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Elles ont conquis les cœurs F ARID A BDELOUAHAB ARTHAUD

Muses

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Un beau livre sur les muses qui ont inspiré les plus grand artistes du siècle

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Elles ont conquis les cœurs

FARID ABDELOUAHAB

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Prix France : 40 € ISBN : 978-2-0812-3786-5

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L ou Andreas-Salomé, Yvonne Printemps, Gala, Dora Maar, Marlene Dietrich, et bien d’autres… Aussi différents que leurs destins aient pu être, toutes auront eu en commun

de susciter une véritable passion chez les plus grands artistes des xixe et xxe siècles, et d’influencer les œuvres de leur Pygmalion, qu’il soit peintre, écrivain, ou photographe.

L’artiste et sa muse forment un couple indissociable, et l’alliance de ces destins croisés fascine. Farid Abdelouahab brosse ici quelque vingt-cinq portraits de femmes qui, par leur tempérament, leur beauté, leur talent, leur magnétisme, ont subjugué des génies, permettant ainsi la création de certaines des plus grandes œuvres des deux derniers siècles.

Farid Abdelouahab, écrivain, historien de l’art et commissaire d’expositions, a publié une vingtaine de beaux livres, parmi lesquels Anita Conti photographe et Ces merveilleux carnets de voyages.

George Sand

Mary, Lizzie, Jane

Jeanne Duval

Louise Colet

Virginia de Castiglione

Alice

Apollinaria Souslova

Élisabeth Greffulhe

Marie de Régnier

Alma Mahler

La Goulue

Dagny Juel

Lou Andreas-Salomé

Annie, Marie, Louise,

Madeleine, Jacqueline

Yvonne Printemps

Lili Brik

Gala

Dora Maar

Assia

Kiki

Marlene Dietrich

Nancy Cunard

Tina Modotti

Lee Miller

Renée Perle

Dina Vierny

Giulietta Masina

En couverture : Renée à Juan-Les-Pins, mai 1930. Photographie de J.-H. Lartigue.Au dos : © collection Centre Pompidou, dist. RMN / Philippe Migeat / Man Ray Trust / Adagp, Paris.

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ARTHAUD

© Flammarion, Paris, 201187, quai Panhard-et-Levassor

75647 Paris Cedex 13

Tous droits réservésISBN : 978-2-0812-3786-5

n° d’édition : L.01EBNN000202

Elles ont conquis les cœurs

Farid abdelouahab

Mary, Lizzie, Jane, les Béatrice de Rossetti 14

George Sand, inspiratrice de Balzac 24

Jeanne Duval, la nonchalante de Baudelaire 26

Louise Colet, la muse-fétiche de Flaubert 34

Virginia de Castiglione, muse d’elle-même 36

Alice, l’amie-enfant de Lewis Carroll 44

Apollinaria Souslova, la muse nihiliste 52

Élisabeth Greffulhe, modèle de la Recherche… 54

Marie de Régnier, la muse promise de Pierre Louÿs 56

Alma Mahler, l’épouse des Arts 64

La Goulue, la muse cancan de Lautrec 66

Dagny Juel, l’égérie du Cochon Noir 76

Lou Andreas-Salomé, sainte mère protectrice et âme sœur de Rilke 78

Annie, Marie, Louise, Madeleine, Jacqueline, les muses d’Apollinaire, le mal-aimé 88

Yvonne Printemps, le diamant de Guitry 96

Lili Brik, la muse-mentor de Vladimir Maïakovski 108

Gala, la dulcinée de Dalí 116

Dora Maar, la reine captive de Pablo Picasso 128

Assia, le nu des années 1930 138

Kiki, la reine de Montparnasse 140

Marlene Dietrich, dans le creuset de Josef von Sternberg 152

Nancy Cunard, la sirène d’Aragon 164

Tina Modotti, la muse douce-amère d’Edward Weston 174

Lee Miller, l’ange-démon de Man Ray 184

Renée Perle, le jardin fleuri de Lartigue 198

Dina Vierny, la beauté archaïque selon Maillol 210

Giulietta Masina, le clown triste de Fellini 222

« Et l’Éternel fémininToujours plus haut nous attire… »

