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HISTOIRE CAHIERS DU QUBEC Marcel Trudel Mythes et ralits dans lhistoire du Qubec Tome Extrait de la publication

Mythes r1alit1s l2histoire Qu1bec...Mythes et réalités dans l’histoire du Québec. Tome 2 Michel Bock Quand la nation débordait les frontières Les minorités françaises dans

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Infatigable, Marcel Trudel poursuit son étude du Québec.Grâce à plus d’un demi-siècle de recherches et à sa riche

expérience, il continue d’interpréter, de rectifier, ou toutsimplement de nous faire redécouvrir certains événementsméconnus de l’histoire du Québec.

Dans ce quatrième tome, l’historien s’attaque notamment à :la politesse des Québécois vue par les étrangers ; l’impact desofficiers anglais logeant chez un curé ; la morale du XVIIe siècle enpratique au début du XXe ; la censure dans les années 1940 ; la vieet la mort du latin au Québec ; la dispersion des enfants d’une

même famille aux quatre vents. Enfin,monsieur Trudel nous offre un sottisier dece que certains historiens ont pu rapportersur le Québec.

À propos des Mythes et réalités…

«[Ces] textes sont de véritables bijoux deconcision et de vulgarisation scientifique.»

Bernard Arcand

«Ce livre m’a plus d’une fois fait sortirde mes gonds [...]. Je demeure un fan deMarcel Trudel. »

Michel Vastel

«Auteur d’une œuvre monumentale et essentielle, Marcel Trudelest depuis longtemps passé maître dans l’art du travail historiquerigoureux et original. »

Louis Cornellier

MARCEL TRUDEL est l’auteurd’une quarantaine de volumes

sur l’histoire du Canada, notam-

ment la série des Mythes et réa-

lités dans l’histoire du Québec.

Professeur émérite de l’Univer-

sité d’Ottawa et membre de

l’Académie canadienne-française,

Marcel Trudel a vu son œuvre

être honorée de nombreux prix.

Mythes et r1alit1s dans l2histoire duQu1becTome 4

HISTOIRECAHIERS DU QU0BEC

Marcel Trudel

Mythes et r1alit1s dansl2histoire duQu1bec

Tome 4

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CQ 151

Mythese

tr1alit1s

dans

l2histoire

duQu1bec

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CQ 151 www.hurtubisehmh.comISBN : 978-2-89647-177-5

19,95 $

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Cahiers du QuébeC

Collection dir igée par dominique Garand

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Déjà parus dans la même collection :

Fernand Ouellet Éléments d’histoire sociale du Bas-Canada

L’Hôtel-Dieu de Montréal (en collaboration)

Jean-Louis Roy Édouard-Raymond Fabre libraire et patriote canadien, 1779-1854. Contre l ’isolation et la sujétion

Nadia F. Eid Le Clergé et le Pouvoir politique du Québec

Georges Vincenthier Une idéologie québécoise de Louis-Joseph Papineau à Pierre Vallières

Micheline D’Allaire Montée et déclin d’une famille noble : les Ruette d’Auteuil (1617-1737)

Marcel Trudel Catalogue des immigrants 1632-1662

Micheline D’Allaire Les Dots des religieuses au Canada français, 1639-1800

Michel Grenon et al. L’Image de la Révolution française au Québec

Marcel Trudel Dictionnaire des esclaves et de leurs propriétaires au Canada français

Lorraine Gadoury La Noblesse de Nouvelle-France : familles et alliances

Jean-Marc Larrue Le Monument inattendu Le Monument-National 1893-1993

Évelyne Kolish Nationalismes et conflits de droits. Le débat du droit privé au Québec, 1760-1840

Lorraine Gadoury La Famille dans son intimité. Échanges épistolaires au sein de l ’élite canadienne du xviiie siècle

Marcel Trudel Les Écolières des Ursulines de Québec, 1639-1686 Amérindiennes et Canadiennes

