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Noël Messe de Minuit A Sainte-Anne, le 24 décembre 2013 Lectures : Is 9, 1-6 Ti 2, 11-14 Lc 2, 1-14 Mes bien chers Frères, Chers Frères et Sœurs, Avec toute l’Église, au cœur de cette nuit très sainte, ensemble, nous veillons et nous prions. Nous regardons ce spectacle à la fois ordinaire et insolite ; ordinaire, avec ces jeunes parents autour de leur bébé, mais aussi insolite, car nous sommes dans une crèche et le nouveau-né est couché dans une mangeoire ; nous écoutons cette admirable mélodie céleste : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ! Au cœur de cette nuit, nous nous laissons à nouveau toucher par la réalité, par la vérité de ce mystère qui, chaque année, nous émerveille davantage et que nous célébrons avec une exultation et une joie tout intérieur, autour de cette mangeoire comme autour d’un berceau, car il s’agit bien d’une naissance. Avec quelque sept cents ans d’avance, Isaïe l’avait annoncé : Sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre, une lumière a resplendi. Tu as prodigué l’allégresse, tu as fait grandir la joie ; ils se réjouissent… Puer natus est nobis, filius datus est nobis : Un enfant nous est né, un fils nous a été donné. Les cieux se sont ouverts et la gloire du Seigneur est venue illuminer, au cœur de notre nuit, un petit coin de Palestine. Ne craignez pas, dit l’ange aux bergers, aujourd’hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David (la ville du roi David). Il est le Messie (celui que tout le Peuple Juif attend), (c’est lui) le Seigneur (Lc 2,11). Isaïe, l’avait annoncé : On proclame son nom : ‘Merveilleux-Conseiller, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix’. Et voilà le paradoxe. Celui que l’humanité attendait, pourrait-on dire, depuis son origine, depuis le péché originel, celui que les prophètes ont annoncé : Filius datus est nobis, arrive, nous arrive là où on ne l’attendait pas, il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune, couché dans une étable, dans une extrême pauvreté. Sans l’intervention de l’ange auprès des bergers et de la troupe céleste, tout serait même passé complètement inaperçu, alors que cet Enfant que nous adorons, au cœur de cette nuit, avec Marie et Joseph, est, nous le découvrirons, le Filspar excellence ; oui, cet Enfant, couché, là, sur un peu de paille, est le Fils de Dieu, Dieu lui-même, consubstantiel au Père. Suivons la vie de cet enfant et nous constaterons que ce bébé nouveau-né deviendra le Rabbi Jeshua sillonnant la Palestine, puis ce Jésus mort sur la croix, enfin ce Jésus ressuscité, vainqueur du péché, du mal et de la mort. Il est bien ce Roi fort annoncé par Isaïe, l’insigne du pouvoir est sur son épaule. L’insigne de son pouvoir, c’est le bois de la croix qui lui meurtrira l’épaule avant de le porter entre ciel et terre pour qu’il ressuscite et nous ouvre les portes de son Royaume. Oui, couché, là, sur un peu de paille, cet Enfant nous invite à le suivre, il nous provoque à une nouvelle naissance, comme il le dira plus tard à Nicodème : Personne, à

Noël Messe de Minuit A - · PDF fileNoël – Messe de Minuit ... pas d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né du souffle de l’Esprit (Jn 3, 5-8)

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Page 1: Noël Messe de Minuit A - · PDF fileNoël – Messe de Minuit ... pas d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né du souffle de l’Esprit (Jn 3, 5-8)

Noël – Messe de Minuit – A

Sainte-Anne, le 24 décembre 2013

Lectures : Is 9, 1-6 Ti 2, 11-14 Lc 2, 1-14

Mes bien chers Frères,

Chers Frères et Sœurs,

Avec toute l’Église, au cœur de cette nuit très sainte, ensemble, nous veillons et nous

prions. Nous regardons ce spectacle à la fois ordinaire et insolite ; ordinaire, avec ces jeunes

parents autour de leur bébé, mais aussi insolite, car nous sommes dans une crèche et le

nouveau-né est couché dans une mangeoire ; nous écoutons cette admirable mélodie céleste :

Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime !

