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Hospital du Pont du Rosne 1184 - 1478 - 1741 Médaille 1/3 2016

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Hospitaldu Pont du Rosne

1184 - 1478 - 1741

Médaille 1/3 2016

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Le Grand Hôtel-DieuMédaille 1/3

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2016

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Nous sommes heureux de concrétiser un nouveau projet original de médailleréalisé par Nicolas SALAGNAC, graveur médailleur Meilleur Ouvrier de France,toujours pour illustrer un sujet emblématique de laVille de Lyon et de sa région.

C’est ainsi que 11 projets de médailles ont déjà été élaborés, dont le dernierconsacré au logement social. Pour les années 2015 à 2018 nous avons choisi lethème du Grand Hôtel-Dieu de Lyon ; chacune des 3 médailles aura pour thèmeune des grandes époques de ce prestigieux patrimoine :- Des origines jusqu’à la construction du magnifique Grand Dôme par JacquesGermain Soufflot et des nouveaux bâtiments le long du Rhône,

- Du milieu du XVIIIème jusqu’à la fermeture de l’établissement hospitalier,- Et enfin, de nouveaux usages et une identité renouvelée du patrimoine.

Pendant cette unique opération de reconversion, nous souhaitons partager avecvous quelques grands moments d’émotion associés à l’histoire de ce site, auxsavoir-faire mis en œuvre et si bien appropriés à l’usage, et à la métamorphosedu lieu imaginée par les architectes Albert CONSTANTIN, Claire BERTRANDet Didier REPELLIN.

Michel CHENEVATDirecteur Régional Eiffage Construction Centre-Est

Edito EIFFAGE Michel CHENEVAT

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C’est le sens de la reconversion dont il est aujourd’hui l’objet avec un projetporté par le groupe Eiffage et qui est à la hauteur de la beauté des lieux : d’icià quelques années l’Hôtel-Dieu sera ouvert à tous et accueillera denombreux commerces, un centre de congrès, l’hôtel Intercontinental et laCité internationale de la gastronomie.

Nicolas Salagnac, Meilleur Ouvrier de France, a gravé cette médaille quiconstitue la première des trois évocations qui seront réalisées pour le livretdu groupe Eiffage.Elle évoque ce lien, symbolisé par la figure de Rabelais, entre médecine etgastronomie. Son talent et sa connaissance de notre ville lui ont unenouvelle fois permis de mettre en valeur ces liens qui, à Lyon, unissent tou-jours passé et avenir.

Gérard COLLOMBSénateur-Maire de Lyon

Président de la Métropole de Lyon

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L’Hôtel-Dieu est l’un des plus beaux emblèmes du patrimoine architectural denotre ville. Sa façade majestueuse de plus de 300 mètres surplombant les bergesabrite la mémoire de plusieurs siècles d’histoire.

De l’Hospital du Pont-du-Rosne jusqu’à la reconstruction qu’en effectueSoufflot en 1764 dans un style néo-antique, le monument a connu denombreux enrichissements liés au renforcement de sa vocation hospitalière touten gardant des témoignages de chacune des époques de son édification.

Symbole de la continuité urbaine de Lyon, l’Hôtel-Dieu renferme aussi une partimportante de sa mémoire médicale. Médecins, patients, personnel de santé yont vécu des heures sombres et des moments de joie. Les souvenirs personnelsse mêlent à notre destin collectif.

Et si l’Hôtel-Dieu occupe une place à part dans l’imaginaire urbain, c’est qu’ils’est toujours réinventé en demeurant fidèle à son esprit d’accueil.

Edito Maire de Lyon Gérard COLLOMB

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L’Hôtel-DieuDu XIIe siècle à la fin

du XVIIIe siècle

L’Hôtel-Dieu n’est pas le premierhôpital de Lyon ni le seul de lapresqu’île dans la période qui s’étenddu Moyen-Âge auxTemps modernes.Ce que l’Hôtel-Dieu a d’exceptionnel,même s’il n’a plus actuellement defonction hospitalière, c’est d’être leplus vieux établissement hospitalierencore debout - et avec quelle allure !- dans le Lyon historique, c’est-à-diredes pentes de la Croix-Rousse à laconfluence en intégrant leVieux Lyon.En effet, si le premier hôpital de Lyon,édifié au VIe siècle par Childebert etUltrogothe et situé sur les bords de laSaône dans l’actuel quartier Saint-Paul,

a depuis longtemps disparu, l’hôpitalde la Charité, l‘autre grand hôpital dela presqu’île qui ne date que du XVIIe

siècle, ne dresse, lui, plus que sonclocher, les bâtiments ayant étédétruits dans les années 1930 sous lamunicipalité Herriot.

