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Mémoire pour l’obtention du diplôme ES de EDE Communiquer avec un bébé "Quelle est la posture relationnelle de l’EDE dans l’accompagnement d’enfants au stade pré-linguistique ?" Tamborini Fanny Référente thématique : Madame Crettenand Charlotte Ecole Supérieure Domaine Sociale Valais Filière EDE Promotion 2014 Les Evouettes, octobre 2016 Filière Education de l’enfance EDE - ES

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Mémoire pour l’obtention du diplôme ES de EDE

Communiquer avec un bébé

"Quelle est la posture relationnelle de l’EDE dans

l’accompagnement d’enfants au stade pré-linguistique ?"

Tamborini Fanny Référente thématique : Madame Crettenand Charlotte Ecole Supérieure Domaine Sociale Valais Filière EDE – Promotion 2014 Les Evouettes, octobre 2016

Filière Education de l’enfance EDE - ES

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Résumé

Ce travail aborde le thème de la posture relationnelle de l’EDE, qui comprend donc la communication verbale, non verbale et gestuelle dans l’accompagnement d’enfants en âge préverbal. En plus des méthodes de communication de l’EDE, il est important pour le professionnel de connaître le développement préverbal et non verbal de l’enfant afin d’individualiser davantage la relation dans les échanges avec l’enfant. A l’aide de la littérature, de deux concepts pédagogiques et d’entretiens y relatifs, j’expose, dans ce travail, les types de communication, leur utilité, leurs pratiques, ainsi que l’intérêt de la communication gestuelle dans les structures d’accueil. En conclusion, dans les interactions avec l’enfant, chaque EDE a sa propre posture qui est définie par sa manière d’adapter sa communication verbale et non verbale au niveau du développement de l’enfant et à la situation rencontrée. La communication gestuelle peut également être à disposition de l’EDE comme complément.

Mots-clés

Communication verbale – Communication non verbale – Communication gestuelle – Relation enfant-EDE – Développement préverbal

Remerciements

Mes remerciements s’adressent :

- A ma référente thématique, Madame Charlotte Crettenand, qui m’a accompagnée, prodigué des conseils et des remarques pertinentes et qui m’a accordé un temps considérable malgré ses obligations.

- Aux éducatrices de l’enfance qui ont eu la gentillesse d’accepter d’être interviewées.

- Aux équipes éducatives des Meniots et de la Tonkinelle, pour le prêt de leur projet pédagogique qui a servi dans mon travail.

- A Nathalie et Philippe, mes parents, pour la retranscription des entretiens et à Yannick, mon frère, pour la relecture.

Avertissement

« Les opinions émises dans ce document n’engagent que leur auteur, qui atteste que ce document résulte de son propre travail »

Illustration

L’illustration de la page de titre est tirée de : https://www.google.ch/search?q=%C3%A9ducatrice+de+l'enfance&biw=1324&bih=625&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ved=0ahUKEwj57MCsoZnPAhUDChoKHb9JDLEQ_AUIBigB#tbm=isch&q=%C3%A9ducatrice+de+l%27enfance+b%

C3%A9b%C3%A9&imgrc=Z4wWaLaaUBmWZM%3A

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Table des matières

1 Introduction ................................................................................... 1

1.1 Cadre de recherche........................................................................................ 1

1.1.1 Illustration ....................................................................................................... 1

1.1.2 Thématique traitée .......................................................................................... 1

1.1.3 Intérêt présenté pour la recherche .................................................................. 2

1.2 Problématique ................................................................................................ 2

1.2.1 Question de départ ......................................................................................... 2

1.2.2 Précisions, limites posées à la recherche ....................................................... 3

1.2.3 Objectifs de la recherche ................................................................................ 3

1.3 Cadre théorique et/ou contexte professionnel ................................................ 3

1.4 Cadre d’analyse ............................................................................................. 5

1.4.1 Terrain de recherche et échantillon retenu ..................................................... 5

1.4.2 Méthodes de recherche .................................................................................. 5

1.4.3 Méthodes de recueil des données et résultats de l’enquête ........................... 6

2 Développement ............................................................................. 7

2.1 Introduction au traitement des données ......................................................... 7

2.1.1 Présentation globale de la recherche effectuée .............................................. 7

2.1.2 Présentation de la méthodologie d’analyse retenue et annonce du plan retenu ............................................................................................................. 7

2.2 Présentation des données .............................................................................. 7

2.2.1 Du côté de l’enfant : Développement de la communication préverbale .......... 7

2.2.2 Posture relationnelle de l’EDE face à l’enfant d’âge préverbal ..................... 10

3 Conclusion .................................................................................. 25

3.1 Résumé et synthèse des données traitées .................................................. 25

3.2 Analyse et discussion des résultats obtenus ................................................ 26

3.3 Limites du travail .......................................................................................... 28

3.4 Perspectives et pistes d’action professionnelle ............................................ 29

3.5 Remarques finales ....................................................................................... 30

4 Table des références................................................................... 31

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Table des annexes

Annexe I : Grilles d’entretiens vierges

Annexe II : Tableaux de lecture de données et des résultats

Annexe III : Exemple de retranscription (EDE 2)

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1.

1 Introduction

1.1 Cadre de recherche

1.1.1 Illustration

Jessica Delalay, dans son article paru dans la revue petite enfance, nous démontre une situation fréquente et réelle dans notre société :

« Qui n’a jamais été confronté aux pleurs d’un enfant et s’est senti démuni, impuissant face à cette situation ? Que l’on soit professionnel(le)s ou parents, il n’est parfois pas aisé de calmer et de comprendre la situation vécue par un enfant en colère ou en pleurs. » (Delalay, 2012, p.92)

Un sujet actuel, qui touche autant les parents que les professionnels, peut remettre en question nos pratiques et notre posture dans les structures d’accueil. Il ne faut cependant pas oublier que les interactions sont la base de notre travail d’éducatrice de l’enfance, comme l’expliquent bien Paulette Jaquet-Travaglini et Bruno Lomenech (2012) « Communiquer avec un tout-petit fait intervenir notre voix, nos gestes, notre posture, ainsi que notre présence auprès de l’enfant, qui est en pleine acquisition du langage. » (p.11) L’origine de mon questionnement se trouve dans mes expériences professionnelles chez les trotteurs, lors de mon stage de première année, ainsi que dans mes expériences personnelles, à savoir mon intérêt sur le sujet de la communication gestuelle, une approche récente et ludique dans la relation enfant-adulte. Le terrain professionnel est tout autant concerné que le domicile familial, à savoir l’incompréhension des raisons des pleurs, des cris de l’enfant ou quand l’enfant manifeste un besoin. Gilles Julien nous parle de :

« Deux personnalités différentes doivent faire un effort pour se comprendre, même s’il s’agit du parent et de son enfant. La base même de la communication est en jeu. Bien sûr, au début, pour développer une communication efficace, c’est l’adulte qui doit faire les plus grands efforts pour s’assurer de comprendre l’enfant. » (Julien, 2004, p.60-61)

Cela explique que les éducatrices de l’enfance doivent, à leur manière, répondre à la demande de l’enfant en plein développement pré-linguistique, afin d’individualiser davantage la relation dans les échanges avec l’enfant. Paul Watzlawick démontre, avec un de ses axiomes « On ne peut pas ne pas communiquer. », que tout ce que nous disons, que nous ne disons pas, que nous faisons ou que nous ne faisons pas, véhicule un message. C’est pourquoi la communication verbale et non verbale est importante dans les interactions entre l’enfant et l’EDE1.

1.1.2 Thématique traitée

La thématique de ma recherche portera sur la posture relationnelle d’une professionnelle confrontée à la période préverbale d’un enfant, ainsi que sur les aptitudes et comportements d’une EDE ayant pour but d’aider l’enfant ne possédant pas encore les capacités verbales et de répondre à ses besoins.

1 EDE : Educateur/trice de l’enfance. Dans ce travail, cette expression sera simplifiée avec l’acronyme EDE. Par souci de clarté, je n’utiliserai pas le langage épicène dans ce document. Une majorité de femme travaillant auprès des enfants, j’ai ainsi choisi d’utiliser la forme féminine. Toutefois, ce terme concerne également la gente masculine.

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2.

Dans ce travail, seront abordées les questions en relation avec les méthodes utilisées par l’EDE pour interagir avec l’enfant dans le stade pré-linguistique :

- Quelles stratégies utilise le professionnel pour interagir avec l’enfant ?

- Qu’est-ce qui détermine l’accompagnement des professionnels sans les capacités langagières de l’enfant ?

Souvent, face à un enfant qui n’a pas encore acquis les capacités langagières, les situations peuvent susciter une incompréhension chez l’adulte :

- Comment le professionnel réagit-il face à cette incompréhension et se rassure-t-il ?

J’aimerais également aborder la communication gestuelle dans les structures d’accueil, sachant que dans la littérature, cette pratique est vivement encouragée et amène globalement que du positif chez l’enfant. Cependant, cette question pourrait se poser du point de vue du professionnel, contrairement aux livres où les explications sont plus axées sur le rapport de la communication gestuelle du côté de l’enfant et non du côté du professionnel. Des interrogations peuvent ressortir comme :

- Quels sont les enjeux de la communication gestuelle, un outil de communication peu connu et innovant, chez les EDE au sein des structures ?

- Quelle est la place de la communication gestuelle chez les EDE au sein des structures ?

1.1.3 Intérêt présenté pour la recherche

Un aspect traite la relation entre l’enfant et l’adulte, une des bases de notre travail d’éducatrice de l’enfance. J’aimerais ainsi découvrir les méthodes de communication verbale et non verbale que l’EDE a à sa disposition pour entrer en relation avec l’enfant. Ce thème me tient à cœur, car il traite un aspect du sujet qui me touche, à savoir la communication gestuelle. Etant sourde, je connais la langue des signes. J’ai déjà pu la pratiquer sur le terrain et ai lu des articles concernant ce sujet. C’est pourquoi, j’ai décidé d’écrire une partie de mon travail de mémoire sur la communication gestuelle en éclaircissant le point de vue du professionnel, contrairement à ce que nous pouvons voir dans la littérature, qui est principalement axée sur l’enfant. Mon travail pourrait intéresser le champ professionnel travaillant avec des enfants ne parlant pas encore. Ce travail s’interrogera sur la posture du professionnel sur le terrain avec ses attitudes et son comportement dans la pratique, dans la relation enfant-adulte. Ce thème permettra de mettre en lumière ce qui se pratique sur le terrain et de comprendre l’enfant, malgré nos connaissances liées au domaine de l’enfance, sans partir dans des interprétations hasardeuses des pleurs, de la colère ou encore des besoins de l’enfant.

1.2 Problématique

1.2.1 Question de départ

Ma question de départ est la suivante : "Quelle est la posture relationnelle de l’EDE dans l’accompagnement d’enfants au stade pré-linguistique ?". Je traiterai ce thème du point de vue de l’EDE. Je mettrai en avant les divers moyens et outils utilisés par le professionnel dans le domaine de l’enfance. Puis, je parlerai de la communication gestuelle, un nouvel outil arrivé récemment en Suisse. Ce thème sera traité du point de vue psychologique et pédagogique. Ceci sera axé sur les professionnels

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3.

travaillant avec des enfants étant dans le stade pré-linguistique, à savoir le secteur de la nurserie, ainsi que les trotteurs.

1.2.2 Précisions, limites posées à la recherche

A la suite de cette interrogation, ce travail sera axé sur les trois sortes de communication de l’EDE, à savoir la communication verbale, la communication non verbale et la communication gestuelle. Plusieurs pédagogies, notamment celles de Emmi Pikler, Maria Montessori, Ovide Decroly et Erik Erikson, ainsi que quelques outils de travail utilisés par les EDE dans deux nurseries du Chablais valaisan seront abordés, dans ce travail, à travers les interviews. Les deux concepts pédagogiques des structures où travaillent les professionnelles interviewées seront présentés dans ce travail, plus spécifiquement tout ce qui touche au langage verbal et non verbal, ainsi qu’à la communication gestuelle. La communication préverbale de l’enfant sera aussi étudiée dans ce document afin d’avoir une vue d’ensemble sur son développement avant de passer aux outils de communication de l’EDE.

1.2.3 Objectifs de la recherche

Mes objectifs théoriques sont les suivants :

- Définir les interactions enfant-adulte, au moyen de la communication verbale et non verbale.

- Définir le développement préverbal et de ses composantes.

- Expliciter le principe d’accompagnement de l’EDE face au développement préverbal.

- Mettre en évidence la posture du professionnel face au langage préverbal.

- Récolter les informations concernant ce thème en m’appuyant sur des ressources théoriques et pratiques du point de vue :

psychologique, axé sur le développement de l’enfant et les besoins de l’enfant.

pédagogique, orienté sur l’étayage dans le développement et l’acquisition du langage de l’enfant.

Mes objectifs pratiques sont les suivants :

- Expérimenter les interviews.

- Bien gérer le moment de l’interview avec le spécialiste du domaine.

- Orienter les questions afin de définir la posture du professionnel face à un enfant n’ayant pas encore les capacités langagières.

- Evaluer, sous un angle professionnel, la communication gestuelle aux autres moyens et aptitudes existantes avant l’arrivée de cette nouvelle méthode.

- Rester neutre sur le sujet de la communication gestuelle.

1.3 Cadre théorique et/ou contexte professionnel

La notion du développement préverbal est abordée dans ce travail, car nous parlons d’enfants n’ayant pas encore acquis les capacités langagières. Les interactions entre l’enfant et le professionnel sont une des composantes de la relation et une base de notre métier. Pour préciser la notion du contenu des interactions, Carl Rogers nous parle de la compréhension empathique, utile sur le terrain avec des enfants au stade pré-linguistique. Avec cet aspect, le concept d’accompagnement vient se rajouter dans le développement de

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l’enfant. Tous ces éléments vont ainsi nous permettre de définir notre positionnement professionnel dans la posture relationnelle de l’EDE. Les concepts mis en évidence auparavant vont être définis ci-après :

- Le développement préverbal :

« Avant l’apparition des premiers mots, de nombreuses compétences linguistiques sont déjà en place (depuis la naissance). » (C. Roduit, communication personnelle

Présentation Powerpoint, 2015)

« A la naissance, aucun des organes indispensables à la parole n’est fonctionnel. Il faudra encore attendre quelques mois pour qu’ils acquièrent une certaine maturité et que l’appareil servant à la production vocale s’organise. » (Rufo & Schilte, 2014, p.9)

Le développement préverbal de l’enfant sera développé dans le chapitre 2.1.

- Les interactions :

« L’unité minimale des échanges sociaux qui désigne une situation sociale où chacun agit et se comporte en fonction de l’autre. (Durand, 1990, p.172) » (Blanc & Bonnabesse, 2008, p.80)

Les diverses interventions de l’EDE, dans le but de soutenir le développement de l’enfant, influencent la qualité des interactions entre l’enfant et elle-même. Le lien enfant-EDE se construit directement dans les interactions entre ces deux acteurs de la communication. Dès les premiers mois, l’enfant est capable de communiquer avec l’adulte, soit par le verbal, soit par le non verbal. L’EDE se doit d’être en mesure de l’observer et de répondre à ses besoins. Elle ajustera, suite à ses observations, ses attitudes et comportements face à l’enfant.

- La compréhension empathique :

« La compréhension : C’est la facilité que nous avons de percevoir objectivement un phénomène, une chose et surtout, une personne. En d’autres termes, il s’agit de la capacité de retraduire ce qui vient d’être fait ou dit de façon à obtenir l’accord de

tous. … L’empathie : C’est la communication affective avec une autre personne. Elle est à la base de la compréhension interne, profonde, intuitive des autres. » (Rohart, 2008, p. 21-22)

Pour répondre aux demandes de l’enfant, observé lors des interactions, l’EDE éprouve de l’empathie quant à ses besoins. Elle se met à la place de l’enfant et voit les choses selon leur point de vue. La compréhension empathique est primordiale dans les interactions. Sans cette compétence, le lien enfant-EDE est rompu. Cette capacité d’écouter et de se mettre à la place de l’autre fait partie de la communication.

