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Rédaction et administration. R.ue de Tzknethi, Ks 11. Bureau ouvert n —3-h. Téléph. 13.01. 5 2 .— 1 Août, 1920. • V V V V V V V V V V v Y '/ V /.V Y V Y V V V V Y V V Y V Y V Prix 5 roubles. Rédacteur en chef: Elisabeth Orbéliani. Revue politique et littéraire.—Hebdomadaire.—Tiflis. Mr. Ramichvili à Batoum. Mr. Ramichvili, Ministre de l’Inté rieur, a fait à Batoum devant une as semblée nombreuse un rapport détaillé sur la position de la Géorgie: „Je me souviens, dit Mr. Ramichvili, que nous lûmes attaqués, il y a plus de deux ans, par les réactionnaires turcs, contre lesquels nous luttions pour dé fendre Batoum. Je me souviens aussi que des groupes différents nous attaqué rent en même temps pour mieux nous Irapper. C’étaient les bolcheviks. La lutte se termina par leur défaite, et nous nous emparâmes alors du croiseur „Karl“. C’est dans l’édifice, où nous nous trou vons actuellement, qu’eurent lieu les réu nions des matelots, partisans du bolché- visme. Ils nous critiquaient, déclaraient que nous avions détruit la liberté, que nous n’avions pas le droit de nous empa rer du croiseur »Karl“, lequel se trou vait au service du prolétariat russe, et que nous ne devions pas affaiblir les forces de ce prolétariat. Je suis heureux de pouvoir aujourd’hui déclarer ici même que nous ne détruisions pas la liberté, qu’elle a été tout au contraire détruite par les bolchéviks, destructeurs de la Russie, dont ils ont fait un vaste cime tière. Le peuple géorgien et sa démocra tie ont subi de dures épreuves pendant ces deux années. La Géorgie était me nacée par les turcs, par Dénikine, par les communistes et d’autres ennemis en core de notre indépendance. La Géorgie est sortie victorieuse de ces épreuves. Citoyens, un fait inconnu dans l’histoire vient de se produire: les drapeaux de deux grandes puissances ont fait place au drapeau de la République Démocra tique Géorgienne. Je puis Vous assurer que ce drapeau flottera toujours sur Ba toum. Cette victoire est due à la solida rité et à l’unité d’âme de notre peuple, au sentiment de la responsabilité et à la conscience de notre démocratie qui ne cède pas de plein gré ses positions à l’ennemi. Notre orientation personnelle demeurait immuable et nous comptions uniquement sur nos propres forces. L’his toire nous a donné raison. Notre armée et notre garde nationale ont su prou ver à Poïli, au Pont Rouge et sur d’au-

Mr. Ramichvili à Batoum

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Rédaction et adm inistration. R.ue de Tzknethi, Ks 11. Bureau ou vert n —3-h.

T éléph. 1 3 .0 1 .

5 2 .— 1 Août, 1920.• V V V V V V V V V V v Y '/ V / . V Y V Y V V V V Y V V Y V Y V

Prix 5 roubles.

Rédacteur en chef: Elisabeth Orbéliani.

Revue politique et littéraire.—Hebdomadaire.—Tiflis.

M r. Ramichvili à Batoum.Mr. Ramichvili, Ministre de l’In té­

rieur, a fait à Batoum devant une as­semblée nombreuse un rapport détaillé sur la position de la Géorgie:

„Je me souviens, dit Mr. Ramichvili, que nous lûmes attaqués, il y a plus de deux ans, par les réactionnaires turcs, contre lesquels nous luttions pour dé­fendre Batoum. Je me souviens aussi que des groupes différents nous attaqué rent en même temps pour mieux nous Irapper. C’étaient les bolcheviks. La lutte se term ina par leur défaite, et nous nous emparâmes alors du croiseur „K arl“ . C’est dans l’édifice, où nous nous trou­vons actuellement, qu’eurent lieu les réu­nions des matelots, partisans du bolché- visme. Ils nous critiquaient, déclaraient que nous avions détruit la liberté, que nous n’avions pas le droit de nous empa­rer du croiseur »Karl“, lequel se trou­vait au service du prolétariat russe, et que nous ne devions pas affaiblir les forces de ce prolétariat. Je suis heureux de pouvoir aujourd’hui déclarer ici même

