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N° 36 – Automne 2011

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30 ° degrés, le magazine suisse de sports et loisirs

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,L’important est de vivre l’essentiel, et chacun d’entre nous a son propre essentiel. Pour certains, comme l’artiste américain Brian

Dettmer, il s’agit d’opérer « à livre ouvert » de vieux ouvrages pour en faire surgir de surprenantes œuvres d’art. Pour d’autres, tel Harry Connick Jr, la passion est dans le jeu d’acteur, alors que pour le groupe anglais Coldplay, tout est question de rythme et d’arrangements musicaux. Le photographe Nicolas Henry, lui, s’épanouit en immortalisant les seniors du monde entier dans des cabanes à travers lesquelles s’expriment tout l’imaginaire et la nostalgie d’une vie entière. Un arrêt sur image qui contraste avec la trajectoire des sportifs d’exception dont nous vous comptons également les exploits. Suivons Giovanni Quirici, qui a ouvert une nouvelle voie d’escalade de 700 mètres dans le nord de l’Inde, et vers lequel vont toutes nos pensées, puisqu’il nous livre là son der-nier reportage ; il s’est en effet malheureusement tué en août dernier sur la face nord de l’Eiger. Admirons Ernest Bromeis et son défi insensé : parcourir le Rhin à la nage sur toute sa longueur, de sa source à son embouchure, de la Suisse aux Pays-Bas. Il veut ainsi nous rendre attentif au rôle majeur de l’eau. Mike Horn, lui, s’est aussi mis au service de la planète et de jeunes éco-aventuriers très volontaires, avec qui il partage son expérience du ter-rain aux quatre coins du monde. Les projets des uns contrastent avec ceux des autres. Pourtant, tous tirent à la même corde : celle qui les rapproche de leurs rêves. Pas de faux-semblants, ni de concessions superflues. Ils portent en eux, chacun à leur manière, les plus puissantes espérances, et nous les font partager. Le partage: c’est peut-être cela le plus important. Nous espérons donc que les pages qui suivent vous permettront de faire de belles rencontres. Et qu’elles vous rappelleront par la même occasion où se trouve votre propre essentiel…

Frédéric Rein | Rédacteur en chef adjoint

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sommairen°36automne2011 Edito 03

SPORT Le bodyboard, une façon de faire corps avec la vague 14 Les histoires d’eau d’Ernest Bromeis 20 Mike Horn: «J’aurais rêvé d’être aux côtés du Commandant Cousteau!» 60 Escalade: aventures verticales sur falaises indiennes inconnues 62 Montagne: Daniel Perler, le démon du 60e rugissant 70 Trail Verbier Saint-Bernard, dans la cour des ultras 73 Verbier, côté pistes… de VTT 74 Julbo White Session, la quête de l’exception ordinaire 79

LIFESTYLE News 10 Le RowRay, un tricycle pour ramer sur terre 27 Portfolio: Nicolas Henry ou l’art de faire une cabane 32 Chronique Femme: indémodables années 70 48 Cinéma: Harry Connick Jr., entre musique et comédie 51 Cinéma: l’aventure, c’est l’aventure! 52 Musique: le retour tant attendu de Coldplay 54 Voyage: quand la Turquie se met au vert 80 Voyage: Alaska, au pays des ours 84

SOCIÉTÉ Edouard François, l’architecte qui fait pousser les murs 28 Brian Dettmer, un artiste à la page 56 Technologie: les vrais enjeux des réseaux sociaux 89 Google se lance dans les systèmes d’exploitation 91 Panoplies: trends de l’automne 92 Bonnes adresses de 30 degrés 97 Carte postale voyage 98 Impressum 98

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Montagne – La feMMe aux14 soMMets de pLus de 8000 Mètres gerlinde Kaltenbrunner enchaîne les sommets comme d’autres effeuilleraient des marguerites: avec patience et persévérance! en arrivant à bout du K2 par sa face nord (en Chine), l’Autrichienne est entrée dans l’histoire en devenant la troisième femme à réussir l’ascension des 14 sommets de plus de 8000 mètres, mais surtout la première à le faire sans oxygène! décidément, gerlinde Kaltenbrunner ne manque pas d’air… d’autant qu’elle avait déjà échoué à six reprises sur le K2 en l’attaquant du côté pakistanais. www.gerlinde-kaltenbrunner.at

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HoMMage – Le griMpeur giovanni Quirici s’est tuéC’était un acrobate, un artiste. Il ne cessait de défier les lois de la gravité, préférant les plans verticaux aux planchers horizontaux. A 33 ans, le grimpeur d’exception giovanni Quirici s’en est allé. Là-haut, au ciel, au-dessus de ces sommets qu’il aimait tant vaincre. Ce tessinois d’origine établi à genève s’est tué le 12 août dans la face nord de l’eiger, après une chute sur la route du «Chant du Cygne». toute l’équipe de 30°, magazine auquel il collaborait régulièrement depuis plusieurs années, s’associe à la douleur de ses proches.

expédition – sur Les tracesde L’aventurière saraH MarQuis en juin 2010, sarah Marquis s’élançait vers de nouvelles aventures. Après l’Australie et les Andes, son nouveau défi se nomme explorAsia. Près de 20 000 km à pied sur une durée de 24 mois entre la Mongolie et l’Australie. Actuellement, l’aventurière de 39 ans réalise le tour du lac Baïkal (russie), soit 2000 km, avant de descendre vers le Laos. suivez-là pas à pas surwww.sarahmarquis.ch

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MobiLité – dans La courseaux voitures éLectriQuesdans la course à la meilleure voiture électrique de demain, la twizy, du fabriquant français renault, semble prendre la pole position! Cette petite voiture urbaine de deux places, longue de 2,32 mètres, possède en effet un avantage de taille: son prix! elle sera vendue à partir de 10 200 francs, soit près de quatre fois moins que ses concurrentes. et en souscrivant à un abonnement mensuel de 65 francs, la batterie sera garantie durant toute la vie de la voiture. Le premier modèle, qui devrait avoir une autonomie de 100 km et atteindre les 45 km/h, prendra la route d’ici la fin de l’année.www.renault.com/fr/vehicules/renault/pages/twizy.aspx

sport – un suisse cHaMpiondu Monde de pLancHe à voiLeLe rêve américain, Vincent Huguenin l’a vécu en juillet dernier. C’était à san Francisco, en Californie. engagé dans le championnat du monde raceboard de planche à voile, catégorie masters (plus de 35 ans), le neuchâtelois a remporté 7 des 12 manches courues pour s’adjuger le titre mondial, devant l’Argentin Fernando Consorte et le Français Jean Asia. Ce quadragénaire ne ramènera toutefois pas de l’or d’Amérique, mais le plateau d’argent décerné au vainqueur!www.silverarrow-sailing.com

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Montagne – coMMent réagirface aux cHiens de troupeauxAvec le retour progressif du loup et de l’ours, les chiens de protection sont de plus en plus nombreux à veiller sur les troupeaux de moutons. Près de 200 de ces gardiens à quatre pattes officient déjà dans les Alpes. Pour apprendre aux randonneurs et aux vététistes à se comporter correctement en leur présence, le WWF, Pro natura et l’association qui organise la protection des troupeaux pour le compte de la Confédération (Agridea) ont édité un clip. rester calme et descendre de son vélo sont quelques-uns des réflexes à avoir. Visionnez le clip surwww.wwf.ch/protectiondestroupeaux

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MobiLité – une voiture Qui ne ManQue pas d’air!James Bond n’aurait certainement pas désavoué «transition». Mais contrairement à l’agent 007, cette voiture-avion est bien réelle. Imaginée il y a 5 ans par quatre étudiants du Massachusetts Institute of technology (MIt), elle est aujourd’hui, selon l’entreprise américaine terrafugia qui la produit, sur le point d’être commercialisée aux etats-Unis. Vraisemblablement d’ici la fin de l’année. Ce quatre-roues aérien devrait quand même coûter près de 170 000 francs. de plus, il faudra avoir une licence, non pas «to kill», comme James Bond, mais «to fly»!www.terrafugia.com

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vacances – digitaLdetox pour cyberdépendants Certains n’y résistent pas. Ils doivent constamment aller voir leurs emails, rapidement consulter leur page Facebook… et même en vacances, beaucoup surfent désormais plus sur le net que sur la vague! Outre-Atlantique, pour remédier au problème, des hôtels proposent des week-ends sans connexion. iPhones et ordinateurs sont déposés à la réception. Ces «digital detox» pour cyberdépendants passent souvent aussi par la suppression de la télé. et vous, seriez-vous tenté par des vacances en toute déconnexion?

MusiQue – L’avo sessionde bâLe entre en scènetout a commencé en 1986. Un quart de siècle plus tard, l’AVO session de Bâle accueille les musiciens les plus connus de la planète dans une atmosphère de club intime. Cette année, la 26e édition de l’AVO aura lieu du 21octobre au 13 novembre. L’an dernier, plus de 19 000 festivaliers avaient répondu présent. Après les festivals estivaux, une bonne occasion de garder le rythme… découvrez tout le programme sur www.avo.ch

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tecHnoLogie – un MaiLLot de bain soLaire!Mesdames, l’iKini (135 euros) est muni de près de 40 petites cellules photovoltaïques. Ce maillot de bain ne vous permettra malheureusement pas de recharger vos propres batteries, mais quand même celles de vos petits gadgets électroniques (iPod, etc.), grâce à son port UsB, qu’il convient toutefois de sécher après la baignade. son designer, l’Américain Andrew schneider, n’oublie pas les hommes. Il travaille actuellement sur un caleçon de bain sur lequel on pourra brancher une glacière pour garder les bières au frais! http://andrewjs.com/

écoLogie – un caLendrier Qui sensibiLise!des bikinis en pétrole! La tenue portée par ces mannequins est légèrement surprenante... C’est le moyen qu’a imaginé l’association surfrider Foundation europe (www.surfrider.eu) pour sensibiliser le grand public aux problèmes de la pollution marine et à la gestion durable des océans. Il vous reste encore quelques mois pour tourner les dernières pages de ce calendrier 2011 très original, ou remonter le temps en revenant sur les premiers mois de l’année! en vous inscrivant à la newsletter de l’association, vous recevrez chaque mois une photo par mail, et si vous êtes parmi les 200 premiers, la version papier vous sera envoyée…http://inscription.surfrider.eu/surfrider/landing_a/calendrier

tendance – des nuMéros de téLépHone anti-dragueUn dragueur invétéré et des plus collants insiste pour que vous lui donniez votre numéro de téléphone? Le seul moyen de s’en débarrasser semble être de le lui donner, mais vous n’en avez pas la moindre envie… C’est là que vole à votre secours la société française Manifone, via son produit «Control Boys». Pour environ 18 francs, elle propose en effet à ces dames un kit de cinq numéros jetables dont la durée de vie est limitée. Les dragueurs sont prévenus, ils ne vont plus forcément tirer le bon numéro!

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Ce sport nautique proche du surf se pratique sur une planche plus courte et plus flexible. Souvent dénigré par les surfeurs, il passionne pourtant de nombreux adeptes aux quatre coins de la planète. Petit tour d’horizon d’une glisse née par hasard…

Une façon de fairecorps avec la vagUne façon de fairecorps avec la vagUne façon de faire

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Tahurai Henry se retrouve bien profond dans le tube.

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Les rudiments du bodyboardLe bodyboard se pratique à l’aide d’une planche en mousse d’environ 1 m de long sur 60 cm de large. Le bodyboarder doit obligatoirement enfiler une paire de palmes courtes afin de faciliter le départ sur la vague.La plupart des pratiquants glissent en position allongée – même si l’on on peut également être debout ou à genoux. La tête et la poitrine ne doivent pas toucher la planche, et les palmes sont supposées rester sous l’eau pour se propulser. Après quoi, de nombreuses figures sont possibles.

Les destinations idéaLes…Comme tous les passionnés de glisse, les bodyboarders sont avides de nouvelles sensations. Ils sont donc en quête d’un spot qu’ils n’ont pas encore testé. Par chance, notre planète regorge de déferlantes. des vagues aussi riches et différentes les unes des autres…- L’archipel paradisiaque d’Hawaï et ses vagues de légende chargées d’histoire est évidemment un site incontournable. Les swells diabo-liques du Pacifique ne déçoivent jamais les irréductibles. - L’un des autres paradis des riders se trouve à tahiti (Polynésie), lieu incontournable pour une glisse intense. Les vagues de récif laissent cependant peu de place aux débutants.- tandis que sur les plages du Brésil on danse la samba, les vagues qui baignent ce pays haut en couleur se transforment en eldorado pour les bodyboarders. - Le Portugal offre une grande diversité de bons spots, un climat très doux et d’excellents compétiteurs. Une valeur sûre!- L’archipel volcanique des Canaries, à quelque 150 km au nord-ouest du sahara occidental, représente LA destination européenne pour le bodyboard. Cette île offre une grande variété de vagues, avec des fonds volcaniques ou sableux.- Le littoral français n’est pas non plus à négliger, et propose de belles opportunités de glisse. du nord au sud, il y en a pour tous les goûts et tous les niveaux.- Autre île aux trésors pour bodyboarders: la réunion. La générosité de l’océan Indien attise le goût de l’extrême et rend la discipline très populaire sur l’ensemble de l’île.

Texte°°° ChristeLLe CouLonPhotos°°° benjamin thouard

,tous les passionnés de bodyboard seront d’accord pour dire que le hasard fait bien les choses… retour le 9 juillet 1971, à

Hawaï. en ce jour de forte houle, tom Morey, passionné de glisse, se retrouve sans planche alors qu’une belle session se profile à l’horizon. Le problème reste entier, mais la solution ne tarde pas à germer dans son esprit. Vite fait bien fait, il se fabrique une planche de fortune en découpant un pain de mousse trouvé dans son garage avec un couteau électrique. Une fois à l’eau, il est immédiatement submergé… de plaisir grâce à cette nouvelle façon de glisser sur les vagues à plat ventre.Quarante ans plus tard, des dizaines de milliers de bodyboarders en font de même sur toutes les vagues du monde. Cette planche, qui se voulait initialement une alternative provisoire, a toutefois évolué tech-nologiquement. et la pratique du bodyboard, accessible à tous, offre rapidement des sensations. A haut niveau, sa maîtrise en fait même un sport extrême à part entière. Plus qu’un jeu, cette discipline demande alors une implication sans limites, au même titre que des sports de glisse davantage reconnus.

On peut aussi défier le monstre en réalisant un take off à la verticale.

Alvino Tupuai fait le spectacle sur un monster set.

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Le jeune bodyboarder tahitien Tepo Faraire au cœur du tube de Teahupoo.

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de bodyboard du monde. tous les meilleurs bodyboarders étaient présents. Les vagues, l’ambiance, et la beauté des paysages en font la destination incontournable des adeptes des sports de glisse.

Pouvez-vous nous raconter l’une de vos plus belles sessions?C’était lors de mon premier voyage aux Canaries, après un vol qui m’a pris toute une journée. en rejoignant mes amis sur place, une bonne nouvelle m’attendait: il y avait des vagues parfaites de 2 m au Quemao (le pipeline canarien). Les déferlantes étaient incroyables, et nous étions les seuls dans l’eau... nous avons surfé des tubes translucides pendant près de 3 heures. C’était tellement parfait que j’en ai oublié mes mésaventures aériennes.

