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S’AFFRANCHIR DE LA HONTE JOHN BRADSHAW

S’AFFRANCHIR DE LA HONTE - Sogides

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L orsqu’elle est passagère, la honte peut être une source d’apprentissage, un guide utile pour établir ses propres

limites. Mais lorsqu’elle s’enracine et devient permanente, elle mène inévitablement à une coupure d’avec soi. De cette rupture naissent les sentiments de vide intérieur, de vulnérabilité et d’impuissance. Ce livre propose une méthode effi cace pour reprogrammer vos émotions et éradiquer ce sentiment destruc-teur qui vous prive de votre droit d’être aimé ou de simplement faire des erreurs. En vous libérant de la honte toxique, vous vous autoriserez à vivre des relations saines, à prendre des décisions éclairées et à laisser libre cours à votre créativité. Vous découvri-rez alors un sentiment nouveau, empreint de paix et de confi ance : celui de faire un avec vous-même et le monde qui vous entoure.

John Bradshaw a obtenu trois diplômes de l’Université de Toronto. Psycho-thérapeute, théologien, conseiller en gestion et conférencier, il est l’auteur de plusieurs best-sellers. Il a aussi animé diverses émissions à la télévision américaine.

ISBN 978-2-7619-3870-9

22.5mm

S’AFFRANCHIRDE LA HONTE

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Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

Première partie : Le problème

Chapitre premier – Les multiples visages de la honte . . . . . . . . . . . . . . . 17

Chapitre deux – Les origines de la honte toxique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49

Chapitre trois – Les cachettes de la honte toxique . . . . . . . . . . . . . . . . 123

Deuxième partie : La solution

Introduction – Le processus d’extériorisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193

Parabole – Le prisonnier et la caverne obscure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197

Chapitre quatre – Pour en finir avec la dissimulation et l’isolement . . 199

Chapitre cinq – Les douze étapes qui assainissent la honte toxique . . 207

Chapitre six – Libérez votre enfant intérieur oublié . . . . . . . . . . . . . . . . 221

Chapitre sept – Intégrez les parties de vous-même que

vous avez reniées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 237

T a b l e d e s m a t i è r e s

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Chapitre huit – Aimez-vous vous-même . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 259

Chapitre neuf – Guérissez vos souvenirs et changez

votre image de soi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 275

Chapitre dix – Affrontez et changez vos voix intérieures . . . . . . . . . . . 299

Chapitre onze – Composez avec la honte toxique

dans vos relations interpersonnelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 333

Chapitre douze – Le réveil spirituel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 357

Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 387

Annexe : Note aux psychothérapeutes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 389

Lectures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 395

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Et ils ne connais saient pas la hon te.

GE NÈSE

Voi là dix ans, j’ai fait une de ces dé cou ver tes choc sus cep ti bles detout chan ger de ma niè re no ta ble. J’ai iden ti fié le dé mon qui lo geait aucœur de ma vie: la hon te. En nom mant la hon te, je suis de ve nu cons -cient de l’im men se pou voir destructeur qu’elle avait jusque-là exer cé surmon exis ten ce. J’ai dé cou vert que tou te ma vie du rant j’avais été li go tépar la hon te. Elle m’im po sait sa loi com me seu le peut le fai re une ac cou tu man ce; je la dé ver sais sur ma fa mille, sur mes clients et sur mesétu diants.

La hon te était ce dé mon qui agis sait à mon insu et dont je n’avaisja mais re con nu l’exis ten ce. En pre nant cons cien ce de sa dy na mique,j’ai été ame né à cons ta ter qu’elle fait peser sur tou te vie hu mai ne unedes for ces les plus des truc trices qui soient. En la nom mant, j’ai com -men cé à ga gner du pou voir sur elle.

En soi, la hon te n’est pas mau vai se. Il ne s’agit que d’une émo tionhu mai ne nor ma le. De fait, elle est né ces sai re à qui conque as pi re àêtre vrai ment hu main. Elle nous hu ma ni se, nous ren sei gne sur nos li mi tes, nous don ne des ba li ses, nous fai sant sa voir que nous som mesfailli bles et que nous avons be soin d’aide; elle nous rap pel le que nous nesom mes pas Dieu. Une sai ne hon te représente le fon de ment psycho lo -gique de l’hu mi li té et cons titue une sour ce de spi ri tua li té.

Ce que j’ai dé cou vert, c’est que la hon te, cette sai ne émo tion hu mai ne,peut se trans for mer en un état d’es prit per ma nent et contaminer tou te

I n t r o d u c t i o n

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l’iden ti té. Or, lorsque la hon te tient lieu d’iden ti té, on se croit im par fait,dé fi cient en tant qu’être hu main. La honte de vient alors toxique et dés hu ma ni san te.

