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la revue de Le magazine de l’Institut Paoli-Calmettes Décembre 2012 - N° 4 l’ipc www.institutpaolicalmettes.fr SOINS Cancer de la prostate : quelle prise en charge à l’IPC ? RECHERCHE Nectine-4 : un nouveau biomarqueur dans le traitement ciblé de certains cancers du sein VIE DE L’IPC Aider les aidants Les cancers à l’heure de la médecine personnalisée DOSSIER LA LMC : DE L’INELUCTABLE A LA MALADIE CHRONIQUE LYMPHOME : DU « SCORE PRONOSTIQUE » À LA THERAPIE PREVENTIVE ....

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Le Crédit Agricole Alpes Provence

s’est engagé auprès de l’IPC dès 2006.

Avec les autres banques mutualistes

de la région, le Crédit Agricole s'est mobilisé

pour la création de l’unité de transplantation

et de thérapie cellulaire (projet U2T).

Six ans plus tard, c’est dans la radiothérapie

per-opératoire que la banque investit.

Grâce à la mobilisation de ses 2 300 collaborateurs et de ses clients, la banque mutualiste a réuni plus de 1,3 milliond’Euros sur les 5 millions nécessaires. « Nous sommes très fierscollectivement d’avoir fait gagner à l’IPC trois ans, décisifs, sur l’ouverture d’un des plus grands centres de thérapie cellulaire d’Europe, commente Marc Pouzet, Président de la Fondationd’Entreprise et Président du Conseil d’Administration du Crédit Agricole Alpes Provence. Contre le cancer, le temps se compte en vies sauvées ! ».

Toujours fidèle à l’IPC, cette année, la Fondation d’Entreprise du Crédit Agricole Alpes Provence a choisi de soutenir la radiothérapie per-opératoire pour les femmes atteintes d’un cancer du sein en PACA-Corse. La radiothérapie per-opératoire constitue un projet innovant et humaniste qui s’inscrit parfaitement dans la vocation de la Fondation d’Entreprise du Crédit Agricole : « concrétiser les initiatives qui ont du sens pour le territoire ». Comme pour U2T, les 74 Caisses locales du Crédit Agricole Alpes Provence se mobilisent à travers diverses actions caritatives pour rassembler les fonds. La Fondation Crédit Agricole vient de verser 75 000 Euros à l’IPC ; elle complètera à hauteur de 150 000 Euros les sommes récoltées par les Caisses locales sur les 3 prochaines années.

La dotation de la Fondation Crédit Agricole représente près du tiers du coût de l’appareil de radiothérapie de contact. Les autres frais, notamment d’aménagements nécessairescomme la radioprotection de la salle d’opération, sont couvertspar 240 000 Euros apportés par l’IPC sur ses fonds propres, et une subvention de l’INCa de 300 000 Euros pour l’équipementet l’évaluation médico-économique de cette nouvelle modalitéthérapeutique.

Patrice Viens se réjouit du partenariat dans la durée avec le Crédit Agricole, et espère un effet d’entraînement pour d’autres entreprises de la région : « Pour offrir des soins de qualité et rendre accessibles à tous les derniers progrès en cancérologie, nous avons besoin des entreprises ». De fait, l’IPC a créé un « Club des Mécènes » pour l’aider à investir dans des programmes-pilotes de diagnostic, de soins et de recherche. La médecine personnalisée fait partie de ces chantiers d’avenir pour lesquels le soutien des mécènes fera gagner des années.

Pour les entreprises, le retour sur investissement n’est pas uniquement fiscal, même si elle peut déduire 60 % du montantdu don de son impôt. Car aider l’IPC, c’est participer au développement et au rayonnement économique de la région, et mobiliser les collaborateurs autour d’une cause vitale, qui nous concerne tous.

Mobilisationdu Crédit Agricole

auprès de l’IPC :le temps se compte

en vies sauvées

la revue deLe magazine

de l’Institut Paoli-Calmettes

Décembre 2012 - N° 4

l ’ ipcwww.institutpaolicalmettes.fr

SOINSCancer de la prostate : quelle prise en charge à l’IPC ?

RECHERCHENectine-4 : un nouveau biomarqueur dans le traitement ciblé de certains cancers du sein

VIE DE L’IPCAider les aidants

Les cancers à l’heure de la médecine personnalisée

DOSSIER“ radiothérapie per-opératoire ”

LA LMC : DE L’INELUCTABLE A LA MALADIE CHRONIQUE

LYMPHOME :DU « SCORE PRONOSTIQUE » À LA THERAPIE PREVENTIVE....

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La médecine personnalisée introduit une véritable rupture avec les stratégies du passé. Une rupture autant médicale que conceptuelle, organisationnelle, et socio-économique.

Rupture conceptuelle avec une approche empirique qui prévalait jusqu’à présent dans les stratégies de lutte contre le cancer :

on trouvait une molécule qui semblait agir contre un cancer du sein, par exemple, on la testait, puis on l’appliquait à tous les cancers du sein. Aujourd’hui, les traitements ciblent des tumeurs que l’on sait

maintenant identifier et dont on connaît de mieux en mieux les mécanismes vitaux : le rôle des marqueurs de surface des cellules, qui contribuent au processus cancéreux, ou les anomalies génétiques qui vont générer des cellules cancéreuses en cascade.

La connaissance de ces mécanismes déplace le cadre de compréhension de la maladie. On peut, avec plus de certitude, penser que telle molécule efficace dans certains cancers du sein l’est également contre des cancers de l’estomac… Les approches s’attachent à rechercher des similitudes dans des cancers touchant des organes différents et, dans le même temps, s’adaptent aux caractéristiques des individus, elles aussi polymorphes.

Rupture organisationnelle : nos médecins, nos chercheurs doivent désormais être prêts, et formés, à sortir du colloque singulier médecin-malade. Un colloque déjà devenu un dialogue avec des patients - parfois mal - informés, et acteurs des décisions qui les concernent.

De fait la médecine personnalisée « contraint » les médecins, chercheurs, radiothérapeutes et biologistes à travailler ensemble pour déterminer quel sera le meilleur parcours thérapeutique pour le patient. Et de nouveaux métiersémergent, parmi lesquels ceux nés de l’hybridation entre la biologie et l’informatique,comme les bio-informaticiens.

Rupture de modèle économique enfin, car si les mécanismes de financement existent pour la recherche fondamentale d’un côté, et pour la prise en charge des soins, de l’autre, ni l’indispensable « tuilage » entre recherche et soins, ni la cruciale coopération entre professionnels ne sont actés par le système de financement de la santé.

En première ligne de l’innovation, les centres de lutte contre le cancer comme l’IPCdoivent explorer ces frontières nouvelles, pour non seulement proposer des approchesthérapeutiques pilotes, mais aussi des modalités économiques qui rendent ces progrès médicaux possibles pour tous.

La médecine personnalisée, une stratégie de rupture

PAR LE PROFESSEUR PATRICE VIENS

Directeur général de l’IPC

EDIT

O

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Février

z Le cancer et la vie psychique :du traumatisme somatique au trauma psychiqueJeudi 7 févr ier 2013

z DU Cancéro CliniqueCancer du sein : traitement loco-régionalJeudi 7 et vendredi 8 févr ier 2013

z 6e journée “ Qu’est-ce que la génétique apporte à la psychanalyse ? “jeudi 28 févr ier 2013

Avril

z Congrès Européen d’Echoendoscopie, EURO-EUS25 et 26 avr i l 2013

Le mois d’avril sera marqué par le congrès européen de référence en matière d’échoendoscopie, l’EURO-EUS,qui se tiendra à l’Hôtel Pullman Montparnasse à Paris. Une première dans l’organisation de ce congrès : les participants assisteront à des démonstrations en direct des blocs opératoires de l’Institut Paoli-Calmettes.

Juin

z 6ème Symposium International d’Endoscopie en oncologie digestiveDIU cancer du pancréas

Vendredi 7 juin 2013

Au coeur des missions de l’IPC, l’enseignement et la formationConformément à sa mission, l’Institut Paoli-Calmettes, centre de réfé-rence pour la région PACA, fédère, sur son site, des activités de soins,de recherche, d’enseignement et de formation.

Nos formations, destinées à compléter et actualiser les connaissancesen cancérologie, proposent une approche transversale et multidisci-plinaire de la prise en charge du cancer et s’inscrivent dans les prioritésassignées par les plans cancer. En totale adéquation avec les besoinsdes professionnels de la santé, ces formations font l’objet d’évaluationsconstantes. En 2011, pas moins de 1 300 stagiaires on bénéficié des enseignements dispensés par nos médecins avec un taux de satis-faction avoisinant 95 %.

Notre programme couvre le champ des innovations diagnostiques et thérapeutiques, leur interface avec la biologie autour de quelquespathologies majeures.

Sport et cancer : une offre d’associations sportives soutenues par la Ligue contre le cancer pour les patients de l’IPCParce que le cancer ne met pas seulement à l’épreuve les corps, maisaussi les liens sociaux et l’image de soi, l’IPC s’est engagé avec la Liguecontre le cancer dans un programme « Sport et cancer », rassemblantdes associations sportives de la région pour les patients de l’IPC.

Lancé en juillet 2012, c’est un programme original d’activités sportivesadaptées qui est proposé : randonnées douces avec les Excursionnistesmarseillais ou le Club Alpin Français, gymnastique douce avec le programme Gym’après de la Ligue, balades en voilier avec Cap Mar-seille et natation avec l’association « Que la vie est belle », la piscineCap Provence de Cassis et, plus récemment, la piscine des Dauphinsà Marseille. Le comité 13 de la Ligue propose aux patients rencontrantdes difficultés financières une aide couvrant les frais d’adhésion.

Renseignements : sur le site internet de l’IPC (www.institutpaolicalmettes.fr), auprès de la Ligue contre le cancer 13 ou auprès des associations citées.

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Sommaire

Directeur de la publication : Professeur Patrice Viens

Rédaction en chef : Anne Fouchard

Rédaction : Elisabeth Belarbi, Sylviane Bourdiec, Valérie Depraetere-Ferrier, Anne Fouchard, Leila Lecavorzin-Mille

Contributions : Réda Bouabdallah, Florence Burgaud-Raoul,Aude Charbonnier, Anthony Gonçalves, Eric Lambaudie, Marc Lopez, Carole Pascal, Jean-Luc Raoul, Michel Resbeut, Catherine Tinel

Secrétariat de rédaction : Elisabeth Belarbi, Anne Fouchard

Crédits photos : Jean-Michel Durey, Michel Gélabert, AP-HM, Serimedis Inserm - P. Latron

Conception graphique : Nicolas Guieu

Mise en page : Nicolas Guieu

Imprimerie : Pure Impression - SIRIS-ISSN en cours. Dépôt légal à parution - Achevé d’imprimer décembre 2012

Routage : Atout Mailing Services

Editeur : Institut Paoli-Calmettes, Centre régional de lutte contre le cancer232, Boulevard Sainte Marguerite - BP 156 - 13273 MarseilleCedex 9 - Tél. : +33(0)4 91 22 33 33 - Fax : +33(0)4 91 22 35 12

Contact service communication : Tél. : +33(0)4 91 22 37 48 - [email protected]

Le magazine de l’Institut Paoli-Calmettes

Décembre 2012 - N° 4

SOINSz P:4 - Réflexion Améliorer la prise en charge : du vécu au dire

z P:6 - PréventionCancer et facteurs de risque : vérités contre fausses bonnes idées

z P:22 - Soigner - Prendre en charge Cancer de la prostate : quelle prise en charge à l’IPC ?

z P:24 - Actus - Soigner Le Cellvizio, ce microscope fait faire un pas de géant

z P:25 - L’IPC lance le « Diagnostic sein chrono »

DOSSIERz P:8 - « L’avenir : une cartographie de la tumeur de chaque patient, pour des traitements ciblés »

z P:11 - FOCUSLa LMC : de l’inéluctable à la maladie chronique

z P:12 - Lymphome : du « score pronostique » à la thérapie préventive

z P:14 - Cancers du sein : tirs groupés contre HER2

z P:15 - Chirurgie : le robot « mono trocart », ou comment opérer par le nombril

z P:16 - La stéréotaxie, ou la radiothérapie troisième dimension

z P:17 - Le séquençage du génome, point de départ d’une révolution médicale

z P:18 - Individualiser l’approche des cancers digestifs

EN IMAGESz P:19 - En octobre, voir la ville en rose

RECHERCHEz P:26 - Découverte Nectine-4 : un nouveau biomarqueur dans le traitement ciblé de certains cancers du sein

z P:28 - Portrait Marc Lopez, lauréat du prix de l’innovation Inserm 2012

z P:28 - Labellisation Le SIRIC, booster pour la recherche et le soin en cancérologie

VIE DE L’IPCz P:30 - Focus Aider les aidants

z P:32 - Rencontre Première rencontre associative à l’IPC

z P:34 - AGENDA / BREVES

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Prendre en compte autant le patient que sa pathologie, mais aussi l’informer,

tout au long de son parcours, de l’annonce de la maladie jusqu’à la rémission et le retour

à la vie « normale » :

c’est sur cette prise en charge globale que se focalisent les attentes des patients atteints

de cancer et de leurs proches. Des attentes, des constats d’amélioration mais aussi des

insatisfactions, mis en évidence par l’enquête réalisée par UNICANCER1 début 2012.

REFLEXIONSO

INS

Améliorer la prise en charge :

du vécu au dire

Des mots posés sur le vécu, parfois à vif, souvent avec émotion, très souvent avec uneforce positive : pour continuer à construir e,pour soi-même, pour les autres, pour les futursmalades aussi. Clairement, l’expérience a fonctionné. L’idée d’aller collecter, au-delàdes statistiques, sur le mode exploratoire et qualitatif, aux confins de l’anonymat, les attentes des patients at teints de cancer et de leurs proches sur la prise en charge a été plébiscitée.

Une première en FranceLa démarche résulte de la création de l’Obser-vatoire des attentes des patients, officiellementlancé par UNICANCER en novembre 2011,l’année ayant été décrétée par le ministère de la Santé « Année des patients et de leursdroits », afin de mieux comprendre ces attenteset d’orienter l’évolution de l’offre des centresde lutte contre le cancer (CLCC) en termes de prise en charge.

La première approche a consisté à étudier les données existantes, issues notammentd’enquêtes régulièrement menées dans les CLCC : enquêtes de satisfaction du patientSaphora CLCC, Sat Ambu Chimio, enquêteauprès des médecins correspondants, ...

Mais, et c’est une première en France, ces enquêtes par définition rétrospectives ont été enrichies d’une enquête qualitativeprospective.

« des patientscontents de se voirdonner la parole... »

1 Groupe hospitalier exclusivement dédié à la lutte contre le cancer, réunissant les 20 centres français de lutte contre le cancer (CLCC).

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« Des consultations sous forme d’un focusgroupe et de débats en ligne ont permis aux pat ients comme au grand pub l i c de s’exprimer librement, en toute confiden-tialité, sans contrainte géographique », explique Anne Vitoux, directrice adjointe,PMS et Qualité d’UNICANCER.

Le focus groupe a réuni de visu un gr oupe de parole de six patientes atteintes de cancerdu sein, traitées dans des CLCC différents.

La consultation participative en ligne, organiséedu 23 janvier au 15 février 2012 sur la théma-tique « Prise en charge hospitalière & attentesdes patients », a réuni 249 participants répartisen deux communautés : 139 pat ients des 20 CLCC et 110 participants issus d’unpanel grand public. Des informations ont été recueillies tant dans le r egistre rationnelqu’émotionnel. Les patients, « contents de sevoir donner la parole », « ayant le sentimentd’être d’avantage acteurs et non plus simplesspectateurs », ont salué « une louable volontéd’améliorer leur qualité de vie tout au longde la maladie ».

L’information demeure un maillon faible Les CLCC sont reconnus pour la qualité de leurprise en charge considérée comme perfor-mante sur le plan médical. T ous les patientss’accordent sur un constat d’améliorationglobale, avec une réelle prise en char ge de la douleur et notamment une plus grandeimportance accordée à la douleur psycholo-gique, ainsi qu’une amélioration de la relationavec le personnel soignant et une évolutionde l’offre en soins de support. La politiquehôtelière est jugée décevante, mais elle n’estpas un critère important pour les patients.

Par ailleurs, la préoccupation envers une « médecine à deux vitesses » et une dégradationdu système de remboursement des soins, ou encore le poids des contraintes financièressusceptibles de freiner les actions à développersuite à cette enquête ont été exprimés de façon récurrente. Enfin, « des points à améliorer ont été clairement identifiés »,commente Anne Vitoux.

Ainsi, la transparence et la transmission de l’information restent un vrai maillon faible.D’un côté, les médecins ne se mettent pastoujours à la portée des patients. De l’autre,les patients n’osent pas toujours poser des questions. Quoi qu’il en soit, les patientsse plaignent des difficultés qu’ils rencontrentpour obtenir une information claire et précisesur les traitements, le déroulement des soinset, surtout, sur les éventuels effets secondaires.Sensibilisation, formation, outils de communi-cation : il est urgent de faire bouger les lignes.

Autres points clés d’insatisfaction : l’annoncedu diagnostic et le manque de coordination,au sein de l’hôpital, entre les différents acteurs du parcours de soin.