Pour mettre en lumière durant lapériode considérée l’histoire del’Hôtel-Dieu, porteur de l’esprit decharité et d’humanisme qui a toujoursanimé Lyon, quatre étapes peuventêtre mises en avant.

1184

À cette date, sur un terrain cédé parl’Abbé d’Ainay, la première pierre dupremier Hôtel-Dieu est posée par les

L’Hôtel-Dieu Bruno BENOIT

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qu’hôpital, accueille donc les pèlerinset sert d’asile de nuit ; les pauvres etles malades de la ville sont soignésdans les nombreux petits établisse-ments hospitaliers existant entreSaône et Rhône. L’entretien des bâti-ments, même modestes, étant négligéamène, en 1308-1309, l’archevêquede Lyon Pierre de Savoie à retirer lagestion de cet hôpital aux frèrespontifes pour la confier aux cisterciensde l’abbaye de Hautecombe qui, à leurtour en 1314, la transmettent auxmoines de l’abbaye de Chassagne-en-Bresse qui, comme les précédents,déboisent leurs forêts pour l’entretiendu pont en bois et épuisent leurs res-sources. Les gestionnaires successifssont incapables de faire face, faute demoyens financiers suffisants, aux

travaux nécessaires. Ayant fait appelrégulièrement aux subsides de la ville,l’archevêque Guillaume de Sure, en1334, remet l’œuvre du pont duRhône aux citoyens de Lyon, c’est-à-dire aux échevins de la ville. C’estdonc la ville qui, à la fin du XIVe siècleremplace le pont provisoire en boispar un un pont en pierre, établi àl‘emplacement du pont actuel. Deleur côté, les moines de Chassagneconservent la gestion de l’hôpital.

1478

La vocation hospitalière de l’hôpitaldu Pont-du-Rhône n’est véritable-ment acquise que dans la deuxièmemoitié du XVe siècle, quand les petitshôpitaux administrés par des religieux

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frères pontifes qui sont des spécia-listes de la construction des ponts. Dece fait, la construction de l’ancêtre del’Hôtel-Dieu est étroitement liée àcelle du premier pont sur le Rhône oupont de bois qui relie Lyon à laGuillotière en Dauphiné, paroisse oùdémarre la route pour l’Italie et oùaboutit la route deVienne. En effet, lesfrères pontifes établissent une œuvrecharitable d’une douzaine de lits pourles voyageurs et pèlerins qui transitentpar Lyon. Elle se situe sur l’emplace-ment de l’actuelle chapelle de l’Hôtel-Dieu. Le pont s’étant effondré lors dupassage de la IIIe croisade en 1190, ilest donc reconstruit, toujours en bois.

Au tournant des XIIe et XIIIe sièclesvient s’agréger, à la petite fondation

hospitalière du « port du Rhône »,l’aumônerie du Saint-Esprit installéedepuis 1129 plus en aval sur le Rhône,dans le tènement d’Ainay. Les deuxétablissements donnent naissance àl’Hospital du Pont-du-Rosne ouHospital du Pont-Saint-Esprit, géré àla fois par les frères pontifes et par descommerçants et des bourgeois deLyon regroupés dans une confrérie, laconfrérie du Saint-Esprit. Leursmaigres ressources sont alimentéespar des dons, des aumônes ou deslegs.