,jérôme bats, 30 ans, vit à soustons, dans le sud-ouest de la France. Le champion de France 2008 de bodyboard pointe

aujourd’hui au 5e rang du classement français et au 11e rang sur le circuit européen. Interview.

Comment avez-vous commencé le bodyboard?J’ai découvert le bodyboard il y a 15 ans, grâce à des amis. nous avons appris en regardant des vidéos, puis en allant mettre en pratique autant que possible. C’est très vite devenu une passion, et j’ai commencé la compétition 5 ans plus tard. depuis, je n’ai jamais arrêté, et j’en ai même fait mon métier.

Quelle est la grande différence entre le bodyboard et les autres sports de glisse?Ce sport allie la glisse à des figures aériennes. Il comprend une grande variété de manœuvres. de plus, le bodyboard est rapidement accessible au plus grand nombre. Il permet de glisser plus facilement sur des vagues très différentes: creuses, plates, grosses, petites... Le fait d’être en position allongée sur la planche procure la sensation de faire corps avec les vagues.

Dans quel état d’esprit êtes-vous lorsque vous êtes dans l’eau? Je recherche toujours les meilleures vagues possibles, ce qui inclut la connaissance du milieu, de l’environnement, de l’océan... Lorsque je vais à l’eau, c’est bien sûr pour le plaisir de la glisse, donc souvent avec des copains. J’essaie toujours de perfectionner mes figures et mon surf.

Quelle est votre destination préférée pour pratiquer le bodyboard? Hawaï, car on trouve l’une des meilleures vagues du monde (pipeline). Là-bas, j’ai eu l’occasion de participer à la plus grande compétition

«Le bodyboard permet d’aCCéder pLus faCiLement à différents types de vagues»

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Tepo Faraire, toujours aussi à l’aise dans le tube.

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Après avoir traversé les lacs de ses Grisons natals à la nage, puis les plus grands lacs de chaque canton suisse en 2010, ce Grison de 43 ans se

prépare à parcourir en un mois les 1200 km du Rhin! La dernière étape d’une trilogie dénommée «Miracle Bleu». Car derrière la performance

sportive, cet activiste veut aussi faire passer un message: l’eau est une ressource rare qu’il ne faut pas gaspiller…

Barrage d’Albigna, Bergell (GR).

Les histoires d’eau d’

Bromeis

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Texte°°° Frédéric rein Photos°°° AndreA BAdrutt, coire

,une nouvelle fois, il va se jeter à l’eau! en 2008, ernest Bromeis traversait pendant 2 mois 200 lacs grisons aux tem-

pératures glaciales (parfois 1 degré). en 2010, il s’attaquait aux plus grands lacs de chaque canton suisse et couvrait 300 km en un mois, presque 10 fois la traversée de la Manche! en mai prochain, ernest Bromeis s’attaquera au rhin. Il devrait ainsi devenir le premier nageur à descendre ce fleuve depuis sa source en suisse jusqu’à son embouchure dans la mer du nord, à rotterdam (Hollande). en tout, quelque 1200 km, parcourus à raison de 27 étapes de 45 km en moyenne – auxquelles s’ajouteront 3 jours de repos bien méri-tés! Un mois pour un vrai challenge. «J’ai commencé à m’entraîner dans le rhin et, dans certains secteurs, cela ressemble davantage à du canyoning qu’à de la natation», avoue le grison de 43 ans. «Les courants sont tellement forts et les rochers à éviter si nombreux que je ne peux même pas faire de crawl, et je dois me laisser porter par les flots. C’est pour cela que sur ces tronçons, je porte un casque. A partir du lac de Constance, c’est plus calme, mais il y a en revanche beaucoup de bateaux qui naviguent.» Pas de quoi, pour autant, tiédir la volonté de ce marathonien des eaux froides.

p Lac de glacier Terri (GR).s Barrage d’Albigna, Bergell (GR).ss Lac de Suretta, Splügen (GR).

sss Lac Duana, Val da la Duana (GR).

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comme une Bouteille à lA merAncien entraîneur swiss Olympic de triathlon et de duathlon, ernest Bromeis – qui précise pouvoir vivre de ses expéditions aquatiques depuis4 ans – est un homme déterminé. son périple pourrait néanmoins s’appa-renter à celui d’une bouteille que l’on jette à la mer, dans l’espoir que le message qui s’y trouve soit lu, et, dans son cas, surtout entendu. A chaque fois, ce père de 3 enfants se mouille pour une cause qui lui est chère: l’eau! «Les records sportifs mélangent certes performances physiques et mentales, mais ils ne représentent pas un but en soi. C’est plutôt une manière médiatique de véhiculer mes convictions. de rappeler aux gens que l’eau est une richesse que l’on ne peut pas utiliser à discrétion, même si elle semble très abondante en suisse. Qu’au-delà de sa valeur économique, fixée notamment à 1,70 francs les 1000 litres dans les grisons, c’est un bien précieux qu’il ne faut pas gaspiller.» Un luxe pour beaucoup, puisque 884 millions de personnes à travers le monde n’ont pas accès à l’eau potable. en suisse, chaque habitant utilise en moyenne 170 litres d’eau par jour, contre 20 litres au Mali ou à Haïti! Il y a indéniablement dans la volonté d’ernest Bromeis quelque chose d’une quête, comme si chacune de ses brasses le rapprochait – et nous avec – d’une hypothétique absolution. en d’autres mots, un change-ment radical de comportement vis-à-vis de l’eau.

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une dimension éducAtive Lui se définit plutôt comme un «activiste de l’eau». Un ambassa-deur de l’H2O. Lors de sa petite virée sur le rhin (comme durant la traversée des grands lacs helvétiques), des animations itinérantes et interactives le suivront d’ailleurs dans certaines des villes escales. «L’éducation est capitale: ceux qui aiment l’eau, aiment la vie! dans dix ans, j’imagine volontiers une fondation Miracle Bleu, destinée à aider des projets liés à la gestion des ressources en eau. Ou encore un bateau Miracle Bleu, qui naviguera sur le rhin et permettra aux classes de découvrir l’importance de cet or bleu», s’enthousiasme-t-il, tout en restant conscient que son action ne représente qu’une goutte d’eau dans la mer.d’ici là, il aura bravé le rhin et sera peut-être revenu de rotterdam à vélo. «Ce serait une belle histoire. J’y songe sérieusement. Quand j’ai fait les lacs des grisons, j’ai accumulé 80 000 mètres de dénivelé posi-tif, à pied et à vélo, pour aller d’un lac à l’autre, soit plus de deux fois les pentes grimpées durant le tour de France.» Chassez le triathlète,il revient au galop! ensuite, il focalisera vraisemblablement son attention sur d’autres défis, d’autres histoires d’eau… «Je ne veux pas brûler les étapes, mais j’espère bien aller en dehors de l’europe, en Asie peut-être, un continent qui me fascine. La mer d’Aral, si on peut y nager…» La vie d’ernest Bromeis est, à l’image du rhin, loin d’être un long fleuve tranquille! suivez les aventures d’ernest Bromeis sur www.dasblauewunder.ch

o Lac de Fuorcla Surlej, Engadine (GR).p Lac La Scotga, Schamserberg (GR).s Lac Bischol, Heinzenberg (GR).

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Texte°°° Serge greter

,Du tricycle de nos jeunes années, le rowray n’a que le nom. sur cette version moderne, les deux roues à l’arrière sont

passées à l’avant, et la roue unique a pris leur place. Mais la grande originalité réside dans l’absence de pédales. seuls sont présents des cale-pieds. Au lieu de pédaler, on rame pour activer les roues de cet engin un peu insensé imaginé par le danois troels Øhman. C’est un peu comme si l’on faisait du rameur. sur le rowray, la selle avance et recule en effet au gré des mouvements imprimés par son occupant. Les deux poignées-rames (munies de freins comme sur un vélo) per-mettent à la fois de se propulser en tirant sur les deux en même temps et de tourner en n’en actionnant qu’une seule. On travaille les bras, les jambes, le dos et les abdos. du vrai cardio-training. et c’est précisé-ment le but recherché par troels Øhman, frustré d’avoir dû sacrifier ses trois séances quotidiennes de capoeira sur l’autel de sa vie fami-liale et professionnelle. « Mon intention est de proposer une forme alternative de sport, ludique et accessible à toute heure de la journée, qui réponde aux contraintes de la vie moderne. L’exercice physique est trop souvent négligé au profit des diverses obligations quotidiennes », explique le concepteur.

à la plage ou en forêtLe rowray est aussi bien destiné aux adultes qu’aux enfants. et il permet d’évoluer sur des terrains très variés: en forêt, sur la plage ou encore dans les parcs. Un moyen de transport tout terrain à la portée de tous. Ou presque… Car le rowray n’est pas encore commercialisé. « Il s’agit encore d’un concept, dont est déjà né un prototype, précise le danois. Mais j’espère qu’on pourra prochainement en produire à grande échelle. » Avant de pouvoir faire ramer les autres, troels Øhman doit donc ramer pour trouver les fonds qui permettront à son tricycle de se retrouver sur les chaînes de production ! On peut aisément imagi-ner qu’ensuite, ce sera une affaire qui roule…

tout l’univers du danois troels Øhman sur http://oehman.dk

Le RowRayLe RowRayun tricycle pour ramer sur terreun tricycle pour ramer sur terreLe RowRayun tricycle pour ramer sur terreLe RowRayLe RowRayun tricycle pour ramer sur terreLe RowRayCe drôle d’engin, imaginé par le Danois Troels Øhman, tient à réconcilier le besoin de mobilité citadine et la nécessité d’une activité physique. Découverte d’un prototype de «fitness mobile» qui voudrait conquérir parcs et promenades.

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L’architectequi faitpousserLes murs

edouard françois

i Edouard François a été éluCréateur Maison & Objet 2011. Projet M6B2, Paris XIIIe.

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Texte°°° EstEllE Daval / EsPaCEs ContEmPorains

,Pour Edouard François, tout est une question de contexte, «l’écologie, c’est aussi de ne pas déranger ce qu’il y a autour».

ses axes de création sont intrinsèquement liés aux préoccupations du monde contemporain: le recyclage et le recyclable, l’usage et l’humain, le commerce équitable, l’économie comme idée d’acces-sibilité au plus grand nombre, la santé et le bien-être, les saisons, l’organique et le bio...Architecte, designer, urbaniste, artiste... edouard François est un créateur protéiforme. Il est aujourd’hui l’un des acteurs principaux de la «green architecture» dans le monde. Installé à Montparnasse dans l’agence qu’il a créée en 1998, il s’est entouré d’une équipe internatio-nale d’architectes et d’urbanistes avec lesquels il travaille sur de nom-breux projets architecturaux et urbanistiques, mais également dans le domaine du paysagisme, du design et du graphisme.

Du PaysagE à l’urbainC’est à partir de son intervention au Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire, en 1996, où il expose la serre molle, que son travail est remarqué. Il enseigne ensuite à l’ecole méditerranéenne des jardins et du paysage à grasse, à l’ecole spéciale d’architecture à Paris, à l’ecole nationale supérieure du paysage à Versailles, intervient à Arc en rêve centre d’architecture à Bordeaux, à l’Institut français d’architecture, au Pavillon de l’arsenal, au Centre Pompidou, ainsi qu’à la très célèbre Architectural Association de Londres. La recon-naissance viendra dès 1996 avec la première façade végétale des gîtes ruraux à Jupilles, puis avec son Immeuble qui pousse, réalisé en 2000 au Château de Lez à Montpellier, que le Ministère de la culture utilisera trois ans plus tard comme emblème de sa campagne d’affichage: «Avec l’architecture donnons de la qualité à la vie.» Mais c’est surtout tower Flower, un immeuble de 30 logements achevé en 2004 dans la ZAC d’Asnières, qui va lui apporter une plus large notoriété. Imaginée comme le pendant du parc environnant, la tower Flower se présente sous la forme d’un volume simple habillé d’un jardin vertical constitué de 380 gigantesques pots en béton léger plantés de bambou et alimen-tés par un ingénieux système d’arrosage automatique. Ce travail avec la nature, que l’on retrouve dans la plupart de ses réalisations expérimen-tales et novatrices, il l’estime indispensable à la diversité nécessaire au bien-être des hommes. «Observez un arbre: il a mille branches, bouge, grandit, change de couleur! Ce n’est que de cette manière qu’une œuvre architecturale reçoit la complexité typique que nécessite l’être humain.»Cette reconnaissance sera rapidement confirmée par l’entrée de ses œuvres dans les collections permanentes du Centre Pompidou et du Frac Centre, et par de multiples expositions dans de prestigieux lieux culturels tels que le Centre canadien d’architecture à Montréal, le guggenheim Museum à new York ou le Victoria and Albert Museum de Londres.C’est plus récemment avec ses concepts de «moulé-troué» et «muré-troué» qu’il a imaginé pour des bâtiments intégrés dans les centres historiques, comme l’Hôtel Fouquet’s Barrière sur les Champs-elysées à Paris et le show-room de BMW boulevard de Waterloo à Bruxelles, qu’edouard François a confirmé sa notoriété dans le monde de la créa-tion contemporaine.

Si l’utilisation du végétal semble être le fil rouge de l’œuvre architecturale d’Edouard François, ses multiples projets montrent avant tout une extra-ordinaire capacité d’adaptation au milieu.

s Volière blanche, Hauts-de-Seine, France.ss Tower Flower, France, Opac de Paris 2004.

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des projets pour lesquels l’architecte a créé la surprise en rompant avec l’utilisation du végétal pour mieux se fondre dans le contexte de leur emplacement. Pour le Fouquet’s, il a imaginé un bâtiment dans le style haussmannien, dont les fenêtres à l’ancienne ont été murées et la façade découpée çà et là pour y intégrer des baies vitrées contempo-raines «accrochées comme des tableaux sur du papier peint».

réinvEntEr la villEses recherches actuelles se caractérisent toujours par un intérêt perma-nent pour l’usage, l’environnement, l’économie de projet et l’innova-tion, mais aussi pour une architecture favorisant le développement de la biodiversité, comme l’illustrent ses réalisations en cours et à venir.son projet le plus récent est l’eden Bio, un immeuble parisien de 100 logements sociaux et d’ateliers pour artistes, avec des salles communes et un restaurant. Le bâtiment est longé d’un échafaudage colonisé par des milliers de glycines. toujours à Paris, dans le XIIIe arrondissement, il a été retenu pour construire la première tour de logements depuis les années septante. Un immeuble végétal de plus de 50 mètres de haut sur lequel il travaille en étroite collaboration avec une équipe de botanistes pour en faire un véritable biotope. en paral-lèle à ses projets architecturaux, edouard François mène une réflexion de fond sur les parkings, en partenariat avec le groupe epolia.Le salon Maison & Objet, qui inaugurait cette année le Fil vert, un par-cours d’exposants sélectionnés pour les démarches responsables qu’ils ont choisi d’adopter, a voulu célébrer la vision d’avenir et l’émergence

d’un mouvement porté par edouard François depuis de nombreuses années en l’élisant Créateur de l’année 2011.Avec la créatrice Loulou de la Falaise, l’artiste brésilien ernesto neto, le paysagiste chinois Wang Xiangrong et l’architecte dominique Perrault, il fait partie des cinq personnalités qui ont reçu «carte verte» pour imaginer une installation de leur choix au cœur du domaine de Chaumont-sur-Loire à l’occasion de la 20e édition du Festival international des jardins, inaugurée le 22 avril dernier.edouard François a récemment reçu «la consécration suprême» en étant élu membre international du riba (International Fel-lowship royal Institute of British Architects) pour sa contribution significative au monde de l’architecture.

p F(lat)pot.s Fouquet’s Barrière, Champs-Elysées, Paris.Réhabilitation d’un palace de 110 suites.

