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Montréal, le 20 août 1987 - bv.cdeacf.cabv.cdeacf.ca/CF_PDF/1989_09_pd399_1987v4n3.pdf · Montréal, le 20 août 1987 Cher(e) abonné(e), Vous avez sans doute remarque un retard

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Montréal, le 20 août 1987

Cher(e) abonné(e),

Vous avez sans doute remarque un retard quant à la réception devotre dernier numéro de L'UNE A L'AUTRE.

En effet, une situation incontrôlable nous a forcé à ne sortirque trois (3) numéros durant cette année fiscale. Situationincontrôlable quoique passagère, puisque le calendrier habituelsera respecté pour les numéros à venir.

Depuis plusieurs années que votre soutien nous est précieux,nous espérons que ce petit contretemps ne vous décevra pastrop et que vous demeurerez parmi nos rangs.

Les dossiers que nous défendons avancent. L'Office des Profes-sions vient de recommander au gouvernement de légaliser la pro-fession de sage-femme. Naissance-Renaissance, en collaborationavec le Comité Maisons de Naissance, s'apprête à lancer un vidéosur la possibilité d'implanter des maisons de naissance au Québec.Nous ne sommes certainement pas étrangères à l'évolution des cesdossiers. C'est pourquoi, plus que jamais, nous avons besoin degarder votre support pour continuer de paraître régulièrement etvous offrir toute l'information sur les sujets qui nous (et vous)tiennent à coeur.

N'hésitez donc pas à vous réabonner. Notre survie en dépend.

En espérant que ce 1er "28 pages" saura compenser pour cetteattente, nous vous souhaitons bonne lecture et bon début d'annéede travail.

Solidairement vôtre!

Isabelle Corbeil PandoPrésidenteNaissance-Renaissance

DE À DE À

N ous ne pouvons rester muettes le vent d'encou-ragement et les témoignages d'amour que vous nous

exprimés du de l'hiver dernier. Mercid'avoir répondu eu si grand nombre. Vos remarques uniques,personnalisées, constructives nous inspirent et stimulentvolonté de répondre à vos tout en restantpriorités deQuel réconfort de vous retrouver tous les milieux : de lafemme de 20 ans qui veut s'enrichir del'expérience de ses « consoeurs »à la mère de L 2, 3, 4,... 7 enfants, del'étudiante en médecine à l'étudiantenaturopathe, de l'auxiliaire-infirmièreà l'infirmière eu obstétrique, accompa-gnantes, apprenties ani-matrices de cours prénatals, membresdement, et même... un homme. Peuimporte votre provenance, lesbesoins et les réflexions vousaniment les aspirations nousunissent.En majorité membres de MA1SSAMCE-RENAISSAHCE, vous connu larevue lors d'une Vous appré-ciez que Ion a traite de la maternitéautrement que d'un point de vue ro-mantique ou mécanique, non commeun produit de consommation ». L'UÏÏEÀL'AUTRE vous « donne moyens con-crets pour apprivoiser votre ettout ce qui touche à votre »,

Plusieurs d'entre vous, intervenantes auprès des femmesenceintes, dîtes y « trouver de bons arguments pour sensibili-ser les couples à prendre en main leur accouchement ». Vouslisez l'UNEÀ L'AUTRE pour ses articles de fond, a son analysecritique, juste et valorisante pour la femme », pour les témoi-gnages de que vous trouvez a fascinants ». Les sages-femmes, la des femmes et tous les dossiers politiquesreliés à la maternité vous intéressent plus particulièrement,

Vous estimez que ce que nous produi-sons demande « du cran », « Extrémiste,radicale... choquante même (surtout auplan visuel), sympathique, déran-geante, innovatrice, structurée, stimu-lante, logique, recherchée » voilà votrefaçon de nous voir.Encouragées par ce contact avec vous,nous sommes fières de vous offrir ce pre-mier numéro de 28 pages qui mijotedepuis plus d'un an déjà. Le voici, heu-reux d'être là avec sa nouvelle chroni-que sur la césarienne et l'accouchementvaginal après césarienne (AVAQ, sasérie « Portrait de sage-femme a quivous présentera quelques sages-femmes du Québec et son ouverture surla vie avec les enfants. Et surtout avecson dossier sur les accompagnantes àl'hôpital un besoin plus que pres-sant dans la conjoncture québécoiseactuelle.

DHYAME ÎEZZl

NOUVELLES EN BREF 4/261 SAGES-FEMMES DU MONDE À PARISg Un congrès pour faire le bilan des la pratique sage-femme à travers le *s monde 0

\ PRENDRE LA PAROLE, PRENDRE NOTREo PLACE Des infirmières brisent le Qs silence 7

LES ENFANTS ET VOUS -ftLe massage, un contact privilégié IU

LE DOSSIER L'accompagnement à • Al'hôpital, un service peu connu. I i

SANTE : L'auto-examen vaginal 10

PORTRAIT DE SAGE-FEMME: .QJeen Glezos I /

NAISSANCE PAR CÉSARIENNEBeaucoup de questions, enfin desréponses !

ZOOM SUR MONTRÉAL

2021

NOUS AVONS LU Michèle Cham-pagne et Céline Lemay vous propo-sent des lectures pour l'été

LETTRES OUVERTES

2226

L'UNE À L'AUTRE s'adresse aux femmes et aux hommes qui veulent vivre pleinement leur grossesse et leur accouchement et à tous ceux qui, de près ou de loin,travaillent auprès d'eux. Organe d'information de NAISSANCE-RENAISSANCE, mouvement pour l'humanisation et la démédicalisation de la naissance, L'UNE ÀLIAUTRE est un outil indispensable pour quiconque se préoccupe de l'évolution de la société face à la santé et s'intéresse aux courants de pensée et à l'actiondes femmes qui ont décidé de prendre leur santé en main.L'UNE À LAUTRE ÉDITEUR : Naissance-Renaissance COORDONNATRICE : Dhyane lezzi CO-RÉDACTRICES : Michèle Champagne et Evelyne Foy COLLABORATION : Sylvie Barry, Isabelle Brabant,Michèle Champagne, Isabelle Corbeil, Hélène Cornellier, Luce Desgagnés, Martine Eloy, Edith Engelmann-Bélanger, Lucie Hamelin, Luciile Jacques, Claire Maillé, Shirley Rivet, Pierrette Tanguay,Hélène Vadeboncoeur COMITÉ DE LECTURE : Isabelle Brabant, Isabelle Corbeil, Marie-Claire Plourde GRAPHISME : Marre Chicoine, MARIGRAF RECHERCHE ICONOGRAPHIQUE : Judith PothierCOMPOSITION : Composition Solidaire inc, IMPRESSION : Presses Élite Inc DISTRIBUTION : Diffusion Parallèle Inc. PUBLICITÉ ET PROMOTION : Judith Pothier ABONNEMENTS : loséeBoismenu ADMINISTRATION : Nicole Germain POLITIQUES DE LA MAISON : Nous laissons aux auteures l'entière responsabilité de leurs textes. La reproduction partielle ou totale des articles est autoriséeà condition de mentionner la source (mois, année, auteure). Si la reproduction des articles et des illustrations est faite à des fins commerciales, il faut obtenir l'autorisation préalable de la direction. Vous êtes invité-e-sà soumettre des textes dactylographiés à double interligne pour publication dans L'UNE À L'AUTRE. Les textes pourront être publiés dans n'importe guel numéro de la revue à compter de la date de réception;ils seront cependant soumis aux règles éditoriales courantes et pourront être modifiés à la discrétion de l'équipe de rédaction. Les textes soumis ne seront pas publiés automatiquement et la rédaction exercerason droit de choisir ceux qui le seront. TARIFS D'ABONNEMENT pour 4 numéros (1 an) : individuel 13 $ ; groupes, corporations ou institutions 30 $ ; étranger : ajouter 5 $. Adresse postale : L'UNE À JJAUTRE,1493 rue Rachel est, Montréal (Québec) H2J 2K3. Tel : (514) 525-5895. Dépôt légal : 4e trimestre 1983, Bibliothèque nationale du Québec. ISSN : 0824-8230. Courrier de deuxième classe, numéro d'enregistrement6987.

L'UNE À L'AUTRE AUTOMNE 1987

HoweujKa/ mt

LE MONITORING FOETAL DE ROUTINE

Lr auscultation intermittente du coeur foetal a été comparée

au monitoring électronique foetal continu (MEF) dans sixrecherches indépendantes en Irlande. Analysées ensemble, les con-clusions suggèrent une très faible amélioration du taux de césariennechez le groupe avec monitoring foetal de 2.7 fois le taux du groupeavec auscultation intermittente. Le Dr lan Chalmers, épidémologiste,a démontré qu'il y a moins de convulsions néonatales dans le groupequi utilise le monitoring foetal et le prélèvement de sang foetal aucuir chevelu combinés, mais pas moins que dans le groupe qui n'uti-lise que le MEF. Les forceps ont été utilisés dans 8,2 % du groupeavec MEF, contre 6,3 % du groupe ausculté, les forceps du premiergroupe étant presque toujours appliqués en réponse à un tracé anor-mal du MEF. Des traumatismes néonatals sérieux ont été observésau taux de 3,2/1000 dans le groupe MEF et 2,4/1000 dans le groupeausculté. Il y a eu une mort foetale pendant le travail et six mortsnéonatales dans chacun des groupes. Un suivi des nouveaux-nés quiont souffert de convulsions néonatales a révélé trois cas anormauxdans chaque groupe. Les auteurs de la recherche prévoient étendreleur suivi de ces enfants pendant quatre ans, pour recueillir des don-nées plus complètes.Source : Macdonald et ali., American Journal of Obstetrics ans Gyne-cology, 1985; 152 -.524-539. Revu par Shearer Madeleine H. dansBirth, vol. 13, #2, juin 1986.

RIEN NE SE PERD...

O n a trouvé une utilisationpour les tissus de foetus

avortés... Pour venir en aide auxpatients souffrant de la maladie deParkinson ou de la maladie d'Alz-heimer, on envisage la greffe de tis-sus cérébraux provenant de foetusavortés. Le magazine SCIENCErapporte que des experts médi-caux et juridiques, ainsi que desspécialistes des questions moralesauront a donner leur avis sur lesujet à la demande du centre

d'éthique biomédicale de l'Univer-sité Case Western Reserve de Cle-veland, Ohio. Cette techniquepourrait être particulièrement con-troversée en raison de son rapportavec l'avortement. Les expérimen-tations très concluantes faites surdes animaux de laboratoire per-mettent de penser que dans unavenir prochain, les hommes descience tenteront l'expérience surdes êtres humains.Source : La Presse, le 14 mars1987.

À TRAVERSLE MONDE• Londres, les 24 et 25 octobreprochain, aura lieu la premièreConférence internationale surl'accouchement à la maison.Ouverte au public, cette confé-rence réunira des figures importan-tes dans le mouvement internatio-nal d'humanisation des naissan-ces : Suzanne Arms, Rahima Bald-win, Ina May Gaskin, MichelOdent, Marsen Wagner et SheilaKitzinger, ainsi que plusieurs invi-tés d'Europe et de pays du Tiers-Monde. On attend 3000 partici-pant-e-s ; une semaine complèted'ateliers suivra le congrès. Pourplus de renseignements,envoyezune enveloppe pré-adressée à :Home Birth Conférence, 65 MountNod Road, London, England SW162LP.• MANA (l'Alliance des sages-femmes d'Amérique du nord)tiendra son congrès annuel 1987à Denver au Colorado. « GivingBirth to a New Future » aura lieudu 22 au 25 octobre. Cette rencon-tre s'attardera particulièrement surles questions soulevées par lesnaissances à « haute technolo-gie », questions de plus en pluscommunes par les temps qui cou-rent ! Educatrices prénatales,sages-femmes, parents, profession-nel-lés impliqué-es dans ledomaine y sont attendu-es engrand nombre. Pour plus d'informa-tions, contactez : Carole Shane,3131, 4th St., Boulder, Colorado,80302, USA.

« LA MATERNITÉAU LABORATOIRE »^A Montréal, du 29 au 31 octo-

bre prochain, un forum surles nouvelles technologies de lareproduction humaine sera orga-nisé par le Conseil du statut de lafemme. Le tout se déroulera à l'Uni-versité Concordia. •

LE FQII ET LESSAGES-FEMMES

L e 25 mars dernier la Fédé-ration québécoise des Infir-

mières et Infirmiers (FQH) donnaitune conférence de presse à Mont-réal sous le thème : « Pourquoi leQuébec et le Canada n'ont-ils pasencore de sages-femmes en1987 ? ». Constatant avec étonne-ment que le Canada et l'Afrique dusud sont les seuls pays membres del'Organisation Mondiale de laSanté à ne pas reconnaître lessages-femmes, les infirmières etinfirmiers s'interrogent :• qu'advient-il des rapports descomités interministériels sur lessages-femmes ?• le puissant lobbying médicalempêche-t-il le gouvernement delégiférer ?• comment peut-on feindre d'igno-rer les statistiques très éloquentesdes pays où les services des sages-femmes sont les plus utilisés : dimi-nution marquée des interventions(inductions, épisiotomie, forceps,césarienne) et des mères et desbébés aussi en santé qu'ici...

Les médias ont fait un largeécho de ce questionnement de laFOU. Un espoir de collaborations'amorce. Cette brèche à l'intérieurdu monde médical annonce-t-ellela venue prochaine des sages-femmes au Québec et le respect dudroit des femmes?

AND

U n groupe de familles cana-diennes désireuses d'offrir un

programme de réhabilitation àdomicile aux patients ayant déjàsubi des dommages cérébrauxvient de se former : ASSOCIA-TION FOR THE NEUROLOGI-CALLY DISABLE OF CANADA.AND souhaite s'implanter au Qué-bec et cherche d'abord à recruter30 familles intéressées au pro-gramme. Pour contacter ce grouped'entraide adressez-vous à MmeDanielle St-Arnaud, St-Sauveur,514-227-4965.

L'UNE À L'AUTRE AUTOMNE 1987

WWUJKeu m?

VOULEZ-VOUSESSAYER L'ÉPONGE?

U ne étude est actuellement encours au Québec auprès de

femmes de 18 à 45 ans désireusesd'utiliser une éponge Pharmatexcomme unique moyen de contra-ception. Faite d'une mousse d'al-cool polyvinylique imprégnée dechlorure de benzalkonium, désin-fectant bien connu, elle est dotéed'un pouvoir spermicide très puis-sant agissant pendant 24 heures(vous vous sentirez propres, pro-pres, propres...) Si le coeur vous endit, adressez-vous à la Cliniquede planning de l'hôpital Maison-neuve-Rosemont à Montréal,514-252-3400, poste 3724.Source : La Presse, le 16 mars1987.

AVORTERAVEC UNE PILULE

L e Dr Marc Bygdeman de l'hô-pital Karolinska de Stockholm

a mis au point une pilule abortive,composée de plusieurs substances,qu'il administre pendant trois joursconsécutifs, au cours des trois pre-mières semaines d'absence derègles (aménorrhée).

C'est à partir du RU-486 oupilule Beaulieu mieux connnuesous le nom de pilule du lende-main que le Dr Bygdeman a misau point ce nouveau comprimé. Ilprésente l'avantage de ne pas avoird'effets secondaires autres queceux d'une fausse couche natu-relle.