La hon te toxique s’avè re in to lé ra ble et exi ge une dis si mu la tioncons tan te, un faux moi. En effet, à par tir du mo ment où l’on croit queson vrai moi est im par fait et dé fi cient, on a be soin d’adop ter un au tremoi qui n’a pas ces la cu nes. Sitôt que l’on s’iden ti fie à un faux moi, on ces sed’exis ter psycho lo gi que ment. Adop ter un moi fic tif équi vaut à mettre unter me à son exis ten ce d’être hu main au then tique. Ali ce Miller ap pel lecet te éla bo ra tion d’un moi fic tif le «meur tre de l’âme». Avec un fauxmoi, on es saie de se mon trer soit plus qu’hu main soit moins qu’hu main.La hon te toxique cons ti tue la pire for me de vio len ce or di nai re quisoit. Elle dé truit, dans tous les sens du terme, la vie hu mai ne. On la re trouve d’ailleurs au cœur de la plu part des ma la dies émo tion nel les.Dans son ou vra ge in ti tu lé Sha me, Gers hen Kauf man écrit ceci :

La hon te est l’af fect qui se trou ve à l’ori gi ne de plu sieurs per -tur ba tions com plexes : la dé pres sion, l’alié na tion, le dou te desoi, l’iso le ment, la pa ra noïa et la schizo ïdie, les pro blè mes decom pul sion, le cli va ge du moi, le per fec tion nis me, le pro fondsen ti ment d’in fé rio ri té, d’in suf fi san ce ou d’échec, les pré ten dusétats li mi tes de ma la dies et les troubles nar cis siques.

La hon te toxique dé truit le moi au then tique à un point tel quedes syn dro mes évi dents se ma ni fes tent par des dis si mu la tions du fauxmoi, chaque syn dro me pos sé dant sa pro pre struc ture ca rac té ris tique. Lahon te toxique de vient le noyau des né vro ses, des trou bles ca rac té riels,de la vio len ce po li tique, des guer res et de la cri mi na li té. À maconnais san ce, c’est elle qui ex plique le mieux l’es cla va ge hu main soustou tes ses for mes.

Dans la Bi ble, la hon te est consi dé rée com me la cau se pre miè reet la consé quen ce de la chu te d’Adam. En hé breu, «Adam» est sy no -ny me d’hu ma ni té. Cela revient à dire qu’il sym bo li se tous les êtreshu mains. La Bi ble lais se en ten dre qu’Adam était in sa tis fait de sa

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IntroductionS ’ a f f r a n c h i r d e l a h o n t e

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condi tion; il vou lait être da van tage que ce qu’il était : il dé si rait êtreplus qu’hu main. Il ne pou vait ac cep ter ses li mi tes fon da men ta les etavait per du le sens d’une sai ne hon te. La Bi ble évoque le fait qu’àl’ori gi ne de l’es cla va ge hu main (le pé ché ori gi nel), il y a ce dé sird’être dif fé rent de ce que l’on est… le dé sir d’être plus qu’hu main. Mûpar sa hon te toxique (son or gueil), Adam vou lait un faux moi, et cefaux moi de vait le condui re à sa pro pre des truc tion.

Après qu’Adam eut re nié son être vé ri ta ble, il est allé se ca cher.«Et le Sei gneur Dieu ap pe la Adam… Où es-tu? Et Adam ré pon dit :“J’ai en ten du ta voix dans le jar din et j’ai cou ru me ca cher”» (Ge nè se3, 9-10). Avant la chu te, l’hom me et la fem me étaient nus et ils neconnais saient pas la hon te (Ge nè se 2, 25). Une fois qu’ils eu rent choi sid’être au tre ment que ce qu’ils étaient, ils se retro uvè rent nus et hon teux.

La nu di té sym bo li sait leur moi au then tique. Ils se conten taientd’être qui ils étaient et n’avaient rien à ca cher, se mon trant par fai te -ment et ri gou reu se ment hon nê tes.

Cet te des crip tion mé ta pho rique et sym bo lique d’Adam et Èveévoque la condi tion hu mai ne. L’amour et l’ac cep ta tion in condi -tion nels de soi sem blent re pré sen ter la tâ che la plus dif fi ci le pour toutle gen re hu main. En re fu sant no tre «vrai moi», nous ten tons de nouscréer un faux moi ou dé cla rons for fait et de ve nons moins qu’hu mains,ce qui nous amè ne à vi vre dans la dis si mu la tion et le se cret, deux im por tan tes cau ses de souf fran ce.

L’amour et la to ta le ac cep ta tion de soi cons ti tuent l’ul ti me fon de -ment du bon heur et de l’amour d’au trui. Sans eux, nous som mescondam nés à ac com plir cet te épui san te tâ che consis tant à nous créer unfaux moi, puis à dé pen ser des ton nes d’éner gie afin de vi vre de pei ne etde mis ère dans ce moi fic tif. C’est peut-être cela que la Bi ble veutnous si gni fier sym bo li que ment lors qu’elle af fir me que, après la chu te,l’hom me et la fem me fu rent condam nés à connaî tre la souf fran ce parle bi ais de leurs ac ti vi tés na tu rel les, la fem me en don nant la vie etl’hom me en tra vaillant.

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Com ment pou vons-nous nous affranchir de cet te hon te qui noustient pri son niers ? De quel côté ré si de no tre es poir ? Voi là le pro pos dupré sent ou vra ge. Au fil des pa ges qui sui vent, j’ai me rais par ta ger avecvous le che mi ne ment qui m’a ame né à m’affranchir de la hon te. Cevoya ge s’est révélé l’en jeu le plus im por tant de tou te ma vie. La hon te est par tout; elle s’avère ru sée, puis san te et dé rou tan te. Son pou -voir ré si de dans son ca rac tè re obs cur et se cret.

Dans la pre miè re par tie, j’es saie rai de dé bus quer la hon te en exa mi -nant ses mul ti ples vi sa ges et en met tant au jour ses ori gi nes ain si queses prin ci paux dé gui se ments. Je mon tre rai com ment elle en gen dre ledés es poir et dé bou che sur la failli te spi ri tuel le.

