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Emeutes raciales : Ce que les médias français n’ont pas dit HEBDOMADAIRE POLITIQUEMENT INCORRECT MERCREDI 10 AOÛ T 2011 N°2524 - 3,50 € Londres à feu et à sang Marseille Vol d’un parking Vinci : des bandes criminelles vivent aux dépens des usagers. p. 4-5 Les gangs imposent leur loi Où trouver Minute ? www.trouverlapresse.com Grèce : des barbelés contre l’immigration

Minute (hebdo) n° 2524

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HEBDOMADAIRE POLITIQUEMENT INCORRECT ■ MERCREDI 10 AOÛ T 2011 ■ N°2524 - 3,50 €Grèce : des barbelés contre l’immigrationEmeutes raciales : Londres à feu et à sangLes gangs imposent leur loiMarseille / Vol d’un parking Vinci : des bandes criminelles vivent aux dépens des usagers.http://minute-hebdo.fr

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Emeutes raciales :

Ce que les médiasfrançais n’ont pas dit

HEBDOMADAIRE POLITIQUEMENT INCORRECT ■■ MERCREDI 10 AOÛ T 2011 ■■ N°2524 - 3,50 €

Londres à feu et à sang

MarseilleVol d’un parking Vinci :

desbandes criminellesvivent aux dépensdes usagers. p. 4-5

Les gangs imposent leur loi

Où trouver Minute ?www.trouverlapresse.com

Grèce :des barbelés

contre l’immigration

Page 2 10 août 2011

ALLONS-Y DEBON CŒURAVEC© Reproduction interdite sauf autorisation préalable de « MINUTE »

Stratège

Les bourses plongent, le sauvetage s’organise

Gouverner c’est pédaler

Gare aux agences de notation

La « French touch »

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ECONOMIE

Une seule lettre vous man -que et tout est paniqué.Depuis la dégradation dela note des Etats-Unisd’Amérique par Standard

& Poor’s (note passée de AAA àAA+), la grande trouille des mar-chés financiers, déjà alimentée parde précédentes « mauvaises notes »at tribuées à des Etats européens,s’est accentuée. C’est à qui perdrale moins en vendant le mieux, enespérant se refaire en rachetant à vilprix ce que les épargnants affolésauront soldé… Ainsi va la planètefinances.

Le triple A est un peu à l’écono-mie ce que la « 5A » est à la charcu-terie. Vous l’obtenez : vous êtes leroi. Vous en êtes privé : vous n’avezplus que vos yeux pour pleurer enessayant de fourguer votre stocksur votre bonne réputation passée.La 5A, contrairement au triple A etaux autres notes type Baa2, CC,DDD, etc., fut au départ une plai-santerie, un quintuple éclat de rirecontagieux d’un gastronome : « Ah !Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! » De là naquitl’Association amicale des amateursd’andouillette authentique – anec-dote authentique elle aussi, dumoins certifiée comme telle par lesrabelaisiens fondateurs de l’asso-ciation. D’où le mystérieux sigleAAAAA apposé dans certains éta-blissements, pas peu fiers, à côté de

l’andouillette proposée sur la carte.C’est le signe que leur produit a ob -tenu le précieux diplôme de quali-té. Précision importante : l’associa-tion est « strictement dépourvue debut lucratif », aucun membre « nereçoit d’indemnisation, [ni] n’estrémunéré pour sa collaboration ou sabonne mine » et « les lauréats, diplômeobtenu, sont totalement libres d’adhé-rer ou non à l’association ».

Pendant le krach, les agences se gavent

Avec les agences de notation fi -nancière, c’est très différent. Stan-dard & Poor’s, comme ses deux ri -vales Fitch et Moody’s (ces « BigThree » détiennent 90 % du marchéde la notation), se font non seule-ment payer par ceux qu’elles no -tent mais, concernant les Etats, selivrent en outre à une pratique quis’apparente à du chantage. Dans lesannées 1920 déjà, les agencesavaient commencé à noter la capa-cité de remboursement de certainsEtats. L’une de leurs premières vic-times avait été… la Grèce. La déci-sion de Moody’s entraîna une tellecrise économique et de tels troublessociaux que l’affaire se solda par uncoup d’Etat !

Sous la direction du général Me -taxas, un régime autoritaire d’ins-piration salazariste régna sur lepays de 1936 à 1941. L’envie de no -

ter les Etats passa un peu aux agen -ces de notation financière…

Jusqu’aux années 1970, où Moo-dy’s revint à la charge, en prenantla décision de noter, cette fois, tousles Etats. Peu d’entre eux y étaientfavorables, ainsi que vient d’en té -moigner sur son excellent blog« Démystifier la finance » GeorgesUgeux, actuel p-dg de Galileo Glo-bal Advisors, une mini banqued’af faires internationale de NewYork, et ancien vice-président exé-cutif (1996-2003) de la Bourse deNew York : « J’étais à l’époque enchar ge du consortium des émetteursdes obligations du royaume de Belgi -que. Je me souviens de la démarche, quifut abondamment critiquée et à laquel-le bon nombre d’Etats ont hésité à sous-crire. Pour convaincre les Etats, lesagences de notation ont exercé une for -me de chantage faisant savoir aux“récalcitrants” qu’elles iraient de l’a -vant quelle que soit leur décision etqu’il était de l’intérêt de ceux-ci de“coopérer” plutôt que de se voir impo-ser une notation. »

Ils ont donc « coopéré » et acceptéde se faire racketter par les agen ces !Car celles-ci sont tout sauf des entre-prises philanthropiques. Environ90 % de leur chiffre d’affaires pro-vient des entités notées, estime Nor-bert Gaillard, consultant à la Ban quemondiale (elle-même no tée !), dansson livre Les Agences de notation. Etleurs marges sont con sidérables.

Rien n’interdit de leurcouper les vivres

Derrière ces pratiques commer-ciales que l’on qualifiera pudique-ment de contestables se cache aussiune collusion d’intérêts avec lesgran des banques. « Dans le cas desrisques souverains, explique Geor gesUgeux, [les] banques d’affaires […]ont soutenu les agences de notationauprès des Etats, leur précisant que,

sans notation, le coût de leursemprunts serait supérieur ».

« A la clef de cette manipulation etde ce chantage des banques, ajoute-t-il,on aurait pu croire que les investis-seurs, ou à tout le moins les chefs de filedes émissions, paieraient pour ce servi-ce qui leur permet de ne pas se préoc-cuper du crédit des Etats et de le confieraux agences de notation, trop contentesd’obliger. C’est compter sans lesmoyens de pression de ces banques. Ona donc réussi à faire payer par les Etatsdes notations en leur vendant le faitque cela réduisait leurs coûts d’émis-sion. » Les baisés, comptez-vous…

Le problème fondamental au -jourd’hui est que l’avis de ces agen -ces est devenu parole d’or. Commele dit Rama Cont, chercheur auCNRS et à l’université Columbia,« régulateurs et législateurs leur ontconféré le statut d’oracle », notam-ment depuis que les Etats-Unis ontinventé la notion d’« agence de nota-tion agréée » et que les accords deBâle II, entrés peu à peu en vigueurdans une centaine de pays au coursde la dernière décennie à l’initiativedes gouverneurs des banques cen-trales des pays de l’OCDE, ont im -posé de suivre les avis émis par lesagences de notation financière.

Faut-il alors supprimer cesagen ces ? Pas forcément. On pour-rait très bien les laisser vivre… oumourir. Juste en supprimant dansla réglementation internationalel’o bligation de faire un aussi grandcas de leurs analyses. Et en cessantde les rémunérer. Puisqu’elles exi-gent que les Etats réduisent leursdé penses, ce serait un premier si -gne de bonne volonté, non ? ■

Antoine Vouillazère1. http://aaaaa-asso.fr2. http://finance.blog.lemonde.fr/3. La Découverte, coll.Repères, 2010.4. in « Le Monde » du 9 août 2011.

AH ! AH ! AH ! AH ! AH !

Les Etats pris pour des andouillettesCertes, l’endettement phénoménal desEtats européens et des Etats-Unis ne peutdurer. Mais la saison 2 de la crise boursièrequi secoue la planète a une autre cause, quin’a rien à voir non plus avec l’euro : elledécoule de la dictature instaurée, encollusion avec les banques, par les agencesde notation financière.

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«AMarseille, on a volé unparking ! » Un premieravril, on aurait pensé àun poisson aussi grosque la sardine qui a

bou ché le Vieux-Port. Mais c’est le 3août dernier que le journal « La Pro-vence » a mis à la une ce titre halluci-nant ! Les faits rapportés ne le sontpas moins. À la porte d’Aix, pla ce Ju -les-Guesde, se trouve un par kingd’une cinquantaine de pla ces, dontla Communauté urbaine de Mar-seille a confié la gestion à la so ciétéVinci. Or début janvier, con fronté auproblème de l’insécurité, Vinci s’estavoué vaincu : « Il y a eu des dégrada-tions, des intimidations vi sant le person-nel. On a bien dû déposer une vingtainede plaintes. Mais personne n’a bougé.On est parti. » Et de jeu nes délin-quants ont repris l’exploitation duparking abandonné : postés à la bar-rière, ils rackettaient les automobi-listes, 5 euros la place. Un tarif quin’incluait aucune assurance anti-vol… De retour à sa voiture, un hom -me s’est fait agresser : « Un individu,arrivé par derrière, m’a arraché une chaî-ne en or que j’avais depuis 20 ans et àlaquelle je tenais beau coup. » Cette vic-time n’est pourtant pas un enfant dechœur : il s’agit d’Alain Dulion, an -cien trafiquant et proxénète, au jour -d’hui rangé des voitures. Les jeu nesn’ont décidément plus de respect !

Le quartier de la Porte d’Aix n’estpourtant pas perdu au fin fondd’une banlieue « sensible ».

Quand se finit l’autoroute A7,c’est le premier carrefour de la ville,la première image qu’offre Marseilleaux visiteurs. Un marché sauvageavec trafics en tous genres, un bidon-ville de Roms, des gosses qui vous

lavent le pare-brise avec des épongessales. Tous les charmes de l’immigra-tion illégale. Les politi ques ne fontrien. Ils sont pourtant bien placés :c’est là que se dresse l’Hôtel de la Ré -gion, bâtiment qui a coûté 45 mil-lions d’euros. Une tour d’ivoire avec,pour les conseillers ré gionaux, dé -fen se d’y voir.

Avec Sarko, il ne fautpas croire au père Noël

Ceux qui en ont plein les oreilleset plein les yeux, ce sont les riverainset les commerçants de la Porte d’Aix.Depuis des années, ils alertent lespouvoirs publics. En vain. Il y a toutjuste un an, l’association « Présencecitoyenne » et le collectif « Traitd’Union », qui regroupe tous lesmécontents, ont écrit à Nicolas Sar-kozy pour lui brosser le ta bleau :« Insalubrité liée aux vendeurs à la sau-vette qui vendent des marques contre-faites sans inquiétudes, prolifération descon trebandiers de cigarettes qui pourris-sent notre quotidien, blocage des trottoirspar des clandestins, menaces contre plu-sieurs de nos responsables, agressionsphysiques… » Avec un exemple dra-matique à l’appui : « Une vieille dame,victime de harcèlements et d’intimida-tions de la part de jeunes délinquants quiutilisaient son entrée d’immeuble commelieu de revente de stupéfiants au quartierdes Grands Carmes (Porte d’Aix), s’estdéfenestrée du deuxième étage, commeun dernier appel de détresse. » Peuavant Noël, le père Sarko a daignéleur répondre, avec dans sa hot te desjoujoux pour amuser la galerie : « Lesfaits que vous rapportez sont totalementinadmissibles. Aussi ai-je saisi BriceHortefeux, ministre de l’Intérieur, en luidemandant de donner des instructions

au préfet de la région PACA afin… » Etblablabla… Hortefeux a été rempla-cé par Claude Guéant. Mais à laPorte d’Aix, c’est toujours la mêmechose… en pire ! Les Roms qui ontété expulsés des immeubles qu’ilssquattaient dans le quartier campentdésormais sur la place Jules-Guesde ! 250 camps vo lants qui ontpris racine. « Médecins du Monde »vient de révéler que 90 % d’entre euxne sont pas vac cinés. Désormais, il ya un ris que d’épidémies, telle que larougeole, qui menace très sérieuse-ment « la santé publique ».