Marcel Trudel Mythes et réalités dans l ’histoire du Québec

Marcel Trudel La Nouvelle-France par les textes Les cadres de vie

Marcel Trudel Deux siècles d’esclavage au Québec

Marcel Trudel Mythes et réalités dans l ’histoire du Québec. Tome 2

Michel Bock Quand la nation débordait les frontières Les minorités françaises dans la pensée de Lionel Groulx

Histoire Cahiers du Québec

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Cahiers du Québec fondés par Robert Lahaise en 1971

Directeur : Dominique Garand

Collaborateurs :Didier Prioul (histoire de l’art)Jacques Allard (littérature et documents littéraires)Jocelyne Mathieu (ethnologie)Xavier Gélinas (histoire)Yves Théorêt (communications)

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Mythes et réalitésdans l’histoire du

QuébecTome 3

Marcel TrudelO.C., C.Q., D. ès L.

de l’Académie des lettres du Québecprofesseur émérite de l’Université d’Ottawa

CAHIERS DU QUÉBEC COLLECTION HISTOIRE

PremièrPagesMythes2/27.08.04 8/27/04 8:54 AM Page 2

4

histoire Cahiers du QuébeC

Marcel TrudelC.C., G.O.Q., D. ès L.

de l’Académie des lettres du Québecprofesseur émérite de l’Université d’Ottawa

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Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives CanadaTrudel, Marcel, 1917- Mythes et réalités dans l’histoire du Québec (Les cahiers du Québec ; CQ 126, CQ 141, CQ 147, CQ 151. Collection Histoire) Comprend des réf. bibliogr. et des index. iSBN 2-89428-527-2 (t. 1) iSBN 2-89428-758-5 (t. 2) iSBN 978-2-89428-942-6 (t. 3) iSBN 978-2-89647-177-5 (t. 4)1. Québec (Province) - Histoire. 2. Canada - Histoire - Jusqu’à 1763 (Nouvelle-France). 3. Québec (Province) - Historiographie. i. Titre. ii. Collection : Cahiers du Québec ; CQ126, CQ141, CQ147, CQ151. iii. Collection : Cahiers du Québec. Collection Histoire.FC2911.t78 2001 971.4 C2001-940359-3

Les Éditions Hurtubise bénéficient du soutien financier des institutions suivantes pour leurs activités d’édition :•ConseildesArtsduCanada•GouvernementduCanada par l’entremise du Programme d’aide au développement

de l’industrie de l’édition (PADIÉ)• SociétédedéveloppementdesentreprisesculturellesduQuébec (SODEC)• Programmedecréditd’impôtpourl’éditiondelivresdugouvernementduQuébecIllustration de la couverture : Ancien presbytère de Beauport construit en deux parties selon les normes du Régime français, l’une servant de logement au curé, l’autre de salle publique aux habitants. Archives de la ville de Québec, arrondissement de Beauport, fonds Michel Bédard. 200-3.2-01.Maquette de la couverture : Olivier Lasser Maquette intérieure : Guy Verville Mise en page : Folio infographie

Copyright © 2009, Éditions Hurtubise inc.

iSBN : 978-2-89647-177-5

Dépôtlégal:2e trimestre 2009Bibliothèque et Archives nationales du QuébecBibliothèque et Archives CanadaDiffusion-distribution au Canada : Diffusion-distribution en Europe :Distribution HMH Librairie du Québec/DNM1815, avenue De Lorimier 30, rue Gay-Lussac Montréal (Québec) H2K 3W6 75005 Paris FRANCETéléphone : 514-523-1523 www.librairieduquebec.frTélécopieur : 514-523-9969www.distributionhmh.com

Imprimé au Canadawww.hurtubisehmh.com

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avant-propos

il eSt miNuit,docteurSchweitzer.»Voiciletemps de ranger les livres. Du temps que j’étais en stage à l’Université Harvard, à cinq

heures de l’après-midi me parvenait le cri lointain de l’appariteur qui circulait à chaque étage de la bibliothèque Widener : Closing, closing... et sa voix se rapprochait peu à peu de mon bureau. L’heure de fermeture.