Le premier siècle de cet hôpital estmal connu, même si les archives nousrapportent qu’il fonctionne avec deuxreligieuses et trois domestiques. Cetétablissement, plus xenodochium

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déclinent et disparaissent, carincapables de faire face aux épidémiesqui se multiplient. En effet, les pestesdu XVe siècle obligent l’Hôtel-Dieu àmettre en place un début de politiquehospitalière. Un premier médecin,maître Couras, est recruté, en 1454avec pour mission de soulager lesmalades qui passent (trop !)rapidement de vie à trépas. Sonrecrutement s’avère peu satisfaisant.Comme à chaque épidémie les litsmanquent et le personnel se révèleincapable de soulager les malades, laville de Lyon est régulièrementobligée de suppléer aux insuffisancesen procurant des secours en argentet en nature. L’incurie des moines deChassagne étant de plus en pluspatente, le Consulat, lors de la grande

épidémie de peste de 1478, achète,pour pouvoir investir et améliorerl’offre de santé, les bâtiments par unacte qui est signé le 21 juillet 1478entre Louis, abbé de Chassagne, et lamunicipalité de Lyon. Par cet acte, laville prend possession des serviceshospitaliers, ouverts aussi bien auxlocaux qu’aux forains. Cette date peutêtre considérée comme la fondationvéritable de l’Hôtel-Dieu de Lyon. Deplus, par la bulle, du 24 mai 1480,signée par le pape Sixte IV, toute tu-telle ecclésiastique est levée surl’administration hospitalière.

Le Consulat s’attache, après l’acquisi-tion de l’hôpital, à améliorer lesbâtiments. Pour y faire face, il lève unetaxe d’un denier par livre en 1480 et

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vend quelques biens. En 1493, legrand corps de l’hôpital est achevé etla dépense annuelle se chiffre à 100livres tournois. Au début du XVIe

siècle, cet hôpital porte le nomd’Hôtel-Dieu de Notre-Dame dePitié du Pont-du-Rhône. Il accueilled’abord quatre-vingts malades, maisaussi des femmes enceintes et desenfants trouvés, puis à la fin du sièclele nombre monte à près de troiscents. Parmi ceux-ci, il y a aussi lesporteurs de maladies vénériennesramenées d’Italie et les soldats blesséslors des opérations militaires.

Il faut attendre les années 1528-1529pour voir se mettre en place unvéritable service médical avecbarbiers, chirurgiens et apothicaires.

À leurs côtés travaillent d’abord des« filles repenties », dont quelques-unes font la quête dans la ville avec unâne pour leur nourriture et celle desmalades. Il n’est pas étonnant queLyon, capitale éphémère du royaumede France avec les guerres d’Italiemenées par la monarchie française deCharles VIII à François 1er, mais aussiville de foires où se côtoient financierset marchands de toute l’Europe, attireégalement imprimeurs et personnali-tés de premier plan, parmi euxFrançois Rabelais, nommé médecin en1532, mais remercié dès 1534 pourabsentéisme trop prononcé. On peutsupposer que le temps passé dans lesauberges et celui consacré à l’écriturene lui en laisse que peu devant lesmalades. Grâce à la vente du vieil

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hôpital de la Saône, mais surtoutgrâce à la bienfaisance, aux quêtes,aux pardons, aux versements despensionnaires, aux domaines rurauxet aux maisons dans la ville, l’Hôtel-Dieu arrive à faire face aux malheursdes temps qui sont grands en ce XVIe

siècle. Le plan scénographique de1550 nous donne une image assezfidèle de ce que pouvait être l’Hôtel-Dieu à cette époque. Il comprend, àl’emplacement de la chapelle actuelle,un bâtiment rectangulaire d’un seulétage avec grenier, orienté Est-Ouestet séparé en son milieu par unecolonnade où sont soignés, de chaquecôté, hommes et femmes. Centquatre-vingt malades peuvent y êtreadmis à trois par lit. Au Nord setrouve le claustral, au centre duquel ily a une croix monumentale.

À angle droit, un petit bâtiment estdestiné à recevoir les femmesenceintes et les « enfants exposés »,c’est-à-dire abandonnés quand lesmères ne peuvent assumer unegrossesse qui a eu lieu hors dumariage. À l’extrémité, la pharmacie,une boucherie, puis le cimetière.

1583

Pour gérer cet hôpital qui est sourcede complications et de dépenses quidépassent les possibilités de la ville,celle-ci décide par acte consulaire du11 janvier 1583, et ce en pleineguerres de religion, de confier sonadministration à des notables, « gensde bien, d’honneur et de charité », lesrecteurs, qui en assument la charge.

