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5 La sauce « ndogou » (moment de rupture) est dif- ficile à assaisonner sous nos tropiques. Alors qu’elle doit être épicée. Malgré une crise économique aiguë, les cou- pures d’électricité provoquant des manifs d’abonnés dans Dakar et la cherté de la vie, les gens se démènent comme de beaux diables pour trou- ver les moyens de s’assurer un bon «if tar». Leur comportement, sur les différentes artères de la capi- tale sénégalaise, me fait dire, sans risque de me tromper, que mes compatriotes ne supportent pas la faim. Et la diète rend nerveux beaucoup d’entre eux. Surtout, à quelques minutes de la rup- ture marquée par le sauve- qui-peut. Dans la circulation, les conducteurs disputent le passage aux piétons. Comme disait l’autre, on assiste à de véritables « emboucreillages » (embouteillages à satura- tion maximale). Certains automobilistes se donnent en spectacle, avec jurons, insultes et autres invectives à la bouche. Bus, « ndiaga-ndiaye », cars rapides, taxis et « clan- dos » sont bondés. Personne ne veut rester à quai. A bord des véhicules, les passagers, entre eux, n’arrêtent pas de se chamailler. Parfois, c’est avec l’apprenti ou le chauf- feur pour une banale histoire de monnaie ou bien d’arrêt dépassé. Ces querelles de bas étage permettent aux voleurs d’opérer tranquillement. Un confrère, lui, ne me démen- tira pas. Le pauvre, il a laissé, avant-hier, son téléphone portable « High Tech » dans un car rapide. Quelqu’un lui a piqué son appareil, acheté avec ses maigres économies au pays de Marianne. Ah, mon malheureux pote ! Quant à nos épouses, ces braves gestionnaires de nos foyers, elles sont entre le marteau de la faim et l’enclume du prix coûteux des denrées alimentaires. Et le principal vœu qu’elles for- mulent, c’est de nous présen- ter toujours des mets copieux. Louons la bravoure de ces distinguées maîtresses de maison. Nous les mâles, nous voulons leur donner plus. Mais, nos bourses, qui se grèvent comme du karité sous un soleil de plomb, nous en empêchent. Malgré toutes ces difficultés, les cœurs sont gais à l’heure de la rupture du jeûne. C’est parce que le syncrétisme religieux s’invite au « ndogou ». P'TIT GOURMET La sauce… « ndogou » Jeudi 3 Septembre 2009 En Casamance et particulièrement dans les communautés rurales de Mlomp et de Diembéring, la présence de fromagers est généralement synonyme d’habitats et de vestiges d’occupations humaines. Cet arbre qui fascine par son gigantisme, appartient à la famille des malvacées et trône majestueusement sur au moins 50 mètres de hauteur. Qu’est ce qui lie l’un des plus grand arbre des régions tropicales à l’homme dans cette partie méridionale du pays ? A Mlomp tout comme à Diembéring, les réponses se recoupent sur les multiples utilités qu’offre le fromager pour l’homme et ses capacités hors normes d’être le réceptacle des fétiches et autres esprits protecteurs, mais aussi le témoin de l’histoire de ces com- munautés où la religion traditionnelle garde encore de beaux restes. Par Babacar Bachir SANE et Moussa SADIO (Photos : KING ABRON) LES FROMAGERS CENTENAIRES DE MLOMP ET DE DIEMBÉRING A l’ombre des arbres protecteurs

Mise en page 1ddata.over-blog.com/xxxyyy/2/83/77/38/dossier... · un bon «if tar». Leur comportement, sur les différentes artères de la capi - tale sénégalaise, me fait dire,

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La sauce « ndogou »(moment de rupture) est dif-ficile à assaisonner sous nostropiques. Alors qu’elle doitêtre épicée. Malgré une criseéconomique aiguë, les cou-pures d’électricité provoquantdes manifs d’abonnés dansDakar et la cherté de la vie,les gens se démènent commede beaux diables pour trou-ver les moyens de s’assurerun bon «if tar».

Leur comportement, sur lesdifférentes artères de la capi-tale sénégalaise, me fait dire,sans risque de me tromper,que mes compatriotes nesupportent pas la faim. Et ladiète rend nerveux beaucoupd’entre eux. Surtout, àquelques minutes de la rup-ture marquée par le sauve-qui-peut. Dans la circulation,les conducteurs disputent lepassage aux piétons. Commedisait l’autre, on assiste à devéritables « emboucreillages» (embouteillages à satura-tion maximale). Certainsautomobilistes se donnent enspectacle, avec jurons,insultes et autres invectives àla bouche.

Bus, « ndiaga-ndiaye »,cars rapides, taxis et « clan-dos » sont bondés. Personnene veut rester à quai. A borddes véhicules, les passagers,entre eux, n’arrêtent pas dese chamailler. Parfois, c’estavec l’apprenti ou le chauf-feur pour une banale histoirede monnaie ou bien d’arrêtdépassé. Ces querelles de basétage permettent aux voleursd’opérer tranquillement. Unconfrère, lui, ne me démen-tira pas. Le pauvre, il a laissé,avant-hier, son téléphoneportable « High Tech » dansun car rapide. Quelqu’un luia piqué son appareil, achetéavec ses maigres économiesau pays de Marianne. Ah,mon malheureux pote !

