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730 BOOK REVIEWS Brain and Mind. Ciba Foundation Symposium (new series) No. 69. Excerpta Medica, Amsterdam, 1979,425 pp. $51.25 Ln rrrnn trts ambitieux donnt aux Comptes-Rendus du Symposium tenu a la Ciba Foundation en D&mbre 1978 n’est pas sans nuire un peu au volume. On a parfois l’impression que cette reunion a eu pour but de permettre aux philosophes de parler et d’interpreter les rtsultats des neurosciences et aux neurobiologistes de montrer leur capacitt a philosopher. Naturellement, cette mtchante formule est tris injuste pour d’inttressants exposes qui toutefois, comme il est habitue1 dam ces recueils, ne sont le plus souvent que des syntheses de travaux anttrieurs, d’autant plus aussi qu’on relive dans les discussions d’importantes remarques. Ainsi, les critiques et les reflexions des philosophes contraignent utilement certains a justifier, prtciser ou abandonner les termes qu’ils employaient de facon assez laxiste. Quant aux efforts faits par d’autres pour depasser les donnees empiriques en acceptant ou en refusant une explication du monde spirituel sur des bases neurophysiologiques, ils ne me sont pas apparus en general particulierement enrichissants. En revanche, quand les neurobiologistes s’eflorcent seulement de donner des definitions operationnelles, il est des risultats d’inttr&. Citons ainsi Blakemore qui, a propos du probleme de la rialite du monde exterieur, ne voit darts cette r&alit& que ce qu’un animal difini doit detecter pour assurer sa survie. Si “ce solipsisme biologique” soultve quelques oppositions de la part des philosophes, leur volonte de tenir compte des don&es empiriques, semble &tre largement partage parmi les participants du Symposium. I1 est interessant de comparer les conclusions auxquelles aboutissent au terme du symposium un neurobiologiste et un philosophe. Le premier. J. Z. Young, devant I’ambiguite qu’introduisent le langage et I’usage courant dans la comprehension de la conscience et de l’esprit, insiste sur la necessite d’une description scientifique, aidee par la reflexion philosophique. Ainsi pour lui, I’esprit (Mind) se refere a I’organisation des activitts ctrebrales; il en decoule que le mental (qui est un mode de fonctionnement) s’oppose au physique (qui est ce qui fonctionne); l’oppose de la conscience (qui est la presence d’un certain type d’activite) est I’inconscience (qui est I’absence de cette activite). Le philosophe R. Searle &carte d’abord de la discussion I’opposition entre monisme et dualisme comme de peu d’utilitt lorsqu’il s’agit de traiter d’etats mentaux fortement intriquts. Mieux vaut decrire et preciser la propriett de I’Esprit qui fait qu’il est dirige vers les objets ou vers les evenements du monde exterieux, sur son propre corps et sur les actions de I’agent dont il est une partie. Cette propriete, I’intentionnahte, peut sembler a beaucoup, et a Young en particulier qui critique fortement cette notion, difficile a definir en termes scientifiques. Pour Searle cependant, elle devrait constituer le lieu privilegie oti recherches et methodes philosophiques d’une part, rtsultats empiriques des neurosciences d’autre part, s’epauleraient mutuellement. I1 lui semble deja que des correlats neurophysiologiques peuvent itre reconnus a certains &tats mentaux que caracttrise I’intentionnalite. La communication de Trevarthen va, me semble-t-il, dans ce sens lorsqu’il reconnait I’existence de structures inn&es sous-tendant aussi bien I’tveil, la communication interpersonnelle que I’intentionnalite c’est-a-dire selon lui, la conscience de ses actions et de leurs motivations. En bref, il s’agit d’un livre trts inegal mais on y releve des points de vue interessants et certaines des discussions rapportees sont tres vivantes. Vraisemblablement, un tel probleme ne pouvait &tre aborde fructueusement dans sa totalite en un seul symposium. I1 est regrettable que l’effort des participants, philosophes comme neuroscientistes, n’ait pas &te centrt sur un aspect limite de la question des rapports de I’ame et du corps. H. H~CAEN Neuropsychology. S. J. DIMOND. Butterworth, Sevenoaks, Kent, 1980, 560 pp. f25.00. A LA LXFFBKENCE des precis ou des trait& de Neuropsychologie qui se sont multiplies ces derniers temps, l’ouvrage de Dimond deborde largement Ie domaine habituellement couvert aussi bien pour la diversite des comportements Ctudies que pour I’analyse des structures auxquelles il attribue un role dans ces comportements. Ainsi, parmi les 18 chapitres que comporte ce livre figurent des chapitres sur le comportement sexuel, f&motion, le sommeil, les differences individuelles de personnalite et d’intelligence, le comportement social. Certes, cette extension du champ neuropsychologique non plus desormais limit6 au langage, au geste, a la perception ou a la memoire est parfaitement Iegitime. L’exclusion habituehe des themes concernant la vie affective du domaine neuropsychologique resultait le plus souvent de ce que leur etude r&lame des techniques et des methodologies differentes. En mettant l’accent sur la participation aux faits neuropsychologiques non seulement des noyaux gris centraux mais du tronc cerebral et m&me de la moelle, l’auteur montre combien il tend vers une approche totale des systemes fonctionnels chez I’homme.

