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S!lence N°311 Juin 2004 4 6 FS OGM Violence marchande Non-violence Objection notre honneur Systèmes d’échanges locaux Echec économique, réussite sociale Energie Pour ou contre les biocarburants Jeûne Sortir du nucléaire Tout dépend de vous

N°311 Juin OGM Violence marchandeCette année, la rencontre se tiendra en Bretagne, dans la forêt de Brocéliande (chez Alexandre Robert, La Guette-en-Beauvais, 35380 Raimpont, tél

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S!lence

N°311Juin20044 €6 FS

OGM Violence marchande

Non-violenceObjection

notre honneur

Systèmes d’échanges locaux

Echec économique,réussite sociale

EnergiePour ou contre les biocarburants

Jeûne Sortir du nucléaireTout dépend de vous

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Appel à bénévolesNos correspondant-e-s locaux auront besoind’aide pour les salons suivants :n Tarn : Biocybèle à Rabastens les 30 et 31mai, contacter Sandrine au 06 64 54 01 53.n Jura : Tournesol à Dôle, les 26 et 27 juin,contacter Philippe au 03 81 84 41 34.n Drôme : Naturellement à Nyons, le 04juillet, contacter Jacques au 04 75 25 32 73.

Rencontre desami-e-s de S!lenceCette année, la rencontre se tiendra enBretagne, dans la forêt de Brocéliande (chezAlexandre Robert, La Guette-en-Beauvais,35380 Raimpont, tél jusqu’à fin juin : 02 9793 42 92), du samedi 24 juillet au dimanche1er août. Les ami-e-s de S!lence cherchent despersonnes qui peuvent venir sur place avant ledébut de la rencontre pour préparer le lieu :construction de douches, toilettes sèches,abris… Pour participer à ces rencontres, ilfaut adhérer à l’association des Ami-e-s deS!lence (5 € par an minimum). Comme pourles années précédentes, le menu de cette ren-contre sera largement réalisé en fonction devos propositions. Sont déjà assurés des ate-liers sur les écovillages, les graines germées,le shiatsu, l’espéranto, la simplicité volontai-re, les chants, la non-violence… Les Ami-e-sde S!lence, Florence de Luna, 21 c, ruePierre-Brunier, 69300 Caluire, tél : 04 72 0783 84 ou Thierry, tél : 06 71 63 10 03.

Ami-e-s de Silenceà véloSi vous voulez bénéficier d’un vélo gratuitlors de votre présence à la rencontre desAmi-e-s de Silence en forêt de Brocéliande,entre le 24 juillet et le 1er août, vous êtesinvités à venir aider à les préparer à partir du20 juillet au Comité du centre, 7, rue duCentre, 79360 La Foye-Monjault.

I L E - D E - F R A N C EEchos de S!lence L’émission Les échos de S!lence basée sur lesthèmes de la revue aura lieu les mercredis 15

juin, 7 juillet, 4 août, 8 septembre, 6 octobre,10 novembre, 8 décembre, de 16h30 à 17h30sur Radio Ici-et-Maintenant, 95,2 FM. Sivous n’habitez pas en Ile-de-France, vous pou-vez aussi l’écouter sur internet sur icietmain-tenant.com.

L Y O NCafé SilenceUn café Silence sur le thème de la décroissan-ce soutenable aura lieu le samedi 5 juin pro-chain, à 16 heures, devant la Maison de l’envi-ronnement, 32, rue Sainte-Hélène, 69002 Lyon(métro Ampère Victor Hugo, ligne A). Vous yêtes les bienvenu-e-s ! Pour participer à l’orga-nisation d’autres cafés, ateliers ou stands deSilence, merci de contacter Alexandre au 0478 39 55 33 (le mardi de 10 à 17 h).

L Y O NAteliers SilenceDes ateliers avec jeux et animations sur lethème des villes utopiques et des écocitésauront lieu le vendredi 25 juin sur l’esplanadede la montée de la grande côte, sous la placede la Croix-rousse, à partir de 16 h. Une ren-contre-débat avec exposition est égalementprévue non loin de là à 20 heures, à l’Epicerieculturelle, au 3, rue des Pierres-Plantées,69001 Lyon (métro Croix-Rousse, ligne C).Ces ateliers sont organisés notamment avecl’aide des Robins des Villes, association dejeunes diplômés en architecture et en urbanis-me qui cherchent à aider le public à ouvrir unautre regard sur la ville et l’environnementurbain. Contact : Alexandre à la revue Silenceau 04 78 39 55 33 (le mardi de 10 à 17 h).

Votre annoncen’est pas dans cenuméro ?Certains se plaignent de l’absence d’uneannonce qu’ils ont envoyée. La réponse estprobablement dans le manque de respect desdélais. Ceux-ci sont annoncés dans le pavéVenez nous voir ci-dessous… En gros, il fauts’y prendre deux mois à l’avance pour passerune annonce.

SILENCE N°311 Juin 20042

Bulletin d’abonnement page 47

Venez nous voir !15 Santé16 Alternatives19 Energies22 Environnement27 Nucléaire29 Nord/Sud32 Paix

34 Femmes35 Société36 Politique40 Annonces41 Courriers44 Livres

Brèves

Dossier

Le prétexte médical, faux espoirs et vrais dangers

de Christian Berdit

Les faucheurs de doutede Madeleine Nutchey

De l’éthique sur l’étiquetted’Arnaud Apoteker

L’étiquetage est un leurrede Jacques Testard

De l’influence sociale surles pratiques de sélection

de Jean-Pierre Berlan

Les infos contenus de ce numéro ont été arrêtées au 28 avril 2004.

OGM violence marchande

N°312-313 - EtéComité de clôture des articles :

samedi 29 mai à 14 h(clôture brèves : mardi 1er juin à 12 h)

Expédition : vendredi 18 juin de 14 h à 21 h 30

N°314 - SeptembreComité de clôture des articles :

samedi 7 août à 14 h(clôture brèves : mardi 11 août à 12 h)

Expédition : vendredi 27 août de 14 h à 21 h 30

Cette revue est réalisée en grande partie par des bénévoles. Vous pouvez y participer. Pourfaire connaissance, vous êtes invités aux expéditions. Celles-ci comprennent un goûter à 17 h et

un repas à 21h30 offerts par Silence.

30Non-violence

de Michel Bernard

24Jeûne vivre sans nucléaire

33Une bombe en puissance

de Madeleine Nutchey

VUde l’intérieur...

20Energies

Pour ou contre les biocarburantsThomas Plassard et Francis Giot

de Michel Bernard

Tout dépendde vous !

Objection notrehonneur

Superphénix

38Echec économique,réussite sociale

Sommaire

Sel

de Bernard Gilet

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SILENCE N°311 Juin 20043

EditorialLE MOIS DE LASSERPE

Les OGM se heurtent à une résistance acharnée en Europe, les

instances de celle-ci n’osant pas pour le moment rompre le

moratoire de 1999.

Pendant ce temps, les risques des OGM se précisent : une étude euro-

péenne prédit que rien ne peut arrêter une contamination et que, dans

ce contexte, toute autre agriculture, en particulier l’agriculture biolo-

gique, ne peut y survivre. Les risques avec les OGM médicaux que nous

présentons dans ce numéro, sont tout aussi terribles : une contamina-

tion peut se produire, provoquée par le vent ou par un insecte, sans que

rien ne puisse plus l’arrêter… aussi dangereux qu’un nuage radioactif,

aussi irréversible.

En parallèle, les arguments en faveur des OGM disparaissent les uns

après les autres. Non, les OGM ne permettent pas de diminuer les doses

de pesticides (1). Non, les OGM ne permettent pas d’augmenter les

rendements et n’aideront pas les agriculteurs à améliorer leurs revenus.

Non, les OGM n’aideront pas les paysans du Sud qui préfèrent et de

loin produire eux-mêmes leurs semences plutôt que de les acheter !

Après des années de batailles, que reste-t-il pour justifier les OGM ?

Uniquement la volonté de profit de quelques multinationales. Un point

c’est tout. Espérons qu’ils (les OGM) et elles (les firmes) disparaîtront

avant qu’il ne soit trop tard.

Francis Vergier

(1) A l’automne 2003, une étude gouvernementale britannique concluait que rien neprouvait que le recours aux semences OGM permette de réduire l’usage des pesticides.Une étude américaine publiée fin mars 2004 montre que dans les surfaces cultivées avecdes OGM, la consommation de pesticides a augmenté de 30 000 tonnes lors des troisdernières années ! (inf’OGM, avril 2004)

un point c’est toutLe profit,

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Juin 2004 SILENCE N°311 4

OGM

OGM :Le prétextemédical,

faux-espoirset vrais

dangers !

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Les Amis de la Terre s’opposent fer-mement aux OGM agricoles ou ali-mentaires pour deux raisons princi-

pales : parce qu’on ne maîtrise pas lestechniques de manipulations génétiques ;et parce qu’on ne peut pas contrôler l’en-vironnement. Voici deux cas exemplepour rappel.

Le soja MonsantoCette affaire a été révélée par la presse

belge durant l’été 2001. Des scientifiquesbelges ont fait une découverte in -croyable : le soja transgénique que Mon -santo commercialisait aux quatre coins dela planète, à l’époque depuis cinq ans,contient des fragments d’ADN inconnus !Dans cette étude, les scientifiques ontrepéré «un segment de 534 paires debases pour lesquelles, aucune séquencehomologue n’a pu être détectée» (1). Cefragment n’appartient ni au gène intro-duit, ni à la plante d’origine ! Commentce matériel génétique est-il arrivé là ?Mystère. Les scientifiques supposent que,lorsqu’on insère un gène dans un génome— d’une plante par exemple — en cassantl’ADN original, on provoque une instabi-lité génétique. Des modifications, desréparations ou un réarrangement impor-tant dans le matériel génétique hôte, seproduisent... Des gènes jusqu’alors«silencieux» se mettent à s’exprimer, desgènes jusqu’alors actifs arrêtent de s’ex-primer. Le danger étant que de légèresmodifications de la plante passent inaper-çues ou que sous certaines conditions,des protéines toxiques puissent être pro-duites. Ces phénomènes aux mécanismescomplexes sont pour l’instant totalementimprévisibles et surviennent selon desrègles que les scientifiques ne savent pasexpliquer.

Lorsqu’on demanda à Monsantopourquoi ce fragment d’ADN, véritable«objet génétique non identifié», n’est pasmentionné dans le dossier d’autorisationde son soja, le directeur scientifique deMonsanto France répondit (2) que «Lesméthodes et les techniques évoluent. Al’époque, il n’était pas possible d’isoler cefragment». On a donc inondé la planèted’OGM agricoles, alors qu’on n’avait pasles moyens de contrôler ce qu’il y avaitréellement dans les plantes ! Ce n’est pasnous qui le disons, mais Monsanto. C’estd’une légèreté et d’une irresponsabilité

incroyables ! Quant aux autorités censéescontrôler, de qui se moquent-elles ?

Et comment être sûrs que dans dixans, les mêmes plaisantins ne nous dirontpas de nouveau: «Mais vous plaisantez !En 2004, on ne pouvait pas savoir !».C’est exactement ce que certains disaientpour leur défense, dansl’affaire du sang conta-miné...

Les virustueurs

Des chercheurs aus-traliens essayaient derendre stériles des sou-ris. Pour cela, ils utilisaient un virus de lavariole de la souris comme vecteur (véhi-cule) pour transporter dans les souris, legène qui devait produire la molécule AL-4 destinée à les rendre stériles.

Le virus normal ne provoque que dessymptômes bénins dans le type de sourisutilisées pour l’expérience. Par contre levirus modifié génétiquement par l’inser-tion du gène AL-4 est soudain devenu unvirus tueur qui élimina toutes les souris,en neuf jours, en détruisant leur systèmeimmunitaire. Après avoir découvert leseffets de leur virus tueur, les scientifiquesont tenté de vacciner les souris. Le virusmanipulé s’est révélé inhabituellement

résistant au vaccin, qui ne fut efficace quedans la moitié des cas ! (3)

Les techniques utilisant des viruspour transporter les gènes à l’intérieur ducorps de l’organisme hôte sont très cou-rantes. De nombreux vaccins les utilisentmais jusqu’à présent, aucun problèmen’était apparu, les virus étant moins viru-lents après la manipulation génétique.Qui plus est, ce virus n’a pas d’effet sur leshumains certes, mais c’est une forme trèsproche du virus de la variole... humaine.

Le cas de Jesse Gelsinger, un jeunehomme de 18 ans qui souffrait d’unemaladie du foie rare, est peu connu maisil décrit bien les pratiques d’apprentis sor-ciers de nos pseudo-scientifiques. Il fut

traité par une thé-rapie génique quicomprenait unadenovirus mani-pulé génétique-ment pour trans-porter à l’intérieurde son corps legène qui lui man-quait. Com medans le cas des

souris, le virus qui ne devait servir que desimple transporteur, a tué le patient(Washington Post, 20 septembre 1999).

Pourquoi dans ces cas précis, les virussont devenu des virus tueurs ? Personnene le sait. Comme le dit Pierre-HenriGouyon, chercheur au CNRS : «La biolo-gie est une science empirique, qui ne peutpas prévoir l’inconnu, mais seulement cequ’elle a observé de nombreuses fois” (4).C’est rassurant...

Le milieu ouvert estincontrôlable

Des conditions environnementalesextrêmes modulent la biologie des planteset parfois affectent de façons différentesles plantes génétiquement modifiées deleurs équivalents naturels. Par exemple,lors de périodes de très fortes chaleurs,les pieds de soja génétiquement modifiépour être tolérants au glyphosinate pré-sentaient des tiges beaucoup plus fen-dues, étaient moins grands, les rende-ments et le poids étaient plus bas quechez leurs équivalents conventionnels(5).

Juin 2004 SILENCE N°311 5

Les risques des OGM cultivés en plein champcommencent à être bien connus de nos lecteurs.Reste l’argument apparemment imparable : faireavancer la recherche médicale. Pourrions-nous

aussi être contre ? Voici ce qu’en disent les Amis de la Terre.

(1) Etude belge sur le soja Monsanto : «Charac -terisation of the Roundup Ready soybean insert, PeterWindels, Isabel Taverniers, Ann Depicker, Eric VanBockstaele, Marc De Loose, (2001)».(2) La Libre Belgique 17 août 2001.(3) Rachel Nowak, Melbourne, New Scientist OnlineNews, 10 janvier 2001.(4) Pierre-Henri Gouyon, Le Monde, 7 février 2002.Interview de Hervé Kempf.(5) Coghan, A (1999) “Monsanto’s modified soybeans are cracking up in the heat” (le soja OGM deMonsanto se fendille sous la chaleur) New Scientist,20 septembre 1999.

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Tout cela était une conséquence inat-tendue de la manipulation génétique.Quelles autres surprises nous réservel’avenir?

Les transferts de gènes horizontaux— par exemple de plantes en décomposi-tion vers des bactéries — sont un autremode potentiel de dissémination desgènes, mais très peu étudié. Une étudemenée par Saxena et Stotzky en 2000révéla que le maïs modifié génétiquementpour produire l’insecticide Bt, sécrétaitpar l’intermédiaire de ses rhizomes latoxine insecticide CrylAb alors que cetype de maïs était déjà commercialisédepuis des années. Qu’en sera-t-il avecdes plantes OGM thérapeutiques? Quelseffets ces molécules peuvent avoir sur lesorganismes du sol ?

Comme le dit Pierre-Henri Gouyon:«On ne se donne pas les moyens d’étudierles risques de façon approfondie : alorsque le programme Génoplante d’étude dugénome des plantes est doté de 300 mil-lions d’euros, l’étude des risques dispose

de moins de 2 millions d’euros. Il y a làune disproportion flagrante» (6).

Ces exemples démontrent, une foisencore, combien nos connaissances scien-tifiques sur les mécanismes complexesqui dirigent les gènes, sont lacunaires. Lecas des “virus tueurs” nous montre letype de risques graves auxquels nousnous exposons... Tant que ces phéno-mènes complexes ne seront pas expli-qués, prévisibles et contrôlables, il fautrefuser toute dissémination des OGM enplein champ.

Tant que les chercheurs ne peuventexpliquer ce qui se passe, les techniciensn’ont pas le droit d’expérimenter en pleinair. Il est absolument nécessaire de main-tenir les OGM dans des laboratoires.

OGM thérapeutiques :danger accru !

Entre une plante modifiée génétique-ment pour produire un insecticide et uneplante modifiée génétiquement pour pro-duire un produit pharmaceutique, y a-t-ilune différence fondamentale ? Non, évi-demment ! Les mêmes problèmes decontamination se posent et donc, pour lesmêmes raisons, nous refuserons la dissé-mination

d’OGM thérapeutiques en pleinchamp. Notre opposition aux OGM thé-rapeutiques en plein champ est mêmerenforcée pour les raisons suivantes.

1 - Exposition involontaire et sans dis-tinction à des médicaments.

Les produits pharmaceutiques sontconçus pour provoquer des réponses ducorps humain (ou animal) et certains deces médicaments OGM, produits dans desplantes sont particulièrement puissants(hormone de croissance, trichosanthine) ;d’autres sont connus pour avoir uneaction sur le corps humain lorsqu’ils sontingérés (avidine, aprotinine) (7). En tantque médicaments, ces produits doiventêtre prescrits selon des procédurescontrôlées : doses précises, intervallesentre les prises, mode de prise du médica-ment et uniquement aux personnes souf-frant des troubles que ces drogues sontcensées soulager et avec leur consente-ment.

Si ces produits contaminent la chaînealimentaire, aucune de ces conditions ne

(6) Pierre-Henri Gouyon, idem.(7) Quelques exemples. Certains agents de croissancecomme l’érythropine sont actifs à des doses de l’ordredu milliardième de gramme par injection. Les per-sonnes en contact avec ces substances doivent porterun masque et des gants résistants à des agents chi-miques. La trichosanthine est un puissant produitabortif et a été introduite dans du tabac à l’aide d’unvirus connu pour infecter aussi les tomates, lespiments et les autres plantes apparentées au tabac.Health Canada notait que cette substance est “haute-ment toxique” et pose “de graves risques pour la santéen particulier des enfants” (Health Canada 2001).L’avidine provoque une déficience en vitamine etl’aprotinine, coagulant sanguin, peut provoquer desmaladies du pancréas chez les animaux et peut-êtrechez les humains. Ces deux derniers produits ont étéinsérés dans des maïs par génie génétique. Desenzymes industriels comme la trysine et l’antitrysine,produits dans des maïs sont des allergènes connusmais du maïs à la trypsine devait être cultivé sur descentaines d’hectares dans la ceinture céréalières desEtats-Unis en 2002 (Des Moines Register 2002). Unefirme californienne met au point un maïs fabriquantun anticorps agissant contre le sperme pour en faireun produit contraceptif. Quel effet aura ce maïs surles agriculteurs, les mammifères sauvages? La firmeLimagrain a eu en 1998 quatre autorisations pour pro-céder à des essais en plein champ de maïs produisantde l’hémoglobine humaine, du procolagène humain,de l’albumine de sérum humain et des protéines duvirus de la rage. On comprend mieux les motivationsde Mr Alain Toppan, cadre de Biogemma, filiale deLimagrain qui vient de lancer une pétition de “scien-tifiques” pour les “OGM qui ne font courir aucunrisque, ni aux humains, ni à l’environnement”.

Mahlen

DR

Haricots transgéniques aux USA.

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sera respectée. Les gens pourront êtreexposés à ces produits pharmaceutiques,sans distinction (malades ou non), sans lesavoir (sans leur consentement préalable)et à des niveaux variables, durant despériodes de durées indé-terminées par voie oralepour les consommateurs,par inhalation, voie oraleou par contact avec lapeau pour les agricul-teurs et les ouvriers lorsde la transformation.

Qui veut sérieuse-ment faire prendre cerisque à la population ?

2 - Exposition à des produits pharma-ceutiques expérimentaux et non testés.

Lorsqu’on procède aux essais en pleinchamp, les produits pharmaceutiquessont des produits expérimentaux. Lesproduits pharmaceutiques GM présententgénéralement de subtiles différences avecleurs équivalents humains ou animaux,au niveau des séquences primaires desacides-aminés, des structures tertiaireset/ou résultant de modes différents deprocessus post-traductionnel chez lesplantes ou les mammifères. De telles dif-férences dans les produits pharmaceu-tiques GM posent le risque d’allergies oude réaction du système immunitaire (ycompris des dysfonctionnements du sys-tème auto-immune, risque habituelle-ment inexistant dans leurs équivalentsnaturels). Ainsi, si une étude scientifiquedémontrait qu’une exposition incontrôléeà des produits thérapeutiques d’originenaturelle (animale ou humaine) ne pré-sente aucun risque sanitaire ou environ-nemental, on ne pourrait pas transposerces résultats à leurs équivalents fabriquésà partir de plantes OGM et se servir decette étude comme base pour justifier desseuils de contamination dans les ali-ments.

3 - Détournement et actes criminels.

Enfin, personne ne pourra empêcherdes personnes mal intentionnées dedétourner ou d’utiliser à des fins condam-nables, des plantes pharmaceutiques ou

chimiques, en particulierdans des parcelles degrandes tailles. Il ne serapas possible, économique-ment, de financer la sur-veillance de parcelles au-dessus d’une certainetaille ; cela les rendraaccessibles à toute person-ne mal intentionnée ou

sans scrupule qui pourrait voler des plantsde plantes pharmaceutiques et les cultiverelle-même. En comparaison, il est quandmême beaucoup plus facile de contrôler etsécuriser l’accès aux usines pharmaceu-tiques (8).

4 - Impact sur la faune sauvage.

Les produits pharmaceutiques fabri-qués par les plantes OGM, en particulierceux destinés à être ingérés, peuvent aussiêtre mangés par des animaux sauvages.Quelles conséquences ces produits, pourcertains hautement toxiques, peuvent-ilsavoir sur la faune ? Est-ce que des espècessauvages pourraient développer une résis-tance à des vaccins pour animaux parvoie orale et développer ainsi une vulné-rabilité à des agents pathogènes jus-qu’alors sans problèmes pour elles ?

Si de tels problèmes apparaissent,comment faire machine arrière ? (9)Quelle est l’action de ces plantes sur lesinsectes aussi, sachant que certains pro-duits pharmaceutiques ont un effet insec-ticide reconnu (10) ?

Les produits pharmaceutiques pro-duits par génie génétique ne devraient,par définition, ne jamais se retrouver dansla nourriture humaine ou animale àquelque niveau que ce soit, et nedevraient pas être tolérés dans la chaînealimentaire animale ou humaine. Mais sion commence à les cultiver en plein air,sera-t-il encore possible de maintenir unecontamination zéro ?

Contamination zéroimpossible !

Les exigences nécessaires pour main-tenir une contamination zéro sont techni-quement et humainement impossiblespour les raisons évoquées plus haut etpour les raisons suivantes :

1 - Les systèmes biologiques sont pluscomplexes que les réglementations.

Les plantes, en tant que systèmes bio-logiques, sont incommensurément plus

complexes et de ce fait imprévisibles, quedes systèmes inorganiques ou des instru-ments fabriqués par les humains. Elles nese plieront pas aux exigences qui sontabsolument nécessaires pour atteindreune contamination zéro. Cette complexi-té et cette imprévisibilité du vivant fontque même des mécanismes de confine-ment très “prisés” comme la stérilitémâle, la transformation des chloroplastes(11), les techniques Terminator (12) oude promoteur spécifique de tissus sonttous l’objet de fuites dues à des phéno-mènes que nos connaissances scienti-

Il est absolumentnécessaire demaintenir lesOGM dans deslaboratoires.

(8) Un incident concernant un vol de semences phar-maceutiques a déjà été rapporté. Voici ce que disaitChris Webster de la compagnie pharmaceutiquePfizer à la Conférence Ames: “J’aimerais savoir si ons’est penché sur le problème de la protection physiquede ces lignées transgéniques. Je me suis demandé cequi pourrait arriver à des dizaines, des centaines oumême des milliers d’hectares de plantes OGM phar-maceutiques et ce qu’il faudrait réellement faire pourempêcher des individus louches de rentrer dans leschamps, de voler les lignées OGM et de les faire pous-ser ailleurs. Cela aurait des conséquences sur lesdroits de propriétés intellectuelles de la compagnie etentraînerait des conséquences réglementaires aussi.(Comme on peut le constater, le premier souci de cemonsieur est bien sûr la santé de ses concitoyens!!).Nous avons eu un cas de vaccin dont les semencesOGM ont disparu et sont réapparues dans d’autresproduits”(Biologics Meeting II 2000, p. 77). Joe Jilkade ProdiGene a la parade: ”Je pense que le meilleurmoyen d’éviter ce problème est de cultiver ce maïscomme tous les autres. Son anonymat est le meilleurmoyen de la cacher”. Pour ce qui est de l’informationdu public, des agriculteurs voisins, de la traçabilité,on repassera...(9) Dr Charles Ruprecht du Centre de Contrôle desMaladies (Center of Disease Control): BiologicsMeeting I 2000, pp125-134. Des problèmes pour-raient apparaître aussi chez les animaux d’élevage. Ilest à craindre que pour amortir les frais, les plantesOGM, une fois les produits pharmaceutiques extraits,ne soient utilisées comme fourrage. Si des résidus deproduits pharmaceutiques demeurent dans le fourra-ge, ce qui est fort probable, les animaux d’élevageseront exposés à ces différents produits...(10) L’aprotinine par exemple, est aussi un insecticidepuissant. De nombreuses expériences ont montré queles abeilles voient leur durée de vie réduite substan-tiellement, à des niveaux de consommation aussi basque 18 micro-grammes par jour sur 8 jours. (Maloneet al 2001, pp 64-65). Cette dose journalière corres-pond à une exposition à un pollen transgéniqueexprimant 1% d’aprotinine, ce qui est une situation enplein champ plausible... Nos amis apiculteurs vontencore se réjouir “L’avidine en tant que biopesticideest plus efficace que le Bacillus Thurigensis car elle aun effet massue sur un éventail plus large d’insectes”.(Ministère états-unien de l’Agriculture- USDA Avidin2000).(11) Huang et al (2003) “Direct Measurement of thetranfer rate of chloroplast DNA into the nucleus”Nature, Vol. 422, March 6, 2003, pp 72-76.(12) L’utilisation de la technique de stérilisation dessemences, appelée Terminator, pour atténuer les fluxde gènes est inacceptable à cause de ses défauts tech-niques, des risques sanitaires et environnementauxpotentiels et parce qu’elle servirait à légitimer le butaffiché de Terminator d’empêcher la réutilisation dessemences par les agriculteurs. Il est intéressant denoter que, alors que Monsanto s’était engagé en 2000à ne pas commercialiser Terminator, la firme a procé-dé en 2001 et 2002, à 17 essais en plein champ sur dumaïs sur un total de 114 ha. La taille moyenne desessais, presque 7 ha, dépasse largement la taille desessais précédents (0,5 ha) et tendrait à montrer que lafirme s’apprête à la commercialisation de Terminator.Le fait que la plante sur laquelle les essais ont étéeffectués soit le maïs, laisse à penser que l’utilisationpourrait être les maïs OGM pharmaceutiques.

Greenpeace

Action devant le siège de Danone.

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fiques actuelles ne nous permettent pasd’expliquer.

2 - Les systèmes agricoles ne peuventpas respecter un seuil de tolérance zéro.

Aussi strict qu’un protocole de confi-nement puisse apparaître sur le papier, lapratique fera qu’il sera régulièrementenfreint à cause de l’imprécision inhéren-te aux systèmes agricoles. Pour com-prendre cela, il suffit de comparer l’agri-culture à l’organisation d’un laboratoireou d’une usine où les effets inattenduspeuvent être réduits à un niveau très bas,grâce à l’automatisation, à des équipe-ment de haute précision, à des protocolesrigides et à un contrôle fiable de tous lesfacteurs environnementaux. En agricultu-re, par contre, l’automatisation est beau-coup plus faible (d’où un risque plusimportant d’erreur humaine). Lesmachines sont prévues pour manier degrandes quantités de produits pas pourcontrôler de façon précise chaque graine(13) ou chaque grain de pollen. Le proto-cole le plus strict ne sera d’aucun effetface aux facteurs environnementauxincontrôlables. Même s’il était prévu, lecastrage d’un maïs pharmaceutique ne sefera pas durant un orage ou lorsque lechamp est plein de boue après une tempê-te. Des distances d’isolation importantesn’empêcheront pas des vents violentsd’emporter le pollen sur des distancesplus importantes. Les oiseaux et mammi-fères peuvent ingérer (et rejeter) ou trans-porter des graines loin de leur site de pro-duction. Des inondations peuvent faire demême. Des protocoles de récolte strict nechangent rien au fait qu’on ne peut pasrécolter toutes les graines sur une parcel-le, surtout si la taille excède 2500 m2 ousi la plante porte de très nombreusesgraines comme le colza ou le tabac etqu’on s’exposera donc au risque derepousses lors de la saison suivante.

Le danger est déjà là !ll suffit de regarder outre-Atlantique

pour avoir une idée de ce qui nous attendsi nous n’y prenonsgarde !

Ainsi, le ministèreétats-unien de l’Agricul -ture a annoncé le 12novembre 2002 qu’il avaitsaisi 500 000 tonnes desoja pour une valeur de2,7 millions de dollarsaprès que l’on ait retrou-vé, mélangé avec desgrains de soja destinés à laconsommation humaine,du maïs modifié généti-quement. Ce maïs avaitété fabriqué par la firmeProdiGene pour produire un vaccincontre une maladie porcine. Les autoritésont peu après ordonné la destruction dustock.

Le soja conventionnel était planté etrécolté sur un champ où un maïs «phar-maceutique» modifié génétiquementavait été planté l’année précédente. Desgraines de maïs tombées sur le sol avaientrepoussé et contaminé la récolte de soja.

Aux Etats-Unis plus de 300 essais enplein champ ont eu lieu pour des produitsaussi variés que des hormones de crois-sance, des coagulants sanguins, desenzymes très allergènes, un produit chi-mique aux caractéristiques fortementabortives ou des vaccins pour les humainsou les animaux... Comme le dit LarryBohlen des Amis de la Terre des Etats-Unis : «Une seule erreur et vous ne man-gez plus des corn-flakes mais les médica-ments de quelqu’un d’autre !».

La firme ProdiGene estime que, d’ici2010, les surfaces consacrées aux plantesthérapeutiques représenteront 10% de lasurface cultivée de maïs aux Etats-Unis(Los Angeles Times 2001). Comme sescollègues qui produisent des OGM agri-coles, Anthony Laos, le PDG de la firmeProdiGene trouvent les règlements tropstricts. A propos des zones tampons, ilannonce : «Nous allons nous occuper deces distances (de séparation) jusqu’à quenous ayons gain de cause sur le planréglementaire pour les diminuer oumême les supprimer».

Sans oublier bienentendu, même s’il nes’agit pas directement deplantes thérapeutiques,les plantes modifiéesgénétiquement pour pro-duire des matières utiles àl’industrie. Si nous ne fai-sons rien, nos campagnesfrançaises seront peupléesde plantes-usines chi-miques et de plantes-usines pharmaceutiques!

A quand du maïs à 1%de vaccin, du soja à 0,8%d’agent coagulant ou de

l’huile de colza à 0,5% d’huile industriel-le ?

Rester en laboratoireDepuis près de 20 ans, plus d’une cen-

taine de produits pharmaceutiques sontfabriqués par manipulations génétiquesen milieu confiné et strictement contrôlé.Ces techniques rodées (cultures de cel-

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Ni les insectes, ni le pollen, ni le climat nesavent lire les réglementations! Un champ nesera jamais unlaboratoire.

DR

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lules, de bactéries, etc.) permettent defabriquer tous les produits souhaités. Denouvelles techniques basées sur les sécré-tions des rhizomes ou les algues (parexemple) peuvent être aussi développées.

S’opposer aux plantes OGM thérapeu-tiques, n’empêche donc en aucun cas larecherche (14).

Nous sommes tous confrontés à lamaladie, à la souffrance. Tout progrèsmédical est bien sûr accueilli à brasouverts. Les firmes de biotechnologiesl’ont bien compris. Elles présentent lesbiotechnologies comme une mécano sim-pliste et sans danger alors que les méca-nismes du vivant – comme on l’a vu plushaut – sont d’une extrême complexité.Cette simplification à outrance de la géné-tique, cette glorification des biotechnolo-gies, cette utilisation des malades ne sontni neutres, ni innocentes !

Ces firmes utilisent de façon éhontéel’argument médical pour renforcer leursintérêts. En juillet 1997, par exemple, lesfirmes de biotechnologies pharmaceu-tiques n’ont pas hésité à manipuler desmalades, pour qu’ils défilent en chaisesroulantes devant le Parlement européen !Ce que les industriels n’auraient jamaispu obtenir, les malades l’obtinrent à l’arra-ché : le vote de la Directive sur la breveta-bilité du vivant !

L’affaire du sang contaminé nous aappris qu’on pouvait tuer en prétendantsoigner !

L’affaire de la vache folle nous a apprisqu’on n’a pas le droit de jouer aux appren-tis-sorciers!

La maladie, la souffrance humaine nedoivent pas être utilisées pour justifierl’injustifiable ! Nous refusons de prendrele risque d’ajouter à la douleur desmalades et de leurs familles, la douleurdes victimes de contaminations inévi-tables. Pour toutes les raisons exposéesprécédemment, nous refusons les OGMen liberté !

Christian Berdit n Amis de la Terre des Landes,

avec tous nos remerciements à Bill Freesedes Amis de la Terre des Etats-Unis pour sonaide, ses sources et ses documents qui servent

de bases à ce dossier.

Ils ont fauché. Mais aussi : jefaucherai, tu faucheras,nous faucherons. Car au

procès de Vienne du 23 avril, les“Trois de Saint-Georges”, com -me auparavant les “Dix deValence”, ont brillamment dé -montré que, face aux intolé-rables atteintes à la planète desfirmes semencières, il n’y avaitpas d’autre attitude humainepossible que détruire les par-celles dangereuses. Quand lesautres formes de protestationont échoué…

Certes, les avocats n’ont pasemployé ces termes. Ils n’ontpas dit : fauchez tous ! Mais lestrois plaidoiries de l’après-midipouvaient s’entendre ainsi enconclusion. Parfaites, ces plai-doiries. A donner en exemple aux apprentis avocats. Car elles ont montré la nullité desarguments des marchands de gènes traficotés pour faire croire aux peuples considéréscomme stupides que leurs graines miracle étaient la solution à la faim dans le monde etaux sols chimiquement pollués ! A travers les témoignages entendus le matin, celui deMartine Tardy qui, à Saint-Georges, n’ose plus semer de colza dans ses champs prochesde la parcelle transgénique par crainte d’une contamination encore possible sept ansaprès les faits et la confirmation de sa sagesse par l’histoire de l’agriculteur canadienPatrick Clint Neville : il n’y a plus de possibilité de culture bio au Canada depuis lacontamination par des champs OGM. Pour Marie-Christine Etelin, l’une des avocatesdes accusés, il s’agit d’aller plus loin que leur défense. C’est-à-dire faire évoluer le droitpour que le principe de précaution soit enfin respecté. “Tout ce qu’on avait redouté estarrivé”, dit-elle, en rappelant des affaires comparables et elle démontre que cette affai-re-ci n’aurait même pas dû être portée devant un tribunal au vu de l’illégalité deMonsanto. Elle annonce pour finir une bonne nouvelle : au Venezuela, on vient d’inter-dire la culture des OGM.