Quant à nos épouses, cesbraves gestionnaires de nosfoyers, elles sont entre lemarteau de la faim etl’enclume du prix coûteuxdes denrées alimentaires. Etle principal vœu qu’elles for-mulent, c’est de nous présen-ter toujours des metscopieux. Louons la bravourede ces distinguées maîtressesde maison. Nous les mâles,nous voulons leur donnerplus. Mais, nos bourses, quise grèvent comme du karitésous un soleil de plomb, nousen empêchent. Malgré toutesces difficultés, les cœurs sontgais à l’heure de la rupturedu jeûne. C’est parce que lesyncrétisme religieux s’inviteau « ndogou ».

P'TIT GOURMET

La sauce…« ndogou »

Jeudi 3 Septembre 2009

En Casamance et particulièrement dans les communautés rurales deMlomp et de Diembéring, la présence de fromagers est généralementsynonyme d’habitats et de vestiges d’occupations humaines. Cet arbrequi fascine par son gigantisme, appartient à la famille des malvacées ettrône majestueusement sur au moins 50 mètres de hauteur. Qu’est ce quilie l’un des plus grand arbre des régions tropicales à l’homme dans cettepartie méridionale du pays ? A Mlomp tout comme à Diembéring, lesréponses se recoupent sur les multiples utilités qu’offre le fromager pourl’homme et ses capacités hors normes d’être le réceptacle des fétiches etautres esprits protecteurs, mais aussi le témoin de l’histoire de ces com-munautés où la religion traditionnelle garde encore de beaux restes.

• Par Babacar Bachir SANE et Moussa SADIO (Photos : KING ABRON)

LES FROMAGERS CENTENAIRES DE MLOMP ET DE DIEMBÉRING

A l’ombre desarbres protecteurs

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La localité de Mlomp est situéeplus au sud à 12 kilomètres de lacommune d’Oussouye. C’est le vil-lage le plus peuplé du départe-ment d’Oussouye et compte plu-sieurs quartiers dont Djikomole,Kadjifolong, Djibétène, Haer,Etebémaye,…, qui peuvent êtreconsidérés à juste titre comme desvillages, d’autant qu’ils n’ont rienà envier aux autres villages dudépartement. Pour rallier la villed’Oussouye au quartier centre deMlomp (Djikomole), il faut par-courir une route latéritique enchantier qui mène vers la localitéd’Elinkine, via Djicomole etKandianka, deux autres quartiersde Mlomp. A un kilomètre deDjikomole, outre le fourmillementdu chantier des travaux en cours(le bitumage de la route), ce sontles grands fromagers qui signalentla présence d’habitations. Tout aulong de ce tronçon Oussouye-Mlomp, il est loisible d’admirer larichesse de la flore, notammentavec cette kyrielle de fruits sau-vages à la portée de tous les pas-sants. La forêt dans cette partie dupays a un caractère sacré pour lespopulations du Kassa et notam-ment l’ethnie diola. Dans la loca-lité de Mlomp, il est difficile de seprononcer sur la question del’antériorité des fromagers cente-naires et celle de l’installation descommunautés. Jules Sambou, plusconnu sous le sobriquet de« Julio », conservateur du Muséede la culture traditionnelle diolade Mlomp, est quant à lui catégo-rique sur la question. « Partout oùvous irez dans le monde diola,vous trouverez des fromagers. Cene sont pas des arbres qui ont étéplantés naturellement mais biendes arbres plantés. L’on plante cetarbre qui sert de repère etd’orientation pour les popula-

tions », commente-t-il. Sur lagrande place publique deDjikomole où nous avons trouvé« Julio », trois grands fromagersdominent les lieux. On ne peutpasser dans le coin sans êtreébloui par la beauté de la placedont le caractère majestueuxs’identifie à l’image fortequ’offrent les trois fromagersautour desquels les racines tracentsur le sol des arabesques dontnous n’avons pas trouvés ledécryptage auprès du conserva-teur du musée de la culture tradi-tionnelle diola. Dans cette place aété bâtie une case à impluviumqui recueille plusieurs articles etpièces authentiques de la religionet de la culture traditionnellediola. La place publique deDjikomole demeure aujourd’huiun lieu prisé des touristes etautres personnes en quête dedécouvertes. A en croire JulesSambou, on peut trouver danstous les villages de la zone qui pos-sèdent une chefferie tradition-nelle, une place publique à l’imagede celle de Djikomole appelée

« Khoutendoukhaye ». Dans lacroyance populaire, ces lieux sontl’habitat naturel des esprits pro-tecteurs de la communauté.Avant, raconte Julio, quatre fro-magers constituaient le décor de laplace publique de Djikomole. L’und’eux a été supprimé en raison desrisques d’effondrement qu’il pré-sentait sur les toits de certainesmaisons du quartier. Pour êtreplus explicite sur l’antériorité deshabitations sur les fromagers de laplace publique de MlompDjikomole, Julio note que c’est lafamille Sambou qui a planté cesfromagers. Le Chef coutumierplus connu sous le titre de« Sibouk Kouyani Sambou » est leroi de Mlomp. Il est le 7ème roi deMlomp. Il gère tout ce qui a trait àla religion traditionnelle diola et ilcompte des représentants dans lesquartiers de Mlomp.

