Monnaies mérovingiennes du Gévaudan / par De Ponton D'Amécourt et E. De Moré de Préviala

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    MONNAIES

    MROVINGIENNES

    DU

    GVAUDAN

    PAR

    MM.

    LE

    VICOMTE

    DE

    PONTON

    D'AMCOURT

    BT

    E.

    DE

    MORE DE

    PRVIALA.

    EXTRAIT

    De VAnnuaire

    de

    la

    Socit

    franaise

    de

    Numismatique et

    d'AixholoQie

    1883.

    PARIS

    IMPRIMERIE

    PILLET

    ET

    DUMOULIN

    3,

    HUE DES

    GRANDS-AUGU3TNS,

    5.

    1883

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    MONNAIES

    MROVINGIENNES

    DU

    GVAUDAN

    PAR

    M.

    LE

    VICOMTE

    DE

    PONTON D'AMCOURT

    ET M.

    E. DE

    iMOR DE PRVIALA.

    Le

    nom

    de Gvaudan

    est

    form de deux

    mots

    primitifs

    :

    Gabal

    et

    tan dont

    le

    premier

    est le nom

    d'mi

    peuple

    gaulois,

    nomm

    par

    Csar Gabali^ et

    le

    second un radical commun

    plusieurs

    bran-

    ches de la famille linguistique

    indo-europenne,

    qui

    peut

    se

    traduire par

    rgion

    desn.

    L'agglomration de

    ces deux substan-

    tifs, latinise

    dans

    la

    forme Gabaletanum^

    signifie

    donc : pays des

    Gabales. On trouve,

    dans

    des

    contres bien diverses des compo-

    ss

    analogues :

    en France, le Lavedan

    (pays

    de

    Lourdes), le

    Gabardan (pays

    de Cabaret),

    le Grsivaudan (pays de Grenoble);

    dans

    la

    presqu'le

    Ibrique,

    la

    Lusitanie

    ;

    en

    Afrique,

    la

    Maur-

    tanie, et il

    nous parat

    probable

    que

    l'indoustan,

    le

    Turkestan,

    l'Afganistan, leBloutcliistan,etc.,

    sont

    des

    noms

    composs

    de la

    mme manire.

    Nous

    verrons,

    par les lgendes des monnaies,

    que

    le

    mot

    Gava-

    letanum

    ou

    Gabaletanum eut un second sens

    indiquant

    une

    qualit

    et

    qu'il

    remplit

    le

    rle

    d'adjectif

    pour dsigner

    ce

    qui est Gabale

    ;

    dans

    ce

    sens,

    analogue

    celui

    des

    mots

    Samaritain^

    Mtropolitain^ Tripolitain^

    Tingitati,

    etc.,

    la

    formule que

    nous

    rencontrerons

    souvent

    :

    BANNACIACO

    GAVALETANO

    doit

    se traduire

    par

    Bannassac

    le

    Gabalitain;

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    MONNAIES

    MROVINGIENNES DU

    GVAUDAN.

    s'ilii'en

    taitpas

    ainsi,

    la

    numismatique

    mrovingienne nousoffri-

    raitune

    autre

    formule

    qui

    serait

    BANNACIACO

    IN

    GAVALE-

    TANO, coraraeelle nous

    donne

    les

    formes

    WICO

    IN-PONTIO

    (Vie

    en

    PonthieuouQuentovvic),

    NASIO

    IN -BARRINSE

    (Naix en Bar-

    rois),

    CANNACO-INRVTENECIVE(Cannac

    dans

    la

    cit

    Rutne).

    Les

    Oabales taient un

    peuple

    de

    la

    premire

    Aquitaine.

    Leur

    cit

    ou diocse avait

    pour

    limites

    :

    TEst, le

    territoire

    des

    Ilelviens

    (Viviers),

    qui

    faisait

    partie

    de

    la Viennoise, et

    celui

    des

    Vellaves

    (Le

    Puy),

    dpendant

    de

    la

    premire Aquitaine;

    au

    Nord,

    la

    haute

    Auvergne,

    de

    la premire

    Aquitaine

    ;

    l'Ouest,

    le pays

    des

    Rutnes

    (Rodez), encore

    de

    la

    premire

    Aquitaine;

    enfin,

    au

    Sud, les

    dio-

    cses de iXmes

    et

    d'Uzs,

    de

    la premire

    Narbonnaise.

    Le

    terri-

    toire

    des Cabales correspondait

    peu

    prs

    au

    dpartement

    actuel

    de

    la

    Lozre

    et au

    diocse

    de Mende^

    On sait

    que la

    mtropole

    de

    la premire Aquitaine

    tait Bourges

    ;

    le

    nom

    gaulois

    de

    la

    capi-

    tale

    des

    Cabales

    tait

    A

    7identum,

    mais ce nom

    qui

    est

    inscrit

    sur

    la

    table

    de Peutinger

    et

    dans Ptolme

    (raaXoi

    xal r.okk

    Avoscioov)

    a

    disparu,

    comme la

    plupart des noms des

    villes

    gau-

    loises, pour

    faire

    place

    au

    nom du

    peuple;

    Andcritum

    est devenu

    Gabalus, parce

    que

    toute la vie

    politique de

    la

    citoijentiei

    Gabale,

    la

    civilas, comme

    on

    disait

    alors,

    la

    cit, comme

    on dit

    aujour-

    d'hui

    sans

    bien

    comprendre souvent

    le

    sens complexe

    de

    ce

    mot,

    se

    concentrait dans son

    enceinte. L'emj;lacement ainsi

    que

    le nom

    de cette

    antique capitale

    se

    retrouvent

    dans

    le

    village

    de Javols.

    Le

    sige

    de

    la

    cit

    et de

    l'vch

    fut

    transport

    plus

    tard

    Mende

    [Mimas)

    cause

    du

    martyre

    de

    l'voque saint Privt,

    qui eut

    lieu

    en

    cette ville, en

    408.

    Strabon et Pline donnent une autre

    forme

    grammaticale

    au

    nom du peuple Cabale, le premier

    crit

    raga>vi,

    le second

    Cabales.

    1.

    Lorsqu'on

    a

    form

    le

    dpartement

    de

    la

    Lozre,

    on

    a

    enlev

    tout

    le

    canton

    de

    Saugues,

    qui

    appartenait

    au

    Gvaudan

    et on l'a donn

    la

    Haute-Loire. Par

    com-

    pensation

    on

    a

    donn

    la Lozre une

    panie du

    canton

    de Villefort,

    qui

    appartenait

    rancic-u

    diocse d'Alais, ainsi

    qu'une

    portiju du

    canton

    de

    Meyrueis

    qui

    dpen-

    dait

    de

    l'vclic

    de

    Vabres.

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    MONNAIES

    MROVINGIENNES

    DU GKVAUDAN.

    3

    Les Cabales taient

    intelligents,

    industrieux et

    trs aptes

    au

    commerce.

    Peu

    favoriss

    par

    leur

    sol

    montagneux,

    de

    difficile

    accs

    et

    souvent

    couvert

    de

    neiges

    {terram

    Gabalum

    satis

    nivo-

    sam,

    disait Sidoine

    Appolinaire),

    ils migraient

    priodiquement

    vers

    des

    rgions

    plus

    fortunes

    et rapportaient

    chez

    eux

    le

    produit

    de leur

    travail;

    de

    mme

    que

    les

    Auvergnats

    allaient

    exercer cer-

    taines

    industries

    dans

    les rgions septentrionales

    de

    la Gaule,

    eux,

    qu'on appelait

    les

    Auvergnats

    du

    Sud,

    se

    rpandaient dans

    les

    provinces mridionales

    et

    au

    del des

    monts

    pour

    se

    livrer

    aux

    travaux

    les

    plus

    pnibles;

    pendant

    tout

    le

    moyen

    ge

    et

    jusqu'

    nos

    jours ils

    ont

    continu

    parcourir

    l'Espagne, exerant

    diverses

    professions,

    notamment

    celles de rtameurs,

    marchands

    de

    parapluies, etc. On

    les

    dsignait

    sous

    le

    nom

    de

    Gavaches,

    Gavac/ios,

    et

    ce

    n'est

    pas

    sans

    un

    certain mpris

    que

    les

    espa-

    gnols

    prononaient

    ce mot,

    parce

    que

    les

    hommes

    du Gvaudan

    ne

    reculaient

    pas devant

    les

    plus

    humbles

    mtiers.

    Donnons

    quelques

    notes historiques rapides

    sur

    le

    Gvaudan

    et

    particuUrement

    sur

    la nature de

    la

    domination

    qu'exercrent

    plusieurs

    rois francs

    sur

    cette petite

    rgion.

    Des

    dix-sept

    provinces

    qui

    composaient

    la

    Gaule

    la

    fin

    de

    rEm[)ire,

    et

    qui

    furent

    presque

    toutes

    conquises

    par

    Clovis

    et

    par

    ses

    fils,

    dix

    seulement

    fiu'ent

    transformes en

    quatre

    royaumes

    au

    profit

    des

    premiers

    descendants

    de ce

    prince.

    La

    premire

    et

    la

    deuxime

    Germanie

    (Mayence

    et

    (

    Pologne)

    avec

    la

    premire

    Belgique

    (Trves), plus

    une

    partie

    de la

    deuxime

    Belgique

    (Reims)

    formrent

    peu

    prs

    en bloc

    le

    royaume

    d'Austrasie

    et

    la

    part de Thierry

    1 .

    Le reste de la deuxime

    Belgique,

    dont

    Noyon fut

    en

    quelque

    sorte

    la

    mtropole

    sous

    l'vque

    saint

    loi, et

    toute la

    deuxime

    Lyonnaise

    (Rouen) formrent

    galement

    en bloc

    le

    royaume

    de

    Neustrie.

    La

    quatrime

    Lyonnaise

    (Sens),

    puis

    la

    premire (Lyon)

    et la

    Squanaise

    (Besanon),

    enfin

    la Yiennoise

    (Vienne)

    et les

    Alpes

    Grecques et

    Pennines

    (Moutiers

    et

    Martigny)

    formrent,

    au

    moyen

    de

    plusieurs

    remaniements,

    au premier

    partage,

    les

    royaumes

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    MONNAIES

    MROVINGIENNES

    DU GVAUDAN.

    d'Orlans

    et

    de

    Paris,

    et,, au

    deuxime

    partage,

    le

    royaume

    de

    Paris

    et

    le

    deuxime

    royaume

    de

    Bourgogne.