- L’accompagnement :

« L’accompagnement de l’enfant dans un contexte éducatif signifie que l’adulte part de ce que l’enfant « est » et de ce qu’il « fait » pour définir son intervention. L’adulte se place, ni devant l’enfant pour le protéger, ni derrière lui pour le pousser à agir mais bien à côté de lui pour lui offrir le soutien dont il a besoin et mettre en place les conditions nécessaires à son épanouissement. » (Gravel & Tremblay, S.d., Position d’accompagnement)

Dans l’accompagnement de l’enfant, l’EDE doit pouvoir maîtriser les outils de la communication, autant le verbal que le non verbal. L’intervention sur l’enfant est individualisée suite aux observations et aux demandes de l’enfant, exprimés soit verbalement, soit physiquement, à travers le non verbal. L’accompagnement de l’enfant se fait aussi à travers la compréhension empathique, que l’on trouve dans les interactions.

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5.

- Le positionnement professionnel :

« Le positionnement professionnel est un "processus de construction qui permet de se positionner mais aussi d’être positionné dans un environnement défini." (Chamla, 2010) ». (Jouffray, S.d., Posture et accompagnement)

Le travail d’une EDE est d’acquérir un positionnement professionnel, soit d’adapter ses interventions, avec le verbal et le non verbal ainsi qu’avec la communication gestuelle, suivant le contexte dans lequel elle se trouve. Les valeurs personnelles et professionnelles de l’EDE entrent en jeu dans ce positionnement. Elles peuvent avoir une influence sur la communication et les interactions entre l’enfant et elle-même.

Ces concepts sont liés au processus 5 du plan d’études cadre (PEC) : « L’EDE inscrit son action professionnelle dans un contexte social évolutif. Il-elle développe une pratique réflexive permettant un ajustement constant aux diverses circonstances et particularités des situations dans lesquelles il-elle est impliqué-e. » (OrTra S. & SPAS, 2007, p.10)

1.4 Cadre d’analyse

1.4.1 Terrain de recherche et échantillon retenu

Je ciblerai mes recherches dans des champs théoriques, comme la communication verbale et non verbale ainsi que la communication gestuelle, afin de permettre de définir la posture relationnelle de l’EDE face à un enfant ne parlant pas encore. Les cinq concepts théoriques seront abordés et viendront compléter ces trois sortes de communications. Ma recherche va concerner les professionnels en contact avec les enfants ne parlant pas encore, à savoir, le secteur de la nurserie, ainsi que la section des trotteurs. Je ciblerai mes entretiens en fonction de la formation des professionnels travaillant en Valais ou dans le Chablais : une ayant une formation en communication gestuelle et l’autre n’étant pas formée à cet outil. L’échantillon retenu est issu des concepts pédagogiques tirés des deux structures d’accueil mettant en évidence les attitudes de l’EDE sur le terrain.

1.4.2 Méthodes de recherche

Les informations qui seront traitées dans ce travail proviendront de la littérature, au sens large : des livres, des articles de journaux, des sites internet ainsi que des informations tirées dans des concepts pédagogiques de plusieurs structures d’accueil. Mes méthodes de recherches pratiques se basent sur deux interviews : le premier avec une professionnelle formée à la communication gestuelle et le deuxième avec une professionnelle non-formée au concept des signes. Ces entretiens me permettront d’approfondir la théorie trouvée auparavant avec les dires des personnes interviewées. L’approche de mon travail sera qualitative, car ce thème sera orienté vers un fait concret qui est l’individualisation de la relation enfant-EDE et de la posture relationnelle du professionnel à l’aide d’outils concrets de la communication sur le terrain. Mes instruments de recherche seront l’étude documentaire, à savoir les ressources théoriques, des concepts pédagogiques ainsi que l’analyse du contenu, c’est-à-dire coder les résultats des entretiens afin de ressortir les divers outils utilisés, révéler les attitudes et comportements d’une EDE et de déterminer la posture de l’éducatrice dans le stade pré-linguistique de l’enfant.

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6.

1.4.3 Méthodes de recueil des données et résultats de l’enquête

Plusieurs ouvrages s’intéressent à la communication verbale et non verbale de l’EDE, mais peu parlent spécifiquement de ces thèmes. Afin de ressortir les points principaux de cette théorie, j’ai consulté plusieurs livres afin d’avoir une idée globale de mon travail. Une fois que j’ai eu une vue d’ensemble de la théorie trouvée dans ces ouvrages, j’ai établi un plan, qui s’est plusieurs fois modifié durant mon travail. Par définitif, ce travail comprend une première partie axé sur l’enfant : un chapitre sur le développement de la communication préverbale ainsi qu’un chapitre sur la communication non verbale. La deuxième partie est ciblée sur la posture relationnelle de l’EDE avec trois sujets : la communication verbale, la communication non verbale et la communication gestuelle. Dans les parties du langage verbal et non verbal sont présentés de la théorie, ainsi que des pratiques et outils de l’EDE provenant des ouvrages. L’historique, le concept des signes, la relation enfant-EDE sont explicités dans le chapitre de la communication gestuelle. Pour chaque partie, je me suis référée à mes fiches de lectures créées et remplies pour chaque livre lu. Pour certaines précisions, j’ai effectué des lectures et des recherches supplémentaires. Pour continuer mon travail, j’ai pris contact avec deux structures chablaisiennes qui m’ont répondu positivement dans ma recherche de deux EDE dont une formée à la communication gestuelle, lors d’une formation continue « Premiers signes : le langage des signes pour enfants préverbaux », à l’EESP de Lausanne et une non-formée à cette communication. Pour des recherches pratiques, j’ai créé un questionnaire qui servira aux entretiens avec ces deux professionnelles. Les thèmes abordés dans ces entretiens sont les trois sortes de communication. La retranscription de ces deux interviews a été écrite avec l’aide de deux personnes extérieures en raison de ma surdité, m’empêchant ainsi de réécouter les entretiens enregistrés. Toutefois, les « silences » ainsi que les hésitations n’ont pas été pris en compte dans la retranscription. A la suite de ces entretiens, j’ai pu compléter quelques points de ce travail avec des exemples concrets rencontrés dans le quotidien des EDE interviewées. J’ai également créé un tableau avec tous les mots-clés ressortis lors des deux entretiens ainsi que quelques mots-clés provenant des renseignements des livres afin d’avoir une vue globale de la posture relationnelle de l’EDE dans l’accompagnement d’enfants au stade pré-linguistique. En conclusion, afin de compléter mes recherches, j’ai demandé à obtenir les concepts pédagogiques des structures où travaillent les deux professionnelles interviewées, afin de découvrir quelques courants pédagogiques touchant ce thème et faire des liens avec la théorie et les retours des entretiens.

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7.

2 Développement

2.1 Introduction au traitement des données

2.1.1 Présentation globale de la recherche effectuée

Tout d’abord, j’ai effectué des recherches théoriques dans les ouvrages, du point de vue psychologique. Les résultats de cet approfondissement seront présentés tout au long de ce travail. Puis, j’ai élaboré un questionnaire dans le but d’effectuer deux entretiens avec une EDE formée à la communication gestuelle et une non formée à cet outil. En dessous des questions, j’ai mis des mots-clés liés aux résultats de la recherche dans les ouvrages, afin de m’aider durant les interviews et de relancer si besoin est. Ensuite, j’ai pris contact avec deux EDE de deux structures d’accueil du Chablais valaisan. Toutes deux travaillent en nurserie et ont répondu favorablement à ma demande d’interview. Je leur ai soumis les questionnaires, sans les mots-clés pour ne pas les influencer dans leurs réponses. A la fin de ces entretiens, des liens sont mis en avant dans ce chapitre avec la théorie. Les appellations de ces EDE citées dans mon travail seront « EDE 1 » et « EDE 2 », afin de ne pas faire de confusion entre les auteurs des ouvrages et les professionnelles interviewées. Après les entretiens, je leur ai demandé si elles accepteraient de me transmettre leurs concepts pédagogiques, dans le but de faire des liens, sous un angle pédagogique, en plus de la théorie et des entretiens. Les deux ont accepté, avec l’accord de leur équipe éducative, ainsi que de leur responsable pédagogique respective.

2.1.2 Présentation de la méthodologie d’analyse retenue et annonce du plan retenu

Mon travail est divisé en deux parties. Dans la première, je présenterai le développement de la communication préverbale de l’enfant, à savoir la communication préverbale et non verbale afin d’avoir une vue d’ensemble sur le développement de l’enfant et de ses compétences en matière de communication. La deuxième partie sera axée sur la posture relationnelle de l’EDE face à l’enfant d’âge préverbal. Ceci comprendra la communication verbale, avec trois objectifs : la considération pour l’enfant, le développement de son sens des interactions et l’étaiement de son acquisition du langage, ce dernier mettant en avant le langage, le vocabulaire et la voix. La communication non verbale de l’EDE sera également présentée, c’est-à-dire le langage du corps et l’expression faciale. En ce qui concerne la communication verbale et non verbale, seront également mis en évidence les outils et les pratiques de l’EDE. Enfin, la communication gestuelle sera développée sous quatre points : l’historique, le concept, la relation enfant-EDE et ses limites. L’analyse des données s’effectuera entre la théorie, les résultats des entretiens et les courants pédagogiques liés à la communication.

2.2 Présentation des données

2.2.1 Du côté de l’enfant : Développement de la communication préverbale

Tout enfant, dès la naissance, est attiré par ses semblables. Il est aussitôt prêt à entrer en relation, surtout du fait que sa survie en dépend, avec les personnes qui l’entourent, comme

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cela est expliqué dans l’article « Pourquoi et comment le bébé apprend-il à communiquer ? » de Marie Decaen. (2015, p.24) Selon Emmanuelle Seidel (2014), le langage verbal est d’abord inexistant, émergent puis approximatif. L’enfant a recours généralement aux pleurs pour exprimer ses frustrations, besoins et attentes. C’est là que nous parlons de période préverbale lorsque l’enfant dispose de capacités cognitives et psychomotrices élaborées. (p.22) II est important pour une EDE de connaître les étapes de l’acquisition du langage afin d’accompagner et de soutenir au mieux l’enfant dans ses apprentissages. Tout d’abord, nous allons examiner les différentes étapes de la communication chez l’enfant, avant de voir les influences de la posture relationnelle de l’adulte sur le développement de l’enfant. Deux composantes de la communication seront présentées ci-dessous, à savoir la communication verbale, où seront développées les étapes du développement du langage préverbal, et la communication non verbale.

Communication préverbale

L’enfant acquiert, durant les trente premiers mois de sa vie, l’usage de la parole en traversant plusieurs étapes. Cependant, ces étapes varient d’un individu à un autre. Chaque personne suit son rythme personnel et cela ne doit pas être considéré comme un manque de capacités intellectuelles si l’enfant commence à parler vers ses trois ans par exemple. Avant d’entrer dans la période verbal, qui démarre à l’âge d’une année ou deux ans, qui, elle, est composée de trois phases (les holophrases, les premières phrases et la maîtrise des structures syntaxiques), le développement du langage préverbal est composé de sept phases qui se déroulent entre la naissance de l’enfant à ses douze ou vingt-quatre mois environ :

1. Les pleurs indifférenciés : C’est le premier moyen d’expression du nouveau-né. Ce dernier pleure par réflexe. Par exemple, quand il a faim, soif, quand il est inconfortable ou fatigué. Pour cela, le bébé ne possède qu’une manière d’exprimer ses besoins, qui sont les pleurs indifférenciés.

2. Les pleurs différenciés : Petit à petit, le bébé devient capable de raffiner ses émotions. Ses pleurs se précisent selon ses besoins et varient selon l’intensité et la hauteur de ses pleurs.

3. Les gazouillements : Vers deux mois, l’enfant émet des gazouillements qui sont une série de sons relativement aigus et ressemblant à des voyelles. Il produit des sons un peu au hasard, sans une réelle volonté de dire quelque chose.

4. Le babillage : Aux alentours de trois-quatre mois, le jeune enfant aime répéter des syllabes simples comme « pa-pa-pa-pa ». Il aime s’écouter et émet souvent ces petits sons lorsqu’il est seul.

5. Les lallations : Entre six et douze mois, l’enfant réussit, parfois par hasard ou grâce aux efforts, à imiter de plus en plus des mots. Les lallations se définissent comme des imitations imparfaites.

6. L’écholalie : Ce sont des imitations parfaites où le bébé imite consciemment les sons et le prépare à l’étape suivante qui représente la manifestation d’un réel langage verbal.

7. Le jargon expressif : L’enfant apprend à parler et construit son propre vocabulaire. Ce sont souvent des mots qui ne sont pas exacts, mais qui sont compréhensibles pour l’adulte qui s’occupe de lui. (Martin, Poulin & Falardeau, 2009, p.302-303)

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9.

Communication non verbale

Valéria Lumbroso et Eliane Contini expliquent que l’enfant peut utiliser son corps pour se faire comprendre par l’entourage, grâce à son développement moteur, avant de prononcer ses premiers mots. Un système de communication gestuelle est mis en place, comme le pointage, les mimiques faciales, le détournement de tête, afin de faciliter les échanges entre l’enfant et l’adulte. (2010, p.122) Différents moyens de communication non verbale sont utilisés chez l’enfant pour s’exprimer :

1. Les cris et les pleurs : L’enfant émet des sons végétatifs (bâillements, gémissements, soupirs, raclements), cris et pleurs qui montrent son bien-être ou son malaise. (Lumbroso et Contini, 2010, p.23)

2. Le « pointing » : Vers un an, le bébé désigne avec son bras tendu et son doigt pointé, un objet présent dans la pièce. Il fait cela dans le but de communiquer et non forcément d’obtenir l’objet désigné. Le « pointing » lui permet d’être compris et de constater que sa communication ait été efficace en vérifiant si la personne regarde bien ce que le bébé a désigné. (Watillon-Naveau, 2015, p.31)

3. Les gestes conventionnels : L’enfant dit non de la tête, tape dans ses mains pour dire « bravo », ou encore utilise les gestes « au revoir », « dodo », etc. Ces gestes sont utilisés par le bébé pour émettre un message, accompagné ou non de mots ou de pseudo-mots que l’adulte comprend. Il met en œuvre tout son corps pour communiquer avec l’adulte au début mais ces comportements diminuent petit à petit avec l’arrivée du langage. Ces gestes ne disparaissent pas, mais accompagne le langage, comme par exemple « au revoir », « bravo », etc. (Lumbroso et Contini, 2010, p.123)

4. Le détournement de la tête : Il marque, initialement, le rejet et conduira au « non » exprimé par un geste. Si l’adulte ne tient pas compte du message du bébé, ce dernier sera troublé dans la communication puisque son message n’a pas été entendu. (Watillon-Naveau, 2015, p.28-29)

5. La mobilité faciale : "La mobilité faciale innée du bébé se transforme donc progressivement, de façon que ses expressions faciales rencontrent et imitent les expressions faciales de l’adulte et soient ajustées aux situations." Les informations visuelles pour l’enfant sont notamment les sourires, les différents mimiques du visage, les émotions exprimées par l’adulte à travers les expressions faciales. (Lumbroso et Contini, 2010, p.125)

6. L’imitation néonatale : Une forme d’expression faciale émise par le bébé est l’imitation. Les étapes du développement sensori-moteur seront suivies par le développement de l’imitation. Il existe deux utilités de l’imitation : l’imitation pour apprendre et l’imitation pour communiquer. La première dure toute sa vie tandis que la deuxième est utilisée tant que le langage n’est pas assez développé. (Decaen, 2015, p.26)

7. Le regard : Le bébé va rapidement découvrir toutes les fonctionnalités du regard en observant le visage mobile intégré aux émotions de l’adulte. Marie Decaen nous l’explique,

"Un des aspects fondamentaux de la cognition sociale et de la compréhension d’autrui se situe dans cette capacité à donner du sens à la direction du regard interprétée comme un pointage : se tourner vers quelque chose pour en partager l’intérêt avec autrui. Cette expertise dans le traitement du regard et la capacité de poursuite du regard sont d’importants précurseurs de l’acquisition du langage oral" (2015, p.30)

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2.2.2 Posture relationnelle de l’EDE face à l’enfant d’âge préverbal

Comme le disent bien Paulette Jaquet-Travaglini et Bruno Lomenech (2012) "Communiquer avec un tout-petit fait intervenir notre voix, nos gestes, notre posture, ainsi que notre présence auprès de l’enfant, qui est en pleine acquisition du langage. Aucune parole n’est anodine." (p.11). C’est pourquoi, dans son travail, une EDE utilise naturellement autant la communication verbale que la communication non verbale et fait intervenir sa posture relationnelle dans l’accompagnement d’enfants au stade pré-linguistique.