600 femmes enceintes enSuède, en Italie, en Chine, en Indeet en Hongrie en ont déjà fait l'es-sai. L'Organisation Mondiale de laSanté (OMS) coordonne cetterecherche et les pilules suédoisesseront bientôt distribuées dans lespays du Tiers-Monde. On estimeson taux d'efficacité à 95 %. Lecommuniqué ne mentionne pas sion a vérifié ses effets à long terme...Source : La Presse, le 28 mars1987.

DEUX REGARDS SUR LA MÉNOPAUSE

L e 3 mars dernier, l'UNE À LAUTRE était au lancement desderniers films de Sylvie Van Brabant : NUAGEUX AVEC ÉCLAIR-

CIES et MÉNOTANGO. Ces films produits par l'Office National duFilm présentent deux femmes à des moments différents de leur méno-pause qui parlent avec franchise de leur inquiétude face à cette trans-formation profonde de leur corps et de leur vie.

Dans NUAGEUX AVEC ÉCLAIRCIES, Denise est plongée danssa pré-ménopause. Séparée depuis peu, elle se confie à sa meilleureamie, consulte médecins et ressources alternatives, réfléchit, rêve etnous fait partager sa recherche d'un avenir ensoleillé.

Dans MÉNOTANGO Jeanne a déjà passé le cap de la ménopauseet envisage sa retraite avec quiétude auprès de son mari. Elle expli-que comment il est difficile de ne pas être perçue uniquement commemère de famille par ses proches quand survient la ménopause. Ellenous parle des émotions nouvelles et des remises en question qu'ellea connues durant cette période et raconte comment elle a appris àdéfaire l'un après l'autre et avec amour, les stéréotypes liés au vieil-lissement.

DE GAUCHE À DROITE: DENISE, PROTAGONISTE OU FILM -NUAGEUX AVEC ÉCLAIRCIES» l'HERBORÎSTEDANIELLE LABERGE, LA RÉALISATRICE SYLVIE VAN BRABANT ET FRANCE AUGER-PAQUETTE

Comme dans ses autres films, DEPUIS QUE LE MONDE ESTMONDE et LE DOUX PARTAGE, Sylvie Van Brabant a su donner uncaractère intimiste à ses films. Elle évite les théories, les recettes,les statistiques et les études pour ne laisser parler que le coeur. « Lesdiverses études sur la ménopause, que ce soit sur la prise d'hormo-nes synthétiques ou la vitaminothérapie sont contradictoires. Les poursont aussi nombreux que les contre, dit Sylvie, et il y a toujours denouvelles recherches pour venir changer les résultats obtenus. C'estpourquoi j'ai choisi de procéder par témoignages, ceux-ci demeu-rant toujours actuels. »

Et ça marche ! On sort du visionnement de ces films touchées etémues. Peu importe l'âge que l'on a, la ménopause nous guette avecles mythes et les préjugés qui l'entourent. Cest films nous donnentle goût de vivre cette étape de façon positive.

Un guide accompagne les deux films. Destiné aux animatricesde groupes de discussions, il propose des modèles d'ateliers, unesynthèse des écoles de pensée sur ce phénomène, le vocabulaire reliéà la ménopause, une bibliographie et une liste de regroupements etd'associations. Les films et le guide sont disponibles dans tous lesbureaux de l'ONF.

OBSTÉTRIQUE '87

N AISSANCE-RENAISSANCEet le COMITÉ MAISONS DE

NAISSANCE se sont empressés derépondre au rapport « Obstétrique'87 » publié par l'ASSOCIATIONMÉDICALE DU CANADA (AMC)en mars dernier : « le mouvementd'humanisation des naissances est-il donc si important que l'AMC aitbesoin d'un nouveau rapport pourtenter de dénigrer ses revendica-tions ? »

NAISSANCE-RENAISSANCEne pouvait passer sous silence lapublication de ce « curieux » rap-port. La Corporation profession-nelle des médecins du Québec sepréoccupe de la surmédicalisationde l'accouchement et incite lesmédecins à la prudence.

Les Québécoises n'ont ni lechoix du lieu d'accouchement nicelui de l'intervenant. Lors d'unsondage effectué par la firme Ress-coplan dans l'Outaouais, 62,5 %des femmes ont répondu qu'ellesaccoucheraient dans un centre dematernité avec une sage-femme sielles le pouvaient vraiment.

Des CLSC et des groupes defemmmes de plus en plus nom-breux appuient les revendicationsdes groupes d'humanisation quidepuis sept ans demandent uneamélioration des soins en obstétri-que. Les dix-huit groupes-membresde NAISSANCE-RENAISSANCEont reçu l'appui de milliers de fem-mes un peu partout au Québecdémontrant l'importance du mou-vement et sa nécessité.

C'est lorsque nous aurons unchoix véritable que nous serons enmesure de comparer. Les femmesne peuvent contester les servicesofferts par un monopole. MadameLavoie-Roux accordera-t-elle auxQuébécoises les maisons de nais-sance qu'elles réclament depuislongtemps? Est-ce qu'elle leurdonnera accès aux services dessages-femmes ? Va-t-elle agirbientôt ? •

L'UNE A L'AUTRE AUTOMNE 1987

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Sages-femmes du mondeUn congrès à Paris, quel attrait ! Les sages-femmes du Québec avaient l'habitudede se déplacer en Amérique du nord : la Californie, l'Ontario, la Colombie-Britanique, la Virginie... Elles allaient pour la première fois traverser l'Atlantiqueet prendre contact avec des sages-femmes espagnoles, hollandaises, algériennes,vietnamiennes et tant d'autres.

L'

DE GAUCHE À DROITE: CÉLINE LEMAY. MONIQUEBEAUCHEMIN ET GERTRUDE LAVOiE À PARIS.

Association sages-femmes et homéopathieorganisait une rencontre internationale enFrance en novembre dernier. Les participantesétaient invitées à vivre chez une collègue

pendant cinq jours, à découvrir son milieu de pratiqueainsi qu'à participer au congrès qui se déroulait à Parisles 15 et 16 novembre '86. Rosa Cancino et EdithEngelmann-Bélanger de l'Association des sages-femmes diplômées du Québec sont parties dix joursavant le début des stages afin de rencontrer diversespersonnalités oeuvrant dans les structures légales etadministratives ( Ordre, syndicats, écoles) de la profes-sion de sage-femme en France.

TYPE D'ETABLISSEMENT CentreHospitalier

MONTEREAUParis-Nord

CentreHospitalier

CREILParis-Nord

CentreHospitalierBEL-AIRLorraine

Cliniquede

NANTES

(C.H. général) (C.H. général) (C.H. général)500 ACC A,V / 500 ACCÏAN 2 200 ACCfAN

SERVICE DE GYNÉCO-OBSTÉTRIQUE• nombre de salles

d'accouchement

salles de travailbloc gynécologiqueservice de maternitéservice grossesse à risques

1 (12 lits)1

3et 1 de

dystocies31

2 (60 lits)1

2 (41 lits)1

71

1 (20 lits)1

PERSONNELgynécologueassistantssages-femmessages-femmes surveillancegarde à domicileinfirmièrespersonnel auxiliaire

ï311

1111

13

26

2

16

9

15

• roulement sage-femme

• roulement personnelpara-médical

• % d'accouchementseffectuéspar les sages-femmes

gardes24 H

8 H

80%

gardes24 H

8 H

75 %

12H

8 H

75 à 80 %

12 H

8 H

RÉSULTATS DE PRATIQUE• césariennes' forceps• ventouses• épisiotomies et réfections

par sages-femmes

10%10%

primipares

10 %12 %

12%

11%

10%

primipares

20-30 %20 %

peu

* Document-synthèse complet disponible à l'ASSOCIATION DES SAGES-FEMMES DIPLÔMÉES DUQUÉBEC 993, Cherrier Montréal H2L 1J2 Tél. : 525-5229 Coût 5 $ (plus frais d'envoi)

** Les statistiques révèlent que 50 % des sages-femmes oeuvrent en milieu hospitalier, 35 % en cliniqueprivée, 15 % en tant que libérales (beaucoup ne fournissent que des soins infirmiers).

L'ORGANISATION DE LA PROFESSIONLa sage-femme relève de la Direction générale des pro-fessions médicales du ministère de la santé qui regroupetrois catégories : médecins, dentistes et sages-femmes.Celles-ci doivent obligatoirement s'inscrire à l'Ordrenational des sages-femmes qui compte plus de 10,000membres. L'Ordre veille à la compétence de ses mem-bres, au respect de l'éthique de la profession, à son rema-niement de concert avec les changements sociaux, etagit contre la pratique illégale de la profession. L'Or-dre est impliqué dans les consultations européennes con-cernant le niveau de formation des sages-femmes et lalibre circulation de celles-ci à l'intérieur de la Commu-nauté Économique Européenne.

Les sages-femmes se regroupent également à l'inté-rieur de divers syndicats dont l'Organisation nationaledes syndicats de sages-femmes qui compte 2000 mem-bres. Celui-ci siège dans diverses commissions paritai-res intéressant la pratique sage-femme. Il est importantde souligner que les sages-femmes n'ont pas l'obliga-tion de faire partie d'un syndicat, mais que celui-ci estl'un des premiers syndicats féminins en France.

Les sages-femmes se regroupent aussi selon des affi-nités spécifiques. On trouve ainsi plus d'une dizaine d'as-sociations qui ne comptent pas plus d'une centaine demembres chacune, l'Association de sages-femmes ethoméopathie, sages-femmes et acupuncture par exem-ple.

DES STAGES PRATIQUESRosa Cancino a effectué un stage pratique à Montereau,centre hospitalier général desservant une population de22,000 habitants où le taux annuel est de 500 accou-chements.

Gertrude Lavoie, autre sage-femme de l'ASFDQ arejoint la Clinique mutualiste de Nantes où se pratiquent1000 accouchements par an.

Edith Engelmann-Bélanger a visité diverses mater-nités en Lorraine, dont celle de l'hôpital de Hayange(300 accouchements par an), Thionville (2000 accou-chements par an) ainsi que des maternités privées dela région Metz-Nancy.

Le choix des établissements visités : public, semi-public, semi-privé, privé a permis une grande diversitéd'observations. Il ne faut cependant pas généraliser cecontexte pour toute la France car les diversités régio-nales sont énormes. Cependant, quel que soit le typed'établissement visité, le service de gynéco-obstétrique

!! !B,

ParisDes représentantes de l'ALLIANCE QUÉBÉCOISES DES SAGES-FEMMESPRATICIENNES et celles de l'ASSOCIATION DES SAGES-FEMMES DIPLÔMÉES DUQUÉBEC ont participé à cette rencontre. Chacune a profité de ce voyage pourrépondre à ses questions spécifiques. Les expériences des participantes diffèrent,leurs témoignages aussi. Hélène Cornellier de l'Alliance et Edith Engelmann-Bélanger de l'Association relatent chacune à leur façon les grandes lignes decette rencontre internationale.qui en fait partie est distinct des autres départementsde l'hôpital (localisé sur un ou plusieurs étages ou dansun bâtiment adjacent). On dispense au même endroittous les services concernant la normalité et la patholo-gie obstétricale durant le pré-natanal, l'accouchementet le post-natal. L'ambiance est détendue et la circula-tion des personnes d'un service à l'autre courante (voirle tableau).

Dans les centres hospitaliers, une sage-femme cadreayant reçu une formation additionnelle est responsabledu service. Les sages-femmes font des gardes de douzeou plus souvent vingt-quatre heures. Elles sont autono-mes et responsables de la normalité en obstétrique.L'unité de ton et de travail est non négligeable dans leurapproche non-interventionniste. Les protocoles ne sontpas rigides et permettent une certaine personnalisationdes cas.

Dans la plupart des cliniques privées, la sage-femmen'effectue pas l'accouchement, mais elle assume la sur-veillance du travail et du post-partum immédiat.

Depuis une dizaine d'années, les sages-femmes assu-rent une surveillance à domicile des grossesses à ris-ques. Ce service contribue à une baisse importante dutemps d'hospitalisation des femmes enceintes et à undépistage précoce des problèmes socio-économiqueséventuellement reliés à celles-ci. Ces sages-femmes tra-vaillent de concert avec les sages-femmes en milieu hos-pitalier.

De façon globale, on peut constater que dans lespetites maternités de moins de 1000 naissances par an,les sages-femmes sont polyvalentes, s'occupent aussibien de la continuité des soins en maternité que de lasupervision des services de gynécologie et /ou des gros-sesses à risques élevés (GARE). Au-delà de 1500 nais-sances par an dans un établissement donné, le nombrede sages-femmes amène une parcellisation des tâches.

Ce sont les résultats de la pratique qui démontrentl'excellence des services offerts puisqu'ils dénotent unebaisse plus qu'importante des taux d'interventions parrapport au Québec. Seule la clinique privée présenteun bilan comparable, encore faut-il spécifier que lessages-femmes n'y effectuent pratiquement aucun accou-chement.

Les revendications des sages-femmes dans les insti-tutions visités concernent leurs conditions de travail etleurs salaires. Elles se demandent également comment

concilier vie familiale et continuité du service offert. Cer-taines remettent leur pratique en question mais le toutsemble encore incohérent et le questionnement loind'être généralisé.

Comme toutes les professions, celle-ci est un refletdu milieu et on ne peut la dissocier du contexte socialactuel. Elle donne une image conservatrice à certainségards, de « majorité silencieuse » prise par le travailquotidien et d'une minorité qui essaie d'élargir le débatà d'autres expériences tout en remettant en cause saplace dans le système de santé. •

EDITH ENGELMANN-BÉLANGERAssociation des sages-femmes diplômées du Québec

N ovembre '86, en compagnie de Monique Beau-chemin, Huguette Boilard et Céline Lemay, jem'embarque vers Paris, représenter l'Alliancequébécoise des sages-femmes praticiennes.

Ce sera l'occasion de vivre, de sentir la réalité de prati-ques institutionalisées, de mettre en commun nos phi-losophies et de discuter l'avenir de la profession au con-grès à Paris.

Huguette nous quitte pour aller à Colmar en Alsace.Elle accompagnera Anne-Marie Gavillot, sage-femmelibérale, pendant quatre jours. Anne-marié et une autrecollègue offrent un suivi pré-natal et aident les femmespendant leur accouchement à la Maternité St-Louis, oùelles ont un droit de pratique, ou à domicile. Le méde-cin avec qui elles collaborent participe aux rencontresprénatales. Utilisant massages, polarité et homéopathie,Anne-marié accompagne les femmes enceintes tant surle plan médical que psychologique et spirituel. Une pra-tique qui ressemble à celle des sages-femmes du Qué-bec.

Monique Beauchemin quittera Paris le soir même denotre arrivée se dirigeant vers Millau où elle rejoindraune sage-femme algérienne qui oeuvre en pratique pri-vée à Alger et une sage-femme espagnole, infirmière encentre hospitalier. À Millau, dans les Causses, régionde vallées et de plateaux, Joëlle Legoff-Roubault travailleen association avec une autre sage-femme et deux méde-cins généralistes, dont son mari. À tour de rôle, ils offrent

et

de laa

des

et

L'UNE À LAUTRE AUTOMNE 1987

DES REPRÉSENTANTES DE DIFFÉRENTS PAYS ONTTÉMOIGNÉ Df LA PLACE DE LA SAGE-FEMME DANS LESYSTÈME DE SANTÉ À TRAVERS LE MONDE.