Une cohabitation utilitaireSi les fromagers des grandesplaces publiques dans la zone deMlomp ont été le résultat de plan-tations de la part des premiers

occupants, selon Jules Sambou, iln’en est pas de même dans lalocalité de Diembéring distantede douze kilomètres du villagetouristique de Cap Skiring.Demba Diatta, instituteur àl’Iden d’Oussouye et conseiller àla Communauté rurale, est caté-gorique. « Les premiers habitantsde la localité de Diembéring onttrouvé sur la grande place du vil-lage et un peu partout des froma-gers. En fonction des priorités etdes besoins des populations, cer-tains arbres ont été coupés »,note-t-il. C’est dire que dans cettelocalité, c’est la nature qui a tracéles contours de cette place deDiembéring qui abrite tous lesgrands évènements du village. Icicomme à Djikomole, ce sont deuxfromagers et un grand baobab quiforment le décor de la placepublique. A en croire DembaDiatta, le diola aime la natureavec qui, il communie. « Pourhabiter, le diola a besoin de pla-cer son fétiche sur un arbresolide pour bien se protéger. Etcomme le fromager est un arbrerobuste et centenaire, il demeuretout comme le baobab, le récepta-cle des fétiches et autres géniesprotecteurs des hommes », com-mente-t-il.Pour l’Abbé Maixent Diédhiou

et le notable Joseph Diatta, lesfromagers de Diembéring endehors de leur caractère sacré,sont aujourd’hui des témoins del’histoire de la localité deDiembéring. Avant que la localiténe soit une seule entité, il existaitdeux puits dans la zone. Le pre-

mier puits qui se trouve àDiembéring est celui d’El HadjOumar. Le second puits appar-tient aux populations de« Sangawate » qui sont les pro-priétaires des rizières. Et commela cohabitation entre les popula-tions de « Sangawate » et celles deDiembéring n’étaient pas de toutrepos avec d’éternels problèmes,les hommes de Diembéring ontdécidé de guerroyer ces dernierset de les ramener à Diembéring.Ce sont les hommes des quartiersde Haloudia, Khoudiabousse etEtama qui ont délogé les popula-tions de « Sangawate », narre ledoyen Joseph Diatta. Ce que lapostérité pourra retenir de cetévènement, note le vieux JosephDiatta, sous le regard intéressé del’Abbé Maixent Diédhiou, est quele partage du « butin » s’est faitsur la place du village sous lepetit fromager de la placepublique. Le partage des captifss’est fait selon la parenté mater-nelle. Les captifs ont été intégréssans leurs lances et leurs fétiches.Cet évènement, selon l’abbéMaixent Diédhiou et JosephDiatta, a fortement marqué lalocalité. Le petit fromager pouravoir été témoin de cette histoire,a un caractère sacré. Quand unde nos neveux a voulu abattre lepetit fromager de la placepublique pour construire, il a eu àfaire face à un refus de toute lacommunauté de Diembéring. Lemême scénario s’est produitquand la mission catholique ademandé à construire dans lepérimètre de ce fromager sacré.

Le respect voué à la nature et àl’environnement immédiat afavorisé dans cette partie dupays, la vie de certaines essencesvégétales dont le fromager. Dansles communautés rurales deMlomp et de Diembéring, onretrouve cette espèce végétale unpeu partout dans la forêt commeà l’intérieur des concessions. Lefromager pousse sans aucunentretien et n’exige que la protec-tion contre les agressions del’homme. C’est pourquoi les fro-magers qui ont acquis le carac-tère sacré, trônent majestueuse-ment dans les villages et dansl’environnement immédiat deshabitats. Julio Sambou note quecet arbre est très utile dans lacommunauté diola. Dansl’habitat, les troncs et les racinesdes fromagers servent encorepour faire des portes, des fenêtresvoire même des charpentes demaison. On retrouve aussi lestroncs et autres racines de cetarbre dans la construction depirogues et de cercueils en vue dutransport pour l’interrogatoire ducorps d’une personne morte. Unepratique funèbre dénommée le

« Kassab » très en vogue dans lesud de Ziguinchor qui permetaux proches de s’enquérir des rai-sons de la mort de leur parent. Lebois de l’arbre sert aussi selonJulio à la confection de plateauxsur lesquels des mets sont servisaux populations lors des cérémo-nies du grand fétiche. La coquedu fruit sert aussi à aromatiser letabac tout comme le Kapok quiest utilisé dans la confection decoussins (oreillers). Le fromagerdans cette partie de la Casamanceest devenu aujourd’hui un besoinéconomique souligne DembaDiatta, d’autant plus, explique-t-il, que chacun cherche a en pos-séder. Les places publiques quibénéficient de l’ombrage de cesgrands arbres, abritent àDiembéring tout comme àMlomp, les réunions, les grandescérémonies traditionnelles. Cen’est pas tout. Les grands pro-blèmes qui ne trouvent pas desolutions au niveau administra-tif, sont généralement transféréssur la place publique et trouventun compromis à l’amiable sous labénédiction des esprits et dugrand fétiche.