    Il

    restait

    la

    troisime

    Lyonnaise (Tours), la premire

    et la

    deuxime

    Aquitaine

    (Bourges,

    Bordeaux),

    la

    Noverapopulanie

    (Eause),conquisesparCloYis,

    la

    premire

    Narbonnaise(Narbonne)

    appartenant

    encore aux

    Wisigoths, la

    deuxime

    Narbonnaise(x\ix)

    et les Alpes

    maritimes

    (Embrun)

    encore

    occupes

    par

    les

    Ostro-

    goths.

    Narbonnene

    fut jamais

    soumise aux

    rois

    Francs,

    Embrun

    ne

    fut

    annex

    que

    par

    Thodebert P''.

    C'est

    donc

    dans

    le

    nord

    de

    la

    Gaule

    que les

    rois Francs

    se

    constiturent

    une

    sorte

    d'unit

    territoriale

    ;

    ils

    se

    partagrent les

    cits

    du Midi

    peu

    prs au

    hasard,

    comme

    on

    se

    partage

    des

    sacs

    d'cus

    ou

    des

    titres

    dans une

    succession, n'en

    faisant

    cas, en

    quelque

    sorte,

    que

    pour le

    montant

    du

    revenu

    qu'on

    pouvait

    en

    tirer.

    C'taient

    pour eux

    plutt des

    bnfices

    que. des

    domaines.

    Les

    habitants

    du

    midi

    de

    la

    Gaule

    n'entrevoyaient

    leurs

    rois

    qu'

    de

    rares

    intervalles,

    quand ceux-ci allaient

    faire

    la

    guerre

    au

    del des monts ou

    venaient rprimer

    des

    insurrections,

    comme celles que

    fomentaient

    parfois

    les turbulents

    Gascons.

    Bu

    reste,

    profondment

    fidles

    aux

    murs

    romaines adoucies

    par

    le

    christianisme,

    c'est--dire

    la plus haute

    civilisation

    que le

    monde

    antique

    ait connue,

    rgis

    par

    les

    fortes institutions

    qui

    avaient

    survcu

    au

    grand

    empire,

    contemporains et

    compagnons

    des

    Sidoine

    Apollinaire,

    des

    Ausone, des

    Forlunat,

    des

    Grgoire

    de

    Tours,

    des

    Isidore

    de

    Sville

    et de

    tant d'autres

    esprits

    distin-

    gus^

    gouverns

    par les vques

    qui exeraient

    alors la

    suprme

    puissance

    morale,

    habitus

    et

    rsigns par

    leur

    foi

    aux

    dvasta-

    tions intermittentes causes

    par

    les

    avalanches de

    barbares, abri-

    ts

    tant bien que

    mal

    sous

    la

    protection des

    rois Francs qu'ils

    croyaient

    acheter

    par leur

    impt et

    qui

    formait

    leur rempart

    du

    ct

    du

    Nord,

    ces

    peuples

    sans

    histoire,

    et

    relativement

    heu-

    reux,

    connaissaient

    peine

    le nom de

    leur monarque et

    se

    croyaient

    toujours

    les

    sujets

    du

    grand empire.

    Un

    sicle s'tait

    coul

    depuis

    le sac

    de

    Rome,

    ils avaient entendu

    raconter

    les

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    MONNAIES

    MROVINGIENNES

    DU

    GRVAUDAN.

    Tj

    hauts faits

    du roi

    Thodoric,

    des

    rois

    Euric

    et

    Alaric,

    du

    roi Clo-

    vis,

    du

    roi

    Goiidel)aud,

    du

    roi

    Tliodebert,

    mais

    les

    noms

    inscrits

    sur

    leurs

    monnaies

    taient

    encore

    des noms

    d'Empereurs

    :

    i^nas-

    tase,

    Justin

    l'\

    Justinien,

    Justin

    II,

    Constantin,

    Maurice

    Tibre,

    Phocas,

    Hraclius.

    Romains

    de

    race,

    puisque

    depuis

    six

    sicles

    leurs

    anctres

    avaient

    fait

    partie

    de

    Rome,

    ils

    taient

    toujours

    romains

    de

    nation;

    les

    rois

    n'taient

    pour

    eux

    que

    des fonction-

    naires

    de Rome,

    des

    consuls

    ou

    despatrices.

    Leurs

    pres

    n'avaient-

    ils

    pas

    vu

    jadis

    grandir

    et

    passer

    sa

    vie

    au

    milieu

    d'eux

    l'lve

    de

    l'orateur

    Exupre,

    le premier

    des

    princes

    crs

    rois

    par

    les

    empe-

    reurs de

    Constantinople,le

    roi

    Hannibalien,

    gendre

    et

    petit-neveu

    de

    Con>tantin?

    Bien

    plus,

    Rome

    semblait

    renatre,

    car

    soixante

    ans

    aprs

    sa prise

    par

    les

    barbares,

    Blisaire

    venait

    de

    la

    rendre

    l'empire.

    Les

    Cabales

    en

    paiticulier

    taient

    dans

    des

    conditions

    toutes

    spciales

    pour

    conserver

    jusqu'

    la

    dernire

    extrmit

    leur

    caractre

    romain.

    Garantis

    contre

    les

    rafales

    du

    Nord

    par

    l'-

    norme

    massif

    des

    montagnes

    d'Auvergne,

    ils

    n'prouvaient

    que

    de

    faibles

    remous

    de

    ces grands

    cyclones

    humains

    qui,

    du

    nf

    au

    V

    sicle,

    balayrent

    tant

    de fois

    le

    littoral

    de

    l'Ocan

    et le

    bassin

    du

    Rhne.

    Ils

    consentirent

    comme

    les

    autres

    tre

    sujets

    de

    Clovis

    quand

    Clovis

    consentit

    tre

    sujet

    du

    Christ,

    et

    des

    agissements

    du

    peuple

    franc

    ils

    ne

    sentirent

    que

    les

    lointaines

    secousses

    r-

    percutes

    par

    la

    chane

    des

    Pyrnes.

    S'ils

    descendaient

    du

    flanc

    des

    Cvennes

    oii

    ils

    taient

    logs,

    c'tait

    pour

    entrer

    en

    contact

    avec

    les

    Wisigoths,

    qui

    occupaient

    la

    Narbonnaise,

    ou

    avec

    les

    Ostrogths

    qui,

    jusqu'en

    53(i,

    tenaient

    la

    rive

    gauche

    du

    Rhne.

    Ils

    payaient

    correctement

    les

    droits

    dus

    au

    fisc

    quand

    l'homme

    de

    la

    maison

    du

    roi

    venait

    recueillir

    l'impt

    ou

    les

    revenus

    des

    an-

    ciens

    domaines

    impriaux;

    du

    reste,

    ils

    taient

    tellement

    dsin-

    tresss

    de

    la

    politique

    franque,

    qu'il

    a

    suffi

    l'aventurier

    Gondovald

    de

    se dire

    fils

    dshrit

    de

    Clotaire

    L''

    et ami

    de

    l'em-

    pereur

    Maurice

    Tibre

    pour

    pouvoir

    parcourir

    toute

    l'Aquitaine

    aller

    d'Avignon

    Bordeaux,

    aprs

    avoir

    t

    de

    Marseille

    Avi-

    gnoi],

    traverser

    en

    vainqueur

    le

    Gvaudan

    et

    aller

    se faire

    porter

    sur

    le

    pavois

    Brives-la-Gaillarde.

    Les

    peuples

    de

    l'Aquitaine

  • 8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala

    8/144

    6

    MONNAIES

    MROVINGIENNES

    DU GVAUDAN.

    suivaient

    son

    parti

    parce que quelques vques

    s'y

    taient

    com-

    promis,

    mais

    c'tait

    pour

    eux

    une

    querelle

    d'trangers;

    Gondo-

    vald

    tomba

    Comminges

    abandonn

    de tous

    ses

    sujets,

    et

    sous

    les

    coups

    d'ennemis

    venus

    de

    Neustrie,

    de Bourgogne

    et

    d'Aus-

    trade

    ;

    tous

    les

    hros

    de

    son quipe

    furent

    des

    hommes

    du

    Nord.

    Dans

    ces

    conditions,

    les

    Cabales

    taient

    un peuple heureux,

    riche

    et

    presque

    en

    possession de

    son autonomie,

    puisque

    jijsqu'

    la

    fin

    du

    moyen

    ge leurs

    vques

    partageaient

    le

    gouvernement

    avec

    le

    roi.

    La

    chute

    de

    rem[)ire

    d'Occident

    ayant

    rompu

    tous

    les

    liens

    de

    l'ancienne

    administration,

    les

    corporations

    de

    montaires

    se

    dsagrgrent

    et

    l'on

    ne

    tarda point

    voir surgir

    des

    ate-

    liers

    dans

    toutes

    les cits en

    raison

    des

    besoins

    du

    commerce

    et

    de

    l'activit

    des

    transactions;

    maiS;, alors mme

    que les mon-

    nayeurs

    ne

    recevaient

    plus

    du

    snat

    romain

    ou de

    l'empereur

    les

    coins

    officiels,

    ils

    livraient

    au

    public

    un mtal

    de bon

    alol,

    tant

    taientvivaces

    les

    traditions

    de

    leur corporation,

    etrciproquement,

    alors

    mme

    que le

    peuple

    ne

    lisait

    plus

    sur

    les

    espces monnayes

    le

    nom du

    prince,

    il

    continuait

    les

    recevoir avec confiance,

    parce

    que,

    dans

    cette

    socit

    profondment honnte

    et religieuse,

    on

    croyait

    encore

    au

    caractre

    sacr

    de

    la

    monnaie. L'effigie

    diad-

    mes

    gardait son

    prestige

    mme

    aprs

    avoir perdu

    son nom;

    personne

    ne

    songeait

    rclamer

    de

    plus

    compltes

    garanties.

    Tel tait

    l'esprit

    de

    ces

    populations

    quand

    elles formaient un

    des lointains

    apanages

    de

    la

    couronne d'Austrasie,

    laquelle

    leur

    territoire

    tait

    chu

    en partage.

    Aprs

    la

    mort de

    ClovJs,

    les

    Cabales passrent

    successivement

    dix

    rois

    dont

    ils

    connaissaient

    probablement

    moins

    les

    nomsgue

    ceux

    des

    huit

    empereurs

    qui

    se

    succdrent

    pendant

    le

    mme

    in-

    tervalle

    d'un

    sicle

    environ.

    Voici la liste

    de

    ces

    rois

    et

    empereurs

    contemporains :

    Thierry

    1

    ;iH-:j3;

    23

    an?

    Thodebertl*^';.

    b34-548

    14

    Justin P--

    ol8-o27

    9

    EMPEREUBS.