Après avoir présenté le développement de la communication préverbale de l’enfant, je vais vous exposer la partie théorique de la communication verbale, la communication non verbale de l’EDE ainsi qu’un nouvel outil complémentaire à la communication, qu’est la communication gestuelle. Les entretiens seront également rajoutés dans ces sous-chapitres. Deux éducatrices de l’enfance ont accepté de répondre à mes questions. L’EDE non formée à la communication gestuelle est sous l’appellation « EDE 1 » et l’EDE formée à la communication gestuelle sous « EDE 2 ». Quelques points des projets pédagogiques des institutions où travaillent ces deux EDE seront cités dans ce chapitre afin d’effectuer des liens entre les pédagogues, la théorie provenant des ouvrages et les propos ressortis lors des entretiens. Afin de faciliter la lecture des prochains sous-chapitres, le concept pédagogique de la structure où travaille l’EDE 1 sera sous l’appellation « Concept pédagogique 1 » et celui de l’institution de l’EDE 2 sous « Concept pédagogique 2 ».

Communication verbale

Dans le métier d’éducateur/éducatrice de l’enfance, les interactions langagières sont un élément central de ce métier, que ce soit avec les enfants, les parents ou encore avec les collègues de travail. Laurent Filliettaz (2012) dit que "Reconnaître la centralité des interactions langagières dans le quotidien du travail des éducateurs revient à considérer l’accomplissement même de l’interaction comme un outil de travail déterminant dans le champ de la petite enfance." (p.25)

Il relève également que :

"Elles ont pour vocation également de contribuer aux apprentissages, au développement et à la formation des individus qui s’y trouvent engagés. Nous touchons là à des dimensions épistémiques et développementales des interactions verbales, qui ont été abondamment investiguées par les théories socio-culturelles de l’apprentissage." (2012, p.22)

Dans ce chapitre, trois grandes parties seront développées, notamment sur la considération de l’enfant par l’EDE (le respect de ses besoins, la verbalisation de ses émotions, etc.), le développement du sens des interactions (l’imitation, le tour de parole, etc.) et l’étayage de l’acquisition du langage de l’enfant.

Par considération pour l’enfant

Dans le livre de « Bébé en services éducatifs » de Jocelyn Martin, Céline Poulin et d’Isabelle Falardeau, il est expliqué qu’il est important de parler au bébé. Tout d’abord, l’éducatrice avertit le bébé ce qu’il va lui arriver dans les prochaines minutes, nomme et explique les gestes que l’on fait sur le bébé. Ensuite, elle nomme, décrit les sensations du bébé, ses découvertes et réalisations et enfin, elle met des mots sur ce que ressent l’enfant et sur ce que le professionnel ressent à cet endroit. (2009, p.74-75)

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Dans ce livre ci-dessus, ces trois auteurs disent aussi que : "Les jeunes enfants sont très réceptifs aux paroles prononcées dans leur entourage, il faut donc satisfaire leur soif d’apprendre en décrivant les gestes qui les concernent ou qui semblent les intéresser, en verbalisant ce qu’on ressent ou ce que le bébé semble ressentir, en nommant les objets qui les intéressent, etc." (2009, p.306)

Le rôle fondamental de l’adulte est donc de s’adapter aux besoins de l’enfant et d’être à son écoute. Spontanément, il verbalise toutes ses actions, ainsi que celles de l’enfant dans des séquences ritualisées comme le repas, les promenades, etc. (Denni-Krichel N., 2014, p.27) La verbalisation est également ressortie lors des interviews. L’EDE 1 précise qu’à la nurserie, elles travaillent avec quelques principes de la pédagogie Lòczy d’Emmi Pikler qui les intéressent, notamment sur la valeur d’une relation affective privilégiée avec l’enfant. Elle explique :

"Et justement, pendant ces moments-là, on met un point d’honneur à mettre des mots sur ce que fait l’enfant, sur ce que lui, il fait, sur ses émotions. Donc, nous allons toujours, quand nous changeons un enfant par exemple, lui dire ce qui va lui arriver, ce que nous allons lui faire, « Cela va être froid. », « Je touche avec la lavette. » « Je vais t’enlever ton pantalon. », « Ah tu souris. », « Tu as l’air d’aimer cela. »."

Le but est vraiment de parler à l’enfant et de mettre des mots sur ce qui passe sur le moment, par exemple, dire « Ah, tu as peur. », quand l’EDE allume le robinet, car cela engendre beaucoup de bruits. La peur est visible sur les yeux de l’enfant. L’EDE 2 confirme ces faits, justement au moment des changes où elle verbalise tous ses faits et gestes. Dans le concept pédagogique 1, la verbalisation ressort en premier lieu. Elle incite à l’enfant à prendre conscience de lui-même, ainsi que de son environnement. Dans son vécu, la verbalisation a un impact important sur la régularité des événements dans le temps, sur la stabilité des situations dans l’espace et dans les soins où l’EDE aide l’enfant à découvrir qui il est, dans quel environnement il se trouve, ce qu’il fait. Elle sert dans un partage verbal entre l’enfant et l’EDE. Dans ces interactions, grâce à la verbalisation, le bébé anticipera les événements et pourra réagir adéquatement selon le contexte. Cela signifie que l’EDE met la parole sur tous les faits et gestes, sur les ressentis et les émotions de l’enfant. Dans l’explication verbale, il peut y avoir également une présentation d’un objet qui va être utilisé pour lui. Par exemple, lors des repas, l’EDE nomme le verre, la cuillère, etc. L’adulte favorise la parole au positif : par exemple, au lieu de dire « Ne cours pas », l’EDE prononce le mot « Marche. ». Parler à l’enfant comme si l’EDE parlerait à un adulte et appeler l’enfant par son prénom fait aussi partie des attitudes du professionnel. Cette dernière se doit aussi d’être attentive sur le langage de l’enfant, par exemple, le langage non

verbal. (Communication personnelle Concept pédagogique, octobre 2012)

Pour développer son sens des interactions

Vers l’âge de quatre ou de cinq mois, le bébé et l’adulte s’engagent dans un dialogue véritable utilisant des mots. Ces deux personnes respectent le tour de parole, ne s’interrompent pas, ne parlent pas en même temps, sauf quand ils rient, quand l’adulte murmure ou chante, ou quand le bébé pleure. Chacun sait qui prend la parole et qui la cède. (Lumbroso et Contini, 2010, p.122) Valéria Lumbroso et Eliane Contini rajoutent également que "Cette structure de la conversation, qui diffère selon les cultures, est une condition nécessaire à l’apparition des premiers mots. C’est à partir de cette structure conversationnelle que le langage se construit au cours des deux années suivantes." (2010, p.122)

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L’EDE 1 rajoute que lorsque l’adulte parle à un tout petit bébé, qui ne parle pas du tout ou qui gazouille à partir de 4-5 mois, elle attend un peu comme si elle lui laisse le temps de répondre. Et fréquemment, quand l’enfant répond, elle lui dit « Mais alors qu’est-ce que tu racontes ? », puis elle attend de nouveau et c’est à ce moment-là que le bébé babille. Cependant, si l’EDE parle non-stop, le bébé ne répond pas. C’est pourquoi il est important de laisser au bébé le temps nécessaire de dire les choses.

Pour étayer son acquisition du langage

Trois éléments centraux dans les interactions verbales seront développés ci-dessous : le langage et le vocabulaire utilisé par les professionnels, ainsi que la voix.

Le langage et le vocabulaire :

Le langage est l’un des instruments éducatif primordial d’une EDE, car il amène à la langue et à l’humanisation de l’enfant. Il est également reconnu comme vecteur relationnel dans la communication avec le jeune enfant. (Jaquet-Travaglini, 2012, p.16) Raymonde Caffari relève que le langage a plusieurs fonctions et accompagne l’enfant en véhiculant de l’empathie. Parler permet à l’adulte de maintenir une centration sans faille sur l’enfant, lui offrant ainsi sécurité et relation véritable. (2012, p.85) Cette dernière précise également que le langage est utilisé comme un outil dans le métier d’EDE. Il permet de tisser du lien et de maintenir une attention constante et individualisée, portée à chaque enfant, afin que ces derniers se sentent reconnus et en sécurité. (2012, p.85) Elle nous dévoile que parler aux enfants est un acte professionnel, c’est-à-dire réfléchi et orienté vers un but. Le langage est clairement un outil professionnel qui permet à l’EDE de soutenir son attention et celle de l’enfant dans les moments partagés et d’aider le jeune enfant à prendre conscience de ce qui lui arrive. (2012, p.90) Par exemple, l’EDE 2 considère le bébé comme une petite personne. Par ce point de vue, elle adapte son vocabulaire vis-à-vis de l’enfant. Cette communication permet justement de créer un lien avec l’enfant. Leur parler aide au développement du langage de l’enfant. Grâce à la communication verbale ou non verbale, l’adulte peut instaurer une relation de confiance et rassurer l’enfant. Si l’enfant se fait mal, l’EDE lui dira « Où tu t’es fait mal ? », « Cela fait mal.» et le prendre dans ses bras. Ces méthodes permettent aussi de répondre aux besoins du bébé. Malgré le fait qu’il ne parle pas encore, c’est l’EDE qui essaiera de communiquer avec lui en lui posant la question « Est-ce que tu as envie de manger ? », etc. Vers 10 mois environ, le bébé est capable de montrer du doigt le biberon ou bien de se dire « Ah, elle a dit manger alors je vais vers les chaises hautes ou bien je vais vers le lavabo. ». Elle conclut avec cette phrase : "Et je trouve aussi que c’est l’aider à grandir de parler avec lui, parce que cela développe plein de choses en lui, au niveau de son intelligence.". Raymonde Caffari-Viallon, Paulette Jaquet-Travaglini et Josiane Baeriswyl (2009) rajoutent qu’il est important pour l’enfant d’être dans un bain de langage dans le but d’évoluer dans les aptitudes à la communication, ainsi que dans son développement en général. Le langage remplit certaines fonctions pour l’adulte comme rester concentré sur la situation. Il a également un rôle de réassurance dans la capacité à maîtriser une situation. Le fait de parler facilite la prise de distance et le maintien d’une relation de type professionnel. Le but est d’ouvrir l’appétit chez l’enfant pour la communication en général et en particulier, la communication verbale. (p.76) Ces trois auteurs nous informent que la qualité du langage de l’adulte dépend de la formation des phrases, de la syntaxe, de la richesse du vocabulaire, des éléments largement

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importants d’un point de vue didactique pour la transmission de la langue. La qualité de l’attention de l’adulte, sur le lien adulte-enfant, ainsi que le style des interactions sont pris compte dans la dimension émotionnelle. Les informations de cette qualité d’attention sont données par la tonalité du discours, la sonorité de la voix, sa modulation et l’intensité du débit. (2009, p.59) Dans le livre « Mais qu’est-ce qu’elles disent ? Etude du langage adressé aux enfants dans une collectivité » (2009), Mesdames Caffari-Viallon, Jaquet-Travaglini et Baeriswyl ont fait des études et ont relevé dans leurs observations que :

"Les éducatrices parlent dans la plupart des cas de manière positive, il est peu fait usage de la négation ; elles le font sous forme de question ou en décrivant et en

interpellant les enfants personnellement. … Cette manière de s’adresser aux enfants et l’emploi du « tu », par exemple, plutôt que du « on », favorisant la prise en considération de l’enfant en tant qu’individu différencié. Le fait de s’adresser aux enfants individuellement plutôt qu’au groupe entier y contribue également." (p.60)

La qualité du vocabulaire et le choix des mots a tout autant son importance dans le langage verbal de l’adulte, comme l’a bien formulé un auteur inconnu (2012) :

"Si bien parler aux bébés et aux jeunes enfants est une nécessité, les noyer de paroles n’auraient pas de sens pour eux est une aberration. Ce qui importe c’est de dire les mots justes et leur offrir un champ lexical riche et varié." (p.5)

Concernant le vocabulaire et le choix des mots de l’EDE, le professeur Marcel Rufo et Christine Schilte (2014) affirment que le mot « non » est l’un des tout premiers mots dont l’enfant comprend le sens. Des expressions comme « regarde » ou « écoute » retiennent toute l’attention du bébé et permettent de mettre des mots sur les choses et les personnes. Non seulement l’enfant acquiert du vocabulaire et s’initie au rythme de la langue, mais également l’enfant comprend, grâce à l’adulte, que tous deux appartiennent à un monde où ils ne sont pas les seuls, en nommant des objets, des personnes, des animaux. (p.14) Lorsque le bébé est âgé de seulement quelques mois, le vocabulaire n’a pas d’importance pour lui. Cependant, les bébés sont avant tout sensibles à la tonalité des mots, à leur musique et aux expressions du visage. (p. 21) La célèbre Françoise Dolto a dit « Tout est langage ». Cette expression démontre que les mots permettent à l’adulte de faire comprendre à l’enfant ce qu’est la réalité. Les mots apportent le sens du présent, du futur et du passé à l’enfant. (p. 27-28) Ce qui est confirmé par les propos de l’EDE 2 : "Alors pour moi, ce serait parler en « je » à l’enfant, d’utiliser donc chez les bébés le vocabulaire simple donc pas parler bébé mais parler quand même un vocabulaire qu’ils sont capables de comprendre." Elle donne comme exemple, des enfants essaient d’interagir ensemble et il arrive, parfois, que certains essaient de se faire des câlins mais vont un peu fort. L’EDE intervient et dit « Non, je ne suis pas d’accord que tu tapes tel et tel. Elle peut également montrer à l’enfant comment faire en nommant ses gestes « On fait un câlin comme ça, ok ? ». L’EDE 1 rajoute "Ça veut dire pour moi qu’on parle à l’enfant comme parler à un adulte avec des mots simples mais sans bêtifier l’enfant." Quand l’adulte parle de lui à un enfant, il utilise le « je » au lieu de dire « elle ». Face à un enfant, l’EDE utilise le « tu ». Par exemple, il est préférable de dire « Coucou, comment vas-tu ? » au lieu de « Coucou, comment va Athéna ? ». Quelques pédagogues cités dans le concept pédagogique 2 sont associés aux dires de ces personnes interviewées. Ils rappellent notamment la pédagogie Lòczy sur l’importance de favoriser la prise de conscience de l’enfant et de son environnement. Ce qui signifie que l’EDE appelle l’enfant par son prénom, verbalise toutes les actions, utilise le « je » et le « tu », utilise un langage et un ton approprié et réconforte l’enfant verbalement et

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physiquement. Elles correspondent également à la verbalisation de Françoise Dolto. Cette pédagogue souligne l’importance de laisser des moments de silence lorsqu’on travaille avec les bébés. Toutefois, il est préférable de choisir les moments où les paroles de l’EDE permettent à l’enfant de se comprendre mieux et de comprendre mieux les autres qui l’entourent. La pédagogie « Aide-moi à faire seul » de Maria Montessori ressort la nécessité d’encourager et de stimuler l’enfant verbalement dans ses expériences. Le thème sur l’importance de l’adaptation à la vie sociale d’Ovide Decroly explique que prévenir l’enfant de ce qui va lui arriver en étant à distance avec cet enfant est possible. Erik Erikson met en avant l’importance de répondre aux besoins et s’intéresse à l’enfant, ce dernier étant dans la

phase orale qui met en jeu la confiance/méfiance. (Communication personnelle Concept

pédagogique, 2013)

La voix :

L’EDE attire l’attention du bébé avec une voix chaleureuse et vivante et fait preuve d’enthousiasme. En faisant cela, elle rend la communication attrayante, amusante et donne ainsi à l’enfant l’envie de communiquer, à sa manière, avec les moyens qui lui sont propres. (Denni-Krichel, 2014, p.27) L’EDE 1 illustre avec un exemple sur la tonalité de la voix :

"Les gens qui parlent fort, cela arrive que nous ayons des parents qui sont très excités. D’ailleurs, je connais une maman qui parle très fort, par exemple, souvent, quand elle rentre, elle commence à parler, puis à nous raconter dans tous les sens. Toute la dynamique du groupe est perturbée et tout le monde commence à crier. C’est vrai qu’on essaie de rester calme et avoir des voix normales plutôt douces mais avec de l’énergie quand même parce que les mous, ce n’est pas bien non plus."

