1 Mon pantalon est décousu

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Compagnie Les Palétuviers Durée : 50 min Mise en scène Laurent Viel, Marc Wyseur, Félix Pruvost Chant Laurent Viel et Marc Wyseur Guitare et banjo Thierry Garcia Musique Mireille, Bobby Lapointe, Boris Vian, Les Frères Jacques, Jean Nohain… Création son Jérôme André Conception lumière Anne Coudret Scénographie, costumes Muriel Delamotte Production Les Palétuviers / L’ARC - Scène nationale du Creusot avec l'aide de la DRAC Bourgogne, du Conseil régional de Bourgogne, du Conseil général de Saône-et-Loire, de l'Adami et de la Sacem Coréalisation JMF SEANCES SCOLAIRES : THEATRE LA PASSERELLE 137 boulevard Georges Pompidou 05010 Gap cedex Contacts : Valérie Bérest ou Corinne Donio 04 92 52 52 58 / 57 rp1@theatre-la-passerelle.com Jeudi 14 avril 14h30 THEATRE LE CADRAN 45 avenue de la République 05100 Briançon Contact : Claire Meynand ou Florence Bourg 04 92 25 52 60 rp1@theatre-le-cadran.com Lundi 11 avril 9h30 et 14h30 Mardi 12 avril 14h30 Source : dossier pédagogique des JMF

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SOMMAIRE I - Le spectacle p. 3 II - Le programme p. 4 III - De 1920 à 1950, toute une époque p. 4 IV - L’équipe du spectacle p. 6 V - Les pistes de travail p. 7 VI - Les textes des chansons p. 8

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I – LE SPECTACLE Une leçon d’Histoire de France… en chansons ! Qui était mon grand-père, quand il était petit ? Voilà la question à laquelle ce trio a choisi de répondre à travers une vraie petite pièce de théâtre musical. Tout commence comme un récital. Deux comédiens-chanteurs et un musicien entonnent La Confiture des Frères Jacques, puis l’un des protagonistes interpelle les enfants : « C’était il y a longtemps (…) C’était le temps d’avant (…) Il n’y avait pas d’ordinateur, de télévision (…) C’était le temps où les vieux d’aujourd’hui étaient des enfants ». Très vite, des voix surgissent : celles de nos grands-parents et arrière-grands-parents nous parlant de l’éducation d’antan, de leurs premières amours, de leurs premières peurs face à la guerre et à l’Occupation... Les chansons suivent le fil de ces mémoires, souvent drôles (Au lycée Papillon, La Confiture), poétiques (En sortant de l’école sur un texte de Prévert) ou effleurant tout en délicatesse les drames de l’Histoire, avec les orphelins des Boutons dorés et l’ombre du Grand Lustucru. L’évocation de la mémoire se fait toujours avec insolence, fantaisie, émotion et souvent, une touche de magie. La guitare électrique et les arrangements résolument modernes de Thierry Garcia permettent une découverte dépoussiérée du riche répertoire fredonné entre 1920 et 1960. La malle aux souvenirs est ouverte et notre duo de chanteurs s’en donne à cœur joie, porté par une mise en scène haute en couleurs où des pierres phosphorescentes, tels les cailloux du Petit Poucet, dessinent une chemin, et où un oreiller géant se métamorphosent en tableau d’école ! Ce nouveau spectacle, festif et richement documenté, offre à l’enfant d’aujourd’hui l’occasion de découvrir ce que fut l’enfance de ses aïeux.

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II – LE PROGRAMME

- La Confiture (Frères Jacques) - Papa n’a pas voulu (Mireille) - Si vous connaissiez papa (Pierre Soulaine / Maurice Yvain) - Au lycée Papillon (Georgius) * - En sortant de l’école (Jacques Prévert) - Les boutons dorés (Jean-Jacques Debout) - Eh Toto (Bobby Lapointe) * - Quand Zézette zozotte (Jean Rodor / Léon Dommel / Emile Gavel) - Le Vieux Château (Mireille) - Les Joyeux Bouchers (Boris Vian) - Le Grand Lustucru (Kurt Weill / Florelle) - Qui craint le grand méchant loup (Georges Milton) * en écoute sur le site Internet des JMF : www.lesjmf.org