    Anastase 49l-ol8

    27

    ansi

  • 8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala

    9/144

    MONNAIES

    MEROVINGIR.N.NF.S

    DU

    GRYAUDAN,

    aiis.

    hodebaid...

  • 8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala

    10/144

    s

    MONNAIES

    5I lOVNGIENNi:S

    DU

    GVAUDAN.

    Il lui abandonna

    seulement

    une

    partie

    de

    cette

    province

    et

    les

    cits

    les plus

    loignes

    de

    Paris

    :

    Toulouse,

    l'AgenaiSj.leQuercy,

    la

    Saintonge,

    le

    PcrigorJ

    et

    les

    places

    des

    Pyrnes

    les

    plus

    rappro-

    ches

    de

    la

    Septimanie et de

    la

    Gascogne. La

    cit

    des

    Cabales

    fit

    partie

    de

    ce

    royaume,

    c'est la numismatique

    qui

    nous

    l'apprend,

    car

    l'histoire n'en fait

    pas

    mention.

    Ce

    ne

    fut

    pas de

    bon

    cur que

    Dagobert

    cra

    co

    royaume

    d'Aquitaine;

    son

    rve

    tait

    de

    possder

    la

    Caule

    entire;

    mais

    il

    sut

    cder

    aux

    avis

    des

    plus sages

    de son

    conseil.

    Le

    jeune

    roi

    Caribcrt_,

    ambitieux,

    lui

    aussi, tait

    soutenu

    par

    un

    puissant,

    parti

    la

    tte

    duquel tait

    Brunnlfe,

    frre

    de

    sa

    mre.

    A

    l'instar

    des

    anciens

    rois

    Wisigoths,

    il choisit

    Toulouse

    pour

    capitale

    de

    son

    royaume,

    et s'installa

    dans le

    palais

    d'Euric

    et

    d'laric.

    Bientt

    il

    augmenta

    ses

    tats par

    la

    conqute

    du

    pays

    des

    Cascons,

    qui,

    peu

    de

    temps

    auparavant,

    avaient

    secou

    le

    joug

    des

    Francs.

    Caribert

    s'tait engag

    n'lever

    de

    prtentions

    sur

    aucune

    des

    autres

    provinces

    de

    la Gaule,

    mais

    on

    pense qu'il

    ne fut

    pas

    fidle

    :-a

    promesse,

    car ds l'anne

    028,

    la

    premire

    de son

    rgne,

    il

    parut

    tre

    de

    connivence

    avec son

    oncle Brunulfe

    qui

    conspirait

    contre

    Dagobert.

    Brunulfe

    paya

    ce complot

    de

    sa

    vie;

    Dagobert

    le

    fit

    prir dans

    un

    cachot.

    L'histoire parle

    bien

    peu du roi

    d'Aqui-

    taine

    Caribert.

    Un jour,

    saint

    loi

    qui

    habitait

    le

    palais

    de

    Dago-

    bert vint

    faire

    part au roi

    de

    la

    mort

    de

    ce

    prince

    ;

    Audoenus

    (saint

    Ouen),

    Thistorien

    de

    saint

    loi,

    considra

    cet avis comme

    une

    rvlation

    prophtique.

    En effet,

    Caribert

    mourut

    en

    631,

    laissant

    un

    jeune

    enfant,

    nomm

    (>hilpric,

    qui le

    suivit

    de trs

    prs dans

    la

    tombe.

    Ainsi

    finit

    le premier

    royaume

    d'Aquifai-e

    qui n'a

    dur

    que

    trois

    ans.

    Il

    ft

    retour

    Dagobert

    1 ,

    et

    ce roi

    alors

    dans

    l'ciat

    de

    son rgne^,

    iorrem^

    pidcher et iiiciyhts,

    comme

    le

    dcrit

    le mme

    historien

    Audoenus,

    archevque

    de

    Rouen,

    n'chappa

    pas

    au

    soupon

    d'avoir

    ht

    la mort de l'infor-

    tun

    petit

    Chilpric.

    On trouva

    dans

    la

    succession

    de Caribert

    d'assez

    grands

    trsors

    que Dagobert

    fit

    transportera

    Paris.

    L'Aquitaine

    redevint

    ce qu'elle tait

    avant

    Caribert, une pro-

  • 8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala

    11/144

    MONNAIES

    MKROVINGIRNNES DU

    GIJVAUDAN.

    9

    vince

    appartenant

    de

    fait

    au

    roi

    des

    Franc?,

    mais

    reste

    par ses

    traditions

    et

    ses

    murs

    plutt

    romaine que

    IVanque.

    Deux

    ans aprs

    (633),

    Dagobert fut

    contraint

    encore

    de

    d-

    membrer

    son royaume

    pour

    donner

    satisfaction

    aux

    leudes d'Aus-

    trasie

    qui

    voulaient avoir un

    roi; il

    donna

    l'Austrasie

    son

    fils

    Sigebert

    III,

    n vers

    l'an

    G30, et

    ayant

    peine

    trois

    ans.

    D'aprs

    le

    trait

    qui

    fut dress,

    Sigebert fut

    dclar successeur

    de

    Dago-

    bert,

    non

    seulement

    pour

    l'Austrasie

    proprement

    dite, mais encore

    pour toutes

    les

    cits que

    les

    anciens matres

    de

    ce

    royaume avaient

    possdes,

    notamment

    la

    plus

    grande

    partie

    de

    l'Aquitaine

    ou

    des

    pays

    au

    del de la

    Loire.

    Sigebert

    possda le

    Gvaudan,

    non

    plus

    comme

    roi

    d'A-

    quitaine,

    mais

    comme

    roi

    d'Austrasie.

    Son

    rgne

    plus

    exem-

    plaire

    que

    glorieux dura

    vingt-deux

    ans,

    et

    ses

    vertus lui mrit-

    rent,

    dfaut d'autres

    trophes l'honneur

    de

    figurer

    dans

    la liste

    des

    saints.

    Il

    mourut

    en 65o

    l'ge

    de vingt-cinq

    ans, peu de

    temps

    avant

    son

    frre

    Clovis

    II,

    le

    fils

    de

    la

    reine

    Nanthikle.

    Il

    laissa

    un

    fils, nomm

    Dagobert,

    g

    au plus de sept ou

    huit

    ans,

    auquel

    Grimoald

    substitua

    son

    propre

    fils

    appel

    Childebert;

    mais

    ce

    maire du

    palais

    ne

    put

    faire sanctionner

    son usurpation, son

    fils fut

    dtrn,

    lui-mme

    prit dans un cachot,

    et,

    la

    mort

    de

    Clovis

    II,

    en

    GoG,

    le second

    fils

    de

    ce

    dernier

    roi,

    Chilpric II, fut

    plac

    su[' le trne

    d'Austrasie. On sait

    par quelles vicissitudes

    de

    la

    fortune le

    fils

    de

    saint

    Sigebert,

    Dagobert II,

    ramen d'Eco-se

    par

    saint

    Wilfrid,

    occupa

    plus

    lard

    le

    trne

    dont il tait

    le lgi-

    time

    hritier.

    Quant

    l'iVquitaine

    en gnral et au

    Gvaudan

    en particulier,

    nous

    n'en

    dirons plus

    qu'un

    mot

    avant d'aborder notre descrip-

    tion

    des monnaies.

    Ces

    provinces continurent

    rester

    en

    quelque

    sorte isoles

    de

    la

    France

    jusqu'au jour

    oi^i

    Charlemagne fonda,

    en

    faveur de

    son

    jeune

    fils

    Louis,

    le

    second

    royaume

    d'Aquitaine.

    C'est

    en

    778,

    un

    sicle

    et

    demi

    plus tard,

    que

    fut faite la vritable

    et

    dfinitive

    conqute de

    l'Aquitaine

    par les

    Francs.

    Charlema-

  • 8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala

    12/144

    10

    MONNAIES

    MROVINGIENNES

    DU

    GVAUDAN.

    gne,

    crit

    Emile

    Mabille',

    aprs

    son expdition

    d'Espagne,

    r-

    solut,

    avant

    de

    retourner

    dans

    le

    Nord,

    de

    donner

    h

    ce pays une

    organisation

    qui

    pt le garantir

    contre

    les rvoltes

    continuelles

    de

    ses

    habitants

    et

    permettre

    aux

    institutions

    germaniques

    de

    s'im-

    planter

    sur-le

    sol

    d'une manire

    dfinitive.

    Il

    crut qu'en

    flattant

    les

    ides

    d'indpendance

    qui

    onl;

    toujours fait

    le

    fond

    du

    carac-

    tre

    des Aquitains,

    il

    rallierait

    plus facilement

    le

    peuple

    sa

    domi-

    nation.

    Pour

    atteindre

    ce

    but,

    il

    rigea

    l'Aquitaine

    en

    royaume

    avec

    un

    gouvernement

    particulier

    et donna

    ce

    royaume

    son

    jeune

    fils

    qu'il

    venait

    de

    faire

    baptiser

    au

    palais

    de

    Chasseneuil.

    Les Aquitains

    pouvaient

    supposer

    qu'ils auraient une cer-

    taine autonomie.

    En

    ralit

    Charlemagne

    conservait

    le

    pouvoir,

    c'tait lui qui

    administrait

    sous

    le

    nom de son fils. Il

    commena

    par

    confier

    toutes

    les fonctions

    du

    gouvernement

    qu'il instituait

    en

    Aquitaine

    des

    hommes

    de race

    franque; il

    choisit pour r-

    gent

    un

    homme

    dans

    lequel

    il

    avait

    toute

    confiance^ Arnoul.

    En

    793,

    quand

    il

    dut

    lui

    trouver

    un

    successeur,

    ce

    fut Meginha-

    rius,

    homme

    sage et

    profond

    politique,

    qu'il investit

    de

    ces

    dlica-

    tes fun

    tions

    .

    .

    Les monnaies

    du

    Gvaudan

    qui sont

    parvenues jusqu'

    nous

    sont

    nombreuses

    et

    forment

    plusieurs groupes

    bien

    distincts

    dont

    l'ordre

    chronologique

    se

    dtermine

    par

    l'tude de

    la

    filiation

    des

    types, par la

    qualit du

    mtal

    et

    par

    les

    donnes

    historiques.