L’EDE 2 soutient le fait que de parler à un enfant comme à un adulte au niveau du ton est essentiel, mais avec un vocabulaire adapté à l’âge de l’enfant. Les composantes du langage sont plus facilement identifiables par le bébé et ce dernier y est très sensible. C’est pourquoi l’adulte a plus de chances de mobiliser l’attention du bébé vers son visage en lui parlant ainsi. (Decaen, 2015, p.30) Bruno Lomenech (2012) prétend que la voix est un instrument fragile relié au psychisme. Elle est l’image de nous-même et nous identifie. Les informations sont composées par la voix portant les mots, les messages et les signalements. Chaque personne a sa propre voix, qui est unique. La voix joue avec la sensibilité, qu’une autre personne peut percevoir grâce au ton et aux modulations qui reflètent nos émotions. Maintes fois dans la journée, nos voix changent suivant l’environnement sonore, l’espace, la proximité avec l’enfant. Elle suit généralement le flux des interactions avec les enfants. (p.12) L’intonation employée a une influence sur la signification de la phrase. Elle peut transmettre une émotion, une opinion ou une attente. Accentuer sur un mot permet de lui donner de l’importance et selon le mot sur lequel on appuie, la signification d’une phrase peut changer. L’accentuation, le volume, l’articulation, la cadence, le rythme, la mélodie, les tics de langage et la respiration sont importants pour la signification d’une phrase. (Delfos, 2007, p.148) L’adulte, parlant à un bébé, utilise une voix plus aigüe que d’habitude, soit une octave au-dessus. Les phrases formulées sont courtes, en faisant des intonations exagérées et finissant souvent par une voix montante comme si l’adulte posait une question. Puis, l’EDE laisse un silence comme si elle attendait une réponse. (Decaen, 2015, p.30)

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Cyril Jost (2012) affirme que les adultes, lorsqu’ils parlent à un bébé, adoptent instinctivement une voix aigüe et allongent les voyelles. En effet, le bébé comprend mieux certaines intentions à partir des seules sonorités produites. (p.98) Les personnes s’occupant des bébés déplacent leur voix vers les aigus et adoptent une certaine lenteur. Ils éprouvent le besoin de répéter les mots autant que les phrases. L’intonation est très marquée, en mettant l’accent sur les mots importants. La tête et le visage de l’adulte sont autant mobiles et appuient le discours de mimiques. (Rufo et Schilte, 2014, p.19-20) Selon ces auteurs (Rufo et Schilte, 2014, p.20),

"Ces conduites d’adaptation permettent au bébé de percevoir de façon optimale ce qu’il entend et de le reproduire au mieux, en fonction de ses possibilités mécaniques d’articulation. La réaction des bébés à cette forme du langage a été étudiée. Le résultat est probant : les bébés adorent qu’on leur parle ainsi."

Pratiques et outils de l’EDE

Certaines pratiques et outils sont proposés dans plusieurs ouvrages. En voici quelques-uns qui pourraient servir dans le travail d’une professionnelle dans le but de favoriser l’accompagnement dans le développement de l’enfant. Cyril Jost nous propose de s’adresser fréquemment à l’enfant, en lui lisant des histoires et en l’aidant à trouver des mots justes afin de favoriser le développement de son langage. Les comptines et les rimes rejoignent évidemment les histoires, même si l’enfant ne comprend pas encore le sens juste des mots utilisés. (2014, p.98) Dans la revue « Langage et laits infantiles », il nous est proposé d’utiliser les livres d’histoires, les imagiers, les chansons, les histoires racontées, dans le but de participer à l’augmentation du vocabulaire du petit enfant. Le fait d’apporter de nouveaux mots va pousser l’enfant à les intégrer à son vocabulaire pour ensuite les utiliser. (2012, p.6) Les notions de jeu et de plaisir sont essentielles, comme les jeux de cache-cache,

d’alternance « à toi, à moi » et les jeux de nourrice basés sur une courte chanson, une

petite histoire, etc., qui se pratiquent à deux, qui sont intégrés par les adultes désirant entrer en contact avec l’enfant malgré le fait qu’il ne parle pas encore. (Denni-Krichel, 2014, p.26) D’autres conseils ont été apportés dans cette revue « Langage et laits infantiles », notamment sur le comportement à adopter concrètement face à un bébé :

"- Considérer le bébé comme un interlocuteur à part entière. - Se laisser guider par lui en lui répondant. - Entrer dans une « conversation » avec un bébé en reprenant son discours (babil) n’est pas parler bébé, mais représente une façon de s’accorder avec lui. - Lui lire des livres, lui nommer des images en les pointant du doigt, lui chanter des chansons. - Nommer les objets de son environnement de manière naturelle. - Nommer les objets que le bébé nous apporte et ceux qui semblent l’intéresser plus particulièrement. - Lui parler de nous et de ce que nous ressentons. - Lui parler de lui et de ce que nous pensons qu’il peut ressentir. - Lui parler de manière individuelle en se mettant à sa hauteur.

… - Parler le plus correctement possible.

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- Lui dire lorsqu’on ne comprend pas ce qu’il a dit, tout en faisant des interprétations (ex : Es-tu en train de me dire que tu voudrais quelque chose ?).

… - Prendre le temps de l’écouter et de s’intéresser à ce qu’il dit." (2012, p.6-7)

Utilisation du langage non verbal

Ce qui différencie l’homme de toutes les autres espèces est le langage parlé. Or, la communication non verbale apparaît plus fiable malgré le fait que nous avons tendance à nous concentrer sur la communication orale. Sur ce fait, l’enfant réagit plus fortement au langage non verbal et a même tendance à ignorer la parole lorsqu’elle ne correspond pas à l’image qui lui est envoyée. Une harmonie entre l’expression verbale et non verbale est nécessaire pour un respect entre interlocuteurs. (Delfos, 2007, p.147) Comme le souligne l’EDE 1, les personnes qui s’occupent de l’enfant doivent s’adapter à sa communication et faire en sorte que l’enfant se sente bien en communiquant, soit par le non verbal, soit par le verbal et de répondre à ses besoins. Elle rajoute que :

"Tout cela aide l’enfant à sentir qu’il est une personne à part entière. Il est dans la collectivité à la crèche mais n’est pas un groupe mais une personne à part entière dans cette collectivité. Chaque enfant est différent, chaque enfant a son langage, ses traits caractéristiques. Et de mettre l’importance sur ce langage verbal et non verbal, c’est faire sentir à l’enfant qu’il est important pour nous et pour chacun, il a sa place là, qu’il fait partie de la société et du groupe."

Nicole Denni-Krichel (2014) relève que la communication permet d’être en contact, de coexister et d’être porteur d’expressivité à travers nos gestes, nos mimiques, nos attitudes, tout ce qui parle de nous. Tout cela transmet volontairement un message. Une attention mutuelle émis par l’autre permet ainsi au petit enfant d’apprendre, de décoder les intentions de son entourage, en passant par la posture, les mimiques et les sons. Petit à petit, l’enfant adopte les procédures de demande, en utilisant le pointage. Par les échanges constants et réciproques avec l’adulte, l’enfant vient gentiment au langage. (p.22) Martine Delfos raconte dans son livre (2007) que :

"Les jeunes enfants réagissent plus fortement à l’expression non verbale et ont même tendance à ignorer les paroles lorsqu’elles ne correspondent pas à l’image qui leur est envoyée. Une bonne préparation mentale est nécessaire pour que l’expression non verbale corresponde aux paroles." (p.147)

Un des objectifs de l’éducatrice est le bien-être de l’enfant, traduit par l’attitude et les gestes. Les gestes, les regards et le tonus se répondent dans le but de créer un dialogue entre les deux partenaires. (Caffari, 2012, p.86) Dans cette partie, nous allons voir le langage du corps, composé des gestes et des mouvements ainsi que la posture et l’attitude de l’EDE, et les expressions faciales par les émotions et le regard.

Langage du corps

Dans toute situation de communication, nous enchaînons à tout moment des mimiques, des postures, des gestes, le toucher et des vocalisations, pour donner des renseignements à l’interlocuteur et au spectateur, sur les sentiments du moment et sur le profil de comportement. (Montagner, 2012, p.187)

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D’après Desmarais (2010) :

"Notre comportement communicatif varie en fonction de la personne qui échange avec nous. Si parfois, nos attitudes communicatives ne sont pas adéquates à l’égard de nos enfants, nous ne devons pas nous reprocher notre manque d’habiletés. En fait, nous réagissons à eux comme à toute autre personne, selon leurs attitudes." (p. 169-170)

Hubert Montagner émet que l’homme transmet des informations par tout son corps et non seulement par l’expression verbale. Une prise de conscience de la part de l’adulte sur cette vérité débauchera sur un changement d’attitude à l’égard des autres et une meilleure connaissance du fonctionnement et de la maîtrise du corps en mouvement. (2012, p.190) Une professionnelle a témoigné, après visionnage d’une vidéo, qu’elle a été plus attentive dans sa posture et à la manière de porter l’enfant, un comportement tout aussi important que le langage verbal. (Caffari-Viallon, Jaquet-Travaglini et Baeriswyl, 2009, p.64) Selon Caffari, Jaquet-Travaglini et Baeriswyl (2009), la qualité des interactions se joue dans la position de l’adulte et de sa posture, tout comme sa manière d’être, tendue ou détendue dans son corps. Pour un enfant, en effet, connaître l’adulte qui s’occupe de lui repose sur le côté prévisible des gestes, des attitudes et des comportements, ainsi que sur la familiarité, notamment le fait que les adultes sont peu nombreux et régulièrement présents. La relation, sur cette base, peut se développer et se différencier. (p.58 et 75) D’autres aspects de la communication non verbale ont été ressortis lors des deux interviews. L’EDE 2 affirme que le toucher en fait aussi partie. Par exemple, lors des changes, l’EDE est délicate, douce dans ses gestes. Selon ses dires, elle rajoute également que les gestes, parfois non identiques à la communication gestuelle, sont fréquents dans le quotidien avec les bébés et sont considérés comme des « réflexes », comme le geste « au revoir » ou encore « viens ». L’EDE 1 s’est rendue compte sur le terrain que tout ce que l’adulte dit et tout ce que l’adulte fait, elle le mime avec des gestes. Par exemple, lors du départ du parent le matin, l’EDE fait un petit signe « au revoir » avec l’enfant, qui, lui, l’imite aussitôt. Les enfants, en général, commencent rapidement à reproduire les mêmes gestes que l’adulte a l’habitude d’utiliser. Elle complète que les EDE utilisent beaucoup le langage non verbal, c’est-à-dire les gestes, à travers les jeux, les chansons. Elle éclaircit ses propos :

"Chaque fois que nous les félicitons pour ce qu’ils font, nous allons faire « bravo », nous tapons des mains. Nous n’allons pas juste dire le mot « bravo ». Nous allons toujours accompagner les choses que nous disons par des gestes. C’est quelque chose qui fait vraiment partie du quotidien, plus marqué chez les bébés."

Expression faciale

Le bébé est en mesure de nous comprendre, car il ressent ce que l’adulte lui dit grâce aux expressions du visage accompagnés de mots et aux mouvements des yeux. Vers l’âge d’un an, le langage dit « réceptif » est bien mis en place et permet ainsi de nombreux échanges entre le bébé et l’adulte. (Rufo et Schilte, 2014, p.14) L’expressivité se retrouve dès les premières interactions entre les adultes et le bébé, qui lui, devient très vite attentif et sensible quant à l’expression des visages qui l’entourent. Nicole Denni-Krichel (2014) l’affirme avec sa citation que "Car parler de nous, de nos émotions, de nos relations à autrui, est antérieur à parler des choses et du monde extérieur, et le premier langage utilisé pour le dire est celui du corps, des gestes et des attitudes." (p.22-23) Un bébé a besoin de médiateurs capables de répondre à ses diverses expressions émotionnelles. C’est pourquoi la présence et la disponibilité d’un adulte est indispensable. Le visage de l’adulte est ce que le bébé préfère explorer : la bouche qui émet des sons ; les

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sourires de l’adulte, ce qui lui permet de l’imiter ; l’étonnement et la recherche de l’empathie de l’adulte sur les grimaces ou les pleurs de l’enfant. (Decaen, 2015, p.27) D’après l’EDE 2, l’expression du visage fait partie intégrante de la communication non verbale :

"Parce que si je dois le gronder et que je dis « Ah non, je ne suis pas d’accord (Expression du visage : froncer les sourcils) ou non, je ne suis pas d’accord (Expression du visage : ne pas froncer les sourcils).». C’est différent pour moi en tout cas et je pense

que l’enfant est très attentif à nos expressions du visage … c’est vrai que des fois quand, par exemple, ils tombent alors peut-être qu’il s’est fait mal ou peut-être qu’il a eu peur. Mais selon comment on réagit, il va peut-être pleurer même s’il n’a pas eu mal donc par contre, si on est là, si on reste peut-être neutre sur nos expressions, il va nous regarder et il va se dire « Ben, c’est bon. ». Et puis, autrement si on dit « Oh ! », il va commencer à pleurer en se disant « Oh mon dieu, je suis vraiment tombé, je me suis fait mal. »."

Elle pense qu’il est important pour l’enfant de voir les expressions du visage de l’adulte, spécialement les quatre émotions de base (joie, colère, tristesse, peur). Elle remarque dans sa pratique, que dès 10 mois, l’enfant peut déjà imiter les expressions faciales. Il ne le fait pas sous le coup de la colère mais dans le but de découvrir ce qu’il est capable de faire avec son visage, par exemple, de froncer les sourcils. Suivant Decaen (2015),

"Souvent, les adultes imitent les émotions de l’enfant pour lui renvoyer l’image de ce qu’il ressent. Ces échanges préparent le bébé à comprendre les intentions des adultes sur le seul aspect de leurs mimiques. La direction du regard est utilisée non seulement pour savoir ce que l’autre regarde, mais aussi pour inférer ce qu’il pense." (p.30)

La construction de l’interprétation de l’orientation du regard se fait au fil des mois. Très vite attiré par le visage mobile intégré aux émotions, le bébé va comprendre les fonctionnalités de cette partie du corps. Ce détecteur de direction va conduire petit à petit à un « détecteur d’intention ». L’acquisition du langage de l’enfant se joue dans cette expertise du traitement du regard et la capacité de poursuite du regard. (Decaen, 2015, p.29-30) Selon Nicole Denni-Krichel, le contact prolongé des regards est très rapidement mis en place, car il est essentiel pour l’adulte du point de vue affectif. Il permet également de recevoir une réponse de la part de l’enfant. Les regards accompagnés de vocalisations et de commentaires verbaux indiquent au bébé que l’attention conjointe est bien partagée entre ces deux personnes. (2014, p.24) L’EDE 1 appuie les propos de Nicole Denni-Krichel :

" Quand un enfant joue, il y a toujours un adulte qui est dans la salle, pas forcément collé à lui. Mais il y a des enfants qui essaient de rechercher, de rassurer, simplement de regarder, puis de voir que l’adulte est toujours présent dans le regard. Pour la communication non verbale, c’est autant des gestes des mains que des émotions dans les yeux. Pour moi, quand un enfant regarde l’adulte et qu’il voit quelqu’un qui a l’air de lui sourire dans les yeux, d’être en confiance, ça met en confiance et ça rassure bien ici parce que ça a beau sembler anodin."