Dans la deuxiè me par tie, je pro po se rai les moyens qui, à maconnais san ce, sont sus cep ti bles d’at té nuer la hon te toxique et de laramener à la hon te saine. J’es pè re sin cè re ment que tout lec teur prisau piè ge de la hon te toxique se ser vi ra de ce li vre afin de se li bé rer decet te dangereuse en ne mie.

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IntroductionS ’ a f f r a n c h i r d e l a h o n t e

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Le problème

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La hon te est un sentiment dif fi ci le à cer ner car il s’éla bo re très tôtau dé but de no tre vie, avant même que nous puis sions re cou rir au lan -ga ge. Ce sentiment est sim ple ment hu mai n et nor ma l, mais il peutdé gé né rer en une vé ri ta ble ma la die de l’âme que j’ap pel le la «hon tetoxique». Je dis tin gue ef fec ti ve ment deux ty pes de hon te : cel le,bien fai san te, qui nour rit ce qu’il y a de vi vant en nous et cel le, toxique, qui le dé truit. Sous sa for me toxique, la hon te don ne lieu àune atro ce im pres sion d’être bru ta le ment mis à nu, à une pro fon descis sion in té rieu re qui se ma ni fes te par le sen ti ment d’être cou pé desoi-même et des au tres. Elle contraint la per son ne vi vant sous sonem pri se à se re nier elle-même puis à dis si mu ler ce désaveu sous dif fé -rents faux-sem blants. Étant don né que la dis si mu la tion et les faux-sem blants cons ti tuent son ter rain de pré di lec tion, la hon te toxi que,avec son côté som bre et ca ché, se ré vè le des plus in sai sis sa bles lors -qu’on ten te de l’exa mi ner de plus près.

Par conséquent, puisque la hon te toxique se ter re et se pré sen te sousdif fé rents dé gui se ments, on doit la tra quer en ap pre nant à re con naî tre

Les multiples visagesde la honte

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ses mul ti ples vi sa ges et les com por te ments trom peurs aux quels elle don ne lieu.

La honte : une émotion humaine normale

J’ai ré cem ment été frappé par la franchise et l’honnêteté de Broad -way Joe Na math qui, au cours d’une entrevue, ad met tait en tou te sin -cé ri té, avec une poin te de dé cep tion dans la voix, qu’il n’ar ri vait pasà se tailler une pla ce de re por ter spor tif au sein de l’im por tant ré seaude télé vi sion qui l’avait en ga gé. Il ex pri mait une sai ne hon te et sem blait tout à fait cons cient de ce que, en dé pit de ses nom breu sesré a li sa tions, il avait bel et bien des li mi tes.

La honte en tant que per mis sion d’être hu mainLors qu’elle est sai ne, la hon te nous fait pren dre cons cien ce de ce

que, en tant qu’êtres hu mains, nous som mes, par es sence, li mi tés. Au -cun d’en tre nous ne jouit et ne jouira jamais de pou voirs illi mi tés, même sicer tains gou rous mo der nes vou draient bien nous amener à croi re lecontrai re en nous donnant de vains es poirs. Ce sont eux, en l’oc cur -ren ce, qui s’en ri chis sent grâce à leurs programmes censés offrir de telspouvoirs, pas nous. Ils nous at tei gnent di rec te ment dans no tre faux moiet no tre hon te toxique. En réalité, nous, les hu mains, avons des li mi tes,et com me ces li mi tes font par tie de no tre es sen ce, nous nous retro uvonsaux pri ses avec de gra ves pro blè mes quand nous n’ac cep tons pas ce faitin dé nia ble.

La hon te nor ma le nous ren sei gne sur nos li mi tes. Com me tou tesles émo tions, il s’agit d’une éner gie en mou ve ment qui nous pous se à sa tis fai re nos be soins fon da men taux, no tam ment le be soin de don nerune struc ture à no tre vie. Pour com bler ce be soin, nous éta blis sons lesfron tiè res qui donnent forme à notre existence et à l’in té rieur des quel lesnous som mes à même de vi vre en tou te sé cu ri té. Ces fron tiè res etcet te for me nous ras su rent et nous per met tent d’uti li ser no tre éner gieavec un maxi mum d’ef fi cacité. En revanche, lorsque nous n’avons pasde fron tiè res, nous mé con naissons nos li mi tes et nous nous trouvons

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facilement plon gés dans la plus grande confu sion. Dés orien tés, nousgas pillons beau coup d’éner gie, bref, nous perdons le nord. Nous dé ve lop pons des pro blè mes d’ac cou tu man ce par ce que nous ne savonsni à quel moment nous ar rê ter ni com ment dire «non».

La hon te nor ma le nous main tient en contact avec la ré ali té, carelle nous rap pel le que nous som mes es sen tiel le ment li mi tés. La hontenormale cons ti tue la fron tiè re mé ta phy sique fon da men ta le de tous les êtreshu mains. C’est cet te éner gie émo tion nel le qui nous si gna le que nous nesom mes pas Dieu: elle nous fait pren dre cons cien ce du fait que nousavons com mis des er reurs, que nous en com met trons d’au tres en co re etque nous avons be soin d’aide. Autrement dit, elle nous don ne la per -mis sion d’être hu mains.

