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CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS 23 CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS DE SOUTENEMENT 2-1 Rappels sur les pressions latérales de la terre : L'analyse de la pression latérale des terres est d'un aspect très important en mécanique des sols. Les applications sont très diverses et s'étendent du dimensionnement des ouvrages de soutènement jusqu'à l'étude de la stabilité des pentes et des talus. Les hypothèses généralement admises sont un état de déformation plane et un comportement rigide-parfaitement plastique car l'écoulement par cisaillement se produit à contrainte constante. 2-1-1 Catégories de pression latérale de la terre : Il y a trois catégories de pression latérale de la terre et chacune dépend du mouvement éprouvé par le mur vertical sur lequel la pression agit. Les trois catégories sont: • Etat de repos du sol. • Etat de poussée du sol (Pression active de la terre). • Etat de butée du sol (Pression passive de la terre). Figure.2-1- Développement des pressions actives et passives de la terre

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  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    23

    CHAPITRE 02

    LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS DE

    SOUTENEMENT

    2-1 Rappels sur les pressions latrales de la terre : L'analyse de la pression latrale des terres est d'un aspect trs important en mcanique des sols.

    Les applications sont trs diverses et s'tendent du dimensionnement des ouvrages de

    soutnement jusqu' l'tude de la stabilit des pentes et des talus. Les hypothses gnralement

    admises sont un tat de dformation plane et un comportement rigide-parfaitement plastique car

    l'coulement par cisaillement se produit contrainte constante.

    2-1-1 Catgories de pression latrale de la terre : Il y a trois catgories de pression latrale de la terre et chacune dpend du mouvement prouv

    par le mur vertical sur lequel la pression agit. Les trois catgories sont:

    Etat de repos du sol.

    Etat de pousse du sol (Pression active de la terre).

    Etat de bute du sol (Pression passive de la terre).

    Figure.2-1- Dveloppement des pressions actives et passives de la terre

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    24

    2-1-1-1 Etat de repos du sol : L'tat des contraintes dans le sol n'est pas hydrostatique: la contrainte horizontale ou latrale

    n'est pas gale la contrainte verticale. En mcanique des sols, la contrainte latrale totale est

    dfinie en fonction de la contrainte verticale totale par la relation:

    h = K v O K est dit coefficient de la pression des terres. Puisque les contraintes totales peuvent

    changer selon le degr de saturation du sol, le coefficient K n'est pas constant pour un sol

    donn. C'est pour cette raison que nous crivons cette relation en termes de contraintes

    effectives: 'h = K0 'v K0 est le coefficient des terres au repos. Il est indpendant de l'tat de saturation du massif.

    Il est constant pour une mme couche de sol et une mme masse volumique. De ce fait,

    ce coefficient est trs important pour l'analyse de stabilit et la conception des diffrents

    ouvrages. Lorsque le sol subit des dformations, on parle de coefficient de pression latrale tout

    court. La variation de ce coefficient en fonction des dformations latrales est montre ci-contre

    figure.2-1. On peut remarquer que la dformation latrale ncessaire la mobilisation de la

    pousse passive est beaucoup plus grande

    (2 4 % pour les sables denses, de 10 15 % pour les sables lches) que la dformation

    ncessaire la mobilisation de la pression active (de l'ordre de 0,25 et 1 % respectivement).

    Le coefficient K0 peut tre dtermin exprimentalement par un essai triaxial pendant lequel

    on empche toute dformation latrale. D'autres parts, on peut trouver des relations analytiques

    donnant K0 en fonction des proprits du sol.

    A titre d'exemple, Jaky propose la relation (1944): K0 = 1 - sin '

    Mayne et Kulhawy proposent l'expression suivante pour les sols sur consolids en phase

    d'expansion seulement: K0 = (1 - sin ) (rsc) sin '

    Lexpression la mieux adapte au sable de Fontainebleau est celle de Meyerhof [1976]

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    25

    Selon les points A et M de la figure 2-2

    Figure 2-2- Evolution du coefficient K0 lors dun cycle chargement, dchargement, rechargement

    Les mesures ralises en centrifugeuse [Gaudin, 1999] ont galement montr que le

    coefficient K0 pouvait tre dtermin partir de lindice de densit du sol I

    d selon

    lexpression suivante

    La valeur de K0 peut galement tre obtenue sur la base de la thorie lastique. Si un

    chantillon cylindrique de sol est sollicit par la contrainte vertical v, et l'effort

    horizontal h la dformation latrale L peut tre exprim :

    O E : Module de Young, : Coefficient de Poisson

    Pour que cette dformation latrale soit nulle (matriau au repos) il faut que le rapport

    Et

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    26

    2-1-1-2 Etat de pousse du sol (Pression active de la terre) :

    Figure 2-3- Pression active de la terre

    Le soutnement s'oppose au mouvement du massif de sol. Dans ce cas, le massif exerce sur

    chaque lment de surface de l'ouvrage une action appele pression active ou pousse. Les

    tudes exprimentales, montrent que cette pression active est fonction de la densit, de l'angle

    de frottement interne, de la cohsion, du coefficient de frottement du massif de sol sur le mur,

    de la rigidit de l'ouvrage de soutnement et du mode de son dplacement possible, de la forme

    de la surface libre du massif et de l'inclinaison de l'cran sur la vertical. Pour que la pression

    des terres sur le soutnement concide avec le niveau de la pousse, il est ncessaire qu'un

    certain dplacement puisse se produire. Le tableau 2-1 donne les dplacements ncessaires pour

    le dveloppement de la pousse dans les sables et les argiles. Lorsque la pousse minimale

    s'tablit, une partie du massif se dplace lgrement et se spare des restes par une faible bande

    Types de sol Dplacement du mur

    Sables 0.001H 0.004H

    Argiles 0.01H 0 0.04H

    Tableau 2-1- Dplacement du mur ncessaire pour une pousse

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    27

    2-1-1-3 Etat de bute du sol (Pression passive de la terre) :

    Figure 2-4- Pression passive (bute) de la terre

    Le soutnement exerce un effort sur le massif, dans ce cas, le massif oppose sur chaque lment

    de surface de louvrage une pression passive ou bute.

    Des dplacements importants de lordre de 1 1/3 de la hauteur du mur selon la nature et la

    compacit des sols sont indispensables pour mobiliser la rsistance maximale, bien suprieure

    celui qui conduit la pousse minimale. Le tableau 2-2 donne les dplacements ncessaires

    pour produire une bute. La bute maximale dpend des mmes paramtres que la pousse. La

    ligne de rupture par cisaillement dlimite une zone de massif en mouvement beaucoup plus

    importante que la pousse.

