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CRDP de Corse Découvrir le patrimoine naturel Ajaccio

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CRDP de Corse

Découvrir le patrimoine naturel

Ajaccio

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Nous remercions vivement pour leurs conseils, la documentation et les photographies mises à notre disposition :

Jean Alesandri, Sébastien Aude Balloïde-Photo, Maryvonne Charrier, Jean-Pascal Ciattoni, Alain Delage, François Flori, Laetitia Hugot,

Guilhan Paradis, Bernard Recorbet.

Sommaire

Circuit pédagogique n°1 - La géologie de la région ajaccienne . . . . . . . . . . . . p. 05

Circuit pédagogique n°2 - La Parata et les Sanguinaires . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 11

Circuit pédagogique n°3 - Le chemin des crêtes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 19

Circuit pédagogique n°4 - Le Ricantu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 25

Deux jardins dans la ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 38

Ajaccio et quelques naturalistes célèbres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 40

Imprimé en France© CNDP–CRDP de Corse - 2010

Dépôt légal : juin 2010Éditeur nº 86 620

Directeur de la publication : JEAN-FRANÇOIS CUBELLS

Nº ISBN : 978 2 86 620 250 7Achevé d’imprimer sur les presses de

l’imprimerie Louis Jean - 05000 - GAP

Photo couverture : archipel des Sanguinaires, en arrière-plan la pointe de La Parata, la ville d’Ajaccioà droite, au-dessus les crêtes dominant la cité impériale.

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Ajaccio

AuteurS

JeAn FrAnçoiS CubeLLS

Directeur du CRDP de Corse

Professeur agrégé de Sciences de la Vie et de la Terre

ALAin GAuthier

Docteur en géologie

Professeur agrégé de Sciences de la Vie et de la Terre

Découvrir le patrimoine naturel

Édité par le Centre Régional de Documentation Pédagogique

Ouvrage publié avec le concoursdu Conseil général de la Corse-du-Sud

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Anse de Minaccia

Golfe d’Ajaccio

Îles Sanguinaires

La Parata

AjaccioAspretto

Gra

vona

Alluvions, limons etsables

terrAinS réCentS

Conglomérat

oLiGoCène

GrAnitoïdeS

Syénite

Granite leucocrate

Granite monzonitiqueà gros grains

Granite monzonitiqueà grains fins

Granodiorite à grosgrains

Diorite

Monzogranite

SoCLe métAmorPhique

Gneiss

1 cm = 900 m

N

Carte géologique simplifiée de la région ajaccienne.Les terrains sont présentés par âges croissants de haut en bas et de gauche à droite.

Punta Altap

Monte Salariup

Faille

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La géologie de la région ajaccienne………5

La géologie de la région ajaccienneLe sous sol de la ville d’Ajaccio et de son territoire communal est, pour l’essentiel, constitué par desgranites. Il s’agit de roches claires, grenues (formées de grains, granite = granum), dans lesquelles onretrouvera toujours, mais en pourcentage variable, au moins trois des quatre cristaux participant à leurformation.

- Un minéral à l’aspect de gros sel, extrêmement dur, le quartz ;- Un ou deux autres minéraux clairs allant du blanc au rose en passant par le beige, les feldspaths ;- Un minéral sombre se débitant en petites paillettes, le mica noir ou biotite.

Cir

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Granite et granitesDans la réalité, on rencontreplusieurs groupes de granites dontle comportement, vis-à-vis desagents d’altération et des facteursd’érosion, est très différent. C’estainsi que lorsque l’on regarde,depuis le cœur de la cité, la doublecouronne des reliefs qui ceinturentAjaccio, il est évident que les rochesqui les constituent doivent êtredif férentes pour donner despaysages aussi contrastés.

présence de deux feldspaths dontun assez peu résistant).

C’est à une troisième variété degranite, pauvre en mica et pourcette raison de couleur claire (onparle de granite leucocrate, deleucos = blanc) que la Punta Lisadoit son aspect acéré et déchiqueté.

Ces différents groupes sont denature chimique, d’âge et de miseen place différents.

Il s’agit pourtant, dans l’ensembledes cas, de granites, mais ceux quiforment les falaises du Monte Gozziou de l’Aragnascu, contiennentuniquement des minéraux nonaltérables (du quartz et une variétéde feldspath résistant), alors queceux qui participent au substratumd’Ajaccio et à la première couronnede collines (Salariu, Punta Pozzo diBorgu, collines d’Alata) le sontbeaucoup plus (ils présentent uneplus grande richesse en mica et une

Les minéraux du granite. Q= QuartzM= Mica noirFk= Feldspath potassiqueFpl= feldspath plagioclase

Q

M

Fk

Fpl

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6………Circuit pédagogique n° 1

• Les moins résistants (sou-bassement de la ville d’Ajaccio parexemple) contiennent deux types defeldspaths : de gros cristaux, beigerosé riches en potassium (orthose)et de petits cristaux blancs richesen calcium et en sodium (plagio-clase). Ils sont, de plus, riches enmica noir (biotite). Les deux derniersminéraux sont facilement altérables.Ces granites se sont mis en placeà une assez grande profondeurdans la croûte terrestre entre 330et 320 millions d’années (Ma).• Les granites leucocrates (clairs)sont un peu plus récents (environ300 Ma). Ils doivent leur plusgrande résistance à leur pauvretéen mica noir ce qui explique aussileur couleur.

• Les plus résistants (Monte Gozzipar exemple) doivent leurcomportement vis à vis de l’érosionau fait qu’ils ne contiennent que desfeldspaths riches en sodium

Listincone sous le nom de Truitéd’Ajaccio, les feldspaths rosesmimant les taches sur les flancs dupoisson. La taille des grains jouesur la résistance de la roche àl’altération et s’ajoute auxdif férences de compositionchimique. A composition égale lesroches à grains fins sont plusrésistantes.

Grenues mais pas granite

Il existe dans le golfe d’autresroches magmatiques qui ont refroidilentement en profondeur pourdonner naissance à des rochesgrenues. Mais, soit parce que lacomposition initiale du magma étaitdif férente, soit par suite decomplexes phénomènes de

(feldspaths alcalins) et peu deminéraux sombres de type mica. Ilsse sont refroidis beaucoup plus prèsde la surface et ils sont plus jeunesque les deux autres groupes (entre290 et 250 Ma).Il faut ajouter, dans chacune destrois catégories, des variétés quidiffèrent par la taille des cristaux :• pegmatite si les cristaux sont tousde grande tail le (plusieurscentimètres) ;• aplite s’ils sont au contraire detoute petite taille (millimétrique) ;• granite porphyroïde si l’un d’entreeux est beaucoup plus gros que lesautres. Il s’agit en général defeldspath potassique. C’est cegranite sur lequel est bâtie Ajaccio.C’est un granite identique qui étaitexploité jadis dans le secteur de

La Punta Lisa.

Ajaccio et le monte Gozzi.

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La géologie de la région ajaccienne………7

dif férenciation au cours durefroidissement, soit par suite dephénomènes de transformation, laroche ne contient pas les mêmesassemblages minéraux et portedonc un nom différent. Ces rochesappartiennent aux granitoïdes.Dans les deux exemples cités ci-dessous les roches ne contiennentpas ou très peu de quartz :• Diorite de la Parata et des îlesSanguinaires. Il s’agit d’une rocheassez sombre formée de deux typesde cristaux, des cristaux vert foncéen baguette plus ou moins trapus(amphibole) et des cristaux blancsde feldspaths plagioclases ;

• Syénite de Mattoni. Il s’agit d’uneroche assez claire, de couleur rose,contenant des cristaux de feldspaths

assez foncée ont jadis été utiliséesdans des briqueteries.

Quant aux blocs cimentés, appelésconglomérats, on y a découvertrécemment un fragment de mâchoired’un mammifère moschidé* qui avécu à l’Oligocène c'est-à-dire au

Tertiaire, il y a environ 30 Ma, maisà une époque où la Corsegranitique était toujours rattachéeau continent français. Il s’agit doncdu premier mammifère connuréellement autochtone de l’île. Les alluvions des basses valléescorrespondent aux galets, gravierset sables qui occupent les coursd’eau actuels ou ont été déposéspar le passé (au cours duquaternaire) et forment aujourd’hui

potassiques et des minéraux verts :épidote et chlorite. On l’a compa-rée « à une tranche de saumongarnie de feuilles de persil » !

À propos de quelques autres rochesprésentes sur le territoire communal

• Les gneiss de la Punta Alta. Cesgneiss sont des roches formées desmêmes minéraux que ceux entrantdans la composition des granitesmais se présentant sous la forme defeuillets clairs (quartz et feldspaths)et sombres (micas et/ou amphi-bole). Il s’agit d’une roche quiprovient de la transformation, sousl’effet de la pression et de latempérature, d’une rochepréexistante. On parle de rochemétamorphique.