Au cœur de cette nuit, nous nous laissons à nouveau toucher par la réalité, par la vérité

de ce mystère qui, chaque année, nous émerveille davantage et que nous célébrons avec une

exultation et une joie tout intérieur, autour de cette mangeoire comme autour d’un berceau,

car il s’agit bien d’une naissance.

Avec quelque sept cents ans d’avance, Isaïe l’avait annoncé : Sur ceux qui habitaient

le pays de l’ombre, une lumière a resplendi. Tu as prodigué l’allégresse, tu as fait grandir la

joie ; ils se réjouissent… Puer natus est nobis, filius datus est nobis : Un enfant nous est né,

un fils nous a été donné.

Les cieux se sont ouverts et la gloire du Seigneur est venue illuminer, au cœur de notre

nuit, un petit coin de Palestine. Ne craignez pas, dit l’ange aux bergers, aujourd’hui vous est

né un Sauveur, dans la ville de David (la ville du roi David). Il est le Messie (celui que tout le

Peuple Juif attend), (c’est lui) le Seigneur (Lc 2,11). Isaïe, l’avait annoncé : On proclame son

nom : ‘Merveilleux-Conseiller, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix’.

Et voilà le paradoxe. Celui que l’humanité attendait, pourrait-on dire, depuis son

origine, depuis le péché originel, celui que les prophètes ont annoncé : Filius datus est nobis,

arrive, nous arrive là où on ne l’attendait pas, il n’y avait pas de place pour eux dans la salle

commune, couché dans une étable, dans une extrême pauvreté.

Sans l’intervention de l’ange auprès des bergers et de la troupe céleste, tout serait

même passé complètement inaperçu, alors que cet Enfant que nous adorons, au cœur de cette

nuit, avec Marie et Joseph, est, nous le découvrirons, ‘le Fils’ par excellence ; oui, cet Enfant,

couché, là, sur un peu de paille, est le Fils de Dieu, Dieu lui-même, consubstantiel au Père.

Suivons la vie de cet enfant et nous constaterons que ce bébé nouveau-né deviendra le

Rabbi Jeshua sillonnant la Palestine, puis ce Jésus mort sur la croix, enfin ce Jésus ressuscité,

vainqueur du péché, du mal et de la mort. Il est bien ce Roi fort annoncé par Isaïe, l’insigne

du pouvoir est sur son épaule. L’insigne de son pouvoir, c’est le bois de la croix qui lui

meurtrira l’épaule avant de le porter entre ciel et terre pour qu’il ressuscite et nous ouvre les

portes de son Royaume.

Oui, couché, là, sur un peu de paille, cet Enfant nous invite à le suivre, il nous

provoque à une nouvelle naissance, comme il le dira plus tard à Nicodème : Personne, à

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moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né

de la chair n’est que chair ; ce qui est né de l’Esprit est esprit. Ne sois pas étonné si je t’ai dit

qu’il vous faut renaître. Le vent souffle où il veut : tu entends le bruit qu’il fait, mais tu ne sais

pas d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né du souffle de l’Esprit (Jn

3, 5-8).

Ainsi, Frères et Sœurs, dans cette atmosphère paisible et feutrée devant la crèche, dans

le silence et l’adoration, ne nous y trompons pas, si nous disposons nos cœurs et écoutons en

profondeur l’appel du Seigneur, nous sommes en fait convoqués à entrer dans cette aventure

qui est celle même de Dieu, l’aventure de l’amour, de l’amour qui se donne et se livre, pour la

gloire de Dieu et le salut du monde.

C’est bien ce que chante de manière synthétique la troupe céleste alors que, au cœur de

cette nuit bénie, avec Marie et Joseph, nous adorons et contemplons ce mystère : Gloire à

Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime !

Joyeux et saint Noël, à vous tous et à vos familles !