    La pousse et la bute correspondent deux tats extrmes dquilibre de rupture du massif

    dun sol.

    Types de sol Dplacement du mur

    Sable dense 0.005H

    Sable meuble 0.01H

    Argile tendre 0.01H

    Argile molle 0.05H

    Tableau 2-2- Dplacement du mur ncessaire pour une pression passive

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    28

    2-1-2 Equilibres de pousse et de bute :

    Pour qu'il y ait quilibre de pousse ou de bute, il faut qu'il y ait dplacements figure.2-5

    grossirement de l'ordre de (H/1000) pour mobiliser la pousse et suprieur (H /100) pour

    mobiliser la bute.

    Figure 2-5- Dplacements ncessaires la mobilisation des tats limites de pousse et bute

    2-1-2-1 Equilibre de pousse :

    Le sol pousse sur l'cran et le met en pousse. Le sol se dplacera jusqu' ce que la Contrainte

    effective horizontale initiale h0 diminue, le sol se dcomprime, pour atteindre une valeur

    limite a (quilibre actif ou infrieur) infrieure h0. Par rapport ltat initial,

    la contrainte v0 tant constante, la contrainte horizontale h0 diminue jusqu ce que

    le cercle de Mohr devienne tangent la droite de Mohr-Coulomb pour une valeur de h = a

    figure.2-6. Le sol est ltat de pousse ; la contrainte de pousse est relie la contrainte

    verticale v0, dans le cas dun cran vertical sans frottement

    sol-cran, par le coefficient de pousse Ka (a comme actif).

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    29

    Figure 2-6- Etat limite de pousse du sol (sans talus = 0, et sans frottement sol-cran = 0)

    2-1-2-2 Equilibre de bute : L'cran pousse sur le sol et le met en bute. Le sol se dplacera jusqu' ce que la contrainte

    horizontale initiale h0 augmente, le sol se comprime, pour atteindre une valeur limite p

    (quilibre passif ou suprieur) suprieure h0. Par rapport ltat initial, la contrainte v0

    tant constante, la contrainte horizontale h0 augmente jusqu ce que le cercle de Mohr

    devienne tangent la droite de Mohr-Coulomb pour une valeur de h = p figure.2-7. Le sol

    est ltat de bute la contrainte de bute est relie la contrainte verticale v, dans le cas

    dun cran vertical sans frottement sol-cran, par le coefficient de bute Kp (p comme

    passif).

    Figure 2-7 : Etat limite de bute du sol (sans talus = 0, et sans frottement sol-cran = 0)

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    30

    2-1-3 Facteurs intervenant dans la distribution de la pression des terres : Les tudes de diffrents auteurs (Rowe (1952-55), Blum (1931), Terzaghi (1953)) montrent que

    les facteurs intervenant dans la distribution de la pression des terres sur lcran sont :

    1. La densit du massif, nature du sol et sa stratification.

    2. Langle de frottement interne du sol.

    3. La cohsion C.

    4. Angle de frottement sol-cran .

    5. La flexibilit de lcran.

    6. Linclinaison de lcran.

    7. Le mode de son dplacement et de sa dformation possible.

    8. La rigidit de systme dtais.

    9. Lhistoire des contraintes subies par le sol.

    10. Lintensit de la surcharge.

    11. Les conditions aux limites.

    12. Les conditions cinmatiques.

    2-1-4 Choix de langle de frottement sol-cran :

    Langle de frottement entre le sol et le parement arrire du mur dpend des facteurs suivants :

    La rugosit du parement.

    Langle de frottement interne du sol .

    Le tassement relatif entre le mur et le sol.

    Linclinaison de la surface.

    En premire approximation on peut dterminer cet angle de frottement en fonction de

    ltat de surface du parement, comme il est indiqu dans le tableau 2-3.

    Lorsque louvrage de soutnement a tendance tasser plus que le sol retenu, ce qui est le

    cas, par exemple, dun mur plaqu contre un talus de dblai, langle est alors ngatif. Le

    tassement relatif entre le sol et le mur joue ainsi un rle important.

    Dans tous les cas courants de murs rugueux en bton ou en maonnerie, la valeur de 2/3

    est celle retenir.

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    31

    Angle de l'interface en fonction de l'tat de surface du parement

    Let de surface du parement

    Angle de frottement

    sol-mur

    Surfaces trs lisses ou lubrifies

    Surface peu rugueuse (bton lisse, bton trait Surface

    rugueuse (bton, bton projet , maonnerie , acier..

    Murs caissons .

    Parements fictifs inclins des murs cantilevers

    = 0

    = 1/3

    = 2/3

    2/3

    =

    Tableau 2-3- Angle du frottement sol mur en fonction de ltat de surface du parementure

    2-1-5 Influence du frottement :

    Si on prend en compte le frottement du mur avec le sol , on observe une inclinaison des efforts

    de pousse et de bute figure 2-8.

    Soit l'angle de frottement du mur avec le sol :

    En pousse, le sol a tendance descendre : la force est incline vers le bas et

    h = Ka v cos a

    En bute au contraire, le sol est pouss vers le haut : la force est incline vers le haut

    et h = Kp v cos p

    Il en rsulte une inclinaison dans les directions opposes :

    Lors de la projection des efforts pour crire l'quilibre en moment, l'angle tant le mme en

    pousse et en bute, un facteur en cos affectent les pousses des terres mais pas pour le tirant

    ou la contrebute.

    Pour l'criture de l'quilibre en force, seuls les coefficients de pousse et de bute sont

    affects par l'angle, les rsultantes demeurent horizontales : les valeurs sont donc galement

    modifies.

    Par consquent les efforts tranchants dans la paroi et donc les moments

    flchissant sont galement affects.

    En pratique, on prend souvent l'hypothse a = 0 et p = -/2. Ceci n'affecte que peu les

    efforts structurels observs : empiriquement, l'influence du frottement du rideau se rvle donc

    faible,

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    32

    Figure 2-8 : Cas du mur avec frottement

    2-1-6 Le cas particulier des crans souples :

    La caractrisation de la souplesse dune paroi reste difficile. Le taux de dformation dfinissant

    les crans flexibles varie en effet selon les auteurs de 5% de la hauteur totale pour Packshaw

    [1948] 0,26% pour Bros [1972]. Malgr cela, la rpartition triangulaire classique des forces

    de pressions a rapidement t mise dfaut dans le cas des ouvrages dont la dformation entre

    appuis paraissait importante. A partir danalyses empiriques sur le dimensionnement des

    palplanches en bois, lingnieur danois Christiani (dbut XXe

    sicle) a voqu lhypothse

    dune redistribution des pressions de pousse des zones situes entre appuis (qui subissaient un

    important dplacement) vers les zones situes au niveau des appuis (dont les dplacements

    restaient faibles).