Jeudi 3 Septembre 20096

L’ombrage protecteur du fromager

Le fromager, un outiléconomique et socialLes fromagers tout comme les autres arbres des grandes forêtsont constitué pour les hommes, un excellent élément pour lebois d’œuvre. Dans cette partie sud de la Casamance où lesfromagers sont légion, les populations utilisent toutes les par-ties de l’arbre, (des racines en passant par le tronc, jusqu’auxfeuilles et fruits) pour les besoins domestiques et spirituels.

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LE « HUTENDUNKAYE » OU LE MUSÉE DE LA CULTURE TRADITIONNELLE DIOLA

Les facettes de la culture du Kassa

Le musée de la culture tradi-tionnelle diola de la grandeplace de Djikomole plonge levisiteur dans l’univers du diolaanimiste avec une vingtaine depièces inédites et de quatregrands fétiches qui donnent uncliché sur l’organisation socialedes communautés tradition-nelles. D’abord la case à implu-vium conforte le bien fondé del’utilisation du bois du froma-ger dans l’habitat. Les portes,les fenêtres et la charpente de lacase à impluvium ont toutes ététaillées sur du bois de fromager.L’intérieur du musée a étéconstruit à l’image des casestraditionnelles qui offrent aubénéficiaire des atouts pourfaire face à l’agresseur et à touteinvasion. On ne peut pénétrerdans une case à impluviumsans perdre deux bonnesminutes avant de se familiariseravec l’environnement immé-diat. Un temps qui permetd’identifier l’intrus et de réagiren conséquence. Passé ce tempsde latence, la lumière du jourvous viendra de la partie cen-trale de la case qui est ouvert auciel dans l’optique de recueillirdans le même esprit l’eau depluie et tous les avantages quiviennent de l’extérieur. JulioSambou en sa qualité de conser-vateur du musée, déroule quoti-diennement son exposé faceaux touristes et autres per-sonnes en quête de décou-vertes. A l’image du célèbreconservateur de la maison desesclaves feu Joseph Ndiaye, ilexplique la culture diola soustoutes ses formes avec à l’appuiles pièces et les fétiches pourdonner un sens à ses propos.Tous les articles exposés sontdes réponses des communautésdiolas face aux difficultés de lavie. La cohabitation entre tribushostiles a tout naturellementdéveloppé des réponses du côté

de l’armement. Le muséeexpose des lances utilisées jadispour faire la guerre dans lesengagements de corps à corps.Ces lances sont aujourd’hui uti-lisées, selon Julio, dans lesdanses funéraires qui sont célé-brées uniquement pour les per-sonnes mariées. Un casse têtetraditionnel qui sert à acheverune victime, tout comme un arcpour la chasse et la guerre, unecarapace de tortue de mer quifait office de bouclier face auxflèches et lances, la peaud’hippopotame au niveau ven-tral qui est aussi un bouclierefficace contre les lances et lesballes à plomb ; tout un arsenalqui a servi à perpétuer et à sau-vegarder les intérêts etl’existence de ces communautésface aux envahisseurs. Laseconde vague des pièces expo-sées est relative aux outils etustensiles de production. Cesont diverses sortes de canaris,des nasses et autres pagaiespour la pêche, la ceinture et lesoutils pour la récolte du vin depalme et des noix de palme, le« kadiando » ou la houe diolapour la culture et la flûte utili-sée pour alerter les populations.

Réincarnation humaineChez les animistes, la vie del’individu est liée à celle d’un oude plusieurs fétiches protecteursqui servent les intérêts de lacommunauté. C’est tout à faitnaturel que le musée exposequatre pièces essentielles dansl’organisation sociale de la com-munauté diola. Le premierfétiche diola « Kou Khouloume »est un fétiche protecteur. Quandune personne décède, expliqueJulio, tous les biens de ce derniersont gardés à côté du fétiche. Le6e ou 7e jour, souligne-t-il,l’esprit du mort vient reprendreson bien. Dans la culture diolaexplique-t-il, on croit à la réin-

carnation. Le mort n’est jamaismort, d’autant que l’âme dudéfunt revient toujours pourprendre son bien et repartir. Laréincarnation s’explique par lesnouvelles naissances qui sontdénombrées dans les familles.Un second fétiche exposé dansle musée permet aux adeptes dela religion traditionnelle de seconfesser comme le font lescatholiques devant un prêtre.Chez le diola, à en croire les pro-pos du conservateur du musée,toute personne qui n’a pasencore eu d’enfant (c’est valablepour un homme ou une femme)n’a pas le droit de voir unefemme en travail dans unematernité ou chez une matrone.Pour réparer un tel tort, la per-sonne en faute est obligée deporter au fétiche une gerbe deriz et un objet valeureux enoffrande pour se confesser. C’estle rite du « Ka Khusso ». Un troi-