que nous ne détruisions pas la liberté, qu’elle a été tout au contraire détruite par les bolchéviks, destructeurs de la Russie, dont ils ont fait un vaste cime­tière. Le peuple géorgien et sa démocra­tie ont subi de dures épreuves pendant ces deux années. La Géorgie était me­nacée par les turcs, par Dénikine, par les communistes et d’autres ennemis en­core de notre indépendance. La Géorgie est sortie victorieuse de ces épreuves. Citoyens, un fait inconnu dans l’histoire vient de se produire: les drapeaux de deux grandes puissances ont fait place au drapeau de la République Démocra­tique Géorgienne. Je puis Vous assurer que ce drapeau flottera toujours sur Ba­toum. Cette victoire est due à la solida­rité et à l ’unité d ’âme de notre peuple, au sentim ent de la responsabilité et à la conscience de notre démocratie qui ne cède pas de plein gré ses positions à l ’ennemi. Notre orientation personnelle dem eurait immuable et nous comptions uniquem ent sur nos propres forces. L ’his­toire nous a donné raison. Notre armée et notre garde nationale ont su prou­ver à Poïli, au Pont Rouge et sur d ’au-

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très champs de bataille, que la Géorgie a des défenseurs, toujours prêts à re­pousser l’ennemi. Nous entendons, dire souvent que nous sommes politiquement forts, mais faibles économiquement. On peut nous aider, dans le but d ’affermir notre situation, mais je déclare que nous ne consentirons jam ais à servir de jouet à la spéculation internationale. Notre si­tuation économique n ’est pas à vrai dire brillante, mais elle est meilleure cepen­dant que dans beaucoup d’autres pays. Nous édifions et nous créons, tandis qu’en Russie, par exemple, on ne fait que détruire. D ’un autre côté les pays qui veulent nous secourir ne sont pas non plus dans une position brillante: il suffit de connaître les chiffres, illustrant la crise industrielle et la désorganisation des transports dans tout l’occident, pour en être persuadé".

Le Ministre amena des chiffres et des communications de la presse étrangère à l’appui de ses paroles. Mr. Ramichvili cita ensuite les communications officielles des journaux bolehévistes, traçant un tableau de l ’épouvantable ruine de la Russie des Sovietes, qui se m eurt de faim et de misère. Il compara la politi­que des bolchéviks et leur système de réalisation du socialisme à la politique du peuple géorgien, qui suit une voie véritablement démocratique, ajoutant que ce n ’est pas aux bolchéviks russes à don­ner des leçons d ’organisation gouverne­m entale à la démocratie géorgienne. Malgré l’opression de ses ennemis le peuple géorgien travaille depuis deux ans à consolider la vie de son Etat et peut être fier des résultats obtenus. „Nous sommes à la veille d’établir l’enseigne­m ent universel, dit en term inant Mr. Ramichvili. Nous avons une université, nous aurons bientôt une école polytech­nique; nos municipalités des villes et des communes ont affermi leur autorité et prennent une part active au dévelop­pem ent de la vie économique du pays;

le travail de huit heures est établi; tout le territoire géorgien va être recouvert de fil téléphonique; de nouveaux bureaux des postes et télégraphes sont ouverts, et ainsi de suite. L’Assemblée consti­tuante et le gouvernement jouissent de la confiance du peuple et mènent l’Etat vers le progrès et la civilisation. Nous pouvons croire que l’histoire a chargé la Géorgie d ’une mission civilisatrice en Orient*.

Le Ministre termina son discours, en invitant la population à un travail calme

I et actif et en l’assurant que le commerce privé et l’industrie ne souffriraient aucun obstacle, à condition toutefois qu’ils tra­vaillent dans les intérêts du gouverne-

! m ent et non de la spéculation.Le rapport eut un succès exception­

nel. Le public reçut et accompagna Mr. Ramichvili avec des ovations bruyantes.

Mon Credo.L ’attitude de la noblesse de Géorgie

semble b izarre, sûrem ent, au monde euro­péen.

„Voilà, d ira l’Europe, des gens bien étonnants! On leur prend to u t,— titre s , for­tune, privilèges, et cependant ils sont con­ten ts , ou du moins se disent tels! Ils ne se plaignent jam ais et m archent m ain en main avec les socialistes! Que se passe-t-il dans leurs cerveaux? tout au fond de leurs coeurs? Sont-ils grands jusqu’à l’abnégation? peu­reux, opportunistes jusqu’à la platitude? De quoi se réjouissent-ils? Qu’attendent-ils de l ’avenir?*

Tout, évidemment, dépend du point de vue .— L ’histo ire apporte ses causes profon­des à nos psychologies.