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1918

Cette institution va porter pendantdeux siècles l’œuvre hospitalièrelyonnaise. D’abord six, puis quatorze,ces recteurs sont élus pour deux ans,rééligibles. Ces fonctions sontobligatoires, gratuites et coûteusespour le bénéficiaire qui doit verser unesomme importante dans les caisses del’hôpital. Être recteur est cependant unposte convoité par la bourgeoisielyonnaise car cette fonction entre dansle cursus honorum de ceux quibriguent l’échevinat, voie royale pourêtre anobli en fin de charge. Lafonction de recteur de l’Hôtel-Dieu estd’autant plus recherchée qu’avec l’éditde Chauny en 1595, Henri IV, ayantsoumis le Consulat de Lyon« la ligueuse » à un contrôlemonarchique strict, ramène le nombred’échevins de douze à quatre.

Les filles repenties vont êtreremplacées par des sœurshospitalières dont l’organisation estunique en France. Elles sontrecrutées par l’administration del’hôpital et forment une communautélibre qui ne relève d’aucun ordrereligieux, mais qui sont soumises à unerègle religieuse sous la surveillance dupremier aumônier de l’Hôtel-Dieu.

Comme elles ne prononcent pas devœux, n’ont pas de supérieure et sontlibres de se retirer, leur engagement auservice des malades manquent de zèleet un fort « turn-over » a lieu. De cefait, en 1688, les recteurs établissent unrèglement comprenant la cérémoniede la croisure par laquelle les sœursobtiennent une petite croix d’argentde Notre-Dame de la Pitié avec

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La fin du XVIIe siècle est difficile. Lesguerres de la fin du règne de LouisXIV qui entraînent la multiplication dupassage des gens de guerre et,parallèlement, la petite périodeglaciaire qui ruine les récoltes sontsources de misère, d’afflux de pauvreset de malades à l’Hôtel-Dieu. Lamonarchie, pour répondre au déficitfinancier chronique, accorde en 1698,1700 et 1716 des lettres patentes,portant confirmation et augmentationdes privilèges de l’Hôtel-Dieu, etautorise les recteurs à organiser desloteries. Parmi les privilèges, il y al’exemption des droits d’octroi, depéages, de guet, de gardes, de gabelles,de taxes et des attributions gratuitesde sel.

1741-1764Au XVIIIe siècle, la conjoncture finan-cière s’améliore et l’Hôtel-Dieu estdevenu, depuis sa fondation, unimmense propriétaire foncier,particulièrement sur la rive gauche duRhône, grâce aux legs qui lui sont faits,voire à des achats de terre, commecelles de Mme de Servient à laPart-Dieu, patrimoine qui va avoir unrôle fondamental dans la puissance del’Hôtel-Dieu sous l’Ancien Régime.De plus, il tire pas mal de ressourcesdes bacs à traille sur le Rhône dont ila le privilège. C’est pour cette raisonque l’Hôtel-Dieu s’oppose aussilongtemps qu’il le peut à laconstruction d’un pont par Moranden face des Brotteaux. Ce pont, celuides Victoires, est cependant construiten 1774.

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l’assurance d’être logée, nourrie etsoignée jusqu’à la fin de leurs jours, cequi les lie à l’Hôtel-Dieu.

Au début du XVIIe siècle, la réputationde l’Hôtel-Dieu est grande, même siles conditions d’hébergement desmalades restent très précaires,puisqu’ils sont toujours plusieurs parlit. Le Rectorat décide alorsd’agrandir les bâtiments enconstruisant la salle dite desQuatre- Rangs, disposée en croix sousun dôme, appelé « le petit dôme »,édifié dans les années 1622 à 1631. Àpartir de 1637, en pleine pousséeépidémique de peste qui explique levœu des échevins de 1643, lebâtiment principal est démoli et estremplacé, sur des plans de l’architecte

Ducelet, par la chapelle Notre-Damede la Pitié, augmentée en 1655 dedeux clochers. Une salle pour lesconvalescents est aménagée en 1658,puis une autre pour les vénériens en1668. Ces investissements considéra-bles mobilisent, bien évidemment, dessommes importantes alimentées parle recours aux dons et aux emprunts,mais aussi par une sourceoriginale, gérée par l’Hôtel-Dieu, quiest le « droit des pauvres », c’est-à-dire pour les troupes de comédiensse produisant en ville de jouergratuitement au bénéfice des ditspauvres et il est fort probable qu’en1657, Molière joua en faveur despauvres malades de l’hôpital.