Manquait plus que ça !

Marseille malade de l’immigration

L’histoire du « parking volé » ayantscandalisé toute la France, y comprisce petit coin du Lavandou où séjour-ne le président, Hugues Pa rant, pré-fet de la région PACA, a annoncé desmesures drastiques pour sécuriser lequartier de la Porte d’Aix : l’arrivéede 80 CRS et l’instauration d’un péri-mètre de sécurité. Ce dispositif dure-ra-t-il plus longtemps que le chantdes ci gales ? Quant au fameux par-king, Eu gène Caselli, président so -cialiste de la Communauté urbaine,a an noncé que les jeunes délinquantsqui l’exploitent étaient congédiés :« Le parking sera rouvert avec gar -diennage dès le 1er septembre. Nous ins-tallerons une clôture, avec une seule en -trée, et de la vidéosurveillance » Consé-quence : « C’est un parking qui va fina-lement coûter plus cher que ce qu’il nousrapporte. » Le vrai problème, c’est quela Porte d’Aix est un cancer qui n’apas été traité suffisamment tôt. Il adéjà proliféré. En haut de la Canebiè-re, dans le quartier de Noailles, il y a

une métastase de ven deurs à la sau-vette. Près du Vieux-Port, sous lesfenêtres de la mairie où siège Jean-Claude Gaudin, les clandestins et lesmalfrats gangrènent la place Victor-Gelu. Dans un entretien accordé à« La Pro vence » le 1er août, le nou-veau préfet délégué à la sécurité,Gilles Le clair, ne l’a pas nié : « Con -cernant cette place, personne ne contesteque c’est un lieu de délinquance, d’inci-vilités, d’injures et de tapage. Mais on nepeut pas dire qu’on ne fait rien. » Lebilan est pourtant maigre comme unchat malade : « Les policiers y sontintervenus à 11 reprises depuis le débutde l’année et 8 personnes ont été inter-pellées ! » Le préfet de police est plusconvaincant quand il avoue son im -puis sance : « Je ne résoudrai pas toutseul les difficultés liées à une ville pauvre,qui souffre de 50 ans d’immigration et detradition de banditisme. Je ne suis ni lesauveur, ni Jésus-Christ ».

Aujourd’hui, Marseille fait peur.Enfant de la ville, l’écrivain et réali-sateur Philippe Carrese a décrit sonspleen dans « J’ai plus envie », un tex -te qui fait le buzz sur Internet. Mor-ceaux choisis : « J’ai plus envie de meprendre le quart-monde dans la gueulechaque fois que je mets un pied sur laCanebière… J’ai plus envie de supportertoute la misère du monde à chaque coinde rue… J’ai plus envie de baisser lesyeux devant l’indolence arrogante dejeunes connards… J’ai plus envie de tra-verser le quartier Saint Lazare et de mecroire à Ka boul… » Philippe Carresen’a ce pendant pas perdu l’envie deserrer la louche des politiques mar-seillais, qui, de droite comme de gau -che, revendiquent son amitié, tout enlaissant les gangs s’installer. ■

Pierre Tanger

SOCIETEPORTE D’AIX À MARSEILLE

Une sous-France qui fait malDes clandestins, des trafiquants, desRoms… à l’entrée de Marseille, le quartierde la Porte d’Aix est une vraie cour desmiracles. Qui prospère en toute impunité,la République ayant préféré céder leterritoire aux délinquants !

Paris fête le ramadan

L a Mairie de Paris organisera le24 août prochain, dans les salonsde l’Hôtel de Ville, une « soirée

du Ramadan ». D’après l’agenceNovopress, cette fête orientale, sevoulant « culturelle et musicale », seraanimée par un ensemble de Malouf Tu -nisien. Et comme la mairie de Paris etson maire, Bertrand Delanoë, nelésinent pas sur l’argent du contri-buable parisien pour montrer leurgrand amour de l’islam, les invités et

les nombreux élus présents pour-ront, au coucher du soleil, rompre lejeûne en écoutant des concerts demu sique traditionnelle maghrébine !

Trois jours après, ce sera au tourde la Villette d’accueillir le « GrandRamdam », une « fête populaire et gra-tuite à la découverte des musiques dumonde arabe et du Maghreb ». Enoutre, France 2 retransmettra la Nuitdu ramadan, en mettant à l’honneurles musiques du Maghreb… C’estcomme au pays, dis !

Cinq nouvelles mosquéesà Toulouse

L es projets de construction demosquées géantes s’enchaînent àun rythme soutenu un peu par-

tout en France. Après celle de Stras-bourg, la deuxième plus grande mos-quée d’Europe, qui a ouvert officielle-ment ses portes la semaine dernière,la ville de Toulouse devrait voir dansles prochains mois s’achever les tra-vaux de la future mosquée d’Empalot.A nouveau, les dimensions de l’édifice

sont pharaoniques : pour un coût de3,5 millions d’euros et étendue surplus de 2 000 m2, elle devrait disposerd’une surface de prière supérieure àcel le des grandes mosquées de Lyonet Paris, le tout surmonté d’un dômeet d’un minaret de 22 m de hauteur !L’immobilier islamique ne va d’ailleurspas s’arrêter en si bon chemin à Tou-louse, puisque d’autres mosquées sonten construction (au Mirail, à Tabar) ouen projet (à Basso-Cambo et Bagatel-le). Les Toulousains qui en ont marrede l’appel du muezzin pourront tou-jours demander l’asile en Suisse. ■

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Secrétaire général de la mosquée de laPorte d’Aix, Omar Djellil est le président de« Présence citoyenne », association quidéfend les valeurs de la République. Celuiqui a récemment appelé à voter FN nouslivre ses quatre vérités.

Minute : Il y a un an, vous aviez écrit au président Sarkozy pour l’informer du climat délétère qui règne à la Ported’Aix. Depuis, les choses ont-elles évolué ?

Omar Djellil : La situation a empiré ! Le rac-ket du parking Vinci n’est que le dernier épisoded’un feuilleton quotidien. Avant, les vendeurs à lasauvette qui fourguent cigarettes de contrebandeet contrefaçons se cachaient, car ils avaient peur dela police… Mais comme la police se fait rare dansle quartier, ils s’affichent désormais au grand jour,ont pignon sur rue et installent des stands devantles boutiques des commerçants ! Avec, en toile defond, l’insécurité. En un an, 6 policiers ont été griè-vement blessés, une arme de service a été volée, etil n’y a eu aucune riposte officielle ! On compteégalement quatre morts. Au mois de juin, un mon-sieur – Maghrébin –, traverse le quartier, en com-pagnie de son épouse. Ils sont accostés par des

jeunes qui veulent les racketter. Le monsieur refu-se. Il a récolté trois coups de couteau. Il est décé-dé. Je vous le dis, ici on n’est plus en France. LaPorte d’Aix est un territoire perdu de la Répu-blique !

Sur le terrain, « Présence citoyenne » n’apourtant pas ménagé ses efforts pouraider la police…

Il y a un an et demi, notre association a mobili-sé tous ses adhérents et sympathisants, pour me -ner une enquête sur le terrain, faire une photo de« l’environnement », comme on dit dans le jargonpolicier. Nous avons relevé les plaques d’immatri-culation des voitures suspectes, localisé les entre-pôts clandestins, établi le profil des trafiquants. Ona remis notre enquête aux douanes, à la police, à lamairie… Aucune suite n’a été donnée. Des rive-rains ont également ouvert leurs appartements àdes policiers, qui, ainsi planqués, ont pu filmer lestra fics dans la rue. Des heures d’enregistrementmais… aucune interpellation !

Mais beaucoup de critiques…

Lors d’une réunion publique, certains nous ontreproché de faire de la délation ! Ils nous ont accu-sés d’être des nostalgiques de Vichy… Vous con -naissez la rengaine. Moi, je n’en ai rien à faire. Le de -voir d’un citoyen est de signaler tous les actes decriminalité. Je veux circuler en sécurité.

Pour mener votre combat, vous aviezrejoint « Le Trait d’Union », un collectifd’associations. Or aujourd’hui, ilsemblerait qu’il y ait de l’eau dans le gaz ?

Nous avons décidé de prendre nos distances. Aufil des mois, il nous est apparu que les responsables

du « Trait d’Union » étaient trop proches de Liset-te Narducci, le maire socialiste de la mairie d’ar-rondissement. Sous prétexte d’insécurité, le but ducollectif est de régler des comptes avec l’UMP. Descalculs politiciens et électoraux tout petits alors quele PS aurait pourtant un rôle à jouer. Le président duConseil régional est socialiste, le président duConseil général est socialiste, le président de laCommunauté urbaine est socialiste… Et que font-ils ? Fin mai, ils ont fait venir Manuel Valls ! Un Pari-sien qui vient expliquer aux Marseillais les problèmesque la racaille pose à la Porte d’Aix ! Il s’est fait pho-tographier et filmer avec des jeunes délinquants ! Sij’étais le maire de l’arrondissement, pour me faireentendre des autorités, je mettrais mon écharpe tri-colore et j’irais manifester devant la Préfecture.

Si la gauche met de l’huile sur le feu, deson côté, le gouvernement ne fait pasgrand-chose…

Le 5 mai dernier, Claude Guéant, le ministrede l’Intérieur, est venu à Marseille pour « afficher savolonté de ne pas reculer devant la criminalité ». Maisqu’a-t-il vu de la réalité ?

Le comité d’accueil ne lui a fait voir que descoins tranquilles. Pour finir, il a visité le commissa-riat central. Mais il n’a pas mis les pieds à la Ported’Aix ! À plusieurs reprises, nous avons égalementécrit au président Sarkozy. Toujours la mêmeréponse, il va en référer à l’autorité compétente– la préfecture – qui nous envoie régulièrement ba -lader… Et pendant ce temps, tous les jours, dansnotre quartier des gens se font « arracher ». Aujour-d’hui, après le scandale du parking Vinci, le préfetannonce que des mesures vont enfin être prises.On demande à voir, comment et pour combien detemps. Parce que moi, si rien ne bouge, j’envisage lacréation d’une milice populaire. ■

Propos recueillis par Pierre Tanger

« Je vous le dis : ici on n’est plus en France ! »

Paris et Toulouse à l’heure de l’islam

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DOSSIER

Plus de 150 arrestations endeux nuits ; 26 policiersbles sés, dont deux tou-jours hospitalisés ; le ma -gasin Carpetright, équiva-

lent londonien des Galeries La -fayette, dévoré par les flammes ; unbus à deux étages incendié, avecdes dizaines de voitures et deux ca -mions de police ; une populationterrorisée ; le quartier de Totten-ham, dans le nord de Londres, misà sac durant deux jours par desbandes de voyous jamaïcains ; uneextension des violences jusqu’aucœur de la capitale britannique…

Et en France, le quotidien « LeMon de » nous explique benoîte-ment que les médias anglais « dra-matisent » la situation ! Circulez, y arien à voir ! Repris en boucle partous nos confrères, le scénario pré-senté est peu ou prou le même quecelui qui nous fut servi lors desémeutes de 2005 en banlieue pari-sienne : à la suite d’une dramatiqueba vure des forces de l’ordre, des« jeu nes », humiliés par une policeraciste, se seraient énervés et au -raient un peu tout saccagé sur leurpassage, histoire de se calmer lesnerfs. Pas un mot sur les policiersblessés. Pas un mot sur le profil dunoir tué par la police. Et surtout,pas un mot sur la spécificité racialeet criminelle de ces affrontements.