L’annonce de la maladie constitue pour tousles patients un moment charnière, un bascu-lement émotionnel, assimilé au début de la prise en charge. La façon dont l’annoncedu diagnostic est ef fectuée, et r essentie,conditionne en partie la suite et l’adhésion au traitement. Or, là encore, des lacunes apparaissent. Des lacunes exacerbées lorsques’y ajoutent une mauvaise coordination et la désagréable impression d’une prise en chargemorcelée, peu sécurisante.

Rupture et solitude hors de l’hôpitalLa vie hors hôpital pendant le traitementconcentre également beaucoup d’insatis-factions : solitude et sentiment de ruptur e pour le patient, entourage souvent démuni,manque d’informations sur les aides existantespour gérer le quotidien. De même, l’aprèstraitement nécessiterait beaucoup plus d’infor-mations, de suivi et de soutien.

Bref, des attentes s’expriment tout au longde la prise en charge, appréhendée commela période courant de l’annonce de la maladieà l’après cancer et le retour à la vitalité.

Une prise en charge que les patients désirentglobale, basée autant sur un traitement sûr et de qualité pour leur pathologie, que sur un soutien psychologique et une priseen compte de leur humanité, intégrant les contraintes de chacun mais aussi les prochesdans la démarche.

Une démarche qui sera suivied’actions concrètesLes patients, leur entourage, le grand publicont joué le jeu. Face au succès rencontré par cette consultation en ligne, UNICANCERentend leur redonner la parole de façon régulière, pérenniser ce principe de forum de discussion. Reste que l’enjeu consistemaintenant à pouvoir passer aux actes, dansun environnement contraint et avec le soucide l’équité d’accès aux soins.

Les axes d’amélioration sont nombreux. Elaborer une charte de l’annonce, identifiersystématiquement un médecin référent pourque le patient soit mieux informé, expliqueret diminuer les délais d’attente, généraliserl’informatisation du dossier patient partagépour une meilleure continuité de l’informa-tion entre les professionnels de santé, systématiser la remise d’une feuille de route« sortie d’hospitalisation » pour améliorer les conditions de retour à domicile et la conti-nuité du suivi, etc.

Pour poursuivre la démarche, UNICANCERenvisage maintenant d’organiser une « journéeinitiatives des centres ». L’idée : mobiliser les expériences menées partout dans les diffé-rents CLCC et correspondant à des axesd’amélioration identifiés, puis les mutualiserautant que possible afin de fair e évoluer l’offre de soins, pour ensuite se concentr ersur les manques, avec le concours des profes-sionnels des centres (groupes de travail).

« l’heure de passeraux actes... »

« les CLCC sont reconnus pour la

qualité de leur priseen charge... »

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Comment prévenir la survenue du cancer ? Si, à l’évidence, la sciencen’a toujours pas trouvé de remède miracle, on sait en revanche qu’il est possible d’agir sur certains des facteurs de risque qui favorisentl’apparition de la maladie. Ils sont de mieux en mieux connus, et bienque le cancer soit une maladie multifactorielle, c’est principalementà travers notre mode de vie que nous pouvons espérer un impact fort.

Consommation de tabac et/ou d’alcool, obésité (cf. encadré), exposition au soleil, agents infectieux, … constituent autant de comportements facteurs de risque sur lesquels nous pouvonseffectivement reprendre la main. Or ils sont responsables de la survenuede 30 à 50 % des cancers !

Le tabac, première cause de mortalité par cancer en France25 % des décès par cancer sont liés au tabac (34 % chez les hommeset 12 % chez les femmes). Un fumeur sur deux, s’il a commencé àl’adolescence, est appelé à mourir du tabac. Qui plus est, même si 80 %des cancers du poumon sont liés au tabac, contrairement à l’idée répandue, le tabac n’induit pas seulement des cancers du poumonou de l’œsophage.

Il est en fait associé à de nombreuses autres localisations : cancersORL (bouche, pharynx, larynx, nez, sinus), cancers de la vessie, du rein,du pancréas, de l’estomac, du foie, du côlon, d u rectum, du sein, du col de l’utérus, de l’ovaire, et certaines leucémies.

Malheureusement, le tabac reste un risque sous-estimé, perçu comme« banal », à l’origine de nombreuses idées fausses. Ainsi, selon le baro-mètre Cancer Inpes / INCa 2010 (1), « parmi les fumeurs actuels, le seuil moyen à partir duquel les fumeurs jugent qu’il existe un risquede cancer lié au tabac s’élève à 12 cigarettes par jour. La duréemoyenne à partir de laquelle une personne qui fume a un risque élevéd’avoir un cancer est, selon ces mêmes fumeurs, de 16,5 ans ».

SOIN

S

Cancer et facteurs de risque : vérités contre fausses bonnes idées L’excès de précaution ternit inexorablement le quotidien. Trop d’excès accentue dangereusement le poids des facteurs de risque...

Entre les deux, la prévention peut se concevoir comme une façon d’agir en connaissance de cause, en prenant du recul face aux risques dans leur globalité, sans les nier, mais sans pour autant s’interdire tout plaisir. A chacun son libre arbitre.

« le tabac n’induit pas seule-ment des cancers du poumon

ou de l’œsophage... »

PREVENTION

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Or aucune étude scientifique n’a démontré qu’il existe un seuil de nombre de cigarettes par jour en-dessous duquel il n’y a pas de consé-quences. Malgré le « déni » des petits fumeurs, il n’y a pas que le nombre de cigarettes par jour qui compte. La durée d’expositionau tabac a un rôle prépondérant par rapport à la quantité fumée quotidiennement : un triplement du nombr e de cigarettes fumées par jour multiplie par 3 le risque de cancer du poumon, alors qu’untriplement de la durée multiplie ce risque par 100.

Autres idées fausses : le tabac à rouler serait moins toxique. Il s’avèrequ’en moyenne il est quatre fois plus nocif que les cigarettes indus-trielles. Son rendement en goudron est trois à quatre fois plus élevé.L’air respiré, plus chaud, brûle plus les bronches et la bouche. De même, les cigar ettes dites légèr es sont aussi toxiques que les autres : elles sont associées à d es lésions plus périphériques dans les poumons. Enfin, NON, « fair e du sport ne permet pas de se nettoyer les poumons ! ».

Pour autant, un fumeur qui arrête de fumer n’est pas mar qué à vie.Un an après, le risque d’infarctus est réduit de 50 %. Au bout de cinqans, on estime que le risque de cancer du poumon mais aussi de la bouche, de l’œsophage, de la vessie a diminué de moitié. Après quinze ans d’arrêt, le risque du cancer du poumon est équivalentà celui d’un non-fumeur.

L’alcool, en seconde positionJuste après le tabac, l’alcool constitue la deuxième cause de mortalitéévitable par cancer en France. La consommation d’alcool est à l’ori-gine de 10 % des décès par cancer chez les hommes et de 3 % chez les femmes. En fait, 9 % des nouveaux cas de cancers par ansont attribuables à l’alcool : essentiellement des cancers ORL, de l’œsophage, du foie, du sein, du côlon. Par exemple, un verre par jouraugmente le risque de cancer du sein de 12 % chez la femme.

De plus, la consommation régulièr e et excessive favorise d e nom-breuses autres pathologies : maladies du foie et du pancréas, problèmes cardiovasculaires, hypertension artérielle, maladies du systèmenerveux, troubles cognitifs et psychiques.

Selon les normes de l’INCa, les quantités à ne pas dépasser pour unusage plaisir et sans dommage, dans le cadre d’une consommationrégulière et quelle que soit la boisson alcoolisée consommée, sontfixées à deux verres « standard » (2x10 g d’alcool pur) par jour pourles femmes, en dehors des périodes de gr ossesse, et à trois verres « standard » (3x10 g d’alcool pur) par jour pour les hommes. Ce, à condition d’observer au moins un jour par semaine sans aucuneboisson alcoolisée.

Et comme pour le tabac, certaines idées fausses par exemple « les alcools forts sont plus danger eux que les autres », ou encore « seule l’ivresse peut présenter un risque réel », ont la vie dure.

Le soleil, la pollution, les agents infectieux, …L’environnement, lui aussi, apporte ses facteurs de risque et ses idéesreçues. Ainsi, la pollution n’est à l’origine que de 2 % des cancers despoumons (le tabac, lui, est en cause à hauteur de 80 %). Pour sa part,l’impact de l’exposition au soleil est lié aux ultra-violets pris tout au long de la vie, et non seulement aux « coups de soleil ».

s

On estime aujourd’hui que 30 % des Français sont en surpoids, avec un indice de masse corporelle (1)compris entre 25 et 30, et que 10 % sont obèses, avec un indice de massecorporelle supérieur à 30.

Et la tendance s’accentue. Or une hausse de 5 points de l’IMC augmente par exemple de 8 % le risque de cancer du sein et de 31 % le risque

de cancer du rein. Globalement, 4 % des cancers sont attribuables au surpoids et à l’obésité. Il s’agit notamment de cancers hormono-dépendants (endomètre, sein après la ménopausechez les femmes), de cancers du système digestif (œsophage, côlon,vésicule biliaire, pancréas, foie) et de cancers du rein.

En effet, plusieurs mécanismes associés au surpoids comme à l’obésité favorisent la cancérogénèse : l’augmentationdu taux de certaines hormones (insuline, IGF-1, leptine, hormonessexuelles), impliquées dans des fonctions biologiques comme la prolifération, la différenciation et le métabolisme des cellules, et, par ailleurs, le fait que l’obésité induit un état inflammatoire chronique.

Spécifiquement, le tissu adipeux, riche en aromatase (enzyme)convertissant les hormones androgènes en hormones œstrogènes,augmente les taux circulants d’œstrogènes, même chez les femmesménopausées. Il constitue donc un facteur de risque pour les cancersde l’endomètre et du sein post-ménopause. D’où l’importance de conserver un poids « sain », en jouant sur notre activité physique et sur notre alimentation. Le point de repère consiste à pratiquer, au moins cinq jours par semaine, au moins trente minutes d’activité modérée comparable à la marche rapide. A chacun de jongler entre des activités d’intensité légère(bricolage, activités ménagères, pétanque…), moyenne (marche rapide,passer l’aspirateur) et forte (jogging). Enfin, s’il n’existe pas d’aliment(s) protecteur(s) contre le cancer, le terme anti cancerétant totalement abusif, une « alimentation plaisir équilibrée »,chaque jour avec 5 fruits et légumes, contribue à réduire le risque.Question de juste équilibre.

POURQUOI LE SURPOIDS AUGMENTE-T-ILLE RISQUE DE CANCER ?

« l’alcool à l’origine de 10 %des décès par cancers chez les hommes... »

Sur ce point, les hommes sont autant concernés que les femmes.Quant aux fameuses séances d’UV qui prépareraient la peau au soleil,c’est totalement faux. Enfin, selon les estimations, 10 % des cancersseraient liés à des infections (virus, bactéries). Des infections pour lesquellesil existe parfois un pare-feu : la vaccination. Un exemple : le cancer du colde l’utérus est favorisé par le développement de lésions induites parcertains virus HPV (papillomavirus humains). Deux vaccins, destinésaux jeunes filles et jeunes femmes (14 à 23 ans), empêchant l’apparitionde lésions précancéreuses, sont aujourd’hui disponibles sur le marché.La démarche n’est pas obligatoire. Mais même si la vaccination ne vapas éradiquer tous les cancers du col de l’utérus, associée au dépistagepar frottis, elle limite clairement les risques.

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DOSSIERDOSSIER

Chaque traitement médicamenteux cible une catégorie de tumeur en particulier : il est conçu pour bloquer un mécanisme actifau sein de la cellule cancéreuse à laquelle il s’attaque, car ce mécanisme est souventd’une part indispensable à la tumeur, et d’autrepart à l'origine des proliférations tumorales.

S’il est bloqué, les chances de rémission se trouvent considérablement augmentées.

Avec la médecine personnalisée, l’approcheest plus globale : on adapte le traitement nonseulement à la tumeur mais aussi au patient,en tenant compte de son âge, son poids, sesautres pathologies, mais aussi parfois sa capa-cité génétique à tolérer tel ou tel traitement.

Un traitement ciblé est-il nécessairement médicamenteux ?P.V. : Non, car on peut cibler une tumeurpour la détruire par des médicaments mais aussi par des méthodes chi rurgicales ou par la radiothérapie. Aujourd’hui, grâceaux robots télé-opératoires de dernière géné-ration, la chirurgie est plus précise.

La radiothérapie a également beaucoupgagné en précision, l’article sur la stéréotaxie(lire page 16) montre que l’on peut détruiredes lésions de très petite taille. Autre exemple,en utilisant soit des radiofréquences (chaleur),soit la cryothérapie (froid), la radiologie inter-ventionnelle cible directement les tumeurs.

On parle aujourd’hui de médecine personnalisée et de traitements ciblés : quelle est la différence ?Patrice Viens : Un traitement ciblé est untraitement adapté à un type de tumeur, quel’on cherche à atteindre de façon spécifique.Les traitements dits « ciblés » constituent, en cancérologie, une évolution majeure de ces dernières années et l’un des principauxenjeux des années à venir.

On sait aujourd’hui qu’il n’y a pas un cancerdu sein mais des cancers du sein, des cancersdu côlon, etc. Et de nouveaux sous-groupesde cancers, présentant chacun leur proprecombinaison de mutations génétiques, ne cessent d’être identifiés.

« L’avenir : une cartographie de la tumeur de chaque patient, pour des traitements ciblés »

« L’avenir : une cartographie de la tumeur de chaque patient, pour des

LA MEDECINE PERSONNALISEECONSTITUE UNE REVOLUTION EN CANCEROLOGIE. DES PROGRES AUX BENEFICES CONSIDERABLES POUR LES PATIENTS, A L’ŒUVRE DEPUIS DES ANNEES A L’IPC. ETAT DES LIEUX.

Avec le Pr Patrice Viens, oncologue, Directeur général de l’IPC.

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de se multiplier, d’échapper au système immunitaire. Ensuite, on fabrique (« désigne »)des médicaments qui cibl ent et bloquent ces mécanismes, sachant que chaque médi-cament vise un mécanisme spécifique.

Cette évolution majeure a été rendue possiblegrâce au développement, ces 15 dernières années, des outils biologiques à haut débit (séquençage du génome, expression du gé-nome, protéomique…).

Par exemple, on a pu séquencer , déchiffrer,le génome humain, c’est-à-dire l'ensemble denotre matériel génétique. Puis on a séquencéle matériel génétique, l’ADN, des tumeurs.

Chacune de nos cellules abrite un noyau, qui contient le fameux ADN, constitué defragments appelés gènes.

patiente est e ncore sous anesthésie Cetteméthode n’est encore pratiquée que sur dessites-pilotes comme l’IPC, mais sera vulgariséedans les années à venir et sans doute étendueà d’autres applications, moins restrictives quecertains cancers du sein.

Comment fonctionnent les traitements médicamenteux ciblés ?P.V. : Depuis de nombreuses années, on pio-chait dans des bibliothèques de substanceschimiques, et on testait massivement des pro-duits un peu au hasard, en s’appuyant sur les constats empiriques : un médicament « marchait » dans une indication de cancerdu sein par exemple, donc on l’utilisait.

Maintenant, grâce à l'analyse biologique de la tumeur, on identifie les mécanismes qui permettent à la cellule tumorale de vivre,

Concrètement, sous le guidage d’un scannerou sous échographie, la tumeur est anéantiepar la chaleur électrique ou, au contraire,gelée. À l’IPC, nous utilisons ces techniquesdans des cas de cancers du foie, des os, du rein,du poumon.

Enfin, de nouveaux appareils de radiothérapiepermettent d’effectuer des irradiations, ellesaussi plus ciblées, sans impact sur les tissussains environnants. Dans le traitement de certains cancers du sein, cette radiothérapieest per-opératoire, car elle est réalisée immé-diatement après la chirurgie, alors que la

Les évolutions, mécanismes hors normes, qui permettent à une cellule normale de devenir cancéreuse sont multiples :z perte de fonction ou au contraire gain de fonction de la cellule ;z amplification génique : accroissement sélectif du nombre de copies d’un gène ou d’un groupe de gènes ;z surexpression et dérégulation : un gène peut être actif ou inactif. Pour exercer sa fonction, il doit être actif : on dit que le gène est « exprimé ». L’augmentation du nombre de copies du gène ou sa dérégulation peuvent conduire à un niveau d’expression anormalement élevé, ce qui a souvent des conséquences fonctionnelles ;z mutation : un acide aminé est remplacé par un autre dans la séquence d’ADN ;z enfin, le micro environnement de la cellule peut aussi favoriser le développement tumoral.

Quand nos cellules dérapent…

Lire suite page 10

« un traitementciblé est un traite-ment adapté... »

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Lors des divisions cellulaires, les gènes sonttranscrits en ARN puis en protéines. Or, il y aparfois des erreurs dans la duplication de l’ADN et de certains gènes. Ces anomaliesau niveau de l’ADN peuvent notammentaboutir à la multiplication de récepteurs, situés à la surface de la cellule, ou à des modi-fications au niveau de ces récepteurs, à l’origine de perte ou de gain de fonction(s)pour la cellule.

Normalement, soit l’ADN est réparé, soit la cel-lule meurt. Mais des failles existent, et c’estle dérapage : des cellules mutées, altérées et caractérisées par un certain nombre de dysfonctionnements, parviennent à échapperau contrôle de l’organisme et prolifèrent (lire encadré : quand nos cellules dérapent).