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C’est parce que l’aisance règne, quedes terrains sont acquis de chaquecôté de l’hôpital le long de la rueBourgchanin (actuellement rueBellecordière), que des embellisse-ments sont opérés par lesarchitectes Jean et FerdinandDelamonce, comme le beau portaild’entrée en 1706. En 1741, leRectorat donne corps au projetd’agrandissement en confiant àJacques-Germain Soufflot et, après1757, à ses élèves Melchior Munet etToussaint Loyer la construction denouveaux bâtiments le long du Rhônesur plus de trois cents mètres de long.

En 1764, au moment où se terminentces aménagements monumentaux,dont nous sommes aujourd’hui les

héritiers, l’Hôtel-Dieu est arrivé aupoint culminant de ses réalisations.

L’ensemble, véritable porte d’entréesur Lyon en venant de l’Est par le pontde la Guillotière, est édifié en stylenéo-antique, avec colonnes, pilastreset balustrade qui couronne l’attique. Ilest sublimé par un magnifique dôme,que Soufflot aurait voulu moinsventru, ayant pour vocation d’aérer leschambres des malades. Il est vrai qu’àcette époque l’Hôtel-Dieu abrite millequatre cents malades et secourt plusde trois mille enfants. La pierreblanche de la façade, lumineuse ausoleil levant, fait de cet édifice, seloncertains commentateurs, le plus belhôpital de France.

L’Hôtel-Dieu

Au-delà de « ce très beau monumentà la fièvre », comme le dit en 1777,l’empereur Joseph II, la situationfinancière est loin d’être brillante, carayant coûté 1,5 million de livres, il adépassé les possibilités financières del’établissement ! Les dettes s’accumu-lant, les rentes viagères se multipliant,une partie du patrimoine doit êtrevendue. Il y a donc nécessité, dans lesannées 1780, à faire appel au pouvoirroyal qui oblige les deux hôpitaux,l’Hôtel-Dieu et la Charité, à serapprocher, ce qui fait que le servicedes femmes enceintes et des enfantspasse à la Charité. Les octrois sontponctionnés d’un vingtième pour faireface aux remboursements et auxrentes viagères. Malgré ces efforts etla perte d’autonomie, le Rectorat se

trouve dans une situation bien difficileau moment où éclate la Révolutionfrançaise, ce qui fait qu’au début mai1791, les recteurs remettent leurdémission au Directoire dudépartement.

Bruno BENOITProfesseur des Universités, IEP Lyon

Membre du laboratoirede recherches historiques Rhône-Alpes

Président national de l’associationdes professeurs d’Histoire et Géographie

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Les témoignages numismatiquesd’époque concernant l’Hôtel-Dieuavant sa reconstruction du XVIIIe sièclesont peu abondants. Ce n’est, souvent,que beaucoup plus tard que desgraveurs de médailles ont étésollicités pour illustrer ce passé.

Depuis le début du XVIe siècle,l’Hôtel-Dieu revendique une origineroyale à travers la fondation, en 542, àLyon par le roi franc Childebert 1er, filsde Clovis, et sa femme Ultrogothe dupremier hôpital établi en France.Après leur abandon, les bâtiments decet hôpital furent cédés au début duXVIe siècle et le produit de la venteversé entre les mains des recteurs del’hôpital de Notre-Dame-de-Pitié dupont du Rhône. C’est donc lesouvenir de Childebert et Ultrogothe

que les Hospices civils choisirent derappeler en 1845 pour illustrer leurmédaille et leur jeton.

Louis Schmitt (1807-1890), lesreprésenta coiffés d’une couronne,figés dans toute la majesté royale telleque les sculpteurs Pierre Marie Prostet Charles l’avaient imaginée pour lesstatues placées en 1819 sur la façadedu quai du Rhône. Au revers, onretrouve les écussons de l’Hôtel-Dieuet de la Charité.