III – DE 1920 A 1950, TOUTE UNE EPOQUE De 1920 à 1950, la place de la chanson française s’est profondément transformée, accompagnant l’évolution des moyens de diffusion de l’information : on passe du journal en petit format, distribué dans les rues, à l’avènement du cinéma parlant (donc chantant) et à l’invasion de la radio au sein des foyers. Dans la vie quotidienne et politique du pays, la chanson s’immisce partout. L’évolution de la musique et les rythmes venus d’ailleurs (le jazz !) lui apportent un nouvel éclairage. Voici une petite histoire subjective de la chanson, telle qu’elle a inspiré nos deux artistes : « Ce qui nous séduit aujourd’hui dans le répertoire des années folles, c’est la liberté de ton, la fantaisie débridée et sans censure, le plaisir assumé de faire rire. C’est aussi la poésie et la force des images qui soulagent en faisant naître l’émotion. C’est surtout l’irrévérence et la folie nécessaires qui empêchent de se prendre au sérieux, qui ne sont pas politiquement corrects, et qui offrent une belle matière à réécouter !… C’est un plaisir simple, qui raconte des histoires simples. Si la chanson des années 30 s’est montrée bien peu en phase avec l’actualité mondiale, celle de la guerre accompagna, contrainte et forcée, la chronique des événements. Dans les années 40, période trouble et difficile, les chanteurs, et a fortiori les chansons, vont suivre les errements des Français. La chanson va s’engager dans les territoires parfois obscurs de l’engagement politique. Elle se fait patriotique au début de la guerre, invite à l’unité nationale. Elle témoigne de

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l’absence des mobilisés, des restrictions qui commencent et des premières cartes d’alimentations. Elle se veut rassurante – « Paris sera toujours Paris » – alors que les avions ennemis menacent. Après la débâcle et l’exode, les chanteurs comme les autres s’éparpillent au hasard. La radio prend une place importante et chaque foyer l’écoute… Les chansons sont utilisées pour faire passer des messages, on détourne leurs paroles, on utilise leur musique… Radio Vichy passe les chansons pétainistes… La BBC chante sur l’air de la cucaracha « Radio Paris ment… Radio Paris ment… Radio Paris est allemand » … Radio Paris répond sur l’air d’Auprès de ma blonde : « Aux jardins d’Angleterre les bobards sont fleuris… Tous les menteurs du monde parlent à la BBC… Au gré de ses ondes qu’il fait bon, fait bon, fait bon… Au gré de ses ondes qu’il fait bon mentir… ». Chez les jeunes se développe le mouvement zazou. Caractérisé par son apologie de l’exubérance, il devient une forme d’exutoire par hostilité vis-à-vis de l’occupant et par anticonformisme ; les zazous, que les collaborationnistes voient évidemment d’un mauvais œil, et n’hésitent pas à pourchasser, adoptent une coiffure abondante, des vestes longues et des pantalons serrés à la cheville. Quelques-uns téméraires décident, lors de l’instauration du port de l’étoile jaune pour les juifs en 1942, d’arborer cet insigne avec l’inscription « swing » ou « zazou » ! Puis c’est le débarquement. « Ouf, on respire »… Cette matière brute, non-explicative, mais porteuse d’un vécu fort et complexe, est, pour nous, un formidable trésor. Elle permet d’offrir, aux enfants d’aujourd’hui, une approche presque sensitive de cette histoire de France. »