La réalité, c’est qu’il s’agit despi res violences que Londres ait con -nues depuis… les émeutes de 1985,

qui, déjà, avaient opposé la police àla majorité de la communauté ja -maïcaine de Tottenham ! A l’épo -que, une mère de famille était dé -cédée d’une crise cardiaque lorsd’une perquisition à son domicile,provoquant le soulèvement d’unediaspora afro-caribéenne, majori-tairement sous la coupe du crimeorganisé (voir page 7). Durant deviolents combats de rue – qui firent82 blessés – l’agent Keith Blake-lock, 40 ans, coupé de ses partenai -res au cours d’un assaut dans la citéde Broadwater Farm, avait été en -cerclé par une quarantaine de noirsarmés de machettes, de couteaux etde barres de fer, puis sauvagementassassiné (l’autopsie révéla 42 bles-sures, dont 8 coups de machette à latête). « The Guardian » dénonça « leplus horrible épisode lié à la vague dedésordres raciaux en Grande-Bre-tagne ».

« Les jeunes n’étaient pas contents »

L’actuel embrasement de Tot-tenham pourrait bien être une répé-tition de ce scénario. Les troublesont éclaté samedi, à la suite d’unema nifestation organisée pour « ré -clamer justice », après la mort, jeudi4 août, de Mark Duggan, membred’un gang ethnique tué lors d’unefusillade avec la police.

Le trajet de la manifestation enlui-même avait tout d’une provoca-

tion : partant de la cité BroadwaterFarm, quartier général du gang enquestion, le défilé s’était fixé com -me destination le… commissariatlocal, où les policiers (majoritaire-ment blancs, à en croire les photos),assiégés par la foule afro-caribéen-ne, furent copieusement insultés,me nacés et sommés de « s’expli-quer » !

Mais les choses dégénèrent vrai-ment vers 20 h 30, lorsque des grou -pes de Jamaïcains se mettent à lan-cer des projectiles sur les unités depolice tardivement arrivées en ren-forts. Tandis que badauds et mani-festants « pacifiques » s’enfuient àtou tes jambes, 300 jeunes noirs ar -més, très mobiles et parfaitementor ganisés, envahissent les rues etles toits des bâtiments, puis bom-bardent les policiers à coup de bou-lons, pavés, fusées de détresse,cocktails Molotov ou… extincteurs.

Durant toute la nuit, les émeu-tiers cherchent soigneusement à« casser du flic », n’hésitant pas à al -ler au contact, munis de barres defer, de couteaux et même de sabres !D’autres brûlent et pillent tout cequ’ils peuvent, agressant les mal-

heureux commerçants encore ou -verts ou les passants ne donnantpas assez volontiers leurs biens.Heidi Blake, du « Telegraph », ra -conte : « La police ne savait plus oùdonner de la tête : les voleurs sortaientdes magasins ravagés avec des affairesplein les bras. Certains étaient encoreen train de comparer les fruits de leurbutin, à la lumière du petit matin ».

« Des noirs ont mis Londres à feu et à sang »

Dans la nuit du dimanche 7 aulundi 8 août, de nouvelles violencesont lieu. Initialement circonscritsau quartier de Tottenham, affronte-ments et pillages s’étendent à diffé-rents quartiers de la capitale, avantque la police, réorganisée, ne par-vienne à disperser le gros desémeutiers.

Le lendemain, tandis que les ra -res blancs de Tottenham faisaientpart de leur terreur et des agres-sions dont ils avaient été victimes,la majorité de la population noireestimait que ces violences « pou-vaient se comprendre », car « les jeunesn’étaient pas contents » et « avaient

CE QUE LES MÉDIAS N’ONT PAS OSÉ DIRE

La vérité sur les émeutesraciales de LondresLe quartier de Tottenham, dans le nord deLondres, a été ravagé par des émeutes d’uneviolence inouïe. Comme toujours, plutôtque de regarder les problèmes en face, lesmédias ressortent la culture de l’excuse – làoù, pour trouver des solutions, il faudraitoser dénoncer des affrontements raciaux.

besoin d’exprimer leur colère après laperte d’un des leurs ».

Depuis le début de la semaine, lesmédias tentent d’expliquer la situa-tion en recourant à la culture de l’ex-cuse ou en rejetant la faute sur lapolice. Les pillards seraient des mal-heureux – pratiquement les victimesd’une police raciste et « en crise »,com me disent « The Guardian », clas-sé à gauche, et son homologue fran-çais « Le Monde ». A les croire, si desJamaïcains ont ravagé Tottenham,c’est parce qu’ils voulaient « com-prendre pourquoi Mark Duggan a étéabattu »… Sans rire.

La vérité a été tranquillement af -firmée par Katharine Birbalsingh,une intellectuelle britannique d’origi-ne indienne, dans le « Telegraph » delundi : « Ce matin, j’ai entendu parlerdes émeutes à la radio, puis à la télévi-sion. Après, j’ai lu des articles sur Inter-net. Et rien. Nul n’osait dire l’indicible.Que les émeutiers étaient tous noirs, oupratiquement. (…) Lorsque j’ai vu la pre-mière photo publiée de Mark Duggan,j’ai compris ce qu’instinctivement j’avaisdeviné la veille : des noirs ont encore misLondres à feu et à sang ». L’ennui, dit-elle, c’est que pour restaurer l’ordrepublic et mettre fin aux conflits com-munautaires, il faudrait que tout lemonde ose regarder la réalité en face.« Les problèmes ne peuvent pas se réglersi les gens ne veulent pas entendre lavérité. Comme avec tant d’autres ques-tions dans notre pays, nous nous cachonsla tête dans le sable et nous refusons d’enparler ». ■

Patrick Cousteau

10 août 2011 Page 7

A vant de mourir, dit le quotidien anglais « The Sun »,Mark Duggan avait écrit un texto à sa petite amie :« Les flics me suivent »… L’instant d’après – l’étude de

son portable l’a révélé –, il envoyait un autre SMS, moins gla-mour, à des complices escortant son taxi dans le trafic lon-donien : « Visez le van Volkswagen vert à 4 h, derrière moi. C’estla brigade Trident qui m’emmerde ».

Il est 18 h 10, ce 4 août, lorsque ce Jamaïcain de 29 ansdécide de semer les détectives de Scotland Yard en allantprendre le métro à la station Tottenham Hale Underground.Ses comparses doivent l’aider en gênant la filature des poli-ciers. Mais décelant la manœuvre, les limiers prennent ouver-tement Duggan en chasse et bloquent sa voiture.

La suite ressemble à un film de Guy Ritchie, le cinéastedes bas-fonds londoniens : troquant son téléphone portablepour un flingue, Duggan s’extrait du véhicule et ouvre le feusur un policier en civil. Dans le mille ! Touché en pleine poi-trine, l’agent ne sera miraculeusement sauvé que par la radioqu’il portait sous sa veste et qui a arrêté le projectile. Conti-nuant à vider son chargeur à travers la foule des badauds quis’éparpillent en criant, Duggan veut créer un mouvement depanique et fuir par le métro. Il n’en aura pas le temps. Bienque directement visé, le coéquipier du policier à terre fait lasommation d’usage. Puis riposte. Comme l’affaire ne se passepas en Norvège et que le détective anglais est équipé d’unpistolet automatique Heckler & Koch MP5, capable d’aligner800 pruneaux de 9 mm Parabellum à la minute, il est 18 h 15lorsque l’affaire est close : Duggan est foudroyé de deux bal -les dans la tête.

Selon le superintendant Stuart Cundy, patron de la bri-gade Trident, spécialisée dans les affaires relevant des « fu -sillades au sein des communautés de Londres et des meurtres parballe en lien avec les communautés noires » (sic), Duggan – aliasStarrish Mark pour les intimes – était un « gangster bienconnu » de ses services. Dealer de crack (dérivé de la cocaï-

ne), il était, selon le « London Evening standard », le meneurd’une des douze bandes des célèbres Tottenham Man Dem,groupe lui-même dépendant des Yardies jamaïcains, un méga-gang régnant sur des milliers de ressortissants de la diaspo-ra jamaïcaine aux Etats-Unis et en Angleterre.

Selon le « Telegraph », Duggan était placé sous sur-veillance depuis plusieurs semaines, car soupçonné de vou-loir venger la mort de son cousin Kevin Easton, rappeur de23 ans, lié aux Yardies. Plus connu sous le nom de scène deSmegz, ce dernier a été poignardé dans une boîte de nuit, enmars dernier, avec un tesson de bouteille de champagne.Duggan – présenté comme un « père de quatre enfants » parles mé dias –, aurait accepté la mission de retrouver et debuter les trois meurtriers, membres d’un gang antillais. Pourun hom me que ses camarades ont décrit comme « pas vio-lent du tout », il y a des boulots plus tranquilles.

Simone Wilson, sa petite amie, s’est dite « dévastée »par la nouvelle de sa mort : « J’étais dans un taxi. Je lui avaisparlé à 5 h. Il demandait ce que j’allais faire pour dîner. Il étaitinquiet, car il avait repéré une voiture banalisée qui le suivait ». Elleignorait évidemment tout des activités de son amoureux :« Je n’aurais jamais pu imaginer qu’il avait de mauvais projets. »Sa mère, Pamela, encore moins : « C’était mon bébé. C’était unbon fils. Il aurait fêté ses 30 ans en septembre… » S’il n’avait pasdéfouraillé sur un flic. ■

P. C.

Mark Duggan, le voyou tué par un poli-cier à l’issue d’une course-poursuite,n’était pas une simple petite frappe,dans le genre « pauvre immigré réduit àvendre un peu de drogue pour nourrir sa

famille ». D’après la brigade Trident, chargée ducrime dans la communauté noire, il faisait partiedes Tottenham Man Dem, un puissant groupe cri-minel londonien, lié à un méga-gang jamaïcain deKingston.

Ces « méga-gangs » constituent l’une des formescriminelles les plus meurtrières du monde, avec enmoyenne, 1 500 assassinats par an sur une îlecomptant moins de 2,8 millions d’habitants ! Nésdans les années 1980, forts de plusieurs milliersd’hommes de mains, ces groupes crypto-mafieux,dont les soldats s’appellent « Yardies », sont spécia-

lisés, outre la célèbre « ganja » jamaïcaine, dans leproxénétisme, le trafic d’armes, d’héroïne, et sur-tout de cocaïne – qui transite, par leur île, depuisl’Amérique latine jusqu’aux Etats-Unis ou l’Euro-pe.

Servant initialement de services d’ordre mus-clés aux partis politiques locaux, ils ont rapide-ment gangrené les structures du gouvernementjamaïcain.

« Localement, dit le criminologue Xavier Raufer,le méga-gang impose son système de loi et d’or dre... Illève un impôt sur les entreprises locales en échange de saprotection, il punit ceux qui refusent de payer en s’enprenant aux biens et aux personnes. Il offre un semblantde sécurité sociale, en aidant les populations sous sacoupe, en payant des frais de scolarité et de cantine et enprocurant des emplois ».