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ou l’art de faire une cabanenicolas Henry

Ce portrait de Nicolas Henry a été réa-lisé à Cap Town, dans la cabane pensée par le Sud-africain Patrick Jampo, qui avait pour thème le football.

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Texte°°° Frédéric rein

,Une sorte de candeur enfantine émane de la série « Les cabanes de nos

grands-parents » de nicolas Henry. Cette magie de l’imaginaire qui nous accompagne tout au long de notre jeune âge, ignore les barrières du réel et se dilue dans le sérieux de la vie adulte, il lui redonne corps l’espace d’un instant. Au crépuscule des jours. Lors des mises en scène orchestrées par le photographe français, les papis et les mamies qui ont croisé sa route retrouvent une deuxième jeunesse. Au sein de leurs cabanes, ils semblent protégés de ces minutes qui s’égrènent inéluctablement. Légers et en harmonie avec eux-mêmes. eternels !Universels aussi. nicolas Henry a en effet parcouru le monde durant 5 ans pour immor-taliser ces cabanes charpentées d’homérisme. trente pays en tout. de l’île de Pâques au Vanuatu, de la thaïlande au Chili. Il est allé de paysages magnifiques en rencontres fascinantes. Quatre cent pour être précis, à commencer par sa grand-mère et son grand-

Pendant 5 longues années, le photographe français a parcouru la planète à la rencontre des seniors. Pourquoi ? Pour leur demander de bâtir une cabane avec leurs objets personnels. L’occasion de se souvenir et de retrouver son âme d’enfant. Arrêt sur images.

Un livre qUi conte!en octobre prochain sortira chez Actes sud le livre «Les cabanes de nos grands-parents», qui regroupe les multiples rencontres faites à travers le monde par nicolas Henry. «Après 7 ans de travail, c’est un rêve qui se réalise», avoue le globe-trot-ter, qui se refuse pour l’heure à dévoiler ses nouveaux projets.

père ! Quatre cent scénographies différentes où l’on voit des aînés dans leur univers, géné-ralement chez eux.

des cavernes d’ali BaBaLe décor, bâti en compagnie de l’auteur des cli-chés et de proches, redonne invariablement vie aux cabanes de leur enfance. Ces cavernes d’Ali Baba éphémères et poétiques mettent en même temps « sous toit » le palpable et l’impalpable. Le tangible et l’intangible. Les objets choisis matérialisent une vie bien remplie; en eux se reflète aussi et surtout l’imaginaire de celui qui les possède. « Un tapis devient océan, alors que le balancement du rocking-chair fait office de roulis !, raconte nicolas Henry. C’est une façon pour moi de saisir cette forme de liberté que les anciens acquièrent en perdant le sens des vani-tés.» doit-on y voir de la nostalgie ? « Je crois plutôt à la valeur de l’expérience, et le regard de celle-ci sur notre monde d’aujourd’hui peut nous permettre de construire celui de demain.

L’être humain répète malheureusement tou-jours les mêmes erreurs, et chaque génération a l’impression de tout découvrir », explique le photographe, qui avoue être préoccupé par deux univers à la fois si proches et si lointains: celui des sages et celui des enfants.

Une projection d’imagesQuand on lui demande à quoi ressemblerait sa cabane à lui, au jour d’aujourd’hui, il parle « d’un spectacle où je projetterais toutes les images du monde entier et où je conterais les histoires». Car dans le travail de nicolas Hen-ry, les mots ont autant de poids que les photos : les images sont toujours accompagnées des interviews des personnes mises en scène. et la combinaison des deux nous offre, au-delà du devoir de mémoire, des morceaux de vie à la fois captivants et attendrissants.

Poursuivez la découverte de l’univers de nico-las Henry sur www.nicolashenry.com

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«L’esprit de la nature est venu dans mon corps, pour m’apprendre les masques. Hier, il m’a parlé de votre venue. Les rires des jeunes de notre village se sont réunis, et nous sommes partis loin dans la jungle pour reconstruire la maison aux secrets.

Le regard des femmes ne se pose jamais sur la pierre et le tambour. La dent de cochon que je porte représente mon grade, c’est ma valeur dans la tradition. Quand tu as réuni le taro, le riz et le yam, tu peux tuer un cochon, et les danses de la société des hommes sont les témoins de cette nouvelle étape. Quand tu passes un grade, les cérémonies sont pleines des couleurs de la nature qui nous habillent.

Aujourd’hui, on oublie peu à peu nos traditions, car longtemps, la religion venue des bateaux nous a interdit nos pratiques. Nos ancêtres ne pensaient pas qu’il y avait un Dieu, mais Dieu prenait soin de nous en riant et en nous respectant.»

Aiair Randes, sur le site de la maison des Mystères, Lorbaap, Vanuatu.

PORTFOLIONICOLAS HENRY

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«Chuwa est le nom de l’arbre qui a deux saisons: celle qui porte les feuilles et celle qui attend leur

renaissance. Son caractère sacré vient des pierres qu’enserrent ses racines. Par respect, on ne tourne

autour qu’en suivant la route du soleil. Chaque jour, je viens lui rendre visite et je le salue. A ses pieds,

une petite pierre est caressée par la couleur orange, qui fait plaisir à nos dieux. J’emporte ma prière, qui

accompagne mes pas dans les travaux du jour.

Aujourd’hui, c’est « Magesakanti », notre fête hindoue. Tous les membres de la famille qui forment

notre village sont venus parmi nous. Certains ont voyagé tout le jour, jusqu’à venir du lointain

Katmandou. «Chuwa» porte au vent la prière, les saris rouges de toutes les femmes de notre village. On entend raisonner nos rires jusqu’au fond de la vallée,

car nous débordons de joie.

Nos vies ne connaissent pas la solitude, car l’enfant est présent dans chacune de nos maisons. L’har-

monie avec la nature nous donne conscience de la beauté de l’éternel recommencement.»

Boudhakumari Dhakal,dans l’arbre sacré de Durali, Népal.

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«Les soirs de pleine lune, les nuits sont habitées par nos rêves. Le désert de sel, qui brûle la peau,

est submergé par les pluies. Apparaît la saison des fleurs qui courbent les

branches, et la terre nous donnera ses fruits. De bons chiens font rentrer les moutons à l’ombre des

figuiers. On séduit les femmes avec notre regard sur un monde dans lequel personne ne se bat par jalousie

de posséder. Les jours se succèdent dans la beauté de ceux où l’on sème, car c’est le jour où l’on donne vie.

Alors, je m’endors dans les étendues et le vent, sur les pas de mon enfance, et les rires du matin doucement

me réveillent.»

Gerardo Coca, dans son lit à baldaquindu désert d’Atacama, Chili.

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«En 1967, j’ai vu pour la première fois une télévision. A l’intérieur, il y avait des Indiens natifs des Amé-

riques combattus par des Blancs avec des fusils et des grands chapeaux. J’étais à la fois heureuse de cette

invention et en colère de ce que je voyais dedans.

A cette époque, on ne portait pas de vêtements, on utilisait le bambou pour transporter l’eau et

se confectionner des chaussures. Les feuilles nous servaient à ramener les fruits des jardins et à nous

protéger de la fraîcheur des nuits. Quand le plastique est venu, on a pensé qu’il était naturel, et puis on

s’est rendu compte qu’il s’abîmait vite et ne se dégra-dait pas. Il va dans la mer et fait mourir les poissons

et les tortues. Au début, cela t’attire et devient un besoin. C’est comme ces cigarettes, trop chères pour

nous, qui diminuent le temps de vie.

Un jour de tempête, les grandes voiles ont traversé la baie. Nous avions dit au Blanc de ne pas sortir, et

son bateau s’est fracassé contre les rochers noirs. On ne l’a jamais revu. Dans tout le village, on trouve des

morceaux de voiles – comme le plastique – jusqu’en haut de nos montagnes.»

Anna Reva, et les voiles du grand bateau,Port Resolution, Vanuatu.

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«En 1967, j’ai vu pour la première fois une télévision. A l’intérieur, il y avait des Indiens natifs des Amé-

riques combattus par des Blancs avec des fusils et des grands chapeaux. J’étais à la fois heureuse de cette

invention et en colère de ce que je voyais dedans.

A cette époque, on ne portait pas de vêtements, on utilisait le bambou pour transporter l’eau et

se confectionner des chaussures. Les feuilles nous servaient à ramener les fruits des jardins et à nous

protéger de la fraîcheur des nuits. Quand le plastique est venu, on a pensé qu’il était naturel, et puis on

s’est rendu compte qu’il s’abîmait vite et ne se dégra-dait pas. Il va dans la mer et fait mourir les poissons

et les tortues. Au début, cela t’attire et devient un besoin. C’est comme ces cigarettes, trop chères pour

nous, qui diminuent le temps de vie.

Un jour de tempête, les grandes voiles ont traversé la baie. Nous avions dit au Blanc de ne pas sortir, et

son bateau s’est fracassé contre les rochers noirs. On ne l’a jamais revu. Dans tout le village, on trouve des

morceaux de voiles – comme le plastique – jusqu’en haut de nos montagnes.»

Anna Reva, et les voiles du grand bateau,Port Resolution, Vanuatu.

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«J’avais 8 ans quand je suis venu de Chine. C’est à cet âge que j’ai commencé à travailler. Pendant des années, j’étais dans le bruit et le chaos des chantiers qui empilaient maisons sur maisons. On construisait le monde dans des échos de poussières qui résonnent encore aujourd’hui à l’intérieur de mes poumons. Désormais, nos tours sont si hautes que bientôt nous aurons fait disparaître le jour. Les nuits ne sont plus qu’artifices électriques et nos vies comme des étoiles tombées du ciel.

J’étais malade quand j’ai rencontré mon maître et qu’il m’a demandé de m’asseoir sur une chaise invisible. Chaque jour, je suis revenu le voir. Chaque jour durant une année entière, je restais immobile.

A l’aube, dans le creux des jardins, les anciens me rejoignent pour le tai-chi. La recherche de l’harmonie et de l’équilibre porte notre regard sur l’arbre. Ses racines accompagneront notre destin, même si l’homme ne sait plus vivre avec les graines qui donnent le fruit.»

Woo Kwong, sur les toits de Hong Kong.

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«Quand j’étais petite fille, je me rappelle un défilé. Je pleurais dans le tumulte d’une foule immense. La reine

Elisabeth d’Angleterre m’a prise dans ses bras et m’a embrassée pour me consoler. Mes larmes ont séché dans

cet étrange silence que bercent les regards.

Adolescente, je faisais partie de l’équipe de volley-ball championne du Brésil. Ma mère m’a envoyée faire de

la danse car elle me trouvait garçon manqué. Je suis devenue première ballerine, et plus tard professeur de

ballet à Pétropolis. La scène a marqué les plus beaux moments de ma vie en m’incarnant dans les costumes

et les aventures de princesses.

Après notre rencontre à un dîner au club automobile, mon mari est venu me voir danser et il m’a demandé

en mariage. J’avais 21 ans. Toute notre vie, nous avons été heureux, nous nourrissant de la famille et de

littérature. Après avoir élevé mes enfants, j’ai fait les Beaux-arts. La gravure m’a permis de figer les beautés de l’instant, et de transmettre les émotions qui vivent

dans ma mémoire. »

Maria Angela, dans la bibliothèquede son appartement de Rio, Brésil.

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i America Germina Narvaez,et ses petits-enfants, Atacama, Chili.

o Maria Celia Grefa Aguinda, au pied d’un des derniers grands arbres, forêt

amazonienne, Equateur.

p George Trevorrow, grand-pèrede Kevina, et chef traditionnel des

tribus aborigènes de la régiondu Coorong, Australie.

oo Thomas Charley, et son poissonhélicoptère, Tana, Vanuatu.

p p Ellen Trevorrow, cueillant les herbesde la vie, Mennige, Australie.

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La tendance automnale se décline sur un air seventies. Petit passage en revue

des «indispensables» de la saison.

Indémodablesannées

7070Texte°°° SaSkia Galitch

,comme si le futur «fashion» ne pouvait s’écrire qu’au passé, les créateurs n’en finissent pas de revisiter les vestiaires

d’antan. Pour cet automne, la machine à remonter le temps s’est donc (à nouveau) arrêtée sur 1970. Ce dont témoignent les collections tommy Hilfiger, Marc By Marc Jacobs ou Jill stuart, pour ne citer que celles-ci. du coup, si l’on a envie de se la jouer tendance et pour éviter le faux pas, le moment est largement venu de réviser ses «codes seventies» et de revoir ses fondamentaux. Parmi les indispensables de la «néo-hippie-boboïsante version 2011», on trouve notamment…

leS patteS d’éléphant taille haute et très évasé en bas, le pantalon pattes d’eph’ est LA pièce symbolique de ces années-là… et d’aujourd’hui. Il se décline en denim, en chevron ou en velours côtelé. Comment le porter? Avec une belle ceinture, un t-shirt à manches longues, court et pas trop large, une blouse ou un chemisier rentré à l’intérieur.

leS jupeS et leS robeS Pour ce qui est de la longueur, deux écoles s’affrontent: les mini-miniphiles et les ultra-longuistes, tendance folk. Cela dit, peut-être pour éviter les longueurs monotones cet automne, on donne un léger avantage aux jupes courtes et midi, ainsi qu’à la minirobe. Comment les porter? Jupettes et petites robes apparaîtront sur des collants opaques et colorés, avec des chaussures vernies à bout carré (du dernier chic) ou des boots à lacets, également très trendy cet hiver.

leS mailleSLongtemps disparues des vestiaires, on retrouve les jaquettes à cein-ture en laine tricotées «grosses mailles-aiguilles-9-au-minimum». de même, les bons vieux pulls à grosses mailles, en laine ou en coton, col roulé ou encolure ronde, font à nouveau partie des basiques de la fashionista. tout comme les pièces en crochet, réapparues il y a quelques saisons, mais qui semblent plus indécrochables que jamais! Comment les porter? sur des jeans ou des jupes courtes, par exemple.

leS motifSPsychédéliques, ronds, carrés, rectangulaires, petits pois, gros pois, fleurettes… Les motifs colorés se superposent joyeusement. Comment les porter? tout est question de gestion de son propre look. de fait, on peut aussi bien attirer les regards en mélangeant plusieurs sortes d’imprimés. Ou, pour rester plus discrète (et plus élégante), se contenter d’une pièce à motifs portée sur de l’uni.

leS couleurSen plus des classiques bordeaux, lie-de-vin, marron, mordoré et beige automnaux, on mise sur du vif, du solaire, du joyeux et du primaire. Mais aussi sur du blanc, ironiquement le «nouveau noir» de cette année. Comment les porter? Là encore, tout est question de goûts person-nels. On peut oser les mélanges à l’infini ou préférer le ton sur ton.