Elle explique qu’avec le regard, l’EDE peut rassurer l’enfant mais il a aussi besoin d’être cadré. De temps en temps, l’enfant doit voir dans les yeux de l’adulte qu’ils ne sont pas corrects dans ce qu’ils font. En disant le mot « non », les yeux accompagnent ce mot. Le ton et le regard sont importants et font que l’enfant comprend vraiment. Si quelqu’un dit « non » avec une voix douce et sans froncer les sourcils, cela n’est plus authentique car le mot ne signifie plus rien.

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Avec les propos précédents, l’EDE 2 complète que le regard permet d’attirer l’attention de l’enfant et amène à un échange entre l’enfant et l’EDE.

Pratiques et outils de l’EDE

Plusieurs outils ou pratiques concernant la communication non verbale de l’EDE ont été énoncés dans plusieurs livres. Nous allons en voir quelques-uns présentés ci-dessous. Le rôle fondamental de l’adulte dans la communication est l’observation. En effet, en observant et en l’écoutant, il apprend comment l’enfant communique et entretient ainsi avec lui une attitude d’invitation à l’échange. L’enfant aura le temps de répondre par des signes corporels tels que les yeux, la bouche, le sourire et le corps dans sa totalité, dans cet échange. L’EDE a aussi la possibilité, à l’aide d’une communication corporelle chaleureuse et vivante, de rendre la communication attrayante et amusante, donnant ainsi à l’enfant l’envie d’échanger avec l’adulte. (Denni-Krichel, 2014, p.27) L’EDE 1 dit :

"J’apprends aussi à observer l’enfant, à le connaître, sa manière de communiquer dans le non verbal. Ainsi, je peux répondre mieux à ses besoins si je l’ai bien observé et si je le connais bien. Et nous pouvons très rapidement voir quand il a sommeil, sur comment il fait, sur la façon dont il se comporte quand il est fatigué, quand il a faim."

Elle l’illustre avec un exemple : Un matin, elle propose à un enfant, un des plus grands du groupe, d’aller dehors, tout simplement en lui montrant la crème solaire. Et à ce moment-là, une illumination surgit sur le visage de cet enfant. Il était vraiment content et a fait tout le tour de la salle pour venir vers elle. Elle n’a pas eu besoin de dire « Viens, on va se préparer. », parce que cet enfant savait exactement où il devait se préparer. Nicole Denni-Krichel continue avec cette citation :

"En effet, la mère ou tout adulte qui la remplace, par sa conduite, va rapidement favoriser l’instauration du dialogue et par là-même permettre à l’enfant la découverte de l’alternance des rôles (ou tours de rôles). L’adulte répond aux faits et gestes de son bébé, comme s’ils étaient porteurs d’une intention de communication." (2014, p.26)

Souvent, nous avons l’impression que la personne avec qui nous parlons ne nous écoute pas, si elle ne nous regarde pas. C’est pourquoi il est important de travailler cet aspect du regard avec le bébé, dès son plus jeune âge. D’autant plus que durant sa première année, l’enfant envoie des signaux non verbaux qui aident l’adulte à comprendre ses besoins. Le fait d’avoir développé cette attitude peut servir à l’adulte dans des moments où il donnera des consignes ou expliquera quelque chose à l’enfant. C’est aussi une excellente habitude à prendre afin de décoder son non-verbal et ainsi faciliter la communication avec l’enfant. (Desmarais, 2010, p.176) La personne qui s’occupe du bébé, lui donne du sens en interprétant en termes de satisfaction ou d’insatisfaction. Elle agira ensuite sur le bébé, selon l’interprétation, de manière à maintenir son état de bien-être ou de le calmer en le nourrissant, en changeant sa couche ou en le berçant. Cependant, il peut y avoir des erreurs de la part de l’adulte au niveau de l’interprétation des mimiques du bébé. Par exemple, il peut penser que l’enfant sourit, alors qu’il est en train de mouvoir les muscles de son visage pour le détendre. (Lumbroso et Contini, 2010, p.125) Une des compétences d’une EDE est l’empathie en lien avec les besoins des bébés, ainsi qu’une grande sensibilité pour comprendre leurs messages non verbaux. (Martin, Poulin et Falardeau, 2009, p.109)

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Selon Decaen, accepter les pleurs de l’enfant et considérer cela comme un élément de leur communication fait partie du travail des professionnels. (2015, p.28) Comme le confirme Cyril Jost (2014), "Répondre rapidement et de manière systématique aux pleurs permet de rassurer un bébé, ce qui réduit la fréquence des pleurs par la suite." (p.79) Il explique également qu’étant donné que les pleurs sont le premier moyen d’expression des bébés, l’adulte dispose d’un ensemble de techniques pour apaiser les pleurs, comme emmailloter le bébé à l’aide d’un tissu, positionner le bébé sur le côté ou sur le ventre, bercer le bébé, etc. (2014, p.78) Le fait de prendre les enfants dans les bras favorise les liens d’attachement de l’enfant, sur le plan affectif. Sur le plan cognitif, cela permet également à l’enfant de mieux comprendre et de décoder les mimiques émotionnelles pour ainsi créer les conditions de la relation et de la communication. (Decaen, 2015, p. 27) L’EDE 1 nous informe que "Les câlins, je pense que simplement prendre dans les bras, de caresser la tête quand un enfant a du chagrin. Il n’y a pas besoin de grandes théories, simplement le geste, il veut tout dire.". La pédagogie Lòczy et la théorie d’Erik Eriskon appuient ces propos en mettant l’accent sur l’importance de réconforter l’enfant non seulement verbalement mais aussi physiquement comme le prendre dans ses bras, lui offrir des câlins. L’enfant sera rassuré sur le fait qu’il ait été entendu et patientera durant un temps jusqu’à que l’EDE réponde à son besoin

correctement. (Communication personnelle Concept pédagogique, 2013) L’importance de la douceur des gestes durant les soins est souligné dans le concept pédagogique 1 et tiré de la pédagogie Lòczy, "car, au-delà, de la simple gentillesse, elle témoigne d’une reconnaissance permanente du fait que l’enfant est sensible à tout ce qui lui est fait et ne peut être manipulé au gré des commodités de l’adulte." (Communication

personnelle Concept pédagogique, 2012)

Communication gestuelle

Historique :

Dans les années 80, Joseph Garcia, un spécialiste de la langue des signes américaine a constaté que les enfants, issus de familles dont au moins un des parents était sourd et qui utilisait la langue des signes, pouvaient communiquer bien plus tôt que leurs camarades issus de familles entendantes. Il a alors décidé de faire découvrir au public les avantages de l’utilisation des signes avec les bébés entendants. (Delalay, 2012, p.92) Parallèlement, Linda Acredolo et Susan Goodwyn, professeures en psychologie du développement de l’Université de Californie, ont démontré que les enfants ne parlant pas encore utilisent spontanément et naturellement des gestes pour communiquer. C’est à ce moment-là que les deux femmes ont développé un ensemble de signes simplifié, adapté à la morphologie et aux capacités des bébés. (Delalay, 2012, p.92) Emmanuelle Seidel (2014) explique que cette une nouvelle mode venue des Etats-Unis connaît un véritable succès et que le concept de « Baby-Signs » prend de l’ampleur en France. Des parents ou encore des professionnels de la petite enfance s’en sont saisis afin de permettre à l’adulte et à l’enfant d’âge préverbal de se faire mieux comprendre, grâce à des gestes associés à la parole. (p.24)

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Concept :

D’après Richelle (1997, cité par Seidel, 2014),

" « Bien avant la maîtrise du langage, le bébé apprend à contrôler les muscles de ses bras et de ses mains : il peut s’en servir pour s’exprimer avec son corps. » (Richelle M. (1997)). Il s’agit alors d’exploiter ses capacités motrices émergentes pour lui donner les moyens d’exprimer ses besoins non verbalement." (p.22-23)

Jessica Delalay nous informe que tous les bébés s’expriment corporellement de manière précoce et spontanée, contrairement à la langue parlée qui demande de nombreux mois d’apprentissages. Le concept des signes s’apprend par imitation vers l’âge de 8-10 mois. (2012, p.93) Par des mouvements simples de la main ayant une signification particulière, l’enfant est en mesure de se faire comprendre par l’adulte en manifestant un besoin avec plus de précision. L’adulte fournit donc à l’enfant des gestes codés pour qu’il puisse s’en servir comme dans le langage parlé. (Seidel, 2014, p.23) Une petite précision a été apportée par l’EDE 2 sur le fait que certains enfants sont preneurs de ce concept et d’autres non. Cependant, l’équipe éducative continue à utiliser ce concept, même si l’enfant a 18 mois et ne désire pas signer, car elle trouve important cette continuité. Ce concept, comme l’explique bien Jessica Delalay (2012), ne pousse en aucun cas l’enfant à acquérir de nouvelles connaissances ou compétences, mais de se mettre à l’écoute de l’enfant, de ses besoins, de ses envies, de ses frustrations. Les signes sont un langage adapté au développement de l’enfant avant l’âge de 15 mois. Ils sont un apport précieux pour soutenir et accompagner le développement de l’enfant. (p.93) Elle nous cite Françoise Gamper, qui a soutenu que la langue des signes permet de développer l’attention, la mémoire, la motricité fine, la coordination, la concentration, etc. (p.96) L’EDE 2 trouve que ce concept stimule aussi au niveau de la motricité. Il est vrai que chez les bébés, cette motricité est moins stimulée mais elle est plus flagrante chez les trotteurs (enfants âgés d’environ 15 mois à deux ans). Les signes permettent également de coordonner ses mains. Au niveau de la concentration, elle est clairement améliorée, du fait que l’EDE et l’enfant doivent prendre le temps de se regarder. Ainsi, l’EDE est plus facilement concentrée sur ce qu’elle fait. L’équipe éducative utilise également les signes dans des chansons, afin d’avoir une continuité de la nurserie aux préscolaires, voire même avec les écoliers. Le concept pédagogique 2 considère cet outil de la communication gestuelle comme un rituel, défini ainsi comme "un accompagnement répétitif et signé, dans tous les moments clés et les moments de transition de la journée de l’enfant ; nos rituels favorisent la sécurité affective ainsi que l’autonomie de l’enfant." Ce qui signifie que les rituels dans les moments de repas, de change, de sieste sont signés par l’EDE, accompagnés des mots correspondant émis verbalement, comme par exemple, « bon appétit », « Le repas est terminé. », « se laver les mains », « viens », « monter/ descendre », « lolette et doudou »,

« changer la couche », etc. (Communication personnelle Concept pédagogique, 2013.) L’adulte associe toujours le geste à la parole. Pour bien utiliser ce concept, il faut être en situation de communication avec lui, favorisant ainsi ses apprentissages de la communication. Ce concept demande naturellement d’être placé devant le bébé, à sa hauteur, pour capter son attention et accentuer toutes les mimiques corporelles. Grâce aux signes, l’enfant peut facilement lire les intentions et les émotions de l’adulte. (Seidel, 2014, p.25)

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Dans le quotidien, les signes accentuent, valorisent et appuient les paroles de l’EDE, comme l’explique bien l’EDE 2. Elle démontre que la communication gestuelle est un complément à la communication verbale et non verbale dû au fait de son incapacité à défaire les signes à la parole, après avoir suivi cette formation.

Relation enfant-EDE :

Valérie Glauser a énuméré plusieurs avantages de l’intégration de la langue des signes en structure d’accueil, notamment sur l’attention donnée à l’enfant, qui aide à la construction du lien entre l’EDE et l’enfant. Ce qui signifie que lorsque l’adulte parle à l’enfant, l’attention n’est pas toujours exclusive, contrairement à l’utilisation des signes qui obligent ces deux personnes à s’arrêter et à prendre le temps nécessaire pour interagir. Rechercher le regard de l’enfant implique une relation yeux dans les yeux. (Delalay, 2012, p.95) Comme l’expliquent Christine Nougarolles et Anaïs Galon, l’adulte utilise des signes enrichis de paroles avec l’enfant et lui offre de quoi capter et centrer son attention, de comprendre mieux ce qu’il lui dit, de multiplier les situations d’échanges entre lui et le bébé, d’être acteur de la communication, etc. (2016, p.52-53) L’EDE 2 a le sentiment que les plus grands de la nurserie comprennent les signes de l’EDE. Elle a cité un exemple : « Lucas, on va manger. ». Cet enfant, une fois qu’il a vu le signe « manger », part se laver les mains. Pourtant, avec certains enfants, attirer leur attention devient plus difficile du fait qu’ils sont concentrés dans leurs jeux. Elle précise : "Alors, on va un peu vers eux, mais des fois, ils sont vraiment dans leur jeu. Et puis, malheureusement, on doit quand même les prendre pour les changer, parce que c’est aussi la réalité de notre quotidien.". Une fois sur la table à langer, l’EDE leur montre le geste à ce moment-là. Elle remarque souvent que l’enfant est plus disponible à l’échange et devient attentif et concentré. Emmanuelle Seidel rajoute que les relations privilégiées de l’enfant, entretenues avec son entourage, sont renforcées par cette méthode. (2014, p.23) L’EDE 2 le confirme :

"Je trouve qu’on a aussi renforcé quand même ce lien avec l’enfant. Parce que comme

on doit prendre le temps de se mettre à sa hauteur, de le regarder, donc ce n’est pas du genre on le regarde comme ça. Donc, le lien s’est renforcé."

Une éducatrice de jeunes enfants a témoigné que "Le projet autour de la communication gestuelle nous a avant tout mobilisés en tant que professionnel(le)s, sur une nouvelle approche de la relation adulte-enfant. L’introduction des signes dans nos échanges avec les

enfants nous amène à individualiser d’avantage sic la relation." Elle explique qu’en effet, il faut prendre le temps d’attirer le regard de l’enfant, ce qui incite à attendre sa réponse. L’observation du langage corporel chez le bébé est ainsi développée et renforcée. L’idée générale de ce concept est de faciliter la communication entre l’adulte et le jeune enfant. Elle relève également que l’adulte est satisfait de pouvoir comprendre facilement l’enfant, se retrouve conforté dans ce qu’il connaît du domaine de l’enfance, sans se perdre dans des interprétations hasardeuses. (Bouhier-Charles, 2014, p. 143-144) Des professionnels ont témoigné que l’utilisation des signes jouerait un rôle dans la prévention des troubles de la relation et des douces violences, qui sont "des instants éphémères où le professionnel n’est plus dans la relation à l’enfant. Brefs instants où l’adulte se laisse « emporter » par un jugement, un à priori, une étiquette, un geste brusque." (Schuhl, 2008, p.13). Cependant, elle accompagnerait surtout de manière significative le développement du langage du jeune enfant. (Nougarolles et Galon, 2016, p.42)

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L’EDE 2 explique que lors de sa formation sur la communication gestuelle, les professeures ont clairement précisé que ce concept ne ralentissait en aucun cas la parole mais au contraire, l’accélérait, la développerait plus rapidement. Elle confirme ces propos :

"Par exemple, on a toujours vu le « bravo, ça fait partie de nos mœurs. … Pour moi, cela ne ralentit pas la parole parce que tu fais « bravo » à l’enfant. Il ne va pas ne pas parler parce qu’on lui fait « bravo ». Et surtout qu’on continue aussi à parler.".

Le fait d’observer l’intelligence se construire et de savoir qu’elle est un des piliers qui contribue à cet épanouissement de l’enfant, conforte l’adulte de la confiance dans son rôle d’accompagnateur. (Bouhier-Charles, 2014, p.30-31) Comme le relate Nathanaëlle Bouhier-Charles (2014),

"Pour les éducateurs, l’intérêt n’est pas négligeable non plus ! Ne pas saisir ce que l’enfant cherche à dire ou pourquoi il pleure peut être très perturbant. Arriver à comprendre les signaux et à y répondre adéquatement rend l’adulte plus sûr et plus confiant dans ses propres capacités. Il se sent plus à même d’accompagner l’enfant dans son développement et ses apprentissages." (p.28)

L’enfant va pouvoir dire à l’adulte, grâce aux signes, tout ce qu’il ressent, indiquer ses besoins, décrire ce qui se passe autour de lui, commenter ses actions, nommer ce qu’il cherche, etc., avec l’utilisation de la communication gestuelle. (Nougarolles et Galon, 2016, p.50) L’EDE 2 relève qu’il y a une réelle compréhension entre sa parole et ses gestes quand elle les montre à l’enfant. En tout cas, l’enfant le démontre clairement puisqu’il signe le mot « manger » quand il a faim. Elle part du principe que l’enfant a compris le signe « manger » étant donné qu’il l’utilise dans un contexte adéquat. Comme le relève Jessica Delalay (2012), entre l’enfant et l’EDE, les signes peuvent servir de passerelle linguistique. Ce concept peut être utilisé auprès d’enfants ayant un handicap mental, des troubles du langage ou autistiques afin de les aider à s’ouvrir à la communication. (p.94) Christine Nougarolles et Anaïs Galon précisent que les professionnel(le)s rencontrent, durant leur carrière, des cas de surdité, des situations de bilinguisme ou encore dans des cas d’handicap. Ce concept de signes accompagnés de paroles peuvent ainsi leur servir que ce soit dans les situations :

- D’échanges avec un jeune enfant sourd ou encore avec des parents sourds.