Avec la mondialisation, de successives vaguesmigratoires ont permis aux criminels jamaïcainsd’implanter leurs activités à l’étranger, principale-ment en Angleterre, par le biais d’une diasporasous contrôle. Dans les communautés émigrées, le« posse » – le parrain – impose sa loi comme en Ja -maïque et se doit de punir violemment toute« offense », même venant de la police – aussi bienpar les meurtres isolés que par l’émeute de masse.Au passage, ce genre de déflagration permet auxcriminels de faire marcher le « bizness » en paraly-sant durablement le travail d’une police, qui, sousla pression médiatique et politique, retient sescoups pour éviter des représailles se traduisant parla mise à feu et à sang de quartiers entiers.

Suite page 8

La mafia jamaïcaine est-elle derrière les émeutes de Tottenham ?

Qui était le « jeune papa » tué par la police anglaise ?

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Face à l’arrivéemassive d’immigrésclandestins, legouvernement greca décidé de bâtir uneimmense clôture defil de fer barbelé surune partie de safrontière avec laTurquie.

La frontière terrestre gréco-tur que, qui court sur 150km, est devenue l’un desprin cipaux points de passa-ge des étrangers voulant

passer en douce dans l’UE. En 2010,la police grecque a arrêté 39 000 im -migrés illégaux, soit près de la moi-tié des interceptions de migrantsclandestins réalisées sur l’espaceeuropéen* ! Chaque nuit, entre 120et 350 clandestins sont arrêtés, enThrace, sur les 12,5 km de frontièreavec la Turquie. La situation est de -venue ingérable, même avec le sou-tien de Frontex, la police européen-ne. Les immigrés arrêtés coûtentune fortune ; et bien souvent, aprèsun séjour dans un centre de réten-tion plein comme un œuf, ils par-tent tranquillement à Athènes pourbénéficier des aides sociales. Amoins de gagner d’autres villesd’Eu rope pour trouver les réseauxde leur diaspora et les aides so -

ciales en tout genre dont ils enten-dent bien profiter.

Fatiguée de passer simultané-ment pour un boulet et pour la pas-soire de l’Europe, Athènes a décidéde frapper fort (mais avec l’argenteuropéen, faut pas exagérer). Ce 5août, le ministère de la Protection ducitoyen a annoncé le lancementd’une procédure pour construire uneclôture en fil barbelé sur la frontièregréco-turque. L’ouvrage, qui coûteraplus de 5 millions d’euros, est « co-financé par le fonds européen de protec-

tion des frontières de l’Union européenne(UE) ». La clôture comprendra, selonle communiqué ministériel, « deuxbarrières pa rallèles en fil barbelé longuesde 10,3 km chacune et d’une hauteur de2,5 à 3 mètres ». Elle sera construitesur la ligne frontalière près de Kasta-nies, le passage le plus fréquenté parles passeurs qui tentent d’y traverserle fleuve Evros, séparant la Grèce dela Turquie.

Le quotidien grec « Ta Néa » aré vélé, la semaine dernière, que laGrèce était également en train de

construire une tranchée de 120 km,près d’Evros. Officiellement, pourpro téger la région des crues récur-rentes. Mais elle pourrait servir, of -ficieusement, à se protéger du raz-de-marée de l’immigration illéga-le ! C’est en tout cas ce qu’a laisséfiltrer une source anonyme du mi -nistère de la Défense, chargé duprojet. Début janvier, Christos Pa -poutsis, ministre grec chargé del’Immigration, avait rappelé quec’est le « devoir du gouvernement deprotéger les droits des citoyens grecs etde ceux qui résident légalement dans lepays ». Sans parler des pauvres« par tenaires européens » qui ontsacrifié leurs frontières sur l’autelde la libre circulation. ■

P. C.

1. Nous parlons biend’arrestations. En réalité,d’après un rapport d’Europol demars 2008, 500 000 à unmillion d’immigrés entrentillégalement en Europe chaqueannée, principalement par lespays du sud de l’Europe. LaMéditerranée est le plusimportant axe dedéveloppement del’immigration illégale.

Grèce : des barbelés contre l’immigration

LE MEILLEUR DES MONDES

Suite de la page 7

Selon le « Daily Mirror », les Tottenham ManDem avaient déjà piloté les émeutes raciales de1985 qui, loin d’une simple jacquerie populaire,auraient notamment eu pour but de décourager lapolice d’intervenir sur le territoire du gang. Le« London Evening Standard » les soupçonne d’êtreégalement derrière ce nouvel embrasement com-munautaire – qui rappelle par ailleurs les émeutesde Kingston, en juin 2010. Pour protester contrel’arrestation et l’extradition aux Etats-Unis du« Shower posse » Christopher Michael Coke, leplus célèbre parrain de l’île, la mobilisation desquartiers pauvres de la capitale jamaïcaine avaitalors débouché sur une manifestation virant àl’émeute et se soldant par 70 morts de part etd’autre… Joies de la mondialisation et de l’impor-tation des flux criminels, il se pourrait bien que lemême schéma se reproduise désormais à Londres.

Lionel Humbert

Rappel des violencespassées■ 10 - 12 avril 1941, Brixton (sud de Londres) :près de 5 000 manifestants d’origine afro-cari-béenne affrontent la police. Bilan : 325 blessés,dont 280 policiers, une centaine de véhiculesincendiés, 150 bâtiments endommagés.■ 28 septembre 1985, Brixton : nouvellesémeutes après le tir accidentel d’un policier surCherry Groce, d’origine jamaïquaine, mère d’unsuspect recherché. Un journaliste est tué par desémeutiers.■ 6 octobre 1985, Tottenham : l’agent de policeKeith Blakelock, 40 ans, est assassiné dans la cité

de Broadwater Farm au cours de nouvellesémeutes jamaïcaines. ■ 25 mai 2001, Manchester : affrontements trian-gulaires entre Pakistanais, hooligans et policiers.■ 7 juillet 2001, Bradford : affrontements entreindo-pakistanais et groupes nationalistes.■ 22 - 24 octobre 2005, Birmingham : deux nuitsd’émeutes entre indo-pakistanais et des afro-caribéens après le viol d’une adolescente noire.■ 25 mai 2009, Luton : 500 personnes, dont desgroupes de l’English Defense League, se mobili-sent contre les manifestations d’islamistes lorsdu retour des troupes britanniques d’Afghanis-tan en mars. La manifestation dégénère. ■

L. H.

Les émeutes raciales de Tottenham ne constituent pas un précédent

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Minute : Vous dénoncez la campagne demédiatisation autour de la catastrophehumanitaire en Somalie. Pourquoi ?Bernard Lugan : La Somalie étant – une fois de

plus – frappée par une famine, les médias occiden-taux déversent leur lot habituel d’images atroces,accompagnées de commentaires dégoulinant debons sentiments et chargés de reproches culpabili-sateurs. Comme si nous, Européens, avions la moin -dre responsabilité dans ce drame, dont les deuxprin cipales causes répétitives sont clairement identi-fiées : une guerre tribale que se livrent des clans his-toriquement rivaux, et une surpopulation suicidairequi a détruit le fragile équilibre écologique régional.Cette campagne ne cherche pas à expliquer les cau -ses réelles de la crise somalienne, elle a seulementpour but d’émouvoir, pour préparer les esprits à uneintervention imminente.

Quelles sont les clés du problème ?La Somalie est en guerre depuis 1978. Le problè-

me n’y est pas ethnique mais tribal, le grand ens -emble ethnique somali étant divisé en trois grandsgroupes (les Darod, les Irir et les Saab), eux-mêmessubdivisés en tribus, clans et sous-clans qui se sonttoujours opposés. Hier pour des points d’eau et desvols de chameaux, aujourd’hui pour des trafics plus« modernes ».

Entre 1977 et 1978, le général et président SiyadBarre – un Darod de la tribu Maheran – déclenchaet perdit l’aventureuse guerre de l’Ogaden contrel’Ethiopie. Après cette défaite, les réalités tribaless’imposèrent avec encore plus de force qu’aupara-vant. Une terrible guerre opposa les Darod entreeux. Finalement, la tribu Hawiyé l’emporta sur celledes Maheran et, le 27 janvier 1991, Siyad Barre fut

renversé. La guerre tribale est alors devenue clani -que. Tandis que, dans le nord du pays, le Somaliland,ancien protectorat britannique, se déclarait indépen-dant, la Somalie a subi la loi de deux clans antago-nistes de la tribu Hawiyé, avec, d’un côté, le clanAgbal d’Ali Mahdi Mohamed ; et de l’autre, le clanHabar Gedir dirigé par le « général » MohamedFarah Aidid.

Pour la Somalie, c’était le début de la faim…Tout juste ! La guerre des milices provoqua une

atroce famine, et l’opinion américaine se mobilisa. EnFrance, le docteur Kouchner lança la campagne du« sac de riz pour la Somalie ». Puis, au mois de dé -cembre 1992, un corps expéditionnaire US débar-qua dans une mise en scène théâtrale pour « rendrel’espoir » aux populations somaliennes. L’opération« Restore Hope » avait été déclenchée au nom d’unenouvelle doctrine inventée pour la circonstance : l’in-gérence humanitaire, ce colonialisme des bons sen-timents. Ce fut un échec cuisant et le 4 mai 1993,l’ONU prit le relais en faisant débarquer un corpsex péditionnaire de 28 000 hommes. Le 5 juin, 23casques bleus pakistanais furent tués par les miliciensdu « général » Aidid et le 3 octobre, 18 soldats amé-ricains perdirent la vie dans l’affaire de la « chute dufaucon noir ». A partir du mois d’août 1994, l’anarchiefut totale, les hommes d’Ali Mahdi contrôlant lenord de Mogadiscio et ceux du « général » Aidid, lesud.

Alors ?Les Américains abandonnèrent le contingent de

l’ONU, composé de soldats pakistanais et bengalais.Le 28 février 1995, il fallut un nouveau débarque-

ment, baptisé opération « Bouclier unifié », pour ex -traire les malheureux devenus otages. L’ONU quit-tait la Somalie sur un cuisant échec politique et mili-taire qui lui avait coûté 136 morts et 423 blessés.

Qu’est-ce qui avait changé ?Rien. Les clans somalis se retrouvèrent entre

eux et s’affrontèrent de plus belle dans un véritableguêpier ! Le 1er août 1996, le « général » Aidid mou-rût au combat. Son fils, Hussein Aidid, lui succéda àla tête de son parti, le CSU/UNS (Congrès somalienunifié/Union nationale somalienne), c’est-à-dire sami lice tribale. Dans le sud du pays, les miliciens deHussein Aidid s’opposèrent aux Rahanwein, ces der-niers s’affrontant ensuite en fonction de leur appar-tenance clanique ; tandis que dans le nord-est, plu-sieurs composantes des Darod, dirigées par Abdulla-hi Yussuf Ahmed, créaient au mois d’août 1998 unerégion autonome baptisée Puntland.

Il faut réussir à suivre !Rassurez-vous : en 2004, après d’interminables

dis cussions entre les factions claniques, un accordde partage du pouvoir fut trouvé. Même si le Gou-ver nement fédéral de Transition, incapable de s’ins-taller en Somalie, fut contraint de « gouverner »…depuis le Kenya !