• Les argiles, conglomérats etsables. On rencontre ces roches depart et d’autre de la vallée de laGravona et en par ticulier auvoisinage de la plaine de Campudi l’Oru. Les argiles de couleur

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8………Circuit pédagogique n° 1

des terrasses dans ces mêmesvallées. L’aéropor t NapoléonBonaparte est construit sur l’une deces récentes terrasses.

Les grandes dates de l’histoiregéologique des roches du golfed’Ajaccio

Les terrains les plus anciens sontreprésentés par les gneiss dusecteur de La Parata-Punta Alta. Ilsont, sans doute, plus de 400 Ma.Entre 330 et 290 Ma se mettenten place en profondeur, dansl’écorce terrestre, les premiersgranites et les roches associées(diorite, syénite, etc.).Vers 250 Ma, et plus près de lasur face les granites alcalinsrefroidissent. Au cours de l’èreSecondaire l’érosion met progres-sivement à jour ces divers granites.Le relief actuel sera acquis à partirde la fin du tertiaire et au cours duquaternaire. I l y a environ 20 Ma, la dérive du microcontinentcorso-sarde placera la Corse danssa posi t ion actuel le enMéditerranée occidentale. Il y a 7 Ma environ la fermeturemomentanée du détroi t deGibraltar va entraîner l’assèche-ment (1 Ma) de la Méditerranéeet le creusement du lit inférieur desfleuves bien en dessous de la côte

�1. La promenade débute sur laplace du Casone. Régler son comp-teur kilométrique à zéro puis contour-ner cette place par l’avenue NicolasPietri et redescendre (km 0,4) enbord de mer par l’avenue MadameMère. Au niveau de la mer (km 0,9)observer, sur la gauche la belle sta-tue de « La Pudeur » en granite alca-lin rouge de Portu, réalisée par NoëlBonardi.

�2. Emprunter la D 111 pour ga-gner, vers l’ouest, la presqu’île deLa Parata. On longe (km 2,8), le ci-metière marin dans lequel on pour-rait admirer l’utilisation des granitespour la construction funéraire.

�3. Au km 5,3, une petite routesur la droite, permet de se rendredans une carrière abandonnée quiexploitait jadis le granite monzoni-tique * à grains fins, type Scudu.

zéro actuelle. La mer reviendra unpeu plus tard et remontera (il y a6 Ma) dans ces golfes à l’intérieurdes terres déposant des vasesargileuses et des sables comme àCampu di l’Oru et jusque dans lesecteur de Peri.Au cours du Quaternaire, Gravonaet Prunelli ont progressivement édifiéleur basse vallée, caractérisée pardes terrasses emboîtées.

C’est très récemment, il y a moinsde 200 ans, que les deux petitsfleuves ont vu leurs cours terminauxréunis (par l’homme et en vue del’assainissement de la plaine) en uneembouchure commune. Auparavantla Gravona se jetait dans la merau niveau du Ricantu.

À la découverte de quelques roches

La ville d’Ajaccio est construite surle granite porphyroïde riche enmica. Il affleure en plusieurs pointsde la ville comme le parking EDFdu centre-ville, le bord de mer surla route des Sanguinaires ou laplace du Casone. Ne pas oublierque le rivage actuel a été gagnésur la mer et que le trait de côteétait, il y a deux siècles, assezdifférent de l’actuel. Par exempletout le secteur entre la rue Fesch etles quais a été comblé.

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La géologie de la région ajaccienne………9

�4. Un peu après l’embranche-ment de Capu di Fenu (8,6 km), onremarque que les roches sont totale-ment masquées par la végétation.On pénètre en effet (10 km) dans unensemble différent : une diorite decouleur vert sombre. Cette roche quis’altère plus facilement que le gra-nite donne des reliefs arrondis recou-verts par un sol un peu plus épais etdonc par une végétation « plus touf-fue ». La diorite forme la totalité dela presqu’île et des îles, à l’excep-tion de la moitié ouest de MezuMare (granite).

�5. Au km 11 stationner au niveaudu nouveau parking et gagner lebord de mer vers l’ouest. Observerles galets et le rivage en diorite, puisun filon blanc de microgranite etenfin, moins de 50 mètres après lafin d’une piste, sur un modeste sen-tier, de petites poches d’un grès co-quillier calcaire qui témoigne d’unancien niveau de stationnement de

grains très fins (aplite). Remarquerpar endroits des zones rougies etconstater alors qu’elles se désagrè-gent facilement. Il s’agit de secteursauprès desquels on a allumé desfeux. Sous l’action de la chaleur, cer-tains cristaux se sont dilatés plus qued’autres en même temps qu’ils s’al-téraient de façon différentielle. Suivant les saisons on notera également la présence sur la plage,au bord de l’eau, d’un petit liserérose formé par l’accumulation detests* d’un petit organisme marin vivant en épiphyte * sur les feuillesde posidonies*. Il s’agit du foraminifère * : Miniacea minia-ceum.

la mer, entre + 1 et + 2 mètres d’al-titude. Noter les mélanges magma-tiques entre diorite et granodiorite*.

�6. Après avoir observé la dioriteformée par des aiguilles d’amphi-bole verte et des cristaux blancs deplagioclase, noter l’érosion en nidd’abeilles qui parfois la perfore.

�7. Aller à pied jusqu’à la Parataet faire le tour de la presqu’île. Ob-server à nouveau la diorite, les îles,mais également vers le nord, le reliefgranitique de la Punta di a Corba.

�8. Revenir sur ses pas, reprendrela voiture et se rendre dans le sec-teur du monument de la Terre Sacrée(km 14,3). Observer sur la plage lesrochers de granite à gros grains. Rechercher des zones à gros cris-taux (pegmatite) ou au contraire à

Affleurement du grès coquillier âgé de plus de 38 000 ans.

miniacea fixé surune feuille de posidonie.

2 mm

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10………Circuit pédagogique n° 1

�9. Prendre maintenant la D 111 b vers Capu di Fenu. La dé-partementale traverse un importantaffleurement de gneiss à amphiboleentre 15,5 et 16,1 km. Après le colde Cannareccia, prendre sur ladroite la D 11 b qui ramène en villeen passant par le col de Saint An-toine où existe encore une carrière

en activité. Se rappeler que c’estavec le granite de ce secteur qu’ontété construits de nombreux monu-ments ajacciens et plusieurs cha-pelles funéraires du cimetière marin.

�10. Au km 28, prendre sur lagauche le boulevard Paoli pour re-

joindre le secteur des Padule et lerond-point d’Alata. Au niveau de cedernier (km 29 environ), utiliser la D 61 en direction du col de Prunu.La route est entaillée dans un granitemonzonitique à gros grains profon-dément arénisé. Au km 30, on passe sous le viaducdes « sept ponts » qui servait à ali-menter en eau la ville d’Ajacciojusqu’au milieu du XXe siècle (canalde la Gravona).

�11. Au col de Prunu, tourner àdroite sur la D 451 vers Alata.

Après 500 mètres, au niveau desruines du « château de Matoni » pos-sibilité d’observer dans les murs lasyénite de Matoni.

�12. Retour vers Ajaccio, que l’onpeut traverser direction l’aéroport,afin d’aller observer : le conglomé-rat, les argiles et les alluvions.

mécanisme de formation d’un tafonu.

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La géologie de la région ajaccienne………11

Boules et tafoniLe granite estnaturellement fissuré.La disposition desfissures délimite desblocs cubiques àparallélépipèdiques.L’eau en circulant auniveau des fissuresprovoque par dis-solution et pardésagrégation l’arron-dissement progressifdes blocs et laformation d’une arènegranitique qui peutretenir l’eau etentretenir l’altérationdu granite.Si l’arène est enlevéepar l’érosion, il nereste plus que desboules empilées cons-tituant un chaos.L’eau des précipi-tations ruisselle alorssur ces dernières quiéchappent ainsi àl’altération chimique.

La seule possibilité d’altération des boules est leurtafonisation. Un « trou » ou tafonu débute par ladisparition d’un cristal sur la roche. Il se développe ens’agrandissant vers le haut par désagrégationgranulaire et libération de fines écailles.L’eau chargée de sels, le vent et le soleil qui accélèrentl’évaporation paraissent être les moteurs essentiels dela « tafonisation ».La cristallisation des sels, en particulier du chlorurede sodium, et l’augmentation de volume qui en résultesemblent suffisantes pour provoquer la désagrégationgranulaire.

L’aigle du chemin des crêtes.