L’aristocratie de F rance, où j ’ai vécu mes jeunes années, fait caste à p art. Jam ais, dans mon enfance, je n ’avais vu le P ré si­dent! Nous vivions isolés dans une sphère é légante, raffinée et polie, où les jeunes gens de bonne famille ne servaien t pas le gouvernem ent, sauf dans l ’arm ée bien en-

tendu, car le français est patrio te toujours.De Tolbiac à Verdun, des noms glorieux sont là pour le prouver, mais, tout à l ’heure j ’ai mentionné l ’histoire, et je me dis que la grande vague de 1789 s ’est déroulée tout autre que la m arée m ontante de 1917.

La révolution russe, libératrice des peu­ples opprim és, nous a rendu notre P a trie .

Depuis plus de cent ans, nous suppor­tions le joug de l’é tranger, nous végétions dans une prison, désespérant de voir les rayons du soleil, mais nos geôliers ne sont plus là , nous m archons librem ent sous le ciel de Géorgie, nos pieds foulent un sol qui fut et demeure notre, notre langue ma­ternelle n ’est plus chassée de nos écoles, de nos églises, —nous avons un Pays!

Qu’im porte alors le reste?Les m isérables exceptions qui ne veulent

pas comprendre la grandeur du p résent, quireg re tten t un régime d ’oppression et d ’op-

*

probre, quand le tzarism e russe leur rap ­porta it de l’or, des postes ou des croix, sont tra itées par nous de rénégats.

Pour ma p art, je trouve juste d ’ignorer leur noblesse, car ils font honte au sang de leurs aïeux et ne m éritent plus le nom de «G éorgien"— le plus glorieux des titre s .

L ’aris tocratie est vieille dans nos pays d ’O rient. Mes aïeux paternels ont régné en Géorgie de 575 jusqu’à 1^01.

Certes je suis fière de trouver parm i eux j

des hommes de génie, des conquérants et des penseurs, je m ’incline respectueuse de­vant notre h isto ire, mais je suis née «trop ta rd , dans un monde trop v ieux"__

Toute petite, je souffrais de me sen tir esclave,—j ’ai compris de bonne heure le mot magique de Liberté!

Cette L iberté rêvée, je l’aspire m ainte­nant de mes poumons avides, je la sens palpiter dans les fibres profondes de mon être joyeux et je comprends que mon or­gueil suprêm e, le couronnem ent de toutes mes am bitions est d’être Citoyenne de ma libre Patrie!

Elisabeth Orbéliani.

jVs 52 La République

Pourparlers de Lloyd-George avec la Russie des Soviets.

Nous inserrons cet article que nous trou­vons très in téressant du „Journal d ’O rient" de Constantinople du 23 Juin:

«La presse mondiale occupe longuement et unanimement des pourparlers entam és à Londres entre les autorités alliées et le représen tan t des Soviets Russes, Léonide K rassine. Aussi, croyons nous in téressant de reproduire les lignes suivantes qu’un pro­fond connaisseur des choses russes consacre dans un grand jou rnal italien, à l ’envoyé de Lénine à Londres: «Léonide K rassine est un astre de prem ière grandeur encore en ascension. L a rap id ité avec laquelle s’effectue sa carriè re est des plus symptom atiques, K rassine é tan t, dans une certaine m esure, la vivante antithèse de Lénine et de T rotzky. Léonide K rassine n ’est ni un théoricien ab­s tra it, ni un maniaque dangereux, ni un aventurier sanguinaire.

C’est un homme à l ’esprit pratique et actif, doué d’une vaste culture et de vues assez larges. Les hommes dans son genre sont trè s ra re s , parm i les bolchévistes les plus en vue, et c ’est ce que le distingue parm i les disciples de Lénine— ces innom bra­bles créateurs de projets aussi magnifiques qu’irréalisab les.