François Roux, autre défenseur, commence en déclarant “Monsieur le président,vous avez une chance inouïe” car s’il prononce l’acquittement, il fera avancer la justice.Il faut reconnaître officiellement que les vrais coupables sont les multinationales quifont n’importe quoi dès qu’elles peuvent s’adjuger des profits supplémentaires alors queles paysans vigilants font œuvre de salut public. Il serait temps que cette vigilance soitassurée par l’Etat. En attendant qu’il joue son rôle, il ne nous reste, à nous les citoyens,que la désobéissance civile pour nous défendre face aux abus.

Jugement en délibéré le 21 mai. Nos amis Guy Germain, Joannin Fleury et JacquesRoux vont encore devoir patienter. Mais qu’ils soient sûrs, tout de suite, que, pour beau-coup de monde, pour ceux qui ne savaient pas encore que penser des OGM, ils ont fau-ché les doutes et que c’est une foule de clairvoyants qui sont maintenant avec eux.Cependant, après tous les témoignages (dont ceux de chercheurs scientifiques déplo-rant les essais en plein champ) et les excellentes plaidoiries de la défense, une décisionde relaxe grandirait la justice. Une chance inouïe, Monsieur le Président…

Madeleine Nutchey n

• Comité de soutien, Confédération paysanne, marché d’intérêt national, 117, rue des Alliés,38030 Grenoble cedex 2.

OGM

Les faucheurs de doutesPlus de 2000 faucheurs potentiels sont venus

soutenir les «trois de Saint-Georges», le vendredi23 avril à Vienne, dans un nouveau procès

opposant Monsanto et les citoyens.

(14) La principale justification des plantes OGMpharmaceutiques est de baisser les coûts de produc-tion des médicaments, mais cela siginifie-t-il que leprix de vente baissera ? L’avidine produite à partir demaïs (vendue comme produit chimique pour larecherche) fut vendue le même prix ou plus cher quel’avidine produite en laboratoire à partir d’œuf, alorsque les coûts de production étaient nettement plusbas. L’agriculteur et le consommateur n’ont riengagné ! Dans le cas de produits à destination humai-ne, il est à craindre que les difficultés et les coûts pourpurifier les produits, limiter les flux de gènes, que lesprocès en cas de contamination, n’augmentent lescoûts de production de façon prohibitive.

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Le vivant possède deux propriétésfondamentales et paradoxales :celle de se reproduire et de se mul-

tiplier en conservant ses caractéristiques ;celle de changer, d’évoluer, de s’adapter.

Le temps géologique a accumulé uneextraordinaire variabilité génétique interet intra-spécifique. Au cours de leur bienbrève histoire, les hommes ont domesti-qué les plantes et les animaux, les ontsélectionnés et adaptés de plus en plusfinement à leurs besoins en utilisant cettevariabilité naturelle et en l’élargissant.L’agriculture est le produitde ces deux propriétéscomplémentaires qui sesont constamment appu -yées l’une sur l’autre. Maisvers 1760 pour les animauxet un siècle plus tard pourles plantes, ces deux pro-priétés deviennent antago-nistes avec l’émergenced’une nouvelle catégoriesociale, celle du sélection-neur/investisseur. Il nes’agit plus d’améliorer lesanimaux pour satisfaire des besoins, maispour faire de l’argent. La faculté du vivantde se reproduire et de se multiplier s’op-pose alors au «droit naturel» du profit etl’agriculture et l’élevage à la sélection etau sélectionneur. La sélection n’est qu’unmoyen de faire un profit. Dès lors, l’objec-tif final du sélectionneur/investisseur (etplus tard de la génétique agricole) ne peutêtre que de lutter contre cette malheureu-se propriété des plantes et des animaux dese reproduire et de se multiplier dans lechamp du paysan.

La sélection commemoyen de faire un profit

Dans le domaine animal, cet objectifn’était pas trop difficile à atteindre : l’éle-veur peut boucler ses animaux pour encontrôler les saillies. Cette facilité decontrôle physique et administratif du«sang» et de sa monopolisation adminis-trative explique que les sélectionneurs

professionnels animauxapparaissent avec environun siècle d’avance sur lessélectionneurs de plantes(1) qui entrent maintenantdans la phase finale deconfiscation de cette faculté

(2).

C’est cette grille de lec-ture théorique que je vaistenter d’appliquer à l’histoi-re de la sélection animale.Dans le domaine de l’éleva-ge, beaucoup reste à faire,

mais il me semble que cette grille de lec-ture devrait jeter un éclairage nouveausur un pan essentiel des pratiques agrono-miques et du développement des sciencesdu même nom depuis près de deuxsiècles. En même temps elle pourrait per-mettre d’engager la recherche agrono-mique en France et ailleurs dans des voiesscientifiques nouvelles, que sa soumis-sion, maintenant délibérement imposée àla loi fondamentale de notre société —tout doit devenir marchandise — lui a faitnégliger.

Des courses de chevaux aux chevaux

de courseLe livre général des origines des chevaux

de course (General Stud Book) débute vers1760 semble-t-il en An gleterre, à la suited’une longue évolution que l’on peut résu-mer à grands traits (3). Les chevaux de guer-re solides et courageux mais plutôt lents del’époque médiévale, capables d’aller au choc

De l’influence sociale sur les pratiques de sélection

Pendant deux siècles, la sélection des animauxde «pure race» a permis d’incroyables profits quine reposaient sur aucune «amélioration» des

performances de ces bêtes. Un rappel historiquequi permet de comprendre que l’on nous ressort

le même processus aujourd’hui avec les manipulations génétiques sur les plantes.

OGM et marchandisation du monde

Il ne s’agit plusd’améliorer les animaux pour satisfaire desbesoins, mais pour faire de l’argent.

(1) Dans le domaine des plantes potagères, les pre-mières maisons de «semences» (Vilmorin, Tezier)apparaissent en France peu avant la Révolution.L’objet de consommation (feuille, fruit) différant dubien de production, la «semence», une division dutravail s’impose plus facilement.(2) Le brevet «Terminator» accordé au ministère del’Agriculture des Etats-Unis et à une firme privée enmars 1998 permet de faire des plantes génétiquementmodifiées pour être stériles en deuxième génération.(3) Une grande partie de cet article est fondée sur uneinterprétation personnelle de l’ouvrage pionnier deNicholas Russell, Like engend’ring like, Heredity andanimal breeding in early modern England, Cambridge,Cambridge University Press, 1986, pp. 271.

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Concours de moutons en Grande-Bretagne.

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frontal en portant le poids de leur chevalier etses armures avaient laissé progressivement laplace à des chevaux plus légers, plus rapideset plus mobiles au cours du 17e siècle,lorsque l’art de la cavalerie exigeait vitesse etmobilité, plutôt qu’une protection devenueillusoire avec les progrès des armes à feu.

C’est sans doute dans la deuxième par-tie du 17e siècle, qu’à la demande tradition-nelle de chevaux de chasse s’ajoute celledes chevaux de course lorsque la noblessediversifie ses distractions.

De passe-temps aristocratique à la findu 17e siècle les courses de chevauxdeviennent des entreprises d’affaires.Initialement, les vainqueurs reçoivent destrophées, mais s’y ajoutent bientôt desespèces sonnantes et trébuchantes, si bienqu’au début du 18e siècle, le prix importeplus que le trophée. Une écurie de courseexige des capitaux importants. Ces capi-taux, il faut les rémunérer. Les courses sediversifient et se raccourcissent pour fairecourir fréquemment des animaux dèsdeux ans sur de courtes distances plutôtque des animaux dans la force de l’âge, desept ans et plus, sur de longues distances.Les éleveurs réduisent ainsi le capitalinvesti par animal, et accélèrent sa rota-tion. Le rajeunissement des animauxdiminue le risque d’investir pendant desannées son capital dans l’élevage de rossessans valeur.

Cette recherche d’une rentabilité plusélevée du capital conduit à introduire desétalons «arabes», c’est-à-dire un type decheval adapté aux nouvelles normes de

course. Cela donnera naissance à un typed’animal nouveau, le «pur-sang» anglais,projection sur les chevaux des représenta-tions sociales de leurs maîtres. Lorsque letype de l’animal est à peu près fixé, l’im-portation d’étalons arabes (qui exige descapitaux importants compte tenu desconditions de l’époque) est interdite.

Les éleveurs créent le Livre généraldes origines au cours des années 1760 defaçon à pouvoir identifier de façon sûreles chevaux au départ des courses et évi-ter les tricheries. Désormais la valeur d’unanimal dépend de son ascendance, de laprésence d’un ancêtre prestigieux et fon-dateur dans sa lointaine généalogie.

Une telle méthode de sélectionconsistant à battre et rebattre le même jeude gènes était et est toujours incapabled’améliorer les qualités des chevaux. Elleassure d’abord un monopole aux éleveurssur le «sang» de leurs animaux. Les per-formances des chevaux modernes ne sem-blent pas meilleures que celles de leursancêtres du 18e siècle. Pour les turfistesdes classes populairesconviés à financer les jeuxdes «élites», cela n’a pasbeaucoup d’importance, carl’essentiel est de participer àun passe-temps aristocra-tique. Pour les bourgeoisparvenus, il s’agit de se don-ner l’illusion d’accéder à unecaste à laquelle il n’appar-tiennent pas tout en arron-dissant si possible leur fortu-ne.

Les termes «pur-sang»,«noblesse», «pedigree» mar-quent encore le vocabulairedes éleveurs, quelle que soitl’espèce à laquelle ils s’inté-ressent (4).

L’élevage de chevaux decourse en Angleterre estdonc le reflet dans un miroirde la transformation sociale qui voit l’aris-tocratie s’embourgeoiser et la bourgeoisies’aristocratiser. Il est le prototype et lamatrice de l’élevage des animaux de fermeet des animaux de compagnie. Si l’échecde l’amélioration de la race chevaline decourse ne prête pas à conséquence —après tout, c’est un jeu — celui de l’amé-lioration des animaux de ferme tout aulong du 19e siècle a été plutôt néfastepuisqu’il à conduit à la régression et par-fois même à la dégénérescence des races«paysannes» solides, bien adaptées à leurmilieu et leur utilisation.

A la fin du 19e siècle, l’utilitarismebourgeois se révolte contre cette situa-tion. S’appuyant sur la science nouvellede l’hérédité biologique que nous appe-lons génétique maintenant (5), il va pro-poser une conception nouvelle en matièred’élevage, «bourgeoise» parce qu’elle est

fondée sur l’idée que la valeur d’un ani-mal est propre à cet individu et qu’il fautla juger sur sa descendance. La sélectionbourgeoise sur descendance vient défier lapratique aristocratique d’élevage surascendance. Les techniques modernes dela génétique quantitative sont la traduc-tion dans ce champ scientifique de ceconflit de classe.

La sélection des animaux de ferme La sélection animale devient une

entreprise d’affaire vers 1760, lorsqueselon les historiens le mouvement des«enclosures» se termine et fait place à larévolution industrielle (6). Presqueimmédiatement, le conflit éclate entre lesdeux aspects du profit de la sélection.D’une part, le sélectionneur veut faire unprofit de la vente du «sang» de ses repro-ducteurs. De l’autre, l’agriculteur espèreque des animaux de «race pure» ont uneplus grande efficacité productive. Ce

conflit a toujours été résolu— faut-il le dire ? — auxdépens de la seconde, c’est-à-dire de l’intérêt de lasociété dans son ensemble.

La fin du 18e estl’époque du capitalismeindustriel qui accélère samarche triomphale. Danstoutes les activités, y com-pris l’agriculture les capita-listes s’activent à faire tra-vailler leurs prolétaires. Lademande croissante deviande et de laine de larévolution industrielleexcite l’engouement de laclasse dirigeante non paspour l’agriculture, maispour les profits qu’elle peuten tirer. Bakewell, (1726-1795), le plus célèbre des

sélectionneurs anglais, voit avant tout lemonde qu’il est possible de profiter de cetengouement pour transformer ce quenous appellons aujourd’hui «l’hérédité»en source de profit. Très vite, il comprendaussi qu’il est plus rapide et facile demanipuler les conditions d’élevage quel’hérédité pour produire des «beaux» ani-maux en leur fournissant de bonnes

La demandecroissante deviande et delaine excitel’engouementde la classedirigeante nonpas pour l’agriculture,mais pour lesprofits qu’ellepeut en tirer.

(4) Au 19e siècle, ce vocabulaire marque aussi la pra-tique des sélectionneurs de plantes, au moins desespèces à fécondation croisée. On parle ainsi du«sang» d’une variété de maïs pour qualifier ses quali-tés héréditaires.(5) La notion d’hérédité biologique apparaît vers lemilieu du 19e siècle. Cf. Jean Gayon, « L’émergencedu concept biologique d’hérédité au 19e siècle «, inJean-Pierre Berlan (ed.), Faut-il créer un privilège surle vivant ? Séminaire Européen 26-27 septembre1997, Montpellier.(6) T. S. Ashton The Industrial Revolution 1760-1830,Londres, Oxford University Press, 1948, pp. 167.

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conditions d’étable et une excellentenourriture. Par dessus tout, Bakewell estun excellent agriculteur dont les champsproduisent à profusion les fourrages et lesraves nécessaires à la croissance rapide etla conformation de ses animaux. Mêmeses admirateurs se plaignent parfois queses moutons sont beaucoup trop gras —mais faire du gras est plus facile que fairede la viande.

«Des coalitions d’enchérisseurs pous-saient les prix des béliers plus haut queceux des meilleurs chevaux de course. Lamode et le désir de faire fortune excitaientle comportement des participants (...). Aucours des années 1780, l’élevage desbéliers au sein de la société était devenucomplètement distinct de tout objectif

agricole et était devenu une fin en soi» (7).

Il faut voir Bakewell comme un géniedu marketing avant l’heure. Il laisse pla-ner le plus grand mystère sur sesméthodes de sélection.

Bakewell avait installé un petit muséeexposant le squelette de ses reproduc-teurs pour faire des comparaisons d’unegénération à la suivante. Le visiteur ainsipréparé avait perdu tout esprit critiquelorsqu’ensuite on lui présentait des ani-maux gras à souhait, soigneusement pei-gnés, aux sabots lustrés et parfuméscomme des cocottes ! Après 1880,Bakewell gagne beaucoup d’argent et sus-cite de nombreux émules.

Il me semble qu’avant de faire deBakewell le précurseur des méthodesgénétiques modernes, auxquelles nousdevons, paraît-il, abondance et qualité, il

En fait, elle risque de servir de pré-texte à la Commission européennepour considérer que le moratoire

sur les nouvelles autorisations d’OGM n’aplus lieu d’être, ignorant par là-même lesnombreuses questions encore en suspensautour de la coexistence, de la contamina-tion des semences ou de la responsabilité.

Surveiller les étiquettes

D’un côté, ces nouveaux règlementseuropéens renforcent les conditions del’étiquetage : les produits, ingrédients ouadditifs issus d’OGM devront maintenantêtre étiquetés,même si l’OGMn’est plus détec-table dans le pro-duit final et c’est latraçabilité qui per-mettra cet étique-tage.

Concrètement,cela signifie que denombreux pro-duits étiquetés“issus d’OGM”pourraient appa-raître dans lesmagasins dès le 19avril, comme leshuiles de soja oude colza et lesingrédients ouadditifs issus de soja ou de maïs tels quele sorbitol (E 420), le mannitol (E 421)ou l’isomalt (E 953), etc (1).

Certes nous n’allons pas à partird’avril consommer plus d’OGM, maisceux qui étaient jusqu’à présent cachés(et qui représentent des quantités trèsfaibles), vont être dévoilés par cette régle-mentation. Bien entendu, cela permettraaux consommateurs de les refuser et demontrer leur détermination à empêcherl’avènement d’un monde transgénique.

Mais ces produits sont en réalité dessous-produits de la fabrication de tour-teaux pour l’alimentation animale. L’autreavancée importante de la nouvelle régle-mentation est justement l’étiquetage de

l’alimentation animale, le débouchéactuel majeur des OGM. Ainsi, les éle-veurs pourront maintenant nourrir leursanimaux sans OGM et ne pourront plusse réfugier derrière l’argument de l’igno-rance de la nature OGM des rations qu’ilsachètent.

Confiance aveugle ?On bute très vite sur la grande lacune

de la réglementation : la traçabilité s’arrê-te là et les animaux nourris aux OGM etles produits issus de ces animaux (lait,beurre, œufs, viande, etc.) échappent àl’étiquetage.

Par cet artifice, les décideurs aidentles entreprises debiotechnologie àécouler leursOGM en masse età l’insu dupublic.

Cette régle-mentation estdonc insuffisantepour permettreun réel choix duconsommateur,qui devra, com -me en 1998, lors-qu’il n’y avaitaucun étiqueta-ge, regarder leslistes de produitsavec et sansOGM de

Greenpeace afin de faire pression sur lesindustriels.

Il est donc urgent que le législateurcomplète la réglementation, soit en obli-geant l’étiquetage pour les animaux etproduits animaux, soit en permettant unétiquetage “positif” pour les animaux etproduits d’animaux nourris sans OGM.

Un autre chantier à ouvrir afin denous permettre de vivre encore sans OGMen Europe.

Arnaud Apoteker nGreenpeace France.

La nouvelle réglementation européenne sur l’étiquetage et la traçabilité des OGM est entréeen vigueur le 18 avril. Elle est censée permettrel’information des consommateurs sur l’utilisation

d’OGM dans l’alimentation…

De l’éthique sur l’étiquette ?

(1) En fait, les industriels ont six mois pour mettre lesétiquettes en conformité.

(7) Russell, op. cit. p.205.

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Pur sang.

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vaudrait mieux le considérer comme unadmirable maquignon et un homme d’af-faires avisé. N’est-il pas le premier àdémontrer que l’élevage et la sélection dubétail — la manipulation de l’hérédité —peuvent être une source de profits consi-dérables. Dans notre société, c’est ce quiimporte. N’est-ce pas là ce qui assure à cehobereau, charlatan et homme d’affaires,sa place de précurseur de la sélection ani-male moderne ?

Foires et concoursDe la vente des animaux sur les foires,

à leur exposition pour en faire admirer lesqualités aux clients etaux confrères sélection-neurs à l’organisationformelle de concours, iln’y a qu’un pas, franchipour la première foisdans le Sussex en 1798.Un jury de juges-experts décerne desrécompenses, au début,des trophées symbo-liques, assortis plustard de sommes d’ar-gent importantes.

Les jurys les décer-nent aux animaux quise rapprochent le plusd’un type idéal, censéreprésenter les qualitésintrinsèques de la race.

Alors que dans ledomaine de la biologie,l’immense variété naturelle manifestel’existence d’essences constantes que l’ob-

servateur doit découvrir, l’uniformitéd’un élevage témoigne de la capacité del’éleveur à purifier le «sang» de sessouches et de les rapprocher ainsi de l’es-sence quasi-divine du type idéal de larace.

En réalité, l’efficacité productive d’unanimal est invisible et dépend du milieu.Quant à la capacité d’un animal à trans-mettre cette efficacité à sa descendancedans un environnement donné, elle nepeut être estimée que par des procédurescomplexes de calcul de la valeur de ladescendance qui apparaîtront au coursdes années 1930 dans le sillage de la«grande synthèse» entre le mendélisme etle darwinisme et des débuts de la géné-tique quantitative.

On affirme que Bakewell retenaitpour lui les béliers qui donnaient lesmeilleurs produits lors de leur location, etdonc qu’il aurait été le premier à prati-quer des tests de descendance. Comptetenu des formidables difficultés statis-tiques de tels tests, on peut douter que lasélection visuelle de Bakewell ait eu lamoindre efficacité. En réalité, les sélec-tionneurs se sont orientés immédiate-ment vers ce qui était profitable : choisirdes traits permettant de différencier faci-lement une race ou une souche donnée,par conséquent, des traits visibles, voiremême frappants, héritables, faciles àsélectionner, sans effets défavorables évi-dents et s’efforcer de rendre ces caractèreshomogènes au sein de leur troupeau.

Race et livre des origines

Au sein des associations, les sélec-tionneurs les plus influents choisissentces traits en fonction de leurs intérêts per-

sonnels sur la base decorrélation de hasard(8). Ils conduisentleurs élevages pour lesconcours et collection-nent les prix qui n’ontaucune significationquant aux qualitéshéréditaires intrin-sèques des animauxprimés et vendusensuite comme repro-ducteurs.

Aujourd’hui, lors-qu’un éleveur achètecher un reproducteur«avec papiers» (pedi-gree), c’est dans l’es-poir de faire fructifierson investissement envendant comme repro-ducteur les produits

de son achat. Si cet achat est décevant, ilne va pas le crier sur les toits, et il s’ef-

force de repasser en quelque sorte le mis-tigri.

Pour les sélectionneurs, les concours-expositions sont le moyen de promouvoirleur race en général et leur souchespropres en particulier, et d’en perfection-ner le type idéal. Si, pour s’établir, lesraces nouvelles doivent apporter une dif-férence (peut-on utiliser le terme «pro-grès» ?) visible, leur amélioration ulté-rieure dépend uniquement de la politiquedécidée par les sélectionneurs regroupésdans leurs associations. Ces derniersgèrent les pedigrees selon leurs intérêtspropres.

Cette conception a conduit le plussouvent à la dégradation, voire la détério-ration des races et parfois à leur dispari-tion (9).

Des critères fantaisistes rentablesW. J. Spillman, futur conseiller de

Henry Wallace pendant le New-Deal, voitclairement, en 1911, la fonction écono-mique des critères de fantaisie (fancypoints) de sélection : «Du point de vue dusélectionneur qui travaille pour le profit,les soit-disants points fantaisistes peuventavoir une grande valeur commerciale...»(10).

Certains se rendent compte que l’irra-tionalité qu’ils déplorent tient au fait quele sélectionneur privé travaille d’abordpour son profit personnel, et qu’il n’y apas convergence entre son intérêt et celuide la collectivité.

C’est au Danemark, à la fin du 19esiècle, que l’utilitarisme bourgeois serévolte contre ces pratiques de sélection.La prospérité de l’agriculture danoiserepose sur les exportations de beurre etde fromage sur le marché anglais. Lesagriculteurs danois doivent rester compé-titifs. Ils ne peuvent laisser les sélection-neurs libres de sélectionner pour leurprofit en faisant fi de l’intérêt général. En1892, les Danois établissent la premièreassociation de testage des vaches. Lesméthodes de sélection modernes fondéessur la capacité à produire du lait, sansprêter attention à la beauté émergentdonc à ce moment-là.

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Nouveauguide desproduits avecou sans OGMGreenpeace a rendupublique une nouvelleétude sur les produitscontenant ou non des OGM.Cette liste peut être deman-dée contre une enveloppetimbrée à 0,58 euro ou êtretéléchargée sur le site deGreenpeace. Greenpeace, 22,rue des Rasselins, 75020Paris, tél : 01 44 64 02 02.

(8) Par exemple, si un éleveur-sélectionneur influentpossède un bon troupeau de vaches laitières (parcequ’il est d’abord un bon éleveur) dont l’attache dequeue est haute (ou basse), ce critère morphologiquea des chances de devenir un des traits du standard dela race.(9) C’est particulièrement criant pour les animaux decompagnie. Voir Konrad Lorenz, Tous les chiens, tousles chats. (10) William J. Spillman, «An important point inselecting for fancy points», American Breeders’Association, Report for the year ending 31 decembre1909, vol. VI, 1911, 375-380.

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Juin 2004 SILENCE N°311 14

OGM

Après leurs récents accordssur la traçabilité et l’éti-quetage, les gouverne-

ments européens envisagentdésormais de lever rapidement lemoratoire sur les cultures d’OGMen vigueur depuis 1999. Pour -tant, aucun des problèmes soule-vés depuis dix ans n’est résolu :risques pour l’environnement,pour la santé, privatisation duvivant, choix d’autres modèlesagricoles, statut du paysan, etc.C’est un leurre démocratique qued’annoncer un libre choix desconsommateurs sous prétexted’étiquettes : si les experts nesavent pas, comment le citoyenpourrait-il faire un choix éclairé ?

D’autre part, la pression exercée par les Etats-Unis et les multinationales s’exacerbe,tant la résistance prolongée aux OGM (résistance dont la France est un bastion) entraî-ne davantage qu’un manque à gagner : il s’agit d’un «manque à convaincre» de l’intérêtde cette technologie, et celui-là s’avère hautement périlleux pour les investisseurs et lesacteurs de la filière. Je crois que c’est la révélation de leur inutilité qui condamne aujour-d’hui les OGM, plus encore que les nuisances qu’ils devraient apporter. Car les«hommes de progrès» qui nous accusent d’»obscurantisme» se trouvent dans cettesituation inouïe d’avouer qu’ils sont seulement dans la croyance («ça devrait finir parmarcher») ! Cela peut expliquer leur attitude de refus du débat, de non publication desréactions suscitées par les nombreux articles pro OGM.

Les médias ne font que refléter un durcissement concerté des forces économiquesdont les puissants relais, de l’université aux élus, ont été mis en état d’alerte générale.Des militants syndicaux emprisonnés, c’est la réponse scandaleuse d’un lobby auxabois, affolé par la persévérance de l’opposition majoritaire à ses projets, malgré lesmanigances où se déconsidèrent nombre de journalistes, chercheurs et intellectuels.C’est donc avec cette arme qu’il faut résister : exigeons un débat véritablement démo-cratique où les citoyens, préalablement instruits du dossier, devront répondre à desquestions évidentes comme : «Est-il légitime d’imposer cette technologie si elle ne pré-sente que des risques ?», «Est-il légitime de courir ces risques si les assureurs profes-sionnels ne s’y hasardent pas ?», «Puisqu’il est avéré, même par le lobby pro OGM, quela culture de plantes transgéniques est incompatible avec une agriculture sans OGM,est-il légitime de livrer la nature entière et l’alimentation entière à un pari irréver-sible ?».

Mais, pour éviter que les réponses soient enterrées, que l’opinion informée soitbafouée, il faut un engagement des élus et du gouvernement : toute décision qui contre-dirait les propositions des citoyens devra être clairement justifiée et assumée par ceuxqui prétendent nous diriger selon les préceptes démocratiques.

Jacques Testart n

Ancien président de la Commission française du développement durable.

Editorial Lettre d’Agir pour l’environnement, janvier 2003.

La confiscation du vivant

Si l’histoire de la biologie a fait l’objetd’innombrables travaux de la part d’épis-témologues, de philosophes, d’historienset de sociologues des sciences, celle de labiologie appliquée à l’agriculture n’a pasfait l’objet d’une attention comparable. Etsurtout le lien entre les champs appliquéet théorique n’a pas fait l’objet des étudesqu’il mérite. Seul Darwin s’est intéressé deprès aux pratiques des sélectionneurspuisque leur observation minutieuse lui apermis de formuler l’existence d’un méca-nisme naturel semblable.

Sans vouloir ranimer la querelle entrela conception internaliste et externalistede l’évolution des disciplines scienti-fiques, le développement de la biologieappliquée à l’agriculture a de toute évi-dence influencé celui de la biologie théo-rique. Il conviendrait donc sinon de ren-verser l’idéologie internaliste dominantequi voudrait que les avances scientifiquesdécoulant de la dynamique interne dessciences déterminent les avances tech-niques, du moins de prendre en considé-ration les influences (pour ne pas dire uti-liser un terme plus fort) qu’exercent lestechniques et les pratiques sur les concep-tions théoriques.

La question est donc : que recher-chent les éleveurs ? Evidemment, leurprofit individuel. Comment alors larecherche du profit oriente-t-elle parconséquent les travaux scientifiques ycompris théoriques, et influence-t-elleégalement ce contenu théorique ?Question iconoclaste par excellence.

Ne plus exclure cette question icono-claste ne permettrait-il de comprendrepourquoi et comment les triomphes théo-riques de la biologie moderne, célébrés defaçon si outrageusement extravagante,débouchent finalement sur la confiscationdu vivant ? Et par conséquent de prendreconscience de l’impasse dans laquelle ellese trouve ?

Jean-Pierre Berlan nDirecteur de recherche INRA/CTESI

Texte résumé et simplifié. Texte original sur

http://perso.wanadoo.fr/jpe.berlan

L’étiquetage est un leurreSi les experts ne

savent pas, commentle citoyen pourrait-ilfaire un choix éclairé ?

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Cancers du sein :CosmétiquessuspectsDes études faites aux Etats-Uniset au Canada sur les substancesprésentes au niveau des seinsatteints de cancers ont relevé laprésence de molécules appeléesparabènes dont l’origine sembleêtre les désodorisants et les anti-transpirations que l’on se metsous les bras. Même si le lien decause à effet n’est pas pour lemoment démontré, les autoritéssanitaires canadiennes ont lancéun avertissement public en janvier2004. Des études sont en courssur ce sujet. L’épilage sous lesbras est également une source desuspicion. En effet, les poils enfixant une partie des produitscosmétiques envoyés sous les brasdiminueraient les risques decontamination, à l’inverse uneaisselle rasée est plus contami-nable, surtout juste après unrasage qui provoque des micro-coupures invisibles à l’œil (BBC,12 janvier 2004)

Distributeursinterdits

Le 8 avril, lesdéputés ont votéune loi interdi-sant les distribu-teurs de sodas etfriandises dansles établisse-ments scolaires,mesure prisedans le cadred’une loi plusvaste concernant

la lutte contre l’obésité. Les grandsgroupes n’ont pas tardé à réagir enlançant fin avril une campagne«Touche pas à ma récré». La loisera-t-elle respectée ?

Aluminiumdans les vaccinsAlternative Santé publie dans sonnuméro de mai un rapport restésecret de l’Agence française desécurité sanitaire. Il révèle que91 % des personnes atteintes demyofasciite ont reçu un vaccincontenant de l’aluminium, et danstrois quarts des cas, il s’agissaitdu vaccin contre l’hépatite B. Lenouveau ministre de la santé,Philippe Douste-Blazy va-t-ilréagir ? Peu probable : c’est luiqui a lancé à grande échelle cetype de vaccination.

G I R O N D EPlantes médicinales et comestiblesL’association L’Ortie propose duvendredi 25 juin après-midi audimanche 27 juin, un stage àBlaignac, près de La Réole(Gironde), sur l’identification desplantes médicinales et comes-tibles ainsi que sur leur usage

dans les cosmétiques. Repas agré-mentés de plantes sauvages.L’Ortie, 8, rue Blaise-Pascal,33800 Bordeaux, tél : 05 56 9453 10.

HAUTE-GARONNEMéthodeFeldenkraisLa méthode Feldenkrais est uneméthode de développement cor-porel qui s’appuie sur la prise deconscience à travers le mouve-ment. Méthode accessible à tous,elle est utilisée avec succèsnotamment à la suite de trauma-tismes. Une soirée de présenta-tion est organisée par Bio-Santé31, le vendredi 18 juin à 20h30au siège de l’association. Bio-Santé, 2355, route du Planturel,31860 Labarthe-sur-Leize, tél :05 61 08 51 96.

G R E N O B L EManger bioet équilibréL’Alliance paysans écologistesconsommateurs de l’Isère organiseune soirée conférence sur cethème le 2 juin à 20 h à la maisondes associations de Grenoble, avecLilian Le Goff, médecin nutrition-niste, témoin au procès des OGM àVienne. Alliance, MNEI, 5, placeBir-Hakeim, 38000 Grenoble, tél :04 76 42 98 46.

SILENCE N°311 Juin 200415

n Etats-Unis : un chercheur qui dérange. Stephen Jonesest un généticien renommé de l’Université d’Etat deWashington. Il mène différentes recherches sur l’améliora-tion des semences, par croisement classique, sans recoursaux technologies coûteuses des OGM et surtout en laissant

les plants libres de reproduction, permettant aux agriculteursde produire leur propre semence. Une hérésie dans le pays du

dollar. Sous couvert d’une association d’agriculteurs, les compagniesde semences mènent une campagne pour lui faire couper ses crédits,

sous prétexte que cet argent serait plus utile… à la recherche de nouveauxOGM. D’autres associations d’agriculteurs sont heureusement venues en aide au cher-

cheur. (Garance voyageuse, printemps 2004)n Italie : Grano o Grane. A l’occasion d’un rendez-vous au ministère de l’Agriculture, le CDG (Conseil

des droits génétiques) a lancé une campagne contre la commercialisation du blé transgénique intitulée «Granoo Grane» (grains ou problèmes). Il espère bloquer la procédure d’autorisation notamment en publiant desétudes sur les impacts socio-culturels, économiques, agricoles, nutritionnels, etc. De nombreuses organisationssont impliquées dans cette campagne : Coldiretti (syndicat agricole majoritaire), Assocap (Association desconsortium agraires), FLAI-CGIL (syndicat des travailleurs de l’agroalimentaire), Coop, l’Institut national del’économie agraire, ou encore l’Institut national de recherche sur l’alimentation.n Suisse : essai inutile. Le 26 mars 2004, des militants de Greenpeace ont occupé un essai de blé transgé-nique de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich. L’association appelle l’Ecole à renoncer à son expérience età détruire les semences. En pratiquant les semis transgéniques avant la fin du délai de 30 jours durant lequelil aurait été possible de recourir contre cette autorisation, l’Ecole a mis les adversaires de l’essai devant lefait accompli, estime Greenpeace, qui ajoute que le Tribunal fédéral n’aurait examiné le cas que sur la forme,sans évaluer les questions de sécurité. (inf’OGM, avril 2004)n Ségolène Royal appelle à interdire les essais. A peine élue présidente de la région Poitou-Charentes,Ségolène Royal (PS), ancienne ministre de l’environnement, a appelé, dans son discours d’investiture, le 2avril, les maires de la région concernés par des essais OGM en plein champ à prendre des arrêtés d’interdic-tion, au nom du principe de précaution. Jusqu’à maintenant plusieurs dizaines de ces arrêtés ont été annuléspar recours devant le tribunal administratif par les préfets. Un vote formel a eu lieu le 26 avril interdisant lesOGM dans la région.

Le CNIID,Centre

national pourune informa-tion indépen-dante sur lesdéchets, orga-nise jeudi 17juin à partirde 9h30 à lamairie du 11earrondisse-ment à Parisun séminaire

sur ce thème. Deux thèmes seront abordés : en quoi le PVC et ses addi-tifs, composant du matériel médical ou domestique, sont dangereuxpour la santé des plus fragiles avec des exemples de substitutions réus-sies ; comment 95% des déchets hospitaliers infectieux et assimiléspeuvent être traités légalement sans incinération et sans danger. Unreprésentant du centre hospitalier de Roubaix en montrera l’exemple.Ce séminaire prépare le premier salon européen Cleaned Europe qui setiendra à Vienne (Autriche) du 6 au 8 octobre organisé par les associa-tions membres du réseau «Santé, d’abord ne pas nuire». CNIID, 21,rue Alexandre-Dumas, 75011 Paris, tél : 01 55 78 28 60.