Grâce à cette compréhension des mécanismes,on a pu comparer l’ADN « normal » à l’ADNdes tumeurs, ce qui nous a permis de trouverdes anomalies génétiques, provenant de mu-tations ou autres mécanismes.

Et l’on a découvert que, d’une tumeur à l’autre,ce ne sont pas les mêmes gènes qui sont modifiés. Cette approche est aussi valable pour l’expression des gènes ou leur traductionen protéines.

A partir de cette connaissance, on met au point,pour chacune de ces cibles, un médicamentspécifique. Chaque nouveau médicamentvise une seule cible, et a git sur un seul méca-nisme. Si plusieurs mécanismes à l’œuvre ontété détectés, il faudra certainement additionnerplusieurs traitements ciblés.

Concrètement, dans quels types de cancers l’impact se fait-il déjà ressentir ?P.V. : Le dossier montre l’importance considé-rable que ces traitements ciblés et ces nouvellesapproches ont déjà dans les traitements du lymphome (lire page 12).

Pour la forme de cancer du sein qui impliqueune amplification du gène HER2, soit 1 cancerdu sein sur 5, on a compris le mécanisme deprolifération des cellules tumorales : cetteamplification du gène HER2 induit une cas-cade de réactions biologiques, à l’origine de laprolifération cellulaire et du développementde métastases.

On a cherché à bloquer ce récepteur par un anticorps, l'Herceptin ®, en complémentd'une chimiothérapie. Résultat : nous sommespassés d’un taux de récidive de 33 % à seu -lement 15 % !

Autre exemple, avec le cancer du côlon, où un autre récepteur est en cause, l’EGFR(lire aussi page 18). Sa stimulation « anor-male » entraîne la cancérogenèse.

Un premier traitement ciblé a donc visé ce réce-pteur EGFR en le bloquant. Mais, malgré une avancée, les équipes enregistraient toujours un grand nombre d’échecs.

Les recherches ont permis de découvrir que,parallèlement à EGFR, un autre gène, appeléRAS, est également en cause dans le méca-nisme de la cancérogenèse… mais p arfoisseulement.

En clair, certains cancers du côl on sont liés à une mutation du gène RAS, alors que ce gèneest intact dans d’autres formes de cancers du côlon. Conclusion : dans le cas du cancerdu côlon, la prolifération de cellules cancé-reuses peut utiliser deux voies diff érentes.

DOSSIERMédecine personnalisée

« chaque nouveaumédicament vise

une seule cible... »

Lire suite page 12

Au début : le processus tumoral est déclenchépar des événements qui concourentà créer un état de prolifération : uneprédisposition génétique touchantle système de réparation de l’ADN,une inflammation chronique (maladieinfectieuse), une mutation d’un gèneou un blocage de la différenciation,par lesquels des fonctionnementsnormaux sont bloqués ou au contrairedes phénomènes anormaux activés.

Puisles cellules cancéreuses prolifèrent,car le frein à la prolifération est perturbé ou inactif, l’ADN est instable(et remarquablement adaptable)et la prolifération est stimulée.

Alors, le phénomène normal de mort cellu-laire (apoptose) ne fonctionne pluset, au contraire, les cellules altéréesgénétiquement sont capables decontourner, en mutant, les obstacles :les cellules cancéreuses profit entdes tissus normaux, passent à traversla paroi des vaisseaux sanguins et lymphatiques sous la forme de métastases et adhèrent à de nou-veaux tissus.

z Prédisposition génétiquez Inflammation chroniquez Activation d’oncogènesz Inactivation de suppresseursz Blocage de la différenciation

z Instabilité croissantez Réactivation de la télomérasez Immortalisationz Perte de l’apoptose

Proliférationcellulaire accélérée

Cellulesgénétiquement

instableset immortelles

Néo-angiogenèse

Néo-angiogenèse Disséminationvoie vasculaire

Adhérence à d’autrestissus, métastases

Evénementsultérieurs

Les mécanismes de progression des tumeurs

D’après Vignot S., Soria JC. Thérapies moléculaires ciblées. De la biologie aux applications cliniques. Paris : John Libbey Eurotext, 2008

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L’avènement des thérapies ciblées a révolutionné la prise en charge et le pronostic vital, pour les patientstouchés par une leucémie myéloïde chronique (LMC), maladie qui, sans traitement, évolue vers une leucémie aiguë.

FOC

US

La leucémie myéloïde chr onique (LMC) est une maladie orpheline de la famille des syndromes myéloprolifératifs chroniques, dans laquelleles leucocytes sont fabriqués de façon continue en trop grand nombreau niveau de la moelle osseuse. Sans traitement, la LMC évolue inéluc-tablement en leucémie aiguë (LA). Les traitements actuels ont changédu tout au tout son pronostic.

La LMC est due à la survenue d’une translocation, c’est-à-dire d’unéchange de matériel, entre les chromosomes 9 et 22, ce qui permetla formation d’un nouveau gène (BCR-ABL). Ce gène code pour une enzyme (tyrosine kinase) n’existant que dans les cellules maladesresponsables de toute la maladie. Jusqu’en 2000, les seuls traitementsévitant la transformation des LMC en LA étaient la gr effe de moelleet parfois l’interféron alpha.

Les nouveaux traitements évitent la greffeLe pronostic de la LMC a été drastiquement amélioré il y a une dizained’années par la mise au point de l’Imatinib (Glivec*), premier traitementd’un nouveau concept thérapeutique : les thérapies ciblées. Agissantcomme une clé verr ouillant BCR-ABL, l’Imatinib bloque l’activité de l’enzyme : les cellules malades meurent car elles étaient devenuesdépendantes de l’enzyme, ce qui permet à la moelle osseuse sainede reprendre son activité de fabrication de globules sains. Ainsi, seulesles cellules malades sont détruites, de façon spécifique. Hélas, i l existe des cellules souches « dormantes » malades de la moelle qui ne sont pas sensibles au traitement, donc celui-ci doitêtre donné en continu aux patients pour éviter une rechute de LMC.Aujourd’hui, il existe deux inhibiteurs de tyrosine kinase de nouvellegénération encore plus puissants que l’Imatinib (Nilotinib et Dasatinib).A eux seuls, les trois traitements permettent dans la majorité des casd’éviter une transformation en LA, et la plupart des patients semblentavoir une espérance de vie identique à celle de la population générale.

Aller plus loin pour venir à bout de la maladieLes principales r echerches concernant la LMC s’articulent autour de deux questions : comment amélior er la réponse aux traitementschez les personnes qui répondent mal au traitement, pour leur évitertout risque d’évolution en LA ? Et comment se débarrasser définiti-vement de la maladie en éradiquant les cellules souches malades ? Enfin, la préoccupation du clinicien est l’accompagnement de patientsdont le succès du traitement, qui n’est pas encore synonyme de guérison,repose sur une observance parfaite, au long cours, d’un traitementparfois difficile à tolérer.

La LMC : de l’inéluctable à la maladie chronique

Le gène chimérique BCR-Abelson

La translocation chromosomique juxtapose les gènes ABL et BCR au niveau du chromosome 22, ce qui conduit à la production d’un ARN messager, hybride,qui code une protéine anormale à forte activité tyrosine kinase.

Les points de cassure sur le chromosome 22sont plus ou moins proches du centromère,conduisant à des ARN messagers de taillesvariables, ce qui contribue à la production de protéines, elles aussi légèrement différentes selon les positions des points de cassure. Il résulte des formes plus ou moins agressives de LMC.

« Les traitements personnalisés actuels ont changé du tout au tout le pronostic de la LMC qui, auparavant, évoluait inéluctablement en leucémie aiguë. »

Docteur Aude Charbonnierhématologue à l’IPC

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D’après Vignot S.,Soria JC. Thérapies moléculaires ciblées. De la biologie aux applications cliniques. Paris : John LibbeyEurotext, 2008

9

Chromosome 22 Chromosome 9

9q+

Ph (ou 22q-)22

ABL

Translocation t(9 ; 22 )

BCR

c-BCR c-ABL

p 210 BCR-ABL

p 185 BCR-ABL

1 2-11

2-11

2-11

BCRABL

Protéine de fusionà forte activité tyrosine kinase

Ph1

ExonsIntronsPoints de cassure dans la forme chroniquePoints de cassure dans la forme aiguë

Structure du gène BCR-ABL

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Si le gène RAS, n’est pas muté (on dit qu’ilest à « l’état sauvage »), la cancérogenèsepasse par la voie EGFR ; le traitement quibloque EGFR donne de bons résultats. Mais si le gène RAS est muté, il y a un em-ballement d’une autre voie.

Dans ce cas, un traitement ciblé bloquantEGFR ne suffit pas. Actuellement, des étudesrecherchent un traitement ciblé, agissant à un niveau indirect de la seconde voie mo-léculaire, traitement que l’on puisse associeravec la molécule bloquant EGFR. Au final, un nombre limité de patients pourraientbénéficier d’une association de thérapies ciblées qui contrôle les deux phénomènes.

L’avenir est donc aux thérapies ciblées, voire aux associations sur-mesure de thérapies ciblées ?P.V. : Incontestablement. Revenons au cancerdu sein associé à l’amplification du gèneHER2 : une chimiothérapie très puissante a été greffée sur l'anticorps lui-même, afin que la chimiothérapie ne diffuse quedans les cellules anormales pour les détruire,sans abîmer les tissus sains et provoquer les effets secondaires habituels (perte de che-veux, nausées, etc.). L’action globale est encoreplus ciblée, et le rapport efficacité / tolérancedu traitement est encore meilleur. Des essaisthérapeutiques, auxquels l’IPC participe, sonten cours.

Néanmoins, pour développer les traitementsciblés, il est fondamental de bien caractériserles tumeurs et leurs anomalies. Les espoirs reposent sur les chercheurs. Fort de la présencesur le même site de chercheurs fondamentaux,mais aussi d’équipes dédiées à la rechercheappliquée ou à la recherche clinique, l’IPC est particulièrement bien placé pour répon-dre à ce formidable enjeu.

Nous entreprenons notamment une recherchesystématique de mutations de gènes dans lestumeurs des patientes atteintes d’un cancerdu sein, ou de certaines leucémies.

C’est l’un des axes de notre projet d’établisse-ment 2012-2017. Cela nécessite des investis-sements, l’achat de séquenceurs performants(lire page 17) et du personnel dédié.

Mais disposer de la cartographie de la tumeurde chaque patiente nous permettra de lui pro-poser, le plus rapidement possible et de façonciblée, les traitements existants, ou de l’incluredans un essai en cours si les anomalie s de sa tumeur relèvent d’un tel essai.

FOC

US

S’il est un domaine en cancérologie danslequel le concept de « médecine personnalisée »

a été le théâtre d’une révolution précoce et spectaculaire, c’est bien dans le traitement des

lymphomes. Cancers du système lymphatique, les lymphomes sont aujourd’hui curables dans la majorité des cas, grâce à des approches de

pointe comme les anticorps monoclonaux, mais également l’immunité anti-tumorale

conférée par les greffes…

Lymphome :du « score pronostique »à la thérapie préventive

Dans le traitement des lymphomes, la « médecine personnalisée » a débuté dans les années 1990. Personnalisée, car , alors, les choix des traitements se font selon des cri tères simples mais spécifiques à la personne touchée comme l’âge, le stade de la maladie et l’étatgénéral au diagnostic. Ces dif férents critères permettaient d’établiralors un score pronostique individuel influençant la réponse au traitement et la survie.

Un score qui est alors favorable, intermédiaire ou défavorable, des catégories traduisant des chances de survie allant de plus de 80 %à moins de 30 %. Selon le « score pronostique » du patient, on admi-nistre des doses plus ou moins fortes de chimiothérapies, en y joignantune autogreffe dans les cas les plus défavorables : ces cancers du systèmelymphatique, comme les cancers du sang, ne peuvent pas être soignéspar la chirurgie. Chimiothérapies et irradiations sont donc les seulstraitements dont on dispose.

« les espoirsreposent sur

les chercheurs... »

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DOSSIERMédecine personnalisée

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La voie ouverte des anticorps monoclonauxMais, l’arrivée sur le marché, en 1998, du premier anticorps monoclonalrévolutionne la donne, et le traitement des lymphomes est le premierdomaine de la cancérologie à entrer de plain-pied dans la « médecinepersonnalisée ». Associé aux chimiothérapies, le Rituximab, un anticorpsmonoclonal qui cible directement les cellules lymphomateuses, faitfaire un bond de 20 % aux chances de guérison. L’efficacité de l’an-ticorps tient à son principe actif : il cible l’antigène de différenciation,qui est une sorte de plaque d’immatriculat ion des cel lules cancéreuses. Après fixation sur sa cible, l’anticorps induit la mort de la cellule lymphomateuse.

Le Rituximab a ouvert une voie, royale, bientôt empruntée par d’autresanticorps monoclonaux ainsi que d’autres traitements ciblés, qui permet-tent enfin d’attaquer les cellules cancéreuses de différentes façons :en agissant sur les marqueurs en surface de la cellule, en atteignantson noyau, ou en rendant l’environnement de la cellule cancéreusedéfavorable à sa multiplication.

Depuis, une quinzaine d’anticorps monoclonaux ont vu le jour , et ont permis de progresser encore contre les lymphomes : on disposed’anticorps « nus » qui se fixent sur la cible, ou d’anticorps « couplés »soit à des drogues de chimiothérapie soit à des isotopes ra dioactifs,qui vont augmenter l’efficacité du médicament.Comme dans d’autres pathologies cancéreuses, le couplage anticorpsmonoclonal et chimiothérapie fait ses pr euves et de nouveaux pr o-duits et associations, comme le Brentuximab Vedotin très récemmentmis sur le marché et qui cible le CD30, viennent enrichir un arsenalthérapeutique dans les lymphomes qui, déjà, n’a plus rien à voir aveccelui de l’aube des années 1990.

Des stratégies d’attaque pour contrer les cellules cancéreusesGrâce à ces traitements, on a découvert différentes stratégies d’attaque des cellules, comparables à des stratégies guerrières : certainesmolécules pénètrent dans la cellule et libèr ent leur charge toxique à l’intérieur, quand d’autres assiègent la cellule, et agissent sur ce qui l’aide à se nourrir et à se développer dans l’organisme : ainsi, les médicaments anti-angiogenèses, qui inhibent la vascula-risation de la cellule cancéreuse et empêchent de nouveaux vaisseaux de se constituer.

Plusieurs essais concluants dans les lymphomes - dont 6 ou 7 à l’IPC -sont menés sur des inhibiteurs des principaux mécani smes du cyclecellulaire, (inhibiteurs de M-TOR ou de H-DAC), qui contrent la proli-fération cancéreuse et démontrent, que même lorsqu’ils sont utilisésen situation de maladie en rechute et/ou réfractaire, ils induisent une réponse chez environ 30 % des patients traités.

Une approche qui est, aussi, une première en cancérologie : pour la première fois, en effet, un essai clinique multicentrique inter-national de phase 3 chez des patients porteurs de lymphome folliculaireet vierges de tout traitement, est basé uniquement sur les thérapiesciblées, sans aucune chimiothérapie.

Autre champ de l’éventail thérapeutique en hématologie, le recoursà l’allogreffe et la thérapie cellulaire (voir aussi La revue de l’IPC juin2012), dont le principe repose sur l’immunité anti-tumorale, en clair,la faculté qu’a l’organisme de contenir et réfréner l’altération cancéreuse.Après avoir détruit les cellules cancér euses par une chimiothérapie,l’injection du greffon va conférer une immunité nouvelle au maladeet reconstituer sa capacité à combattre la maladie.

Une maladie qui se chroniciseS’ils comportent, comme tout médicament, des ef fets secondaires ou des risques, ces traitements sont à la fois beaucoup moins agressifset toxiques que les chimiothérapies ou radiothérapies standard, et, surtout, de plus en plus efficaces. La courbe représentant l’évolutiondes taux de guérison témoigne de l’importance des progrès accomplis.Les patients ont gagné 15 à 20 ans d’espérance de vie et les lym-phomes se « chronicisent » de plus en plus.

D’où l’ambition des médecins et chercheurs pour l’avenir, qui consisteà réaliser des pr ogrès, maintenant, dans la thérapie pr éventive : mieux cerner les raisons pour lesquelles, chez certaines personnes,une translocation chromosomique va générer un lymphome, tandisque cette même translocation est sans conséquence pour une partiede la population. Comprendre également pourquoi certains agentsinfectieux, viraux ou bactériens, très communément répandus commel’Helicobacter pilori, peuvent être responsables de lymphomes chezcertaines personnes et pas d’autres.