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La Parata et les Sanguinaires………13

La Parata et les Sanguinaires Prolongeant la partie nord du golfe d’Ajaccio, la pointe de La Parata et les Iles Sanguinairesconstituent l’un des plus remarquables sites naturels de Corse. Cette beauté, associée à une

importante richesse biologique, lui ont permis d’intégrer le réseau européen « Natura 2000 »*.Longtemps, cependant, la situation excentrée du lieu et les rudes conditions climatiques régnant à lamauvaise saison en firent « un bout du monde ». Aujourd’hui, ce domaine exceptionnel est trèsapprécié et subit une pression humaine importante. Conscient de cette situation les Collectivités

locales, associées à l’État et aux acteurs du site, ont souhaité, dans une démarche de développementdurable, pouvoir mieux protéger et réhabiliter le site qui bénéficie désormais du label

« Opération Grand Site ».

Cir

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La Parata Terminus de la route départementaleD 111, la pointe de La Parata estconstituée d’une petite colline culmi-nant à 55 m, sur laquelle a été édi-fiée en 1550 une tour génoise. Lesentier pédestre, qui en fait le tour,permet de découvrir un maquis litto-ral thermophile* fortement soumisaux vents et aux embruns salés.

Une végétation de bord de merA partir de l’isthme et au début dela pointe, des tapis d’obione fauxpourpier et de bruyère marinerecouvrent le sol. Elles sontaccompagnées de nombreux piedsd’ail sauvage reconnaissables auxlongues hampes dressées portantles inflorescences, du lotier fauxcytise mais également de la carotte

ou lianes comme la salsepareille etla garance voyageuse mais aussil’asperge sauvage ainsi que debelles touffes d’immortelle d’Italie.Dans les petites clairières, desgraminées comme la queue delièvre tapissent le sol des zoneséclairées. Les zones plus ombragéesvoient le développement dedifférentes fougères et d’un petitarum capuchon toxique.

sauvage, de la picridie et del’euphorbe pin. Un peu plus loin, lesentier devient plus raide et pénètredans des formations buissonnantesoù les principaux végétauxrencontrés sont le lentisque, lecalicotome velu et la filaire à feuillesétroites. Deux pieds d’oléastre ouolivier sauvage sont observablessous la tour. Entre les buissons, dansles zones dégagées et pierreuses,la rue d’Alep d’un bleu gris intensese développe. Les rochers littoraux,directement soumis à l’action de lamer, sont le domaine du perce-pierreou criste-marine et du staticearticulé. On peut aussi y observerune petite plante grasse ou ficoïdeà fleurs nodales. Toujours au borddu chemin, on note la présenceimportante de plantes grimpantes

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14………Circuit pédagogique n° 2

obione faux pourprier(Halimione portulacoides)

bruyère marine(Frankenia laevis)

Lotier faux cytise(Lotus cytisoides)

euphorbe pin(Euphorbia pithyusa)

Picridie(Reichardia picroides)

Ail(Allium commutatum)

Lentisque(Pistacia lentiscus)

Filaire à feuilles étroites(Phillyrea angustifolia)

oléastre(Olea europaea)

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La Parata et les Sanguinaires………15

rue d’Alep(Ruta chalepensis)

Perce-pierre(Crithmum maritimum)

Statice articulé(Limonium articulatum)

Asperge sauvage(Asparagus acutifolius)

Carotte sauvage(Daucus carota)

Ficoïde(Mesembryanthemun nodiflorum)

immortelle d’italie(Helichrysum italicum)

Salsepareille(Smilax aspera)

Arum capuchon(Arisarum vulgare)

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16………Circuit pédagogique n° 2

Une végétation soumise aux vents salés età la sècheresse.La presqu’île de La Parata montreune zonation très nette de sa végé-tation, liée à la diminution de l’in-fluence maritime avec l’altitude.Cependant, par endroits, plusieursfacteurs ont modifié cette organisa-tion. L’érosion naturelle, due auxfortes pentes, a mis en affleurementde nombreux rochers et l’action del’Homme, par des déboisements ré-pétés et la réalisation de nombreuxsentiers, a participé à la régressiondes formations végétales.

Le selEn Méditerranée la salinité varie de36 à 38 g/l. On entend par “sel”un ensemble de substances dissoutes dont les principales sont lechlorure de sodium, le chlorure demagnésium, le sulfate de magné-sium et le sulfate de calcium.Echappé de la mer à la faveur desembruns, le sel imprègne les sols etles rochers littoraux dans le creuxdesquels il s'accumule. Il attire l’eaucontenue dans les organismes vi-vants, notamment les végétaux, etparticipe ainsi à leur dessiccation*. Certains végétaux, tel le perce-pierreparfaitement adapté à un environne-ment salé, sont qualifiés d’halo-phytes*. Du bord de mer jusqu’ausommet de la presqu’île l’adaptationdes végétaux rencontrés au milieu

taux supportent un milieu environ-nant salé.

salé est décroissante. Plus ons’éloigne de la mer moins les végé-

La répartition des végétaux sur la pointe de La Parata.1. Pentes fortes et éboulis récents : lentisques et calicotomes ; 2. Pentes faibles et éboulis fins :

obione, bruyère marine ; 3. Rochers du bord de mer : perce-pierre, statice articulé.

1

2

3

D’où vient le sel ?Depuis des millions d’années, l’érosion des continents, due à l’actiondes eaux de ruissellement et du vent sur les roches, produit différentsmatériaux transportés par les fleuves dans les mers et les océans,parmi ceux-ci :- des fragments de différentes tailles comme les grains de sable oules galets qui participeront à la formation des plages,- des ions minéraux tels le calcium (CA++), le sodium ( Na+), leschlorures ( Cl-), le magnésium (Mg++) ou le potassium (K+) quiconstitueront le “sel”.

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La Parata et les Sanguinaires………17

Le ventA l’origine des vagues et des em-bruns, le vent déplace aussi les ma-tériaux solides et meubles comme lesable. Il exerce une grande in-fluence sur les êtres vivants. Il trans-porte le pollen et les graines, ilaccélère le phénomène de transpi-ration foliaire et la dessiccation desvégétaux, enfin il les déforme. Levent est ainsi à l’origine d’anémo-morphoses* telles les ports en dra-peau et les ports en coussin.L’action violente du vent se traduitpar un port rampant (le perce-pierreet l’obione au bord de l’eau) ou desports en coussin qui permettent uneplus grande résistance.

méable, appelée « ladanum », caractéristique du ciste de Montpel-lier est aussi une remarquable adap-tation. Enfin les plantes dites « grasses » accumulent dans leursfeuilles des réserves d’eau.

La sècheresseLa longue période de sècheresse es-tivale ne permet la survie que des vé-gétaux adaptés à ces conditionsextrêmes et qualifiés de xéro-phytes*.Afin de lutter contre le manqued’eau, la majorité des plantes dumaquis développent de nombreuxdispositifs limitant les pertes. La ré-duction des surfaces foliaires estl’adaptation la plus fréquente. Chezcertaines espèces, la face supé-rieure des feuilles est très souvent cu-tinisée* et recouverte d’une couchede cire imperméable et luisantecomme chez le lentisque. La faceinférieure peut être tapissée, parexemple chez l’olivier, d’un fin duvetfreinant le renouvellement de l’air etcréant ainsi un microclimat limitant latranspiration. D’autres végétaux pré-sentent des dispositifs permettant àla feuille de se replier et de s’enrou-ler en fonction du degré d’humiditéatmosphérique comme le ciste.Chez le calicotome, on observe lachute des feuilles en période sèche.C’est la tige verte qui permet une as-similation chlorophyllienne ralentie.Autre dispositif, l’évaporation d’es-sences volatiles (à l’origine des par-fums du maquis) à partir de glandesépidermiques diminue la tempéra-ture au niveau de la surface foliaireet ralentit la transpiration. La sécré-tion de substance collante imper-

Calicotome en été

Feuilles de perce-pierre

Feuilles de lentisquePort en coussin chez le lentisque

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18………Circuit pédagogique n° 2

QU’EST-CE QU’UNE « OPÉRATION GRAND SITE » ?

Une Opération Grand Site s’applique aux sites classés au titre de la loi de 1930, qui sont confrontés à unproblème de fréquentation touristique ou d’entretien, et pour lesquels des décisions de gestion s’imposent.Pour pouvoir bénéficier d’une telle démarche, un site doit réunir les conditions préalables suivantes : • être un site classé, cette protection pouvant être complétée par d’autres dans les zones bâties ;• être un espace d’intérêt national, c’est-à-dire être un paysage remarquable, symbolique ou d’une portéeculturelle largement reconnue ;• connaître des périodes de fréquentation excessive risquant de lui faire perdre les qualités esthétiques,naturelles ou culturelles qui sont à l’origine de sa réputation et du classement ;• faire l’objet d’une volonté de réhabilitation soutenue par un large consensus local.

Ainsi la réalisation d’une O.G.S répond à une triple volonté : • restaurer la qualité paysagère du site ; • déterminer une structure responsable de la mise en œuvre des actions de restauration ; • permettre que les mesures adoptées bénéficient au développement local.