La hon te nor ma le fait par tie intégrante de nos for ces in té rieu res.Elle nous fait pren dre cons cien ce de nos li mi tes et, par consé quent,nous aide à mieux ca na li ser no tre éner gie. Elle nous don ne, en fait,une meilleu re em pri se sur no tre vie, puisque la connais san ce de nosli mi tes nous évi te de nous achar ner à pour sui vre des buts ir réa li sa blesou de nous en tê ter à vouloir chan ger ce que nous ne pou vons paschan ger. La honte normale nous permet d’intégrer notre énergie aulieu de la disperser.

La hon te et le dé ve lop pe ment de l’en fantSe lon Erik Erik son, le sen ti ment de hon te ap pa raît chez l’en fant

au cours du deuxiè me sta de de son dé ve lop pe ment psycho so cial. Du rant le pre mier sta de, il a be soin de je ter les ba ses d’un sen ti mentde confian ce fon da men ta le, ce lui-ci de vant s’avé rer plus fort que sonsen ti ment de mé fian ce. En exa mi nant de plus près les ca rac té ris tiquesde ce premier sta de de l’évo lu tion de l’en fant, nous pour rons mieuxcom pren dre ensuite ce qu’est la hon te nor ma le.

Dès le dé but de sa vie, l’en fant a be soin de sen tir qu’il peut fai reconfian ce au mon de ex té rieur au quel ses pa rents bio lo giques ou leurssub sti tuts lui don nent ac cès. Il doit sen tir qu’une per son ne fia ble estlà pour sa tis fai re ses be soins de fa çon hu mai ne et pré vi si ble. Pour peuque ses pa rents se mon trent pré vi si bles, af fec tueux et qu’ils re flè tent

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tous ses com por te ments, l’en fant acquerra un sentiment de confian cefon da men ta le. Dans ce cli mat de sé cu ri té et de confian ce, il com -men cera à tis ser des liens inter per son nels qui se transformeront en sui te en un «pont» de mu tua li té. Cet te ré ci pro ci té sera plus tardd’une im por tan ce dé ci si ve dans l’éclo sion de son sen ti ment du moi,puisque l’en fant est un « nous » avant de de ve nir un « je ».Finalement, lors de cet te pre miè re éta pe de sa vie, l’enfant ne peut ac cé der à la connais san ce de lui-même qu’en étant re flé té par ses pa -rents et, afin de croî tre, il a be soin que s’éta blis se un pont re la tion nelen tre lui et ses pa rents.

Le pont inter per son nelLa re la tion en tre l’en fant et le pa rent évo lue gra duel le ment vers

un in té rêt ré ci proque à me su re que s’éta blit en tre eux un cli mat deconfian ce. En fait, la confiance de l’en fant se dé ve lop pe au fur et àme su re que croît en lui le sentiment que cet te mu tua li té est pré vi si bleet fia ble. Corrélativement, un lien émo tion nel se tis se et c’est en pre nant ap pui sur cet te al lian ce que l’en fant peut ex plo rer le mon deex té rieur et pren dre le risque de s’y aven tu rer. Cet at ta che ment, quise transforme progressivement en un pont inter per son nel en tre l’en fant et le pa rent, cons ti tue le fon de ment de la crois san ce et de lacom pré hen sion mu tuel le. Par la suite, le pont inter per son nel se trou veren for cé par cer tai nes ex pé rien ces que l’en fant vi t et dont il dé pen d.L’Au tre, la tou te pre miè re per son ne qui s’oc cu pe de l’en fant, de vientsi gni fi ca tif en ce sens que l’amour, le res pect et les soins qu’il lui don nesont vrai ment im por tants. L’en fant se per met d’être vul né ra ble puis -qu’il s’aban don ne à son be soin de l’Au tre.

Une fois que la confian ce fon da men ta le s’est éta blie, l’en fantest capa ble de res sen tir de la hon te, une honte qui peut être sai neou toxique.

L’émer gen ce de la hon te nor ma leVers l’âge de quin ze mois, l’en fant com men ce à dé ve lop per sa

mus cu la ture et c’est alors qu’il doit trou ver un jus te équi li bre en tre ses

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Chapitre premierS ’ a f f r a n c h i r d e l a h o n t e

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ca pa ci tés à «re te nir» et à «lais ser al ler». Son dé ve lop pe ment mus cu -laire lui per met de trouver l’équi li bre dont il a be soin pour se te nir de bout et mar cher, ce qui sti mu le son dé sir d’ex plo rer et de s’aven tu rer.Mais pour pouvoir concrétiser ce désir, il doit pas ser au sta de de la sé pa ra tion d’avec ses pa rents.

De fait, Erik son sou tient que, sur le plan psycho so cial, la tâ chein hé ren te à ce sta de de dé ve lop pe ment consis te à dé cou vrir l’équi -li bre en tre l’auto no mie et la hon te ou le dou te. On ap pel le sou ventce sta de (qui débute vers l’âge de quinze mois et prend fin vers l’âgede trois ans) « les an nées dif fi ci les», par ce que l’en fant se met à ex plo rer en tou chant, en goû tant et en met tant à l’épreu ve tout cequi l’en tou re. L’en fant de deux ans se ré vè le obs ti né et ne veut en fai requ’à sa tête (mais tou jours au su et au vu de ses pa rents). Lors qu’il es suie un échec (à peu près tou tes les trois mi nu tes), il pique une co lè re noi re. Au cours de ce sta de, l’en fant a be soin de s’ap pro prierles cho ses afin de les tes ter au moyen d’une ré pé ti tion in ten tion nel le.Confron té à un mon de flam bant neuf, il ré pè te cer tai nes ex pé rien ces,ma ni fes tant ain si son be soin d’as si mi ler tout ce qu’il voit, en tend etgoû te.

