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NOS DIVISIONS POLITIQUES Revue de nos I.ottes depuil!l 1840; Résultats de ces LuUes, et DéCeMi&é de l'Union entre tou5 les ()anadien8. J PA.R C. J. L. - RA N CE. QUÉBEC: IMPRIMÉ À L'A'l'ELIEH DE L'ÉVÉNEJY.ENT.

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NOS

DIVISIONS POLITIQUES

Revue de nos I.ottes depuil!l 1840; Résultats de ces LuUes,et DéCeMi&é de l'Union entre tou5 les ()anadien8.

J

PA.R

C. J. L. - LAI~ RA N CE.

QUÉBEC:

IMPRIMÉ À L'A'l'ELIEH DE L'ÉVÉNEJY.ENT.

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NOS DIVISIONS POLITIQUES

Après la conquête du pays par l'AnJleterre, les Canadiens demeurés seulsen faoe El'ennemis qui avaient juré leurperte, comprirent que s'ils voulaient con­urver diltincte et forte cette nationalitépour la défense de laquelle ils venaientde faire tant et de si douloureux sacri·fices, il leur fallait le rallier sous unmême drapeau et n'avoir qu'une smbi­tion, qu'un but.

Auui eut -on, de la conquête aux san­Ilantl événements de 37, le spectaclecrandiOie et inltructif d'un petit peupleque l'infortune et l'abandon avaientfrappé, que la force avait écralé, maisnon dompté, présentant à ses ennemisnne ma88e compacte, unie, impênê­trable, et marchant fier et Banscraintedanl une unanimité qui commandaitpartout le respect et l'admiration.

Grâce .. cette union sans exemple, cepeuple qui lors de la conquête ne comp­tait 'lue 60,000 Ames était au bout detrois quarta de siècle, devenu un peuplede près d'un million; et cette force qu'ilavait acquise, en dépit des injusticel lesplui criantes, de l'arbitraire le plu. in ­fime, des haines amoncelées, dei terri­bles colères et des honteuses violencesde cel sombres et farouches proeonsulequi si souvent palsilrent lur le payscomme la tempête, il la devait touteentière à Ion unité, à sa foi danll'avenir,à .a confiance dans l'honneur et le pa­triotisme, à sa fidélité inébranlable auIOlIvenir de la ,rande nation, de cettevieille patrie française dont il avait mil·lion de perpituer sur le 101 américain181 creyancfll et la langue.

Lorsque 181 laaglaDts événement- ilE'37 eurent prouvé à Il' mc;trof'oli" 'lu e ''''''

pères étlient unis et dêeidês à ne riencéder, à défendre jusqu'au bout leursinstitutions sans cesse attaquées, à. reven·diquer leurs droits et priviléges mêmeau prix de leur sang, même en montantsur les planches hideuees de l'échafaud,l'on vit un terme aux injustices ouvertes,à cette guerre aehamêe que l'on failai tà la race canadienne·françaile, Il sescroyances, à sa langue j mais malhaureu­sement l'on vit en même temps la finde cette union admirable qui avait faitla force de notre nationalité, l'avait faitgrandir depuis la conquête, et vers Ia­quelle il nous faudra un jour retournersi on ne veut pal périr, si on veut quenotre race se maintienne et soit toujourlune race modèle en Amérique.

Dès lors la division s'elt mise parminous et depuis-il y aurait faute à lecacher-noui perdons lans cesse duterrain, la misère et le malheur se sontabattus sur nOI compatriotes, ils peu ­plent par. milliers la terre étrangère,l'.venir s'assombrit tous les jours, etnotre influence s'affaiblit noneeulementsous le rapport du nombre, maia encoresous tous les autres rapporta.

Qu'est·ce qui a détruit cette admirableunion de nos pèrea? Qu'eat ce qui aamené parmi nous cette fatale tiivisionqui depuis 30 ans use l'énergie de notrerace, ruine notre ceraetêre national, me­naee de détruire lei traita caractéria ·tiques les plus beaux et les plus diguesde netre nationalité, et de noue arracherjusqu'au dernier lambeau de ce qui noUireste de françail ?

Ali 1 on ne le Bail q l1 'l t r"'~ ,

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odieuse oligarchie, et n'ayant nulle con­fianoe dans les Canadiens qui pourtantlui 0!1t en main t,es cireonstaneea prouv~

leur fidélité, vo lait toujours anglifier etfaire disparaître ce pelit peuple qui luiavait si vigoureusement résisté. Voyantque des luttes ouvertes ne faisaient quefortifier cette nationalité française, ellechangea de tactique, elle cessa son oppo­sition, ses violences impuissantes, et serendit pour notre malheur aux conseilsmachiavéliques ùu fameux Durham quiavait.dit :

Plus de luttes ouvertes, plus deviolences contre les Canadiens- Français,cela les engage à s'unir comme un seulhomme. Semez plutôt la corruption,achetez les chefs, les âmes vénales qui setrouvent chez tous les peuples, donnez àcelui- ci de l'or, à celui-là un titre, à cetautre un hochet quelconque, et ceshommes vous aideront en retour à divi ­ser leurs compatriotes, et vous briserezà jamais cette union admirable des Ca·nadiens qui les rend si forts.

Et depuis 1840, depuis le gouverne­ment responsable. il n'y a plus en effetde guerre ouverte; il n'y a plus de tyran­nie au grand jour; mais il ya une guerresourde, il y a cette guerre démoralisa­trice et dissolvante de la corruption, del'achat des consciences, du règne de tou­tes ces hontes qui font reniei- la patrie ettomber un peuple. La vieille politiqueanglaise qui pour parvenir à sel fins, asemé l'or dans tous les pays du mo~de,

"qui partout a soulevé les passions, lesinstincts mauvais, les haines religieuses,le fanati ame, s' est établie parmi nolis eta trouvé des â'mes ouvertes à la ténta·tion.

Que l'o n dise ce que l'on voudra pourdéfendre <l es maîtres il n'est malheur èu­sement que trop vrai que l'Angleterre atoujours travaillê au nivellement desraces en Canada, et qu 'il s'est trouvé deshommes, des canadiens pour exêoutercette politique-des canadiens qui pousséspar l'ambition, par l'amour du luxe/destitres, des jouiss ances de la fortune, sesont fait les instruments de la métropole,Ont semé la division parmi leurs comps-

trio tes, et au moyen de ces divisionscréées par la calomnie, par l'e p oitationd s réjugé~, p l'l:Irangla' et canadien,e sont p ndan ' de longue années asau­

rés du pouvoir.Leurs efforts pour je malheur de notre

race ont été couronnés de succès, et labelle union de nos pères n'existe plu ••Deux partis depuis 30 ans divisent lescanadiens, le parti national ou libéral, etle parti dit conservateur ou le parti tory,-le vieux et vérîtabl~ parti ~anlldien'français voulatrt continuer r l'oppositionaux idê és de la métropole, se défianttoujours et avec raison d~ la politiqueanglaise, et ne 1travaillant que dans Iesintérêts canadiena-françvis avant tout'l etle parti des hommes qui après avoir~\1C?n­tinué pendant quelque temps lé vieuxparti canadien libéral , renièrent leur pa­triotisme de 37, se firent les instrumentsdociles de la -métropole, consentirent àse mettre en tout' et partout à la remor­que des idées, des vue~, des projets an,glais, dussent ces idées, ces vues, cesprojets être la ruine, la désunion, notreperte.

LE PARTI Î.IBÉRAL.Quel a été et qu'a toujours voulu le

parti libéral, que l'on a désigné, dans unbut d'ostracisme, sous les noms de ruuges,de communistes, de socialistes, mais qui' aenfin pris sa vêriteble.sdênominatlon departi national?

Peu de temps après l'octroi du gou­vernement responsable l'on vit s'opérerle système préconisé par Lord' Durham.Les hommes qui avaient le plus forte ­ment > répudié l' Angleterre .devinl'e~'ttout-à-coup les défenseurs zélés de sapolitique, et cherchèrent par tous lesmoylms à trallier' leurs compatriotes àleurs vues et à celles de la métrop61e.

