseau routier unité : km
1986 1994
Revêtus Pistes Total Revêtus Pistes Total
Routes nationales 21297 3760 25184 22297 4059 26356
Chemins de wilayas 15337 3666 19003 20415 2865 22280
Chemins communaux 11505 25956 37461 27523 21958 49483
total 48139 33283 81648 70235 28882 100119
Source : Annuaire statique de l’Algérie N° 14 et N° 18.
Le ferroutage et fret maritime et aérien pour les produits agricoles locaux destinés
au marché local restent inconnus.
La configuration du réseau routier a suivi l’implantation des populations et des
activités économiques : elle est très dense au nord du pays, sur la bande du littoral, et
clairsemée sur les haut plateaux et au sud.
Le réseau routier et son état indiquent le niveau de développement d’une région au
sein d’un pays. Sa construction et son entretien coûtent énormément cher à la société,
mais c’est un signe apparent de la modernité qui permet la diffusion du progrès sous
274
toutes ses formes.IL s’est enrichi d’une autoroute de plus de 1200 km joignant l’est à
l’ouest du pays.et dont les premiers tronçons furent mis en services à partir de 2011.
Pour le secteur agricole cela constitue ce que les économistes appellent « une
économie externe » dont bénéficient les exploitations agricoles qui profitent d’un
service non payant.
Mais en retour cela leur permet d’intensifier leur production grâce aux facilités des
transports et de livrer des volumes de produits plus importants aux consommateurs.
Des volumes plus importants nécessitent des infrastructures de stockage adéquates
d’autant plus que les produits sont périssables et ne résistent pas aux conditions de
transports sur de longues distances.
Le réseau ferroviaire :
le chemin de fer comprend 4.219 km composés de 3.138 km de voie normale dont
345km en double voies et 260km électrifiés, et 1.081 km de voie métrique. Le
réseau est orienté vers les ports, configuration héritée de la période coloniale qui
servait à l'exportation des minerais et des produits agricoles.
Le transport par rail de produits agricoles est limité, faute de volumes importants à
transporter, aux céréales et autres produits non périssables qui résistent au transport.
Les produits frais et les animaux vivants n'empruntent plus le train à cause de
l'absence de wagons aménagés, des retards, des coûts, mais aussi du faible tonnage
par destination. La disparition des coopératives à vocation régionale de
275
conditionnement et de triage de produits agricoles n’a pas favorisé la reprise du
transport ferroviaire toujours concurrencé par le transport routier.
2.2. Capacités de stockages :
Les moyens de stockage se composent essentiellement de silos, hangars, chambres
froides et parfois même des surfaces à l'air libre en cas de récoltes abondantes .Les
faibles structures disponibilités de stockage étaient souvent accentuées par les
insuffisances de coordination relatives aux décisions à prendre concernant les
opérations de stockage et de commercialisation ,confiées à des offices et des
« coopératives » totalement indépendants du secteur de la production mais
théoriquement responsables de la réussite de la politique définie par l' Etat
L'Algérie a accumulé un retard considérable en matière de conservation par le
froid. Elle disposait en 1992 d'une capacité à 500.000 mètres cubes face à des
besoins de 2,5 millions de mètres cubes permettant de stocker 600.000 tonnes de
produits agricoles.
La conservation par le froid est devenue une nécessité et l'investissement dans ce
créneau constitue en fait le prolongement du développement agricole .Elle permet la
régulation du marché et atténue la fluctuation des prix inhérente aux disponibilités
saisonnières abondantes, source de déperdition et de gaspillage, suivis de pénuries
chroniques par épuisement des stocks ce qui caractérise les pays sous-développés en
infrastructures .Les pouvoirs publics n'ont pas ainsi les moyens pour intervenir sur
276
le marcher afin d'opérer à des retraits et constituer des stocks en cas de récoltes
abondantes, pour éviter la chute des prix et préserver le revenu des producteurs
,qu'ils réinjecteront dès l'apparition des premiers signes de rareté pour protéger les
consommateurs d'importantes hausses de prix. Ainsi la stabilité des prix sert les
intérêts des producteurs et des consommateurs.
L'Algérie perd chaque année plus de 500.000 quintaux de fruits et légumes à
cause des mauvaises conditions de stockage et de conservation.
-Le déficit en froid est estimé à 2.000.000 mètres cubes équivalents à 600.000
tonnes de produits à entreposer.
- L'installation du mètre cube revient à 3000 DA
-Le prix de revient des frais de stockage d'un quintal de pomme de terre est de 15
DA par mois.
Les capacités de stockage à l’aide de silos à céréales sont également insuffisantes.
Chaque année de bonne ou moyenne récolte le problème de stockage se pose même si
la campagne moisson-battage est minutieusement préparée. Les CCLS et l’OAIC qui
détiennent le monopole de collecte et de stockage montrent qu’ils arrivent
difficilement à satisfaire la demande des agriculteurs. Ces problèmes récurrents de
stockage peuvent être imputés à plusieurs facteurs : la répartition dans l’espace des
silos par rapport aux zones de production, la vétusté du matériel, les pannes
fréquentes des camions et autres moyens de transport etc. Les pertes enregistrées au
277
niveau des parcelles suite au mauvais réglage des moissonneuses batteuses et au
cours du transport représentent environ 5 à 10% de la récolte.
3. Formation-Recherche-Vulgarisation
Aucun développement agricole n’est possible sans un niveau d’éducation élémentaire
des agriculteurs et des stages de perfectionnement et d’information.
L’expérience des pays développés qui ont connu des révolutions agricoles et
disposent d’archives complets couvrant l’évolution de leur agriculture sur 2 à 3
siècles.68 a montré que l’éducation est le facteur primordiale de la croissance agricole.
Des exemples de pays comme la Hollande ou le Japon qui disposent de peu de
ressources naturelles (terre arable) et dont l’un est exportateur net de produits
alimentaires et l’autre largement autosuffisant doivent ces résultats au niveau de
formation de leurs agriculteurs du personnel d’encadrement et du niveau élevé de la
recherche et des innovations
IL est évident que le niveau de la recherche scientifique n’est que le reflet de celui de
la formation reçue durant tout le cycle de scolarité. L’Algérie dispose d’importants
centres de recherches scientifiques en plus des laboratoires des universités et des
instituts spécialisés qui contribuent à la recherche&développement tel que l’INRAA,
l’IDGC, l’IDCM…
68 Les hommes politiques en exercice dans les pays développés (France ,Angleterre.. .) insistent beaucoup sur le niveau
de formation de la population pour affronter les nouvelles technologies et gagner en compétitivité.
278
Les résultats de recherche scientifique ne profitent pas malheureusement à
l’agriculture car le relais entre la recherche et les exploitations agricole ne fonctionne
pas bien.IL existe un maillon faible qui bloque la diffusion des résultats et leurs
applications. Ce maillon c’est la vulgarisation. La diffusion des techniques culturales
et des méthodes de gestion n’arrive pas aux agriculteurs et si elle arrive elle n’est pas
assimilée car les agriculteurs sont analphabètes et désintéressés. Plusieurs causes
peuvent expliquer ces situations, mais les plus remarquables se sont le niveau de
compétence des agents et les faibles moyens matériels mis à leur disposition.
279
CONCLUSION
Les opérations de mise en valeur des terres sont onéreuse eau regard de
l’ampleur des dégâts provoqué par l’érosion hydrique et éolienne sur des sols fragiles
et dégradés par une surexploitation. Cette mise en valeur concerne les zones de
montagnes et la steppe. Elle est réalisée par l’Etat pour la sauvegarde de
l’environnement, la protection des bassins versants par le reboisement le
désenclavement des localités isolées etc.
