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Forum de la Transition Energétique • Synthèse des débats du mercredi 28 mars 2018 Synthèse des débats Défi technologique autant que projet sociétal, la transition énergétique va bouleverser nos modes de vie. Mais pour être bénéfique à tous, elle doit s’accompagner d’une vision transversale. Quels sont les prochains challenges à relever en matière d’innovation ? Comment produire une énergie 100% décarbonée, stable et accessible ? Quelles responsabilités pour les collectivités ? Comment accompagner les consommateurs ? Où en est réellement la concurrence sur ce marché ouvert depuis dix ans ? Autant de questions sur lesquelles la France doit se pencher si elle veut accélérer et réussir sa transformation. Pour Nicolas Hulot, la transition énergétique « ne doit pas être confisquée par des experts ». Révolution culturelle, marchande et économique, elle ne doit pas non plus « tomber dans le piège de la confrontation stérile » mais être débattue « sans tabou ». Elle s’articule autour de quatre impératifs : développer et libérer les énergies renouvelables (en doublant notamment les appels d’offres sur le solaire et en réduisant les coûts de l’éolien en mer) ; faire reculer le nucléaire ; développer les usages du numérique et nous affranchir des énergies fossiles. En 2017, les émissions de CO 2 liées aux énergies fossiles ont battu un record historique. Il faut donc « rehausser nos ambitions » et « créer des transitions progressives pour qu’elles soient en marche et irréversibles ». Car « l’avenir de l’électricité sera décentralisé et smart », prédit le Ministre de la Transition écologique et solidaire. Et d’insister : « La contrainte n’a jamais été l’ennemie de l’innovation, elle en est la condition. » SE FIXER DES OBJECTIFS « AMBITIEUX MAIS RÉALISTES » C’est la future PPE, révisée à la fin de l’année, qui doit fixer ces objectifs ambitieux. Depuis le 19 mars et pendant trois mois, les Français sont appelés à participer à cette révision, avec pour objectif l’élaboration d’une feuille de route à horizon 2028. Une consultation publique qui se veut « englobante », relève Fabrice Cassin, en « abordant l’ensemble des formes d’énergie dans l’offre comme la demande », mais qui reste néanmoins un « instrument lourd piloté par l’exécutif ». D’autant que la France souffre toujours d’une « complexité administrative » qui lui vaut quelques blocages. Mais comment les professionnels du secteur perçoivent-ils l’évolution de notre consommation ? Optimiste, François Brottes estime que « nous sommes sur une trajectoire équilibrée » TRANSITION ENERGETIQUE DE LA FORUM Mercredi 28 mars 2018 Hôtel Pullman Tour Eiffel PARIS Quelle feuille de route pour la France d’ici 2028 ? Sous le haut patronage de Monsieur Emmanuel MACRON Président de la République 1 UNE PRODUCTION Nicolas HULOT Ministre d’État, Ministre de la Transition écologique et solidaire Fabrice CASSIN Associé, LPA-CGR AVOCATS François BROTTES Président du Directoire, RTE

Monsieur Emmanuel MACRON Président de la République DE LA … · 2018-04-04 · Monsieur Emmanuel MACRON Président de la République 1 UNE PRODUCTION Nicolas HULOT Ministre d’État,

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Forum de la Transition Energétique • Synthèse des débats du mercredi 28 mars 2018

Synthèse des débatsDéfi technologique autant que projet sociétal, la transition énergétique va bouleverser nos modes de vie. Mais pour être bénéfique à tous, elle doit s’accompagner d’une vision transversale. Quels sont les prochains challenges à relever en matière d’innovation ? Comment produire une énergie 100% décarbonée, stable et accessible ? Quelles responsabilités pour les collectivités ? Comment accompagner les consommateurs ? Où en est réellement la concurrence sur ce marché ouvert depuis dix ans ? Autant de questions sur lesquelles la France doit se pencher si elle veut accélérer et réussir sa transformation.

Pour Nicolas Hulot, la transition énergétique «  ne doit pas être confisquée par des experts  ». Révolution culturelle, marchande et économique, elle ne doit pas non plus « tomber dans le piège de

la confrontation stérile » mais être débattue « sans tabou ». Elle s’articule autour de quatre impératifs  : développer et libérer les énergies renouvelables (en doublant notamment les appels d’offres sur le solaire et en réduisant les coûts de l’éolien en mer) ; faire reculer le nucléaire ; développer les usages du numérique et nous affranchir des énergies fossiles. En 2017, les émissions de CO

2 liées aux énergies fossiles

ont battu un record historique. Il faut donc « rehausser nos ambitions  » et «  créer des transitions progressives pour qu’elles soient en marche et irréversibles ». Car « l’avenir de l’électricité sera décentralisé et smart  », prédit le Ministre

de la Transition écologique et solidaire. Et d’insister  : « La contrainte n’a jamais été l’ennemie de l’innovation, elle en est la condition. »

SE FIXER DES OBJECTIFS « AMBITIEUX MAIS RÉALISTES »

C’est la future PPE, révisée à la fin de l’année, qui doit fixer ces objectifs ambitieux. Depuis le 19 mars et pendant trois mois, les Français sont appelés à participer à cette

révision, avec pour objectif l’élaboration d’une feuille de route à horizon 2028. Une consultation publique qui se veut « englobante », relève Fabrice Cassin, en « abordant l’ensemble des formes d’énergie dans l’offre comme la demande  », mais qui reste néanmoins un «  instrument lourd piloté par l’exécutif ». D’autant que la France souffre toujours d’une «  complexité administrative  » qui lui vaut quelques blocages.

