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Mémoire
Mémoire sur la réussite éducative, automne 2016 Page 1
Mémoire sur la réussite éducative, automne 2016 Page 2
Sommaire
1) Introduction 3
2) Qui sommes-nous? 5
3) Nos organismes partenaires 6
4) Consultation 8
5) Conclusion 25
6) Remerciements 27
Mémoire sur la réussite éducative, automne 2016 Page 3
1) Introduction
La Confédération des organismes familiaux du Québec (COFAQ) n’est pas
insensible aux questions liées à l’éducation au Québec. Historiquement, la
COFAQ a participé à de nombreux débats sur cet enjeu. Dès 1974, dans un
mémoire sur le dossier scolaire cumulatif, une question importante à ce moment,
nous mettions en relief la question de la passation de l’élève d’une école à l’autre
et des moyens de faciliter ces transitions.
En 1985, un comité de travail interne à la COFAQ reprochait au système
d’éducation de ne pas avoir comme première préoccupation l’épanouissement
total de l’enfant au niveau des facteurs déterminants de réussite scolaire.
Poursuivant ses réflexions, le comité s’inquiétait également du rôle des parents
dans le système d’éducation. Cette préoccupation est toujours présente au sein
de la COFAQ qui a toujours affirmé et réaffirmée le rôle premier des familles dans
l’éducation des enfants. La COFAQ suggérait à cette époque de soutenir les
parents pour qu’ils puissent jouer un plus grand et meilleur rôle.
En 2008, lors des consultations sur la Stratégie d’action jeunesse, la
COFAQ proposait de développer des liens étroits entre les établissements
d’enseignement et les milieux de vie pour ainsi mieux prévenir le décrochage
scolaire. Elle réaffirmait que les parents demeurent les premiers responsables des
enfants et que la réussite éducative englobe la dynamique familiale tout en
réitérant le besoin du soutien aux parents1.
La préoccupation de la société civile autour des enjeux éducatifs est très
présente au Québec. Ces dernières années, les débats se sont cristallisés autour
du décrochage, du soutien aux élèves en difficulté, des investissements dans
l’éducation et de la formation des enseignants. Toutes ces questions sont
importantes et laissent une impression de failles importantes du système.
Il faut cependant rappeler que notre système d’éducation est performant.
Le système d’éducation québécois forme de jeunes diplômés compétents
comparativement à leurs pairs issus d’autres pays, notamment en mathématiques,
en lecture et en sciences.2 Si dans les épreuves internationales nos élèves
performent bien, cette réussite est masquée par les ratés du système.
Malheureusement, notre système éducatif est inquiétant pour ceux qui y
échappent ou ceux qui sont laissés derrière.
1 Ces documents sont disponibles à la COFAQ 2 http://www.prel.qc.ca/files_a-propos/08_Savoir_pour_pouvoir.pdf références au classement issu des test de l’OCDE PISA.
Mémoire sur la réussite éducative, automne 2016 Page 4
La consultation proposée par le ministre de l’Éducation insiste sur la
distinction entre réussite scolaire et réussite éducative, la seconde englobant la
première. La réussite éducative « va ainsi au-delà de la diplomation et de la
qualification en tenant compte de l’atteinte du plein potentiel de la personne dans
ses dimensions intellectuelles, affectives, sociales et physiques. Elle vise
l’apprentissage de valeurs, d’attitudes et de responsabilités qui formeront un
citoyen responsable, prêt à jouer un rôle actif sur le marché du travail, dans sa
communauté et dans la société. »3 En tant qu’organisme famille, mais aussi en
tant que parent, nous sommes en accord avec cette vision puisque nous voulons,
au-delà de la scolarité, former des citoyens.
La COFAQ et ses partenaires se félicitent que le gouvernement du Québec
propose une vision globale de l’éducation. C’est un objectif louable que nous
appuyons tout en sachant que cette vision se réalisera à travers de multiples
acteurs et de multiples actions locales ou nationales. Le défi est grand, mais nous
le croyons réalisable.
3 Document de consultation, p. 6
Mémoire sur la réussite éducative, automne 2016 Page 5
2) Qui sommes-nous?
La COFAQ (à l’origine OFAQ) est née en 1972 du désir des organismes familiaux de se doter d’une structure démocratique de représentation qui puisse être porte-parole des familles. Depuis ses débuts, elle s’est acharnée à revendiquer une politique familiale globale auprès des instances publiques, en respect de sa mission qui est :
de regrouper, soutenir et représenter ses membres dans un but de promotion et de défense des intérêts de la famille, et ce, afin d’améliorer la qualité de la vie familiale.
Parmi les principes qui ont guidé les actions de la COFAQ depuis sa naissance,
nous pouvons en rappeler quelques-uns :
a) Reconnaissance du rôle social de la famille, dans une politique familiale globale;
b) Reconnaissance du rôle social des parents comme premiers responsables éducatifs des enfants;
c) Responsabilité collective envers les familles. Autant les familles ne sauraient remettre leurs responsabilités entre les mains de l’État, autant les pouvoirs municipaux, les milieux des affaires, du syndicalisme, de l’éducation, des loisirs, de la culture, etc. ne sauraient se décharger de leurs propres responsabilités envers les familles.
Ces principes sont encore et toujours au cœur des interventions de la COFAQ.
Le présent document a été rédigé en collaboration avec différents membres
et partenaires. À la suite de l’annonce de la présente consultation, nous avons fait
appel à ceux-ci afin d’élargir notre champ d’expertise. Plusieurs ont répondu
présents à cette invitation. Les idées présentées ici sont les résultats de la
collaboration de plusieurs secteurs du mouvement communautaire, ce qui dénote
que l’éducation est au cœur de l’action communautaire.
Mémoire sur la réussite éducative, automne 2016 Page 6
3) Nos organismes partenaires
Centre d’initiatives pour le développement communautaire (Centre Unité)
Le Centre l’Unité est un organisme sans but
lucratif qui œuvre auprès des jeunes
laurentiens et leur famille depuis plus de vingt
ans. La mission du Centre l’Unité est
d’intervenir dans des écoles, des espaces
publics et d’autres lieux de rassemblement, auprès d’enfants des jeunes issus de
différentes communautés culturelles, ainsi que leurs parents, afin de leur permettre
de tisser des liens de solidarité et d’avoir une participation sociale plus active.
Nous allons directement vers les gens, dans leurs milieux de vie, afin de pouvoir
mieux les épauler. Nous avons développé différents programmes comme la Cour
d’école et parapluie, la Maison des jeunes 9-12ans et Mieux s’ancrer à St-Laurent.