- De cas de bilinguisme, fréquent dans les structures d’accueil où l’enfant est entre deux langues différentes, c’est-à-dire de percevoir, de comprendre et de reproduire un vocabulaire et une syntaxe très différents. La langue française enrichie de signes peuvent tout simplement permettre à l’adulte et à l’enfant de se comprendre sur des gestes très simples, pour la plupart iconiques, qui veut dire que certains signes ressemblent à l’image réelle de l’objet ou de l’animal (chat, banane, téléphone, etc.).

- D’handicap, sur le plan de la communication orale (autisme, trisomie, etc.). L’apport des signes peut donner des bénéfices à l’enfant, notamment sur la compréhension du discours de la personne en face. L’enfant peut s’exprimer à l’aide des signes, d’autant plus que leurs possibilités expressives sont limitées. (2016, p.56-57)

L’EDE 2 a vécu, dans sa pratique, une situation de bilinguisme et l’atteste :

"Aussi, cela diminue la frustration. Et cela, je l’ai vraiment remarqué avec une petite fille qu’on a eue en nurserie. Alors, elle était déjà de langue étrangère. Et elle a très vite pris comme moyen de communication les gestes pour tout ce qui est manger, boire,

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changer. J’ai l’impression qu’elle essayait de nous montrer à sa manière. Et puis, pour le doudou et la lolette, un peu les trucs de base. Ça lui a permis à elle de nous montrer des fois certaines choses. Et nous, quand on faisait le geste, par exemple, on disait « Tu veux aller au dodo ? », elle prenait son doudou et elle allait vers la salle de sieste."

Limites de la communication gestuelle :

L’EDE 2 a ressorti quelques limites de la communication gestuelle en structure d’accueil : - L’âge de l’enfant : A quatre mois, malgré que l’adulte signe devant lui, l’enfant n’a pas encore la capacité motrice pour reproduire les signes. Cependant, nous pouvons le voir plus tard, lorsque l’enfant grandit s’il est preneur de cette communication ou non. - Etre la seule personne de référence de la communication gestuelle : Même si les collègues de travail ont envie d’apprendre les signes, il n’est pas facile pour elle de mettre en place 160 signes apprises en formation, surtout qu’elle ne se rappelle pas de certains. - Les parents : Certains parents ne pratiquent pas la communication gestuelle à la maison, ce qui fait qu’il manque cette continuité de ce concept entre la nurserie et la maison. L’EDE 2 a expliqué une situation vécue dans sa pratique :

"Mais ce n’était pas dans mon groupe, mais dans celui des Explorateurs (ndlr : groupe des trotteurs), j’ai eu discuté avec cette maman, parce que des fois, je faisais les retours dans ce groupe. Elle parlait que quand elle avait vu sa petite fille qui, justement, signait à la maison, elle a dit qu’elle fallait vraiment qu’elle demande à la crèche parce qu’elle ne comprend pas sa fille qui essaie de lui montrer des signes à sa manière. Mais du coup, elle n’arrivait pas à la comprendre."

- Impraticable à certains moments de la journée : Au moment de l’arrivée de l’enfant, l’EDE le prend dans ses bras et dit au revoir au parent. Mais l’EDE ne peut pas signer « Papa part au travail. » étant donné qu’elle n’a pas les mains libres. Suivant comment cela se passe, elle ne peut pas poser l’enfant en pleurs. Elle continue ses propos :

"Quand l’enfant est dans tous ses états, il ne va pas nous regarder. J’aurai beau le rassurer en faisant un geste, lui, c’est les bras qu’il veut et d’avoir un petit câlin. Et après, peut-être que cela pourra marcher de faire le geste. Mais sur le moment-même, non, effectivement, cela n’est pas possible. Mais c’est vraiment lorsque les enfants pleurent. Après, peut-être qu’on pourrait rajouter lorsqu’un enfant se fait très mal. Par exemple, il saigne. Là, cela ne va pas du tout nous venir à l’idée de faire le signe « Tu as mal ? ». Cela me paraît assez logique."

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3 Conclusion

3.1 Résumé et synthèse des données traitées

Je vais soulever ici certaines données essentielles de mon travail de mémoire. Avant de passer aux outils de communication de l’EDE, il me semble utile de connaître le développement préverbal et non verbal de l’enfant. L’enfant, avant d’acquérir la parole, traverse sept phases : les pleurs indifférenciés, les pleurs différenciés, les gazouillements, le babillage, les lallations, l’écholalie et le jargon expressif. Au sujet du non verbal, afin de s’exprimer, il utilise les cris et les pleurs, le « pointing », les gestes conventionnels, le détournement de la tête, la mobilité faciale, l’imitation néonatale et le regard. Quant à la posture relationnelle de l’EDE face à l’enfant d’âge préverbal, elle est composée de trois outils de communication : la communication verbale, la communication non verbale et un outil apparu dernièrement, la communication gestuelle, qui commence gentiment à prendre place dans certaines structures. La communication verbale, un élément central dans le quotidien de ce métier, permet de mettre des mots sur nos ressentis, sur nos actions et sur les émotions de l’enfant. Elle sert effectivement à prendre en compte l’enfant dans sa globalité par la verbalisation et le respect de ses besoins. Elle développe le sens des interactions en respectant les silences et les tours de paroles et étaye l’acquisition du langage chez l’enfant. Le langage et le vocabulaire, ainsi que la voix de l’EDE entrent en jeu dans l’accompagnement d’enfants ne parlant pas encore. L’enfant est avant tout sensible au langage non verbal de l’adulte. Le non verbal permet de rester en contact, d’établir une relation avec la personne en face de nous et d’appuyer nos paroles grâce à nos mimiques, nos gestes, nos attitudes. Le langage du corps et l’expression faciale sont deux contenus principaux à la communication non verbale. Tous deux donnent des renseignements à l’interlocuteur, dont l’enfant, sur notre manière d’être, sur notre état du moment. Le regard permet à l’enfant d’être rassuré, d’attirer son attention et de se placer dans un contexte d’échange avec l’EDE. Plusieurs outils et pratiques font le quotidien des enfants d’âge préverbal et des EDE comme le regard, l’empathie, le toucher, les histoires, les chansons, quelques jeux comme le cache-cache, nommer les objets de l’environnement, etc. L’observation entre également en jeu car elle aide l’EDE à mieux connaître l’enfant et à répondre à ses besoins. La théorie et les méthodes de certains pédagogues, comme Emmi Pikler, Maria Montessori, Ovide Decroly, Françoise Dolto ou encore Erik Erikson, rejoignent le contenu de ces outils de la communication verbale et non verbale, notamment sur la verbalisation, sur le fait de réconforter l’enfant verbalement et physiquement, etc. Un nouveau concept, issu des années 80, qu’est la communication gestuelle, démontre les avantages de l’utilisation des signes avec les bébés entendants. Etant un succès aux Etats-Unis, il prend de l’ampleur en France, ainsi qu’en Suisse. L’idée est de fournir à l’enfant des signes afin qu’il puisse s’en servir pour exprimer ses besoins ou ses ressentis. L’EDE accompagne toujours la parole avec un signe bien précis pour tel ou tel mot. Ce concept vient compléter la communication verbale et non verbale, bien connues jusqu’à présent. Dans la relation enfant-EDE, il permet à l’enfant et à l’adulte de prendre le temps nécessaire pour interagir. Ainsi, l’adulte a une attention privilégiée sur l’enfant. Cependant, cette méthode a quelques limites dans le quotidien de l’EDE en structure d’accueil, comme l’âge de l’enfant, le fait d’être la seule personne de référence de la communication gestuelle, le

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manque de continuité de cet outil au domicile de l’enfant, ainsi que la difficulté d’utilisation de cette méthode à certains moments de la journée.

3.2 Analyse et discussion des résultats obtenus

Au quotidien, bon nombre d’EDE utilisent leur corps et leur parole pour s’exprimer avec les enfants. Afin de comparer les données récoltées dans les ouvrages et les réponses ressorties lors des entretiens, j’ai établi trois tableaux : un sur la communication verbale, un sur la communication non verbale et un sur la communication gestuelle, que vous pourrez trouver en annexe. Ensuite, je reprendrai certains points du Plan d’études cadre (PEC) afin d’analyser ces outils avec les processus, les qualifications et les compétences acquises par l’EDE durant sa formation. En ce qui concerne la communication verbale, dans le tableau, je peux remarquer que les ressources théoriques ressortent automatiquement dans les entretiens effectués avec les deux EDE. Trois thèmes sont considérés comme importants dans les ouvrages et les interviews : la verbalisation, le langage et les silences. La verbalisation sert à nommer et expliciter les faits et gestes, les sensations et les émotions. Le langage regroupe le ton, qui nécessite une voix douce mais avec de l’énergie, et le vocabulaire, dont les mots sont simples et adaptés à l’enfant. L’utilisation du « je » et du « tu », ainsi que le mot « non » font partie intégrante du vocabulaire. Les silences sont nécessaires dans les interactions enfant-EDE. Ils permettent à l’adulte de laisser à l’enfant le temps de répondre et de prendre en considération ses « propos », exprimés par des vocalises ou physiquement, à travers le non-verbal. Lors du premier entretien, l’EDE a souligné l’importance de la reformulation de ce que l’enfant a essayé de dire, sans le corriger, afin de valider ses propos. Elle a également parlé d’inclure l’enfant dans la discussion, ce qui rappelle la notion de douces violences sur les échanges entre professionnelles au-dessus de la tête de l’enfant. Plusieurs principes du non-verbal sont mis en évidence, autant dans les ouvrages que dans les entretiens, comme la posture, les gestes et mimiques, le regard, le toucher et les expressions faciales. La posture concerne le tonus, l’attitude globale de l’EDE, etc. Les gestes et mimiques accompagnent la parole, sur le même principe que la communication gestuelle, mais avec des gestes dits « usuels », comme le « bravo » (taper dans les mains) ou « au revoir » (bouger la main), etc. Le regard est important dans notre métier car l’enfant est avant tout sensible aux expressions faciales. C’est pourquoi durant notre formation, il est important de travailler nos expressions et notre posture afin d’être congruente entre nos paroles et notre posture non-verbale. L’EDE du deuxième entretien a expliqué que montrer l’exemple à l’enfant, lorsqu’il fait une erreur, à travers les gestes et le toucher, est essentiel. Il démontre à l’enfant qu’il peut corriger son erreur et de ne plus le refaire. Par exemple, l’enfant désire faire un câlin, mais « serre » un peu trop fort son camarade. Dans ce cas-là, l’EDE lui montre avec sa main comment le faire tout en douceur. Ceci fait partie intégrante du non-verbal car le toucher entre en jeu dans cette notion de câlin, de douceur. Divers points de la communication gestuelle se ressemblent fortement entre les livres et l’entretien effectué avec l’EDE formée à cette méthode. Je peux notamment citer, par exemple, la concentration qui est améliorée, ainsi que l’accentuation et la valorisation de la parole de l’EDE avec l’utilisation des signes, rejoignent et se rapprochent à la notion du renforcement de la confiance dans son rôle d’EDE, propos trouvé dans les ouvrages. L’influence de la communication gestuelle sur la prévention des troubles de la relation et des douces violences a été ressortie dans les ouvrages et non lors de l’entretien. Il serait intéressant de le vérifier sur le terrain à travers des observations. Mais par manque de temps, je n’ai pas pu l’effectuer. Toutefois, tous les points sur le concept de base de cet outil

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comme l’association du geste à la parole, le renforcement du lien enfant-EDE, le développement de certains compétences motrices amélioré, le placement dite physique de l’EDE face à l’enfant afin d’attirer son attention, etc. Certains points du Plan d’études cadre (PEC) sont repris dans ce chapitre afin d’analyser la théorie ainsi que les résultats obtenus aux entretiens avec les principes de notre métier d’EDE. Le premier processus concerne l’accueil de l’enfant dans une structure d’accueil extra-familial. La qualification est "L’EDE entend, comprend et répond aux comportements, aux interpellations et aux émotions de l’enfant. Il-elle sait développer une relation différenciée qui s’ajuste à chaque enfant, tenant compte de l’âge, des particularités de chacun et des circonstances de la vie quotidienne." (OrTra S. & SPAS, 2007, p.6) Nous pouvons voir que la communication verbale répond pleinement à cette qualification. Par exemple, dans le chapitre « Par considération pour l’enfant », la verbalisation des émotions de l’enfant ou encore des actions effectuées par l’EDE ou par l’enfant est mise en avant par plusieurs auteurs comme J. Martin, C. Poulin, I. Falardeau et N. Denni-Krichel. La relation différenciée entre chaque enfant est dû au fait que l’EDE considère l’enfant comme une petite personne et s’adapte à son mode de communication, contenu ressorti lors des deux entretiens. La communication non verbale entre également en jeu dans ce processus, à savoir le fait de prendre l’enfant dans ses bras lors d’un chagrin, etc., ce qui permet à l’enfant d’être compris. Le troisième processus du PEC est lié à l’observation et à la documentation de l’évolution et des apprentissages de l’enfant. "L’EDE observe les situations individuelles ou de groupe pour fonder son action éducative." (OrTra S. & SPAS, 2007, p.8) fait partie intégrante de la qualification de ce processus. L’observation, un des outils de base de notre métier, joue un rôle important car elle permet justement d’apprendre comment l’enfant communique, comme l’a cité N. Denni-Krichel. L’EDE pourra inviter l’enfant, suite à cette observation, à un échange rythmé de regards, de sourires, de mimiques, de mots, etc. Cet outil amène l’adulte à répondre correctement aux besoins de l’enfant. Une des compétences de l’EDE est de "rendre compte des résultats de ses observations en s’ajustant à son interlocuteur." (OrTra S. & SPAS, 2007, p.8). Du fait d’adapter son vocabulaire à l’âge de l’enfant, l’EDE peut ainsi exprimer ses observations, comme « Ah, je vois que tu es content. » en voyant le sourire de l’enfant, ou encore « Ah, tu as eu peur. » en entendant ses pleurs. Le quatrième processus demande d’élaborer et de mettre en pratique le concept pédagogique. Le savoir-faire de ce processus est "L’EDE se porte garant-e de l’organisation de l’ensemble des situations de la vie quotidienne. Il-elle conçoit, anime, évalue et ajuste le concept pédagogique qui oriente l’activité de l’équipe éducative." (OrTra S. & SPAS, 2007, p.9) Nous avons pu le constater dans le concept pédagogique 2 que les EDE consacrent leur temps à verbaliser, à encourager, à répondre aux manifestations et aux besoins de l’enfant, à appeler par leur prénom, à utiliser le « je » et le « tu » et à réconforter l’enfant verbalement et physiquement, ce qui rejoint le principe de base de la communication verbale et non verbale. Durant les deux entretiens, j’ai constaté que les deux professionnelles interviewées se sont référées à leur concept pédagogique pour définir leurs attitudes éducatives adéquates, comme exemple, la pédagogie Lòczy, la verbalisation de Françoise Dolto, etc. L’équipe de l’EDE 2, cette dernière ayant suivi une formation en communication gestuelle, a mis en place ce concept dans leur groupe, afin de « redynamiser » leur projet pédagogique en proposant de signer tous les rituels de l’enfant. Ceci renforce la sécurité affective et l’autonomie de l’enfant.