Avec quelle efficacité ?Aucune. En Somalie, apparut un nouveau mouve-

ment, les Tribunaux islamiques, dont les milices me -nacèrent de prendre Mogadiscio. En décembre2006, pour les en empêcher, l’armée éthiopienne en -tra en Somalie – sans mandat international, maisencouragée par les Etats-Unis. Par le vote de la réso-lution 1744 du 21 février 2007, le Conseil de sécuri-té de l’ONU autorisa le déploiement d’une missionde l’Union Africaine (UA), l’AMISOM. Depuis, à l’ex-ception du Somaliland et dans une mesure moindredu Puntland, les islamistes contrôlent la majeurepar tie du pays.

Vous affirmez que pour eux, la famine et sa médiatisation exclusivementcompassionnelle sera une véritableaubaine…Bien sûr ! Elle va leur permettre d’être reconnus

par la « communauté internationale » qui devra trai-ter avec eux pour l’acheminement de l’aide alimen-taire ; d’achever la prise de contrôle du pays ; et deti rer de juteux profits des détournements de cetteaide, comme cela avait été le cas lors de la grandefamine d’Ethiopie dans les années 1984-1985. Maconclusion est donc claire : nous n’avons rien à fairedans cette galère. A moins, naturellement, de vouloirverser dans le « tonneau des Danaïdes » somalien uneaide qui serait pourtant tellement utile à nos SDF età toutes ces familles françaises qui ne mangent plusà leur faim. ■

Propos recueillis par Patrick Cousteau

1. http://bernardlugan.blogspot.com/

Alors que le rouleau compresseur médiatique préparel’opinion à une intervention « humanitaire » en Somalie,l’africaniste Bernard Lugan, directeur de la revue« L’Afrique réelle » (1), remet les pendules à l’heure.

Entretien avec Bernard Lugan,directeur de la revue « L’Afrique réelle »

Somalie : « L’aidehumanitaire ne profitera pas aux affamés »

Sarko, son beau-frère et la Libye

L ’enquête n’en est qu’au stade de l’esquisse,mais elle cause déjà la très vive irritation deNicolas Sarkozy, qui en a pris connais-

sance depuis la luxueuse villa de la famille Bruniau Cap Nègre, où il est installé depuis le 1er août :

voilà que son beau-frère François Fournierétait en négociations d’affaires avec le régime li -byen !

François Fournier est, depuis 2000, le mari deCaroline Sarkozy, demi-sœur du chef de l’Etat(dont le père s’est marié quatre fois). Si Caroli-ne exerce dans l’aménagement intérieur, Fran-çois Fournier s’active, lui, dans les affaires exté-rieures. Natif de Neuilly-sur-Seine, comme il sedoit, il a fait toute sa carrière dans la banque, de

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SOCIETE

Jean-Paul Garraud

M arginale, la Droite populaire, au seinde l’UMP ? D’un poids strictement li -mité à ses 44 députés, soit 12,5 %

– un huitième seulement – des 320 députés del’UMP ? Pas si sûr…

On n’a pas assez prêté attention au scrutinorganisé le mois dernier pour remplacer, aupos te de troisième vice-président de l’Assem-blée nationale, l’élu de Maine-et-Loire MarcLaffineur – nommé, lors du remaniement du29 juin, secrétaire d’Etat auprès du ministre dela Défense et des Anciens Combattants.

Certes, c’est le palot et conformissimeLouis Giscard d’Estaing – le fils de son pè -re – qui a été désigné par le groupe UMP, maisavec seulement deux voix d’avance sur Jean-Paul Garraud : 88 voix pour le fiston Giscard

et 86 voix pour le député de Libourne (Giron-de), qui n’a donc raté son élection que d’unche veu et a quasiment doublé son « électoratnaturel ». Le signe que, contrairement à ce quiest communément propagé, les coups de bou -toir droitiers donnés par la Droite populairesont bien reçus par un nombre croissant d’élusde la majorité présidentielle.

La Droite populaire avait eu l’habileté, aussi,de présenter Jean-Paul Garraud, plutôt queLionnel Luca ou Jacques Myard, ce qui apayé. Jean-Paul Garraud, ancien magistrat, estmoins sulfureux dans ses sorties qu’un Luca,donc plus consensuel, et s’impose petit à petitcomme un élément majeur de la Droite popu-laire. Jean-François Copé, secrétaire natio-nal de l’UMP, l’a bien compris, qui l’a désigné endébut d’année secrétaire de l’UMP pour la jus-tice. Une fonction qui lui offre un boulevard etde belles perspectives, tant l’actuel ministre dela Justice, Michel Mercier – si vous ne con -naissiez pas son nom, c’est normal – est insipi-de, sans idées et dépourvu de la poigne quenécessite cette fonction. ■

Michel Raison

D e l’audace… mais pas trop. MichelRaison, député UMP de Haute-Saône,est allé un peu trop loin, s’en est rendu

compte, s’est renié et, pire encore, a fait sonau tocritique.

Le 26 juillet, dans une question écrite auministre de la Culture, Frédéric Mitter-rand, il avait demandé à celui-ci quelles me -sures il comptait prendre pour empêcher que« certains groupes de rap issus de l’immigration[…] se livrent à de véritables appels à la haineraciale et religieuse en proférant des paroles obs-cènes, racistes et misogynes […] sous couvert dela liberté d’expression ». « Ils bafouent, expliquait-il, les valeurs fondamentales de respect et de liber-té qui fondent notre démocratie. »

Devenu le nouvel homme à abattre pourla gauche bien-pensante, Michel Raison a misà peine plus d’une semaine pour confesser

pu bliquement – et dans les colonnes du« Mon de », tant qu’à faire – avoir fait « uneconnerie ». Les cris d’orfraie de SOS Racismel’auraient même « vexé », lui qui est « profon-dément antiraciste ».

Au préalable, il avait déjà retiré sa questionau ministre de la Culture et, dès le 2 août, enavait déposé une nouvelle sur le même sujet,mais sans les mots « issus de l’immigration » et« rap »… Qu’on se le dise : celui qui est aussimaire de Luxueil-les-Bains n’a rien contre lesrappeurs, ni d’ailleurs contre qui que ce soit,com me l’a prouvé la programmation des Plu-ralies 2010, le festival de musique de sa ville,qui avait accueilli le très gauchiste Raphaël etle chanteur de reggae Pierpoljak, le toutdans le cloître de l’abbaye – avec, en ouvertu-re, un groupe de percussions africaines, com -me l’endroit semblait s’y prêter. Bien sûr, lesPluralies « reçoivent le soutien financier, adminis-tratif, technique et en personnel de la Ville deLuxeuil-les-bains ». Accusé d’avoir des pen-chants d’extrême droi te, Michel Raison a aussidéclaré au « Mon de » : « Non. Je ne fais pas par-tie de la Droite populaire. » Sympa pour ses col-lègues de l’UMP… ■

EN PANNE

EN FORME

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LE CHIFFREQUI TUE

C ’est le nombre d’immigrés clandestins que la Franceaurait pu expulser le week-end dernier si ClaudeGuéant, le ministre de l’Intérieur, en avait simple-

ment donné l’ordre. Mais il n’en a rien fait…Samedi en effet, environ 400 personnes, « pour la plupart

des étrangers sans papiers » selon l’Agence France Presse, ontmanifesté à Paris pour réclamer leur régularisation « à l’oc-casion du premier anniversaire de l’évacuation par la police de cer-tains d’entre eux d’un ex-immeuble de la Sécurité sociale ». Etpourquoi pas un gâteau avec une bougie, tant qu’on y est ?Evacués mais pas expulsés, ils sont donc toujours là, bien dé -cidés à rester et à être « régularisés » – en attendant, pour-quoi pas, d’exiger leur naturalisation.

Le ministère de l’Intérieur n’a pas été pris au dépourvupuis que la manifestation avait été annoncée et que le préfetde police de Paris – Michel Gaudin, intime de ClaudeGuéant et proche de Nicolas Sarkozy – avait mobilisé seseffectifs… pour empêcher les manifestants de reprendrepos session de l’ancien immeuble de la Caisse primaire d’as-surance maladie, vers lequel ils se dirigeaient !

Le défilé avait été organisé par le Collectif des sans-pa -piers 75 dont le porte-parole, Moussa Camara, a osé direque « la situation des sans-papiers ne s’est pas améliorée : ça vade mal en pis »… Pour un peu, il menacerait de quitter le ter-ritoire français !

Avant de partir en vacances, Claude Guéant a annoncé lerelèvement des objectifs de reconduites à la frontière : lespréfets ont fermement été priés de mobiliser leurs servicespour que les 28 000 expulsions réalisées en 2010 deviennent30 000 en 2011. Sans toucher à ceux qui manifestent légale-ment ? ■

Lehman Brothers à HSBC, en passant par Lazard Frères etRothschild.

Si Sarko a piqué une colère, c’est qu’est paru dans le journalen ligne « Paris Tribune » un article intitulé : « La famille Sarkozyest-elle en guerre contre la famille Kadhafi ? » Il ressort du débutd’en quête publié par Vaea Devatine que, en 2009, Fournier avaitpour objectif de « vendre une holding française spécialisée dansl’agriculture en Afrique à un fonds d’investissement libyen » pourenviron 250 millions d’euros. Rien d’extraordinaire là-dedans, sice n’est que le fonds en question n’a bien sûr guère d’autono-mie à l’é gard du régime et que l’intermédiaire franco-tunisienavec leq uel il était en cheville appartenait à ce que l’on appellemaintenant « la galaxie Ben Ali ». Lequel Ben Ali aurait été rému-néré mensuellement par le colonel Kadhafi !

Là où ça devient encore plus intéressant c’est que Fournier,voyant que la vente tardait à se concrétiser, a pris contact avecun autre fonds d’investissement libyen, ainsi que semble leconfirmer une lettre publiée par « Paris Tribune » et sollicité l’in-tervention d’un « proche » de Seif El-Islam, l’un des fils de Mouam-mar Kadhafi, « pour que l’affaire soit traitée dans les délais ».Sarko, rassure-nous : l’expédition de Libye, ce n’est pas pour unbête petit différend commercial ? ■

E ncore un socialiste né dans la soie, enfant dela bourgeoisie du XVIe arrondissement. Unpère qui tenait une prestigieuse galerie d’an-

tiquités boulevard Haussmann et dont le plus groscoup fut d’acheter pour des clopinettes un magni-fi que Georges de La Tour non signé, sans autreréférence que la patte du peintre, lançant du mêmecoup la légende familiale.

Famille juive, mais éducation catholique (unclas sique après-guerre), d’où sortira le Juppé du PS– en moins cassant et plus madré. Pour le reste,même parcours sans faute, sans relief et sans che-veux. Le crâne d’œuf dans sa perfection ovoïde.Avec cela, fin lettré, latiniste distingué, amoureuxdes belles choses.

Son drame, c’est qu’il est né dandy dans l’âme,mais affligé d’une tête de technocrate mou et dé garni,comme si Musset s’était retrouvé emprisonné dansle corps d’Eric Woerth, réduit à faire jouer à Loren-zaccio un rôle de chef comptable. Bonjour le roman-tisme. Pas sûr que George Sand eût apprécié.

D’où ses airs de Droopy accablé qui a tout es -sayé – la démagogie, les raffarinades et les lotionscapillaires – pour relancer sa carrière politique, enber ne après l’affaire du sang contaminé. Lui qui n’ai-

me que les belles voitures, il s’est même acheté une125 cm3 pour partir à la rencontre de la Franced’en bas dans une sorte de road movie électoral,trouvant à la Star Ac’ des airs de « conte de féesmoderne ». La déchéance, pour un homme qui a étépremier partout, à Normale Sup’, à l’agrégation, àl’ENA, nommé à Matignon à 37 ans. Depuis, plusrien. Trop gauche, pas assez à gauche.