sième fétiche est représenté parun crâne de porc. Selon lesexplications du conservateur, lecrâne de porc est sacrifié aufétiche pour le mariage tradi-tionnel. Un homme n’a pas ledroit de prendre une femmesans donner un porc à la bellefamille. Le porc qui constitue ladot est sacrifié afin d’avertir lefétiche que la fille quitte lafamille pour aller vers uneautre famille. C’est en défini-tive, clarifie-t-il, une forme decérémonie d’Adieu. Si l’hommene donne pas le porc en sacri-fice, sa femme court le risque dene pas avoir des enfants ou demourir. Il existe plusieursformes de dots dans la culturediola, assure Julio Sambou. Untout dernier fétiche a pourfonction de veiller sur le respectde certaines valeurs de lasociété. Le vol est interdit dansla société diola, note Julio. C’est

pourquoi dans la société diola,quand on ramasse un objet, onle dépose au niveau du fétiche.Les gens qui enfreingnent cetteloi portent avec eux le malheurperpétuel qui peut se matériali-ser soit par un incendie, soitpar la mort de ses proches ou laperte de ses biens. Pour réparerla faute, les parents del’intéressé et le fautif doivent seconfier au féticheur. Et généra-lement pour exorciser le mal,on doit donner commeoffrande, une chèvre, un porc et60 litres de vin de palme. Toutce qui est donné au féticheurappartient à la société. La céré-monie sera célébrée en pré-sence des notables et de tous lesmembres de la communauté quiconnaissent le malfaiteur, cequi est une honte pour safamille. C’est pourquoi, un vraidiola qui est ancré dans la tradi-tion, ne vole point, clame-t-il.

Dans les communautés rurales deDiembéring et Mlomp, on assiste progressi-vement à un désenclavement routier avecl’amorce du bitumage de plusieurs routesqui rallient la ville d’Oussouye à Elinkineet d’autre part la commune d’Oussouye à lastation balnéaire du Cap Skiring.

Le désenclavement routier a été une vieilledoléance des populations du Kassa, du moinscelles des communautés rurales du Kassa. Ledébut d’exécution des travaux pour la bretelleOussouye-Mlomp-Elinkine et les travaux entre-pris pour les autres tronçons tels que la route deLoudia Ouolof et celle du Cap, pour ne citer queces tronçons, ont réduit les problèmes de trans-port et d’accès avec toutes les conséquences quivont impacter sur le volet économique.Néanmoins, des voix s’élèvent sur les 12 kilomè-tres de route qui lient le Cap Skiring aux localitésde Boucotte et Diembéring qui ont été laissées enrade dans ce projet de bitumage dans le secteur.

Pour Demba Diatta, les autorités de la commu-nauté rurale de Diembéring ont usé de tous lesstratagèmes pour inclure ce tronçon dans le projetde bitumage de la route Oussouye-Cap Skiring,mais en vain. La communauté rurale a eu à fairedes remblais. Ce qui n’est pas suffisant. Le specta-cle de véhicules pris au piège dans la boue est quo-tidien, comme ces touristes espagnols que nousavons aidés à reprendre leur chemin vers le Cap.Hormis les infrastructures routières, c’est plutôtun hôpital et un lycée pour le secteur du Cap,Boucotte et Diembéring qui demeurent aussi uncasse tête pour les populations. Pour DembaDiatta qui travaille à l’Iden d’Oussouye, les élèvesdes localités citées plus haut souffrent beaucoup àOussouye du fait des capacités d’accueil qui sonttrès faibles. « Il est impensable que les populationsdu Cap, de Boucotte et de Diembéring qui fontprès de trois fois la population de la communed’Oussouye envoient leurs enfants à plus detrente kilomètres pour les besoins de l’éducationsecondaire », revendique-t-il.

MALGRÉ LE BITUMAGE DES ROUTESUn lycée et un hôpital au Cap,une doléance des populations

Ce sont des pièces et autres articles rares de la sociétéanimiste diola qui sont entreposés dans la nouvellecase à impluvium qui fait office de musée sur la grandeplace publique de Djikomole à Mlomp. Des objets quipermettent de faire un voyage dans l’univers du « tra-ditionalisme » et de « l’animisme ».

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Cap Skirring. Le nom renvoie àun paradis terrestre. Mais, hors deshôtels, campements et plages, la réa-lité est toute autre. Dans ce villagede la sous-préfecture de Kabrousse(département d’Oussouye), le visi-teur rencontre toutes les difformitésd’un bidonville. Un de nos interlo-cuteurs ironise même qu’ici, lesgens ont le doit de naître, mais pasde mourir. Parce qu’il n’y a pas decimetière. Et l’incinération n’est pasdans les us et coutumes. Commel’eau courante (il n’en existe quedans certains réceptifs touris-tiques), les problèmesd’assainissement se posent égale-ment avec acuité. Aussi, la popula-tion, estimée à plus de 10.000 âmes,souffre-t-elle d’affections respira-toires et demaladies parasitaires. Levillage du Cap Skirring est unepresqu’île comme Dakar. A l’Est, ily a le fleuve. A l’Ouest, la mer. Levillage de Boucotte est au Nord etcelui de Kabrousse au Sud. Il n’y aqu’une seule sortie terrestre dans leterritoire national. C’est celle qui vavers Oussouye. Parce qu’aprèsKabrousse, ainsi que les villages de