Goethe, Faust II

quand remonte cette fascination toute masculine à la croisée du désir et de l’admiration, cet envoûtement pour la valorisation symbolique de la femme ?Il n’est pas impossible qu’un tailleur de marbre de la Grèce antique se trouvât sous la forte inspiration d’une jeune fille de sa connaissance lors de l’exécution d’une Aphrodite, passant outre la destination cultuelle et sacrée de son œuvre. Il est vrai qu’en ces âges gouvernés par des dieux athlétiques, les neuf muses compagnes d’Apollon – ou les dix, si l’on compte Sapho de Lesbos, comme le recommande Platon – ne chômaient pas : descendant du sommet de l’Hélicon avec tambours et trompettes, pourrait-on dire, leur rôle de médiatrices exigeait de promptes interventions auprès des poètes et musiciens, comédiens et rapsodes. L’influence de ces filles de Mnémosyne – la mémoire –, enfantées après neuf nuits d’amour inoubliables avec Zeus, a perduré jusqu’au xxe siècle. Comme en d’autres pays, les grands poètes de la littérature française, sous le joug du modèle antique, se sont placés durant des siècles sous la lumière de leurs auspices : Joachim du Bellay, Voltaire, Alphonse de Lamartine, Victor Hugo, Paul Claudel pour ne citer que ceux-là, tandis qu’Arthur Rimbaud, l’insoumis, écrivait dans Ma Bohème, à l’âge de seize ans : « J’allais sous le ciel, Muse ! Et j’étais ton féal. » De même, aucun grand courant de l’histoire de la peinture ne manqua cet incontournable sujet. Mais les muses sont tombées, comme bien d’autres divinités, de leurs montagnes paradisiaques. En réaction contre l’art académique et plongeant leurs pinceaux dans les couleurs du quotidien et des temps modernes, animés par l’authenticité du réalisme et la vérité de l’intime, ou bien par les paysages fantastiques des rêves et de l’inconscient, les membres des avant-gardes ont refusé leurs odes, et leurs chants se sont tus. Les peintres impressionnistes, Degas et Bonnard avec leurs femmes attitrées, ou Édouard Manet avec Victorine Louise Meurent ou la comédienne Ellen Andrée, ceux venant du cubisme, Picasso avec ses femmes ou bien les surréalistes, Dalí ou Man Ray, élisent leurs compagnes comme muses et modèles. Ainsi, les femmes qui partagent leur vie ou bien celles de passage sont, un temps, placées au pinacle de la splendeur féminine. On connaît d’autres exemples d’épouses de peintres qui jouèrent, jadis, le rôle de modèle privilégié. Ainsi Saskia Van Uylenburgh, la première femme de Rembrandt, le fut à maintes reprises autant que la seconde, Hendrickje

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Portrait de Gala intitulé Les Noms de ma femme. Cette photographie de Man Ray, datée de 1927, a été recouverte cinq ans plus tard à l’encre de Chine par l’écriture de Salvador Dalí, devenant le lieu d’une apologie féminine. On distingue au centre de l’image une citation de Paul Éluard, qui fut le premier grand amour de Gala.

À

George Sand

Dépourvue d’un pécule suffisant, elle doit travailler. Elle s’essaie d’abord au dessin, mais c’est l’écriture qui lui apportera le succès, puisque son livre Rose et Blanche – coécrit avec son amant sous le pseudonyme commun de J. Sand – est bien accueilli (ils avaient déjà publié ensemble Le Commissionnaire, sous le nom d’Alphonse Signol). C’est seule qu’elle fait paraître l’année suivante, sous la signature de George Sand, un épais roman : Indiana. Comme d’autres, un critique de l’hebdomadaire satirique illustré La Caricature, un certain Honoré de Balzac, s’enthousiasme à son propos : « Ce livre-là est une réaction de la vérité contre le fantastique, du temps présent contre le Moyen Âge, du drame intime contre la tyrannie du genre historique… Je ne connais rien de plus simplement écrit, de plus délicieusement conçu. » Balzac se lie d’amitié avec le couple et admire véritablement George Sand, même si tout les sépare. Il vient la visiter à Nohant – propriété qu’elle a réussi à récupérer lors de son divorce – quelques jours, en 1838, et s’en retourne avec l’idée de se lancer, grâce à elle, dans la rédaction de Béatrix, prenant exemple sur l’histoire de Mme d’Agoult et de Liszt, qui faisaient partie de son entourage. L’ouvrage sortira à la fin de l’année suivante, mettant en scène deux figures féminines. La première est celle de la blonde marquise de Rochefide, dont le roman porte le prénom, tandis que George Sand va fortement inspirer la seconde, la libre et indépendante Félicité des Touches. En 1837, Balzac avait eu l’idée de raconter l’histoire de Parisiens en province et d’une provinciale montant à Paris qui deviendra, en 1843, La Muse du département. La figure de George Sand détermine celle, posée en négatif, de la comtesse Dinah de La Baudraye, passionnée de littérature et auteur de poésie à ses heures. Balzac écrit au début de son livre, lui rendant un mordant hommage : « On pourrait dire que George Sand a créé le sandisme, tant il est vrai que, moralement parlant, le bien est presque toujours doublé d’un mal. Cette lèpre sentimentale a gâté beaucoup de femmes qui, sans leurs prétentions au génie, eussent été charmantes. Le sandisme a cependant cela de bon que la femme qui en est attaquée faisant porter ses prétendues supériorités sur des sentiments méconnus, elle est en quelque sorte le bas-bleu du cœur : il en résulte alors moins d’ennui, l’amour neutralisant un peu la littérature. Or l’illustration de George Sand a eu pour principal effet de faire reconnaître que la France possède un nombre exorbitant de femmes supérieures… » En 1842, Balzac lui dédie ses Mémoires de deux jeunes mariées, tandis qu’elle signera, après sa mort, une préface élogieuse de La Comédie humaine.