Dans le cadre de la loi relative à l’accession à la propriété foncière agricole
(APFA) les jeunes chômeurs et les agriculteurs sans terre ou peu pourvu ont bénéficié
des terres à mettre en valeur surtout par l’hydraulique (irrigation) et les plantations
des arbres fruitiers.
Les succès de la mise en valeur peuvent être éphémères comme celles réalisées dans
le sud du pays ou plus ou mois durable selon les zones géographiques, es cultures
mises en place et la nature même de la mise en valeur.
La mise en valeur est opération de longue haleine et ne peu se concrétiser que par la
participation active de la population.
280
Chapitre VIII :
Les choix politiques: importation des
ressources productives et / ou importation
des produits alimentaires
281
INTRODUCTION
Le potentiel productif agricole disponible, avec les techniques avérées et mises en
œuvre, n'arrive pas à répondre aux besoins solvables sans cesse croissants de la
population. L'Algérie est contrainte, pour combler son déficit en produits agricoles et
alimentaires, à importer chaque année d’importantes quantités. Ces importations
concernent aussi bien les produits finis destinés à la consommation des ménages que
les produits semi-finis et matières premières pour l'industrie agroalimentaire locale.
Pour importer ces produits il faudrait tout d'abord exporter des produits pour
lesquels l'Algérie dispose d'un avantage comparatif certain afin de couvrir les
importations et veiller à l'équilibre de la balance commerciale agricole.
Les exportations agricoles peuvent elles couvrir les importations des facteurs de
production en attendant que l'industrie locale améliore ses performances productives
et diversifie sa production pour substituer progressivement ses produits à ceux de
l'importation?
La discordance entre la croissance agricole et la croissance démographique;
accentuée, par les antagonismes de l'aménagement du territoire conséquences directes
du développement économique accéléré et par l'uniformatisation du modèle
alimentaire où les spécificités régionales se sont estompées, car essentiellement basé
de plus en plus sur des produits importés; a aggravé la dépendance alimentaire de
l'Algérie.
282
1. Les importations de ressources productives sont elles couvertes par les
exportations des produits agricoles :
La balance commerciale agricole de l’Algérie est depuis longtemps déficitaire. Les
exportations des produits alimentaires et non alimentaires d’origine agricoles
représentent moins de 0,5% des exportations totales avec un montant annuel moyen
de 113 millions de dollars US entre 1994 et 2003.
Tableau N° 61 Balance commerciale agricole (en millions US $)
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999
Importations 2133 1938 2150 2154 3005 2699 2603 2545 2494 2687
Exportations 100 112 121 133 66 149 163 58 52 105
Solde 2033 1826 2029 2021 2939 2550 2440 2487 2442 2582
Taux de
couverture en % 4,7 5,8 5,6 6,2 2,2 5,5 6,3 2,3 2,1 3,9
Source : Direction nationale des Douanes
Les importations des biens d’équipement destinées à l'agriculture ont représenté selon
les statistiques des douanes algériennes 84,95 million de dollars US soit 0,93% des
importations globales .Par contre les biens alimentaires étaient de l’ordre de2,414
milliards de dollars US soit 26,33% des importations globales.
Une simple comparaison avec les exportations permet de constater que ces derniers
sont loin de couvrir les premiers les importations des biens d’équipements et encore
moins des produits alimentaires.
283
La dépendance de l'agriculture envers d'autres secteurs économiques qui
financeront ses importations de ressources techniques en devises est évidente. Ce rôle
revient à celui des hydrocarbures qui procure 95% à 98% des recettes
d'exportation.
L'analyse de l'évolution des importations de produits agricoles et alimentaires
destinées à la consommation finale et ceux destinés à subir une transformation
représentent en moyenne 2,5 milliards à 3,5 milliards de dollars U.S par an depuis le
milieu des années 1980 et à même dépassé les 7,2 Mds de dollars US en 2008.
La volonté politique de mettre fin aux importations de produits de certaines
filières destinés à la consommation finale nécessite d'importants moyens financiers.
Des exemples réussis de substitution des importations de produits finis aux intrants
qui se traduisent par une création d'une valeur ajoutée et d'une production sur place
qui vient consolider la production locale.
Ainsi ce fut le cas de la production (viandes blanches + œufs).L 'Algérie, face à la
demande croissante de ces produits et leur importation a lancé un vaste programme
de développement avicole au début des années 1980 en facilitant l'accès des
producteurs aux ressources productives importées (œufs fécondées, poussins,
aliments, médicaments etc.),l'accès aux crédits bancaires avec un faible taux d'intérêt,
une exonération fiscale et un délais de grâce de plusieurs années pour les
remboursements des crédits.
284
Le développement de la filière avicole s'est vite concrétisé et mis fin aux
importations. Mais le problème n'a été que déplacé et non éradiqué puisque la filière
avicole reste fragile car ses facteurs de production sont toujours importés.
2. Substitution progressive des importations des facteurs de production :
Une partie de l'industrie algérienne mise en place visait la satisfaction de
l'agriculture en produits industriels (industries mécaniques et chimiques). Mais les
difficultés inhérentes au secteur industriel, induites essentiellement par le système
d'économie administrée, n'ont pas permis une satisfaction des besoins de l'agriculture
qui restent encore tributaires de l'étranger.
Parmi les difficultés rencontrées par le secteur industriel, les plus importantes sont:
-La sous utilisation des capacités de production des entreprises inhérentes aux
problèmes de financement des approvisionnements en matières premières et en pièces
de rechanges.
-Faible taux d'intégration et dépendance de l'étranger. Ce faible taux d'intégration
s'explique par l'absence d'un véritable tissu industriel composé de petites et moyennes
entreprises qui s'occupent de la sous-traitance pour le compte des grandes
entreprises.
-La centralisation des moyens et des décisions pour faciliter le contrôle des grandes
entreprises n'a pas permis l'émergence des petites et moyennes entreprises dans le
secteur public qui détient l'essentiel du secteur industriel.
285
- L'obsolescence de l'outil de production et les difficultés de réaliser des
investissements pour insuffisance d'autonomie de gestion.
-Une main d'œuvre, en sureffectif, peu qualifiée et où les normes élémentaires de
gestion notamment celles qui sont à caractère incitatif et disciplinaire ou celles
relatives aux recrutements étaient inopérantes dans une économie dirigée.
Tous ces problèmes, et la liste n'est pas exhaustive, font que le secteur industriel
n'a pas répondu aux besoins de l'agriculture en dépit des sommes colossales investies
et des priorités dont il a bénéficié dans tous les domaines (financement, formation,
avantages sociaux, etc.).
La substitution des produits locaux aux importations est assez lente mais surtout
elle n'est pas irréversible dans la mesure ou l'industrie algérienne doit maîtriser avant
tout ses coûts de productions et améliorer la qualité de ses produits pour s'approprier
le marché local dont l'ouverture aux marchés internationaux est inévitable avec la
mondialisation et l'adhésion de l'Algérie à l'OMC.
Le désengagement de l'Etat de la gestion directe des entreprises industrielles et
agricoles, l'application de la réalité des prix (abolition des différentes aides à la
production : subventions, soutiens…), l'absence d'une véritable politique de crédit
transparente et équitable ont eu pour effet une diminution de la demande agricole en
produits industriels, ce qui influât sur le niveau des rendements et de la production,
entraîne une réaction en chaîne : stock de produits non vendus, compression du
personnel, chômage etc.
286
Le secteur industriel reste indispensable au développement du secteur agricole
dont la production et la productivité demeurent plus ou moins tributaire de la
disponibilité, de la qualité et des prix des produits livrés à l'agriculture.