C'estde là -que daté cette douloureuse.scission qui nous 'a 'été' si furieste, 1

-- Un grand nombre \i Canadiens ref ù­sèrent de suivre les nouveaux amis del'Angleterre dans leur êrolution politi­que . Ils se réunirent en une phalangecompacte, courageuse, déterminée à

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poursuivre et à continuer la vieille poli.tique nationale qui avait donné une sigrande influence aux Cana liens, et quiavait forcé la métropole à leur accorderun système de gouvernement plus libê­rai et plus juste-système de gouverne­ment dont une franche application eûtpu, sous des chefs dévoués comme autre­fois, faire grande et forte notre natlona­lité qui avait su grandir sous liarbitrairele plus terrible. Mais malheureusementles hommes de la politique anglaisen'avaient plus rien de l'ancien patriotis­me j ce qu'il leur fallait, c'était au lieudes bénédictions du peuple, les titres etl'or de la métropole.

Le vrai parti libéral, s'est vu en butteà. bien des haines, à bien des colères,parce qu'il suivait la politique essentiel­lement canadienne-française, eesentielle­ment nationale, tracée par notre fier etgrand tribun, l'honorable L. J. Papi.neau, politique qui consistait à luttersans relâche contre les tendances êgoïs­tes de la métropole; à secouer autantque possible ce joug mercantile qui pe­sait si lourdement sur notre population,gênait ses développements, et sacrifiaitles intérêts canadiens aux intêrêts desmarchands de la mère- patrie ; à s'opposeravec toute la vigueur possible à ces em­piètements lente mais continue, souventà peine perceptibles, mais toujours réels,qui peu à peu nous arrachent un à untous nos droits ;_à rêclamer sans cessejustice pour tous, la diminution du pa·tronage, la lin des gaspillages, une plusgrande économie, de nouvelles rêfor­mes; à vouloir enfin à la tête des affai·res des hommes qui ne fussent pas l'ex­pression des idées anglaises, mais deshommes amis de leur pays, qui par deslois sages, judicieuses, nationales, PUB­

sent faire surgir le travail, la prospéritéet le bonheur dans le pays.

De ait c' st à c parti que l'on doitla plupart des réformes obtenues. S'iln'a pas eu le pouvoir en mains pour faireplisser ses mesures, il a du moins forcéceux qui étaient à la tête des aff~ires àles accorder.

C'est à lui que l'on doit l'abolition de

la Tenure Seigneuriale, abolition ' à la­quelle les conservateurs s'opposèrent detoutes leurs forces pendant des années,représentant les libéraux qui voulaientcette réforme comme des socialistes. desmisérables qui voulaient bouleverser lepays et la société. Et cependant un beaujour ces eoi-disant conservateurs firentvolte-face, s'emparèrent du projet libê­ral, et abolirent la tenure seigneuriale ence pays.

C'est il lui que l'on doit l'élection desmembres du Conseil Législatif avant laConfédération, projet qui souleva d'a­bord la fureur et les insultes des coaser­vateurs, mais dont ils s'emparèrent nêan­moins un jour afin de ne pas tomber.

C'est à ce parti que l'on doit la sécu­larisation des réserves du clergé, l'aboli­tion du double-mandat, le co mmenee­ment d'une réforme électorale, d'unsystème de votation plus honnête etplus juste, la votation en un seul jour,l'abolition de la proclamation, les contes­tations d'élection décidées par les juges,etc., etc.

L'on peut dire que toutes les réformesimportantes sont dues à l'ex- oppositionqui les a étudiées, discutées, et ênergi­quement demandêes, pendant que legouvernement ne s'occupait de rien IIU'

tre chose que de se maintenir au pou­voir. Les conservateurs ne peuvent citerune réforme sans qu'on leur prouve im­médiatement qu'elle a été d'abord de­mandée et réclamée par le ' parti qu'ilsinsultaient sans cesse tout en s'emparantde son travail.

Pour réussir à perdre de tels adver­saires il fallait effrayer les populations,il fallait tromper le peuple et le clergé,et on se mit à l'œuvre. Les accusationsles plus inouïes, les pamphlets les plusodieux, les calomnies les plus infâmes,tout ce que la fourberie peut inspirer àdes hommes sans scrupule fut employé.00 représenta les membres du parti li­béral comme des hommes dangereux,comme des ennemis de la pire espèce;on déclarait impudemment et avec auda­ce que ces hommes voulaient reproduireen ce pays la révolution et le désordre;

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on les baptisait du nom de Touges, aceo­lant par cette épithète ce parti au partiinfâme dont la conduite en 93 a fait lahonte et la terreur de la France. Onmentait saaa pudeur, l'on trompaitsciemment et hypocritement des citoyenshonorables et honnêtes dont oe se jouaitde la bonne foi, de la franchise, de lasincérité.

Ces accusations habilement exploitéeseurent pour rêsultat d'attirer un immensediscrédit sur le parti libéral et d'affaiblirmomentanément son influence. Puis lapeur, la corruption, l'achat ,au momentdu danger de quelques âmes vénales. leminèrent encore et permirent aux soi-dl­lant conservateurs de garder le pouvoirau grand préjudice du pays. Mais les dê­aoûtantes palinodies, les scandaleusesdéfections de quelques hommes-qui parleurs écrits adêoitemen t rejetês sur toutle parti libéral avaient le plus contribuéà le discréditer-purifièrent ce parti touten faisant comprendre la mauvaise foides chefs conaervateurs. Le. aetes dehonteuse dilapidation qui viennent d'êtremis au jour ont définitivement fait ouvrirles yeux du public sur la valeur de ceparti. .

Maintenant que l'effroi du mot Tougefl'est entiè rement passé, malgré la ridiculetentativ.. que l'on fait pour en fairerevivre les dangers imaginaires, nous ledemandons en toute franchise, qui douteque lei TOUges ne soient aussi bons cana.diens, aussi bons catholiques, que ceuxqui l'intitulent conservateurs, et seulsdêfenseura de la foi, de la morale et dela nationalité 7

Mais, dit 'on, il, a parmi les Touges deihommes irréligieux 1 C'est possible ;mail croit-on qu'il n'yen a pas parmiceux qui s'intitulent conservateurs?croit-ou qu'il n'y a chez cel derniers quedea modèles de religion et de oonduiteexemplaire? croit-on qu'il faudrait eher­cher lonltemps pour trouver à tOUI leidégrés de l'échelle dite conservatrice, dusommet à la base, dei hommes irrêli­gieux, et des scènes .candaleuses, desexemples bien dêplorablee, bien tristellde la forol des passions?

Quelques 'TONga , diton encore, ontparlé et écrit contre le clergé t Mais quiignore que parmi lei chefs et les êer i­vainl conaereateurs on a dit, prlrêmeat,et publiquement, pis contre le cterléque jamais les rouges n'ont dit? quiignore que depuis quelques années sur ­tout, des conservateurs ont dépassé enfait d'insultes au clergé ce qui s'estjamais dit en Canada? Et en ce momentmême les membres du clergé qui ont rê­pudié le soi-disant parti conservateur nesont-ile pas journellement iusultês ? Pour­quoi donc faire retomber sur tout unpal ti des actes isolés, des paroles lOU­vent proférées dans des moment. d'ezci­tatien et de colère? Pourquoi juger .0

parti par lei fautes et les erreu1'll dequelques-una, et excuser ces mêmes fau ·tes et ces mêmes erreur. chez un grandnombre de membres d'un autre parti?Serait-ou jUltifiable d'appeler les soi­disant conservateurs voleurs et faussairesparce qu'il y a IIU dans ce parti desvoleurs et des fausilaireil défendu. parles écrivains, même par lei chefs de ceparti ? Une semblable accusation neserait-elle pail odieuse, infâme 1et eepen- .ùant c'est la conduite que l'on a eons­tamment tenue à l'égard du parti Ii­bêral.