    Cette redistribution a t observe exprimentalement par Stroyer en 1935 et attribue par

    Terzaghi [1943] un effet de vote conduisant un report des pressions de pousse, par la

    mobilisation du cisaillement au sein du sol, des zones les moins rigides (entre appuis) vers les

    zones les plus rigides (sur appuis). La pousse rsultante reste nanmoins inchange.

    Cet effet de vote a par la suite t caractris plus prcisment en fonction des spcificits de

    louvrage et du type dappuis [Delattre, 1999]. Les mthodes permettant de le prendre en

    compte dans le dimensionnement des ouvrages nen restent pas moins trs empiriques et sont

    peu appliques dans la pratique. Citons pour mmoire celle de Terzaghi et Peck [1967] qui

    donne une estimation de la rpartition des efforts sur les appuis, sans toutefois prciser la

    rpartition des pressions de pousse sur lcran.

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    33

    Dans le cas des crans souples autostables (sans appui), aucune thorie ou observation

    exprimentale ne fait allusion un quelconque effet de vote. Notons simplement que plusieurs

    travaux, notamment ceux de Rowe [1952], Terzaghi [1953] et Tschebotarioff [1944] ont montr

    que la rpartition des pressions dpendait de nombreux paramtres (caractristiques du sol,

    gomtrie de lcran, ventuelles surcharges) mais surtout de la cinmatique de louvrage, cest

    dire de la faon dont il se dplace. Dans le cas des crans autostables dont la souplesse peut

    modifier la cinmatique, la rpartition des pressions peut tre modifie.

    2- 2 Dimensionnement dcran de soutnement :

    Le dimensionnement des crans de soutnement pour rsister la pousse des terres

    quils doivent retenir est un problme classique de lingnierie civile et militaire qui a intress

    de nombreux scientifiques ds le dbut du XVIIIe sicle. Une discussion des premiers travaux

    sur ce sujet (dont Bullet 1691, Gautier 1717, Couplet 1726 et 1727, Blidor 1729, Gadroy

    1746, Rondelet, 1767) est prsente par Heyman (Heyman 1972). Verdeyen donne galement

    quelques repres historiques concernant le dveloppement de la mcanique des sols, dans

    lequel les crans de soutnement prennent une place importante (Verdeyen 1959).Les

    modles de calcul cits par exemple par lEurocode 7-1 (2004) sont les modles analytiques,

    semi-empiriques ou numriques. Sil nexiste pas de modle de calcul fiable pour un tat limite

    particulier, on peut aussi se servir dessais de chargement ou de la mthode observationnelle.

    Le choix de la mthode reste alors assez libre.

    Delattre (2001) distingue cinq familles de mthodes de calcul des crans de soutnement

    1- Les mthodes dites classiques , faisant appel des calculs analytiques de la

    pousse et de la bute des terres,

    2- La mthode du coefficient de raction, prenant en compte une certaine interaction

    sol-structure,

    3- La mthode des lments finis, dveloppe partir des annes 1970,

    4- Les mthodes empiriques et semi-empiriques, sappuyant sur un rfrentiel qui

    tient compte du comportement observ des ouvrages,

    5- Les mthodes de calcul de ltat limite ultime, fondes sur des thories de

    plasticit.

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    34

    2-2-1 les mthodes dites classiques : faisant appel des calculs analytiques de la pousse et de la bute des terres,

    Plusieurs thories permettent de calculer les coefficients de pousse et de bute

    dun sol pulvrulent ( C = 0). On mentionne les principales par ordre chronologique.

    2-2-1-1 Mthode de Coulomb :

    Charles Augustin Coulomb (1736 - 1806) a t dabord un ingnieur du gnie militaire avant

    de devenir plus tard un physicien encore plus clbre par ses mmoires sur llectricit et le

    magntisme entre 1785 et 1791.Son premier ouvrage important fut, en tant que

    Lieutenant en Premier du Gnie , la construction de 1764 1772 la Martinique du

    fort Bourbon. A son retour en mtropole en 1773 il publie lAcadmie des Sciences un

    important mmoire de mcanique applique intitul : Sur une application des rgles de

    Maximis & Minimis quelques Problmes de Statique, relatifs lArchitecture. (Par

    M. Coulomb, Ingnieur du Roi).

    Ce mmoire est destin dterminer, autant que le mlange du Calcul et de la Physique

    peuvent le permettre, linfluence du frottement et de la cohsion, dans quelques problmes de

    Statique. Aprs avoir expriment la rsistance des piliers de maonnerie en pierres, il tudie la

    pression des terres et des revtements. Coulomb (1776) qui, le premier, a mis au point une

    mthode de calcul des murs de soutnement. A lheure actuelle, la mthode de Coulomb

    est universellement employe, principalement aux Etats-Unis, en raison de sa simplicit

    thorique et pratique.

    La thorie de Coulomb repose sur deux hypothses :

    - Le sol se rompt suivant une surface de rupture plane mais souligne bien figure 2-9

    - La force agissant sur le mur a une direction connue. En dautre terme cela signifie que

    langle de frottement entre lcran et le mur est connu ; Ces deux hypothses faites, la

    force agissante sur le mur est calcule par de simples considrations dquilibre statiques

    partir dune rgle dextremum.

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    35

    Figure 2-9 : Equilibre du coin de Coulomb

    On suppose que la surface de rupture potentielle est un plan (coin de Coulomb) passant par

    le pied de lcran et faisant un angle avec lhorizontale.

    On fait lhypothse que la contrainte de cisaillement = tg est compltement mobilise le

    long de ce plan. Le coin de Coulomb se comporte de faon rigide-plastique, ce qui nest pas le

    cas gnralement surtout si lcran est de grande hauteur.

    La raction totale du sol R sur lequel glisse le coin de Coulomb est donc incline de

    langle sur la normale au plan de rupture.

    En application de la mthode de Coulomb, on calcule la pousse en supposant que = 0

    Coulomb a dfini les coefficients de pression de terre actifs et passifs respectivement par les

    expressions :

    2-1

    2-2

    O :

    : Angle de frottement interne du sol.

    : Angle de frottement sol cran.

    : Inclinaison du mur avec lhorizontale. : inclinaison de la surface du sol avec lhorizontale.

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    36

    Dans les problmes passives si > /3, la courbure de la surface de rupture derrire le mur doit

    tre tenue en compte, do lquation (2.2) mne une surestimation de la pression de terre.