3. Le rythme d'évolution de la production agricole :
En se limitant uniquement à l'analyse des problèmes liés à l'approvisionnement en
ressources techniques provenant des importations ou des industries domestiques on
constate qu'une agriculture sous équipée et mal approvisionné ne peut donner que des
résultats limités et irréguliers. Si de plus on tient compte des aléas du climat et du
niveau de technicité des producteurs on comprend mieux le niveau du rythme
d'évolution de la production .Une analyse plus détaillée permet de relever une
différenciation des résultats selon les cultures.
Ainsi le rythme de la production des céréales s’explique pour partie par
l’introduction des nouvelles techniques de production, sur une partie des terres
agricoles, et aussi par la variation des superficies emblavées. Ces actions, dominées
par un contexte de sécheresse, n’ont pas eu d’incidences sur la rentabilité et la
productivité.
Par ailleurs, le conflit d'intérêt latent qui oppose le planificateur représentant de
l'Etat aux agriculteurs a accentué le désintérêt de ces derniers, durant ces périodes,
pour des spéculations peu rémunératrices et le manque de main-d’œuvre expliquent,
en partie, cette régression de la production qui ne peut être relancée qu’à travers
287
l’introduction de la mécanisation et de prix rémunérateurs. Ces mesures pourraient
atténuer le poids des importations.
Concernant le maraîchage, l’introduction de la plasticulture a été d’un apport
certain dans l’évolution des productions. Ces efforts ont été consolidés par la mise en
place d’infrastructures de stockage qui restent encore insuffisantes. La poursuite de
ces actions, élargies aux autres cultures, contribuerait à atténuer la dépendance
alimentaire.
Les productions arboricoles n’ont pas été suffisamment prises en charge.
Certaines actions entreprises en direction de l’arboriculture de montagne, n’ont pas
été cependant généralisées à l’ensemble des régions arboricoles.
Concernant la viticulture, son poids dans les ressources extérieures a constitué
un enjeu dans la commercialisation des produits vinicoles. Aussi la réduction de la
superficie vinicole était-elle incontournable. La mise en œuvre de cette option n’a pas
envisagé les retombées sur l’emploi (250 jours de travail/an), les revenus et
l’écosystème.
Enfin, l’ensemble de ces facteurs conjugué à une sécheresse permanente et une
irrigation insuffisante ont rendu l’agriculture algérienne vulnérable et par conséquent
accru le niveau de la dépendance alimentaire. Parallèlement, la politique agricole de
soutien des facteurs de production n’a pas eu l’effet escompté sur la production étant
288
donné que les prix des produits agricoles sur le marché n’étaient pas suffisamment
rémunérateurs.
La production de lait demeure insuffisante par rapport à la demande. Les difficultés
d’approvisionnement en aliments et la sécheresse ont été les facteurs déterminants de
l’évolution du cheptel (laitier). Par ailleurs, la concurrence entre le lait et la viande a
fait que les éleveurs accordent une préférence à la production de viande.
Les disponibilités situent la consommation des viandes rouges à environ 10
kg/an/habitant. Ce déficit en viande peut être comblé grâce à une rationalisation des
élevages bovins et ovins. En revanche, il y a eu des efforts accomplis dans le domaine
avicole, notamment en direction des facteurs de production qui ont augmenté la
consommation de viande blanche de 0,5 kg/an/habitant en 1968 à 9 kg/an/habitant en
1995.
Les productions animales participent également pour une proportion importante à
la production intérieure brute agricole totale. Cette contribution s’est caractérisée par
un accroissement principalement pour les viandes blanches qui ont connu des niveaux
de réalisation importants. Il en est autrement de la production de viandes rouges qui
n’a pas connu les mêmes efforts de soutien et d’investissement.
Enfin, il faut noter que l’agriculture a évolué à un rythme annuel de croissance de
2,8% moins vite que l’augmentation de la population.
289
4. La Politique démographique :
La démographie peut être une richesse ou un fardeau pour l'économie .Elle est une
richesse dans la mesure ou elle constitue un facteur de croissance économique. En
effet une augmentation de la demande entraîne une réponse de l'offre qui se traduit
par une création d'emplois et donc de revenus: c'est le modèle classique de la relance
économique par la demande. Après avoir enregistré un taux de croissance naturel
soutenu de la population de l’ordre 3,2 à 3,4 % de 1966 à 1985 .A partir de 1986 a
commencé le fléchissement de ce taux. L’Algérie est entrée depuis la fin des années
80 dans une phase de transition démographique avec une baisse notable des taux de
natalité et de mortalité infantile. Or le taux de croissance de la production agricole en
volume a rarement dépassé les 2 % et s’y est maintenue sur le moyen terme.
La demande alimentaire est aussi influencée par la structure de la population, le
niveau de l’emploi des revenus et l’urbanisation.
-La population algérienne est constituée en majorité de jeunes, les moins de 20ans
représentent 48,2% en 1998.Les plus de 65 ans ne représentent que 4,5%. Les
besoins alimentaires des jeunes sont plus importants que ceux des personnes âgés.
-La population occupée en 1997 était évaluée à 5.708.000 personnes soit 19,4% de la
population totale et 73,5% de la population active.
290
-Le taux d’occupation de la population avoisine les 20 % en moyenne, ce qui signifie
que chaque personne active a à sa charge dans l’absolue 5 personnes non actives. La
population de personnes à charge composée de jeunes, personnes âgées et chômeurs
représentent 80%.
-Le poste budgétaire réservé à l’alimentation représente 58,46 % du revenu moyen
d’un ménage en 1995 selon une étude de consommation réalisée par l’ONS ,au
moment ou dans les pays développés ce poste ne représente en moyenne que 18 à
20%. Depuis ce taux a baissé et ne représente plus que 15% dans les pays de l’Union
Européenne alors qu’en Algérie il gravite autour des 50%.
-L’urbanisation influence également la consommation alimentaire et le mode de
consommation. Le nombre de repas pris à ‘l’extérieure du foyer familiale augmente
par la suite des déplacements multiples des citadins. Le nombre de cantines et
restaurants augmente aussi. L’effet d’imitation joue également un rôle dans la
consommation et la surconsommation.
En juin1998 le taux d’urbanisation était de 58,3 % c'est-à-dire que 6 algériens sur 10
vivaient en ville contre 5 sur 10 en 1987.L’exode agricole et rural s’est accéléré
entrainant inévitablement une chute de l’autoconsommation.
291
5. Le modèle de consommation alimentaire et taux d’auto
approvisionnement.
La consommation de denrées alimentaire augmente par suite de l'augmentation de
la population et de l'amélioration du standard de vie .Elle se diversifie; la
consommation de viande, œufs, lait et produits laitiers ainsi que des fruits se
substituent aux féculents notamment le pain et les dérivés de céréales.
En termes de couverture des besoins alimentaires des populations, l’agriculture
algérienne est encore loin des espérances puisque les taux de couverture de la
consommation par la production agricole nationale sont :(moyenne 1995-2004) :
De 37,7% pour les céréales
De 30 à 45% pour la production d’origine végétale ;
De 25 à 35% pour la production d’origine animale ;
De 22,4pour les légumes secs ;
De 96,3 % pour le maraichage
De 50% pour les fourrages ;
De 48,1 % pour les produits de l’élevage 60% pour le lait ;
De 80% pour les viandes rouges ;
Nuls pour les sucres et les huiles.