Elpéror,s qa'après la dure et longueexpêrience qu'il vient de faire, le peuplecomprendra Ciue c'est un malheur pourlui de s'attacher à des mots, à des quali­ficatifs qui ne signifient rien, plutôt qu'à.des actes, qu'à des faits j qu'il compren­dra le danger de croire sur parole celhabiles exploiteurs qui orient llllnll Cesse ,à l'ordre, à la paix, pour caoher sous deaapparences trompeuses, leur honteuseoonduite; et que renonçent à une OOD'

fiance trop aveugle à des chefs il retour­nel'a tout entier à une politique vrai·ment canadienne, vraimlnt nationale,

Le Parti dit (JoD8eryatellr.

Qu'est.·ce que ce parti qui IOUI 1.fouet de quelques hOIlUD88 a r~IDé de­puis 30 an. en Canada? qul .'est appelé-

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-7-tour·À·tour libéral, puis libêral-conserva­teur, puis conser't'lloteur tout court, etqui maintenant revient li. l'un de ses an­oien. noms, et s'appelle llbêrel-ceneerea­teur? Qu'a·toi! fait? quel a été son rôle?quel a été le but de ceux qui ont guidéle pays et engagé si profondément l'ave·nir el les destinées du peuple canadien?Ceparti, personne n'en doute mainte­nant, n'est que l'ancien parti tory, leparti de la politique anglaise avant tout,le parti de quelques intêressêe toujoursprêts li. tout sacrifier et à. tout faire pourrester au pouvoir et servir envers etcontre tous, même contre leurs compa­triotes, cette métropole qui n'a toujourscherché dan. ses colonies que des lujetsà.exploiter plutôt que de. sujets à faire.randir. Ce n'est donc pas le vrai particonservateur; bien plus on pourr~it dire

\ que ce n'est pas même un véritable partipolitique. Oar enfin qu'est-ee qu'un véri·taBle parti politique T o'est celui qui adei prinoipes, un but vers lequel ilmarche, dont tous les ' aotes 'et tous leiefforts tendent vers oe but; o'est enFrance le parti républicain, le parti légi.timiste, le parti orléaniste.

Ces partis dont chacun a des principesdiamétralement opposé. aux autrel secomprennent facilement. On comprendle parti républicain dont les membresfeulent la république, et qui font tout 'enleur pouvoir pour établir ce système degouvern!lment qu'ils croient de bonnefoi le plus propre à faire le bonheur etla force de leur patrie. 00 comprend le?arti légitimiste,le véritable parti conser­rateur françaii, qui veut l'ancien gouver­iement absolu des Bourbons, qui veut leiomte de Chambord, l'homme aux prin ­lipes rigide s, aux convictions profondes,It qui ne transige pas avec sa eonscienle. On comprend jusqu'à un certain,oint le parti orlêaniate dont une bonne.artie des membres, également opposés. la république et Il la monarchie abso­Je, veulent la monarchie eonatitution­elle. Mais un bon nombre des mem·res de oe parti ne .,eulent, oomme lesionapartistes, rien autre chose que le

pouvoir afin de vi.,re dei .ueur. de laFrance. Ce sont nos ex· ministériels quin'adorent que le succès.

Les partis politiques doi.,ent donc s'sp­puyer sur des prinoipes solides, inêbrsu­lables, et monter ou tomber avec cesprincipes. Pourrait-on dire sur quoi s'estél~vé et s'est maintenu le parti soi-disantconservateur canadien? pourrait- on diresans honte sur quoi il est tombé? 11 eltvrai que ce parti, a eu le pouvoir pendantde longues années, mais cela ne prouverien en sa faveur, car chacun sait que cene sent pllS toujours les .,éritables partispolitiques qui dominent, que sou.,.mt aucontraire ce sont des partis d'intérêt, despartis qui ne représentent aucune idée,aucun principe, qui 'prennent tous lesnoms qui leur conviennent pour le mo­ment, qui exploitent tous les préjugés,toutes les paselous, et dont toute l'am·bition est de régner et jouir.

C'est exactement ce qu'a été le partiqui s'est faussement intitulé conservateuren Canada. C'est le parti de quelquesindividualitél, de quelques hommes, lesuns habiles, les autres fourbes et hypo.crltes, tous exploitant la bonne foi despopulations dans leur propre intérêt perosonnel, et servant l'Angll'terre commeils lerviraient le Grand Turc, l'ils y trou­vaient plus d'avantage. Le ohef eonser­vateur en Canada n'e.t pas un hommequi représente les idées, les principesd'une masse de citoyens, o'est au eon­traire un homme qui impose 8el propres ,idéel, S8S vue', è. une foule de personnelqui lui obêissen t, un bon nombre avecconfiance et bonne foi, le reste parce­qu'il récompense généreusement avecl'argent public.

Ce parti ressemble on ne peut plus licelui qui a régné en France pendant 20anf, à. celui qui IOUS Napoléon nf oriaitbien haut qu'il était le vrai parti conser­vateur français, tandis qu'il n'était quele parti d'un homme et des intéressés quil'en touraient.

Pendant 20 ans ces soi-dîsaut eonser­vateurs françail ont eu le pouroir, qu'ont.ill fait de la France? Qu'ont·ils fait sou.ce Napoléon dont tOUI les conservateurs

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ici-il ne faut pas feuilleter longtempsnos jou rnaux dits conservateurs pourrelire ces articles-béDlssaient ce règnepour la France, comme s'il pouvait rê­sulter quelque chose de bien d'un gon·vernement issu du parjure, du meurtre,de l'assassinat, de la corruption. Ont-ilsfait la France plus grande, plus heureuse,et plus digne? Non, le règne de Napo­léon a simplement ouvert les voies à tousles appétits, à la démoralisation pousséeil. l'extrême. L'honneur, les principes,les convictions, comptaient bien peu; letriomphe, le succès faisait tout le mérite.On adorait tout ce qui permet et procureles jouissances. La religion et la politiquede ces hommes était le pouvoir; l'or,leur Dieu. La corruption était poussée àun tel point qu'on a vu, chose inouïeohez le peuple français, des hommes, aumoment où leur patrie était plongéedans un abîme de malheurs, exploitercette situation, profiter, avec l'appui dechefs, de ces douloureux embarras, pourdétourner à leur profit les fonds qui de­vaient payer et nourrir le soldat chargéde d êfendrels France. Voilà. ce qu'a pro­duit ce système infâme qui durant 20ans a pesé sur la France pendant quel'on jetait comme ici l'insulte et l'ou­trage à. tous ceux qui déploraient la mar ,che que l'on s .iivait ; voilà le système quiaprès avoir jeté ladémoralisation partouts'effondrait et tombait sous le mêpris detous ne laissant après lui que les désas ,)tres de la guerre prussienne 'e t la Cornmune.

Lacordaire, dans ses admirables confê­renees de Toulouse, avait prédit cet abais ­sement de la France.

" Lâ, dit-il, où la patrie est un temple" vide, qui n'attend rien de nous que le" silence et le passage, il se crée tout" autour, dans une oisiveté formidable," une énergique débauche. La force des" âmes, s'il leur en reste, se dépense à." se flétrir. Des têtes vides portent le"poids des grands héritages, et des

,; "cœurs usés se traînent après des digni­" tés qui leur resse:nblent. Un échange" se fait entre la corruption des su jets et,. la corruption de leurs maîtres. Ceux-ci

" n 'ayant rien à faire non plus, parce.. tout leur est permis, denuent le branle" à ' la dévastation des mœurs; et tout" s'en va, d'un pas unanime, au lieu où" la Providence attend les peuples indi­" gnes de vivre. _ .. . Dans les pay& de" vie publique, le citoyen est inviolable:"o'est·à·dire que ses biens, son hon­" neur, sa liberté et sa personne sont" à l'abri de toute atteinte arbitraire...." Combien il en est autrement dans les" pays de vie privée f La loi elle -même," s'y abaisse devant le caprice d'uneIl volonté qui ne peut pas être prévue;" la magistrature, mobile et dépendante," y,obéit s d'autres ordres que ceux deIl la justice; et chacun, averti que sonIl sort est entre les mains d'un seul," homme, se retire dans une crainte qui" domine ses actes, ses paroles et jus." qu'à. sa pensée. Le plus bas des senti­., ments, la peur, devient l'âme : de ce"peuple. L'hypocrisie se glisse derrière" la peur, pour la diminuer; l'adulation,'1 ponr la dissimuler. Entre ces trois" vices, qui s'inviteqt et se justifient l'un" par l'autre, les cœurs s'avilissent, les" caractères 'tombent j il ne reste debout" que la servitude, et de certain que le" mépris."

