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Revue ornithologique de la LPO Yonne 24 - Année 2015 Le Moyen-Duc

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Revue ornithologique de la LPO YonneN° 24 - Année 2015

Le Moyen-Duc

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N° 24 - Année 2015

Ligue pour la Protection des Oiseaux

de l’Yonne

14, avenue Courbet, 89000 Auxerre

Tél. : 03 86 429347

E-mail : [email protected]

Directeur de la publication :Guy Hervé

Comité de lecture :Muriel Abbott,

Émeline Bouzendorf,François Bouzendorf,

Guy Hervé

Ont collaboré à ce numéro :Joseph Abel,

Simon-Pierre Babski,François Bouzendorf,Anne-Laure Brochet,Paul et Arthur Vernet

Illustrations :François Bouzendorf,Jean-Marc GuilpainJean-Paul Leau

En couverture,première page :

Tichodrome échelettedernière page :

Balbuzard pêcheurPhotos : Jean-Paul Leau

Mise en pages :Maurice Lartigue

Impression :SIGG

Les Grands-Thénards89150 Domats

Tél. : 0386864830

Ce bulletin est impriméavec des encres végétales sur papierà 100 % recyclé pour l'intérieur,

et à 60 % recyclé pour la couverture.

Au sommaire

2 Éditorial

Installation3 d’un deuxième couple

de Balbuzards pêcheursdans l’Yonne en 2015

Découverte7 d’un Tichodrome écheletteaux rochers du Saussois

Un Faucon kobez8 dans l’Yonne en 2015

Bilan du programme STOC10 dans l’Yonne en 2015,

et tendances à court terme

Reproduction17 de la liste rouge des espèces menacées

en Bourgogne (oiseaux nicheurs)

Les contenus des différents articles de ce bulletin n’engagent que leurs auteurs respectifs.Attention : aucune reproduction ou utilisation des informations contenuesdans ce bulletin ne pourra avoir lieu sans l’autorisation écrite de la LPO Yonne.

Le Moyen-Duc

Le Moyen-Duc

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IntroductionLE BALBUZARD PÊCHEUR Pandion haliaetus s’est

reproduit pour la première fois dans l’Yonne en2011, en Puisaye (BOUZENDORF & BOUZENDORF,2012a, b). Il s’agissait aussi d’une première enBourgogne. Depuis, le même couple se reproduitavec succès chaque année, créant un contextepropice à l’installation d’autres oiseaux autour dece couple pionnier. L’événement tant attendus’est produit en 2015 avec la découverte et l’ins-tallation d’un nouveau couple à quelques kilomè-tres du premier. Les circonstances de cette décou-verte sont relatées ici dans le but de donner despistes pour rechercher des indices de reproduc-tion forts chez le Balbu zard pêcheur.

Chronologie des observationsÀ la mi-mars 2015, alors que le premier

couple de Balbuzards pêcheurs est déjà arrivé ets’active à recharger son aire, les prospectionsforestières reprennent dans des secteurs où desoiseaux avaient été notés en période de repro-duction les années précédentes. Notamment, unmassif se détache car sa composition et sa struc-ture extrêmement favorables ont été identifiéesdepuis plusieurs années déjà : c’est un boisementmixte qui comprend de nombreux résineux, dontquelques Pins sylvestres âgés, au sein duquel setrouvent plusieurs clairières. Lors de la premièrevisite de l’année, un Balbuzard pêcheur est sur-pris sur un arbre en train de manger un poisson.Il décolle, alarme, tourne puis s’éloigne sans quit-ter les lieux pour autant car il est revu quelquesminutes plus tard, toujours en vol avec son pois-son dans les serres. À cette date, les arrivées desnicheurs en France continentale sont nombreusestandis que les migrateurs qui se dirigent vers lenord de l’Europe sont encore rares. Aussi cetteobservation paraît tout de suite sérieuse. Deux

semaines plus tard, un oiseau décolle de nouveaud’une clairière située à 800 m de la première.Sans certifier qu’il s’agisse du même individu, ilest quand même étonnant que ce massif, exemptd’étangs, puisse accueillir autant de migrateursen halte. Le 7 avril est une belle journée et lesoiseaux forestiers sont très actifs. À l’approche dela deuxième clairière, j’entends au loin les cristypiques qu’une Corneille noire émeten présence d’un rapace. Le taillis estencore haut où je me trouve maisje distingue un de cescorvidés piquer ausommet d’unarbre que jene distinguepas encore. Àme sure quej’avan ce, ceballet ne s’ar-rête pas puis,soudain, à lafaveur d’unetrouée, j’aper-çois la cime d’unPin sylvestre

ÉTUDE

Installation d’un deuxième couplede Balbuzards pêcheurs dans l’Yonne

en 2015PAR FRANÇOIS BOUZENDORF

L

LE MOYEN-DUC 24 : 3-6 - 2015 3

NIDNATURELDU2e

COUPLEDEBALBUZARD

PÊCHEURDANSL'YONNE, AUSOMMETD'UNPINSYLVESTRE(PHOTOFRANÇOISBO

UZENDORF).