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Texte°°° SaSkia Galitch

,l’Europe ne le sait pas assez, mais Harry Connick Jr. est un monstre sacré. Un vrai. et s’il fallait lui trouver un père

spirituel, le seul qui soutiendrait la comparaison serait sans conteste Frank sinatra. natif de la nouvelle-Orléans, où ses copains de jeu – aussi bien sportifs que musicaux – ont été les trois premiers garçons de la famille Marsa-lis, dont le père, ellis, fut aussi son professeur de piano, le petit Harry, orphelin de mère à 13 ans, est rapidement devenu grand. Bête de scène, crooner au talent fou, pianiste très original au carrefour des influences de duke ellington pour la main gauche et de Monk pour la droite (un cocktail plutôt unique), compositeur et orchestrateur très doué, Connick a ajouté la dimension théâtrale et cinématographique à sa carrière à partir de 1990, à l’âge de 23 ans. de manière amusante, dans son premier film, «Memphis Belle», il portait le même prénom – Clay – que dans le film à paraître début novembre: «L’incroyable histoire de Winter le dauphin». Il y jouait le rôle d’un soldat excellent pianiste. Ce n’était là que le premier épisode de l’incroyable histoire d’Harry Connick Jr. au cinéma. Car si sa jolie

Crooner de génie et acteur de talent, l’Américain est un monstre sacré. Et avec «L’incroyable histoire de Winter le dauphin», son dernier film, sa notoriété devrait encore augmenter…

bouille d’ange éternellement adolescent fait mouche, son talent crève l’écran. Jodie Foster ne s’y trompe pas et, en 1992, l’engage sur «Le petit homme», où il incarne eddie, un jeune homme aussi chou que dépassé par les événements.

UnE parEnthèSE cinématoGraphiqUEParallèlement, il compose, enregistre, monte sur les plus grandes scènes américaines accompagné du gratin du jazz étasunien et acquiert rapidement un statut de superstar. si bien qu’il décide de se la jouer tranquille filmiquement parlant. Il disparaît donc quelque temps des castings. Pour revenir en 1996 dans le rôle complètement à contre-em-ploi et casse-image de daryll Lee Cullum, le serial killer diabolique de «Copycat», aux côtés de sigourney Weaver, et faire une apparition dans «Independence day». dans les années qui suivent, bien que privilégiant sa vie de musicien (et de père de famille), il prête sa voix au chef-d’œuvre animé «Le géant de fer», rejoint l’équipe de la série tV «Will & grace», et tourne dans de nombreux films populaires. Parmi lesquels «Chewing-gum et cornemuse» (2001), avec sarah Jessica Parker, «P.s. I love you» (2007), avec Hilary swank, «new in town» (2009), avec renée Zellweger, ou «L’incroyable histoire de Winter le dauphin» (2011), avec Morgan Free-man, d’ores et déjà promis à une belle destinée si l’on en croit le buzz qu’il provoque.roi des seconds rôles, il balade son élégance juvénile avec nonchalance et, s’il se montre bouleversant et invraisemblable de naturel dans les scènes émotionnelles, il semble pourtant ne rien aimer plus que d’amu-ser ses trois filles… et la galerie.

EntrE musiquE Et comédiEHarry ConniHarry ConniHarry ConniHarry ConniHarry ConniHarry ConniHarry Conni

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GeorGe Clooney et rien d’autre!Un thriller de et avec george Clooney: que demander de plus pour sup-porter les premières rigueurs automnales? Mais venons-en aux faits: stephen Myers (ryan gosling) est un attaché de presse brillant qui, du haut de ses vingt et quelques printemps, est chargé de la carrière d’un politicien d’âge respectable, incarné par george Clooney. Confronté à la réalité politicienne américaine, le pauvre jeune homme ira de désil-lusion en désenchantement. Portrait sans concession d’un milieu où coups bas et traquenards immondes sont légion, ce long-métrage est une adaptation de la pièce de théâtre «Farragut north», de Beau Willi-mon, elle-même inspirée de l’histoire vraie d’Howard dean – candidat aux primaires démocrates de l’élection présidentielle américaine de 2004, dont il fut un temps le favori.

«Les Marches du Pouvoir», george Clooney, 2011. Avec george Clooney, ryan gosling, Philip seymour Hoffman, Marisa tomei.sortie: le 26 octobre. http://ides-of-march-movie-trailer.blogspot.com

Cet automne, le cinéma se décline pour les 7 à 77 ans, sur fond de personnages mythiques. La preuve par cette petite sélection…

CinémaSi dumaS m’était Conté«Un pour tous, tous pour un!» La formule a beau être connue, elle continue à faire mouche… à la pointe du fleuret, bien sûr. dans cette version amé-ricano-allemande de 2011, espèce d’adaptation du classique de dumas à la sauce Matrix assaisonnée d’effets spéciaux délirants, on retrouve notam-ment Milla Jovovich en Milady de Winter, Logan Lerman en chevalier d’Artagnan, et Matthew Macfadyen en Athos. Au programme: des cascades et culbutes en tous genres, des duels à la pelle, des rebondissements surnaturels et anachroniques, des explosions et un soupçon de romance, histoire de pimenter l’affaire… Bref, tous les ingrédients nécessaires à une belle grosse aventure cinémato-graphique.

«Les trois Mousquetaires», Paul W.s. Anderson, 2011. Avec Milla Jovovich, Logan Lerman, Orlando Bloom, Mads Mikkelsen, MatthewMacfadyen, ray stevenson, Christoph Waltz.sortie: le 12 octobre.www.threemusketeers-movie.com

Texte°°° SaSkia GalitCh

L’aventurec’est l’aventureL’aventurec’est l’aventureL’aventure!L’aventure!L’aventureW

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summit entertainment

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auSSi à l’aFFiChe…

The Artist. Ce petit bijou en noir/blanc raconte avec poésie et tendresse le passage du cinéma muet au cinéma parlant, et comment la célébrité, l’orgueil et l’argent peuvent contrarier

les histoires d’amour. Film de Michel Hazanavicius. Avec Jean dujardin, Bérénice Bejo et John goodman. sortie: le 19 octobre. www.warnerbros.fr/the-artist

Le Chat Potté. depuis qu’on l’avait rencontré dans «shrek 2», en 2004, on était tombé sous le charme latino du félin le plus déjanté de l’histoire du cinéma d’animation du XXIe siècle. Le voilà de retour... Film des studios dreamWorks. sortie: le 30 novembrewww.pussinbootsthemoovie.com

Contagion. Comme le sous-entend le titre, il est question d’un virus mortel hyper conta-gieux qui se propage à la vitesse grand V. Que font les médecins? Ce qu’ils peuvent…

Film de steven soderbergh. Avec Marion Cotillard,Matt damon, gwyneth Paltrow. sortie: le 9 novembre.www.premiere.fr/Bandes-annonces/Video/Contagion-VOST

Twilight – Breaking Dawn, partie 1. Bella et edward ma-riés? depuis le temps que les fans de la saga qui vampirise les écrans attendaient cela… Mais qu’ils ne se réjouissent pas trop tôt: chez les Cullen, rien n’est jamais aussi simple… Film de Bill Condon. Avec Kristen stewart, robert Pattinson, taylor Lautner. sortie: le 16 novembre.www.breakingdawn-themovie.com

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tintin Se la joue avatarAdapter tintin au cinéma, toucher au mythe, se frotter à la légende, il fallait oser. Mais bon… steven spielberg et Peter Jackson sont eux-mêmes des monstres sacrés, alors évidemment, ça simplifie les choses. Mais cela suffit-il à les rendre bonnes? Fidèles? Acceptables pour les plus maniaques des tintinophiles? A quelques détails près, le oui s’impose – du moins visuellement parlant. Comme le film a été tourné en «performance capture», le procédé révolutionnaire déjà utilisé dans «Avatar», on a bien l’impression de se balader d’une case à l’autre, dans l’univers gra-phique d’Hergé. et même si tintin-Jamie Bell (qui incarna Billy elliot), Andy «Haddock» serkis ou gad elmaleh donnent corps à des héros que l’on aime «plats» sur les Bd, les incarnations sont plutôt réussies. Au point d’attendre impatiemment de voir la suite. C’est dire…

«Les Aventures de tintin: Le secret de la Licorne»,steven spielberg et Peter Jackson, 2011. Avec Jamie Bell, simon Pegg, nick Frost. sortie: le 26 octobre. www.us.movie.tintin.com

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et les impressions de deux personnes perdues. Deux personnes semblables, mais différentes des autres, qui se rencontrent dans un environnement hostile et qui se lient le temps d’un voyage.» Produit par Brian Eno (U2, David Bowie), ce cinquième opus, attendu dans les bacs le 24 octobre, laisse donc entrevoir de petits changements sur le chemin de la continuité. Sans aucun doute de quoi accroître encore le nombre d’albums vendus – près de 50 millions à ce jour, dont 8,5 millions d’exemplaires en 2005 pour le seul «X&Y» ! Quand on pense que leur tout premier trois titres paru en 1998, «Safety EP», ne s’écoula qu’à 50 exemplaires… Les temps changent, et Coldplay évolue. Certes, comme sur «Viva la vida or Death and All His Friends», le précédent album sorti il y a trois ans, les détracteurs du groupe pourront pointer du doigt une pop trop consen-suelle tenue par des ficelles marketing. La rançon de la gloire a un prix. Mais est-il vraiment si cher payé?www.coldplay.com

Le cinquième album du mythique groupe anglais est annoncé pourle 24 octobre. La sortie du premier single, début juin, donne déjà le ton…

ColdplayTexte°°° Frédéric rein

,Le single «every Tear drop is A Waterfall», sorti le 3 juin dernier, aura déjà fait couler beaucoup d’encre. Avec son

refrain entêtant, cet avant-goût du cinquième album studio de Cold-pay a tout d’abord balayé les rumeurs de séparation que l’on prêtait au groupe anglais. Dans un second temps, ce morceau a jeté un froid, le quatuor étant rapidement accusé de plagiat. Chris Martin, leader de Coldplay, s’en est aussitôt défendu en affirmant que le groupe avait travaillé avec Peter Allen et Adrienne Anderson, les auteurs du titre «I go to Rio», qui a inspiré «Ritmo de la noche», le morceau incriminé. Fin de la parenthèse!

Un peU pLUs éLecTriqUe Et la musique dans tout cela? Ce premier extrait laisse entendre un son un peu plus électrique. «Davantage basé sur les guitares que sur le piano», comme l’a annoncé Chris Martin. «Il s’agit d’un album-concept très personnel, a-t-il poursuivi. Il mettra en présence les sentiments

ColdplayLe retour tant attendu deColdplayLe retour tant attendu deColdplayColdplayColdplayColdplayLe retour tant attendu deColdplayColdplayColdplay

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tREntE DEgRéS | 55

sUr Le devAnT de LA scèneiiA peine leur ultime album «I’m With You» sorti (le 30 août dernier), les quatre Américains des Red Hot Chili Peppers se produisent en Suisse. Ce sera le 13 décembre au Hallenstadion de Zurich. redhotchilipeppers.com

oo De retour avec son neuvième album «Black And White Ame-rica», Lenny Kravitz sera aussi sur les scènes helvétiques, le 24 novembre à l’Arena de genève, et le 26 novembre au Hallenstadion de Zurich. www.lennykravitz.com

iLa chanteuse barbadienne Rihanna évoluera au Hallenstadion le 7 novembre et le 10 décembre pour défendre sur scène son der-nière album baptisé «Loud», et certainement reprendre ses tubes comme «Umbrella» et «Don’t Stop the Music».www.rihannanow.com

o Quatre ans après «Volta», l’inclassable Björk revient avec une galette intitulée «Biophilia». Il s’agit là du septième album studio de l’Islandaise. A écouter dès le 26 septembre. www.bjork.com

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JAMAICAN SPIRIT.

stir it up. www.rumcoruba.com

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DettmerTexte°°° Frédéric reinPhotos°°° Briandettmer.com

,dans l’œuvre de Brian dettmer, plus besoin de tourner les pages pour se voir raconter des histoires. Cet Américain de 37 ans,

basé à Atlanta, a substitué l’art de manier les mots à celui de ciseler les pages pour leur donner une seconde vie. La syntaxe laisse place aux coups de bistouris ou de brucelles, le plat à un volume étagé, en trois dimensions. Le lecteur se mue en spectateur. Avec ses découpages à la précision chirur-gicale, Brian dettmer saute des chapitres, décapite des récits ou des images, en réunit d’autres. Il extrait, recompose, nous fait d’une certaine façon «lire entre les lignes», laissant apparaître une nouvelle histoire!Cette sorte d’autopsie à livre ouvert passe par des pliages, des ponçages, des enroulages et de multiples couches de vernis, des empilements et des collages d’ouvrages entre eux, aussi. des formes surprenantes jaillissent, qui gomment parfois les silhouettes classiques des livres. Aucun élément extérieur n’est toutefois rajouté. Interview de Brian dettmer, qui nous emmène à la frontière du design, du graphisme et de la sculpture.

Brian Dettmer, comment doit-on interpréter vos œuvres?Je souhaite que les gens réfléchissent à la façon dont nous consommons l’information. Qu’ils prennent conscience des pertes potentielles d’idées et de leur instabilité, liées aux changements constants de format des médias digitaux, dont l’équilibre repose sur des structures avant tout commerciales. Le livre est actuellement dans une position intéressante. Avec la possibilité toujours plus grande de consulter les informations online, il perd chaque jour un peu plus de son monopole et de sa fonc-tion. Mais personne ne veut pour autant le jeter. Les mots et les images que l’on y trouve offrent une richesse inépuisable et une source d’explo-ration infinie. Il est important de le considérer à sa juste valeur...

Détestez-vous pour autant les nouveaux médias?Je ne renie pas mon époque. C’est génial d’avoir accès à l’information aussi rapidement. en tant qu’artiste, je ne sais pas comment je fonction-nerais sans Internet. Mais on doit considérer les conséquences à court terme. réfléchir à la manière dont nos petits-enfants pourront voir les photos, alors que le format ne cesse de changer, à la façon d’enregistrer et d’accéder aux idées.

Cet Américain sculpte les vieux livres pour en faire des œuvres d’art contemporainesen trois dimensions. Il a expliqué à 30° sa surprenante démarche…

Brianun artiste à la page

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Comment vous est venue l’idée de mode-ler des livres?Au Columbia College, à Chicago, où j’ai étudié la peinture et la sculpture, je réalisais de grandes peintures abstraites qui contenaient des codes et des systèmes de langage. dès 2001, je me suis mis à déchirer des journaux, des annuaires téléphoniques et des livres, puis à poser ces fragments sur un canevas. Même si je me suis d’abord senti coupable de les torturer, cela m’a fait voir les livres comme un matériau avec lequel on peut travailler. J’aime aussi savoir qu’ils ont un jour été fonctionnels. J’ai commencé par découper des trous et des formes géométriques, sans trop réfléchir à ce que cela allait donner. Une figure est apparue. C’était mon «moment eurêka»!