Napoléon fit cesser ces conférences quiflétrissaient son règne. T,aliberté de la pa­rolsln'êtait que pour ceux qui s'agenouil-laient devant le maître, ,

Ce règne de vénalité et de corruptionest bien l'image de celui qui vient definir en Canada. ,j

La politique des chefs dits conserva­teurs,toute d'expédients, sans but arrêtê,n'a pu produire d'autres , résultats. Ilsont pris la nation canedienne-françaiseunie comme un seul homme, tyrannisée,mais puisant dans son patriotisme un dé~

vouement sans exemple, et marchant sousla conduite de grands patriotes vers laconquête d'un gouvernement libre. Ont.ils travaillé à conserver cette belle unitéqui faisait notre force et notre gloire î ­

Leur règne n'a-t-il pas été la corruptionrêpandue dans toutes les sphères de lapopulation? Leurs actes n'ont- ils pas étéune prime constante offerte à toutes les

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consciences prêtes à eap itule r ? N'ont-ilspas mill la vénalité à l'ordre du jour?N'ont-ils pas cherché à .efféminer la po­pulation, li l'intéresser su lucre, à luifai re convoiter les situat ions lucratives,à faire enfin, 9U lieu d.. citoyens libres,de pauvres esclaves prêts à tout dansl'espoir de form er partie d'une bur eau­cratie semblable il celle qui Il fait tant demal déjà au .Canada? Non, ils n'ont pascherché franchement 'et courageusementl' in térêt de la nationalité; ils n 'ont euqu'un but, garder le pouvoir par tous lesmoyens possibles, en ne re.culant devantrien.

Ils n'ont pas seulement voulu fairecroire à un parti dévoué, mais ils ontoherché à effrayer les populations. Ilsavaient intérêt à ce que le peuple ne vîntpas Il s'apercevoir que de fait leur partin'est qu'un parti sans but national, etils n'ont pas hésité à tuer moralementleurs adversaires par les moyens les plusodieux, par la calomnie la plus infâme,afin de rendre sans effet les dénoncia­tions qu'ils redoutaient. Ils allèrentohercher dans l'histoire des révolutionseuropéennes les noms les plus com­promis, les titres les plus infâmes parlesquels on désignait la canaille la pluscoupable, les assassins les plu's féroces.et ils donnèrent ces noms Il tous ceuxqui s'opposaient à leurs ' actes. Aujour·d 'hui encore il suffit d'être contre ceshommes pour être appelés rouges, com·munardB, pëtroleue, etc. Par bonheurchacun connaît maintenant la valeur deces épithètes.

Ce qu'il y a de plus étonnant. c'estqu 'une partie du peuple ait pu aussi long:temps ajouter foi à ces dénominationsmalhonnêtes que l'on donnait à desadversaires 1c'est que le clergé lui-mêmeait pu y croire 1 Car enfin, croit-on sin­cèrement que les oppositionistes 'd 'alors,les ministériels d'aujourd'hui, feront plusde mal Il la religion, à la nationalité, queles anciens ministres? Mais, il faut lerépéter, les plus violentes attaques con­t re le clergé viennent des conservateurs tMais les chefs conservateurs se recrutentjusque dans la fmnc.maçonnerie 1 Mais

leurs all iés sont tous des orangistes, le splu s hna tiquea ennem is des cath oliquss ,Es t-ce que cette secte odieuse perd deson farouche fanatism e en s'allia nt auxdits con servateurs? D 9 qu el c ôt ê danscette alliance monstrueu se Bon t ven uese t devaient venir les concessions ? endoute t-on ?

D'autres fois l'on cri ait aux hommesprovidentiels en répandant l'idée queseuls les ch efs soi-di sant con servateursétaient capables de défendre notre na ­tionalité. L'on disait, par exemple, quesans M. Cartier le pays êrait perdu, lanationalité finie, que personne ne pouvaitle remplacer. La mort est venue frappercette homme et le pays li continué samarche. Son successeur, M. Langevin,un autre homme providentiel 1 vient dedisparaître englouti pour toujours danal'infamie du Pacifique, et sa ruine n 'a pasamené le grand cataclysme annonc é, lenaufrage de la nationalité.

Quelle aberration de se laisser tromperpar de semblables idées 1

Mais pour r éussir j} répandre d 'aussiabsurdes idées il fall ait une presse do­cile. On a alors créé, avec l'argent an.glais, avec l'argent arraché BOU par BOU,

piastre par piastre, 8U pauvre cult iva.teur, au malheureux ouvrier, une fouled'adorateurs bien payés. ' On s'est en .touré d'écrivains me rcenaires, sans prin.cipes et sans conviction, toujours prêts,pour plaire à des chefs, à oublier la pa .trie, et à.remplacer une discussion hono­rable des faits par des personnalités,des insultes, par le mensonge, la calomnie, de bassel! insinuarions, de lâchesaccusations, à se faire honteusemen t hy ­pocrites, à se dire essentiellement reli ­gieux et moraux tandis que souvent.. . .....mais jetons un voile sur certaineschoses.

Sans s'arrêter aux écrits payés de IRplupart de ces écrivains, que l'on exa­mine donc froidement la conduite deschefs conservateurs, que l'on mette enregard leurs paroles et leurs actes, etqu'on dise ensuite si réellement il y "chez ces hommes conviction, amour dupeuple, du juste, du bien.

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D'après leurs paroles et leurs êerits cesont les soutiens-nés de la religion, de lanationalité, de l'honneur, de la morale,les vi\ritables amis du progrès du pays.Hais de fait est-ce bien le cas? N'est-cepas eux plutôt qui n'ont rien su conser­ver, qui ont cédé à chaque instant nosdroits religieux et politiques, qui ontsans cesse travaillê à démoraliser la po­pulation, qui ont refusê constamment,opiniâ.trement, les réformes les »lus nê­cessaires, les plus moralisatrices, ne cê­dant que poussés au pied du mur parl'opposition appuyée de l'opinion publi­que.

Eux lea soutiens de la religion 1 Maisprotégeaient-ils bien la religion lorsques'agitait dans le Haut-Canada la questiondes êcoles aèparêes ? N'a t-il pas falluque leurs adversaires qui n'avaient rienà céder à des alliés orangistes, vinssent à

.monter au pouvoir pour régler cette ques­tion et rendre pleine justice aux eatholi­que. ? Out .ils prorêgê la religion au Nou ­veau-Brunewick ? Se sont-ils même oecu­pés en bâclant la C mfédération de 'savoirs'il y avait des cathol iques dans cetteprovince? N'ont-Ils pas depuis laisséleurs co-religionnaires en butte aux perosécutions les plus odieuses? N'ont-ils pasfroidement et avec iadiffêrence vu jeteren prison un membre du clergé qui refusait hardiment de se soumettre à uneloi arbitraire? Ah 1 si les lIbéraux eus ­ient été à leur place et eussent fait lamême chose, de quelles malédictionsn'auraient-ils pas été accablês, Il y a àpeine quelques jours qu'ils sont au pou ­yoir, et déjà les chefs conSllrrateurs etleurs écrivains trouvent que le nouveaugouvernement ret~de à régler cette affai.re ~out en sachant que depuis 3 ans ilaont eux-mêmes, à dessein, laissé passertous les délais constitutionnels.