De tout côté, aujourd’hui, en cette étapedemes 92 ans, j’entends annoncer pour moi l’heure du closing. Avec ce quatrième tome, cette série de mes Mythes et réalités me paraît bien marquer la finale. Mon vieux père adoptif, qui avait gardé ses habitudes d’avant l’arrivée de l’électricité, me dirait : « C’est le temps de souffler la lampe,etbarrebienlaporte.»Puis,mesfidèleslecteurssont peut-être à bout de patience ; toujours ce même passé ressassé à toutes les pages, ce même ton de profes-seur d’un livre à l’autre, cette voix qu’on entend depuis une soixantaine d’années !

Pourtant, après un demi-siècle de recherches, d’en-seignement et de publication en histoire, je demeure effrayé quand je constate tout ce qui reste encore à cher-cher, à interpréter, à rectifier, à publier dans le domaine historique. Je pense en particulier à cette Histoire de la Nouvelle-France que j’avais entrepris d’écrire de façon exhaustive, de ses débuts en 1524 jusqu’à sa chute. Or, à cause du grave déclin de ma vue, j’ai dû laisser un grand pan inexploré entre 1675 et ce Régime militaire de 1759-1764 qui marque le point final de son existence.

«

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J’ai tout de même pu, avec la collaboration de l’his-torienne Micheline D’Allaire, ramener sur certains pro-blèmes particuliers l’attention de ceux qui s’intéressent à l’histoire, comme je l’ai fait dans les tomes précédents des Mythes et réalités.

Dans ce quatrième volume, je reviens avec quelques autres problèmes. Ils sont de diverses époques de notre histoire : les débuts de la Nouvelle-France avec Cham-plain (toujours acteur essentiel) et l’appellation des lieux de ce Nouveau Monde, le quotidien de ses habitants (leur savoir-vivre, et aussi leurs disputes qui prenaient parfois un tour dramatique), certaines difficultés d’adaptation au Régime anglais, deux événements surprenants de notre évolution politique, l’état de notre langue au dix- neuvièmesiècle, lerôlede l’Égliseetmêmedeuxpro-blèmes, plus personnels mais qui représentent bien certains aspects du Québec de naguère. Enfin, pour se reposer de ces chapitres sérieux, le lecteur pourra terminer en flânant dans un petit musée, celui des sottises qu’on relève dans certaines œuvres... autres que les miennes.

M. T.mars 2009

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table des matières

avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

i Pluies de toponymes sur le Nouveau Monde . . . . . . . . . . . 11

ii Ce qui reste à connaître au sujet de Champlain . . . . . . . . . 23

iii La politesse des Québécois sous l’œil de l’étranger . . . . . . 31

iV une querelle d’évêque autour d’un prie-dieu . . . . . . . . . . . 43

V Ce qu’il en coûte pour entrer dans le lit d’un noble . . . . . . 51

Vi La maison qu’on se partage comme un gâteau . . . . . . . . . . 59

Vii officiers anglais logés chez les curés et culte anglican dans les églises catholiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67

Viii il faut bien un évêque, mais où le mettre ? . . . . . . . . . . . . . 77

iX une Chambre d’assemblée qui siège chez l’évêque . . . . . . 85

X L’union des deux Canadas, 1841-1867 : une période qui tourne à l’avantage du Québec . . . . . . . . . 93

Xi un « Ne dites pas, mais dites » de 1841 . . . . . . . . . . . . . . . . 107

Xii une société rurale centrée sur l’église . . . . . . . . . . . . . . . . . 113

Xiii Pour mes parents, une morale du dix-septième siècle . . . . 135

XiV Le latin, langue morte, d’une mort toute récente . . . . . . . . 141

XV une famille mise à l’encan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151