Pour le site de La Parata et des Sanguinaires, les grands objectifs retenus furent :• de rendre accessible un site peu fréquenté mais pratiquement laissé à l’abandon : Mezu Mare,• de protéger un site menacé de destruction par une hyperfréquentation incontrôlée : la pointe de laParata ;• d’accueillir et informer sur un site totalement repensé : Campu di Reta ;• de n’agir que dans le cadre d’un développement durable :- qui respecte le passé,- qui protège la nature,- qui participe au développement économique local et qui n’hypothèque pas l’avenir.

Aménagements de Campu di reta. Le Lazaret de mezu mare, travaux de réhabilitation etd’aménagements.

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La Parata et les Sanguinaires………19

Les SanguinairesLes Sanguinaires constituent un archi-pel composé d’un alignement d’îles.Depuis le large, il est ainsi possibled’observer Mezu Mare (ou GrandeSanguinaire), l’Isula di Cala d’Alga,l’Isulottu des Cormorans et l’Isula diPori. Ce dernier face à la pointe deLa Parata délimite la passe des San-guinaires. A partir du printemps, desnavettes en bateau, au départ duport d’Ajaccio et de Porticciu, assu-rent quotidiennement la visite deMezu Mare.

Une présence humaine ancienne Les toursAfin de se protéger des invasions ve-nues de la mer une première tour,Sanguinare di mare, fut construitevers 1590. Cette nouvelle tour com-plétait Sanguinare di terra, la tourde La Parata, dont la situation ne

Vers l’extrémité sud de Mezu Mare,la tour carrée de Castellucciu men-tionnée sur le plan terrier de 1770,est encore quasiment intacte. Au-dessus de sa porte surélevée,inaccessible sans échelle, une bretèche* défend l’édifice.En contrebas de la tour, des blocsde granite portent encore la marquedes trous d’amorce permettant detrancher les roches. Ils indiquent lelieu d’extraction ayant servi à laconstruction de la tour.

Le phareAfin de prévenir les risquesd’échouages sur les côtes de Corse,le 3 avril 1838, une commissionchargée de déterminer l'emplace-ment approprié des cinq phares depremier ordre destinés à ceinturerl'île se rend en Corse. Mezu Mareest immédiatement choisie pour ins-taller le premier phare. Les quatreautres régions retenues sont : au sud,la région de Porto-Vecchio et lesbouches de Bonifacio avec lesphares de la Chiappa et de

permettait pas une observation auNord, au-delà de Capu di Fenu.Par temps clair, il était ainsi possiblede voir, vers le Sud, la tour de CapuRossu et, vers le Nord, la Tour de Tur-ghiu sur la Punta Rossa. Aujourd’huidétruite, Sanguinare di mare était si-tuée à l’emplacement actuel duphare.

mezu mare.

tour de Castellucciu.

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20………Circuit pédagogique n° 2

Pertusatu, au Nord La Giraglia, à lapointe extrême du Cap Corse et LaRevellata prés de Calvi seul pharedu nord-ouest de l'île.

La construction du phare des Sangui-naires débute en 1840 et pose denombreux problèmes liés au trans-port des pierres vers l'île sur unebarge puis à dos d'âne. Les travauxdurent six ans. L'architecture est l'œu-vre de Léonce Reynaud et reprenddes formes crénelées qui veulent rap-peler que l'emplacement initial étaitoccupé par la tour “Sanguinara dimare”.Sa mise en service est effectuée le14 novembre 1844 et les derniersgardiens quittent le phare en 1985.Celui-ci est aujourd’hui complète-ment automatisé.

Le lazaretDepuis la Préhistoire le corail rouge(Corallium rubrum) attire la convoi-tise des hommes. Il est utilisé commematière précieuse pour la fabricationde bijoux et possède également la

réputation de protéger du « mauvaisœil ». Le corail est cependant diffi-cile à récolter : il vit, en effet, dansdes anfractuosités sombres et sur leplafond des grottes, à des profon-deurs pouvant atteindre 150 mètres.Au XVIIIe siècle, à Ajaccio, 1 500 pê-cheurs faisaient de la pêche au co-rail l’activité la plus importante de laville. La technique utilisée, au-jourd’hui prohibée, était la croix deSaint-André. Cette lourde croix debois, lestée et garnie de filets, per-mettait de racler les fonds et d’ac-croître ainsi les quantités récoltéesen ravageant néanmoins la faune etla flore. Vers la fin du XVIIIe siècle, lesgisements commencèrent à diminueret la récolte fut interdite pour cinqans à compter de 1773. Devantcette raréfaction de la ressourcemais aussi la pression de nombreux

Le sémaphoreLes sémaphores furent créés par undécret napoléonien datant de1806. Le sémaphore était un postede guet établi sur la côte, chargé desurveiller les approches maritimes etde signaler par signaux optiquestoute activité ennemie : c'était un desdispositifs essentiels du blocus conti-nental auquel l'empereur avait dé-cidé de soumettre l'Angleterre…Destiné à contrôler le trafic maritimeau large d’Ajaccio, le sémaphoredes Sanguinaires, situé sur MezuMare, a appartenu à la MarineNationale à partir de 1861 et futdésarmé le 21 juillet 1955. Depuiscette date il est remplacé par celuisitué sur la colline de La Parata.

La lanterne

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La Parata et les Sanguinaires………21

contrebandiers italiens, les corail-leurs corses décidèrent d’aller pê-cher sur les côtes d’Afrique où lecorail était plus abondant.

Revenant d’Afrique, les équipagespouvaient cependant être porteursde maladies contagieuses comme lecholéra, la peste, la fièvre de Malteou la fièvre jaune. Le seul moyend’éviter les épidémies était alorsd’isoler les malades. Aussi les marinsétaient-ils mis en quarantaine, c’est-à-dire enfermés pendant quarantejours pour être sûr qu’ils n’étaient pascontaminés. Cet isolement se faisaitdans des lazarets se trouvant dans

inspecteur chargé de la police sani-taire. Ce dernier avait à sa disposi-tion 8 gardes dont la mission étaitde maintenir l’ordre parmi les équi-pages dormant dans leurs bateauxet devant patienter dans ce milieuconfiné quarante longues journées !Le lazaret de Mezu Mare fut rem-placé par celui d’Aspretto, plusproche de la ville, terminé en 1847pour accueillir les blessés et les ma-lades de la conquête de l’Algériedébutée en 1830.

les principaux ports de la Méditerra-née : Nice, Toulon, Marseille, Livourne, Gênes,…. où devaient serendre les corailleurs corses, rallon-geant ainsi leur voyage de 8 à 10jours. Pour leur éviter ce désagré-ment, la décision de construire un la-zaret en Corse (réclamé dès1789 dans les cahiers dedoléances de la ville d’Ajac-cio !) fut prise sous le Consu-lat le 8 Floréal an X (Mai1802). Edifié sur MezuMare, entre 1806 et 1808,il prit la forme d’un penta-gone de 63 à 80 mètres decôtés, pouvant contenir plusde 80 gondoles mises surcales. Une rampe inclinéede 36 mètres de long per-mettait de tirer les corallinesà l’intérieur du bâtiment oùse trouvait un hôpital de 8 lits. Le personnel était composéd’un concierge, d’un chirur-gien, d’un infirmier et d’un

La Conception

Plan établi en 1816 par l’architectePetrucci.

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22………Circuit pédagogique n° 2

Des végétaux rares et endémiques*Comme sur la pointe de La Paratales végétaux d’un maquis littoral ar-bustif, soumis aux vents, aux em-bruns salés et à une sècheresseestivale marquée, recouvrent unegrande superficie de Mezu Mare.Ce paysage végétal actuel est le ré-sultat conjoint d’une forte influencemaritime et d’une action humaineancienne. Actuellement, si le piétine-ment des visiteurs maintient les sen-tiers et entretient quelques zonesdénudées, l’impact de l’avifaunesemble important. La nidification desgoélands leucophées provoque l’ex-tension de plusieurs zones dénu-dées. Celle des cormorans huppéssemble entraîner un important dépé-rissement des lentisques pistachiers.

endémique corso-sarde et l’arummange-mouche (Helicodiceros mus-civorus), endémique corso-sarde-ba-léare mais également l’iris fétide (Irisfoetidissima) et le genêt faux raisind'ours (Genista ephedroides) quisemble avoir été introduit sur l’île.

Une avifaune remarquableL’absence de prédateurs terrestrestels que les renards ou les belettes apermis l’installation et le développe-ment de colonies d’oiseaux marinssur l’archipel des îles Sanguinaires.Parmi celles-ci deux espèces proté-gées, tiennent une place impor-tante : les cormorans huppés et lesgoélands leucophées.

L’étude de Mezu Mare a permisl’observation d’espèces rares et im-portantes au niveau patrimonialcorse, à savoir ; l’évax arrondi (Evaxrotunda), endémique corso-sarde, lanananthée (Nananthea perpusilla),

narcisses.