    Elles

    ne

    font

    mention, jusqu'

    l'tat

    actuel de nos

    connaissances numis-

    matiques,

    que

    de

    quatre

    rois

    nomms

    Childebert,

    Caribert,

    Dago-

    bert

    et Sigebert

    ;

    la

    critique numismatique tablit

    que

    la

    monnaie

    de

    Childebert

    est

    la plus ancienne

    de

    toutes,

    que

    les

    espces

    au

    nom

    de

    Caribert

    sont plus anciennes

    que

    celles

    au

    nom

    de

    Sige-

    bert,

    enfin

    que

    la

    monnaie

    de

    Dagobert

    est

    un peu

    postrieure

    celle

    de Caribert

    ;

    l'examen

    du titre

    du

    mtal

    conduit aux

    mmes

    conclusions,

    car les

    monnaies

    de

    Caribert

    du Gvaudan

    sont d'un

    1.

    Le roymmie

    d'Aquitaine

    et les

    Marcher sous les Corlovinqiens.

    Toulou5f

    Privt,

    1870.

  • 8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala

    13/144

    MONNAIKS

    MKROVINGIENNEJTDU

    GKVAUDAN. H

    titre

    beaucoup

    plus fin

    que celles

    au

    nom

    de

    Sigebert

    frappes

    dans

    la

    mme

    province

    et

    dans

    la

    mme

    ville

    de

    Bannassac;

    or

    c'est

    un

    fait

    conomique gnral

    et presque sans exception, que le

    titre

    du

    mtal

    tend

    dcliner tandis

    que

    la

    valeur

    nominale

    des

    espces

    tend

    s'accrotre'.

    Nous avons constat

    par

    des faits

    nombreux et

    notamment

    par

    l'tude des riches

    sries

    montaires

    de Paris et

    de

    Marseille,

    que,

    dans

    le

    cours

    des rgnes de

    Clovis II

    et de

    Sigebert

    III,

    les deux

    fils de

    Dagobert

    P' ,

    et pour

    des

    raisons

    non

    encore

    suffisamment

    expliques,

    le

    titre

    des

    monnaies

    d'or

    franques

    fut

    considrablement

    abaiss. Ces

    donnes

    suffisent

    pour

    fixer

    premptoirement

    l'attribution

    des

    monnaies

    royales du

    G-

    vaudan;

    celles

    de Childebert ne pouvant

    tre

    antrieures

    Jus-

    tin II,

    ni

    postrieures

    Caribert II,

    appartiennent

    ChildebertlI.

    Celles

    la

    lgende

    CHARIBERTVS

    REX

    ne

    peuvent

    appartenir

    qu'

    Caribert

    II

    et

    ont

    t

    frappes

    au moins

    trente-deux ans

    plus

    tard.

    Celles

    la

    lgende

    SIGIBERTVS REX

    ne

    peuvent

    tre

    antrieures

    saint

    Sigebert,

    et c'est

    ces

    deux

    derniers

    rois dont nous

    venons

    d'esquisser

    l'histoire,

    au frre

    et au fils de

    Dagobert

    P' ,

    qu'il faut attribuer

    toutes les monnaies

    royales du

    G-

    vaudan

    connues

    jusqu'

    ce

    jour

    sur

    lesquelles

    on lit

    leurs noms.

    La

    priode de

    leur

    mission

    a

    dur

    de

    628

    6So,

    c'est--dire

    vingt-sept ans; entre Caribert

    et

    Sigebert il

    y

    eut

    deux

    ans

    de

    rgne

    de

    Dagobert I*^;

    c'est pendant

    ce court intervalle,

    entre

    les

    annes

    631 et

    633,

    que

    la

    monnaie

    de

    Dagobert a

    t

    frappe.

    Il

    1.

    Nous

    croyons

    que le

    triens

    ou tiers du sol de

    40 deniers fut

    appel sol

    aprs

    la

    mort de Dagobert et produisit

    le

    sol

    de

    12

    deniers (lgalement

    13

    1/3)

    que

    Charlemagiie adopta

    et

    rgularisa en triplant

    le

    poids

    du denier,

    afin

    que

    12 de

    ses

    deniers

    devinssent

    l'quivalent

    de 30 deniers antrieurs

    l'accroissement

    de la

    va-

    leur

    nominale du triens, les quntre

    derniers quarantimes

    reprsentant

    le

    frai

    des

    anciens deniers.

    Mous

    croyons

    galement

    que

    de

    chute en chute

    le sol qui

    reprsen-

    tait

    cinq

    grammes

    d'or

    environ,

    au

    iv sicle, est

    tomb

    cinq

    grammes

    de

    cuivre

    au

    xix

    sans

    jamais

    cesser

    d'tre

    la

    monnaie

    ayant

    cours

    dans

    le

    systme

    des

    livres,

    sous et deniers qui,

    depuis

    quinze

    sicles,

    a

    servi

    de

    mesure

    aux

    valeurs

    et

    de

    ba-

    lance

    aux

    transactions.

    Ces

    sortes

    de dprciations deviennent fatales

    le jour

    o se

    manifeste un cart

    entre

    la

    monnaie

    et

    le

    poids

    (statre,sicle,

    livre,

    etc.)

    quiluisert

    de

    dnominateur.

  • 8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala

    14/144

    12

    MONNAIES

    MROVIi\GIENNES

    DU

    GVAUDAN.

    est

    trs

    possible

    qu on

    dt'couvre

    aussi ded

    monnaies

    gabales

    avec

    les

    noms

    de

    Tibre

    Constantin

    et de

    Maurice

    Tibre,

    peut-tre

    mme

    avec

    des

    dbris

    des

    noms de

    Phocas

    et d'Hraclius,

    car

    jus-

    qu' ce

    dernier

    rgne,

    qui

    commence en

    610,

    les

    espces frappes

    -Marseille,

    Valence,

    Uzs,

    Viviers ont

    t

    plus

    romaines

    que

    franques.

    La

    proportion

    dans laquelle

    se

    rencontrent

    les

    monnaies

    portant

    les noms de Caribert et de Sigebert

    prouve

    que presque

    toutes les

    monnaies mrovingiennes

    du

    Gvaudan

    ont

    tfrappes

    dans

    la courte

    priode

    occupe

    par

    ces

    deux rgnes,

    surtout celui

    de

    Ciribert

    beaucoup

    plus

    court

    et

    beaucoup

    plus riche

    en

    mon-

    naies que l'autre. Caribert

    s'est

    trouv

    au

    pouvoir prcisment

    au

    moment oii s'accomplissait au

    Gvaudan

    la refonte

    gnrale

    des anciennes

    monnaies, et l'histoire,

    en

    assignant des

    dates

    cer-

    taines

    au

    premier

    royaume

    d'Aquitaine, fournit

    la numismati-

    que du Gvaudan

    des

    dates

    galement

    prcises

    et

    prcieuses.

    Presque

    toutes les

    monnaies franques

    frappes

    dans

    le

    Gvau-

    dan

    se

    reconnaissent,

    mme sans

    l'aide des

    lgendes,

    un type

    parfaitement

    localis

    et

    spcial

    cette province, au type

    du

    gobe-

    let,

    ou

    coupe

    deux

    anses que

    les

    numismatistes

    s'accordent

    appeler le

    Calice du

    Gvaudan. On peut

    dire, a priori,

    que toutes

    les

    monnaies

    qui

    prsentent ce

    type sont

    gabales

    ;

    mais

    il

    ne se-

    rait

    pas vrai

    de

    dire

    que

    toutes

    les

    monnaies qui

    n'ont

    pas un ca-

    lice

    au

    revers

    sont

    trangres

    au

    Gvaudan, car il

    existe

    des

    es-

    pces

    de

    types trs

    varis

    et

    sans calice qu'on ne peut

    contester

    cette

    province.

    Ces

    espces

    appartiennent principalement

    la

    plus

    ancienne

    priode

    du

    monnayage

    mrovingien,

    Tge

    de

    transi-

    tion

    entre

    la

    monnaie

    romaine

    et

    la monnaie franque

    ;

    quoique

    leurs

    types

    n'aient aucun

    rapport

    entre eux

    et

    soient

    aussi

    dispa-

    rates

    que possible,

    nous

    devons,

    pour

    dblayer

    le

    terrain de

    nos

    explorations,

    les

    runir

    par

    ce

    lien

    ngatif et

    en

    former un

    groupe

    part,

    qui

    est

    une sorte

    de

    hors-d'uvre. Notre premier

    groupe

    sera

    donc

    celui

    des

    monnaies

    gabales

    sms

    calice .

    Parmi

    les

    monnaies au

    type

    du

    calice,

    on peut

    en

    distinguer

    un

    certain

    nombre qui ont

    un

    caractre

    tout particulier

    et

    dont

    l'an-

    ciennet

    se

    trahit

    par le

    style

    et

    la

    finesse du travail. Elles

    parais-

  • 8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala

    15/144

    MONNAIKS

    MROVINGIENNES

    DU

    GVAUDAN. 13

    sent

    tre

    le

    plus

    ancien

    produit

    de

    l'mancipation

    de

    l'art

    et

    de

    cet

    esprit

    de

    raction

    fconde

    qui

    a

    lutt

    contre

    l'immobilisation

    des

    types romains

    i

    our crer le

    gracieux type

    du calice.

    Elles

    portent

    le nom du

    peuple

    gabale sous la

    forme

    GABALORVM,

    sans

    indiquer d une manire

    absolument

    certaine

    l'atelier oii

    elles

    ont

    t

    frappes,

    sont-elles

    de

    Javols?le

    mot Gabalonun semble

    l'in-

    diquer; sont-elles

    de

    Bannassac? on a

    pour

    le croire

    d'excellentes

    raisons

    que

    nous

    exposerons

    plus loin

    ;

    elles

    ont

    encore

    un

    autre

    caractre

    commun

    qui

    les

    distingue, elles ne

    portent pas

    de

    nom

    de

    montaire,

    d'oii

    nous

    concluons

    qu'elles

    sont

    antrieures

    l'u-

    sage ou

    la

    loi

    qui imposa aux

    montaires

    du

    Gvaudan l'obliga-

    tion

    d'inscrire

    leur nom

    sur

    leurs

    monnaies.

    Notre second

    groupe

    sera

    compos

    de

    ces

    monnaies

    au

    type

    le

    plus ancien

    et le plus

    gracieux

    de la

    coupe

    deux

    anses,

    avec la

    mention du peuple

    sous

    la forme

    GABALORVM

    ou

    GAVALORVM,

    et l'omission

    du

    nom

    du

    montaire. On

    peut

    l'appeler

    groupe

    GABALORVM

    au calice

    Un

    jour \int oii

    tout

    d'un

    coup

    le

    montaire qui

    dirigeait

    la

    fabrication

    des espces

    au

    type

    du

    calice inscrivit

    son

    nom

    et

    cessa

    d'inscrire

    le

    nom

    de

    l'atelier.