N°2 un jour, n°2 toujours. C’est la tragédie desdauphins et des bons élèves, voués à être les cocusde l’histoire et le jouet des grands hommes. Et par-fois de leur femme. Pour notre homme, elle s’ap-pe la Françoise Castro, longtemps Mme Fabius àla ville. Pétroleuse délurée, habillée comme uneduchesse rouge, mais roulant en « deudeuche » (quine se souvient de son entrée fracassante à Mati-gnon au volant de sa 2CV, le must du chic gauchis-te ?), chapeaux extravagants, manteau de loutre,pasionaria de toutes les causes, de l’extrême gau -che à Israël – qui a fini par les remplacer toutes,mari inclus. Ah, les passions dévorantes !

Depuis leur divorce, Laurent a quitté leur ap -partement place du Panthéon. Non, il ne sera pasun grand homme (d’autant qu’à 16 500 eurosle m2, la patrie n’est généralement plus reconnais-

sante). Il vit aujourd’hui face à la Closerie des Lilas.Nouvelle géographie sociale. Le tout-Paris des artsest ainsi à ses pieds. C’est peut-être là qu’il a ren-contré Jean Nouvel, lauréat du Pritzker, le « Nobelde l’architecture », à qui il a confié la restauration desa maison secondaire dans un village de l’Ariège– vue imprenable sur les Pyrénées. Tant qu’à faireappel à un architecte, autant solliciter le plus cher.

En bon socialiste, Fabius ne manque jamais d’at-taquer « la droite de l’argent ». Ce qui ne l’empêchepas de faire de bonnes affaires. Depuis 2008, il pos-sède – avec Christian Blanckaert, ancien direc-teur d’Hermès, Serge Weinberg, ex-responsablede PPR, et quelques autres grands noms du capita-lisme d’affaires –, la société PIASA, rachetée àFrançois Pinault. PIASA occupe la quatrièmepla ce sur le marché de l’art en France (45 millionsd’euros de chiffre d’affaires). Il renoue ainsi brillam-ment avec la tradition familiale. Pas comme sonbon à rien de fils aîné, condamné début juin pourabus de confiance à 15 000 euros d’amende (dont10 000 avec sursis). Seul point commun avec le pè -re : la vigueur capillaire. ■

François-Laurent Balssa

Fabius, le dandy contrarié (5)

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L ’histoire se passe dans le Var, il y aquelques jours. Une plantureusemama en boubou multicolore se

présente au guichet d’une CAF pourbé néficier de la CMU (couverturema ladie universelle). Son interlocutri-ce lui de man de ses papiers ou, àdéfaut, un justificatif quelconque, maisla dame, illégalement entrée en Fran-ce, explique sur tous les tons qu’elleest « sans papier » et ne peut doncjustifier de rien. Impossible, dans cecas, de monter son dossier et la voilàdonc gentiment aiguillée vers uneassistante sociale qui l’aidera aaccomplir ses démarches. Mais lamama refuse de quitter le guichetbredouille – « J’ai pas attendu uneheure pour rien ! ». A défaut de CMU,elle brandit donc son joker et procla-me, victorieuse : « J’ai droit à l’ATA ! »

Stoïque, la fonctionnaire qui en avu d’autres, explique : « Non madame,vous n’y avez pas droit, car l’ATA, c’est l’al-

location pour les gens victimes del’amiante ! »

La mama insiste, s’énerve, répèteavec véhémence qu’elle a « droit àl’ATA ». Et en effet, lorsqu’en désespoirde cau se, la guichetière consulte son

supérieur, ce dernier lui confirme quel’ATA est aussi… « l’allocation tempo-raire d’attente », accordée par Pôleemploi à tous les demandeurs d’asilependant la du rée d’instruction deleur dossier !

L’aide profite également auxétrangers bénéficiaires d’une carte deséjour « vie privée et familiale » ayantdéposé plainte ou témoigné dans uneaffaire de proxénétisme ou de traitedes êtres hu mains ; aux apatrides ; etaux anciens détenus, lorsque la duréede leur dé tention a été supérieure à2 mois.

D’un montant de 10,83 euros parjour – soit 324 euros par mois – ellecomplète les revenus du RSA, voired’une activité salariée inférieure à 78heures par mois. Même en cas defraude avérée – le travail au noir, parexem ple… – l’ATA est « incessible etinsaisissable » !

Pour les demandeurs d’asile, elle

est re nouvelée tous les mois, jusqu’àla décision d’acceptation ou de refusdu statut de réfugié – ce qui peutprendre du temps ; pour les autrescatégories de bénéficiaires, l’ATA estversée pendant 12 mois maximum.

Les allocations éventuellementperçues à tort sont récupérées parretenues sur le montant des alloca-tions à venir ou par remboursement,selon un échéancier prévu avec Pôleemploi.

Mais elles ne sont pas dues, en re -vanche, si le montant du trop perçuest « inférieur au montant journalier del’ATA ». Autrement dit, on peut frau-der, mais à condition de ne pas abu-ser. Pour seu le consolation, la guiche-tière de la CAF a envoyé la mamavindicative refaire sa demande auPôle Emploi. C’est tou jours ça degagné. ■

Lionel Humbert

Découvrez l’aide spéciale pour les demandeurs d’asile !

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« Minute » prépare déjà sa rentrée des classes ! En prévision des diverses échéances électorales de 2012, nousavons décidé de lancer une grande offensive. Nous préparons actuellement un ambitieux plan de développementautour de deux grands axes :

_conforter notre indépendance_développer notre visibilité en kiosques

Mais tout cela a un coût…« Minute », l’hebdomadaire qui refuse le petit jeu des excommunications politiques, doit couvrir l’actualité et

continuer d’en révéler les dessous comme nous avons su le faire tout au long de la Ve République.

Nous savons que les sources d’information se multiplient, à travers les journaux gratuits et l’accès facile àInternet. Mais nous ne vous proposons pas l’information brute, telle qu’elle sort de la moulinette des Agences depresse, nous la décryptons pour lui donner sa véritable portée, au regard de ce que nous défendons : la France.

Les médias font régulièrement état des difficultés que doit surmonter la presse. Vous savez qu’elles sont d’autantplus grandes que l’on s’éloigne du conformisme de rigueur. Nous avons pensé qu’il était nécessaire de vousassocier, lecteurs, abonnés, adhérents, à ce projet : dans la course à la présidentielle qui a d’ores et déjà commencé,il ne faut pas que « Minute » soit limité ni dans ses moyens d’enquête ni dans sa capacité de diffusion.

Vous seuls pouvez nous donner les moyens de nos ambitions. Aussi toute aide, même modeste, nous seraprécieuse. Vous pouvez :

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– offrir un abonnement (voir ci-dessous) : vous contribuez ainsi à la promotion de votre hebdomadaire ; vousrenforcez notre capital d’abonnés, ce qui, pour la presse, est la source de recettes la plus importante.

Plus vite nous recevrons votre contribution, plus vite nous pourrons lancer les enquêtes qui dérangerontvraiment la petite coterie médiatico-politique ! Votre chèque, c’est un coup de pied aux fesses du Système. Petit ougros, c’est à vous de choisir !

Jean-Marie Molitor

* Tout nouvel adhérent aura en cadeau le HS Sexe et politique de « Minute ».

L’HEBDOMADAIRE SANS MUSELIÈRE

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• Où les Etats-Unis en prennent pour leur dégrade

N os ministres sont à plaindre :non seulement il leur est con -seillé, depuis l’affaire MAM, de

prendre leurs vacances dans le Péri-gord, mais ces empérigourdés sont,depuis la canicule de 2003, suscep-tibles d’être rappelés à tout momentsur le pont du navire étatique en dif-ficulté. François Baroin vient d’enfai re la fâcheuse expérience. Bienque l’été 2011 n’ait rien de caniculai-re (à l’inverse de ce que les journa-listes avaient prédit), les bourses ontpris un coup de chaud qui a donnédes sueurs froides à Nicolas Sarkozy– entre autres, car cette forte pousséede fièvre, accrue par la dégradationde la note américaine par l’agenceStandard & Poor’s, menace le systè-me économique mondial. La criseau ra permis aux indécrottables dé -mocrates, qui s’imaginent encoreque leur bulletin de vote leur octroieun très minime moyen d’action surle destin de leur pays, de revenir decette douce illusion. Les peuples ontdécouvert à cette occasion qu’au-de -là des Etats, dont le gouvernementest confisqué par les partis, et mêmedes bureaucraties à la bruxelloise,qui leur imposent des réglementa-tions, il existe des officines privées,principalement trois agences denotations financières, qui font lapluie et le vilain temps sur la planè-te – c’est-à-dire sur le marché.

Qu’elles décident de dégrader lano te d’un Etat, et les actionnairess’affolent, les créanciers et les inves-tisseurs se méfient, les taux d’intérêtgrimpent, les spéculateurs aiguisentleurs incisives comme dans le Bal desvampires de Polanski… et les peu -ples se serrent la ceinture.

Quelque 20 ans après l’écroule-ment de l’Union soviétique et ducommunisme sapé par ses propresvi ces, allons-nous assister à l’auto-démolition du monde capitaliste,rui né par ses propres excès ? Stan-dard & Poor’s, qui vient de sanction-ner la première puissance mondiale,a été créée en 1860 par un certainHenry Poor.

Son nom fait un joli pied de nez àl’histoire, si l’on songe que les Etatset les banques les plus ri ches de laplanète en sont aujourd’hui réduits à

aller se faire voir chez ce Pauvre(poor, en anglais), qui n’est certespas un pauvre type, mais qui serasûrement considéré comme un saletype s’il ne nous reste de main, lespoches vides, qu’à croquer descailloux.

Où Minc est prêt au sacrifice…

L es beaux esprits qui nous con -duisent depuis des années droitdans le mur – le fameux mur de

l’Argent, si dur pour les peuples –ont trouvé la solution à la crise : ilsuffit d’aller vers davantage d’Euro-pe.

Qui le dit ? Par exemple Bau-douin Prot, directeur général deBNP Paribas, banque à laquelle lacrise grecque a déjà coûté un demi-milliard d’euros et qui est beaucoupplus exposée encore à la dette ita-lien ne. Ou encore Alain Minc, cetenfant d’un couple diabolique, l’é -

narchie et le mondialisme, qui est àl’économie ce que Bernard-Henri està la philosophie. Aussi catégoriqueque B-H.L. (la tenaille, y a qu’ça devrai !), il déclare dans le « Journal dudimanche » que les investisseurssont irrationnels, les banquiers in -conséquents et les agences de nota-tion incultes... « Standard & Poor’s faitl’intéressant, comme un enfant », affir-me-t-il avec une puissance d’analyseet de déduction qui laisse pantois.

Et prophète, avec ça : « Il faut s’at-tendre à un ralentissement de la crois-sance », prévient-il. Qui l’eût cru ?

Mais ce n’est pas très grave, aufond : « Ce risque qui fait sombrer lesmarchés a un immense mérite : pousserles pays de la zone euro à faire un pas deplus vers l’intégration économique. »Sacrifions les peuples, pourvu quel’euro soit sauf…

• Où Bernard réinvente les mille et une nuits

D ans la version moderne descon tes des mille et une nuits, ilest moins question de tapis vo -

lant que de Tapie voleur. Aladin,jadis, frottait des lampes pour faireapparaître un génie : Bernard estplus efficace, il a suffi qu’il se frotte àun arbitrage d’exception pour dé -couvrir l’entrée de la caverne d’AliBaba, en l’occurrence la poche ducontribuable.