Armoise.

Carpobrotus ou griffes de sorcière.

L’évax arrondi.

nananthée.

helicodiceros.

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La Parata et les Sanguinaires………23

Le cormoran huppé de méditerranée

(Phalocrocorax aristotelis desmares-tii) est une espèce strictement marineet non migratrice comptant moins de10 000 couples dans l’ensemble dela mer méditerranée et de la mernoire. La Corse possède prés de 10 % de la population mondiale. EnFrance, le cormoran huppé ne se re-produit qu’en Corse du mois de dé-cembre au mois de mai. Il nichetoujours sur des îles et îlots, à l’abrides prédateurs comme le chat ou lerenard. Les nids sont confectionnésà l’aide de brindilles de ligneux

secs, de rhizomes de posidonies*ou de morceaux de bois, plastiqueet parfois cordage. 95% d’entre eux

2001 ! En Corse les î lessanguinaires constituent la plusgrosse colonie. Celle-ci comptait en1980 un peu plus de 300 couples,prés de 1000 en 2003. La période de nidification se déroulede la mi-mars à la fin mai. Consti-tués principalement de brindillesfines, même s’il n’est pas rare d’yobserver des morceaux de papier etde plastique, 90% des nids sontconstruits en terrain découvert. Laponte se compose généralement detrois oeufs peu allongés dont le fondkaki est tacheté de brun. Très oppor-tuniste, l’espèce a su tirer profit del’abondance des ressources alimen-taires d’origine anthropique commeles décharges à ciel ouvert. Cettedisponibilité alimentaire accrue a en-traîné une augmentation de la fécon-dité des adultes et une diminution dela mortalité des juvéniles, à l’originede la prolifération du goéland. Cettesurabondance pose cependant desérieux problèmes à l’environnement(nuisances sonores, déjections…) né-cessitant ainsi un suivi régulier del’espèce.

sont disposés à l’abri sous des len-tisques. 1 à 6 oeufs, généralement3, très allongés et de couleur bleupastel uni, composent la ponte.Vulnérables car sensibles aux déran-gements, souvent capturés acciden-tellement dans les filets des pêcheurset victimes de destruction volontairepar le passé, les colonies de cormo-rans huppés sont l’objet d’un suiviscientifique depuis plusieurs années.

Le Goéland leucophée

(Larus michahellis) a connu cesdernières années un développementexceptionnel à la fois en France,en Espagne et en Italie. En 1920seuls quelques couples étaientrecensés, plus de 40 000 en

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24………Circuit pédagogique n° 2

Alphonse Daudet Ecrivain du XIXe siècle, Alphonse Daudet séjourna en Corseen 1862, en particulier dans le phare de Mezu Mare. Cetteexpérience unique inspira à l’auteur une nouvelle, « Lephare des Sanguinaires », publiée dans Les lettres de monmoulin.

« … Figurez-vous une île rougeâtre et d'aspect farouche ; lephare à une pointe, à l'autre une vieille tour génoise où, demon temps, logeait un aigle. En bas, au bord de l'eau, unlazaret en ruine, envahi de partout par les herbes ; puis desravins, des maquis, de grandes roches, quelques chèvressauvages, de petits chevaux corses gambadant la crinièreau vent ; enfin là-haut, tout en haut, dans un tourbillond'oiseaux de mer, la maison du phare, avec sa plate-formeen maçonnerie blanche, où les gardiens se promènent delong en large, la porte verte en ogive, la petite tour de fonte,et au-dessus la grosse lanterne à facettes qui flambe ausoleil et fait de la lumière même pendant le jour... Voilà l'îledes Sanguinaires, comme je l'ai revue cette nuit, enentendant ronfler mes pins. C'était dans cette île enchantéequ'avant d'avoir un moulin j'allais m'enfermer quelquefois,lorsque j'avais besoin de grand air et de solitude. Ce que jefaisais ? Ce que je fais ici, moins encore. Quand le mistralou la tramontane ne soufflaient pas trop fort, je venais me mettre entre deux roches au ras de l'eau, aumilieu des goélands, des merles, des hirondelles, et j'y restais presque tout le jour dans cette espèce destupeur et d'accablement délicieux que donne la contemplation de la mer. Vous connaissez, n'est-ce pas,cette jolie griserie de l'âme ? On ne pense pas, on ne rêve pas non plus. Tout votre être vous échappe,s'envole, s'éparpille. On est la mouette qui plonge, la poussière d'écume qui flotte au soleil entre deuxvagues, la fumée blanche de ce paquebot qui s'éloigne, ce petit corailleur à voile rouge, cette perle d'eau, ceflocon de brume, tout excepté soi-même... Oh ! Que j'en ai passé dans mon île de ces belles heures de demi-sommeil et d'éparpillement !... Les jours de grand vent, le bord de l'eau n'étant pas tenable, je m'enfermaisdans la cour du lazaret, une petite cour mélancolique, tout embaumée de romarin et d'absinthe sauvage, etlà, blotti contre un pan de vieux mur, je me laissais envahir doucement par le vague parfum d'abandon etde tristesse qui flottait avec le soleil dans les logettes de pierre, ouvertes tout autour comme d'anciennestombes. De temps en temps un battement de porte, un bond léger dans l'herbe… C'était une chèvre quivenait brouter à l'abri du vent. En me voyant, elle s'arrêtait interdite, et restait plantée devant moi, l'air vif,la corne haute, me regardant d'un œil enfantin... »

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Le chemin des crêtes………25

Le maquis littoral

Le maquis est une formation végétalearbustive se développant sous un cli-mat de type méditerranéen et sur unsol acide siliceux (granites,schistes...). En Corse il se rencontredepuis le littoral jusqu’à des altitudesde près de 1000 m. Il recouvre,avec les landes, près de 50% de lasurface de l’île. Composé de végé-taux sclérophylles* à feuilles persis-tantes, le maquis forme un milieudense fait d’arbustes, de lianes etd’herbacées. Souvent impénétrable,il peut atteindre plusieurs mètres dehauteur. Le maquis est le refuge

d’une faune variée et doit être consi-déré comme un véritable écosystèmeà la biodiversité* bien marquée.Le maquis littoral, caractéristique del’étage thermoméditerranéen*, estconstitué d’espèces arborescentesparmi lesquelles le chêne vert et lechêne liège, d’espèces buissonantestelles le lentisque, le ciste de Mont-pellier, le myrte, l’oléastre, le calico-tome velu, la filaire à feuilles étroitesmais aussi des lianes comme la sal-separeille, le chèvrefeuille ou la ga-rance voyageuse.

Le chemin des crêtes A quelques centaines de mètres du centre-ville, un superbe sentier serpente le longdes crêtes dominant la cité impériale. Ce chemin, facilement accessible, permetd’admirer un exceptionnel panorama sur la baie d’Ajaccio tout en découvrant la

flore et parfois la faune du maquis littoral.

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Le chemin des crêtes s’enfonçantdans le maquis.

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26………Circuit pédagogique n° 3

Chêne vert(Quercus ilex)

Alaterne(Rhamnus alaternus)

Calicotome velu(Calicotome villosa)

oléastre(Olea europaea)

Ciste de Crête (Cistus creticus)

Ciste de montpellier (Cistus monspeliensis)

Arbousier(Arbutus unedo)

Filaire à feuilles étroites (Phillyrea angustifolia)

Lentisque(Pistacia lentiscus)

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Le chemin des crêtes………27

bruyere arborescente(Erica arborea)

myrte(Myrtus communis)

Lavande(Lavandula stoechas)

Asphodèle(Asphodelus sp.)

Viorne tin (Viburnum tinus)

immortelle d’italie(Helichrysum italicum)

hélianthème à gouttes (Xolantha guttata)

Chevrefeuille étrusque(Lonicera etrusca)

orchidée papillon(Orchis papilionacea)

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28………Circuit pédagogique n° 3

Le sentier des crêtes permet égale-ment d’observer de remarquablesgroupements à euphorbe arbustive(Euphorbia dendroides). Cette belleet grande euphorbe se développesur les pentes les plus chaudes oùelle forme des buissons arrondis.Vert sombre en automne et hiver, lesfeuilles deviennent jaunes en avrilpuis rouges au mois de juin. Ellestombent alors laissant la plante en-tièrement dénudée durant les moisd’été. Mêmes si les animaux se font

ment de surprendre, aux heures lesplus chaudes de la journée, couleu-vres et lézards endormis.

discrets, une promenade à la fraî-cheur du matin permettra d’entendrele chant des perdreaux, mais égale-

La tortue d’hermann Seule tortue terrestre présenteen France, la tortue d’Hermann(Testudo hermanni) fréquente lesrégions boisées, les maquis etlandes. Pouvant atteindre unetaille de 20 cm et un poids de 2à 4 kg, elle possède une carapaceaux écailles vert olive, jaunes,parfois orangées et tachée denoir. Ses pattes aux griffespuissantes lui permettent de se déplacer avec agilité. Sa tête porteun bec corné dépourvu de dents. Essentiellement herbivore, elle

consomme des fruits, desfleurs et des feuilles. L’animalhiberne, il entre en vieralentie dès que latempérature descend endessous de 15°C, soit de la findu mois d’octobre au mois demars. La maturité sexuelleest tardive (14 ans pour lesfemelles et 12 ans pour lesmâles). La reproduction se

déroule au printemps. Après l’accouplement la femelle creuse un nidet dépose dans un sol meuble au maximum 5 œufs. Ces dernierséclosent au bout de 90 jours d’incubation.Comme pour beaucoup de tortues sa longévitéest importante, de 30 années à plus de 80exceptionnellement.