*SSSÉS£*

<*** mondeDe la conférence tenue àParis les 15 et 16 novembre 1986est née une association SAGESFEMMES DU MONDE.Ses buts :• favoriser et maintenir le lienentre sages-femmes (diplô-mées et autodidactes) dans lemonde afin de partager infor-mation, formation et soutienprofessionnel.• participer aux efforts de pré-vention prénatale pour lebien-être des populations dumonde.

Pour information ou adhésion(44.OO $), écire àSages-Femmes du Mondea/s Jeannette Bessonart2O, rue Mouchotte, E3I3Paris 75O14France

un suivi prénatal. Joëlle organise aussi des rencontressur différents thèmes selon les besoins : préparation àl'accouchement, allaitement... Une équipe composéed'une sage-femme et d'un médecin est toujours dispo-nible pour les accouchements qu'ils aient lieu dans uneclinique ou à domicile. Ils apportent avec eux tout lematériel nécessaire en cas de complications (forceps,moniteur...). L'hôpital transféré à la maison : les mêmesexigences, les mêmes routines !

ENCHANTEMENT ET DÉSILLUSIONCéline et moi, les seules restées à Paris, nous nous diri-geons vers deux centres complètement différents. LesLilas, mythe ou réalité ? Céline s'en est imprégnée pen-dant quatre jours. Elle y serait restée, mais familleoblige... Les Lilas, une équipe de sages-femmes, gyné-cologues, anesthésistes, puéricultrices et infirmières quicôtoient les femmes dans leur accouchement, leur avor-tement, à tout moment où l'on a besoin d'eux. Les Lilas,un esprit ouvert, un lieu de discussion, à la fois d'avant-garde par ses préparations (chant prénatal, haptonomie)et simple dans son approche : une aide aux femmes.

De mon côté, je me retrouve à l'hôpital St-Denis. Lebloc maternité est séparé de l'hôpital. Garde de 24 heu-res en salle d'accouchement, consultation prénatale avecune sage-femme qui intègre l'homéopathie à sa prati-que et une autre qui pratique l'acupuncture avant etquelques fois au moment de l'accouchement. Visite desfemmes à hauts risques et des « suites de couches ». Laclientèle est surtout composée d'immigrantes d'Afriqueet d'Asie et de Françaises de classe moyenne. Le travailest très cloisonné, divisé par département. Les femmespassent d'une équipe à l'autre ou plutôt d'un étage àl'autre pour chacune des étapes : grossesse (1er), accou-chement (2e), suites de couches (3e et 4e). Le même mor-cellement que l'on connaît dans nos services de santéau Québec. Quelle leçon faut-il en tirer ?

LA FRANCE VS LE QUÉBECEn France, pays de bureaucratie, il existe de multiplesscénarios de pratiques et de catégories de sages-femmes, la sage-femme libérale étant la plus mal vue.Il est difficile de faire une critique de tout ce qu'on avu ou vécu. Que ferons-nous dans la même situationquand sera venu le temps de l'intégration de la profes-sion aux services de santé déjà existants ? Chose cer-taine, j'ai vu là à certains moments des choses que jene voudrais jamais voir ici.

Les moments les plus importants de la conférencerestent les rencontres de toutes ces femmes (et d'un Hol-landais). Chacune, passionnée ou fatiguée, créative ouroutinière partageant nos expériences communes. Il enressort que l'autonomie et l'indépendance de la profes-sion de sage-femme demeurent intimement liées à celledes femmes, à leur volonté de changement et à leurcapacité de mettre en oeuvre ce changement. •

HÉLÈNE CORNELLIERAlliance québécoise des sages-femmes

RENCONTRE INTERNATIONALEQuel accompagnement de la maternité par les sages-femmes dans le monde ? Bilan et perspectives » tel étaitle thème de la rencontre internationale des 15 et 16novembre dernier à Paris. Quinze représentantes de dif-férents pays ont témoigné de la place de la sage-femmedans le système de santé, soit : l'Allemagne, la Belgi-que, l'Algérie, le Canada (seul pays représenté n'autori-sant pas la pratique légale de sage-femme), le Dane-mark, les pays-Bas, la Suède, la France, l'Italie, la Mau-ritanie, l'Espagne, les États-Unis, l'Angleterre, le Viet-nam et la Suisse.

La formation et l'autonomie des sages-femmes varientd'un pays à l'autre, selon la culture, les traditions etl'abondance des ressources humaines dans les systèmesde santé. Malgré les directives européennes qui datentde plus de dix années, la formation des sages-femmesvarient beaucoup à l'intérieur de la Communauté Eco-nomique Européenne. Les pays Scandinaves et du nordde l'Europe semblent jouir de prérequis à la formationplus élevés que ceux du sud (à l'exception de la Grèce).Le champ de pratique des sages-femmes et les respon-sabilités inhérentes à cette profession dépendent des cri-tères de base et de la formation dispensée.

L'hôpital est devenu partout le lieu privilégié de pra-tique des sages-femmes, sauf aux Pays-Bas ou 35 % desaccouchements ont encore lieu à domicile. Ailleurs enEurope, le pourcentage est infime. Les pays en voie dedéveloppement ont largement suivi cette tendance.

Lors de ce congrès, les diverses interventions con-cernant les préparations à la naissance incluant la soph-rologie, la préparation aquatique à la maternité, l'ho-méopathie, le yoga, l'haptonomie ont été décevantes.Sans doute parce que trop générales et trop courtes (dedix à quinze minutes devant l'ensemble des participan-tes), trop semblables à un rajout publicitaire et non pré-sentées dans une optique de continuité. On n'a pas puse rendre compte de la pratique réelle de la majoritédes sages-femmes en institution et les pratiques encoremarginales présentées l'ont été de façon trop succintepour convaincre. La formule nord-américaine de travailen atelier aurait présenté un avantage certain pour l'ap-prentissage et l'ouverture à d'autres façons de procéderpour toutes les sages-femmes présentes. Il est vrai quec'était le premier congrès du genre en langue française.

Ce congrès a laissé plus d'une sage-femme sur safaim puisqu'il n'a pu faire qu'un constat de l'état passéet présent de la pratique sage-femme dans le monde.Nous n'avons pu explorer les perspectives d'avenir dela profession. Cependant, les échanges et les question-nements entre sages-femmes de différents pays se sontrévélés fructueux et l'ensemble de la profession ne peutqu'y gagner.

Les grands absents ont été les femmes/couples quisont encore les meilleurs alliés des sages-femmes qu'ilfaudrait non seulement consulter mais aussi associer auxchangements à entreprendre. •

EDITH ENGELMAM-BÉLANGER

L'UNE À UAUTRE AUTOMNE 19878

*** lêMoiçwçe

Prendre la parole,prendre notre placeQ ue des femmes critiquent le système médical :

la déshumanisation, le manque d'information,la rapidité de la visite médicale, la sur-médicalisation, le paternalisme des médecins

à leur égard, tout ceci n'est pas nouveau. Mais que desinfirmières, traditionnellement les complices silencieu-ses de la médecine, brisent le silence, voilà qui est nou-veau.

C'est ce que des infirmières de la FQII (Fédérationquébécoise des infirmières et infirmiers) çnt fait dansun document intitulé, « FEMMES ET SANTÉ ; PRENDRELA PAROLE, PRENDRE NOTRE PLACE.

INFIRMIÈRES. FEMMES, TRAVAILLEUSESCe document, c'est le refus des infirmières de continuerà être ces complices silencieuses. Car, en tant qu'infir-mières, nous sommes des témoins privilégiés des soinsmédicaux, d'une médecine déshumanisante, axée surla fragmentation des soins et la surmédicalisation. Entant que travailleuses, nous sommes au prise avec desproblèmes d'organisation du travail, de santé et de sécu-rité et de multiples frustrations. En tant que femmes, noussommes comme d'autres femmes, confrontées à des atti-tudes paternalistes et sexistes dans notre milieu de tra-vail, et nous sommes, au même titre que toutes les fem-mes, des usagères des soins de santé.

Dans ce document, les infirmières parlent. Elles nousparlent des risques qu'elles encourent chaque jour carles maladies professionnelles et les accidents de travailsont de plus en plus fréquents dans leurs rangs. Ellesnous parlent aussi de leur insatisfaction. En effet, 85 %d'entre elles estiment qu'elles ne peuvent donner le meil-leur de leurs capacités tellement elles sont surchargées.Si on prend le cas type d'une infirmière qui a 12 patientssous ses soins et que l'on fait un petit calcul du tempsqu'elle doit allouer à des tâches connexes, on s'aperçoitqu'elle aura en tout 15 minutes (par 8 heures) à consa-crer à chaque patient pour tout faire : prendre la tem-pérature, la tension artérielle et le pouls deux fois, ser-vir le repas, asseoir le patient au fauteuil, faire les trai-tements, recoucher le patient, faire les analyses requi-ses,etc... Elles nous démontrent que la difficulté n'est pasde savoir discerner entre le nécessaire et le superflu,mais bien entre l'urgent et le nécessaire.

NON AU PATERNALISME MÉDICALDans ce document, les infirmières dénoncent aussi lepaternalisme de la médecine envers les femmes ; pater-nalisme qui se traduit par la tendance à infantiliser lespatientes, à ne prendre au sérieux ni les questions

qu'elles posent, ni les réponses qu'elles donnent lorsquequestionnées. Les femmes ont de la difficulté à fairereconnaître la réalité de leur malaise, alors que, règlegénérale, on accorde plus de crédit aux symptômes queles hommes rapportent et ceux-ci reçoivent plus d'ex-plications au sujet du diagnostique et du traitement.

Elles s'inscrivent en faux contre une médecine quitend à maintenir les femmes dans l'ignorance commes'il était impossible qu'elles puissent comprendre quel-que chose à leur corps. On leur demande de croire sanssavoir, sans rien comprendre, sans trop questionner.L'exemple le plus probant est celui du médecin qui s'in-surge lorsqu'une femme enceinte lui demande son pointde vue sur 1 episiotomie ou l'utilisation de routine dumoniteur foetal : « C'est moi qui vous accouche. Je feraice qui est nécessaire. Ne vous préoccupez donc pas demon travail ! »

CRÉER DES ALLIANCES,BÂTIR DES SOLIDARITÉSPar ce document, des infirmières lèvent le voile. Ellesbrisent le silence. Mais ce n'est qu'un premier pas. Cepremier pas mène nécessairement à une remise en ques-tion de l'organisation du travail, à une redéfinition durôle qui est traditionnellement dévolu aux infirmièresainsi qu'à un questionnement de la « science » médicale.

Le pas suivant, pour nous infirmières est d'établir desliens avec les autres : des groupes de réflexion et d'ac-tion en santé mentale, des centres pour femmes, des mai-sons d'hébergement pour femmes battues, des associa-tions pour l'humanisation de l'accouchement. Car nousdevons nous joindre à celles qui remettent déjà en ques-tion la pratique médicale.

En tant qu'usagères, nous devons exiger d'être écou-tées lors de consultations, nous devons revendiquer ledroit de savoir, d'être informées dans un langage acces-sible. Nous devons exiger des réponses claires à nosquestions et la possibilité de participer au choix de notretraitement. En somme, nous devons devenir des agentsactifs de notre propre guérison. En tant qu'infirmières,nous devons épauler les usagères, les informer de leursdroits et des alternatives possibles, refuser nous aussides comportements sexistes et paternalistes, redéfinirnotre espace en tant qu'intervenantes de la santé. Nouscroyons avoir un rôle déterminant à jouer dans le pro-cessus de réhabilitation de la santé et nous voulons nousen saisir. •

MARTINE ELOYInfirmière, membre du comité condition féminine de la FQII

MARTINE ELOY

Desbrisentle

FEMMES ET SANTÉ : PRENDRELA PAROLE, PRENDRE NOTREPLACE est une publication con-jointe des comités Condition fémi-nine, Santé et sécurité du travailet d'Action sociale et politiquede la FOU. La FOU a ainsi voulurendre public les résultats d'en-quêtes menées auprès de plus de1300 infirmières. Pour vous procu-rer cette brochure gratuitement,vous pouvez écrire à : Fédéra-tion Québécoise des Infirmiè-res et Infirmiers, 1067 St-Denis,Montréal H2X 313. Téléphone :(514) 842-5255.

L'UNE À LAUTRE AUTOMNE 1987^y

IBS BNFAWei NOM

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Le massage des enfants :J e me revois aujourd'hui avec mon premier-né

dans les bras, un être vivant sorti de moi. Malgrél'amour et la bonne volonté, les gestes ne viennentpas toujours facilement. Et je ressens sans cesse

ce besoin de lui, le plus près possible de ma peau, dema bouche, de mes yeux. Parfois, je le reprendrais enmoi pour mieux le toucher, le reconnaître ! Ce désir m'afait découvrir le massage, ma façon de revivre un peucette symbiose. Pendant neuf mois, je l'ai porté, enve-loppé de ma chaleur, bercé de ma démarche.Aujourd'hui, nous nous retrouvons par le contact desmains, peau à peau. Notre intimité retrouvée dans ladétente et le respect.

Au début, j'avais peu de connaissances dans cedomaine mais je savais tout de même quels merveilleuxeffets on peut tirer du massage. Les premières fois oùje m'installai avec mon bébé, je me sentais très mala-droite. C'est pourtant si facile de laisser aller son intui-tion, son amour, pour trouver les gestes, les touchers quinous conviennent l'un à l'autre. Très vite, j'ai pris de l'as-surance. Mes caresses sont devenues moins hésitantes,en même temps plus fermes et plus douces. Et mon bébéme le disait ! Avec le temps, guidée par l'imaginationet la tendresse, mon enfant s'abandonnait de plus enplus. Son bien-être revenait vers moi à travers mes mains.Certains moments étaient réellement magiques...

Mon garçon grandit, notre relation évolue. Et le goûtd'en savoir plus pour parfaire cet échange me fait cher-cher d'autres outils. Je lis, je questionne, je suis des cours.J'ai maintenant deux enfants qui ont 7ans et 5 ans. Jeleur donne des messages régulièrement, 2 ou 3 fois parsemaine. Ils les réclament souvent eux-mêmes, en géné-ral le soir, parfois dans la journée, le massage fait main-tenant partie de notre vie. C'est un complément uniqueaux relations parfois superficielles ou plus tendues dela journée. Il peut remplacer, à l'occasion, la chaise ber-çante, le livre d'histoire ou les chansons avant de dor-mir ou terminer le rituel du coucher.

DONNER UN MASSAGELa meilleure façon de s'apprivoiser au massage, c'estd'en recevoir. Il n'est pas nécessaire d'avoir recours à unmassothérapeute, quelques notions de base, de la bonnevolonté et des circonstances favorables suffisent pourfaire vivre des moments privilégiés. Les adultes ont sou-vent besoin d'une période d'adaptation pour en profi-ter pleinement. L'enfant a généralement plus de facilitéà cet égard mais on ne peut espérer atteindre l'immo-bilité et le silence complet. Il faut s'adapter, suivre son

rythme. Il trouvera ce dont il a besoin et le temps l'amè-nera à s'abandonner en toute confiance.