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IV - L’EQUIPE DU SPECTACLE Laurent Viel / chant et récit Artiste singulier qui allie avec brio l’art du théâtre et celui de la chanson, il a joué de nombreux auteurs de Shakespeare à Molière, de Feydeau à Koltès, de Labiche à Brecht… Chanteur, il sort en 1998 son premier album A l’envers (« Coup de Cœur » Fnac) puis L’Impatience en 2005. Entre temps, il multiplie les rencontres et les collaborations artistiques : Marie Nimier, Xavier Lacouture, Thierry Garcia, Olivia Ruiz, Enzo Enzo… En 2007, il crée son récital Viel chante Brel. Marc Wyseur / chant et récit Comédien, il a travaillé sous la direction d’Ivan Morane, Nadine Varoutsikos, Sophie Renaud, Stella Serfaty, Manuel Rebjock, Jean-Claude Gal, Joëlle Rouland, dans un répertoire éclectique qui comprend aussi bien des pièces de Molière, Musset, Corneille que de Courteline, Feydeau, Labiche ou encore Renaud, Calaferte... Il a aussi travaillé comme metteur en scène dans plusieurs disciplines : un récital Brecht / Kurt Weill, un concert théâtral de Muriel Beckouche, un spectacle jeune public (Le Colporteur), deux contes musicaux pour enfants de Philippe Raulet et Sylvain Frydman. Il a également travaillé sur plusieurs créations originales alliant texte et musique avec Hélène Labarrière et Michèle Buirette. Thierry Garcia / guitare et arrangements Musicien formé aux bancs de l’école classique avec Alberto Ponce, puis jazz avec Marc Fosset, il est très vite remarqué par le directeur musical de Charles Aznavour avec qui il tournera pendant plusieurs années. Il choisit la scène comme son terrain de jeux harmoniques de prédilection en accompagnant de nombreux chanteurs. Entre ses périodes de tournées et d’enseignement, il trouve le temps de réaliser et de composer des chansons pour les albums de Romain Didier, Xavier Lacouture, Véronique Rivière, Alain Leprest, Laurent Viel, Jacques Haurogné, Alain Genty, mais il sait aussi être dirigé et donne le meilleur de son art pour accompagner en studio : Olivia Ruiz, Chanson + Bifluoré, Karim Kacel, Daniel Lavoie… Depuis plusieurs années, il est de toutes les aventures de Laurent Viel, avec qui il compose et arrange les musiques. La compagnie Les Palétuviers, à laquelle appartiennent ces trois artistes, naît en 2000 pour la création de leur premier spectacle, La mémoire qui chante, dans le cadre des Chorus des Hauts-de-Seine. Le travail de la compagnie est basé sur la rencontre du théâtre et de la chanson, pour lesquels ils vouent une égale passion. Que reste-t-il de leurs amours ? est leur deuxième spectacle. Puis ils créeront une petite forme En avant la révolution, ainsi que les spectacles Les Boulingrins et autres cruautés et 67-68 une saison particulière. Une production artistique riche et variée.

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V - PISTES DE TRAVAIL A partir de la lecture des paroles des chansons :

- Étudier le texte d’une chanson et dégager ses caractéristiques : vocabulaire, nombre de syllabes, rimes, répétitions… - Faire ressortir la dimension poétique mais également comique ou tragique de chacune des chansons en fonction : de sa thématique, de son traitement. - Réciter une chanson comme si c’était une poésie. Remarquer que, même sans musique, la musicalité des mots est importante (sons, rythmes). A partir de l’écoute d’une chanson :

- Identifier les couplets et le refrain. Chercher ce qui caractérise l’un et l’autre, en tenant compte de la mélodie et des paroles. - Plusieurs chansons fonctionnent sur le mode du dialogue : faire lire, ou chanter les paroles par deux personnes, ou groupes, qui se répondent. - Comparer différentes versions d’une même chanson. Par exemple :

• En sortant de l’école interprété par Yves Montand puis par Les frères Jacques et Mouloudji • Eh Toto ! interprété par Bobby Lapointe puis par Laurent Viel et Marc Wyseur (en écoute sur

le site des JMF) - A partir de la chanson La Confiture, proposer une interprétation corporelle – mime, danse – en étant attentif à la précision du geste. - A partir de la chanson En sortant de l’école, proposer une interprétation plastique : sous forme de BD, de peintures, dessins, photographies, montages… - Apprendre et interpréter une ou plusieurs chanson(s) du programme. Autour du spectacle : - Lire des extraits du roman de Louis Pergaud La Guerre des boutons, et/ou regarder le film d’Yves Robert, représentatif d’une époque. Quelques sites pour aller plus loin : www.lehall.com : Site de référence pour les historiens, amoureux, curieux de la chanson française qui les resitue dans leur époque. www.fremeaux.com : une des plus belles bibliothèques sonores du XXè siècle. www.ina.fr/archivespourtous/index.php : pour accéder à des documents très divers.

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VI – TEXTES DES CHANSONS Vous trouverez ci-dessous le texte de certaines chansons du spectacle.

SI VOUS CONNAISSEZ PAPA (Pierre Soulaine, 1928) Jamais personne devant papa ne pipa. C’est un roc, c’est un taureau de la pampa C’est un fleuve qui balaie tout sur son passage, les ponts, les troupeaux, les maisons, les villages. C’est le Rhône ! C’est bien pis : Papa c’est le Mississippi ! Si vous connaissiez papa, y’en a pas deux comme papa J’vous jure qu’c’est un papa qu’est pas ordinaire Même quand il a tort papa, il faut penser comme papa On ne peut pas devant papa dire le contraire… On ne peut pas tenter de lutter, de raisonner et de discuter Sitôt qu’a parlé papa, y’a qu’a dire oui papa Mussolini n’oserait pas dire non à papa ! On ne peut pas lutter avec un volcan, n’y’a qu’à se soumettre ou bien qu’à fout’ le camp. C’est fou de vouloir faire le fendant, le brave, devant l’éruption et la coulée de lave C’est pourquoi, moi, j’appelle papa l’Popocatépetl Si vous connaissiez papa, y’en a pas deux comme papa Car dans ses colères papa a tout du cratère Quand on contrarie papa, c’est inouï ce que papa Dans son dépit est capa… capable de faire Quand il fronce seulement le sourcil, la terre tremble, le ciel s’obscurcit Nul ne résiste à papa, on ne combat pas papa Même le pape n’oserait pas dire m… à papa.