Djirack, Santhiaba-Manjacque,Youtou et le parc de Basse-Casamance, c’est la frontière avec laGuinée-Bissau. Du côté deBoucotte, après Djimbéring, c’est lamer. A première vue, le CapSkirring apparaît comme une ville.Avec ses infrastructures mar-chandes et ses structures de servicesde tous genres. Mais, cela n’estqu’une illusion. Il suffit de faire untour dans certains coins pour s’enrendre compte. Le village n’est pasloti. Les voies qui mènent dans lesquartiers sont des sentiers sablon-neux, de moins de 1,50 mètre delarge. En cette période hivernale, ilssont tous défoncés et coupés en plu-sieurs endroits par les eaux de ruis-sellement. Pour atténuer l’érosion etfaciliter le passage des piétons (ilssont les seuls à pouvoir y circuleractuellement), des sacs de sable sontdisposés à des points indiqués parles populations. Ces dernières res-tent toutefois confrontées à des pro-blèmes d’accès notamment en casd’incendie. « Les sapeurs pompiersont toujours des problèmes pouraccéder dans certains quartiers car

les voies sont étroites et obstruéesen plusieurs endroits », a déploréM.René Sadio, tenancier d’un restau-rant-bar. Pour ces mêmes causes,l’évacuation desmalades, le vidangedes fosses septiques et l’enlèvementdes ordures ménagères posent pro-blème.

Non accès à l’eau potableDans des zones comme les quartiersMancagnes, (Cap central, Saraba,Sangomar), les maisons sontconstruites pêle-mêle, les unes aprèsles autres, sans harmonie dans leursformes. Les habitations, dites de1ère génération, sont faites debriques en banco et couvertes dezinc. Celles de la 2ème générationsont en dur. La presque quasi-tota-lité des demeures sont en zinc. « Lachaume coûte chère maintenant

pour les populations. Les hôteliersqui en font de grosses commandespour couvrir leurs réceptifs, ont faitmonter les prix qui sont devenushors de portée des petites boursesdes villageois », a indiquéMCharlesTendeng, employé à l’hôtel LaPaillotte. La botte de paille dechaume qui coûtait moins de 150francs, s’échange contre 300 FCFAactuellement. « Imaginez, commentun père de famille qui a un salairede 50 000 francs pourrait joindre les2 bouts ? » interroge notre vis-à-visqui, comme de nombreux habitantsdu Cap Skirring, vit dans la promis-cuité. Ils font 18 000 personnes enpleine saison touristique, et 10 000quand ferme la campagne. « Parceque beaucoup de gens rentrent ouvont monnayer leurs talents ail-leurs », a révélé M. Sadio. Dans cer-taines familles, 8 personnes se par-tagent 2 chambres, de 3 mètres sur4. Il n’y a pas de cour dans la pluspart des habitations. Les gens reçoi-vent leurs hôtes à la véranda, y fontla cuisine et prennent leurs repassur place. Le loyer est cher aussi.Une chambre en banco est cédéeentre 7 000 francs Cfa et 10 000FCFA. La chambre en dur vautplus. Et ce n’est pas tout. Aucunemaison n’a de l’eau courante. Lesfamilles achètent l’eau potable à 100francs Cfa le bidon de 20 litres.« Moi, je prends 3 à 4 bidons parsemaine. Sinon, ma fille va puiserdans le puits du quartier deLoundiancolon. Nous utilisonsl’eau de puits de la maison d’à-côté,pour faire le linge, la vaisselle et lalessive », renseigne CharlesTendeng. Les populations sont ravi-taillées en eau potable à domicilepar des vendeurs, à l’aide de char-rettes. Arfang Kâ, chef de village duCap Skirring explique leurs pro-blèmes d’eau potable par le fait queles puits sont creusés à côté desfosses septiques. « Ce qui fait que cespuits ont une eau impropre à laconsommation », explique-t-il.Notre interlocuteur indique que lespuits creusés dans des zones situéesen hauteur comme le quartierLoundiancolon, sont certes pro-fonds (12 – 13 mètres) mais leureau est buvable. C’est celle-là que lespopulations consomment depuis 37ans (Ndlr 1972.)

Inexistence de cimetièreM. Malang Diédhiou, infirmierchef de poste de santé du CapSkirring, a estimé que la consom-mation de l’eau des puits du villageest à l’origine des maladies parasi-taires qui battent le record desconsultations dans sa structure. Iln’y a pas que cela. Les gens déver-