2 LE MOYEN-DUC 24 : 2 - 2015

Éditorial

Le contenu de ce 24e numéro de notre revue ornithologique Le Moyen-Duc résumeassez bien la pratique actuelle de l’ornithologie de terrain : elle repose beaucoupsur le tissu d’observateurs amateurs tout en se professionnalisant et elle concentrele plus souvent les efforts sur les espèces rares sans pour autant négligerles espèces plus ordinaires.

Le rapport sur le Suivi temporel des oiseaux communs (STOC) revient chaque annéecar non seulement il permet de valoriser ce précieux travail des ornithologuesamateurs et salariés, mais surtout il dresse un bilan de santé en temps réeldes populations d’oiseaux communs dans l’Yonne. Cette année, ce rapport identifieun lot, certes encore réduit car la participation à ce programme est encore limitée,de 22 espèces qui présentent une évolution fiable de leurs effectifs. Ce focussur la nature “ordinaire” est indispensable car il démontre que les oiseaux communssont une sentinelle et un indicateur des changements globaux. Autrement, qui aurait puprédire une chute aussi inattendue que brutale chez le Verdier d’Europe?

L’aboutissement de ces heures d’observations a permis également l’élaborationet la diffusion d’une Liste rouge des oiseaux nicheurs menacés en Bourgogne,au même titre que l’Atlas des oiseaux nicheurs de Bourgogne prévu en 2016.Cette liste rouge régionale, document inédit pour les oiseaux, identifie les menaces etpermet de mesurer le risque de disparition des espèces. Le constat est assez préoccupantpuisque la proportion d’espèces nicheuses menacées en Bourgogne est de 41,3 %.L’Yonne est bien sûr concernée car elle accueille des espèces vulnérables(Sterne pierregarin, Mésange boréale), en danger (Busard cendré, Moineau friquet)et même en danger critique d’extinction (Cochevis huppé, Rousserolle verderolle).Là encore, cette liste comprend aussi certaines espèces connues de touscomme le Chardonneret élégant, ce qui démontre bien que la nature et l’avifaunedu pas de sa porte sont aussi menacées !

L’ornithologie de terrain est aussi parfois récompensée par la découverted’une espèce ou lorsque l’on est témoin d’un évènement rare. Les trois autres notes quicomposent ce Moyen-Duc relatent ce type d’observation. Trouverun nouveau nid de Balbuzard pêcheur est une chance et il enrichitvéritablement le patrimoine naturel d’un territoire comme l’Yonne.La professionnalisation de l’ornithologie, à l’origine de cette découverte,s’avère très importante pour le porté à connaissance et la conservationdes oiseaux. Observer un Faucon kobez ou un Tichodrome écheletteloin de son aire de distribution habituelle est aussi une sourcede satisfaction pour l’ornithologue amateur.

Dans le cas du Faucon kobez, cela va plus loin que la simple anecdote.Le réseau ornithologique actuel est de mieux en mieux structuré et il peutoffrir rapidement le type de carte qui illustre cette note, permettantde comprendre un phénomène migratoire ou de le replacerdans un contexte. La pratique de l’ornithologie évolue donc versle partage et la mise en commun des informations mais il reste un pasà franchir. Demain, les sciences participatives permettront de contribuerà maintenir la vigilance sur les espèces. Ce ne sera plus seulement l’affairede passionnés et de professionnels. Les outils, comme la base de donnéesen ligne Faune-Yonne existent déjà, souhaitons désormais que les citoyensdeviennent aussi des ornithologues.

FRANÇOIS BOUZENDORF.

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Deuxième couple de Balbuzards pêcheurs dans l’Yonne

mière période favorable en mars qui, comme évo-qué dans les circonstances de la découverte dusecond couple, correspond à l’arrivée desnicheurs continentaux. La deuxième période favo-rable intervient de mi-mai à mi-juillet, soit à la findu passage des migrateurs issus des populationsdu nord de l’Europe. Toutes les observations deBalbuzard pêcheur à cette époque doivent doncêtre prises au sérieux et faire l’objet d’investiga-tions supplémentaires. Au-delà, l’erratisme et lespremiers retours sont déjà perceptibles.

Les bons secteurs

La région Centre est le noyau originel et lebastion principal du Balbuzard pêcheur en Francecontinentale. Cette population est en croissancerégulière et colonise peu à peu les territoiresproches, à raison d’une dizaine de kilomètres paran, contexte dans lequel le premier couple bour-guignon s’est installé. Naturellement, la Puisayeet ses deux couples est aujourd’hui la région quia le plus de chances d’accueillir de nouveauxoiseaux. En France, la colonisation géographiqueconnaît parfois des “sauts” plus importants(Lorraine, Essonne, Nièvre) et, plus globalement,les régions d’étangs et de forêts à l’ouest del’Yonne pourraient accueillir des installations pro-chaines.