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LA CONFITURE (Frères Jacques, 1973) La confiture ça dégouline Ça coule, coule sur les mains Ça passe par les trous d'la tartine Pourquoi y a-t-il des trous dans l'pain Bien sûr on peut avec du beurre Les trous on peut bien les boucher Ça ne sert à rien c'est un leurre Car ça coule par les côtés Faudrait contrôler sa tartine La tenir droite exactement On la met en douce elle s'incline Ça coule irrémédiablement Et ça vous coule dans la manche Et ça vous longe le pourpoint De l'avant-bras jusqu'à la hanche Quand ça ne descend pas plus loin Et quand ça coule pas ça tombe Le pain s'écrase entre les doigts Ça ricoche et puis ça retombe Côté collant ça va de soi Au moment de passer l'éponge On en met plein ses vêtements Plus on essuie plus on allonge Plus on frotte et plus ça s'étend C'est pour ça qu'y'en a qui préfèrent Manger d'la crème de marrons Ça colle au pain c'est sans mystère C'est plus commun mais ça tient bon On fait l'école buissonnière De retour on prend l'escabeau On va tout droit vers l'étagère Pourquoi tourner autour du pot Qu'elle soit aux fraises à la rhubarbe On l'ingurgite goulûment La confiture on la chaparde On l'aime clandestinement Puis un jour on est bien en place On mène la vie de château Dans les avions dans les palaces On vous porte sur un plateau Reprise des couplets 1 et 2

EH TOTO (Bobby Lapointe, 1962) Eh ! Toto y a t'il ton papa ? L'est pas là papa Eh ! Toto y a t'il ta maman ? L'est pas là ta maman ! Et Toto y a t'il ton pépé ? L'est pas là pépé ! Eh Toto y a t'il ta mémé ? Y'est pas Y'est pas Eh Toto y a t'il ton tonton ? Y est pas y est pas ! Eh Toto y a t'il ta tata ? Y est pas y est pas ! S'il n'y a pas Ni ton papa ni ta tata et cetera Ah quel bonheur j'viens voir ta sœur ! Oui ! Refrain Car c'est bien la plus belle La plus sensationnelle La plus ceci cela et la plus, la plus... Et tout ça J'sais pas si tu t'rends compte Mais dès qu'on la rencontre On se dit : « Ouh là! Ouh là là là, tiens la voilà ! » Salut j' n't'ai pas apporté de fleurs Ça ne m'étonn' pas Mais me voilà avec mon cœur Ça ne m'étonn' pas Mais me voilà avec mon coeur Ça ne m'étonn' pas Et aussi avec mon scooter Ça ne m'étonn' pas Tous deux ne battent que pour toi Tip Tap, Tip Tap, Laisse-moi te prendre dans mes bras Bas les patt's bas les patt's Laisse-moi te faire un bisou là Bas les patt's bas les patt's Oh la vilain' si c'est comm' ça J'vais voir ta bonn' belle Irma Et je l'emmène au cinéma Na ! Refrain Salut Irma, tu viens au cinéma ? - Non !

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EN SORTANT DE L'ECOLE (Jacques Prévert / Joseph Kosma, 1946) En sortant de l'école Nous avons rencontré Un grand chemin de fer Qui nous a emmenés Tout autour de la terre Dans un wagon doré. Tout autour de la terre Nous avons rencontré La mer qui se promenait Avec tous ses coquillages Ses îles parfumées Et puis ses beaux naufrages Et ses saumons fumés. Au-dessus de la mer Nous avons rencontré La lune et les étoiles Sur un bateau à voiles Partant pour le Japon Et les trois mousquetaires des cinq doigts de la main Tournant la manivelle d'un petit sous-marin Plongeant au fond des mers Pour chercher des oursins. Revenant sur la terre Nous avons rencontré Sur la voie de chemin de fer Une maison qui fuyait Fuyait tout autour de la terre Fuyait tout autour de la mer Fuyait devant l'hiver Qui voulait l'attraper. Mais nous sur notre chemin de fer On s'est mis à rouler Rouler derrière l'hiver Et on l'a écrasé Et la maison s'est arrêtée Et le printemps nous a salués.