    Ce changement

    subit,

    cette

    rvolu-

    lution

    dans

    Tpigrapliie

    nous aurait

    fort

    embarrasss

    dans

    notre

    uvre

    de

    classement si l'tude de

    la

    filiation

    des types

    et d'autres

    symptmes

    n^avaient rpandu la

    lumire

    sur les

    phases de cette

    mtamorphose;

    les deux dernires monnaies

    du

    deuxime

    groupe

    nous

    en

    donnent

    un indice

    prcurseur

    dans l'initiale

    du

    nom

    du

    montaire,

    et

    la

    premire

    monnaie du

    troisime

    groupe,

    en nous

    rvlant ce

    nom tout

    entier,

    maintient

    encore les

    deux

    premires

    lettres

    du

    nom de

    Tateher qu'on

    va

    momentanment

    passer sous

    silence. Le

    nom

    du

    montaire

    est

    ELAFVS;

    par

    sa forme et sa

    composition, il offre un

    pendant d'une

    heureuse

    symtrie

    au

    nom

    d'ELlGlVS

    qui

    florissait

    la

    mme

    poque;

    quant

    au

    nom de

    l'atelier,

    c'est dfinitivement Bannassac. Les

    monnaies

    signes

    par

    Elafius

    formeront notre troisime groupe.

    On critique

    avec

    raison

    les auteurs

    qui

    ont la manie

    de

    peupler

    les

    vocabulaires

    de

    mots

    nouveaux, pourtant

    toute

    science

    nouvelle il

    faut

    des

    mots

    nouveaux,

    puisqu'un

    mot e^t

    toujours

    la plus

    simple et la

    meil-

  • 8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala

    16/144

    14

    MONNAIES

    MROVINGIENNES

    DU

    GVAUDAN.

    leure

    des

    dfinitions;

    nous ne

    verrions

    donc aucun

    inconvnient

    ce

    que

    ce

    troisime

    groupe que nous

    n'inventons

    pas et

    qui est

    impos

    aux

    niimismatistes, comme les quatre autres,

    par

    des

    faits

    palpables

    el

    incontestables,

    fi

    dsign d'un

    commun

    accord

    par

    le

    nom de groupe

    Elafien.

    Puis

    certaines

    espces

    font cortge aux noms

    de Caribert

    et

    de

    ses

    montaires,

    dont le

    plus

    en vidence

    est

    MAXIMINVS.

    Elles

    offrent

    la

    plnitude

    du caractre

    des

    monnaies

    mrovingiennes

    :

    nom

    du

    roi,

    nom du

    montaire, nom

    de

    l'atelier,

    tte royale

    d'un

    ct,

    type

    IocliI

    du

    calice

    au

    revers;

    la

    mention

    du

    Gvaudan

    est seule

    absente,

    mais

    qu'importe? le

    nom de

    Tatelier

    ne suffii-il

    pas?

    (l^^%

    monnaies

    dsignent un

    roi :

    CHARIBERTVS,

    deux

    montaires

    :

    MAXIMINVS

    et

    LEVDEGISELVS;

    deux

    ate-

    liers

    :

    BANNACIACO

    et

    SC

    MARTINI BANNACIACO.

    Elles

    marquent le point

    culminant

    de l'art montaire

    mrovin-

    gien,

    le rayonnement

    de cette

    cole

    du Palais, schola

    palatina,

    dont

    la

    grande

    personnalit

    de

    saint

    Eloi

    tait le foyer

    la fin

    du

    rgne de Clotaire

    IL

    Nous

    en

    formerons

    un

    quatrime groupe

    qu'on

    appellera, si

    l'on veut,

    groupe

    des

    monnaies

    caribertines.

    C'est

    ce

    groupe

    qu'appartiendra

    encore l'unique

    monnaie

    connue frappe

    en

    Gvaudan

    au

    nom

    de

    Dagobert.

    Enfin,

    des

    espces encore

    plus

    nombreuses

    que

    les

    prcdentes

    suppriment de

    nouveau

    le nom

    du

    montaire,

    except

    dans

    une

    seule occasion

    qui suffit

    pour nous

    apprendre

    que ce

    personnage est

    le

    mme

    que

    le

    signataire

    de

    la

    plupart

    des

    monnaies

    du quatrime

    groupe. Le flan

    est large

    et

    trs charg

    de

    symboles

    ;

    on

    pourrait

    qualifier

    ce

    style

    de iiirovingien

    fleuri;

    ces

    monnaies

    avaient

    cours

    dj

    bien

    avant

    l'poque de l'abaissement

    du titre, elles

    ont

    continu

    tre

    fabriques pendant

    celte

    priode et,

    depuis,

    leur

    production

    s'est perptue

    aussi

    longtemps

    que

    le calice

    a

    t le

    signe

    montaire

    du Gvaudan,

    c'est--dire

    jusqu'

    la

    fin;

    elie

    durait

    encore

    quand

    l'art

    mrovingien

    se

    mourait dans

    l'obscure

    priode

    des rois

    et

    des artistes fainants;

    elle

    a pass de

    l'or

    pur

    l'or

    ple,

    de

    l'lectrum

    l'argent,

    et

    tant

    que

    cet art,

    nous

    de-

    vrions

    dire

    cette

    barbare industrie

    du

    v[ii

    sicle, a

    su

    tracer

  • 8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala

    17/144

    MONNAIES

    MIROVINGIF.NNES

    DU

    GVAUDAN.

    15

    quelques

    grossiers caractre?,

    elle

    a recopi

    les dbris

    de

    la

    Ionique

    lgende

    gographique

    BAN(naciaco)

    GAVALETANO

    FUT.

    Entre

    temps,

    elle

    a

    trac

    autour

    de

    l'effigie

    le

    uora d'un

    roi

    :

    SIGIBER-

    TVS REX;

    et une

    fois,

    une

    seule

    fois,

    le

    nom

    d'un

    montaire

    :

    MAXIMINVS.

    Nous

    englobons

    toutes

    ces

    espces

    dans

    un

    cin-

    quime

    groupe

    que, pour

    rpondre

    au

    besoin

    d'une

    nomencla-

    ture

    numismatique,

    on

    peut appeler

    siieberiin\

    ce

    groupe

    com-

    prend

    ncessairement

    deux

    subdivisions

    : les

    monnaies

    buste

    et

    les

    monnaies

    simple tle.

    C'est

    la

    subdivision

    des

    monnaies

    simple

    tte

    royale

    qu'appartiennent

    les

    espces

    au

    nom

    de

    Sigebert

    III.

    PREMIER

    GROUPE

    MONNAIE

    A LA

    LGP.NDE

    GABALORUM

    SANS

    CALICE.

    Ce

    groupe,

    nous

    l'avons

    dit,

    n'a

    aucune

    unit

    de

    style;

    les

    monnaies

    qui

    le

    composent

    sont

    des

    spcimens

    erratiques

    dont

    le

    seul

    lien

    est

    la

    ^:ommunaut

    d'origine

    ;

    ce

    sont

    d'abord

    des

    imitations

    plus

    ou

    moins

    grossires

    de

    types

    impriaux;

    aprs la

    monnaie

    de Justin

    II,

    dont

    nous

    avons

    dit

    un

    mot,

    nous

    trouvons

    deux

    immobilisations

    de

    types

    romains

    ap-

    partenant

    la

    priode

    de

    complte

    barbarie

    qui

    a

    prcd

    rmancipation

    de

    l'art

    montaire

    et

    la

    naissance

    du

    systme

    mrovingien.

    Nous

    considrons

    ces

    premires

    monnaies

    comme

    antrieures

    l'apparition

    du

    caice;

    puis

    lestypes

    de

    l'archer,

    des

    deux

    personnages,

    du

    monogramme

    et de

    la

    lgende

    tVROSCA,

    ou

    plutt

    SCAtVRO,

    viennent

    se

    placer

    dans

    ce

    groupe,

    comme

    des

    hors-d'uvre,

    pour

    cette

    seule

    raison

    que

    nous

    ne

    pouvons

    pas

    nous

    dcider

    composer

    quatre

    groupes avec

    cinq

    monnaies.

    Le

    monnayage

    franc

    du Gvaudan

    cherchait

    sa

    voie,

    nous

    ver-

    rons, dans la

    description

    des

    autres

    groupes

    qu'il

    l'a

    dfinitive-

    ment trouve

    dans

    le

    joli

    type du

    calice

    deux

    anses.

  • 8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala

    18/144

    Jo

    MON.NAILS

    MROVINGIENNES DU

    GEVAUDAN.

    JUSTIN II

    (563-578).

    1.

    _

    D

    N

    IVSTINVS P

    '

    F

    A/G.

    Buste

    diadme

    de

    Justin

    11

    droite ;A

    et

    V

    sont lis

    dans

    le mot

    AVG^.

    ii .

    GABALOR.

    Croix latine

    base

    potence,

    au-dessus de trois

    degrs.

    PI. I, n i

    Publi

    par

    M.

    l'intendant

    gnral

    Robert d'aprs

    M.

    de Bar-

    thlmy

    :

    Rev.

    numiwi.,

    1864,

    t.

    IX;

    tude

    sur

    les

    monnayeurs

    et

    les

    ?ioms

    de

    lieu.

    Ch.

    Robert,

    Nouvelle

    dition de lldstoire

    du

    LaKjuedoc.

    Numismatique

    franque

    de cette province, pi.

    IX,

    n

    13.

    2.

    D

    N

    IVSTINVS

    P

    F

    AVG.

    Mme

    buste plus

    grle

    et

    prsentant

    plusieurs

    varits.

    Le mot

    AVG

    est en

    trois

    lettres.

    11 .

    GABALOR.

    Mme type; la

    forme

    du

    B

    est

    diffrente.

    PI.

    1,11'^

    2.

    D'aprs

    un

    dessin

    conserv

    par

    M.

    de

    More.

    La

    forme

    du

    B

    de

    cette

    varit

    prouve

    que

    c'est

    notre numro

    2 que Rasche dcrit

    comme

    faisant

    partie

    du

    muse de

    Vienne

    (Autriche).

    C'est

    au

    R.

    P.

    Hardouin

    que

    revient

    Vhonneur

    d'avoir

    donn

    la

    vritable

    attribution

    de

    cette

    monnaie

    qui

    a

    tant

    intrigu les an-

    ciens

    numismatistes,

    el

    sur laquelle on a

    crit des volumes. Pou-

    vait-on

    alors

    supposer

    que

    cette monnaie

    impriale tait franque,

    et

    n'tait-il

    pas

    naturel de

    chercher

    laquelle des

    deux villes de

    Gabala,

    l'une

    de

    Syrie et l'autre de

    Lydie ou de

    Pamphilie, elle

    pouvait

    bien

    appartenir,

    puisque

    chacune

    de

    ces

    deux

    villes avait

    mis

    des

    monnaies

    impriales.