Mieux comprendre la genèse de la maladie - la lymphomagénèse - et les anomalies moléculaires, en fait, et les raisons qui nous rendentsi inégaux, face à la maladie…

« les patients ont gagné 15 à 20 ans d’espérance de vie... »

« Le Rituximab a ouvert une voie, royale,bientôt empruntée par d’autres anticorps monoclonaux ainsi que d’autres traitementsciblés, qui permettent enfin d’attaquer les cellules cancéreuses de différentes façons :en agissant sur les marqueurs en surface de la cellule, en atteignant son noyau, ou en rendant l’environnement de la cellulecancéreuse défavorable à sa multiplication. »

Docteur Réda Bouabdallah, hématologue à l’IPC

D’après Vignot S., Soria JC. Thérapies moléculaires ciblées. De la biologie aux applications cliniques. Paris : John Libbey Eurotext, 2008

Intérêt de l’association chimiothérapie Rituximab sur la survie des patients atteints d’un lymphome B agressif

1,0

0,8

0,6

0,4

0,2

01 2 3 4 5 6 7

Rituximab + CHOP

CHOP

Années

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Cancers du sein : tirs groupés contre HER2

Identifié au milieu des années 1980, l’oncogèneHER2 est surexprimé dans 15 à 20 % des can-cers du sein, et était associé à une résistanceaux traitements chimiothérapiques existantset à un mauvais pronostic. C’est donc sur cettecible que les chercheurs se sont naturellementconcentrés pour tenter de bloquer, voire d’éli-miner, le produit de ce gène, la protéine HER2.

Première étape franchie contre HER2 : un an-ticorps monoclonal, le Trastuzumab, s’attaqueà la portion jux tamembranaire de la molé-cule, à l’extérieur de la cellule cancéreuse.Un progrès qui se traduit par une augmentationnotable de la survie des patientes, quel que soitle stade de la maladie.

Les anticorps monoclonaux (lire aussi Explica-tions) agissent de deux façons principales : ils bloquent la prolifération de la cellule cibleet ils activent la réponse du système immuni-taire contre la cellule qui porte la cible. C’est notamment le cas pour le Trastuzumab.

HER2 pris en étauMais il fallait renforcer et pérenniser l’effet du Trastuzumab, en l’associant à une autr emolécule pour mieux combattre HER2.

Il fallait surtout trouver une alternative dansles cas où les cancers HER2-positifs résistaientau nouvel anticorps monoclonal. Ainsi, depuisquelques années, rappelle le Docteur AnthonyGonçalves, oncologue à l’IPC, des essais cliniques ont été menés chez des patientesprésentant un cancer du sein métastatiqueHER2-positif, traité et résistant à l’anticorps,puis chez des patientes porteuses d’une mala-die moins avancée, et qui n’avaient reçu aucuntraitement, essais qui associent au Trastuzu-mab, un autre médicament qui inhibe HER2.

« L’année 2012 aura vu l’émergence de cequi pourrait être un nouveau saut qualitatifdans le traitement ciblé de cette pathologie :le concept de double blocage d’une cibleunique ! », commente le Docteur Gonçalves.En effet : la combinaison de médicaments qui a pour ef fet de bloquer doublement laprotéine HER2 trop fortement présente donnedes résultats bien meilleurs que les monothé-rapies, avec 51 % de réponse complète contreun quart à un tiers avec une seule molécule.Le pari du double blocage paraît simple : il consiste à prendre en étau la cible en mettanten action deux mécanismes complémentaires,le renforcement de la défense immunitaired’une part et l’effet antiprolifératif d’autre part.

Mais l’association entre l’anticorps monoclonalet une chimiothérapie n’est pas si simple etpose des problèmes de tolérance chez certainespatientes, notamment des risques cardiaques.

Double charge sur la même protéineTentant toujours de bloquer HER2 et ses si-gnaux par deux attaques simultanées mais en limitant les effets néfastes du traitement,les chercheurs se sont donc attelés à d’autrescombinaisons. Ils ont ainsi associé au Trastu-zumab soit une petite molécule chimique appelée Lapatinib active contre la partie intra-cellulaire d’HER2, soit un autre anticorps : le Pertuzumab, qui se fixe sur une régiond’HER2 différente de celle r econnue par leTrastuzumab. La double charge a donc poureffet d’inhiber HER2 jusqu’à le bloquer.

Ainsi, dans certains cancers, prendre en étauune même cible par deux thérapeutiques quiont des mécanismes d’action différents pourraiten effet devenir un nouveau paradigme.

« Un nouveau paradigme est peut-être né »conclut le Docteur Anthony Gonçalves dans le Bulletin

du Cancer de septembre 2012, au sujet de la découverted’une combinaison de thérapies qui, en ciblant la protéine

HER2 dans le cancer du sein, augmente sensiblement les chances de rémission dans des cancers du sein

considérés comme particulièrement agressifs.

EXPLICATIONSQu’est-ce qu’un anticorps monoclonal ?Quand il détecte un agent infectieux ou un corps étranger, le système immunitaire produitdes substances, des protéines, pour les combattre.On parle d’anticorps, et chaque anticorps reconnaîtun antigène, soit une structure spécifique du corps étranger. L’anticorps joue un rôle essentiel dans la réponse immunitaire : c’est le récepteur, à la surface des lymphocytes B ou en solution dans le sérum qui permet la reconnaissance spécifique du corps étranger,et c’est le transmetteur ou l’activateur de signauxphysiologiques.

A quoi servent-ils en cancérologie ?Contrairement aux chimiothérapies classiques, les anticorps monoclonaux ciblent la tumeur sans affecter les tissus sains. Ils sont utilisés seulsou en association avec une chimiothérapie classique ou, aujourd’hui, avec un autre anticorpsmonoclonal. L’association anticorps monoclonauxplus chimiothérapie permet d’améliorer les taux de réponse, de temporiser la progression de la maladie et de prolonger la survie.

FOC

US

« Outre une survie très significativement allongée par rapport au traitement standard, plus de 15 % des patientes qui ont reçu les deux anticorps sanschimiothérapie contre HER2 voient leur tumeur disparaître totalement !».

Docteur Anthony Gonçalves, oncologue à l’IPC

DOSSIERMédecine personnalisée

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Après des essais in vitr o concluants, deuxétudes testant l’association Trastuzumab-Pertuzumab ont été menées auprès respecti-vement de 808 patientes présentant des cancers du sein métastatiques HER2-positifs(essai CLEOPATRA) et 417 patientes avec des tumeurs plus localisées traitées avant lachirurgie (essai NEOSPHERE). Essais plus queconcluants, « enthousiasmants » même pourle Docteur Gonçalves : car, outre une survietrès significativement allongée par rapport àcelles de patientes recevant un traitementstandard, et une réponse très fortement optimisée pour bloquer HER2, plus de 15 %des patientes qui ont reçu les deux anticorpssans chimiothérapie « voient leur tumeur dis-paraître totalement ! ». Les résultats des étudescombinant Trastuzumab et Lapatinib sontégalement prometteurs (essai NEO-ALTTO).

La tactique du cheval de TroieToujours dans le domaine des cancers du seinHER2-positif, une autre voie d’avenir est représentée par la mise au point récente d’un nouveau type d’anticorps, le T-DM1.

Ce dernier médicament correspond à du Tras-tuzumab sur lequel on a greffé une moléculede chimiothérapie. Comme le Trastuzumab,T-DM1 reconnaît les cellules cancér euses qui sur-expriment HER2, et en bloque le fonc-tionnement. Une fois transporté à l’intérieurde la cellule, il va alors pouvoir libérer le médi-cament de chimiothérapie qu’i l porte, augmentant ainsi son activité anti-tumorale. Ici, l’anticorps est donc utilisé comme unesorte de cheval de Troie contre les cellulescancéreuses HER2+, pour y introduire l’agentqui les détruira, tout en préservant au maximumles cellules saines des ef fets secondaires habituels de la chimiothérapie.

Les essais cliniques récemment ef fectués avec cette molécule dans des cancers du seinmétastatiques en échec de Trastuzumab(essai EMILIA) montrent des résultats specta-culaires, puisque le traitement augmente très significativement la survie, alors que sa tolérance est excellente.

En abordant les cavités abdominales et pelviennes par des trocarts qui réclament de très petites incisions dans la peau, et au traversdesquels sont insérés caméra et outils chirurgicauxminiaturisés, la cœlioscopie, dont l’avènement remonte aux années 1980, a constitué une révolution dans le domaine de la chirurgie : « ainsi, raconte le Professeur Gilles Houvenaeghel,la chirurgie n’était plus systématiquement synonyme de « laparotomie » - l’incision large de l’abdomen, avec ses conséquences post-opératoires, souvent lourdes pour les patients ». Depuis, avec l’émergence de la chirurgie robotiqueen 2000, cette évolution de la gestuelle chirurgicale, qui offre l’avantage d’un geste chirurgical plus précis et moins invasif que les techniques traditionnelles, s’est confirmée (lire aussi La revue de l’IPC n° 2, décembre 2011). Ainsi, à l’IPC, qui a été le premier centre de lutte contre le cancer en France à s’équiper d’un robot chirurgical en 2007, la quasi-totalité des interventions sur des cancers de la prostate, de l’utérus et du col de l’utérus sont pratiquées avec ces méthodes beaucoup moins invasives.

Avec le maniement des outils à distance par le chirurgien qui est face à un écran, avec des lunettes binoculaires lui offrant une visionen 3 D, les robots chirurgicaux permettent des gestes plus précis, et des mouvements que la main de l’homme ne peut pas réaliser. Cinq ans plus tard, une nouvelle étape est franchieavec l’arrivée du trocart unique. Une seule incisionde 2 à 3 centimètres au niveau du nombril suffitdonc pour opérer, en passant, par cette voie uniqued’entrée, les instruments et l’optique. C’est le même robot qui est utilisé, mais un seulabord chirurgical suffit au lieu de 4 ou 5 auparavant.

« Notre département a contribué au développement de cette nouvelle technologieen l’appliquant aux indications oncologiques », explique le Docteur Eric Lambaudie, chirurgien à l’IPC. Si la limite de ce progrès est qu’il faut parfois choisir entre les différents instruments et l’optique à passer dans le trocart,les avantages sont cependant considérables pour les patients, avec moins de douleur en raisonde l’abord chirurgical unique, et un bénéfice pariétal évident. Une évolution qui permettrad’élargir les indications de chirurgie robotique, et ainsi de réduire encore les complications post-opératoires et la durée d’hospitalisation des patients.

L’HER2 et l'Herceptin® : une histoire de 20 ans I l a f a l l u 2 0 a n s e n t r e l e m o m e n t o ù des chercheurs ont découvert le gène HER2,ont démontré son impact pronostique dans le cancer du sein, et l’autorisation de mise sur le marché de l'Herceptin® pour l’ensembledes patientes concernées.

Entretemps, il y a eu de nombreux essa is cliniques, auxquels l’IPC a participé.

Aujourd’hui, l'Herceptin® est un médicamentcourant.

Chirurgie : le robot « mono trocart », ou comment opérer par le nombril

FOC

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« La chirurgie n’est plus systématiquement synonymede « laparotomie » l’incisionlarge de l’abdomen, avec sesconséquences post-opéra-toires, souvent lourdes pour les patients »

Professeur Gilles Houvenaeghel, chef du service de chirurgie oncogynécologique de l’IPC

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La stéréotaxie est une technique de radiothérapie en trois dimensions qui permet de localiser et de traiter des tumeurs primitives ou des métastases.Le point sur une technique qui a fait de la troisième dimension une arme efficace contre certaines formes cancéreuses.

La stéréotaxie, ou la radiothérapie troisième dimension

C’est parce que l’on connaît la localisationd’une tumeur que l’on peut la traiter. Ce quipeut sonner comme une évidence ne l’est pastant que ça en pratique, puisque certaines tumeurs à un stade précoce ou des métastasessont trop petites pour être localisables ou ac-cessibles avec les équipements standard.L’un des premiers atouts de la radiothérapiestéréotaxique est de localise r précisément et de traiter de petites et minuscules tumeursprofondément enfouies dans un organe, touten respectant leur environnement.

« Les principales indications, explique le DocteurMichel Resbeut, chef du service de radiothé-rapie de l’IPC, sont les traitements de certainestumeurs primitives, en particulier dans les can-cers broncho-pulmonaires ou plus rarementhépatiques, et dans certaines tumeurs osseuseset cérébrales. Par exemple, la stéréotaxie per-met de traiter des tumeurs primitives localisées

du poumon chez des patients qui, du fait deleur état de santé général ou parce qu’un deleurs poumons a déjà été opéré, ne peuventpas être candidats à la chirurgie ».

Mais, loin d’être un pis-aller, par défaut, la sté-réotaxie est une alternative tout aussi efficacedans certains cas : en effet, précise le DocteurResbeut, « nous obtenons des résultats équi-valents à ceux de la chirurgie dans le traitementdu cancer du poumon, en termes de pour-centage de rémission. »

Le recours à la stéréotaxie se développe doncavec de bons résultats pour des malades pré-sentant des tumeurs primitives - de très petitetaille - mais elle est aussi un recours pour traiterdes métastases résiduelles chez des maladesdont les cancers sont contrôlés mais métasta-tiques. En effet, certains patients ont guéri deleur tumeur primitive, mais présentent encoreune ou quelques métastases sans pour autantqu’il y ait des signes de rechute de la tumeurprimitive. Les métastases le plus souventconcernées sont pulmonaires, osseuses, céré-brales ou hépatiques.

« L’intérêt de cette technique en trois dimen-sions est donc aussi qu’elle permet de traiterdes maladies dites « oligo-m étastatiques »(littéralement à métastases uniques, ou peunombreuses). Certaines métastases osseusesqui ont déjà été traitées par irradiation peuvent bénéficier de ce traitement, maisavec des résultats plus mitigés », commentele Docteur Resbeut.

Toujours pratiquée en situation de parfaitecontention, car il ne faut pas que la tumeurbouge au moment de l’irradiation, la radio-thérapie stéréotaxique délivre de fortes doses(des fractions comprises entre 6 et 20 Gy) en un nombre limité de séances (1 à 6).

« Ces fortes doses, rassure le Docteur Resbeut,peuvent être délivrées en toute sécurité, carelles le sont de façon très précise et sur de trèspetits volumes. » En « frappant la cible », tumeur primitive ou métastase, avec une trèsgrande précision et à forte dose capable de stériliser des tumeurs résistantes, la radio-thérapie stéréotaxique épargne égalementles tissus sains voisins.

L’efficacité de ces séances est indéniable, explique le Docteur Resbeut : « combinées à une chimiothérapie, sur un petit nombre de métastases, elles conduisent à des proba-bilités de stérilisation des tumeurs ou des métastases élevées. »

Si elle s’appuie sur des modalités thérapeu-tiques connues depuis longtemps, notammentla radiothérapie, la radiothérapie stéréotaxiquea bénéficié des progrès de la robotique et de l’imagerie embarquée pour s’imposer aujourd’hui comme un traitement ef ficacedans certains cancers.

De fait, seuls trois types de machines permet-tent de pratiquer des séances de radiothérapiestéréotaxiques : le Cyberknife, les appar eilsde tomothérapie comme celui que l’IPC et l’AP-HM partagent et qui est installé à l’hôpital Nord, ou un certain accélérateur, en particulier de dernière génération, du typede celui que l’IPC vient d’installer dans son unité de radiothérapie. Du matériel qui représente un coût non négligeable :l’équipement dans lequel l’IPC a investi coûte 3 millions d’Euros. Mais, pour le Docteur Resbeut et ses col-lègues, ce choix est un investissement d’avenircar, forte des bons résultats observés, la ra-diothérapie stéréotaxique est maintenant envisagée pour stériliser des tumeurs précoceschez des patients opérables, en la comparantà la chirurgie, et même pour le traitement de tumeurs plus évoluées.

« L’intérêt de la stéréotaxieest donc aussi qu’elle permet de traiter des maladies dites«oligo-métastatiques » (littéralement à métastasesuniques, ou peu nombreuses).

Certaines métastases osseuses qui ont déjà ététraitées par irradiation peuvent bénéficier de ce traitement, mais avec des résultats plus mitigés. »

Docteur Michel Resbeut, chef du service de radiothérapie de l’IPC

DOSSIERMédecine personnalisée

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De plus en plus rapides et performants, les séquenceurs qui lisent l’ADN des tumeurs sont indispensables

à la médecine personnalisée.

Les cellules cancéreuses présententdes altérations de leur patrimoine génétique ; séquencer, c'est-à-dire « lire » l’ADN, permet d’identifier

ces altérations, et donc de diagnostiquer un cancer.

Toutes les tumeurs ne présentent pas les mêmes anomalies molécu-laires. Identifier précisément ces anomalies est le point de départ de la médecine personnalisée : c’est ce qui permet de déterminer la carted’identité du cancer, sa gravité, et, de plus en plus souvent, de savoirquel traitement aura la meilleure efficacité.

Cette analyse est réalisée par des séquenceurs, qui sont des appareils permettant l’automatisation du séquençage des gènes, une technique aujourd’hui courante dans les laboratoires de cancérologie.

Présents dans toutes les cellules vivantes, les gènes sont le supportgénétique et héréditaire de l’information. L’ADN est constitué de deuxchaînes complémentaires, elles-mêmes constituées d’une successionde quatre éléments différents nommés nucléotides. Le séquençagede l’ADN consiste à déterminer l’or dre de cette succession. Il existeune règle de complémentarité entr e ces nucléotides (voir schéma),permettant l’appariement des deux brins. C’est sur cette règle ques’appuient toutes les techniques de séquençage d’ADN.

Les séquenceurs de dernière génération utilisent des nanotechnologieset des micro-puces électroniques très performantes. En un an, la capacitéde lecture des séquenceurs a ainsi été multipliée par cent, autorisantaujourd’hui une analyse très rapide de longues chaînes d’ADN.Quelques jours suffisent à l’analyse du patrimoine génétique e ntierd’un échantillon de tumeur. Le séquençage a également un intérêt pré-dictif : les prédispositions familiales de risques de cancer sont analyséespar le séquençage.