Les be soins de l’en fantL’en fant a avant tout be soin d’un pa rent fer me mais com pré -

hen sif qui soit à même de sa tis fai re ses pro pres be soins avec son conjoint. Ce pa rent — la mère, en l’oc cur ren ce — doit avoir ré so lules pro blè mes in hé rents à ses tou tes pre miè res re la tions et fai re preu ved’un bon sens de l’auto res pon sa bi li té. Lorsque ces condi tions sont ré uni es, le parent peut sa tis fai re les be soins de l’en fant et être dis po -ni ble pour lui.

En ce qui a trait à la hon te sai ne et aux au tres émo tions, l’en fanta be soin d’être correctement modelé. Il a besoin que ses pro tec teurslui consacrent du temps et lui prêtent at ten tion. Par-des sus tout, il abesoin qu’ils établissent pour lui des li mi tes clai res. Ce contrô le ex té -rieur doit être fer me mais ras su rant. Parallèlement, l’en fant a be soin desen tir que le pont inter per son nel ne risque pas d’être dé truit par sa

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nou vel le im pul sion qui le pous se à n’en fai re qu’à sa tête, c’est-à-direson ré cent dé sir d’auto no mie. Dans En fan ce et so cié té, Erik son précise :

La fer me té doit le pro té ger contre l’anarchie potentielle deson sens discriminatoire qui n’est pas encore exercé, contreson in ca pa ci té à re te nir ou lais ser al ler à bon escient.

Quand l’en fant peut se sen tir pro té gé à l’in té rieur des li mi tes éta -blies par des pa rents com pa tis sants, quand il peut ex plo rer, ex pé ri -men ter et se met tre en co lè re sans crain dre que ces der niers ne lui re ti rent leur amour – le pont inter per son nel –, il lui est alors pos si bled’éprou ver de temps à autre une sai ne hon te. Cette honte peut prendre la forme d’un em bar ras pas sa ger à la suite d’une er reur oucelle de la ti mi dité et de la ré ser ve en pré sen ce d’étran gers, par exemple.Par ailleurs, elle se ré vè le né ces sai re, voi re pri mor dia le, car ellecontri bue à main te nir l’équi li bre de l’en fant en lui fixant les li mi tesde son auto no mie nou vel le ment ac qui se. En fait, la honte sai ne nousaver tit que nous ne som mes pas om ni po tents.

Je me rap pel le ce jour où, alors que je m’ap pro chais de l’es tra de pourdon ner une confé ren ce sur «le dé sir de dé pas se ment in hé rent à la na ture hu mai ne», quel qu’un m’a dis crè te ment fait re mar quer que mabra guet te était ou ver te. Ma rou geur et mon em bar ras mo men ta nés té moi gnaient de mon sen ti ment de hon te sa lu tai re qui me conseillait dene pas m’em por ter.

Pas cal a dit ceci : «L’hom me n’est ni ange ni bête, et le mal heurveut que qui veut fai re l’ange fait la bête.» Tho mas d’Aquin, quant àlui, sou te nait que l’hom me est un être spi ri tuel qui, pour accéder à laspi ri tua li té, a be soin d’un corps. Ces deux auteurs ex pri maient lamême idée que le phi lo so phe Geor ge San taya na : «Il est né ces sai re dede ve nir une bête si l’on doit jamais être un es prit.» Nous avons be soinde cet te fron tiè re qu’est no tre fi ni tu de : elle nous rap pel le que noussom mes hu mains et non di vins.

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La honte et ses rapports avec l’em bar ras et la rou geurConfron tés à une si tua tion em bar ras san te – que ce soit en raison

d’une mal adres se phy sique, d’une sen si bi li té par ti cu liè re face à une certaine personne ou d’une entorse à l’étiquette –, nous som mes pris audé pour vu, mis à nu sans y avoir été pré pa rés. La pré sen ce des au tresnous sem ble alors in sup por ta ble et nous rou gis sons sous l’ef fet d’unehon te nor ma le. La rou geur, en tant que ma ni fes ta tion du sen ti mentd’être dé voi lé de ma niè re inattendue, mon tre bien la na ture im pré -vi si ble et in vo lon tai re de la hon te. «On ré vè le alors in vo lon tai re mentses sen ti ments; on se met à nu», dit à ce su jet He len Lynd dans On Sha me And The Search For Iden ti ty.

La rou geur est à la fois une ma ni fes ta tion et une image de nosli mi tes hu mai nes. Sous son ef fet, nous éprou vons le désir de nous «ca cher le vi sa ge», de «sau ver la face» ou de «ren trer sous ter re».Grâce à elle, nous savons que nous avons commis une erreur. À quoinous ser vi rait la fa cul té de rou gir si l’er reur n’était pas fon ciè re ment hu mai ne? Cet te ma ni fes ta tion d’une sai ne hon te main tient no tre contact avec la ré ali té en nous rap pe lant que nous som mes des hu mainses sen tiel le ment li mi tés. Elle nous si gna le qu’il ne faut pas nous lais serem por ter par no tre dé sir d’ex cel ler.