    Trs vite ce mode de calcul est mis en dfaut tant sur le plan exprimental que sur le plan

    thorique, dans la validit des suppositions de sa thorie Coulomb na pay aucune

    attention du tout au mode de mouvement du mur et a suppos que la distribution de pression

    latral de la terre ait t simplement hydrostatique, il avait restreint lapplication des rgles

    de Maximis et Minimis dans le cas de la pousse des familles de surfaces

    de ruptures planes.

    La discussion de cette hypothse fondamentale la fin du 19ime sicle, a t

    acceptable pour ltude de la majorit des problmes de pousse poss par lingnieur.

    Elle reste encore largement accepte un sicle plus tard.

    En revanche, lhypothse de planit des surfaces de rupture est remise en cause pour

    ltude de la bute, il est ainsi montr que ladoption des lignes brises, darcs de

    cercles, darcs spirales logarithmiques, de combinaisons de surfaces planes et darcs de cercles,

    pour la modlisation de surfaces de rupture, permet dobtenir des Minimis de la

    valeur de rsistance en bute infrieure ceux donnes par des surfaces planes.

    2-2-1-2 Mthode de Rankine : En plus des hypothses suivantes :

    - Sol semi-infini, homogne, isotrope,

    - Condition de dformation plane,

    - Courbe intrinsque de Mohr-Coulomb

    - Massif surface libre plane,

    Rankine (1857) avait rajout l'hypothse que la prsence d'un cran ne modifie pas la

    rpartition des contraintes dans le massif.

    Cas gnral :

    Avec cette hypothse, on peut dterminer la rpartition des contraintes de pousse (ou de bute)

    le long d'un plan OD, dans le cas d'un sol pesant pulvrulent (, ) non surcharg.

    Cas particuliers :

    La mthode de Rankine peut prendre en compte des surcharges uniformes rparties sur toute la

    surface du sol. Cependant, il est impossible de raliser un calcul littral dans trois cas simples

    reprsents sur la figure 2-10.

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    37

    Pour ces situations, la solution communment adopte consiste calculer les contraintes

    appliques au mur en l'absence de surcharge et y superposer les efforts dus la seule

    surcharge et calculs par la formule lastique de Boussinesq. Cette approche n'est pas

    pleinement satisfaisante, le principe de superposition ne pouvant tre appliqu en toute rigueur.

    Une alternative pouvant tre trouve dans la rsolution numrique du problme, avec un

    algorithme d'lments finis par exemple.

    Figure 2-10- Calcul lastique des contraintes horizontales apportes sur un cran par des surcharges (d'ap. Schlosser)

    Les surcharges correspondant ces 3 cas sont donnes par les formules suivantes :

    2-2-1-3 Mthode de Boussinesq :

    Boussinesq (1882) a amlior la thorie de Rankine en prenant l'interaction relle entre

    le sol et l'cran, c'est--dire en choisissant la valeur de l'angle de frottement sol-cran. Dans

    cet quilibre, Boussinesq considre une premire zone o on a l'quilibre de Rankine

    se raccordant une seconde zone o il tient compte des conditions aux limites sur l'cran

    figure 2-11

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    38

    FIGURE 2-11- Equilibres de Boussinesq et de Rankine.

    Boussinesq garde les rsultats de Rankine concernant la rpartition des contraintes sur l'cran :

    - L'obliquit des contraintes est constante le long de l'cran OD, elle est choisie et fixe

    - La rpartition des contraintes sur l'cran est triangulaire :

    Si Boussinesq avait bien pos le problme, il n'a t rsolu qu'en 1948 par Caquot et Kerisel

    qui en ont donn la dmonstration suivante.

    On travaillera en coordonnes polaires, pour lesquelles les quations dquilibre

    divt + F = 0 scrivent :

    r : Contrainte normale radiale

    : Contrainte normale orthoradiale

    : Contrainte de cisaillement

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    39

    Le systme des deux quations diffrentielles a t intgr par Caquot et Krisel, les calculs

    tant amliors par ABSI pour donner des tables compltes de pousse et bute fournissant les

    coefficients Ka et Kp. Le problme est dtermin par les conditions aux frontires :

    - surface libre : contraintes nulles

    - sur lcran : obliquit impose de la contrainte.

    Entre la surface libre et la premire ligne de glissement on a un quilibre de Rankine et entre la

    premire ligne de glissement et lcran un quilibre de Boussinesq.

    Le trac des lignes de glissement montre que les lignes de glissement diffrent peu de lignes

    droites dans le cas dquilibre de pousse, par contre elles sen loignent fortement dans le cas

    dquilibre de bute.

    2-2-1-4 Terzaghi (1936) :

    Cette ambigut est la base dune critique svre du travail de Rankine par Terzaghi en 1936.

    Selon lui, le fait dadmettre quun dplacement ngligeable suffise atteindre un tat de

    rupture actif ou passif (comportement rigide-plastique du sol) va contre toutes les observations

    in situ qui mettent en vidence la prsence dun tat intermdiaire, appel tat au repos. Daprs

    lui, des dformations qui dpendent des proprits lastiques du sol sont ncessaires pour

    atteindre les tats de rupture.

    En particulier, les dformations ncessaires pour atteindre un tat passif ne sont pas

    envisageables dans les conditions relles.

    Dans sa prise de position, Terzaghi critique galement la thorie de Coulomb.

    Il dnonce surtout la gnralisation de son utilisation, au mme titre que lutilisation de la

    thorie de Rankine, pour le dimensionnement des ouvrages de soutnement, sans

    distinction du type de structure. Meem avait dj mis en cause lapplication de ces

    thories aux parois de fouilles tayes, car les efforts mesurs in situ dans les tais ne

    concidaient pas avec les valeurs prvues par le calcul (Meem 1908).

    Selon Terzaghi, les hypothses la base de la thorie de Coulomb ne sont que rarement

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    40

    valables dans les cas pratiques. Le fait dadmettre une surface de rupture plane est une

    limitation, mais cest principalement lhypothse sur la distribution des pousses le long du

    mur, admise arbitrairement triangulaire, qui est discute. Elle dpend selon lui du mode de

    dplacement du mur (rotation ou translation) et de ses conditions dappuis (mur de soutnement

    ou paroi de fouille taye). Cet article de Terzaghi est surtout intressant au niveau de sa

    perception de linteraction sol-structure qui est beaucoup plus avance et prcise que chez

    Coulomb ou Rankine. La figure 2-12, tire de ce document, rsume les progrs raliss par

    Terzaghi ce sujet. Elle prsente lvolution de lintensit et de la position de la rsultante de la

    pousse des terres agissant contre un mur de soutnement, premirement lorsque le mur

    est en rotation par rapport sa base, et deuximement lorsque le mur se dplace par

    translation.