K rassine est un organ isateur, dans toute l ’acception du mot. Né, il y a une quaran­taine d ’années, à Moscou, d ’une ancienne fam ille de «libéraux" il fréquenta l ’école Polytechnique de Moscou et se spécialisa dans la branche électrotechnique. Après qu’il eut obtenu ses diplômes d’ingénieür il se perfectionna en Allemagne — à B erlin et S h tu tg a rt— où il se convertit au socialisme.

E n 1902 , K rassine se détacha des so­cialistes réform istes et passa dans le camp des Léninistes. Quelques années plus ta rd , lorsque le chisme en tre les socialistes russes fut irrém édiablem ent consommé, il contribua, aux côtés de Lénine, à l’organisation du p a rti bolchéviste. L ’échec du mouvement de 1905 le con traign it à ém igrer en Allemagne

Géorgienne 3

4 La République Géorgienne JVe 52

où il devint un agent des plus actifs de la m aison Siemens-Schuckert, et Cie. Il fut en rap p o rt, en cette qualité, avec la maison K rupp, et fut même accusé, à un certainmoment, d’avoir été au service du grand é ta t-m ajor allemand.

A près l ’arrivée au pouvoir des Léninistes, K rassine reçut la mission d ’organiser la commission du ravitaillem ent de l ’arm ée rouge. Il assuma, par la suite, la direction du com m issariat de l ’industrie et du com­m erce. Il fit de son mieux pour ranim erl ’industrie m ourante mais n ’obtint finalement aucun succès dans cette oeuvre ingrate par suite de la désagrégation complète de l ’élé­m ent ouvrier qui désertait en masse les fa­briques „ na tionalisées". Il en fut de mêmepour le com m issariat des voies et communi­cations.

Ces expériences malheureuses eurent du moins l ’avantage de convaincre K rassine de ce que le système Léniniste n ’est pas en­tièrem ent applicable en Russie. Il essaya à p lusieurs reprises d ’induire Lénine à changer de m éthodes. Il y réussit partiellem ent. L ’honneur de l’évolution que le bolchévisme a subie pendant les derniers mois, revient pour une large p a rt à Léonide K rassine".

L a Géorgie et l'Italie.M r. P in to , d irecteur de la banque i ta ­

lienne d ’escompte, est revenu ces jours-ci à Tiflis et a fait la déclaration suivante à un co llaborateur du jou rnal, concernant les ra p ­p o rts de l’Ita lie envers la Géorgie:

— Indépendamm ent de la politique exté­rieure que mène le gouvernem ent italien, il p rête une oreille attentive à l’opinion publique de l 'I ta lie . Il est évident que la reconnais­sance de l'indépendance de la République Géorgienne par l ’I ta l ie ,— avant toutes les au tres puissances,— tient en partie à la sym­path ie pour la G éorgie qui régna it en Italie . Le peuple italien se sent lié m oralem ent au peuple géorgien qui a mené systém atique­

ment son pays jusqu’à l’indépendance. Il n ’y a pas longtemps que l ’Ita lie elle-même tra ­versait une période semblable de son histoire. Malheureusement, l’Italie possède actuelle­ment peu d’inform ations sur les affaires géorgiennes. Ces inform ations a rriven t de Constantinople tellem ent défigurées qu’il est impossible de se représen ter clairement la vie de la République Géorgienne. C’est ainsi qu’on a écrit dans la presse italienne: „Les bolchéviks de N ovorossisk menacent Batoum par voie de te rre " , ou bien encore: „un cuirassé anglais est envoyé à Bacou" et ainsi de suite. Les nouvelles reçues par la presse italienne concernant „la prise de Tif­lis par les bolchéviks" devaient forcément éveiller un certain sentim ent de prudence par rapport à la Géorgie. Je puis cepen­dant déclarer en toute certitude que les cer­cles connaissant la vraie situation politique de la Géorgie, étaient persuadés qu’on n ’y verra it pas la répétition des événem ents - d ’A zerbaïdjan. Les bonnes nouvelles reçues par la suite de Géorgie ont provoqué un sentim ent de grande satisfaction dans la so­ciété italienne. ■ L ’heureuse liquidation de la question de Batoum a tout spécialement ré ­jou i l ’Italie . L ’Ita lie y a vu en quelque sorte la répétition de Thistoire de Fiume. L ’Italie s’in téresse tout particulièrem ent aux questions du Proche-O rient; elle voudrait y é tab lir un équilibre de forces, fondé sur l ’indépendance des peuples e t qui donnerait une garantie d’im possibilité contre les luttes arm ées. L’Italie s ’in téresse aussi au commerce et à l’industrie géorgiennes. Il serait cependant erroné de supposer qu’elle considère la Géor­gie uniquement comme un m arché, où elle peut se défaire des m archandises de fabrica­tion italienne; elle ne s ’in téresse pas moins au ravitaillem ent du m arché géorgien. Il s ’agit justem ent d’un échange de m archandi­ses. L ’Italie peut procurer et procure à la Géorgie des étoffes, des objets en fer etc.