Quelques années plus tard, lesHospices souhaitèrent se doter d’unnouveau jeton gravé par JosephDantzell (1805-1877) sur lequel ladate de 542, inscrite sur unebanderole accompagne explicitementles armes de l’Hôtel-Dieu. Les souve-

Hôtel-Dieu, Jean-Pol DONNÉ

les médailles remontent le temps

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rains francs perdent leur couronne etsont plus conformes à l’image despremiers souverains mérovingiensque donnaient alors les livresd’Histoire et leurs illustrations. Levisage grave et serein d’Ultrogothecontraste avec l’air quelque peufarouche de celui Childebert. Cetteversion fut vite abandonnée et lamédaille et le jeton de Schmitt ontété largement distribués tout au longdu XXe siècle comme médaille dutravail et comme médaille derécompense pour les concours del’Internat et aux membres du Conseild’Administration des Hospices.

Alors que la Ville de Lyon a explicite-ment voulu honorer l’écrivain endonnant le nom de Rabelais à une ruedu 3e arrondissement en 1855, il faut

attendre 1953 pour que les Hospicescivils le célèbrent comme médecin duGrand hospital du pont du Rosne, enapposant un large médaillon debronze dans le cloître de l’Hôtel-Dieupuis en éditant une médaillecommémorative. Si l’on peut penserque Rabelais fut attiré à Lyon par laréputation de ses éditeurs, il n’enreste pas moins qu’il fut, quoiquesimple bachelier en médecine, engagécomme médecin de l’Hôtel-Dieu le 1er

novembre 1532 et qu’il y exerçajusqu’à son départ en février 1535.

L’établissement lui doit, entre autres,la création d’une boulangerie où l’onremplaçait le seigle par le fromentpour lutter contre l’ergotisme alorsappelé « le mal des ardents ». C’estprobablement lors d’un nouveau

Hôtel-Dieu,les médailles remontent le temps

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séjour à Lyon, après avoir soutenu sathèse à Montpellier, qu’il donna, àl’Hôtel-Dieu, la leçon d’anatomie,évoquée par Étienne Dolet, avec unedes premières dissections publiquessur le corps du cadavre d’un suppliciépendu.

La création du médaillon à l’effigie deRabelais fut confiée à Louis Rousselon(1978-1954) qui modela le buste deRabelais coiffé du bonnet doctoral. Lamédaille frappée peu après reprendce buste en l’associant à un reverscomposé par Émile Bégule à partir duplan de 1550 et gravé par JoannesBruyas. Son aspect de médaille couléecontribue à inscrire Rabelais dans cetHumanisme français dont il est unedes plus parfaites illustrations.

Quelques années plus tard, en 1963, àl’occasion du 34e Congrès français deMédecine, c’est le Collège desmédecins de Lyon qui fut mis àl’honneur.

La médaille commémorative remiseaux participants reproduit l’un dessceaux de ce Collège dont les statuts,ratifiés par le Consulat en 1576, ontété confirmés l’année suivante par leroi Henri III. Préparés par JacquesDaléchamps et PierreTolet, médecinsde l’Hôtel-Dieu, ces statuts réglemen-taient l’exercice de la médecine àLyon, mais aussi reconnaissaient lavaleur de l’enseignement proposé ausein de cet hôpital dans une villedépourvue d’université. Seuls desmédecins « agrégés » au Collège,

Hôtel-Dieu,les médailles remontent le temps

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après examen de leurs titres etmême, pour les docteurs d’uneuniversité autre que Paris ouMontpellier, de leurs compétences,pourraient désormais exercer à Lyon.

Dès 1576, des leçons d’anatomiessont dispensées à l’Hôtel-Dieu et en1628 la maîtrise en chirurgie estaccordée après six années de stagedans cet hôpital. C’est aussi à l’Hôtel-Dieu, devant deux médecins, que sedevaient se dérouler les épreuvespermettant de devenir maîtreapothicaire. Le sceau de 1682 duCollège de Médecine, reproduit sur lamédaille de 1963, montre un lion assisde face tenant un écusson portant uncoq, symbole de la vigilance, et leserpent, celui de la prudence.

C’est cette allégorie qui figure sur lesjetons d’argent ou de bronze dont leCollège de Médecine se dota audébut du XVIIIe siècle. Au revers,Esculape debout tenant un bâton surlequel s’enroule un serpent, désigneun malade qui se relève en se tenantla tête.