    Rasche

    (verbo

    GABALORVM

    a

    vu

    notre

    numro

    2 au

    muse

    de

    Vienne

    {Trsor

    imprial^

    1,

    p.

    3U;

    Eckhel,

    catal.

    II,

    p.

    538).

    Banduri (II,

    p.

    651)

    n'ose

    se

    prononcer

    entre

    les

    deux

    Gabala

    d'Asie.

    Gusseme

    (HI,

    p.

    270,

    n

    18)

    se dcide

  • 8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala

    19/144

    MON.\AIi:s

    MLUOVINGIKNNKS

    DU

    GliVAUDA.N.

    17

    en faveur

    de

    l'atelier

    syrien, mais

    llardouin,

    dans

    sq^ Monnaies

    du

    sicle

    de

    Constantin

    (p.

    438),

    donne

    la vritable

    attribution

    en restituant

    la

    monnaie

    aux

    Cabales d'Aquitaine.

    Elle

    a

    encore

    t dcrite

    de

    nos

    jours par

    Ph.

    Le Bas dans son

    Dictionnaire

    encyclopdique

    de la France

    (Paris, Didot,

    1842,

    t. VIII,

    p.

    788).

    L'auteur

    rappelle

    que cette monnaie

    a beaucoup

    occup

    les

    sa-

    vants

    des xvn

    et xvni*

    sicles,

    fort

    tonns

    de lire

    tous

    les

    titres

    impriaux

    sur

    une

    monnaie

    d'une province

    qui au

    temps

    de

    Justin

    II appartenait

    depuis

    plus

    d'un

    demi-sicb

    aux

    rois

    Francs.

    Ils

    se

    tirrent

    de

    leur

    embarras

    en

    relguant

    la

    mon-

    naie

    gnante

    des

    sries impriales

    d'Asie.

    Le Bas

    ajoute

    avec

    beaucoup

    de

    raison

    que la prsence du

    nom

    de

    Justin

    II,

    Javouls, n'est

    pas

    plus

    tonn-mte

    que

    celle

    du

    nom

    de

    Mau-

    rice

    Tibre

    Uzs,

    Valence,

    Vienne,

    Arles

    et

    Marseille.

    Nous

    avons

    attribu

    ce

    fait

    la

    lenteur

    avec

    laquelle

    les

    ha-

    bitants du

    midi

    de la Gaule

    se

    sont

    assimils

    au

    peuple

    franc.

    Le

    Bas en trouve

    une autre

    explication dans l'esprit

    de

    dfiance

    qui

    animait

    les populations

    soumises aux

    barbares

    ;

    il

    cite

    une

    phrase

    de

    Procope: dLes

    barbares,

    dit cet

    historien,

    n'osrent

    inscrire

    les

    noms

    de

    leurs

    princes

    sur

    les monnaies d'or

    qu'aprs

    la

    cession

    de

    la

    Provence

    ;

    Sans doute,

    ajoute Le Bas,

    les

    premiers

    essais

    tents

    par eux

    ne

    furent

    pas heureux

    et

    Ton

    fut

    contraint

    de

    revenir

    l'ancien

    usage

    dont on

    trouve

    des

    tracesjusqu'

    l'occupation

    de

    la

    Gaule entire

    par

    Clotairell)).

    Kous

    sommes

    parfaitementd'accord

    avec

    Le

    Bas,

    pour

    reconnatre

    que

    le

    monnayage

    de

    la

    Provence

    est

    rest romain

    jusqu' Clotairell,

    mais

    nous n'admettons

    pas

    l'ex-

    plication

    qu'il

    en donne.

    Certes les villes

    de Lyon,

    Chalon,

    Reims,

    Trves

    et

    Cologne

    taient

    aussi

    romaines

    que

    l'Aquitaine,

    et

    Tho-

    debert

    P a

    bien

    su

    leur

    faire

    admettre

    sa

    monnaie

    qui,

    en

    dfinitive,

    tait

    une vritable monnaie

    romaine,

    et par

    ses

    types,

    ei

    par

    la

    men-

    tion

    de

    plusieurs

    Augustes dans la

    lgende

    VICTORIA

    AVGGG.

    Les

    rois

    Francs

    s'organisrent

    d'abord

    dans

    la partie

    septentrionale

    de

    la

    Gaule,

    et

    s'occuprent

    peu

    du

    Midi

    qui

    conserva

    son

    carac-

    tre

    rom.ain

    et

    ses lois

    romaines,

    mais

    ce

    n'est

    pas

    par

    crainte

    qu'ils

    n'inscrivirent

    pas

    leurs noms

    sur la

    monnaie

    d'or

    avant

    2

  • 8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala

    20/144

    J8

    MONNAIES

    MROVINGIENNES

    DU

    GVAUDAN.

    l'anne

    S38,

    date

    des

    traits

    passs avec

    Jiistinien

    la

    suite

    de

    la

    campagne

    d'Italie et

    de

    la

    cession de

    Provence;

    c'est

    tout

    simple-

    ment

    parce

    qu'ils

    n'en

    avaient

    pas

    le

    droit.

    Ils

    couvraient

    la

    Gaule

    de

    leurs

    monnaies

    de

    cuivre;

    Thierry,

    Thodebert,

    Childe-

    bert,

    l'exemple

    des

    rois

    Burgondes,

    Wisigoths et Ostrogoths

    frappaient

    des

    espces

    d'argent et

    de

    cuivre

    ;

    mais,

    partir

    de

    S38,

    en

    vertu

    du

    trait de

    concession

    impriale

    et de

    complet affran-

    chissement

    auquel

    fait

    allusion la

    lgende

    d'un

    sol

    d'or de Mayence

    PAX

    ET LIBERTAS,

    le roi

    d'Austrasie,

    Thodebert

    P%

    et

    lui

    seul,

    put

    lgalement

    inscrire

    son

    nom

    sur

    les

    monnaies

    d'or.

    Il

    le

    fit

    comme roi

    indpendant, associ

    en

    quelque

    sorte

    l'empire

    et

    partageant avec

    l'empereur

    le

    titre

    d'Auguste. Seul de

    sa

    famille,

    il

    eut

    ce

    droit,

    mais

    Clotaire

    P en

    hrita en

    mme temps

    que

    de

    la

    couronne d'Austrasie,

    et il

    le

    passa ses

    fils,

    et

    principalement

    celui

    qui eut

    l'Austrasie,

    Sigebert

    P''.

    Celui-ci

    le

    transmit

    Chlldebert

    II, son fils. Clotaire

    II

    en devint

    possesseur

    par la se-

    conde

    annexion

    de

    l'Austrasie, car

    il

    ne

    parat

    pas

    que son

    pre Chil-

    pric s'en

    soit jamais prvalu.

    C'est

    depuis Clotaire

    II

    seulement

    que

    tous

    les

    rois francs en

    furent

    investis

    lgalement.

    Il

    y

    avait

    l

    une

    question

    de

    constitution

    sociale et

    de

    droit

    pubhc

    suprieure

    aux

    questions

    de

    droit civil. Il

    ne

    faut pas

    perdre de

    vue que

    jamais

    la

    connaissance

    et

    le

    respect

    du droit

    n'ont

    t ports

    plus haut

    que sous le

    rgne

    de

    l'illustre

    auteur des

    Insiitutes

    et

    des recueils

    immortels

    des

    lois

    romaines..

    Il est

    fort

    probable

    qu'un

    grand

    nombre

    de

    fils

    des

    plus

    nobles

    familles

    de

    la

    Gaule

    allaient

    encore

    peupler

    les

    coles

    de

    Constantinople,

    et

    que le

    monnayage

    n'au-

    rait jamais

    obtenu

    la

    confiance

    des

    populations

    s'il

    ne

    s'tait

    pas

    produit dans les

    formes du

    droit pubhc

    alors

    en

    vigueur.

    TYPES

    ROMAINS

    IMMOBILISS.

    3.

    OVALORVM.

    Buste

    droite;

    le

    manteau

    est orn

    de phs

    horizontaux.

  • 8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala

    21/144

    MONNAIES

    MROVINGIENNES

    DU

    GVAUDAN.

    19

    r.

    VICTORIA

    AVGV

    (

    l'exergue

    :

    CONO).

    Croix

    latine

    sur un

    globe,

    au-dessus

    d'un

    degr,

    accoste

    des

    initiales

    G.

    A.

    Collection

    d'Amcourt.

    Poids

    1,30.

    PI.

    I,

    n^'S.

    Il est

    inutile

    de

    faire

    remarquer

    que

    OAVALORVM

    est

    l'quiva-

    lent de

    GABALORVM.

    Si

    l'on

    en

    doutait,

    on

    pourrait

    en

    acqurir

    la

    conviction

    par

    les

    initiales

    G A

    qui

    sont

    droite

    et

    gauche

    de

    la

    croix.

    La

    conclusion

    en

    tirer

    est

    que

    les

    lettres

    G

    etO

    avaient

    peu

    prs

    la

    mme

    valeur dans

    le langage

    parl

    du

    Gvaudan

    au

    vi^

    sicle.

    G

    tait

    une

    semi-voyelle

    comme

    VV

    (cf.

    Gascon-

    Wascon),

    Guillaujne

    a

    t

    souvent

    l'quivalent

    de

    William;

    Oiliiamson,

    nom

    d'une

    famille

    franaise,

    est

    le

    mme

    mot

    que

    TF^7/^/?^5o;^

    ;

    Tpigraphie

    des

    monnaies

    mrovingiennes

    fournit

    de

    nombreux

    exemples

    de

    faits

    analogues

    :

    OELLAO

    pour

    VELLAO

    OELLOMONTE

    pour

    BELLOMONTE,

    CAOILONNO

    pour

    CAVI-

    LONi\0,

    VILIEMVNDVS

    pour

    GVILIEMVNDVS.

    4.

    Dbris

    de

    la

    lgende

    GAVALORVM.

    Buste

    diadme

    droite.

    Cf.

    Lgende

    illisible.

    Monogramme

    du

    Christ

    accompagn

    des

    lettres

    A

    et

    CO,

    sur

    un

    globe.

    Coll.

    d'Amcourt.

    Poids,

    1,33.

    PL I,

    n 4.

    Cette

    monnaie

    est

    une

    dgnrescence

    des

    demi-sols

    d'or

    impriaux

    et

    notamment

    de

    la

    curieuse

    monnaie

    frappe

    Vienne

    par

    Laurentius

    avec la

    lgende

    DE

    OFFICINA

    LAVRENTI

    et le

    nom de

    l'empereur

    Maurice Tibre

    (382-602).