Mais comment les professionnels du secteur perçoivent-ils l’évolution de notre consommation ? Optimiste, François Brottes estime que «  nous sommes sur une trajectoire équilibrée »

TRANSITIONENERGETIQUE

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Mercredi 28 mars 2018 • Hôtel Pullman Tour Eiffel • PARIS

Quelle feuille de route pour la France d’ici 2028 ?

Sous le haut patronage de

Monsieur Emmanuel MACRONPrésident de la République

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U N E P R O D U C T I O N

Nicolas HULOT Ministre d’État, Ministre de la Transition écologique et solidaire

Fabrice CASSIN Associé, LPA-CGR AVOCATS

François BROTTES Président du Directoire,

RTE

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entre l’offre et la demande, grâce à l’efficacité énergétique qui « gagne du terrain ». Pour préparer la transition énergétique, RTE se concentre sur trois éléments essentiels  : le «  foisonnement  » des ENR, leur stockage «  pour limiter l’impact de l’intermittence » et la « flexibilité » des réseaux. Sans oublier l’interconnexion européenne, qui « favorise la fluidité du marché et une concurrence sur les prix bénéfiques au consommateur ».

Pas de doute que notre énergie doit être «  totalement décarbonée  », abonde Dominique Louis, d’autant que pour lui, «  on sous-estime la

consommation électrique, qui va croître jusqu’en 2050 », notamment via les nouveaux usages digitaux. Mais si les objectifs doivent être ambitieux, ils doivent rester réalistes, car «  le vrai challenge est que les ENR arrivent à tenir le rythme de développement ».

Le défi est également « culturel », rappelle Yves Marignac. Lui voit le 100 % renouvelable comme «  la partie la plus facile de la transition énergétique », mais ce sont les usages qui auront le plus de mal à être acceptés, en premier lieu la « sobriété énergétique » à laquelle les Français, « enfermés dans la promesse du nucléaire », ne sont pas habitués.

Suspense autour du gaz, également, qui se positionne comme alternative au fioul et au charbon, crée de la valeur locale (avec par exemple la méthanisation) et favorise l’économie circulaire. Confiant, Thierry Trouvé mise sur

« 100 % de gaz vert en France en 2050 ». Soulignant la «  complémentarité évidente entre les systèmes gazier et électrique », il estime que «  le gaz devait sortir renforcé de cette PPE ».

IMPLIQUER TERRITOIRES ET CITOYENS

Si les accords de Paris ont été déterminants dans la mise en œuvre de la transition énergétique par les territoires, rappelle Philippe Monloubou, c’est qu’ils ont « transféré cette responsabilité à la société civile ». Celle-ci doit désormais «  s’approprier  » les différents leviers de la transition énergétique pour lui «  donner toute sa valeur ». Cette transmission a également « fait évoluer en

profondeur  » le métier d’ENEDIS, devenu également gestionnaire de systèmes avec de nouvelles constantes à intégrer (les données) et mettre à disposition des collectivités.

Région, métropole, commune… Toutes ont désormais un rôle à jouer dans cette révolution, d’autant que certaines partent de très loin, comme l’Île-de-France, pour laquelle le Vice-président Jean-Philippe Dugoin-Clément a identifié

Thierry TROUVÉ, Directeur général,

GRTgaz

Philippe MONLOUBOU Président du Directoire, ENEDIS

Dominique LOUIS Président-directeur général, ASSYSTEM

De gauche à droite  :

François BROTTES, Président du Directoire, RTE

Fabrice CASSIN, Associé, LPA-CGR AVOCATS

Thierry TROUVÉ, Directeur général, GRTgaz

Dominique LOUIS, Président-directeur général, ASSYSTEM

Yves MARIGNAC, Porte-parole, NÉGAWATT

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Quelle feuille de route pour la France d’ici 2028 ?

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Forum de la Transition Energétique • Synthèse des débats du mercredi 28 mars 20182

Table ronde 1

Table ronde 2

De gauche à droite  :

Jean-Philippe DUGOIN-CLÉMENT, Vice-président, RÉGION ÎLE-DE-FRANCE

Roland CRIMIER, Vice-président en charge de la transition énergétique, MÉTROPOLE DE LYON

Isabelle DOAT, Vice-présidente, SYDEV

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deux axes à développer  : plus de sobriété et moins de dépendance énergétique. Il mise sur des « outils incitatifs » et le soutien de « projets citoyens », afin « d’accompagner un changement des mentalités ».