Et cette loi du divoroe pour la Puis ,sance, et le Bas-Caneda par oonséquent,J'où vient-elle ? Et cette autre loi ' ausujet d'une cour de divorce au Nouveau­Brunswick vu que la cour existante nepouvait juger toutes les causes, qu i la

proposait? et qui la secondait? Qui l'afait tomber?

Et ce projet d'éducation qui en 1868souleva l'indignation du clergé et dupaJs parce qu'elle tendait à mettre unjonr à la tête de l'éducation un aurinten­dsnt protestant, qui s'en était chargé etvoulait la faire passer?

Et combien d 'autres questiona reli­gieuses n'ont-ils pas sacrifiées 1

Eux les défenseurs de la 'nat ionalité 1L'ont ils protégée? N'ont-ils pas au con­traire cédé un à un tous nos dreits?N'ont-Ils pas marchê de eoneessions enconcessions? N'ont ils pas toujours bênile lendemain ce qu'ils avaient maudit laveille? En veut-on des exemples? ilsfoisonnent. Personne n'a oublié les orisdes aoi-dieaat conservateurs contre lareprésentation basée sur la populationque voulait M.- Brown, cet homme'démon, oomme on l'appelait alors, néan­moins un bon matin, le ministère étantsur le point de tomber, M. Cartier em­brasse le terrible George Brown et luicède ce sujet de discorde avec la Confê ­dération.. PUIS toutes les rêformes demandéespar les rouges n'ent-elles pas été d'abord'l'iolemment repoussées par les conaer"a­leurs, et finalement accordées par euxau moment où ils allaient tomber? Etquand ils l'ont ' pli n'ont-ils pas feintd'aocepter ces réformes tout en les fai­sant décider par l'Angleterre à leur pointde vue? u'est-ce pss ce qu'ils ont fait pourle siége du gouvernement à Ottaws,pour le salaire de $50,000 du gouver­neur-gènêral, et pour le bill du sermentli. propos du scandale du Paoifique ?

Et la Confédération, ordonnée parl'Angleterre, et bâclée au moment où leparti conservateur s'êcroulait, a-t elleété faite dans l'intérêt canadien-français î

Notre nationalité n'y a-t t'Ile réellementrien perdu? qui oserait I~ soutenir 1 Lelichefs conservateurs ont-ils protégé notrenationalité en nous alliant à toutes cespetites provinoes qui nous étreignentet dont le fanatisme et l'avidité ne sontque trop connus ? On t ils défendu notre

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nationalité à Manitoba où l'on a constam­ment refusé à Riel et à ses amis l'amuis­tie solanm lIement promise, où l'élémentf.nçais, traité comme nous l'étions aprèsla conquête, n'avait plus d'espoir d'obte­nir justice que dans une lutte sanglante.hi les conservateurs ne fussent tombés?

Et nos pêcheries qu'en ont-ils faitlorll du traité de Washington?

Eux les soutiens de l'honneur cana­dien 1les défenseurs de la morale 1 Levieil honneur canadien français, ils l'ontmille fois compromis dans de sales spê­culations, en prodiguant l'IIrgent publioà des jobbers, dans le péculat, dans laeoncuesion. Et le scandale du Pacifiquea donné la mesure du dégré de moralitéoù ils étaient d8lMllfndus et où ils vou·laient conduire le pays.

Eux lei amis du progrès du pays 1Tout occupés du soin de se maintenir,ils n'ont rien fait d 'efficace pour dêve­lopper les ressources li nom breuaes etsi riches de notre pays j ils n'ont en au­cune manière cherché à encourager I'In­dustrie nationale, à multiplier les mauu­factures afin d'employer et de retenireette nembreuse population canadiennequi est allée bien à regret donner sontravail et son intelligence aux EtauUnis. Le tarif a toujonrs ~té fait aupoint de vue de la métropole, jamais aupoint de vue de l'intérêt canadien j etnos terres ont été livrées à vil prix à desindividus ou à dell compagnies qui enretour souscrivaient, dans les luttesélectorales, de larges Bommes pour cor­rompre la population et soutenir ungouvernement si généreux.

III se vantent d'avoir fait quelquesaméliorationl, d'avoir conltruit le GrandTronc et l'Intercolonial. Certes le GrandTronc a fait beaaeoup pour les townshipsde l'Est et le paYI en général, I'Interco­lonial fera plus tard. " beaucoup aussi.Chacun admet cela, maÏII chacun avoueaUIsi, que ces chemins, le Grand Troncsurtout, ont coût" au paYI bien plusqu'ils n'auraient dû, qu'ils ont été la

source de gaspillages énormes et d'un ecorruption effrénée.

De plu! la csastruction de quelqueschemins de fer A'est pas tout ce quiconstitue un bon gouvernement j il y aquelque chose de plus élevé et de plusobligatoire dont doivent l 'occuper lesadministrateurs des affaires d 'un pays,surtout pour nous Canadiens. Quel estd'ailleurs le parti, quelque mauvais qu'ilsoit, qui dans 20 ans, n'aurait pas faitquelques chemins de fer, quelque chosedans l'intérêt matériel du pays.

Voilà une partie de l'œuvre du sol­disant parti conservateur, du lourd héri­tage qu'il a laissé au dévouement, aucourage, au patriotisme de nos chefslibéraux, mais ce n'est pas tout encore.

Ces hommes -qui ne se sont maintenusque par la calomnie, la corruption, laviolence, le parjure j eu se moquant dela justice et de l'honneur ; en s'entou­rant de nullitél, d'incapacités ; en faitlant le vide autour d'eux j en ne voulantà leurs côtés que des instruments docilescar trop de capscitêa dans une chambre,disaient -ils, amènen t dei discussions dan­gereuses j en l 'efforçant de détruire dansles âmes toue ces beaux et nobles senti­ments d'amour de la patrie qui seuls fontsurgir lei grands dévouements j en bro­C8Btant tout enfin: dignité, patriotisme,conscience, ont laissé une trace profondeei Cunelte de leur passage.

Leur plus grande préoccupation, lebut constant de Ieurs efforts a été d'em­porter les élections à n'importe quelprix. Depuis des années l'opinion publioque demande un changemen t radicaldans le système électoral, et depuis dee,annêee I'ez-gouvernement a refusé de se .rendre à une demande aussi légitime etaussi raisonnable. Pourquoi? On ne lelait que trop. C'est qu'une bonne ré·forme électorale aurait ôté à ce louver·nement sa force toute entière, sa forceQui ne reposait que sur la corruption.

En effet quelles lont en général nosélections en Canada depuis un .randnombre d'années? Une véritable mo­querie, un lpectaole isnoble rie scènesdégoûtantes. Le maItre torture la COD'"

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cience de ses em ployés ; le marchandoblige son malheureux créancier à re ­noncer à son opinion; les promesses lesplus éblouissantes. les offres les plusséduisàn tes, sont faites à ceux qu 'onveut acheter: O n donne un emploi lucratif à un fier -à-br as, à celui qui a faitquelque sale besogne; on réoompense levote du père par une place à BOn · fils ouIl un parent, à un ami j l'argent publio estemployé non- seulem ent à acheter lesvoteurs, à répandra la boisson, à exploi­ter la misère du pauvre, mais encore ilacheter d es journaux, des orateurs;l' honneur, la conscience, les convictions,tout se pa ie !lU poids de l'or. Puis sitout cela na suffit pas, la te rreur, unevéritable terreur rouge , vient faire lerest e. Ce n 'e st plus, dans nos villes par·ticulièrement, l'honnête homme quivote; on l'éloigne au tan t que posaible,on l'effraye. Ce sont des mis èrables qu 'onpaie pour assommer les éleoteurs pa i­sibles et voter il leur place ; ce sont desbande s de forcenés, à figures patibulaires,qui, ivres, t rô nent et règnent en maîtresaux abords de s polis, surgissant, on nesa it d 'où ni comment, semblables à cetteécume vraiment rouge qui dans les gran.d es villes apparaît quand l'émeute grondeet que le crime et le pillage I'sppellent. «Triste leçon que les chefs dits COnSerYB 'te urs donnent à ces malheureux de leurforce . et qui nous justifierait de leurap pliquer à eux-m êmes le mot rougeavecp lus d'exact\tuJe qu'ils ne l'ont appli­qué à leurs adversaires.