Le bon habitat

La première observation crédible d’unBalbuzard est celle d’un individu en pêche au

cours d’une des périodes identifiées précédem-ment. C’est un très bon point de départ pourdébuter des recherches. Le plus pertinentconsiste alors à prospecter plusieurs étangs d’unerégion, en juin par exemple, époque où les pous-sins sont généralement nés. Un mâle installé par-court plusieurs étangs lors de ses recherches ali-mentaires. Les pêches se déroulent généralementdès le lever du jour puis en milieu de matinée vers9 heures et aussi souvent entre 11 heures et 13heures. Il est donc recommandé de se poster surun étang toute une matinée, voire deux, pourtenter d’observer un individu.

Si un oiseau vient effectivement pêcher, ilfaut espérer que la pêche soit fructueuse. Dansce cas, l’oiseau emporte sa proie en prenant de lahauteur puis en glissant en direction de son nid.Cette trajectoire est cruciale pour localiser unemplacement de nid. Si ce comportement serépète à plusieurs occasions, c’est très bon signe.En revanche, un oiseau non nicheur va très sou-vent commencer à manger son poisson directe-ment au bord de l’étang.

La suite est une analyse cartographique desmilieux présents dans la direction prise par l’oi-seau qui emporte son poisson. Le rayon de pêchepeut atteindre 5 à 10 km autour du nid. Danscette fourchette, il faut donc chercher les habi-tats a priori favorables à l’installation d’une aire.Les trois principales caractéristiques d’un site denidification sont les suivants : position dominanteoffrant un large panorama, présence de supportshauts capables de supporter le poids d’un nid et

LE MOYEN-DUC 24 : 3-6 - 2015 5

BALBUZARD PÊCHEUR (PHOTO JEAN-PAUL LEAU).

Deuxième couple de Balbuzards pêcheurs dans l’Yonne

où trône un Balbuzard pêcheur qui tente d’esqui-ver les attaques d’une corneille ! L’oiseau ne m’apas vu malgré la courte distance et je vois auxjumelles qu’il porte une bague orange. Je meréfugie à couvert, l’oiseau a bougé entre-tempset, à travers la longue-vue, je ne vois plus sespattes. En l’espace de quelques secondes, je réa-lise d’abord que l’individu est posé sur un amasde branches qui n’est pas le houppier de l’arbrepuis j’assiste à l’arrivée d’un second individu quise pose à côté de lui. Je suis en présence d’unnouveau couple de Balbuzard pêcheur qui a commencé à construire l’ébauche d’un nid! Lasemaine suivante, la bague colorée d’un desdeux oiseaux est déchiffrée : il s’agit d’une jeunefemelle baguée en 2012 en forêt d’Orléans. Lesconditions d’observation sont très difficiles en rai-son du couvert forestier et plusieurs semainesseront nécessaires avant de confirmer que lemâle n’est pas bagué. Pendant le mois d’avril, lesoiseaux sont très actifs : les apports de matériauxsont réguliers, les oiseaux s’accouplent et ils ontfini par expulser les corneilles. Pour une premièretentative, il y a peu d’espoir que cette reproduc-tion aboutisse.

Pourtant, au cours d’une visite à la mi-mai,alors que le site semble avoir été déserté, uneapproche vers le pied de l’arbre qui supporte lenid permet de découvrir un des perchoirs. Celui-ci semble toujours fréquenté vu le parterre defientes et de restes de poissons. Une heure plustard, de retour de recherches vaines dans d’au-tres parcelles, je constate avec surprise qu’unoiseau se trouve dans le nid.Je deviens ensuite franche-ment étonné de le voir secoucher dedans et devenirinvisible. L’oiseau reste danscette position pendant deuxheures. Puis son partenairearrive avec un poisson : lemâle offre la proie à lafemelle qui quitte le nid, lemâle prenant le relais enposition couchée sur le nid.Tout indique qu’une ponte aété déposée et que la couvai-son est en cours ! La suitese déroule parfaitement jus -qu’à la mi-juin. Malheureu -sement, un épisode orageuxles 13 et 14 juin a eu raison

de cette tentative de reproduction en provoquantla chute partielle du nid. L’arbre étant assezjeune, le houppier n’a pas supporté le poids dunid. Le 15, au milieu des branchages tombés ausol, un poussin âgé de quelques jours ainsi queles restes d’un œuf sont retrouvés. Les parte-naires s’activent néanmoins à recharger l’airemais, dès la semaine suivante, le site du nid estdéfinitivement déserté. Un individu est néan-moins observé en vol au-dessus du massif à la findu mois.

Comment obtenirun bon indice de reproduction?

La découverte de ce deuxième couplereproducteur dans l’Yonne a été obtenue grâce àun faisceau d’indices. L’occasion est donnée icide détailler l’ensemble des pistes nécessaires à ladécouverte d’un nid de Balbuzard pêcheur.