292
Tout en étant encore dominé par les céréales, les légumes frais et les laits ; le modèle
de consommation se caractérise dans son évolution, à partir des variétés et des
quantités consommées, par une ration riche en protéines animales : viandes rouges,
viandes blanches, œufs de consommation et produits laitiers. Néanmoins, cette
tendance observée dans les années quatre vingt enregistre des reculs avec la mise en
œuvre des réformes. Le modèle alimentaire perd ses spécificités régionales, il
s’homogénéise car il dépend de plus en plus de produits importés et étrangers aux
traditions culinaires algériennes
293
CONCLUSION :
La dépendance de l’Algérie s’accentue de plus en plus en matières de facteurs de
production importés et de produits alimentaires importés également. Le croit de la
population est alimenté par les importations. Pour assurer sa sécurité alimentaire
l‘Algérie doit rompre ce cercle vicieux .Le seul moyen d’y arriver c’est d’investir
dans la connaissance c'est-à-dire de perfectionner et améliorer le capital humain au
sens large du terme.
294
Conclusion générale
295
Au terme de notre étude nous pouvons affirmer que les ressources productives
utilisées dans l'agriculture algérienne ont atteint un seuil de saturation avec les
techniques connues et appliquées. De plus, nous pouvons dire que d'importants
résultats ont été enregistrés et ceci avec une réduction conséquente de ressources
utilisées notamment les engrais ce qui laisse penser si besoin est que des marges de
progrès existent. L’écart entre les rendements réels et les rendements potentiels est
important et peut être encore réduit.
Les bons résultats obtenus concernent les produits assez rémunérateurs répondant
à une demande croissante engendrée par la croissance démographique et
l'amélioration du niveau de vie de certaines couches sociales.IL s'agit surtout des
filières de fruits et légumes frais, de viandes et des produits animaux. La croissance
du volume de ces productions est due à la croissance de deux facteurs :
l’augmentation des superficies qui leur sont réservées et l'amélioration des
rendements.
Par contre les cultures stratégiques produisant des denrées de base : céréales et
légumes secs ont connu des fluctuations de production due aux aléas climatiques et
même à des baisses de superficie et une stagnation des rendements. Ces grandes
cultures, pratiquées sur de vastes superficies sont certes exposées aux caprices du
climat et leurs produits à des prix administrés jugés peu rémunérateurs. Mais
également les investissements insuffisants consacrés à ces cultures influent sur leur
rendement. Les profits obtenus par ces exploitations, généralement à superficie
296
réduite et pratiquant un assolement biennal céréale / jachère, sont assez faibles pour
prétendre effectuer des investissements conséquents.
Le financement des investissements a de tout temps constitué un obstacle pour
les exploitations agricoles. Que ce soit avec la BNA ou avec la BADR les crédits
destinés à l'agriculture n'ont jamais été conformes aux besoins réels des exploitations
et n'ont jamais été une affaire des agriculteurs mais une affaire de banques et
d'administrations de tutelle. Les agriculteurs furent écartés de la gestion.
Le PNDA lancé au mois de septembre de l'an 2000 puis relié par le PNDAR en
2002 en vue de corriger cette anomalie entre dans le cadre d'un programme plus
vaste qui concerne la relance économique, et a pour objectif principal la
redynamisation des exploitations agricoles afin de les rendre fortement productives.
Le PNDA est financé par différents fonds institués à cet effet (FNRDA,
FMVTC,….) dont la gestion a été confiée à la CNMA et ses filiales régionales les
CRMA qui sont autorisées à jouer le rôle de banques. Le financement porte sur
toutes les opérations de l’activité agricole éligibles par zone géographique et par
spéculation.IL concerne aussi les structures d’accompagnement de la production
comme les unités de transformation des produits agricoles : huileries, laiteries,
chambres froides …
Les aides, les subventions et soutiens sont spécifiques à chaque opération par zone
et à des taux différenciés. L’application de ce système de financement qui, il faut le
297
rappeler, a rompu avec les méthodes des systèmes de financement uniformes qui l’ont
précédé, a eu un impact positif sur la production.
Pour être éligible à ces crédits il faut adhérer à cette nouvelle institution et être en
possession de la carte d'agriculteur délivrée par la chambre d'agriculture, présenter
des garanties (hypothèques )ce que les agriculteurs bénéficiaires des terres du secteur
public ne peuvent fournir car ne disposant pas de titre de propriété ce qui laisse le
champ libre aux appréciations parfois subjectives des banquiers .
Ces derniers disposant d'un pouvoir en quelque sorte discrétionnaire accordent des
crédits parfois à de faux agriculteurs, spéculateurs et rentiers et découragent de vrais
agriculteurs. IL faut ajouter que ces dernières ne financent que les crédits de
campagne à court terme et que les crédits d'investissement à moyen et long terme
restent soumis à des conditions draconiennes notamment la contribution financière de
20 ,30 ou 50% du montant du projet pour lequel l’aide est sollicitée, pratiquer les
cultures éligibles et suivre l’itinéraire technique préalablement déterminés
Ce système financier adopté dans le cadre du PNDAR, étant sélectif, et ne
subventionne que les opérations d’intensification éligibles dans chaque zone.
Ainsi l’agriculture algérienne manque de ressources techniques. L’industrie n’arrive
pas à répondre à ses besoins en quantité, qualité et prix. La substitution des
ressources techniques aux ressources naturelles est lente. La dynamique interne du
système productif est également assez lente. IL y a eu certes une évolution des
298
systèmes de cultures par extension de certaines cultures grâce aux nouvelles
plantations et l’élargissement de l’irrigation et réduction d’autres et même disparition
comme certaines cultures industrielles. Le système d’exploitation a également connu
une évolution avec le passage de l’agriculture collective à l’agriculture individuelle et
familiale sensé être plus économe en ressources. Par contre les systèmes de
production après avoir enregistré un progrès jusqu’au milieu des années1980, puis
ont régressé pour ne reprendre qu’au début des années 2000 avec le PNDA.
Les ressources naturelles continuent à être dégradées par des techniques parfois non
adaptées de labours et d’irrigation. La spéculation sur le cheptel et la vente sur pied
des récoltes prématurées se poursuit. La location des parcelles et des vergers est
courantes. L’acheteur n’est qu’un intermédiaire disposant de moyens financiers et
attiré par l’appât du gain facile, conséquent et rapide .IL se souci fort peu de l’avenir
des parcelles et des plants. Aucune loi n’interdit ces pratiques.
Le développement du capital humain est la seule garantie de l’avenir du pays et de sa
croissance économique. Seuls des agriculteurs bien éduqués et formés à tous les
niveaux (pas de formation au rabais) en bonne santé (pas de malnutrition) et bien
informés seront capables de transformer l’agriculture algérienne et la moderniser.
Pour cela il faudrait que la corruption , les passes droit, le favoritisme et les privilèges
non mérités qui gangrènent la société disparaissent de la culture sociale.
299
IL faudrait également une justice impartiale et rapide dans le traitement des dossiers
qui parfois s’éternisent avant que le jugement ne soit rendu surtout en ce qui concerne
le foncier agricole.
Enfin le laxisme doit disparaitre de la société pour que l’Etat et les autorités
publiques regagnent leur crédibilité et encouragent le travail à reprendre ses droits et
les travailleurs à réduire leur résistance passive qui fait perdre beaucoup de temps aux
citoyens.
L’Etat doit intensifier son aide à l’agriculture et aux agriculteurs. IL faudrait que la
profession agricole regagne de la valeur pour attirer les nouvelles générations car
c’est de l’agriculture et des ressources productives que dépendra l’avenir du pays.
L’existence même du pays est mise en jeu dans un proche avenir si un solution n’est
pas trouvé pour remplacer la ressource naturelle non renouvelable qu’est le pétrole et
le gaz qui procure 98% des recettes d’exportation et qui fait vivre la population. Mais
un danger majeur guète l’Algérie c’est celui du développement des biocarburants à
travers le monde et la suspension ou la réduction des subventions des pays
développés, exportateurs nets de produits agricoles et alimentaires, à leur agriculture
comme le préconise l’Organisation Mondiale du Commerce. Cela entraine une hausse
des prix des produits agricoles et alimentaires sur le marché mondiale ce qui
n’arrange pas un pays importateur net comme l’Algérie. Sa sécurité alimentaire
risque d’être entamer de même que son autonomie et son indépendance politique.