Quand on .le peut, on vole les électionscomme celle de Québec.Centre, en 1870 ;et, chose triste à dire, on a, u des genstr ouver certaine finesse, certaine habiletéda ns de semblables actes. Peut-on d ê­sirer une plus forte preuve de l'ab aiase.ment du sens moral dans certaine partied e la population; car que l' on suive lesaasisea criminelles de tous les paye, etl' on trouvera toujours que les plus vul­gaires criminels ont dans l'exécution deleurs crimes, mille fois plus d 'habileté,d e ruse, de génie, si l'on veut, que lesescamoteurs d' élection, et jamais pel"sonne n 'a eu l'idée de les en louer; mais

p our les élections, c' es t d ifférent, tout es tbie n qui finit bie n .

Voi là le rêsum è des êlectious depuislongtemps. Les chefs conservateursava ien t tellement jeté l'effroi partoutque chacun tremblait en ces jours. Est-cela preuve que les actes du gouvernementcon servateur étaient bons. honnêtes, pa­triotiques ? E st-ce Ii'l. preuve que la majo­rité des citoyens était en leur faveur 7Est·ce la pre uve qu'ils voulaient s'entourerd'hommes dévoués à. leur pays avanttout? N'est-ee pas la preuve plutôt qu'ilspréféraient n 'avoir sou s la main que desmachines à. roter ?

Et qu 'ont fait les chefs con servateursdu serment, du serment dans les affaires,et surtout du serment dam les élee­tio ns ? N'out-ils pas san s cesse travaillé àen diminuer la sainte 'itorreur ? Autre,fois c'était un moment solennel que celuioù on allait jurer sur les Saints Evangilesde la vérité de ce qu'on disait. On ne s'yd écidait 'que dans de graves et rar es oir· "constances, et avec la plus profonde êmo­tian. On sacriûait même des intérêts pel"sonnels, de justes et lêgitimes rêclama­tions, plutôt que de remplir ce devoirqu 'on respectait au plus haut point, eton se fut cru coupable de parjure si oneût juré sans une profonde conviction.Aujourd'hui tout est bien changé. Lesaerments se font par malheur trop sou­vent aveo une légèreté inexplicable, avecune inJifférence, une inaouciance im­pardonnable. On semble ~e rire de lasainteté du serment, et ce mal qui, Dieumerci, est encore loin d'être général,tend à se répandre avec rapidité.

Quelle est la cause d e ce mal funeste ?Elle se tr ou ve tou t particulièrement dansla conduite et les actes d es con servateurs,d ans la mu ltiplicité de s eerments. Rienne peut se faire aujourd' h ui sans que l'on-oit appelé à. jurer sur les Saints Evan­giles de la vénté de ce qu 'on affirme.L'ex-gouvernement dans le but de sup­pl êer à se s be soins, et de combler Jesvides énormes caus ès dans le trésor pu­blio par d es prodigalités et des gaspilla•.ges sans exemple, a dû; pour se créer sanscesse de nouvelles sources d e revenus,

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imposer de nouvelles taxes et passer deslois tel1ement absurdes, tel1ement srbi­traires, qu'il sait d'avance que jamais lespopulations ne s'y conformeraient s'iln'exploitait la sainteté du 'serment. Lecommerce, 'les industries, tout' est taxé,surtaxé, et à chaque instant, l'hommed'affaires est appelé à jurer. Mais en vulge­risant ainsi les choses les plus saintes etles plus sacr~es, nos conserve teurs ne leurôtaient ils pas ce cachet de grandeur quiinspire et commande le respect? Ne dê­trulsaient-ila pas cette ciainte salutairequi existe dans toutes les âmes lorsqu'ils'agit de remplir un devoir solennel?Qui oserait mettr~ cela en doute 1 Enplaçant tous les jours une partie de lapopulation entre un faux serment ouune forte taxe, il sait bien qu'il exposeles consciences à une terrible et dangereuse tentation, que cette tentation re­nouvelée tous les jours peut , finir, chezune âme faible 'et accoutumée à un ser­ment routinier, p-r amener des hêsita­tions, qu'après les hésitations viennentles défaillances, et qu'après une premièrefaute, un premier parjure, les autrescoûtent peu. La prestation journalièredu serment rend le dserment peu coû ­teux, on s'y familiarise, on se dit qu'aprèstout une prestation de serment ne peutêtre qu'une simple formalité puisque legouvernement le multiplie ainsi, et onembrasee l'Evangile comme on embras­serait tout autre livre, soit pour taxes,soit encore pour voter. ,

Car c'est dans les lutte. électoralessurtout que le gouvernement a abusédu serment en corrompant les électeurs 1en allant de maison en maison offrir del'or en retour d'une conscience; en al ­lant tenter le malheureux dans sa pau·vretê, le misérable dans son ambition;en exploitant tous les malheurs, toutesles infortunes et tou tas les hon'tes j endonnant ' à entendre qu'un sermentd'élection n'est l rien j en enseignat auvoteur les moyens d'éluder le serment,ou d'échapper aux suites criminelles d'unparjure.

Les témoignages sous serment donnéspar des chefs conservateurs dans la scan-

daleuse affaire du Pacifique montrent oùils en s?nt rendus aveë le serment qu'ilsont exploité comme la religion. Et lefait d'un sénateur se rendant, dans unerécente êlection, à la porte d'une église,parler en faveur d'un , candidat, et pen·dant une heure embrassant à chaque ine­tant l'Evangile pour attester la vêritê,souvent douteuse, paraît-il, de ce qu'ildisait, comble la mesure pour toute âmehonnête, et fait comprendre jusqu'où leschefs conservateurs ont poussé le oynia­me et la corruption.

La corruption 1 Notre pays est jeunecomme gouvernement constitutionnel etcependant, grâce aux hommes qui l'ontdirigé depuis 20 ans sur'tout, il laissedéjà bien loin derrière lui les autrespays. De fait il règne 'depu is quelquesannées en Canada un système de corrup­tion inouî j et dans cette lutte honteuseavec les autres nations on n'a rien à en- ,vier aux nations les plus corrompues.Et ce qui est le comble de la honte, cequi est à peine croyable et ne s'est vuqu'ici, 'c'est que des journaux conserva­teurs l'avouent, c'est que des journauxconservateurs déclarent cyniquementqua la corruption est nêceesaire, légiti­me et juste, bien plus qu'un hommepeut même travailler et écrire contreson opinion pour gagner un salaire.

À chaque nouvelle élection généralenos ministres ont inventé un nouvelengin électoral afin de s'acheter une ma­jorité et garder le pouvoir. O. a vu dé­filer entre autres le Grand-Tronc, lesbâtisses d'Ottawa, la Confédération; l'In­tercolonial, et enfin le Pacifique qui acouronné dignement une longue suitede turpitudes. Toute amélioration étaitsubordonnée aux élections. Un immensepatronage s'ét~it ainsi étendu partout,une influence funeste . e faisait sentirdans toutes les circo nst ances, rien nepouvait plue se faire sans que la protee­tion ou la haine du gouvernement ne sefft sentir. 00 refusait tout à celui qui nese cou r bait pas devant l'opinion poli .t ique du puiss ant. On exploitait l'.io t~·

rêt de chacun, on récompensait la lâche­té, ra trahison. Celui qui vendait son

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opinion, ses prinoipes, ses coneictions,recevait en retour une situation luera­tive, un bon contrat, un job quelconque.Uoe partie de l'argent public était ainsigupillé à jeter la démoralisation dansles Ames. Comment ,eut·on que l'Immo­ralité lorsqu'elle part d'en haut, lors­qu 'elle part des chefs, ne pénètre paspeu à peu dans toutes les couches de lasociété. Quand le puissant donnel'exemple de la corruption pour obtenirencore plus de bien.être, commentveut-on que le misérable affamé, que lepauvre ne sui,e pas cet exemple, nesacrifie pas pour quelques piastres, pourdu pain peut-être, un droit et une opionion dont il n'appréoie pas trep toutel'importance. Comment veut-on que lepeuple reste honnête, avec de tels&xemple8, de tels enseignements 1 Un,oile épais de corruption, de bassesse,de servilité, s'est donc étendu sur lepays, sons l'inspiration de ces hommes.De bien tristes et de bien nombreusespalinodies ont démontré que tout cequ'ils touchent se corrompt, qu'au lieud 'élever les âmes, ils les dégradent,qu'au lieu de traiter les jeunes gens quilei entourent comme des ho-nmes, d'enfaire des patriôtes, ils en font desesclaves, des valets, ils brisent de beaUfet grands avenirs parmi leurs propres"partisans, de orainte que plus tard cesjeunes gens capables ne deviennent desrivaux dangereux. Ils ont même pousséIIIcorruption jusqu'à exploiter la justice,la eonseienee des juges pour parvenir àleurs fins.