Quand l’hôpital rend malade

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Santé

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Médiasn Réalités vaccinations. A l’oc-casion de ses cinquante ans, laLigue pour la liberté des vaccina-tions a réalisé un numéro spécialretraçant son historique, ses vic-toires, ses livres, et un importantdossier sur les OGM.n Radio libertaire. Après 25 ansd’émission en région parisienne,Radio-libertaire peut maintenantêtre écoutée de partout via le siteinternet www.federation-anarchis-te.org.n Trouble(s). Sous-titré «sexua-lités, politiques, cultures», cettenouvelle revue associative propo-se des réflexions sur le sado-masochisme et les rapports dedomination, un retour sur lesgrèves du printemps 2003, surl’histoire populaire aux Etats-Unis. Trouble(s), 9, rue Renault,92240 Malakoff.n Vegetus. L’Union végétarienneespagnole (UVE) créée en 2002publie une revue semestrielle d’in-formation pour ses adhérents.Différentes approches sont abor-dées : historique, scientifique, spi-rituelle… On y trouve nombred’informations pratiques etd’adresses utiles. Vegetus, Unionvegetariana española, apartado348, 03800 Alcoï, Alicante,Espagne.n Village magazine. Cette revuequi s’intéresse au retour à lacampagne, a publié un hors-sériesur l’autoconstruction avec desnombreux reportages et desfiches techniques. Très bien fait, sice n’était la pollution publicitaire(17 pages sur 68). Village maga-zine, La Caillère, 61100 LaCarneille, tél : 02 33 65 34 91.

n Débat à l’assemblée nationa-le. Alors que la France a réaffir-mé son attachement à une Europequi respecte les langues de chaquepays lors d’un débat le 6 janvierdernier à l’assemblée nationale,Pierre Forgues, député socialistede Tarbes (Haute-Pyrénées) estintervenu pour expliquer que s’entenir à ce genre de vœu est insa-tisfaisant : «Malgré nos bonnesintentions, la marche vers lemonolinguisme dans les échangesde travail semble inexorable. Sielle se fait au profit d’une languenationale, ce sera l’anglais. Pourparer à toute hégémonie ou discri-mination, ne devrait-on pas pro-mouvoir une langue non nationalecomme deuxième langue ? Cette

langue existe depuis plus d’unsiècle : c’est l’espéranto. Cela peutparaître utopique, mais pas plusque l’euro il y a vingt ans ou laconstruction européenne il y asoixante ans. Cela relève de la rai-son et de la décision politique».n Haute Savoie : jonglage etespéranto. Du 18 au 20 juin, lafédération Rhône-Alpes d’espé-ranto organise un stage de jon-glage en Haute-Savoie, à proximi-té du lac Léman. AdenjoCharrière, Le Privilège A2, 8, ruedes Léchères, 74140 Douvaine,tél : 04 50 35 02 73.

G E N È V EObjectif GaïaObjectif Gaïa se propose de créerun lieu d’expérimentation et derecherche dans le but de revitali-ser les campagnes, tant au niveauhumain qu’au niveau de la biodi-versité. Les objectifs sont autantsociaux qu’agricoles : commentréconcilier la vie moderne avec unusage sain de la terre et de lanature ? Y a-t-il une possibilité deconfier une partie de la gestionde la nature et des zones agri-coles à de simples citoyens moti-vés ? Objectif Gaïa n’a pas deréponse toute faite. L’idée centra-le est de remettre au goût du jourle programme MAB (Man andBiosphère), lancé par l’UNESCOdès 1970, qui consiste à promou-voir des zones à mi-chemin entrela réserve naturelle, la zone agri-cole et la zone habitable. Deszones où l’on puisse vivre encontact intime avec la nature.La démarche d’Objectif Gaïa sup-pose à long terme, un retour à lacampagne des citadins qui dési-rent s’associer à la gestion de laterre sans être pleinement agricul-teurs dans une attitude sociale-ment, économiquement et énergé-tiquement saine. A mi-cheminentre Thoiry et le Reculet, dans leJura suisse, l’association dispose,depuis début 2004, d’un pâturagede huit hectares, avec possibilitéd’y construire un refuge et d’ycréer des jardins. Ce terrain doitservir pour expérimenter diffé-rentes méthodes : construction enterre crue, phytoépuration, toi-lettes sèches, jardins en permacul-ture, un comportement favorisantla biodiversité, des techniques etdes matériaux sains, peu gour-mands en ressources et en éner-gie. Elle cherche des personnesmotivées pour s’investir dans ceprojet et propose du 6 au 30 juindes ateliers pratiques sur ces tech-niques. Objectif Gaïa, c/o FlorenceNussberger, 24, Montbrillant, CH

1201 Genève, tél : 22 344 14 20ou 22 733 15 26.

Produire sessemencesL’association Kokopelli qui se batpour la liberté de produire sessemences organise différentsstages pour apprendre à chacuncomment produire ses semences.Les prochains stages auront lieules 6, 7 et 8 août, dans lesCorbières ; les 20, 21 et 22 aoûtprès de la Rochelle, àl’Aubrecay ; les 1, 2 et 3 octobredans les Corbières. AssociationKokopelli, Oasis, 131, impasse desPalmiers, 30100 Alès, tél : 04 6630 64 91.

4 J U I N Repas dequartiersEn 1991, l’idée des repas de quar-tiers démarre dans un quartier deToulouse. Progressivement, le phé-nomène se développe dans toutela France et, à partir de 1994,une date est choisie nationalement: le premier vendredi de juin (le 4juin donc cette année). Un livreest paru en 2001 sur ce phénomè-ne (édition Syllepse). Mais atten-tion depuis maintenant deux ans,certaines grandes marquesrelayées par des médias ont lancéune initiative similaire avec la«fête de votre immeuble».

LOIRE-ATLANTIQUELe monde estce que nousen faisonsLe Vieil Eclis est une oasis, à lacampagne, près de l’océan, qui

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L’association des Compagnons bâtisseurs est née en Belgique en1953 avec la volonté de venir en aide aux populations victimes desméfaits de la seconde guerre mondiale. Les Compagnons d’alors bâtis-saient des maisons, des villages entiers...L’association a rapidement pris une dimension internationale. En 1957,les Compagnons bâtisseurs se sont implantés en France et aujourd’hui,il existe quatre associations régionales : Bretagne, Provence, Centre etMidi-Pyrénées. L’association a pour objectif de contribuer à la résolu-tion des problèmes sociaux, en particulier ceux liés à l’habitat.Les Compagnons bâtisseurs accueillent sous le statut de volontaires àlong terme des jeunes, filles et garçons, âgés de plus de 18 ans, avec ousans formation et souhaitant consacrer une à deux années à ce typed’action : action concrète auprès des familles défavorisées, une vie asso-ciative régionale et nationale, un réel travail d’équipe en dehors desstructures traditionnelles, une pratique des travaux du bâtiment, uneexpérience de vie différente.Les volontaires travaillent par équipe de trois à cinq personnes en lienavec les permanents et divers organismes sociaux, ils préparent et assu-rent le suivi technique, financier et humain des chantiers.L’été, les volontaires à long terme ont la possibilité d’encadrer deschantiers internationaux de jeunes bénévoles en France.Les volontaires perçoivent une indemnité mensuelle (environ 350 €) quicouvre les frais de logement, de nourriture et d’argent de poche. LesCompagnons bâtisseurs prennent en charge toutes les dépenses rela-tives à la formation et aux activités. Les volontaires vivent et travaillenten équipe. Cet investissement parfois exigeant, leur offre un indéniableterrain d’expérience et de responsabilisation.Un cursus d’entrée dans le secteur volontaire à long terme a été élabo-ré pour permettre, avant tout engagement, une réelle connaissancemutuelle et une intégration facile du candidat. Pour en savoir plus : n Compagnons bâtisseurs Bretagne, 28, allée Louis-Hémon, 35200Rennes, tél : 02 99 35 27 27.n Compagnons bâtisseurs Provence, 7, traverse Antoine-Caria 13015 Marseille, tél : 04 91 50 03 83. n Compagnons bâtisseurs Centre, 2, rue Molière, 37000 Tours, tél : 0247 61 32 10.n Compagnons bâtisseurs Midi-Pyrénées, 2, rue Claude-Bertholet811000 Castres, tél : 05 63 72 59 64.

Compagnons bâtisseursAlternatives

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cherche à mettre en acte nos idéespour vivre le plus possible en cohé-rence. Le lieu existe maintenantdepuis cinq ans et organise cet été,du 3 au 6 août, un stage intitulé Lemonde est ce que nous en faisons.Animé par Marie-Dominique etJacky Burgaud, il vous proposequatre jours pour prendre conscien-ce de soi et du monde et du rôle del’écologie au quotidien : faire lepoint sur nos projets de vie, nosdésirs, notre conscience, apprendredes bases d’agroécologie, desrecettes simples, expérimenter etvivre ensemble, partager nosconnaissances, participation à lavie du lieu… Le Vieil Eclis, 44410Assérac, tél : 02 40 01 77 29.

M O S E L L EAlternéthiqueUne association nomméeAlternéthique a vu le jour le 2 février2004 à Woippy. Elle a pour objet devaloriser les produits bio et naturels,alimentaires ou non, ainsi que ceuxissus du commerce équitable ; deréunir les informations concernantles produits bio ou non, leurs utilisa-tions et de rendre accessible ces ren-seignements ; de participer à la for-mation d’enfants et/ou d’adultes inté-ressés par des thèmes écologiques,biologiques ou patrimoniaux (coursde cuisine, de jardinage…) ; de favo-riser les échanges humains. Elle ason siège pour le moment à lacoopéthique, un magasin Bio coop etenvisage à plus long terme de sedoter d’une éco-construction pouraccueillir en externat des groupes.Alternéthique, Coopé thique, 20, ruede Briey, 57140 Woippy, tél : 03 8731 96 28.

N A N C YLa CasbahLa Casbah a vu le jour à l’autom-ne 2003 sous la forme d’une

association pour valoriser l’indé-pendance de la culture et la soli-darité. Concrètement, elle proposeun espace librairie avec possibili-té de se déplacer pour tenir desstands, un espace bibliozino-thèque où l’on peut s’installerpour lire des livres, des journaux,des BD, des zines, des archives,un espace exposition où desartistes peuvent présenter leurtravail, un espace informations oùsont proposés les tracts etaffiches des événements à venir etdes services comme du covoitura-ge. Des soirées sont organiséesautour de café politique, repas dequartier, performances, cirque,concerts, etc. La Casbah, c/oPlanète verte, BP 22, 20 bis, rueVillebois-Mareuil, quartier MonDésert, 54002 Nancy cedex.

A U B ECentre culturel de Pâlis«L’artiste n’est pas une espèceparticulière d’homme, c’est chaquehomme qui est une espèce particu-lière d’artiste». La beauté, quirévèle la nature profonde des êtreset des choses, peut être source derenouvellement pour l’homme etpour les sociétés. Contribuer à ceque chacun puisse faire l’expérien-ce de ses capacités d’émerveille-ment et de création, telle est l’am-bition des artistes et animateursqui font vivre le centre culturel dePâlis. Le centre vous propose : àla découverte des couleurs (12 et13 juin, 6 et 7 novembre), écouteet parole (28 au 31 mai), écrireavec la lumière (le rôle de l’ima-ge) (5 au 10 juillet), expressionthéâtrale (11 au 18 juillet), le per-sonnalisme de Mounier (19 au 21novembre), partager l’abondance(économie, argent, créativité) (7

au 10 octobre). Centre culturel, 4,rue Tournefou, 10190 Pâlis, tél :03 25 40 58 37.

H A U T E - V I ENNEContrechampsContrechamps est une associationculturelle de développement localqui est locataire pour 99 ans d’uneferme fortifiée du 17e siècle dontelle retape la grange à foin pour enfaire un lieu d’accueil, d’héberge-ment et une salle de spectacle.Contrechamps organise son troisiè-me chantier de bénévoles du 1er au13 août, avec quatre heures dechantier par jour et le reste pourla découverte du Limousin.Hébergement en camping sur lesite, au sein d’un domaine agricoleen polyculture élevage conduit en

agriculture biologique. AssociationContrechamps, Trasrieux, 87460Saint-Julien-le-Petit, tél : 05 5569 13 18.

H A U T E S - A L P E SFormationshabitat sainL’association Le Gabion propose desstages de formation pour profession-nel ou autoconstructeur : travail duplâtre (10 au 14 mai), architecturebioclimatique (11 et 12 juin), enduitsterre (14 au 18 juin), briques de terrecrue (11 au 15 octobre), voûtes etcoupoles (18 au 22 octobre), escalierbois (15 au 26 novembre). LeGabion, domaine du Pont-Neuf, routede Saint-André-d’Embrun, 05200Embrun, tél : 04 92 43 89 66.

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Alternatives

Ecotopia 2004Ecotopia est un camp autogéré qui se tient chaque année, depuis

1989, à l’initiative de groupes écologistes radicaux. Il s’est tenu enFrance une fois, en 1994, dans la vallée d’Aspe et change de payschaque année. Il est traditionnellement précédé d’une convergencecycliste. Celle-ci partira de Vienne (Autriche) le 1er juillet, et parétapes d’une soixantaine de kilomètres par jour, traversera laRépublique Tchèque pour être à Prague le 11 juillet, puis traverseral’Allemagne (Dresde le 15, Berlin du 19 au 21 à l’occasion de la qua-trième rencontre internationale des villes sans voitures, Hambourg, le26 juillet) puis arrive aux Pays-Bas (Amsterdam le 8 août) et arrivée àEcotopia le 10 août. Ecotopia qui se tiendra cette année du 9 au 23août à Gorinchem, aux Pays-Bas. Le camp autogéré permet à chacun de proposer des ateliers et des débats.Une monnaie fictive est utilisée à l’intérieur du camp, le change avec lesmonnaies officielles de chacun tenant compte des différences de niveau devie pour faciliter la venue des jeunes des pays de l’Est. En fonction de l’ac-tualité, des actions sont souvent menées en dehors du camp. Cela res-semble aux rencontres des ami-e-s de S!lence sauf pour la langue (enanglais) et en beaucoup plus international. Ecotopia, Eyfa, postbus 94115,1090 GC, Amsterdam, The Netherlands, tél : 00 31 20 665 7743.

D O U B SEnfants à la ferme

La ferme de la Batailleuseorganise des séjours pour les

enfants (de 6 à 12 ans), du 11au 24 juillet (une ou deuxsemaines au choix) et du 1er au7 août. Activités à la ferme et deplein air, balades, baignades etgrands jeux… Renseignements :CLAJ de Franche-Comté, fermepédagogique de la Batailleuse,16, rue de la Fontaine, 25370Rochejean, tél : 03 81 49 91 84.

Michel Bernard

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ALPES-DE-HAUTE-PROVENCE

Métiers du livreForcalquier des livres organise cetété quatre stages sur les métiersdu livre : lithographie (21 au 25

juin), calligraphie (21 au 25 juin),fabrication de papier végétal (16au 20 août), reliure manuelle tra-ditionnelle (16 au 20 août).Forcalquier des livres, EspaceEtc., 10, rue du Collège, 04300Forcalquier, tél : 04 92 75 09 59?

A V I G N O NJournée des languesLe théâtre des Carmes organise lesamedi 5 juin à 18 h un repas sur laplace des Carmes sur le thème deslangues du monde entier. Chacunapporte des plats de sa culture et lespartage avec d’autres. Théâtre desCarmes, 6, place des Carmes, 84000Avignon, tél : 04 90 82 20 47.

A R D È C H EFestival desépouvantails

L’association des Amis deTournico-sol organise pour latroisième année un festival desépouvantails du 26 juin au 12septembre, à Jaujac. 25 juin :spectacle musical, 26 juin : fêtesdes écoles, concours des jardinsinsolites, 27 juin : foire Nature etenvironnement, 30 juin : interven-tion des pompiers sur la préven-tion des feux de forêts, 7 juillet :les jeux du monde, soirée spec-tacle, le 21 juillet : journée cerfs-volants, 18 août : journée éner-gies renouvelables, diffusion dufilm Le bien commun, 25 août :journée environnement animéepar la FRAPNA, 11 septembre :journée de la paix, 12 sep-tembre : journées des associa-tions. Tournico-Sol, Mairie,07000 Jaujac.

D R Ô M E Des routesL’association La Griotte proposedu 29 au 31 mai prochain, à Die,les interventions de 18 plasticienset 11 compagnies sur le thèmeDes routes : chemins et chemine-ments, errances et recherches,transports et emportements,lignes de fuite… La Griotte, pontde la Griotte, 26150 Die, tél : 0475 22 40 34.

R H Ô N EEcole nouvelle du ChapolyL’école nouvelle du Chapolyfête cette année ses quaranteans. Basée sur la pédagogie activeet influencée par des pédagoguescomme Cousinet, Freinet, Oury, lesapprentissages scolaires s’articu-lent avec des ateliers : jardinage,poésie, théâtre, expression corpo-

relle, cuisine, piscine…L’assemblée d’enfants est l’outilde base de l’apprentissage de l’en-fant citoyen, c’est un lieu d’écouteet de parole où s’élaborent desrègles, des projets… L’école duChapoly définit la pédagogiecomme l’ensemble des moyensdonnés à chaque enfant deprendre possession des élémentsqui lui sont nécessaires pour seconstruire et réaliser librementson avenir. L’école compte actuel-lement quatre classes et 94enfants. La cantine est réalisée à

partir de pro-duits frais biolo-giques, selon lespossibilités d’ap-provisionnementet les saisons. Lejardin desenfants fournitles herbesfraîches (menthe,persil, ciboulet-te…) et est un

support concret à la compréhen-sion, à l’observation, à l’expéri-mentation de la chaîne alimentai-re. Ecole du Chapoly, 18, cheminde la Chênaie, 69160 Tassin-la-Demi-Lune, tél : 04 78 34 29 29.

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Alternatives◊ Tarn : 22e Biocybèle. 30 et 31 mai, à Rabastens, 200 exposants dont une moi-tié de producteurs bio, associations, renouvelables, santé, habitat sain…Conférences. Entrée libre. Nature et Progrès, 34, place Courtade, 81600 Gaillac,tél : 05 63 57 60 00.n Indre : Conférences. 1er juin à Le Poinçonnet. 15h30 : les énergies renouve-lables, 17h30 : les OGM. Mail de la Forêt, 36330 Le Poinçonnet, tél : 02 54 6055 37.n Pays Basque : Bioterra. 4 au 6 juin, au parc d’exposition de Ficoba (entreHendaye et Irun), agriculture bio, écoconstruction, énergies renouvelables, vête-ments, cosmétiques, gestion écologique des déchets, publications. Salon en troislangues : français, basque, espagnol. Ficoba, Alda Iparralde, 43, 20302 Irun(Gipuzkoa), tél : (34) 943 66 77 88.◊ Loire : Le livre au vert. 4 au 6 juin, Roisey, salon du livre vert. Thème de l’an-née : «qualité alimentaire de la production agricole». Table-ronde le dimanche avecClaude Aubert, Sophie Bessis, Gérard Pouradier. Livre au vert, service culturel duparc du Pilat, Moulin de Virieu, BP 57, 42410 Pelussin, tél : 04 74 87 52 01.◊ Cher : 17e foire écobiologique. 6 juin, à Saint-Laurent, cinquante exposants :producteurs et transformateurs bio, cosmétiques, produits d’entretien, artisanat,thème de l’année : l’abeille. Comité de la foire écobiologique, mairie, 18330Saint-Laurent, tél : 02 48 51 51 07.n Indre-et-Loire : Conférences. 8 juin au parc de la Gloriette à Tours. 11 h : lesénergies renouvelables avec l’ADEME, 14h30 : la gestion des déchets végétauxavec Ecosys, 16 h : les dangers de l’incinération. GABBTO, tél : 02 47 48 37 98.n Arras : Terres en fête. 11 au 13 juin, marché de producteurs bio au sein dusalon de l’agriculture. A pro bio, tél : 03 20 31 57 97.n Puy-de-Dôme : 2e rencontres construction saine. 12 et 13 juin à Landogne.Démonstrations de savoir-faire, conférences, thème de l’année : les énergies renou-velables, 80 exposants. Habis, tél : 04 73 79 90 06.◊ Isère : 5e Espace Terre. 12 juin, au Clos Couché, à Saint-Georges-d’Espéranche. Salon de la nature. Association Espace Terre, Monique Lemée, che-min de Mélat, 38790 Saint-Georges-d’Espéranche, tél : 04 74 59 04 91.n Finistère : 6e foire aux produits bio. 12 et 13 juin, salle omnisports d’Ergue-Gaberic, près de Quimper. Produits bios, artisanat, santé, environnement, confé-rences. Amicale Ergué-Gabéric, mairie, 29500 Ergué-Gabéric, tél : 02 98 90 2574 ou 02 98 59 63 32.n Isère : développement durable. 18 au 20 juin, exploitation agricole de Claireet Jean-Luc Point, à Pajay (près de la Côte-Saint-André), soir du 18 : conférencepublique, dimanche 20 : journée de sensibilisation, marché paysan, stands, confé-rences. Bièvre Liers Environnement, espace des Alpes, 3, avenue de Verdun,38260 La Côte-Saint-André.n Bouches-du-Rhône : marché bio. 20 juin, de 9 h à 19 h, au Tholonet, place deFerrageon, près d’Aix-en-Provence. 35 exposants et de nombreuses animationspour enfants. Graines de vie, 450, allée de la Vieille ferme 13540 Puyricard, tél :04 42 92 06 70.

Fêtes, foires, salons(le signe ◊ indique que Silence est présent)

A R D È C H EEducationalternativeAprès un an de débats, un pro-

jet d’achat de terrain dans lesud de l’Ardèche est en cours,avec un bâtiment ancien, deuxconstructions neuves, de la terreagricole et un hectare de terrainconstructible. L’objectif de cenouveau lieu de vie est la mise enplace avec de nombreuses per-sonnes solidaires de ce projet,d’un lieu de vie pour enfants, ado-lescents et retraités autour d’unprojet d’éducation alternative. Celieu s’appuiera sur l’expérience dela ferme des enfants deMontchamp qui pendant dix ansa déjà développé maints projetspédagogiques. Le nouveau lieu devie permettra d’accueillir au seind’une ferme ayant des activitésagricoles, des enfants de 3 à 18ans. L’éducation sera recentréesur le contact avec la nature, surl’importance des relations inter-générationnelles, sur l’agriculturebiologique, sur la rencontre avecd’autres personnes et l’apprentis-sage du respect de la différence,enfin sur la connaissance de soicomme facteur de paix et debien-être. Autour de l’école, ontrouvera une ferme pédagogiqueet biologique, un restaurant, uneboutique proposant des produitsde la ferme, une résidence pourles personnes à la retraite. Afind’accueillir des enfants de toutniveau social, le projet met enplace un système de parrainagepour permettre de diminuer lescoûts pour les familles les moinsriches. L’ensemble du lieu et desbâtiments sera la propriété d’unesociété civile «Le hameau desBuis» dans laquelle il est possiblede prendre des parts.L’aménagement des lieux com-mencera dès que possible avecl’organisation de chantiers écolo-giques. Pour en savoir plus :Laurent Bouquet, la Ferme desenfants, Montchamp, 07230Lablachère, tél : 04 75 39 07 22.

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ADEMEFormations professionnellesL’ADEME, Agence de l’environ-nement et de la maîtrise del’énergie, dépendant du ministèrede l’environnement, organise dif-férentes formations profession-nelles dans le domaine des éner-gies : analyse économique etfinancière dans le grand éolien (2et 3 juin), électrification paréolienne en site isolé (6 au 10septembre), mise en œuvre dessystèmes photovoltaïques (14 au18 juin, 20 au 24 septembre),montage d’un projet microhydro-électrique (1er au 3 juin, 28 au30 septembre)… ADEME, 27,rue Louis-Vicat, 75737 Pariscedex 15, tél : 01 47 65 20 00.

Solaire

n New York : immeuble écono-me. L’immeuble The Solaire(l’usage du français est trèschic !) a vu le jour au pied del’Hudson, dans le quartier chic deBattery Park. Il comprend toutun tas de mesures sécuritaires…mais également une surisolation(35% de consommation en moinsque les normes), des systèmesélectriques économes (il y a uninterrupteur par prise électriquece qui est rare aux Etats-Unis !Résultat : 65% d’économie enélectricité) et des photopiles surla façade sud (14 kWc assurant5% de la consommation éclec-tique du bâtiment), un toit végé-tal, un système de recyclageinterne de l’eau. Il a été construitavec des matériaux locaux, lesfinitions sont exemptes de pro-duits émettant des gaz toxiques,les boiseries sont certifiéesdurables, toutes les baies vitréessont en double vitrage renforcé,l’air conditionné bénéficie d’unrecyclage interne avec surveillan-ce de la composition de l’air (lesNew-yorkais n’imaginent mêmepas que l’on peut vivre avec desfenêtres qui s’ouvrent pour

aérer !), il est entouré d’unepelouse cultivée sans pesticides, ily a un parking surveillé pour lesvélos. Il est propriété d’unemutuelle d’assurances et le loyern’est que de 6000 € par moispour un trois-pièces ! Ce neserait que 4% de plus que ce quise fait dans le quartier. L’écologiepour les riches, voilà un place-ment intéressant !n Japon : boom du photovol-taïque. La production d’électricitépar les photopiles connaît une pro-gression énorme au Japon : 560MW avaient été installés en 2002,700 MW l’ont été en 2003. Lesprincipaux industriels ont doubléleur capacité de production pen-dant l’année 2003 pour suivre lademande. (Systèmes solaires, 24avril 2004)

LOIRE-ATLANTIQUEBolivia IntiBolivia Inti (Soleil de Bolivie) estune association de solidarité inter-nationale qui s’est spécialisée dansl’initiation à la cuisson solaire,d’abord en Bolivie mais égalementen France et ailleurs. Dans les paysoù la cuisson se fait avec du bois, lacorvée de bois est une charge sou-vent énorme pour les femmes. Lacuisson solaire supprime cette cor-vée lorsqu’il y a du soleil. Chaqueannée, Bolivia Inti organise surplace, en Bolivie, des stages pra-tiques pour que chacun se construi-se un cuiseur. Des milliers de per-sonnes utilisent maintenant la cuis-son solaire. Il existe une cassettevidéo qui montre l’action de l’asso-ciation qui organise à la demandedes stages pour la cuisson solaireici. Bolivia Inti, 41, rue du Château-d’Eau, 44240 La Chapelle-sur-Erdre, tél : 02 40 72 05 30.

S A V O I E Maison desénergiesEn partenariat avec l’ADEME, ledépartement, la région et quelquesautres partenaires, l’ASDER,Association savoyarde pour le déve-loppement des énergies renouve-lables a mis au point une maisondes énergies à Chambéry dontl’ASDER devient le principal loca-taire. Cette maison sera inauguréele vendredi 18 juin à 19 h. Desvisites de la maison sont égalementprévues le samedi 26 juin et lesamedi 3 juillet, de 10 h à 13 h.ASDER, maison des énergies, 562,avenue du Grand-Ariétaz, BP99499, 73094 Chambéry cedex 9.

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Les maisons de retraite protestentIl faut vraiment croire que le gouvernement ne sait plus quoi faire pournous obliger à consommer de l’énergie ! Annonçant un plan «canicule»pour soi-disant venir en aide aux maisons de retraites et de personnes han-dicapées, le plan consiste surtout à donner des aides pour accompagner lamise en place obligatoire de la climatisation !Le 3 avril, Pascal Chanvert, président de l’association des directeurs d’éta-blissements d’hébergement pour personnes handicapées, a protesté : «ce nesont pas de climatiseurs qui pourraient servir au plus cinq jours par an quiaideront les personnes âgées 365 jours par an dans les maisons de retrai-te». L’association demande que l’argent permette l’embauche de personnelspendant l’été pour renforcer les moyens d’accompagnement des personnes. Mais le lobby des climatiseurs est bien en place pour proposer ce genre demesures complètement inefficaces… Mais qui assurent que l’argent revientdans les poches des industriels.

Comment avoir encore plus chaudOn trouve dans le commerce de nombreux systèmes de climatisationindividuelle que l’on peut placer sur le bord d’une fenêtre… obligeant àouvrir celle-ci. Si le climatiseur donne l’impression de fraîcheur par agi-tation de l’air, le résultat est globalement négatif car en ouvrant lafenêtre, on fait entrer l’air chaud en période de canicule ! Il en est demême avec un ventilateur à l’intérieur d’une pièce fermée : le moteurde celui-ci produit de la chaleur.

Comment se rafraîchirIl existe de multiples moyens de lutter contre la canicule sans avoirrecours à aucun appareil. En amont, il faut savoir qu’une isolation contre le froid en hiver esttout aussi efficace contre le chaud en été. Si vous le pouvez, pensezdonc à augmenter l’isolation de votre logement (plafond, mur, volets).Si vous êtes en maison isolée, la plantation de feuillus devant lesfaçades sud permet en hiver de laisser passer le soleil et de s’en proté-ger en été. L’arbre est un excellent climatiseur.Il faut arrêter les appareils électriques inutiles, l’utilisation d’appareilséconomes permet de diminuer les sources de chaleur : chaque appareil«chauffe» lors de son fonctionnement. Une ampoule halogène, à éclai-rage équivalent, dégage dix fois plus de chaleur qu’une ampoule écono-me fluocompact.A part dans les centre-villes où l’air extérieur peut rester très chaud lanuit du fait de la chaleur restituée par les bâtiments, il faut profiter del’air frais de la nuit pour faire baisser la température intérieure : orga-niser des courants d’air au moment d’aller se coucher, et refermer lematin en se levant.Pendant la journée, il est possible d’augmenter l’humidité ambiante enpassant la serpillière sur les parties carrelées, l’évaporation de l’eauprovoque du froid selon le même principe que ce qui se passe dans unfrigo. Dès que le sol est sec, on le remouille. On peut encore augmentercette évaporation avec la méthode développée dans tous les paysarabes : on tire les rideaux devant les fenêtres et on place des bassinesd’eau au pied des rideaux. L’eau monte dans les rideaux et s’évapore.De même, il est possible de se mouiller la peau sur l’ensemble du corps.Si cela ne suffit pas, emplir sa baignoire d’eau à la température de lapièce et s’y plonger aussi longtemps que nécessaire. Enfin, il faut savoir que manger moins et boire plus aide à mieux résis-ter à la chaleur. Un régime à base de fruits frais est conseillé pendantces périodes.

Climatisation par les plantesLa présence de végétation devant lesfaçades des maisons peut avoir un grandeffet protecteur contre le rayonnementsolaire. Une étude réalisée en Italieselon différents types de plantes (arbres,haies, plantes grimpantes) donne desbaisses de chaleur des murs de 4°C àl’ombre jusqu’à 15,5°C pour un mur enplein soleil (avec arbres + haies).(Quatre saisons du jardinage, mai 2004)

EnergieClimatisationDR

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Les gaz appétissantsUn coup d’œil dans le rétroviseur au

démarrage : les premières fumées sontblanches et épaisses, parce que l’huile estencore froide. Bientôt mon pot d’échappe-ment dispersera une fuméepresque invisible au parfumde frite.

J’en avais une super, defrite, quand j’ai eu le résultatde mon contrôle pollution ; à100% d’huile la mesure del’opacité est de 0,6 : deux foismoins qu’en mélange 50/50huile et gasoil, et trois foismoins qu’à 100% gasoil (leseuil est fixé à 2,5). Normal,l’huile végétale contient del’oxygène qui favorise sa combustion. Elledégage six fois moins de particules cancé-rigènes, presque autant de CO2 que legasoil, mais celui-ci a été absorbé par laplante pendant sa croissance. Rouler àl’huile ne contribue donc pas à l’effet deserre.

Du carburant maisonDemandez à votre pompiste si son

gasoil provient d’un pétrole afghan,congolais ou irakien…

Mon carburant est «made in chezmoi». J’ai payé trois tonnes de graineschez un paysan bio du coin. Grâce à la tri-tureuse ambulante de l’association Roulema fleur (1), j’extrais mille litres d’huile etdeux tonnes de tourteau. Après troisjours de décantation, l’huile passe dansun filtre piscine (5 microns) : une annéede voyage est mise en bidons de 20 litres.

Reste à livrer le tourteau aux éleveursdu coin. Depuis, ils ont arrêté d’acheterdu tourteau de soja OGM en provenancedes Amériques (85% de l’alimentation

animale, en France).

En plus d’être ultra simple, la produc-tion d’huile carburant en première pres-sion à froid (HVP : huile végétale pure)

est très peu consommatrice d’énergie.Comparativement à l’huile raffinée, quinécessite l’utilisation de solvants pétro-liers et plus de quinze opérations succes-sives, comparativement au gasoil dont laproduction est une aberration énergé-

tique.

En effet, il faut plus d’unlitre de gasoil pour fournirl’énergie nécessaire à la pro-duction d’un litre de gasoil.Alors qu’un litre d’huile végé-tale pure suffit pour produireplus de six litres d’huile végé-tale pure, toutes étapes com-

prises.

Un pétale desolution

Moins appétissante, mais encore plussimple, l’huile de friture usagée est uncarburant gratuit et disponible partout. Etnos déchets deviennent de l’or…

500 000 véhicules pourraient tournerà l’huile de friture usagée, un milliond’autres pourraient circuler si on cultivaitles jachères. Une perspective encore pluslarge est ouverte par l’expérience alleman-de sur 2000 sites en culture combinée : ilsmélangent une céréale et un oléagineuxqui s’entraident. Toutes les dépenses éner-gétiques du travail de la terre et de fabri-cation d’huile sont «remboursées» parl’oléagineux (la Cameline). Halte auxchamps de concentration, la polyculturelutte !

Comme toutes les énergies renouve-lables, l’huile carburant est une solutionlimitée. A mes yeux, ce carburant a uneplus grande valeur. Sa production et sonutilisation m’ont fait éprouver le besoin

de diminuer ma consommation d’énergie.

De son côté, la pétro-industrie fran-çaise mise tout sur le diester, un biocarbu-rant dérivé d’huile végétale de colza, pro-duit sur des terres bombardées d’engraisazotés.

Le bidon dans une main, l’entonnoir dans le troudu réservoir, je plonge un doigt dans le liquide

couleur or que je porte à ma bouche. Humm… excellent ! Cette huile de tournesol

bio est un vrai régal.

Les paysansproposerontbientôt uncarburantproduit à laferme…

Soyons clair dès le départ, mon oppo-sition au carburant végétal vise uni-quement le carburant obtenu au

départ de plantes cultivées pour le produire.

La gourmandise immodérée de nossociétés modernes pour l’énergie et notresoif d’indépendance énergétique poussentà trouver toutes sortes d’artifices pour nepas remet tre encause notrec o n s omma t i o nénergétique sourceprésupposée denotre confort ac -tuel. Transformerles végétaux encarburant figure enbonne place de cesartifices.

Plusieurs rai-sons m’incitent àmarquer une oppo-sition ferme àl’égard des culturesdestinées à fabriquer ce carburant renou-velable et prétendument écologique.