Comment choisissez-vous les livres que vous utilisez?J’opte avant tout pour des ouvrages de référence – peu de science-fiction – car ce sont ceux qui sont les plus menacés par les nouvelles technologies de l’information. Parfois, j’ai une idée spécifique et je cherche un livre-support pour mettre en œuvre mon concept. Parfois, à l’inverse, c’est le livre qui va amener l’idée.

Même si vous pouvez orienter vos œuvres, le résultat final tient en grande partie au hasard? effectivement, car je ne contrôle pas ce qui va émerger. Je choisis juste si j’utilise tel ou tel élément, comment l’utiliser et sa relation avec les autres pièces. Il y a un équilibre entre

le matériel existant et mon intervention, entre le chaos et l’ordre – qui influencent d’ailleurs largement nos vies – entre mes intentions et les réactions de ceux qui voient le résultat final. A travers mon travail, je laisse le spectateur reconstruire un récit… Il y a 5 ans, vous émergiez sur la scène inter-nationale. Depuis, vous vous consacrez en-tièrement à votre art, avec des expositions à New York, San Francisco, Barcelone… Je vis actuellement mon rêve artistique: être capable d’explorer mes idées et passer mon

temps sur des travaux que je trouve intéres-sants et pertinents, tout en ayant un public avec qui communiquer.

Combien coûte l’une de vos œuvres?Cela oscille généralement entre 4000 et 30 000 dollars, selon la taille et la quantité de détails. Une pièce me prend entre une semaine et plusieurs mois, et j’en réalise plusieurs en parallèle. Cinq galeries me représentent en permanence, et cela marche bien. Les collec-tionneurs sont souvent des amateurs d’art contemporain amoureux de livres.

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Texte°°° Serge greter

,A force de parcourir la planète, Mike Horn en connaît cer-tains de ses recoins les plus intimes. d’expéditions individuelles

en paris aux limites du raisonnable, l’aventurier de Château-d’Oex (Vd) a depuis longtemps conquis le monde. Mais, depuis 2008, il endosse un rôle un peu différent en transmettant une partie de son savoir d’homme de terrain à des ados venus des quatre coins du globe. Cette expédition baptisée «Pangaea», qui se déroule sur quatre ans, permet aux adultes de demain (répartis en groupes) d’accompagner Mike Horn sur un bout des 100 000 km autour du monde avec escales d’un voyage en voilier. «Ce périple est unique, car il sert de plateforme aux jeunes adultes qui veulent découvrir et explorer le monde naturel, apprendre à relever des défis, trouver des solutions, et surtout agir pour rendre les choses meilleures», explique Mike Horn. Les actions concrètes passent par exemple par le ramassage de déchets ou le lâcher de bébés tortues. retour sur une belle aventure humaine.

Mike Horn, avec l’expédition «Pangaea» et sa dimension environ-nementale, on aurait presque envie de vous comparer au Com-mandant Cousteau…Quand j’étais enfant, c’était l’un des seuls programmes que j’étais autorisé à regarder. J’aurais adoré être sur la Calypso avec cet homme qui m’a tant fait rêver. J’ai donc décidé de construire un bateau et de rendre ce rêve accessible à de nombreux jeunes.

Cela fait trois ans que vous écumez le monde avec des ados venus des quatre coins de la planète. Quel premier bilan tirez-vous?La beauté des éléments naturels me stupéfie toujours autant qu’avant. Mon «terrain de jeu» a malheureusement beaucoup changé, mais quand je vois l’engagement des jeunes générations en matière de conservation de la planète, j’ai beaucoup d’espoir pour l’avenir.

Quel est le programme de cette dernière année de voyage?nous poursuivons actuellement notre descente depuis l’Arctique sur la côte américaine. Le bateau sera ensuite amarré pour entamer un trekking dans le Colorado, afin d’apprécier la beauté naturelle du lieu, mais aussi se pen-cher sur les conséquences du réchauffement climatique et de l’irrigation à outrance sur les écosystèmes. ensuite, on mettra le cap sur le Costa rica, pour finir par l’Amérique du sud.

Pourquoi la Suisse n’est-elle pas sur la liste des pays visités? N’y aurait-il pas d’actions environnementales à entreprendre?notre programme se concentre sur les sites naturels qui sont peu connus de l’homme. de plus, la suisse peut être citée en exemple pour sa magnifique nature bien préservée. et il faut aussi savoir que nos camps de sélection des jeunes se passent en suisse, ce qui leur permet de découvrir notre pays.

Depuis 2008, l’aventurier de Château-d’Oex (VD) encadre des groupes d’ados, qu’il emmène à la découverte des richesses naturelles du monde. A une année de la fin de l’expédition «Pangaea», son instigateur dresse un premier bilan.

Vous venez en effet d’obtenir un passeport suisse. Avec vous, le monde semble ne pas avoir de frontières, alors pourquoi avoir demandé cette naturalisation? Je me définis en effet comme un citoyen du monde. toutefois, ce document sans âme est utile lorsque je voyage et que je reviens chez moi, en suisse. C’est plus facile de débarquer en europe avec un passeport helvétique. de surcroît, je suis fier d’être suisse et j’espère en être un bon ambassadeur, comme je l’ai été et continue à l’être pour l’Afrique du sud.

«Pangaea» marque-t-elle une coupure avec vos expéditions soli-taires? Doit-on y voir une sorte de passation de pouvoir? Ce voyage de quatre ans est naturellement très différent de mes expéditions en solo précédentes, car je partage le savoir que j’ai acquis par le passé. C’est une manière de rendre à la nature ce qu’elle m’a offert. Lors de ce périple, j’ai toutefois eu le temps de vivre seul plusieurs aventures, comme la traversée de la côte antarctique à skis, l’exploration du sud de l’île du sud de la nouvelle-Zélande à pied et à vélo, ou encore l’ascension sans oxygène du Broad Peak (plus de 8000 m, ndlr), dans l’Himalaya. et pour l’avenir, j’ai encore beaucoup de projets, dont une suite de «Pangaea», avec davantage de jeunes…

Quelle est la question que l’on ne vous a jamais posée et que vous aimeriez que l’on vous pose? On m’en pose beaucoup, mais on ne me laisse jamais en poser! J’aimerais demander aux lecteurs de 30°: «Vous vous préoccupez vraiment de la pla-nète? si oui, que faites-vous pour elle?»

www.mikehorn.com

Le pôle Nord reste une incroyable terre d’exploration pour Mike Horn et ses jeunes troupes… tout comme les dunes de sable de Mongolie.

f Durant quatre ans, le «Pangaea» de Mike Horn sillonne les mers du monde entier, comme ici au Groenland.

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Texte°°° Giovanni QuiriciPhotos°°° EliE chEviEux et Yannick BoissEnot

,Parfois, il y a des expériences dont on ne comprend le sens qu’à la fin du voyage! Mettre sur papier ce que nous avons vécu

pendant les six semaines passées dans le Kinnaur, une région située au nord de l’Inde, à environ 50 km du tibet, n’est pas facile. Mais essayons… Une tata, véritable boîte à sardines sur roues, nous attend à l’aéro-port de delhi. notre conducteur sourit malgré la taille des bagages. et il garde le sourire après la réparation du réservoir du système de refroidissement et une roue explosée. «Little car, little problem!», répète-t-il comme un mantra. Au fur et à mesure que l’on monte vers le nord, les traits des visages que l’on croise se font de plus en plus tibétains, le paysage de plus en plus montagneux, et les routes de plus en plus accidentées. Arrivée à shimla. Les premiers chapeaux verts des ethnies Kinnauri apparaissent, pour se densifier vers les montagnes. Les saris laissent aussi leur place aux habits traditionnels locaux, des pantalons bouffants serrés aux chevilles, accompagnés d’une tunique, d’une petite veste, et souvent d’un grand châle. de belles maisons en bois, véritables chefs-d’œuvre de charpente, s’intègrent harmonieu-sement dans le paysage. notre «croisière» en voiture à 40 km/h aura duré environ 28 heures! Qu’à cela ne tienne, une nouvelle exploration verticale peut commencer, dans cette région encore très peu connue des alpinistes. A raksham, village de 800 habitants établi à 3100 mètres d’altitude, les racines shamaniques tissent des liens avec l’hindouisme et le bouddhisme. trois temples et leur panthéon de divinités locales incarnent cette réalité rurale.nous voilà aux pieds du Kinner Kailash, la demeure de shiva. Le pic qui veille sur le village est beau, mais une autre paroi de 1000 m attire notre

Sur ces quelques pages, vous trouverez le dernier reportage livré par Giovanni Quirici. Ce grimpeur d’exception, collaborateur régulier chez 30°, est décédé sur la face nord de l’Eiger le 12 août dernier, quelques jours seulement après nous avoir livré ce texte. En sa mémoire, nous avons décidé de vous faire partager une dernière fois sa passion. Il nous conduit dans une région du nord de l’Inde encore peu explorée, où il avait ouvert une nouvelle ligne de 700 m très engagée.

i Le sommet du Shoshala, qui veille

sur le village de Raksham.

f Giovanni Quirici dans le magnifique

dièdre jaune de la voie Trishul Direct, à plus de 4000 m d’altitude.

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regard. nous prenons son chemin. elle a été réalisée en artificiel par l’espagnole silvia Vidal, mais son sommet demeure encore vierge. Mal-heureusement, nous n’avons pas prévu l’équipement nécessaire pour une véritable expédition alpine, et après une nuit à 4200 m, le verdict est sans appel: il faudra revenir avec le matériel adéquat! Après trois semaines à pratiquer toutes sortes d’approches et à creuser quelques vires sous une météo capricieuse, l’échec est dur à digérer.

shoshala, lE dEuxièmE ProjEtOn se remotive avec notre deuxième projet: le shoshala, un magnifique pic au-dessus du village de raksham. difficile d’imaginer un itinéraire dans ce mur où, en 2000, une cordée d’Italiens a effectué 150 m d’ascen-sion avant d’abandonner, probablement à cause du manque d’eau. Mais nous, nous avons la chance qu’un petit névé soit encore là. Avec elie Chevieux et le cameraman Yannick Boissenot, nous commen-çons notre ascension. La stratégie? grimper un maximum en libre, puis si c’est trop dur, passer à l’artif. et si ça devient trop engagé, on prend la perceuse pour mettre un spit. en scrutant la paroi avec les jumelles, nous trouvons quelques belles fissures, mais beaucoup de sections restent un mystère. On peine à imaginer une ligne possible en libre. Bien que la paroi débute à presque 4000 m, beaucoup d’anfrac-tuosités sont bouchées par de l’herbe, ce qui rend la progression lente et incertaine. Arrivés à la troisième longueur, les choses sérieuses com-mencent. Les premiers 20 mètres avalés, elie se retrouve face à un pilier creux de dix mètres posé en équilibre instable. nous sommes obligés de faire demi-tour et de rechercher une autre ligne. Le jour suivant, nous explorons l’énorme dièdre jaune à notre droite. ça passe! La large et esthétique fissure de ce rocher nécessite beaucoup de grands friends (protections amovibles utilisées par les grimpeurs

Le camp de base caressé par les derniers rayons de soleil. Ici, il faut 3 heures pour obtenir de la neige trois précieux litres d’eau!

Dernière lueur du jour sur laBaspa Valley.

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Un surprenant 7aà 500 m du sol.

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La ligne de 700 m ouverte par les trois alpinistes.

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i Giovanni Quirici (devant) et Yannick

Boissenot au sommet du Shoshala, avec en toile de fond la

montagne interdite du Kinnaur Kailash,

demeure de Shiva.

p Camp de base où, sur 18 jours, il n’a fait

beau que 4 jours!

i La brume joue avec le petit village de Raksham, dominé par le Shoshala.

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pour se protéger dans les fissures). Comme tous les jours vers 14h, l’orage est au rendez-vous. Avec Yannick, nous ouvrons la suite, pendant qu’elie redescend au village pour acheter du pétrole et de la nourriture. Les nombreuses journées sous la tente mettent notre patience à l’épreuve. Aujourd’hui, la paroi est complètement recouverte de neige. La journée sera rythmée par les échecs, et terminée par une soupe de noodles, notre plus belle récompense. Après sept jours dans la paroi, les premiers 500 mètres de cette terra incognita sont enfin derrière nous. Le temps commence à devenir précieux, et avec cette terrible météo, l’espoir de réussir paraît infime. difficile de déterminer le nombre de jours qui nous séparent du sommet. Mais si nous avons assez de temps, nous devrions y parvenir! Avec Yannick, nous prenons la décision de prolonger les dates de nos billets d’avion – elie doit partir en raison d’un visa expiré – et trouvons encore un peu de cordes statiques pour assurer notre réussite.

GarE aux avalanchEs dE PiErrEsnous attaquons la dernière étape de ce long périple. nous sommes au début du mois de juin et un manteau de neige couvre la paroi! La température a également bien baissé. nous

remontons les cordes statiques en cassant la glace avec nos jumars. On évolue toujours dans des longueurs entre 6b et 7a, exception faite de quelques 7b. Les doigts de pieds gelés dans nos chaussons, nous grignotons gentiment du terrain, afin de conquérir deux longueurs supplémentaires en fin de journée. Malgré les 600 mètres de vide, il nous est toujours difficile d’estimer la distance jusqu’au sommet. grâce à cette vague de froid, la météo semble être un peu plus stable. Le jour suivant, nous remon-tons les 600 m de cordes statiques. tout semble bien se passer jusqu’au moment où un énorme éboulement tombe sur Yannick. Une grosse pierre tranche le protège-corde et la statique. Heureusement, Yannick n’a rien! L’une de ces avalanches de pierres a d’ailleurs percé notre tente, ce qui ne tranquillise pas nos nuits. nous revoilà encore là-haut, toujours plus proche du ciel et plus loin du sol. Yannick part dans la première longueur et il enchaîne les 50 m sans mettre de spit. Je le rejoins pour me lancer dans celle qui suit. A ma grande surprise, après avoir escaladé une belle fissure, le sommet est devant moi. Je par-cours rapidement les quelques mètres qui me restent. Arrivé sur la cime, je me retourne et crie: «sommet!» Je suis assis comme sur une

à lirEgiovanni Quirici vient également de publier «Le penseur sans pensées», aux editions Arium. Comme expliqué sur la couverture de ce petit livre, il s’agit «d’un hymne à la vie, le récit d’une fascinante découverte de l’Inde autant qu’une ren-contre avec soi-même»… Un ouvrage à lire et sur lequel méditer! disponible dans les librairies Payot ou sur www.arium.ch

selle de cheval, tellement l’arête est étroite. encore sous le choc, je perce notre 39e spit sur les 19 longueurs! Les 18 jours passés au camp de base et les 10 jours dans la paroi sont balayés par l’instant présent. Mais le voyage n’est pas totalement terminé… Il nous reste encore à démonter toutes les statiques et à essayer de libérer quelques longueurs. Le temps est de nouveau terrible. Il ne cesse de pleuvoir et de neiger. Après trois jours et quelques longueurs libérées, nous décidons de mettre un terme à ce chantier. Au village, quelques autochtones ont suivi nos aventures aux jumelles. Ce retour à la civilisation sera le commencement d’un autre voyage… vers de nouveaux liens humains!