300
Pour se prémunir contre ces dangers la préservation des ressources naturelles la terre
et l’eau ainsi que la sauvegarde de l’environnement de la pollution est nécessaire et
doit concerner tous les citoyens. Pour cela la stabilité et la sécurité (des biens des
personnes et des revenus) des agriculteurs sont indispensables, ce qui relève
beaucoup plus du politique que de l’économique.
301
Tableaux………………………………………………..... Pages
Tableau N° 1 : Répartition générale des terres…………………………..…….... 31
Tableau N°2 : répartition des terres selon la pente et la pluviométrie……......…41
Tableau N°3 : Evolution des effectifs de la main d’œuvre………………….….. 79
Tableau N°4: Structure de l’emploi masculin RGPH 66 -77-1987
par secteur d’activité………………………………………...……. 80
Tableau N° 5: Structure de la population occupée par la branche
d’activité. (R.G.P.H 1977)……………………………………...…. 81
Tableau N°6: Taux d’analphabétisme de la main d’œuvre occupée / B.A.E.........83
Tableau N°7: Répartition de la population occupée par BAE
et niveau de qualification……………………………………..…... 84
Tableau N° 8: Evolution de l’emploi dans le secteur socialiste autogéré…..…....91
Tableau N°9: Evolution de l’emploi dans le secteur socialiste
autogéré par compagne………………………………...………….. 92
Tableau N°10: Parc algérien en 1966…………..…………….…………............. 98
Tableau N°11: Structure du parc par âge…………...….………………...…..…. 99
Tableau N°12: Etat du parc en % …………………….……………………….…99
Tableau N°13: Tracteur en état de marche par secteur….…………………...…100
Tableau N°14: Evolution du parc matériel………..……...…………………......103
Tableau N°15: Evolution du nombre d’hectares par tracteur et par
moissonneuse batteuse…………………………………......…… 104
302
Tableau N°16: Evolution des ventes des engrais………………...………..……113
Tableau N°17: Evolution des prix des engrais………………….………............117
Tableau N°18: Evolution des ventes de semences de céréales…………............118
Tableau N°19: Eléments d'intensification des techniques culturale
dans les exploitations céréalières………………………..……….119
Tableau N° 20: Répartition des exploitations privées par
classe de superficie………………………………………….……128
Tableau N°21: Répartition des exploitations du secteur autogéré………..........133
Tableau N°22: Nombre et taille des exploitations selon
la tranche de SAU………………………………………….............154
Tableau N° 23: Nombre et superficie des exploitations
selon la nature juridique……………………………………............156
Tableau N°24: Nombre et superficie des exploitations selon le statut
juridique de la terre………………………………….………158
Tableau N°25: évolution du volume des investissements
agricoles programmés………………………………………...160
Tableau N° 26: évolution de la consommation des crédits agricoles
et réalisation…………………………………………………….161
Tableau N°27: évolution indiciaire de la production agricole
1968-86 (1965-68 =100)…………………………………..…….163
Tableau N°28: Financement de la production –Crédits à court terme……….…164
303
Tableau N°29: financement à moyen et long termes (MLT)
(millions de DA)……………………………………………..……...165
Tableau N° 30:Evolution du SNMG……………………………………..….…177
Tableau N°31:Evolution de la masse salariale et les revenus des
indépendants en Milliards de DA……………………………..…....178
Tableau N° 32:Evolution annuelle des indices de 1986 à 1996…….................187
Tableau N°33:Evolution de la production et des disponibilités
moyennes annuelles en céréales…………………………..….….189
Tableau N°34:Evolution de la production et des disponibilités moyennes
annuelles en légumes secs………………………………..………191
Tableau N°35: Evolution de la production et des disponibilités moyennes
annuelles en produits maraîchers…………………………..…….193
Tableau N°36: Evolution de la production des disponibilités moyennes
annuelles de l’arboriculture…………………………...…………..195
Tableau N° 37: Evolution de la production et des disponibilités moyennes
annuelles viticoles…………………………………..……………197
Tableau N°38: Evolution de la production et des disponibilités moyennes
annuelles des cultures industrielles………………………..……...199
Tableau N°39: Evolution de la production de fourrage……………...…………201
Tableau N° 40: Evolution moyenne et annuelle du cheptel………..…………..202
304
Tableau N° 41: Evolution de la production des disponibilités moyennes
annuelles des produits de l’élevage……………………..……….204
Tableau N°42: L'agriculture et le cadre macro-économique 1967-1999….........210
Tableau N°43: Emploi du capital : Maroc, Tunisie, Algérie (1985)………..…..226
Tableau N°44 : Rendements de blés : Algérie, Maroc, Tunisie (1970-90)..........226
Tableau N° 45: Rendement moyen par Kg/ hectare…………...……..………...227
Tableau N° 46: Les rendements moyens par culture ..........................................229
Tableau N° 47: Les rendements moyens par culture ……………...……..…….230
Tableau N° 48: Les rendements moyens par culture ……………...........……...231
Tableau N° 49 : Utilisation d'engrais par hectare de terres agricoles…..…..…233
Tableau N°50 : Utilisation d'engrais par hectare de terres agricoles…..…..…234
Tableau N° 51 : Production de tracteur et livraison à l’agriculture ……....…253
Tableau N°52 : Moissonneuses batteuses……..……………………...……….254
Tableau N°53 : Production d'engrais et livraison à l'agriculture…...……..……258
Tableau N°54 : Evolution des approvisionnements des semouleries
et minoteries 1962/2002………………………………...………….258
Tableau N°55 : Capacités nationales en semouleries et minoteries ………..….258
Tableau N°56 : Evolution de l’approvisionnement du marché Structure
des approvisionnements……………………………………………..260
Tableau N° 57: Evolution du potentiel de transformation
et de consommation …………………………………………………260
305
Tableau N° 58: Mise en valeur des terres par la concession.Situation des
réalisations cumulées (depuis1999) par mode de conduite
au 31-3-2005………………………………….......................................270
Tableau N°59: Mise en valeur des terres par la concession. Situation des
réalisations cumulées (depuis1999) par zone écologique
au 31-3- 2005……………………………………………………………272
Tableau N°60: réseau routier……………………………………...………...….273
Tableau N° 61: Balance commerciale agricole (en millions US $)………..…...282
306
Bibliographie :
1. Ministère de l’équipement et de l’aménagement du territoire : Demain
l’Algérie Volume II P 195.
2. Cordonnier. (P) – Carles (R) – Marsal (P) : Economie de l’entreprise agricole.
Ed Cujas Paris 1970. 541 p.
3. Badouin.( Robert) : Economie rurale. Ed A. Colin. Paris 1971. 598 p.
4. Badouin. R : Le développement agricole en Afrique tropicale. Ed Cujas Paris
1985. 320 p.
5. Badouin. R : Economie et aménagement de l’espace rural. Ed PUF Paris 1979.
234 p.
6. Bedrani Slimane: L’agriculture algérienne depuis 1966: Etatisation ou
privatisation ? Ed OPU. Alger 1981. 414 p.
7. Benachenhou Abdelatif : Planification et développement en Algérie 1962 –
1980. Ed. Alger 1980 – 301 p.
8. Benachenhou Abdelatif: L’exode rural en Algérie. Alger, ENAP, 1979 – 144 p.
9. Bessis (Sophie) : L’arme alimentaire. Ed. La découverte. Paris 1985. 287 p.
10. Bettelheim (Charles) : Planification et croissance accélérée. Ed Maspero
Paris1967. 192 p.