M alheureusement, l’échange des m archan­dises trouve des obstacles dans les fluctua­tions du cours des billets de banque. L ’I ta ­lie veut à son tou r im porter de Géorgie du

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m anganèse, de la laine, de la soie et du bois, uniquement pour ses besoins person­nels, ainsi que du tabac pour l ’Italie et les^- pays du Nord. Elle s 'in téresse énormément aux richesses naturelles de la G éorgie— ses bois, son charbon de terre , son naphte et ses m inéraux. Les conditions générales de la politique actuelle n ’ont pas permis à l ’Ita ­lie, ces tem ps-ci, de m ettre ses capitaux dans l ’exploitation de ces richesses. Les cercles industriels italiens espèrent que, vu la stabilité grandissante de la G éorgie, il sera facile dorénavent de prendre p a rt au développement de l’industrie géorgienne, ce qui influera favorablem ent sur l’am élioration du cours. L Italie s ’intéresse en particulier à la fabrication des soieries, mais cette question est pour l ’instan t trop peu étudiée. Les fabricants italiens ont parlé souvent d ’ouvrir des fabriques de soieries en Ita lie , mais la cherté de la m ain d’oeuvre y a mit obstacle. L ’irrégu larité des communications postales et télégraphiques ont aussi leur contre-coup sur le développement des ra p ­ports économiques entre la Géorgie et l ’I ta ­lie. Heureusem ent, cette question est sur le point de se résoudre favorablem ent, ce qui a u ra naturellem ent l’influence désirée sur les rap p o rts mutuels de l ’Italie et de la Géorgie.

impressions de Batoum.

Après l’en trée des au torités géorgiennes à Batoum, le calme y est devenu parfa it. Les cercles commerciaux et industriels de la localité sont tout à fait satisfaits, sachant qu’ils seront défendus par les troupes et la milice géorgiennes.

Les é trangers croyaient tout au tre chose. Ils prétendaient que l ’arrivée des géorgiens à Batoum égalerait une invasion des bolché- viks, que les pillages. les troubles, les as­sassinats suivraient forcément et qu’il sera it prudent de fuir Batoum. Ces b ru its étaient propagés p a r les dénikines et quelques é tran ­gers qui, suivant l ’invitation de Cook-Collis, chargèren t leurs m archandises sur les ba­teaux, se p réparan t à p a rtir.

On a emporté pour environ 5 millions de roubles de m archandises de Batoum. Tou­tes les maisons de commerce et tous les bu­reaux é trangers, „Sago“ et deux ou trois bureaux exceptés, ont fermé leurs établisse­m ents, les gardant cependant à leur dispo­sition.

La panique, amenée par le départ des anglais, a duré tro is semaines, faisant pa r­t ir volontairem ent de Batoum jusqu’à vingt mille personnes.

Les bateaux quittaient le po rt et toute la vie commerciale et industrielle de Batoum fut a rrê tée pour quelque temps. Le départ des é trangers rendait l ’argent é tranger fort nécessaire, mais justem ent la seule banque anglaise qui pouvait en donner avait liquidé ses affaires e t é ta it partie pour l’A ngleterre.

On ne trouvait pas d’argen t é tranger en ville, e t comme il devenait de plus en plus indispensable vu le départ des é trangers r i­ches, le cours a tte ign it tout naturellem ent des proportions ex traord inaires. La livre sterling valait tro is mille roubles, le franc — 65 roubles, la lire italienne 45 roubles, la m ark allemande 24 roubles e t ainsi de suite.

Les prix sur les m archandises, restées à Batoum, m ontèrent quelquefois de 200 à 300°/o- Ayant em porté leurs m archandises e t leur argen t, les anglais laissèren t cepen­dan t à Batoum une quantité de cafés-chan- ta i.ts qui tenaient les habitants éveillés ju sq u ’a cinq heures du m atin.

