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Napoléon. La gloire et la honte

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L'Empereur est-il le créateur de la France moderne ou un conquérant anti-républicain ? Des journalistes et des historiens confrontent leurs points de vue dans ce dossier replaçant l'épopée napoléonienne dans son contexte historique.

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3napoléonjanvier-février 2014

avant-propos

Au tribunal de l’Histoire

Éric PincasRédacteur en chef adjoint

Deux siècles après sa chute,� Napoléon continue d’alimenter les débats les plus pas-sionnés. Entre fascination et détestation, les jugements – plus ou moins éclairés – sur la fi-gure impériale manquent souvent d’objectivité, pèchent par approximation. Voire anachro-nisme. L’ombre de l’Aigle plane inlassablement sur les esprits. Il suffit de passer en revue les

70 000 ouvrages écrits sur l’enfant d’Ajaccio et la centaine de films qu’il a inspirés pour mesurer la dimension universelle du person-nage. En France, depuis 1815, en fonction du contexte géopolitique, de la situation économique du pays et du climat social, l’opinion se montre versatile envers celui que d’aucuns considèrent exclusivement comme le sauveur de la Révolution et le créateur de la France mo-derne, quand d’autres ne voient qu’un tyran, un conquérant sangui-naire, esclavagiste et antirépublicain. Et encore, on passera sous silence les charges les plus violentes dont il est encore la cible…Alors, Napoléon, génie ou salaud ? Pour répondre à la question, il aurait été facile de tomber dans la caricature. Ni hagiographie ni brûlot, le dossier que vous allez découvrir est en tout point original. Car, pour la première fois, les historiens les plus éminents ont accepté de confronter leurs points de vue. Autant de plaidoiries et de réqui-sitoires brillants pour sceller le sort de Napoléon au regard de l’His-toire. Avec les pièces de l’instruction en main, il vous appartiendra de prononcer votre verdict. Avec ou sans circonstances atténuantes.

sommairen°15 janvier - février 2014

i découverte 94 céleste birmanie

par Victor Battaggion, Joëlle Chevé, Véronique Dumas et Robert Kassous

i la gloire 16 le dieu de la guerre

Comment le Petit Caporal est devenu l’un des plus grands stratèges et l’un des plus grands conquérants de l’Histoire, par Alain Pigeard

26 l’apôtre du mériteDe la Légion d’honneur à la noblesse d’Empire, il reconnaît et récompense tous les talents, par Thierry Lentz

32 le fondateur de l’état moderneEn le dotant d’institutions solides et durables, Napoléon fait entrer le pays dans une ère nouvelle, par Emmanuelle Papot

36 l’architecte du code civilSon plus précieux monument ne mesure que 12,5 cm de hauteur !� par Emmanuelle Papot

40 le sauveur de l’économieC’est d’un pays aux finances exsangues qu’il prend les commandes. Redressement, mode d’emploi, par Pierre Branda

46 le réconciliateur de l’église et de l’étatIl est l’artisan du rapprochement entre le sabre et le goupillon, qui culmine en 1801 avec la signature du Concordat, par Jacques-Olivier Boudon

52 le génie de la communicationIl forge, avec brio, un culte de la personnalité impériale, que les beaux-arts magnifieront, par Véronique Dumas

i la honte 60 le boucher

De 1803 à 1815, sa soif de conquête coûte la vie à un million de conscrits, par François Malye

66 le tyranSon pouvoir, acquis par les armes, ne cesse de se renforcer par un contrôle total de la population et des organes de communication, par Olivier Coquard

72 le menteur invétéréDès le début de sa carrière, Napoléon Bonaparte falsifie la vérité pour satisfaire ses vues. Une pratique encore courante sous l’Empire, par Serge Cosseron

74 esclavagiste sous influenceLe rétablissement de la servitude répond selon lui à des nécessités économi-ques, sans pour autant heurter sa sensibilité, par Aurélien Lignereux

80 le manipulateurSes largesses servent son autoritarisme, qu’il impose à sa famille, à ses sujets, à ses soldats, par Joëlle Chevé