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Le dernier point du PEC concernant ce travail est le processus 5, qui pousse à développer une action réflexive sur la fonction, ses tâches et son rôle. Ce qui signifie que "L’EDE développe son travail éducatif avec empathie et respect de l’autre. Il-elle conçoit son action éducative sur la base des démarches qu’il-elle initie individuellement ou en équipe. Il-elle garantit une qualité professionnelle de l’accueil du jour." (OrTra S. & SPAS, 2007, p.10). Les compétences attendues de l’EDE sont la capacité à "ajuster son action aux diverses circonstances et particularités des situations dans lesquelles il-elle est impliqué-e" ou encore "base son action sur des critères de qualité professionnelle". (SPAS & OrTra S, 2007, p.10) Nous pouvons le constater que la communication gestuelle est limitée à certains moments de la journée comme le départ du parent au travail où l’EDE a l’enfant dans les bras, l’empêchant de signer. Durant ce moment-là, l’adulte va ajuster son action en privilégiant d’abord le verbal et le non verbal, afin de rassurer l’enfant. Le fait de baser son action sur des critères de qualité professionnelle fait référence au concept pédagogique des structures, dont les pédagogies ont été choisies par l’équipe éducative. Dans ce travail, nous avons pu remarquer que la théorie de la communication verbale et non verbale se retrouvait dans certains pédagogues. La qualité professionnelle de l’EDE suit l’application de ce concept, comme la verbalisation, la pédagogie Lòczy, etc. Pour répondre à la question de départ, « Quelle est la posture relationnelle de l’EDE dans l’accompagnement d’enfants au stade pré-linguistique ? », nous pouvons constater que l’EDE est la seule personne référente qui peut changer ou évoluer, si besoin, dans sa manière de communiquer verbalement, accompagné de signes ou non, ou non verbalement, ce qui a été le cas d’une professionnelle, filmée dans un cadre de recherche du livre « Mais qu’est-ce qu’elles disent ? Etude du langage adressé aux enfants dans une collectivité ». Elle s’est rendu compte, après visionnage du film, que de changer sa posture et sa manière de porter l’enfant était nécessaire quant au bien-être de l’enfant. Nous sommes entourées de divers pédagogues qui mettent en avant leur théorie et leurs méthodes propres. Il nous appartient de trouver lequel ou lesquels nous correspondent le mieux, en suivant la logique de nos valeurs personnelles et professionnelles.

3.3 Limites du travail

La première limite à laquelle j’ai été confrontée est la bibliographie. En effet, la littérature sur la communication gestuelle est encore pour l’instant restreinte. Il m’a été difficile de trouver de la théorie sur cet outil sur des bienfaits et limites pour l’EDE. Quelques auteurs parlent de la communication verbale et non verbale de manière générale. C’est pourquoi il m’a fallu lire plusieurs livres afin d’avoir, non seulement plusieurs références, mais également de rassembler tous les petits passages trouvés dans ces ouvrages. Durant le premier entretien, étant donné que c’était la première fois que j’interviewais une personne, je n’ai pas été totalement à l’aise et n’ai pas pensé à poser quelques questions supplémentaires. J’ai pris du recul et me suis remise en question à la fin du premier entretien afin d’améliorer le déroulement du deuxième entretien. Je précise également que je n’ai jamais travaillé en nurserie, ce qui explique un peu les manques de connaissances en termes de la pratique sur le terrain, notamment sur la communication verbale et non verbale de l’EDE sur le terrain. Une des autres limites est la retranscription des entretiens. En raison de ma surdité, j’ai dû demander à deux personnes extérieures de réécouter les entretiens enregistrés et de me les traduire. Effectivement, les silences et les hésitations des personnes interviewées n’ont pas été pris en compte durant la retranscription. Pour des aspects non envisagés, après avoir écrit mon travail de mémoire, je me suis rendue compte que des observations auraient été intéressantes afin d’appuyer les propos provenant soit des auteurs, soit des personnes interviewées. En effet, ces observations

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m’auraient, non seulement permise de retravailler l’outil de l’observation, mais également d’aller plus loin dans ma recherche sur le sujet de la communication de l’EDE dans l’accompagnement d’enfants d’âge préverbal. Ainsi, les difficultés rencontrées m’ont permis d’aller plus loin dans mes recherches et dans ma remise en question, ce qui se termine toutefois sur une note positive.

3.4 Perspectives et pistes d’action professionnelle

Je souhaite mentionner que n’ayant jamais travaillé en nurserie mais chez les trotteurs (environ 15 mois à deux ans), j’ai pu expérimenter le concept de la communication gestuelle. Non seulement, je connais la langue des signes suite à ma surdité mais ce concept fait partie de mon identité personnelle et professionnelle. Après deux expériences, j’ai effectué un petit bilan personnel. En ce qui concerne l’équipe, après ma première expérience, lors de mon stage probatoire, je constate qu’il est préférable que ce concept soit utilisé par toute l’équipe et pas seulement par quelques professionnelles. J’ai remarqué que les enfants étaient moins preneurs et percevaient cela plus comme un « jeu » et non pour une utilisation qui leur permettrait de s’exprimer avant d’acquérir la parole. Tandis que si toute l’équipe se met à signer, les enfants sont assez preneurs malgré le fait que certains ne désirent pas signer, une observation faite durant mon deuxième stage. Grâce à ce travail, j’ai pu découvrir quelques limites de la communication gestuelle auxquelles je n’aurai jamais pensé. J’ai également dû rester « neutre » quant à cet outil, étant donné qu’il me tient à cœur et à ma conviction selon laquelle cet outil est une aide dans notre métier d’EDE. Je considère ce concept comme une complémentarité à la parole et au non verbal et non comme outil unique de l’EDE. J’ai aussi pu découvrir que certains structures, comme celle où travaille la première personne interviewée, ne connaissent pas ou ont seulement entendu parler de la communication gestuelle, sans aller plus loin. Du point de vue théorique, concernant la communication verbale et non verbale, après avoir suivi plusieurs cours dans le cadre de ma formation sur ces sujets, j’ai acquis de nouvelles connaissances ou pu en approfondir certaines. J’ai également pu m’informer et obtenir des renseignements supplémentaires par rapport à ce que j’ai appris des cours sur le développement préverbal et non verbal de l’enfant. Grâce au cours de pédagogie et aux concepts pédagogiques que deux structures d’accueil ont bien voulu me transmettre, j’ai pu faire des liens entre les données tirées des ouvrages, les entretiens et les pédagogues auxquels ils ont parlé de l’importance de la communication verbale et non verbale dans le métier d’EDE. A l’avenir, du point de vue pratique, je serai prudente sur l’utilisation de la communication verbale et non verbale, que ce soit de l’enfant ou de moi-même. Je suis consciente que le non-verbal est autant automatique, inconsciente et subtile, que je me remettrai en question, si besoin est, sur ma manière de travailler avec un enfant du stade pré-linguistique. Ce travail peut mener à un élargissement : Pourquoi ne pas effectuer une recherche plus poussée pour toutes les autres tranches d’âge ? L’idéal, avec plus de temps, aurait été d’établir un tableau sur la communication verbale et non verbale de l’EDE avec toutes les tranches d’âge des enfants, suite à plusieurs observations sur le terrain. Il aurait également permis de mieux comprendre l’influence, dans notre manière d’être sur le terrain, sur le développement global de l’enfant, quel que soit son âge. En ce qui concerne la communication gestuelle, il aurait été intéressant d’élargir cet outil à d’autres âges, ce qui veut dire aux enfants sachant communiquer par la parole. Comment la communication gestuelle peut être utilisée auprès d’enfants verbaux ? Comment cet outil évoluera-t-il auprès des structures d’accueil dans quelques années ?

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3.5 Remarques finales

Dans l’introduction, j’ai établi quelques objectifs pour ce travail. D’un point de vue théorique, j’ai établi les stratégies qu’utilise le professionnel pour interagir avec l’enfant. J’ai complété ce critère avec la théorie sur le développement préverbal et non verbal de l’enfant, afin d’avoir une vue d’ensemble sur la communication verbale et non verbale. L’accompagnement d’enfants du stade pré-linguistique est déterminé par les différents outils que possède l’EDE. Certes, il n’est pas facile d’être face à une incompréhension, mais, après maintes observations et du temps passé avec l’enfant, il devient plus facile de répondre à ses besoins. Les auteurs, que j’ai lus, n’ont pas été contradictoires ou similaires dans leurs idées mais plutôt complémentaires. Il serait intéressant de réunir plusieurs auteurs et plusieurs pédagogues dans un concept pédagogique afin d’avoir une meilleure connaissance et une manière plus enrichissante de travailler avec des bébés. Dans la pratique, suite aux entretiens, j’ai remarqué plusieurs similitudes dans leur manière de travailler. Les deux EDE utilisent plusieurs courants pédagogiques qui sont très intéressants en matière de communication verbale et non verbale. L’opportunité que j’ai eue en interviewant une professionnelle ayant suivi une formation en communication gestuelle a été très enrichissante pour ma part. Ce travail m’a permis de prendre du recul par rapport à cet outil auquel j’y suis attachée et à reconnaître les limites quant à l’utilisation de ce concept dans les structures d’accueil. Le but de ce travail est de présenter les divers outils de la communication verbale et non verbale de l’EDE dans sa pratique pour accompagner au mieux l’enfant d’âge préverbal. Il a aussi été question de proposer une découverte d’un nouveau concept, récemment arrivé en Suisse, qu’est la communication gestuelle. Les propos qui ont été ressortis lors des entretiens sont à prendre en considération sur le fait qu’ils sont basés sur les dires de professionnelles. Il manque effectivement des observations, sur long terme, afin de valider le discours des auteurs, des pédagogues et des personnes interviewées. Certes, il faudrait faire attention lors du décryptage des comportements de l’EDE en matière de communication selon leur état physique et mental du jour. En repérant et en prenant en considération les différents signaux de l’enfant, l’EDE pourra y répondre en adaptant sa communication verbale et non verbale selon la situation et pourquoi ne pas utiliser la communication gestuelle comme complémentarité à ces deux outils.

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4 Table des références Baeriswyl, J., Caffari-Viallon, R. & Jaquet-Travaglini, P., (2009). Mais qu’est-ce qu’elles disent ? Etude du langage adressé aux enfants dans une collectivité. Genève : Editions de Deux Continents. Blanc, M.-C., & Bonnabesse, M.-L., (2008), Parents et professionnels dans les structures d’accueil de jeunes enfants. Enjeux, intérêts et limites des interactions. Rueil-Malmaison : ASH. Bouhier-Charles, N., (2014). Communiquer par signes avec bébé. Pour approfondir le lien parent-enfant. Thônex : Jouvence. Caffari, R., Delalay, J. & Filliettaz, L., (2012). Les interactions langagières, un outil de travail

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Langage et Laits infantiles. (2012). Les p’tits essentiels de A à Z.

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Montagner, H., (2012). L’enfant et la communication. Comment gestes, attitudes et vocalisations deviennent des messages. Paris : Dunod. OrTra S & SPAS, (2007), Plan d’études cadre PEC. Educatrice de l’enfance ES. Educateur de l’enfance ES. Berne.

Roduit, C., (2015). Développement du langage Présentation Powerpoint. Sion : HES-SO Valais. Rohart, J.-D., (2008), Carl Rogers et l’action éducative. Lyon : Chronique sociale.

Rufo, M., & Schilte, C., (2014). Bébé parle. Paris : Hachette. Schuhl, C., (2008). Vivre en crèche. Remédier aux douces violences. Lyon : Chronique sociale.

Seidel, E., (2014)., Du langage et des signes. Le journal des professionnels de la petite enfance, 88, 22-25.

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I.1

Annexe I : Grilles d’entretiens vierges

Questions : entretien EDE 1

1) Quels sont, pour vous, les éléments important de la communication verbale d’une

EDE face à un enfant d’âge préverbal ? (Mots-clés : interactions verbales (choix des

mots, etc.)/ langage et vocabulaire (qualité du langage : phrases, syntaxes, richesse du

vocabulaire)/ voix, intonation (tonalité, modulation, volume, rythme, etc.))

2) Quels sont, pour vous, les éléments important de la communication non-verbale

d’une EDE face à un enfant d’âge préverbal ? (Mots-clés : Langage du corps (gestes,

mouvements, postures, attitudes, mimiques, toucher)/ expression faciale (émotions,

regard))

3) Comment faites-vous concrètement usage de la communication verbale et non-

verbale dans votre pratique ? Pouvez-vous me donner des exemples ? (Mots-clés :

histoires, chansons, verbalisation, entrer dans une « conversation » avec l’enfant,

observation, prendre dans les bras, répondre aux pleurs, etc.)

4) Pourquoi utilisez-vous ces éléments de la communication verbale et non

verbale ? Et dans quel but (fonction, utilité, objectif) ? (Mots-clés : Par considération

pour l’enfant (respect des besoins, développement, apprentissages, attention, etc.)/ Pour

développer son sens des interactions (imitation, tour de parole) / Pour étayer, développer

son acquisition du langage/ Valider ses émotions, leur donner un sens /// Côté prévisible,

faciliter la communication, interprétation, rester en contact, etc.)

5) Connaissez-vous la communication gestuelle ? Si oui, dans quel contexte l’avez-

vous découvert (conférence, parent, collègue, etc.) ? L’avez-vous déjà utilisée ? Et

qu’en pensez-vous ?

6) Désirez-vous rajouter quelque chose qui vous semble important ?

Questions : entretien EDE 2

1) Quels sont, pour vous, les éléments important de la communication verbale d’une

EDE face à un enfant d’âge préverbal ? (Mots-clés : interactions verbales (choix des

mots, etc.)/ langage et vocabulaire (qualité du langage : phrases, syntaxes, richesse du

vocabulaire)/ voix, intonation (tonalité, modulation, volume, rythme, etc.))

2) Quels sont, pour vous, les éléments important de la communication non-verbale

d’une EDE face à un enfant d’âge préverbal ? (Mots-clés : Langage du corps (gestes,

mouvements, postures, attitudes, mimiques, toucher)/ expression faciale (émotions,

regard))

3) Comment faites-vous concrètement usage de la communication verbale et non-

verbale dans votre pratique ? Pouvez-vous me donner des exemples ? (Mots-clés :

histoires, chansons, verbalisation, entrer dans une « conversation » avec l’enfant,

observation, prendre dans les bras, répondre aux pleurs, etc.)

4) Pourquoi utilisez-vous tous ces éléments de la communication verbale et non

verbale ? Et quel est votre but (fonction, utilité, objectif) quant à cette utilisation ?

(Mots-clés : Par considération pour l’enfant (respect des besoins, développement,

apprentissages, attention, etc.)/ Pour développer son sens des interactions (imitation, tour

de parole)/ Pour étayer, développer son acquisition du langage/ Valider ses émotions, leur

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I.2

donner un sens /// Côté prévisible, faciliter la communication, interprétation, rester en

contact, etc.)

5) Comment avez-vous découvert la communication gestuelle ? Et quelle formation

avez-vous effectué afin d’utiliser des signes auprès d’enfants sur le terrain ?

6) Pourquoi utilisez-vous la communication gestuelle auprès d’enfants d’âge

préverbal ?

7) Considérez-vous la communication gestuelle comme un complément à la

communication verbale et non-verbale ? Oui/Non et pourquoi ?

8) Quelles sont les limites de cet usage des signes ? Et les contextes dans lesquels

ce n’est pas adéquat ?

9) Désirez-vous rajouter quelque chose qui vous semble important ?

Remarque :

Les mots-clés m’ont servi à guider l’entretien. Les deux EDE interviewées n’ont pas eu la connaissance de ces mots-clés.

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II.1

Annexe II : Tableaux récapitulatifs de lecture de données et des résultats

Exemple de lecture de données d’un ouvrage

Fiche de lecture Nom du livre/article

Du langage et des signes.

