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Les relatives en japonais Naoko KOMORI (Sorbonne Université) En japonais, les propositions subordonnées sont introduites par un subordonnant, mais les relatives se construisent d’une manière différente des autres subordonnées. En premier lieu, elles sont exprimées sans unité spéciale (forme verbale spéciale, pronom relatif ou connecteur spécifique). En second lieu, le prédicat secondaire dans la relative détermine directement le nom à la forme finie, comme s’il était le prédicat principal. Ce qui distingue la relative, c’est la place de la proposition en tant que déterminant, et l’absence d’un actant du prédicat secondaire avec sa fonction, comme le montrent les exemples suivants : tegami « lettre » de la phrase (1) est relativisé, et il devient le sujet du prédicat principal dans la phrase (2) : (1) otoko ga onna ni tegami o kai-ta. homme SUJ femme DES lettre OBJ écrire-ACC « L’homme a écrit une lettre à la femme. » (2) otoko ga onna ni kai-ta tegami ga kie-ta. homme SUJ femme BEN écrire-ACC lettre SUJ disparaître-ACC « La lettre que l’homme a écrit à la femme a disparu. » Il est possible de relativiser divers actants (sujet, objet direct/indirect, compléments circonstanciels (lieu/temps), complément de nom) de la même manière. C’est la seule construction pour déterminer un nom par l’unité prédicative en japonais. En effet, les propositions complétives ont également la même structure, mais à la différence des relatives, il n’y a pas d’absence d’actant dans la proposition avec celles-ci. RÉFÉRENCES : GIVON Talmy, 1984-1987, Syntax : A functional-typological Introduction I-II, Amsterdam, Benjamins SHIMAMORI Reïko, 2011, Grammaire japonaise systématique, Paris, J. Maisonneuve Kokuritsu kokugo kenkyūjo [Laboratoire nationale de la langue nationale], KOTONOHA Shōnagon (Gendai nihongo kaki-kotoba kinkō corpus [Corpus général de la langue japonaise moderne])

Naoko KOMORI (Sorbonne Université)lacito.vjf.cnrs.fr/images/images_une/JourneeDoctorantsLacito2018... · Est (dans le Liaoning) de la Chine en 2016. En abordant les phénomènes

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  • Les relatives en japonais

    Naoko KOMORI (Sorbonne Université)

    En japonais, les propositions subordonnées sont introduites par un subordonnant, mais

    les relatives se construisent d’une manière différente des autres subordonnées.

    En premier lieu, elles sont exprimées sans unité spéciale (forme verbale spéciale, pronom

    relatif ou connecteur spécifique).

    En second lieu, le prédicat secondaire dans la relative détermine directement le nom à la

    forme finie, comme s’il était le prédicat principal. Ce qui distingue la relative, c’est la place de

    la proposition en tant que déterminant, et l’absence d’un actant du prédicat secondaire avec

    sa fonction, comme le montrent les exemples suivants : tegami « lettre » de la phrase (1) est

    relativisé, et il devient le sujet du prédicat principal dans la phrase (2) :

    (1) otoko ga onna ni tegami o kai-ta.

    homme SUJ femme DES lettre OBJ écrire-ACC

    « L’homme a écrit une lettre à la femme. »

    (2) otoko ga onna ni kai-ta tegami ga kie-ta.

    homme SUJ femme BEN écrire-ACC lettre SUJ disparaître-ACC

    « La lettre que l’homme a écrit à la femme a disparu. »

    Il est possible de relativiser divers actants (sujet, objet direct/indirect, compléments

    circonstanciels (lieu/temps), complément de nom) de la même manière.

    C’est la seule construction pour déterminer un nom par l’unité prédicative en japonais. En

    effet, les propositions complétives ont également la même structure, mais à la différence des

    relatives, il n’y a pas d’absence d’actant dans la proposition avec celles-ci.

    RÉFÉRENCES :

    GIVON Talmy, 1984-1987, Syntax : A functional-typological Introduction I-II, Amsterdam, Benjamins

    SHIMAMORI Reïko, 2011, Grammaire japonaise systématique, Paris, J. Maisonneuve

    Kokuritsu kokugo kenkyūjo [Laboratoire nationale de la langue nationale], KOTONOHA Shōnagon (Gendai

    nihongo kaki-kotoba kinkō corpus [Corpus général de la langue japonaise moderne])

  • Analyse phonologique comparative entre le mandarin du Nord-Est (parlé dans le

    Liaoning) et le mandarin standard

    Song TAN (Sorbonne Université)

    Le mandarin parlé dans la région du Nord-est de la Chine, souvent considéré, au niveau

    phonologique, comme le plus proche du mandarin standard (MS) par rapport aux autres

    dialectes chinois, est souvent « ignoré » par les sinologues. En réalité, de par sa localisation

    et son histoire, cette région, également appelée « Mandchourie », a été témoin de nombreux

    mouvements historiques et a, pendant des siècles, accueilli plusieurs communautés telles que

    les han, les mongols, les mandchous ou encore les japonais. La langue traditionnellement

    associée à cette région est considérée comme une variante du mandarin, mais connaît

    néanmoins de nombreux traits phonologiques qui lui sont propres.