11. Boukhobza M’hamed : L’agro pastoralisme traditionnel en Algérie – de l’ordre
tribal au désordre colonial – Ed OPU. Alger 1982. 458 p.
307
12. Brulé. J. C – Fontaine. J : L’Algérie volontarisme étatique et aménagement du
territoire. Ed OPU Alger 1990. 248 p.
13. Chaulet Claudine : La terre, les frères et l’argent. Tomes 1 et 2. Ed OPU. Alger
1987. Tome 1. 376 p. Tome 2.
14. Furtado (Celso) :Théorie du développement économique. Ed PUF. Paris 1970.
264p.
15. Gallissot René : L’économie de l’Afrique du nord. Ed PUF col « que sais-je »
Paris 1969. 125 p.
16. Lecaillon (J) : Analyse macro-économique. Ed Cujas Paris 1970. 479 p.
17. Mesli Mohamed-Elyes : Les vicissitudes de l’agriculture algérienne : de
l’autogestion à la restitution des terres de 1990. Ed Dahlab Alger 1996. 222 p.
18. Martens Jean-Claude : Le modèle algérien de développement. Bilan d’une
décennie 1962 – 1972. Ed SNED. Alger 1973 – 289 p.
19. Murdoch (William) : La faim dans le monde. Surpopulation et sous
alimentation. Ed Dunod. Paris 1985. 422 p.
20. Nadir Mohamed Tayeb : L’agriculture dans la planification en Algérie de 1967
à 1977. Ed OPU. Alger 1982.
21. Penouil (Marc) : Socio-économie du sous développement. Ed Dalloz Paris
1979. 683 p.
22. Sachs (Ignacy) : Stratégie de l’éco développement. Ed ouvrières
Paris1980.140p
23. Silem (Ahmed):Introduction à l'analyse économique: Bases méthodologiques et
problèmes fondamentaux. Ed .Armand Colin1998.
308
24. Simon Pierre Thiery : La crise du système productif algérien. Ed I.R.E.P.D.
Grenoble 470 p.
25. Toulait Hocine : L’agriculture algérienne : Les causes de l’échec. Ed OPU.
Alger 1988. 550 p.
26. Aît Amara .H : La transition de l'agriculture algérienne vers un régime de
propriété individuelle et d'exploitation familiale. Cahiers Option
Méditerranéenne vol.36 1999.
27. Haoues EL-KENZ : Etude – CEPRA : rapport introductif : pastoralisme limites
de l’exploitation extensive et évolution des rapports de productivité. Aout 1982.
28. M.A.R.A: Dossier sur les fourchettes de limitation. CNRA – Secrétariat
Générale Ed. Direction de la reforme agraire sous direction de Contrôle et de
l’Animation – 1974 p 15 à 26.
29. Ministère de l’équipement et de l’aménagement du territoire : Demain l’Algérie
Volume II P 195.
30. Charte de la Révolution Agraire :Annexe relative à la steppe-Janvier 1975. Ed-
Ministère de l’Information et de la culture-p : 5-
31. Ministère de l’information et de la culture : Charte de la révolution.
Algérie : Annexe relative à la steppe – Janvier 1975. P
32. CNES-La Formation en Agriculture – NAPLES (Italie) novembre 2000
-CNES – Rapport sur : La problématique de développement agricole : Eléments
pour un débat national.
33. CNES – Rapport sur : la problématique de développement agricole élément
pour un débat national p31.
34. CNES-La configuration du foncier en Algérie :une contrainte au
développement économique Alger –Mai-2004
309
35. loi № 84 – 12 du 23 juin 1984 portant régime général des forêts
36. L’ordonnance 85 – 01 du 15 / 8 /1985 fixant à titre transitoire les règles
d’occupation du sol et ses textes d’application.
37. Loi 90 – 29 du o1 - 12 -1990 relative à l’aménagement de l’urbanisme.
38. L’instruction présidentielle № 005 du 14 -8 -1995 portant préservation des
ressources en terres agricoles.
39. La circulaire du ministère de l’agriculture adressée aux D.S.A le 5 / 9/ 1995et
la note du 13 /9 /1995.
40. Loi 83 – 18 du 13/8/1983 portant sur l’accession à la propriété foncière agricole
(A.P.F.A).
41. Revue hebdomadaire – Révolution africaine n°- 1448 du 28 novembre au 4
décembre 1991-p 35.
42. hebdomadaire « La vie économique » n°4- 1991.
43. El Watan
44. Quotidien d’Oran.
45. Liberté.
46. El Moudjahid.
310
Webographie :
Les publications du CIHEAM –IAMM Cahiers Options Méditerranéennes :
http://www.ciheam-iam.org
-Bedrani (S)- Rapport annuel 2005-Algérie –CREAD- INA ,Alger 2006 , 37 p
-Bedrani (S) - La situation de l’agriculture, de l’alimentation et de l’économie en
Algérie -39 p
.Bédrani (S)- . Boukhari (N)–. Djennane(A) : Eléments d'analyse des politiques de
prix, de subvention et de fiscalité sur l'agriculture en Algérie. Opt Méd, série. B / n°
11, 1997 p:121-150
.Bédrani(S) :"Les politiques agricoles et alimentaires en Algérie et les grandes
questions du développement" – Cahiers Opt. Méd ,vol.1 n° 4 , 1993 - p:61-65
Bedrani (S) :L'Etat et la vulgarisation agricole- Cahier Opt .Med v:2 CIHEAM-
IAMM 1994 p 5-12.
Bessaoud (Omar )- " L'Agriculture en Algérie : de l' autogestion à l’ajustement
(1963-1992) ". Opt. Med, série B / n° 8 ,1994- p: 89-103.
Bessaoud (O)- Tounsi ( Mohamed ): "les stratégies agricoles et agro-alimentaires de
l'Algérie et les défis de l'an 2000 ". Opt. Med. Série B / n° 14 ,1995 p 101-118.
Boukella (Mourad):Les industries agroalimentaires en Algérie: politiques, structures
et performances depuis l'indépendance
http://www. ciheam.org/om pdf/ c19/96 400005 pdf.
Bourenane (Naceur) :"Agriculture et alimentation en Algérie: entre les contraintes
historiques et les perspectives futures" .Cahiers opt.med.série A/n°21 -1991.
Jouve (Anne-Marie ) :Evolution des structures de production et modernisation du
secteur agricole au Maghreb" Cahiers Opt.Med
311
Liste des abréviations :
ANF: Agence Nationale des Forêts
ANN : Agence Nationale de Protection de la Nature
BNEDER: Bureau National des Etudes de Développement Rural.
CNES : Conseil National Economique et Social
FLCDDPS : Fonds pour la lutte contre la Désertification pour le Développement du
Pastoralisme et de la Steppe
FMVTC : Fonds de la Mise en Valeur des Terres par la Concession.
FNDA : Fonds National de Développement de l'Agriculture.
FNRDA : Fonds National de Régulation et de Développement de l'Agriculture.
INRF : Institut National des Recherches Forestières.
MADR : Ministère de l’Agriculture et du Développement Forestier.
INRAA : Institut National de la Recherche Agronomique
MADR : Ministère l’Agriculture et du Développement Rural.
MEAT : Ministère de l’Equipement et de l’Aménagement du Territoire
ONA : Office National des Aliments du Bétail
ONAPSA : Office National des Approvisionnements et Services Agricoles
PIB : Produit Intérieur Brut.
PME : Petite et Moyenne Entreprise.
PMI : Petite et Moyenne Industrie.
PNDA : Plan National de Développement Agricole.
PNDAR : Plan National de Développement Agricole et Rural.