La bonne période

Le Balbuzard pêcheur peut être observé demars à septembre dans l’Yonne, soit pratique-ment pendant 7 mois de présence. La figure 1montre que les observations se concentrent enavril puis en septembre, c’est-à-dire lors des picsmigratoires. Pour obtenir un indice de reproduc-tion basé sur la date d’observation, il faut doncopérer un filtre écartant les périodes de migra-tion. En conséquence, on peut retenir une pre-

4 LE MOYEN-DUC 24 : 3-6 - 2015

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LE MOYEN-DUC 24 : 7-7 - 2015 7

E 1ER NOVEMBRE 2014,par une journée automnaleen soleillée, Paul et PierreVernet vont grimper auxrochers du Saussois, com-mune de Merry-sur-Yonne.En fin de matinée, Paul aper -çoit un Tichodrome écheletteTichodroma muraria quipasse en haut des falaises. Ilsera revu une deuxième foisun peu plus tard en vol papil-lonnant sur la falaise.

Entre cette découverte,en novembre 2014 et avril2015, cet oiseau a été revuune vingtaine de fois par dif-férents observateurs, alterna-tivement sur les rochers duSaussois et sur l’église deMerry-sur-Yonne où il passasans doute ses nuits. Le 5avril, ce sont même deuxindividus qui ont été signalésensemble.

Le Tichodrome échelette niche sur desparois d’altitude, entre 1000 et 3000 mètres,mais, en hiver, il peut s’aventurer plus bas enplaine sur des falaises, des bâtiments ou des carrières.

Habituellement observé sur les falaises deCôte-d’Or où il est un visiteur régulier, leTichodrome échelette est en revanche bien plusrare dans l’Yonne. En effet, d’après les donnéesdisponibles dans la base icaunaise, cette espècen’a été observée que cinq fois avec certitude, de1984 à 2003 : sur les carrières de Cry-sur-Armançon, les 10 avril 1984 et 15 février 2003 etsur les rochers du Saussois à Merry-sur-Yonne, les1er novembre 1995, 14 avril 2001 et 16 octobre2003. Les rochers du Saussois semblent donc

être un lieu propice à l’apparition de cet hiver-nant rare. Cependant, c’est la première fois quele Tichodrome échelette passe tout l’hiver dansce secteur.

Cette observation donne l’occasion derechercher plus systématiquement l’espèce aucours des hivers prochains dans le département,en particulier sur toutes les carrières et falaises. LeTichodrome échelette peut également fréquenterdes grands bâtiments en pierre comme des églises ou des châteaux. La période de prospec-tion s’étale d’octobre à avril. Ces milieux sontaussi intéressants pour découvrir d’autres espècescomme le Grand-duc d’Europe ou le Fauconpèlerin et, avec un peu plus de chance, d’autresraretés comme l’Accenteur alpin.

OBSERVATION

Découverte d’un Tichodrome écheletteaux rochers du Saussois

PAR PAUL ET ARTHUR VERNET

L

TICHODROME ÉCHELETTE SUR LES MURS DE L'ÉGLISE DE MERRY-SUR-YONNE (PHOTO JEAN-PAUL LEAU).

Deuxième couple de Balbuzards pêcheurs dans l’Yonne

quiétude. L’analyse cartographique s’orientedonc vers la recherche de massifs forestiers com-prenant, idéalement, des conifères, mais aussides espaces ouverts comme des clairières ou despetits étangs. Par définition, ce sont des endroitsisolés assurant la tranquillité voulue par lesoiseaux. Compte tenu de la propension à utiliserde plus en plus fréquemment les pylônes élec-triques des lignes à haute ou très haute tension,il est aussi important de chercher la présence deces structures. De même, les parcs ou grandespropriétés présentant des arbres ornementauxpeuvent s’avérer favorables.

Les visites de confirmation sur le terrainpeuvent alors débuter. Il faut parcourir toutes leslisières, observer tous les arbres isolés, les petitsbouquets d’arbres et les queues d’étangs, eninsistant sur les peuplements de conifères oumixtes. Bien souvent, le nid proprement dit n’estpas facile à discerner et ce sont les oiseaux quisignalent eux-mêmes leur présence. Un oiseaupeut aussi être surpris sur un perchoir mais celaindique que le nid n’est pas loin. Dans ce cas, l’oi-seau alarme. Si un nid est découvert, il faut pren-dre quelques repères et s’éloigner rapidement, enfaisant mine de ne pas s’intéresser aux oiseaux. Il

faudra revenir plus tard pour chercher des pointsd’observations adéquats, la distance limite étantfixée par chaque oiseau et se traduit par unenvol. Si un oiseau s’envole ou alarme, l’observa-teur est trop près. La distance moyenne acceptéepar les Balbuzards pêcheurs est d’environ 300 m.Dès lors, le suivi de la reproduction peut s’opérer.

La longévité et la fidélité des adultes au sitedu nid font que celui-ci pourra être occupé plu-sieurs années. Les indices obtenus peuvent doncêtre utiles d’une année sur l’autre. Cela signifieégalement que la découverte d’un nid peut pren-dre plusieurs années.

6 LE MOYEN-DUC 24 : 3-6 - 2015

Bibliographie• Bouzendorf E. & Bouzendorf F. (2012a). Pre -mière nidification connue du Balbuzard pêcheurPandion haliaetus dans l’Yonne. Ornithos 19-2 :154-156.