    Cet exposé portera sur le mandarin du Nord-Est (MdNE) parlé dans le Liaoning. Une

    analyse phonologique du MdNE sera présentée en le comparant au MS pour mettre en

    lumière ses particularités. Cette analyse se déclinera en trois parties avec une approche

    synchronique et diachronique :

    1) Le système consonantique d’une part, où deux questions seront abordées : le phonème /ʐ/

    du MS, qui n’est pas un phonème en MdNE, et la répartition particulière de /tʂ/ /tʂh/ /ʂ/ et

    /ts/ /tsh/ /s/. Cette répartition est-elle en lien avec d’autres variétés du mandarin en contact ?

    2) Le système vocalique d’autre part, où, en MS, [o] et [ɤ] variantes du phonème /e/

    apparaissent en contexte CV tandis qu’en MdNE, seule [ɤ] est possible ;

    3) Les tons, enfin. Un groupe des monosyllabes réalisés au Ton1 en MS sont réalisés au Ton2

    en MdNE, et une étude diachronique sur la l’évolution tonale sera apportée.

    La plupart des données présentées sont issues du terrain effectué avec 中国语保工程-

    辽, le Programme de sauvegarde des dialectes chinois qui s’est déroulé dans la région du Nord-

    Est (dans le Liaoning) de la Chine en 2016. En abordant les phénomènes phonologiques du

    mandarin du Nord-Est, cette présentation tentera de détailler ces grandes particularités

    susceptibles d’alimenter une base de données publique.

  • Description du système tonal du tai lü en synchronie dynamique

    Juan LI

    Doctorante en linguistique

    Faculté des Lettres de Sorbonne Université - LaCiTO

    [email protected]

    Le tai lü est une langue parlée en Asie du Sud-Est, principalement dans la

    province chinoise du Yunnan (sud-ouest de la Chine), où son statut est l’une des

    langues officielles de la préfecture autonome Dai du Xishuangbanna.

    Comme la majorité des langues de la famille tai-kadai, le tai lü est une langue

    tonale. Se basant sur un corpus collecté en 2017 et 2018 (sur une période totale de

    cinq mois) dans la ville-district de Jinghong (Xishuangbanna), le présent travail

    tente de décrire et d’analyser le système tonal du tai lü en synchronie dynamique,

    et ainsi de fournir un aperçu sur quelques tendances évolutives notables de ce

    système tonal.

    Plus précisément, il s’agit de montrer l’interaction non seulement entre

    tonologie et morphologie, mais aussi entre tonologie et syntaxe – phénomènes qui

    nous conduisent à poser une hypothèse sur la formation des tons flottants [35] et

    [55] en tai lü.

  • La production et la perception des phonèmes occlusifs du Wu

    Le cas de la variété Suzhou et Ningbo

    Ning WANG (Sorbonne Université)

    Selon l’explication diachronique, le chinois (à la fin de la dynastie de Tang) a subi un changement

    tonal (tone split) (Hagège, 1978 : 75), partagé par toutes les langues du Sud-Est asiatique. Ainsi, dès

    lors qu’une voyelle suit une consonne sourde, le ton est de registre haut, Inversement, lorsqu’une

    voyelle suit une consonne sonore, son registre tonal est bas. En wu contemporain, langue proche du

    mandarin parlée en Chine du Sud Est, les études précédentes ont montré que la plupart de ses variétés

    comme celui de Shanghai et celui de Suzhou ont perdu les consonnes voisées à l’initiale alors que le

    contraste entre les registres haut et bas s’est maintenu. Par ailleurs, il a été montré que la réalisation

    d’une voyelle tonale était accompagnée d’une perception de voisement due à la voix soufflée. C’est

    également le cas chez les jeunes locuteurs coréens de Séoul (Abramson et al., 2017). Il apparaît que

    cette production particulière de voix soufflée est susceptible d’être générationnelle (Gao, 2015). Selon

    de différents modèles comme Speech Learning Model de Flege (1995) et Perceptual Assimilation Model

    de Best et al. (1995), ces réalisations voisées et soufflée dans la langue wu faciliteraient-elles donc

    l’acquisition du voisement du français pour les locuteurs par rapport à leur homologue non-wu ?