Tout d’abord, il s’agit d’un réflexe deriche pour qui la possession de carburantest plus vitale que la possession d’une ali-mentation saine. Pour qui l’indépendanceénergétique est prioritaire à la production

alimentaire.

Ne nous leurrons pas, la productionagricole de carburant ne fera qu’augmen-ter la difficulté de cultiver en bio et ouvri-ra largement la porte à une utilisationmassive d’engrais, de pesticides voired’OGM. Pourquoi s’en priver nous dira-t-on puisque la production n’est pas desti-née à l’alimentation !

Pour des biocarburants

Il s’agît d’unréflexe de richepour qui la possession decarburant est plus vitale que la possessiond’une alimentationsaine.

Débat

DR

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Ce produit non biodégradable acomme seul intérêt d’être très compliquéà produire, ce qui leur garantit le mono-pole d’une production centralisée, sub-ventionnée et exonérée de taxes. On estpas gourmand pour rien…

Feu vert sur l’utilisation

La SARL Valénergol (2) a démontréqu’il était possible de vendre de l’HVP car-burant à 60 centimes d’euros le litre (TVAcomprise). Les douanes ont protesté, lajustice a condamné la SARL à payer laTaxe intérieure sur les produits pétroliers,la TIPP, 60 centimes d’euros par litre.

Sept mois plus tard, en juin 2002, unedirective européenne reconnaît l’HVPcomme carburant, incitant les Etatsmembres à l’exonérer de TIPP… commeen Allemagne.

De toute façon, les utilisateurs n’ontjamais été inquiétés par la justice. C’estune occasion inespérée de nous faufilerdans cette brèche pour autoproduirenotre carburant et prouver qu’une diffu-sion éclairée de l’HVP a effectivement desretombées environnementales, sociales etéconomiques concrètes et délectables.

Les paysans proposeront bientôt uncarburant produit à la ferme…

Plus d’une cinquantaine de micro hui-leries carburant, coopératives et indivi-duelles, sont déjà lancées, et chaque tachefait plein d’autres taches.

Des fleurs à explosion germent dansnotre envie de survivre.

Thomas Plassard nAuteur du livret «Rouler à l’huile de

tournesol, pourquoi et comment mettre desfleurs dans son moteur».

Croire à une production en bio de cequ’on appelle déjà les «biocarburants» estillusoire et irresponsable. La course auprofit et les règles de l’OMC (Organisationmondiale du commerce) engendrera plusque certainement une intensification descultures et une industrialisation ; à toutcrin de cette production aux dépens de lapaysannerie et de la ruralité.

De plus, si ces cultures devenaientrentables (ou étaient rendues rentables)les bonnes terres seraient rapidementréservées pour la production de carburantvégétal tandis que les moins bonnes severraient confier la production alimentai-re, au risque de mettre en péril notre sou-veraineté alimentaire

Bien entendu, qui dit industrialisa-tion dit monoculture, qui dit monocul-ture dit appauvrissement des sols, quidit appauvrissement des sols dit recoursà toute sorte de produits chimiques, quidit utilisation de produits chimiques ditappauvrissement de la biodiversité, pol-

lution, etc.

Les puissants ne manqueront pourtantpas de rétorquer que, par les temps quicourent, il est bon d’acquérir une plusgrande indépendance énergétique, que laproduction de carburant végétal est sus-ceptible de sortir l’agriculture du marasmedans laquelle elle se trouve actuellement,que le carburant est renouvelable, qu’ils’agît de LA solution pour permettre ledéveloppement de notre modèle social…

Peut-être iront-ils jusqu’à dire que cetteproduction est peu polluante, mais là, jecrois avoir démontré le contraire !

Peut-être affirmeront-ils que finalement cetteproduction n’est qu’unretour aux sources, que, enproduisant de l’avoinel’agriculture a toujoursproduit du «carburant»puisqu’on cultivait l’avoinepour produire l’énergie ducheval. Là, je pourrais dired’accord. Il s’agit à mes yeux de la seuleutilisation acceptable à condition que laproduction serve exclusivement auxbesoins du paysan/producteur.

Si on réfléchit bien, on se rend compteque la production de carburant végétal apour seul but de produire un carburantbon marché qui ne manquera pas de favo-riser le transport individuel par opposi-tion au transport en commun beaucoupmoins énergétivore.

L’objectif peut être de détourner l’agri-culteur de son rôle premier : produire dela nourriture. Et pour moi, l’indépendanceénergétique doit être recherchée en dehorsde l’agriculture

Hélas, se bercer d’illusion en confiantl’avenir énergétique de l’Europe aux car-burants végétaux c’est freiner le dévelop-pement d’alternatives et se montrer irrai-sonnables. Tant que nous y sommes pour-quoi ne pas rêver à un carburant végétal

produit en bio et tant que nous y sommespourquoi pas avec la mention Nature &Progrès ? Sûr que cela rapporterait beau-

coup d’argent ! Pour faire lapromotion de la bio ?

Soyons raisonnables,participons à la promotiondes vraies énergies renouve-lables, le solaire, l’éolien,l’hydro électrique et bien sûrla biométhanisation au lieude nous disperser en débatsstériles.

La biométhanisation est à mon senspratiquement la seule qui offre la possibi-lité de production agricole pour la pro-duction de carburant (le biogaz). En pre-mier lieu elle permet l’utilisation desdéchets humides de nos poubelles qui enreprésentent environ un tiers.

Ensuite favoriser la création d’unitésde biométhanisation des déchets de l’agri-culture au niveau du village me sembleessentiel.

Pour finir j’ajouterai encore que laproduction de carburant végétal ne résou-dra en aucune manière les problèmes defaim dans le monde. A nous d’y réflé-chir… et d’y faire réfléchir !

Francis Giot nPrésident de Nature & Progrès Belgique,

520, rue de Dave, 5100 Jambes, Tél : 0032 81 30 36 90.

(1) Roule ma fleur, 48220 Fraissinet-de-Lozère,http://www.roulemafleur.org.(2) Sarl Valenergol La Tuquette 47480 Pont-du-Casse.

Opposition au carburant végétalNature et Progrès

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Effet de serre

n Tuvalu va disparaître. Avec11 000 habitants, Tuvalu s’attendà être le premier Etat à dispa-raître victime du changement cli-matique. Avec 9 atolls pour unesurface de 26 km2, le point cul-minant n’est qu’à 4,5 mètres etlors des grandes marées, lesvagues pénètrent de plus en pluslargement à l’intérieur des terres.Le premier ministre a ainsi décla-ré à l’ONU en septembre 2003 :«Nous vivons dans la crainteconstante des effets du change-ment climatique. La menace estsérieuse et s’apparente à uneforme insidieuse de terrorismecontre nous». L’engloutissementdéfinitif est prévu pour avant2050. L’acteur Lambert Wilson aprêté sa voix à un film sur lesujet (Nuages au paradis, surPlanète Future, le 7 avril) : ilconclut ainsi : «les responsablesdu réchauffement de la planète,de l’effet de serre, eh bien c’estmoi, c’est vous, c’est nous tous.Par nos actions individuelles, parnos gestes quotidiens nous pou-vons inverser la vapeur et préser-ver notre habitat. Nous pouvonsaussi soutenir une économie nou-velle ‘small is beautiful’, mieuxconsommer pour produire autre-ment. Et sans être complètementà l’image des habitants de Tuvaluqui ont l’air heureux en consom-mant très peu, on pourrait appli-quer un peu de leur philosophieen se disant qu’en consommantmieux on pourrait arriver à plusde bonheur». n Record français. SelonMétéo-France, l’année 2003 battous les records de chaleur…avec près d’un demi-degré de plusque la moyenne des années 90,

déjà les années les plus chaudesdepuis 150 ans. Météo-Franceprévoit le renouvellement descanicules pour les années à venir.

Eaun L’eau entre marchandise etbien commun. Devant la montéede la privatisation des ressourcesen eau, un appel pour «un contratmondial de l’eau» a vu le jour en1998 à l’appel du Groupe deLisbonne, lequel réunit d’anciensresponsables politiques commeMario Soarès, ancien présidentdu Portugal ou Ricardo Petrella,ancien conseiller à la commissioneuropéenne, aujourd’hui membredu conseil scientifique d’Attac. Ce contrat mondial rappelle enpréambule que «l’eau en tant quesource fondamentale de la vie, estun bien commun patrimonial del’humanité» et propose diffé-rentes mesures comme le principede «pollution et abus interdits»qui doit remplacer le principe de«pollueur payeur» inadéquat etfavorisant les manipulationsfinancières. Ce projet de contratprésente une sérieuse limite :l’eau n’est en effet pas un biencommun de l’humanité, mais dela planète. Car si l’homme nepeut pas vivre sans eau, ni lesplantes ni les animaux ne le peu-vent. Or tout cet appel discute decomment répartir l’eau entre leshommes, comme si l’eau nousappartenait. Il serait tempsqu’Attac et autres structures de

ce genre acceptent des biologisteset des écologistes dans leursrangs pour intégrer que l’hommen’est qu’une espèce animale trèsparticulière au sein de millionsd’autres espèces et que l’hommene peut pas vivre sans ces autresespèces.n Pomper l’eau du désert !Alors que l’eau est une des rai-sons du conflit interminable entreIsraël et la Palestine, Danonevient de racheter 20 % du capitaldu groupe israélien «Mey Eden»qui commercialise des eaux miné-rales pompées sur le plateau du

Golan, plateau revendiqué par laSyrie, depuis son occupation en1967. Occupation condamnée parl’ONU, mais sans «justice sanslimites». Alors que l’eau manque,on risque bientôt de pouvoir seprocurer dans les rayons euro-péens la dernière eau tendance :l’eau volée aux pays arabes duProche-Orient ! (Bouffée d’Air,été 2003)n Azote sous-marine. On savaitdéjà que les azotes présents dansles engrais polluaient les nappesphréatiques et l’eau potable. Onsavait aussi que cet azote finissaitpar atteindre la mer (aveccomme conséquence la multipli-cation des algues vertes puantes),on vient de découvrir que par unphénomène de densité, les eauxdouces polluées ne se dissolventpas dans les vastes flots maispeuvent parfois constituer devastes poches de pollutions sous-marines : l’une d’entre elles a étéestimée couvrant une surface aufond des océans de 70 000 km2.(Campagnes solidaires, avril2004)

SILENCE N°311 Juin 200422

Plus vous avez une grosse voiture,

plus vous allez lentement !

En 1975, dans son livre Energie et équité, Ivan Illich rappelle quela vitesse d’un véhicule ne veut pas dire grand chose et qu’il faut

inclure dans notre vitesse de déplacement le temps de travail néces-saire pour payer la voiture. Ainsi, si vous parcourez 100 km en uneheure avec une voiture mais que cette voiture vous coûte 0,50 € dukilomètre, si vous gagnez 10 € de l’heure, il vous faut cinq heures pourpayer votre voiture. Cinq heures de travail + une heure de déplace-ment pour 100 km, cela ne fait plus que du 16 km par heure, soit lamême vitesse qu’avec un vélo. Mais on peut pousser ce raisonnement un peu plus loin. La vitesseétant limitée, que vous ayez la plus petite voiture ou la plus puissante,vous mettrez le même temps pour parcourir ces 100 km. Si au lieu dechoisir une voiture de petite cylindrée qui ne coûte que 0,50 € du kilo-mètre, vous choisissez un énorme 4x4 qui coûte 2 € du kilomètre, ilvous faut alors, toujours avec le même salaire, 20 heures de travailpour vous payer cette voiture et donc vous ne vous déplacez plus qu’à100 km / 21 heures soit 9 km/h. Conclusion : plus vous choisissez unegrosse voiture, plus vous roulez lentement !

Environnement

Européens et questions environnementales

Le commissaire chargé de l’environnement à Bruxelles publie régulièrement des sondages d’opinion surl’ensemble des pays européens. Un rapport publié en 2003 donne des indications intéressantes. Tout

d’abord 89% des Européens ont conscience que ce qui menace l’environnement les menace directement. Lamenace perçue comme la plus sérieuse sont les déchets radioactifs (50%), devant les risques industriels(45%), la pollution de l’air (44%), la pollution de l’eau (43%), les pesticides (36%)… Globalement lespourcentages sont à la hausse. Et à qui font-ils confiance pour agir sur ces questions ? Aux associations envi-ronnementales (48%), aux scientifiques (35%), aux associations de consommateurs (23%), à la télévision(18%), à l’Union européenne (13%), au gouvernement national (12%), aux enseignants (12%), au gouverne-ment régional (11%), aux partis politiques représentant l’environnement (10%), aux journaux (9%), à laradio (4%), aux syndicats (2%), aux entreprises (1%). (Combat-Nature, février 2004)

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Page 23: N°311 Juin OGM Violence marchandeCette année, la rencontre se tiendra en Bretagne, dans la forêt de Brocéliande (chez Alexandre Robert, La Guette-en-Beauvais, 35380 Raimpont, tél

Papier recyclén Les éditeurs y viennent.Greenpeace a lancé au niveauinternational une campagne desensibilisation auprès des édi-teurs pour qu’ils réalisent leursouvrages sur papier recyclé. AuCanada, la campagne a déjàpermis de convaincre 36 groséditeurs, le fait le plus mar-quant étant la sortie du derniertome de Harry Potter sur papierrecyclé. Greenpeace rappelleque l’essentiel du papier pro-vient de forêts qui sontdétruites de manière irréver-sible. Greenpeace, 22, rue desRasselins, 75020 Paris, tél : 0144 64 02 02.n Belgique : nouvelle usine.Le géant finno-suédoisStoraEnso vient d’inaugurer unenouvelle usine de fabrication depapiers recyclés àLangerbrugge, près de Gand, enBelgique. Elle peut fabriquer400 000 tonnes par an pour lemoment et près du double àl’horizon 2005. Le papier esttotalement recyclé : il n’y aaucune introduction de fibresneuves. C’est la plus grossemachine au monde. Elle collec-tera les vieux journaux dans unrayon de 300 km, de Londres àStrasbourg. Cela devrait donnerun coup d’accélération au mar-ché du papier recyclé.(Environnement Magazine, sep-tembre 2003)

B E L G I Q U EVers la gratuité destransports ?Le gouvernement belge a annon-cé début février la gratuité destransports pour les fonction-naires et les employés desentreprises publiques. Voulantprivilégier le train sur la voitu-re, des négociations sont encours pour étendre cette mesureà l’ensemble des salariés.Actuellement, 70% des trans-ports des salariés du privé sontdéjà pris en charge par lesentreprises. Le gouvernementbelge propose de payer 20% duprix en échange de la prise encharge des 80% restant par lesentreprises. Si les salariés nepaient plus, que deviennent leschômeurs dans ce scénario ?(La Vie du Rail, 4 février 2004)

P A R I SVélorutionLe premier samedi de chaque moisdepuis mars, le Réseau Vert orga-nise une manifestation à vélo poursensibiliser sur les questions que lamairie oublie d’aborder et pourannoncer la prochaine grandemanifestation prévue le samedi 5juin, à 14 h, place du Châtelet. Uneautre action aura lieu les 24 et 25juin La caravane du réseau verttraversera Paris depuis La Villettepour rejoindre la coulée verte TGV-Atlantique au sud en quatre étapes: le bassin de la Villette, le canalSaint-Martin, le Marais, la rue deRennes. A chaque étape, rencontresavec les associations de quartierpour présenter ce qu’est le réseauvert et ce que pourrait être le pre-mier axe en continu entre le nordet le sud de la capitale. RéseauVert, 114, rue du Château, 75014Paris, tél : 01 42 71 04 14.

A L S A C ESorties natureL’association Alsace nature publiechaque année un catalogue dessorties nature organisées par lesdifférentes associations de larégion. Ce document est dispo-nible sur simple demande auprèsde Alsace-Nature, 8, rue Adère-Riton, 67000 Strasbourg, tél : 0388 37 07 58.

L A R Z A CComplexetouristiqueAlors que dans les années 70, lespaysans du Larzac ont su brillam-ment résister à un projet d’exten-sion du camp militaire, dans lesannées qui ont suivi, ils n’ontguère eu d’objection à vendre desterres pour permettre la coupuredu plateau en deux par la futureautoroute A75. Alors que s’achè-ve cette année les travaux del’énorme viaduc qui enjambeMillau à plus de 300 m de haut,les promoteurs sentent tout l’inté-rêt de s’installer à proximité del’autoroute. Méfiants devant larenommée des paysans, ils avan-cent en douceur comme le projetde haute qualité environnementale

au domaine des Beaumettes, surla commune de l’Hospitalet-du-Larzac. Ce complexe touristiqueconstruit en habitat sain devraitouvrir en 2005 et pourraaccueillir jusqu’à 600 per-sonnes… dans une commune quipour le moment ne compte que257 âmes. Si l’habitat se veutécologique, l’entourage l’est beau-coup moins notamment avec unprojet de golf à neuf trous sur unplateau où l’eau est déjà rare. Leprojet est prévu dans une zoneprotégée (ZNIEFF) dans unendroit où les gens du plateau ado-raient venir se promener, du fait dela beauté du site. Un comité s’estmis en place pour dénoncer ce pro-jet : Association de sauvegarde desBeaumettes, tél : 05 65 49 20 43.

ALPES-MARITIMESMontagne demâchefersLes incinérateurs de Monaco,Nice et Antibes entassent leursmâchefers dans la carrière deGourdon, sur le plateau calcairede «La Sarrée». L’autorisationpréfectorale du 14 avril 2003permettra à terme, sur 5 hectareset 30 m de haut d’y stocker deuxmillions de tonnes de déchets, les-quels comprennent de l’ordre de1% de métaux lourds. A terme, ily aura donc 20 000 tonnes demétaux lourds sur le site dont 20tonnes de plomb. Un contrôle deseaux de ruissellement sur le siteest prévu pendant les deux pre-mières années… mais l’arrêtépréfectoral ne précise rien surcertains produits comme lesdioxines en particulier. Or ce plateau calcaire (karst)comporte un important réseaud’eau souterrain, alimentant denombreuses sources… Si une pol-lution venait à s’installer, cela seferait très progressivement etlorsque les sources seront pol-luées, il sera très difficile d’ymettre fin. Plusieurs associations ont engagédes recours au tribunal adminis-tratif pour demander l’interdic-tion de ce dépôts.n Protection du patrimoineaubarnois, BP 19, 06620 Le Bar-sur-Loup.n FARE-Sud, 27, chemin desRoumiguières, 06130 Grasse.

SILENCE N°311 Juin 200423

Une étude d’airparif montre que le seul aéroport de Roissy est res-ponsable de 4 % des émissions d’oxydes d’azote de la région Ile-de-

France. Ces émissions proviennent pour 79 % des avions, mais aussi pour12 % de la desserte routière et pour 6 % de la logistique de l’aéroport.L’étude montre que dans les communes voisines, cette pollution peutreprésenter jusqu’à 29 % des polluants, cette pollution s’ajoutant locale-ment à celles des autoroutes A1 et A3. A la prochaine alerte à la pollu-tion, on arrête donc les avions ? (Environnement magazine, mars 2004)

P A R I SPollution par les avions

Environnement

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Pierre-Emmanule Weck

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Juin 2004 SILENCE N°311 24

Comme le rappelle le texte de Jean-Marie Muller (1), un jeûne ne faitpas directement pression sur le

gouvernement. Caisse de résonance, il neréussit que si se mettent en place descomités de soutien qui vont entraînerl’ensemble de la population dans un débatsur les questions soulevées. Ces questionsdoivent être légitimes pour que la popula-tion puisse les soutenir. Les trois jeûneursdu Jeûne Vivre sans nucléaire questionnentà propos de deux points soutenus par unelarge majorité des Français : l’abandon detout projet de nouveau réacteur, le déve-loppement de la recherche dans le domai-ne des économies d’énergie et des éner-gies renouvelables (voir les sondages enencart).

Un engagement delongue date

Jean-Marie Muller insiste aussi sur lalégitimité de ceux qui font le jeûne. Cecim’incite, pour une fois, à vous présentermon parcours militant.

Je suis né en 1958. Mon père, physi-cien investi dans le solaire, participe en1972 au lancement de la Gueule ouverte.En 1975, il m’emmène à la premièremanifestation contre Superphénix. C’estle début d’une longue lutte contre ce réac-teur et contre le nucléaire en général. En1976, je participe à l’occupation du site.Evacué par les gardes mobiles, je plantema tente chez Georges David, l’un desanimateurs de la lutte et rédacteur deSuperpholix, la revue des opposants à lacentrale. Je suis encore là pour la sinistremanifestation du 31 juillet 1977 où VitalMichalon perd la vie.

Parallèlement à cela, je m’investis éga-lement dans la lutte antimilitariste, lanon-violence et la lutte des paysans duLarzac.

Après l’arrivée de la gauche au pou-voir en 1981, je suis impliqué dans lacoordination antinucléaire et ayant arrêtémes études, avec un copain, nous nouslançons dans l’organisation de la marcheMalville-Matignon qui au bout de troissemaines réunira 5000 personnes à l’arri-vée à Paris. C’est au retour de cettemarche qu’à cinq personnes, nous déci-dons de lancer une revue régionaleS!lence. Comme nous n’avons pas un sou,nous collectons 1000 € en préabonne-ments que nous investissons dans dupapier recyclé que nous revendons à l’au-tomne, permettant de financer le premiernuméro en octobre 1982. L’activité papierrecyclé va se poursuivre et se diversifierpour donner la maison de l’Ecologie dontje serai l’un des salariés pendant unedizaine d’années.

En 1983, je suis l’un despremiers animateurs du comitéde soutien de Lyon au Jeûnepour la vie. En France, il y aquatre jeûneurs à Paris. AuxEtats-Unis, il y en a quatreautres dont un certain AndréLarivière.

Dans la maison de l’écolo-gie de Lyon, se trouve le Mou -vement d’écologie politique quientre 1982 et 1984 se transforme en plu-sieurs étapes pour donner les Verts. Jesuis de l’aventure et serai membre duCNIR des Verts (le parlement interne auniveau national) pendant deux ans. Jeserai actif chez les Verts jusqu’en 1989,date à laquelle ils entrent au Parlementeuropéen, ce qui provoque l’enlisementdu mouvement au profit des conflits depouvoirs. Dégouté, je quitte les Verts en1992.

Pendant ce temps, S!lence grossit peuà peu. En 1986, une structure distincte dela Maison de l’écologie voit le jour, larevue devient nationale et un premier

salarié, Michel Jarru est embauché. Je suisle premier président de l’associationS!lence.

Cette même année, au sein des Verts,je lance avec Patricia Fridman le salonPrimevère dont je serai le trésorier pen-dant dix ans. C’est devenu aujourd’hui leplus gros salon écolo hors Paris.

Alors que la contestation antinucléai-re a connu un creux après 1984, elle arepris de plus belle après l’accident deTchernobyl en 1986. L’opposition contreSuperphénix se structure peu à peu etnaît alors les Européens contreSuperphénix. Un permanent, PhilippeBrousse, est embauché au début desannées 90. Je deviens l’un des porte-paro-le du mouvement.

En 1994, nous décidonsde renouveler une marcheMalville-Matignon. Je suis encorrespondance depuis quel -que temps avec André La -rivière qui habite alors enAllemagne et y organise denombreuses manifestationspour le désarmement nucléai-re. Je lui propose de venirnous aider à préparer cettemarche, ce qui sera le début

d’une longue amitié.

A partir de 1994, je deviens salarié deS!lence et le principal coordinateur de larédaction. J’y anime des débats qui au fildes numéros se transforment en publica-tions (2).

Après la victoire contre Superphénix,en 1997, les Européens contre Super -phénix en collaboration avec d’autresgroupes locaux mettent en place le

Jeûne Sortir du nucléaire

Tout dépend de vous ! Trois personnes vont commencer un jeûne le 21juin 2004 pour demander aux parlementaires etau gouvernement de ne pas lancer la construc-tion d’un nouveau réacteur nucléaire et de

réorienter la recherche en faveur des énergiesrenouvelables et des économies d’énergie.

Parmi eux, Michel Bernard, le coordinateur de larédaction de S!lence.

(1) S!lence n°284, «Jeûner pour sortir du nucléaire»(2) «Paris-Dakar : pas d’accord» (1989), «Les énergiesrenouvelables» (1992), «Les métiers de l’écologie»(1993), «Systèmes d’échanges locaux : pour changer,échangeons» (1998), «L’écologisme à l’aube du 21esiècle» (2000), «Objectif décroissance (2003).

Michel Bernard

Débat sur l’idée d’un jeune long lors d’un jeûne de 48 heures en juillet 1997 devant Superphénix.

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Juin 2004 SILENCE N°311 25

Réseau Sortir du nucléaire dont je suis,pendant les deux premières années, unadministrateur. La même année, je parti-cipe à la création du CNIID, Centre natio-nal indépendant sur les déchets, dont jesuis toujours administrateur. Récemment,j’ai participé au lancement de la revue LaDécroissance dont je suis un des rédac-teurs.

Apprivoiser la désobéissance

Tout au long de ces années, j’ai tou-jours appliqué les principes de la non-vio-lence. Je me suis impliqué dans de trèsnombreuses actions de désobéissancecivile : occupations de grues, destructionsde registres d’enquête publique, occupa-tions de terrain, occupations de ministère,de services administratifs… J’ai bien dûêtre arrêté plus d’une cinquantaine defois, j’ai passé quelques nuits dans descommissariats, je ne suis passé en procèsqu’une seule fois (3), j’ai reçu, en trenteans, un seul coup de matraque. J’aipresque toujours fait mes actions «augrand jour», c’est-à-dire en les revendi-quant publiquement. Quand une actionde désobéissance est bien préparée, l’im-pact médiatique fait que la répression estdifficile.

Je vais juste vous en raconter unexemple. Après une panne de Super -phénix qui a duré plus de deux ans, il aété nécessaire administrativement derefaire des enquêtes publiques. A quatrepersonnes, nous sommes allés à la préfec-ture de Grenoble, pendant que deux per-sonnes discutaient avec le personnel, lesdeux autres ont subtilisé le registre d’en-quête. Nous sommes allés ensuite dans leslocaux de France3 Grenoble où nousavons déchiré le registre devant les camé-ras. C’est officiellement un crime contrel’Etat, passible de la cour d’assises et devingt ans de prison. Il n’y a pas eu desuite. L’enquête a dû être recommencée àzéro.

L’idée du jeûneEn juin 1997, nous avons connu un

grand moment de liesse quand Super -phénix a été arrêté. Nous avions prévu uneaction le 31 juillet de cette année : deuxjours de jeûne devant le réacteur pour mar-quer le 20e anniversaire de la mort de VitalMichalon. Nous avons maintenu cetteaction et près de 200 personnes sontvenues jeûner deux jours. C’est lors d’unatelier sur le jeûne qu’André Larivière aévoqué pour la première fois l’idée d’unjeûne de longue durée pour inciter le gou-vernement à prendre la décision d’allervers la sortie du nucléaire.

Il faut être prudent avec les sondagesdont les questions peuvent être tendan-cieuses, et dont les réponses présententun certain taux d’erreurs (estimé à 5%pour un échantillon de 1000 personnes).Néanmoins à partir des sondages quenous avons collectés (et dont le détail estsur le site vivresansnucléaire.org, nouspouvons tirer les conclusions suivantes :

La très grande majorité des Françaisest favorable à unesortie du nucléaire. Selon un sondage réalisé par Ipsos et

publié dans L’Express du 25 mars 1999,18% seulement des Français sont pourque l’on construise de nouveaux réac-teurs, 80% pour que l’on n’en construiseplus. Au sein de ces 80%, on distingue58% qui se prononcent pour finir d’utili-ser les réacteurs existants, 22% pour quel’on ferme ceux en activité.

En 2000, un sondage IFOP pourl’hebdomadaire VSD indique que 51 %sont plutôt favorables à l’arrêt total dunucléaire en France, 39% plutôt défavo-rables. Le même sondage indique que lepourcentage favorable à l’arrêt monte à61% chez les moins de 35 ans.

Un sondage réalisé par Cevipof enmai 2002 et publié à l’automne 2003 parSciences-Politique Paris indique que 55%des Français ne souhaitent pas le renou-vellement des réacteurs, 41% étant pource renouvellement.

Un sondage IFOP réalisé pour l’Unionfrançaise d’électricité et présenté dans LeMonde du 12 novembre 2002 indique que«61% des Français voudraient se passerdu nucléaire» (titre de l’article). 62%accepteraient de payer l’électricité pluscher pour pouvoir se passer du nucléaire.

Un autre sondage réalisé par le CRE-DOC pour le compte de l’Observatoire del’énergie (ministère de l’industrie), donneun résultat semblable : 59% des Françaisseraient d’accord pour payer leur électri-cité plus cher pour pouvoir se passer dunucléaire (66 % chez les moins de 26ans).

La très grande majorité des Françaissouhaite que l’on

développe les énergiesrenouvelables.

Selon un sondage IFOP réalisé pourl’Union française d’électricité et présentédans Le Monde du 12 novembre 2002,60% des Français estiment que les éner-gies renouvelables peuvent remplacer lenucléaire et 63% estime que cela sera faitd’ici dix ou vingt ans.

Selon un sondage de l’InstitutSynovate pour le compte de l’ADEME(Ministère de l’écologie), réalisé en février2003, 92% des Français se prononcentpour le développement de l’énergieéolienne.

Selon un sondage Eurobaromètre demars 2003, pour le compte de l’Unioneuropéenne, c’est l’ensemble de l’Europequi souhaite se tourner vers les énergiesrenouvelables : 67% pensent qu’il fautmiser sur les renouvelables contre seule-ment 3% pour le nucléaire. 69% souhai-tent plus de recherche dans le domainedes renouvelables contre 10% dans lenucléaire. C’est pourquoi les jeûneurs ont décidé derevendiquer les deux choses suivantes : n pas de nouveau réacteur. n réorienter les crédits de recherche dansle domaine de l’énergie.

Revendications des jeûneurs

n André Larivière, né au Québec en1948, trois enfants, vit en couple enHaute-Loire, animateur du Réseau Sortirdu nucléaire. Organisateur d’une dizainede marches en Europe : contreSuperphénix (1994), pour le désarme-ment (1995), pour le Tibet (2000),Mouvement vers Bure (2001, 2002,2003), Tour de France pour la sortie dunucléaire (2004). A déjà effectué desjeûnes de longue durée (jeûne pour la vieen 1983, jeûne contre les Euromissiles en

1986). Auteur de «Les Carnets d’un mili-tant» (Ed. Ecosociété).

n Domique Masset, né en 1952, unefille, vit avec Elisabeth dans un petit villa-ge ariégeois, membre du collège nationalet trésorier du mouvement Appel pourune insurrection des consciences, mili-tant non violent aimant les actions à forteimplication personnelle. Dans la lutteantinucléaire : marche Lascaux-Bure(2001), jeûne à La Hague (2002).

Qui sont les deux autres jeûneurs ?

(3) Une amende pour un bombage amnistiée en 1981.

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Juin 2004 SILENCE N°311 26

Comme l’indique toujours très bien leremarquable article de Jean-Marie Muller,un jeûne ne peut intervenir qu’en derniè-re extrémité lorsque tout a été fait auniveau militant. Le jeûne doit être la gout-te d’eau qui fait basculer une lutte. Alorsquand faut-il jeûner ?

Ce débat nous a animés longuement,notamment au sein de la commissionaction du Réseau Sortir du nucléaire. A cemoment-là, la gauche plurielle au pou-voir, déchirée sur la question nucléaire, achoisi le statu quo. A l’autom-ne 2001, le risque d’un retourde la droite après les électionsprésidentielles de 2002, nousfait craindre une augmenta-tion de la pression du lobbynucléaire pour relancer unnouveau programme nucléai-re. André Larivière et moi tra-vaillons alors sur un scénariode jeûne entre les électionsprésidentielle et les législa-tives qui doivent suivre. Nouscommençons à compiler del’information sur les jeûnespolitiques, sur l’organisationd’un tel jeûne. Un débat a lieuen janvier 2002 pendant l’assembléegénérale du Réseau sur l’opportunité dujeûne. Si le mode d’action n’est pas rejeté,le débat porte sur le choix de la date…Finalement, l’idée du jeûne est écarté.Comme plusieurs personnes avaientprévu du temps libre pour le jeûne, il estquand même décidé d’organiser un jeûnecourt pour nous tester.

Nous choisissons symboliquement denous mettre devant l’usine Cogéma de LaHague et nous lançons un jeûne de cinqjours… le jour même où Le Pen se retrou-ve au deuxième tour. De ce fait, le jeûnen’aura qu’un écho régional avec notam-ment un débat musclé mais positif avecles syndicats du centre (on se serrera lamain à la fin des débats). Avec le recul, sinous avions fait le jeûne à ce moment-là,il nous aurait été très dur de passer au-delà des débats sur l’extrême-droite del’époque. Ce jeûne «d’entraînement» vaquand même nous permettre de réglerbon nombre de problèmes. Sur la dizainede participants, plusieurs ont senti leurslimites, d’autres ont eu des problèmes desanté (il ne faut pas être sous traitementpour jeûner !). La bonne surprise a étéd’apprendre que d’autres que nousavaient fait le même jeûne d’entraînementdont une dizaine à Bure, d’autres enAllemagne, en Grande-Bretagne etailleurs, près de cinquante personnes autotal. A ce jeûne court participe Domi -

nique Masset que j’ai déjà rencontré àdeux reprises, la première fois par hasardlors d’un reportage pour le spécialLimousin. Il donnait un coup de main àTout autour de la terre. La deuxième foispendant la marche Lascaux-Bure.

Comme nous avons déjà bien travaillél’idée du jeûne, nous décidons de publierun dossier dans S!lence à ce moment-là etde continuer à organiser la possibilitéd’un jeûne ultérieurement.

Pendant l’année 2003, l’EPR fait desréapparitions régulièrementdans les médias. Mais il s’agitd’effet d’annonces. Aprèsavoir bien regardé le calen-drier, nous pensons alorsque le gouvernement vaessayer de passer en forceaprès les élections de 2004.En effet, une directive euro-péenne entre en fonction en2007 et interdira de fait laconstruction de nouveauxréacteurs (4). Cette mêmeannée, il y aura les électionsprésidentielles et législa-tives. Le gouvernement nepeut donc plus attendre car

les procédures administratives prenantenviron deux ans, il ne faut pas que lechantier se concrétise pendant cette cam-pagne. Pour gêner la décision, nous déci-dons alors de lancer le jeûne tout de suiteaprès les élections européennes de maniè-re à occuper le terrain pendant l’été.Symboliquement, nous choisissons alorsle 21 juin, jour le plus ensoleillé de l’an-née. Cette fois, le Réseau soutient claire-ment et les réactions de nombreusesautres associations montrent qu’elles par-tagent notre analyse politique.

A vous de me renvoyerl’ascenseur !