• Bouzendorf F. & Bouzendorf E. (2012b). Choixde l’habitat du premier couple nicheur deBalbuzards pêcheurs Pandion haliaetus enBourgogne. Rev. sci. Bourgogne-Nature 15 :111-116.

ENVIRONNEMENTDUNIDDU2e

COUPLEDEBALBUZARD

PÊCHEUR. LAFLÈCHEINDIQUEL'EMPLACEMENTDUNID

(PHOTOFRANÇOISBO

UZENDORF)

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Un Faucon kobez dans l’Yonne en 2015

analogue : fond clair largement barré et bord defuite sombre. Cet oiseau qui vient de voler lecampagnol à un crécerelle vient manger sa proieau sol à une centaine de mètres : il s’agit biend’une femelle de Faucon kobez!

L’oiseau sera observé le 21 mai égalementet aura passé l’essentiel de son temps à parasiterles autres faucons ou à se reposer dans les semisde tournesol, comportements classiques d’unindividu en halte le temps de reconstituer desréserves énergétiques. Il aura ensuite probable-ment rejoint ses zones de reproduction en Europecentrale.

Le Faucon kobez n’a été observé que troisfois auparavant dans l’Yonne à notre connais-sance, le dernier il y a 10 ans :

• 2 le 22 octobre 1989, à Domats(étang de Galetas) ;

• 1 le 17 juin 1997, à Saint-Germain-des-Champs ;

• 1 le 15 octobre 2005, à Girolles.

Curieusement, il n’existait qu’une seuleobservation printanière alors que l’espèce est plusrégulière et facile à identifier au passage prénup-tial qu’à l’automne. L’espèce a été notée unecinquantaine de fois en Bourgogne depuis 2000,le plus souvent à l’unité mais parfois en plusgrand nombre à l’occasion de phénomènes inva-sionnels comme en 2008. Cette observation dansl’Yonne entre dans ce type de contexte, décuplémême en 2015 puisque des centaines (milliers?)d’oiseaux ont été observés en France au cours duprin temps. Plus largement, tout l’arc de la Médi -terranée occidentale a été touché par cet afflux,phénomène accompagné de débordements àplus ou moins large échelle (carte ci-dessous).

LE MOYEN-DUC 24 : 8-9 - 2015 9

DONNÉESDEFAUCONKOBEZENEUROPEAUPRINTEMPS2015 RÉCOLTÉESPARLERÉSEAUVISIONATURE

ETAUTRESSITESEUROPÉENS

(RÉALISATIONVISIONATURE)

8 LE MOYEN-DUC 24 : 8-9 - 2015

A VASTE PLAINE AU SUD DE JOIGNY est vouée àune agriculture très intensive. Une population deBusards cendré et Saint-Martin se maintient mal-gré tout grâce à des actions de protection ciblées.

Le 19 mai 2015, au cœur du printemps, lescultures sont hautes et on ne rencontre quequelques espèces spécialistes de ce type depaysage. Les rares parcelles plantées en légu-mineuses fourragères ou laissées en jachèreattirent néanmoins plus de diversité. C’est d’au-tant plus le cas ce jour-là qu’une grande piècede luzerne vient d’être fauchée : la concentrationde rapaces venant chasser les campagnols estalors remarquable. En effet, ces derniers se trou-vent subitement à découvert et la populationfrôle la surabondance cette année. Le ballet des

busards, Buses variables, Milans noirs et Fauconscrécerelles est incessant et il est presque difficilede pouvoir jeter un œil attentif sur chaque indi-vidu. Le manège d’un faucon poursuivant uncrécerelle finit par attirer l’attention et à mesurequ’il s’approche en vol, il laisse deviner ses pre-mières caractéristiques.

Le dessus (ailes, dos et rectrices) est grisbleuté et régulièrement barré de sombre. Sataille est voisine de celle du crécerelle mais saqueue est plus courte. Le dessus de la têtetranche du reste et paraît nettement orangé,même de loin. À la faveur d’un changementde direction, l’oiseau fait apparaître un ventreet des ouvertures sous-alaires également oran -gés. Les rémiges et rectrices présentent un motif

OBSERVATION RARE

Un Faucon kobez dans l’Yonneen 2015

PAR FRANÇOIS BOUZENDORF

LFAUCON KOBEZ (PHOTO FRANÇOIS BOUZENDORF).

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Le programme STOC dans l’Yonne

temps. L’emplacement des points d’écoute, l’ob-servateur et les dates de passages restent lesmêmes entre les années. L'indice d'abondanceEPS, attribué à chaque espèce et par carré, cor-respond à la somme des nombres maximaux d’in-dividus contactés lors de l’un ou l’autre des pas-sages sur chaque point. En 2015, les données de23 carrés ont été analysées.

La comparaison des résultats entre 2014 et2015 porte sur un lot de données communes à21 carrés alors que l’analyse des variations entre2008 et 2015 se base sur un lot de 42 carrés sui-vis au moins deux années de suite. La valeur desvariations d’abondance a été calculée et la signi-ficativité statistique de ces valeurs testée grâce aulogiciel TRIM pour les espèces à plus de 100 indi-vidus comptabilisés sur cette période. Ce seuil de100 individus permet de retenir les espèces lesplus abondantes, ce qui est un gage d’analysesstatistiques plus solides.