Quoique peu nombreux, ces jetonsou ces médailles contribuent àrappeler que Lyon, en grande partiegrâce à l’Hôtel-Dieu qui compensaitl’absence d’une université, fut depuisle XVIe siècle un des pôles de laMédecine européenne.

Jean-Pol DONNÉ,Président du Cercle Lyonnais de Numismatique

Membre de l’Academie des Sciences,Belles-Lettres et Arts de Lyon

Hôtel-Dieu,les médailles remontent le temps

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Pour la douzième année, le groupeEIFFAGE me confie de nouveau lacréation d’un triptyque de médailles.

Le sujet : le Grand Hôtel-Dieu deLyon, des origines à la finalisation dece grand projet de réhabilitation traitépar EIFFAGE.

La première étape est la mise aupoint d’une maquette dessinée. Pourcela, nous nous concertons sur lesujet et les pistes à suivre. Troispériodes sont définies pour générertrois médailles.

Elles sont pensées dans une composi-tion qui relie les médailles, avec unespirale axée sur le mot : LYON.

Le premier sujet nous porte en 1184,date où l’Hospital du Pont du Rosnevoit le jour.

La deuxième médaille portera sur lapériode des Hospices Civils de Lyon(de 1764 à nos jours), alors lieu denaissance et de soins pour leslyonnais.

Et la troisième médaille dévoilera leGrand Hôtel-Dieu réhabilité.

Les motifs retenus pour cettepremière médaille sont : des planchesdu XVIème s. où nous trouvons cepassage du Rhône et la ville de Lyonderrière ses fortifications. Enmédaillon, Rabelais – médecin,écrivain. Les dates de 1184 – 1478 et1741. Le titre : « Hospital du Pont duRosne ».

La médaille 2016 Nicolas SALAGNAC

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La deuxième étape consiste àtransposer le dessin en bas-reliefsculpté en machine pour les grandsvolumes et à la main pour mettre enplace les détails, et ceci à l’échelle 3.

La troisième étape est la reproduc-tion de cette sculpture sur la matriceen acier à l’aide d’un tour à réduire.Le travail final se fait à la main avec des

burins, onglettes, ciselets... Le tout suiviau microscope. Cette étape de finitionest primordiale ; le graveur donnealors son “coup de patte”.

Terminée, la matrice est signée etdatée. Elle est traitée pour permettrel’édition par frappe des futures mé-dailles. Cette étape est assurée par laMaison Pichard Balme à Saumur.

La médaille 2016

Graveur médailleur à LyonIl y a plus de cinq cents ans, lapremière médaille française futfrappée à Lyon, pour le passage deLouis XII et Anne de Bretagne. Ici, l'artde la médaille a laissé un richepatrimoine. Ici, l’antique Lugdunum afait vivre un atelier de frappemonétaire pour l’Empire Romain.

Installé à Lyon depuis 1994, je suis fierde participer à la pérennisation et à latransmission de cet art de la médaille,devenu rare.Ma premiere commande officielle futla médaille de la ville de Lyon (éd.Monnaie de Paris, 2006), a lademande du Maire, Gerard Collomb.

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En 2008, Frédéric Mitterrand, alorsdirecteur de laVilla Médicis,Académiede France à Rome, me commande lamedaille d’honneur de l’institution (éd.Arthus-Bertrand, 2008)...Et dernierement, je réalisai la médailledu Comité International des SciencesHistoriques, de l’ONU (éd. Arthus-Bertrand, 2015).

De belles references dont je suis fier...

Je defends et essaie d’appliquer dansmes créations cette idée écrite parFrédéric Guignard-Perret (journalisteà Lyon Citoyen) que : “ seul l’Hommeest capable, par des gestes habiles etprécis, d’inscrire une intention dans lamatière, de susciter des émotions, deprolonger une sensibilité, unevision, un esprit, une âme”.

Eiffage Construction Centre-Est,depuis 12 ans, me permet dem’exprimer sur des sujets lies al’image de marque de ma ville.

Avec cette nouvelle médaille, je suishonoré d’entamer un nouveautriptyque pour le rayonnement deLyon avec, comme vecteur, le GrandHôtel-Dieu.

Merci pour cette confiancerenouvelee.