L'enfant peut lui aussi prendre plaisir à vous donnerun massage. Il est très valorisant pour lui de pouvoir fairece don à un adulte avec qui il est complice. Et de plus,cela développe sa dextérité. Masser un ami à la mater-nelle ou une amie chez qui on est en visite c'est lui fairecadeau d'une belle découverte : une plus grande cons-cience de son corps, un pouvoir bénéfique sur soi-mêmeet sur l'autre.

CLAUDE LAVOIE, MASSEURLE RITUELII faut d'abord choisir le moment le plus propice pourchacun. Selon votre rythme de vie, vos tempéraments,vos besoins, vous saurez mieux que quiconque trouverl'instant. Les enfants aiment bien s'occuper des prépa-ratifs. Créez avec eux un environnement favorable :• aérez la pièce, vérifiez le chauffage et l'éclairage ;• prévoyez un tapis épais ou un futon recouvert d'un

drap;• apportez des petits coussins minces pour caler sous

le cou et les genoux et une couverture chaude pourfaire plaisir aux plus douillets ;

• préparez de l'huile à massage : vous pouvez mélan-ger de l'huile d'amande ou de tournesol avec des hui-les essentielles;

• ayez les ongles courts ;• dernière précaution importante, décrochez le télé-

phone !

UN TEMPS D'ÉCHANGEII est important, avant, pendant ou après un massagede parler de ce que l'on ressent ou de ce que l'on veut.Posez des questions, observez, soyez à l'écoute des réac-tions corporelles de votre petit.

un plaisir, un privilège• Demandez à l'enfant s'il a une raison particulière pour

désirer un massage ; si l'initiative vient de vous, expli-quez vos motifs.

• Informez-le sur le déroulement du massage : l'ordredes mouvements et le genre de pression généralementutilisé.

• Invitez-le à prendre conscience de son propre pouvoirde détente, à s'ouvrir à ce qui est là, « laisser la rivièrecouler ».

• Dites quelques mots sur le rôle que vous désirez jouer :par exemple, être un-e allié-e, faire partie de la mêmeéquipe pour chercher ensemble les solutions, ce quifera du bien.

• Informez-vous de sa condition et des endroits où faireattention (blessures, fragilités) et incitez-le à s'expri-mer au cours du massage sur ce qui ne convient pasou sur ce qui convient le mieux.

• Demandez-lui de s'allonger sur le ventre, dans unetenue vestimentaire de son choix, de préférence desvêtements de coton légers et souples ; les pieds déga-gés, les bras reposant le long du corps.

Certaines situations (maladies, malaises) peuventêtre une contre-indication à un massage prolongé et enprofondeur, il est donc important de connaître l'étatgénéral de la personne que vous massez.

Si vous massez un bébé, il est possible de vous ins-taller dans un grand lit, l'un près de l'autre, ou encorede vous asseoir par terre, dos appuyé, les jambes allon-gées ou en tailleur et d'y placer l'enfant bien conforta-blement. Explorez de nouvelles positions. Certaines per-sonnes aiment bien masser leur bébé pendant le bainpar exemple. Avant de commencer, prenez le temps devous recentrer sur vous-même et sur le partage à venir.

LES GESTESComme premier toucher, je préfère une simple imposi-tion des mains. Placez-vous à gauche ; mettez votre maindroite au niveau du sacrum et la gauche au niveau dela nuque. Restez quelques instants immobile, les mainslégères et vos respirations accordées, toujours présenteà vos propres sensations. Tout passe dans les mains.

Procédez toujours avec douceur et fermeté, adoptezun rythme intéressant sans rien précipiter et ne négli-gez aucune partie du corps. Selon le type de massagechoisi, il est agréable de donner une certaine progres-sion aux gestes : du doux, de l'effleurage, aux pressionsaccentuées, à un pétrissage énergique. Du général audétail pour revenir au plus doux et à nouveau à l'impo-sition des mains retirées très doucement. À la fin du mas-

sage, un temps d'intégration est important pour pren-dre le temps de revenir sur terre !

Il est certain qu'un massage complet est de beau-coup préférable et bénéfique, mais le temps et les cir-constances ne nous en laissent pas toujours la possibi-lité. On peut quand même couvrir l'ensemble du corpsmais en s'attardant moins sur chaque partie, en posantdes gestes plus simples, plus couvrants et en s'attardantaux parties qui semblent plus tendues.

PLUSIEURS MÉTHODESII existe plusieurs écoles de massage : shantala, cali-fornien, shiatsu, trager,etc... Si les raisons de donner unmassage demeurent les mêmes, la manière diffère. Voustrouverez sûrement une méthode qui vous ressemble.Pour ma part, à force d'essais et de pratiques, j'ai inventéma propre méthode, tout à fait inédite.

Les massages à l'huile me semblent particulièrementpropices aux bébés. Les enfants les préfèrent souvent.L'huile permet des gestes plus enveloppants, plus uni-fiés, sensibles et sensuels.

Les massages sans huile utilisent surtout les pressionsdes pouces, de la paume de la main ou des coudes. Cetype de massage est très efficace pour des tensions for-tes et localisées. Il stimule et apaise en même temps etest reconnu pour ses vertus thérapeutiques. On peut lepratiquer par dessus les vêtements.

La polarité est un merveilleux outil qui s'intègre àtout genre de massage. Elle utilise l'électricité du corpshumain qui procède par stimulations, par échanged'énergie de l'un à l'autre, pour équilibrer par des tou-chers spécifiques, des étirements, des bercements. Lesenfants apprécient cette façon d'être touchés.

Quel que soit le type de massage que l'on pratique,ses qualités relaxantes, préventives, thérapeutiques sontindéniables. Nous en sortons renouvelés et apaisés. Jene connais pas de meilleure façon d'entrer aussi étroi-tement en contact avec mes enfants. Les caresses, lesbaisers, les mots d'amour sont nécessaires, mais le mas-sage m'a fait découvrir mes enfants comme des êtres àpart entière avec leurs joies, leurs besoins, leurs dou-leurs. Les enfants apprennent à se connaître davantageet découvrent qu'ils peuvent agir sur leur corps. •

ISABELLE CORBEIL

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"QUAND JE M'ENDORS, ÇA ME RÉVEILLE LES MASSAGES,PUIS JE SUIS DE BONNE HUMEUR- COMMENTAIRE D'ENFANT.

Isabelle Corbeil collabore avec Claude Lavoie à la rédaction d'unlivre sur ce sujet.

L6 DCOTS

« En parlant avec d'autres fem-mes, je me suis aperçue que plusd'une avait vécu la naissance deleurs enfants en étant dépos-sédées de leurs valeurs pro-

fondes : l'amour, la tendresse, le grand res-pect ressenti pour un être humain quiarrive parmi nous. Je me sens profondé-ment touchée par chaque naissance. Pourmoi, chaque mère et chaque père sont desindividus à part entière qui ne ressemblentpas au voisin et chaque bébé est le pre-mier que je vois naître. » Ainsi s'exprimeClaire, accompagnante 1.

Les services d'accompagnement à l'hô-pital ont été initiés il y a une dizaine d'an-nées par des femmes désireuses d'aiderd'autres femmes à vivre un accouchementnormal à l'hôpital. L'accompagnante n'estpas nécessairement une professionnelle dela santé. Elle est d'abord et avant tout unecompagne désireuse d'aider le couple àvivre l'événement impressionnant queconstitue une naissance.

Il est reconnu et accepté que la pré-sence d'une personne en qui la femme quiaccouche a pleinement confiance, réduitle nombre d'heures de travail et le besoinde médication pour contrer la douleur àl'accouchement. Toute femme enceintedevrait avoir droit à ce service encore malconnu et peu utilisé.Une revendication

L es femmes ont revendiqué le droit àl'accouchement conscient, la présence

du père, les chambres de naissance etaussi la présence d'accompagnantes. Cesrevendications font leur chemin à traversle réseau des institutions. Non sans oppo-

C'est le terme utilisé dans le milieu de préférenceà « accompagnatrice ».

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L'UNE À L'AUTRE AUTOMNE 198712

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sition. Bien des centres hospitaliers auQuébec résistent aux demandes des fem-mes. Certains hôpitaux n'acceptent pas laprésence d'accompagnantes, d'autresdisent oui mais à condition qu'il n'y aitqu'une personne à la fois auprès de lafemme en travail. D'autres centres, plusouverts, acceptent la présence de deux outrois personnes à la fois.

Les accompagnantes offrent cette pré-sence continue, cette stabilité que lemonde médical n'est pas en mesure d'of-frir. Plusieurs rencontres sont normalementprévues avant l'accouchement et après lanaissance assurant ainsi qu'un bon contactsoit établi. L'accompagnante joue un rôlede personne-ressource fiable, disponible età l'écoute des besoins de chacun.

« Les femmes accouchent et accouche-ront à l'hôpital » dit Lucie Hamelin,accompagnante à la Gynécée dans lesBasses-Laurentides et co-fondatrice ducomité d'accompagnantes à Alternative-Naissance. « Nous respectons ce choix, lerôle de l'accompagnante est de faciliterl'expérience des parents en leur permettantde réaliser leurs désirs les plus profonds. »

L'accompagnante est soit une sage-femme, soit une apprentie sage-femme, soitune femme désireuse d'aider tout simple-ment. « Si la profession de sage-femmeétait légalisée au Québec, dit HuguetteBoilard, sage-femme et accompagnante,l'accompagnement pourrait devenir unemerveilleuse voie d'apprentissage. Aprèsune année d'accompagnement, une femmesait si c'est le genre de travail qui lui con-vient » dit-elle. Certaines femmes en fontleur métier. Elles ont conscience de l'im-portance de leur rôle, du changementqu'apporté leur présence à l'hôpital et dela volonté qui anime les personnes qui font

L'UNE A L'AUTRE13

AUTOMNE 1987

appel à leurs services. L'accompagnantene possède pas nécessairement l'expertisetechnique de la sage-femme, elle posecependant des gestes tout au long de l'ac-couchement : elle peut appliquer des com-presses, suggérer des positions plus con-fortables, aider à prendre un bain ou unedouche, respirer avec la mère à chaquecontraction, donner des massages, encou-rager ou simplement tenir la main. Elles'assure enfin d'établir un climat de coo-pération et de confiance avec le milieuhospitalier.

Fine Mouche

Ll accompagnante se veut à l'écoute dubesoin des autres. Savoir sentir les

moments où le couple a besoin d'intimitéet se retirer, établir des rapports attentifsavec le conjoint : elle ne cherche pas à luiravir sa place mais agit plutôt de manièreà dégager l'énergie cachée qui est en luiafin de lui permettre de jouer pleinementson rôle.

Un geste politique

N é du besoin d'entraide, expressionde sororité, la présence de femmes

venues aider d'autres femmes a chambardéla calme certitude des départements d'obs-tétrique et l'accompagnement à l'hôpitalest devenu un geste politique affirmantnotre volonté de vivre des accouchementsnormaux.

Il sera plus gênant d'installer un solutéà une femme rayonnante de ses six centi-mètres, sous le regard surpris de l'accom-pagnante. De même qu'il sera délicatd'obliger au monitoring foetal une mère

RENÉE ET LISE JALBERT

dont le bébé est en pleine forme. Ne pasrespecter les désirs déjà exprimés par uncouple au médecin alors que l'accompa-gnatrice a en main la liste de tout ce quia été inscrit au dossier, ça ne se fait pasnon plus, à moins que tout aille vraimentmal. L'accouchement vaginal après césa-rienne (AVAC) s'est avéré un champ d'ac-tion privilégié pour les accompagnantes.La bataille est loin d'être gagnée, car sicertains établissements hospitaliers offrentla possibilité aux femmes de tenter unaccouchement vaginal, peu d'entre euxleur donnent la chance d'aller jusqu'aubout. À la moindre défaillance, on procèdeà la césarienne. Mais, peu à peu les men-talités changent, les esprits évoluent.

Rivalités

P arce que très nouveau, le rôle del'accompagnante n'est pas encore bien

accepté. De plus en plus, celles-ci déve-loppent une complicité avec les infirmiè-res. Parfois un léger malaise flotte imper-ceptiblement dans l'air. Quel est la placede chacune ? Est-ce qu'on me juge : suis-je la méchante infirmière ? ou par ailleurssuis-je l'accompagnante dure et intransi-geante qui l'empêche de travailler ?

Parfois les hostilités sont franchementouvertes, il est alors préférable pour l'ac-compagnante de se faire toute petite, cesera la meilleure façon de remplir son rôle.Et que dire des médecins ? Certains se sen-tent lésés par la confiance que le coupleaccorde à la « doula » et se demandentmême parfois qui est responsable de l'ac-couchement : le médecin ou l'accompa-gnante ?

Une des grandes qualités de l'accom-pagnante est la diplomatie. Elle tente dansla mesure de ses moyens de suggérer leschangements qu'elle juge nécessaires. Elleprofite des moments où elle est seule avecle couple pour réaffirmer sa confiancedans la normalité du travail. Elle essaye deminimiser les impacts qu'une intervention« fortement suggérée » par le médecinpeut avoir sur le couple qui désirait accou-cher normalement. Consciente des difficul-tés que sa présence pourrait engendrer,elle agit en douceur.

„ UN CADEAUr rendre en main son accouchement pour vivre cetteavec nos émotions et nos besoins n'est pas une mincesi une femme peut y arriver seule avec son mari. >

Jetais très heureuse et sereine à l'Idée de cette frolcentre hospitalier en accord avec mon besoin d'accocertaine que le corps médical avait évolué dam ce s<ans,., le m'étais trompée.

- « Quoi, vous ne pouvez me suivre sans l'écographieprévue pour l'accouchement vous inquiète ? Je la cto/wle vais déchirer sans l'éplsiotomle ? Si on essayait autre

- «Je préfère ne pas prendre de chance, les massasaccroupie ? C'est impossible madame, on n'est pas ass<voulez pas prendre de chance, n'est-ce pas ? » ;

et S'en passe et des meilleures. J'étais a mon septîérr,deux hôpitaux et l'étais très Inquiète et angoissée. J"avtassurance, SI c'était vrai, si c'étaient eux qui avaient rat

Je décide d'écrire au docteur Serge Mongeau aprèspoursuivre mes recherches et me référé à NAISSANcf-S

Je rencontre des femmes comme moi, qui pensent <nouvelle énergie et mieux conseillée que Jamais, fal tun médecin qui se disait prêt à me laisser accoucherde mol mon mari et une accompagnante, quel beau >

Cadeau, parce qu'en quelques rencontres Jat pu, liqJ'ai eu la chance de me retrouver dans une afmosphépréparer à vivre une expérience qui correspondait à n

Cadeau aussi parce qu'à l'accouchement, mes acctpour ce dernier effort, f Iles m'ont rassurée sur l'état de iet à l'écoute de mes besoins alors si Importants.

Que dire de plus! Mon expérience avec mes acconun accouchement plus humain et tellement plus satisft

Parlons d'argent

N otre vision de l'argent peut nousporter à croire qu'un service d'en-

traide devrait être gratuit. Accompagnerune femme lors de son travail et de sonaccouchement est un privilège et touteaccompagante vous dira son émerveille-ment devant la grandeur de l'événementauquel elle est associée. Pourtant, les ser-vices d'une accompagnante se paient.