RÉSULTATS

STOC-Capture

À la réserve ornithologique de Bas-Rebourseaux, 151 oiseaux différents ont été capturés en 2015, soit quasiment autant qu’en2014 qui était une année record sur la stationdepuis son ouverture (156 oiseaux).

Le nombre d’adultesre pro ducteurs (99 oiseaux)a fortement augmenté parrapport à 2014 et il est deloin le meilleur depuis ledébut de ce suivi (enmoyenne 62,4 adultesentre 2008 et 2014). Enrevanche, le nombre dejeunes produits revient àdes valeurs classiques aprèsl'excellente année 2014 desorte que le ratio entre lenombre de jeunes et lenombre d'adultes, qui tra-duit le succès reproduc -teur, repasse à 0,53jeunes/adul te en 2015 alorsqu'il était de 1,52 en 2014(figure 1).

LE MOYEN-DUC 24 : 10-16 - 2015 11

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Figure 1 : évolution du nombre d’individus matures capturés (courbe bleue)et du succès reproducteur (courbe rouge) au cours de 8 années de suivi STOC-Capture

à la réserve ornithologique de Bas-Rebourseaux.

Pigeon ramier

Merle noir

Pinson des arbres

Étourneau sansonnet

Fauvette à tête noire

Alouette des champs

Moineau domestique

Corneille noire

Mésange charbonnière

Corbeau freux

Pouillot véloce

Hirondelle rustique

Troglodyte mignon

Linotte mélodieuse

Tourterelle turque

Rossignol philomèle

Mésange bleue

Rougegorge familier

Chardonneret élégant

Hirondelle de fenêtre

Grive musicienne

Espèce

452

360

345

344

317

272

272

260

253

224

224

165

160

160

153

133

127

113

109

108

100

Abondance EPS

Tableau 1 : espèces les plus abondantes dans l’Yonneen 2015 d’après le STOC-EPS.

10 LE MOYEN-DUC 24 : 10-16 - 2015

IntroductionRÂCE À LA RELANCE du programme de suivi

temporel des oiseaux communs (STOC), en 2001en France, et en 2008 en Bourgogne, l’Yonnebénéficie d’un échantillon d’une trentaine desites produisant des indicateurs fiables de l’étatde santé des populations d’oiseaux nicheurs.

Ce nouveau bilan qui couvre l’année 2015est publié ici l’année même des inventaires. Il pré-sente d’abord une analyse des données récoltéessur le terrain, permettant de caractériser la qua-lité de l’année de reproduction écoulée. Puis, ilexpose les variations d’abondances à court termeles plus significatives calculées dans le départe-ment depuis 2008.

Matériel et méthodesLe protocole du STOC, établi au niveau

national par le Centre de recherches sur la biolo-gie des populations d’oiseaux (CRBPO), a étéfidèlement respecté cette année encore. Toutedifférence de résultats entre les années (hausseou baisse des effectifs) traduit donc une réalitébiologique et n’est pas liée à la façon dont les

données sont récoltées sur le terrain. Seul lenombre de carrés échantillonnés peut varierd’une année sur l’autre, suite à l’abandon de cer-

tains ou la prise encharge de nouveaux,ce qui peut rédui -

re le poids statistiquede certaines analyses. Laclé de ce programme rési -

de en effet dans la continuité du suivi des carréséchantillons.

STOC-Capture

Ce volet particulier réalisé grâce aubaguage donne accès à des données démogra-phiques fines (succès reproducteur, fidélité,renouvellement) inaccessibles par la simpleobservation visuelle ou auditive. La station STOC-Capture de la réserve ornithologique de Bas-Rebourseaux, comprenant 12 filets de 12 mètreschacun, a été reconduite en 2015, soit la 8e

année de suivi. Le nombre et l'emplacement desfilets ainsi que les dates des opérations ont étéidentiques aux années précédentes. Les nou-veaux oiseaux capturés ont été bagués, lescontrôles d’oiseaux bagués les années précé-dentes ont été notés, l'espèce, l'âge et le sexe dechaque individu ont été déterminés dans lamesure du possible.

STOC-EPS

Ce volet classique consiste à recenser lesoiseaux par la vue ou l’audition. Un carré STOC-EPS comprend 10 points d’écoute répartis dansun carré de 2 x 2 km parcouru deux fois au prin-

ÉTUDE

Bilan du programme STOCdans l’Yonne en 2015

et tendancesà court termePAR FRANÇOIS BOUZENDORF

G

VERDIERD’EUROPE(PHOTOJEAN-PAULLEAU).

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Le programme STOC dans l’Yonne

LE MOYEN-DUC 24 : 10-16 - 2015 13

En 2015, les observateurs ont dénombré7,5 % d’oiseaux de plus qu’en 2014 sur lesmêmes carrés.

Tendances 2008-2015

Au cours de la période récente 2008-2015,une sélection de 65 espèces dépassant le seuildes 100 individus comptabilisés a été prise encompte.