La concrétisation du jeûne rend diffi-cile pour de nombreuses personnes de s’yimpliquer en tant que jeûneur. Le calen-drier proposé prévoit en effet que noussoyons disponibles pour rencontrer lesgroupes militants, les journalistes et lespolitiques dès le début juin, puis quenous jeûnions pendant un temps assezlong, enfin, il faut prévoir un temps derécupération physique qui, selon lestémoignages est tout aussi long que lejeûne : il faut donc être capable de se libé-rer plus de trois mois. Seules trois per-sonnes vont finalement s’engager, avectous les problèmes de travail et familiauxque cela pose (5). D’autres personness’engagent pour l’équipe d’encadrement(6), plusieurs groupes de jeûnes tournantsont déjà annoncés.

Cela fait donc bientôt trente ans queje me bouge pour défendre les idées éco-

los dont plus de vingt à faire la revueS!lence. Vous, de votre côté, vous êtesnombreux à être actifs dans les multiplespossibilités d’alternatives que l’on présen-te dans la revue. Je sais combien cela peutêtre prenant et le nucléaire, et son côténégatif, n’est peut-être pas votre «tasse dethé». Je viens quand même vous deman-der d’agir pour relayer notre action. Biensûr, vous pouvez participer financière-ment, mais ce n’est pas de ce côté que jesouhaite seulement vous voir vous inves-tir. Je vous demande surtout de vousengager concrètement dans un comité desoutien, d’animer des actions dans votrecommune, dans la grande ville la plusproche, devant les préfectures. Il va falloirforcer le mur des médias nationaux : celane peut être possible que parce qu’un peupartout des actions sont menées.

Vous êtes sans doute très pris par lavie de tous les jours. Figurez-vous qu’il enest de même pour André, Dominique etmoi. Nous aussi nous avons des enfants àqui il faut expliquer ce que nous faisons.Nous aussi, cela va nous «bouffer» nosvacances (et nos kilos). Il n’y a pas eu dejeûne de ce genre depuis plus de vingt ansen France. Alors ne loupez pas l’oc -casion : on aura tellement plus de tempspour nous tous quand on en aura finiavec la menace du nucléaire.

Michel Bernard n

On aura tellementplus detemps pournous tousquand on enaura fini avecla menace dunucléaire.

(4) La directive encadre les financements publics dansle domaine de l’énergie. Le nucléaire étant déjà pluscoûteux que le grand éolien et le gaz, il ne sera plusen mesure de passer en force. Globalement, l’Europeest déjà tournée vers la sortie du nucléaire.(5) Les numéros de S!lence de septembre et d’octobrese feront sans moi. Dorothée Fessler assurera le suivides pages brèves pendant cette durée… et nous avonsessayé de prendre de l’avance pour les articles et lesdossiers.(6) En particulier Jocelyn Peyret sera le coordinateurde l’équipe d’accompagnement. C’est lui qui avait déjàcoordonné les rencontres pour les vingt ans deS!lence.

Jeûne Vivre sans nucléaire, 9, rueDumenge, 69317 cedex 04, tél. : 04 7829 01 51 - contact@vivresansnucléai-re.org, www.vivresansnucléaire.org

Interview de Pierre Rabhi par Michel Bernard en 1991.

Semaine de jeûne devant l’usine de La Hague enavril 2002. André Larivière et Dominique Massetsont les 3e et 4e à partir de la gauche.

Dominique Zanda

Michel Bernard

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T C H E R N O B Y LPour uncentre derechercheindépendantLes chercheurs biélorusses qui veu-lent faire des études sur les consé-quences médicales de l’accident deTchernobyl ont le plus grand mal àtravailler, le gouvernement n’étantpas vraiment curieux de connaîtreles résultats de ce genre de tra-vaux, d’autant plus que des mil-lions de personnes vivent en zonecontaminée. L’Institut Belrad estun laboratoire qui regroupe unequarantaine de personnes et quidepuis 1991 a pu réaliser plus de350 000 mesures du césium dansl’alimentation locale. Il est financéessentiellement par des aidesétrangères. Afin de poursuivre sontravail, il cherche aujourd’hui àconstruire de nouveaux labora-toires et une campagne de sous-cription internationale est en cours.On peut souscrire auprès de Lesenfants de Tchernobyl, 37 b, rue deModenheim, 68110 Illzach, tél :03 89 40 26 33.

B I É LO R U SS I EBandajevskybientôt enrésidence surveillée

Youri Bandajevski est un scienti-fique condamné à huit ans deprison pour bloquer ses travauxmédicaux sur les conséquencessanitaires de l’accident deTchernobyl. Après une nouvelle grâce prési-dentielle refusée début 2004, ils’est résigné à demander sa relé-gation, ce qui devrait lui per-mettre de voir sa peine de prisontransformée sous peu en assigna-tion en résidence. Il ne sera librede ses mouvements qu’en 2009.

SILENCE N°311 Juin 200427

Nucléaire

Dans son discours devant l’assemblée nationale, le 5 avril,Raffarin a dit : «La France a des décisions à prendre dans le sec-teur énergétique. Elles ont été préparés par une grande concerta-tion nationale. Le Parlement en sera prochainement saisi. Nousmènerons à bien les évolutions juridiques nécessaires pour nousadapter au nouveau contexte européen, pour assurer l’avenir de ces

fleurons de notre secteur public que sont EDF et Gaz de France ainsique de leurs 140 000 agents.

Les économies d’énergie sont elles aussi indispensables à une croissancedurable. Elles seront encouragées et les énergies renouvelables seront résolument

développées.Mais notre responsabilité est également d’assurer l’avenir de la filière nucléaire. Un pays aussi soucieux del’environnement que l’est la Finlande vient d’opter pour le réacteur à eau pressurisée, l’EPR, mis au point parl’industrie franco-allemande. La France devra aussi s’engager dans cette voie. Je demanderai au Parlementd’en débattre, là aussi dans les prochaines semaines». Nicolas Sarkozy, après avoir reçu les syndicats d’EDF le 13 avril a déclaré : «Un second projet de loi ditd’orientation sur les énergies sera déposé au Parlement dès le début du mois de mai et fera suite à un granddébat d’orientation sur l’énergie, qui s’ouvrira au Parlement dès le jeudi 15 avril». Ce projet s’articuleraautour de «la relance de la maîtrise de l’énergie, la promotion des énergies renouvelables, le maintien de l’op-tion nucléaire avec le lancement de l’EPR, le renforcement de l’effort de recherche». EDF dans un communiqué du 14 avril estime que l’annonce au Parlement marque le début de la procédurepour le lancement de l’EPR.n Où implanter l’EPR ?Deux régions s’étaient portéescandidates pour accueillir lenouveau réacteur : Rhône-Alpes et la Haute-Normandie.Petit problème pour le gouver-nement : ces deux régions ontbasculé à gauche et ont main-tenant des Verts dans leur exé-cutif. Jean-Jacques Queyranne(PS), nouveau président enRhône-Alpes a ainsi déclarélors de la présentation de sonexécutif à la presse, le 6avril : «Nous avons au premiercomme au second tour émis des réserves tant sur le plan technique que politique. L’EPR est fortement contes-té par le monde scientifique, son intérêt et sa fiabilité n’ont pas été démontrés : il ne faudrait pas rééditer l’er-reur de Creys-Malville». n Chute d’avions. Le gouvernement, par l’intermédiaire des autorités de sûreté a demandé à EDF, fin mars,d’étudier comment rendre le réacteur EPR plus résistant pour qu’il puisse résister à la chute d’un avion com-mercial. En effet, la formule présentée actuellement ne résisterait pas à une telle chute. n Réacteur pour l’exportation ? Selon le commissariat général au Plan, la consommation d’électricité enFrance devrait rester stable jusqu’en 2020. A l’horizon 2007, il estime que 14 des 58 réacteurs fonctionnentpour l’exportation d’électricité. Au Tricastin, Drôme, quatre réacteurs servent essentiellement à l’enrichisse-ment du combustible… et la moitié de la production part à l’étranger, ce qui signifie que deux réacteurs sup-plémentaires servent pour une autre forme d’exportation. Dans ces conditions à quoi peut bien servir l’EPR ?Pour EDF, clairement à rien. D’autant plus que nos principaux importateurs d’électricité sont l’Allemagne,l’Espagne et l’Italie et que les deux premiers, de par le développement des renouvelables, visent à baisser leurdépendance vis-à-vis de la France. En fait, l’EPR ne vise qu’à satisfaire un lobby dépassé crispé autourd’AREVA. n Lettre aux présidents de région. Le Parti socialiste a officiellement pris position le 15 avril contre laconstruction de l’EPR. Il l’a annoncé à l’Assemblée nationale en réponse au discours de Nicolas Sarkozy cejour-même. Le Réseau Sortir du nucléaire a immédiatement réagi en demandant aux 20 présidents de régionsocialistes de signer un appel commun pour annoncer leur opposition à l’implantation d’un tel réacteur dansleur région. n Les manipulations du Monde. Surprise dans Le Monde du 17 avril, au sein d’un grand article sur le débatà l’Assemblée nationale, il y a le sous-titre «le PS divisé» annonçant que le PS ne prendrait plus positioncontre l’EPR. Pire dans le résumé (chapeau) en haut d’article, Le Monde écrit que «le futur réacteur nucléai-re EPR a fait l’objet d’un relatif consensus à l’exception des Verts». Il s’agit clairement d’une manipulation duMonde. En effet, Philippe Brousse a reçu la lettre officielle publiée par le PS jeudi après-midi qui réaffirmeleur opposition à l’EPR. Cette lettre a été reprise le même après-midi par l’AFP et donc Le Monde ne peutl’ignorer. Nous avons donc un exemple probant que le journal de référence peut mentir dans les grandes lar-geurs.n Confédération paysanne contre FNSEA. A Flamanville, le représentant de la FNSEA, syndicat de moinsen moins majoritaire, a accepté de participer à une association créée pour étudier le passage des futureslignes à haute tension nécessaire pour la construction de l’EPR. Pendant ce temps, la Confédération paysanneappelle les paysans à participer aux actions contre la relance du programme nucléaire. La bataille du nucléai-re divise donc le monde syndical agricole.

EPR : le débat est lancé

Framatome

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Commentmuseler lesmédiasPlus l’opinion publique est hostileau nucléaire et plus le budget decommunication d’EDF etd’AREVA augmente ! Entrenovembre 2001-octobre 2002 etnovembre 2002-octobre 2003, lebudget de publicité d’EDF dansla presse quotidienne a augmentéde 73%, passant de 2,6 à 4,5millions d’euros, le nombre depages de publicité augmentant luide 91%. (Le Monde diploma-tique, février 2004)

De qui semoque-t-on ?La centrale de Fessenheim quiaccumule les pannes et les sous-traitants irradiés vient de se voirattribuer le label ISO 14001,lequel est attribué par une entre-prise, l’AFAQ, comme un gage de‘managering environnemental’.Cela récompenserait sa «maîtrisede l’énergie» au sein du réacteurpar la pose d’ampoules écono -mes ! Superphénix, qui stocke plu-tonium radioactif et sodium surson site a aussi reçu ce label pourla propreté du chantier de déman-tèlement ! Voilà sans doute ce queles entreprises appellent du «déve-loppement durable». C’est vrai quepour le nucléaire et ses déchets,c’est vraiment durable !

1 0 J U I L L E TTous contreMarcouleUne manifestation régionale estorganisée devant le site deMarcoule le samedi 10 juillet2004. En effet, une extension del’usine de fabrication du mox (unmélange d’uranium et de pluto-nium) vient d’être autorisée… cequi n’a de sens que si l’on veutalimenter avec ce combustible lesfuturs réacteurs nucléaires.Renseignements : ICI-Rom, c/oAVEC, BP 69, 34401 Lunelcedex, tél : 04 67 73 51 10.

N A R B O N N ERuptured’une digueL’usine Comurhex, à Malvezi,près de Narbonne, utilise d’abon-dantes quantités de nitrates pourpurifier le minerai d’uranium enprovenance du Niger, du Canadaou de la Russie. L’uranium sertensuite à la fabrication desbarres de combustible pour lescentrales nucléaires. Une digued’un des bassins de décantations’est rompue le samedi 20 marslibérant 1500 m3 de boues conte-nant outre des nitrates, de l’ura-nium et divers métaux lourds. Lesboues se sont répandues dans leschamps, heureusement sansatteindre le canal de Tauran.L’usine a dû être arrêtée, le tempsde nettoyer les lieux. Il n’y aaucun danger de pollution parl’uranium puisque selon la direc-tion, celui-ci est à l’état naturel.

Bin tiens, les ouvriers qui meu-rent dans les mines d’uraniummeurent aussi naturellement !(L’indépendant, 21 mars 2004)

F E S S E N H E I MDébut duTour deFranceLes incidents à répétition depuis ledébut de l’année (huit officielle-ment) et l’annonce de la relancedu programme nucléaire ont sansdoute favorisé la mobilisation puis-

qu’entre 2000 et 3000 personnesont participé à la première étapedu Tour de France pour la sortiedu nucléaire, le samedi 24 avril.Jean-Marie Brom, porte-parole duRéseau a rappelé que la circulationdes informations en direction de lacommission locale… d’informationavait été très mauvaise. Marie-Anne Isler-Béguin, députée euro-péenne verte, a rappelé que lesdébats au sein du Parlement ontmontré que ceux qui décidentcomme Nicole Fontaine, sont tota-lement incompétents sur la ques-tion. Henri Stoll, maire deKaysersberg, est venu annoncerque sa commune étudie un planpour diviser par trois sa consom-mation d’électricité.

SILENCE N°311 Juin 200428

E S P A G N E

n Bure : site euro-péen ? Alors que lechantier de creuse-ment se poursuit àBure, à la limiteentre la Meuse et laHaute-Marne, le 4mars dernier, laCommission euro-péenne a annoncéque l’ANDRA,Agence nationalepour la gestion desdéchets radioactifs,se voyait confier unemission européennepour l’étude de l’en-fouissement des déchets nucléaires. Dans le communiqué de presse paruà cette occasion, le site de Bure n’est plus présenté comme «un labora-toire», mais comme «un prototype». Un glissement de sens qui ne faitque confirmer ce que dénoncent les opposants depuis le début du projet.Autre glissement important dans le contrat signé entre les deux orga-nismes : le mot de «réversibilité» mis en avant par le gouvernementfrançais pour justifier l’enfouissement profond a totalement disparu del’objet de la recherche. n Exemple belge. Les Belges avaient aussi envisagé d’enfouir leursdéchets radioactifs. Ils ont donc eux aussi construit un laboratoire sou-terrain qui fonctionne maintenant depuis plus de 20 ans. Le site estnommé Hades (enfer en grec ancien, on ne peut pas être plus clair !).Les experts qui y travaillent estiment qu’ils ne pourront pas donner deréponse définitive sur les possibilités de stockage souterrain avant2050. Soixante-dix (pardon septante !) ans d’études pour les Belgesalors qu’en France, un an suffit ! En France, on est vraiment lesmeilleurs ! n Bure ne suffira pas ! L’Andra, agence nationale pour la gestion desdéchets radioactifs, prospecte actuellement pour chercher de nouveauxsites de stockages radioactifs. Le nucléaire a beau être présenté commeune «énergie propre», les actuelles zones de stockage débordent etmême l’éventuelle ouverture du site de Bure ne suffira pas pour absor-ber les tonnes de déchets à venir. Concernant les déchets de faible acti-vité, les plus abondants, moins radioactifs mais de durée de vie trèslongue, les sites de La Hague et de Soulaines seront à saturation d’icipeu. Un nouveau site a ouvert à Morvilliers, près de Soulaines, pour ystocker les déchets issus du début du démantèlement des zones périphé-riques des réacteurs arrêtés. n 300 x 8 euros. En janvier 2002, la coordination contre l’enfouisse-ment des déchets radioactifs lançait un appel pour que 300 personnesacceptent un prélèvement automatique de 8 euros par mois pour finan-cer un poste de salarié. L’opération a vite permis d’embaucher en mai2002, à temps partiel, Michel Marie. Aujourd’hui, environ 260 per-sonnes ont souscrit à ce virement automatique, Michel Marie travaille àplein temps, les 40 x 8 euros qui manquent sont pour le moment payésprovisoirement par le Réseau Sortir du nucléaire. Pour stabiliser leposte, la coordination cherche donc les 40 heureux co-employeurs deMichel Marie. Coordination nationale des collectifs contre l’enfouisse-ment des déchets radioactifs, 1, chemin de Guédonval, 55000 Bar-le-Duc, tél : 03 29 45 45 55.

En 1983, les socialistes aupouvoir en Espagne annon-

cent un gel de la construction desréacteurs nucléaires. Un seulréacteur Trillo-1 sera achevéaprès cette date et mis en fonc-tionnement. Après l’accident deTchernobyl en 1986, le geldeviendra un arrêt total.L’Espagne compte aujourd’hui 9réacteurs en fonctionnement. Le22 janvier dernier, le Parti socia-liste espagnol avait signé unaccord électoral avec Los Verdes(Les Verts) prévoyant la fermetu-re progressive de ces réacteursavant 2024 (pour mémoire, enAllemagne, l’accord Verts-Socialistes prévoit la fermeturedu dernier réacteur en 2032).Les socialistes ayant gagné lesélections, vont-ils engager lesprocédures pour qu’un tel scéna-rio soit mis en place ? Ils ontannoncé que le réacteur deZorita serait fermé avant le 30avril 2006, date limite de sonautorisation de fonctionnementactuelle. Les réacteurs deGoroña et de Josa Cabreraayant plus de vingt ans, ilsdevraient être les suivants.Greenpeace demande au gouver-nement d’agir plus vite : ces troisréacteurs présentent en effet dessignes de vieillissement inquié-tants. (WISE international, 2avril 2004)

Fermeture des réacteurs

BureNucléaireDR

Stop-Bure

Réacteur de Vandellos.

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T O G OChantiersvolontairesL’association AGAMA proposedes chantiers volontaires au Togoouvert aux plus de 20 ans. Pargroupe de dix volontaires, togo-lais et français, mettent en placedes projets d’utilité collective :reboisement, aide scolaire, réno-vation de bâtiment, mise en placede bibliothèque… Les chantiersse déroulent de juin à septembre.Renseignements : AGAMA, chezAurélie Latoures, 14, rue Saint-James, 33000 Bordeaux, tél : 0556 79 72 90 (Camille).

Andinesprend ses distances

La sociétéAndines, quidepuis 1987,fait du com-merce équi-table avec des

coopératives d’Amérique du Sud adémissionné début avril de laPlate-forme du commerce équi-table, mettant au jour les conflitsinternes qui opposent de plus enplus d’acteurs du commerce équi-table avec les campagnes marke-ting de Max Havelaar. Au-delà de

querelles administratives, en parti-culier sur la transparence financiè-re au sein de la Plate-forme,Andines veut clairement poser laquestion de ce que signifie le«commerce équitable» : s’agit-ilseulement de regarder du côté desproducteurs ou le commerce doit-ilêtre équitable à tous les maillonsde la chaîne de distribution ? Enclair, Andines soutient la diffusionpar le biais d’associations, decoopératives, de petits commerces,mais refuse la distribution par lesgrands magasins qui sont tout saufdes lieux de commerce équitable.Andines, 6, rue Arnold-Geraux,93450 L’Ile-Saint-Denis, Tél : 0148 20 48 60.

Bloquer leprochainParis-DakarChaque année, pour le premierjanvier, le rallye Paris-Dakar tra-verse rapidement la France etparfois l’Espagne pour ensuitealler détruire les lieux de vie desAfricains avec des milliers deroues qui défoncent les pistes, semoquant éperdument des consé-quences de leur jeu de riches dansdes pays plus pauvres. Après des années de contestationau sein du collectif Pa’Dak, lesopposants avaient fini par baisserles bras. Cette année, un nouveau collectifs’est mis en place, provoquantl’annulation d’une étape prévue àMillau et perturbant le passage àNarbonne. Pour être plus efficaceen janvier prochain, un appel estfait pour ceux qui peuvent êtreprésents pour organiser desactions non-violentes contre cettecourse. Tam Tam Dak’out, BP20833, 11100 Narbonne, tél : 0468 32 23 71 (uniquement lelundi matin).

Paris-Dakarhors la loiNicolas d’Andoque, propriétairede l’Abbaye de Fontfroide, dansl’Aude, aime les courses de voiture

et a proposé d’accueillir fin 2003une spéciale du Paris-Dakar.Problème : le site de l’Abbaye estclassé au niveau du patrimoine etde l’environnement. Dès le 24 sep-tembre, des démarches sont entre-prises pour demander le respectde la loi. Une audience au tribunala finalement lieu après de nom-breuses plaintes… le 31décembre, deux jours avant lacourse. L’avocat d’Amaury Sportorganisation (organisateur de lacourse) fera valoir la balance desintérêts entre «la protection del’environnement et les intérêtséconomiques, sportifs et média-tiques». Le tribunal lui donnealors raison… bien que deuxjours avant le préfet ait signé l’ar-rêté de création du Parc naturelrégional de la Narbonnaise à laMéditerranée qui englobe le site.La course a eu lieu… mais ne serefera plus ici. Les associationsayant maintenant le dossier juri-dique prêt au cas où. ECCLA,Ecologie du Carcassonnais, desCorbières et du littoral audois,182 A, avenue de Bordeaux,11100 Narbonne, tél : 04 68 4175 78.

BlaiseCompaorérécompensépar Lyon IIIL’université LyonIII a déjà uneréputation sulfu-reuse avec la pré-sence de nom-breux enseignantsd’extrême-droite.C’est mêmel’adresse officielle de BrunoGollnich, tête de liste du FN.C’est aussi là que sont passéesdes thèses négationnistes…Comme si cela ne suffisait pas, le28 avril, elle a offert le titre dedocteur honoris causa à BlaiseCompaoré, chef d’Etat duBurkina Faso. L’associationSurvie a organisé une manifesta-tion de protestation pour rappelerqu’il s’agit d’un dictateur qui estarrivé au pouvoir par l’assassinatde son prédécesseur, Sankara,qu’il a également fait tuer Zongo,un des journalistes de l’opposi-tion, qu’il est impliqué dans diffé-rents trafics d’armes en lien avecles conflits de plusieurs pays(Liberia, Sierra Leone, Côted’Ivoire et Angola). Survie-Rhônec/o ESGC, 44, rue Saint-Georges,69005 Lyon, tél : 04 78 02 1778.

SILENCE N°311 Juin 200429

I N D E

Des femmes contreCoca-Cola

Quand l’Inde asigné les

accords de libre-échange au sein del’OMC, Organisationmondiale du com-merce, Coca-Cola atout de suite flairéla bonne affaire.Début 2002, la mul-tinationale ouvreune unité d’embou-teillage àPlachimada

(Kérala) et promet à la population locale de nombreux emplois stables.Le salaire n’est que d’un euro par jour, ce qui est un bon salaire surplace, mais aussi une bonne affaire pour la firme. Seul problème : pourfabriquer sa sauce sucrée, le géant du soda a besoin de 1,5 million delitres d’eau par jour. L’usine s’alimente par des puits qui pompent dansla nappe phréatique. Très vite les problèmes apparaissent : l’eau com-mence à baisser dans les puits voisins, l’irrigation des rizières devientdifficile, les bananiers et les cocotiers sèchent sur pied, l’eau qui par-vient encore au robinet dans les cuisines devient saumâtre et des pro-blèmes de santé apparaissent. Coca-Cola essaie alors de négocier en proposant comme dédommage-ment ses boues d’épuration comme engrais. Ceux qui acceptent d’enmettre dans leurs champs perdent définitivement leurs cultures : lesanalyses financées par Greenpeace montrent que les sols sont pollués encadmium et plomb. Le conseil du village prend la décision d’interdire lefonctionnement de l’usine. Les avocats de la firme contestent immédia-tement cette décision au plus haut niveau. En décembre 2003, la hauteCour de justice de l’Etat donne raison à Coca-Cola pour l’autorisationde fonctionner mais considère que l’eau est un bien commun et quel’usine ne peut se l’accaparer et elle se voit autoriser à utiliser autantd’eau qu’un paysan en utiliserait sur la surface équivalente à la proprié-té de Coca-Cola. La commune doit vérifier que l’usine ne pompe pasplus d’eau que l’autorisation accordée. Les villageois constatent alorsque le nombre de camions qui sortent de l’usine ne baisse pas et que lasécheresse s’installe concernant déjà 35 000 personnes. Depuis fin avril2002, les femmes de la région ont installé un camp de protestationdevant l’entrée de l’usine et espère maintenant une médiatisation deleur lutte au niveau international pour faire plier le géant rouge. Aquelques centaines de kilomètres de là, la même histoire se reproduitavec une usine du concurrent Pepsi-Cola et un comité vient d’entamerdes actions pour obtenir la fermeture de cette nouvelle usine.(Gardarem lo Larzac, mars 2004)

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Juin 2004 SILENCE N°311 30

Désobéissance civile, insurrectiondes consciences, on a déjà nomméde différentes façons le besoin de

protester contre l’arbitraire et l’injustice.Cela n’a rien de nouveau, on peut se rap-peler que Henri David Thoreau en a faitun livre (1) il y a 150 ans, où il disait que«la loi n’a jamais rendu les hommes plusjustes d’un iota».

Mais il me semble que la société severrouille de plus en plus, à l’image de cesquartiers résidentiels aux USA entourésde grilles et de gardes, et ça commence àse faire en France. Sous prétexte de sécu-rité, tout est bon pour multiplier murs,normes et réglementations, et, parallèle-ment, le besoin viscéral de protester gran-dit.

Il n’y a pas de grandes manifs decontestataires pour en constater l’ampleurmais on peut mesurer, en négatif, l’impactde la révolte refoulée au nombre desmaladies psychosomati ques, et l’on pour-rait pres que dire que désobéir de vient uneaction prophylactique…

Il s’agit donc de résister à la formemoderne de l’esclavagisme, sournoise etmultiforme. Les moyens employés pourrestreindre nos libertés, en plus des régle-mentations censées assurer notre protec-tion, font appel au chantage, surtout lechantage à l’emploi. Pour ne pas restersur le pavé, on accepte n’importe quelboulot (boulet ?) dans n’importe quellesconditions. La liberté de choix, la libertétout court, ça devient un luxe pour nantisou fonctionnaires, ce n’est plus du tout cequ’avaient rêvé nos ancêtres en 1789.

N’importe quoi, pour travailler…

La finalité et le sens du travail, on nese pose plus ce genre de question. Mais,plus subtil, plus pervers, on utilise encoredes formules lancées il y a quelquesdécennies pour défendre des causes quien avaient alors grand besoin. Des for-mules qui, maintenant, contribuent àparalyser les opposants.

J’ai dénoncé ce piège dans un articlerécent de S!lence à propos du féminisme,ce qui fut mal compris par quelques-uns.En résumé, je demandais que l’on cessede qualifier le travail à la maison commedégradant. Dans les conditions actuelles,dans nos pays occidentaux, on peut leconsidérer comme un choix de vie dèsque l’on peut se contenter d’un minimumde revenus, pour leshommes comme pour lesfemmes. Ce n’est pas dutout un retour en arrière,encore moins une remise encause de la condition fémi-nine, c’est plutôt une autrevoie d’approche des pro-blèmes actuels. Ceux quirestent chez eux pourmieux éduquer les enfants,mieux s’occuper de l’entre-tien de la maison (éventuel-lement la construire), avoirun jardin, qui en mêmetemps créent des liens devoisinage et des associa-tions de quartier (je penseaux Sel), ont une vie trèsriche même s’ils n’ont plusde salaire. Adieu le plan decarrière, le plan de vie librele compense largement ! Etl’on peut enfin admettrequ’on ne descend plus à larivière laver son linge et qu’il y a un ordi-nateur dans beaucoup de maisons.

Echapper de cette manière, ne serait-ce qu’un temps, à la servitude du salariatme paraît très important, tout particuliè-rement en ce moment. Le travail salarién’est plus du tout symbole de liberté nipour les femmes, ni pour les hommes.Car on travaille où, maintenant ? Dans unhypermarché, pour la société de consom-mation ? Dans un labo, pour fabriquerdes produits contestables ? Dans l’ensei-gnement, où l’on est contraint de se plierà des directives qu’on sait contraires auxbesoins des enfants ? Chez Giat Industrie,chez Bouygues Télécoms, chez AREVA ?A l’entretien des autoroutes ? J’en oubliebeaucoup…

Franchement, après tout ce que lapratique de l’écologie nous a appris, peut-on affirmer encore que le travail libèrequand le travail, dans la plupart des cas,c’est ça ?

Sauver la terre, se sauver soi-même

Les syndicalistes se battent, vaillam-ment. Mais pour défendre l’emploi. Quelemploi, ils ne le disent pas. Sauf peut-êtreSUD qui s’en prend à la mondialisation etla Confédération paysanne, bien sûr, pourle secteur agricole. Dans ce domaine

aussi, on s’est permis ausiècle dernier de traiter lespaysans de culs-terreux ettoutes les plaisanteries lesplus imbéciles ont essayéde ridiculiser les campa-gnards. La FNSEA, pourdoper la production, aindustrialisé la profession,sacrifié l’écosystème etdésolé le paysage agreste.Certains y ont gagné desgros sous mais beaucoupont été obligés d’émigrer enville. Il reste heureusementquelques vrais paysans, quifont du bon, qui font dubio, investis du rôle majeurde bien nourrir le monde.Un sacré métier, un métiersacré. Ils ne cèdent pas à latentation des 35h à l’usined’engrais, ils font le doubledans leurs champs.Tourner la terre ou retour-

ner à la terre, c’est, aujourd’hui façon dela sauver en se sauvant soi-même.

Là aussi, les gens et les conditions devie ont énormément changé. L’agriculturebio demande beaucoup de connaissances.Et ceux de la Confédération paysanne,par exemple, sont dans les débats ceuxqui prennent facilement la parole et fontles meilleures interventions.

Et le bâtiment ? Encore un beaumétier dénigré… Avez-vous eu l’occasionde monter un mur en pierre ? De tra-vailler le bois ? De remettre des tuiles survotre toit ? Ce n’est pas une corvée, c’estun bonheur. Je parle là des vrais métiersdu bâtiment, pas de ceux qui ferraillent à

Non-violence

Si nous voulons faire évoluer la société, il fautapprendre à désobéir ! En particulier en redécou-vrant les possibilités d’autonomie qui permettentde développer des alternatives au travail salarié.

Objection, notre honneur

(1) H.D. Thoreau, La désobéissance civile.

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«La loi n’ajamaisrendu leshommesplus justesd’un iota»Henri-DavidThoreau.

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longueur d’année des hectares de dallesen béton. Mais il existe des gens pour«choisir» ces métiers, il y a quelquesjeunes qui y reviennent. Et le maçon n’estplus celui qui, il y a cent ans, savait àpeine lire. J’en connais un, un copain, qui,après de grosses journées de chantier sedélasse le soir en disputant des tournoisde bridge contre son ordinateur. Il jouetrès bien, il a appris trèsvite.Tout ceci, parce quel’image des métiers ma -nuels décriés est devenuesurannée.

Je sais bien que l’onva dire que c’est un dis-cours réactionnaire et jele nie aussitôt. Ce qui avieilli très vite, c’est lefaux modernisme productiviste et clin-quant qui nous a poussés dans uneimpasse économique et intellectuelle.Quand je fais l’éloge du travail manuel, jene me rallie pas aux raffarinades opportu-nistes vantant l’intelligence de la mainpour que les mains s’approchent desurnes. L’intelligence se situe bien dans latête mais tout le corps peut lui envoyerdes signaux.

Plus important encore, et j’en reviensau début de mon propos : il n’y a plus quedans ces métiers-là que subsiste uneforme de liberté, à préserver d’urgence.

Des normes pour notre sécurité ?

J’étais totalement d’accord avec PierreFournier, le génial créateur de La GueuleOuverte, qui a quitté la région parisiennepour vivre sa vie en accord avec ses idéesdans un village de Savoie. Oui, il a été pos-sible de publier un journal complètementoriginal qui a marqué toute une époque etdonné naissance à la plupart des idées éco-logistes, à partir d’un petit village. Il est vraique, en plus, il l’animait, ce village, de millefaçons. Il l’a fait par principe, affirmant queles paysans et les artisans étaient les mieuxà même de faire bouger la société. Il s’occu-pait de sa maison, de ses enfants, tout enécrivant, illustrant, dirigeant son journal.Nous avons déjà perdu trop de temps avantd’essayer de l’imiter…

En outre, maintenant, trente ansaprès, nous avons les «normes». Cesrésultats de la peur des responsabilités encas de pépin se conjuguent en outre avecl’appât du gain qui pousse à tout breveterjusqu’au vivant. Ce qui bloque toute vel-léité d’initiative.

Ainsi les sorties scolaires deviennentimpossibles faute de parents accompagna-teurs dûment diplômés, on n’a plus ledroit de casser un œuf dans les cuisinesdes collectivités (ils sont en poudre), etc.

Et on s’aperçoit que les réglementationsles plus sévères ont de plus en plus d’effetspervers. Un exemple : dans une usine deremplissage de gaz (c’est le nom exact),c’est-à-dire là où l’on remplit les bouteillesde butane à usage ménager, on applique desnormes de sécurité draconiennes et denombreux contrôles, c’est normal, car c’estdangereux (c’est une installation classée

Seveso). Le gaz arrive parwagons dans l’enceinte del’usine, sous une rampecapable de les arroserimmédiatement à lamoindre surchauffe. C’estbien. Mais cette voie privéeest d’une capacité devenanttrop restreinte et l’exploi-tant a posé la question :comment faire ? Où mettredes wagons supplémen-

taires ? «Laissez-les en attente sur les voiesde la gare de triage» a répondu l’inspecteur.Et les normes ? l’arrosage des wagons en casde, etc. «Les normes de sécurité ne concer-nent que l’usine. Côté SNCF ça ne nousregarde pas».

Braves gens, dormez en paix. Lesnormes vous contraignent dans votre viequotidiennes mais n’empêchent pas lescatastrophes.

Décroissance et désobéissance

Ma conclusion, c’est que notre sociétéest très dangereuse et très stupide. Ildevient impératif d’y échapper. Choisirl’indépendance plutôt que le salariat (tra-vail à la maison, artisanat, agriculture) estune échappatoire au système ? Ce n’estpas une régression, c’est une perceptiondifférente, une tentative à entreprendreavec des partenaires devenus, eux aussi,très différents. En utilisant les outilsactuels, se recentrer sur «la maison» ausens large en fait une cellule de renaissan-ce et de diffusion des idées. Et une appli-cation du principe de décroissance, cer-tainement !

Fuir ce qui est contraire à ce que nousa appris l’écologie, désobéir à tout l’inac-ceptable, faucher les OGM, refuser lesdéchets envahisseurs, les réglementationsidiotes et les grandes lois ineptes, c’estune sorte d’objection à la vie civile danslaquelle l’on veut nous embrigader. Oui,j’ai titré ça Objection, notre honneur.

Madeleine Nutchey n

Juin 2004 SILENCE N°311 31

Casser un œufdans les cuisinesdes collectivités,trop dangereux !Ils sont livrés enpoudre !