Après un mariage sans grand relief avec Casimir Dudevant et une vie maussade avec leurs deux enfants, à Nohant, dans le Berry, Aurore – née Amantine Aurore Lucile Dupin, en 1804 – décide en 1831 de s’installer à Paris avec son amant, Jules Sandeau.

Inspiratrice de Balzac

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À gauche :Portrait de George Sand en costume d’homme, dessin, vers 1830. Dans La Muse du département (1843), Honoré de Balzac écrit à propos de l’influence de la jeune femme : « Quand, après la révolution de 1830, la gloire de George Sand rayonna sur le Berry, beaucoup de villes envièrent à La Châtre le privilège d’avoir vu naître une rivale à madame de Staël, à Camille Maupin, et furent assez disposées à honorer les moindres talents féminins. Aussi vit-on alors beaucoup de Dixièmes Muses en France, jeunes filles ou jeunes femmes détournées d’une vie paisible par un semblant de gloire ! » Ci-dessus : Une biographie en image de George Sand, datée de 1864 ; le portrait central est de Félix Nadar et les caricatures de Carlo Gripp. L’auteur, libre et excentrique, fut souvent raillée par ses contemporains.

Virginia de Castiglione, muse d’elle-même

La plus jolie femme d’EuropeVirginia Oldoïni est née à Florence en 1837 : une date qu’elle tentera de maquiller plus tard pour contrecarrer les inéluctables effets du temps… Après une enfance sans bonheur, cette fille de marquis diplomate se marie très jeune avec le comte François Verasis de Castiglione, en 1854. Le comte Walewski, fils naturel de Napoléon Ier, lui avait parlé d’elle comme de « la plus jolie femme d’Europe ». Le couple s’installe à Turin, où la jeune femme fait grande impression dans la haute société qu’elle fréquente, comme le remarque la marquise d’Azeglio : « La comtesse a eu un début mirobolant à Turin. On courait pour la voir, on faisait foule sous la loge, on se pâmait, enfin c’était un événement. » Consécration de ce succès, on la présente en janvier 1855 à Victor-Emmanuel II, roi de Sardaigne, avec qui elle va connaître quelque intimité. Alors que son couple bat déjà de l’aile et que la fortune de son pourtant très riche mari commence à fondre devant ses caprices grandioses, la comtesse de Castiglione entame une vie adultérine assez animée. Virginia a pour cousin le comte Camille de Cavour. Depuis quelques années, celui-ci occupe le poste de président du Conseil, dont le ministère s’évertue à réaliser la construction de l’unité italienne et à hisser le pays au rang de puissance européenne. Afin de parfaire ce dessein, l’appui de Napoléon III est indispensable. Cavour et le roi décident d’envoyer Virginia à Paris, au début de l’année 1856 : fleuron des beautés piémontaises, elle doit soutenir leur cause « par tous les moyens », selon l’expression du premier. Une sorte de mission diplomatique déguisée en forme de prostitution d’État, en somme… Quand elle débarque à Paris avec son époux (logeant non loin des Tuileries, dans la rue qui portait déjà leur nom !), la comtesse est précédée d’une réputation qui fait d’elle une diva du grand monde. Elle est considérée comme un phénomène de cour. Ce qui va justement l’aider à pénétrer celle de l’empereur de France, qui l’abordera au bout de quelques semaines seulement, lors d’un bal de six mille invités… « L’Empereur est venu me parler, puis tout le monde regardait et sont [sic] venus me voir. Je riais… », écrit-elle dans son journal. Attiré par les éblouissants appâts de la belle, le poisson impérial a mordu de son propre chef à l’hameçon. Dès lors, la relation ne va cesser de se resserrer, de bals en réceptions, où Virginia apparaît dans des toilettes chaque fois nouvelles, qu’elle conçoit elle-même, plus originales les unes que les autres, à la grande consternation de ses rivales. Un témoin écrit qu’elle avait des seins qui jetaient « un défi à toutes les femmes ». Elle exerce en tout cas un magnétisme indéniable auprès des hommes, qui tombent pour la plupart sous le charme, voire en