Le séquençage du génome, point de départ d’une révolution médicale

« En un an, la capacité de lecture des séquenceurs a été multipliée par cent, autorisant aujourd’hui uneanalyse très rapide de longues chaînes d’ADN.Quelques jours suffisent à l’analyse d’un échantillonde tumeur. »,

Docteur Daniel Birnbaum,Inserm, CRCM

UN PEU D’HISTOIRE La structure de l’ADN a été découverte en 1953 par James D. Watson, biologiste américain et Francis Crick, physicien britannique.

Au milieu des années 1970, Frederick Sanger met au pointune méthode de séquençagequi portera son nom. Le génome humain, qui compte3,2 milliards de nucléotides, a été décrypté en 2001.

« les séquenceurs de dernièregénération utilisent

des nanotechnologies... »

Grâce à l’aide financière d’associations locales, l’IPC

a pu acquérir un séquenceur de dernière génération.

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Individualiser l’approche des cancers digestifs ?FO

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Contre ces cancers, la médecine personnaliséeconsiste à cibler les particularités de la tumeur,la spécificité du processus tumoral et les carac-téristiques du patient. T rois composantes essentielles à prendre en compte pour fair eprogresser les chances de réussite face à des maladies et des malades qui ont, tous,des parcours uniques.

Si, aujourd’hui, la chirurgie reste l’arme prin-cipale pour combattre les cancers digestifs en enlevant les tumeurs, de nouvelles tech-niques utilisant des procédés de radiothérapie(lire article page 16), ouvrent quelques voiesalternatives, en premier lieu pour les tumeursou les patients qui sont « inopérables ».Le rôledes traitements médicamenteux donnés avantou après une opération d’exérèse de la tumeur(traitements dits adjuvants ou néo-adjuvants),est d’empêcher ou de ralentir l’apparition de métastases.

Jusqu’à l’avènement des thérapies ciblées, oude la médecine personnalisée, les moléculeschimiques étaient prescrites de façon empi-rique, selon leur efficacité constatée chez d’au-tres patients. Elles étaient employées commedes armes de destruction massive, éliminant lestumeurs et métastases quand le traitementfonctionnait, mais endommageant les tissuset cellules sains voisins.

La connaissance des gè nes de la tumeur a révolutionné la donne : on sait, aujourd’hui,mieux lire les gènes et leur rôl e, on observedes mutations génétiques identiques chez desmalades et on comprend mieux les facteurs

qui favorisent la prolifération ou l’agressivitétumorale, la vascularisation qui apporte del’oxygène et les nutriments qui nourrissent lestumeurs. Par exemple, les tumeurs sécrètentun engrais (le VEGF) qui est un facteur de croi-ssance des vaisseaux sanguins, qui vont assurerle développement par l’organisme des vais-seaux « normaux » qui vont faire croître la tu-meur et l’aider à se propager dans l’organisme.Pour disposer de traitements plus efficaces etmoins délétères, il faut identifier ces facteursqui favorisent le processus tumoral.

C’est autour de cet enjeu que la recherche se concentre, un enjeu de taille, car, à côté desquelques certitudes acquises, de nombreusesquestions restent en suspens quant aux mécanismes par lesquels ces cancers se développent. Un simple regard sur la carto-graphie des mécanismes de développementd’une tumeur permet de mesurer l’incroyablemultitude de chemins qu’emprunte la mala-die pour proliférer.

Associés aux chimiothérapies, les anticorps mo-noclonaux sont nés des ré centes recherches.Contre les cancers colorectaux, nous disposonsde deux anticorps monoclonaux (Cetuximabet Panitumumab) qui bloquent le récepteur

du facteur de croissance épidermique (EGFR) ;leur utilisation, en association avec la chimio-thérapie ou isolément, a permis des résultatsplus efficaces que les chimiothérapies standard.Des mutations du gène K-RAS ont été identi-fiées comme « neutralisant » l’effet bénéfiquede ces anticorps ; donc, l’utilisation de ces an-ticorps est réservée aux tumeurs sans mutationde K-RAS, soit environ 60 % des cas. Autre exemple, certains cancers de l’estomac(moins de 20 %) surexpriment l’EGFR de type2, et peuvent, comme les cancers du sein, bénéficier de l’addition de Trastuzumab, une molécule plus connue sous le nom d’Her-ceptin (lire aussi page 15, « Tirs groupés contrel’HER2 »). D’autres cibles sont prometteuses,comme la cible c-MET ou la cible m-TOR. De façon moins « personnalisée », on peutcibler les facteurs qui favorisent la vasculari-sation tumorale et la diminuer en ralentissant,voire inhibant, la croissance tumorale. Il peuts’agir d’anticorps (Bevacizumab ou A vastin)ou de petites molécules (Sorafenib, Sunitinib)utilisées dans les cancers du côlon, du foie et dans certaines tumeurs endocrines.

La connaissance acquise du processus et des caractéristiques permet de rendre les traite-ments plus utiles et moins toxiques : ainsi,certaines cellules cancéreuses sont « imper-méables » aux traitements, car elles ont unmécanisme qui interdit l’entrée de certainesmolécules anticancéreuses, notamment dansle cancer du pancréas. A défaut de savoir aujourd’hui comment forcer le barrage, la compréhension de ce mécanisme permetde ne pas utiliser une molécule qui a defortes chances d’être inefficace. Enfin, et au risque d’énoncer une évidence,la médecine personnalisée tient compte de la personne, en l’occurrence le patient : son état de santé et ses caractéristiques, notamment la façon dont son système enzy-matique réagit. Ainsi, chez certaines personnes,les enzymes ne permettent pas une bonneélimination des toxiques parmi lesquels les médicaments. Quand nous pouvons savoir à l’avance qu’une molécule sera toxique(comme le 5FU, ou l’Irinotecan) en fonctiondu métabolisme du patient, on peut choisirsoit ne pas l’administrer, soit de faire en pre-nant des précautions contre sa toxicité.

L’oncologie digestive recouvre les cancers du côlon, du rectum,del’estomac, du foie, de l’œsophage,du pancréas et des voies biliaires.

Avec plus de 70 000 nouvelles personnes touchées, ces cancers

digestifs sont les deuxièmes cancers les plus mortels.

« Pour disposer de traitements plus efficaces et moins délétères, il faut identifier les facteurs qui favorisent le processus tumoral. C’est l’enjeu actuel de la recherche, car, à côté des quelques certitudes acquises, de nombreuses questions demeurentquant aux mécanismes par lesquels ces cancers se développent. »

Professeur Jean-Luc Raoul, oncologue de l’IPC

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En octobre, voir la ville en rose

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La campagne nationale de dépistage du cancer du sein mobilise de plus en plus d’acteurs à Marseille et dans toute la région PACA. Initiée l’an dernier par l’IPC, la mobilisation a rassemblé 16 partenaires cette année.

Acteurs publics et à vocation publique de la santé et la cancérologie (Arcades, AP-HM, Cancéropôle, ONCOPACA, centre Antoine Lacassagne, Institut Sainte-Catherine, Centre de Castelluccio), entités assurant une mission de service public (RTM, CG13 et Marseille Provence Métropole), associations (Ligue contre le cancer) et grands médias, (groupe La Provence et France 3 Provence)…

La mobilisation, de grande ampleur, a permis de sensibiliser les femmes par des affichages sur la voie publique, une présence soutenue dans les médias, et des prospectus d’information dans les pharmacies des Bouches-du-Rhône, et les salons de coiffure de Marseille.

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La façade de l’IPC éclairée en rose la nuit pendant tout le mois d’octobre.

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1 - La campagne Octobre rose en PACA a été lancée le lundi 1er octobre au CG13,en présence des 16 partenaires qui ont signéun appel aux femmes en faveur du dépistagedu cancer du sein.

2 - La troisième édition du magazine Rose,dédié aux femmes touchées par un cancer,a vu le jour en octobre 2012.

Diffusé à 400 000 exemplaires, gratuit, Rose consacre ce numéro à la précarisationdue au cancer.

3 - Octobre rose est l’occasion de proposer aux patientes un moment de bien-être avec des ateliers beauté et coiffure organisésavec le CEW (Cosmetic Executive Women), une association qui permet à des esthéticiennesde prodiguer des soins gratuits à l’IPC, et la coiffeuse de l‘IPC.

4 - « Mes seins j’en prends soin, je me fais dépister, pour les miens, pour mon bien, pour demain », c’est le slogande la campagne haute en couleurs choisie par les partenaires. Haute en couleurs, mais pas seulement, car le visuel a orné une façade du CG13 sur 20 mètres de hauteur,pendant tout le mois d’octobre.

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EN OCTOBRE, VOIR LA VILLE EN ROSE

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8 - Atelier de sensibilisation auprès des femmes, avec l’association Hygia, à l’occasion de la journée de la solidarité à la mairie des 13-14ème à Marseille, le 17 octobre. Les animatrices d’Hygia, en parlantbeauté, esthétique et coiffure amènent à parler, avec les femmes, de leur santé.

9 - « Le dépistage organisé est la garantie d’une relative égalité des femmes aux soins », estimait le Professeur Viens en réponse à la polémiquequi accompagna le lancement d’Octobre rose.

Car c’est dans les quartiers les moins favorisés que les femmes se font moins dépister…

5 - Comme l’an dernier, l’IPC a eu le plaisir d’accueillirles solistes de l’Opéra de Marseille, le 16 octobre.

Deux heures de spectacle galvanisant, tant le talent et l’humour des chanteurs sont toujoursau rendez-vous, retransmis dans les chambres pour les malades immobilisés.

6 - Elle a été soignée à l’IPC pour un cancer du sein, et elle a tenu à porter les couleurs de l’IPC pour le Trophée Roses des sables, un rallye 100 % féminin qui sillonne le désert marocain chaque annéeen octobre. Léonora Seguera-Janson a voulu montrer,par cet exploit, que l’on peut tout se permettre, ou presque, après un cancer.

7 - Comme, ici, place Castellane à Marseille, les affiches rose vif de la campagne ont fleuri dans la ville de Marseille et le département.

Plus de 1 000 affiches, dans les bus, les abribus ou les rues, 180 000 prospectus, un spot télévisuel et un site web dédié, ont invité les femmes à se fairedépister à partir de 50 ans.

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Plus de 71 000 nouveaux cas de cancer de la prostate, cette petite glande exclusivementmasculine située au carrefour des systèmesurinaires et génitaux, ont été comptabilisésen France en 2011, selon l’INCa. Un chif frequi place ce cancer au 1 er rang des cancersincidents chez l'homme.

Pourtant, comme l’explique le Dr François Eisinger, oncogénéticien à l’IPC, « compara-tivement au cancer du sein par exemple, pour le cancer de la prostate, il existe peu de facteurs de risque. L’histoire familiale estun facteur de risque (« impact ») mais ce facteurde risque est modéré (entraînant des variationsmodérées de risque) ». En revanche, l’âgejoue clairement sur la fréquence de survenue.Ainsi, selon les données de l’InVS (1), le pic de l’incidence se situe entre 65 et 75 ans.

Une pathologie prise en charge « partout » à MarseilleA Marseille, tous les centres traitent le cancer de la pr ostate, surtout lorsque la réponse thérapeutique reste « classique ». Pour sa part,l’ IPC a accueil l i 386 nouveaux patients pour un cancer de la prostate en 2011.

Si l’Institut assure une prise en charge à tousles stades, de nombreux patients viennent à l’IPC pour un second avis, ou parce qu’une seconde biopsie s’avère nécessaire, ou encoresuite à une rechute biologique.

La plupart du temps, un cancer de la prostatedébutant s’avère asymptomatique et, souvent,le reste longtemps. Les premiers éléments de suspicion reposent alors essentiellement sur le résultat d’un toucher rectal ainsi que sur la valeur de PSA (pr ostate specific antigen - protéine fabriquée par la prostate)dans le sang. Une s i tuat ion en part ie à l’origine du débat sur l’intérêt d’un dépis-tage organisé (cf. encadré).

Tous les enjeux d’un diagnostic qualitatifEnsuite, seule une biopsie de la prostate et l’analyse des tissus prélevés permettent de valider ou non l’existence d’une tumeur et son degré d’agressivité. « Au regard

Cancer de la prostate : quelle prise en charge à l’IPC ?

SOIGNERPRENDRE EN CHARGE

SOIN

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1er cancer de l’homme, le cancer de la prostate survient principalement avec « l’âge ». Etat des lieux

des spécificités diagnostiques et thérapeutiques à l’IPC.

1 Institut de Veille Sanitaire.

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des enjeux, nous mettons notre expérienceet nos moyens techniques au ser vice des patients pour réaliser des biopsies de qualitéoptimale. C’est fondamental. De plus, pourleur offrir le maximum de « confort », ici,dans 95 % des cas, l’acte est réalisé sous anes-thésie locale », explique le Dr Serge Brunelle,médecin spécialiste en radiodiagnostic etimagerie médicale.

D’ailleurs, dans l’optique d’une prise en chargetoujours plus qualitative, l’IPC développe, notamment chez des patients sélectionnés ou des patients sous surveillance, les biopsiesguidées par une IRM (imagerie par résonancemagnétique) diagnostique effectuée auparavant.Encore peu répandue, cette technique diag-nostique constitue, selon le Dr Serge Brunelle,l’une des voies d’avenir.

L’utilité d’un dépistage organisé du cancer de la prostate reste largement discutée. De son côté, l’Association Française d'Urologie le recommande vivement : pour limiter le nombre de cancers diagnostiqués trop tardivement, mais aussi pour détecter d’éventuels cancers chez des patients « jeunes », chez qui la maladie s’avère le plus souvent agressive.

En revanche, l’INCa et la Haute Autorité de Santé y sont opposés. On sait en effet que bon nombre de cancers de la prostate sont peu évolutifs, sans symptôme. Et même s’il est vraisemblable que le dépistage puisse réduire la mortalité, le développer signifierait courir le risque de sur-traiter inutilement un certain nombre d’hommes … sachant que les traitements peuvent engendrer des effets secondaires reconnus, non négligeables (impuissance, incontinence). Les dernières études réalisées sur le sujet démontrent, qu’en termes de répartition des bénéfices et des effets négatifs, le bilan comptable reste pour l’heure plutôt défavorable.

LE DEPISTAGE EN QUESTION

Autre point fort de l’Institut en ce qui concernele bilan diagnostic : son positionnementde pointe en imagerie nucléaire. La scintigra-phie osseuse, examen du « squelette corpsentier », est couramment utilisée dans le cadredu bilan d’extension d’un cancer de la pr os-tate, lorsque les patients sont à haut risquemétastatique. De plus, l’IPC a été le pr emierétablissement en France, et reste le seul à Marseille, à mettre en œuvre, grâce à la scin-tigraphie, la technique du ganglion sentinelle(qui permet de visualiser d’éventuelles atteintesganglionnaires), dans le cas d’un cancer localisé de la prostate.

Enfin, depuis juin 2012, grâce à un investissementd’un montant de l’ordre de 1 700 000 Euros,l’IPC dispose d’un tomographe à émission de positons de dernière génération.

Les patients peuvent donc bénéficier d’unenouvelle technique d’imagerie métabolique,la TEP à la choline marquée au fluor 18, qui apparaît très prometteuse dans le cancerde la prostate. En effet, la TEP à la choli nemarquée au fluor 18 permet d’étudier dansle même examen, la prostate, les ganglions,le poumon et le squelette. Ses indicationspeuvent concerner le diagnostic initial lors de la première prise en charge du patient,mais sont surtout retenues lors de la rechutebiologique.

Une prise en charge à la pointe de la recherche dans tous les domainesLorsqu’une chirurgie est pr oposée pour uncancer de la prostate, i l s’agit toujours d’une ablation totale. « C’est un traitementqui a son rôle si la tumeur est localisée ou localement avancée. Et si, de plus, l’espérance de vie du patient est supérieure à dix ans » ,explique le Dr Jochen Walz, urologue.

A l’IPC, cette prostatectomie totale, est désor-mais « robotisée ». L’Institut a été le premierCLCC français à s’en équiper, en 2007.

Aujourd’hui, sur les 150 chirurgies pr osta-tiques réalisées en moyenne chaque année,seulement deux ou trois sont effectuées en chirurgie ouverte traditionnelle.

Se lon le Dr Jochen Walz , « la qua l i té et la souplesse de geste sont comparables à la chirurgie ouverte, avec en plus l’apportd’une vision en 3D ». Mais surtout, pour le patient, les pertes sanguines sont minimi-sées, l’acte est moins invasif et beaucoup moinsdouloureux en post-opératoire. D’où une récu-pération plus rapide, tant globalement sur leplan physique, qu’au niveau des fonctionsurinaire et érectile.

Quant à la radiothérapie exter ne, là encore, l’IPC se positionne à la pointe de la technolo-gie : le plateau technique intègre l’irradiationavec modulation d’intensité, ainsi que l’arc-thérapie dynamique avec modulation d’inten-sité (technique permettant de cibler encoremieux la tumeur et donc de réduir e l’impactsur les tissus sains). Pour la plupart, ces équipements bénéficientd’un système d’imagerie embarqué, permet-tant un repositionnement automatique du patient, de façon à ce que la tumeur soitirradiée au millimètre près.