XVi Mes censures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163

XVii un instant de récréation à visiter le musée du sottisier de l’histoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173

Œuvres de Marcel trudel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181

index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185

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Liste des illustrations

illustration 1 .1 : une toponymie française . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

illustration 1 .2 : une toponymie espagnole . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

illustration 1 .3 : Premiers toponymes de la vallée du saint-Laurent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

illustration 2 .1 : Le portrait de Champlain ? . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

illustration 9 .1 : Le palais épiscopal vers la fin du régime français . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86

illustration 9 .2 : Vue extérieure de la chapelle épiscopale . . . . . . 86

illustration 9 .3 : Les députés en session selon Charles huot dans la chapelle épiscopale . . . . . . . . . . . . . . . . . 90

illustration 10 .1 : Le Canada-uni ou union des deux Canadas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94

illustration 17 .1 : Madeleine de Verchères et son salut à la militaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178

illustration 17 .2 : debout dans un canot d’écorce . . . . . . . . . . . . . 179

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I

Pluies de toponymes sur le Nouveau Monde

Virgile le dit daNS uN alexaNdriN de son Énéide : Tantæ molis erat Romanam condere gentem !

« La grande affaire que de fonder la nation des Romains!»

Pour amorcer mon bavardage, je pourrais écrire, en parodiant le poète : « La grande affaire que de nommer ces lieuxquedécouvreleseizièmesiècle!»Lestoponymesquipleuvent au cours des premières années d’un « nouveau monde»valentlapeinequ’ons’yintéresse.

D’abord, en 1492, on a dit : « Ce sont les Indes.»Onsepensait en Asie, et Christophe Colomb s’attendait d’un jour à l’autre à rencontrer le grand maître de la Chine et à lui présenter les lettres de Leurs Majestés espagnoles, car il était porteur d’un courrier diplomatique. Ce qui nous rappelle notre Jean Nicolet qui, vers 1630, certain d’atteindre la Chine dans son voyage vers l’ouest nord-américain, emportait dans ses bagages, selon les Relations des Jésuites, un costume de mandarin, au cas où. L’empereur de Chine ne sera jamais au rendez-vous,nipourChristopheColombnipourNicolet. Puis, en se représentant sur les cartes une grande terre, un nouveau continent (la future Amérique du Sud) que les

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savants d’alors, en toute logique, rattachaient à l’Asie, on s’est dit : « Bon, ce sera l’Amérique.»

Mais pourquoi « Amérique»?Ahoui,àcequ’onnousdit : en hommage à l’explorateur Améric Vespuce, dont un cartographe complaisant a utilisé le prénom en 1507 pour désigner cette terre nouvelle? Pas si sûr: selon certainsérudits, Vespuce s’appelait plutôt Alberigo, et il aurait modifié son prénom pour se donner le mérite de la décou-verte...Autreversion:chezlesautochtonesdecesrégions,des toponymesen«errique»étaientd’usagecourant.Lesgens des équipages auraient, dans les ports d’Espagne, popu-larisé un toponyme qui aurait rapidement fini par se fixer en America, d’où le nom « Amérique».

Comme les Espagnols, les Anglais se croient aussi arrivés en Asie en 1497 lorsque, plus au nord, Cabot aborde à des terres nouvelles au nom de l’Angleterre.Surunecarte,au-dessus de ces terres, on inscrit tout de suite : « Cap de l’Asie»,etlesAnglaissevantentd’avoirconquis,sansunseulcoup d’épée, une partie du continent asiatique.

Mais voilà qu’au-delà de toutes ces terres qu’on croit d’Asie, Balboa découvre, en 1513, un autre océan. On n’est donc pas en Asie ! De plus, la même année, le jour des Pâques fleuries (Pascua florida), au nord des régions que Christophe Colomb a visitées, apparaît une immense terre, à laquelle on donne un joli toponyme : « Floride».