Les coûts des services varient considé-•ablement. En général, les sages-femmesqui offrent des services plus complets ( visi-es prénatales plus nombreuses, plus

grande expertise au moment du travail et

L'UNE À L'AUTRE14

AUTOMNE 1987

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orme. Ne pascrimes par unle l'accompa-le tout ce quine se fait paslille vraimentil après césa-champ d'ac-

impagnantes.agnée, car si.taliers offrentde tenter uni d'entre eux.lier jusqu'aue, on procèdepeu les men-évoluent.

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Une des grandes qualités de l'accom-pagnante est la diplomatie. Elle tente dansla mesure de ses moyens de suggérer leschangements qu'elle juge nécessaires. Elleprofite des moments où elle est seule avecle couple pour réaffirmer sa confiancedans la normalité du travail. Elle essaye deminimiser les impacts qu'une intervention« fortement suggérée » par le médecinpeut avoir sur le couple qui désirait accou-cher normalement. Consciente des difficul-tés que sa présence pourrait engendrer,elle agit en douceur.

de l'accouchement, suivi post-natal) exi-gent les honoraires les plus élevés. Lesaccompagnantes qui ne sont pas sages-femmes demandent habituellement unmontant correspondant au remboursementde leurs frais (gardienne, transport,repas...) Certains couples décident d'offrirà leur accompagnante un cadeau quiexprime leur gratitude. Pierrette Tanguay,infirmière et accompagnante exprime trèsbien dans le témoignage qui suit, ledilemme des accompagnantes face à l'ar-gent.

UN CADEAU INESTIMABLEPrendre en main son accouchement pour vivre cette expérience le plus sereinement possible en accordavec nos émotions et nos besoins n'est pas une mince affaire. Dans le contexte actuel, il est à se demandersi une femme peut y arriver seule avec son mari. •

J'étais très heureuse et sereine à l'Idée de cette troisième grossesse et l'espérais trouver un médecin et uncentre hospitalier en accord avec mon besoin d'accoucher naturellement sans Interventions Inutiles. J'étaiscertaine que le corps médical avait évolué dans ce sens depuis mon dernier accouchement II y a quatreans... le m'étais trompée.

- - Quoi, vous ne pouvez me suivre sans l'écographie ? Vous avez peur du placenta praevta... la dateprévue pour l'accouchement vous Inquiète ? Je la connais mol la date... Oui, mais... Vous semblez certain que/e vais déchirer sans l'éplslotomle ? SI on essayait autre chose, les massages, par exemple. •

-•Je préfère ne pas prendre de chance, les massages, ce n'est pas prouvé que ça marche. Accouchéeaccroupie ? C'est Impossible madame, on n'est pas assez à l'aise pour Intervenir le cas échéant... Vous nevoulez pas prendre de chance, n'est-ce pas ?» j

Et l'en passe et des meilleures. J'étais à mon septième mois de grossesse. J'avais vu trois médecins, visitédeux hôpitaux et l'étais très inquiète et angoissée. J'avais si peur, l'étais paniques! Je perdais toute monassurance. SI c'était vrai, si c'étaient eux qui avaient raison.

Je décide d'écrire au docteur Serge Mongeau après l'avoir entendu en entrevue. Il m'encourage àpoursuivre mes recherches et me réfère a NAISSANCE-KfNAISSANCE et de là l'arrivé à ALffMAUVE-NAISSANCE.

Je rencontre des femmes comme moi, qui pensent comme moi, et qui vont même plus loin. Forte de cettenouvelle énergie et mieux conseillée que jamais, l'ai tiouvé un hôpital apte à répondre a mes attentes etun médecin qui se disait prêt à me laisser accoucher <} ma guise. De plus, j'avais la chance d'avoir à côtéde mol mon mari et une accompagnante, quel beçu cadeau I

Cadeau, parce qu'en quelques rencontres J'ai pu, liquider, mes Inquiétudes, mes craintes et mes angoisses.J'ai eu la chance de me retrouver dans une atmosphère positive, détendue, chaleureuse et l'ai pu ainsi mepréparer à vivre une expérience qui correspondait à mes besoins réels.

Cadeau aussi parce qu'à l'accouchement, mes accompagnantes m'ont apporté tout le réconfort voulupour ce dernier effort. Elles m'ont rassurée sur l'état de mon périnée, sur l'état du bébé elles étalent présenteset à l'écoute de mes besoins alors si importants.

Que dire de plus! Mon expérience avec mes accompagnantes a été très positive. Grâce à elle, l'ai vécuun accouchement plus humain et tellement plus satisfaisant. LUCE DESGAGNÉS

Parlons d'argent

N otre vision de l'argent peut nousporter à croire qu'un service d'en-

traide devrait être gratuit. Accompagnerune femme lors de son travail et de sonaccouchement est un privilège et touteaccompagante vous dira son émerveille-ment devant la grandeur de l'événementauquel elle est associée. Pourtant, les ser-vices d'une accompagnante se paient.

Les coûts des services varient considé-rablement. En général, les sages-femmesqui offrent des services plus complets ( visi-tes prénatales plus nombreuses, plusgrande expertise au moment du travail et

Un mouvement

D e plus en plus de femmes ont recoursaux services d'une accompagnante,

des groupes se forment un peu partout auQuébec. Parce que les femmes veulent desaccouchements adaptés à leurs besoins, àla mesure de leur force et de leur pouvoir.Parce que se cache quelque part dans cemouvement perpétuel entre leur vulnéra-bilité et leur puissance la réponse instinc-tive à l'inattendu. Le besoin d'être proté-gée, rassurée, cajolée recèle la capacité derépéter l'histoire et d'en faire partie en sesachant soeur de toutes les femmes qui ontvécu et qui viendront au monde. •

MICHÉLE CHAMPAGNESYLVIE BABRY

«Si je vouscornent ou ur,pouvoir de récde progrès decourcissait la hl'interaction rraurait une ruétcette nouveaLC'est ce que ppagnante.

Que la présela mère à l'acin'en diminue pKENNELL : The psycholog;INTERACTION AND ATTA^

de l'accouchement, suivi post-natal) exi-gent les honoraires les plus élevés. Lesaccompagnantes qui ne sont pas sages-femmes demandent habituellement unmontant correspondant au remboursementde leurs frais (gardienne, transport,repas...) Certains couples décident d'offrirà leur accompagnante un cadeau quiexprime leur gratitude. Pierrette Tanguay,infirmière et accompagnante exprime trèsbien dans le témoignage qui suit, ledilemme des accompagnantes face à l'ar-gent.

«Si je vous disais aujourd'hui qu'un nouveau médi-cament ou un nouvel appareil électronique avait lepouvoir de réduire les problèmes d'asphyxie foetale etde progrès de travail des deux tiers, ou encore qu'il rac-courcissait la longueur du travail de moitié et favorisaitl'interaction mère-enfant après l'accouchement, il yaurait une ruée pour que chaque unité obstétricale aitcette nouveauté à sa disposition peu importe le coût.C'est ce que peut apporter la présence d'une accom-pagnante.

Que la présence d'une personne-support auprès dela mère à l'accouchement tienne du bon sens, celan'en diminue pas pour autant l'importance. »KENNELL : The psychological effect of a supportive companion (doula) during labour, in BIRTH,INTERACTION AND ATTACHEMENT, Klaus&Robertson, Silkman, NI : Johnson& Johnson, 1982.

DENISE ET CAROLE PIGEON

*%

Un mouvement

D e plus en plus de femmes ont recoursaux services d'une accompagnante,

des groupes se forment un peu partout auQuébec. Parce que les femmes veulent desaccouchements adaptés à leurs besoins, àla mesure de leur force et de leur pouvoir.Parce que se cache quelque part dans cemouvement perpétuel entre leur vulnéra-bilité et leur puissance la réponse instinc-tive à l'inattendu. Le besoin d'être proté-gée, rassurée, cajolée recèle la capacité derépéter l'histoire et d'en faire partie en sesachant soeur de toutes les femmes qui ontvécu et qui viendront au monde. •

MICHÈLE CHAMPAGNESYLVIE BARRY

LE WMER.

DE AU

J f accompagne des couples à l'hôpitaldepuis bientôt sept ans. J'avais com-

mencé de façon très informelle, par le biaisde cours prénatals, j'étais alors loin de medouter que le service deviendrait un jourplus « officiel ». Au fil des ans, la demandegrandit et j'y investis beaucoup de tempset d'énergie. Une plus grande ouvertured'esprit du personnel hospitalier et un peude diplomatie de ma part me permettentd'accompagner les couples pratiquementpartout sans trop de problèmes.

L'accompagnement à l'accouchementfait aujourd'hui partie des services offertspar le Centre de consultation en mater-nité et à titre d'infirmière, j'ai accompagnéune trentaine de femmes durant la dernièreannée. Le chemin parcouru m'oblige à trou-ver des réponses aux questions qui revien-nent sans cesse : l'accompagnement sejustifie-t-il comme service professionnelrémunéré ? Pourquoi continuer à faire cetravail compte tenu des exigences qu'ilimplique sur le plan personnel ? Commenty trouver toute la satisfaction possible ?

PIERRETTE TANGUAY

Un service professionnel

A force de réflexion, j'en arrive à laconclusion que l'accompagnement se

justifie comme service professionnel. Lademande de services augmente et j'y con-sacre de plus en plus de temps, il ne s'agitplus seulement d'entraide. Les femmesviennent me voir pour des besoins plus pré-cis, particuliers à chacune. Elles requièrentmes services d'infirmière et je les offre avectoute ma compétence. 11 est difficile de

comptabiliser un tel service. Ce n'est sûre-ment pas une formation d'infirmière quinous apprend à devenir travailleuse auto-nome. Parce qu'il s'agit d'un accouche-ment, parce qu'on aime tellement son tra-vail, on a l'impression qu'il ne devrait pasêtre rémunéré... Pourtant, ce sont les clien-tes elles-mêmes et leurs conjoints qui m'ontappris que les deux n'étaient pas incom-patibles, que de payer un service ne luienlevait pas son côté humain, et surtoutqu'en s'entendant sur des contrats clairs,cela facilitait la vie de chacun. Il ne merestait alors qu'à admettre, que presquemalgré moi, j'offrais maintenant un serviceprofessionnel rémunéré.

Les exigences du métier

L es exigences sont nombreuses : partirn'importe quand, sans savoir pour

combien d'heures ; vivre en « stand by »avec ce que cela implique pour le conjointet les enfants ; la fatique physique et émo-tive quand tout ne va pas comme prévu.Alors, pourquoi continuer ? Il est difficilede le rationnaliser. Peut-être parce que lanaissance, c'est l'aventure. Une aventureincroyable, toujours renouvelée, humaine-ment très intense, qui me confronte à mescapacités et à mes limites, et dont ledénouement -la venue au monde d'unenfant- me laisse à chaque fois émerveil-lée. La naissance a pour moi un attrait irré-sistible par l'énergie et les forces qu'ellemet en cause. Si le support que je peuxapporter me permet d'être le témoin d'unmoment aussi privilégié, je ne peux qu'enremercier les parents.

Le plaisir et la difficulté

C omment minimiser les frustrations ets'assurer que nous serons tous satis-

faits ? L'accompagnement implique unedynamique de relations parfois complexesentre l'accompagante, la cliente qui accou-che, son conjoint, l'infirmière, le médecin.Avec l'expérience, j'ai retenu les principessuivants : il est très important, en plus dela confiance préalablement établie, d'avoirdes ententes claires avec le couple.Jusqu'où vont mes possibilités d'interven-tion, quelles sont les attentes du coupleselon que l'on soit à l'hôpital ou à la mai-

son ? Comment composer avec le milieu,compte tenu des politiques différentes dechaque centre hospitalier et des impondé-rables de l'accouchement ? Comment m'entenir à ma place d'accompagnante ? Com-ment laisser à la femme et à son conjointtout l'espace et la latitude qui leur revien-nent en tant qu'adultes responsables quivont mettre un enfant au monde ? La bonnevolonté, le désir de bien faire autant chezl'accompagnante que chez tous les autresintervenants à l'hôpital, nous font trop sou-vent interpréter ou oublier les désirs réelsde la femme et de son conjoint. Ils ontbesoin de mon encouragement et de macompétence mais sûrement pas dequelqu'un qui vive les événements à leurplace.

Si le couple se sent respecté dans sesgestes ou ses décisions, si l'accompa-gnante est consciente des limites avec les-quelles elle doit composer d'un milieu àl'autre, et si elle évite d'endosser l'accou-chement auquel elle participe, les satisfac-tions devraient l'emporter sur les difficul-tés. Pour moi, l'accompagnemnt à l'accou-chement est sûrement le plus beau métierdu monde ! •

PIERRETTE TANGUAY

L'UNE À L'AUTRE16

AUTOMNE 1987

ET LIS i

L ongtemps tenu à l'écart, les pères onteu de la difficulté à comprendre la

place qu'ils pouvaient prendre au momentde l'accouchement. Les mentalités ontchangé et dans la grande majorité desfamilles québécoises, le père assiste main-tenant à la naissance de son enfant.

Dès le début de la grossesse, de plusen plus de pères s'impliquent en mêmetemps que leur conjointe, partageant leslectures, participant à quelques rencontresprénatales, allant parfois aux visites chezle médecin. Ils s'interrogent sur leur res-ponsabilité parentale et sur l'éducation deleur enfant.

En cette période, les pères sont parfoisplus soucieux de leur alimentation et decelle de leur conjointe et sont plus présentspour l'accomplissement des tâches ména-gères.

Les pères vivent différents sentimentscontradictoires pendant la grossesse : sen-timent à la fois de joie et d'anxiété face àl'inconnu surtout pour un premier enfant.Ils se sentent parfois abandonnés, doivents'adapter à des transformations chez leurconjointe et vivent des changements dansleurs relations sexuelles.

L'accompagnante, loin de chercher àprendre la place du père, l'encourage àune plus grande participation. Elle luidonne de l'information, écoute ses besoinset l'invite à découvrir le bébé in utero.

Au moment de l'accouchement, le pèreaura le principal rôle de soutien émotifauprès de sa conjointe. Il l'encouragera par

sa présence, ses regards, sa chaleur. Pres-que tous les pères vivent un des sentimentsles plus difficiles à supporter : l'impuis-sance de ne pouvoir enlever la douleur, dene pouvoir diminuer l'intensité du travail,d'être incapable de prendre la place. Par-fois, la peur du sang, ainsi que celle desroutines hospitalières (injections, etc...)rendent les pères inconfortables.

Laisser passer les émotions

C haque père va réagir différemmentdurant le travail et à la naissance de

son enfant, passant de la joie aux larmes,de la peur au soulagement. Chaque pèrevit des situations différentes et doit écou-ter ce qui se passe en lui.

Là encore, la présence de l'accompa-gnante ne fera que renforcer l'intimité deces moments, aidant à conserver l'am-biance détendue, démystifiant les étapesdu travail, établissant une relationd'échange avec le personnel de l'hôpital.

Connaissant déjà les routines hospita-lières, le couple est mieux préparé pourfaire des choix éclairés lors de l'accouche-ment et faire respecter ses droits. L'accom-pagnante devient consultante lorsqu'il y ades décisions à prendre, donnant son avispersonnel mais respectant toujours la déci-sion finale des parents.