sent aussi de l’eau usée sur lesvoies de passage. Ce qui est unesource de contamination quiouvre la voie à diverses patholo-gies. « Il s’y ajoute que les orduresménagères restent parfois unesemaine sans être enlevées », adéploré M. Diédhiou qui en adéduit que le Cap Skirring est unvillage sale. Il a souligné que lesmauvaises conditions d’hygiènedans lesquelles vivent les habi-tants font que ceux-ci sont réguliè-rement sujets à des affections res-piratoires, dues à des cas de toux etde rhume, et à des maladies parasi-taires inhérentes aux vers intesti-naux. L’infirmier chef de poste desanté du Cap Skirring a conclu quele problème fondamental despopulations locales, c’estl’approvisionnement en eau pota-ble. L’autre préoccupation nonmoins importante des habitantsdu Cap Skirring est l’inexistencede cimetière dans le village. «Lesmusulmans demandent aux popu-lations de Boucotte, l’autorisationd’enterrer leurs morts dans leurvillage. Les catholiques enterrentleurs morts dans le village deKabrousse ou dans la ville deZiguinchor», nous a appris le chefde village du Cap Skirring, ArfangKâ. Non sans une certainepeine. Le Cap Skirring qui fait cou-rir autant de monde, et de tous lesâges, n’a pas aussi d’éclairagepublic. Ce sont, entre autres, lesenseignes lumineuses des hôtels,réceptifs touristiques, restaurants-bars, night clubs et des magasinsde commerce qui illuminent unpeu certains secteurs. Dans biendes zones, c’est la pénombre dés lecoucher du soleil. A moins qu’il yait clair de lune. Le village ne dis-pose pas aussi de gare routière,ainsi que de débarcadère aménagé,ni de route qui y mène. Les gens sefaufilent entre les maisons pour yaccéder. « Avec nos moteurs hors-bord et autres matériels », nouslance ce pêcheur qui a requisl’anonymat. Le marché se révèleaussi petit et les cantines, insuffi-santes par rapport au nombre dedemandeurs, à en croire M.Abdoulaye Diouf, commerçant auCap Skirring depuis 15 ans.L’église Saint Maixcent qui se

retrouve dans un paquet deconcessions, mérite égalementplus de soin et une clôture. Lespopulations souhaitent aussi unCEM (Collège d’enseignementmoyen) pour épargner aux jeunesde se taper par jour 15 km et lamême distance au retour pourprendre des cours dans le villagede Kabrousse. Heureusement quepour les plus petits, il existe déjàune école publique de 12 classes.Un poste de santé doté d’unematernité existe aussi. Seulement,il manque un espace pourconstruire le logement del’infirmier, chef de poste. Lesautres urgences sont le lotissementdu village pour mettre un termeaux constructions anarchiques,l’acquisition d’un terrain où déver-ser les ordures ménagères, d’untracteur pour l’enlèvement des-dites ordures, la réalisation d’unfoyer de jeunes et des aires desports. Actuellement, le football sepratique sur un terrain prêté à lajeunesse par l’ASECNA.

Les méfaits d’une forte démographieCAP SKIRRING

Jeudi 3 Septembre 2009

A l’image du jour et de la nuit, le village de CapSkirring contrairement à sa cité touristique, souffred’une cohabitation de tous les dangers. Une cohabita-tion qui a impacté un boom démographique et une semiurbanisation, avec tous les problèmes qu’ils suscitent.

Par Babacar Bachir SANE, Moussa SADIO (Textes)et King ABRON (Photos)

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Koundame est un des quartiers de Kaolack. Niché surles berges du fleuve Saloum, Koundame est distant de prèsd’un km de la ville. Pour s’y rendre, il suffit d’emprunterla route du port. La route menant vers cette zone est truf-fée de nids de poule. Le moyen le plus usité par ceux quiveulent s’y rendre ou ceux qui veulent venir en ville, c’estle vélomoteur qu’on appelle « Diakarta » moyennant lasomme de 200frs. Mais, souvent, il y’a quelques cars géné-ralement dans un état poussif qui assurent la liaison. Cequartier est très célèbre. Il le doit à sa position géogra-phique. Car, sa plage constitue une des destinations desférus de la baignade. Ce quartier a été crée par Mady Sarrvers les années 30. Pêcheur, il fut originaire de l’île deDionewar. Pendant longtemps, il y vivra seul.Les pêcheurs qui revenaient de la pêche luilançaient souvent: «Hé le solitaire ». Ce quipeut dire en Ouloff « Thiondome ». Ce mot aconnu une déformation et donna le nom duvillage « Koundame ». Natif de ce quartier,Tapha Ndong, âgé de 65 ans, a rappeléqu’après la disparition deMady Sarr, d’autreschefs de familles et son père suivirent lestraces de ce dernier pour s’installer définiti-vement sur cette terre paradisiaque. Et notreinterlocuteur se souvient que c’est dans lesannées 58 que ce quartier a commencé àgrandir avec l’arrivée d’autres familles.Aujourd’hui, plusieurs ethnies (Sérères,Toucouleurs, Peuls du Fouta, Diolas,Bambaras, Socés, Ouolofs…) cohabitent là-bas. « Nous formons une seule et mêmefamille. Les musulmans et les chrétiensvivent dans la paix et la concorde », lanceTapha Ndong. Bénéficiant d’un lotissementen 1984, ce quartier est sorti de l’anonymatquelques années après. L’axe reliant ce quar-tier et la ville n’est pas éclairé. Ce qui poseainsi un problème de sécurité. Et le soir, ceuxqui n’ont pas les moyens de prendre le« Diakarta », sont obligés de faire le chemin àpied. Il n’est pas rare de voir les filles qui tra-vaillent dans les maisons, faire le trajet, bienentendu avec le courage en bandoulière. Natifde ce quartier, le jeune Pape sow s’est plu àdire que Koundame est considéré comme unhavre de paix. « Ici, c’est un coin très paisible.Nous vivons dans une parfaite communion »,confie-t-il. Dans ce quartier comme dans lesautres coins de la ville de Kaolack, les jeunes

ne ratent jamais les occasions pour faire état de leurspréoccupations liées surtout au manque d’emploi. Si cer-tains jeunes ne savent pas à quel saint se vouer, d’autress’orientent vers les vélos taxis pour faire face à leursbesoins. Nestor Correa, lui aussi, ne cesse de vanter cecoin. Selon lui, Koundame est l’un des meilleurs quartiersde la ville de Kaolack par son climat, l’esprit de frater-nité… Les après-midi, la plage devient le point de conver-gence de beaucoup de jeunes, même des adultes, pours’adonner au sport. Beaucoup d’habitants de ce quartierrencontrés ont plaidé pour que l’axe reliant leur quartierau centre-ville soit électrifié.