    Le but de cette communication est de chercher à déterminer au niveau de la production si

    effectivement les facteurs externes tels que le sexe et la différence générationnelle amènent la voix

    soufflée à se réaliser différemment ou si cette évolution est seulement due à des facteurs internes. Au

    niveau de la perception, si la réalisation voisée intervocalique favorise l’acquisition du français des

    locuteurs wu.

    Bibliographie :

    Abramson, A.S., Whalen, D.H., 2017, Voice Onset Time (VOT) at 50: Theoretical and practical issues in

    measuring voicing distinctions. Journal of Phonetics. 63, pp. 75-86.

    Best, Catherine T. 1995. A Direct Realist View of Cross-Language Speech Perception. Speech Perception and

    Linguistic Experience: Issues in Cross-language Speech Research, ed. Winifred Strange, 171-203.

    Timonium, MD: York.

    Gao, J., 2015, Interdependence between Tones, Segments and Phonation types in Shanghai Chinese--acoustics,

    articulation, perception and evolution. Thèse en phonétique pour le grade de Docteur. Paris. Université

    Paris Nouvelle Sorbonne.

    Cao, Jianfen. 1987. An exploration of phonation types in Wu Dialects of Chinese. UCLA Working Papers in

    Phonetics, 1987(72), Journal of Phonetics 1992, Vol.20: 79-92.

    Chao, Y., 1928, Xiandai wuyu de yanjiu [L’étude du dialecte Wu contemporain]. Beijing. Shangwu Yinshuguan [The

    commercial Press].

    Flege, James E. 1995. Second language speech learning: Theory, findings and problems. Speech Perception and

    Linguistic Experience: Issues in Cross-language Speech Research, ed. Winifred Strange, 233-272.

    Timonium, MD: York.

    Hagège, C., & Haudricourt, A.-G. (1978). La Phonologie Panchronique. Paris: Presses de l'université Paris-

    Sorbonne.

  • Phonologie comparée des langues arawá

    Yann LE MOULLEC (INALCO)

    Au moins cinq langues arawá sont encore aujourd’hui parlées au Nord-Ouest du Brésil

    et par-delà la frontière péruvienne. Quatre des cinq langues ont été décrites en détail (le

    paumarí dans Chapman & Derbyshire 1991, le jarawara dans Dixon 2004, le kulina dans Dienst

    2014, enfin le deni dans Carvalho 2013). Reste à rattraper le retard pris dans la description du

    zuruahá, dont on ne connaît que la phonologie par les travaux de missionnaires (Suzuki 1997).

    Or les Zuruahá, qui ne sont que 154, se sont déjà vu causer du tort par l’État, l’Église et l’Écran

    (web et télévision), avant même qu’une grammaire, un dictionnaire, ou ne serait-ce qu’un

    texte oral dans leur langue ait été publié. La description du zuruahá suppose une enquête de

    terrain pour collecter les données linguistiques indispensables à tout mon travail de thèse.

    Deux questions se posent : à quelles données m’attendre et comment les collecter ? Je

    donne un début de réponse à la première des deux, en me bornant à la phonologie, car ce

    sera le premier stade de mon enquête sur le terrain. Je commence ma réponse en comparant

    les langues arawá les unes avec les autres, afin de dégager de leur diversité les structures

    phonologiques typiques de la famille. Puis je compare le type obtenu, c’est-à-dire le type

    arawá, aux généralisations de la typologie, dont il pourrait n’être qu’un exemplaire. J’ajoute

    enfin quelques notes historiques, indécises, à l’instar des problèmes de phonologie

    diachronique à résoudre.

    RÉFÉRENCES de CARVALHO Mateus

    2013 Análise fonológica da língua Deni (Arawá), Araraquara, Universidade Estudual Paulista (mémoire)

    2017 Estudo morfossintático da língua Deni (Arawá), Araraquara, Universidade Estadual Paulista

    (thèse)

    CHAPMAN Shirley & DERBYSHIRE Desmond

    1991 « Paumarí », in DERBYSHIRE Desmond & PULLUM Geoffrey (dir.), Handbook of Amazonian

    Languages, Berlin, Walter de Gruyter, vol. 3, p. 161‑352

    DIENST Stefan

    2014 A Grammar of Kulina, Berlin, Walter de Gruyter

    DIXON Robert

    2004 The Jarawara Language of Southern Amazonia, Oxford, Oxford University Press SUZUKI Edson

    1997 Fonética e fonologia do Suruwahá, Campinas, Universidade Estadual de Campinas

    (mémoire)

  • La devinette au Maroc : autour du tissage

    Fatima ISSAEINE (Sorbonne Université)

    Ma communication portera sur l’analyse ethnolinguistique d’un type spécifique de

    littérature orale : les devinettes en arabe marocain. Elles représentent un divertissement

    langagier où chacun peut faire preuve de sagesse ou d’humour, et qui ne se pratique presque

    plus dans le pays. Cette déperdition est remarquable puisqu’on se rend compte que les

    enfants et même quelques jeunes ignorent jusqu’à la désignation de ce genre littéraire.