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Busherien USA : l’opinion contre la pour-suite de l’occupation. Depuis lemois d’avril, les sondages d’opinionaux Etats-Unis annoncent qu’unemajorité est pour arrêter l’occupa-tion de l’Irak. n Espagne, etc. Alors que surplace, la situation empire, l’an-nonce du retrait des troupes espa-gnoles arrive au pire moment.D’autant que d’autres pays quiavaient suivi en traînant les piedsen profitent pour faire de même.Conséquences : les USA vontdevoir mobiliser leurs proprestroupes (alors qu’il y a déjà130 000 soldats US). n Belgique : procès. Le 16février 2003, des pacifistes avaientbloqué un train chargé de matérielmilitaire à destination de l’Irak àproximité du port d’Anvers. Onzed’entre eux ont été poursuivis autribunal pour «entrave à la circu-lation ferroviaire». Le 1er mars,les inculpés ont revendiqué l’ac-tion, estimant qu’il s’agissait d’unacte politique contre les intérêtsde l’Etat. Le tribunal a acceptécette dénomination du délit et s’estdonc déclaré incompétent. Lesonze vont-ils passer en procèsdevant une cour d’assises, rienn’est moins sûr, un procès politiquen’étant pas forcément une bonnepublicité pour le gouvernement.

(Imagine, avril 2004)

Agir sansarme pour la paixLe comité d’intervention civile depaix propose des modules de for-mation destinés à des personnesqui souhaitent ensuite s’investirdans des missions civiles d’inter-vention. Ces missions dans desrégions souvent tendues, tententpar leur présence, leur témoigna-

ge, de faire tomber la tension etd’aider à résoudre de manièrenon-violente le conflit. Les pro-chains modules de formation setiennent du 21 au 26 juin aveccomme thème attitudes indivi-duelles et travail en équipe ensituation de crise afin de renforcerles capacités personnelles à vivredes situations de tension ; du 3 au10 juillet, puis du 13 au 17 juillet,mandats de volontaire en situationd’intervention civile, formationpour approcher ce qu’est uneintervention civile et expérimenterles statuts d’observateurs, accom-pagnateurs, etc. Renseignements :Comité intervention civile de paix,114, rue de Vaugirard, 75006Paris, tél : 01 45 44 48 25.

Jeunesse etnon-violenceLa Communauté de l’Arche de laBorie-Noble organise du 1er au 8août, un camp de formation à lanon-violence pour les jeunes avectrois niveaux pour les ateliers pra-tiques : moins de 14 ans, 15 à 17ans, 18 ans et plus. Hébergementsous tente. Repas végétariens.Autogestion dans les tâches maté-rielles. Les moins de 14 ans doiventêtre accompagnés. Matin :musique, chant, théâtre, cirque,activités manuelles, aïkido. Après-midi : débats et partages, exercicesde résolutions non-violentes desconflits. Les débats porterontchaque jour sur un thème différents: pédagogie, médias et manipulationde l’information, conservation del’environnement, relations interper-sonnelles, découverte de l’œuvre deLanza del Vasto et de la non-vio-lence gandhienne. Sylvie Cremer, LaBorie Noble, 34650 Roqueredonde,tél : 04 67 44 09 89.

P A R I SPremier saloninternationaldes initiativesde paixLe premier salon international desinitiatives de paix se tiendra à laCité des sciences et de l’industrie,du 4 au 6 juin. Il a été coordonnépar la coordination française pourla décennie sur la culture de non-violence, le Secours catholique et leCCFD. Il y aura une centaine d’as-sociations présentes, quatre tables-rondes, des expositions, des films,des spectacles. Coordination

Française pour la Décennie, 148,rue du Faubourg-Saint-Denis,75010 Paris, tél : 01 46 33 41 56.

J U R ALe sabre et legoupillonConstatant que l’armée est unseul secteur qui embauche, deuxlycées catholiques du Jura,Sainte-Marie-Fénelon à Lons-le-Saunier et Jeanne-d’Arc àChampagnole ont annoncé qu’ilsouvriront à la prochaine rentréeune option «défense» aux élèvesqui préparent BEP, bac ou BTS.Les élèves pourront alors choisirde suivre des conférences, de par-ticiper à des séjours-découvertespour tester leur motivation. Il estgrand temps que Jésus revienne !(Est-Républicain, 9 avril 2004)

ILE-DE-FRANCEGala pacifisteL’Union pacifiste de France orga-nise le 13 juin au forum Léo-Ferré d’Ivry, de 17 h à 21 h, ungala pacifiste. UPF, BP 196,75624 Paris cedex 13, tél : 0145 86 08 75.

ILE-DE-FRANCEEurosatoryLe salon international de l’arme-ment Eurosatory se tiendra cetteannée à Paris-Nord Villepinte, du14 au 18 juin. Une journée d’ac-tion contre ce salon est organiséepar UPF, BP 196, 75624 Pariscedex 13, tél : 01 45 86 08 75.

I L E - D E - F R ANC EJeûne àTavernyComme chaque année depuis lejeûne pour la vie en 1983, unjeûne se tiendra devant le com-mandement atomique de Taverny,à une trentaine de kilomètres aunord de Paris, du 6 au 9 août, enmémoire des victimesd’Hiroshima et Nagasaki et pourdemander l’interdiction des armesnucléaires. Contrairement à l’in-formation reprise de Damoclèsdans S!lence n°309, s’il y a bieneu des éboulements au sein descarrières qui abritent le poste decommandement, l’armée n’envisa-gerait pas de déménager. Maisonde Vigilance, 134, route deBéthemont, 95150 Taverny, tél :01 39 95 68 28.

S U D - O U E S T

Formation à la non-violenceL’IFMAN, Institut de formationpour une alternative non-violen-te, propose différents stages :Plus jamais victime, pour éviterde contribuer à son propre mal-heur (du 19 au 24 juillet, à laCombe de la Peyrière, 50 kmd’Albi), régulation des conflitset vacances (15 au 20 août, àRodez), apprivoiser les émotions(11 au 13 novembre, près deRodez). IFMAN Sud-Ouest,Geneviève Fabre, 12330 Salles-la-Source, tél : 05 65 67 29 03.

SILENCE N°311 Juin 200432

Paix B A R C E L O N EForum pourla paixDu 23 au 27 juin, la Fondationpour la paix, en lien avec leBureau international de la paix,organise à Barcelone un forumpour la paix sur le thème «versun monde sans violence». Cinqthèmes y seront débattus : la pré-vention et la résolution non-vio-lente des conflits armés, l’écono-mie et la préparation de la guer-re, le désarmement, étendrel’éducation à la paix dans lemonde entier, le concept de sécu-rité humaine. n Fundacio per la Pau, casp 31, 2n1a A, 08010 Barcelona, Espagne,tél : 00 34 93 302 51 29.n International peace bureau, 41,rue de Zurich, 1201 Genève, Suisse,tél : 00 41 22 731 64 29.

InfoSud

Unesco

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Juin 2004 SILENCE N°311 33

En juin 1997 (il y a donc sept ans),le nouveau gouvernement Jospinannonçait l’arrêt de Superphénix.

La direction de la centrale présentait unan plus tard un plan de démantèlementdu réacteur… qui devait durer vingt ans.Mais le calendrier n’a pas été tenu. Il y adéjà eu plus d’un an de retard pour sim-plement sortir les barres de combustibles.Aujourd’hui, près de quatorze tonnes deplutonium (le cœur du réacteur pourmoitié et en plus les assemblages prévus àl’époque pour son renouvellement) sontstockés dans un bâtiment voisin du réac-teur, l’APEC, Atelier pour l’entreposagedu combustible. Un tel bâtiment consti-tue une cible parfaite pour le terrorisme :il n’est évidemment pas prévu pour résis-ter à la chute d’un avion commercial.

Ensuite, le réacteur n’a plus pu êtredémonté car rien n’avait été prévu poursortir l’intégralité des 5500 tonnes desodium utilisées comme fluide pour éva-cuer la chaleur du cœur du réacteur.Rappelons que le sodium, excellent calo-porteur, a deux inconvénients : il exploseau contact de l’eau et s’enflamme sponta-nément à l’air.

Une enquête publique pour autoriserun procédé de neutralisation du sodium aété ouverte le 26 avril (jusqu’à fin mai).Après des années de recherche, c’est fina-lement le CEA, Commissariat à l’énergie

atomique (service du ministère de ladéfense) qui va avoir la maîtrise de l’opé-ration…

L’ancienne salle des machines, où lachaleur sortant du réacteur servait à pro-duire l’électricité, va être réutilisée pour yinstaller une unité de traitement dusodium. Celui-ci sera sorti du cœur parpetite dose (5 tonnes par jour quand toutmarche bien) pour être transformé ensoude, un produit chimique stable. Dansun premier temps, il avait été prévu delaisser ensuite cette soude s’écouler àpetites doses dans le Rhône, mais laméthode a été jugée trop sensible avec unrisque de remobilisation des écologistes.

La soude sera finalement mélangée àdu béton pour former des blocs qui serontentreposés sur place comme des déchetsnucléaires faiblement actifs. A la fin, onobtiendra 70 000 tonnes de béton à lasoude soit un volume de 36 700 m3.

En attendant sa neutralisation, lesodium doit être maintenu à l’état liquide(à 180°C) pour pouvoir un jour sortir parles tuyaux prévus à cet effet. Or le chauf-fage de 5500 tonnes de sodium nécessiteune puissance électrique de 60 MW envi-ron et consomme donc autant qu’uneville de 40 000 habitants !

Les manipulations pour neutraliser lesodium sont hautement instables et unaccident chimique est tout à fait possible.

De nombreux accidents émaillent l’indus-trie du sodium et on ne sait pas arrêter unincendie de plus d’une tonne de sodium.L’évacuation du sodium et sa neutralisa-tion devraient durer, selon l’enquêtepublique, jusqu’en 2010.

Quant au choix de faire ses manipula-tions dans la salle des machines, c’est unefois de plus s’exposer au terrorisme : on sesouviendra que ce bâtiment n’a aucunesolidité et que son toit avait cédé il y aquelques années sous le seul poids de laneige.

Ce n’est qu’après 2010, après donc latotale neutralisation du sodium que pour-rait commencer le démontage du bâti-ment réacteur. Il faudra alors encore 20ans pour tout évacuer… sauf le pluto-nium qui restera sur place et dont person-ne ne sait que faire.

Lors d’une réunion, le 23 avril, entrela direction de la centrale et l’AMEN,association de Malville énergies nou-velles, association qui a pris la suite del’association locale d’opposition àSuperphénix, la question a été posée desavoir ce que peut changer la privatisa-tion d’EDF. Le nouveau directeur, MarcLeurette, a précisé que le chantier relevaitde la responsabilité de l’Etat.

Michel Bernard n

NucléaireSuperphénixUne bombe en puissance !

Fermer un surgénérateur est très complexe. Et en attendant, le plutonium etle sodium restent toujours aussi dangereux !

Ibrahim Carbonare

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Rions un peuL’Institut des sciences de l’Homme,de l’Université Lyon 2, organisait le18 mai dernier une journéed’études sur le thème «Pour l’usaged’une langue non sexiste dans lacommunication administrative àl’université». A quand l’Institut dessciences humaines ?

Le sexed’AllahPour avoir publié enjanvier dernier un livreintitulé «Le sexed’Allah», MartineGozlan vient de se voircondamnée par plu-

sieurs mouvements intégristes. Sonlivre a été interdit au Sénégal.

Barbie voiléeLa multinationale Barbie a lancédébut avril la Barbie voilée, fabri-quée en Chine. Plusieurs versionsexistent : Razanne fait sa prière,Razanne va à l’école… Les fémi-nistes demandent que le géant dujouet lance Razanne est mariéede force, Razanne ferme sa gueu-le, Razanne est répudiée, Razanneest lapidée. (Le Monde, 14 avril2004)

Eglise,femmes etpouvoirOn peut s’étonner aujourd’hui devoir l’Eglise catholique entièrementaux mains des hommes. Il n’en apas toujours été ainsi comme l’ontmontré des femmes historiennesqui ont retrouvé la trace defemmes qui ont même occupé laplace d’évêque. En fait, l’ordination

des femmes a été interdite par lepape Honoré III, au 13e siècle, peude temps après l’interdiction dumariage des prêtres, lequel remon-te au siècle précédent. (Courrierinternational, 9 octobre 2003)

Q U É B E CJournée du travail invisibleDepuis plus d’un siècle le 1er maiest la journée du travail. Lesféministes québécoises ont lancédepuis maintenant quatre ans, lepremier mardi d’avril, la journéedu travail invisible. Il s’agit dutravail fait sans rémunération,plus souvent fait par les femmesque par les hommes. En 1992,Statistique Canada estimait lavaleur annuelle du travail invi-sible entre 34% et 54% du pro-duit intérieur brut (PIB).

F I N L A N D EHonte nationaleA l’occasion de la journée inter-nationale des femmes, le gouver-nement finlandais a lancé unecampagne nationale contre «lahonte nationale» que constitue laviolence conjugale. Selon uneétude officielle, 22% desFinlandaises mariées subissentdes violences conjugales dont 9%tous les ans ; un tiers des filles demoins de quinze ans ont égale-ment eu à subir de telles vio-lences. Le rapport montre un lienfort entre ces violences et le tauxélevé de la consommation d’al-cool par les maris.

E S P A G N EParité Le nouveau gouvernement socialisteespagnol ne compte que seizeministres : huit hommes et huitfemmes. Parité presque parfaire,sauf que dans la hiérarchie desministères, les quatre premiersreviennent à des hommes. Ce nou-veau gouvernement a annoncé le 23avril que sa première loi porteraitsur les violences faites aux femmes«la pire honte» pour le pays.

S U I S S EHandicapéesindemniséesJusque dans les années 70, des mil-liers de femmes handicapées ontété stérilisées sans en être averties.Des actions en justice ont été enga-gées. Le 10 mars dernier, le gouver-nement a fini par céder en accor-dant la modeste somme de 5000FS (3800 €) à chacune d’elles.(Les Pénélopes, avril 2004)

Femmes handicapéesRéponses initiativesfemmes handicapéesest une associationqui a été mise enplace en février1996 par ReginaUbanatu pour favori-ser l’émancipation dela femme handica-pée, favoriser les liens entre insti-tutions et initiatives, favoriser lesdébats sur le sujet. RIFH, BP 46,Maison des associations, 73, rueGaultier, 92400 Courbevoie.

Femmes en prisonLes femmes ne représentent qu’environ 3,5 % de la population car-

cérale. Elles sont un peu plus de 2000 en prison, la moitié en pré-ventive, la moitié condamnées. En Europe, c’est en France que l’oncompte, en proportion, le moins de femmes en prison… mais cela nedépasse par 8 % en Espagne. Plus du quart des prisonnières sont denationalité étrangère, les deux tiers n’ont pas dépassé l’école primaireet 17 % sont illettrées. Alors que chez les hommes ce sont les viols etles agressions sexuelles qui sont la première cause d’emprisonnement,ce sont les crimes de sang sur les mineurs qui arrivent en premier chezles femmes. La population des femmes emprisonnées a tendance àrajeunir, ce qui semble lié au développement de la toxicomanie. La sur-population touche aussi les femmes dont 70 % sont à Fresnes. La loine fait pas de distinction entre les hommes et les femmes à une excep-tion prêt : la possibilité de garder avec soi un nouveau-né jusqu’à l’âgede 18 mois. Cette absence de législation pose de nombreux problèmescomme les accouchements menottés, la galère pour avoir des servietteshygiéniques qu’il faut pouvoir acheter. Dernier obstacle pour les déte-nues : la sortie de prison se passe encore plus mal que pour leshommes, car peu nombreuses, elles sont oubliées des structures de réin-sertion. (Les Pénélopes, avril 2004)

SILENCE N°311 Juin 200434

La loi sur la parité imparfaite !Aux élections régionales, la loi imposait l’alternance des hommes et

des femmes sur la liste… cela a bien permis une montée dunombre de femmes élues : le nombres d’élues est maintenant de 47,6%contre 27,5% précédemment. Pourquoi n’obtient-on pas 50%, parceque le plus souvent (81%) les listes commençaient pas un homme cequi, en cas de nombre d’élus impair, fait à chaque fois un homme deplus. Il y a une région où les femmes sont majoritaires : la Martinique(51,2%). La loi reste inopérante lorsqu’il s’agit de passer aux exécutifsdes régions. Les votes se font selon les combats de pouvoir habituels.Résultat : on ne compte qu’une seule femme présidente de région :Ségolène Royal en Poitou-Charentes. Avant les élections, il y avait déjàune seule femme : Anne-Marie Comparini (UDF) en Rhône-Alpes. Il y adeux premières vice-présidentes : Marilyse Lebranchu en Bretagne,Marie-Pierre de la Gontrie en Ile-de-France. La plus jeune élue deFrance est Charlotte Delécolle, 19 ans, élue communiste en Picardie. Laplus jeune vice-présidente est Anna Aubois, 26 ans, en Auvergne.

Femmes

Aimée Thirion

DR

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Les chômeurssont souscontratLa convention UNEDIC signée parune partie des syndicats (CFDT,CGC, CFTC) est-elle légale ? Elleavait provoqué la radiation au pre-mier janvier de 265 000 personnesau chômage depuis longtemps. Or,en 2003, ces chômeurs avaient étéincités à souscrite un PARE, pactede retour à l’emploi, qui les obli-geait à suivre des formations et àfaire un certain nombre dedémarches. Radiés au premier jan-vier, plus de 2000 chômeurs ontfait des recours devant 76 tribu-naux, s’estimant victimes d’unerupture de contrat. Le 15 avril, lepremier procès a eu lieu àMarseille. Le tribunal a estimé que

le PARE relevait du même statutjuridique qu’un contrat de travailet que les chômeurs devaient doncêtre payés jusqu’à la fin ducontrat. L’UNEDIC est donccondamné à verser les sommesprévues dans le contrat… même sil’organisme a fait appel. Si lesautres tribunaux suivent cet avis,la réforme de l’UNEDIC serait for-cément remise en cause.

GadgetstueursL’usine de micro-ondesd’Hartlepool, du géant de l’élec-tronique Samsung, a été prise enflagrant délit d’usage de travailillégal de Chinois avec dessemaines d’un minimum de 72heures. Une enquête a établi queZhang Guo Hua, travailleur chi-nois mort d’une hémorragie enoctobre 2001, avait effectué deuxplages de travail de 24 puis 16heures avant sa mort. Mourirpour des appareils qui n’ont aucu-ne utilité, c’est le top… (Ethicalconsumer magazine février 2004)

GRANDE-BRETAGNEDépénalisationdu cannabisFin janvier 2004, le gouvernementa modifié le classement desdrogues, faisant passer le cannabisde la catégorie A (drogues où l’ontrouve la cocaïne, l’héroïne, lecrack…) à la catégorie C (tran-quillisants et stéroïdes). De fait, lapossession de cannabis par un adul-te n’est plus un délit, les mineurspouvant encore être conduits à unposte de police pour se voir signi-fier… un blâme. (Lettre du chanvreglobal, 1er trimestre 2004)

Racisme etdésinformationUn sondage réalisé pour laCommission consultative desdroits de l’homme montre biencomment nous sommes condition-nés par un certain discours, à laquestion de l’islam, 43% l’asso-cient à des représentation néga-tives comme intolérance, intégris-me et terrorisme. Pourtant, à laquestion suivante 75% avouenttout ignorer de ce qu’est l’islam !(Politis, 8 avril 2004)

Travailler,c’est trop durA partir des chiffres du Conseilsupérieur de la prévention desrisques professionnels, la CGT acalculé que la hausse des mala-dies professionnelles entre 1991et 2001 atteint 534% ! LaCaisse nationale d’assurancesmaladies a confirmé cette hausse,mettant en avant l’intensificationdu travail répétitif.

De quelleinsécuritéparle-t-on ?Tous les médias parlent insécuri-té. Mais de laquelle ? Entre 1991et 2003, en France, plus de16 000 personnes sont mortesd’accident du travail… soit plusque l’ensemble des victimes descrimes et délits. Pourtant, uncomptage précis, montre que sur894 débats organisés sur France-Inter entre 2000 et 2002 («Letéléphone sonne», «Intercep -tions», «Rue des entrepreneurs»),59 ont parlé de l’insécurité prove-nant de la délinquance… contredeux pour celle venant des condi-tions de travail. Sur 10 000reportages diffusés sur TF1 dansles journaux télévisés en 2001, ondénombre 1190 sujets sur l’insé-curité liée à la délinquance contredeux pour l’insécurité sur le lieude travail. (Rouge et Vert, 13avril 2004)

SILENCE N°311 Juin 200435

Big brother, c’est déjà demain

Sous peu, voilà à quoi pourrait ressembler une commande de pizzas. «Pizza Truc, bonjour.- Bonjour, je souhaite passer une commande.- Puis-je avoir votre NIDN, monsieur ?- Mon numéro d’identification est le 6102049998-45-54610.- Merci Mr. Dupont. Donc, votre adresse est le 174 rue du Centre, etvotre numéro de téléphone le 04 94 23 66.- D’où sortez-vous ces informations ?- Nous sommes branchés sur le système monsieur.- (Soupir) Ah bon ! Je voudrais deux de vos pizzas à la viande...- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée monsieur.- Comment ça ?- Selon votre dossier médical, vous souffrez d’hypertension et d’unniveau de cholestérol très élevé. Votre assurance maladie vous interditun choix aussi dangereux pour votre santé.- Aïe ! Qu’est-ce que vous me proposez alors ?- Vous pouvez essayer notre pizza allégée au yaourt de soja. Je suissûre que vous l’adorerez.- Qu’est-ce qui vous fait croire que je vais aimer cette pizza ?- Vous avez consulté les ‘Recettes gourmandes au soja’ à votre biblio-thèque locale la semaine dernière monsieur. D’où ma suggestion.- Bon d’accord. Donnez m’en deux, format familial.- Ça devrait faire l’affaire pour vous, votre épouse et vos quatre enfantsmonsieur. Vous nous devez 49,99 €.- Je vous donne mon numéro de carte de crédit.- Je suis désolée monsieur, mais je crains que vous ne soyez obligé depayer en liquide. Votre solde de carte de crédit dépasse la limite.- J’irai chercher du liquide au distributeur avant que le livreur n’arrive.- Ça ne marchera pas non plus monsieur. Votre compte en banque est àdécouvert.- Ce ne sont pas vos oignons. Contentez-vous de m’envoyer les pizzas.J’aurai le liquide. Combien de temps ça va prendre ?- Elles seront chez vous dans environ 45 minutes. Si vous êtes pressé,vous pouvez venir les chercher, mais transporter des pizzas en moto estpour le moins acrobatique.- Comment diable pouvez-vous savoir que j’ai une moto ?- Je vois que vous n’avez pas honoré les échéances de votre voiture etqu’elle a été saisie. Mais votre moto est payée, donc j’ai simplementprésumé que vous l’utiliseriez.- @#%/$@&?#!»- Je vous conseille de rester poli monsieur. Vous avez déjà été condamnéen juillet 2006 pour outrage à agent.- (Sans voix)- Autre chose monsieur ?- Non, rien. Ah si, n’oubliez pas les deux litres de Coca gratuits avec lespizzas, conformément à votre pub.- Je suis désolée monsieur, mais une clause d’exclusion de notre publici-té nous interdit de proposer des sodas gratuits à des diabétiques.

Société

Acteurs ici et là-bas :Respectonsleurs droitsAgir Ici, la Cimade, le Gisti et

la Ligue des droits de l’hom-me ont lancé une campagne surce thème avec des cartes pos-tales adressées au ministère desaffaires étrangères,au président dela République etau commissaireeuropéen en char-ge de la justice pourleur demander que les mesuresprises concernant les flux migra-toires sont en accord avec lesdroits humains fondamentaux,notamment en demandant à laFrance de ratifier la conventiondes Nations-Unies sur les droitsdes travailleurs migrants. Lescartes sont disponibles (1 € l’ex,0,80 € à partir de 10) auprèsd’Agir ici, 104, rue Oberkampf,75011 Paris.

DR

Page 36: N°311 Juin OGM Violence marchandeCette année, la rencontre se tiendra en Bretagne, dans la forêt de Brocéliande (chez Alexandre Robert, La Guette-en-Beauvais, 35380 Raimpont, tél

Décroissance«L’origine des houillères (…) estcelle-ci : engloutissement dans lacroûte terrestre des grandesforêts de l’époque géologique,puis minéralisation (…) sous l’in-fluence de la pression et de lachaleur et sous l’action de l’acidecarbonique. Cependant la nature,si prodigue d’ordinaire n’a pasenfoui assez de forêts pour uneconsommation qui comprendraitquelques milliers d’années. Lahouille manquera un jour, cela estcertain. Un chômage forcé s’im-posera donc aux machines dumonde entier (…). La consom-mation deviendra telle, pour lesbesoins de l’industrie et du com-merce, que ces richesses s’épuise-ront. (…) La nature s’est mon-trée prévoyante en formant notresphéroïde plus principalement degrès, de calcaire, de granit, que lefeu ne peut consumer (…) Leshumains auraient fini par brûlerleur globe (…) La terre auraitpassé jusqu’au dernier morceaudans les fourneaux des locomo-tives, des steamers, des usines àgaz et, certainement, c’est ainsique notre monde eût fini un beaujour ! « Les Indes Noires, JulesVerne, 1877.

L’Europesociale passe par la croissance ?Alors que le traité de Maastrichta scellé les objectifs européens enmatière économique, son équiva-lent social n’a toujours pas vu lejour. Un projet de traité social avu le jour qui propose d’incluredans la constitution européennecinq objectifs et donc cinq cri-tères pour l’Europe sociale :« • un emploi pour tous : un tauxde chômage inférieur à 5%; • une société solidaire : un tauxde pauvreté inférieur à 5%; • un toit pour chacun : un tauxde mal logés inférieur à 3%; • l’égalité des chances : un tauxd’illettrisme à l’âge de 10 ansinférieur à 3%; • solidarité avec les peuples duSud : une aide publique au déve-loppement supérieure à 1% duPIB. Des sanctions comparables àcelles infligées aux pays qui nerespectent pas les critères deMaastricht seront appliquées auxEtats qui ne satisferaient pas cescritères sociaux en 2015».Voilà des objectifs que tout lemonde peut soutenir. Le problè-me, c’est que tous les pays euro-péens pataugeant dans une crisede plus en plus profonde, il fautaussi proposer des méthodes pourarriver à de tels objectifs. C’est làque ça se corse. «Pour faciliterl’atteinte de cet objectif de cohé-sion sociale, la politique menéepar la Banque centrale européen-ne poursuit un double objectif :lutter contre l’inflation et soute-nir la croissance». Et l’argumentaire qui accom-pagne la pétition précise : «Si rien de décisif n’est fait pourrelancer la consommation,l’Europe va s’installer pour long-temps dans un régime de crois-sance molle (…) La base de lasociété de consommation, c’estque tous puissent consommer. (…) C’est, au contraire, en s’atta-quant radicalement au chômage,à la précarité, au mal logement età l’échec scolaire que l’on pourraretrouver une croissance forte etstable (…) Si l’Europe n’est pascapable d’inventer un nouveaumodèle social radicalement diffé-rent du modèle de précarité géné-ralisée qui se mondialise actuelle-ment, si nous ne sommes pasaussi capables de construire unediplomatie et une puissance mili-taire distincte de

celle des Etats-

Unis, nous mêmes et nos enfantsrisquons de connaître des conflitsmajeurs (…)» et enfin, cerise surle gâteau «Le développement estle nouveau nom de la paix».Mais pourquoi on vous parle decela ? Parce que ce texte est sou-tenu par le PS mais égalementdes Verts (Noël Mamère, GérardOnesta, Gilles Lemaire, Marie-Christine Blandin), José Bové etFrançois Dufour (Confédérationpaysanne), l’Abbé Pierre, SusanGeorge (ATTAC), et même AlainTrautmann (collectif sauvons larecherche qui n’a sans doute riendemandé aux autres chercheurs !).La revue La Décroissance a dupain sur la planche !

G 8 D ’ E V I A NProcès desblessésLors des manifestations contre le

G8, en juin 2003, un groupe avaitbloqué une autoroute à l’entréede Genève en tendant une cordesur un des ponts de l’autoroute,deux militants se suspendant dansle vide de chaque côté. Un poli-cier arrivé sur les lieux a coupé lacorde. Si d’un côté, elle a été rat-trapée par les manifestants,l’autre personne, Martin Shaw,est tombée, se blessant gravementet faisant ensuite un long séjour àl’hôpital. Le 28 juin, un procès va

s’ouvrir à Genève sur cetteaction. Qui est poursuivi ? Lepolicier ? Perdu : ce sont quatremilitants (dont celui qui s’estgrièvement blessé) qui passe autribunal pour «entrave à la circu-lation». Un rassemblement desoutien est organisé du 26 au 28juin. Samedi : meeting sur lesmesures répressives dans les dif-férentes manifestations et sur lesmoyens de soutenir les inculpés,présentation de cas de répressionet échanges, réunion pour unréseau européen anti-répression.Dimanche ; atelier sur les trau-matismes, préparation d’uneaction de solidarité. Lundi : pré-sence devant le tribunal.Contact : [email protected].

Alternatifs :Universitéd’étéLe mouvement Les Alternatifsorganise son université d’été du26 au 29 août, à Séné, près deVannes, dans le Morbihan. LesAlternatifs, 40, rue de Malte,75011 Paris.

A quoi servent lesremaniements ?Pourquoi remplacer un gouverne-ment Raffarin par un autre gou-vernement Raffarin ? Beaucoupse posent la question. Mais lavalse des ministres a un effet :elle permet d’égarer les dossiersquelque peu gênants, de dégageren touche quelques mois, le tempsque le nouveau ministre prenne

SILENCE N°311 Juin 200436

Politique Décroissance : La majoritédes Français sont pour

En mai 2002, le Cevipof organiseun sondage avec la question sui-

vante : «Si on veut vraiment préser-ver l’environnement pour les généra-tions futures, on sera obligé de ralen-tir très sérieusement notre croissanceéconomique». 12% se déclarent toutà fait d’accord, 41% plutôt d’accord,28% plutôt pas d’accord, 17% pasd’accord du tout, 2% sans opinion.Cela fait donc 53% plutôt d’accordcontre 45% plutôt pas d’accord. En septembre 2003, Sciences poli-tiques de Paris reprend la question

pour la poser au niveau des parlementaires : là, la décroissance estvivement combattue : seulement 2% d’accord, 17% plutôt d’accord,40% plutôt pas d’accord, 39% pas d’accord du tout. Une nouvelle fois,nos parlementaires sont en complet décalage avec l’opinion desFrançais. A noter que les femmes parlementaires sont moins éloignéesde la population : elles sont deux fois plus pour le ralentissement de lacroissance que les hommes.

Gébé mort en l’an 04

Gébé, néen 1929,

directeur deCharlie-Hebdodepuis 1992est mort d’uncancer le 5avril dernier. Ilcommence aêtre connupour ses des-sins, détourne-ments de

publicité et romans-photos lorsde son passage à Hara-Kiri,entre 1969 et 1975. En 1972, ilpublie L’an 01, un parfait réqui-sitoire de l’écologie (réédité en2001 à l’Association) et porté àl’écran par Jacques Doillon en1973. Il y a annonce déjà lapénurie du pétrole… un an avantle premier choc pétrolier etprône déjà la décroissance convi-viale, la vie communautaire,l’abolition de la propriété privée,l’éloge de la paresse… En1972, il participe au lancementde La Gueule ouverte, la granderevue écolo des années 70.

Indymédia

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connaissance des dossiers… Enmoyenne, un ministre a une duréede vie de deux ans (rien à voiravec le plutonium !). Si lesministres changent, ce n’est pasle cas des hauts fonctionnaires,tous sortis du même moule : lesgrandes écoles. Un de ces hautsfonctionnaires expliquait cynique-ment : pendant les six premiersmois, nous faisons ce qu’il nousplaît, le ministre ne connaissantpas ses dossiers, puis il commen-ce à comprendre et pendant unan, il essaie de mettre en placeses propres projets, quand ceux-cicommencent à se concrétiser,donc au bout d’un an et demi, sile projet nous gêne, nous com-mençons alors un travail desape… en attendant le prochainremaniement. Ce haut fonction-naire disait en être à son douziè-me ministre (de gauche ou dedroite). Il paraît que l’on votepour des élus qui décident… Ilparaît que nous sommes endémocratie. Vous voulez quelques exemples dedossiers qui se perdent : la loi surl’eau voulue par DominiqueVoynet en 1997 qui taxerait plusles industriels que les particu-liers, les pollueurs que lesautres… elle est toujours en dis-cussion. Un autre exemple : leplan Climat annoncé àJohannesburg par le président

Chirac avec l’objectif de diviserpar quatre nos gaz à effet deserre… on en parlera dans unprochain sommet sur le dévelop-pement durable. Etc.

P O I T I E R SJacques EllulUn colloque sur la pensée deJacques Ellul est organisé les 21et 22 octobre 2004 à la facultéde droit et des sciences socialesde Poitiers.Renseignements :Karine Bouhier, Faculté de droitet des sciences sociales, 43, placeCharles-de-Gaulle 86022 Poitierscedex, tél : 05 49 45 47 70 ouAssociation InternationaleJacques Ellul, Patrick Chastenet,21 rue Brun, 33800 Bordeaux,tél : 05 56 94 04 14.

SILENCE N°311 Juin 200437

La canton où se trouve le parc Paul-Mistral était renouvelable.Quelques semaines après l’abattage en force des arbres par le maire

socialiste, le candidat Vert, Olivier Bertrand, a fait campagne contre lemanque de démocratie dans cette affaire et rappela que le problème estle même avec un projet de tunnel routier sous la Bastille au nord de laville. Résultat : au premier tour, il passe devant les candidats de droite etse retrouve au deuxième tour contre le candidat socialiste sortant. Audeuxième tour, il le bat avec 56% des voix. Un tel résultat en dit longsur le fossé qui existe entre le maire et ses électeurs.

Parc Paul-Mistralet élections

G R E N O B L E

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Inspirés par les LETS (Local ExchangeTrade System) anglais, le premier Sels’est créé en France à l’automne 1994

en Ariège. Leur développement a été rapi-de, avec des réussites plus ou moinsbonnes. Chaque Sel est autonome dansson fonctionnement. Des marchés inter-Sel sont parfois organisés. Une associa-tion appelée Sel’Idaire coordonne les Sel(pas tous, tous n’y adhèrent pas).

Le Sel des vallées du Jaur et de l’Orb,au nord-ouest de l’Hérault, s’est créé en1996. Touchant principalement, voireuniquement, une population néo-ruraleimportante dans cette région, il s’est rapi-dement développé pour atteindre unetaille respectable. Le manque, localement,de structures sociales ou culturelles fédé-ratives est sûrement l’explication de cetterapide implantation.

Les échanges se font au quotidien pardes contacts directs entre membres, oulors du marché mensuel. Les décisionsfondamentales sont prises en assembléegénérale une fois par an, assemblée quiélit chaque année un «conseil d’adminis-tration» chargé du fonctionnement ordi-naire organisation des marchés, rédactionet édition du catalogue des échanges,comptabilité de ces échanges, contactsavec les autres Sel... Ce Sel à quel quesdétails près, fonctionne comme la quasi-totalité des autres Sel. Pour tenter derépondre à la question posée — le Sel unealternative économique ? — il n’est peut-être pas inutile de se remémorer les ambi-tions que les initiateurs des Sel affichaienten 1994.