Mais qu’y a-t-il entre cette Floride et, bien loin au nord, les terres de Cabot?Est-ce que l’Atlantique se poursuit vers l’ouest et rejoint l’océan dit Pacifique qui borde l’Asie?Ou, du moins, y a-t-il un passage qui permette d’aller de l’AtlantiqueauPacifique?Magellan en trouve un en 1521, à l’extrémité sud de l’Amérique, donc par une route très longue et difficile. Il doit bien se trouver un autre pas- sage, qui mène directement vers l’Asie ! C’est ce que sou-haite vérifier la France, enfin engagée elle aussi dans cette course des nations pour s’assurer le plantureux commerce asiatique.

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13Pluies de toponymes sur le Nouveau Monde

Illustration 1.1 : Une toponymie française. La carte de Maggiolo (1527) : la France couvre de ses toponymes

le littoral ouest de l’Atlantique, de la Floride au Labrador.

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Elle envoie dans cette recherche l’Italien Verrazzano,en 1524. Celui-ci commence son examen au nord de la Floride, où se sont arrêtés les Espagnols et, mettant cap sur le nord, il longe un littoral qui lui barre la route vers le Pacifique. Un jour, toutefois, parvenu à la hauteur de la Caroline du Nord, il pense apercevoir à courte distance, par-delà des îlots, une vaste étendue d’eau. «LePacifique!»,s’écrie-t-il. Mais il ne peut y entrer. Ce n’était que le Pamlico Sound,quinepénètrequed’unedizainedekilomètresàpeine dans les terres. Malgré cela, une carte de 1525 porte l’inscription Mare Indicum (Mer des Indes). Et le carto-graphe, convaincu que c’était là l’océan recherché, y a repré-senté une étendue d’eau qui s’ouvre indéfiniment vers l’ouest.

Verrazzanopoursuitsarouteverslenord,sondanttou-jours chaque ouverture importante dans le littoral : la baie de Chesapeake, les embouchures des fleuves Delaware et Hudson, et ainsi jusqu’au Labrador, sans trouver d’issue sur le Pacifique.

Toutdemême,Verrazzanodonneàcesterres lenomde « Nouvelle-France» (qu’il appelleaussiFrancescane, en l’honneur de François Ier), et surtout, il commence à faire pleuvoir une série de toponymes français (traduits en italien) tout le long du littoral atlantique. La carte de 1525, dessinée parlefrèredeVerrazzano,revendiqueainsipourlaFrance un empire continental.

Entre la Floride et les terres de Cabot, la Nouvelle-FrancefourmilledoncdestoponymesdeVerrazzano.Entreautres, du sud au nord :

1) de la Caroline du Nord à New York :Dieppe ;Honfleur ;L’Annonciation (vers le cap Fear en Caroline du Nord) ;Forêt-de-Lauriers ;Arcadie (région de la baie de Chesapeake) ;Côte-de-Lorraine (région du Delaware et du New Jersey) ;

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15Pluies de toponymes sur le Nouveau Monde

Alençon (vers le cap May) ;FleuveVendôme(fleuveDelaware).

2) de la région de New York jusqu’au Labrador :Angoulême (région de New York ; une autre carte de la même époque montre au-dessus de cette région un dra-peau fleurdelisé) ;Sainte-Marguerite(àl’embouchuredufleuveHudson) ;Île Louise (Martha’s Vineyard) ;Refuge (baie de Narragansett, région du Rhode Island) ;Côte-Saint-Georges(régiondeBoston).

Par cette exploration méthodique du littoral atlantique de la Floride au Labrador (la première de l’histoire) et par cestoponymesqu’ilinscrittoutlelongdelacôte,Verrazzanocroit assurer de façon définitive les droits de la France sur le continent nord-américain.

Malheureusement pour la France, dès 1526, on efface tout et on recommence. L’Espagne, bien informée du voyage deVerrazzano, estimait que la France avait envahi une terre espagnole. En effet, trente ans auparavant, le pape Alexandre VI avait décrété que les terres nouvelles, à l’ouest d’une certaine ligne de démarcation entre le pôleNordetlepôleSud,appartenaientàl’Espagne.