En Vendée, si la région « fixe, anime et coordonne le cadre des PCAET  », le SYDEV a lui un «  rôle d’articulation  » avec les intercommunalités, rappelle sa Vice-présidente lsabelle Doat. L’objectif n’est pas de «  convaincre  », mais d’encourager les élus en leur fournissant un « accompagnement financier, technique ou d’expertise  » afin de s’inscrire dans la transition énergétique.

Du côté de la métropole lyonnaise, son Vice-président Roland Crimier s’est engagé sur « les trois 20 : 20 % d’ENR, +  20 % de sobriété, -  20 % de CO

2  » et il est lui aussi

convaincu que « la réussite de cette transition énergétique se fera par l’appropriation des citoyens ».

Afin de transformer ces consommateurs, souvent passifs, en « consommacteurs » impliqués, Jean-Baptiste Blondel  a identifié trois axes : les objets connectés, pour « développer l’offre de management

de l’énergie  » (comme les compteurs Linky et Gazpar) ; l’autoconsommation et la production individuelles, pour «  sensibiliser les foyers au gaspillage  » et à la sobriété énergétique ; et enfin «  l’essor des projets participatifs locaux », d’autant plus incitatifs s’ils redonnent du pouvoir d’achat.

OÙ EN EST LA CONCURRENCE ?

Même si les Français sont encore peu nombreux à choisir des fournisseurs alternatifs, force est de constater que la concurrence est bien installée et que l’ouverture du marché s’accélère, obligeant tous les acteurs du gaz et de l’électricité à innover pour se différencier. Jean-François Carenco, président de la CRE, juge «  essentielle  » la «  bonne utilisation des données  », qui «  servira à l’ensemble des fournisseurs pour affiner leur offre  », ainsi que les réflexions autour du stockage, qui devrait selon lui « changer encore plus la donne ». Sa vision d’un marché concurrentiel idéal ? « Un système énergétique qui défend le consommateur, permet à la France d’exporter ses compétences et technologies, tout en luttant contre le réchauffement climatique et en réduisant notre empreinte carbone. »

Fabien Choné se félicite de voir « enfin » le marché s’ouvrir véritablement, malgré la pression des tarifs réglementés

qu’il voit comme une «  obstruction très grave  » à la concurrence et des parts de marché encore « relativement faibles » à se partager entre alternatifs.

Mais comment inciter les gens à se tourner vers ces nouveaux acteurs ? Pour Daniel Fava, il faut d’abord réduire les périodes de transition, afin de provoquer « une prise de conscience chez le consommateur ». Puis c’est la stabilité tarifaire, accompagnée d’une « personnalisation la plus poussée possible  » qui feront la différence.

Maison passive ou positive, mobilité électrique… Le grand changement à venir, estime Hervé-Matthieu Ricour, c’est «  la modification des usages  » auquel le secteur doit préparer ses clients, présents et futurs. Trois blocages demeurent cependant  : les TRV, la complexité des procédures et un marché en amont de l’électricité « pas assez liquide, ni riche sur les produits ».

Sobriété énergétique, décentralisation, accompagnement des nouveaux usages, évangélisation des consciences… Les acteurs du secteur sont unanimes et enthousiastes  : la France doit et peut accélérer sa transition énergétique.

Jean-François CARENCOPrésident,

CRE

Fabien CHONÉDirecteur général délégué, DIRECT ENERGIE

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Quelle feuille de route pour la France d’ici 2028 ?

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Jean-Baptiste BLONDEL Associé, WAVESTONE

Table ronde 3

De gauche à droite  :

Fabien CHONÉ, Directeur général délégué, DIRECT ENERGIEHervé-Matthieu RICOUR, Directeur général France BtoC, ENGIEDaniel FAVA, Directeur général, ENI GAS & POWER FRANCE

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Trois startups venues présenter leur projet, issues de la plateforme Sparknews, ont d’ailleurs prouvé qu’en terme d’innovation, l’Hexagone était déjà bien avancé, qu’il s’agisse d’optimiser le stockage de l’énergie solaire (ENERGIESTRO), de chauffer gratuitement grâce à des radiateurs-ordinateurs (QARNOT) ou encore de recycler l’énergie thermique tout en dépolluant l’air (TERRAOTHERM).

Mais cette dynamique doit être soutenue par un choc de simplification, condition sine qua non si la France veut se positionner en cheffe de file de la transition énergétique. n

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Quelle feuille de route pour la France d’ici 2028 ?

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De gauche à droite  :

André GENNESSEAUX, Co-fondateur, ENERGIESTROMiroslav SVIEZENY, Fondateur et Directeur général, QARNOTJaouad ZEMMOURI, Président, TERRAOTHERM