La hon te et ses rapports avec la ti mi di téLa ti mi di té est une fron tiè re na tu rel le qui nous em pê che de nous

ré vé ler à un étran ger, ce qui nous évite dans une certaine mesured’être bles sés par au trui. Pour la plu part d’en tre nous, la per spec ti ved’abor der un étran ger se ré vè le in ti mi dan te. Lors de la rencontre,nous avons une cons cien ce ai guë de nous-mê mes, nous bé gayons ounous nous ex pri mons de fa çon gau che et mal adroi te, ce qui peut aug -men ter no tre em bar ras. Cet te for me de ti mi di té tra duit une hon tenor ma le, une sor te de ré pu gnan ce à se met tre à nu.

Par dé fi ni tion, l’étran ger, c’est quel qu’un de non fa mi lier : il n’ap - par tient pas à no tre fa mille et in car ne la me na ce de l’in connu. Or, lati mi di té que nous éprou vons en sa pré sen ce nous dic te la pru den ce ;

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elle nous met en gar de contre le risque d’être bles sés ou mis à nu. Onpeut donc af fir mer que cet te fron tiè re pro tè ge no tre moi le plus pro fond.Ce pen dant, la ti mi di té peut de ve nir un sé rieux pro blè me lors qu’elleplon ge ses ra ci nes dans la hon te toxique.

La hon te en tant que be soin so cial fon da men talLe vieux pro ver be se lon le quel «Un hom me seul n’est pas un

hom me» met en évi den ce no tre be soin fon da men tal de vi vre en so -cié té, d’en tre te nir des re la tions avec nos sem bla bles. Nul d’entre nousne peut se pas ser des au tres, de leur aide; nul n’est as sez fort pour ne paséprouver le besoin d’amour, d’in ti mi té et de dia lo gue avec au trui.

À la nais san ce, un lien sym bio tique nous rat ta che à no tre mère.Nous som mes un «nous» avant d’être un « je». Cet te re la tion ori -gi nel le re vêt une ex trê me im por tan ce. Après avoir pas sé une an néeet de mie à éta blir un lien de confian ce mu tuel le, nous com men çonsà nous tour ner vers le mon de ex té rieur afin de met tre no tre auto no -mie à l’épreu ve et, à ce mo ment-là, nous avons be soin de la hon te pourde meu rer cons cients de nos li mi tes. Durant notre enfance, la hon te etle dou te nous per met tent de contrebalancer no tre auto no mie nou vel -le ment ac qui se.

Nous avons en sui te be soin de nos pa rents pen dant une au tre di -zai ne d’an nées avant d’être prêts à nous dé ta cher du foyer. Nous ne pou -vons sa tis fai re nos be soins sans dé pen dre de nos prin ci paux pro tec teurs.La hon te nor ma le est là pour nous rap pe ler que nous avons be soin d’aide,que nous ne pou vons pas nous ti rer d’af fai re tout seuls. Au cun être hu main ne le peut. Même quand plus tard nous parvenons à jouir d’unegran de auto no mie, d’une large in dé pen dan ce, nous avons en co re des be soins à sa tis fai re: ai mer, croî tre, pren dre soin de quel qu’un et luiêtre in dis pen sa ble. La hon te conti nue alors d’agir com me un si gnal sa -lu tai re en nous rap pe lant que nous avons be soin d’aide, d’amour et dere la tions af fec tueu ses avec les au tres.

Si nous ne re ce vions pas les si gnaux sa lu tai res de la hon te, nousn’au rions pas cons cien ce de nos be soins fon da men taux.

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La honte en tant que sour ce de créa ti vi té et d’ap pren tis sa geJ’ai un jour eu l’oc ca sion de par ti ci per à un ate lier ani mé par

Ri chard Band ler, l’un des créa teurs de la pro gram ma tion neuro lin -guis tique (PNL), et je n’ai jamais oublié l’une des facettes de cet tetrès pro fi ta ble ex pé rien ce. M. Band ler nous avait de man dé de nousrap pe ler un mo ment de no tre vie où nous étions convain cus d’avoirrai son. Après quelques se con des de ré flexion, je me suis sou ve nu d’unin ci dent avec ma fem me. Selon la consi gne de l’ani ma teur, nous de vions nous re mé mo rer le sou ve nir choi si, le dé cou per en sé quen ces,puis nous le pro je ter men ta le ment com me s’il s’agis sait d’un film. Il nousfal lait en sui te fai re dé fi ler le film à re bours avant de le re cons ti tuer dansle dés or dre: met tre la sé quen ce du mi lieu au dé but, cel le de la fin au mi lieu, etc. Fi na le ment, nous de vions nous re mé mo rer à nouveautou te l’ex pé rien ce com me nous l’avions fait au dé but, mais en prê tantcet te fois une gran de at ten tion aux dé tails et à no tre sen ti mentd’avoir rai son.

Dès que j’ai re vé cu men ta le ment l’ex pé rien ce en ques tion, je mesuis ren du comp te qu’elle ne vé hi cu lait déjà plus au tant d’in ten si téémo tion nel le qu’à l’ori gi ne. De fait, il m’a été pra ti que ment im pos si blede retro uver son in ten si té pre miè re. Par le bi ais de cet exer ci ce, M. Band ler vou lait nous sen si bi li ser à l’une des techniques de «res truc -tu ra tion de notre car te du mon de personnelle» appe lée «tra vail desub mo da li té». Ce pen dant, ce n’était pas cela qui m’ap pa rais sait com me le plus im por tant, mais plu tôt ce que M. Band ler avait dit ausu jet de la créa ti vi té, que je consi dè re com me la plus pré cieu se de nosres sour ces.