Enfin, l’IPC conserve un savoir-faire reconnu en ce qui concerne la curiethérapie, quiconsiste à implanter des grai ns radioactifsd’iode 125. « Nous avons été les premiers enFrance, avec l’Institut Curie, à développercette technique pour la prostate, en 1998 »,rappelle le Dr Naji Salem, oncologue radio-thérapeute. Néanmoins, malgré l’expérienceet un savoir-faire de haut niveau, aucun de ces traitements n’est anodin et bon nombrede patients subissent des effets secondaires,voire des séquelles.

« la tumeur irradiée au

millimètre près... »

Lire suite page 24

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SOIGNERPRENDRE EN CHARGESO

INS

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Lors du rendez-vous international de l'échoendoscopie, le 8 juin dernier, à l'IPC, le Dr Marc Giovannini, a invité des collègues à découvrir un nouvel endoscope, qui présente plusieurs atouts indéniables :

z sa taille : 30 % plus petit qu'un endoscopetraditionnel (de la grandeur d'un ongle),

z le confort pour le patient (moins d'irritation),

z un meilleur diagnostic des tumeurs,

z supériorité de l'échoendoscopie par rapport à l'imagerie médicale conventionnelle (les tumeurs digestives de moins de 2 cm ne sont pas décelées par imagerie médicale alors que c'est le cas avec l'endoscopie),

z l'évitement de la chirurgie dans certains cas.

ACTUS - SOIGNER

Dr Marc Giovannini

Responsable de l’unitéd’endoscopies de l’IPC

Indiscutablement, la prise en charge du can-cer de la prostate peut encore être améliorée,à l’IPC comme partout ailleurs, certainementau niveau de l'existant, mais aussi par le biaisdes recherches biomédicales en cours.

Recherche : l’IPC sur tous les frontsLe constat dressé fait apparaître plusieurs enjeux. Premièrement, mieux sélectionner les patients à traiter, en disposant d’un testde dépistage moins aléatoire et d’une meilleureclassification de ces tumeurs.

Deuxièmement, développer des techniquesthérapeutiques moins invasives, limitant leseffets secondaires, ainsi que des traitementsmédicamenteux plus performants, notammentpour les cancers métastatiques. Troisièmement, la nutriprévention ou la phar-maco-prévention pourraient également permettre des avancées.

Autant de pistes sur lesquelles travaillent les équipes de l’IPC, directement ou dans le cadre de partenariats, tant en recherchefondamentale qu’en recherche clinique. A titre d’exemple, deux essais cliniques degrande ampleur sur le cancer de la prostatemétastatique ont été lancés à l’Institut.Le premier est une étude menée chez des pa-tients dont le cancer, déjà métastasé, s’avèrerésistant à la thérapie hormonale. Il s’agit de comparer l'effet d’un nouvel inhibiteur de tyrosine kinase (Mazitinib) associé au Docétaxel / Taxotere® (chimiothérapie), à l’effetde ce même médicament ciblé mais combinéavec une chimiothérapie dif férente (Gemci-tabine / Gemzar®).

« La seconde étude a permis d’inclure 385patients atteints d'un cancer de la prostatemétastatique hormono-sensible. L’objectif était d’évaluer l’ajout de la chimio-thérapie par Docetaxel à l’hormonothérapie,comparée à l’hormonothérapie seule, traite-ment de référence. Les résultats définitifs de cette étude ont été présentés à l’ESMO(European Society of Medical Oncology) fin octobre 2012 », affirme le Dr GwenaëlleGravis, oncologue médicale.

Le Cellvizio,ce microscope faitfaire un pas de géant

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Avec plus de 2 000 patientes prises en chargeen 2011, l’IPC figure parmi les références en matière de recherche et de prise en charge des cancers du sein en France.

En 2011, 923 nouvelles patientes affectées par un cancer du sein ont été prises en charge à l’IPC, et plus de 730 interventions chirurgicalesmammaires (exérèse et reconstruction) ont été pratiquées, soit plus d’un tiers de l’activité chirurgicale à l’IPC. L’IPC a réalisé 9 268 actes de sénologie (examens par imagerie médicale) en 2011.

Depuis juin 2012, un «traitement en un jour » est proposé à certaines patientes, une approche qui a un bénéfice évident pour les femmes soignées,et qui représente aussi une économie sensible pour les dépenses de santé.

LE CANCER DU SEIN : UN ENJEU AU CŒUR DE L’IPC

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Grâce à ce dispositif, les femmes qui présentent des anomalies cliniquesou des images mammair es suspectes lors des examens d ’imageriestandard (mammographie et échographie mammair e) obtiennent désormais un rendez-vous très rapidement à la plateforme d’imageriemédicale de l’IPC, en appelant le 04 91 22 34 18, numér o direct de la plateforme de sénologie. « Quand une femme est inquiète, et qu’il peut y avoir urgence, explique le Docteur Aurélie Jalaguier, responsable du département de sénologie à l’IPC, il faut qu’elle puisseobtenir un rendez-vous rapidement, dans un service qui offre la meil-leure qualité de diagnostic possible aujourd’hui ».

Réduire l’attente, réduire l’angoisseComme d’autres CLCC, l’IPC s’engage aujourd’hui à réduire au maxi-mum les délais d’attente pour les patientes souhaitant un avis sur uneanomalie mammaire. En effet, les délais d’attente pour un diagnosticpoussé sont parfois longs, en moyenne une quinzaine de jours, ce quiest une source de stress et d’angoisse chez les patientes, et aussi de retardde prise en charge.

Premier cancer féminin, et première cause de mortalité chez les femmesde 35 à 65 ans, le cancer du sein est un enjeu majeur de santé publique.Une femme sur 8 sera touchée au cours de sa vie. 70 % à 80 % des cancers du sein interviennent après la ménopause, d’où la campagnenationale de dépistage organisé du cancer du sein qui propose un rendez-vous pour un examen clinique et/ou une mammographietous les deux ans, aux femmes âgées de 50 à 74 ans. Avec les traitements disponibles aujourd’hui, un cancer du sein détectétôt se soigne bien : « on estime qu’une tumeur de moins d’un centimè-tre, donc repérée lors d’un contrôle d’imagerie, se soigne dans 90 %des cas », explique le Docteur Jalaguier. Un pourcentage qui diminuequand la tumeur augmente…

Vers un diagnostic en moins de 12 heuresGrâce au « diagnostic sein chr ono », les patientes pourront obtenirun rendez-vous dans les 72 heur es. Si des biopsies son t réalisées, la patiente sera revue très rapidement pour obtenir les résultats et connaître les traitements éventuels.

L’IPC ira bientôt encore plus loin, et plus vite encor e, dans la prise en charge rapide des patientes présentant un problème mammaire.En effet, « à compter de janvier 2013 , poursuit le Docteur Aurélie Jalaguier, grâce à de nouveaux investissements sur des plateformesd’analyses bio-pathologiques et à l’organisation d’un circuit de diagnosticspécifique, nous rendrons ces diagnostics encore plus rapides, avec les résultats des prélèvements et la mise en place d’un parcourspersonnalisé de soins pour les femmes dans la même journée. »

Une prise en charge pour un diagnostic réalisé dans la journée qui est un défi à relever pour l’Institut, car elle requiert une organisationet des équipements dédiés : il faut pouvoir accueillir les femmes le matinet qu’elles repartent en fin de journée, en ayant, entre temps, réaliséles premiers examens, et, si besoin, une biopsie. Puis i l faut analyserl’échantillon prélevé pour déterminer la nature cancéreuse éventuellede la tumeur. Il faut pour cela un appareil de « déshydratation rapide »pour étudier l’échantillon, et, s’il se révèle cancéreux, analyser les gènes de la tumeur. Il faut alors réunir les spécialistes de chaquediscipline - oncologue, chirurgien, radiothérapeute, anatomopa-thologiste - qui, ensemble, vont déterminer le meilleur par cours thérapeutique à proposer à la patiente. Il faut donc une organisationrodée pour garantir une prise en charge si rapide.

« Même si c’est déjà un progrès considérable de ne plus devoir attendredes jours entiers les résultats d’un diagnostic, nous savons combiences heures d’attente peuvent être angoissantes pour les femmes,poursuit le Docteur Jalaguier. Nous essayons donc de ménager des condi-tions d’accueil qui soient les plus agréables et apaisantes possible. »

L’IPC lance le « Diagnosticsein chrono »

A l’occasion d’Octobre rose, l’IPC a lancé une filière rapide, le « diagnostic sein chrono »,pour les femmes inquiètes suite à des images suspectes lors d’examens standard de dépistage du cancer du sein…

ACTUS - SOIGNER

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Quelle est la spécificité de cette molécule que vous avez découverte, appelée la nectine-4 ?Marc Lopez : La nectine-4 est un biomarqueurde certains cancers (carcinomes) et n’est pasou très peu exprimée dans les tissus normaux.La nectine-4 est un récepteur présent à la sur-face des cellules tumorales. Les mécanismesrégulant son expression sont actuellement à l’étude. Quoi qu’il en soit, cette position à la surface de la cellule tumorale représenteun avantage. En effet, si l’on réfléchit entermes de thérapies, la nectine-4 peut consti-tuer une cible plus facilement accessible aux traitements. Comme par ailleurs cettemolécule s’exprime très tôt dans la tumeur , elle pourrait être utilisée dans le cadre de trai-tements précoces.

De plus, d’après les données expérimentalesobtenues en laboratoire, il semblerait que laprésence de la nectine-4 contribue à aug-menter les propriétés invasives de la cellule

Présente de manière aberrante à des niveaux anormalement élevés dans certains types de cancer, la protéine nectine-4 a été découverte

à Marseille, par Marc Lopez, ingénieur de recherche Inserm au CRCM.

Le projet de recherche, démarré depuis plusieurs années, débouche aujourd’hui sur plusieurs autres projets collaboratifs

particulièrement innovants de développements cliniques.

A la clé : de nouveaux traitements ciblés pour certains cancers du sein.

DECOUVERTE

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Nectine-4 : un nouveau

biomarqueur dans le traitement

ciblé de certains cancers du sein

Portrait du Docteur Marc Lopez page 28

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La nectine-4 a-t-elle été mise en évidence dans d’autres cancers ?M.L. : Oui. A Marseille, nous avons pr ouvéque la nectine-4 constitue un biomarqueurdans le cancer du sein. Une autre étude,mené en collaborationavec une équipe américaine (Université du Minnesota), a iden-tifié la nectine-4 comme un biomarqueurdans 50 % des cancers de l’ovaire. Enfin, plusrécemment, une équipe japonaise a démontréque la nectine-4 était retrouvée dans 80 %des cancers du poumon.

L’enjeu actuel, c’est donc de nouveaux médicaments contre la nectine-4, tout d’abord dans le cadre du cancer du sein, triple négatif…M.L. : Tout à fait. Trois types de perspectivess’offrent à nous, sachant que deux d’entreelles pourront donner lieu à des développe-ments cliniques, ici, à Marseille. La premièreest celle de l’immunothérapie cellulaire, une approche innovante, très prometteuse,pour laquelle il existe d’ores et déjà des résultatsconcluants dans le traitement d’un certaintype de leucémie.

Concrètement, il s’agit de traiter des patientesatteintes de cancer du sein avec des lympho-cytes T autologues (c’est-à-dire leurs propreslymphocytes T), capables de détruire les tumeurs exprimant la nectine-4.

Nous avons en effet identifié une sous-popu-lation de lymphocytes T présentant cette caractéristique. Ces lymphocytes T spécifiquespourront donc être prélevés chez la patiente,puis sélectionnés et produits en grande quant i té au laboratoi re, pour lu i êtreensuite réinjectés.

tumorale. La nectine-4 participerait donc à laprogression tumorale et au développement métastatique. D’où l’intérêt de cibler cette mo-lécule dans le cadre d’un traitement précoce,mais aussi dans l’option d’un traitement tardif.Enfin, la majorité des biomarqueurs utiliséslors de traitements ciblés se retrouvent éga-lement dans les tissus sains : ils peuvent ainsiêtre à l’origine de certains effets secondaires.Un traitement ciblant la nectine-4, expriméepresque exclusivement dans les cellules tumo-rales, devrait donc engendrer peu d’effets se-condaires.

Pourquoi la découverte de la nectine-4est-elle présentée comme une avancéepour le traitement du cancer du sein ?M.L. : On distingue aujourd’hui trois sous-typesde tumeurs du sein : luminal, HER2, triple négatif. Une tumeur de type luminal exprimeles récepteurs hormonaux (ER et PR) et est généralement associée à un bon diagnostic.Le traitement inclut une hormonothérapie.Les tumeurs HER2, 25 % des cancers du sein,sont aujourd’hui également plutôt liées à un bon pronostic, grâce à l’ut i l isat ion de l'Herceptin®, un anticorps qui vient cibler,en l’inhibant, le récepteur appelé HER2.

Pour le cancer dit triple négatif, car n’exprimantni ER, ni PR, ni HER2, de moins bon pronosticet représentant environ 20 % des cancers du sein, il n’existe pas de thérapies ciblées définies. Or nous avons montré que la necti-ne-4 est exprimée dans 50 % des cancers dusein, dont une grande majorité de type triplenégatif. La nectine-4 est donc un biomar -queur de ce sous-type de cancer du sein etreprésente potentiellement une nouvelle ciblethérapeutique.

L’enjeu de ces deux prochaines années serade développer cette approche thérapeutiquepour aboutir à un essai clinique.

En quoi consistent les deux autres pistes ?M.L. : Nous travaillons sur le développementd’anticorps monoclonaux, dérivés d’anticorpsdont nous disposons déjà en laboratoire, dirigés contre la nectine-4, à l’image de l'Her-ceptin® contre HER2. Une fois injectés, cesanticorps modifiés iront se lier à la nectine-4présente au niveau de la tumeur pour entraîner,nous l’espérons, son élimination. De même,nous pourrions envisager une première étudeclinique dans les années à venir.

A Marseille, nous menons de front le projetsur les anticorps monoclonaux et celui dethérapie cellulaire. Les deux options donnentdes résultats très intéressants. La techniquedes anticorps monoclonaux est plus répandueet a déjà fait ses preuves dans le traitementdes cancers. La thérapie cellulaire et ses dériva-tifs constituent une voie d’avenir.Quant au troisième axe de recherche, il estdéveloppé par un laboratoire américain aveclequel nous avons déjà collaboré. Il s’agit devirothérapie, une thérapeutique anti-cancerutilisant les virus. Plus précisément des virusoncolytiques, qui ne s’attaquent pas aux cel-lules saines de l’organisme et qui ont la pro-priété de détruire sélectivement les cellulescancéreuses.

De quoi s’agit-il exactement ?M.L. : Dans le cadre d’une collaboration avecune équipe américaine (Clinique Mayo, Min-nesota), nous avons identifié que la nectine-4était le récepteur épithélial du virus de la rou-geole. La nectine-4, localisée au niveau de la trachée, permet au virus de la rougeolede propager l’infection d’un organisme à l’autre par voie aérienne. Pour le virus de la rougeole, la protéine nectine-4 est le récepteur de sortie de l’hôte.

La mise en évidence de cette affinité du virusde la rougeole envers le récepteur cellulairenectine-4, par ailleurs biomarqueur de certainscancers, ouvre une voie particulièreme nt innovante. Il est en effet envisagé de ciblerles cancers exprimant la nectine-4 grâce à une souche vaccinale modifiée du virus de la rougeole. Une souche atténuée, caracté-risée pour son innocuité, mais conser vant ses propriétés oncolytiques l’amenant à se répliquer dans les cellules cancéreuses et à induire leur destruction.

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Ingénieur de recherche Inserm, Marc Lopez travaille sur la mise au point expérimentale d’outils biologiques, potentiellement appelés à devenir de nouveauxoutils thérapeutiques. Il fait actuellement partie de l’équipe de Daniel Birnbaum, unité Inserm 1068, spécialisée dans la génomique des cancers.

« Au cours de ma thèse, je me suis intéressé au rôle des facteurs de croissance dansla physiopathologie des leucémies. Puis, en 1995, j’ai commencé à travailler sur une nouvelle famille de molécules, les nectines, et sur leur rôle en immuno-hématologie et dans la physiologie épithéliale.

J’ai tout d’abord mis en évidence et caractérisé plusieurs types de nectines. Puis j’ai progressivement démontré que la nectine-4 était différente des autresmembres de la famille et constituait un nouvel antigène tumoral. Elle présente en effet les caractéristiques d’être expriméedans certains cancers et très peu chez les sujets sains. D’où son intérêt en termes de thérapies ciblées.

En réalité, ce prix de l’innovation récompensedes années de recherche. C’est la résultanted’une série de travaux que j’ai pu mener au sein du CRCM. Je suis très touché par cette reconnaissance. C’est une belle cartede visite pour la suite de ce projet, ainsi quepour d’autres en cours de développementdans l’équipe. »

Unissant leurs efforts pour optimiser la prise en charge des patientsainsi que la recherche en cancérologie, l’Institut Paoli-Calmettes (IPC)

et l’Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM) ont été labellisésensemble, dans le cadr e de leur GCS, parmi les candidats aux sites de recherche intégrée sur le cancer (SIRIC) lancé par l'Insti tut nationaldu cancer (INCa). Le SIRIC de Marseille fait partie des 8 sites de référencelabellisés. Coordonné par le Professeur Patrice Viens, Directeur généralde l’IPC, le SIRIC associe également l’INSERM, le CNRS et Aix Marseilleuniversité (AMU).