C'était lui le garde-barrière Et il nous a bien remerciés Et toutes les fleurs de toute la terre Soudain se sont mises à pousser Pousser à tort et à travers Sur la voie de chemin de fer Qui ne voulait plus avancer De peur de les abîmer. Alors on est revenu à pied A pied tout autour de la terre A pied tout autour de la mer Tout autour du soleil De la lune et des étoiles A pied à cheval en voiture et en bateau à voiles.

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AU LYCEE PAPILLON (Georgius, 1936) Élève Labélure ?... Présent ! Vous êtes premier en histoir' de France ? Eh bien, parlez-moi d'Vercingétorix Quelle fut sa vie ? Sa mort ? Sa naissance ? Répondez-moi bien... et vous aurez dix. Monsieur l'Inspecteur, Je sais tout ça par coeur. Vercingétorix né sous Louis-Philippe Battit les Chinois un soir à Ronc'vaux C'est lui qui lança la mode des slips Et mourut pour ça sur un échafaud. Le sujet est neuf, Bravo, vous aurez neuf. Refrain : On n'est pas des imbéciles On a mêm' de l'instruction Au lycée Pa-pa... Au lycée Pa-pil... Au lycée Papillon. Élève Peaudarent ?... Présent ! Vous connaissez l'histoire naturelle ? Eh bien, dites-moi c'qu'est un ruminant. Et puis citez-m'en... et je vous rappelle Que je donne dix quand je suis content. Monsieur l'Inspecteur, Je sais tout ça par coeur. Les ruminants sont des coléoptères Tels que la langouste ou le rat d'égout, Le cheval de bois, le pou, la bell'-mère... Qui bav' sur sa proie et pis qu'aval'tout. Très bien répondu, Je vous donne huit... pas plus... Refrain Élève Isaac ?... Présent ! En arithmétique' vous êt's admirable, Dites-moi ce qu'est la règle de trois D'ailleurs votre pèr' fut-il pas comptable Des films Hollywood... donc répondez-moi. Monsieur l'Inspecteur, Je sais tout ça par coeur. La règle de trois ?... C'est trois hommes d'affaires Deux grands producteurs de films et puis c'est Un troisièm' qui est le commanditaire Il fournit l'argent et l'revoit jamais. Isaac, mon p'tit Vous aurez neuf et d'mi !...

Refrain Élève Trouffigne ?... Présent ! Vous êtes unique en géographie ? Citez-moi quels sont les départements Les fleuv's et les vill's de la Normandie Ses spécialités et ses r'présentants ? Monsieur l'Inspecteur, Je sais tout ça par coeur. C'est en Normandie que coul' la Moselle Capital' Béziers et chef-lieu Toulon. On y fait l'caviar et la mortadelle Et c'est là qu'mourut Philibert Besson. Vous êt's très calé J'donn' dix sans hésiter Refrain Élève Legateux ?... Présent ! Vous êt's le meilleur en anatomie ? Répondez, j'vous prie, à cette question Pour qu'un être humain puiss' vivre sa vie Quels sont ses organ's, quelles sont leurs fonctions ? Monsieur l'Inspecteur, Je sais tout ça par coeur. Nous avons un crân', pour fair' des crân'ries Du sang pour sentir, des dents pour danser Nous avons des bras... C'est pour les brass'ries Des reins pour rincer Un foie pour fouetter. Bien. C'est clair et net Mais ça n'vaut pas plus d'sept. Refrain Élève Cancrelas ?... Présent ! Vous êt's le dernier ça me rend morose. J'vous vois dans la class' tout là-bas dans l'fond En philosophie, savez-vous quèqu'chose ? Répondez-moi oui, répondez-moi non. Monsieur l'Inspecteur, Moi je n'sais rien par coeur. Oui, je suis l'dernier, je pass' pour un cuistre Mais j'm'en fous, je suis près du radiateur Et puis comm' plus tard j'veux dev'nir ministre Moins je s'rai calé, plus j'aurais d'valeur, Je vous dis : bravo ! Mais je vous donn' zéro.