    Seules quelques personnes âgées ont encore en mémoire des collections de devinettes qui

    ont animé autrefois d’agréables soirées.

    J’ai choisi d’extraire de mon corpus de 700 devinettes provenant de toutes les régions

    du Maroc, une dizaine d'entre elles qui ont toutes pour objet l’art du tissage et les activités qui

    lui sont liées. A travers l’analyse de ces devinettes, on découvrira quelques objets

    traditionnels utilisés pour ce travail, ainsi que quelques processus préalables et

    indispensables à la pratique du tissage. L’analyse linguistique des devinettes portera sur les

    indices et les figures de style permettant de guider l’auditoire vers la solution.

    Bibliographie

    ATMANI, Latifa, 2001, La devinette : une pratique sociale étude linguistique, thèse non publiée.

    BYNON, James, 1963, Recherches sur le vocabulaire du tissage en Afrique du nord, sous la direction de

    L.GALANG, thèse non publiée.

    BELHOUCINE, Malika, 1993, La devinette d’Oujda (Maroc) : une problématique ludique, didactique, poétique,

    thèse non publiée

    BENSALAH, Yamina, 1991, Approche rythmique de quelques devinettes D’ED-DIS et de KHERMAN (Bousaada

    Algerie), in Matériaux arabes et sudarabiques, série n°3 p 229-263

    CALAME GRIAULE, Geneviève, 1970, Pour une étude ethnolinguistique de la littérature orale,

    inLangages n°18, Larousse p 22-47

    CAUBET, Dominique, 1992, Enigmes marocaines de la région de Fès : éléments d’analyse d’une séance, in

    Matériaux arabes et sudarabiques, p 165-196

    PEYRON, AZDOUD, D., 1995, Devinette, in Daphnitae-Djado, n° 15, Aix en Provence, Edisud

    ROTH, Arlette, 1995, La particule y comme opérateur stylistique dans quelques énigmes arabes maghrébines,

    « Journal.fi » p 217-227

    ZAGNOLLI, Nello, 1995, Décrypter les énigmes, Littérature orale arabo-berbère, p 113-144

  • La définitude du syntagme nominal de BA en mandarin contemporain

    Hanzhu CHEN (Sorbonne Université)

    Notre présentation portera sur l’étude syntaxique avec une perspective typologique

    des constructions qui participent à l'identification des référents dans des langues comme le

    chinois et le français.

    La définitude que marque bǎ dans un syntagme nominal a particulièrement retenu

    notre attention. On dit généralement que l’emploi de la construction en bǎ implique un

    objet défini. Faute de marque morphologique du défini en chinois, les élèves français ont

    recourt à la traduction dans leur langue pour vérifier la pertinence de l’emploi de bǎ. Durant

    notre recherche, nous constatons que bǎ ne définit pas nécessairement un nom. Un

    syntagme nominal indéfini peut être en effet accompagné de bǎ :

    (1) 我把几张钞票塞到司机手里。

    Wǒ bǎ jǐ zhāng chāopiao sāi dao sījī shǒu lǐ

    1sg BA quelques CL billet mettre arriver chauffeur main intérieur

    « J’ai mis quelques billets dans la main du chauffeur. »

    (Wang Shuo,Xiangpiren, 1986)

    (2) 我把个人打了。

    Wǒ Bǎ gè rén dǎ le.

    1sg BA CL homme frapper Pft

    « J'ai frappé un homme (particulier). »

    (Mullie, 1932, p. 180)

    Ce constat soulève les trois questions suivantes :

    (a) Quel est le champs d’application de bǎ employé comme marque de défini ?

    (b) Les syntagmes nominaux de la forme Yi(un) + Classificateur + Nom et Classificateur

    + Nom, qui s'interprètent généralement comme indéfinis en chinois, sont-ils

    compatibles avec la construction en bǎ ? Si oui, cette dernière peut-elle influencer

    les interprétations de ces syntagmes nominaux?