Giovanni Quirici s’approche d’un sommet qui paraît encore si loin…

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Daniel Perler Le démon du 60Daniel Perler Le démon du 60Daniel Perler

e rugissantLe soixantième anniversaire de ce postier de Prangins (VD) atteindra des sommets. L’alpiniste le célébrera, à partir de décembre prochain, en mode sexagésimal, en réalisant 60 sommets de plus de 6000 mètres d’altitude dans la Cordillère des Andes!

Ascension du Mont Vinson (4892 m), Antarctique.

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Texte°°° Jean-Marc SueurPhotos°°° alain Blanc

,le crépuscule n’a de toute évidence

pas la même symbolique pour tout le monde. tandis que certains courent sans relâche derrière un repos fuyant, une retraite méritée et réparatrice, d’autres n’ont de cesse que de trouver du temps pour accomplir enfin l’acte fantasmé, le couron-

nement d’une vie aboutie. daniel Perler, né le 6 mai 1952, employé de poste pranginois (Vd) émérite, fait sans conteste partie de la seconde catégorie. Pour lui, les charentaises ne s’accompagnent que de crampons. A l’occasion de son soixantième anniversaire, ce «seven summiter» – auteur de l’ascension, en autonomie, des plus hauts sommets d’Asie, d’Amérique du sud, d’Amérique du nord, d’Afrique, d’europe, d’Antarctique et d’Océanie, excusez du peu! – se projette bien peu dans un rôle d’expert en sudoku. son défi à lui est bien plus altruiste, orienté vers des sommets sur lesquels les géra-niums ne poussent plus! ses ambitions sont triplement colorées… sportives, tout d’abord, avec l’ascension de 60 sommets de plus de 6000 mètres d’altitude dans la Cordillère des Andes (seconde chaîne montagneuse la plus haute du monde après l’Himalaya), avec pour seule assistance celle d’un chauf-feur et d’un cuisinier. Humanitaires ensuite, puisque chaque mètre gra-vi au-dessus des 6 kilomètres rapportera un franc à l’organisation terre des hommes (près de 17 000 francs de don prévu). didactiques enfin, grâce à la tenue de contacts étroits avec des écoliers de la région, tout au long d’un périple s’étalant de décembre 2011 à mai 2012, et traversant 5 pays sud-américains (equateur, Pérou, Bolivie, Chili et Argentine). Ou quand l’utile se joint à «l’agréable»…«grimper pour aider»: un intitulé évocateur, un rêve, un projet ines-timable qui a pourtant un prix, que l’enthousiasme, l’altruisme et le courage ne suffisent hélas pas à couvrir. Le budget reste à boucler, pour ceux qui auraient une pierre, une pièce, à apporter à l’édifice de daniel Perler, philanthrope affranchi.

www.azimutdreams.chSatisfaction du devoir (presque) accompli au sommet du Mont Vinson,6e des 7 «Summits».

www.protrek.eu

PRG-240-8ERCHF 349.–

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Texte°°° Caroline Henry

,Courir un trail n’est pas une mince affaire. surtout quand on est novice. On a beau savoir randonner en montagne et être aguer-

ri à la course à pied, le pari est de taille. Car un trail n’exige pas seulement une solide condition physique, il oblige aussi à repousser ses limites. nous avons malgré tout décidé de nous immerger dans une foule cos-mopolite – presque 1000 participants issus de 22 nations – de mordus de la discipline lors de la troisième édition du trail Verbier saint-Ber-nard (tVsB). Au choix, deux parcours: la « Boucle », qui rallie les trois vallées de la drance et propose 110 km et 6 900 m de dénivelé positif, avec une arrivée et un départ à Verbier; et la « traversée », qui sillonne le pays de saint-Bernard de la Fouly à Verbier via 61 km et 4 000 m de dénivelé positif. Mais pour notre première fois, on se contentera du tronçon entre Lourtier et Verbier, commun aux deux courses. soit 11 km, 1 400 m d + et 800 m d -. C’est déjà pas mal.

Une organisation aU millimètredès le départ, ça commence fort: on attaque d’emblée tout le dénivelé positif sur une pente très raide. et dire que c’est le finish des autres traileurs, certainement éreintés à ce stade de la course… Même avec des bâtons, l’ascension est dure: il faut mesurer son effort, gérer son souffle, trouver son rythme. Heureusement, les conditions météo sont excellentes et le sentier est bien balisé, roulant et en partie à l’ombre. Plus on grimpe, plus le magnifique panorama se découvre. en bas Lourtier, en haut les alpages. Alors qu’apparaissent les premiers signes

Pour sa troisième édition, cette course, qui a eu lieu les 2 et 3 juillet, a réalisé un parcours sans faute. Comment le sait-on ? Nous y avons participé, pardi ! Récit d’un défi.

de fatigue surgissent derrière nous les premiers « vrais » coureurs. Partis tôt ce matin et avec une centaine de kilomètres au compteur, ils nous doublent. Avec le sourire. Franchement, respect ! nous aussi, on sourit. Car non seulement nous arrivons au ravitaillement, mais en plus nous attaquons la dernière descente. Le plus dur est passé…

Une ambianCe à nUlle aUtre pareilleA Verbier, c’est l’effervescence. Les premiers commencent à arriver sous les encouragements de nombreux spectateurs. Comme eux, nous savourons le plaisir de franchir la ligne d’arrivée, de retrouver nos proches venus nous soutenir, de se dire « je l’ai fait ». Après la douche, nous reviendrons fêter notre exploit avec tous les coureurs, applaudir ceux qui continuent d’arriver et, devant notre assiette de spaghettis, refaire la course à l’envi.

www.trailvsb.ch

en roUte poUr 2012La quatrième édition du trail Verbier saint-Bernard aura lieu les 7 et 8 juillet 2012, avec, en plus de la «Boucle» et de la «traversée», un parcours initiatique entre Liddes et Verbier (29 km et 2500 m d+).

Trail Verbier SainT-bernard danS la cour deS ulTraS

la CoUrse en résUltats40% d’abandons sur la «Boucle», 15% sur la «traversée», et deux interventions en hélico, mais sans gravité.

La «Boucle» Verbier-VerbierHommes: 1. Ludovic Pommeret (F) 14h08; 2. ryan Baumann (sui) 15h07; 3. renaud rouanet (F) 15h57. Femmes: 1. denise Zimmermann (sui) 17h16; 2. Karine Herry (F) 17h39; 3. Colette Borcard (sui) 18h46.

La «Traversée» La Fouly-VerbierHommes: 1. emmanuel Vaudan (sui) 6h49; 2. Marcel theux (sui) 7h02; 3. Vincent Mabboux (F) 7h23. Femmes: 1. Mary Jérôme Vaudan (sui) 9h19; 2. Lena Pichard (sui) 9h33; 3. Patricia Joris (sui) 9h42.

François Perraudin

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Verbier

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Texte°°° AlbAn AubertPhotos°°° PAtrice Schreyer

,Verbier est perchée à 1500 mètres d’altitude, sur un plateau idyllique du val de Bagnes, en Valais. On y accède

aisément grâce à une large route bien entretenue. Cette grande station, idéale pour les familles, propose de nombreuses activités. et en cas de mauvais temps, on peut opter pour une séance de shopping, la visite du musée alpin (espace Alpin), ou profiter de la piscine couverte. Mais si le temps le permet, vous pourrez réaliser de très beaux runs en Vtt. Comme souvent, le départ se fait au pied d’un glacier…

à fAire en fAmilledepuis cette année, Verbier a de quoi séduire les familles qui aiment le Vtt, car la «tsopu» est une piste bleue qui en est vraiment une. si la station valaisanne a longtemps eu la réputation de n’offrir que des pistes très raides et techniques, ce n’est désormais plus le cas… L’équipe emmenée par Fabrice tirefort a réussi à s’adapter, offrant un tracé intéressant pour tout le monde. La piste est conçue en deux parties: la première est très ludique, avec de nombreux virages relevés, ainsi que quelques arrêts possibles pour se restaurer dans les mayens; la seconde, un itinéraire de liaison, permet de revenir au départ de la télécabine. Ce tronçon est moins amusant, mais a le mérite d’être facile et de se dérouler dans un cadre majestueux. Vue plongeante sur tout le village et le val de Bagnes!

réSerVé Aux riderS AVertiSLa «tire’s Fire», quant à elle, offrira tout ce dont le rider confirmé a besoin. Cette descente a déjà accueilli de nombreuses manches de la coupe de suisse, et propose un pierrier, des racines, de gros virages engagés, des sauts naturels, des choix de lignes et une pente relati-vement soutenue. Il vous faudra de bons bras pour venir à bout de cette piste sans vous arrêter et enchaîner toutes les difficultés à pleine vitesse! Un joli défi que vous pourrez même chiffrer grâce à un système de chronométrage à la disposition de chacun, et d’ailleurs utilisable sur les trois pistes de la station.

La station valaisanne a bâti sa renommée sur son domaine skiable freeride et sa clientèle jet-set. Ses pentes ont pourtant aussi beaucoup à offrir en été. Les vététistes de tous niveaux peuvent s’en donner à cœur joie. Repérages.

2500 mètreS de déniVelési vous voulez du grand dénivelé, rendez-vous à 2900 mètres d’altitude, au pied du Mont-Fort! Les 2500 mètres de descente jusqu’à Verbier, via la «tsopu», vous conduisent au niveau du golf. ensuite, la télécabine de savoleyres vous propulse à plus de 2300 mètres d’altitude et vous pourrez descendre jusqu’à saxon, au bord du rhône! sinon, Verbier propose une troisième piste (route), qui est en réalité une piste noire, voire double noire en cas de pluie. La «Wouaïy» est superbe, naturelle, et vous fait découvrir des coins de forêt incroyables. C’est certainement la piste de descente officielle en forêt qui possède le plus bel environnement. nous avons en plus eu l’occasion de la descendre un jour de brouillard, ce qui a ajouté une touche unique à ce parcours. Le tracé est bien pensé, et depuis cette année, plusieurs modules (constructions) ont été réalisés, permettant de faire de nom-breux sauts. La difficulté réside surtout dans les virages très serrés. A mi-parcours, la pente s’amenuise et la piste est vraiment très ludique. On slalome entre les arbres, on prend l’air sur les quelques appuis construits, et on garde notre vitesse naturelle sans devoir pédaler ou freiner. Cette partie entre le Hattay et Clambin constitue notre coup de cœur. On a adoré!

f Fabrice «Trifon» Tirefort, responsable du bikepark,lors d’une leçon de drift (glisse).

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en PrAtique Infos VTTwww.verbierbikepark.ch OuvertureJusqu’au 23 octobre, durant les week-ends.Prix du bikepass à la journéeAdultes: 30 francs; enfants: 15 francs.Freelap Chrono10 francs la journée et 6 francs la demi-journée.HôtelsHôtel La rotonde, 027/771.65.25, www.hotelrotonde.com, [email protected]; Hôtel de Verbier, 027/775.21.21,www.hotelverbier.ch, [email protected]; Les touristes, 027/771.21.47, www.hoteltouristes-verbier.ch, [email protected] et restaurantsHarold’s Hamburgers & Internet WiFi Café, bien placé, restaura-tion rapide, 027/771.62.43, www.harolds.ch ; Le Millénium, cuisine internationale, 027/771.99.00, www.lemillenium.ch

Verbier, entre cAlme et efferVeScence Il vous faudra venir entre mi-juillet et mi-août à Verbier pour avoir de l’animation, surtout en soirée. Le reste de la saison, même si la station est grande, cela reste relativement calme, et l’on ne retrouve pas les folles nuits que l’on peut vivre en hiver. Il y a peu de restau-rants ou de bars ouverts, et certaines fois, il vous faudra presque parler anglais pour commander de quoi vous désaltérer!

i Alban Aubert sur les alpages dominant Verbier.ff Seb Dassi se faufile sous les sapins centenaires.f L’arrivée de la télécabine aux Ruinettes.d Seb Dassi et Alban Aubert au départ de la piste de DH.

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Texte°°° Jean-Marc Sueur Photos°°° TriSTan Shu

,Sons et lumières sur l’antithèse du ski de grand-papa… La tendance est aux rebelles, à ceux qui osent sans oublier de

penser. Le freeride propose « la liberté réfléchie », et Julbo, comme d’autres, ne se prive pas de cautionner la liberté contrôlée et de soigner son image d’élite populaire en organisant le Julbo White session. Une inscription en ligne sous forme de jeu (www.julbo-eyewear.com),16 candidats retenus, et quelques lots de consolation destinés à sécher les larmes des nombreux recalés – près de 2000 lors de la dernière édition. départ ensuite des elus pour la station française de La grave-Meije (Hautes-Alpes) pour deux jours d’expression libre dans la Mecque du hors-piste. Le tout en compagnie de quelques pros du team Julbo (enak gavaggio, géraldine Fasnacht, thomas diet, Antoine Montant ou Ophélie david, n’en jetez plus!) et sous l’œil attentif et avisé d’un jury impartial en quête de quatre costauds qui se verront enfin pro-poser le graal suprême: une semaine de shooting photo et vidéo dans le cadre de la prochaine campagne publicitaire Julbo ! Un site réputé, plusieurs jours à s’éclater, encadré des meilleurs pro-fessionnels (freeriders, photographes ou publicitaires), voilà bien de quoi allécher plus d’un amateur des ivresses de la montagne. Quatre passionnés français, suisses ou provenant de pays de la commu-nauté européenne (deux filles et deux garçons en 2011) qui n’auront dépensé que le prix du transport pour s’offrir une semaine de rêve en compagnie de ceux qui tapissent probablement les murs de leur chambre! de l’ambition, des fourmis dans les jambes, quelques aptitudes et une connexion internet (ouverture des dépôts de candidature pour 2012 le 30 septembre 2011) : de quoi s’offrir le droit de vivre une expérience unique. Verena Fendl, Maud Koch, Luc Fantin et Martin Vaillant, les lauréats 2011, n’y croyaient pas forcément non plus…

Bas les masques! Après la réussite totale de l’édition 2011, la marque française remet la compresse et le clame haut et fort: 2012 est au coin du bois! Décryptage et explications.

i Luc Fantin, l’un des quatre gagnants de la

Julbo White Session, dévalant l’une des pistes de la station

d’Abriès.

f Thomas Dieten plein trick.

sEn tête Enak Gavag-

gio, suivi de Maud, Verena, Ophélie David, Martin, Luc et Thomas

Diet, à la station d’Abriès. De la neige

fraîche à perte de vue, mais sans remontées

mécaniques!