Centre québécois de ressources en petite enfance (CQRPE)
Le Centre québécois de ressources à la petite enfance
est un organisme sans but lucratif créé en 1981 par des
parents. Aujourd’hui encore, il place le bien-être du petit
au cœur de toutes ses actions. Les objectifs du CQRPE
sont de valoriser et soutenir les parents; recueillir et
diffuser l’information relative à la petite enfance;
conceptualiser, réaliser et offrir de la formation auprès
des parents et des intervenants de la petite enfance et
enfin de favoriser le développement et la concertation.
Club Intergénération la Petite-Patrie (CLIPP)
La mission de l’organisme est d’organiser des activités éducatives tout en créant des liens entre les différentes générations. Le CLIPP coordonne des services d’aide aux devoirs dans 13 écoles des quartiers Rosemont-Petite-Patrie et Villeray. Pour réaliser ses services d’aide aux devoirs, le CLIPP engage des parents et des grands-parents dans le but de leur permettre de s’impliquer dans les écoles. Les services d’aide aux devoirs ont pour objectifs de favoriser la réussite scolaire des enfants,
d’améliorer leur autonomie et leur motivation scolaire.
Mémoire sur la réussite éducative, automne 2016 Page 7
Institut de Formation et d’Aide Communautaire à l’Enfant et à la Famille
(IFACEF)
L’IFACEF est une équipe
multidisciplinaire travaillant ensemble
depuis 1983. L’Institut de Formation et
d’Aide communautaire à l’Enfant et à la
Famille est un organisme qui s’est
donné comme tâche d’assister les
familles en difficulté. L’IFACEF peut
vous aider à voir clair et à faire face aux moments les plus difficiles. L’IFACEF offre
également une série de formations post-graduées à l’intention des divers
intervenants des sciences humaines soucieux de parfaire leur formation et
d’affiner leur pratique.
Maison des parents du Québec
La Maison des Parents évolue depuis 30
ans et comme les familles et la société, des
transformations majeures se sont produites
au fil du temps. Les parents se retrouvent
de plus en plus seuls face à des problèmes
reliés à l’éducation des enfants et se sentent
souvent perdus devant la somme
d’informations qui est prêchée dans les livres et sur Internet. Mais qu’en est-il
vraiment dans la réalité? L’information est-elle réellement pertinente? Devant cette
montagne d’information, la Maison des Parents désire, dans un contexte
d’échange et de partage entre les familles, départager le vrai du faux et les
accompagner dans leur propre réalité.
Service d'aide communautaire Anjou (SAC-Anjou)
La SAC Anjou accueille et aide les personnes
démunies et en difficultés. Il agit par l’action
collective, le bénévolat et l’éducation populaire. Il
implique les gens de la communauté et favorise
leur prise en charge. Il met sur pied et opère des
programmes et des activités qui s’adressent à des
jeunes, des adolescents, des hommes, des femmes, des personnes âgées et des
familles. Il existe pour améliorer la qualité de vie et de relation entre les citoyens
par la dynamique de son action communautaire.
Mémoire sur la réussite éducative, automne 2016 Page 8
4) Consultation
La présente consultation proposée par le gouvernement du Québec s’inscrit
directement dans les préoccupations historiques des Québécois envers
l’éducation. L’éducation n’est pas un sujet nouveau, et le document de consultation
propose de voir nos questionnements actuels en continuité avec les objectifs
proposés par le rapport Parent en 1963. Plusieurs autres débats plus récents,
comme les États généraux sur l’éducation, en 1995-96, ou encore au Groupe
d’action sur la persévérance scolaire et la réussite scolaire, mis sur pied en 2009,
ont alimenté amplement les discussions. Cependant, le ministre propose un
changement important, celui de passer de l’accès à l’éducation pour tous à la
réussite éducative pour tous.
Force est de constater que, grâce à des années de luttes et de réformes,
nous avons désormais accès à l’éducation. Cela dit, l’accès à la réussite éducative
est un tout autre combat. Certaines personnes pourraient y voir une absence de
renouveau, du déjà-vu. Pour notre part, nous ne croyons pas nécessaire de
réinventer la roue, mais plutôt mettre l’épaule à la roue à ce vaste chantier.
La consultation proposée par le ministre de l’Éducation s’articule autour des
trois axes développés à travers des sous-thèmes et des propositions concrètes.
Le ministre demande, par la même occasion, de lui dire si ces pistes sont
pertinentes, de trouver des moyens de réaliser et de suggérer d’autres actions
efficaces. Les axes choisis sont :
1. L’atteinte du plein potentiel de tous les élèves
2. Un contexte propice au développement, à l’apprentissage et à la réussite
3. Des acteurs et des partenaires mobilisés autour de la réussite
D’autre part, le ministre de la Famille, dans le cadre du Comité consultatif
Famille (CCF) du ministère de la Famille auquel participe la COFAQ, souhaitait
que le CCF se penche sur quelques questions relatives à la réussite scolaire.
Voici les questions du ministre :
Comment maintenir et renforcer l’engagement des parents dans le
développement global et le cheminement scolaire de leur(s)
enfant(s)?
Que faire pour valoriser davantage le rôle des parents comme premiers
éducateurs de leur(s) enfant(s)?
Comment assurer une collaboration plus efficace entre les services de
garde éducatifs à l’enfance, l’école et les parents?
Quelle pourrait être la contribution de la communauté à cet égard?
Mémoire sur la réussite éducative, automne 2016 Page 9
En tant qu’organisme communautaire Famille, nous ne pouvons pas mettre
de côté ces questionnements dans notre analyse. Ils constituent une trame de
fond qui est notre raison d’être et que nous souhaitons mettre de l’avant tout au
long de ce mémoire.
Axe 1 L’atteinte du plein potentiel de tous les élèves
Le premier axe s’intéresse au plein potentiel de tous les élèves. Dans le
cahier de consultation proposé par le ministre, nous pouvons identifier des mots
clés qui définissent cet enjeu : transition, passation, complémentarité, concertation
et intégration. À ces mots clés, nous désirons ajouter celui de partenariat, car au-
delà de l’école elle-même, il y a des parents, des organismes communautaires et
diverses ressources qui sont prêtes à accompagner nos jeunes sur le chemin de
la réussite.
Tous ces mots nous suggèrent de percevoir l’éducation comme un tout
évoluant dans le temps. C’est aussi à cela que pensent les parents lorsqu’ils
s’interrogent sur l’éducation de leur(s) enfant(s). Si notre société se veut de plus
en plus une société d’apprentissage continu, il faut également demander à l’école
de proposer un continuum entre la petite enfance et l’âge adulte. Cette continuité
doit exister à travers les différents sous-thèmes proposés de cet axe auxquels
nous désirons apporter quelques idées.