Ri chard Band ler avait sou te nu que le sen ti ment d’avoir rai soncons ti tuait l’un des prin ci paux obs ta cles à la créa ti vi té. Lorsque noussom mes sûrs de quelque cho se, avait-il ex pli qué, nous met tons fin à no tre re cher che de nou vel les in for ma tions. Car avoir rai son, c’est êtrecer tain, et être certain, c’est cesser d’être curieux. Or, la cu rio si té et l’émer veille ment se révèlent es sen tiels à tout ap pren tis sa ge (Pla tonaf fir mait même que l’émer veille ment est à l’origine de la phi lo so phie).

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Par conséquent, nous ces sons de cher cher et d’ap pren dre sitôt quenous pos sé dons la cer ti tu de ab so lue d’avoir rai son.

La hon te sai ne, la cons cien ce de nos li mi tes fon da men ta les, nousem pê che de nous croi re om nis cients. Elle nous nour rit car elle nouspous se à re cher cher de nou vel les in for ma tions et à ap pren dre de nou vel les cho ses.

La honte en tant que sour ce de spi ri tua li téDans son li vre in ti tu lé The Far ther Rea ches Of Hu man Na ture,

Abra ham Mas low, le pion nier de la psychologie de la troi siè me for ce, aécrit ceci:

La vie spi ri tuel le […] fait par tie de l’es sen ce hu mai ne. C’estune ca rac té ris tique qui dé fi nit la na ture hu mai ne […] sans la quel le la na ture hu mai ne ne serait pas en tiè re ment la na ture hu mai ne.

Mais qu’est-ce que la spi ri tua li té? Je crois qu’elle concerne no tremode de vie et, que la vie se dé ploie et s’ac croît sans ces se. Si bienque la spi ri tua li té peut se dé fi nir en ter mes d’ex pan sion et de crois -san ce. Elle concer ne l’amour, la vé ri té, la bon té, la beau té, la gé né ro -si té et la com pas sion; elle a quelque cho se à voir avec l’in té gri té et laplé ni tu de. Elle représente notre besoin le plus fon da men tal, celui quinous pous se à nous dé pas ser et à nous re lier à l’ul ti me sour ce de ré ali téqu’on ap pel le com mu né ment «Dieu».

La honte sai ne cons ti tue le noyau de la spi ri tua li té. En nous rap pe -lant nos li mi tes in contour na bles, elle nous fait sa voir que nous ne som mes pas Dieu. Elle nous in dique la voie à sui vre pour en ri chir lesens de no tre vie, elle nous fait sen tir qu’il y a quelque cho se ou quel -qu’un de plus grand que nous. La honte sai ne cons ti tue le fon de mentpsycho lo gique de l’hu mi li té.

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La honte toxique

Dans Le che min le moins fré quen té, Scott Peck mon tre com mentles gens souf frant de né vro se ou de trou bles du ca rac tè re souf frentéga le ment d’un trou ble de la res pon sa bi li té :

Les uns as su ment trop de res pon sa bi li tés ; les au tres pas as sez.Lors qu’ils sont en dés ac cord avec le mon de, les pre miers secroient cou pa bles, les se conds sont per sua dés que c’est lemon de qui a tort.

Nous avons tous des traits de per son na li té lé gè re ment sem bla blesà ceux des per son nes souf frant de né vro se ou de trou bles du ca rac -tè re. Le plus grand pro blè me de no tre exis ten ce consis te à dé ter mi neret à cla ri fier nos res pon sa bi li tés. Pour pouvoir vrai ment consa crerno tre vie à l’hon nê te té, à l’amour et à la dis ci pli ne, nous de vons êtreprêts à nous en ga ger vis-à-vis de la ré ali té, en ga ge ment qui, se lonPeck, re po se sur « le dé sir et la ca pa ci té de souf frir une conti nuel lere mi se en ques tion». Cet te ré éva lua tion per ma nen te exi ge que nousen tre te nions une bon ne re la tion avec nous-mê mes. Les êtres qui nesont pas fon ciè re ment hu mi liés jouis sent ef fec ti ve ment de ce type dere la tion. Par contre, ceux qui sont ron gés par la hon te se révèlent devé ri ta bles en ne mis pour eux-mê mes. La hon te toxique, ce sen ti mentqui pa ra ly se, est à l’ori gi ne des syn dro mes aus si bien névrotiquesque ca rac tériels.

Les syn dro mes de la hon te né vro tiqueQuel le est la na ture de cet te hon te qui vous pa ra ly se? Par quel

processus s’est-elle in stal lée dans vo tre vie et qu’est-il ad ve nu devotre hon te nor ma le au cours de ce pro ces sus?

La hon te toxique, cette honte paralysante, se tra duit par le sen ti -ment en va his sant que l’on est un être hu main médiocre et anor mal.Elle ne se dé fi nit plus du tout com me une émo tion ayant pour

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fonc tion de nous rap pe ler nos li mi tes : elle de vient plu tôt un état d’es prit per ma nent, une iden ti té en soi. Sous son em pri se, on se sen tto ta le ment dé nué de qua li tés, fai ble, in ep te. La hon te toxique consis teen une rup ture du moi avec lui-même.