Julbo White SeSSionLa quête de La quête de La quête de Julbo White SeLa quête de Julbo White SeLa quête de Julbo White SeLa quête de Julbo White SeLLLJulbo White SeLJulbo White SeLJulbo White SeLJulbo White Se’ex’ex’exJulbo White Se’exJulbo White Se’exJulbo White Se’exJulbo White SeL’exLLL’exL’exL’exLLL’exLJulbo White SeLJulbo White Se’exJulbo White SeLJulbo White SeLJulbo White SeLJulbo White Se’exJulbo White SeLJulbo White Se’exJulbo White SeLJulbo White Se’exJulbo White SeLJulbo White SeLJulbo White SeLJulbo White Se’exJulbo White SeLJulbo White Seception ordinaireception ordinaireception ordinaireJulbo White Seception ordinaireJulbo White Seception ordinaireJulbo White Seception ordinaireJulbo White SeSSception ordinaireSSception ordinaireSSception ordinaireSSionception ordinaireionception ordinaireionception ordinaireion’exception ordinaire’ex’ex’exception ordinaire’exception ordinaire’exception ordinaire’ex’ex’exception ordinaire’exJulbo White Se’exJulbo White Seception ordinaireJulbo White Se’exJulbo White Se’exJulbo White Se’exJulbo White Seception ordinaireJulbo White Se’exJulbo White Seception ordinaireJulbo White Se’exJulbo White Seception ordinaireJulbo White Se’exJulbo White Se’exJulbo White Se’exJulbo White Seception ordinaireJulbo White Se’exJulbo White Se

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80 | trente degrés

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Texte°°° Frédéric reinPhotos°°° christian Bugnon

,au nord-est de la turquie, on voit la vie en vert. Un vert chlorophyllien qui habille les collines et les montagnes. Vert

tendre des plantations de thé aux petits buissons arrondis, semés au gré de champs pentus. Vert sapin de forêts impénétrables, d’apparence presque tropicale, où les conifères se mêlent à mille autres essences. Une falaise s’en échappe parfois, des chutes d’eau souvent, à moins que ce ne soit une mosquée. de loin en loin se disséminent des maisons tra-ditionnelles en bois foncé, généralement associées à une petite bâtisse sur pilotis servant à entreposer les réserves de nourriture à l’abri des rongeurs en tous genres. Au milieu des vallées serpentent des rivières comme la Firtina, enjambée par de vieux ponts en pierre sous lesquels fusent rapides et adeptes du rafting. Catégorie 5 sur les passages les plus corsés. Mais en été, l’activité principale reste la randonnée. Autour du petit village d’Ayder, centre névralgique du parc national de Kaçkar, les possibilités sont nombreuses. du hameau de Kavron, on s’élève à travers d’épaisses forêts hantées par les ours et des loups pour retrouver un paysage alpin. Les arbres centenaires cèdent leur place à une herbe rase, pique-tée des derniers névés, plus ou moins blancs. Quelques troupeaux de vaches y broutent avidement. A chacun de nos pas résonne une symphonie florale. du bleu, du jaune, mais aussi le violet des orchi-dées sauvages. L’odeur sucrée du trèfle encore humide imprègne le paysage, parcouru par un joli ruisseau. A 3000 mètres d’altitude, après environ 3 heures de marche, sueur au front, on atteint enfin une petite crête dominant trois charmants lacs de montagne. Arrêt pique-nique! Il ne reste plus qu’à redescendre. L’hiver, les chaînes de montagne de la région, dont celle de Kaçkar, deviennent le terrain de jeu de skieurs avertis qui se font héliporter dans une poudreuse à la blancheur immaculée.

vertLoin des itinéraires touristiques convenus, le

nord-est du pays offre des paysages inattendus. Dans la région de Rize, on passe des rives de

la mer Noire au parc national de Kaçkar, des champs de thé à d’immenses forêts

impénétrables, puis aux alpages. Avis aux amateurs de t rekking.

turquiequand La

se met au

Sur les hauteurs de Rize, les ponts sont

légion. Tout comme les champs de thé…

f Cette chute d’eau fait face au petit

village d’Ayder.

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un monastère à Flanc de montagned’autres sommets attirent d’autres regards. enchâssé au pied d’une falaise dominant la vallée de l’Altindere, près de trabzon (trébizonde), le monastère de sumela se drappe volontiers d’une écharpe de brume. Un voile de mystère qui renforce encore le caractère mystique du lieu. si l’on en croît la tradition, le sanctuaire aurait été fondé en 386 par deux prêtres athéniens, mais n’a pris sa forme actuelle qu’au 13e siècle. epousant la paroi, le complexe monastique, alimenté en eau par un aqueduc haut perché, est constitué autour d’une église troglodytique aux murs intérieurs et extérieurs décorés de nombreuses fresques. Les plus anciennes ont plus de six siècles. On découvre également des cui-sines, une bibliothèque, des chambres d’étude, les cellules des moines et une source vénérée par les grecs orthodoxes. Une source symbole de vie. de l’esprit divin qui en naquit. symbole d’éternité.Loin des plages de sable blanc d’Antalya et des cheminées de fée de Cappadoce, il est une turquie au visage inattendu. Une turquie teintée d’un vert envoûtant…

p Dans le parc national de Kaçkar, les alpages conviennent parfaitement aux petits troupeaux de vaches.

Le monastère de Sumela, adossé à la montagne, aurait été fondé en 386 par deux prêtres athéniens. Parfois, le brouillard l’entoure de ses bras, lui offrant une dimension encore plus mystique. Mais la nature n’est jamais bien loin…

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une escale à istanBulsur la route aérienne qui mène à trabzon (trébizonde), le transit par Istanbul est obligatoire. Pourquoi, alors, ne pas en profiter pour s’offrir une escale de quelques jours dans cette ville de légende, posée sur sept collines, à cheval entre l’Asie et l’europe? deux ponts, suspendus au-dessus du Bosphore, relient l’Istanbul asiatique (Üsküdar, Kadiköy...), plus traditionnelle, à l’Istanbul européenne, plus moderne. C’est dans cette dernière que l’on découvre les monuments les plus prestigieux, comme l’embléma-tique basilique sainte-sophie, ode à la puissance byzantine, trans-formée en mosquée après la prise de la cité par le sultan Mehmed II en 1453. A proximité, la mosquée Bleue, la plus célèbre et la plus élégante d’Istanbul, dresse vers les cieux ses très belles coupoles en étages et ses six minarets effilés en pointes de crayons. son intérieur est presque entièrement recouvert de faïences d’Iznik. Autre incontournable, le Palais de topkapi, résidence des sultans ottomans, forme une véritable ville dans la ville, dominant avec superbe le Bosphore et la mer de Marmara. Mais la Byzance des grecs, la Constantinople de l’empire romain d’Orient, la capitale des sultans ottomans, inscrite depuis 1985 au patrimoine mondial de l’UnesCO, est également une mégapole de près de 13 millions qui offre une vie nocturne trépidante, digne d’une grande capitale européenne – le doux parfum de l’Orient en plus… Les maisons traditionnelles sont en bois foncé, et généralement associées à

une petite bâtisse sur pilotis servant à entreposer les réserves de nourriture à l’abri des rongeurs en tous genres.

Keys

tone

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84 | trente degrés

Au pAys des oursCertains se contentent d’une croisière entre baleines et icebergs. D’autres partent à l’assaut du continent, de ses glaciers omniprésents, du bush qu’aucune route ne traverse. Sensations de solitude garanties, dans un univers où les emplois du temps restent tributaires des caprices de la nature…

AlAskA

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Texte et photos°°° Claude Hervé-Bazin

,alaska is bear country ! Le slogan, placardé aux portes même de l’aéroport

d’Anchorage, vaut avertissement. Avec 300 ours noirs et 60 grizzlys dans les limites mêmes de la municipalité, la métropole de l’Alaska est une ville en pleine nature… Certains plantigrades n’hésitent pas à sortir du bois pour y faire les poubelles, pêcher le saumon dans l’estuaire de la Campbell Creek, avaler les croquettes du chien oubliées sur le perron ou explorer les appentis laissés ouverts en quête d’un casse-croûte... Les rumeurs évoquent des ours jouant avec des balles de golf. Un orignal venu se baigner dans une piscine – à moins qu’il n’y soit tombé. et cet autre, un jeune mâle, qui aurait foncé tête baissée sur un hydravion, dont la ramure défiait la sienne...Le ton est donné. dans ce pays, la nature est reine. Ailleurs, elle est réduite à portion congrue, enfermée dans des réserves comme autant de parenthèses où l’on se replonge épi-sodiquement pour une cure de grand air. rien de tout cela ici. d'un bout à l'autre de l'Alaska, grand comme trois fois la France, les parcs sont des pans de territoire vierge, contigus à d’autres territoires vierges, où l’empreinte humaine est négligeable. des espaces jamais bornés, où même les sentiers disparaissent. de rares routes effleurent ces immensités. Mais à 2 mètres du goudron, la forêt boréale reprend déjà ses droits.

la moitié des glaCiers de la planèteOù que le regard se tourne, les montagnes s’empilent. Le Wrangell-st elias national Park regroupe à lui seul 9 des 16 plus hauts sommets américains. et cache en son sein une bonne centaine de glaciers. Le chiffre est là : l’Alaska regroupe plus de la moitié des glaciers de la planète ! Certes, le réchauffement climatique entame leur épaisseur et les plus accessibles, que l’on observait jadis en drive-through, comme le fameux Portage, près d’Anchorage, se sont retirés plus loin des yeux. Mais il en reste bien assez pour être fasciné.Plus au nord, l’Alaska range est couronné par la cathédrale blanche du mont denali (McKinley), point culminant de l’Amérique du nord (6194 m). Certains y vont sagement en bus scolaire pour un safari de quelques heures. C’est un peu comme au zoo, sans les barrières. Par les fenêtres, orignaux, mouflons, caribous et grizzlys vaquent à leurs

L’Alaska est un pays de montagnes. Des

sommets de l’Alaska Range à ceux des monts Wrangell,

plus de 24 sommets dépassent les 4000 m!

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occupations. Les campeurs, eux, ont droit à un bus spécial. Le barda s’y empile pour le voyage cahotant de 5h jusqu’à Wonder Lake. Un véritable graal, ce lac. Le soir venu, si ja-mais le temps l’autorise (un soir par semaine en moyenne), le denali s’y reflète idéalement. La plus belle carte postale d’Alaska. Battez des mains. Pas pour applaudir, non, mais pour écraser quelques moustiques. Il vous en res-tera bien une dizaine entre les paumes… Filet de tête obligatoire pour garder sa sérénité.

Ces Bons vieux BusH planesA talkeetna, au lac Hood, d’autres gros insectes bourdonnent. des Piper super Club. des Cessna 180 et 185. Les incontournables deHavilland Beavers. Pas des castors, non, juste de bons vieux bush planes fardés de cicatrices. Quelques estafilades de branches sur la peinture, de la crasse, un peu de boue – juste de la bouteille, en fait. A bord, un pilote barbu mâchant son chewing-gum, deux passagers agglutinés aux fenêtres et une montagne de bagages. et déjà le zinc décolle, short take-off, rebondissant comme une balle de caoutchouc sur le tarmac, avec ses grosses roues, surgonflées pour mieux amortir le choc de l’atterrissage dans un recoin perdu du bush. Une piste ? non, un chemin à peine tracé, un replat envahi d’épilobes, la mer, un lac, un glacier au bout... Le premier survol chasse les animaux qui traînent. Le second passage est le bon. Un bush plane qui atterrit, c’est une aventure qui commence. L’âme de l’Alaska qui se révèle. Le

en pratique

Pour s’y rendreUn vol pour l’Alaska (Anchorage), au départ de genève, revient à au moins 1400 francs en plein été. Le voyage implique généralement deux correspondances dans des aéroports américains, différents en fonction de la compagnie que l’on choisit (Continental, United, delta, American).

Le climattendance océanique au sud-est de l’etat, avec des hivers plutôt doux et des étés frais et humides; continental et arctique plus au nord, avec une amplitude très importante au cœur du territoire. La meilleure période pour y voyager s’étend de début juin à fin août – quoique juillet puisse être assez pluvieux. Après, c’est déjà l’automne, avec de superbes couleurs en septembre.

Quelques lienswww.travelalaska.com www.alaska.gov/visitorHome.html www.wildlife.alaska.gov www.nps.gov/dena http://www.nps.gov/kefj/index.htmwww.alaskageographic.org

Beaver reparti, les derniers bruits de la civili-sation se sont évanouis. restent le glouglou de la rivière, le souffle du vent, le cri aigu et solitaire du pluvier doré qui résonne. Le vrombissement des moustiques. Le bois qui crépite lorsque le feu a bien voulu prendre. retour prévu dans une semaine. si la météo reste clémente. si l’avion peut atterrir.

Un saut de puce en hydravion et, déjà,la civilisation et ses repères se sont évanouis.

Un adorable spermophilearctique, campé en observateur.

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TECHNO

temps permettant de partager nos intérêts avec nos amis réels ou virtuels, de jouer ou encore d’exposer notre vie privée au grand jour – avec des conséquences plus ou moins heureuses! – l’intérêt est très différent de l’autre côté du miroir. Combien sommes-nous chaque jour à être obligés d’opérer à un classe-ment vertical en jetant bonnement des emails publicitaires? C’est l’effet pervers et aberrant des réseaux sociaux, auxquels nous fournissons naïve-ment des informations au fil de nos interventions, que d’autres rentabi-lisent par le biais d’espaces publicitaires parfaitement ciblés. A tel point que l’on a parfois l’impression que les annonces ont pris la place de nos «meilleurs amis»!

Facebook payant?Le principe est pernicieux, puisqu’en communiquant sur ces réseaux sociaux, on cède tous nos droits à leurs créateurs. Après, les algorithmes de ciblage relatifs aux textes et la reconnaissance faciale intégrée – qui fait actuellement débat et est même considérée comme illégale dans de nom-breux pays – prennent le relais. sous prétexte de services supposés nous faciliter la vie, ces sites servent tout simplement à mieux nous connaître, afin de vendre avec une efficacité diabolique de la pub. Une mécanique bien rôdée, sur laquelle plane toutefois une menace… Certains investisseurs envisagent de créer leurs propres réseaux plutôt que d’investir dans ceux des autres. si ces entreprises y parviennent, la donne pourrait changer, rendant Facebook et consorts payants. Et du même coup nettement moins intéressants…

Dans la vie connectée, impossible à l’heure actuelle de passer outre Facebook et autre Twitter. Cette mode estompe la limite entre le réel et le virtuel, parvenant à transformer notre temps libre en sourcede revenus pour les créateurs de réseaux…

Texte°°° eric rivera

,il n’y a pas si longtemps, créer son site web était à la mode. Puis ce fut l’ère du blog, qui survit désormais péniblement. Car

un changement majeur a chamboulé le monde du virtuel voici quelques années: l’apparition des réseaux sociaux, et plus particulièrement l’avè-nement de Facebook et de Twitter. Cette évolution a grandement facilité l’accès aux espaces d’expression et de partage, faisant au passage la for-tune de certains, comme le controversé Mark Zuckerberg. Cela a du même coup motivé d’autres acteurs à se lancer dans une course qui semble tou-tefois gagnée d’avance par son réseau Facebook. google, à grand renfort d’idées et de moyens, s’y est par exemple mis grâce à g+. C’est que les enjeux sont énormes. Chaque utilisateur représente un client potentiel pour les entreprises qui investissent massivement dans la publicité ciblée. Alors que nous voyons cela comme un amusant passe-

TECHNO

Les vrais enjeuxdes réseaux sociaux

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TECHNO

Texte°°° eric rivera

,Que ce soit Windows, Mac Os X ou Linux, chaque ordi-nateur possède son système d’exploitation. Mais aujourd’hui

vient s’ajouter un petit dernier: Chrome Os. google a en effet décidé d’abattre une nouvelle carte. Ce système d’exploitation a la particula-rité d’être en accord avec la mode actuelle du «cloud computing», où tout est stocké et synchronisé sur internet. En partenariat avec deux constructeurs majeurs, samsung et Acer, Chrome Os est installé sur des portables proches des petits netbooks qui ont connu un franc succès, à des tarifs similaires. dotés d’une configuration minimaliste, ces ordinateurs de poche sont animés par l’Os de google et prêts à l’utilisation 8 secondes seulement après le démarrage, si tant est que l’on bénéficie d’une connexion permanente à internet.