Oumar Ngatty Bâ

Jeudi 3 Septembre 2009 9

Un brassage ethnique très réussi“KOUNDAME” À KAOLACK

Situé à 1 km de la ville de Kaolack, le quartier de Koundame doit sa célé-brité à sa position sur les berges du fleuve Saloum. C’est une des destina-tions pour les passionnés de la baignade. Dans ce paisible coin, vivent plu-sieurs ethnies dans une parfaite harmonie.

Babacar Samb, son épouse et leur enfant onteu la surprise de leur vie en voyant, au beaumilieu de la nuit, un homme atterrir, avec fra-cas, dans leur chambre à coucher alors qu’ilsdormaient. Le quidam, qui s’était invité sans levouloir dans la pièce, était poursuivi par unefoule qui l’accusait de vol. L’histoire s’est dérou-lée au quartier Hamo 4, en mai 2003. Cette nuit,à quatre heures, des vigiles avaient embouchéleurs sifflets pour sonner l’alerte et aller à lapoursuite de Lamine Diawara. Pour sauver sapeau, le bonhomme tenta de les semer en arpen-tant les terrasses du quartier. Si toutes les mai-sons étaient en terrasses, Lamine se serait, peut-être, tiré d’affaire. Tout se passait bien dans lafuite du bonhomme jusqu’au moment où ilsauta sur une maison à la toiture en ardoise. Lematériau céda sous son poids et le voleur atter-rit dans la chambre où dormaient un couple etson enfant de deux ans.Sentant que les carottes allaient être cuites

pour lui, Lamine Diawara, qui avait un couteauet une bouteille de diluant, intima l’ordre aumaître des lieux de ne faire le moindre geste.Babacar Samb prit son courage à deux mains etsauta sur le bonhomme. L’épouse, réveillée elleaussi par le fracas de la chute du voleur, ouvritla porte, mais Lamine Diawara bloqua l’issue àl’aide de son pied. La dame lui jeta une servietteau visage, ce qui permit au mari de le maîtriser.Mais ce fut pour une courte durée, puisqueLamine Diawara réussit à se libérer et à se réfu-gier dans la cuisine. Comme une souris dans uncul de sac, le voleur fut facilement cueilli par lesgens du quartier venus prêter main forte àBabacar Samb.Lamine Diawara allait passer un sale quart

d’heure si un gendarme ne l’avait pas arrachédes griffes de la foule qui était déterminée à lelyncher à la plage. Finalement, avecl’intervention de l’homme de loi, il finit à lapolice non sans avoir essuyé quelques coups.Jugé pour tentative de vol commis la nuit avecviolence, escalade, effraction et détentiond’arme blanche sans autorisation administra-tive, Lamine Diawara avait nié les faits, expli-quant à la place qu’il allait chez un ami lorsqueles vigiles lui demandèrent de montrer sa cartenationale d’identité. C’était sur ces entrefaitesqu’ils l’accusèrent d’être un voleur avant de letabasser, avait-il ajouté. Concernant sa chutedans la chambre de Babacar Samb, le prévenuavait nié s’être perché sur la toiture. LamineDiawara avait soutenu qu’il était passé par leportail de la maison avant d’accéder à la cham-bre. Qui avait donc cassé les ardoises de BabacarSamb ? Ce dernier avait déclaré à la barre qu’aucours de sa bagarre avec Lamine Diawara, cedernier l’avait blessé au couteau. Depuis cetteirruption soudaine et fracassante du bonhommedans sa chambre, avait ajouté le plaignant, sonenfant est toujours terrifié et ne cesse de piquerdes crises la nuit. Pour le préjudice subi,Babacar Samb avait réclamé la somme de300.000 francs. A l’arrivée, le juge avait déclaréLamine Diawara coupable, l’avait condamné àtrois ans ferme et à payer 100.000 francs à lapartie civile.

M. CISS

Le voleur tombe desardoises et atterrit dansla chambre à coucher

Retour sur des faits divers retentissants

Une cavale qui finit dans la chambre à cou-cher d’un couple, c’est le sort d’un voleur enfuite. Le bonhomme, qui avait échappé de jus-tesse au lynchage, écopa trois ans de prison.

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Jeudi 3 Septembre 2009

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Les fous de la peintureIls tiennent coûte-que-coûte à peindre lesparois de la piscine. Sans échelle, ils onttrouvé une astuce de…fous. Ne sont-ils pastombés sur la tête ?

Photo Sarakh DIOP