Auteur(s) Emmanuelle Seidel

Date de parution (année)

2014

Editions Le journal des professionnels de la petite enfance (n°88)

Lieu Savigny-sur-Orge

Mots-clés - Avantages des signes - Signes associés au langage

Table des matières

- La période préverbale - Une méthode venue d’outre-Atlantique - Usage et utilité des signes - Gestes : une communication enrichie - Effets et répercussions

Passages intéressants

-" On estime l’arrivée du premier mot entre 10 et 15 mois environ. Bien avant cela, le bébé s’exprime par diverses

manifestations vocales et corporelles. Il est capable d’agir sur autrui. … Il existe donc un système efficient de communication antérieur au langage verbal qui peut être exploité à mesure des progrès moteurs du jeune enfant en vue d’atténuer ses frustrations et d’amoindrir ses pleurs." (p. 22)

-"La période préverbal. Dans les premiers temps de son existence, le bébé parvient à trouver son équilibre dans la satisfaction de ses besoins fondamentaux assurée de manière ajustée par ses parents. Parce que chaque bébé est unique, les signes évocateurs de

ses exigences internes et physiologiques lui seront propres et singulièrement identifiables par ses parents. … Le langage verbal étant d’abord inexistant, émergent puis approximatif, c’est généralement aux pleurs que l’enfant a recours pour

exprimer ses diverses frustrations, attentes, besoins et envies. … On parle alors de période préverbale lors de laquelle l’enfant dispose déjà de capacités cognitives et psychomotrices élaborées. En effet, dès 8 mois, le bébé peut déjà identifier des sons, des gestes et des objets et les associer à des situations qu’il retrouve quotidiennement. Il disposera rapidement de capacités motrices lui permettant de tenir la position assise et/ou debout et de saisir, manipuler des objets, pointer du doigt, applaudir, envoyer des baisers. Par ces démarches abouties et coordonnées, l’enfant prend déjà plaisir à

communiquer pourtant il lui faudra attendre encore plusieurs mois avant de pouvoir s’exprimer avec des mots. … Avant

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II.2

cela, d’autres recours rendent efficacement possible la communication avec le tout-petit et vont lui permettre d’émettre et de recevoir des messages. On parle alors de communication non verbale faisant appel aux capacités qu’il maîtrise." (p. 22)

-"Usage et utilité des signes. « Bien avant la maîtrise du langage, bébé apprend à contrôler les muscles de ses bras et de ses mains : il peut s’en servir pour s’exprimer avec son corps. » (Richelle M., (1997), L’acquisition du langage, Mardaga). Il s’agit alors d’exploiter ses capacités motrices émergentes pour lui donner les moyens d’exprimer ses besoins non verbalement. C’est donc un langage gestuel qui est à la portée du très jeune enfant. En effet, par certains mouvements simples de la main ayant une signification préalablement initiée par l’adulte, le bébé sera en mesure de se faire comprendre et de manifester un besoin avec davantage de précision. Le concept consiste donc à fournir à l’enfant des gestes codés pour qu’il puisse s’en servir au gré de ses besoins comme dans la langue orale." (p. 22-23)

-"Effets et répercussions. La méthode permet aussi une réciprocité qui renforce les relations privilégiées que l’enfant entretient avec son entourage." (p.23)

-"Nouvelle mode venue des Etats-Unis, le «Baby-Signs » prend de plus en plus d’ampleur en France. Des parents et de nombreux professionnels de l’accueil de la petite enfance s’en sont saisis. Ils associent des gestes spécifiques aux paroles qu’ils adressent aux bébés et apprennent aux petits, non encore verbaux, certains signes leur permettant de mieux se faire comprendre." (p. 24)

-"A l’origine, cette méthode, mise au point en 1982 par Linda Acredolo et Susan Goodwyn, toutes deux professeures en psychologie du développement en Californie, est basée sur la langue des signes américaine. Elles l’ont simplifiée, adaptée à la morphologie et aux capacités des bébés. Ce programme et ses produits dérivés rencontrent un véritable succès commercial aux Etats-Unis." (p.24)

-"Gestes : une communication enrichie. Pour autant, la valeur ajoutée du signe à la parole, adressés l’un et l’autre au bébé, aurait de réels bénéfices dans la

relation adulte-enfant. … Elle explique que non seulement le geste accompagne toujours la parole, que le signe n’est jamais utilisé seul et que pour bien utiliser les signes avec le petit, il faut nécessairement être en situation de

communication avec lui, ce qui est grandement favorable à tous ses apprentissages. … Il faut donc se placer devant lui, à sa hauteur, capter son regard et accentuer toutes nos mimiques corporelles. Les enfants adorent ça et peuvent ainsi avoir une lecture facilitée des intentions et des émotions de l’adulte, grâce aux signes." (p. 25)

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II.3

Tableaux récapitulatifs des résultats

Communication verbale

Ressources théoriques Entretien EDE 1 Entretien EDE 2

- Nommer et expliquer les faits et gestes ainsi que les sensations et émotions - Verbaliser nos actions

Mettre des mots sur les actions et les émotions

Verbaliser les faits et les gestes

Utilisation du « tu » plutôt que du « on » Utiliser le « je » et le « tu » Parler en « je »

- Tonalité, sonorité, modulation et intensité de la voix - Voix chaleureuse, vivante

- Voix normale, douce mais avec de l’énergie - Parler tranquillement mais normalement

Ton adéquat et normal

Utiliser le « non », le « regarde, le « écoute » Utiliser le « non » pour montrer son désaccord

Utiliser le « non » pour montrer son désaccord

- Laisser un silence comme si l’EDE attendait une réponse - Respecter le tour de parole et ne pas interrompre

Laisser le temps de répondre /

Qualité du langage (phrases, syntaxe, richesse du vocabulaire)

Utiliser des mots simples Utiliser un vocabulaire simple et adapté

Phrases positives, sous forme de questions ou en décrivant

/ /

Voix aigüe / /

/ Reformuler, sans le corriger, ce que l’enfant a essayé de dire

/

/ Inclure l’enfant dans la discussion /

/ / Encourager l’enfant par des mots

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II.4

Communication non verbale

Ressources théoriques Entretien EDE 1 Entretien EDE 2

Gestes, mimiques Mimer les mots utilisés (au revoir, bravo, etc.) - Gestes - Lui montrer l’exemple (Ex : comment faire un câlin à un autre enfant)

Regard Regard Regard

Expressions faciales Expressions du visage Expressions du visage

Toucher / Toucher doux et délicat

/ Se mettre face à l’enfant et à sa hauteur Se mettre à sa hauteur

Posture, attitudes de l’EDE / /

Tonus (tendu ou détendu) / /

/ Câlins, prendre dans les bras /

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II.5

Communication gestuelle

Ressources théoriques Entretien EDE 1 Entretien EDE 2

Imitation

Imitation

Développer l’attention, la mémoire, la motricité fine, la coordination, l’attention

Stimuler la motricité et la coordination des mains de l’enfant

Associer le geste à la parole Associer la parole aux gestes

Etre placé en face de l’enfant Etre placé en face de l’enfant

Lien enfant-EDE renforcée Lien enfant-EDE renforcée

Passerelle linguistique, en situation d’handicap, des troubles du langage ou autistiques

Utile dans des situations d’enfants de langue étrangère

Attention donnée à l’enfant /

Lire les intentions et les émotions de l’EDE /

Acteur de la communication /

Rechercher le regard /

Individualiser la relation /

Observation du langage corporel du bébé renforcée

/

Faciliter la communication /

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II.6

Rôle dans la prévention des troubles de la relation et des douces violences

/

Confiance dans son rôle d’EDE /

Accentuer les mimiques corporelles /

/ Valorise, accentue la parole de l’EDE

/ Réelle compréhension entre le geste et la parole

/ Incidence sur la parole : aide et développe l’acquisition de la parole de l’enfant

/ Frustration diminuée

/ Capter son attention

/ Concentration améliorée

/ Plus attentifs dans la communication enfant-EDE

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III.1

Annexe III : Exemple de retranscription (EDE 2) 5) Comment avez-vous découvert la communication gestuelle ? Et quelle formation

avez-vous effectué afin d’utiliser des signes auprès d’enfants sur le terrain ?

Alors, tout d’abord, ce sont des parents qui m’en avaient parlé lors d’entretiens. Mais, c’est vrai, que je n’ai pas été plus loin, oui, j’ai posé deux-trois questions. Ils m’ont dit qu’ils avaient fait des cours dans la région. Mais après, c’est en cherchant une formation. J’avais envie de faire une formation avec les bébés, vraiment spécifique aux bébés. Et je suis tombée justement sur cette formation. Et puis, du coup, je l’ai fait à l’EESP à Lausanne (Intitulé du cours : Premiers signes : le langage des signes pour enfants préverbaux). C’était quatre jours de cours, deux fois en novembre et deux fois en mars. Et on a appris pas loin de 160 signes. C’était génial, en lien vraiment avec les enfants, spécifique aux enfants. Il y avait également des gens de l’UAPE qui étaient là également. Mais, il y avait beaucoup de choses qui, je trouve, enfin beaucoup de signes qui correspondaient aussi aux bébés. Il y avait trois intervenantes qui étaient avec nous, dont une qui était sourde. Et ça, j’ai trouvé super, parce qu’on a fait sous forme d’ateliers. Et elle, elle animait aussi un atelier. Donc elle lisait aussi sur les lèvres, elle pouvait écrire et tout. Mais nous aussi, on devait faire l’effort quand même d’essayer de la comprendre. Et je trouve qu’au niveau de la correction, par exemple, on a fait un atelier de chansons avec les animaux. On devait lui montrer comment on fait et elle, elle pouvait bien nous corriger. Parce qu’elle, c’était son quotidien de faire les signes. Même si les deux autres dames étaient superbes aussi, mais elle, je l’avais trouvée vraiment intéressante, parce que c’était son monde à elle. 6) Pourquoi utilisez-vous la communication gestuelle auprès d’enfants d’âge

préverbal ?

Moi, je trouve que c’est ludique avec les enfants. Ça nous permet d’associer justement notre parole avec des gestes. Parce que des fois, on parle avec les mains. Mais là, on parle les signes du coup. Je trouve qu’on a aussi renforcé quand même ce lien avec l’enfant. Parce que comme on doit prendre le temps de se mettre à sa hauteur, de le regarder, donc ce n’est pas du genre on le regarde comme ça. Donc, le lien s’est renforcé. Pour lui, je trouve qu’au niveau de la motricité, ça stimule cette motricité. C’est vrai que chez les bébés, elle est peut-être moins stimulée, parce qu’ils sont au début. Mais après quand ils deviennent plus grands, on voit chez les Explorateurs (Ndlr : groupe des trotteurs), que eux, ils sont vraiment là-dedans. Aussi, au niveau de la coordination avec les mains, je trouve chouette. J’ai l’impression, autant pour nous que pour les enfants, que notre concentration est améliorée. Justement, aussi du fait qu’on doit prendre ce temps, qu’on doive se regarder. Donc, cela nous permet d’être un peu plus concentrées sur ce qu’on fait. Aussi, cela diminue la frustration. Et cela, je l’ai vraiment remarqué avec une petite fille qu’on a eue en nurserie. Alors, elle était déjà de langue étrangère. Et elle a très vite pris comme moyen de communication les gestes pour tout ce qui est manger, boire, changer. J’ai l’impression qu’elle essayait de nous montrer à sa manière. Et puis, pour le doudou et la lolette, un peu les trucs de base. Ça lui a permis à elle de nous montrer des fois certaines choses. Et nous, quand on faisait le geste, par exemple, on disait « Tu veux aller au dodo ? », elle prenait son doudou et elle allait vers la salle de sieste. Ouais, c’est bien. Il y a aussi certains parents qui l’emploient. Et aussi des parents qui nous ont demandé (deux parents), si on pouvait leur prêter les cartes pour les signes, leur montrer des signes. Donc, ça c’est chouette. Et voilà, pourquoi on utilise cela. Après, c’est vrai que c’est vraiment de la formation qu’on a incité aussi à faire un projet. Mais aussi la formation m’a plu et j’ai eu aussi envie de partager cela avec mes collègues et toute la structure.

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III.2

- Au niveau de l’équipe, comment avez-vous amené ce projet ? Ont-elles tout de suite accepté ?

Déjà, c’était un de mes objectifs de l’année. Donc, ce que j’ai un peu fait, c’est lors d’un colloque, j’ai présenté ce que j’avais fait en formation en donnant les avantages de cette communication gestuelle, un petit peu de ce que j’avais dans la tête à mettre en place. Ce n’était pas le but de mettre 160 signes en place. Et puis, je leur ai montré un extrait vidéo que j’avais trouvé sur Couleurs locales, une crèche dans le Jura qui parlait de ça. J’ai l’impression qu’elles ont accepté ça assez vite. Elles ont trouvé aussi très sympa. On a fait cinq signes à peu près toutes les deux-trois semaines. Et puis, j’avais l’impression qu’elles en redemandaient. Par exemple, dernièrement, parfois on fait des gestes, on dit des mots et on ne pense pas à faire des gestes. Et elles m’ont dit « Est-ce qu’il n’existe pas un geste en langage des signes pour ce mot ? », « Est-ce que tu le connais ? », « Est-ce qu’on peut le mettre ? ». C’est un peu comme ça que c’est parti et que ça continue. - Est-ce que vous et vos collègues avez vu un changement dans la relation avec l’enfant ? Y a-t-il eu des retours de leur part ?

Alors, je dirai oui et non, parce que, comme ils sont petits, même si on fait dès quatre mois, ils ne sont pas encore capables de faire, les tout petits. Mais, j’ai l’impression que les plus grands, en tout cas quand on fait les gestes, les signes, ils ont capté, vraiment capté. Par exemple, on dit « Lucas, on va aller manger », il nous regarde et j’ai l’impression comme s’ils comprennent. Ils ont une réaction d’être content. Et puis, souvent, justement ils partent vers le lavabo parce qu’ils savent qu’on fait le petit lavage des mains. Après, avec certains enfants, je trouve que c’est plus difficile parce qu’on arrive moins à capter leur attention. Parce que des fois, quand on doit changer leur couche, ils sont un peu dans leur jeu. Alors, on va un peu vers eux, mais des fois, ils sont vraiment dans leur jeu. Et puis, malheureusement, on doit quand même les prendre pour les changer, parce que c’est aussi la réalité de notre quotidien. Alors, moi, ce que j’essaie des fois de faire, c’est quand ils sont sur la table à lange, je leur montre le geste à ce moment-là. Et là, j’ai l’impression qu’ils sont plus attentifs parce qu’ils sont plus concentrés. 7) Considérez-vous la communication gestuelle comme un complément à la

communication verbale et non-verbale ? Oui/Non et pourquoi ?

En tout cas, moi je me rends compte que maintenant, c’est vraiment quelque chose de complémentaire. C’est aussi une chose que je fais, des fois, avec mes neveux ou mes nièces, mais sans vraiment me rendre compte. Parce que peut-être, je l’utilise au quotidien. C’est pour ça que, pour moi, c’est vraiment un complément. Je pense que je n’arriverai plus à ne plus associer mes gestes, signes que j’ai appris à la parole. Ça va de soi. Comme un peu les Italiens quand ils parlent avec les mains. Du coup, moi, je parle avec les signes. Et des fois, aux parents aussi, quand je leur fait le retour, « Voilà, il a bien mangé. ». Eux, il n’y a pas du tout de réactions négatives. Mais des fois, ils doivent se dire… Des fois, c’est difficile, le « bonjour », on aimerait bien le faire, mais moi ça me gêne car j’ai l’impression que je dis bonjour aux parents. Parce qu’en fait, c’est le parent que je vois, car l’enfant regarde à droite, à gauche avec sa tête, parce qu’il y a des jeux par terre. Mais voilà, en tout cas, j’essaie de le faire dès que j’y pense. Et pourquoi, c’est un complément ? Je dirai aussi parce que c’est un petit peu au niveau de l’imitation. On fait un geste, mais on sait que l’enfant va aussi nous imiter. Et puis, en tout cas, dans notre quotidien, comme on le fait à un certain moment de la journée, je trouve effectivement que ça argumente, on pourrait dire, un petit peu nos paroles. Argumenter, ce n’est pas le bon mot. Ça accentue peut-être, ça valorise nos paroles pour l’enfant. Ça appuie, voilà.