1.1 Une intervention dès la petite enfance
Afin de favoriser l’atteinte du plein potentiel du plus grand nombre d’enfants,
il est important d’entamer un processus éducatif lors des années précédant
l’entrée à l’école. L’Étude longitudinale du développement des enfants du Québec
(ELDEQ), une référence importante sur le développement des enfants au Québec,
tire les conclusions suivantes par rapport aux effets de la fréquentation de la
garderie sur le développement de l’enfant :
Les services de garde éliminent l’écart de maturité scolaire (6 ans),
notamment chez les enfants dont les mères sont moins scolarisées.
La fréquentation de services de garde réduit les écarts de performance
scolaire à long terme entre les familles défavorisées et les familles non
défavorisées.
Mémoire sur la réussite éducative, automne 2016 Page 10
L’accès aux services en centre de la petite enfance élimine les écarts de
performance scolaire à long terme entre les familles défavorisées et les
familles non défavorisées.4
L’intervention précoce auprès des enfants semble faire l’unanimité. Une
première action significative qui devrait guider nos élus serait, dans un premier
temps, de cesser toutes coupes budgétaires dans les services à la petite enfance.
Les coupes vécues dans les années récentes ont fragilisé les services aux plus
jeunes et créé de l’incertitude chez le personnel. Il est temps de prendre une
direction claire quant aux services à la petite enfance.
Proposition 1
Que l’on mette fin aux coupes dans les services à la petite enfance au Québec et
se donner une stratégie claire pour renforcer ces services.
Parmi les pistes d’actions suggérées, il y a une insistance à vouloir
renforcer les activités d’éveil à la lecture, à l’écriture et aux mathématiques
pendant la petite enfance. Les organismes communautaires sont bien présents
dans les activités liées au développement des activités de lecture. Au cours des
ans, les organismes communautaires ont déployé de nombreuses activités de
stimulations des jeunes. Ces activités sont souvent issues de partenariat avec les
écoles et les commissions scolaires. Les universitaires interviennent aussi par des
activités de transferts de connaissances auprès des intervenants.
La qualité de ces interventions dépend aussi de la qualité du partenariat
entre les différentes institutions et des relations avec les parents. Des
représentants de groupe communautaire nous ont mentionné la bonne réceptivité
des écoles vis-à-vis le travail des OCF. Ceux-ci agissent en complémentarité avec
le milieu scolaire. Ils n’interviennent pas dans le programme d’enseignement qui
est dévolu à l’école elle-même. Les OCF agissent en complémentarité avec les
écoles, pour stimuler les jeunes, et leur offrir des opportunités de socialisation.
Malheureusement, nous constatons que les services de garde sont moins
réceptifs à ce type de collaboration. Plusieurs intervenants ont souligné que la
collaboration est plus facile avec les écoles qu’avec les services de garde.
Pourtant les problèmes vécus dans un quartier se répercutent autant dans les
services de garde que dans les écoles. Nous souhaitons que les services de garde
soient plus ouverts envers les OCF.
Proposition 2
Que les services de garde soient plus sensibilisés à l’appui qu’ils peuvent obtenir
des OCF et développent des partenariats avec ceux-ci.
4 http://www.fondationchagnon.org/media/124460/compte-rendu-acfas-20-ans-eldeq_vf_sept-2016.pdf, p8
Mémoire sur la réussite éducative, automne 2016 Page 11
Les interventions dans les milieux défavorisés sont mises de l’avant depuis
plusieurs années avec les maternelles 4 ans. L’année scolaire qui a débuté en
septembre a vu ce réseau s’agrandir avec l’ajout d’une centaine de classes5. Le
rapport Productivité et prospérité au Québec6 nous rappelle qu’en additionnant les
enfants qui fréquentent les maternelles 4 ans aux enfants qui fréquentent les
services de garde régis, où il existe des programmes éducatifs, 76 % des enfants
fréquentent un milieu éducatif et 24 % sont hors du système éducatif. Pourtant,
« dans bon nombre de pays de l’OCDE, la quasi-totalité des enfants est scolarisée
à l’âge de 4 ans – que ce soit à travers les jardins d’enfants ou la maternelle. »
Les auteurs suggèrent de prioriser ces enfants afin de les rejoindre et favoriser
leur développement.
Il semble tentant d’élargir les maternelles 4 ans à l’ensemble des enfants
de cet âge. Elles existent depuis un certain temps et il serait pertinent d’accroître
les interventions dans les milieux moins favorisés qui aussi ceux qui sont les plus
réfractaires aux services de garde. Cependant nous croyons en une approche
progressive où les milieux défavorisés seraient ciblés. Des intervenants et des
professionnels ont fait remarquer que l’approche « code postal » pour délimiter les
milieux défavorisés est peut-être trop simpliste. De plus nous croyons en un
processus d’évaluation qui permettrait de juger des résultats et d’ajuster les
pratiques.
Proposition 3
Que l’on poursuive le développement des maternelles 4 ans dans les milieux
défavorisés en ayant comme objectif de rejoindre les jeunes qui ne sont pas en
services de garde, en s’assurant d’évaluer l’efficacité de ces classes et en ciblant
les milieux défavorisés de façon moins mécanique.
Dans la recherche de la réussite pour tous, nous avons mentionné que nous
souhaitons voir plus de partenariats où les services de garde, les écoles et les
organismes communautaires puissent interagir de façon efficace. Ajoutons à cette
liste de partenaires les parents. Il faut rappeler que les parents sont au cœur du
processus éducatif de leurs enfants et cela même quand ceux-ci ont certaines
lacunes ou déficiences dans leurs habiletés parentales.
5 Annonce faite le 6 juin. :http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/education/201606/06/01-4989048-100-nouvelles-classes-de-maternelle-4-ans-en-septembre.php 6 Productivité et prospérité au Québec - Bilan 2015. Auteurs. Jonathan Deslauriers. Robert Gagné. Jonathan Paré. Centre sur la productivité et la prospérité. Disponible ici : http://cpp.hec.ca/wp-content/uploads/2016/01/PP_2015_01_BILAN.pdf, pp 51-52.
Mémoire sur la réussite éducative, automne 2016 Page 12
Les parents sont des éducateurs et doivent être considérés comme des
partenaires auprès des institutions, les services de garde et l’école. Il arrive parfois
que leurs habiletés parentales soient limitées pour toutes sortes de raisons. Il faut
alors les soutenir et le milieu communautaire a fait sa part pour outiller les parents.