    TYPE

    DE

    L'ARCHER.

    5.

    GAVALORVM.

    Buste

    diadme

    droite.

    JX'

    VOR.

    Personnage

    debout,

    gauche, tenant un

    arc.

    Coll.

    d'Amcourt.

    Poids

    1,23.

    PI.

    I,

    n

    3.

  • 8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala

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    23/144

    MONNAIES

    MROVIiNGIENNES

    DU

    GVAUDAN.

    21

    devrait

    pas

    nous

    tonner

    aprs

    ce

    que

    nous venons

    de

    dire

    de

    la

    forme

    OAVALORVM.

    O

    et

    V

    sont

    liomophones,

    et

    HVAVALORVM

    n'est

    qu'une

    forme

    aspire

    de

    OAVALORVM,

    se

    rapprochant

    de

    GAVALORVM

    comme

    Wascon

    de

    Gascon.

    TYPE

    DU MONOGRAMME.

    7.

    GAVALORVM.

    Buste

    diadme

    droite; la

    tte,

    un

    peu

    grotesque

    par

    ses

    grosses

    dimensions,

    est

    spare des

    paules.

    J)l\

    Monogramme

    en forme d'dicule,

    compos

    des lettres

    BANACiACVS,

    surmont

    d'une

    croix,

    dans

    une paisse

    couronne

    de

    feuillage.

    Yoy.

    Robert

    {lac.

    laud,, IX,

    3o),

    d'aprs

    Fillon

    {Lettres,

    etc.,

    Il, n

    9),

    lequel tenait

    ce

    dessin

    de

    Lelewel.

    PI. I, n

    7.

    8.

    GAVALORVM.

    Buste diadme

    droite,

    plus

    fin

    et

    du

    mme

    style que

    la

    monnaie

    au type

    de Tarcher. La

    s-

    paration

    de

    la

    tte

    et

    du

    buste

    s'est accentue

    au

    point

    qu'il s'est form

    un

    nouveau

    buste

    au-dessus

    de

    l'ancien

    buste sans

    tfe.

    T.

    Mme monogramme

    compos

    des

    lettres

    BANNACIACO.

    Coll.

    de France

    ;

    pi. I,

    n

    8.

    Robert,

    loc.

    laud.,

    IX,

    '3G.

    L'paisse

    couronne

    de

    feuillage,

    que

    nous

    avons

    vue

    autour

    des

    deux

    personnages (n

    6)

    et qui apparat

    encore

    ici, figurera

    sur

    des

    monnaies

    appartenant aux

    autres

    groupes

    ;

    elle

    est

    emprunte

    aux

    monnaies

    des

    Ostrogoths;

    elle

    accuse

    la

    contemporanit

    de

    noire

    monnaie

    avec

    celles

    des

    autres

    groupes

    qui

    ont adopt

    la

    mme couronne

    et

    l'ont

    mme

    perptue.

    Les monnaies

    n^'o,

    6,7

    et

    8

    sont moins

    anciennes

    que

    les

    numros

    1,

    2,

    3

    et 4

    ;

    elles

    ont

    rompu avec

    l'imitation

    sei

    vile et

    l'immobilisation

    barbare des

    types

  • 8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala

    24/144

    22

    MONNAIES

    MROVINGIENNES

    DU

    GVAUDAN.

    romains

    ;

    elles

    sont

    pourtant antrieures

    l'poque

    oii

    les

    mon-

    taires

    furent

    obligs

    d'inscrire

    leurs

    noms. Les

    monnaies

    qui

    nous

    offrent

    le

    monogramme

    de

    Bannassac formant

    un

    jalon

    interm-

    diaire

    qui

    relie

    les

    monnaies du

    vi

    sicle

    celles du vni% et

    prouve

    que

    les

    monogrammes

    n'ont

    pas

    cess

    d'tre

    en

    honneur.

    Le

    vi sicle

    a

    produit

    les

    beaux

    monogrammes

    de

    Thodoric,

    d'Ama-

    laric, de

    Thierry

    1 ,

    de

    Thodebert, de

    Childebert;

    le

    viif

    sicle

    cra de

    nombreux monogrammes

    ;

    mais

    si

    cette sorte

    d'criture

    fut moins

    usite dans l'intervalle

    qui

    spare ces

    deux

    poques,

    elle ne

    fut jamais

    compltement

    abandonne;

    l'emploi

    du mono-

    gramme

    fut une

    des

    marques

    caractristiques du

    monnayage

    de

    Rodez, et,

    comme

    le Gvaudan est

    limitrophe

    du

    Rouergue, il

    n'est

    point tonnant que le

    monogramme de Bannassac se

    ren-

    contre

    sur

    une

    monnaie

    du

    commencement

    du

    vn^ sicle.

    UNE MONNAIE

    DE BANNASSAC

    SANS

    CALICE.

    9.

    BANACIACO FIT.

    Tte

    diadme

    droite;

    la partie

    post-

    rieure du

    crne

    est borde d'une

    ligne

    de perles.

    W.

    +

    VROSCA.

    Croix

    latine

    soude

    sur

    un anneau.

    Coll.

    d'Amcourt.

    Poids,

    i,28.

    Pi.

    I,

    n

    9.

    Si nous donnons

    la

    lgende

    du revers

    la

    forme

    VROSCA

    plutt que

    SCAVRO,

    c'est

    parce

    que la

    croisette

    qui,

    ordinaire-

    ment, est

    place au

    commencement

    de

    la.

    lgende,

    nous

    indique

    cette

    coupure ,

    mais

    Scaiirus

    est un

    nom

    d'homme

    ,

    tandis

    q\i'U?'osca

    n'en

    est pas

    un. Est-ce d'aiheurs un

    nom de

    mon-

    taire

    que le graveur a

    voulu

    inscrire

    ?

    C'est probable,

    mais

    ce

    n'est pas

    sr;

    on

    ne

    voit aucun

    indice

    du

    mot

    MONETARIO.

    Les

    lettres

    SC

    cachent-elles

    une

    abrviation

    comme

    SCONAS

    pour

    sancionas,

    SCI MARTINI

    pour

    sancti Martini?

    Notre lgende

    serait-elle

    l'quivalent de

    SL

    AVRO?

    Que signifierait cette for-

    mule?

    Nous

    rencontrons

    encore

    des

    nigmes

    chaque

    pas.

  • 8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala

    25/144

    MONNAIES MROVINGIENNES

    DU

    GVAUDAN.

    23

    Pour rsumer l'examen

    du

    premier

    groupe

    des

    monnaies

    gabales,

    nous pouvons

    dire

    qu'il

    contient

    tous

    les

    vestiges

    des

    types

    romains

    l'tat de

    dcadence

    et

    d'imniobilisation,

    notam-

    ment,

    l'effigie

    impriale

    de

    Justin

    JI,

    la

    rminiscence

    de

    la Vic-

    toire,

    le

    chrisme,

    la croix,

    le

    monogramme,

    la

    couronne

    paisse

    de

    feuillage.

    Ces

    espces

    marquent

    la

    transition

    entre

    le

    monnayage

    romain

    et

    le monnayage

    mrovingien,

    elles

    sont

    contemporaines

    des

    suc-

    cesseurs de

    Justinien,

    depuis

    Justin

    II jusqu'

    Ilraclius, elles

    furent

    frappes

    en

    petite

    quantit,

    et

    elles

    ont prcd

    en

    Gvau-

    dan

    la

    grande

    refonte

    des

    monnaies

    antiques,

    qui

    tait

    dj

    trs

    avance

    dans

    les

    villes

    burgondes

    de

    Chalon,

    Autun,

    Mcon,

    Be-

    sanon,

    Lyon, Gray, Gy ou

    Gex,

    Isernore,

    Beaune,

    Pontaillier,

    Champlitte,

    Langres,

    etc., etc.

    Au milieu

    de

    ces

    ruines de

    l'art

    montaire

    romain,

    nous

    voyons

    se

    manifester un

    esprit

    d'mancipation

    ;

    une

    nouvelle

    sve

    fermente

    et

    pousse

    les

    germes

    d'une

    renaissance

    artistique,

    signes

    prcurseurs

    d'une

    renaissance

    sociale

    et

    d'une

    nouvelle

    civilisa-

    tion. Que

    signifie cet

    archer

    qui

    n'a

    presque de

    prcdents

    en

    nu-

    mismatique que

    dans le

    Sagittaire des

    dariques

    ou

    la

    Diane

    des

    monnaies grecques

    ou

    consulaires

    ?

    Nous

    l'ignorons

    ;

    peut-tre

    son

    sens qui

    nous chappe

    encore

    est-il d'une

    simplicit

    en-

    fantine

    ;

    mais

    il

    nous

    apprend

    ds

    aujourd'hui

    que

    le

    lien

    puis-

    sant

    de

    centralisation

    qui,

    depuis

    six

    sicles,

    avait

    tenu

    la

    Gaule

    enchane

    Rome,

    est

    dfinitivement

    rompu

    ;

    que

    les

    rits

    de

    la

    Sacra

    moneta

    ont

    perdu

    leur

    prestige,

    aussi

    bien que le

    culte des

    dieux paens, et

    que rien

    n'empche

    plus

    les

    mon-

    nayeurs

    de

    donner

    libre

    essor

    leur

    imagination.

    Les

    Gabales n'avaient pas

    encore

    lanc le

    type

    du

    sagittaire

    que

    dj celui

    du calice

    tait

    rpandu

    chez

    eux

    ;

    nous

    aurions

    pu

    comprendre,

    dans notre

    premier

    groupe,

    quelques

    pices

    ce

    dernier

    type, assurment

    contemporaines

    de

    celles

    l'archer,

    si

    elles

    ne

    leur

    taient

    pas

    antrieures;

    mais

    nous

    les

    avons

    rser-

    ves

    pour

    former

    notre second

    groupe,

    parce

    que

    la

    coupe

    deux

    anses tant

    appele

    devenir

    bientt

    le

    type

    caractristique

    du

  • 8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala

    26/144

    24

    MONNAIES

    MROVINGIENNES

    DU

    GVAUDAN.

    Gvaudan,

    il

    tait plus

    rationnel de runirdans le

    mme

    chapitre

    tous

    les

    lments de

    la

    monographie

    du

    calice

    du

    Gvaudan.

    Nous

    ne

    sommes

    pas

    plus en tat de

    nous

    prononcer

    sur

    la

    raison

    d'tre

    de cette

    coupe au

    revers

    des

    monnaies

    du

    Gvau-

    dan,

    que

    sur

    la

    signification

    du

    type

    de

    l'archer.