En toute complicité, le père, la mère,l'accompagnante vivront et partagerontune des plus belles expériences : la venueau monde d'un enfant. •

LUCIE HAMELIN

L'auto-examen gynécologiqueUn

etde

SPECULUMInstrument de différentes tailles, en plasti-que ou en métal, un spéculum, inséré à l'in-térieur du vagin, en maintient les paroisécartées. Constitué de deux spatules, il res-semble à un bec de canard. Une poignéemobile permet de l'ouvrir, de le fixer et dele refermer. Vous pouvez vous en procurerdans les centres de santé, les CLSC et chezles distributeurs d'équipement médical. Ouencore demandez au médecin de vousdonner celui qu'il a utilisé pour votre exa-men vaginal. S'il est en plastique, il le jetterade toute façon. Lavé à l'eau savonneuse etbien rincé, le spéculum est réutilisable.

Depuis une dizaine d'années, les femmes ontcherché à reprendre en main leur corps et leursanté. L'auto-examen gyn/écologique est unedémarche féministe mise de l'avant pour renouer

avec l'empirisme 2, la complicité et la force des femmes.Il sert à dépister des infections et à connaître son cyclemenstruel. Avec de l'attention, de la patience et de ladélicatesse il est relativement facile d'en arriver à pra-tiquer l'auto-examen. C'est l'apprentissage que nous vousproposons.

DÉTENTE ET CONCENTRATIONL'auto-examen gynécologique consiste à examiner lavulve, les grandes et les petites lèvres, le clitoris, le péri-née, l'hymen, le vagin et le col de l'utérus. Nous nousattarderons plus particulièrement cette lois à l'examendu col. Vous aurez besoin d'un spéculum, d'une lampede poche et d'un miroir.

Il faut d'abord apprendre à manier le spéculum etl'apprivoiser avant de s'en servir. Installez-vous confor-tablement, demi-assise, soutenue par des coussins. Degrandes respirations aideront à la détente tout au longde l'examen car il est tout à fait normal d'être un peunerveuse la première fois que l'on s' y adonne.

D'une main, écartez les grandes lèvres et introdui-sez lentement, poignées vers le haut, le spéculum quevous aurez préalablement lubrifié avec un peu d'huileou de vitamine E. En suivant votre rythme et en conti-nuant de respirer profondément, vous poussez le spécu-lum au fond du vagin , vous l'ouvrez et le fixez à l'aideue la poignée. C'est la partie délicate de l'opération,l'habilité viendra avec la pratique. Le spéculum étantmaintenant bloqué, vous disposez de vos deux mainspour procéder à l'examen. Vous aurez alors besoin dumiroir et de la lampe de poche. Le miroir grâce auxrayons lumineux reflétera l'intérieur de votre vagin.

L'EXAMEN DU COLNe vous découragez pas si lors du premier examen ilvous est difficile d'apercevoir le col. Le vagin contientde nombreux replis et parfois, le col s'y cache profon-dément. Il m'arrive encore après des années de prati-que de devoir me reprendre en changeant l'angle duspéculum ou la position de mon bassin.

Le col évolue tout au long du cycle menstruel : sacouleur, sa position et son ouverture changent. Rosefoncé au moment de l'ovulation, il devient légèrementplus foncé au début et à la fin du cycle. En période degrossesse, le col sera plus violacé. D'abord accollé à laparoi vaginale, il se déplace vers le centre, s'ouvrant àl'ovulation, pour se tapir de nouveau dans les replis duvagin après cette période. Les sécrétions vaginales, ouglaire, changent également tout au long du cycle mens-truel. Inexistante chez plusieurs femmes les jours sui-

vant les menstruations, la glaire est ensuite blanche etcrémeuse, puis transparente et filante à l'ovulation, puisenfin blanche, épaisse et granuleuse avant le retour dusang menstruel. Le col est fermé tout au long du cyclesauf au moment de l'ovulation où il s'entrouve légère-ment. Chez les femmes n'ayant eu ni accouchement, niavortement, l'ouverture du col est très petite.

Quand vous aurez complété et noté vos observationsfermez le spéculum et retirez-le lentement. Le spéculumdoit être soigneusement lavé à l'eau chaude savonneuse,ensuite rincé puis rangé jusqu'au prochain examen.

POUR L'AUTO-EXAMENVous découvrirez plusieurs bonnes raisons de pratiquerl'auto-examen. Vous vous sentirez probablement plusautonome face au système médical. Lors de votre pro-chain examen vaginal, demandez au médecin d'insé-rer vous-même le spéculum. Il sera peut-être stupéfaitde votre audace, mais vous risquez d'être beaucoup plusconfortable et de vous sentir plus à l'aise tout au longde l'examen. La pratique régulière de l'auto-examen vousprocurera une meilleure connaissance de votre corps.Quand vous serez familière avec l'aspect de votre vaginet de votre col, il vous sera facile de déceler des ano-malies : changements dans l'apparence de la glaire,points rouges, vaginites, condylomes. L'auto-examenpeut devenir une aide à la contraception ; répété quel-ques fois durant le mois, il situe les périodes de fertilitéet d'infertilité selon l'état du col et de la glaire.

L'auto-examen peut se pratiquer en groupe. Ainsi,il permet de vaincre l'isolement de chacune et de décou-vrir la richesse et la similitude de nos expériences. Plusnous serons nombreuses à accéder à cette connaissance,plus nous serons en mesure de réclamer l'assouplisse-ment des rigides structures en place dans le mondemédical. •

SHIRLEY RIVET,Sage-femme, créatrice et animatrice d'auto-examen

1 GYN : préfixe grec signifiant femme, ayant une valeur noble et ^mystique. |

^ Empirisme : théorie selon laquelle toutes nos connaissances sont des ^acquisitions de l'expérience (Petit Robert). <

L'UNE À CAUTRE18

AUTOMNE 1987

« Je crois en la perfection de toute chose. » Guidéepar cette croyance profonde, Jeen Glezos, sage-femme, accompagne depuis maintenant onze ans,d'autres femmes pendant leur grossesse et leur

accouchement. C'est l'histoire de sa vie. « Etre sage-femme n'est pas une profession mais un style de vie »,c'est la conviction profonde de cette femme de qua-rante ans, mère de quatre enfants, qui a aidé plus de300 bébés à naître.

Dès son plus jeune âge elle caressait le rêve d'êtremère, « pour être dans l'énergie de la création ». À dix-sept ans, elle s'affairait déjà non pas à trouver un mariou un amant, mais à dénicher le père idéal pour lesenfants qu'elle désirait. Elle le voulait honnête, respon-sable et surtout conscient de ce rôle qu'est la paternité.Cet homme, elle l'a trouvé au Québec.

Jeen Glezos est née en Ecosse d'un père écossais etd'une mère anglaise. Elle avait six ans quand ses parentsont immigré à Vancouver. Après avoir travaillé un anen France, elle arrive au Québec à vingt-quatre ans etelle se marie. Pendant huit ans, elle vivra avec son mariune période de retour à la terre. Elle donnera alors nais-sance à ses trois premiers enfants.

DES ACCOUCHEMENTS-ÉVÉNEMENTSCes naissances marqueront des points tournants dansl'existence de Jeen. Son premier accouchement, lui afait découvrir la confiance en elle, en son bébé, en lanature. L'accouchement de ce garçon qui s'est présentépar le siège, n'a duré que quatre heures. Elle a alors prisconscience que ce qu'il est généralement convenu d'ap-peler une « complication » survient alors qu'une femmeest apte à vivre cette expérience.

Si son premier accouchement lui a permis de décou-vrir les immenses possibilités intérieures d'une mère, lesecond lui a donné l'occasion de vivre les bienfaits d'unaccouchement à la maison : chaleur, intimité, accueildu bébé. Durant cette grossesse, tous ses sens étaienten éveil car elle pressentait le handicap de l'enfantqu'elle portait.

Deux mois après la naissance de son troisième gar-çon, elle assiste un médecin lors d'un accouchement àdomicile. La motivation de ce geste est toute simple :« Durant un accouchement, on est témoin de l'énergiecréatrice de la vie, on est en contact avec elle. J étaistellement emballée par ce que j'avais découvert que jevoulais le partager. » Jeen souhaitait aussi que les fem-mes prennent conscience de leur force, qu'elles cessentde subir, qu'elles découvrent leur puissance et leur'ieauté intérieure.

LA FORMATION : UNE PRIORITÉCommence alors une intense période de recherche etd'étude ponctuée de nombreuses sessions à la biblio-

PORT£/»fT££5 SAGe-FBMMe

Jeen Glezos,sage-femmethèque médicale du Centre hospitalier universitaire deSherbrooke. Elle se documente en obstétrique et enpédiatrie. Elle contacte une sage-femme anglaise quilui iait parvenir des ouvrages non disponibles ici. Tour-nant marquant dans sa vie. Elle n'entrevoit plus main-tenant le moment où elle pourra cesser d'être sage-femme. « C'est comme si ces naissances me nouris-saient » dit-elle, trois cents naissances plus tard. Elle sesent très près des nouveaux-nés et grâce à sa formationde « guide de renaissance » (rebirth), elle pressent mieuxce que peut vivre un bébé au moment de la naissance.Ce qui l'aide considérablement à vaincre ses peurs età se faire confiance. Le « cercle des 13 », regroupementde femmes dont elle fait partie depuis 5 ans, entretientle côté magique et irrationnel de sa personnalité. Res-ponsable de la formation des membres à l'Alliance qué-bécoise des sages-femmes praticiennes, Jeen s'est tou-jours fait une priorité de motiver à l'étude toute femmequi assiste aux accouchements. Elle enseigne d'ailleursaux apprenties sages-femmes.

Chaque femme enceinte qui consulte leen Glezosdevient pour elle un nouveau défi. Chacune est assu-rée de nombreuses heures d'étude, les situations moinsfamilières reçoivent toute la recherche et l'attentionnécessaire pour maîtriser ces nouveaux champs de con-naissance.

UNE PASSION, UN MODE DE VIEOn la consulte d'abord à cause de sa vision de la nais-sance. C'est pour avoir droit a ses soins personnalisés,à sa grande expérience et à sa connaissance des pro-cessus tant physiologiques que psychiques de la gros-sesse et de l'accouchement, qu'on fait appel à ses ser-vices. L'appui qu'elle offre aux femmes et aux couplesqui veulent vivre pleinement cette période de leur vieassurent sa réputation.

Jeen Glezos exerce sa profession à Sherbrooke. Avecl'aide de ses deux assistantes, en plus des consultations,elle offre des cours prénatals, des suivis postnatals, elledonne des cours de formation sans oublier les séancesde rebirth. Un programme bien rempli ! Décidée, tenaceet têtue, cette femme exceptionnelle affronte tous les obs-tacles y compris le côté sous-payé de son travail. Mais,elle concède qu'une bonne partie de celui-ci n'est pasmonnayable : donner toute son attention n'a pas de prix,et une sage-femme ne peut charger toutes les heuresqu'elle accorde à une femme car les coûts seraient exor-bitants.

(SUITE P 2ô)

Uneunede

JEEN ENTOURÉE DE SA FAMILLE: ROHAM, ARGUNA.SON MARI DENNIS, ALEXANDRA ET CHRISTIAN.

L'UNE A JJAUTRE19

AUTOMNE 1987

AWBS4A/ÛÉPAR

céwmwe

BEAUCOUP DE QUESTIONS, ENFIN DES RÉPONSES

O n a souvent tendance àoublier que depuis une quin-

zaine d'années, un accouchementsur cinq, sur quatre et parfois surtrois dans certaines institutions, setermine par une césarienne. LeCanada est hélas le deuxièmepays au monde pour la fréquencedes césariennes, mais le taux demortalité périnatale n'en est paspour autant le plus bas au monde.

Alors qu'autrefois il s'agissaitd'une intervention ultime, destinéeà sauver la vie de la mère ou celledu bébé, accoucher par césa-rienne est devenu aujourd'hui pres-que banal, ordinaire et sans risque.Toutefois, comme l'affirme le doc-teur Harold Schulman, directeurdu département d'obstétrique et degynécologie du Collège de méde-cine Albert Einstein de New-York,« il est difficile de croire que noussommes rendus au point où 20 %de nos rejetons doivent être déli-vrés par une opération et ce, pourdes raisons médicales. La nature,poursuit-il, aurait-elle construit lecorps féminin de telle façon qu'illui faudrait une fois sur cinq êtreopéré pour donner naissance ? »

UNE CÉSARIENNE N'EST PASUN ÉVÉNEMENT BANALOn se rend compte, depuis peu,que le recours aux césariennes nepeut plus être justifié par unebaisse du taux de mortalité : lesstatistiques démontrent que celui-ci a baissé de toute façon, mêmedans les pays qui ont un taux beau-coup moins élevé de césariennes.

Le docteur Brooks Ranney, pré-sident de l'American Collège ofObstreticians and Gynecologists,déclarait après trente ans de pra-tique et un taux personnel de césa-rienne de 5,6 % : « Tout médecinqui décide d'effectuer une césa-rienne doit se rendre compte quela vie de sa patiente en sera àjamais changée. » 3 Peu d'étudesont été faites sur l'impact d'unecésarienne sur les parents. Onignore totalement l'influencequ'elle peut avoir sur le dévelop-

5e réapproprier l'accouchement peut aussi vouloir dire accouchervaginalement. Au Québec, une femme sur cinq accouche par césa-rienne. Ces femmes se sentent souvent mises à part du mouvementd'humanisation des naissances. Pour combler ce vide et pour sequestionner sur cette tendance grandissante, l'UNE À LRUTRE offreà ses lectrices une nouvelle chronique sur cette pratique médicaleet sur la possibilité de l'éviter.

pement physique, mental ou émo-tionnel de l'enfant. On néglige sou-vent le fait qu'accoucher est aussiune question politique : qui a lepouvoir, la femme qui accouche oula personne qui « l'accouche » ?

DE NOMBREUSES QUESTIONSCertaines indications médicalesnécessitant le recours absolu à lacésarienne, telles un placentapraevia total ou un bébé en souf-france foetale aiguë, sont généra-lement bien connues. On parlemoins cependant des facteurs sub-jectifs qui justifient le plus grandnombre de ces interventions. Com-ment se prennent les décisions ? Laformation des obstétriciens joue-t-elle un rôle ? Quelle est l'influencede l'environnement dans lequel sedéroule l'accouchement ? Y a-t-ilun lien entre certaines interven-tions et l'incidence des césarien-nes ? Quelle est l'influence des blo-cages, de la peur sur le déroule-ment du travail ?

IL EST POSSIBLE D'ABAISSERLE TAUX DE CÉSARIENNEToutes ces questions seront abor-dées dans cette chronique. Des

actions destinées à diminuer letaux de césariennes en Amériquey seront présentées. Nous verronspar exemple comment trois hôpi-taux new-yorkais ont réussi a fairebaisser leur taux de césariennesous la moyenne (moins de 10 %dans un cas). Nous apprendronsqu'au Women's Hospital de LosAngeles, où se pratiquent 15,000accouchements par année, on per-met à toute femme qui le désired'accoucher vaginalement aprèsune ou des césariennes. On s'inter-rogera sur la lenteur à mettre enapplication les recommandationscontenues dans un rapport publiéaux États-Unis au début desannées '80 et destinées à réduirele taux de césariennes. Les expli-cations ne sont pas toutes du côtédes institutions ou des médecins.Certaines femmes, qui pourtantconnaissent la possibilité qui leurest offerte de tenter un AVAC, pré-fèrent accoucher à nouveau parcésarienne. Quelles sont leurs rai-sons ? Nous verrons aussi ce qui sepasse chez-nous, dans les hôpitauxquébécois, bien que les études ysoient peu nombreuses.