Dans une approche globale de la réussite éducative, le soutien aux parents est un
soutien à l’éducation des jeunes. Les organismes communautaires agissent
souvent comme intermédiaire entre les services de garde ou l’école et les parents.
Pendant le parcours éducatif, les jeunes vivent des périodes de transitions
souvent stressantes. Qui mieux que les parents pourraient agir pour soutenir les
jeunes. Ils sont les mieux placés pour être les agents d’informations auprès de
leurs enfants, mais aussi auprès des nouveaux éducateurs. Il faut les nourrir des
informations pertinentes et les aider dans leur rôle parental. Il serait souhaitable
que tous les parents puissent avoir accès à un soutien adapté à leurs besoins.
Proposition 4
Que soit reconnu l’apport des parents comme les premiers éducateurs des
enfants, qu’ils soient considérés comme des partenaires à part entière des
services éducatifs et que soient soutenus ceux qui ont des ma dans leurs habiletés
parentales.
1.2 Une réponse adaptée aux élèves ayant des besoins particuliers
Plusieurs élèves ont des besoins particuliers et l’on ne peut que déplorer
les coupes récentes dans les services éducatifs qui ont fragilisé cette clientèle.
Les élèves ayant des besoins particuliers doivent être soutenus souvent sur une
longue période. On ne peut les abandonner en cours de route. Nous souhaitons
que le gouvernement s’engage à penser ses programmes dans un esprit de
continuité auprès des clientèles particulières.
Le processus d’intervention commence avec le dépistage des besoins
particuliers qui, idéalement, doit se faire de façon précoce. Les services de garde
et les écoles primaires sont évidemment sensibles à cette question. Cependant, il
faut aussi s’inquiéter de la course au diagnostic et de la surmédicalisation des
problèmes particulièrement dans un contexte où les services pour corriger les
problèmes ne sont pas à la hauteur des besoins actuels.
Proposition 5
Que nos décideurs soient attentifs aux questions de surdiagnostic et
surmédicalisation des problèmes de santé ou même sociaux en particulier en ce
qui concerne les jeunes en milieu scolaire ou préscolaire.
Mémoire sur la réussite éducative, automne 2016 Page 13
Dans notre société, nous investissons beaucoup dans le traitement des
problèmes reconnus. Si nous devons lutter contre les facteurs de risques ou de
vulnérabilité, il serait pertinent d’investir aussi dans les facteurs de prévention. Les
diagnostics ouvrent la porte aux interventions et aux services, mais nous devrions
aussi mettre des argents dans les actions préventives. Nous croyons que les
organismes communautaires sont plus orientés vers des interventions axées sur
la prévention et qu’ils sont des collaborateurs efficaces autres des services
éducatifs.
Proposition 6
Que le gouvernement soutienne de façon adéquate les organismes
communautaires qui offrent des services de prévention et de support auprès des
parents.
Le gouvernement suggère d’améliorer la complémentarité et la concertation
des actions entre les services de garde éducatifs à l’enfance et le milieu scolaire
au moment de l’entrée à l’école tout en poursuivant le déploiement des maternelles
4 ans notamment pour offrir une réponse adéquate et adaptée aux élèves ayant
des besoins particuliers. Nous ne pouvons que rappeler notre proposition de faire
des parents la meilleure ressource de prévention et d’agent de liaison auprès des
institutions éducatives.
Cette proposition nous interpelle sur le besoin d’assurer une concertation
efficace entre les différents services offerts aux 0-5 ans. Rappelons qu’il y a
présentement une consultation à l’échelle québécoise où les questions reliées à
l’éducation des 0-5 ans sont débattues. Nous suggérons au gouvernement d’être
attentif aux résultats de cette consultation qui apportera sûrement des idées
cohérentes avec les résultats de la consultation actuelle.
Proposition 7
Que le gouvernement soit attentif aux conclusions de la Commission sur
l’éducation à la petite enfance et les intègre aux conclusions qu’il tirera de la
présente consultation.
Mémoire sur la réussite éducative, automne 2016 Page 14
1.3 Un accompagnement tout au long du parcours scolaire
Encore dans le rapport Productivité et prospérité au Québec, les auteurs
soulignent qu’il ne faut pas « oublier de soutenir les parents7. Il faut s’assurer que
les parents soient des éléments participatifs aux différents programmes mis de
l’avant. Les parents mal informés finissent par décrocher de l’école, ce qui n’aide
pas les enfants. Le continuum sur lequel nous insistons entre les différents niveaux
et parcours scolaires doit être soutenu par des transitions stables. Les parents
sont ceux qui peuvent le mieux assurer ces passations.
Pour sa part, le Conseil supérieur de l’éducation (CSE), dans un avis de
2012, invitait 8 « les ministères qui interviennent dans le champ de l’enfance et
leurs partenaires de la société civile à réfléchir à la continuité éducative de la
naissance à l’âge de 8 ans » et « les appelle à mieux coordonner leur action en
faveur des enfants. » Pour cela, il suggère une approche écosystémique sur les
transitions du préscolaire.
Un accompagnement cohérent tout au long du parcours scolaire permet
aux enfants de mieux se développer ou de réduire les anxiétés inhérentes aux
périodes de transition. Nous souhaitons voir les parents assumer ce rôle de mieux
qu’ils peuvent avec l’appui nécessaire des instances. Ce souhait est d’autant plus
pertinent lorsque les élèves présentent des difficultés. Cependant nous savons
aussi qu’il y aura des situations où il faut intervenir autrement.
Proposition 8
Que l’on développe un système de communication entre les établissements lors
des transitions des élèves présentant des défis particuliers. Un exemple de
transition serait le passage du primaire au secondaire. L’objectif étant que le
nouvel établissement soit apte à mettre en place les conditions gagnantes à
l’épanouissement de l’élève avant même que les problèmes surgissent.
Dans bien des cas, les organismes communautaires peuvent jouer un rôle
important auprès des familles. Les nouveaux arrivants, pour prendre un exemple
montréalais, peuvent avoir de la difficulté à comprendre le système scolaire
québécois. Souvent ils se tournent vers les organismes communautaires qui ont
été pour eux des soutiens lors de leur arrivée au pays. Les OCF ont développé
une expertise pertinente dans l’interaction entre les parents et les écoles. Ils se
7 L'animation Passe-Partout a déjà fait ses preuves. Une étude menée en 1993 a établi que 73 p. 100 des enfants dont les parents ont bénéficié de ce programme en 1979 ont obtenu leur diplôme d'études secondaires. Ce pourcentage est plus élevé que celui obtenu pour tous les autres groupes analysés, y compris le groupe témoin constitué d'enfants provenant de milieux très favorisés, http://www.education.gouv.qc.ca/fileadmin/site_web/documents/dpse/formation_jeunes/Passe-Partout_s.pdf, p. 10 8 Mieux accueillir et éduquer les enfants d’âge préscolaire, Une triple question d’accès, de
qualité et de continuité des services sommaire p 4
Mémoire sur la réussite éducative, automne 2016 Page 15
nomment agents de liaison, agents de liaison communautaire ou encore
intervenants communautaires scolaires… Leurs rôles sont variés, mais ils
répondent à des besoins locaux et multiples et permettent d’aller rejoindre et
d’intégrer les parents qui sont plus difficiles à rejoindre pour les milieux
institutionnels.