86 le hors-la-loiCe grand réformateur de l’État n’hésite pas, quand le besoin s’en fait sentir, à contourner les institutions et à s’écarter de la légalité, par Pierre Branda

88 l’invité du spécialLe grand spécialiste Jean Tulard revient, avec le souci de la nuance, sur les deux facettes de l’illustre personnage, propos recueillis par Éric Pincas

110 mots fléchés

8 le saviez-vous ? 10 les dates clés 12 repérage

12 historia spécial

repérage

napoléon

grandeur et décadence. En 1811, Napoléon Ier, dont l’Empire s’étend sur 130 départements – contre 83 en 1796, sous le Directoire – impose sa loi à la plus grande partie du continent. Le congrès de Vienne, en 1815, scelle sa chute. Valse des frontières en trois temps.

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13napoléonjanvier-février 2014

15napoléonjanvier-février 2014

À défaut de tresser d’indiscutables lau-riers, la foule cosmopolite qui se presse sans répit devant le monumental « Sacre », de Louis David, au Louvre, témoigne de la fascination intacte qu’exerce le Petit Caporal devenu Empereur. De quoi est faite la rumeur qui enfle dans les rangs indisci-plinés des visiteurs ? Des éclairs de génie qui offrent la victoire ? De ces hommes nés sans titre devenus maréchaux ? Des institu-tions d’hier qui font la France d’aujourd’hui ? Sans doute un peu de tout cela, et d’autres bienfaits, magistralement mis en scène par l’intéressé lui-même…

la gloire

NapoléoN

59napoléonjanvier-février 2014

La liste des griefs est longue. Les torts difficiles à défendre. Comme cet art de la guerre qui, au fil d’incessantes campagnes, fait si peu de cas de la vie humaine. Comme le rétablissement de l’esclavage, cette abo-mination à laquelle la Révolution, en avance sur le monde, avait pourtant dit non. Même le Code civil, qui insiste sur « la suprématie du mari », n’est pas exempt de reproche. Enfin, si Napoléon divise, il le doit aussi au… bona-partisme – cette forme de gouvernement toute dédiée à sa personne et qui, selon l’his-torien Jean-Jacques Ampère, donne faveur au « despotisme et à l’aristocratie ».

la honte

napoléon

88

entretien

napoléon

Historia – avocat cHargé du dossier « NapoléoN, Héros ou salaud ? », quels seraieNt vos argumeNts de défeNse ?JeaN tulard – Napoléon est le créateur de la France moderne. Il a sauvé les conquêtes de la Révolution. Imaginez qu’il n’ait pas réussi son coup d’État, Louis XVIII aurait rétabli l’Ancien Régime et châtié les régicides. Avec le 18 Bru-maire, les acquis de la Révolution, comme le principe d’égalité, sont préservés. C’en est fini des droits féodaux et de l’absolutisme monar-chique. Sa dictature est de salut public. Alors, bien sûr, sous la pression des intérêts économi-ques et du Sénat, il rétablit l’esclavage en Gua-deloupe en 1802 pour que la situation soit la même qu’à la Martinique, restituée par les Anglais. Aujourd’hui, on crie au scandale, mais, à l’époque, cela ne choque personne car l’escla-vage est partout : tous les grands pays d’Europe possédant des colonies ont des esclaves, même chose aux États-Unis. Le servage a encore cours en Russie, les États barbaresques ont des escla-ves chrétiens… Rappelons qu’en 1815 Napo-léon abolit la traite, rendons-lui justice ! Je demande qu’on le juge dans le contexte de son époque. Décider, comme l’a fait un président de la République, de ne pas célébrer Austerlitz parce que Napoléon a rétabli l’esclavage, mais envoyer un porte-avions à la flotte anglaise pour fêter Trafalgar, c’est oublier que les Anglais n’avaient pas aboli l’esclavage !