Neuropsychology: S. J. Dimond. Butterworth, Sevenoaks, Kent, 1980, 560 pp. £25.00

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730 BOOK REVIEWS

Brain and Mind. Ciba Foundation Symposium (new series) No. 69. Excerpta Medica, Amsterdam, 1979,425 pp. $51.25

Ln rrrnn trts ambitieux donnt aux Comptes-Rendus du Symposium tenu a la Ciba Foundation en D&mbre 1978 n’est pas sans nuire un peu au volume. On a parfois l’impression que cette reunion a eu pour but de permettre aux philosophes de parler et d’interpreter les rtsultats des neurosciences et aux neurobiologistes de montrer leur capacitt a philosopher. Naturellement, cette mtchante formule est tris injuste pour d’inttressants exposes qui toutefois, comme il est habitue1 dam ces recueils, ne sont le plus souvent que des syntheses de travaux anttrieurs, d’autant plus aussi qu’on relive dans les discussions d’importantes remarques. Ainsi, les critiques et les reflexions des philosophes contraignent utilement certains a justifier, prtciser ou abandonner les termes qu’ils employaient de facon assez laxiste. Quant aux efforts faits par d’autres pour depasser les donnees empiriques en acceptant ou en refusant une explication du monde spirituel sur des bases neurophysiologiques, ils ne me sont pas apparus en general particulierement enrichissants.

En revanche, quand les neurobiologistes s’eflorcent seulement de donner des definitions operationnelles, il est des risultats d’inttr&. Citons ainsi Blakemore qui, a propos du probleme de la rialite du monde exterieur, ne voit darts cette r&alit& que ce qu’un animal difini doit detecter pour assurer sa survie. Si “ce solipsisme biologique” soultve quelques oppositions de la part des philosophes, leur volonte de tenir compte des don&es empiriques, semble &tre largement partage parmi les participants du Symposium.

I1 est interessant de comparer les conclusions auxquelles aboutissent au terme du symposium un neurobiologiste et un philosophe. Le premier. J. Z. Young, devant I’ambiguite qu’introduisent le langage et I’usage courant dans la comprehension de la conscience et de l’esprit, insiste sur la necessite d’une description scientifique, aidee par la reflexion philosophique. Ainsi pour lui, I’esprit (Mind) se refere a I’organisation des activitts ctrebrales; il en decoule que le mental (qui est un mode de fonctionnement) s’oppose au physique (qui est ce qui fonctionne); l’oppose de la conscience (qui est la presence d’un certain type d’activite) est I’inconscience (qui est I’absence de cette activite).

Le philosophe R. Searle &carte d’abord de la discussion I’opposition entre monisme et dualisme comme de peu d’utilitt lorsqu’il s’agit de traiter d’etats mentaux fortement intriquts. Mieux vaut decrire et preciser la propriett de I’Esprit qui fait qu’il est dirige vers les objets ou vers les evenements du monde exterieux, sur son propre corps et sur les actions de I’agent dont il est une partie. Cette propriete, I’intentionnahte, peut sembler a beaucoup, et a Young en particulier qui critique fortement cette notion, difficile a definir en termes scientifiques. Pour Searle cependant, elle devrait constituer le lieu privilegie oti recherches et methodes philosophiques d’une part, rtsultats empiriques des neurosciences d’autre part, s’epauleraient mutuellement. I1 lui semble deja que des correlats neurophysiologiques peuvent itre reconnus a certains &tats mentaux que caracttrise I’intentionnalite. La communication de Trevarthen va, me semble-t-il, dans ce sens lorsqu’il reconnait I’existence de structures inn&es sous-tendant aussi bien I’tveil, la communication interpersonnelle que I’intentionnalite c’est-a-dire selon lui, la conscience de ses actions et de leurs motivations.