    (c) Qu'est-ce qui, en situation d’énonciation, autorise l’emploi de bǎ à valeur d’indéfini?

  • Les quasi-nominaux en minyanka

    COULIBALI Sékou (Université Sorbonne Nouvelle)

    Les termes d’“adverbes locatifs” et d’“adverbes temporels” sont souvent utilisés pour

    désigner tous les mots qui, respectivement, indiquent une localisation spatiale ou une

    indication temporelle. Or dans certaines langues comme le minyanka, un examen approfondi

    de la question montre que certains de ces mots répondent positivement à la majorité des

    critères syntaxiques de reconnaissance d’un nom. Ils s’accordent non seulement en classes et

    ont la même distribution qu’un nom (celle d’occuper la position de sujet ou celle d’occuper la

    position de déterminant dans une construction génitivale).

    Cette présentation visera à illustrer ces morphèmes locatifs ou temporels en minyanka

    qui ne peuvent être considérés d’emblée comme des adverbes.

    Il sera question, d’une part, des mots comme na ̰́ ʕa ̰́ ‘ici’, mɛ ̰́ ‘là’ et wá ‘là-bas’ que nous

    appellerons « quasi-nominaux locatifs ». D’autre part, il s’agira de se pencher sur des mots

    comme númɛ ̀ ‘maintenant’, níɲa ̰́ a ̰̀ ‘aujourd’hui’, táɲa ̰́ a ̰̀ ‘hier’, ɲìkɛ̰̀ ‘demain’, táɲɛ̰́ lɛ̰́ /niɲɛ̰́ lɛ̰́ ‘l’an

    passé/cette année’ et yɛ̰́ ʃɔ ̰̀ ɔ ̰̂ ‘récemment’ que nous appellerons « quasi-nominaux temporels ».

    Enfin seront exposés des énoncés ou des groupes postpositionnels qui se sont lexicalisés pour

    exprimer une valeur temporelle et qui ont aussi le statut de « quasi-nominaux ».

  • De la désignation des savoirs et savoir-faire au langage de la pêche chez les fang-ntumu et yoruba-ilajè au Gabon

    Cédric ONDO OBAME (INALCO)

    Cette présentation porte sur deux communautés de pêcheurs au Gabon parlant

    respectivement une langue à tradition orale.

    La première communauté, les Fang-ntumu se situe au Nord-Ouest de la province du Woleu

    Ntem, dans le Nord du Gabon. Elle pratique essentiellement une agriculture itinérante sur

    brulis et une pêche continentale villageoise. En dehors du français, la langue parlée dans cette

    zone est la langue fang à variante ntumu du groupe Bantou. C’est dans cette langue que sont

    exprimés les savoirs et savoir-faire de la pêche.

    Quant à la communauté yoruba-ilajè, elle regroupe les pêcheurs migrants nigérians venus

    s’installer sur la côte. Ils pratiquent la pêche maritime côtière à Libreville. En dehors du

    français et de l’anglais, ces communautés parlent le yoruba à variante ilajè du groupe Niger-

    Congo. C’est également leur langue de communication et de désignation des savoirs et

    savoir-faire en rapport avec leur pêche.

    L’objectif de leur comparaison est de déterminer les investissements techniques,

    linguistiques, socioculturels et halieutiques des pêches que ces deux communautés

    pratiquent respectivement au Gabon. Cela permettra ainsi d’appréhender l’ensemble des

    savoirs et savoir-faire investis de chaque côté. C’est également là un apport d’éléments de

    réponse aux problématiques d’usages du langage et des ressources marines en anthropologie

    maritime et linguistique.

    Dans le cadre de cette présentation, il s’agira de montrer que le langage (lexique) de la pêche

    se structure et s’utilise au sein de chacune de ces communautés de pêcheurs en fonction de

    leurs spécificités socioculturelles et surtout à travers les désignations des savoirs et savoir-

    faire de la pêche.

    Biblographie

    BAHUCHET Serge, Pauline RAMEAU (2016), « Quelques engins de pêche en eau douce d’Afrique

    centrale », Revue d’ethnoécologie [En ligne], 10 | 2016, mis en ligne le 31 décembre 2016,

    consulté le 04 avril 2017.

    BORNAND Sandra, Alice DEGORCE (2014) « Anthropologie des pratiques langagières. », Cahiers

    d’études africaines [En ligne], mis en ligne le 27 juin 2016, consulté le 13 novembre 2018. URL :

    http://journals.openedition.org/etudesafricaines/17755

    HOUIS Maurice (1971) Anthropologie linguistique de l'Afrique noire, Paris, PUF, 232p

    http://journals.openedition.org/etudesafricaines/17755