On Il cité quelquefois des caa de eor­ruptioa aux Etats-Unîs, et on mettaitces actes en parallèle a,ec notre eondui­te afin d'inspirer une horreur profondepour les institutions républicaines, maiscertes nous n'avons plus rien à dire con­tre les Etats·Unis, les oas oités avec tantde p1&.isir pâlissent devant ceuz qui nousfont aujourd'hui rougir; et ce ne BOntplus comme chez nos yoisins des em­ployés-que l'on sait punir encore auxEtats·Unia-mais ce sont nos ohefs, desministres, les gardiens de la morale, del'honneur, dont les acte. coupables res.

tent impunis. Le monstrueux scandaledu Pacifique qui a frappé le monde d'é­tonnement, et qui ,ient d'engloutir daneun abîme de honte et d'infamie l'bon­neur de ces ex-miuistree, nous donneune idée du dégré d'abaissement où onnous conduisait, et de ee que ces hem- .mes ont dû faire dan. leur passé restéjusqu'à présent quelque peu mystérieux.

Le résultat de ce système permanent.de corruption a été de jeter dans unegrande partie de la population le douteet la défianoe, d'y faire régner une apa­thie profonde, un affaissement, uneprostration complète. On avait tellementintéressé une foule d'mdividus par l'es ­poir de récompense que chacun espéraitet fléchissait '; on avait tellement abaÏJséle niveau de la moralité publique qu'ungrand nombre de citoyens profondê ­ment dêmoralisês n'avaient plus le cou­rage de protester contre les aotes lesplus coupables; à peine osaieRt·ilsparler privément, et encore regardaient­ils si personne ne le. entendait, tantils tremblaient devant les mouchards etles journaux ministériels. Le but évidentdes ohefs était à'abâtardir tout espritpublio, de répandre partout l'indifl8·renoe pour les affaires, de faire préyaloirl'intérêt personnel avant tout, en ren­dant le peuple sceptique, n'ayant plusde principes, d'opinions arrêtées, n'ayaBtplus conâsnce dana aucun parti, dansaucune cause, dans aucun homme politique. ne voulant que faire fortune, quebien vivre, n'adorant qu'un Dieu, l'or.

Voilà lealeçons qu'Ila ont données au%­nouvelles générations 1Croyaient.ils qu'enfaisant diaparaïtre du cœur de l'hommetoua les instinots généreux, tous les senti­ments d'honneur, de patriotisme et defoi, l'on récolterait paix, bonheur, bênê ­diction pour le pays 1

Ils ont été bien près 1e réussir, d'em­pêoher tout progrès réel, tout agrandis ­sement du peuple, toute élévation des .masses, et de régner despotiquementpar la peur, l'intérêt, l'exploitation de lamisère et de toUi les "ioea. Heureuse­ment qu'une salutaire réaoti ·)n vient des'opérer, et que nos ex-ministre. .i éloi-

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gués de ce dêrouemeut aux intérêts pu­blics qui faisait autrefois nos grandscitoyens, si éloignés de cet amour de lapatrie qui rendait nos pères capables demourir pour la défendre, ont vu quemalgré tous leun effortl nos populationsne sont pas disposées à le laisser façon­ner à leurs sinistres projets, à descendreà cet état d'abaissement, de prostrationmorale où les honnêtes gens ont peur,où les âmes corrompues jubilent, où lalâcheté domine, où il n'y a d'énergieque pour le mal, de faiblesse que pourle bien.

Car l'histoire nous mor.tre que IorsquecaUe corruption arrive, que lorsque leschoses en sont rendues à ce point, lespeuples tombent, ou passent par de ter­ribles épreuves et subissent une trans­formatio; inévitable. L'histoire de notrepays nous en fournit une bien tristepreuve. Quand, en 1763, le Canada passade la France à l'Angleterre, la démora·lisation, partie du gouvernement françaisqui marchait aux terribles événementsde 93, s'était répandue en Canada. Unedizaine de misérables se gorgeaient d'or

, et de jouissances, pendant que le peuplesouffrait et mourrait de faim et de misère, quand il ne mourrait pas hêroïque­mllnt sur les champs de bataille. Lacorruption était partout dans l'adminia­tration, la trahison était à l'ordre duiour, et des chefs désiraient la prise dupays par l'ennemi alin de cacher leursinfamies et leurs dilapidations. Depuislongtemps nous sommes presque dans lamême position, le peuple souffre, s'exile,et les chefs jouissent, les concueaionnal­res, les défalcataires sont récompensés,placés. On se croirait naiment 10US Bi­got, li on ne sortait de sous Langevin.

Et ces hommes accusent leurs adrer­saires d'être des rouges, les ennemis 00la nationalité, quand ce sont eux quipour satisfaire leurs passions, pour demesquins intérêts, ont jeté partout lacorruption, ont enseigaê une basse ser­Yilité, ont créé l'É'tat de choses actuel.Ne sont ils pas plutôt les véritables rou·ges ~ Et ils crient bien haut qu'ils sontllll seuls défenseurs de la religion, de la

morale, de l'honneur du p.ys qu 'ils ven ·daieut, qu'ill'-sont enfin .le vrai parti con­servateur. Qnelle dérision 1

De fait l'on peut dire, comme Veuillot :"Nous ne croyons pas aux partis con­" servatenn tels qu'ils pare ieaent à la sur­. 1 face dens les manifestations officielles .••" les majorités conservatrices n'ont rien" conservé j de proche en proche ellesIl out to rt livré et se sont livrées elles­Il mêmes aux minorités violentes qu'elles.. semblaient combattre j mais auxquel­Il les en réalité ëlles cédaient. "

La même chose est arri"é en Canada.Nos soidisant conservateur. semblaientdéfendre nos droits; ils le disaient àchaque instant, mais ils ont tout cédé aufaaatisme de ceux qui a"ant tout sonthostiles à. l'élément français et catho­lique.

LE DEVOIR.

Mais maintenant que les chefl qui peros mnifiaient cette politique malhonnête,égoïste, personnelle, et anti-nationale,sont tombés pour toujours, espêrcns-le,maintenant que les hommes qui se procla­maient ehefs d'un parti soi-disant censer­vateur, tout en n'étant en réalité que lesexécuteurs de la politique anglaise, quedes ambitieux sacriliant à leur orgueil, àleur soif de l'or et du pouvoir, à leur in.térêt personnel, l'intérêt et I'avenir deleur. compatriotes et de leur pays, lontdisparus Il jamais, est-ee que nous neoomprendons pas l'intérêt Yital qu'il, apour nous de mettre" fin à. nOI divisionset de n'avoir qu'une seule politique, unepolitique nationale, csnadienne-françalse test-ce que nous ne comprendrons pas oùl'on va dans cette voie ténébreuse, pleinede dangers et de périls,où nous a brusque.ment jetés l'Angleterre depuis l'Uuion,et qu'ont aveuglément suivie la plupartde nos chefs? Est·ce que noue ne com ­prendrons pas que l'on marche rapidement à la ruine du pays, à I'an êantisaa ­Oient de notre race et de tout ce qu'ellereprésente sous Je triple rapport de lareligion, de la langue et des mœurs.