Proposition 9
Que le gouvernement permette à chaque école qui le désire d’avoir accès à une
intervention de type agent de liaison ou intervenant communautaire scolaire,
réalisée en partenariat avec les organismes communautaires ou de bienfaisance,
car ils apportent une compétence différente et complémentaire.
Proposition 10
Que les services de garde et éducatifs soient plus ouverts aux organismes
communautaires qui peuvent apporter leurs compétences comme agent de liaison
et de transition auprès des parents.
Le gouvernement s’interroge sur la possibilité d’allonger la période de
fréquentation scolaire obligatoire jusqu’à 18 ans ou jusqu’à l’obtention d’une
première qualification. La COFAQ, dans un communiqué de presse publié en juin
dernier, se disait favorable à l’idée de la scolarité obligatoire jusqu’à 18 ans. Dans
un monde ou l’éducation devient un processus continu tout le long de la vie, il
semble aller de soi d’augmenter l’âge de la scolarité obligatoire.
Pour les élèves les plus motivés, cette limite d’âge n’a pas de signification.
L’extension de l’âge de scolarité obligatoire pose surtout problème pour les élèves
moins motivés. De plus, les parents confrontés au décrochage d’un jeune sont très
souvent démunis face à la loi qui semble leur enlever le droit de parole auprès de
leur(s) enfant(s).
Cependant les réactions des membres consultés ne sont pas unanimes. Il
ne suffit pas d’étirer la sauce de la scolarité pour s’imaginer que tous réussiront. Il
faut améliorer les parcours scolaires et les adapter aux jeunes qui à l’adolescence
se détournent de l’école. Il y a toute une culture éducationnelle à changer avant
de faire de l’extension de l’âge de la scolarité obligatoire un élément positif de
notre système éducatif. Avant de proclamer un principe souhaitable, nous croyons
qu’il serait utile d’améliorer d’abord les services.
Mémoire sur la réussite éducative, automne 2016 Page 16
Proposition 11
Que le gouvernement s’engage dans l’amélioration des services éducatifs pour les
16-18 ans et un meilleur soutien aux jeunes décrocheurs ou en voie de décrocher
avant de modifier l’âge de scolarité obligatoire.
1.4 La qualité de l’enseignement et des pratiques pédagogiques
La réussite éducative s’inscrit dans un monde où l’éducation se réalisera
sur toute la durée de vie. La formation des enseignants devrait suivre la même
tendance. On doit s’interroger sur la façon dont le gouvernement va intégrer ces
formations dans son cadre institutionnel.
D’autre part, le gouvernement suggère de reconnaître l’autonomie des
enseignants et la valorisation des pratiques innovantes. Récemment les médias
ont fait état de certaines de ces pratiques qui semblent porter ses fruits auprès des
jeunes9. Les pratiques innovantes existent. Il faut les faire connaître auprès des
enseignants et des directions. Les parents se doivent aussi d’être informés de ce
qui se fait de mieux pour ensuite assurer une ressource importante pour leur(s)
enfant(s). Il appartient au ministère de l’Éducation de favoriser cette diffusion de
l’information et de trouver un lieu de diffusion accessible à tous.
Proposition 12
Que le gouvernement, de concert avec les commissions scolaires et les écoles
fassent connaître les bonnes pratiques et les réussites éducatives auprès de
l’ensemble des éducateurs, mais aussi auprès des parents.
Axe 2 Un contexte propice au développement, à l’apprentissage et à la
réussite
Le second axe s’intéresse au contexte d’apprentissage dans lequel se
développent les enfants. Le lieu dans lequel ils évoluent, la stabilité qui leur est
offerte et les outils avec lesquels ils ont la chance de se développer sont, chacun
à leur manière, d’importants déterminants dans leur réussite éducative.
Les sous-thèmes de ce deuxième axe nous orientent vers les mots clés
suivants : préparation, intégration, passation et compétences.
9 http://ici.radio-canada.ca/regions/Montreal/2016/10/21/001-ecole-pierre-de-coubertin-montreal-nord-faire-bouger-eleves-8-heures-semaine.shtml, http://ici.radio-canada.ca/regions/Montreal/2016/10/24/002-tablette-ecole-ecole-primaire-arpege-ipad.shtml
Mémoire sur la réussite éducative, automne 2016 Page 17
2.1 L’importance de la littératie et la numératie
Savoir lire et écrire dans différents contextes est un atout important pour la
réussite éducative du plus grand nombre d’élèves. De plus, les apprentissages en
lecture, en écriture et en calcul doivent se maintenir tout au long de la vie.
Le premier outil dans le développement des compétences en littératie est
selon nos membres, l’accès aux livres principalement à travers la bibliothèque de
l’école. Les organismes communautaires ont œuvré de façon continue depuis de
nombreuses années afin de soutenir les parents et les écoles dans l’apprentissage
de la lecture. (Activités de lecture intergénérationnelles, don de livres, petite
bibliothèque publique accessible à tous…) Nous nous félicitons de ces actions qui
contribuent à créer un monde de lecteurs et lectrices.
Cependant, nous constatons que chez les personnes plus âgées, le
problème de l’analphabétisme perdure malgré les actions menées pour y
remédier. Pour ces personnes, apprendre à lire ou à améliorer ses compétences
en lecture est moins une question d’investissement dans des compétences
lucratives qu’un besoin de développement personnel et d’estime de soi. Plusieurs
groupes en éducation populaire offrent des formations pour ces personnes et nous
souhaitons que nos aînés ne soient pas oubliés.
Proposition 13
Que les services offerts aux ainés ayant des lacunes en littératie et en numératie
soient maintenus et appuyés.
2.2 L’univers des compétences du 21e siècle et la place grandissante du
numérique
Le gouvernement suggère de mieux intégrer les compétences du 21e siècle
dans les programmes d’étude ou encore d’intégrer de façon optimale les
technologies et les ressources éducatives numériques qui sont des outils
incontournables dans notre monde, mais qui comportent des dangers.