Cette labellisation confirme le rôle majeur des deux grands acteurs de la prise en charge et de la recherche intégrée, du fondamental à laclinique, en cancérologie que sont l’IPC et l’AP-HM dans la région PACAOuest. Ensemble, l’AP-HM et l’IPC représentent près du quart de la fileactive totale de cancérologie (le nombre des patients suivis) de la région.

SIRIC, booster pour la recherche et le soin

en cancérologie

SIRIC, booster pour la recherche et le soin

en cancérologie

L’IPC et l’AP-HM ont été labellisés ensemble, dans le cadre de leur GCS, parmi les candidats aux sites de recherche intégrée sur le cancer (SIRIC) lancé par l'Institut national du cancer (INCa).

Le SIRIC de Marseille fait partie des 8 dossiers labellisés. A quoi servira le SIRIC ?

LABELLISATION

PORTRAIT

Marc Lopez, lauréat du prix de l’innovation Inserm 2012

“ il récompense les travauxque j’ai pu mener au sein du CRCM... ”

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Entretien avec Patrice Viens, Directeur de l’IPC et du SIRIC et Dominique RossiPrésident du Centre de Coordination en Cancérologie de l’AP-HM et Directeur Adjoint du SIRIC

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Les SIRIC sont des SItes de Recherche Intégrée en Cancérologie : quelle est l’importance de cette intégration de la recherche avec l’hôpital et le soin ?Patrice Viens : La compréhension des mécanismes qui sont à l’originedes tumeurs primaires, des phénomènes d’invasion et de la formationde métastases est un prérequis pour améliorer le traitement du cancer.

Un autre défi est le transfert des connaissances et des avancéesconceptuelles issues de la recherche, vers des applications médicales.Enfin, il est important d’évaluer ces thérapies d’un point de vue socio-économique.

Pour atteindre l’ensemble de ces objectifs, une coordination entre lescentres de soin, les centres de recherche et les centres d’éducation etde formation est essentielle. Un dialogue constant et une collabora-tion structurée entre les médecins, les chercheurs et les enseignants-chercheurs permettront de bénéficier pleinement de la complémen-tarité de leurs domaines de compétences r espectifs et de partager et de diffuser nos connaissances et nos pratiques.

Dominique Rossi : Pour constituer ce dossier SIRIC, le choix n éces-sairement restrictif des thématiques s’est porté sur les gliomes (tumeurs cérébrales), le cancer du pancréas, les leucémies myéloïdesaiguës (LAM) et certains sous-types de cancer du sein, qui sont des pathologies très graves et qui représentent un problème de santépublique important.

Il est essentiel, pour les malades atteints, d’améliorer le diagnostic etle traitement. Pour cela, la recherche est indispensable, en particulierdans l’identification de nouveaux marqueurs pour un diagnostic plusprécis et plus précoce.

L’enjeu est aussi de mettre en œuvre des procédures thérapeutiquespersonnalisées pour chaque patient et chaque type de tumeur . De nouvelles thématiques pourront émerger, avec l’évolution de l’attentedes médecins, des malades et des chercheurs.De plus, la participation des équipes de recherche socio-économiqueest importante pour se pencher sur les questions de qualité de vie des patients pendant et après le traitement, du suivi à long terme

des patients, et de l’évaluation socio-économique du cancer et des traitements. En particulier, la médecine personnalisée qui connaîtses premiers développements doit faire l’objet d’analyses, au niveau ma-croéconomique ainsi qu’au niveau psychologique pour chaque patient.

Comment le SIRIC va-t-il améliorer la prise en charge des patients et la recherche ?P.V. : En s’appuyant sur les structures de soin et de recherche de l’AP-HM et de l’IPC, le SIRIC va nous permettre d’améliorer l’organisationet la coordination de la prise en charge des patients, et les faire profiterdes dernières innovations médicale s, en accélérant le transfert des résultats de la r echerche vers des applications médicales, et endéveloppant l’accès à la médecine personnalisée.

Le SIRIC vise aussi à faire profiter au maximum l’ensemble de la popu-lation de thérapeutiques innovantes, en augmentant le taux d’inclusionde patients dans des essais cliniques, et, par diffusion des innovationsacquises au sein du SIRIC, à garantir une qualité accrue d e prise encharge standard dans un réseau régional d’établissements de santé.

D.R. : L’objectif du SIRIC est de r enforcer les “pôles d’excellence”respectifs de chaque institution : la recherche sur le cancer du sein à l’IPCet sur les tumeurs cérébrales à l’AP-HM, afin d’initier de nouvelles collaborations nationales et inter nationales. Par ailleurs, il s’agit derenforcer, sur le modèle qui a fait ses preuves pour le cancer du seinet les tumeurs cérébrales, de solides collaborations dans les champsd’investigations pour lesquels les e xpertises sont partagées et com-plémentaires, dans le domaine du cancer du pancréas et des leucémiesaiguës ; en particulier optimiser l’intégration de recherche fondamentale,clinique, socio-médicale aux pratiques cliniques.

Comment va s’articuler la coopération entre l’IPC et l’AP-HM dans le cadre du SIRIC ?P.V. : Le SIRIC s’appuiera sur des r essources de l’IPC et de l’AP-HMpour faciliter l’intégration et la coordination des activités de soin et de recherche, en particulier les deux centres de ressources biologiques, les Biothèques réunies dans un catalogue virtuel, et le Centre de Traitement des Données. Ces deux structures, essentiellesà la recherche translationnelle et à la recherche clinique, ont respec-tivement été labellisées par l’IBiSA (Infrastructures en Biologie Santéet Agronomie) d’une part, et par l’INCa et la Ligue Nationale Contrele Cancer d’autre part. Le SIRIC bénéficiera également du Centre d’Essais Précoces, de la plateforme d’Essais Précliniques, et d’un largeréseau de collaborations avec des compagnies pharmaceutiques et de biotechnologie.

D.R. : L’IPC et l’AP-HM ont compris que leur action commune au seindu pôle de référence en cancérologie PACA Ouest permettrait unemeilleure prise en charge des malades, par une mise en commun des moyens techniques et des compétences humaines.

Les deux établissements collaborent déjà sur de nombreux projets, et partagent des plateformes technologiques (telles que la plateformede génomique GeneOnE et la plateforme de protéomique). Le SIRICconsolidera ces plateformes et coopérations, et valorisera les résultatsde la recherche et leur application clinique. Nous allons mutualiser lesplateformes de soin et de formation, renforcer la capacité de formationdes médecins, pharmaciens et scientifiques à la recherche translation-nelle, optimiser les plateformes t echnologiques et les r essources communes, supports de la recherche translationnelle.

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L’aidant (appelé familial ou naturel) est le per-sonnage pivot du soutien au patient. Conjoint,enfant, mère, ami proche… Il est l’interlocuteurprivilégié des professionnels. Une étude réali-sée entre 2010 et 2011 auprès de 100 famillesde patients âgés traités à l’IPC (30 conjoints,70 enfants) permet de dresser un état des lieuxde cette population mal connue. Il en ressortles points forts suivants.

En premier lieu, la vie de l’aidant bascule en même temps que celle du patient, dès l’an-nonce du diagnostic : « on en prend à peineconscience, qu’on nous assomme avec destermes médicaux, des examens, des traite-ments », dit l’une des personnes interrogées,résumant ce que l’immense majorité des ai-dants expriment. La sidération que connaît la personne touchée par la maladie est doncpartagée par celle qui l’accompagne.

Stress et peur du lendemainEnsuite, la souffrance psychologique, liée à la maladie et à l’incertitude du devenir, appa-raît comme une constante chez les aidants. Le stress domine largement : « à chaqueconsultation, c’est l’angoisse », déclare l’und’eux. Et la souffrance de leur proche est dif-ficile à accepter : « le voir si diminué et autantsouffrir m’est insupportable », confie un proche.

La situation des aidants est, bien sûr , diffé-rente selon les conditions de vie et de revenuantérieurs à la maladie de leur pr oche, maisl’étude menée révèle combien ces émot ionsface à la maladie de leur proche sont partagées.

La charge de l’aidant est à la fois objective et subjective. Les tâches courantes (courses,repas, entretien du logement, du linge, démarches, gestion du budget), assurées par les aidants à des degrés divers, génèrentde multiples difficultés d’organisation : « je dois m’occuper de tout… je n’arrive plus à me poser », raconte l’une des per-sonnes interrogées.

Pour certains, tout est remis en question : « notre quotidien a complètement changé…notre équilibre familial aussi », dit l’un d’eux.

De fait, une importante proportion d’aidants(76 %) a fortement réduit, voire cessé, touteactivité de loisirs, vacances ou même a le sen-timent de ne plus pouvoir s’accorder de tempsde détente. Ainsi, « depuis que mon mari a le cancer on ne fait plus rien, on déprime »,raconte une femme.

Aider les aidants

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IPC

La maladie peut être un déflagrateur de la vie sociale,pour les patients comme pour les « aidants » qui

les soutiennent. Quels sont les problèmes qu’ils rencontrent et comment aider les aidants ?

Ce sont les questions que s’est posées Catherine Tinel, assistante sociale à l’IPC,

qui a consacré une étude au sujet…

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Réaménager sa vieLa plupart des aidants actifs doivent réamé-nager leur vie professionnelle. « J’ai cessémon activité pour m’occuper de mon pèredepuis sa maladie, raconte la fille d’un patient,car jusqu’ici il prenait ma mère en charge ».Et, en effet, souvent, la maladie du pr ochevient s’ajouter à d’autres difficultés déjà présentes dans le quotidien.

Bien sûr, le temps à consacr er aux tâches domestiques et à l’aide à la personne maladecompliquent le quotidien et engendr ent des coûts : 36 % des personnes interrogéesnotent des dépenses conséquentes dans les services à domicile, les hospitalisations, les déplacements.

Se sentir « à la hauteur »L’accumulation des charges, ajoutée à la dé-tresse émotionnelle, est source d’épuisementpour certains aidants. L’enquête révèle queles aidants-enfants, qui souvent ont une doublevie de famille, ressentent plus violemmentune fatigue (74 % ont un scor e de fatiguemodéré à sévère) que les aidants-conjoints,plus âgés, et qui n’ont pas for cément uneautre charge familiale.

Ces aidants-enfants s’attachent à r especter le choix de leur par ent malade pour ne pasajouter à leur traumatisme, mais au prix,parfois, d’un temps pour « souffler » : « j’ai abandonné mon domicile pour allervivre chez ma mère car elle ne veut voir personne d’autre que moi ».

Une difficulté qui se traduit par une culpabilitéqui leur interdit toute idée de répit : « je vou-drais être à la hauteur » , ou « je culpabilisede ne pas en faire plus », sont des réflexionsrécurrentes chez les personnes interr ogées,alors même que 30 % d’entre elles ont des problèmes de santé.

Leurs sacrifices sont aussi teintés de frus-tration : 45 % des interrogés expriment des sentiments de solitude et d’enfermement :« je m’en occupe pratiquement seule et c’esttrès dur psychologiquement ». « Je vis cloîtré,j’ai besoin de m’aérer, de voir du monde »,dit encore un aidant. Un épuisement qui révèlel’aide dont les aidants ont besoin.

L’aidant oubliéLe vécu et les réactions vis-à-vis de l’environ-nement médical sont variables. Si la plupartdes aidants sont satisfaits de la prise en chargemédicale, certains s’estiment ignorés et ensont frustrés « l’aidant est souvent oublié, parla famille et par les médecins hospitaliers » ;« il faut aller à la pêche pour être au courant »,estiment certains aidants.

Ainsi, très impliqué dans le soin à la personnemalade, l’aidant peut avoir du mal à com-prendre la confidentialité indispensable entrele médecin et le patient…

De fait, il est difficile pour un aidant de solli-citer de l’aide, malgré les besoins : ce sont dessouhaits d’informations médicales et sociales,de conseils pratiques, de services à domicileou dans les déplacements, et de soutien psy-chologique.

Au-delà, l’aidant exprime aussi un désir d’êtrereconnu pour son engagement auprès dumalade, et dans les dif ficultés auxquelles il est confronté dans sa mission. Avec, parfois,des paradoxes, comme celui exprimé parcette femme : « c’est moi qui soigne monmari à la maison, mais, à l’hôpital, on me faitsortir de la chambre pour les soins ».

Enfin, l’accompagnement d’un patient a un coût, pour l’aidant ; « on habite loin et ça nous coûte cher quand on vient à l’hô-pital, il faut compter l’essence, les repas et trouver où dormir… »

Des réponses personnelles ou collectives Quelles solutions leur apporter aux senti-ments forts et problèmes exprimés ? Les actions sociales sont personnalisées oucollectives. Mettre en oeuvre un plan d’actionpersonnalisé en tenant compte du contextesocial d’un patient permet d’apporter des réponses adaptées.

Lorsqu’il s’agit d’un patient fragilisé, la placede l’aidant mérite une attention particulière,et doit faire l’objet d’une évaluation précisantd’une part son statut, sa charge de travail et ses difficultés, et d’autre part les actionsqui lu i sont proposées en art iculat ion avec l’équipe médicale (médecin, soignant,psychologue)… Si la situation s’avère préoc-cupante, ce document peut être adressé (avec l’accord de l’intéressé) vers un intervenantsocial de proximité, afin de relayer l’accom-pagnement. Cette coordination avec un par-tenariat extérieur est essentielle pour assurerune prise en charge de qualité, surtout s’il estsensibilisé à la problématique des aidants.

Aider les aidants : un enjeu d’avenirConcernant les actions collectives, elles sontun moyen de s’adresser à un plus grand nom-bre et de transmettre des messages utiles auxaidants. Les formules sont multiples à l’IPC :diffusion de documents d’informations utileset ciblées, organisation de rencontres, commeles sessions mensuelles d’informations socialesou la Journée Nationale des Aidants qui a eulieu le 5 octobre dernier à l’IPC. Développer ces actions collectives permet aux aidants, outre la satisfaction d’être prisen compte, de partager leurs expériences, et de découvrir qu’ils peuvent bénéficier d’un soutien et de mesures de prévention.C’est une nouvelle dynamique qui se crée, et qui entre en résonance avec leurs préoc-cupations.

Un cancer, dont la gravité s’inscrit dans la durée, marque une rupture dans la qualité de vie de l’aidant. Aujour d’hui, la questiondes aidants devient un enjeu de société, car alors que la dépendance s’accroît, les conditions pour bénéficier d’aides socialessont, elles, de plus en plus restrictives…

« un épuisement qui révèle l’aidedont les aidants ont besoin... »

Parce que l’expérience du cancerconstitue un véritable bouleversement,nombre de patients et de famillesémettent le souhait de pouvoir se retrouver et échanger ensemble.

Le Département de Psychologie Clinique de l’Institut Paoli-Calmettesvous propose des rencontres d’information et d’échanges ouvertesaux patients (hospitalisés ou non)et à leur entourage.

Ces rencontres sont animées par Yolande Arnault et Niki Prodromou,psychologues cliniciennes et à chaquefois un intervenant invité répondra àvos questions sur les thèmes proposés.

Les dates et les thèmes proposés cette année sont :z 28 janvier 2013 : Cancer et hypnosez 25 février 2013 : La famille et les prochesz 25 mars 2013 : Cancer et sexualitéz 29 avril 2013 : Cancer et milieu professionnelz 27 mai 2013 : Soins palliatifsz 24 juin 2013 : Esthétique et cancer

RenseignementTel. : 04 91 22 33 [email protected]

Ainsi que le site de l’Institutwww.institutpaolicalmettes.fr

« PARLONS-EN ENSEMBLE »

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z Association "Pour Guillaume"z Association A.I.L. (les Amis des Instructions Laïques) z Association FLO (Florian Lymphome Optimisme) z Association Ghjuvan Francescu z Association L.M.C. France z Association R.A.M.H. z Association Vivre Mallemort z Cancer Espoir z Ceux qu’on aime z Les Cousettes de Sénas

Les associations présentes le 9 juin à l’IPC

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VIE

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L’IP

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Ils sont venus de villages au pied des Alpes pour Guillaume, ou dans lesmontagnes de Corse pour Ghjuvan Francescu, en réponse à notre invi-tation. Une quarantaine de r eprésentants de dix associations, réunis àIPC2, dans une ambiance à l’image de la vitalité et la diversité du tissuassociatif régional : actives depuis plus de dix ans, ou jeunes d’à peineun an, avec, chacune, des idées originales pour sollicit er la générositépublique, ces associations ont en commun un sens aigu de la solidarité,et une énergie puisée dans un attachement fort, bien que souvent dou-loureux, à l’IPC. Désireuse de rendre des comptes sur l’utilisation des fonds qu’elles luiconfient, soit en moyenne 100 000 Euros par an, et de partager ses réflexionset ses projets pour l’avenir, la direction de l’IPC a proposé aux volontairesassociatifs ce temps d’échange.

L’occasion pour chacune des associations d’évoquer les événements sportifs,culturels, ou ludiques, qu’elles organisent pour collecter des fonds quiaident l’IPC à proposer une oncologie de qualité, à tous.