PNR : Plan National de Reboisement
PPDRI : Projet de Proximité de Développement Rural Intégré
ZET : Zone d’extension touristique.
UNPA : Union National des Paysans Algériens
312
:الملخص
تقدم .تحتوي األطروحة ذات العنوان المذكور أعاله على مقدمة عامة متبوعة بقسمين و خالصة عامة
المقدمة العامة فكرة بديهية، تتمثل في وجود عالقة بين اإلنتاج الزراعي و حجم الموارد اإلنتاجية المستخدمة في
:بعدها تم طرح االشكالية الّتالية. عملية اإلنتاج
"هل النتيجة الكمية الحقيقية المحصل عليها توافق موارد اإلنتاج اّلتي شّغلتها الزراعة"
: منذ زمن ،عرفت موارد اإلنتاج ،أو عناصر اإلنتاج، من قبل االقتصاديين الكالسيك و قّسمت إلى ثالثة فروع
وأضاف الكالسيك الجدد (.موارد تقنية) رأس المال ( العمل)، موارد بشرية ( األرض و المناخ) موارد طبيعية
هذه العناصر له دوره، مكوناته و عوائقه في العملية كل عنصر من. فيما بعد عنصرا آخر يتمّثل في الّتقدم التقني
.اإلنتاجية، و استعماله يكون موسع أو مكثف حسب وفرته و سعره
القسم األول من األطروحة خّصص للتطور الكمي للعوامل اإلنتاجية المستعملة في الزراعة، حيث يظهر مدى
04مليون هكتار يتم استغالل 832حيث من أصل .ةأقلية األراضي الزراعية و طبيعة المناخ غير المستقر
أما عن . مليون هكتار يتم حرثها بينما تشكل األراضي البور ثلث هذه المساحة 2مليون هكتار في الفالحة و
. المناخ فهو يمتاز بأمطار قليلة وغير منتظمة
غير الخصبة و غير ) ضي الضعيفة يشكل انجراف التربة الناتج عن المياه و الرياح خطرا حقيقيا على األرا
زيادة على ذلك . مما يؤدي إلى انخفاض طاقة اإلنتاج و تدهور خصوبة األرض و نقصان حجم السدود( المستقرة
تفرض القطاعات االقتصادية األخرى ضغطات على القطاع الزراعي كي تحول إليها بعض عوامل اإلنتاج
، إضافة إلى كل هذا يؤثر سلبا على الطاقة (قعة قرب المدنالماء و األراضي خاصة الخصبة منها المتمو)
.اإلنتاجية و يؤدي إلى تقلصها
313
أيضا من أسباب ضعف القطاع الزراعي عدم استقرار هياكل الوحدات اإلنتاجية بسبب هو العالقة العكسية بين
هذا ما .مغادرة أراضيهمما يؤثر على دخل الفالحين و يضطرهم إلى .عدد الوحدات و المساحة المتوسطة للوحدة
.يفسر تمّيز عمال المجال الزراعي بالتقّدم في السن و األمية و قلة المعلومة و اإلرشاد
التي ارتفعت بين ...(األسمدة ، المبيدات ،البذور،)كما تم التطرق إلى تغيرات كميات االستهالكات المنتجة
هذه التطورات أثرت على . 0794ستوى سنوات ثم انخفضت بعدها لتصل إلى نفس م 0724إلى أواخر 0794
.مستوى اإلنتاج اّلذي أصبح ال يتعلق إال بالتغيرات المناخية
هذا الفرق يمكن . القسم الّثاني من األطروحة يظهر الفرق الشاسع بين المردود الزراعي الحقيقي و النظري
المردودات الجزائرية .لبحر األبيض المتوسطتقليصه مقارنة بالنتائج المحصل عليها في البلدان المجاورة ل
.الحقيقية منخفضة جدا مقارنة مع مردودات هذه الدول و بالتالي يمكن تحسينها بأبسط الطرق
و لهذا الغرض ال بّد أن يمّول القطاع الصناعي، بشكل كبيير، القطاع الزراعي بالموارد اإلنتاجية المصنعة كما
.و نوعا و بأسعار تنافسية
استهلك استصالح األراضي الزراعية أمواال باهظة، نتائجه لم تظهر بعد حيث أن هذا القطاع ال يستطيع
البناء ، الصناعة، السياحة، هياكل البنية ) تعويض ما أخذ منه من أراضي من طرف القطاعات األخرى
...(التحتية
و . بأن على المدى المتوسط و الطويل الجزائر ستبقى متعلقة بالتبعية الغذائية لتموين السكان و كخالصة ، نأكد
بما أن األمن الغذائي ال يمكن ضمانه إال بسواعد الرجال، فإّن االستثمار في رأس المال البشري أكثر من
المعرفة لديها ،لتمكينهم من ضروري،فال حّل للواقع الحالي المعاش غير تكوين اليد العاملة و تحسين مستوى
.حسن اختيار التقنيات المالئمة للمحيط االيكولوجي للبلد و التحكم بها
314
كما أن السياسة المتبعة تلعب دورا هاما هي األخرى، ألن المشاكل اّلتي تعاني منها الزراعة الجزائرية هي
و ( دخل الفالحين ) األمن و حل هذا المشكل جزئيا يساعد في ضمان و.مشاكل سياسية من جانب آخر
.االستقرار
الكتفاء الذاتي و لمن جانب آخر الجزائر تعتمد على الخارج فيما يخص المنتجات الغذائية والزراعية
مع تطور الوقود الحيوي، وتزايد الطلب على الغذاء في األسواق الناشئة، يرجح و .تعيش غير معزولة عن العالم
و بالتالي ال بد من االستثمارات ضخمة . د الغذائية المدعمة حتى اآلن من قبل الخزينة العامةارتفاع أسعار الموا
.في الموارد اإلنتاجية ورأس المال البشري خاصة
نظام االنتاج -استصالح األراضي الزراعية -االنتاج -الزراعية -الموارد االنتاجية :الكلمات المفتاحية
التحديث –الزراعة المنتجة -
315
Résumé :
Les facteurs de production jouent un rôle déterminant dans une agriculture.
Certains de ces facteurs sont disponibles et peu modifiables dans le temps du moins à
grande échelle (terre et climat), d’autres peuvent s’acquérir et nécessitent
d’importants moyens financiers (intrants, biens d’équipement) .Ces ressources
naturelles et ces ressources techniques ne peuvent donner des résultats que si elles
sont mises en œuvre par une main d’œuvre qualifiée et motivée.
L’évolution quantitative et qualitative des ressources productives détermine l’état
du système productif agricole, qui n’est autre qu’une composante du système
productif de l’économie nationale dans son ensemble, et renseigne sur le degré
d’intensification des cultures et des élevages.
Tous ces facteurs analysés dans leur environnement économique et social
permettent d’appréhender le niveau des résultats obtenus et laissent percevoir les
perspectives de développement et les marges de progrès à réaliser en matière de
production afin d’atténuer la dépendance alimentaire qui risque de bloquer la
croissance économique et compromettre l’existence même du pays à long terme sauf
un miracle dû aux découvertes scientifiques.
L’introduction générale de la présente recherche commence par une évidence. Le
volume de la production agricole dépend du volume des ressources productives
utilisées dans le processus de production.
316
Aussi la problématique se pose en ces termes : les résultats obtenus en quantité
physique par la production ont-ils suivis les apports en ressources productives
dont a bénéficié l’agriculture ?
Les ressources productives ou facteurs de production ont été identifié depuis
longtemps par les économistes classiques, et classés en trois catégories : les
ressources naturelles (la terre et le climat), les ressources humaines (le travail) et le
capital (ressources techniques). Les auteurs néoclassiques ajouteront un quatrième
facteur : le progrès technique.