Il est fondamental de favoriser l’intégration des outils numériques dans un
contexte du développement des compétences et de la réussite éducative.
Toutefois, le numérique n’est qu’un outil et non pas une fin en soi. Autrement dit,
apprendre est un processus qui va bien au-delà de l’accès à ces outils. D’autre
part, les outils numériques s’introduisent dans l’univers éducatif indirectement par
les cellulaires et les réseaux sociaux. Nous avons eu des exemples navrants
d’utilisation de ces réseaux qui ont mené à de l’intimidation. Le gouvernement a
réagi en nommant un ministre responsable de la lutte à l’intimidation. Nous devons
poursuivre dans cette orientation.
Mémoire sur la réussite éducative, automne 2016 Page 18
Proposition 14
Que le gouvernement poursuive sa lutte à l’intimidation dans le réseau scolaire et
qu’il favorise l’apprentissage des bonnes habitudes d’utilisation des outils
numériques dans les écoles.
Plusieurs personnes ont remis en question l’introduction des tableaux
blancs pour son improvisation ou le manque de formation des enseignants. Nos
membres s’interrogent également sur l’utilisation que l’on fait de ces outils. Il serait
nécessaire de mieux comprendre vers où le gouvernement veut s’aventurer dans
l’univers numérique. Nous croyons qu’il faut une politique claire tout en laissant
aux écoles le soin d’introduire ces outils à leur rythme.
Proposition 15
Que le gouvernement propose une politique claire du développement des outils
numériques au sein des écoles.
2.3 Une préparation adéquate à la transition au marché du travail ou aux
études supérieures
Encore ici, des enjeux de passation ressurgissent, cette fois-ci pour faciliter
le passage des élèves entre le milieu d’enseignement et le milieu du travail.
Une proposition du gouvernement suggère de rendre obligatoire le cours d’éducation financière au dernier cycle du secondaire. Sans doute serait-il bénéfique pour les jeunes de mieux saisir les tenants et aboutissants des décisions publiques et privées qui ont des répercussions personnelles et collectives. Dans un mémoire portant sur le prochain plan de lutte à la pauvreté, nous avons suggéré que, dans le parcours scolaire au niveau secondaire, les jeunes puissent être mieux outillés sur la gestion de leurs finances personnelles, la réalité économique d’aujourd’hui et la gestion de leur patrimoine10. Cette proposition est aussi supportée par des personnalités issues du monde des affaires11. Nous réitérons notre intérêt envers ce cours qui devrait s’inscrire au secondaire.
Proposition 16
Que le gouvernement crée un cours d’éducation économique pour les jeunes du
secondaire afin qu’ils puissent être mieux outillés sur la gestion de leur budget et
les réalités économiques contemporaines.
10 Mémoire disponible sur le site de la COFAQ 11 Voir http://blogues.radio-canada.ca/geraldfillion/2015/05/05/quel-cours-deconomie/ questionnement?
Mémoire sur la réussite éducative, automne 2016 Page 19
Si les nouveaux arrivants découvrent un monde souvent différent de celui
où ils ont vécu, il arrive aussi que les Québécois méconnaissent les autres régions
du Québec. Une action envisageable serait de favoriser la mobilité des élèves en
formation professionnelle ou collégiale vers les régions. C’est une proposition
intéressante qui pourrait susciter un nouvel intérêt et une meilleure connaissance
des régions par les villes centres (et l’inverse pour les jeunes des régions). Cette
mobilité devrait être appuyée par des mesures de soutien financier (prêts et
bourses). Il faut s’assurer que le programme de prêts et bourses puisse s’ajuster
rapidement et diffuser les modalités de l’aide.
Proposition 17
Que l’on mette sur pied un programme de mobilité des étudiants en formation
professionnelle ou au collégial vers les régions afin d’améliorer leurs
compétences, mais aussi leurs connaissances des autres réalités québécoises.
Le ministère suggère également d’accélérer le développement, la révision
et l’actualisation des programmes de la formation professionnelle. Dans un
document cité plus haut, l’auteur, en comparant les taux de fréquentation des
formations professionnelles dans différents pays; affirme que le Québec se situe
en bas de classement et que « ces résultats laissent présager que soit la formation
professionnelle au secondaire est peu valorisée et considérée comme de
« l’enseignement de dernière chance », ou alors que « la formation
professionnelle » n’est tout simplement pas accessible aux jeunes de moins de 20
ans.12
Il y a lieu de s’inquiéter de ce constat et se demander si nous n’avons pas
raté l’occasion de développer un secteur important de développement de nos
jeunes. De plus, pour parvenir à la réussite pour tous et d’une éventuelle extension
de l’âge de scolarisation obligatoire à 18 ans, il est clair que la formation
professionnelle sera un élément clé pour y arriver.
Proposition 18
Que les programmes de formation professionnels soient actualisés et que ces
programmes soient mieux connus et reconnus auprès des étudiants et de la
population en générale.
12 Selon le rapport PRODUCTIVITE ET PROSPERITE AU QUEBEC, bilan 2015, p 47
Mémoire sur la réussite éducative, automne 2016 Page 20
2.4 Une école inclusive, forte de sa diversité
Le gouvernement propose de renforcer les services et les interventions à
l’intention des nouveaux arrivants. Aussi, le développement des interventions
ciblées auprès des élèves immigrants les plus vulnérables, notamment les
réfugiés, est souhaitable. À ce propos, l’État peut compter sur les organismes
communautaires qui jouent un rôle important dans l’accueil et le soutien aux
familles nouvellement arrivées. L’expertise existe et un meilleur soutien des
organismes voués aux nouveaux arrivants serait un renfort appréciable.
Proposition 19
Que l’on renforce le partenariat école-famille-communauté dans leur rôle de
soutien des parents de jeunes en difficulté ou à risque.
Au cours des dernières années, le discours autour des accommodements
raisonnables, l’intégration des nouveaux arrivants ou l’immigration en général
semble avoir pris une tournure surtout négative. Or, il ne semble pas exister des
expériences de vie dans les milieux éducatifs très négatives ou conflictuelles.
Dans les écoles de la grande région montréalaise où la majorité des nouveaux
arrivants sont concentrés, la coexistence semble harmonieuse.
La diversité n’est pas nécessairement une problématique, mais plutôt une
réalité vécue. Plusieurs personnes nous ont fait remarquer qu’il est plus important
de répondre aux besoins plutôt qu’aux étiquettes que l’on peut accoler aux
personnes. Une école peut être inclusive et forte de sa diversité. Il serait
souhaitable de favoriser les échanges interculturels et les rencontres entre les
élèves de diverses cultures, et ce à travers tout le Québec.
