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Niveau débutant Texte 1 : Lettres de mon moulin d’Alphonse ... · PDF fileDans l’armoire, j’ai retrouvé le petit ours en peluche, avec lequel je jouais quand j’étais petit

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Niveau débutant

Texte 1 : Lettres de mon moulin d’Alphonse Daudet

La chèvre de Monsieur SeguinM. Seguin n'avait jamais eu de bonheur avec ses chèvres. Il les perdait toutes de la même

façon : un beau matin, elles cassaient leur corde, s'en allaient dans la montagne, et là-haut le loup lesmangeait. Ni les caresses de leur maître, ni la peur du loup, rien ne les retenait. C'était, paraît-il, deschèvres indépendantes, voulant à tout prix le grand air et la liberté.

Le brave M. Seguin, qui ne comprenait rien au caractère de ses bêtes, était consterné. Ildisait :- C'est fini ; Les chèvres s'ennuient chez moi, je n'en garderai pas une.Cependant, il ne se découragea pas, et, après avoir perdu six chèvres de la même manière, il enacheta une septième ; seulement cette fois il eut soin de la prendre toute jeune, pour qu'elles'habitue mieux à demeurer chez lui.

Ah ! Qu'elle était jolie la petite chèvre de M. Seguin. Qu'elle était jolie avec ses yeux doux, sabarbiche de sous-officier, ses sabots noirs et luisants, ses cornes zébrées et ses longs poils blancs quilui faisaient une houppelande ! Et puis docile, caressante, se laissant traire sans bouger, sans mettreson pied dans l'écuelle ; un amour de petite chèvre.

Texte 2 : Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry (chapitre 3)

Il me fallut longtemps pour comprendre d'où il venait. Le petit prince, qui me posaitbeaucoup de questions, ne semblait jamais entendre les miennes. Ce sont des mots prononcés parhasard qui, peu à peu, m'ont tout révélé. Ainsi, quand il aperçut pour la première fois mon avion (jene dessinerai pas mon avion, c'est un dessin beaucoup trop compliqué pour moi) il me demanda :

- Qu'est ce que c'est que cette chose-là ?

- Ce n'est pas une chose. Ça vole. C'est un avion. C'est mon avion.

Et j'étais fier de lui apprendre que je volais. Alors il s'écria :

- Comment ! tu es tombé du ciel !

- Oui, fis-je modestement.

- Ah ! ça c'est drôle !...

Et le petit prince eut un très joli éclat de rire qui m'irrita beaucoup. Je désire que l'on prennemes malheurs au sérieux. Puis il ajouta :

- Alors, toi aussi tu viens du ciel ! De quelle planète es-tu ?

J'entrevis aussitôt une lueur, dans le mystère de sa présence, et j'interrogeai brusquement :

- Tu viens donc d'une autre planète ?

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Texte 3 : Histoires inédites du Petit Nicolas de René Goscinny

Je fais de l’ordreJ’ai commencé à sortir les choses qui se trouvaient sous mon lit. Il y en avait des tas. C’est là

que j’ai trouvé l’avion qui vole, avec l’hélice qui se remonte comme un élastique. Maman n’aime pasque je joue avec cet avion, elle dit toujours que je vais casser quelque chose. J’ai essayé pour voir s’ilvolait encore, l’avion, et maman avait raison, parce qu’il est sorti par la porte de ma chambre et il estallé casser un vase sur la table de la salle à manger, après un chouette parcours. Ce n’est pas biengrave, parce que papa a dit plusieurs fois que ce vase que grand-mère nous a donné n’était pas bienjoli. Bien sûr, dans le vase, il y avait des fleurs et de l’eau et l’eau était partout sur la table et sur lepetit napperon en dentelle. Mais l’eau, ça ne salit pas. Ce n’était vraiment pas bien grave, et l’avionn’a rien eu. Je suis revenu dans ma chambre et j’ai commencé à ranger dans l’armoire les jouets quiétaient sous mon lit. Dans l’armoire, j’ai retrouvé le petit ours en peluche, avec lequel je jouais quandj’étais petit. Il n’était pas beau, mon pauvre petit ours, il avait des plaques de fourrure quimanquaient. Alors j’ai décidé de l’arranger, mon pauvre petit ours. Pour ça, je suis allé dans la sallede bains et j’ai pris le rasoir électrique de papa : en rasant tous les poils de l’ours, on ne verrait pasles endroits où il n’y avait pas de fourrure.

Texte 4 : Le grand Meaulnes d’Alain Fournier (chapitre 1)

Nous habitions les bâtiments du Cours supérieur de Sainte-Agathe. Mon père, que j’appelaisM. Seurel, comme les autres élèves, y dirigeait à la fois le Cours supérieur, où l’on préparait le brevetd’instituteur, et le Cours moyen. Ma mère faisait la petite classe.

Une longue maison rouge, avec cinq portes vitrées, sous des vignes vierges, à l’extrémité dubourg ; une cour immense avec préaux et buanderie, qui ouvrait en avant sur le village par un grandportail ; sur le côté nord, la route où donnait une petite grille et qui menait vers la gare, à troiskilomètres ; au sud et par derrière, des champs, des jardins et des prés qui rejoignaient lesfaubourgs… Tel est le plan sommaire de cette demeure où s’écoulèrent les jours les plus tourmentéset les plus chers de ma vie – demeure d’où partirent et où revinrent se briser, comme des vagues surun rocher désert, nos aventures.