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Page 36 :La comtesse Verasis de Castiglione se met en scène avec l’assistance du photographe Pierre-Louis Pierson au début des années 1860. Son contemporain Pierre-Antoine Berryer écrivait sans retenue « que ni le port éclatant de la comtesse de Castiglione, ni son étrange beauté parfaite, ni sa jeunesse fleurie, ni sa situation exceptionnelle à travers l’univers, ni ses lèvres superbes, ni ses yeux flamboyants ou tristes, ne disent tout ce qu’il y a en elle d’esprit, d’intelligence, de bonté, de cœur et de rare pénétration… » À gauche : Photographie de Pierre-Louis Pierson, vers 1865. Le regard sur soi-même, l’égocentrisme et le narcissisme sont au cœur des passions qui entraînèrent la chute de la comtesse.

Alors que la jeune actrice Giulia Anna Masina se trouve en pleine conversation avec Cesar Cavallotti, producteur de l’émission radiophonique dans laquelle elle joue, un jeune homme brun, svelte, souriant et de grande taille, pénètre à l’improviste dans le bureau. Nous sommes à Rome, dans le courant de l’automne 1942. Élégant dans son costume sombre sous un long imperméable, Federico Fellini porte des cheveux qui lui tombent sur la nuque et un chapeau mou à la main. Le scénariste remarque la douceur angélique du visage de celle qui va bientôt se faire appeler définitivement Giulietta. Mais elle ne semble pas succomber immédiatement au charme de Fellini. Elle le connaît sans l’avoir jamais rencontré, puisqu’elle interprète quelques-uns de ses textes humoristiques. Quelques jours plus tard, il prend son téléphone et lui demande une photographie. Celle-ci doit officiellement servir à lui décrocher un rôle dans un film dont il a écrit le script, C’est tous les jours dimanche, dont l’histoire met en scène deux jeunes mariés – le thème du jeune couple est récurrent au début de sa carrière… Rendez-vous est pris : via delle Botteghe, en plein centre-ville. Arrivé en retard, Fellini,tout juste sorti de sa période bohème – il a maintenant les poches pleines –, l’invite à déjeuner dans un somptueux restaurant.

Le clown triste de Fellini

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Prix France : 40 € ISBN : 978-2-0812-3786-5

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L ou Andreas-Salomé, Yvonne Printemps, Gala, Dora Maar, Marlene Dietrich, et bien d’autres… Aussi différents que leurs destins aient pu être, toutes auront eu en commun

de susciter une véritable passion chez les plus grands artistes des xixe et xxe siècles, et d’influencer les œuvres de leur Pygmalion, qu’il soit peintre, écrivain, ou photographe.

L’artiste et sa muse forment un couple indissociable, et l’alliance de ces destins croisés fascine. Farid Abdelouahab brosse ici quelque vingt-cinq portraits de femmes qui, par leur tempérament, leur beauté, leur talent, leur magnétisme, ont subjugué des génies, permettant ainsi la création de certaines des plus grandes œuvres des deux derniers siècles.

Farid Abdelouahab, écrivain, historien de l’art et commissaire d’expositions, a publié une vingtaine de beaux livres, parmi lesquels Anita Conti photographe et Ces merveilleux carnets de voyages.

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Mary, Lizzie, Jane

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Nancy Cunard

Tina Modotti

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Renée Perle

Dina Vierny

Giulietta Masina

En couverture : Renée à Juan-Les-Pins, mai 1930. Photographie de J.-H. Lartigue.Au dos : © collection Centre Pompidou, dist. RMN / Philippe Migeat / Man Ray Trust / Adagp, Paris.

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