En 1525 et en 1526, celle-ci envoie donc deux explora-teursdans le sillagedeVerrazzano, lePortugaisEsteban Gómez et l’Espagnol Lucas VásquezdeAyllón.L’unvientlonger le littoral atlantique depuis la future Nouvelle-Écosse jusqu’au cap Cod ; l’autre fait l’examen à partir de la Floride et fonde même un petit établissement, SanMiguel,danslabaie de Chesapeake, en Virginie. Cette première colonie au nord de la Floride ne dure qu’un matin. Mais tout ce qui était dit « Nouvelle-France»devient«Nouvelle-Espagne».De sorte que, comme le montre une carte de 1529, une autre pluie de toponymes – espagnols, cette fois – s’abat sur le littoral nord-américain :

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Mythes et réalités dans l ’histoire du Québec16

Río Fondo (peut-être la baie de Fundy) ;TierradeEstevanGÓmez(côteduMaine);Río de Las Gamas (rivière de Penobscot) ;Baya de La Ensenada (baie de Passamaquoddy) ;ArchipiélagodeEstevanGÓmez(baiedeCasco);Río de Buen Madre (fleuve de Merrimack) ;BayadeSanAntonio(baiedeBoston);BayadeSanCristóbal(baieduMassachusetts);CabodeSantiago(capCod);TierradeAyllón(côteausudducapCod);SanMiguel(colonie,baiedeChesapeake).

Et ainsi de suite : les toponymes espagnols rejoignent la Florida avec l’arrivée de GómezetdeVásquezdeAyllón.

L’Angleterre était intervenue à son tour en 1527 avec deux navires qui vont à nouveau faire l’examen du littoral nord-américain, du golfe du Saint-Laurent à laFloride. Mais il ne semble pas que la visite, cette fois, donne immé-diatement naissance à une nouvelle toponymie : les noms espagnols se perpétueront sur les cartes du littoral jusqu’au début du dix-septième siècle.

L’Espagne n’étant plus alors en mesure d’assurer sa domination au nord de la Floride, la concurrence s’intensifie entre les nations européennes. Elle ne se joue plus seulement entre l’Angleterre et la France:Hollandais etSuédois semettent également de la partie. D’où de nouveaux déferle-ments de toponymes sur le continent.

Cette lutte reprend en 1603, lorsque le roi de France accorde à Dugua de Mons une large portion de terre dans le nord-est de l’Amérique. Après un rapide examen du Saint-Laurent, l’intérêt de DuguadeMonssetourneplutôtducôtédel’Acadie.IlchargeSamueldeChamplain, géographe et alors simple subalterne, de rechercher le lieu idéal où installer une première colonie, et en même temps de son- der toute ouverture susceptible de conduire vers l’Asie. Champlain va ainsi du fond de la baie de Fundy jusqu’au

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17Pluies de toponymes sur le Nouveau Monde

Illustration 1.2 : Une toponymie espagnole.

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cap Cod. Il se proposait de poursuivre plus au sud, vers le New York d’aujourd’hui, mais l’hostilité des Amérindiens met fin à cette exploration. Après un essai de colonie dans la partie qu’il a visitée, il opte pour le Saint-Laurent.

Cette présence temporaire de la France, après une absence de quatre-vingts ans en ces lieux, va redonner aux toponymes de cette partie du littoral atlantique des sonorités françaises. Apparaît « Acadie», qui viendrait d’un nomautochtoneplutôt quede l’«Arcadie» deVerrazzano.Etcitons, entre autres toponymes français :

1) dans le sud-ouest de ce qui sera la Nouvelle-Écosse : Port-Royal ;Cap de La Hève ;Port Rossignol ;Port Fourchu ;CapdeSable.