    Figure 2-12- Coefficient de pousse latrale des terres contre un mur vertical et position du

    point dapplication de la rsultante (selon Terzaghi 1936a). Distinction du mode

    de dplacement du mur

    Selon lui, la pousse des terres dpend de lintensit et du mode de dplacement du mur de

    soutnement. Lorsque le mur se dplace, la pousse diminue depuis la pousse au repos

    pour atteindre progressivement un plateau. La courbe exprimant lintensit de la pousse en

    fonction du dplacement varie selon le mode de dplacement admis pour le mur mais la valeur

    finale est identique pour les deux modes et correspond la pousse active de Rankine.

    Ce dernier rsultat peut tre montr dans le cas dun mur parfaitement lisse par la

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    41

    thorie de la plasticit. La position de la rsultante varie galement en fonction du mode

    de dplacement.

    Terzaghi introduit donc deux notions nouvelles, reprsentes sur la figure 2-13

    Premirement, la rponse du sol ne peut pas tre dcrite seulement par les deux tats de rupture

    active et passive. La pousse des terres varie entre ces deux valeurs en fonction du dplacement

    du mur. Il mentionne aussi que ltat actif est obtenu pour des dplacements

    relativement faibles alors que ltat passif ncessite des dplacements importants.

    Deuximement, le mode de dplacement du mur a une influence sur lintensit et la

    distribution des pousses. A ce sujet, il voque aussi quil existe une diffrence entre un

    mur de soutnement en maonnerie rigide et une paroi taye souple. La rigidit du sol et

    les conditions dappui de la structure ont une influence sur les pousses des terres contre la

    structure.

    Figure 2-13- Progrs raliss par Rankine et Terzaghi dans la perception

    de linteraction sol-structure

    Terzaghi crira ensuite un certain nombre douvrages de rfrence (dont Terzaghi 1951 et

    Terzaghi et al. 1996, 1re dition 1948), dans lesquels il applique ces principes pour valuer les

    pressions des terres sur diffrents types de soutnement.

    Lors de lapplication de diffrentes thories des cas pratiques (dont celles de Coulomb et de

    Rankine), il insiste sur le fait que les hypothses doivent tre justifies et vrifies,

    particulirement celles concernant les proprits du sol, la rugosit de la structure et

    ltat de dformation admis dans le sol (plastique ou non). Cela le conduit proposer des

    approches diffrentes suivant le type de structure dimensionner, en fonction de la rigidit et

    des conditions dappui de la structure. Il distingue ainsi, entre autres, les murs de soutnement,

    les blindages de fouilles et les parois ancres souples et rigides.

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    42

    2-2-1-5 Mthodes de Krey et Blum :

    Krey (rapport par Bica et Clayton, [1989]) a tabli les premires hypothses sur la rpartition

    des forces de pressions sur un cran encastr dans le sol et soumis un effort en tte.

    Il considre notamment que, pour la partie en fiche, la partie suprieure mobilise la bute

    devant lcran et la partie infrieure derrire lcran

    Figure 2.14a. La transition entre ces deux tats est suppose linaire. La hauteur en fiche

    est alors dtermine en crivant lquilibre en moments et en efforts de la paroi.

    Ces hypothses ont t reprises peu aprs par Blum [1931] qui suppose que la transition entre

    les tats dquilibre limite en fiche seffectue selon une rpartition plus nuance

    figure 2.14b, La pente du profil de pression au voisinage du point de rotation reste dterminer,

    mais Blum montre que le dimensionnement de louvrage dpend peu de la valeur de cette pente

    et que ladoption dun schma simplifi figure 2.14c, qui simplifie la rsolution

    mathmatique du problme, est suffisant pour dimensionner louvrage. Sur ce schma

    simplifi, les pressions du sol au-dessous du centre de rotation sont assimiles une force

    ponctuelle qui sapplique au niveau de ce dernier.

    Figure 2-14- Schma de calcul lquilibre limite adopt par Krey (a) et par Blum (b) et (c)

    Une tude paramtrique mene par Blum montre que ce schma simplifi conduit une

    sous-estimation de la fiche denviron 20%. Lextrapolation de ces rsultats aux crans

    de soutnement autostables, simplement encastrs, conduit Blum prconiser le

    dimensionnement de louvrage avec le diagramme simplifi en appliquant une majoration

    forfaitaire de 20% de la fiche ainsi calcule.

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    43

    2-2-2 Mthode du coefficient de raction : prenant en compte une certaine interaction sol-structure,

    Dans la plupart des cas, les ouvrages en parois moules dans le sol sont dimensionns partir

    de la mthode dite aux coefficients de raction (galement appele parfois mthode

    lastoplastique).

    Figure 2-15- Modlisation du comportement du sol p = k.y

    Figure 2-16- Schmatisation du comportement de parois simplement encastres dans le sol

    En France, la mthode du coefficient de raction a t utilise partir des annes 1970 et elle a

    t relativement vite intgre dans des logiciels spcialiss (Delattre, 2001).Le succs de cette

    mthode, particulirement en France, peut tre expliqu entre autres pays. Les rsultats de

    lessai pressiomtrique sont utiliss pour dterminer le coefficient de raction horizontal du sol,

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    44

    kh. La mthode de calcul aux coefficients de raction permet de dterminer les efforts et

    dformations dans un cran de soutnement fich dans le sol, aux diffrentes phases des

    travaux et dexploitation. La mthode repose sur une modlisation simplifie de laction du sol

    sur lcran : cette action est rduite, en chaque point de lcran, gauche et droite, une

    pression horizontale, lie au dplacement du niveau considr par une loi de raction. Les lois

    de raction utilises, couramment mais abusivement dsignes par le terme de

    lois lastoplastiques , sont des lois de mobilisation linaire avec paliers de pousse et de

    bute, dont le domaine pseudo-lastique est caractris par le coefficient de raction kh (Delattre

    et al. 2000). Lun des dfauts de cette mthode est la difficult de dterminer le coefficient de

    raction, qui nest pas un paramtre intrinsque du sol mais dpend non seulement de la nature

    du sol mais aussi de la gomtrie de lcran et du systme de support, entre autres. Des

    propositions pour sa dtermination ont t faites par Balay (1984), Monnet (1994), Schmitt

    (1995, 1998) et Simon (1995) pour ne citer que les principaux contributeurs. Pour de plus

    amples renseignements sur cette mthode, ses conditions d'application et la dtermination des

    paramtres de calcul, on pourra utilement se rapporter la note d'information technique du

    LCPC de Juillet 1984 intitule Recommandations pour le choix des paramtres de calcul des

    crans de soutnement par la mthode aux modules de raction.