Les ambitions initialesFrançois Terris, initiateur du Sel de

l’Ariège, présentait dans la préface de«SEL, mode d’emploi», édité par

Sel’idaire (1) les Sels, comme «une idéeoriginale qui vous proposera de vivre desmoments différents, de réaliser une expé-rience qui vous passionnera, loin des spé-culations [...].Vous verrez poindre unenouvelle forme de société où la seuleexclusion sera celle de l’enrichissementmonétaire pour tendre vers l’enrichisse-ment de tous par les ressources de cha-cun. […] Chaque Sel est une source dedéveloppement des valeurs individuelleslibérant des forces nouvelles qui prépare-ront une société plus juste, plus fraternel-le où chacun trouvera sa place».

Les buts et les moyens étaient et res-tent clairement définis : changer la sociétépar une pratique différente de l’économie: voir le titre du hors-série de S!lence :«Pour changer échangeons» (2). Bien sûr,depuis lors, de nombreux débats ont eulieu, pour savoir si d’un point de vue éco-nomique, les Sel étaient réellement unealternative à l’économie de marché, et denombreuses personnes ont théorisé surcette question. Dès le départ les avisfurent partagés, à gauche comme à droite.

Dès 1996, Serge Latouche, dans unarticle intitulé «La monnaie au secours dusocial ou le social au secours de la mon-naie» (3), faisait la comparaison entre lesSel et les économies vernaculaires. Il ycomparait les Sel à l’expérience d’auto-organisation des exclus de Grand Yoff auSénégal (4). Il écrivait :

«Les différences sautent aux yeux, aupremier abord. Pour le dire de façon cari-caturale : dans un cas, on a une société de100 000 personnes qui vivent largementde leur autoproduction sans création demonnaie, grâce à la densité des réseauxsociaux dit néo-claniques, dans l’autre, ona des micro-associations de quelquesdizaines ou centaines d’individus ‘pau-més’ qui, pour retrouver du lien social,inventent une monnaie privée. On peut

donc dire que là-bas, le social est ce quipermet de résoudre la crise économiqueet qu’ici, un artifice économique vient ausecours du social...»

Huit ans après, je crois que l’on peutdire que la pratique lui donne raison.Souvent présentés comme un palliatif dela crise économique, les Sel sont en faitavant tout, pour ceux qui y adhèrent, unmoyen de renouer ou entretenir des lienssociaux inexistants ou en danger. Enmilieu rural au moins, les adhérents sontessentiellement, voire exclusivement, desnéo-ruraux qui rompent ainsi leur isole-ment ou élargissent leur entourage «affec-tif». Le fait économique intervient pourpeu de choses dans leur adhésion, mêmesi, ainsi, certains services ou produitsdeviennent plus facilement accessiblesaux plus démunis. Ce fait a pour consé-quence que d’un point de vue strictementéconomique les Sel ne mettent pas endanger l’économie «ordinaire» mais res-tent sur sa marge. Ceci explique sansdoute le peu d’agressivité de l’Etat vis-à-vis d’eux (un seul procès à ce jour en jan-vier 1998 en Ariège, avec condamnationdes trois adhérents poursuivis pour tra-vail dissimulé, puis relaxe de ceux-ci enappel).

Il n’est pas douteux d’ailleurs que s’ilssortaient de leur marginalité, la justice nemanquerait pas de les sanctionner, et ceavec d’autant plus de facilité que leur sta-

Avec dix ans de recul, les SEL, systèmesd’échanges locaux, semblent limités comme

alternative économique, incapable de dépasser lestade de la «récupération» pour intéger une

«production». Par contre sur le plan social, ilsont appris à des milliers de personnes à

s’interroger sur nos liens sociaux et sur nos rapports avec le politique.

Echec économique,réussite sociale

Systèmes d’échanges locaux

(1) Sel’idaire coordination de Sels français qui a pourtâche d’encourager le développement des Sels et deréfléchir à leurs fonctionnements.(2) Hors-série S!lence, 1998.(3) Silence, n° 210, pp. 4-13, décembre 1996.(4) Grand Yoff : banlieue de Dakar où toute une popu-lation (100 000 personnes) exclue, s’auto organise.Sur ce sujet, voir l’article de Serge Latouche«Capitalisme populaire ou survie conviviale», S!lence,n°185-186, janvier 1995.

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Fête du Sel de Paname.

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Juin 2004 SILENCE N°311 39

tut juridique d’association leur interdit dedépasser la simple «opération d’entremi-se». Seul «leur rôle dans l’animation de lavie sociale locale» (5) est reconnu.

C’est d’ailleurs bien la volonté del’Etat (et son rôle) de les maintenir danscette marginalité qui explique la tentative,à l’été 2001, de l’ex-gouvernement (socia-liste) Jospin et de son ex-secrétaire d’Etatà 1’économie solidaire, Guy Hascouet(Vert), d’encadrer l’activité des Sel parune «loi cadre sur l’économie citoyenne».Projet dont je ne résiste pas à vous donnerà lire un extrait de l’article 27 concernantles Sel :

«Il se produit de telles interférencesnotamment quand des membres des Selsqui sont chômeurs indemnisés ou nevivent qu’au moyen de la perception deminima sociaux, produisent dans le cadredes Sel, des biens et services qui pour-

raient être fournis moyennant paiementpar les circuits marchands ordinaires, àqui ils font concurrence. Cette concurren-ce ne peut logiquement et économique-ment être admise que si elle est excep-tionnelle ou à tout le moins occasionnelleet rare. Les activités échangées dans lecadre des Sel ne doivent donc qu’être pro-duites à des fins de solidarité et de convi-vialité analogues, par exemple, à cellesqui animent ordinairement les conditionsdu même type que dans cercle de famille.[…] Il est admissible, à titre exceptionnel,que cette production soit compatible avecle maintien des indemnités de recherched’emploi ou des minima sociaux».

Pas besoin d’en rajouter, sauf que der-nier point aurait nécessité pour les Sel defournir la liste de leurs adhérents. Rienque cela ! Comme toujours, à l’intérieurmême des Sel, quelques personnes peunombreuses semble-t-il (?), ont soutenucette initiative. Marginalité voulue parl’Etat, et marginalité de fait donc, et c’estcela probablement qui fait, je crois la limi-te des Sel dans une optique d’alternativeau capitalisme.

Contrairement au mouvement coopé-ratif du début du siècle, les Sel n’ont pas

passé le pas de la production, et se limi-tent à un «recyclage» des produits «exté-rieurs» et à du «coup de main».

Par exemple, dans notre Sel qui pour-tant fonctionne bien, jusqu’à ce jour,aucune production agricole ou artisanalen’a été initiée par l’existence du Sel.Seuls, les surplus de produits sont échan-gés, et le manque de producteurs est per-manent et freine le volume des échanges.Les «coups de main» ne sont ni plus nimoins que les échanges naturels «de bonsprocédés» que la vieille société ruralepratiquait de façon informelle et sûre-ment que toute «vraie» société humainepratique.

Il me semble que cette non prise encompte de l’acte de production dans lesSel en limite fortement leur dimensionalternative. C’est surtout le consomma -teur qui est concerné et peu ou pas le pro-ducteur. Malheureusement ce n’est paspar manque de volonté théorique quenous ne parvenons pas à dépasser cettelimite, mais volonté ou pas, cela ne seconcrétise pas. Pourquoi ? La réponse ouplutôt les réponses sont peut-être là enco-re plus sociologiques, voire psycholo-giques, qu’économiques.

Le minimum vital étant assuré parl’aide institutionnelle, et même si ce mini-mum ne permet que peu de choses, ledésir de «faire», pour retrouver une auto-nomie, se perd d’autant plus sûrementque l’aide de l’Etat est conditionnée parl’abandon de cette autonomie. Parexemple, quelqu’un de notre Sel qui refu-se de toucher le revenu minimum d’inser-tion et ne pouvait justifier d’un revenuquelconque, mais demandait à bénéficierde la couverture maladie universelle, s’estvu refuser celle-ci.

On comprend mieux alors le projet deloi évoqué plus haut et le rôle que les Selpourraient se voir attribuer dans le capi-talisme moderne où le travail des salariésoccidentaux ne génère plus, pour le capi-tal, des profits suffisants. RMI ou revenugaranti, CMU, Sel (encadré dans une loi)feraient l’affaire de nos «bons maîtres».

Une réussite socialeMais si d’un point de vue économique la

réussite n’est pas évidente, par contre, d’unpoint de vue social il en est tout autrementet, à long terme, on peut espérer que celapourra modifier réellement les rapports deforce sur le terrain. Les Sel se révèlent êtreune école pratique d’autogestion et dedémocratie directe. Hiérarchie et inégalitésociales sont bannies des relations entremembres, et cette particularité, unique dansla vie quotidienne de quasiment tout lemonde, place les participants dans l’obliga-tion intellectuelle de mener, par comparai-son, une analyse et une critique pragmatiquedes modèles dominants (argent, échanges

marchands, inégalités sociales, représenta-tion politique, etc.).

Cela dit, la réalité rattrape toujours l’ex-périence, et les inégalités sociales et cultu-relles du dehors pointent souvent leur nez.Par exemple ce sont souvent les plus «entre-prenants» «dehors» qui le sont «dedans»,avec le risque réel d’exploitation des uns parles autres, et l’instauration d’un salariatcaché. Là encore, seule une vigilance cri-tique permet d’éviter ces dérapages. En toutechose il y a souvent matière tant à espérerqu’à douter. Les Sel ne dérogent pas à larègle, Les conditions économiques etsociales ont ancré les Sels dans la réalité, etce pragmatisme est sûrement un atoutmajeur. Ce parti pris et cette nécessité d’ex-périmenter des formes d’organisations éco-nomiques ou politiques différentes (liber-taires souvent), obligent à théoriser sur ceque sont les modèles dominants dans cesdomaines.

Mais il faut bien le reconnaître, l’histoirerécente nous a un peu rogné les ailes, etnous avons si bien intégré nos défaitesqu’une «marginalité conviviale» suffit àbeaucoup. Les grandes ambitions ne sontplus de mise, changer radicalement lemonde fait (encore) peur à beaucoup. Toutceci limite la portée des Sel dans la construc-tion d’un autre futur. Leur plus grand méri-te, à ce jour, est sûrement d’avoir permis laconstruction, pour une part non négligeablede la population, d’un tissu social nécessaireà toute velléité de changement. En ce sens,ils ont contribué à l’implantation d’autresmouvements complémentaires (Droit pay-san (6) par exemple dans notre vallée) grâceaux réseaux de solidarité qu’ils ont créés.Bien sûr, cela est loin d’être satisfaisant pourse débarrasser du capitalisme mais cela n’est-il pas nécessaire à l’émergence d’un désirpuissant d’y arriver.

Bernard Gilet n

Article paru dans Réfractions n°9.

Les rencontres annuelles des SEL deFrance et d’ailleurs auront lieu dans le

Libournais à Montagne-Saint-Emilion(Gironde), du 18 au 22 août. Le SEL deLibourne, Grain de sable, est l’organisa-teur de ces rencontres où, dans l’esprit desSEL, l’argent ne doit pas être une valeurcentrale au détriment des relationshumaines. Renseignements : Grain deSable, rue du 1er RAC, 33500 Libourne.

Rencontre des sels

(5) Réponse du ministre de l’Économie de 1998.(6) Mouvement qui se propose de permettre l’auto-organisation des néo-ruraux. Fédéré par une charte.Chaque groupe est autonome et les assemblées géné-rales sont souveraines. Voir article de Jean-JacquesGandini sur le sujet paru dans Réfractions, n°6 p. 107.

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François Terris

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Vivre ensemblen Bien sûr, il faut aimer la vie en mon-tagne et les hivers longs. Mais si cetteambiance vous attire, il y a de la placesur ma ferme pour y créer une nouvelleactivité, agricole ou artisanale, ou toutsimplement participer et développer l’ac-tivité de boulangerie paysanne (culture,meunerie, cuisson) déjà en place. Ilmanque peu pour arriver à faire vivreune deuxième famille, et pourquoi pasune troisième… Deux terrains sont dispo-nibles pour envisager l’autoconstructiond’habitations. Ce qui me motive à parta-ger ma ferme : faire profiter ses poten-tialités à d’autres, pour permettre denouvelles installations dans ce pays assezdur ; essayer de créer autour de la fermeet du pain qu’elle produit cette belledynamique qui peut naître d’êtres soli-daires pour faire vivre un pays, des idées,des projets ; cette extraordinaire dyna-mique qui rend les tâches les plus durespresque plaisantes, et qui permet à cha-cun et chacune d’exprimer au mieux sesqualités et ses capacités. Tout simplementparce qu’il est trop dur d’aller jusqu’aubout de ses idées lorsque l’on est isolé.Alors bien sûr, la réponse à nos attentesalternatives se trouve, me semble-t-il,dans des projets collectifs, dans le parta-ge et la solidarité. Beaucoup de chosessont possibles ici, il suffit d’en discuter.Antoine Guidot, 07660 Lanarce, tél : 0466 69 43 27, [email protected] Nous sommes du département de laSomme et pour des raisons profession-nelles, nous devons nous installer dansl’Oise en septembre prochain. Dans unsouci d’enrichissement personnel, de par-tage et d’économie d’échelle (écologiqueet financière), nous aimerions rencontrerdes personnes ayant les mêmes envies,

afin de trouver et de partager une grandemaison et son jardin. Les parents et lesenfants seront les bienvenus, quant ànous, notre famille est agrandie d’unchien et de deux chats ! A bientôt. Tél :03 22 51 63 55 (Daud ou Marie),[email protected].

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SILENCE N°311 Juin 200440

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SILENCE N°311 Juin 200441

Décroissance simpliste ? Courrier(…) Les tenants de la décroissance se baladent dans l’économie, la politique,le social et essaient de relier tous les domaines de la vie à cette notion. Iln’est pas possible de les suivre partout pour analyser leurs points de vues etrefaire le monde en quelques lignes. Contentons-nous de poser quelquesjalons pour lancer le débat (…).La question des besoins(…) La Terre se détériore à cause de la production-consommation. Dès lors,la solution s’impose d’elle-même : il faut une décroissance et pour qu’ellesoit supportable, privilégier les relations sociales, le spirituel, la convivialité,etc. par rapport au matériel.(…) Pour l’écrasante majorité du monde, la question des besoins fondamen-taux reste posée crûment. Dans la plupart des régions du tiers-monde, celacrève les yeux. En Occident, la grande masse de la population (les ouvriers,les employés peu qualifiés, les petits indépendants, les classes moyennes, lesexclus...) n’a pas ses besoins de base satisfaits, quoi qu’elle en pense elle-même. (…) L’état actuel de la réponse à quelques besoins fondamentaux est peuélaboré et il est prématuré de passer à autre chose (style après-développe-ment, post-industrie).Voyons quelques exemples pour ébaucher les problèmes.L’alimentation. (…) L’agriculture biologique constitue un pas en avant cer-tain (…). Mais les machines utilisées comme le tracteur ou l’appareillagepour traire sont conventionnels avec tous les défauts habituels (pollution,matières non recyclables...), la partie administrative, la commercialisation, lacommunication impliquent encore et toujours des moyens conventionnels, àla base du développement capitaliste : voiture, camion, ordinateur, télépho-ne… Il reste à inventer, dans le domaine agricole, une mécanisation s’ap-puyant sur un travail collectif.Le logement. Cette question est complexe : il y a l’angle matériel (matériauxutilisés, orientation, chauffage...), il y a la désertification des villes et de l’ur-banisation des campagnes, il y a l’individualisation des maisons et des ser-vices connexes (de moins en moins de collectif comme la lessive, le chauffa-ge, l’énergie, trop de chambres, trop d’isolement envers le voisinage...). Laprincipale réponse actuelle serait la maison écologique avec ses solutionsindividualistes, qui implique trop souvent un gaspillage (grandes maisons iso-lées, en dehors des villes), c’est-à-dire multiplication du matériel, nécessité dela voiture, de nouvelles infrastructures...La démocratie. La plupart des gens n’ont pas le temps de prendre leur des-tin en charge, ils délèguent à des responsables politiques ou syndicaux ou àdes comités divers. L’expérience des associations et entreprises alternativesn’ouvre pas de nouvelle voie : schématiquement, on constate que de petitsgroupes parviennent à fonctionner démocratiquement (petites associations,petites coopératives...), non les grands groupes. (…).La question de l’économieLes partisans de la décroissance soutenable se rebellent contre l’impérialis-me économique et veulent que le social et le politique soient à l’avant-plan.Considérant que le capitalisme et le socialisme ont fait faillite, ils s’inspirentde Gandhi et d’autres sages.Les révolutionnaires de 1789 ne se battaient pas pour augmenter les profitsdes entrepreneurs, même les plus modérés d’entre eux espéraient conquérirl’égalité, la fraternité et la liberté (…).Les premiers socialistes et les communistes révolutionnaires ne luttaient paspour le développement ou la croissance économique, ils visaient bien plushaut (…).La réalité en a décidé autrement (…).Considérer que le développement est typique d’un esprit occidental, c’estfaire bon marché du Japon ou de la Corée, de l’évolution de la Chine et del’Inde, bref c’est négliger que le trait commun et essentiel du développementactuel est le capitalisme (…).Les solutionsLes partisans de la décroissance prônent la frugalité, la vie simple. L’exemplede la communauté Borie Noble est présenté dans la revue S!lence : deuxvoitures pour onze permanents, un téléphone, un télécopieur, une hache etnon une scie électrique, pour couper le bois en silence et sans se presser.D’autres articles font l’apologie de la pièce froide en lieu et place du frigo,du balai plutôt que de l’aspirateur, du vélo, des longs repas. L’austérité estsupportée grâce à l’épanouissement de relations sociales conviviales.Certaines de ces mesures ne sont pas sans intérêt (…). Le problème estqu’elles sont présentées comme la solution aux maux actuels, puisqu’il s’agitde raisonner à l’échelle planétaire. Or, les agissements qui en découlent n’ontnullement la portée espérée.Admettons qu’un grand nombre de personnes adoptent un mode de vie sem-blable à celui de la communauté. Il faut toujours produire des voitures, destéléphones, donc aussi de l’acier, du plastique, etc., tout ce qui constitue lessources de profit du capitalisme et qui pèse sur l’humanité et sur la nature.A l’échelle de la planète, on atteindrait encore des quantités astronomiquesde véhicules et d’autres appareils. Ce qui signifie qu’on n’a rien résolu quant

au fond. Même en produisant tout de manière artisanale, le pillage des res-sources se poursuivrait.(…) Les partisans de la décroissance mettent au second plan la nécessité decette nouvelle production, ils croient qu’elle surgira naturellement, pacifique-ment et s’imposera d’elle-même. Lorsque les partisans de la décroissancetentent de dessiner une économie alternative, ils tombent dans la banalité. Lemodèle économique suggéré comporte un mélange d’économie de marchéavec de petits artisans et petits commerçants, des investissements publics etprivés pour des équipements et des services publics de base. On ne touche niaux multinationales ni à la concurrence, et on espère un changement fonda-mental ? (…)Le socialisme ?(…) Si la production alternative se développe à une large échelle — ce quenous espérons — il y aura croissance d’un côté, décroissance (de la produc-tion nuisible) de l’autre.La situation dramatique du tiers-monde ne sera surmontée que par unecroissance alternative colossale pour répondre aux besoins de base. Il enrésultera probablement une croissance à l’échelle mondiale.Oui. Mais après, ce sera sans doute la décroissance. D’accord, mais quand ?Pour le moment, c’est imprévisible.Le développement de l’alternatif implique entre autres le remplacement pro-gressif de la production nuisible actuelle et l’atténuation progressive des divi-sions du travail : les ordinateurs, les moyens de communication et de trans-port, les médicaments, les machines, les habitations, l’organisation du travail,etc., tout est marqué du sceau du capital et contribue à bien des égards auxdégâts infligés à la nature et aux humains (qui font partie de la nature, évi-demment).(…) Le mode de vie alternatif, tel qu’il s’ébauche actuellement, sera simple,exempt de gaspillages. (…) Rien ne permet de croire que ce long processusse déroulera pacifiquement (…), l’histoire de l’humanité penche plus vers laviolence que vers la négociation, de nombreux événements récents le confir-ment malheureusement encore. Qui peut imaginer les soubresauts de l’écono-mie capitaliste confrontée à ses propres contradictions (…), aux assauts desalternatifs, mais aussi à d’autres courants comme les terroristes de touspoils ? (…) Et si les populations du tiers-monde parviennent enfin à conser-ver leurs ressources pour leurs propres besoins — que deviendra l’Occidentcapitaliste ?(…) L’idée (anarchiste) de créer une société autonome (…) à côté de lasociété capitaliste est actuellement utopique. Si l’Irak de Saddam Husseindérangeait, que dire de la société autonome ? (…) Mais cacher ou ignorer :1) que l’essentiel de l’alternative reste à trouver, 2) que le processus sera long, 3) que les conflits seront complexes et impitoyables, indique le peu de sérieux que les partisans de la décroissance attachent àl’aspect constructif de l’alternative.Quelle base sociale ?(…) La solution de facilité prônée par des partisans de la décroissance estde compter sur les exclus de la société capitaliste (…). Le public se tournantvers une alternative (nourriture biologique, éco-construction...) appartientpourtant essentiellement aux classes moyennes, liées parfois étroitement auxressorts du capitalisme. Qu’en est-il des tenants de la décroissance ? (…) Qu’une partie des classes moyennes se détourne, même partiellement, dumode de vie dominant est extrêmement positif, cela permet notamment undémarrage de toutes sortes de projets (banque alternative, agriculture biolo-gique, éco-construction, produits d’entretien, habillement écologique, etc.),premier pas vers une autre production-consommation. Qu’une frange de ceuxqui optent pour un certain changement se radicalise en prônant la décrois-sance et une vie frugale a également un aspect positif... â condition de ne pasprésenter cela comme un programme alternatif universel ! (…)Le radicalisme écologique(…) La campagne décroissance soutenable est une réponse du tac au tac auproductivisme. (…) A la croissance, nous opposons la décroissance, à laconsommation, la frugalité.Le radicalisme est visible : au lieu de partager le gâteau, cette fois, on leréduit ! Ce qu’on met en avant est une nouvelle forme d’adaptation au capi-talisme et on laisse à l’arrière-plan (ou on oublie) la préparation d’une alter-native au capitalisme. Mais, rétorquera-t-on, nous encourageons aussi l’alter-natif, puisque nous commençons à consommer autrement. Dans une certainemesure, oui, c’est vrai, mais si l’on est conscient du niveau atteint par l’alter-natif, on sait qu’on ne peut pas encore vraiment consommer autrement,qu’on se trouve seulement dans les premiers balbutiements de l’alternative(…). Le combat à mener à l’échelle planétaire est bien plus large, plus diffi-cile, plus émancipateur que celui entamé par les partisans d’une décroissancesoutenable.

Michel Nejszaten nBelgique.

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Eh, les Blanche-Neige, faut pas s’endormir !

Deux pages dans la partie «femmes»deS!lence (n°307), pour dire que le féminismeest mort et pour finalement nous affirmerque, nous, les femmes françaises, de classemoyenne, ne sommes pas si mal loties com-parées à nos consœurs du tiers-monde, quec’est beau et courageux de faire des enfantset s’arrêter de travailler pour s’en occuperet s’épanouir dans les tâches ménagères !On croirait lire la revue canadienne «Labonne fermière» (voir Histoire des femmesen Occident, Georges Duby et MichellePerrot, éd. Plon, 1992) qui critiquait forte-ment le mouvement d’émancipation des

femmes qui allaient travailler en ville et délaissaient les campagnes etla famille : «Qu’ils soient donc flétris les partisans de l’émancipationféminine qui ne cherchent qu’à briser le bonheur des familles en arra-chant l’âme au foyer, l’épouse à son mari, la mère à ses enfants. Ilssapent à la base l’édifice social qu’ils prétendent améliorer».Je suis d’accord avec Madeleine Nutchey pour critiquer le travail danstout ce qu’il a d’absurde, mais pas pour retomber dans l’aliénation de lafemme au foyer ! Beaucoup de personnes souffrent au boulot à serendre malades, mais le travail rémunéré est un des facteurs d’émanci-pation des femmes et reste à ce jour le moyen de leur autonomie et deleur liberté. Choisir de ne pas travailler est un luxe que toutes lesfemmes ne peuvent pas s’offrir (…).Les femmes qui travaillent sont à 60 % employées et ouvrières. Commeon le voit, la classe moyenne est loin d’être la classe d’appartenance desfemmes en général. Le tiers des femmes salariés occupe un emploi à temps partiel et parmielles, 13 % sont en sitution de sous-emploi. De ce fait, l’écart de salaireentre les hommes et les femmes est de 25 %. Le taux de chômage desfemmes est supérieur à celui des hommes. Les femmes sont plus tou-chées par la paupérisation du fait du sous-emploi et du chômage.Les femmes s’arrêtent de travailler pour élever leurs enfants par choix,certes, mais aussi parce que les structures d’accueil des enfants ne sontpas suffisamment nombreuses et adaptées à la fameuse conciliation viefamiale-vie professionnelle, dont beaucoup de politiques nous ont rebat-tu les oreilles sans lever le petit doigt pour la mettre réellement enœuvre !(…)Un petit point maintenant sur le travail domestique défendu comme untravail noble et utile. Utile, oui bien sûr ! Personne n’aime vivre dans ledésordre et la saleté, et au quotidien un certain nombre de tâches s’im-pose aux habitant-e-s de la maison : je propose que les lectrices et leslecteurs fassent le test du «qui fait quoi dans la maison ?» (tâches ettemps de travail).Courses, préparation des repas, vaisselle, lavage du linge, étendage,repassage, rangement du linge, ravaudage des chaussettes, faire les lits,changer les draps, trier le linge de maison été/hiver, lustrer les cuivres etl’argent, passer l’encaustique sur les meubles, faire le ménage ! Là, là :balayer, passer l’aspirateur, serpiller le sol, cirer les parquets, enlever lestoiles d’araignées au plafond, nettoyer à fond le four de la cuisinière,dégraisser la hotte aspirante au-dessus de la gazinière et en profiterpour nettoyer les brûleurs, récurer la douche, la baignoire, le bidet, lesWC. Trier les poubelles et les monter ou les descendre, faire le vide detemps en temps des vieilleries que l’on stocke (pot de confiture, yaourts,papiers, etc.), faire des cartons, aller les déposer à la déchetterie ouautres lieux de récupération, dépoussiérer les bouquins de la biblio-thèque. J’oubliais le nettoyage des vitres, aérer les couettes… Et je doisencore en oublier ! (…)Le travail domestique demeure une prérogative féminine : de générationen génération, les jeunes filles sont bien éduquées à tenir leur ménage !(La législation «Camille Sée» en 1880 enseignait les filles dans ce sensen France, idem en Inde aujourd’hui fait remarquer Madeleine Nutchey.Tiens, ce serait universel ?).80 % du travail domestique est encore réalisé en moyenne par lesfemmes en 1999 selon les statistiques de l’Insee. Dans un couple dont

les deux conjoints travaillent, le temps consacré au travail domestiquejournalier est de 4h07 pour la femme et de 2h12 pour l’homme.Bonjour l’égalité dans le couple !La différence biologique entre les hommes et les femmes a toujours étéavancée pour expliquer la différence de comportements entre les deuxsexes et inférioriser les femmes. Ainsi, les femmes dont le programmebiologique serait la maternité, développeraient de façon naturelle desqualités fondamentalement tournée vers la vie, l’amour et le foyer.Youpi ! Cette naturalisation du social a justifié jusqu’à maintenant laplace des femmes dans la maison, auprès des enfants. (…)Je vois là une sorte de permanence historique, un archétype, dont nosreprésentations sociales ne se sont pas départies. Cette vision de lafemme fonctionne encore très efficacement en contradiction avec la réa-lité.Bouger cette représentation sociale est encore et toujours le combat desfemmes qui se heurtent en permanence à une ségrégation sociale verti-cale et horizontale dans le travail et le politique.Je n’ai pas l’intime conviction que les femmes aient acquis enfin uneplace égale à celle des hommes dans notre société et la proposition deMadeleine Nutchey peut être à double tranchant (…)

Mary Jamin nHaute-Garonne.

Tous droguésC’est en tant que producteur-consommateur de cannabis etancien dealer de banlieue parisienne que je me permets devous écrire.Je ne vais pas vous parler ici des effets pervers de la prohi-bition bien qu’il y ait à ce sujet bien des choses à dire, mais

SILENCE N°311 Juin 200442

Courrier Décroissance et niveaude revenus

(…) Après avoir lu les articles sur la décroissance, jetrouve que cela engendre de la culpabilité par suite dudécalage entre nos idées et nos moyens.Quid par exemple de tous les minima sociaux commemoi (600 € par mois) qui manquent de moyens poursuivre vos idées… qui sont aussi les miennes. Car avecsi peu, ne croyez-vous pas que je suis malheureuse-ment bien contente de pouvoir trouver de la farine etde l’huile dans le supermarché discount de mon quar-tier ? Je n’ai pas les moyens de faire autrement. En matière d’habillement, les produits exotiques ne sont même plus àl’ordre du jour : pas de budget pour cela. Je me fournis en vêtementsd’occasion à la Croix-Rouge ou au Secours catholique ! Je n’ai pas dequoi m’offrir des vêtements neufs, avec le plaisir qu’engendre d’inaugu-rer sur ma peau un tissu vierge, un vêtement qui n’aura pas transportéavant moi des sueurs, des tristesses, des usures, de la crasse… Quandon me dit d’acheter local, à des artisans, c’est inconcevable pour moi depayer des sandales en cuir sur le marché. Certes, sur ce lieu, je me four-nis en légumes de producteurs du coin… mais pas chez le bio. C’esthors de ma portée ! Je dois (une fois de plus) me contenter de navetsou carottes pollués d’insecticides.A force de lire vos articles où sont développées toutes ces idées, quej’approuve, je me demande à vrai dire à quelles classes sociales ils sontdestinés.Certes, nous roulons à vélo, et peinons avec les horaires de cars si peunombreux, pour nous déplacer. Nous allions enfin nos idées avec notremanque de moyens : pas de voiture…Le solaire n’est pas pour moi avec de tels revenus : je dois me conten-ter de mon chauffage électrique en HLM ! Je n’ai pas les moyens deme loger dans une petite maison pour faire mon potager : les loyers parici équivalent à la totalité de ma pension ! Bref, pour vous suivre dans vos idées, quel est le revenu mensuel de voslecteurs ? Certainement pas RMIistes ou CES.Sylvie NowakArdèche.

S!lence : si des lecteurs veulent répondre. Pour notre part, lessalaires à S!lence sont de 1000 € par mois (pour 27 h 30 par semaine)et nous aussi nous avons nos limites.

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je tenais à signaler certains dangers (autres que sanitaires) que l’onoublie souvent lorsque l’on parle des problèmes du cannabis.1. Pour les adolescents en pleine construction de leur personnalité lecannabis ne peut être que perturbateur pour ceux qui sont déjà un peuinstables.2. Consommer du cannabis implique d’en acheter (si l’on n’a pas lachance de le produire soi-même), et par conséquent d’entrer dans uncertain milieu. Milieu vaste et varié où l’on trouve évidemment lemeilleur comme le pire. Vite fait on entre en contact avec d’autres pro-duits (je ne dis pas ici qu’il y a escalade mais simplement que l’on mul-tiplie les occasions de faire de nouvelles expériences), mais aussid’autres business (came, extasie, clope et alcool de contrebande, hi-fi,vidéo etc.). Croyez-moi, c’est tentant.3. On finit par s’habituer (ou pas, d’où une paranoïa très répandue) à laclandestinité, à éviter les flics, à les voir comme des ennemis etc.4. Si l’on devient un consommateur régulier, on a rarement les financesqui suivent. On se met alors à dealer un petit peu, pour des potes, pourles autres… On se rembourse ainsi notre consommation personnelle.Au-delà du risque de la prison, ce que l’on rencontre alors, c’est un libé-ralisme comme Madelin lui-même n’oserait l’imaginer où les tricheriesdeviennent monnaie courante et la confiance extrêmement rare. Je défietout consommateur/dealer régulier de m’affirmer qu’il n’a jamais roulépersonne et/ou qu’il ne s’est jamais fait rouler. On roule parfois mêmeses potes, c’était mon cas et celui de tous les dealers que j’ai connus. Ôévidemment pas vraiment pour être un salaud ou pour s’enrichir, mais sile dealer s’est fait lui-même avoir (quantité, qualité, prix), il répercuteracela sur ses clients, ainsi tout le monde se fait tromper, et pas moyend’aller porter plainte au commissariat. C’est un vrai nid à embrouilles…Voilà c’était juste ma petite contribution à la discussion.En vous remerciant pour votre travail, pour les tempêtes sous les crâneset les idées que vous suscitez.

Piero nLot.

Religion et pédophilieMarc Dutroux le Belge nous a permis de façon dramatique de révélerenfin les «non-dits» de notre société que nous subissons depuis si long-temps.Je suis né en 1950 à Marvejols. Lorsque j’étais âgé de 8 à 11 ans, j’aisubi la pédophilie du frère, directeur de «l’éducation chrétienne» quiavait lui, à peu près, l’âge de mon père. Il m’invitait dans sonbureau/chambre et m’embrassait sur la bouche, puis me rémunérait

avec des fournitures scolaires. Il faisait la même chose avec l’un de mescopains, allant jusqu’à lui caresser le pénis. C’est pendant notre adoles-cence que notre amitié nous a permis de nous faire part de ce qu’il nousavait fait subir.En classe de sixième, j’étais au ‘petit séminaire’ de Marvejols et unabbé/professeur d’anglais me recevait régulièrement dans sonbureau/chambre pour me faire, selon les directives de l’institution, unexamen de conscience. Il ouvrait ma braguette et me caressait le pénisavec «dévotion» (?). Par chance pour moi, en 1965 ou 1966, la revueHara-Kiri parut enfin. J’étais très sensible à cette revue, provocante àl’époque. Je remercie le professeur Choron, Cavanna, Reiser, etc. J’osaisalors le sortir pendant un cours de ce professeur, qui pris la chose trèsmal et m’administra une violente gifle. Je quittais impulsivement la sallede classe en le traitant de salaud, insulte équivalant à un péché mortel àl’époque. Cet incident provoqua en lui une grande peur d’être dénoncépubliquement et je m’installais sans difficulté aux cours suivants aufond de la classe en signe de boycott. Ceci explique la faiblesse de monniveau en anglais. J’eus l’occasion de me plaindre de l’abbé pédophileauprès de l’aumônier des scouts, groupe dont je faisais partie, mais sansrésultat. Cet homme est toujours à Marvejols. Il est bien vieux mainte-nant et nous continuons à nous saluer dans la rue…Benoît, mon fils aîné, certainement influencé par mes parents et par sescopains, demanda en 1982, à l’âge de 7 ans, à se faire baptiser. Nousavons respecté son choix. L’année d’après, Armelle, ma fille cadette,voulut également se faire baptiser. Je l’accompagnai rencontrer le curéde la paroisse de Marvejols. A la fin de l’entrevue, celui-ci la prit (affec-tueusement ?) sur son épaule de façon paternelle (?). Armelle, 7 ans, a-t-elle trouvé ce geste excessif ? Je sais seulement qu’elle s’est raidie etque, après cette réaction physique, elle a renoncé à sa démarche en vuedu baptême. Thomas, mon troisième enfant, n’a pas demandé à se fairebaptiser.André Malraux a dit : «Le troisième millénaire sera spirituel ou ne serapas». Je pense que la spiritualité commence à prendre le pas sur lesreligions chauvines, crétines, sado-maso, les intégrismes et les sectes.