Il n’a eu qu’à prononcer la formu-le magique : « Contribuable, ouvre-toi », pour que tombent les millionsd’euros – pas moins de 285, dont 45au titre du « préjudice moral », ce quia dû contraindre l’homme-orchestreà chercher dans le dictionnaire la dé -finition du mot « moral ». Je pariequ’il en rit encore. La Cour de justicede la République s’est, hélas, mon-trée moins sensible à l’humour de lasi tuation, en émettant un avis favo-ra ble à l’ouverture d’une enquête

pour complicité de faux et détourne-ment de biens publics contre l’ancienministre de l’Economie et des Fi -nances Christine Lagarde, désor-mais à la tête du FMI (où, depuis lesprésumés exploits ancillaires de cer-tain chimpanzé en rut, la France pas-sait déjà pour une république bana-nière…).

Bernard n’a pas raté cette occa-sion de faire preuve d’élégance : il afait savoir, dans « Libération », qu’en« aucun cas la sentence arbitrale qui aété rendue ne peut être remise en cause,c’est absolument impossible ».

Et ajouté que les investigationsde mandées par la Cour ne le « con -cer nent pas » : « Ce n’est pas mon pro-blème. » Il tient les picaillons, mercipour lui ; Lagarde peut bien mourir,il ne les rendra pas. Aladin rime avecradin.

• Où l’Afghanistan, pour quoi ?

A quelques mois du cinquantièmeanniversaire des accords d’E -vian, début du massacre des har-

kis, les survivants et leurs descen-dants organisent, à partir du 22 août,une grande marche de Montpellier àParis afin de rappeler à l’oublieux Sar -ko qu’il avait promis, quand il étaitcan didat, de reconnaî tre officielle-ment la responsabilité de la Francedans cette honteuse affaire – pour unefois, la repentance aurait été justifiée.Cette actualité en rencontre une au -tre : deux légionnaires du 2è REP vien-nent d’être tués en Afghanistan et plu-sieurs autres blessés. L’histoire se ré -pète. En 1961, lors des obsèquesd’autres légionnaires tués à l’ennemien Algérie, le père Delarue, qui futl’aumônier du 1er et du 2è REP, avaitpo sé la question de l’utilité de cesmorts alors qu’il était de plus en plusévident que le pouvoir gaulliste vou-lait abandonner ces départementsfran çais d’outre-mer. Le pouvoir sar-koziste envisage aussi le retrait d’Af-ghanistan, auquel le contraint d’ail -leurs le retrait yankee : preuve s’il enfallait que les Français n’ont été là-basque les supplétifs des Américains. E -co nomiquement menacés, ceux-cidoi vent penser aujourd’hui à réduireleurs dépenses – et la guerre afghanecoûte cher. Les raisons officiellementavancées pour justifier l’interventiontenaient à la lutte contre le terrorisme.Rien n’est réglé à cet égard, et le dé -part des Occidentaux sera interprété àjuste titre comme une défaite. Voilà 50ans, les soldats français avaient assistél’arme au pied et le rouge au front ausupplice de leurs frères d’armes. Toutétant relatif – l’Afghanistan n’est évi-demment pas l’Algérie – nos soldatsdevront abandonner une fois de plusceux qui leur ont fait confiance et sesont compromis avec eux. Nos gou-vern ants portent la responsabilité dece qui risque de se passer, mais cen’est pas eux qui porteront cette bles-sure. Tant de dégâts et soixante-douzeFrançais tués (pour l’instant) : pourquoi ? Et pour quels intérêts ? Si nousde vons nous retirer (les populationslo cales le savent désormais), pourquel les raisons tardons-nous ? Je neveux pas croire que l’on sacrifie enco-re des hommes pour sauver, politi-quement, les apparences… ■

Le Charivari de lasemaine, par

10 août 2011 Page 13

La gourmandise est un vilaindéfaut, paraît-il. Bruno deCessole excelle pourtant à lasusciter chez son lecteur.Une culture jamais prise en

défaut lui permet de démontrer unappétit proprement gargantuesquepour la chose écrite. Sous sa plumeà panache revivent les silhouettes –et, dans ce défilé des réfractaires,con nus ou moins connus, chacunprend la pose qui convient à sonpersonnage. D’Aragon à Volkoff,en passant par Céline, Cendrars ouSégalen, peu de ressortissants de la

Ré publique des Lettres échappentau crayon du portraitiste. L’ensem -ble forme une excellente introduc-tion à la littérature française, donton ne peut qu’admirer la variété. Ilmanque des noms ? Sans doute.Mais peut-on traiter un tel sujet demanière exhaustive ? Cessole, danstous les cas qu’il aborde, sait mobi-liser la sympathie de son lecteur.Un regret ? C’est sans doute monmau vais esprit qui parle, maisremarquons-le, il y a peu de « des-centes » dans cette suite de textes in -troductifs : seul Houellebecq est

taxé de « Zarathoustra des classesmoyennes »… alors que son grandrival littéraire du moment, le catho-lique déjanté Maurice G. Dantec,est, lui, curieusement porté auxnues : « Les trois quarts de la productionromanesque parue dans la prestigieusecollection “blanche” de Gallimard sontabolis par l’effet de souffle de ce “méta-roman” [il s’agit de Villa Vortex] »,déclare par exemple Bru no de Ces-sole. J’avoue quant à moi que j’aisoupé des « méta-romans » du Dan-tec, sortes de patchworks dont laprofondeur revendiquée est le plussouvent un effet d’opti que… Maisaprès tout, chacun ses goûts !

Aussi bien, ce Défilé des réfrac-taires n’est pas à proprement parlerun ouvrage de critique, mais plu-tôt, justement… un « défilé », oùcha cun se met sur son trente-et-un,« tel qu’en lui-même enfin l’éternité

(littéraire) le change ». Il y a toujoursun bon profil à montrer pour lapostérité ; pour Cessole, c’est celuidu « réfractaire », même lorsqu’ilparle de d’Ormesson. Mais alorsqu’est-ce qu’un « réfractaire » ? Pen-dant la Révolution française, lesprê tres réfractaires, on le sait,étaient ceux qui n’avaient pas prêtéserment à la constitution civile duclergé. Faut-il penser que les au -teurs sélectionnés sont tous desréfractaires à l’ordre républicain ?

Ce la serait aller trop vite en be -sogne. Pourtant, le grand ordon-nancier du défilé estime manifeste-ment que les lettres penchent plusspontanément à droite. On n’écritpencher à gauche que par une sorted’artifice. Prenons Louis Aragon, lethuriféraire de Staline : « Derrièrechaque phrase d’Aragon perce l’inso-lence, l’ironie et la désinvolture d’unpatricien de race (…) Le drame d’Ara-gon fut l’impossible conciliation d’unstyle de droite et d’un idéal de gauche.Averti de la contradiction, il en rajoutadans la ferveur militante ».

Merci à Cessole d’avoir inclus,dans ce Défilé…, Volkoff, Du -tourd, Tillinac ou Raspail. Un petitregret tout de même, l’absence deRichard Millet, réfractaire antholo-gique et homme des lettres jus-qu’au bout des ongles – dont lestyle justement, dédaignant toutesfacilités sans s’enfermer jamaisdans l’obscurité, me semble tenirdu vrai patricien, celui qui ne tour-ne jamais dandy. ■

Joël PrieurBruno de Cessole, Le défilé desréfractaires, éd. L’Editeur,2011, 592 p., 29 euros.Commande chez l’éditeur.

La littérature française vue de droiteBruno de Cessole est rédacteur en chef despages « Culture » de l’hebdomadaire« Valeurs actuelles ». En cette qualité ousous d’autres casquettes, il a écrit, au fil desannées, une prodigieuse galerie deportraits littéraires. Aujourd’hui, avec sonDéfilé des réfractaires, il nous propose denous attarder sur 55 profils d’écrivainsfrançais, de Stendhal à Houellebecq : dequoi s’offrir quelques cartons. A dessinerou à tirer !

SOUS CES COUVERTURESP

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Carl Schmitt contre la politique américaine

A lain de Benoist vient de publier deux textesimportants du penseur politique allemand CarlSchmitt, sous le titre Guerre discriminatoire et

logique des grands espaces. Vaste programme ! La lecturede Schmitt n’est pas aisée, mais sa perspective est sou-vent prophétique. L’effort que l’on se donne est toujourspayant. Cette fois, il s’attaque à la notion d’ordre interna-tional, en critiquant le faux universalisme de la Sociétédes Nations (aujourd’hui on dirait l’ONU – ou peut-être, mieux encore, l’OTAN). Toute association interna-tionale animée par un esprit universaliste tend à traiterles Etats non-membres comme des non-Etats. « Nousn’avons pas de litige avec le peuple allemand », dit le prési-dent Wilson en 1917 – et en 1918, au Traité de Ver-

sailles, c’est l’empereur d’Allemagne qui est mis en« accusation publique », à l’instigation du même Wilson,pour « offense suprême à la morale internationale »…Dans cette perspective, l’ennemi est toujours un crimi-nel ! Comment échapper à ce fanatisme mondial ? Ilfaut, dit Carl Schmitt, déterminer, au-delà des Etats-nations, des « grands espaces » (Grossraum), au sein des-quels puisse se réaliser une véritable entente fondée surune communauté d’intérêts, dans un monde qui devradevenir ainsi un univers multipolaire. Utopie ? Je lecrains. Mais on a vraisemblablement rien de mieux às’offrir aujourd’hui face à la Chine, l’Inde et… les Etats-Unis.

Joël Prieur

Carl Schmitt, Guerre discriminatoire et logiquedes grands espaces, éd. Krisis, 2011, 290 p.,25 euros (sur commande à : éditions Krisis, 5 rue Carrière-Mainguet, 75 011 Paris)

Les révolutionnairesfurent despolémistes au petitpied, pour la plupartauxiliaires de police.C’est à droite et dansles rangs de lacontre-révolutionque l’on trouve lesplus grands noms dela polémique.Question detempérament. Et depointure dechaussures : quandon chausse large,c’est plus facile debotter les fesses.

La bonne littérature est dedroite. Le grand critique Al -bert Thibaudet l’a dit unefois pour toutes. Il en va demême de la bonne polémi -

que. Quoique née dans sa formemo derne en 1789, elle s’est épa-nouie à droite. La Révolution futtrop sanguinaire pour élever lesécrivaillons dont elle louait les ser-vices au rang de polémistes.

A lui seul, Marat nous montre cequ’il advient des plus mauvaisd’entre eux lorsqu’ils épousent lepou voir – des égorgeurs. Ses ap pelsau meurtre dans « L’Ami dupeuple » rythmèrent le sabbat in -fernal de la Terreur. Ami du peuple,ennemi du reste. C’était l’idole destricoteuses et des sectionnaires jus-qu’à ce que Charlotte Corday vien-ne venger ses victimes. Du roi, il di -sait : « Egorgeons le cochon ! Faisons-enautant de quartiers qu’il y a de départe-ments pour en envoyer un morceau àchacun. » Son eczéma le démangeait,il s’en vengeait dans son bain enégrenant la liste des suspects.

L’hagiographie républicaine l’acanonisé, mais c’était un pourceauqu’excitait la vue du sang – commeCamille Desmoulins, le plus bril -lant de la bande, déchaînant sa ver -ve macabre à la vue de la guillotine.