L ’aspect désert des rues de Batoum avec ses grands m agasins fermés et le désordre de ses nuits ne durèren t que peu de temps.

L a vie rep rit son cours norm al, le gou­vernem ent géorgien se m ontra fo rt et expé­rim enté , sévère pour les brigands et les ennemis de la République, p rotecteur pour tous les citoyens bien pensants, sans d is­tinction de nationalité ou de croyance.

Les bateaux ren tren t dans le po rt, l ’ani­m ation y règne de nouveau et la vie com­m erciale reprend peu à peu son caractère d ’autrefois.

Les bons géorgiens é tan t beaucoup plus

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demandés que l ’argent é tranger, et p renan t aussi en considération les mesures prises par le gouvernem ent, le cours de l ’argent é tranger baisse rapidem ent. Les bruits ré ­pandus su r l ’évaluation des bons d’après le cours é tran g er, ont inspiré les possesseurs d ’argent é tranger de le po rte r à la bourse ce qui l ’a fait tom ber plus encore.

La meilleure garantie de succès pour la vie d’un pays est toujours dans une politi­que ferme et l ’établissem ent de l ’au torité géorgienne à Batoum aura sûrement une in ­fluence favorable Sur la vie économique, commerciale et industrielle de toute la ré ­publique.

M. Tehkhikvichvili, commissaire ex tra ­ordinaire de la province de Batoum, et le Général M divani reçoivent de nombreuses pétitions d ’é trangers de différentes nationa­lités, sollicitant d ’ê tre inscrits comme ci­toyens géorgiens.

Batoum. 17 Ju illet. L ’Am iral Hopp com­m andant l ’escadre anglaise est a rrivé à Ba­toum le 10 Ju ille t, venant de Constantinople. Le G énéral M divani adjoint du commisaire ex trao rd inaire , le G énéral E ris tav i, M r. D. Gambachidzé représen tan t de la Géorgie en A ngleterre, et une garde d ’honneur, com­mandée p a r le Colonel Guéguéachvili, ont reçu l ’Am iral à son a rrivée . A près avoir passé la garde d 'honneur en revue, l ’Am iral Hopp se rendit au guartier-général où il a causé longuem ent avec le G énéral M divani. Le jo u r même le G énéral M divani, le Gé­néral E ris ta v i e t M r. D. Gambachidzé ont rendu sa visite à l ’A m iral sur son vaisseau. Ces rep résen tan ts officiels de la Géorgie furent reçus par une garde d’honneur, com­posée de m atelots anglais et déjeunèrent ensuite chez l ’Amiral.

Nos troupes se sont dirigées vers la H aute-A djara. Bes délégués de la population leur p résen tèren t le pain e t le sel au pas­sage de G oderzi. E n tête de la députation qui exprim ait son dévouement et son amour

pour la patrie, se trouvait Djémal Khimchia- chvili. V inrent ensuite les représentan ts de la jeunesse adjarienne. Une nombreuse délé­gation, de 160 hommes, tenait en main un p lacard blanc avec l’inscription suivante:„ Salut de la Haute-A djara aux fraternelles troupes de la Géorgie “ . Les délégués p ro ­noncèrent des discours de félicitations, di­sant que l ’arrivée des troupes correspondait pleinement à la disposition d ’esprit d ’un peuple, désireux de se libérer à tout jam ais de la tutelle des aventuriers et des provo­cateurs infestant PA djara. M algré l’heure tard ive, l ’entrée des troupes à Danisparéouli fut tout aussi solennelle. Une délégation p résen ta le pain et le sel au commandement e t à la garde nationale, déclarant que les fautes et les erreurs de la population doivent ê tre oubliées, vu qu’elle a chèrement payé son aberration . Il en fut ainsi tout le long de la route jusqu’à Khoulo.

A Khoulo nos soldats v isitèrent les tom­bes de leurs cam arades, m orts dans les der­niers combats. Les habitants racontèrent comme quoi d ’obscures forces provocatrices donnaient à la population de PA djara de l’argent et des arm es. Ces mômes provoca­teurs menaient une propagande acharnée contre la Géorgie. Ils prétendaient que les troupes géorgiennes apporteraien t avec elles la ruine et la m ort, et qu’il é ta it indispen­sable par conséquent de s ’opposer à leur en trée . Cependant, les éléments raisonnables lu ttaient contre cette propagande, insistan t que l ’arrivée des troupes géorgiennes é ta it nécessaire au bonheur de la population. Actuellement ce travail criminel de propa­gande est paralysé.