Une espèce aujourd’hui menacée et protégéeSi les populations furent, il y a quelques annéesencore, importantes, elles sont actuellement enforte diminution. Régression de l’habitat(urbanisation), incendies et prélèvementsexcessifs représentent quelques-unes desprincipales menaces qui pèsent sur cette espèceprotégée par la loi.

Fleurs d’euphorbe

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Le chemin des crêtes………29

Lézard tiliguerta (Podarcis tiliguerta)

Couleuvre à collier de Corse (Natrix natrix corsa)

Sanglier(Sus scrofa)

Perdrix rouge (Alectoris rufa)

mygale maçonne (Nemesia caementaria)

Papillon citron (Gonepteryx rhamni)

Phasme commun(Clonopsis gallica)

Criquet égyptien (Anacridium aegyptium)

Scorpion noir à queue jaune (Euscorpius flavicaudis)

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30………Circuit pédagogique n° 3

Les végétaux naturalisésPlusieurs espèces exotiques intro-duites dans les parcs et jardins de laville ont trouvé, le long du sentier,des conditions climatiques favora-bles à leur développement. Ce der-nier doit cependant être surveillé etcontrôlé. En effet, un envahissementau détriment des espèces indigènespeut entrainer de nombreuses me-naces comme la modification despaysages, une dégradation desécosystèmes et de la biodiversité*,mais également des dangers pourl’économie et la santé humaine.

Figuier de barbarie (Opuntia ficus-indica) et figuesPlante grasse originaire du Mexique, cultivée pour ses fruits appelés

figues de Barbarie.

Le kalanchoé (Kalanchoe tubiflora)Plante grasse ornementale originaire des mi-

lieux tropicaux humides de Madagascar et

de l’Inde.

Aloès arborescent (aloe arborescens)Plante ornementale importée d’Afrique

du Sud et de Madagascar.

Asperges à feuilles de myrte(Elide asparagoides)

Espèce ornementale d’Afrique du

Sud, ses tiges aériennes grimpantes

peuvent atteindre 2,5m de hauteur.

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Le chemin des crêtes………31

La légende du cacalô (par Louis Bassoul)Aux temps reculés, le massif du Cacalôétait le séjour du démon Scatinatu qui avaitpris les traits d’un sauvage. Sa taille étaitcolossale, sa tête était couronnée d’uneguirlande de feuilles de chênes et sa mainétait armée d’un pin déraciné. Les bergersle craignaient car on prétendait qu’à saseule vue les troupeaux disparaissaient etque le plus léger service consenti par luiappelait un malheur dans l’année quisuivait. Seul, parmi les bergers, Matteosouriait quand on parlait des maléfices deScatinatu. « Cessez toutes vos folies »,disait-il, « ce démon est un bon démon ; ilvit sagement tantôt chassant dans lemaquis, tantôt pêchant du côté de laParata. Et puis quel mal y a-t-il à accepter un de ses dons ? Quand vous portez un cabri en ville, le belargent que vous en donne un impie ne vaut-il pas celui du plus saint des moines ? »Or une nuit d’hiver son feu s’éteignit brusquement et il crut voir au sommet du Cacalô une grande lumièreautour de laquelle dansait une ombre.« C’est le démon », s’écria-t-il, « je vais courir lui demander un tison pour rallumer mon feu ». En disant cesmots, il prend son pelone et sort. Il a bientôt atteint la montagne et se trouve en présence de Scatinatu.

— « Pourquoi as-tu osé pénétrer mes mystères. Que viens-tu faire ici ? », dit une voix de tonnerre.— « Je viens chercher un tison pour rallumer mon feu », répondit Matteo.— « Prends et va-t-en ».

Matteo s’empara d’un gros tison et regagna sa cabane. Mais la bûche d’abord toute flamboyante s’éteignit,et il eut beau souffler, le feu ne se ralluma pas. Epuisé de fatigue, il s’endormit sur son lit de fougères, ettoute la nuit il rêva du démon qui s’était moqué de lui. Le matin quelle ne fut pas sa surprise de trouverdans les cendres une énorme pépite d’un éclat incomparable. Devant ses yeux surgirent des visions derichesses. De l’or, il avait de l’or pour satisfaire ses désirs de luxe et d’opulence. Le premier soin de Matteofut d’acheter des terres, des bois et de faire bâtir un château dans le val. Et pendant une année il se procurale plus de jouissances possible. Il se croyait heureux. Il portait des vêtements de soie. Ses coffres renfermaientdes richesses. Des serviteurs l’entouraient et accouraient à ses moindres appels. Des mets les plus finsétaient préparés à son intention. Se faisant passer pour un noble venu de Ligurie, il se mêla aux seigneursdes environs et on le vit à toutes les fêtes, chasses et réceptions.Cependant, son aventure commença à transpirer, on ne sait comment. Les riches voisins l’évitaient et lesbergers pressaient leurs troupeaux dès qu’ils apercevaient les tours du château infernal.Matteo tourmenté se prit à regretter son ancienne pauvreté. L’air lui manquait, la grandeur des sallesl’écrasait. « Oh ! » murmurait-il, « fuir d’ici, retourner à ma vie d’autrefois, faite de liberté et de sérénité ».Il fut bientôt hanté du désir de revoir le démon pour lui crier : « rends-moi ma cabane, mes nuages, monmaquis et mes chèvres. Aucune richesse ne peut les remplacer ! ».

…/…

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32………Circuit pédagogique n° 3

Dans sa détresse les naïves prières oubliées depuis sa fortune, lui revinrent à la mémoire. Même un jour, ilse travestit en pèlerin et s’en fut dans une chapelle remplir sa gourde d’eau bénite.Et voici que le soir de Noël, alors qu’il cherchait le sommeil, des flots de lumières brillèrent soudain auxfenêtres et une espèce de géant portant plume rouge au chapeau et manteau pourpre sur les épaulesapparut. Dès qu’il se trouva en présence de l’ancien berger, il fit une horrible grimace et demanda avec unlong ricanement si le tison avait bien rallumé le feu.Matteo reconnut vite Scatinatu dont un bout de corne perçait sous le chapeau et qui répandait une forteodeur de soufre. Tout d’abord il frissonna, mais aussitôt il reprit son assurance et invita son hôte à partagerson repas. Puis, saisissant la gourde d’eau bénite placée non loin de là, il en aspergea le maudit en criant : « Benedettu sia Gesù Cristu ! » Le démon poussa des hurlements de douleur. L’eau bénite le brûlaitatrocement. Puis une fumée nauséabonde emplit la salle tandis que le château bouleversé de fond en comblese changeait en une masse de roche. Matteo réussit à se sauver et se retira dans un couvent voisin oùpendant quelques années il vécut en odeur de sainteté.

Maintenant le rocher hausse sur l’azur un front calme. Le berger qui le frôle n’est plus étreint par la craintede se trouver tout à coup en présence de Scatinatu. Mais quel charme cette halte au pied de la massegranitique pour sourire aux images environnantes qui restent fixées, telles des étoiles plus brillantes, dansla nuit azurée de mes souvenirs !

La Corse touristique, n° 49, nov. déc. 1929

Après quelques minutes de marchesur le sentier des crêtes, au-dessusdes ruines des bergeries de lamuc-ciu l’énorme rocher creusé de deuxyeux par des tafoni mime une têtede mort. Après un parcours sub-hori-zontal, le sentier qui est installé surun granite à gros grains assez al-téré, débouche au col de Forcone.Une courte ascension permet de re-joindre le sommet du mont cacalô(203 m). Belles vues sur l’ouestd’Ajaccio, sur la rive sud du golfe,sur les îles Sanguinaires et par beautemps sur la presqu’île d’Asinara enSardaigne.

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Le Ricantu ………33

Le Ricantu Situé à proximité de l’aéroport international Napoléon Bonaparte, le site du Ricantu constitue un

milieu naturel remarquable mais fragile qui, il y a quelques années encore, faillit disparaître du patrimoine ajaccien.