Vianey Malige nLozère.

Argent et richessePour poursuivre le débat avec Olivier Liétard (n°307) qui répond à malettre (n°303), (…) je voudrais signaler que l’argent n’est pas seule-ment un outil d’échange, mais aussi un moyen de percevoir les impôtspour les dieux ou les rois. Il existe bien des formes d’échanges convi-viaux comme dans les SEL, dans l’Argentine en crise ou dans l’Espagnelibertaire, mais l’argent fusse-t-il convivial n’est pas une garantie contrel’accumulation de richesse. Olivier Liétard écrit que «l’accumulation de l’argent n’est rentable quedans les économies de type capitaliste».L’arrivée du capitalisme est récente dans l’histoire ; les dieux et les rois(mais pas seulement eux) ont accumulé des richesses bien avant.L’exploitation n’est pas née avec le capitalisme mais avec l’apparitionde l’agriculture et l’invention du travail. Ceux qui ont accumulé desrichesses (et de l’argent) ont certainement eu de bonnes raisons pour lefaire, même si cela n’était pas «rentable».

Daniel Haber nEspagne.

SILENCE N°311 Juin 200443

Suite à la lettre d’Yves François à Libération (S!lence n°308), j’aime-rais y apporter une suite. Etre déçu et choqué par ce journal serait malle connaître, du moins son directeur Serge July qui n’a pas honte dedire «Tout m’a profité» (cité par Guy Hocquenghem, Lettre ouverte àceux qui sont passés du col Mao au Rotary, éd. Agone). La question de la responsabilité dont parle Yves François me paraît laplus importante.J’étais aussi ce jour-là, à Creys-Malville, par cette matinée pluvieuse,triste et sanglante (ndlr : manifestation contre Superphénix, le 31juillet 1977). Si je m’interroge encore sur la responsabilité de ceux qui appelèrent àcette manif, je m’interroge encore autant sur la mienne et sur celle des60 000 personnes qui suivaient.Il serait temps de comprendre que notre émancipation ne pourra émer-ger que de notre propre organisation, sans intermédiaires et délégationde pouvoirs.En d’autres termes, partis et syndicats, et leurs chiens de garde ci-des-sus, s’étant compromis pour temporiser et gérer le capital, il s’agiraitde savoir si nous voulons une bonne fois nous en passer.

Jean-Claude Bouchet nHérault.

Libération,chien de garde

DR

Le nouveau film de Pédro Almodovar aborde ce thème.

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Paysans, de la parcelleà la planèteEstelle DeléageEd. Syllepse2004 - 248 p. - 20 €En 1997, le Réseau agriculturedurable (Rad) fut constitué demanière officiel le : il regroupeaujourd’hui plus de 2000 éle-veurs en Basse-Normandie, enBretagne, dans les Pays de laLoire, en Poitou-Charentes.Certains de ses fondateursavaient entamé la critique duplan Marshall et de la politiqueagricole commune depuis plu-sieurs décennies, et un bonnombre sont issus de la Confé -dération paysanne.Pour situer le contexte danslequel s’est créé le Rad, l’auteurenous entraîne à travers les siècleset nous propose, en digne héritièredu Mauss, un parcours socio-anthropologique du monde agrico-le. Elle se retrouve, par exemple, àcritiquer le découpage et la maî-trise du temps effectués dans lebut de rationaliser pour maximi-ser les volumes de production.Cette accélération des rythmes deproduction dont découle unaffranchissement des contraintesliées à l’espace car «plus le capi-tal est développé, plus vaste est lemarché où il circule».Les propos d’Estelle Deléage,souvent dénonciateurs, veulentinsister sur la mainmise de cer-taines structures, comme laFNSEA, sur toutes les filières deproduction agricole. Mais sonouvrage ne s’arrête pas là : ilfrôle le pamphlet révolutionnai-re, appelant à construire unenouvelle société dans laquelle lesliens sociaux, la qualité du tra-vail accompli prennent le pas surl’industrialisation de la produc-tion alimentaire et les pollutions,

qu’elles soientchimiques ougénétiques.C’est pourquoile titre de sonouvrage appelleà une produc-tion «parcellai-re» plutôt qu’àune industriali-sation mondiali-sée de l’agricul-ture, à uneautonomie ali-

mentaire et à une indépendancefinancière, à des prises de posi-tions politiques locales couplées àdes échanges culturels internatio-naux comme avec la coordination

des syndicats paysans ViaCampesina. Pour Estelle Deléage,«la recherche de l’autonomie cor-respond au refus d’un développe-ment sans limites du système agro-industriel et d’une bureaucratisa-tion excessive du système étatico-professionnel car ceux-ci engen-drent ce qu’Ivan Illich a nommé‘contre-productivité’».Le plus étrange dans cet ouvrage,c’est qu’au vu des revendicationsdes agriculteurs du Rad et de laposition anti-productiviste del’auteure, l’agriculture bio nesemble pas avoir son mot à dire.Cette étude reste tout de mêmetrès critique envers le systèmeproductiviste et elle pose lesbonnes questions. C’est seulementdommage qu’elle se trompe desolution en voulant promouvoir cepis-aller qu’est l’agriculture rai-sonnée. Néanmoins, cet ouvragen’en reste pas moins à dévorer,car ses approches historique etsocio-anthropologique de la socié-té agricole sont très intéres-santes. JP.

Petit précisde révolte élémentaireAnne CarpentierEd Albin Michel2004, 192 p. - 15 €

Les journa-listes d’unpetit hebdo-madaire duLot ne sesont pas arrê-tés à savoir,ils ont aussicherché à ensavoir davan-tage, puis ilsont eu le cou-rage depublier ce

qu’il en était, au risque de leuremploi, de leurs biens, peut-êtrede leur vie.Ils n’ont pas trop hési-té à placer dans leur collimateuret leurs colonnes les comporte-ments d’intouchables traditionnels: huissiers, banquiers, procureurset autres magistrats, élus etautres potentats. Sans compterles avocats qui ont remisé au ves-tiaire des comportements suran-nés ce qui faisait la vertu etl’honneur de leur profession pourenfiler le treillis de gardes-chiourmes d’intérêts trébuchants.Tous qui se prétendent au servicede la collectivité, de l’Etat auxconsommateurs, et ne font ques’en servir pour leurs profits

d’autant plus méprisables qu’ilsponctionnent les plus faibles deses membres, sans scrupules des’attaquer à ceux qui ne saventou ne peuvent se défendre.Un livre qui devrait disqualifier àperpétuité tous ceux qui parlentde la France d’En-Bas et mon-trent qu’ils ne se sont jamaisbeaucoup penchés.Ce livre est un remède contre lafrilosité et il montre qu’améliorerle monde, au moins le faire moinspire, est à notre portée à tous,tant que nous ne nous résignonspas à l’inacceptable quotidien, cequi passe par ce qu’on lit commepar ce qu’on vote. Michel Guérin.

Néoruraux,vivre autrementAnne Attané, Katrin Langewiesche,Franck PourcelEd. Le Bec en l’air (04100 Manosque)2004 - 140 p. - 24 €Anne Attané et Katrin Lange -wiesche sont ethnologues, FranckPourcel est photographe. Ils ontrencontré pendant deux ans desnéo-ruraux de la région de

SILENCE N°311 Juin 200444

n Art-thérapie, l’artiste compagnon de voyage, Marie-Claude Joulia, VladimirMitz, éd. L’Harmattan, 2003, 216 p. 18,30 €. Au départ Marie-Claude Mitz,artiste plasticienne, a choisi de travailler dans un hôpital psychiatrique. En 1975,c’était une démarche inédite. Depuis l’art-thérapie qui consiste à essayer de soi-gner en proposant des activités artistiques s’est développée. Ce livre montre com-ment peut se créer un lien entre l’artiste et le thérapeute.n Soyez libre là où vous êtes, Thich Nhat Hanh, éd. Dangles, 2003, 80 p. 8 €.Pensée d’un moine zen vietanmien.n On m’appelle à régner, sous la direction de Fenneke Reysoo et ChristineVerschuur, éd. IUED Genève, 2003, 258 p, sur demande. Compte-rendu d’un col-loque sur la mondialisation, les pouvoirs et les rapports de genre.n Les vendeurs de la presse SDF, Cédric Frétigné, éd. L’Harmattan, 2003, 210p. 17,50 €. Au cours des années 90, les journaux vendus par les SDF se sont mul-tipliés. Aujourd’hui, on peut constater que seuls certains ont survécu. L’auteur amené une enquête à trois niveaux : ceux qui lancent ces revues, ceux qui les diffu-sent, ceux qui les lisent. Intéressant.n Ateliers d’écriture, un outil, une arme, Thierry Maricourt, éd. L’Harmattan,2003, 280 p. 17 €. Auteur de nombreux romans, de recueils de poésie, de livrespour enfants et d’essais, Thierry Maricourt anime de nombreux ateliers d’écritureauprès de personnes en difficulté, d’illettrés, d’analphabètes, d’enfants, de déte-nus… Il essaie d’analyser là ce qui le motive dans cette démarche et montre com-ment appréhender l’écriture peut être un moyen de lutter contre l’exclusion.n Libres enfants de Summerhill, Alexander S. Neil, éd. La Découverte, 2004,464 p. 13 €. Ce livre est sorti initialement en 1960 en anglais pour présenter l’ex-périence de l’école de Summerhill, école autogérée fondée en 1921 près deLondres et qui existe encore aujourd’hui, mais est devenue très huppée. Son fonda-teur, psychanalyste, a essayé de mettre en pratique les idées alternatives face àl’école traditionnelle soucieuse d’instruire mais pas d’éduquer. Publié en françaispour la première fois en 1970, puis réédité en 1985, il est de nouveau disponibleet passionnera tous ceux et celles qui se posent des questions sur l’éducation alter-native. n Jardins de fleurs, jardin bio, Brigitte Lapouge-Dejean, éd. Terre vivante(Mens), 2004, 220 p. 30 €. Comment concevoir un jardin ornemental entreplantes vivaces, arbustes et fleurs d’une saison. Richement illustré.n Réagir, agir, s’engager, Francesca Lungheretti, éd. Chiron, 2003, 206 p.17,50 €. Ce livre porte comme sous-titre «guide pratique des associations mili-tantes». Un titre pour le moins mensonger : on y trouve présenté seulement unesoixantaine d’associations et en dehors du tourisme dit équitable, deux seulementne sont pas en Ile-de-France. Une méconnaissance quasi totale de ce qui se passeen dehors des associations de solidarité internationale.n Le combat pour la Palestine, sous la direction de Lance Selfa, éd. Parangon,2003, 212 p. 15 €. Textes de réflexion sur la situation palestinienne. Si l’on peutêtre d’accord que la base de toute réflexion doit être la notion de justice pour lepeuple palestinien, l’idée d’arriver à un seul Etat laïque et démocratique sur l’en-semble constitué aujourd’hui par Israël, Gaza et la Cisjordanie pose d’autres ques-tions. Mais est-ce plus irréaliste que de vouloir faire un Etat palestinien viable endeux morceaux, cernés par un mur ? Les auteurs insistent sur le rôle prépondé-rant des Etats-Unis dans ce conflit sans fin. Les Etats-Unis utilisant Israël commemoyen de pression sur les Etats arabes, il ne faut pas s’étonner si le conflit estperpétuel. Si la dénonciation de la situation d’apartheid actuelle est juste, onregrettera une analyse marxiste parfois manichéenne.n Le virage à droite des élites politiques québécoises, Jacques B. Gélinas, éd.Ecosociété (Montréal), 2003, 246 p. Essai pour comprendre comment la quasi-totalité de la classe politique québécoise a basculé du côté du néolibéralisme. Trèsquébécois.n Du mépris au respect mutuel, clés d’interprétation des enjeux autoch-tones. René Boudreault, éd. Ecosociété (Montréal), 2003, 220 p. On connaît duQuébec surtout ses revendications d’autonomie vis-à-vis du Canada, mais au seinde la belle province, les Québécois ne traitent-ils pas les peuples autochtonescomme le font d’eux les Canadiens ? L’auteur tente dans cet ouvrage d’ouvrir lesyeux aux lecteurs pour qu’ils sortent des clichés habituels sur les peuples indi-gènes. Un travail salutaire.

NOUS AVONS ÉGALEMENT REÇULivres

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Forcalquier, installés dans larégion entre 1970 et 1985. Deces rencontres, ils ont réalisé celivre. Les photos sont superbes,intimes et émouvantes. Lamaquette est parfaite. Par contrele lecteur de S!lence risque d’êtreun peu déçu par le texte, extrême-ment succinct (une vingtaine depages) et qui reste sagement dansles généralités. MB.

L’Afrique ausecours del’OccidentAnne-Cécile RobertÉd. de l’Atelier2004, - 160 p. - 16 €Cet ouvrage a pour but de valori-ser la «présence que l’hommenoir apporte au monde». C’est àune re-découverte de l’Afrique àlaquelle nous invite l’auteure. Des

explorateurs aux tiers-mondistes,des anthropologues aux ONG, ellenous présente les forces colonisa-trices qui ont pris d’assaut cecontinent. Ce continent qui,aujourd’hui selon l’auteure, pour-rait être un vivier d’alternativesface à la mondialisation écono-mique. Car, il s’agit ici «deconstater que ‘à moitié victimes,à moitié complices’ ces popula-tions n’ont pas contribué avec lamême autonomie que d’autres àla marche du monde et à laconstruction de leur destin».C’est une critique du délire uni-formisateur de l’Occident capita-liste qui est ici dénoncé, sanstomber dans une idéalisation dessociétés africaines. Ce que l’au-teure propose ce serait plutôt despistes de réflexions que devraientsuivre les «Occidentaux», car lessociétés africaines qui «travaillentà contre-courant de l’ordre capi-taliste et de ses principes direc-teurs, pourraient être le levierd’une remise en cause de la mon-

dialisation libérale». A conditionque les règles du jeu ne soientplus fixées par les Occidentaux, àtravers l’OMC, le FMI et laBanque mondiale.Cet ouvrage est un appel à l’ou-verture, à aller vers l’autre, àl’accepter et à s’enrichir d’autresvisions du monde et de la vie ensociété... Ce n’est surtout pas uneappropriation économique descultures et des savoir-faire exis-tants à laquelle nous sommesconviés. JP.

L’imaginationdérobéeR. CreaghÉd. Atelier de CréationLibertaire (Lyon)2004 - 216 p. - 14 €C’est à la découverte d’une ima-gination qui nous a été dérobéepar les pouvoirs en place depuisplusieurs siècles, à laquelle nous

convie l’auteur.Nous parlerons de l’architecturedes villes qui dirigent non seule-ment nos pas mais aussi nos rap-ports avec autrui dans des laby-rinthes froids et peu encoura-geants à la flemme, à la ren-contre et aux plaisirs de vivre laville et à se l’approprier. Nousétudierons également l’utopie etpourquoi sa définition a été gal-vaudée afin de limiter nos espoirsen un monde meilleur. Vous res-sortirez de la lecture de ces cha-pitres indépendants mais formantun tout, peut-être pas encoretotalement libre et indépendantmais avec quelques idées supplé-mentaires sur les méthodesemployées par les uniformisateursde la pensée, par les étouffeurs del’imagination. A travers ce livrece sont quelques clés pour tenterune évasion individuelle et collec-tive qui vous sont proposées. J.P.

Avec letemps…Suzanne WeberEd. Libertaires (Saint-Georges-d’Oléron)2003 - 264 p. - 12€

Avec le vieillissementde la population, sedéveloppe un racismeanti-vieux (on attendencore une inculpationpour les 15 000morts de l’été 2003).Les vieux coûtent cherà la Sécurité sociale… pourlaquelle ils ont cotisé pendantquarante ans. En Angleterre, lesappareils de réanimation sontréservés aux moins de 70 ans.Priorité aux jeunes qui font tour-ner la machine économique. Biensûr, les vieux consomment, maispas assez. Pourtant, il y a une vieaprès la retraite, parfois fortlongue et bien remplie. Mais onfait de plus en plus de distinctionentre le «3e âge» celui de l’auto-nomie, et le «4e âge» celui de ladépendance. Derrière la haine desvieux, il y a la haine de la mort :aucune technique n’a encore per-mis de dominer ce pan de notrenature ! On va tous mourir unjour ! Pire, on va même être vieux! Alors se développe toute unepanoplie contre la vieillesse : vio-lences familiales, mise en institu-tion… L’auteure de ce livremontre comment les outils écono-miques s’intéressent plus auxjeunes qu’aux vieux, comment lesconflits se greffent sur la notionde patrimoine, s’interroge sur la

SILENCE N°311 Juin 200445

En 1992, au sommet de Rio, Greenpeace lance le terme de «greenwashe» (nettoyage vert) que nous tradui-sons souvent par «peinture verte» pour dénoncer une soi-disant mesure en faveur de l’environnement prise

par une grande société. Dix après, les auteurs de ce livre, traduit de l’anglais, présentent comment s’effectuele discours des transnationales : de la poudre aux yeux dans la communication et la poursuite des affaires parderrière. Les analystes de ce livre montrent aussi que bon nombre de fois des associations écologistes se fontpiéger par ces démarches. Ainsi, le WWF s’investit dans la certification du bois durable pour les JO de Sydneyen 2000 et découvre qu’il a passé un accord avec un gros destructeur de marais et de mangroves. Ainsi BPannonce qu’il se lance à fond dans le solaire pour lutter contre la menace climatique mais bien évidemmentpoursuit l’essentiel de ses activités dans le pétrole, avec la collaboration de nombreuses dictatures ou groupesparamilitaires. Pendant que Greenpeace empêche Shell d’immerger une plate-forme pétrolière, la même multi-nationale obtient au Nigeria la pendaison des opposants dont le prix Nobel Saro-Wiwa. La même Shell finan-ce le projet pédagogique du WWF en Nouvelle-Zélande… les animateurs du WWF affichent le logo de lamarque sur leurs vêtements pendant leurs interventions ! Le même WWF a son conseil d’administration dirigépar un dirigeant d’une compagnie aérienne AirNewZeland, elle-même sponsor de l’association. En Australie,c’est une compagnie minière qui finance le WWF. Comment s’étonner ensuite de voir des revues «écologistes»offrir des billets d’avion comme prix dans des concours ? Les campagnes de boycott peuvent être efficacescomme ce fut le cas aux USA contre une marque alimentaire dépendant d’un géant du tabac. Si les retombéesfinancières directes ont été faibles (de l’ordre de 1%), cela a été suffisant pour que les jeunes diplômés nesouhaitent pas travailler dans une telle entreprise… et la société a vu ses valeurs boursières baisser sérieuse-ment. Devant la peur de telle campagne, les multinationales ont recours à l’espionnage comme le raconte undes auteurs à propos du procès contre le groupe anti-MacDo de Londres. Autre affaire d’espionnage : Exxonembaucha une compagnie de détectives pour discréditer les écologistes qui dénonçaient la pollution parl’Exxon Valdez, échoué en Alaska. Les agences de surveillance des sites internet font fortune en offrant leursservices aux multinationales, proposant par exemple d’envahir certains sites avec des téléchargements pour lesbloquer comme ce fut le cas du site d’information sur les méfaits de l’aspartame, un sucre artificiel commer-cialisé par Monsanto. Des journalistes expliquent comment certains groupes radicaux sont infiltrés pour êtreensuite discrédités ; cela va même jusqu’à la naissance de fausses associations écologistes pour lancer desfausses pistes. Ainsi, en Allemagne, Monsanto a mis en place le groupe Waste watchers (les surveillants dedéchets) qui dénonce l’accumulation des déchets… par la faute des écologistes qui refusent les incinérateurs !Une autre association antiéolienne a vu le jour en Allemagne avec d’importants fonds. Après enquête, il s’avè-re que celle-ci a été financée au départ par l’industrie de l’aluminium… qui produisait des pièces pour les cen-trales électriques alors que l’aluminium n’est pas ou peu utilisé dans l’éolien. Des renforts sont venus ensuitedes entreprises sous-traitantes du nucléaire (on peut penser qu’en France, on assiste actuellement à la mêmechose…). Le livre se termine par le récit de quelques campagnes militantes qui ont su faire face à ce genre decampagne de peinture verte. On regrettera simplement l’absence d’une post-face sur la situation française.MB.

Sous la direction d’Eveline Lubbers- Ed. Parangon (Lyon) - 2003 - 236 p. - 20 €

L E L I V R E D U M O I S

La grande mascaradeCes multinationales qui lavent plus vert

Livres

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SILENCE N°311 Juin 200446

notion d’héritage, d’inégalité desretraites (ce sont qui ont déjà leplus qui touchent généralementles meilleures retraites) et dénon-ce les ravages des placements enmaison de retraite. Le style estdirect, plein d’anecdotes qui tou-chent juste. Le livre se terminepar une rapide ébauche des alter-natives possibles, le sujet restelargement à creuser. MB.

La vie ruraleEnjeu écologique et de sociétéFrançois PlassardEd. Yves Michel2003 - 144 p. - 13 €La ville a de gros besoins. Coupéede la nature, elle lui demande dela nourrir. La réponse actuelle estl’agriculture industrielle gérée parla politique agricole commune. Laconséquence de ce fonctionnementest la perte de lien avec la nourri-ture, mais également avec lesautres. François Plassard, ingé-nieur agricole et économiste, s’in-téresse depuis fort longtemps auxalternatives et propose de réfléchirà une nouvelle forme de sociétéplurielle et solidaire qui s’appuiesur la multiplication de ces expé-riences : les éco-hameaux, les sys-tèmes d’échanges locaux, les asso-ciations pour le maintien de l’agri-culture… Cette revitalisation desliens sociaux doit permettre debloquer le phénomène de la mon-dialisation macdonaldisée et derevenir à une société où la proxi-mité est une garantie contre lapauvreté et l’exclusion. Toutes cesinitiatives ont un point commun :remettre l’argent au niveau d’unmoyen et non d’une finalité, ce quiest permis par le choix du statutassociatif. Plein d’idées intéres-santes, mais avec des variationsdans le niveau de lecture qui gèneparfois la lecture. FV.

BANDES DESSINÉES

Le tempéramentde MarilouJean-Claude ServaisEd. Repérages/Dupuis2003 - 48 p. - 9,50 €Les histoires de Jean-ClaudeServais sont pleines de joliesfemmes aux moeurs légères et de

forêts enchantées. On se laisseemporter sous son trait agréablequi rend à la perfection lesambiances de la forêt, avec sesombres et ses lumières, ses ani-maux et ses sorcières. Dans ceonzième tome de la série «Lamémoire des arbres», l’auteurnous propose une histoire demeurtre dans une auberge situéeà la frontière entre la Belgique etla France. Un moment de rêvebien agréable. MB.

Le village quis’amenuiseCorbeyran et BalezEd. Dargaud2004 - 64 p. - 13 €Dans un village, les gens en vien-nent à s’engueuler parce qu’ilssuspectent que l’autre lui prenddu terrain. Mais en fait, c’est l’en-

semble du village qui rétrécit,obligeant à une réorganisationsociale. La promiscuité provoquedes situations fort drôles.L’intrigue est savoureuse, entreabsurde et réalisme, même si lachute n’est pas très originale. MB.

E N F A N T S L’agneau quine voulait pas être unmoutonDidier Jean et ZadEd. Syros Jeunesse2003 - 32 p. - 13 €Dès sept ans. Belle transpositiondu célèbre poème «Quand ils sont

venus chercher les juifs, je n’airien dit car je n’étais pas juif…»mais avec une histoire de loupqui vient prélever les moutons lesplus faibles. Va-t-on se laissermanger comme des moutons ?Un agneau prône la révolte…avec succès. FV.

Manger, quelle histoire !Marie-Ange Le RochaisEd. Ecole des loisirs2003 - 48 p. - 12,50 €

Présentation des différents ali-ments : viandes, poissons, lait,légumes, fruits, céréales, pains,épices et aromates, sucreries… etde débats autour de l’alimenta-tion : les interdits d’ici etd’ailleurs, la conservation, l’obési-té et la famine, l’agricultureintensive ou biologique, le com-merce équitable. Les textesseraient parfaits si dans les illus-trations on ne voyait, jusque surla couverture, des marques d’ali-ments. FV.

V I D E O SLa maison des fous

Andréi KonchalovskyDistributeurHachette Première2001 - 1h49 1996, la première guerreen Tchétchénie fait ragejusque dans cet hôpitalpsychiatrique. C’est unbeau film autant dans laforme que dans le fond.L’œuvre n’est pas partisane ; et ce n’est pas facile devant l’incroyableviolence de la soldatesque russe, face au cynisme froid des autorités auKremlin et à l’hypocrisie toute intéressée des pays démocratiques. C’estune prouesse même quand on essaie de mesurer, de toucher le silencetragique, la noble détresse et la quasi-solitude de ce peuple tchétchènebafoué depuis des décennies, acculé à la violence, calomnié et traitécomme un chien, ignoré à la porte des palais des droits de l’homme,sacrifié pour 40% de notre gaz et 16% de notre pétrole… «Si néces-saire, nous buterons les Tchétchènes jusque dans les chiottes» (VladimirPoutine, septembre 1999), voilà ce à quoi semble répondre cette œuvre.Le génocide hurle à nos portes. Alors dans la nuit bleutée, nous suivonsles rails d’un train, fantôme de ceux qui transportèrent les zeks du gou-lag ou les déportés du nazisme. Un train de mille lumières, de rêve etde beautés qui passent près de la maison des fous et qui ne s’arrêtepas, qui va on ne sait où. Un train chargé de chars, monstre roulant detonnes de fer, grondant de feu et de mort. Est-ce le même ? Qui estfou ? Où est la folie ? Elle passe sous les fenêtres de l’hôpital, dans lesyeux des hommes et des femmes, elle salit l’humanité que tous conser-vent, elle donne l’universelle fraternité aux loups… Et c’est la guerre.Qui se fait presque malgré tout le monde. Et pourtant la guerre ne salitpas tout, n’arrive jamais à jeter l’amour, l’amitié et les rêves à la boue,dans la fange. «La maison des fous» est un film bouleversant ; magnifi-quement juste, c’est un jalon pour la conscience humaniste, un kern surle sentier de l’espoir déchiré et barré au loin par la barbarie. Uneœuvre qui ouvre notre cœur et nos yeux.Il ne va pas sans dire qu’une telle création rend certainement difficile àl’auteur russe de trouver des fonds pour de nouvelles créations mais enrevanche il trouvera là une large audience et une sincère reconnaissan-ce. Il glane les prix : Grand prix du jury à la 59e Mostra de cinéma deVenise 2002, prix UNICEF, prix pour la Paix décerné par l’associationitalienne « Cinema Avvenire ».Si le film ne le précise pas, il est possible d’agir en aidant le convoi syndi-cal, créé par différentes organisations et des membres de la société civile,qui achemine de l’aide à long terme en Tchétchénie : Convoi syndical c/oSUD-PTT, 23, rue de la Mare, 75020 Paris, tél : 01 44 62 12 88.Mahlen.

Livres

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N° de commission paritaire : 64946N°ISSN 0756-2640Date de parution : 2er trimestre 2004Tirage : 7 000 ex

Editeur : Association SilencePrésident : Xavier SérédineVice-président : Jacques CaclinTrésorière : Myriam CognardSecrétaire : Suzanne VignalAdministrateurs : Madeleine Nutchey,Patrice Farine.

RÉALISATION DE LA REVUEDirectrice de publication :Madeleine Nutchey Secrétaires de rédaction :Michel Bernard et Michel Jarru Gestion et abonnements : Michel JarruCommunication et documentation :Alexandre Esteban Maquette et publicité : Vincent Cheynet Stands, salons et fêtes : DorothéeFessler Rédaction :Michel Bernard, AlexandreEsteban, Dorothée Fessler, Alain-ClaudeGaltié, René Hamm, Catherine Lefrançois,Madeleine Nutchey, Jocelyn Peyret, SylvianePoulenard, Mimmo Pucciarelli, Francis Vergier Conseillers scientifiques : Roger Bernard,Richard Grantham, Jacques Grinevald,Henri Persat, André Picot Dessinateurs : Altho, Lasserpe, Mahlen Correcteurs : Raymond Vignal, FrançoiseWeité Expédi tion : Christiane Bessenay, MélanieCombes, Claude Crotet, Christian David,Olivier David, Marguerite Descamps, PaulGarde, Dolores Gracia, Cécile Imbert,Céline Kerdat, Vincent Martin, PauletteMazoyer, Patricia Michel, Sylviane Michel,Mélissa Nayral, Reine Rosset, BertrandRoussel, Myriam Travostino.Ont participé à ce numéro : ArnaudApoteker, Christian Berdit, Jean-PierreBerlan, Bernard Gilet, François Giot,Thomas Plassard, Jacques Testard.

Numéros régionaux n 218 Alsace Fessenheim. Projet Alter Alsace. Lutterbach.Imagination au pouvoir. Alsace Nature. Steiner.Bilinguisme . . . . . . . . . . . . . . . . . 3,8 €

n 272-273 Rhône Croix-Rousse. La Duende. Le Bastringue.Cabiria. La Gryphe. Bioclima tique. RéseauSanté. Radio-Canut. Hommes violents . 6 €

n 285-286 Isère Superphénix. Moulin Guitare. 400 couverts.MNEI. Jardin alpin. Lo Parvi. P’tit vélo. Terrevivante. Encre Rage . . . . . . . . . . . . . 6 €

n 291-292 AquitaineTerre de Jor. Champ d’action. Démos. Iskatola.Abbadia. Nola-Nohika. Maison des femmes.Azimuts. Boussac. Utopia. . . . . . . . . . 6 €

n 298-299 Franche-Comté Cirque Plume. Eau secours ! TGV. Jardins deCocagne. La Fraternelle. La Batailleuse.Biolopin. Spirale. Pochon magique. MaisonVoisine. Convivialité . . . . . . . . . . . . . 6 €

n 305-306 Bouches-du-Rhône etVaucluse Cours Julien. Loubatas. Ecoforum. Jardins del’Espérance. Ilotopie. Mille babords, Ballonrouge. CIRA. Longo Maï. GERES. Graines devie. Pic Noir . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 €

Autres numéros n 242 Eaux et pollution de nos WC La Cravirola. Palestine. Ecologie en Chine. . . . 3,8 €

n 254 Ecopsychologie Femmes militairement incorrectes. Seattle.Roses venues du Sud . . . . . . . . . . . 3,8 €

n 258 Parcs naturels ou peuples indigènes Les gros dans la communication. L’effet Bové.On ne naît pas tueur . . . . . . . . . . . 3,8 €

n 262 Quelle démocratie ? Climat et négociations. Maison de papier.McDo écolo. Médias différents . . . . . 3,8 €

n 264 Technologies et solitudeCompagnonnage alternatif. Démocratie.Décharge ou incinérateur . . . . . . . . 3,8 €

n 267 Ecologie, où sont les jeunes ?Forces et faiblesses de la bio. Téléphone por-table. Démogestion. . . . . . . . . . . . . 3,8 €

n 269 Déchets nucléaires à Bure Un autre monde est possible. Développementdurable ou croissance infinie. . . . . . . 3,8 €

n 271 Inégalités dans les SEL ?Politique : naïf, conciliateur, rebelle. BP au Tibet 3,8 €

n 274 Habitat convivial aux USA Bure, enjeu international. La bio au secours del’eau. René Dumont . . . . . . . . . . . . . 4 €

n 277 Land-Art et écologie Noël Mamère. Après 11 septembre. Camionset montagnes. Déchets et industrie . . . . 4 €

n 280 La décroissance (tiré à part)Décroissance soutenable. L’Effet rebond.Pierre Rabhi . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 €

n 282 Ecovillages: rêve ou réalité ?Nucléaire : loi du silence. Danger du cadmium . . 4 €

n 283 Déroutes du voyage Refaire le monde, mais où ? La nourriture, ceproduit manufacturé ? Eoliennes . . . . . 4 €

n 284 Jeûner et sortie du nucléaire

Développement : de la pauvreté à la misère.

Ecovillages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 €

n 289 Un monde écolo possible ? Croissance des associations. Sud et pesticides.

Mauvais garçons . . . . . . . . . . . . . . . 4 €

n 290 Ne pas oublier le trainService public et gratuité. Micro-hydraulique.

Cosmétiques pseudo-naturels. . . . . . . . 4 €

n 294 Enfance en collectif Prostitution. Trucs bioclimatiques . . . . . 4 €

n 300 Nos lecteurs ont du talent 40 pages réalisées par les lecteurs… . . 4 €

n 301 La face cachée des vaccinsCommunauté ? Eoliennes. Indépendance de la

Nef . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 €n 304 Toujours sexistes ? Société de frugalité. Auto-déstructuration.

Nucléaire : secret défense. . . . . . . . . . 4 €

n 307 Ecocités Carole Poliquin. Féminisme. Grands corps

d’Etat. Entraide . . . . . . . . . . . . . . . . 4 €

n 308 Tous droguésOGM. Contre un nouveau programme nucléai-

re. Dérèglements politiques . . . . . . . . . 4 €

n 309 Objectif NégawattCrise du pétrole. Armée et nucléaire. Dévaleur

d’Illich. Cinéma . . . . . . . . . . . . . . . . 4 €

n 310 Nature politique de l’écologieAgribio et circuits courts. Les trois SEL de la

vie. Le jeûne de Louis lecoin . . . . . . . . 4 €

Silence diffuse une cinquantained’ouvrages par correspondance.Envoi du catalogue contre une enveloppe timbrée.

Page 48: N°311 Juin OGM Violence marchandeCette année, la rencontre se tiendra en Bretagne, dans la forêt de Brocéliande (chez Alexandre Robert, La Guette-en-Beauvais, 35380 Raimpont, tél

Le diamant raye toutes les matières.Il peut même rayer un peuple de la surface de la terre.

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www.survival-international.org

Au Botswana, les Bushmen du Kalahari sont menacés de disparition par la découverted’importants gisements de diamants sur leurs territoires ancestraux. Expulsés de leursterres, les Bushmen sont regroupés dans des camps où règnent alcoolisme, misère etvirus du sida. Leur seul espoir de survie en tant que peuple est de pouvoir retourner libre-ment sur leur terre. Pour les soutenir, contactez Survival, organisation mondiale de sou-tien aux peuples indigènes, 45 rue du Faubourg du Temple, 75010 Paris. Tel. 01 42 41 47 62

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