2) le long du continent :Baie Française (baie de Fundy) ;RivièreSainte-Croix;Île Menane ;Île des Monts déserts ;Cap aux Îles ;Baie des Îles (baie de Boston) ;Rivière Du Gua (rivière Charles, à Boston) ;Cap Blanc (cap Cod) ;Cap Mallebarre (Nauset Harbor).

La France renonce donc au littoral atlantique, mais pas les autres pays d’Europe. En 1606, l’Angleterre jette son dévolu sur tout le territoire allant de l’Acadie au cap Fear. Une partie de l’Acadie devient la Nouvelle-Angleterre, et l’autre, au sud, reçoit le nom de Virginie. Évidemment, les toponymes de Champlain sont remplacés par une longue série de toponymes anglais. Retenons-en pour l’instant

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« Plymouth» enNouvelle-Angleterre, et «Jamestown» enVirginie.

Outre l’Angleterre, deux nations occuperont une part du littoral atlantique en ces débuts du dix-septième siècle : les Pays-Bas et la Suède.En1614,aprèsqueleHollandaisAdrian Bloch a passé un hiver à l’embouchure du fleuve Hudson, les Pays-Bas décident d’occuper, sous le nom de « Nouvelle-Néderlande»ou«Nouvelle-Hollande»,cequideviendra « NewYork»en1664.

Eten1643,lesSuédoisviennentfonderdanslabaieduDelaware ce qu’ils appellent « Nouvelle-Suède» (elle seraenglobée en 1655 par la Nouvelle-Hollande).

De sorte qu’en ce dix-septième siècle, nous avons, un certain temps, du nord au sud du littoral atlantique, une Nouvelle-Angleterre, une Nouvelle-Hollande, une Nouvelle-Suèdeetl’anglaiseVirginie, les unes et les autres possédant leurs toponymes anglais, hollandais ou suédois.

Pendant que ce littoral atlantique, que la France avait cru s’approprier en 1524, devenait le lot de l’Angleterre, des Pays-Bas et de la Suède,ilpleuvaitaussidestoponymessurla vallée du Saint-Laurent.

Quand le Malouin Jacques Cartier, en 1535, débarque en amont du fleuve, il prend connaissance de toponymes déjà en place, issus de la langue iroquoienne : « Honguedo»(Gaspé) à l’entrée du fleuve ; « Canada»,lenomdelavalléeintérieure;« Saguenay»,unroyaumefabuleuxquis’étendraitquelquepartdans le sud ou dans l’ouest ; « Stadaconé»(Québec), le village où Cartier s’arrête; «Achelacy», la régionvoisine,celledePortneuf aujourd’hui ; et « Hochelaga»,unvillagebeaucoupplus haut en amont où sera établi Montréal.

Les Français y ajoutent dès le seizième siècle des noms de leur cru, entre autres : « rivière Sainte-Croix», qui sera le premier nom de la rivière Saint-Charles;«Cap-aux-Diamants»,lamontagneoùs’élèveralavilledeQuébec ; « île de Bacchus» ou «d’Orléans», la grande île près deStadaconé;«montRoyal»,lamontagnedeMontréal.

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Du temps de Roberval apparaissent les toponymes « rivière France-Prime», qui désigne le Saint-Laurent, et« Charlesbourg-Royal» puis «France-Roy», pour le futurCap-Rouge. Or, quand Champlain, au début du siècle suivant, vient dans le Saint-Laurentreprendreletravaildecolonisa-tion, les toponymes iroquoiens qui avaient servi de repères ne sont plus en usage : la nation iroquoienne a disparu du Saint-Laurent.LestoponymescourantschezlesAmérindiens sont de langue montagnaise : « Gaspé» au lieu deHonguedo,« Québec»aulieudeStadaconé.Destoponymesiroquoienssurvivront (Saguenay,Stadaconé,Hochelaga), mais de façon artificielle, transmis par les historiens.

Illustration 1.3 : Premiers toponymes de la vallée du Saint-Laurent.

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