Depuis une trentaine d’années, le site a en effet beaucoup évolué. De fortes pressions humaines, d’urbanisme et de loisirs

furent à l’origine de nombreuses modifications, en particulier :• la coupure de l’embouchure naturelle de la Gravona qui se jette maintenant dans le Prunelli ; • le développement de l’aéroport, de routes et de pistes ;• la construction d’une base militaire et de parkings ; • la disparition des pâturages d’ovins qui favorisaient la conservation de mosaïques végétales ouvertes ; • plus près de la plage, le piétinement, le passage répété des véhicules tout-terrains et les dépôts anarchiques de déchets contribuèrent à la dégradation du milieu naturel.

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34………Circuit pédagogique n° 4

En 1999, une prise de consciencegénérale a permis l’acquisition dusite et sa réhabilitation par leConservatoire du littoral. Aujourd’huiles aménagements réalisés ont per-mis de sauvegarder, un patrimoineexceptionnel, sur une superficied’une dizaine d’hectares s’étalant lelong du littoral sur environ 1,3 kms.

La landeLe site du Ricantu est caractérisé parune lande à Scrophulaire très ra-meuse et à genêt de Salzmann.C’est la seule région de Corse où legenêt de salzmann est présent enformations denses et étendues. Cettevégétation buissonnante est particu-

lièrement adaptée aux sols sableuxet très arides. Elle s’accompagned’un cortège diversifié de plantes etd’une litière de lichens qui caracté-rise les stades les plus évolués de lalande. De petites clairières abritentune petite plante rarissime, endé-mique* de Corse et de Sardaigne :la linaire jaune. Le long de la routelongeant la zone de protection de lalande ont été plantés des pins para-sol. Leur déformation constitue unspectaculaire exemple d’anémomor-phose*.

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Le Ricantu ………35

Genêt de Salzmann(Genista salzmannii)

Scrophulaire très rameuse (Scrophularia ramosissima)

Linaire jaune (Linaria flava)

matthiole tricuspide(Matthiola tricuspidata)

Pavot cornu(Glaucium flavum)

roquette de mer(Cakile maritima)

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36………Circuit pédagogique n° 4

Un escargot unique au mondeL’hélix de Corse (Tyrrhenaria cera-tina) est une espèce endémique* deCorse présente dans la lande du Ri-canto. Adulte sa coquille mesureentre 20 et 25 mm de diamètre etprésente une coloration brun olivâtreavec cinq bandes plus foncées, peuapparentes. Il est actif par tempsdoux et pluvieux pendant les nuitsd’automne et de printemps. Partemps sec et durant les mois chaudsde l’été, il reste enfoui dans le sablejusqu’à plusieurs dizaines de centi-mètres de profondeur. La reproduc-tion est observée entre fin août etmi-octobre. Il atteint sa taille adulteau bout de 2 à 4 années et sadurée de vie semble être de 6 à 10ans. Pour se nourrir le mollusque in-gère du sable mouillé dont il retientles matières organiques. Mousses, li-chens, jeunes pousses de genêts etautres plantes participent égalementà son alimentation. La densité del’hélix de Corse paraît maximaledans les secteurs où la végétation seprésente sous forme de mosaïquesouvertes et semi-ouvertes, près duhaut de plage, avec une faible cou-verture de lichen.L’escargot de Corse a été découverten 1851, époque où il fut récolté enabondance pour être mangé. Desfouilles archéologiques ont montréqu’il y a 2500 à 3000 ans avant

s’agit bien de Tyrrhenaria ceratina !Une faible population d’escargotsfut alors recensée. Le caractère relic-tuel de l’espèce et la fragilité de sonhabitat ont permis de classer l’ani-mal dans la catégorie « gravementmenacée d’extinction ». Aujourd’huiles travaux de réhabilitation du site,associés à une étude scientifique de-vraient permettre le maintien à longterme de populations viables de l’es-cargot de Corse.

J.-C., au Néolithique, l’espèce oc-cupait au moins deux sites enCorse : Longone à Bonifacio etToga près de Bastia.A partir de 1880 la population com-mença à diminuer et vers 1960,l’espèce devint si rare qu’elle futconsidérée comme éteinte. En1994, un employé de l’aéroport,passionné d’écologie, découvre àquelques mètres des pistes un escar-got. Il est immédiatement identifié, il

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Le CasoneA quelques centaines de mètres ducentre-ville, au bout du cours Général Leclerc, se dresse, au sommet d’une pyramide, la statue enbronze de Napoléon 1er. Situé dansun ancien domaine ayant appartenuaux Jésuites, « le Casone », ce mo-nument à la gloire de l’empereur futinauguré le 15 août 1938. Autrefois entièrement occupé par unbois d’olivier, le domaine permettoujours de découvrir, à gauche dela statue, un chaos granitique abri-tant « la grotte » où le jeune Bona-parte aimait à se réfugier pendantson enfance.

Deux jardins dans la ville

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Deux jardins dans la ville ………39

Les MilelliSur les hauteurs de la ville, en direc-tion du village d’Alata (D.61) au do-maine des Milelli, anciennepropriété de la famille Bonaparte,s’étend une remarquable oliveraieséculaire. Classée monument histo-rique depuis 1958, l’ancienne mai-son de campagne familiale abrita ,à son retour d’Egypte à la fin del’année 1799, le général Bonapartequi y aurait préparé le 18 brumaire.

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Esprit Requien , le grand naturaliste.Esprit Requien (1788-1851) vint enCorse pour étudier la flore et lafaune malacologique*. Il y séjour-nera à deux reprises : la premièrede 1847 à 1850 et la seconde de1850 à sa mort à Bunifaziu. Il ren-contra Jean-Henri Fabre à Ajaccio.Ce dernier en gardera un souvenirému et tenace.En 1848 il publie le Catalogue descoquilles de Corse, traitant des co-quilles marines. Un autre cataloguesur les végétaux ne fut publié qu’àtitre posthume.

Jean-Henri Fabre, la naissance d’une vocation.C’est à Ajaccio, où il fut nommé pro-fesseur de physique en 1849 et oùil séjourna près de quatre années,que le jeune Jean-Henri Fabre(1823-1915) prit conscience de savocation de naturaliste auprès d’uncélèbre naturaliste de l’époque Mo-quin Tandon. Ce dernier va lui révè-ler un jour « dans une assiette pleined’eau » l’anatomie de l’escargot (1).« Fabre comprit ce jour-là qu’il avaitmieux à faire que des mathéma-tiques, dût tout le reste de sa carrières’en ressentir ».« Je dissèque l’infiniment petit ; messcalpels sont de petits poignards

ter cette nourriture, presque aussi pré-cieuse que les cervelles d’autruche desgastronomes romains ». Lecoq. 1851.Moquin Tandon ne pouvait ignorer ladécouverte de cet animal, quelques an-nées auparavant, et on peut donc ima-giner que c’est lui, plutôt qu’un banalpetit gris qu’il a fait disséquer à J.-H.Fabre. Si tel est le cas, on a ici un beauclin d’œil de l’histoire : une rareté fau-nistique, provoquant la métamorphosed’un mathématicien en un naturaliste quiallait devenir très célèbre dans lemonde !

Hertwig, la découverte de la caryogamie.Oscar Hertwig (1849-1922) a dé-montré que l’entrée du spermato-zoïde dans l’ovule est suivie de lafusion des noyaux des deux ga-mètes. Cela s’est passé en Corse àAjaccio : « la belle capitale de l’îledes romarins (sic), où Napoléon na-quit en 1769, est en même tempsl’endroit où furent observés pour lapremière fois, avec exactitude etdans ses moindres détails, les se-crets de la fécondation animale ».Cette observation essentielle à lacompréhension de la fécondation futréalisée sur un animal particulière-ment apprécié des Ajacciens maispour d’autres raisons que scienti-fiques. Nous voulons parler de l’ our-sin comestible (Paracentrotus lividus),i zini.

que je fabrique moi-même avec defines aiguilles… Mes prisonniers sontlogés par douzaines dans de vieillesboites d’allumettes, maxime mirandain minimis ».Après quatre ans dans l’île « enchan-teresse », il revient, l’imagination en-richie, l’esprit agrandi, avec desidées bien fixes désormais et entiè-rement mûr pour sa tâche.C’est donc à son séjour dans l’île deBeauté que la Science devrait la vo-cation de celui qui est aujourd’huiconsidéré dans le monde et tout par-ticulièrement au Japon comme l’undes plus grands naturalistes français.La petite plaque qui rappelle aumusée Fesch le séjour de J-H. Fabreen Corse mériterait sans doute d’êtremieux mise en valeur.(1) Et si l’escargot disséqué par J.-H.Fabre et M. Tandon avait été Tyrrhena-ria ceratina ?Cet escargot endémique a été en effetdécouvert en 1843, six ans avant l’ar-rivée de Fabre en Corse, à Campu dil’Oru. Il était à l’époque très recher-ché…pour ses qualités gustatives !« L’Hélix (ceratina) est un met très déli-cat ; l’animal est très tendre, succulent ;il a seulement l’inconvénient d’être telle-ment rare qu’on n’en mange jamais, etque je dois conserver le témoignageunanime de toutes les personnes quiétaient alors à l’Hôtel de l’Europe, àAjaccio, et auxquelles j’ai pu faire goû-

Ajaccio et quelques naturalistes célèbres

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Anémomorphose : modification de laforme d’un végétal sous l’effet du vent.