Nicolas SALAGNACGraveur medailleur MOF 2000,

createur de la medaille

Graveur médailleur à Lyon

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Michel CHENEVAT, directeur regional Eiffage Construction Centre Est

Dominique GAUDIN, directeur Eiffage Construction Rhône

Arab HASSAOUI, directeur Eiffage Construction Réhabilitation

pour leur soutien.

Le Maire de Lyon, Gérard COLLOMB,

Albert CONSTANTIN et Claire BERTRAND de l’Agence AIA Architectes,ArchitectesIngénieurs Associés,

Didier REPELLIN,Architecte en Chef des Monuments Historiques,Agence AEC,

Le groupement de Promoteurs EIFFAGE IMMOBILIER CENTRE-EST et GENERIM,

Bruno BENOIT, Professeur des Universités, IEP Lyon ; membre du Laboratoire deRecherches Historiques Rhône-Alpes ; Président National de l’Association desProfesseurs d’Histoire et Géographie,

Jean-Pol DONNÉ, President du Cercle lyonnais de Numismatique. Membre del’Academie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon.

Remerciements

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Medailles créées par Nicolas SALAGNAC grâce à EIFFAGE ConstructionMedailles carrees de 90 mm, accompagnees d’un livret.

1er triptyque :Theme ville de Lyon2004 - “Lugdunum, laTable Claudienne a la confluence de l’histoire et de Lyon” -Editions Scriptoria2005 - “Lyon, 2000 ans d’architecture” - Editions Scriptoria. Cette creation aremporte le premier grand prix national de la SEMA en metiers de tradition.Prix remis par le Ministre Renaud Dutreil.2006 - “Lyon, Patrimoine immateriel” - Editions Scriptoria

2eme triptyque :Theme, les architectes de la region2007 - “Le Corbusier” 2008 - Editions Scriptoria2008 - “Tony Garnier, 1869-1948” - Editeur Fia/Salagnac2009 - “Soufflot et Lyon, une empreinte” - Editeur Fia/Salagnac

3eme triptyque :Theme, l’evolution des metiers a Lyon2010 - “La Medecine” - Edition Pichard-Balme/Salagnac2011 - “L’Automobile” - Edition Pichard-Balme/Salagnac2012 - “L’Enseignement” - Edition Pichard-Balme/Salagnac2013 - “La Gastronomie” - Edition Pichard-Balme/Salagnac

2014 - “Le Logement Social” - Edition Pichard-Balme/Salagnac

ÉDITO EIFFAGE - 4

Michel CHENEVAT, directeur régional Eiffage Construction Centre-Est

ÉDITO MAIRE DE LYON - 6 à 7

Gérard COLLOMB, Maire de Lyon

L’HÔTEL-DIEU - 8 à 27

Bruno BENOÎT, Professeur des Universités, IEP Lyon ; Membre du laboratoire derecherches historiques Rhône-Alpes ; Président national de l’association desprofesseurs d’Histoire et Géographie

HÔTEL-DIEU, LES MÉDAILLES REMONTENT LE TEMPS - 28 À 35

Jean-Pol DONNÉ, Président du Cercle lyonnais de Numismatique. Membre del’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon.

LA MÉDAILLE 2016 - GRAVEUR MÉDAILLEUR, À LYON - 36 à 41

Nicolas SALAGNAC, auteur de la médaille

REMERCIEMENTS - 42 à 43

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Ce livret accompagne l'edition d’une medaille sur le theme du Grand Hôtel-Dieu.Cette medaille est editee en version bronze.

La creation, le dessin et la gravure de la matrice ont ete realises parNicolas SALAGNAC, graveur médailleur, Meilleur Ouvrier de France en 2000.

La frappe des medailles a ete executee sur les presses de la maison Pichard-Balme àSaumur, en decembre 2015.

Cette edition a beneficie du soutien d’Eiffage Construction Centre-Est, d’EiffageConstruction Rhône et d’Eiffage Construction Réhabilitation - merci.

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Pour le groupe Eiffage Construction

Atelier Nicolas SALAGNACGraveur médailleur - Meilleur Ouvrier de France

45-47, rue Alexis Perroncel F-69100Villeurbanne / Lyon / France

www.nicolas-salagnac.com