H – À l’iNverse, quels élémeNts À cHarge retieNdriez-vous coNtre lui ?J. t. – Entre 1803 et 1815, les guerres ont été un engrenage dû à une erreur de sa part. Les privations imposées par le Blocus continental et les annexions menées par Napoléon ont fini

par se retourner contre la France. Il a manipulé l’Europe sans le consentement des peuples ! C’est d’autant plus absurde qu’il était passé maître dans l’art du référendum grâce à une communication excellente. Alors pourquoi n’a-t-il pas appliqué ce principe à l’Espagne, au duché d’Oldenbourg ou aux autres pays annexés ? Son esprit de conquête lui a terrible-ment nui, avec son cortège de morts, qui le laissait assez indifférent. Son autre grande faute est de n’avoir pas constitué une marine. Il a perdu contre l’Angleterre à cause de cela.

H – quelle est votre coNvictioN iNtime sur l’Homme d’état ?J. t. – Il est remarquable ! À l’image de ses inter-ventions au Conseil d’État. C’est un homme qui a une vraie pensée politique, qui sait l’appli-quer, mais qui finit par être trop sûr de lui et n’écoute plus les conseils qu’on lui donne.

H – eN mars derNier, uNe eNquête exclu-sive d’Historia le plaçait eN tête des persoNNages importaNts de l’Histoire de fraNce. À quoi tieNt cette fasciNatioN ? J. t. – C’est quelqu’un qui part de rien et finit… rien ! Comme Prométhée sur son rocher. Son-gez que cet homme qui couche notamment à Potsdam chez Frédéric II, à Schönbrunn chez les Habsbourg se retrouve exilé à Long wood…

Le grand spécialiste de l’empereur, auteur d’une vingtaine d’ouvrages sur le sujet, revient sur l’épopée de l’illustre personnage avec le souci d’un certain équilibre.

Jean tuLardL’invité du spéciaL

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89napoléon

Propos recueillis par Éric Pincas

Avouez que c’est un destin extra ordinaire. Là réside son génie : transformer ses défaites en victoires ! Le Mémorial de Sainte-Hélène est un chef-d’œuvre absolu de propagande, dont je retiendrai une phrase : « Le martyre me dépouille de ma peau de tyran. Si Jésus n’était pas mort sur la Croix, il ne serait pas Dieu. »

H – comment est-il perçu Hors de france ?J. t. – Il reste un personnage universel parce que ses guerres ont eu des conséquences dans le monde entier. Son intervention en Espagne et au Portugal a favorisé en Amérique du Sud l’indépendance des colonies espagnoles et du Brésil ; la guerre franco-anglaise sur l’Atlanti-que a eu des répercussions sur le commerce des États-Unis. Au Japon, un parallèle s’est développé entre l’impérialisme japonais et l’im-périalisme napoléonien, car les Japonais sont convaincus que les conquérants viennent tou-jours d’une île. L’Allemagne et surtout l’Italie considèrent qu’il a été le premier artisan de leur unification. En Europe, l’Espagne est le seul pays où il y a de fortes réticences. En Rus-sie, il rencontre un triomphe absolu.

H – occupe-t-il une place suffisante dans les programmes scolaires ?J. t. – Non, il est souvent réduit à un sujet à option. Or, vous ne pouvez pas comprendre la France d’aujourd’hui si vous ignorez les origi-nes de nos institutions. Si on supprime Napo-léon, il n’y aura plus de chauffeurs de taxi ! Combien de rues de Paris portent le nom de batailles napoléoniennes ou de maréchaux d’Empire… Un jour, les gens passeront devant l’arc de Triomphe sans savoir ce que c’est…

H – ce que vous admirez et détestez le plus cHez lui ?J. t. – J’insiste sur le Mémorial de Sainte-Hélène, une œuvre géniale de propagande. Rien ne manque : la gloire militaire, le martyre, le mes-sage révolutionnaire. Sans cette œuvre, Napo-léon serait resté Attila ou Néron ! Je n’aime pas son rapport aux femmes, car je le trouve mal élevé. Je vais vous faire un aveu : dans l’histoire napoléonienne, ce sont les deux vieux traîtres, Fouché et Talleyrand, qui me fascinent ! J’adore leur génie de l’intrigue… Sans eux, je me serais peut-être moins intéressé à lui. L

Jean Tulard

« Rien ne man-que dans le Mémorial de Sainte-Hélène : la

gloire militaire, le martyre, le

message révolu-tionnaire. Sans cette œuvre,

Napoléon serait resté Attila ou Néron »

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