    2-2-3 Mthode des lments finis : dveloppe partir des annes 1970, La mthode des lments finis est un outil trs gnral qui permet de trouver une solution

    numrique tout problme que lon peut dcrire laide dquations aux drives partielles sur

    un domaine fini. Diffrentes extensions permettent par ailleurs de prendre en compte des

    discontinuits spatiales ou temporelles des solutions recherches, des domaines dextension

    infinie, etc. Elle offre la possibilit

    de prendre en compte des modles de comportement trs sophistiqus, plus ralistes que ceux

    pris en compte par des mthodes plus traditionnelles, et il est donc naturel quelle ait suscit un

    grand intrt de la part des ingnieurs de la gotechnique et du gnie civil. Ainsi, aprs des

    premires applications aux barrages

    [Clough et Woodward, 1967], aux excavations

    [Chang et Duncan, 1970] et aux murs de soutnement [Duncan et Clough, 1971 ; Clough et

    Duncan, 1971], lutilisation de la mthode des lments finis pour le calcul des crans de

    soutnement a dbut dans les annes 1970 [Bjerrum et al. 1972 ; Egger, 1972 ; Clough et al.

    1972 ;

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    45

    Palmer et Kenney, 1972]. Ces premires analyses ont t suivies defforts importants pour

    examiner de manire systmatique les apports potentiels de la mthode des lments finis

    au calcul des ouvrages gotechniques en gnral et des ouvrages de soutnement en

    particulier [Duncan, 1994 ; Gens, 1995].la mise en uvre de la mthode et ont limit son

    emploi.

    Les mthodes de calcul traditionnelles prsentent en effet linconvnient majeur de ne traiter

    valablement que des formes douvrages trs particulires, pour lesquelles des solutions

    particulires ont t dgages [Delattre, 2002 ; Delattre et Marten, 2003]. Ainsi, pour ne citer

    que les limites demploi les plus videntes

    - La gomtrie du terrain ne peut tre prise en compte de faon rigoureuse que dans

    quelques configurations ; ainsi, les contraintes de pousse ou de bute du sol ne sont exprimes

    que pour les configurations douvrages dans lesquelles le terrain naturel est limit par un plan,

    horizontal ou inclin, les interfaces entre couches du sol sont parallles au terrain et louvrage

    connat une cinmatique particulire ;

    -Les interactions du soutnement avec dautres composantes de louvrage ne peuvent tre prises

    en compte que par un torseur deffort applicable au soutnement, ce qui ne permet pas de

    rendre compte des formes dinteraction complexes comme celles qui sont dues aux ouvrages

    avoisinants ;

    la modlisation dun soutnement au voisinage dune fondation, dun tunnel ou dun autre

    soutnement reste ainsi inaccessible aux mthodes traditionnelles. De la mme faon,

    linteraction du soutnement avec dautres composantes de louvrage, comme des murs en

    retour, par exemple, reste toujours laborieuse ;

    - La modlisation de linteraction du sol avec la structure reste insuffisamment explicite et fait

    appel des notions qui restent largement discutes, telles que le coefficient de raction.

    Figure 2-17- relations mises en jeu par la modlisation des crans de soutnement

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    46

    2-2-4 Mthodes empiriques et semi-empiriques : sappuyant sur un rfrentiel qui tient compte du comportement observ des ouvrages,

    En Allemagne, la mthode du coefficient de raction est rarement applique dans

    lingnierie quotidienne. La mthode de calcul utilise habituellement pour le dimensionnement

    des crans de soutnement est de type semi-empirique. La pousse est calcule analytiquement

    daprs la norme DIN 4085 (1987), qui sappuie sur les rgles classiques de Coulomb et

    Rankine. Sil est probable que les mouvements du soutnement attendus natteindront pas les

    mouvements ncessaires pour activer ltat limite de la pousse (paroi rigide, tirants pr-

    contraints), la norme DIN se rfre aux recommandations de lEAB4 (1994) et demande la

    prise en compte dune pousse majore . Dans un deuxime temps, la pousse est

    redistribue selon le type de soutnement et les conditions dappui. La figure 2.18 montre

    la redistribution de la pousse pour des crans continus, cest dire des rideaux de palplanches,

    des parois moules ou des parois de pieux fors (qui, contrairement aux parois berlinoises,

    forment tous un cran continu en fiche). Ces diagrammes ont t tablis laide de nombreuses

    donnes exprimentales, provenant lorigine principalement de chantiers de mtro. ct de

    lEAB, il existe dautres recommandations nationales, par exemple lEAU (1996) relatif aux

    ouvrages de rives, ainsi que des recommandations locales (par exemple les Stadtbahn-

    Richtlinien Francfort-sur-le-Main). Une fois les sollicitations dtermines, les efforts dans

    lcran sont calculs en considrant lcran comme une poutre, appuye dune part sur la bute

    et dautre part sur les appuis. Lors de ces calculs, il est possible de considrer la partie en fiche

    comme un systme appuy sur des ressorts, linstar de la mthode du coefficient de raction

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    47

    (Figure 2-18- Figures de redistribution pour des rideaux de palplanches et des parois en bton coul en place donnes par les rgles

    EAB (3me dition, 1994).

    Les notions signifient : eh = pousse horizontale, e tant la notation pour Erddruck

    en allemand eho, ehu = pousses maximale et minimale, o = oben (haut) et u = unten (bas) H = profondeur de la fouille H=

    hauteur de la pousse effective jusquau point dintersection obtenu par la diffrence pousse moins bute effective u = partie de

    Hen dessous du fond de la fouille hk = niveau de lappui ze = point dapplication de la force rsultante de la pousse

    La flche pointille en fiche symbolise la rsultante de la bute effective.

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    48

    2-2-5 Mthodes de calcul de ltat limite ultime : fondes sur des thories de plasticit.

    Plusieurs mthodes permettent de calculer les crans de soutnements ltat limite

    ultime

    O le rideau est ancr en tte et simplement but en pied

    O le rideau nest pas ancr en tte, mais rsiste uniquement par un bon

    encastrement dans le sol de fondation.

    Travaux de Brinch Hansen (1953)

    2-2-5-1 Rideau ancr, simplement but en pied (BUTEE SIMPLE) :

    La plus immdiate des mthodes de calcul des crans de soutnement, et probablement la

    premire pour le dimensionnement des crans de soutnement, tels les rideaux de palplanches,

    s'est inspire de la thorie des murs de soutnement rigides.

    Hypothses

    Dans cette approche,

    Le rideau ou cran de soutnement est suppos rigide ;

    Il est soumis aux forces de pousse et bute de Rankine ;

    Le pied est libre de se dplacer, la tte tourne autour de l'ancrage.

    Dans cette situation, le mcanisme de rupture est celui d'une rotation autour du point d'ancrage.