Desmoulins a mis la Terreur dansle latin des cuistres, Marat dans lalangue des corps de garde et Hé -bert dans celle de l’ordure, assortis-sant sa logorrhée de « foutre » et de« bougre ». Son journal, « Le PèreDuchesne », était un gland. Il n’y ena pas un pour sauver l’autre. Seul,dans cette bande d’assassins, sur-na ge Chénier, l’ange et la colombede la Révolution. De prison, il élevaun chant déchirant. « Console-toi,gibet. Tu sauveras la France. »

Des prémonitions stupéfiantes

Mais le vrai polémiste de 1789,c’est Rivarol, le contre-révolution-naire qui fut paradoxalement lemeilleur élève de Voltaire. A deuxsiè cles de distance, son Journal po -litique et national et son Petit diction-naire des grands hommes de la révolu-tion restent des bijoux. Il avait desprémonitions stupéfian tes, surNapoléon entre autres, dont il an -nonça le destin à la virgule près.Sainte-Beuve disait de ses tex tesqu’ils laissaient échapper « le cri dela civilisation perdue ». Et la civilisa-tion avait de beaux restes chez lui :« Mirabeau est capable de tout pourde l’argent, même d’une bonneaction. » La Fayette ? « Quel est cethom me qu’une Révolution n’a pugran dir et que le malheur n’empêchepoint d’être méprisable ? »

Les révolutionnaires espèrent.Ça fait des prêtres, pas des prophè -tes. Les réactionnaires désespèrent,ça fait des pamphlétaires. Maisalors que faites-vous des Hugo,Marx, Proudhon, Vallès ?

Pas grand-chose à la vérité.Hugo est trop « hénaurme », trop« kilogrammatique », pour faire unpamphlétaire digne de ce nom.Dans Les Châtiments, il déclenche

un feu nu cléaire sur Napoléon III,malheureux roitelet affligé de cal-culs urinaires, en qui il voit l’héri-tier de Tibère, Caligula et Néron. Ilaurait dû s’en tenir à la batailled’Hernani, dont l’esthétique tragi-comique annonçait dans ses gran -des lignes le règne de Badinguet.

Il y a bien Vallès, « le candidat dela misère », aussi enragé que Céline,mais comme lui, bien meilleur dansle roman. Marx était le plus doué.Proudhon en fit les frais, qui vitl’au teur du Capital répliquer à saPhilosophie de la misère par un ter-rible et sans appel Misère de la philo-sophie. Marx, cependant, était tropoccupé à ériger son monument à lagloire du prolétariat pour se dis-per ser ainsi.

Proudhon, d’ailleurs, n’en de -mandait pas tant. On trouve danssa polémique autant d’élémentsrévolutionnaires que réactionnai -res. Il rêvait d’un peuple vertueuxse nourrissant de tubercules et detisane. C’était une sorte de témoinde Jéhovah du socialisme, solidecom me une vieille charrue, maisqui s’enivrait d’eau plate.

Pour Zola, l’affaire est plus gra ve

Paul-Louis Courier, pourtantauteur d’un Pamphlet des pamphlets,est lui aussi un peu mou du stylet.On a l’impression que ce brave dé -mocrate disserte sur le pamphletplus qu’il n’en écrit un. On le cite,mais on ne le lit pas (sans quoi, onne le citerait pas).

Pour Zola, l’affaire est plus gra -ve. Quoique auréolé de son « J’ac-cuse », il avait la semelle lourde etles pieds plats. Sa polémique sug-gère le piétinement d’un veau.

Avec un pareil avocat, Dreyfusa eu beaucoup de chance de s’entirer.

Voilà pour la gauche. Sous ceslatitudes, on rêve et on bêle ; éven-tuellement, on critique. Il n’y aqu’aux hautes latitudes droitièresqu’on polémique. C’est ainsi de -

puis deux siècles. « Le polémisted’envergure, affirmait Daudet, estgénéralement réactionnaire, pour labonne raison que ce genre de com batest une “réaction”, au sens étymolo-gique du mot. »

L’épilation sadique

Voyez Barbey, vigie flamboyan-te de la chouannerie, le meilleur ti -reur d’épée de son temps. Ses Qua-rante médaillons, un chef-d’œuvreoù il rosse avec la superbe d’unaristocrate d’âme et de naissanceles vieux barbons de l’Académie,cette « salpêtrière de ministres tombéset de parlementaires invalides », autre-ment appelée par lui « havre devieux hérons moroses ».

Si les antimodernes – et la listeest longue, de Joseph de Maistre àBloy, de Chateaubriand à Baude-laire – ont fait basculer la polémi -que à droite, c’est l’Action françaisequi l’y a définitivement arrimée.

Elle fut la grande école du com-bat de rue et du combat de plume.La plupart des polémistes y sontpas sés, même Rebatet, qui se plai-sait à railler « l’inaction française ».Le plus grand des maîtres d’armesy a exercé ses talents, le roi des po -lémistes, Léon Daudet, dit le grosLéon, qui arrachait les poils un à unou assommait sans façon. L’épila-tion sadique ou le massacre réjouis-sant. Parfois les deux. Action fran-çaise, réaction gauloise. On n’a pasfait mieux depuis. ■

François-Laurent Balssa

Royauté de la droite, misère de la gauche

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L’ÂGE D’OR DE LA POLEMIQUE (2/5)

Barbey d’Aurevilly, vigieflamboyante de la

chouannerie et meilleurpolémiste de son temps.

– Empoisonné ?– C’est en tout cas ce qui résulte des

pre miers examens. On a retrouvé sur lecorps la trace d’une piqûre toute fraîche.

– C’est peut-être le médecin, suggèreMaurice Borieux.

– Non. La piqûre a été effectuée mala -droitement. Il y a même eu plusieurs ten-tatives – bref, du travail d’amateur. Sur-tout, on a décelé dans le corps un produitsuspect.

– Mais qui a bien pu… ?– Je n’en sais encore rien, Monsieur le

maire. Il faudra attendre des expertisesplus fouillées. Là-dessus je vous quitte.Ma collaboratrice vous attend et je vouspréviens que justement, elle n’aime pasattendre.

Et Grimbert prend congé d’un si -gne de tête désinvolte. Une fois sortide l’hôtel, il ressort son portable.

– Malika ? Les festivités vont com-mencer. Je t’envoie cinq clients pour com-mencer. Parmi eux, il y a trois anciens,sans doute du genre coriace, et deux pe -tits jeunes. Je compte sur toi pour en tirerle maximum, petites rancunes, cadavresdans le placard… tu as tout ton temps.Amuse-toi bien. On se retrouve en find’a près-midi chez les pandores.

On peut être commissaire division-naire en mission spéciale et adorer flâ-ner. Grimbert profite de sa petitemarche vers la porte médiévale pour,comme il aime dire, « laisser l’in for -mation se décanter », et surtout regarderle centre historique de Moussillon –dont la rénovation, un peu criarde,lui inspire une appréciation mitigée.

– On se croirait à Disneyland, mur-mure-t-il, agacé.

Arrivé à la porte médiévale, ilcher che des yeux le bistrot de la vieil -le Philomène, avant d’arrêter son re -gard sur le seul immeuble qui sembleavoir échappé à la rage des rénova-teurs.

– Ce doit être là.En effet, après avoir poussé la

porte, le policier tombe dans un éta-

blissement propre, mais sans préten-tion et même un tantinet vieillot, avecson bar en bois peint. Dans un coin,au fond de la salle, trône une antiquecabine téléphonique au bois noircipar les ans et la fumée. Aux tables,aus si vieilles que le décor, quelqueshabitués tapent le carton.

Grimbert se dirige vers le bar où ilcommande un demi, puis demande àla patronne si elle connaît le pèreFour lout.

– Et qu’est-ce que tu lui veux, au pèreFourlout ? lui demande une voix râ -peuse.

Celui qui vient de répondre a visi-blement passé le cap des soixante-dixans. Sa trogne rubiconde entouréed’u ne large barbe blanchie surmonteun corps maigre, vêtu sans rechercheexcessive. Avec son allure un peuavachie, et un curieux mélange d’o -deurs de vin et de tabac brun, on leprendrait pour un simple pilier debistrot, n’étaient des yeux étrange-ment brillants.

– C’est moi, le père Fourlout. Et toi ?Qui t’es avec tes fringues de contrôleur desimpôts (pouah !) ? Attends que je voie.

Le bonhomme étend alors delongs doigts noueux vers le visage ducommissaire divisionnaire, un peuinterloqué.

– Mouais… pas l’air assez con pourêtre policier…

– Merci !– J’ai pas fini, p’tit gars ! rugit le

bonhomme avec de grands gestes.T’as de drôles d’ondes. T’es pas médecin,mais il y a de la mort autour de toi, etpuis, d’un autre côté, tu cherches quelquechose comme la vérité. P’t être que t’espas si mauvais après tout. Allons, boiston verre, puis tu me dis ce que tu meveux. Philo, tu remettras un autre coupau petit.

– Merci, mais je…– Bois ton coup d’abord, gamin.Avec la dignité d’un martyr,

Grimbert avale son premier demi,

puis entame le deuxième…– Ça va mieux, hein ? Alors, qu’est-ce

que tu lui veux, au vieux Fourlout ?– C’est à propos de Lormeteau…– Canaille ! Pourri ! Député à la man -

que ! Ah, il l’a bien cherché, l’ordure ! Levoilà dans l’abîme d’Annouin, là où l’or-gueil et le mensonge l’ont précipité. Etc’est pas demain la veille qu’il remonteravers le cercle d’Abred, je te le dis. Ah, lesalaud ! Apprends mon petit bonhommeque les druides savent ce qui est et ce quivient. Qui a semé récolte, disent les tria -des celtiques.

– Et en clair, cela veut dire ?– Et ton coup, tu le paies ?Résigné, notre enquêteur fait un

signe à la patronne qui renouvelleaussitôt les consommations.

– La transmigration, je te dis, l’éter-nel retour est une spirale…

– J’entends bien, mais vous me ditesque Lormeteau avait mérité ce qui luiétait arrivé.

Le père Fourlout parle un ton plusbas.

– Ça lui apprendra à vouloir se mêler demagie. Et ce faux jeton qui nous faisait desmines de pucelle effarouchée. « C’est pasque j’y croie », qu’il disait. Et de la magienoire, rien que ça, moi qui ne veux pas ytoucher ! Faux jeton, va ! Et quand je pensequ’on avait été à l’école en sem ble.

– De la magie noire ? Et que voulait-il faire ?

– Gagner les élections, pardi ! Tous lesmêmes, ces politicards ! En tout cas, jel’ai proprement chassé de chez moi. Philo,remets-nous ça !

– Sans façon…Le père Fourlout devient grave,

presque solennel.– Allons, pas de manières, mon petit

flic, car je l’ai bien compris va, que t’esflic, un drôle de flic, mais un flic tout demême. L’ivresse sacrée des grands guer-riers, c’est pour nous autres. Et puis tu tesouviendras de ce que je t’ai dit. Ecoute lepère Fourlout qui t’a donné un bon mor-ceau de vérité. ■

(à suivre)Jean-Michel Diard

FRANCE MÉTROPOLITAINE 3,50 € ; ANTILLES, LA RÉUNION : 3,66 € ; BELGIQUE : 3 € ; SUISSE : 5 FS ;

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Fondateurs : Jean-François Devay ✝et Jean Boizeau ✝Directeur de la publication : Jean-Marie MolitorISSN : 1243-7751 N° de Commission paritaire : 0314 C 84384Ce numéro a été tiré à 40 000 ex.

« Minute » est édité par la Société SACEN, Sarl au capital de 7 622,45 euros – RCS Paris B 439 218 694. Siège social : 15, rue d’Estrées – 75007 Paris (courrier uniquement)Dépôt légal à parution. Imprimerie : Roto Presse Numéris, 93190 Livry-Gargan

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La mort à la tribune