Parmi elles, le logiciel TRIM ressort 22espèces qui présentent une évolution fiable deleurs effectifs (tableau 2) : 8 espèces en diminu-tion, 11 espèces stables et 3 espèces en augmen-

STOC-EPS

Bilan 2015 et comparaison avec 2014

En 2015, 8486 oiseaux appartenant à 99espèces ont été dénombrés. Parmi ces espèces,21 fournissent un indice d’abondance EPS supé-rieur à 100 individus et sont donc les plus com-munes suivies par ce programme dans l’Yonnecette année (tableau 1).

La diversité moyenne par carré est de47,26 espèces (± 9,31 ; valeurs extrêmes : 23-62)et l'abondance moyenne est de 289,65 oiseaux(± 68,51 ; valeurs extrêmes : 139-403).

Tableau 2 : variations d’effectifs des espèces les plus abondantes dans l’Yonne entre 2008 et 2015.Les tendances des 22 premières espèces sont validées statistiquement (** si p<0,01 et * si p<0,05).

Grive draine

Fauvette des jardins

Linotte mélodieuse

Pic vert

Loriot d'Europe

Pie-grièche écorcheur

Sittelle torchepot

Grosbec casse-noyaux

Serin cini

Geai des chênes

Hypolaïs polyglotte

Buse variable

Mésange nonnette

Grimpereau des jardins

Pouillot véloce

Rougequeue noir

Pie bavarde

Pigeon ramier

Milan noir

Mésange à longue queue

Bruant zizi

Corbeau freux

Pigeon biset domestique

Rougequeue à front blanc

Mouette rieuse

Grand Cormoran

Espèce

– 1 %

1 %

2 %

4 %

5 %

6 %

7 %

8 %

8 %

10 %

10 %

15 %

15 %

16 %

19 %

19 %

21 %

24 %

26 %

27 %

41 %

61 %

135 %

144 %

207 %

623 %

Variation 2008-2015

Incertain

Commentaire

FAUVETTE À TÊTE NOIRE(PHOTO JEAN-PAUL LEAU).

ROUGEQUEUE NOIR(PHOTO JEAN-PAUL LEAU).

Le programme STOC dans l’Yonne

12 LE MOYEN-DUC 24 : 10-16 - 2015

Verdier d'Europe

Alouette lulu

Hirondelle rustique

Tourterelle des bois

Bruant jaune

Accenteur mouchet

Coucou gris

Fauvette grisette

Alouette des champs

Tourterelle turque

Pinson des arbres

Corneille noire

Mésange bleue

Merle noir

Mésange charbonnière

Moineau domestique

Troglodyte mignon

Rougegorge familier

Fauvette à tête noire

Pic épeiche

Pipit farlouse

Roitelet à triple bandeau

Martinet noir

Choucas des tours

Pouillot fitis

Faisan de Colchide

Hirondelle de fenêtre

Faucon crécerelle

Tarier pâtre

Grive musicienne

Bergeronnette printanière

Bergeronnette grise

Bruant proyer

Rossignol philomèle

Pipit des arbres

Canard colvert

Etourneau sansonnet

Chardonneret élégant

Héron cendré

Espèce

– 52 %**

– 48 %*

– 45 %**

– 44 %**

– 41 %**

– 38 %*

– 37 %**

– 27 %*

– 12 %

– 12 %

– 9 %

– 6 %

– 4 %

– 4 %

– 2 %

1 %

2 %

4 %

6 %

55 %**

269 %*

467 %**

– 52 %

– 36 %

– 34 %

– 31 %

– 28 %

– 25 %

– 21 %

– 20 %

– 19 %

– 19 %

– 18 %

– 16 %

– 15 %

– 13 %

– 11 %

– 7 %

– 3 %

Variation 2008-2015

Forte diminution

Diminution modérée

Stable

Forte augmentation

Forte augmentation

Incertain

Commentaire

ROUGEGORGE FAMILIER(PHOTO JEAN-PAUL LEAU).

POUILLOT VÉLOCE(PHOTO JEAN-PAUL LEAU).

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LE MOYEN-DUC 24 : 10-16 - 2015 15

tation. Les variations les plus extrêmes concer-nent le Verdier d'Europe (forte diminution de– 52 %) et le Roitelet à triple bandeau (forte aug-mentation de + 467 %). La figure 2 présente lestendances les plus significatives.

Pour les 43 espèces restantes, l’évolutiondes effectifs n’est pas suffisamment marquée sta-tistiquement car l’échantillonnage départementalest encore insuffisant pour confirmer ces ten-dances ou bien parce qu’il existe de fortes varia-tions interannuelles. Certaines évolutions sontdonc encore incertaines même si certainsextrêmes négatifs s’avèrent plutôt inquiétants(exemple : Pouillot fitis).

Le regroupement de certaines espècesselon leurs préférences écologiques montre queles spécialistes des milieux agricoles sont en dimi-nution (Alouette des champs, Alouette lulu,Fauvette grisette, Bruant jaune principalement)alors que les spécialistes forestiers sont enhausse. Pour toutes les espèces réunies, l’abon-dance des oiseaux dans l’Yonne depuis 2008semble stable (+ 3 %) (figure 3).