Chaque facteur a ses propres caractéristiques et ses contraintes, et peut être utilisé de
manière extensive ou intensive selon les disponibilités et partant le prix dans la
combinaison productive.
La première partie est consacrée à l’évolution des ressources productives utilisées
dans l’agriculture. Elle met en évidence l’exiguïté des terres arables et les aléas du
climat.
Sur une superficie totale de plus de 238 millions d’Hectares, seuls 40 millions sont
utilisés par l’agriculture et 8 millions d’Ha de superficie agricole utile (SAU) sont
effectivement cultivés et où la jachère occupe encore près du tiers de la SAU.
Le climat se caractérise par des pluies faibles, irrégulières et mal réparties dans
l’espace et dans le temps. L’érosion hydrique et éolienne constitue un véritable fléau,
danger pour des terres fragiles au climat rigoureux.
317
Ceci diminue la fertilité des sols et la capacité de rétention des barrages par
envasement.
De plus, les autres secteurs économiques exercent des pressions sur le secteur
agricole pour le prélèvement de l’eau et le transfert des terres à leur profit, ce qui
réduit les capacités de production de l’agriculture surtout quand il s’agit de transfert
de terres fertiles localisées près des centres urbains et travaillées depuis des
générations.
L’instabilité des structures des exploitations a également fragilisé le secteur
agricole. En effet plus leur nombre augmente et plus la superficie moyenne par
exploitation diminue. Ceci influe sur le revenu des agriculteurs et fait d’eux des
candidats potentiels à l’exode.
Ceci explique le fait que l’agriculture ne dispose que d’une main d’œuvre en majorité
âgée, analphabète et mal informée.
Les consommations productives du secteur agricole ont fortement augmenté durant
la décennie 1970, et ceci jusqu’à la fin des années 1980, puis ont rechuté pour
atteindre le niveau du début des années 1960.
Aussi, ces variations ont marqué le secteur agricole et se sont répercutées sur le
niveau de la production qui ne s’explique plus que par les aléas du climat.
318
Dans la seconde partie nous démontrons que l’écart entre le rendement réel et le
rendement potentiel des cultures est assez important - Il peut être réduit -. Comparés
aux résultats obtenus par les pays riverains de la méditerranée, les rendements
algériens sont les plus bas. Cet écart pourrait également être réduit.
Pour cela l’industrie doit jouer son rôle de fournisseur de ressources techniques au
secteur agricole en quantité et qualité et à des prix compétitifs.
La mise en valeur des terres agricoles qui a nécessité des sommes colossales n’a pas
encore révélé ses résultats en matière de production. Cette mise en valeur n’arrive pas
à compenser ce qui a été transféré vers d’autres secteurs (habitat, industrie, tourisme,
infrastructure).
En conclusion : nous affirmons, au vu des résultats obtenus, que dans le moyen et
le long terme l’Algérie resterait dépendante de l’étranger pour nourrir sa population.
La sécurité alimentaire ne peut être assurée que par des hommes (travail).
Aussi, l’investissement dans le capital humain est primordial. Seule l’amélioration
des connaissances pourrait trouver une solution à la situation présente par une
adaptation des techniques et des cultures à l’environnement écologique du pays. Une
meilleure politique ou gouvernance est indispensable, car il est indiscutable que les
problèmes de l’agriculture algérienne sont avant tout politiques. Pour les résoudre il
319
faut assurer la stabilité et la sécurité (de revenu) aux agriculteurs. Comme l’Algérie
est dépendante nette de l’étranger en produits alimentaires et agricoles et ne vit pas en
autarcie, la conjoncture internationale avec le développement des biocarburants et la
demande alimentaire croissante des pays émergents risque d’entrainer une hausse des
prix des produits de base jusqu’à présent soutenue par le trésor public. Seuls des
investissements conséquents, ciblés dans les ressources productives et surtout le
capital humain pourraient à long terme atténuer cette dépendance.
Mots clés : ressources productives – agriculture – production agricole – mise en
valeur des terres – ressources productives - système productif.
320
Abstract:
Production factors play a crucial role in agriculture. Some of these factors are
available and little change in time at least on a large scale (land and climate) others
can be acquired and require significant financial resources (fertilizer, capital goods).
These natural resources and these technical resources can yield results only if they are
implemented by a qualified workforce and motivated.
The quantitative and qualitative development of the productive resources
determines the status of the agricultural production system, which is one component
of the production system of the national economy, and the degree of intensive
farming.
All these factors analysed in their economic and social environment can
understand the level of results and indicate the prospects for development and
margins advances in the field of production in order to alleviate food dependency that
could block growth Economic and jeopardize the very existence of the country in the
long term unless a miracle due to scientific discoveries.
The thesis title above contains a general introduction followed by both parties and a
general conclusion.
The general introduction presents an obvious. The volume of agricultural
production depends on the amount of productive resources used in the production
process so the problem arises as follows:
321
" Achievements in physical quantity production have they followed intake
productive resources enjoyed by the agriculture?"
Productive resources or factors of production have long been identified by the
classical economists, and classified into three categories: natural resources (soil and
climate), human resources (labor) and capital (technical resources). Neoclassical
authors add a fourth factor: technical progress.
Each factor has its own characteristics and constraints, and can be used extensively or
intensively depending on availability and prices starting in the productive
combination.
The first part is devoted to the development of the productive resources used in
agriculture. It highlights the narrowness of arable land and the vagaries of climate.
A total area of more than 238 million hectares, only 40 million are used in agriculture
and 8,000,000 Ha of utilized agricultural area (UAA) is actually cultivated and fallow
where still occupies nearly a third of the UAA.
The climate is characterized by low rainfall, erratic and poorly distributed in space
and time.
The water and wind erosion is a scourge, danger to fragile lands with harsh
climate.
This reduces soil fertility and the capacity retention dams’ siltation.
In addition, other economic sectors exert pressure on the agricultural sector for the
322
removal of water and the transfer of land to their advantage, which reduces the
capacity of agriculture especially when it comes to transfer fertile land located near
urban centers and work for generations.
The instability of farm structures also weakened the agricultural sector. Indeed
most number increases, the average area per farm decreases. This affects the income
of farmers and makes them potential candidates for migration.
This explains the fact that agriculture has only a workforce mostly elderly, illiterate
and misinformed.
Productive consumption of the agricultural sector grew strongly during the 1970s,
and this until the late 1980s, and then relapsed to the level of the early 1960s.
These variations have marked the agricultural sector have affected the level of
production that can be explained more by the vagaries of climate.
The second part tries to show that the gap between actual and potential crop yield
is quite large - it can be reduced - . Compared to results obtained by the countries
bordering the Mediterranean countries, Algeria returns are lowest for this gap also
reduced.
For that industry must play its role in providing technical resources to the agricultural
sector in quantity and quality and at competitive prices.
Development of agricultural land which required huge sums has not yet revealed its
results in terms of production. This development can not compensate for what has
323
been transferred to other sectors (housing, industry, tourism, and infrastructure).
In conclusion, we affirm that in the medium and long term Algeria remain
dependent on overseas to feed its population.
Food security can be ensured only by men.
Also, investment in human capital is paramount. Only the improved knowledge could
find a solution to the present situation by adapting techniques and crops to the
ecological environment of the country. Better policy or governance is essential
because it is undisputed that the problems of Algerian agriculture are primarily
political. To solve them we must ensure the stability and security (income) to
farmers. As Algeria is dependent net from abroad in food and agricultural products
and not living in autarky the international economy with the development of biofuels
and the growing food demand in emerging markets is likely to lead to higher prices
for commodities far supported by the public purse. Only substantial targeted
investments in productive resources and especially human capital.
Keywords: productive resources -- factors of production -agriculture - Production -
development of land. - system productive.