Le succès rencontré par Android sur les smartphones semble donner des ailes au géant du web, qui s’attaque maintenant aux systèmes d’exploitation sur PC avec son novateur Chrome OS…

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TECHNO

Contrairement à Windows et ses autres concurrents, tout se passe ici autour du navigateur et de ses extensions. Autrement dit, il est possible d’accéder à internet et d’utiliser tous les services en ligne de google, comme ce qui touche à la bureautique, aux emails, Picasa, ou toute autre application qui se lance par le biais du navigateur Chrome, autour duquel tout est axé.

ni installation, ni mises à jourL’utilisateur n’a ainsi rien à installer ni même à mettre à jour, puisque les programmes ne se lancent plus directement sur sa machine, mais à distance, dans le nuage. Il en va de même pour la sauvegarde de fichiers et d’autres données, d’autant que ces petits portables n’intègrent que de faibles espaces de stockage. du coup, les problèmes de sécurité et les virus sont moins nombreux. Avec une autonomie de 6 à 8 heures, de la 3g et du Wi-Fi, ils préfi-gurent un concept très séduisant pour ceux qui ont besoin d’être en permanence connectés au web et de s’acquitter des tâches bureau-tiques classiques.si google joue les précurseurs, l’utilisateur sera-t-il prêt à lui confier toutes ses données? L’avenir nous le dira. Une chose est sûre: les opérateurs y voient déjà un business juteux, arrivant à point nommé sur le marché saturé des mobiles…

GooGLe se Lancedans Les systèmes d’expLoitation

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Par christian Bugnon

JulBo – PiPElinELa construction Twin Flex donne à ce modèle polyvalent son look élégant, mais surtout son ergonomie poussée à l’extrême: la répartition des appuis sur les branches offre une sensation immédiate de confort et l’impression d’absorber les chocs en douceur! La largeur des verres Zebra laisse le champ libre au regard en toutes conditions, d’autant que le Sweat Blocker, une mousse anti-sueur, bloque toute goutte susceptible de gêner la vision. www.julbo-eyewear.com

MaMMut nordwand tl – 1888 graMMEs sur la BalancERien ne saurait venir à bout de cette chaussure, qui a gagné le prix

Outdoor Industry 2011. Avec ou sans crampons, sa semelle intérieure en en carbone robuste assure au marcheur une foulée sûre, quel que

soit le terrain. La Nordwand TL convient aussi bien aux excur-sions hivernales qu’à l’escalade sur glace ou mixte, ou bien à l’escalade en grande voie classique. Robuste, chaude et d’une légèreté incroyable, elle complète idéalement la gamme Mammut Eiger Extreme.www.mammutsportsgroup.ch

thiErry MuglEr – a*MEn, l’instinct PiMEntéIntense et vibrant, il joue sur deux dimensions contrastées: l’« Orientale - Boisées », avec le patchouli et la vanille qui déploient force et charisme; et la face « Corsée », avec le café arabica qui lui apporte toute son originalité et son caractère. Ces arômes marqués de chaleur virile sont relevés par un concentré de piments rouges qui leur donne une étonnante puissance. www.thierrymugler.com

en

salEwa –alBonaska PowErtEx JackE Technique, légère et robuste, cette veste en Powertex 3 couches est taillée pour le ski extrême. La coupe et le design ont été élaborés en collaboration avec les athlètes du team Salewa Freeski. Une jupe pare-neige en filet élastique est intégrée, et peut être couplée au pantalon Skeena au moyen d’une fermeture Éclair, transfor-mant ainsi l’ensemble en overall. Longues ouvertures de ventilation sous les bras, bas de veste et poignets réglables, man-chons intégrés. Le must pour cet hiver ! www.salewa.com

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sorEl a lE vEnt En PouPEL’actuelle collection automne/hiver 2011-2012 de Sorel se distingue par son design extravagant, ses formes culte et ses matériaux haut de gamme. Sa nouvelle campagne « Fearless » (« sans peur », en français) met en scène des femmes audacieuses et indépendantes qui savent ce qu’elles veulent. Produit phare de cette collection, la botte Tofino offre un confort et une polyvalence inégalés tout en gardant le pied au chaudet au sec… le style en plus ! www.sorel.com

aBarth 695 triButo FErrari,un diaMant sur quatrE rouEsLa version routière Abarth 500 est la plus rapide et la plus puissante qui ait jamais existé. Les techniciens d’Abarth et de Ferrari ont procédé à quelques modifications sur le moteur et l’habitacle. Ces deux grands noms de l’indus-trie automobile italienne ont fourni, avec passion et dévouement, une formidable contribution lors de la création de ce modèle spécial et exclusif. www.abarth.ch

canon – PowErshot sx150 is Il permet à chacun d’effectuer de magnifiques photos d’une ré-solution de 14,1 millions de pixels et de réaliser des vidéos HD avec un zoom optique 12x et un objectif grand-angle 28 mm. Du mode Smart Auto au Contrôle manuel total, cet appareil convient à tous types d’utilisateurs. En noir, gris ou rouge.Plus d’informations sur www.canon.ch

dakinE – collEction hEli Pro, autoMnE/hivEr 2011-2012Dakine lutte contre l’hibernation des skieurs et des snowboar-deurs en utilisant des couleurs et des motifs qui donnent la pêche. Une série exclusive d’Heli Pro a été conçue par les riders du Team Dakine, qui ont même poussé le vice jusqu’à créer des gants rappe-lant le design des sacs. Toute la collection sur www.dakine.ch

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95 | TRENTE DEGRÉS

Par christian Bugnon

95 | TRENTE DEGRÉS

aLPina - saiLing Issue d’une étroite collaboration avec Niceforyou, équipe italienne de catamaran Extreme 40, la nouvelle collection Alpina Sailing souligne un engagement durable auprès des Extreme Sailing Series. Ces nouveaux modèles, équipés d’un compte à rebours pour les départs des régates, sont disponibles avec un cadran noir ou blanc, et livrés avec un catamaran Extreme 40 miniature. www.alpina-watches.com

tag heuer - L’aQuaracer500M autoMatic

chronograPhe (44MM)Elle possède toutes les fonctions dont on peut

avoir besoin une fois plongé dans la grande bleue: une visibilité optimisée, un boîtier

robuste et fonctionnel, facilement maniable avec des gants de plongée, ainsi que des dispositifs de

sécurité performants. Etanche jusqu’à 500 mètres, cette nouvelle référence possède un

style contemporain et affirmé. www.tagheuer.com

huBLot - King PoWer 48 MMoceanograPhic 4000C’est une montre dotée d’une technologie développée à l’extrême, d’une ergonomie orientée vers l’efficacité et la facilité de manipulation. Elle a été rêvée et pensée pour repousser les limites du possible… jusqu’à 4000 mètres de profondeur! Et grâce à la réalisation d’un boîtier en titane – ou en fibre de carbone dans sa version All Black – l’Oceanographic 4000 reste légère. www.hublot.com

coruM - adMiraL’s cuP seafender 48 deeP diveLa dernière-née de la ligne Extreme est étanche jusqu’à 1000 mètres. Sa valve à hélium, sa lunette tournante sécurisée et ses index très luminescents font de cette montre imposante et racée un véritable instrument de professionnel. www.corum.ch

technoMarine -uf6 MagnuM deeP BLue

Tel l’océan dans un perpétuel mouvement, son boîtier couvert de carbure de titane bleu passe d’un bleu électrique et rayonnant au bleu nuit des profondeurs via un subtil jeu de lumières. La finesse des détails sur son boîtier complexe et

étanche jusqu’à 200 mètres lui offre tous les attributs et la précision d’un

chronographe de haute facture. www.technomarine.com

casio -ProtreK 2500 Multifonctions grâce au triple sensor, elle peut aussi bien être utilisée en mer

qu’en montagne. Outre la boussole,

le baromètre et le thermomètre, ce modèle,

dont l’étanchéité est garantie jusqu’à 20 bars, offre des fonctions directement liées aux sports nautiques extrêmes. Un indicateur de marées livre également des données importantes. Sans oublier que cette montre est radio-pilotée et qu’elle fonctionne au solaire. www.casio.com

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Créativité, originalité, ambiances uniques et concepts de bon goût ne manquent pas autour de nous. 30° vous ouvre les pages de son carnet d’adresses urbaines et vous fait partager ses coups de cœur.

C’est arrivé près de Chez vous

Curiositas Au café-restaurant Curiositas, on mange son risotto ou son pavé de ca-billaud au lard entre un masque africain et des collections de papillons épinglés. On boit un verre entre une planche de science et la tête d’un animal empaillé. dans cet immense (450 m2) cabinet de curiosités situé au cœur du quartier genevois des Bains, les objets, présents dans diffé-rentes vitrines ou accrochés aux murs, interrogent parfois les clients, les surprennent souvent. Le lieu, qui fut une usine d’instruments de physique, n’oublie pas non plus ses origines. Le béton (désormais ciré) sur le sol, le plafond perché à 5 mètres de haut, et les grandes verrières sont encore là pour en témoigner. dans le monde de la restauration, Curiositas représente incontestablement une vraie curiosité!

Curiositas, rue des Vieux-Grenadiers 8/10, 1205 Genève, 022/321.30.37,www.curiositas.ch Ouvert du mardi au vendredi de 10h à 15h,puis de 17h à 2h, ainsi que le samedi, de 17h à 2h.

Le simpLon Ce café lausannois est situé entre Londres et Istanbul! son nom nous renvoie en effet en 1883, lors de l’inauguration de la ligne ferroviaire du Venice simplon-Orient-express, qui devait relier ces deux grandes villes. escale pour les voyageurs du rail et de nombreux Lausannois, cet établis-sement sous gare propose une cuisine, à tendance méditerranéenne, qui nous conduit à travers l’europe. On appréciera le tajine végétarien, mais aussi les poissons et les viandes. Certains soirs, ce sont des personnali-tés publiques qui se mettent derrière les fourneaux, alors que d’autres soirées servent à promouvoir des artistes locaux. et à la belle saison, une terrasse en zone piétonne fait écho à la salle intérieure de style bistrot. Au simplon, on voyage sans quitter les quais de Lausanne!

Le Simplon, rue du Simplon 17, 1006 Lausanne, 021/616.31.04,www.cafedusimplon.ch Ouvert du lundi au vendredi de 7h à 23h30et le samedi de 17h à 24h.

Le BureauLe nom de ce nouveau restaurant-lounge, teinté de chocolat et de crème, pourrait en faire fuir plus d’un. Pourquoi aller au bureau après les heures de travail? Parce que l’on peut y faire «les plus belles heures supp’», comme le dit le slogan. Il faut dire que cet établissement neuchâtelois n’est pas tout à fait comme les autres. entre les repas, on y pratique le coworking. tous ceux qui développent des technolo-gies, des services et des usages innovants peuvent s’y retrouver pour travailler et tisser leur réseau. Un lieu d’échange professionnel où les ordinateurs cèdent toutefois leur place aux assiettes à midi et le soir. Au Bureau, on sait aussi mettre le travail de côté pour manger une cuisine inventive et gustative. Beau boulot!

Le Bureau, rue de l’Orangerie 4, 2000 Neuchâtel, 032/724.48.68,www.resteaubureau.ch Ouvert le lundi de 8h à 14h,du mardi au vendredi de 8h à 24h, et le samedi de 17h à 24h.

Texte°°° serGe Greter

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,Il y a des îles oubliées, tropicales et lascives. d’autres cabossées, âpres, comme surgies du

néant. santorin, posée sur la mer egée, est de celles-là. Lorsque le ferry s’engouffre dans la rade, cratère d’un volcan submergé, une palissade de falaises se hisse sur l’eau: 350 mètres de lave et de cendres accumulées, cœur de l’île éventré par une éruption cataclysmique survenue 3500 ans en arrière. Certains veulent y ancrer le mythe de l’Atlantide. Pourquoi pas ? Une chose est sûre: le feu couve encore dans l’ombre noire des îlots de Kamenei, aux eaux tiédies par des sources chaudes où la baignade s’impose.

Au sommet des murailles scintillent les taches blanches des vieux villages. Oia, aux courbes rondes des montres molles de dali, piquetée de clochers azur. thira, 587 marches épuisantes au-dessus du port, et sa jumelle Firostefani. Là, sur la corniche, s’ancrent d’autres navires. Le tsitouras Collection Hotel, en partie troglodytique, en partie acrobatique, semble tester les limites de la gravité. gianni Versace, Franco Moschino, Jean-Paul gaultier, Pedro Almodovar ont tous succombé au vertige et à la vue spectaculaire, avant de se retirer dans leurs suites, décorées d’objets d’art collectionnés par le maître des lieux. Coffres de marins, amphores, icônes byzantines y retracent à leur manière un passé merveilleux.

www.tsitouras.com

Vertiges grecs

Texte°°° Claude Hervé-BazIn

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Edition & administrationCB Communication sàrlrue du simplon 20 – Case Postale 386 1001 Lausanne - [email protected] / www.cbcommunication.com tél : +41 21/ 312 41 41, Fax : +41 21/ 312 41 11

Publicité Suisse romande + version anglaise (internet & iPad)www.30degres.tv www.30degrees.tv [email protected]

Publicité Suisse alémanique www.30grad.tv Blueorange Media gmbHKarin Witschi 076/ 379 82 [email protected] sonja Kupper 062/ 772 21 [email protected]

Rédacteur en [email protected]

Rédacteur en chef [email protected]

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Rédaction (par ordre d’apparition)Christelle Coulon, Frédéric rein, serge greter, estelle daval / espace Contemporain, saskia galitch, giovanni Quirici,Jean-Marc sueur, Caroline Henry, Alban Aubert, Claude Hervé-Bazin, eric rivera, Christian Bugnon.

Photographes (par ordre d’apparition)national geographic / Maxut Zhumayev, sarah Marquis, elie Chevieux, Marc-Alain Zimmerli, terrafugia, renault, Benjamin thouard, Anthony Caldo, Andrea Badrutt, nicolas Henry,Keystone, summit entertainment ,Palma Kolansky/sony Music, Warner, disney, dreamWorks, eMI Music, sonny Music, Warner Music, Universal Music, Briandettmer.com ,Courtesy of the Artist and Kinz + tillou Fine Art, d. Ferro/Mike Horn, d. sharomov/Mike Horn, Yannick Boissenot, Patrice schreyer, Christian Bugnon, Claude Hervé-Bazin.

Direction artistique et layoutnicolas Zentner, Mathieu Moret

Traduction allemande : sabine dröschel

Traduction anglaise : simon till

Photolithographie : Images 3

Imprimerie : swissprinters Lausanne sA

Distribution : It’s time to Bienne

30° par abonnement 4 éditions avril / juin / septembre / décembre Suisse CHF 23.- Europe € 40.-

30° présent dans les kiosques en Suisse

Impressum magazIne 30° degrés (éditions 2002-2011)n°36, automne 2011 / Photo cover : Keystone

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