    On

    a

    remarqu

    que

    les

    monnayeurs

    employaient

    souvent

    des

    types

    parlants,

    afin

    d'indiquer par

    des

    rbus,

    au

    public

    illettr,

    les

    noms

    des

    ateliers qui

    avaient

    produit

    ces types

    ;

    cette

    tendance

    est

    toute

    naturelle,

    et les types les

    plus

    anciens

    de

    la

    Grce

    ont

    t

    le plus

    souvent

    inspirs par

    le

    double

    sens

    des

    noms

    de lieux.

    On

    pourrait citer

    d'aprs les

    vocabulaires

    del

    basse latinit quel-

    ques

    mots

    qui

    ressemblent

    au

    nom

    des

    Gabales

    et dsignent

    une

    coupe

    ;

    il

    semble

    mme qu'on

    en retrouve

    la trace

    dans les

    mots

    franais

    :

    Gobelet^

    gober,

    gaver, gnbeloter,

    etc. Parfois

    aussi

    les

    types

    crs

    par

    les

    artistes mrovingiens

    contiennent

    des

    allu-

    sions

    des

    souvenirs

    ou

    des

    faits

    locaux.

    Le type de l'archer

    parat

    tre

    de

    cette

    catgorie

    ;

    on peut

    se

    demander

    si

    celui

    de

    la

    coupe

    n'est

    pas tout

    simplement

    l'enseigne

    de

    l'importante

    fabri-

    cation

    d'objets cramiques,

    dont

    Bannassac

    tait

    le centre

    dans

    l'antiquit

    ;

    nous

    ne

    le pensons pas,

    et

    nous

    allons dire pour-

    quoi.

    Bannassac

    a, en effet,

    cette double gloire

    d'avoir t

    un

    Samos

    ou un

    Arezzo

    gaulois

    et

    un grand centre

    de

    fabrication mo-

    ntaire, le

    fcond

    et

    peut-tre

    unique

    atelier des

    monnaies

    royales

    d'Aquitaine

    ;

    ce

    petit village

    que

    l'histoire

    ne

    men-

    tionne

    pas,

    qui

    n'est

    cit par aucun

    gographe

    de

    l'antiquit,

    s'alrme dans

    tous

    les muses du monde

    par

    les

    produits

    de son

    activit

    et de son

    gnie

    industriel

    et

    commercial.

    Non

    seulement

    il

    n'est

    pas

    un cabinet

    numismatique

    srieux

    qui

    ne

    possde

    un

    des petits

    bijoux sortis

    de

    son officine,

    mais

    encore

    on

    ne remue

    pas

    les terrains^

    qui ont

    servi

    d'habitacles

    aux

    agglomrations

    hu-

    maines en

    Gaule,

    sans rencontrer

    des

    fragments

    de

    la

    poterie

    de

    Bannassac.

    M.

    Anatole

    de Barthlmy

    a

    publi

    dans

    la

    Gazette

    archolo-

    gique

    (anne

    1877)

    une

    notice des plus

    intressantes

    sur

    la fabri-

  • 8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala

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    MONNAIES

    MI5R0VI VGIENNES

    DU GVAUDAN.

    25

    cation

    des

    poteries de

    Jknnassac.

    Un

    fonr trouve en

    1871

    conte-

    nait

    des

    vases

    de

    toutes

    formes

    par

    centaines,

    des

    assiettes,

    des

    moules, des

    pierres

    ayant

    servi

    la

    fabrication ou

    rvlant

    quel-

    ques-uns

    des

    anciens procds

    ;

    le

    muse de

    Saint-Germain

    en

    acquit la plus

    grande partie, et

    l'un de

    ses

    conservateurs,

    M,

    de

    Mortillet,

    en

    a

    aussi

    entretenu

    le

    monde

    savant.

    Ces fragments,

    car

    peu de

    vases

    taient

    intacts, n'avaient

    pas

    une grande

    valeur

    au

    point de

    vue

    de l'art, mais d'aprs les restitutions

    qu'on put

    faire,

    on reconnut

    que

    la poterie

    de Bannassac

    couvrait jadis tous

    les

    marchs

    de la Gaule.

    Des inscriptions

    du

    plus

    grand intrt

    ornaient

    la

    panse

    de

    ces vases, dont les types gnraux

    n'taient

    gure

    varis;

    c'taient,

    au

    moins ceux

    que

    M.

    de

    Barthlmy

    a

    fait graver,

    des

    /?oc//t,

    c'est--dire

    des vases

    boire,

    destins

    recevoir

    le

    contenu

    de

    la bouteille

    (Jage?ia)]

    en effet,

    sur

    un

    vase

    de

    celte espace,

    on lit

    une

    invocation

    du pociihwi

    h

    la

    lagena

    :

    VENI

    AD

    ME

    AMICA

    Viens bouteille, ma

    mie,

    Sur un autre,

    une

    sorte

    de

    toast

    aux

    brasseurs

    :

    CERVESARIIS

    FELICITER

    Vivent les

    marchands de bire

    1

    Une

    srie

    particulirement

    intressante est celle

    des

    pocula

    portant des

    noms

    de

    villes ou

    de

    peuples

    ;

    plusieurs spcimens

    trouvs

    intacts

    Bannassac

    et

    des

    fragments rapprochs

    de

    spcimens

    conservs dans

    les

    muses

    tablissent

    d'une

    manire

    positive

    que

    ces coupes

    taient

    envoyes

    de

    Bannassac

    dans

    toute la Gaule.

    Voici quelques-unes

    des

    for-

    mules

    dcouvertes

    :

    LINGONIS

    FELICITER

    Vivent

    les

    gens

    de

    Langres

    REMIS

    FELICITER

    Vivent

    les gens

    de

    Reims

    c'est l

    que

    devait

    mousser

    le vin

    de

    Champagne primitif.

    Les

    Cabales

    ne

    s'oubliaient pas

    :

    GABALIBVS

    FELICITER

    Vi\ent

    les

    Cabales

    ))

    Il

    parat

    que le

    nom

    de

    ce

    peuple tait

    de

    la

    deuxime dchnai-

    son,

    GABALORVM,

    sur

    les monnaies,

    comme

    dans

    Csar,

    et

    del

  • 8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala

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    26

    MONNAIES

    MROVINGIENNES

    DU

    GVAUDAN.

    troisime,

    GABALIBVS,

    sur

    les

    coupes,

    comme

    dansPlinaet

    Stra-

    bon

    ;

    cette

    dernire

    dLlinaison

    aurait-elle

    un

    sens

    plus

    senti-

    mental

    et

    plus

    tendre?

    Les

    potiers

    de Bannassac

    auraient

    aussi

    bien

    pu

    crire LINGONIBYS

    FELICITER;

    pourquoi

    ont-ils

    prfr

    la

    forme

    LINGONIS?

    Deux

    fragments qui

    portent les

    lettres

    VAN

    et

    QV

    dterminent

    l'attribution

    la

    fabrique

    de

    Bannassac

    d'un poculum

    trouv

    Genve

    et

    conserv

    dans le

    muse de

    cette

    ville:

    SEQVANIS

    FELICITER

    Vivent

    les

    Squanes

    La

    coupe

    reprsente

    sur

    les

    monnaies

    du Gvaudan

    est-elle

    l'enseigne,

    le prospectus

    des

    i:)ocula

    en

    terre

    cuite

    qu'on

    fabri-

    quait

    Bannassac?

    Nous

    ne

    le pensons pas.

    Le

    type

    des

    poteries

    de

    Bannassac est

    bien

    dtermin

    et

    n'a

    aucun rapport

    avec le

    calice

    figur sur

    les

    monnaies. Le profil

    d'une jolie coupe

    qu'on

    pourrait

    vaser en

    forme

    de

    patre

    n'est

    pas

    disgracieux,

    et

    en

    supposant

    que les Gabales

    aient

    voulu donner

    la meilleure

    ide

    possible

    des

    produits

    de

    leur

    fabrication, ils

    n'auraient pas

    ima-

    gin de figurer un

    type

    de

    poculum quTls

    n'ont

    jamais fabriqu.

    La coupe

    des monnaies

    est une coupe

    creuse

    monte

    sur

    pied

    ;

    si

    les

    Gabales

    avaient fabriqu ce

    genre

    de coupe, on

    en

    retrouve-

    rait dans quelque

    muse;

    or

    cela n'existe

    pas

    ;

    tous les

    pocula

    de

    Bannassac que

    l'on connat

    sont des

    coupes

    basses.

    Le

    calice

    anse fabriqu

    en

    terre cuite

    n'est

    pas

    pratique. La coupe

    figure

    sur

    les

    monnaies estun

    travail

    mtallurgique,

    on ne

    peut pas

    la concevoir

    autrement

    qu'en

    mtal,

    car

    les

    anses

    lgres

    en forme

    d'S

    soudes

    leur

    extrmit

    suprieure seraient

    tellement

    fragiles, si

    elles

    taient

    un

    travail cramique,

    que

    personne ne

    voudrait

    les acbeter.

    Les

    potiers de

    Bannassac

    se

    seraient

    bien

    gards de prendre pour

    rclame

    une pice d'orfvrerie;

    des

    potiers

    d'tain

    auraient pu

    faire

    cela, mais

    ce

    n'est

    pas

    eux que

    met

    en

    cause

    l'industrie c-

    ramique

    de Bannassac.

    La

    discussion des monnaies

    nous

    ram-

    nera

    au

    calice de

    Bannassac;

    les emblmes qui

    l'environnent

    nous rvlent

    son

    caractre religieux,

    mystique,

    et

    voil encore

    selon

    nous

    un

    ordre

    d'ides incompatible avec la pense

    d'une

    simple

    rclame commerciale.

  • 8/10/2019 Monnaies mrovingiennes du Gvaudan / par De Ponton D'Amcourt et E. De Mor de Prviala

    29/144

    MONNAIES

    MEROVINGIENNES

    DU

    GVAUDAN.

    27

    DEUXIME GROUPE

    MONNAIES

    A LA

    LGENDE

    GABALORUM

    ET

    AU CALICE

    VIEUX

    STYLE.

    Les

    caractres

    gnraux de

    ce groupe sont

    :

    1

    L'anciennet,

    accuse par

    la

    finesse

    du

    travail

    et

    la

    puret

    du

    mtal

    ;

    2

    L'apparition

    du

    calice

    ;

    3

    La

    persistance

    de la lgende

    unique

    :

    GABALORVM

    ;

    4

    L'absence

    du

    nom

    de

    montaire.

    Groupe

    gale