    Figure 2-19- Mcanisme de rupture d'un cran simplement but, d'aprs Delattre (2001)

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    49

    Figure 2-20 - Cinmatique d'un cran rigide ancr et distribution rsultante des pressions

    (Cas dun terrain frottant homogne).

    A la rupture, le mur est en rotation autour de l'ancrage (ou tirant), plac proximit du haut du

    rideau. On peut donc considrer qu'il y a mobilisation complte des pressions des terres

    passives d'un ct du mur et actives de l'autre : on parle alors de rideau ancr et simplement

    but en pied. La figure 2-19 montre la rpartition de la pression des terres.

    On notera qu'en pratique le tirant n'est pas tout en haut de la paroi, par consquent, la partie de

    sol au dessus du tirant n'est pas en pousse. Cependant, Fourrie et Potts (1988)

    ont tudi numriquement l'influence de la position de l'ancrage et en ont conclu

    que l'hypothse de mobilisation totale des pressions actives (ou pousse) des terres reste

    acceptable si le tirant est situ dans le tiers suprieur de l'excavation.

    Le problme se rsout en crivant :

    l'quilibre horizontal en force : T + F p =F a

    la nullit du moment autour de l'ancrage : F a [2/3(H +d) B ]=F p [2/3d + H B]

    avec les rsultantes de pousse des terres F a = Ka '(D+H)2/2 et F p= K p 'D2 /2

    Le problme est statiquement dtermin : l'quation en moment est un polynme de 3 degr en

    D avec une seule racine relle positive. L'quilibre horizontal des efforts permet ensuite le

    calcul de la force T appliquer au tirant.

    Cas de la prsence d'eau :

    Nous avons jusqu'ici suppos implicitement que le matriau tait sec. Dans le cas ou de l'eau est

    prsente dans le massif, le calcul doit la prendre en compte.

    La stabilit de l'ouvrage se calcule alors en incluant les efforts dus l'eau et calculs

    sparment, comme indiqu sur la figure 2-21. S'il y a coulement d'eau dans le massif, il

    faudra commencer par rsoudre le problme hydraulique

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    50

    Figure 2-21- Cas de l'cran en prsence d'eau (adapt de Potts)

    2-2-5-2 Rideau non ancr en tte et encastr en pied :

    Un rideau non ancr, battu dans un sol pulvrulent, subit une rotation autour dun point O situ

    dans sa partie en che. La gure 2-22 montre les dplacements du rideau et les efforts normaux

    correspondants. Le calcul est fait par la mthode de Rankine, partir des hypothses

    simplicatrices suivantes (gure 2-23) :

    Le sol des deux cts du rideau, au-dessus du point de rotation O, est en tat dquilibre

    limite ;

    Les efforts de contrebute sont quivalents une force horizontale Fc applique au

    niveau du centre de rotation O.

    On prend gnralement une hauteur de contrebute gale 20 % de la hauteur de bute z0

    Cela rduit les inconnues du problme au nombre de deux :

    la hauteur de bute Z0 ;

    la force de contrebute Fc.

    Elles peuvent alors tre calcules par les quations de la statique traduisant lquilibre du

    rideau. La valeur de Z0 est dtermine en crivant lquilibre des moments autour du point O,

    ce qui donne une quation du troisime degr en Z0 , analogue celle donnant la valeur de

    la che D par la formule

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    51

    Figure 2-22 Calcul ltat limite dun rideau encastr, non ancr (sol pulvrulent)

    Figure 2-23 Hypothses admises pour le calcul dun rideau non ancr

    La che du rideau a alors pour expression :

    La force de contre-bute Fc sobtient en crivant quen projection horizontale la rsultante

    gnrale des forces sexerant sur le rideau est nulle, soit :

    Pour tenir compte dun coefcient de scurit par rapport lquilibre limite ainsi

    calcul, on considre que la moiti de la bute est mobilise, ce qui, dans les calculs,

    conduit remplacer Kp par 1/2 Kp . Il est alors possible de dterminer la valeur maximale du

    moment chissant dans le rideau partir du diagramme des pressions de gure 2-23, et de

    choisir un type de palplanche dinertie convenable.

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    52

    2-2-5-3 Travaux de Brinch Hansen (1953) :

    Jusqualors, la dmarche adopte pour le dimensionnement des ouvrages de

    soutnement, quil bas sur des mthodes thoriques ou semi-empiriques, fait intervenir la

    structure dans une seconde tape aprs avoir estim les pressions de contact auxquelles elle est

    soumise.

    Celles-ci sont dans certains cas values sur la base dobservations faites ltat de

    service, lorsque les dplacements de la structure sont relativement faibles et que le sol est

    proche dun tat au repos. La vrification de la scurit structurale du mur ou de la paroi de

    soutnement est donc effectue sur la base dhypothses qui ne sont pas forcment

    vrifies lors dune rupture par dfaillance interne de la structure. La cinmatique avec

    laquelle sont dtermines les pressions de contact nest en effet pas

    forcment compatible avec les modes de rupture de la structure. Ceci est

    particulirement le cas pour les parois tayes ou ancres pour lesquelles diffrents

    modes de rupture peuvent tre envisags : rupture dun tai ou dun ancrage, rupture de la

    paroi par flexion ou par effort tranchant, rupture globale par glissement, . La

    cinmatique de rupture dans le sol et les pressions de contact diffrent par consquent selon le

    mode de rupture considr.

    Brinch Hansen propose en 1953 une mthode gnrale, systmatique et innovante pour

    valuer la pousse des terres contre des ouvrages de soutnement en tenant compte de la

    cinmatique de rupture du systme sol-structure (Brinch Hansen 1953).

    Figure 2-24- Modes de rupture possibles pour une paroi ancre et fiche avec ou sans formation de rotules plastiques

    dans la structure (figure tire de Steenfelt et al.1981)

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    53

    Le calcul de lintensit et de la distribution des pressions de contact contre une paroi de

    soutnement est effectu en fonction du mode de rupture admis pour la structure. Dans une

    premire tape, la mthode consiste construire un mcanisme de rupture dans le sol, appel

    figure de rupture et compos de lignes de rupture, de surfaces ou zones de rupture et de zones

    lastiques, qui est compatible avec le mode de rupture de la structure. Par certaines

    simplifications, Brinch Hansen propose ensuite une dmarche systmatique, base sur les

    conditions dquilibre, pour dterminer les pressions de contact contre les diffrentes parties

    de la paroi. La figure 2-24, tire dun article faisant rfrence la mthode de Brinch

    Hansen, prsente diffrents modes de rupture possibles pour une paroi ancre et fiche.