Ouverture de !a banque de l’Etat.

Le 24 Ju illet eut lieu l ’ouverture de la banque de l’E ta t. S ’y trouvaient présents: M. Lom tatidzé, président de l ’Assemblée C onstituante, M. Ram ichvili, M inistre de l ’In té rieu r, M. A valiani, sous-secrétaire au m inistère des finances, tout le conseil de la

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banque, les membres de l ’adm inistration, les . représentan ts des autres banques et des

grosses entreprises commerciales et indus­trie lles, ainsi que tous les fonctionnaires de la banque. M. N. E liava, président du con­seil de la banque, ouvrit cette prem ière as­semblée du conseil et de l’adm inistration réunis, en déclarant que les opérations de la banque étaien t ouvertes. M. J . L ortk ipa- nidzé, directeur de la banque, fit un b ref ra p ­port où il indiquait les décrets de l ’Assem­blée Constituante concernant l ’ouverture de la banque, la composition de l’adm inistra­tion et son travail p répara to ire . M. Lom ta- tidzé fut le prem ier à exprim er ses félicita­tions. Y int ensuite M r. Ram ichvili, de la p a rt du gouvernem ent, prom ettant d ’aider la banque de toutes façons. M. A valiani et M. Gotoua, président de la Banque Cen­tra le , apportèren t aussi leurs félicitations.

Félicitations à l’occasion de la réunion de Batoum à la Géorgie.

Au Ministère des Affaires Étrangères.

M r. G uéguétchkori, M inistre des Affaires É tran g ères , a reçu la le ttre suivante du consul d’Espagne à Tiflis:

„Au nom de mon gouvernem ent, j ’ai l ’honneur de vous exprim er par la présente mes plus sincères félicitations à l ’occasion de la rem ise de Batoum et de sa province au peuple géorgien. Je suis persuadé que dans ce nouveau port votre gouvernem ent donnera au commerce espagnol toutes les facilités indispensables aux rapports com­merciaux en tre les deux pays".

Le représen tan t de la mission grecque a rendu visite au M inistre des Affaires E tra n ­gères pour lui apporter ses félicitations à l ’occasion du re tour de Batoum à la G éorgie.

Le Conseil N ational Hellénique a adressé au président du gouvernem ent ses félicita­tions à l ’occasion de la remise de Batoum à la G éorgie.

Le Conseil N ational Israélite a égale­m ent adressé ses félicitations au gouverne­m ent, souhaitant à la nation géorgienne, ainsi qu’à tous les peuples, habitant chez elle, de continuer dans l ’avenir à se déve­lopper en paix.

Le Consul G énéral de Perse a transm is au M inistre des Affaires É trangères, au uom de son gouvernem ent, sès félicitations à l ’occasion de la réunion de Batoum et de sa province à la Géorgie. Ce fait, d it-il, a couronné les espérances légitimes du peuple géorgien et mis une base au développement et au progrès de la jeune république, notre amie.

E N G E O R G I E .Départ du représentant de l’Italie.

M r. M ercatelli, m inistre plénipotentiaire d ’Italie en Géorgie, qui est considéré comme l ’un des meilleurs connaisseurs de la politique coloniale, reçoit le poste de gouverneur de T ripoli. D ’après les inform ations reçues à l ’agence italienne, M r. M ercatelli sera rem ­placé en Géorgie pa r l ’un des diplomates en vue du m inistère italien des affaires é trangères. M r. F ranzon i, consul d 'Ita lie en Géorgie, occupera ce poste jusqu’à l ’arrivée du nouveau m inistre. On nous communique que M r. M ercatelli quitte avec un profond reg re t les confins de la Géorgie; il a «fait ses visites d ’adieu au président du gouver­nement de la république et au M inistre des Affaires E trangères et a quitté Tiflis le 20 Ju ille t avec son secrétaire privé, M r. F ares . Le Consul Général d ’Italie, M r. Franzoni, et le docteur Colaiani, rep résen tan t du co­m ité italien du commerce et de l ’industrie en T ranscaucasie, sont partis pour Batoum avec M r. M ercatelli.