Niveau intermédiaire

Texte 1 : Le Rouge et le Noir de Stendhal (chapitre 1)

La petite ville de Verrières peut passer pour l'une des plus jolies de la Franche-Comté. Sesmaisons blanches avec leurs toits pointus de tuiles rouges s'étendent sur la pente d'une colline, dontdes touffes de vigoureux châtaigniers marquent les moindres sinuosités. Le Doubs coule à quelquescentaines de pieds au-dessous de ses fortifications, bâties jadis par les Espagnols, et maintenantruinées. Verrières est abritée du côté du nord par une haute montagne, c'est une des branches duJura. Les cimes brisées du Verra se couvrent de neige dès les premiers froids d'octobre. Un torrent,qui se précipite de la montagne, traverse Verrières avant de se jeter dans le Doubs, et donne lemouvement à un grand nombre de scies à bois ; c'est une industrie fort simple et qui procure uncertain bien-être à la majeure partie des habitants plus paysans que bourgeois. Ce ne sont pascependant les scies à bois qui ont enrichi cette petite ville. C'est à la fabrique des toiles peintes, dites

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de Mulhouse, que l'on doit l'aisance générale qui, depuis la chute de Napoléon, a fait rebâtir lesfaçades de presque toutes les maisons de Verrières.

Texte 2 : Lettres de mon Moulin d’Alphonse Daudet

Les orangesÀ Paris, les oranges ont l'air triste de fruits tombés ramassés sous l'arbre. À l'heure où elles

vous arrivent, en plein hiver pluvieux et froid, leur écorce éclatante, leur parfum exagéré dans cespays de saveurs tranquilles, leur donnent un aspect étrange, un peu bohémien. Par les soiréesbrumeuses, elles longent tristement les trottoirs, entassées dans leurs petites charrettes ambulantes,à la lueur sourde d'une lanterne en papier rouge. Un cri monotone et grêle les escorte, perdu dans leroulement des voitures, le fracas des omnibus :- À deux sous la Valence !

Pour les trois quarts des Parisiens, ce fruit cueilli au loin, banal dans sa rondeur, où l'arbre n'arien laissé qu'une mince attache verte, tient de la sucrerie, de la confiserie. Le papier de soie quil'entoure, les fêtes qu'il accompagne, contribuent à cette impression. Aux approches de janviersurtout, les milliers d'oranges disséminées par les rues, toutes ces écorces traînant dans la boue duruisseau, font songer à quelque arbre de Noël gigantesque qui secouerait sur Paris ses brancheschargées de fruits factices. Pas un coin où on ne les rencontre. À la vitrine claire des étalages, choisieset parées ; à la porte des prisons et des hospices, parmi les paquets de biscuits, les tas de pommes ;devant l'entrée des bals, des spectacles du dimanche.

Texte 3 : Memnon ou la sagesse humaine de Voltaire

Memnon conçut un jour le projet insensé d'être parfaitement sage. Il n'y a guère d'hommes àqui cette folie n'ait quelquefois passé par la tête. Memnon se dit à lui-même : Pour être très sage, etpar conséquent très heureux, il n'y a qu'à être sans passions ; et rien n'est plus aisé, comme on sait.Premièrement je n'aimerai jamais de femme ; car, en voyant une beauté parfaite, je me dirai à moi-même : Ces joues-là se rideront un jour ; ces beaux yeux seront bordés de rouge ; cette gorge rondedeviendra plate et pendante ; cette belle tête deviendra chauve. Or je n'ai qu'à la voir à présent desmêmes yeux dont je la verrai alors, et assurément cette tête ne fera pas tourner la mienne.

En second lieu je serai toujours sobre ; j'aurai beau être tenté par la bonne chère, par desvins délicieux, par la séduction de la société ; je n'aurai qu'à me représenter les suites des excès, unetête pesante, un estomac embarrassé, la perte de la raison, de la santé, et du temps, je ne mangeraialors que pour le besoin ; ma santé sera toujours égale, mes idées toujours pures et lumineuses. Toutcela est si facile, qu'il n'y a aucun mérite à y parvenir.

Texte 4 : La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules de Philippe Delerm

Le journal du petit-déjeunerC’est un luxe paradoxal. Communier avec le monde dans la paix la plus parfaite, dans l’arôme

du café. Sur le journal, il y a surtout des horreurs, des guerres, des accidents. Entendre les mêmesinformations à la radio, ce serait déjà se précipiter dans le stress des phrases martelées en coups depoing. Avec le journal, c’est tout le contraire. On le déploie tant bien que mal sur la table de la

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cuisine, entre le grille-pain et le beurrier. On enregistre vaguement la violence du siècle, mais ellesent la confiture de groseilles, le chocolat, le pain grillé. Le journal par lui-même est déjà pacifiant.On n’y découvre pas le jour, ni la réalité : on lit Libération, Le Figaro, Ouest-France ou La Dépêche duMidi. Sous la pérennité du bandeau-titre, les catastrophes du présent deviennent relatives. Elles nesont là que pour pimenter la sérénité du rite. L’ampleur des pages, l’encombrement du bol de cafépermettent seulement une lecture posée. On tourne les pages précautionneusement, avec unelenteur révélatrice : il s’agit moins d’absorber le contenu que de profiter au mieux du contenant.