ConclusionAprès deux années difficiles, les popula-

tions d’oiseaux nicheurs dans l’Yonne avaientreconstitué au moins une partie de leurs effectifs

en 2014. Cela s’était traduit par une hausse de40 % de l’abondance mesurée par le volet STOC-EPS et une hausse spectaculaire du succès repro-ducteur constatée par le volet STOC-Capture. En2015, une nouvelle hausse des effectifs d’oiseauxcommuns a été observée, toutefois plus modesteque l’année passée (+ 7,5 %). Le détail des cap-tures à Bas-Rebourseaux fournit une possibleexplication à cette nouvelle augmentation : lenombre record d’adultes capturés sur la station.Même à l’échelle de ce petit site, il semble eneffet que l'année 2015 soit directement liée à laprécédente, à savoir que les nombreux jeunesproduits en 2014 ont gonflé les effectifs d’oi-

seaux devenus repro-ducteurs en 2015(figure 1). Néanmoins,le succès reproducteurest revenu à un niveauclassique, c’est-à-direque les adultes ne sesont pas mieux repro-duits que l’année der-nière.

Depuis 2008, l’abon -dance des oiseaux com -muns toutes espècesconfondues est quasi-ment stable (+ 3 %).Cependant, selon lesespèces et leurs préfé-rences écologiques, ilexiste de fortes dispari-tés. La tendance la plusspectaculaire est celledu Roitelet à triple ban-

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Figure 3 : représentation graphique des variations d’effectifs selon les préférencesécologiques dans l’Yonne depuis 2008.

La courbe “Tous milieux” prend en compte toutes les espècesalors que les autres courbes prennent en compte un petit lot d’espèces représentatives.

ROITELET À TRIPLE BANDEAU(PHOTO JEAN-MARC GUILPAIN).

Le programme STOC dans l’Yonne

14 LE MOYEN-DUC 24 : 10-16 - 2015

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Figure 2 : représentation graphique des variations d’effectifs les plus significativesdans l’Yonne depuis 2008

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Le programme STOC dans l’Yonne

Vous aussiparticipezau STOC-EPS !

Certes, le suivi d'un carré STOC-EPSrequiert une certaine connaissance des chantsd'oiseaux, mais il s’adresse à la plupart des orni-thologues amateurs ou un minimum expérimen-tés.

Le protocole est léger car il nécessite seule-ment deux matinées de 2 ou 3 heures d'observa-tions (variable selon la facilité d'accès aux pointsd'écoute). Bien sûr, il faudra reconduire les inven-taires plusieurs années ensuite.

Si vous voulez prendre en charge un carré,contactez la LPO Yonne et un carré vous sera pro-posé dans un rayon de 10 km autour de chezvous.

La saisie s’effectue ensuite directementdans Faune-Yonne.

En attendant, vous pourrez trouver lesrésultats nationaux du STOC (y compris les ten-dances pour chaque espèce) ainsi que le suivid’espèces communes d’autres taxons sur le site“Vigie-Nature” du Muséum national d’histoirenaturelle : http:/vigienature.mnhn.fr/

16 LE MOYEN-DUC 24 : 10-16 - 2015

deau dont les effectifs ont presque été mul tipliéspar 7 depuis 2008. Cette hausse entraîne dansson sillage celle constatée chez les espèces fores-tières car sans la prise en compte du Roitelet à tri-ple bandeau, elles n’augmentent plus que de 6% (au lieu de + 20 % ici, figure 3). Si les espècesgénéra listes et les spécialistes du bâti sont sta-bles, la situation des spécialistes des milieux agri-coles est celle qui inquiète le plus dans l’Yonne.Ce groupe qui décline de 18 % depuis 2008 comprend des espèces en déclin significatif indi-viduellement : Alouette lulu, Bruant jaune et Fau -vette grisette. En outre, le déclin préoccupant duVerdier d'Europe (– 52 % depuis 2008) paraîtsans équivalent, ni même parmi les autres frin-gilles.

Même si la variation d’abondance calculéepour une espèce peut différer d’une année surl’autre, au gré d’aléas climatiques ou de fluctua-tions naturelles des populations, le programmeSTOC conduit dans l’Yonne permet d’identifierun lot d’espèces menacées dans le département.Grâce au suivi à long terme et, si possible, àl’élargissement de l’échantillon des carrés d’in-ventaires, ce programme permettra à l’avenird’affiner les tendances et de prendre un compteun spectre d’espèces plus grand.

RemerciementsIls s’adressent à tous les participants au

programme STOC en 2015 : Cécilia Agier, MichelCudel, Patrick Dagnas, Jean-Luc De Rycke, SarahDujardin, Roger Geoffrin, Pierre Germond,Laurent Giboin, Jérémy Grévillot, SandrineGuitton, Sabine Mongeot, Alain Rolland, BrunoSurugue.

TOURTERELLETURQUE(PHOTOJEAN-PAULLEAU).

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