Dépêche de Mamed - Beg Abachfdzé, président du „Medjliss“ de la G éorgie

musulmane.

„Le présidium du „M edjlissB de la G éor­gie musulmane envoie son salu t sincère à l ’Assemblée Constituante de Géorgie, tout

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en la félicitant de sa brillan te victoire. Le présidium du «M edjliss" exprime son en­thousiasm e de ce que la Géorgie musulmane s ’est unie à sa m ère-patrie , comme l’avait p réd it la réunion du «M edjliss" du 31 Août dernier. Cette prédiction est devenue un fait accompli et le labeur du «Medjliss" n ’a pas été vain. Le présidium est profondément persuadé que l ’autre point de la résolution du «M edjliss", concernant l ’autonomie de la Géorgie musulmane, p rendra corps tout p ro ­chainem ent, et fait serm ent de garder l ’in ­dépendance de la Géorgie, ne perm ettan t à personne d ’enfreindre ses dro its, la défen­dant avec ses frères chrétiens, jù squ’à sa dernière goutte de sang.

Vive la Géorgie, unie dans son h isto ire" .

et le Nouveau K araklo , K araïssa, Soouk- Boulagh, M olaï et K izm -K iliss".

300 signatures sont apposées à cette ré ­solution.

Pétition de la population de la Zône Neutre.

Le m inistère de l ’in térieur a reçu de la population russe, grec et ta r ta re du district de Bortchalo des pétitions priant d’unir cette zône à la Géorgie. La résolution suivant^ de l ’assem blée des villageois du 3-ème com­m issaria t de la Zône N eutre a été présentée au m inistère de l ’in térieur:

«Nous, les soussignés, habitan ts de la Zône N eutre , ayant d ro it de vote, réunis en assem blée plénière en présence du com­m issaire, avons discuté les points suivants:

P ren an t en considération notre position économique qui actuellement nous oblige de vivre dans une localité où la te rre ne vaut rien pour les semences, et où les céréales sont apportées exclusivem ent de B ortchalo, avec lequel nous sommes liés m oralem ent et physiquem ent, e t vu que nous ne nous figu­rons pas no tre existence future sans un bien intime avec Tiflis, nous voyons devant nous une seule issue qui est de dem ander au com­m issaire principal de la République G éor­gienne de solliciter du gouvernem ent la réu ­nion à la Géorgie de la population musul­mane de la commune d ’Ilm islo, com prenant les villages d ’Ilm islo, D joudjakist, le Vieux

Arrivée des marchandises étrangères.

M r. Panieff, directeur du bureau de l’ap­provisionnem ent, a communiqué à un colla­borateur de l’Agence télégraphique géor­gienne, que certaines maisons de commerce ayant eu l’intention d’em porter leurs m ar­chandises après le départ des anglais de Batoum , ne donnent plus suite à ce projet. Des maisons anglaises, entre au tres, la ra i­son sociale «Levant" se sont adressées au commissaire ex traord inaire de la province de Batoum, le p rian t de leur laisser les dé­pôts qu’elles géraient jusque-là. Le «Levant" communique qu’il rapporte ses m archandises à Batoum. M r. Panielf déclare qu’il a acquis différentes m archandises pour la population de Tiflis: des chaussures suisses, du sucre en poudre, du cacao, du riz, du thé, d’au­tres produits encore et des étoffes d ’automne et d ’hiver.

Agrandissement des télégraphes et téléphones.

La commission des finances de l ’Assem­blée Constituante a approuvé le projet de loi, élaboré pa r le m inistère de l ’in térieur, d ’assigner 3 5 ,6 0 0 ,0 0 0 roubles à l ’agrandis­sement des télégraphes et téléphones de la République, assignant aussi le m atériel né­cessaire. Ce projet de loi doit ê tre porté devant l ’Assemblée plénière de la Consti­tuante . Une note explicative de ce projet p a rle .d e la nécessité d ’étab lir des communi­cations télégraphiques et téléphoniques entre tous les points plus ou moins peuplés de la République.

On nous cominunique de Batoum que l ’adm inistration du bateau italien «Ninfa" a décidé de changer le nom du bateau en «République G éorgienne".

Ce bateau a apporté des m archandises valan t près de 300 millions de roubles.

L’Imprimerie du Gouvernement.