L'UNE À LAUTRE AUTOMNE 198720

DERRIÈRE LES CHIFFRESNous croyons qu'il est temps deregarder la situation en face. Lestaux de césariennes les plus bas aumonde gravitent autour de 7 %,dans les pays où le taux de morta-lité périnatale est lui aussi le plusbas. Le taux actuel d'accouche-ment par césarienne au Québecest de 19 %. L'écart est considéra-ble. Il ne faut pas oublier que der-rière ces chiffres se cachent desmilliers de femmes qui, elles aussi,ont le droit d'être informées etde prendre une décision cons-ciente. •

HÉLÈNE VADEBONCOEUR "

Après avoir vécu une césarienne etun accouchement vaginal après césa-rienne,Hélène Vadeboncoeur a effec-tué beaucoup de recherches en vuede la préparation d'un livre sur lesujet.

1 NORWOOD, Christopher, How toavoid a cesaiean section, Simon etSchuster Ed., New-York, 1984 : avant-propos et page 58.Maternai Health News, décembre1983, vol. 8, n° 4, page 12-13...

3 NORWOOD, Chritopher, ibid, p. 31.

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ZOOM SUR MONTRÉAL : ALTERNATIVE-NAISSANCE EN MOUVEMENT

C e n'est sûrement pas un ha-sard si Alternative-Naissance

et le mouvement d'humanisationdes naissances ont vu le jour à lamême époque il y a sept ans. Aucours de ces années, ont été créésdes services adaptés à cette géné-ration de femmes dont les mèresavaient accouché endormies à l'hô-pital et dont les soeurs aînéesavaient cru accoucher sans dou-leur. La reconnaissance des sages-femmes, l'établissement de mai-sons de naissance, la démédicali-sation de l'accouchement, le droità l'information, le libre choix desfemmes : autant de réflexions etd'actions menées par les bénévo-les d'Alternative-Naissance.

DES SERVICESAlternative-Naissance est enmesure de proposer aux femmesqui veulent accoucher à leur guise,une liste de médecins, de sages-femmes et d'hôpitaux. Cette listeest bâtie à partir des commentai-res et appréciations des femmesqui ont eu recours aux services desprofessionnel-le-s ou des établisse-ments suggérés. La liste s'allongeou se raccourcit selon le degré desatisfaction exprimé par les fem-mes.

Lieu de rencontres et d'échan-ges, Alternative-Naissance orga-nise des soirées d'information. Ony aborde des sujets variés : lasexualité pendant la grossesse,l'accouchement à la maison et àl'hôpital, l'accueil au bébé, l'allai-tement. Ces rencontres sont ani-mées par des membres bénévolesqui viennent partager leur expé-rience et leur compétence avec defuturs parents qui s'interrogent.

On offre aussi une série de ren-contres pré-natales animées parune sage-femme. Les informationsprésentées ont pour but de redon-ner à la grossessse et à l'accouche-ment un caractère naturel, dedémystifier ce processus et ainsi depermettre aux futurs parents deprendre conscience de leurs droitset d'exiger des alternatives à l'ac-couchement traditionnel tel queproposé à l'hôpital.

En 1983, Alternative-Naissancemettait sur pied un service d'ac-compagnement à l'hôpital. Pourrépondre à un souhait exprimé parplusieurs femmes enceintes, d'au-tres femmes acceptent bénévole-ment d'offrir leur présence compré-hensive durant le travail et l'accou-chement. Ces femmes ont d'abordl'expérience de leur propre accou-chement en plus d'une formationspécifique pour aider les femmeset leur conjoint à bien vivre cetévénement

II est essentiel de rejoindre leplus de femmes possible pour quel'humanisation des soins de santépendant la grossesse et l'accouche-ment ne soit plus l'apanage desprivilégiées. C'est à cette tâcheque s'affairent les permanentes etles bénévoles d'Alternative-Naissance. Ensembles, elles assu-rent la permanence tous les joursde la semaine et travaillent ainsià améliorer et à développer les ser-vices.

QUE NOUS RÉSERVEL'AVENIR?Les nouvelles technologies repro-ductives humaines font aujourd'huil'objet d'un débat qui soulève de

nombreuses questions et anime lespassions. Alternative-Naissanceveut approfondir sa connaissancede ce dossier majeur, pour être enmesure de le rendre accessible auxfemmes et ainsi leur permettre desaisir les enjeux de ces nouvellesformes de la reproduction hu-maine.

Alternative-Naissance est tou-jours en mouvement. Ce dyna-misme est possible grâce à la pré-sence de ses membres bénévolesauxquels on peut toujours se join-dre. Avec les quelques subventionsqui lui permettent de survivre, cegroupe dépend entièrement desfemmes : celles qui viennent offrirleurs services autant que celles quiles utilisent.

La présence d'Alternative-Naissance à Montréal est aussiimportante aujourd'hui qu'audébut des années '80. Toutes lesquestions soulevées par le mouve-ment sont loin d'être résolues.Organisme de pression, soninfluence doit continuer à se fairesentir tant auprès du milieu médi-cal qu'auprès des gouver-nements. •

MICHÈLE CHAMPAGNEDE GAUCHE À DROITE. AVANT: GISÈLE LAMARCHE,

LISE G. JALBERT, LIME BÉCHARD. MARIE-ANDRÉEMORISSET. ARRIÉRE: ESTHER CAROSE, MARYSE RIVARD.

SYLVIE HÉTU, CLAUDE ASSELIN. MARLENE NAVO ET

MARIE-CLAIRE PLOURDE

ESTHER LAROSE

LES SOIRÉES D'INFORMATIOND'ALTERNATIVE-NAISSANCE

ADAPTATION DU COUPLE À LA GROS-SESSE• adaptation émotive et affective du

couple au phénomène de la gros-sesse

• implication physiologique de lagrossesse dam l'intimité érotique ducouple

'visionnement du vidéo: "Amour,érotisme et grossesse », le Presses del'Université du Québec.

UNE NAISSANCE À L'HÔPITAL• Informations sur les alternatives aux

interventions et routines hospitaliè-res

• comment créer son espace à l'hô-pital

• connaître s&s droits de futurs parents• visionnement du vidéo : « tlrth In thé

squatting position* (l'accouche-ment accroupi).

L'ACCUEIL AU NOUVEAU-NÉ• to conscience de l'entant• la part active du bébé dans le phé-

nomène de la naissance• la vie avec bébé• présentation du vidéo : - le bébé est

une personne ».

UN ACCOUCHEMENT À LA MAISON• un choix possible et ses responsabi-

lités• le suivi prénatal• Implications de l'accouchement à

la maison• présentation d'un vidéo suivi de dis-

cussions avec des femmes et descouples ayant vécu l'expérience.

L'ALLAITEMENT MATERNEL• préparer l'allaitement• partages et témoignages de mères• présentation du film : « le doux par-

tage-, de Sylvie Van Brabant, unentretien avec des femmes, despères et des intervenants.

POUR PLUS AMPLES INFORMATIONSCONTACTEZ :ALTERNATIVE-NAISSANCE4329, RUE ST-HUBERTMONTREAL, QC, H2J 2W6TEL : (514) 52M36O

L'UNE À KAUTRE AUTOMNE 1987ZJ 1

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*She\\a^n9eT

Uexpé^ncesexueue

des femmes

AMOUR QUANDTU NOUS TIENS!

B est-seller depuis déjà quel-ques mois au Québec, ce

livre semble correspondre à unbesoin des femmes d'ici.

L'auteure, Robin Norwood, thé-rapeute conjugale, raconte l'his-toire de plusieurs « femmes quiaiment trop ». Il est tellement facilede se reconnaître dans l'une oul'autre des situations, même si ellessemblent parfois exagérées, quenous plongeons tête première dansce livre. L'écriture vivante et con-sistante nous amène page aprèspage, à nous questionner sur nosrelations amoureuses et à faire lepoint. Nous cherchons à en savoirtoujours un peu plus afin de véri-fier à quel point nous sommes« malades ».

Notre éducation, les manquesque nous voulons combler, notreidéalisme font de la plupart d'en-tre nous de ces femmes... Incons-ciemment, nous reproduisons avecchacun des hommes que nouschoisissons les mêmes comporte-ments. Et pour nous, amour signi-fie souvent défi, inquiétude, agita-tion, folie, douleur, peur ; alors qu'ildevrait rimer avec complémenta-rité, sérénité, harmonie, équilibre,paix.

Robin Norwood a pour théorieque « ces femmes qui aiment trop »ressemblent à des alcooliques et letableau comparatif qu'elle brosse

est impressionnant et significatif.L'auteure envisage quand même laguérison et c'est la partie du livrequi m'a le plus touchée. Après laliste d'exemples des premiers cha-pitres et les témoignages mascu-lins qui, somme toute, nous ren-voient à notre culpabilité, la con-dition féminine telle que décriteme laissait songeuse. Je refusaisd'accéder à ce trou noir danslequel l'amour semble plongerbien des femmes. Heureusement,en dix points très détaillés l'auteurenous livre ce qu'elle envisagecomme chemin vers la guérison.

Ces femmes qui aiment tropdoivent s'attaquer aux symptômesactuels de leur maladie même sicelle-ci date bien souvent de l'en-fance. Se guérir de trop aimer c'estaccéder à une nouvelle étape denotre vie et c'est en développantdes comportements différents quel'on peut y arriver. J'ai sursauté enlisant que le premier pas vers laguérison devait être de chercherde l'aide. J'y voyais le discoursd'une thérapeute qui prêche poursa paroisse. L'éventail des person-nes aidantes qu'elle suggère, l'im-portance qu'elle accorde aux grou-pes de soutien, l'insistance aveclaquelle elle veut rendre quoti-dienne la volonté de s'en sortir, lalogique de son cheminement, laprise en charge qu'il exige m'ontconduit à reviser mon jugement.

Je pense que la plupart desfemmes bénéficierait de la lecturede ce livre et qu'il peut déclencherdes changements importants. Puis-que la vie privée est de plus enplus politique, c'est en modifiantdes comportements intimes commel'amour et la sexualité que nous lesfemmes pourrons prendre notreplace au soleil.

CES FEMMES QUI AIMENT TROP, parRobin Norwood, Éditions Stanké, Montréal,1986, 304 pages, 20,00 $.

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UNE OEUVRE-MAÎTRESSE

S heila Kitzinger, socio-anthro-pologue anglaise, avec sa

grande connaissance des femmesa tenté de cerner notre sexualité.Mère de cinq filles, en soi déjàtoute une expérience, elle étudiedepuis de nombreuses années lamaternité dans différentes cultures,dont la nôtre. Aussi aborde-t-elle lasexualité des femmes sans préju-gés : « Moi, j'ai délibérément éli-miné les hypothèses formulées àpropos de la sexualité, de nos sen-timents et de nos émotions qui necoïncident pas avec l'expériencedirecte des femmes » écrit-elle enavant-propos.

Nous devons être dans le mêmeétat d'esprit quand nous commen-çons la lecture de ce livre : faire levide, être prête à se laisser surpren-dre, écarter les jugements et plon-ger dans « l'expérience sexuelledes femmes ». C'est à partir destémoignages de nombreuses fem-mes que ce livre a été édifié. Tou-tes les dimensions de notre sexua-lité y sont développées. Notre per-ception de nous-même en tantqu'êtres sexués, les messages quela société nous envoie, la géogra-phie corporelle, l'évolution de lasexualité à tous les âges de la vie.Les émotions, les rythmes indivi-duels, les fantasmes, la masturba-tion, l'homosexualité, la maternité,le deuil, les opérations mutilantes.

Il s'agit d'une oeuvre-maîtresse,que chacune devrait avoir en sapossession. J'attends le momentpropice pour le suggérer à ma fille,ou peut-être viendra-t-elle elle-même s'en emparer dans mabibliothèque. Elle l'a sûrement déjàfeuilleté...

Un livre relatant l'expériencedes femmes, écrit par une femmepeut changer notre langage et,indirectement, notre action sur lemonde. Sheila Kitzinger, en entre-prenant cette oeuvre, redonne à lasexualité féminine une dimensionpresqu'inconnue ou niée. Depuis lalibération des années '60, notresexualité était teintée de couleursmasculines.

Les photos qui illustrent abon-damment l'édition française sontbelles et sensuelles ; les dessins ysont discrets quoique très explici-tes. L'objectivité avec laquelle cha-que sujet est traité, l'ampleur dupropos, la déculpabilisation qu'ilpeut provoquer chez certaines, enfont un livre de référence idéal. Àlire absolument. •

MICHÈLE CHAMPAGNE

L'EXPERIENCE SEXUELLE DES FEMMES,par Sheila Kitzinger, Seuil, Paris, 1986, 371pages, 35,00 $.

L'UNE À tAUTRE AUTOMNE 1987

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L'ABCD'ÊTRE PARENTS

U ne femme, mère et pédiatrea voulu répondre aux « gran-

des questions » que se posent denouveaux parents. Elle parled'abord du nouveau-né, de sescaractéristiques, des détails parti-culiers remarqués à la naissance,de ses réflexes et de son univers.Certaines remarques font sursau-ter : qu'une fracture de la claviculesoit considérée comme un détail,que les « blues du post-partum »soient inévitables, que la nais-sance soit un événement épuisantpour le bébé...

Les soins à prodiguer à l'enfantsont décrits de façon très détailléeet judicieuse, images à l'appui. Lechangement de couches, le bain,les vêtements, et même les moyensde réconforter le bébé n'auront plusde secrets pour vous.

L'alimentation du nouveau-néest présentée selon deux méthodes,au sein ou au biberon, sans remar-ques moralisatrices ou culpabili-santes.

Le chapitre traitant de sécuritéet d'environnement fourmille deconseils pour rendre la maisonsécuritaire et pour bien choisir lesaccessoires qui répondent aux nor-mes.

On y décrit les étapes impor-tantes du développement du bébépendant sa première année et onprésente des jouets qui convien-nent à ces étapes. Enfin, les pro-

blèmes de santé les plus courantschez le bébé sont traités dans ledernier chapitre. L'auteure consa-cre une page à chaque type demaladie et d'infection. Vomisse-ments, conjonctivites, otites etautres inflammations, problèmesde peau rien n'est oublié. Chaquesymptôme est décrit de façonclaire suivi d'une série d'encadréssur ce que vous devez savoir, lematériel requis, le traitement, lerecours à l'assistance médicale etles vérifications nécessaires. Dequoi éviter aux parents, même lesplus novices, de longues attentesau téléphone ou à la salle d'ur-gence. Il est à noter qu'on traite dusyndrome de la mort subite dunouveau-né, sujet presque tabou,et on donne même une adressepour les gens désireux de se join-dre à un groupe d'entraide.

Ce livre a l'avantage d'appor-ter une information bien faite etsuccinte. Le format et la mise enpage en font un outil facile à con-sulter. Il peut nous éviter d'ache-ter une encyclopédie sur le déve-loppement de l'enfant et un dic-tionnaire médical.

Lorsqu'on doit expliquer, illus-trations à l'appui, comment pren-dre un bébé, quand la premièreimage d'un livre décrit unnouveau-né, on réalise que dansnos sociétés, le contact avec unbébé tient de la rareté. Problèmesdu monde occidental : le nombred'enfants et la transmission desconnaisssances. On ne va plus voirsa mère pour qu'elle nous trans-mette ses connaissances, on lit deslivres et on suit des cours...