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QUAND ZEZETTE ZOZOTTE (Jean Rodor / Léon Dommel, 1922) Depuis trois mois, j’suis amoureux d’une belle blonde aux yeux bleus, Le plus ravissant mannequin que j’ai rencontré chez Paquin. Oui, ma Zézette me rend fou et j’adore par dessus tout Son tout petit défaut de prononciation qui fait mon admiration. Ah ! Quand Zézette zozotte ! Ah ce qu’elle est rigolote ! Pour me dire Jean, elle me dit : Zean, ze t’ai fait, pour déjeuner du jambon fumé, du chou braisé. Ze voudrais que tu m’achètes une zolie chemisette que z’ai vu affichée zent vingt francs au bon marché. Et je ne peux rien lui refuser dés quand j’entends Zézette zozoter. Au cirque de Paris, hier soir, je l’avais amenée pour voir Deux boxeurs fameux se disputer le championnat des poids légers. Dès le premier coup de poing elle me dit : Ils vont ze tuer, mon chéri… Quoi les gens leur crient : zonnele… plus fort… Si c’est ça le noble sport ! Ah ! Quand Zézette zozote ! Ah ce qu’elle est rigolote ! Elle me dit : Zean, les méchants… Le champion des poids légers A un œil poché L’nez amoché. L’autre a la joue toute noire Ze tremble pour sa mâchoire Il est encore touché, Z’ai peur, partons nous coucher Et je ne peux rien lui refuser, dès que j’entends Zézette zozoter.

J’adore ce zozotement J’aime l’entendre à tout instant, J’y suis tellement habitué que j’n’peux plus m’en passer. Mais, où je l’aime encore bien mieux, C’est lorsque le soir tous les deux, On’s’dit : bonne nuit ! Dans un long bécot Avant de faire dodo. Ah ! Quand Zézette zozote Tandis que je la bécote Elle me dit : Zean, Mon amant Ze t’adore, mon chien chien Zure-moi bien, Chéri que tu es mien ! Z’aime ta bouche qui me grize Ze zens que ze fais des bêtizes Quoi, mon Zean, tu t’endors ? Z’est pas chic… bize moi encore. J’essaye de ne pas lui refuser dès que j’entends Zézette zozoter !

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LE GRAND LUSTUCRU (Kurt Weill / Florelle, 1935) Quel est donc, dedans la plaine, Ce grand bruit, qui vient jusqu'à nous ? On dirait un bruit de chaînes Que l'on traîne, que l'on traîne Que l'on traîne sur les cailloux Refrain C'est le grand Lustucru qui passe C'est le grand Lustucru qui mangera Tous les petits gars qui ne dorment guère Tous les petits gars qui ne dorment pas Quel est donc sur la rivière Ce grand bruit qui vient jusqu'ici ? On dirait un bruit de pierres Que l'on jette, que l'on jette Que l'on jette dedans un puits Refrain L'angélus sonne sur Ballanches Un pigeon tombe du clocher Quel est donc ce bruit de branches Que l'on traîne, que l'on traîne Que l'on traîne sur le plancher ? C'est le grand Lustucru qui passe Et ce soir c'est moi qu'il vient chercher Moi ce soir, parce que je ne dors guère Moi ce soir, parce que je ne dors pas !

LES BOUTONS DORES (Jean-Jacques Debout, 1959) On suit le mur de l'hôpital On passe le pont sur la rivière On tourne au coin du cimetière Pour suivre un peu le vieux canal Puis vers cinq heures on rentrera Suivant d'autres murs, d'autres grilles A part ceux de l'école des filles Jusqu'aux murs de l'orphelinat Refrain En casquette à galons dorés En capote à boutons dorés Tout au long des jeudis sans fin Voyez passer les orphelins. C'est pas souvent que j'ai gagné La médaille de la bonne conduite J'peux pas manger la soupe gratuite J'aim'rais mieux dormir dans les prés J'aurais pas mon certificat Paraît qu'je suis d'la mauvaise graine Parc'qu'un jour j'ai écrit « je t'aime » Sur les murs de l'orphelinat Refrain La nuit j'm'invente un vrai roman Que j'ai toujours mon père ma mère Une vraie maman en robe claire Et un papa qu'a plein d'argent Ah ! si jamais y z'entendent ça J'les en supplie, qu'ils viennent tout de suite Avant que mes ongles s'effritent Sur les murs de l'orphelinat. Refrain J'suis pas bien gros, j'suis pas malin J'ai peur de jamais être un homme De rester toujours le pauv' môme A qui personne tiendrait la main. Et malgré qu'on soit bon pour moi Un jour ça pétera dans ma tête Et pour peu qu'j'ai des allumettes J'mettrai l'feu à l'orphelinat. Refrain