Cet te rup ture est com me une hé mor ra gie inter ne. Au cœur de lahon te toxique, il y a la peur de se ré vé ler à soi-même. La per son ne pé trie de hon te se gar de ra de dé voi ler son moi pro fond aux au tres, mais,de ma niè re plus si gni fi ca ti ve en co re, elle se gardera aussi de se ré vé ler àelle-même.

Si la hon te toxique s’avè re aus si in sup por ta ble, c’est qu’elle metdou lou reu se ment à nu l’échec pré su mé du moi par rap port au moi. Lemoi de vient l’ob jet de son pro pre mé pris, un ob jet au quel on ne peut sefier et, en tant que tel, le su jet se per çoit com me un être in di gne deconfian ce. La hon te toxique est ainsi vécue comme un tour ment in té -rieur, une ma la die de l’âme. À par tir du mo ment où l’on est un ob jetpeu fia ble, on est for cé de vi vre en de hors de soi. La hon te toxique estdonc pa ra doxa le et auto gé né ra tri ce.

On peut avoir hon te d’éprou ver de la hon te. En gé né ra l, on ad metqu’on res sent de la cul pa bi li té, de la pei ne ou de la peur bien avant d’ad met tre que l’on a hon te. La hon te toxique don ne le sen ti mentd’être iso lé et seul dans tous les sens de ces deux ter mes. Un sen ti mentd’ab sen ce et de vide in té rieur han te toujours la per son ne fon ciè re menthu mi liée.

Jus qu’à pré sent, on a très peu étu dié la hon te toxique, que l’on confond ai sé ment avec la cul pa bi li té. Freud nous en a beau coup ap prissur l’an xié té et la cul pa bi li té, mais il a presque com plè te ment né gli gé lahon te.

Dans un ré cent ar ti cle du New York Ti mes in ti tu lé «Sha me StepsOut of Hi ding and into Shar per Fo cus», Da niel Go le man écri vaitceci :

Les psycho lo gues, conve nant qu’ils en sont dé pi tés et un peuem bar ras sés, concen trent tar di ve ment leur at ten tion sur la

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hon te, une émo tion puis san te et très ré pan due qui, on ne saittrop com ment, a échap pé jus qu’ici à l’exa men scien ti fique ri gou reux.

L’in té rio ri sa tion : quand la hon te en va hit tou te l’iden ti téTou te émo tion peut être in té rio ri sée et, dans ce cas, perdre sa

fonc tion d’ori gi ne pour se trans for mer en un type de ca rac tè re. Nousconnais sons pro ba ble ment tous une «soupe au lait», une «face decarême» ou un «bonnet de nuit». Ces trois termes dénoncent le faitqu’une émotion (colère ou tristesse) est de ve nue le fon de ment de laper son na li té, a pris la pla ce de l’iden ti té. Ces trois types de per son nesn’éprou vent pas de la co lè re ou de la mé lan co lie, elles sont la co lè reou la mé lan co lie.

L’in té rio ri sa tion de la honte sous-tend au moins trois pro ces sus :

• L’identification à des mo dè les peu fia bles et pé tris de hon te ;• L’assujettissement de tous les sen ti ments, be soins et pul sions à la

honte, par sui te du trau ma tis me subi lors d’un aban don;• L’inter con nexion des sou ve nirs gra vés dans la mé moi re et la

création de «col la ges de hon te».

L’in té rio ri sa tion se fait gra duel le ment, avec le temps, et tout être hu main doit en com bat tre cer tains as pects. Elle a lieu lorsque les troispro ces sus se ré pè tent fré quem ment et ré gu liè re ment.

L’iden ti fi ca tion à des mo dè les pé tris de hon teL’iden ti fi ca tion est un pro ces sus nor mal qui ré pond au cons tant

be soin de sé cu ri té ressenti par l’être humain. En fait, le sen ti ment d’ap par te nir à quelque cho se de plus grand que soi pro cu re la sé cu ri téet la pro tec tion d’une ré ali té plus vas te.

Le be soin de s’iden ti fier à quel qu’un, de sen tir que l’on fait par tiede quelque cho se, que l’on ap par tient à un lieu, comp te au nom bre de

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L orsqu’elle est passagère, la honte peut être une source d’apprentissage, un guide utile pour établir ses propres

limites. Mais lorsqu’elle s’enracine et devient permanente, elle mène inévitablement à une coupure d’avec soi. De cette rupture naissent les sentiments de vide intérieur, de vulnérabilité et d’impuissance. Ce livre propose une méthode effi cace pour reprogrammer vos émotions et éradiquer ce sentiment destruc-teur qui vous prive de votre droit d’être aimé ou de simplement faire des erreurs. En vous libérant de la honte toxique, vous vous autoriserez à vivre des relations saines, à prendre des décisions éclairées et à laisser libre cours à votre créativité. Vous découvri-rez alors un sentiment nouveau, empreint de paix et de confi ance : celui de faire un avec vous-même et le monde qui vous entoure.

John Bradshaw a obtenu trois diplômes de l’Université de Toronto. Psycho-thérapeute, théologien, conseiller en gestion et conférencier, il est l’auteur de plusieurs best-sellers. Il a aussi animé diverses émissions à la télévision américaine.

ISBN 978-2-7619-3870-9

22.5mm

S’AFFRANCHIRDE LA HONTE

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