LES SOINS DE LA PREMIERE ANNÉE DEBEBE, par Paula Kelly, Editions de l'Homme,Montréal, 1986, 141 pages, 14,95 $.

PAS SI NOUVEAUXQUE ÇA!

E nfin, me suis-je dit, je vais ensavoir un peu plus sur ces

fameux « nouveaux pères » quiémergent semble-t-il depuis quel-ques années. Ce livre apporte lestémoignages de pères de 25 à 40ans, de milieu urbain, intellectuels,médecins, professionnels, artistes.Il ne s'agit pas d'une enquêtescientifique.

L'auteure laisse parler lespères : de leur désir d'avoir desenfants, de leur façon de vivre lagrossesse et l'accouchement. Leurprésence à l'accouchement sem-blerait conditionnée par lesmédias et elle est déjà remise enquestion par quelques-uns. Onaborde aussi le vieux rêve mascu-lin de porter un enfant, les nouvel-les technologies de reproductionvont nourrir les fantasmes de lapuissance masculine !

Il y a une évolution, des chan-gements, disent les gynécologues,les pédiatres. L'image tradition-nelle du père en a pris un coup...Nous parlons maintenant de ten-dresse, d'attachement, de partagedes tâches.

Après avoir identifié les fac-teurs qui ont joué en faveur de lavalorisation de la paternité, Kelenen arrive à se demander si le nou-veau rôle des pères ne serait pasune réponse à la dénatalité, et sipar hasard, il ne vient pas garan-

tir l'ordre familial et social. D'ail-leurs notre société infantilisantes'organise plus facilemnent autourdu bébé. Se pourrait-il quel'homme, ne pouvant plus exercerson pouvoir sur la femme, reportecelui-ci sur le bébé ? La femme-objet a disparu, l'enfant-propriétépeut la remplacer. « II n'y auraitdonc pas de nouveaux pères, maisun vieux rôle pour une nouvellevictime. »

La « nouvelle paternité » neserait-elle qu'un des masques dupatriarcat ou s'agit-il d'une inter-rogation plus profonde sur l'iden-tité masculine, sur une nouvellerelation à la femme et à l'autre ? Lenouveau père est-il un nouvelhomme ? Il ne semble pas y avoirde réponse claire mais l'auteureessaie de conclure sur une notepositive évoquant le rêve d'uneterre habitée d'êtres humains nou-veaux, universels et différents.C'est plus ou moins convainquant.

Voici néanmoins une agréablelecture, laissant la parole aux« nouveaux pères » et questionnantles racines et le sens de cephénomène. •

CÉLINE LEMAY

LES NOUVEAUX PÈRES, par JacquelineKelen, Flammarion, Paris, 1986, 274 pages,24,50 $.

L'ESSENTIELLE, LA LIBRAIRIE DESFEMMES, offre 15% derabais sur ces 4 titresjusqu'au 1er septembre.Commandes postalesacceptées (Visa, Master-card, mandat ou chè-que).Ajouter les frais de poste :O.75 $ pour 7 livre etO,25 $ par livre addition-nel.L'ESSENTIELLE42O rue Rachel est,Montréal, QC, H2J 2G7Tel •. (514) 524-989O

L'UNE À LAUTRE AUTOMNE 198723

-•** Nomueseu mt

*VITAMINE KET NOUVEAUX-NÉSQ uarante bébés nés à la mai-

son ont été divisés au hasarden deux groupes : vingt bébés ontreçu 2.0mg de vitamine K orale-ment, vingt n'ont rien reçu. Ils ontété paires avec vingt bébés nés àl'hôpital ayant reçu l.Omg de vita-mine K en injection intra-musculaire. A la naissance, iln'existait aucune différence entreces bébés quant à la vitesse decoagulation du sang ou l'activitéde la prothrombine, malgré le faitque les mères ayant accouché àl'hôpital avaient pris signifïcative-ment moins de vitamine K préna-tale. À trois jours de vie chez lesbébés qui n'avaient rien reçu, letemps de coagulation était nette-ment plus long et l'activité de laprothrombine réduite. Cependant,il n'existait aucune différence entreles deux autres groupes. Cetteétude confirma donc que la vita-mine K orale est aussi effective quela vitamine K en injection intra-musculaire.Source : O'Connor, Addiego : Useoi oral vitamin K to prevent hémor-ragie disease oi thé newborninfant, in J Pediatr 108(4) :616,avril 1986 cité dans Birth, vol. 13,#4, décembre 1986.

GROSSESSESECTOPIQUES

L a revue GLAMOUR s'intéres-sait dans ses numéros de mars

et avril au taux de plus en plusélevé de grossesses ectopiques. En1987 on en compte 300 fois plusqu'en 1970.

Les chercheurs ont remarquéqu'une femme ayant déjà eu unegrossesse ectopique présente plusde risques d'en avoir une seconde ;les femmes âgées de 35 ans et plusont trois fois plus de grossessesectopiques que celles ayant entre25 et 34 ans.

Pour expliquer cette tendance,les chercheurs mentionnent :• le nombre accru d'infections pel-viennes causées par la multiplicitédes partenaires ;

• les dispositifs intra-utérins (sté-rilets) ;• le nombre croissant de ligaturesde trompes.

Enfin une étude récente paruedans l'AMERICAN JOURNAL OFOBSTETRIC AND GYNECO-LOGY indique aussi que les dou-ches vaginales commerciales pra-tiquées une fois par semaine ouplus quadrupleraient le risque degrossesse ectopique. Il est à noterque les femmes qui n'emploientpas ces préparations commercia-les mais qui se douchent à l'eau etau vinaigre n'encourent pas ces ris-ques.Source : Glamour, mars-avril 1987.

QUAND LA FAMILLENOUS TIENT ÀCOEUR

L e Bureau de la statistique duQuébec vient de publier une

étude intitulée LES MENAGES ETLES FAMILLES AU QUÉBEC».Réalisée par une équipe sous ladirection de Louise Duchêsnes, ony analyse l'évolution de la famillequébécoise de 1951 à 1981.

La famille s'est considérable-ment transformée depuis 1951mais c'est toujours le mode de viede 85 % des Québécois, soit5,941,200 personnes. Ceci com-prend les familles « époux-épouses », ceux et celles quivivent en union libre (242,450)et les familles mono-parentales(208,435).

Les moeurs ont bien changésdepuis 1951 : le taux de natalitéest passé de 3,8 à 1,4 enfants.L'âge moyen des femmes quiaccouchent a chuté de presquedeux ans, contrairement à ce quel'on pourrait croire, passant de29,6 à 27,5 ans. En 1951, 638enfants vivaient avec des mèrescélibataires ; il y en avait 27,350en 1981, soit 43 fois plus. Les sta-tistiques de couples vivant enunion libre ne sont même pas dis-ponibles pour 1951. Autrestemps...

LES APPARENCESPEUVENT ÊTRETROMPEUSES

I I y a de cela quelques années,1 epidémologiste britanique lan

Chalmers démontrait lors d'uneconférence le rapport entre ladiminution du taux de mortalitépérinatale et quelques autres phé-nomènes de la même époque.Ainsi, l'auditoire a semblé biencomprendre la différence entre ladiminution des morts périnataleset la réduction des accouchementsà la maison, l'augmentation dutaux de césariennes et l'avènementdu monitoring foetal électronique.Ses auditeurs ont par contre été unpeu plus surpris d'apprendre quela baisse du taux de mortalité péri-natale a concordé avec la diminu-tion du nombre d'enfants parfamille, l'augmentation du nombrede téléviseurs par foyer et l'électiondu gouvernement Tatcher. C'est aumilieu des éclats de rire qu'ils ontfinalement appris que la chute dutaux de mortalité était aussi en cor-rélation avec l'augmentation dutaux de chômage en Angleterre,l'augmentation du taux de crimi-nalité aux États-Unis, et le déclinde la populaiton des cygognes enHollande. Ceci illustre bien cetteimportante leçon : les observationsqui ne sont pas rigoureusement etscientifiquement contrôlées peu-vent mener à des conclusions gros-sièrement erronnées. Quand lesrésultats de ces observations non-contrôlées vont dans le sens de nospréjugés, il est très facile de lesaccepter sans esprit critique. Lavaleur de toute intervention, mêmela plus simple et la mieux inten-tionnée, ne peut être évaluée quepar des recherches rigoureusesavec des échantillonages sélec-tionnés au hasard.Source : Dr. Murray Enkin, MacMastei University, Birth, vol. 11, #3,1984, cité dans Maternai HealthNews, vol.ll, #4, décembre 1986

DALKON-SHIELD :ENCORE

U ne organisation d'envergurenationale vient de se former

pour informer les Canadiennes quiont subi des dommages suite àl'utilisation d'un stérilet Dalkon-Shield et les aider à protégerleurs intérêts. DALKON-SHIELDACTION CANADA se propose de :1- Fournir information et supportaux ex-usagères de Dalkon-Shieldrequérantes auprès de la compa-gnie manufacturière A.H. Robins,à travers leur bulletin de nouvel-les et communiqués de presse.2- Constituer une liste d'avocatsqui ont travaillé sur des casDalkon-Shield à travers le Canada,avec informations détaillées surleurs honoraires, pratiques et expé-rience.3- Etablir une équipe d'avocatspour représenter les intérêts degroupes de requérantes. Lesactions de groupe sont moins coû-teuses et pourraient même êtreplus efficaces que les actions léga-les individuelles.

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ENCEINTEAdvance » est un nouveau test

\\ de grossesse que la compa-gnie pharmaceutique Ortho vientde mettre en vente dans toutes lespharmacies. La publicitée le ditfiable a 99 % même s'il est utiliséle premier jour de retard desrègles. C'est dans l'urine que l'ondécèle la présence d'anticorpsmonoconaux en y trempant unepetite tige qui change de couleuren moins d'une demi-heure. Faciled'utilisation, rapide, sûr, s'avèrera-t-il aussi efficace qu'on le dit ?Source : La Presse, le 4 mars 1987.

L'UNE A L'AUTRE AUTOMNE 1987^~r

CE REPERTOIRE CONTIENT LA LISTE COMPLETEDES GARDERIES ET AGENCES DE SERVICES

DE GARDE EN MILIEU FAMILIAL AU QUÉBEC.IL EST DISPONIBLE GRATUITEMENT À

L'OFFICE DES SERVICES DE GARDE À L'ENFANCE,1OO, RUE SHERBROOKE ESI MONTRÉAL (QUÉBEC) H2X 1C3

Québec SS (514) 873-2323 OU 1-8OO-363-O31OI Office des servicesI de garde à l'enfance

JEEN GLUOS. SAGE-FtMME. SUITE DE LA PAGE 19

UNE EXIGENCE : LA QUALITÉ DE VIELa naissance de sa fille il y a cinq ans a mis Jeen plusque jamais en contact avec elle-même. Elle est depuisce jour en recherche constante d'une plus grande qua-lité de vie, tant au niveau personnel que professionnel.Pour une sage-femme, c'est là une exigence fondamen-tale. « Dire oui à l'énergie de la maternité, c'est aussidire oui au sens véritable des responsabilités à traversles situations les moins confortables, c'est dire oui à l'in-tégrité, au discernement, au partage, au don de soi, àla générosité, à la disponibilité » dira Jeen dans un grandsouffle venu du plus profond de son être.

Jeen Glezos a puisé à même ses expériences person-nelles le goût, la force et la connaissance pour être sage-femme. D'autres chemins permettent d'y arriver. Des fem-mes qui n'ont pas d'enfants peuvent devenir sage-femme : il est possible de se transcender et d'accéderà l'expérience universelle de la maternité. L'humilité, lesens du sacré sont des vertus essentielles pour transmet-tre l'amour et la compréhension qu'on requiert d'unesage-femme.

Cette femme d'une force supérieure, dans sa maisonsolaire à Sawyerville, entourée de son mari et de ses qua-tre enfants, apprivoise « la mère divine » en elle et tra-vaille chaque jour à garder ce contact. Tout en accueil-lant les bébés des autres, elle regarde grandir les siensen souhaitant pour eux une vie remplie de joie etd'amour et qu'ils parviennent à trouver leur place surterre en atteigant le plus grand épanouissement. Telssont les voeux d'une sage-femme, d'une femme et d'unemère. •

LUCILLE JACQUES

VOS COMMENTAIRES ET COMPLIMENTSNous avons retenu quelques-uns des élogieux commentaires quevous avez pris la peine de nous adresser lors du sondage. Lesvoici :

« D'abord vous remercier pour sonexistence. Support moral impor-tant. Excellents articles. Trèsbonne structure. Sujets très impor-tants. Fermeté et tendresse, grandhumanisme et enfin fusion duphysique, du mental, de l'émotif etdu spirituel et de ce si grand et fortrespect de la vie. Merci pour nouset nos initiations. Merci pour lesbébés. »

« Mes besoins étaient de vivreune belle grossesse, d'accoucher àla maison avec de bonnes sages-femmes, d'être au courant de toutce qui m'était possible de vivre etj'ai pu faire tout cela en grandepartie grâce à votre revue. L'UNEÀ LAUTRE est à la fine pointe ence qui concerne la maternité, lessages-femmes et les services. Lessujets abordés sont faits pourpiquer la curiosité. »

<( Excellente, votre revuem'aide autant dans mon métierd'infirmière qui aime sortir des sen-tiers battus des hôpitaux que dansmon futur métier de sage-femme etaussi rend ma grossesse actuelletellement belle. »

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L'UNE A L'AUTRE 1493, RUE RACHEL EST MONTRÉAL H2J 2K3 TEL. : 525-5895

« Cette revue m'aide à déve-lopper un esprit critique et à êtremoins passive et dépendante faceà la médecine lors de la grossesseet l'accouchement. J'ai particuliè-rement apprécié l'article « Ne tou-chez pas à ma douleur », d'IsabelleBrabant : je trouve que c'est uneapproche réaliste et positive. »

« Je crois avoir apprécié lamajorité des articles malgré le faitqu'on semble toujours avoir une« certaine dent » contre l'hôpitalqui constitue mon milieu de tra-vail. »

« L'ouverture de la revue nousplaît beaucoup car le sujet estencore très tabou dans notresociété. Cependant, nous considé-rons la naissance comme un évé-nement de couple, de famille etnon l'affaire de la femme seule.Malgré tout, votre revue est formi-dable. Elle est encore source d'es-pérance. »

« Enfin, un outil pour les inter-venantes en périnatalité ! »

« Je vous félicite du bon tra-vail. Vos articles sont vraiment trèsintéressants et basés sur des analy-ses à large échelle. Les témoigna-ges sont fascinants et vous m'aidezdans ma pratique future. J'espèrebien pouvoir travailler avec dessages-femmes d'ici quelquesannées. »

UNE ÉTUDIANTE EN MÉDECINE

« Professionnelle, très attra-yante à la fois comme écriture etcomme graphisme. »

« Idéologie de la prise encharge présentée de façon clairemais sans fanatisme. Dossiers per-cutants. À ma connaissance, seulerevue de cette envergure à fairevaloir votre point de vue. Ça m'at-tristerait beaucoup qu'un lieu deprise de parole comme celui-cidisparaisse. » LISE LABARRE,

Animatrice en communication.