    Un fait intressant est que selon Brinch Hansen, le mode de rupture peut tre choisi

    lors dun dimensionnement. Ceci est normalement vrai pour une solution statiquement

    admissible au sens de la thorie de la plasticit. La mthode de Brinch Hansen ne remplit

    cependant pas rigoureusement les conditions requises par cette thorie.

    Brinch Hansen est le premier intgrer directement le comportement de la structure la ruine

    dans le calcul des pousses des terres. Il assure ainsi une compatibilit cinmatique

    entre le sol et la structure ltat limite ultime, ce qui conduit une reprsentation

    plus raliste du comportement du systme sol-structure. Linteraction sol-structure joue

    donc un rle prpondrant dans son approche.

    Par contre, cette mthode qui se base sur des considrations la rupture fait partie de la

    catgorie des mthodes dquilibre limite. Elle ne renseigne pas sur les tats

    intermdiaires et les dplacements ncessaires pour atteindre ltat de rupture admis ne peuvent

    pas tre valus.

    2-3 Les mthodes actuelles :

    Les mthodes utilises actuellement reposent toutes sur les hypothses tablies par Krey puis

    par Blum. Elles se sont par la suite diffrencies selon la pratique et lintrt que les diffrents

    praticiens leur ont portes. Ainsi, si les mthodes franaises nont pas volu depuis

    leur tablissement, les mthodes anglo-saxonnes ont connu quelques dveloppements, la

    thorie de lquilibre limite restant trs prise par les gotechniciens de ces pays. Le

    prsent paragraphe prsente donc les deux mthodes franaises et les derniers

    dveloppements des mthodes anglaises et amricaines.

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    54

    La premire mthode franaise est celle rapporte par Josseaume [1974]. Elle suppose

    un diagramme des pressions rparties comme indiqu sur la figure 2-25a. La hauteur sur

    laquelle sexercent les efforts de contrebute est gale 20 % de la hauteur de bute f0. Ces

    efforts de contrebute sont ramens un effort ponctuel C appliqu au niveau du point de

    rotation O.

    Lcriture des quations dquilibres en forces et en moments selon ce schma conduit la

    rsolution dun systme de deux quations o he et f0 sont les inconnus. Ces mmes quations

    conduisent la dtermination de leffort de contrebute C ainsi quau moment de flexion dans

    la paroi.

    La seconde mthode franaise est luvre de Houy [1976]. Elle repose sur le mme schma

    dquilibre mcanique et consiste dterminer la fiche et le moment maximal partir

    dabaques de dimensionnement fonctions respectivement de langle de frottement interne et du

    moment de flexion au niveau du fond de fouille. Ces deux mthodes conduisent

    sensiblement aux mmes rsultats.

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    55

    Figure 2-25- Mthodes classiques de dimensionnement des parois autostables lquilibre limite

    La mthode anglaise, rapporte par Padfield et Mair [1984], repose sur le diagramme

    de pressions prsent sur la figure 2-25b. Elle se diffrencie des mthodes franaises par

    la forme du diagramme de pressions et notamment par la prise en compte complte de

    la contrebute. La condition dquilibre limite est dfinie par la hauteur en fiche d juste

    ncessaire pour assurer lquilibre de la paroi et par les coefficients Ka et Kp. La

    hauteur dexcavation limite hl est alors dfinie par lexpression suivante :

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    56

    La mthode amricaine repose sur lhypothse de base de Krey et considre une rpartition

    linaire des pressions comme indiques sur la figure 2-25c. Le calcul repose sur la

    dtermination de la hauteur en fiche d pour une hauteur libre he donne. La rsolution passe par

    la dtermination de quatre inconnues : y, d, q1 et q2. Deux quations sont issues de

    lquilibre de la paroi. Les deux autres quations sont dfinies en faisant lhypothse que (i) la

    bute limite est pleinement mobilise sous le fond de fouille (le gradient de la pente

    du diagramme est alors (Kp-Ka)) et (ii) la valeur de q2 est suppose maximale et gale la

    bute sur la hauteur totale de lcran moins la pousse sur la partie en fiche.

    La mthode de King est une adaptation de la mthode amricaine gnrale. La bute

    nest plus pleinement mobilise dans la partie en fiche, les valeurs de P1 et P2 sont

    alors indpendante de Ka et Kp. Elles sont par contre lies lune lautre par les

    relations entre triangles similaires. La quatrime inconnue est alors dfinie par et

    dtermine partir dabaques que King a tablis partir dessais exprimentaux sur modles

    rduits centrifugs [King & McLoughlin, 1992].

    Les mthodes prsentes ici ne prennent pas en compte lintroduction des coefficients

    de scurit qui sont gnralement laisss lapprciation du projeteur et varient selon les pays.

    Les rgles usuelles prconisent le plus souvent de majorer la hauteur en fiche (de 20 ou 30%),

    de rduire le coefficient de bute ou la bute totale.

    2-4 Conclusion :

    Nous n'aspirons pas ici tirer des leons gnrales sur le dimensionnement des ouvrages de

    soutnement que nous avons dcrits, ni dclarer qu'une des mthodes est la bonne . Nous

    nous contenterons modestement de refermer cette introduction par quelques remarques

    conclusives :

    La mthode aux coefficients de raction, mthode aujourdhui la plus utilise, semble

    montrer ses limites. Les avances faites sur la dtermination des paramtres, et

    notamment du coefficient de raction, ne peuvent masquer le manque de fondement thorique

    de la mthode. Son utilisation est justifie essentiellement par le fait que les sollicitations

    issues du calcul sont gnralement surabondantes et conduisent ainsi un supplment de

    scurit ( lexception notable de certains ouvrages butons).

  • CHAPITRE 02 LES METHODES DE DIMENSIONNEMENT DES ECRANS

    57

    Cette mthode prsente l'avantage de pouvoir tre utilise pas pas en menant un calcul

    pour chaque tape de la construction. Elle permet donc d'intgrer l'historique de la ralisation.

    La mthode des lments finis semble la mthode la mieux approprie ltude

    des problmes de soutnement. Elle permet de modliser le comportement de lensemble

    des lments intervenant dans le comportement de louvrage (sol, cran, eau, surcharges)

    ainsi que les diffrents couplages entre ces lments.

    La mthode de Blum suppose un encastrement et donc des fiches plus longues. En

    pratique, elle fournit en effet des valeurs de fiches plus importantes que dans le cas du rideau

    simplement but, mais avec des valeurs de moments maximums moins importantes, ce qui se

    traduit par des profils mtalliques plus lgers.

    La diversit des mthodes de dimensionnement et des rsultats qu'elles fournissent doit

    rappeler au concepteur d'ouvrage qu'elles ne sont pas des recettes exactes dont l'application

    scrupuleuse serait suffisante.