Proposition 20
Que l’on favorise les échanges interculturels et les rencontres entre les élèves de
diverses cultures, et ce à travers tout le Québec.
Mémoire sur la réussite éducative, automne 2016 Page 21
Axe 3 Des acteurs et des partenaires mobilisés autour de la réussite
Ce troisième axe pose la question de l’importance de la famille pour
l’atteinte de la réussite éducative et du rôle des partenaires pour appuyer cette
réussite. Nous avons dans les axes précédents soulignés l’importance des parents
et du soutien que l’on doit leur apporter. Nous avons également mis de l’avant la
capacité des organismes à répondre à des besoins exprimés par la communauté.
Nous sommes heureux que le document de consultation reconnaisse ces deux
facteurs propices à la réussite éducative.
3.1 L’engagement parental
Pour la COFAQ, les parents sont les premiers responsables de l’éducation
des enfants, et l’État partage une coresponsabilité d’assumer cette éducation. Il
convient de mentionner que les OCF jouent un rôle crucial en faveur de
l’engagement parental; ils constituent le trait d’union entre l’école et les parents,
notamment ceux que l’école ne parvient pas à rejoindre, les parents de jeunes en
difficulté, ayant des besoins spécifiques ou issus de milieux défavorisés. Il est ainsi
primordial que le rôle fondamental des OCF dans le soutien aux parents soit
reconnu par le gouvernement et inscrit nommément dans le cadre de la future
Politique de réussite éducative.
Les OCF accompagnent, sur le long terme, les familles qui en ont besoin.
Cet accompagnement peut se réaliser dans le milieu de vie de la famille ou encore
au sein des OCF qui représentent aussi des milieux de vie pour les parents et les
jeunes. À travers cet accompagnement, les OCF outillent les parents, notamment
ceux dont la culture est éloignée de celle de l’école, afin qu’ils se sentent plus à
l’aise de participer à la réussite éducative de leurs enfants.
Par ailleurs, la COFAQ souhaite attirer l’attention du gouvernement sur le
fait que bien qu’il existe des instances de participation des parents au sein du
système scolaire, celles-ci ne sont pas véritablement accessibles aux parents
moins scolarisés ou issues de l’immigration, dont la participation peut notamment
être entravée par l’exigence en lectures, les horaires de travail atypiques ou
encore la barrière linguistique.
Rappelons l’importance de soutenir l’engagement des parents, le rôle du
milieu communautaire, dont les organismes communautaires de lutte au
décrochage et la nécessité de favoriser la collaboration qui est souvent mise à mal
par manque de moyens.
Mémoire sur la réussite éducative, automne 2016 Page 22
Proposition 21
Que le gouvernement soutienne les actions des organismes communautaires qui
favorisent l’implication des parents dans les écoles et dans le cheminement
scolaire de leur enfant et qu’il permette la réalisation de nouvelles interventions
visant ces objectifs.
Les pistes d’action suggérées dans le document de consultation en ce qui
concerne l’engagement parental nous semblent toutes nécessaires. Cependant
nous aimerions apporter certaines précisions à ces propositions.
Considérant l’importance de reconnaître le rôle des parents comme
premiers éducateurs de leurs enfants et le fait que cette reconnaissance est
menacée par les exhortations, visant surtout les milieux socio-économiques
défavorisés, adressés aux parents, afin qu’ils envoient leurs enfants dans des
services éducatifs, La COFAQ souhaite que la piste d’action « Valoriser davantage
le rôle des parents comme premiers éducateurs de leur enfant » soit modifiée en
faveur de :
Proposition 22
Que l’on reconnaisse le rôle des parents comme premier éducateur de leur enfant.
Considérant l’importance de soutenir l’engagement des parents, le rôle du
milieu communautaire, dont les organismes communautaires de lutte au
décrochage, en ce sens, et la nécessité de favoriser la collaboration qui est
souvent mise à mal par manque de moyens, la COFAQ recommande que la piste
d’action « Assurer une collaboration plus efficace entre les services de garde
éducatifs à l’enfance, l’école et les parents » soit remplacée par :
Proposition 23
Que l’on valorise valoriser la collaboration avec les partenaires qui soutiennent
l’engagement des parents.
Mémoire sur la réussite éducative, automne 2016 Page 23
Considérant qu’il est impossible et non souhaitable de forcer l’engagement
parental, que le milieu scolaire et les partenaires ne peuvent que l’appuyer et que
cet appui doit d’abord être développé par l’ensemble des acteurs concernés, la
proposition « Maintenir et renforcer l’engagement des parents dans le
cheminement scolaire de leur enfant » aurait intérêt à être remplacée par :
Proposition 24
Que l’on développe, maintienne et renforce l’appui aux parents pour qu’ils
s’engagent dans le cheminement scolaire de leur enfant.
Soulignons qu’il serait important de ne pas oublier les pères dans la relation parents-milieux éducatifs. Depuis quelques années, plusieurs groupes ou personnes-ressources demandent d’inclure de façon systématique les pères dans les politiques du gouvernement. Nous avons récemment réaffirmé notre position de la nécessité de mieux soutenir l’engagement des pères au sein de la famille en soulignant que cet engagement a un impact sur l’égalité homme femme. Nous réitérons notre demande d’inclure le volet pères dans l’équation de la réussite éducative.
Proposition 25
Que dans la future stratégie visant la réussite éducative pour tous, les pères soient
considérés comme des éléments positifs et essentiels à sa réalisation.
3.2 L’appui des partenaires et de la communauté
Qu’en est-il du soutien aux parents qui vivent certaines lacunes au niveau
des habiletés parentales? Comment et sur qui le gouvernement s’appuiera-t-il pour
développer ces habiletés? Nous avons déjà souligné que les organismes
communautaires famille répondent présents lorsqu’il faut soutenir les parents. Une
question se pose : est-ce que l’État est prêt à mieux soutenir les OCF qui offrent
des services de renforcement de ces habiletés?
Nous souhaitons que les organismes communautaires qui agissent auprès
des tout-petits et des parents soient mieux soutenus financièrement par le
gouvernement. Les OCF ne peuvent agir seuls, mais ils peuvent jouer un rôle
important. Ils ont une grande qualité, celle d’être proches des personnes qui ont
des besoins particuliers et qui hésitent à aller vers les institutions plus officielles.
Nous réaffirmons l’importance de la proposition 6 sur le soutien aux OCF.