A Saint-Bonnet, le tournoi de handball de l’association « Pour Guillaume,à nous de jouer » a fêté son dixième anniversaire cette année, a racontéavec émotion Monsieur V incent, la « famille FLO » a invité les autr esbénévoles à partager un « gigot bitume », Madame Chabaud a expriméla solidité de son engagement auprès de l’IPC, Monsieur Jaen a convaincul’assemblée de confier à RAMH tout ce qui peut se recycler et se revendretransformé, des bouchons en plastique aux clichés de radiologie…, lesAmis de l’instruction laïque ont raconté comment ils en sont venus à sou-tenir l’IPC, et « les Cousettes de Sénas » o nt impressionné l’assistancepar le savoir-faire et la minutie de leurs créations.

Première rencontre associative à l’IPC

Le samedi 9 juin 2012, pour la première fois, l’IPC a convié à

une journée de rencontre et d’échanges, les associations de proximité, qui,

chaque année, collectent des fonds au profit de l’IPC, pour aider à financer

la recherche ou des équipements innovants, bénéfiques pour les malades…

« un travail d’utilité publique, donc, qui est mené

par ces bénévoles... »

RENCONTRE

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Les bonnes idées ont été partagées, comme les souvenirs plus person-nels que chacun garde de l’IPC. Une dynamique chaleureuse où les bénévoles ont pu échanger les bonnes recettes et proposer de s’entraiderpour donner plus de résonance encore à ce maillage régional.

Le rôle des associations est encore plus crucial : les associations « sont des ambassadrices, pour l’information, l’incitation à la préven-tion et au dépistage », a estimé Philippe Michard, Secrétaire généralde l’IPC.

Ainsi, Ceux qu’on aime, qui célébrait également ses dix an s cetteannée, organise des rencontres d’information sur la prévention et ledépistage des cancers, au bénéfice du public de Gardanne. Un travaild’utilité publique, donc, qui est mené par ces bénévoles.

La journée a permis d’aborder des aspects aussi différents que com-plémentaires de la vie de l’IPC et de la cancér ologie : présentation des enjeux-clefs de l’IPC, panorama de la r echerche, puis visite de

laboratoires de recherche avec Max Chaffanet, chercheur, et, avecCorinne Céa, cadre infirmière, des plateaux opératoires, où les béné-voles ont pu voir le robot télé-opératoire, et la dernière nouveauté :l’équipement de radiothérapie per-opératoire pour le « traitementdeux en un » de cancers du sein.

Pour les chercheurs et les soignants, généralement soucieux d’exac-titude sur des enjeux complexes, traduire l’état de la recherche et destraitements était un défi, relevé par le Professeur Patrice Viens sur lamédecine personnalisée, puis par Daniel Birnbaum avec sa métaphoredu livre pour expliquer le séquençage : comme un livre, le génomehumain offre une combinaison infinie de lettres, formant des phrases,des pages, des livres.

Dans lesquels, pour soigner, il faut déceler l’erreur de phrase, la pagemanquante ou, au contraire, la répétition de lettres. Alors que nousne pouvions lire que quelques lignes, il y a cinq ans, les nouveaux séquenceurs passent au crible et vérifient le liv re dans son entier enun temps record.

Pour tous les soignants et chercheurs impliqués au quotidien dans la lutte contre le cancer, cette rencontre avec un public engagé est unebouffée d’oxygène, qui aide à poursuivr e l’effort. Quant aux repré-sentants, ils nous invitent à rééditer ces rencontres en 2013. Rendez-vousest donc pris pour une nouvelle journée d’échange avant l’été.

« les bénévoles ont pu échanger les bonnes

recettes et proposer de s’entraider »

L’IPC a proposé aux associations présentes de l’aider à acquérir un séquenceur de dernière génération, plus rapide et performant, pour la biopathologie et pour décrypter les gènes des tumeurs.

Un équipement sur lequel les associations se sont mobilisées pour réunir la somme de 117 000 Euros. L’IPC a donc pu acquérir ce séquenceur dès septembre, pour une mise en service avant la fin de l’année 2012.

UN SEQUENCEUR DE POINTE ACHETE GRACE AUX ASSOCIATIONS

Visite des laboratoires de recherche avec Max Chaffanet,chercheur.

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AGENDA DE L’IPC

De gauche à droite : Pr Eric Vivier, Mme Sophie Ugolini, Pr Christian Chabannon, Mme Axelle Davezac, Pr Didier Blaise, Dr Boris Calmels

500 000 Euros de la fondation ARC pour les recherches d'onco-hématologie de l'IPC Une subvention de 500 000 Euros a été remise par la fondation ARC(Association pour la Recherche contre le Cancer) au Professeur DidierBlaise, responsable du département d'onco-hématologie de l'IPC, le jeudi 20 septembre, en présence d’Axelle Davezac, Directrice généralede la fondation.

La subvention permettra la mise en œuvr e d’une étude préclinique et d’un essai clinique dont le but est de renforcer l’efficacité des greffes dans le traitement du cancer . Grâce aux pr ogrès déjà accomplis sur la toxicité, on peut aujourd’hui greffer des patients plusâgés, en s’appuyant sur les atouts des cellules « natural killers » (NK).Tueuses naturelles de tumeurs, elles épargnent les autr es cellules ettissus sains. Des observations ont montré que les patients qui recons-tituent plus vite et en nombre plus important les cellules NK dans leursang suite à une allogr effe se rétablissen t mieux. Pour cet essai, des patients ayant reçu une greffe de moelle osseuse ou de cellulessouches du sang d’un donneur r ecevront une seconde injection de cellules NK, et activées in vitro, de façon à potentialiser leur activitéanti-tumorale.

C’est un essai de phase 1 sur trois ans qui s’appuie sur l’expertise des équipes scientifiques marse illaises : le Cent re d’Immunologie de Marseille Luminy (CIML) dirigé par le Professeur Eric Vivier, spécialistedes cellules NK, l’équipe dirigée par le Professeur Daniel Olive au CRCM, le Centre de Thérapie Cellulaire de l’IPC, et Innate Pharma,société de biotechnologie marseillaise qui développe de nouveauxmédicaments pour améliorer l’activité anti-tumorale des cellules NK.

Un DVD pour les patientes de l’IPC touchées par un cancer du seinComment se déroule le parcours thérapeutique ? Comment se passela prise en charge médicale, psychologique et sociale à l’IPC ?

Grâce à un financement du laboratoir e pharmaceutique LILLY, l’IPCvient de créer un DVD qui répond à ces questions sur les traitementsdu cancer du sein. Ce DVD sera remis par la coordinatrice soin à toutenouvelle patiente devant être prise en charge à l’IPC lors de sa premièreconsultation, pour permettre aux patientes ainsi qu’à leur entouragede mieux appréhender les dif férentes étapes de leur par cours, et les options s’offrant à elles. Une information qui sera égalementdisponible en ligne via le site internet de l’IPC à partir de janvier 2013.Disponible en janvier.

Décembre

z DU Psy cliniqueColloque national Corps, culture et cancerJeudi 20 décembre 2012

Les pratiques non-conventionnelles dans le cancer : des soins complémentaires.

Janvier

z DU Psy cliniqueLes cancers : histoire naturelle,génétique, épidémiologique et cliniqueJeudi 10 janvier 2013

z DU Cancéro CliniqueThérapeutiques ciblées en hématologieVendredi 11 janvier 2013

z Journée patients greffésSamedi 19 janvier 2013Pour la cinquième année consécutive, la journée patients consacrée à la greffe de moelle aura lieu à Marseille, au Pullman Palm Beach. C’est l’un des rendez-vous pharesde ce début d’année et le rendez-vous des patients greffés et de leurs proches en présence des équipes de l’Unité de Thérapie cellulaire et de transplantationde l’IPC. Cette journée portera autour du thème de l’entourage. Seront évoquésle rôle des accompagnants avant la greffe, celui des accompagnants pendant la période d’hospitalisation et le patientaprès sa sortie de l’unité.

La veille, vendredi 18 janvier 2013, se tiendra la 4ème Journée de formationdes Psychologues, Psychiatres, Psychanalystes exerçant en Onco-Hématologie et Greffes Allogéniques intitulée « Ethique et pratiques en Onco-Hématologie et greffes allogéniques : quels processus psychiques ? ».

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La médecine personnalisée introduit une véritable rupture avec les stratégies du passé. Une rupture autant médicale que conceptuelle, organisationnelle, et socio-économique.

Rupture conceptuelle avec une approche empirique qui prévalait jusqu’à présent dans les stratégies de lutte contre le cancer :

on trouvait une molécule qui semblait agir contre un cancer du sein, par exemple, on la testait, puis on l’appliquait à tous les cancers du sein. Aujourd’hui, les traitements ciblent des tumeurs que l’on sait

maintenant identifier et dont on connaît de mieux en mieux les mécanismes vitaux : le rôle des marqueurs de surface des cellules, qui contribuent au processus cancéreux, ou les anomalies génétiques qui vont générer des cellules cancéreuses en cascade.

La connaissance de ces mécanismes déplace le cadre de compréhension de la maladie. On peut, avec plus de certitude, penser que telle molécule efficace dans certains cancers du sein l’est également contre des cancers de l’estomac… Les approches s’attachent à rechercher des similitudes dans des cancers touchant des organes différents et, dans le même temps, s’adaptent aux caractéristiques des individus, elles aussi polymorphes.

Rupture organisationnelle : nos médecins, nos chercheurs doivent désormais être prêts, et formés, à sortir du colloque singulier médecin-malade. Un colloque déjà devenu un dialogue avec des patients - parfois mal - informés, et acteurs des décisions qui les concernent.

De fait la médecine personnalisée « contraint » les médecins, chercheurs, radiothérapeutes et biologistes à travailler ensemble pour déterminer quel sera le meilleur parcours thérapeutique pour le patient. Et de nouveaux métiersémergent, parmi lesquels ceux nés de l’hybridation entre la biologie et l’informatique,comme les bio-informaticiens.

Rupture de modèle économique enfin, car si les mécanismes de financement existent pour la recherche fondamentale d’un côté, et pour la prise en charge des soins, de l’autre, ni l’indispensable « tuilage » entre recherche et soins, ni la cruciale coopération entre professionnels ne sont actés par le système de financement de la santé.

En première ligne de l’innovation, les centres de lutte contre le cancer comme l’IPCdoivent explorer ces frontières nouvelles, pour non seulement proposer des approchesthérapeutiques pilotes, mais aussi des modalités économiques qui rendent ces progrès médicaux possibles pour tous.

La médecine personnalisée, une stratégie de rupture

PAR LE PROFESSEUR PATRICE VIENS

Directeur général de l’IPC

EDIT

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Février

z Le cancer et la vie psychique :du traumatisme somatique au trauma psychiqueJeudi 7 févr ier 2013

z DU Cancéro CliniqueCancer du sein : traitement loco-régionalJeudi 7 et vendredi 8 févr ier 2013

z 6e journée “ Qu’est-ce que la génétique apporte à la psychanalyse ? “jeudi 28 févr ier 2013

Avril

z Congrès Européen d’Echoendoscopie, EURO-EUS25 et 26 avr i l 2013

Le mois d’avril sera marqué par le congrès européen de référence en matière d’échoendoscopie, l’EURO-EUS,qui se tiendra à l’Hôtel Pullman Montparnasse à Paris. Une première dans l’organisation de ce congrès : les participants assisteront à des démonstrations en direct des blocs opératoires de l’Institut Paoli-Calmettes.

Juin

z 6ème Symposium International d’Endoscopie en oncologie digestiveDIU cancer du pancréas

Vendredi 7 juin 2013

Au coeur des missions de l’IPC, l’enseignement et la formationConformément à sa mission, l’Institut Paoli-Calmettes, centre de réfé-rence pour la région PACA, fédère, sur son site, des activités de soins,de recherche, d’enseignement et de formation.

Nos formations, destinées à compléter et actualiser les connaissancesen cancérologie, proposent une approche transversale et multidisci-plinaire de la prise en charge du cancer et s’inscrivent dans les prioritésassignées par les plans cancer. En totale adéquation avec les besoinsdes professionnels de la santé, ces formations font l’objet d’évaluationsconstantes. En 2011, pas moins de 1 300 stagiaires on bénéficié des enseignements dispensés par nos médecins avec un taux de satis-faction avoisinant 95 %.

Notre programme couvre le champ des innovations diagnostiques et thérapeutiques, leur interface avec la biologie autour de quelquespathologies majeures.

Sport et cancer : une offre d’associations sportives soutenues par la Ligue contre le cancer pour les patients de l’IPCParce que le cancer ne met pas seulement à l’épreuve les corps, maisaussi les liens sociaux et l’image de soi, l’IPC s’est engagé avec la Liguecontre le cancer dans un programme « Sport et cancer », rassemblantdes associations sportives de la région pour les patients de l’IPC.

Lancé en juillet 2012, c’est un programme original d’activités sportivesadaptées qui est proposé : randonnées douces avec les Excursionnistesmarseillais ou le Club Alpin Français, gymnastique douce avec le programme Gym’après de la Ligue, balades en voilier avec Cap Mar-seille et natation avec l’association « Que la vie est belle », la piscineCap Provence de Cassis et, plus récemment, la piscine des Dauphinsà Marseille. Le comité 13 de la Ligue propose aux patients rencontrantdes difficultés financières une aide couvrant les frais d’adhésion.

Renseignements : sur le site internet de l’IPC (www.institutpaolicalmettes.fr), auprès de la Ligue contre le cancer 13 ou auprès des associations citées.

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Le Crédit Agricole Alpes Provence

s’est engagé auprès de l’IPC dès 2006.

Avec les autres banques mutualistes

de la région, le Crédit Agricole s'est mobilisé

pour la création de l’unité de transplantation

et de thérapie cellulaire (projet U2T).

Six ans plus tard, c’est dans la radiothérapie

per-opératoire que la banque investit.

Grâce à la mobilisation de ses 2 300 collaborateurs et de ses clients, la banque mutualiste a réuni plus de 1,3 milliond’Euros sur les 5 millions nécessaires. « Nous sommes très fierscollectivement d’avoir fait gagner à l’IPC trois ans, décisifs, sur l’ouverture d’un des plus grands centres de thérapie cellulaire d’Europe, commente Marc Pouzet, Président de la Fondationd’Entreprise et Président du Conseil d’Administration du Crédit Agricole Alpes Provence. Contre le cancer, le temps se compte en vies sauvées ! ».

Toujours fidèle à l’IPC, cette année, la Fondation d’Entreprise du Crédit Agricole Alpes Provence a choisi de soutenir la radiothérapie per-opératoire pour les femmes atteintes d’un cancer du sein en PACA-Corse. La radiothérapie per-opératoire constitue un projet innovant et humaniste qui s’inscrit parfaitement dans la vocation de la Fondation d’Entreprise du Crédit Agricole : « concrétiser les initiatives qui ont du sens pour le territoire ». Comme pour U2T, les 74 Caisses locales du Crédit Agricole Alpes Provence se mobilisent à travers diverses actions caritatives pour rassembler les fonds. La Fondation Crédit Agricole vient de verser 75 000 Euros à l’IPC ; elle complètera à hauteur de 150 000 Euros les sommes récoltées par les Caisses locales sur les 3 prochaines années.

La dotation de la Fondation Crédit Agricole représente près du tiers du coût de l’appareil de radiothérapie de contact. Les autres frais, notamment d’aménagements nécessairescomme la radioprotection de la salle d’opération, sont couvertspar 240 000 Euros apportés par l’IPC sur ses fonds propres, et une subvention de l’INCa de 300 000 Euros pour l’équipementet l’évaluation médico-économique de cette nouvelle modalitéthérapeutique.

Patrice Viens se réjouit du partenariat dans la durée avec le Crédit Agricole, et espère un effet d’entraînement pour d’autres entreprises de la région : « Pour offrir des soins de qualité et rendre accessibles à tous les derniers progrès en cancérologie, nous avons besoin des entreprises ». De fait, l’IPC a créé un « Club des Mécènes » pour l’aider à investir dans des programmes-pilotes de diagnostic, de soins et de recherche. La médecine personnalisée fait partie de ces chantiers d’avenir pour lesquels le soutien des mécènes fera gagner des années.

Pour les entreprises, le retour sur investissement n’est pas uniquement fiscal, même si elle peut déduire 60 % du montantdu don de son impôt. Car aider l’IPC, c’est participer au développement et au rayonnement économique de la région, et mobiliser les collaborateurs autour d’une cause vitale, qui nous concerne tous.

Mobilisationdu Crédit Agricole

auprès de l’IPC :le temps se compte

en vies sauvées

la revue deLe magazine

de l’Institut Paoli-Calmettes

Décembre 2012 - N° 4

l ’ ipcwww.institutpaolicalmettes.fr

SOINSCancer de la prostate : quelle prise en charge à l’IPC ?

RECHERCHENectine-4 : un nouveau biomarqueur dans le traitement ciblé de certains cancers du sein

VIE DE L’IPCAider les aidants

Les cancers à l’heure de la médecine personnalisée

DOSSIER“ radiothérapie per-opératoire ”

LA LMC : DE L’INELUCTABLE A LA MALADIE CHRONIQUE

LYMPHOME :DU « SCORE PRONOSTIQUE » À LA THERAPIE PREVENTIVE....

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