En bref, il s’agit d’un livre trts inegal mais on y releve des points de vue interessants et certaines des discussions rapportees sont tres vivantes. Vraisemblablement, un tel probleme ne pouvait &tre aborde fructueusement dans sa totalite en un seul symposium. I1 est regrettable que l’effort des participants, philosophes comme neuroscientistes, n’ait pas &te centrt sur un aspect limite de la question des rapports de I’ame et du corps.

H. H~CAEN

Neuropsychology. S. J. DIMOND. Butterworth, Sevenoaks, Kent, 1980, 560 pp. f25.00.

A LA LXFFBKENCE des precis ou des trait& de Neuropsychologie qui se sont multiplies ces derniers temps, l’ouvrage de Dimond deborde largement Ie domaine habituellement couvert aussi bien pour la diversite des comportements Ctudies que pour I’analyse des structures auxquelles il attribue un role dans ces comportements. Ainsi, parmi les 18 chapitres que comporte ce livre figurent des chapitres sur le comportement sexuel, f&motion, le sommeil, les differences individuelles de personnalite et d’intelligence, le comportement social. Certes, cette extension du champ neuropsychologique non plus desormais limit6 au langage, au geste, a la perception ou a la memoire est parfaitement Iegitime. L’exclusion habituehe des themes concernant la vie affective du domaine neuropsychologique resultait le plus souvent de ce que leur etude r&lame des techniques et des methodologies differentes.

En mettant l’accent sur la participation aux faits neuropsychologiques non seulement des noyaux gris centraux mais du tronc cerebral et m&me de la moelle, l’auteur montre combien il tend vers une approche totale des systemes fonctionnels chez I’homme.

BOOK REVIEWS 731

II est done necessaire d’envisager ce volume sous 2 angles. En premier lieu, il apporte une riche documentation qui, pour &tre sptcialement centrte sur les donntes humaines, ne neghge cependant pas les donntes animales, Clectrophysiologiques ou comportementales. Cette documentation est organisee en fonction des systtmes ctrtbraux dont le cortex ne representerait que la periphtrie. Une bibliographie importante suit chacun des chapitres.

Le second aspect qui naturellement est deja sous-jacent dans les descriptions prtcedentes est d’ordre thiorique. Un modtle general du fonctionnement cerebral et de I’Esprit (Mind) que Dimond refuse de limiter a l’exptrience sous-jacente est propose tant dans les chapitres initiaux que dans le chapitre final intitule “Interrelations des systemes cirebraux et leurs consequences sur la fonction mentale”. s’il s’agit certes de la part la plus originale du livre, c’est aussi la part la plus susceptible de provoquer des reactions et des critiques. On peut en effet reprocher a I’auteur de fonder certaines de ses premisses sur de simples analogies. Cette tendance se rifltte aussi clairement dans le gotit qu’il manifeste pour les comparaisons; d’abord utilisees pour clarifier ses propositions elles semblent parfois implicitement retenues comme de veritables demonstrations.

Selon Dimond, il est des fonctions distributes dans tout le tissu cerebral et qui sont les proprietts de la cellule nerveuse en tant que telle: elles sont essentiellement representees par l’apprentissage et la memoire, les capacites logiques et d’intelligence et la volonte. Les autres fonctions en revanche dependent de systtmes c&t-braux discrets, constitues par des modules g&ants avec une surface peripherique, corticale trts Ctendue se projetant sur des structures centrales; chacun de ces systtmes ayant naturellement accts aux diverses fonctions ubiquitaires. Ces differents cerveaux sont ainsi separts et exercent chacun une fonction largement autonome; c’est au niveau de leur noyau central qu’ils entrent en relation les uns avec les autres. Ce n’est qu’en considerant ces relations au plan des structures qui les sous-tendent au niveau central et non au niveau cortical, qu’il est possible de juger de l’organisation reelle du cerveau. Dimond propose done un cerveau quadripartite dont les fonctions (intelligence, emotion, motricite, sexe et sommeil) sont determintes par quatre structures centrales (thalamus, hypothalamus, amygdale, noyaux de la base).

l‘elle est m’a t-i1 semble la these de l’auteur, naturellement schematisee et obligatoirement present&e de facon un peu caricaturale en raison de l’absence des arguments qui la sous-tendent. Certains penseront que les donntes actuelles des neurosciences n’autorisent pas encore des constructions de ce genre qui sont aussi difficiles a refuter qu’A corroborer. Un index des sujets termine le volume qui doit 2tre lu par tous les neuropsychologues.

H. H~AEN