Mémoire sur la réussite éducative, automne 2016 Page 24
Parmi les pistes d’action suggérées, nous pouvons mettre en exergue celle de hisser l’éducation au premier rang des priorités de la société québécoise. Ce projet a été annoncé bien des fois, semble-t-il. Entre autres, dans le Rapport Ménard qui faisait de cette action la première pour augmenter à plus de 80 % le taux de diplomation avant l’âge de 20 ans.
Pourquoi faut-il encore s’interroger sur la façon de parvenir à valoriser l’éducation. Les exemples de réussites québécoises ne sont pas rares du point de vue des entrepreneurs, de nos artistes ou des réalisations sportives. Nous n’avons certes pas à rougir de ces accomplissements. Cependant, il semble que les gens ne les lient pas aux processus d’apprentissage (souvent variés) qui sous-tendent les grandes réalisations et les performances remarquables de Québécois à travers le monde.
Il y a là un échec de notre système éducatif qui ne semble pas reconnaitre ses succès. Nous avons proposé de faire connaitre les bonnes pratiques des écoles dans un but d’émulation. C’est un élément important, mais la réussite éducative devrait aussi être une préoccupation des partenaires de l’école. C’est pourquoi nous proposons que :
Proposition 26
Que les organismes communautaires s’affirment comme partenaires essentiels à
la réussite éducative et s’engagent à faire de celle-ci un élément de leur
engagement dans la société.
Mémoire sur la réussite éducative, automne 2016 Page 25
5) Conclusion
En guise de conclusion, nous proposons aux membres de cette commission
d’ouvrir le débat sur l’éducation vers les questions de la pauvreté et de la
valorisation de la famille qui a été rédigé par le président de la COFAQ.
Lutter contre la pauvreté dans une perspective de valorisation de la famille
Les familles moins favorisées ou issues de l’immigration peuvent se sentir à l’écart
de la culture caractérisant les services éducatifs; les parents sont ainsi
susceptibles d’être réticents à se tourner vers ces services, par crainte d’être
jugés. Les familles des milieux défavorisés ne font souvent pas confiance aux
institutions, tandis que les organismes communautaires, notamment les
organismes communautaires famille (OCF) et les OCLD, parviennent à créer des
liens de confiance avec ces familles.
Plus encore, bien que l’éducation puisse être un moyen pour lutter contre la
pauvreté, le discours visant la scolarisation de plus en plus tôt, surtout pour les
enfants issus de milieux socio-économiques défavorisés, comporte plusieurs
pièges qui doivent être soulevés. Ce discours fait porter la responsabilité à chacun
de lutter contre sa propre pauvreté sans égard aux causes structurelles plus larges
de celle-ci. Il tend aussi à stigmatiser les classes plus économiquement
défavorisées en les exhortant à envoyer leurs enfants dans des milieux de garde.
Nous estimons que le gouvernement devrait plutôt, dans une perspective de lutte
à la pauvreté et d’empowerment, reconnaître les parents à titre de premiers
éducateurs de leur enfant, et leur assurer les conditions de vie leur permettant
d’offrir à leurs enfants la meilleure éducation possible. Les parents devraient être
valorisés pour ce qu’ils font, sentir qu’ils peuvent être soutenus et accompagnés
et faire équipe avec l’ensemble du personnel éducatif. Toute mesure visant le
soutien aux pratiques parentales ainsi que le développement et l’accessibilité à
des services de garde de qualité voient leurs effets grandement limités par les
obstacles auxquels font face les familles défavorisées pour se loger, se nourrir, se
déplacer, etc.
Mémoire sur la réussite éducative, automne 2016 Page 26
Recommandations :
Considérant le manque d’accès à des services éducatifs adaptés aux diverses
réalités des familles, la COFAQ recommande :
Proposition 27
Que le gouvernement assure la mise en place d’une offre diversifiée de services
éducatifs, universellement accessible à l’ensemble des familles – quelle que soit
leur forme.
Considérant que la famille (quelle que soit sa forme) représente le premier milieu
de vie pour l’enfant, que la scolarisation précoce comporte des pièges de
stigmatisation et de responsabilisation individuelle pouvant affecter la confiance et
l’estime des familles en situation de défavorisation et que les bénéfices du soutien
aux pratiques parentales et de l’accessibilité aux services éducatifs sont
indissociables de la lutte à la pauvreté, la COFAQ recommande :
Proposition 28
Que le gouvernement investisse en faveur de l’amélioration des conditions de vie
des familles.
Considérant l’apport particulier du milieu communautaire pour le bien-être des
familles, la COFAQ souhaite :
Proposition 29
Que le gouvernement reconnaisse et inscrive nommément la singularité du milieu
communautaire et son impact sur le bien-être éducatif des enfants avant leur
entrée à l’école, dans la future Politique de réussite éducative.
Mémoire sur la réussite éducative, automne 2016 Page 27
6) Remerciements
La COFAQ tient à remercier les personnes qui ont collaboré à la rédaction de ce
mémoire. En premier lieu, les cosignataires de ce mémoire :
M. Christian Pellerin, directeur du Centre Unité
Mme Katleen Neault, directrice générale du CQRPE
M. Éric Gaïtan, directeur général et Mme Josée Ringuette, directrice adjointe du
CLIPP
M. Jean-Pierre Deschênes, psychoéducateur et psychodramatiste de l’IFACEF
Mme Paule Blain-Clotteau, directrice de la Maison des parents du Québec
M. Jean Christophe Filosa, Président de la COFAQ et représentant du Service
d’Aide communautaire Anjou (SAC Anjou)
Nous remercions également Mme Annie Sansoucy, directrice adjointe du service
des ressources éducatives de la Commission scolaire de la Rivière-du-Nord pour
sa contribution à notre comité de réflexion.
Merci aux autres membres du conseil d’administration de la COFAQ qui soutienne
l’action de notre organisme :
M. Bruno Munganza, du Soutien aux familles réfugiées et immigrantes de l’Estrie;
Mme Franciene Mucci, de la Fédération de la famille Richelieu-Yamaska
Mme Manon Gauthier, de Parents-Secours du Québec
M. Mohammed Barhone, de Repère
Mme Rita Quesnel, de Tel-Écoute
M. Jean-Guy Bourget, du Carrefour de développement social par l’éducation
populaire (CDSEP)
Ce mémoire n’aurait pu exister sans le leadership et la participation de Mme Marie
Simard, directrice générale de la COFAQ
M. Paul Bégin, agent de recherche et de rédaction à la COFAQ en a aussi participé
à la rédaction de ce mémoire et assume l’entièreté des erreurs et coquilles qui
pourraient s’y retrouver.