Biodiversité : diversité des organismesvivants.

Bretèche : sorte de balcon fermé auplancher percé permettant de jeterdes projectiles, souvent situé au-dessusd’une porte à protéger.

Cutinisé : contenant de la cutine, unesubstance lipidique imperméable.

Dessication : déshydratation.

Endémique : espèce animale ouvégétale caractéristique d’une airegéographique restreinte.

Epiphyte : organisme vivant fixé surun autre qui sert uniquement desupport.

Etage thermoméditerranéen : étagede végétation situé entre 1 et 100 md’altitude, cet étage se caractérisepar une température moyennecomprise entre 17 et 19°C, la saisonestivale très sèche dure de deux àtrois mois.

Halophyte : organisme adapté auxmilieux salés.

Foraminifère : groupe d’organismesunicellulaires.

Granite monzonitique : granite danslequel la proportion de feldspathalcalin (orthose) est égale à celle desfeldspaths calco-sodiques.

Granodiorite : roche intermédiaireentre les granites et la diorite. Ellecontient souvent deux minérauxsombres : paillettes de mica noir etbaguettes vert sombre d’amphibole.Elle est moins riche en quartz que lesgranites et le feldspath dominant est unplagioclase.

Malacologique : relatif à l’étude desmollusques.

Moschidés : famille des cerfs porte-musc ou chevrotains porte-musc. Ontrouve actuellement ces animaux dansl'Himalaya et au Tibet.

Natura 2000 : réseau européen desites écologiques dont les deuxobjectifs sont la préservation de labiodiversité et la valorisation dupatrimoine naturel des territoires.

Posidonie : végétal aquatique formantdes herbiers en Méditerranée entrequelques mètres et 40 mètres de

profondeur. Contrairement à ce quel’on lit parfois, il ne s’agit pas d’alguesmais de végétaux qui fleurissent etdonnent des fruits. Il s’agit d’un végétalendémique à la Méditerranée.Sclérophylle : végétal à feuilles dureset épaisses, bien adapté à lasécheresse.

Thermophile : adapté aux fortestempératures.

Test : squelette externe, le plussouvent calcaire de plusieurs groupesd’animaux unicellaires.

Xérophyte : végétal adapté auxmilieux secs.

GLOSSAIRE

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BOUCHET (PH), RIPKEN (TH), E.J. et RECORBET (B), Redécouverte de l’escargot de Corse Hélix ceratina au bord de l’extinction, Revue d’écologieTerre et Vie, vol. 52 (2), 1997.BOURNÉRIAS (M.), PARADIS (G.), POMEROL (C.), TURQUIER (Y), La Corse, le littoral corse en 6 itinéraires naturalistes, éditions Delachaux et Nieslé,2001.Collectif, Histoire naturelle et humaine des îles Sanguinaires, A.G.E.N.C, 1985.Collectif, Classe de 5e « Renoir » du Collège des Padules, A Mezu Mare… La grande Sanguinaire, Ed des renoirs, 2007. Collectif, Un site, des monuments - La Parata et Les Sanguinaires, éditions CRDP de Corse, 2007.CUBELLS (J.F.), Quelques pas sur le littoral de Méditerranée, éditions Albiana, 2007.GAMISANS (J.), La végétation de la Corse, éditions Edisud, 2000.GAUTHIER A., La Corse deux montagnes dans la mer, CRDP de la Corse, 1998.GAUTHIER A., Aiacciu et sa région 75 randonnées et balades, Ed. Albiana, 2007.GAUTHIER A., (sous la direction de), La Corse : une île montagne au cœur de la Méditerranée, Ed Delachaux et Nieslé, 2002.GAUTHIER A., Des roches, des paysages et des hommes, Ed Albiana, 2006.HUGOT (L.), PARADIS (G.), SPINOSI (P.), Les plantes envahissantes : une menace pour la biodiversité, revue Stantari n°13, mai-juillet, 2008.JEANMONOD (D.), GAMISANS (J.), Flora Corsica, éditions Edisud, 2007.LES ECOLOGISTES DE L’EUZIÈRE, La Nature Méditerranéenne en France, éditions Delachaux et Nieslé, 1997.PARADIS G. ET PIAZZA C., Végétation et flore de l’Archipel des Sanguinaires et de la presqu’île de La Parata, extrait du bulletion 34 de la sociétéBotanique du Centre-Ouest, 2003.

ORIENTATIONS BIBLIOGRAPHIQIES

CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUESPage 1 : A. Gauthier 4 ; page 4 : J. Delmotte ; pages 5, 6, 7 et 8 : A. Gauthier ; pages 9 et 10 : J.-F. Cubells ;pages 11 : A. Gauthier ; page 12 : J.-F. Cubells ; page 13 : J.-F. Paccosi/CRDP de Corse ; pages 14, 15, 16,et 17 : J.-F. Cubells, page 18 : Mairie d’Ajaccio/S.Aude-Baloïde-photo ; page 19 : h- A. Gauthier, m- J.-F.Paccosi/CRDP de Corse, d- J.-F. Cubells ; page 20 : g- A. Gauthier, encart J.-F. Paccosi/CRDP de Corse, m- J.-F.Paccosi/CRDP de Corse, d- J.-F. Cubells ; page 21 : g et m- J. Delmotte, d- ©Archives départementales de laCorse-du-Sud ; Page 22 : g- J.-F. Cubells, m-h J.-F. Paccosi/CRDP de Corse, m- b G. Paradis, d- G. Paradis ; page23 : g-h et m-b J.-F. Cubells, m-h et d-b B. Recorbet ; page 24 © Bridgeman-Giraudon/Etienne Cajat/ArchivesLarousse. Page 25 : h- J.-F. Cubells , m-g A. Gauthier, m-d J.-F. Cubells , d- b J.-F. Cubells ; pages 26 et 27 : J.-F.Cubells ; page 28 : g- h et b J.-F. Cubells, m- N.Robert/PNRC, d-h J.-F. Cubells, d-b J.-F. Paccosi/CRDP de Corse ;page 29 : J.-F. Cubells ; page 30 J.-F. Cubells ; page 31 collection particulière ; page 32 : A. Gauthier ; pages33 et 34 : J.-F. Paccosi/CRDP de Corse ; page 35 : J.-F. Cubells sauf h-d CBN Corse ; page 36 MaryvonneCharrier/univ. Rennes1 ; page 38 : h- collection particulière, b- J.-F. Paccosi/CRDP de Corse ; page 39 : J.-F.Paccosi/CRDP de Corse ; page 40 : J. Delmotte.

CARTESCarte IGN, Ajaccio- Îles Sanguinaires, série Top 25, n° 41530T.Carte géologique, Ajaccio1/50 000e n°1120, BRGM éditions.

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Chef de projet : Jean-François Cubells

Conception/réalisation maquette : Évelyne Leca

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Golfe d’Ajaccio

Îles Sanguinaires

La Parata

Ricantu

Communes de l’arrondissement d’Ajaccio

Ajacciotours1 : Capu di fenu2 : La Parata3 : Capitellu

Blottie au fond de l’un des plus beaux golfes du monde, la ville génoise d’Ajaccio, fondée en 1492, est capitalede la Corse depuis un décret impérial de 1811. Si son patrimoine bâti et le souvenir napoléonien attirenttoujours de très nombreux visiteurs, la cité offre aussi, tout au long de l’année, plusieurs promenades révélantaux curieux et aux amateurs de grand air toutes les richesses d’une nature encore sauvage. À quelques mètresdu centre ville, le chemin des crêtes, balcon baigné de lumière, domine le golfe. Il serpente à travers unevégétation dense permettant la découverte du maquis caractérisant si bien la Corse. Un peu plus loin, lapresqu’île de La Parata et l’archipel des Sanguinaires, « d’aspect farouche » selon A. Daudet, abritent uneavifaune remarquable et témoignent de l’Histoire des corailleurs. Prés de l’aéroport une lande aujourd’huiprotégée préserve un petit escargot endémique. Enfin les jardins de la ville retracent, eux-aussi, l’histoire dela cité.

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Villanova•

•Bastelicaccia

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la Punta

Chemin des crêtes•

Le Casone

Les Milleli

Réf. : 200 B 9987

www.crdp-corse.fr