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On Il beau dire que maintenant lesdangers ne sont plus les mêmes qu'avant37, erreur. Avant 37 la métropo le tra­yaillait directement, ouvertement, contrenotre race; depuis 1840,' depuis l 'Union,cette guerre ouverte aété abandonnée,mais la lutte ne s'en continue pas moinsllOUS une forme moins apparente, maispar cela même plus dangereuse.

Autrefois elle travaillait IL h. perte desCanadiens, par ses farouches proconsuls,par ses lois martiales, par l' arbitraire,par le sang ; depuis 1840 , elle tr availl e àson but par l'achat de nos propres chefs,par des canadiens l'endus à sa politique,et prêts à diviser et IL perdre leurs com­pa triotes pour la faire réu ssir .

Avant l'Union elle ne pouvait rien eon­tr e nous, sa haine nous faisait au con ­t raire grandir d'une manière étonnanteen nombre et en influence, abrités sousle dr apeau national fièremen t por té par

. des chefs dévoués et patriotes. Depui s. .d epuis que nos hommes sont à -dea xgenoux devant la l'olonté de la métro­pole, personne n'oserait le nier, nousperdons sans cesse du terrain, noireinfluence a diminué, nous n'existonsenfin que comme partie d'une confédéra­tion où nous sommes noyés, noyés parle Haut·Canada, par le Nouveau-Bruna­wick, par la Nouvelle-Ecoese, par unefoule de petites provinoes que l'on estallé chercher sans raison, Il qui on a toutprodigué pour avoir de bons partisans.Notre langue même n'est plus parlée quedans notre gouvernement local. Dan s laChambre fédérale elle ne compte réelle­ment pas .

L'étude d'ailleurs des actes de la mê­tropole à l'égard de notre nationalité adepuis longtemps convaincu les hommessincères qu 'elle ne nous veut aucun bien,que son égoïsme et son fanatisme domi­nent partout, et que ses intérêts sonttout différen ts des nôtres. Sans cela ellen'eût pas eu besoin d'introduire ce sys·tème immonde et désastreux de la cor­ruption parmi nous, elle n'eût pas eubesoin de faire d'un grand nombre denos hommes politiques des hommesvénals que la soif de l'or et des titres

abaisse et hum ilie. Mais avec de l'or etdes t it res prod igués Il nos chefs elle estparvenue à nou s affaiblir de plu s en plus,Il se débarrasser de ses obligations en­vers nou s, des quelques sacrifices qu'ellefaisait pour notre pays, elle est parvenueà nous charger de ces mêmes obligations,tout en conservant pour ses marchandsles mêmes avantages qu'au t refois, lamême facilité de nou s ex ploiter.

Qu'on ne dise pas que ces titres neprouvent nullement la faible sse de ceuxqui les ont re çus, du moin s comme règ legénérale, car il suffit de jeter un coupd'œil sur le scandale du Pacifique pourse convaincre de la valeur des hommesqui les ont reçus . Ce sont tous des titrésqui ont trempé dans cette sale affaire ,ce sont tous des soutiens de la politiqueanglaise quand même, Sir J. A. Macdo ­nald , Sir G. E. Cartier, Sir Fr ancis Hincks,Sir Hugh Allan, 'M: Langevin, compa-gnon du Bain. .

La position qui nous est faite est grave,le pays tout entier, mais surto ut,et d'unemanière toute particulière, la province deQuébec, a souffert énormément de la po­litique qui domine depuis trente ans. Ja­mais peut-être, même aux jours les plu ssombres de notre h istoire, les canadiensn'ont eu un plus pressant besoin d'unionet d'entente. C'est pour cela que tous lashommes vraiment amis d e leur pays de ­l'raient faire acte d'abnégation et tra­vailler à faire du peuple canadien unpeuple un i comme autrefois, et veillantavec jalousie à sa conservation, au main­tien intègre de ses ,!ieilles institutions,de ses antiques priviléges, et au dévelop­pement de ses intérêts matériels, politi ­ques, et scciaux.

Tel est le devoir des chefs canadiens­fran çais, tel est le devoi r de tous noshommes publics qui-tout en travaillantau bien commun, au bien général, touten rendant en tout et partout pleineet en tière justice à nos concitoyens d'au­tres origines avec lesquels nous devonsvivre et faire prospérer notre communepatriè-doivent tr availler à rendre notrerace forte et unie, capable de compteravec les autres élémen ts qui peuplent If) '

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SGI canadien. Pourquoi ces tristes divi­Ilions parmi nous ? Pourquoi ces partispolitiques 7 Ont-ils leur raison d'être?y a-t-il en Canada, chez une partie nota­ble de la population, des idées, des prin­cipes, qui nous divisent profondément etnécessitent ces distinotiona politiques 7Certainement non. Pourquoi donc exis.tent-elles ? Pourquoi ces épithètes derouges, de communards, etc. ? Pourqroil'ouloir assimiler les idées des ministê­riels actuels aux idées des gens ùe laCommune? On ne le comprend que trop.Tout cela n'a qu'un but, c'est de maa­quer le vide d'idées et de principes chezceux qui accusent j c'est de leur part lebesoin de faire croire hypocritement à, laslncêritê de leur dévouement à, la patrie.

Mais cela ne peut toujours durer, ilvient un temps où le peuple fatigué,irrité, secoue la torpeur où on le tenait,comprend la valeur de ce qu'on fait mi­roiter à, ses yeux, et brise les instru­menti de son malheur j il vient un tempsoù le mensonge, la fourberie, la calomnie,ceaaent de gouverner, et où les bons ethonnêtes citoyens de tous les partis.'unissent et forment une ligue, la liguedell honnêtes gens, contre ceux quiexploitent le psys ; et ce temps est arrivé.Le peuple comprend ce que valent celappels aux prêjugês, à, l'ignorance, donton se Bllrt contre des adversaires hono­rables, et il veut en finir j il a la puis .lance, il a le nombre, il a la force, il ne•e laislera pail entraîner par le vertigedans l'abîme où on voulait le conduire.

Oui il faut en face àes dangers qui me­nacent notre nationalité mettre de côtétoutes ces ridicules distinctions qui jet­tent dans des camps opposés des homomes animés des mêmes sentiments, re­pousser hardiment ceux qui avant l'ave­nir et le salut de la patrie placent l'in­térêt d'un parti, d'une coterie, d'unchef politique j il faut, purifiés par lesépreuves et retournant au patriotismeet à, la sagesse de nos pères, à, cette vieil·le énergie, à, cette fière virilité qui lesfaisait relever la tête SOUIl la menace oul'infortune, réunir nos forces pour sortirde notre position, marcher unis dans le

vieux sentier abandonné depuis 30 ans,et montrer que nous n'avons pas dêgênê­ré j il faut enfin un gouvernement, deschefs qui ne s'occupent pas tout d'aborddes intérêts de la métropole, mais quis'occupent surtout des in térêts cana­diens, qui amènent une réforme dansnotre système administratif, dans notresystème électoral, qui écrasent la corrup­tion, mettent fin aux abus, comptentavec la conscience publique, fassentrégner la justice, l'équité, l'honneur, dansle pays, et nous débarrassent aussi del'étreinte de ces grandes corporations,comme le Grand Tronc, par exemple,dont l'influence fatale se fait sentir par­tout.

Un examen froid et impartial de lasituation du pays nous montre qu'il n'ya pas lieu d'être satisfait de l'œuvre ac­complie, qu'il n'y a pas lieu de dire quenous avons été bien gouvernés par ceparti qui heureusement vient de mourirde ses propres excès. Ceux qui Ont ap­puyé de bonne foi ce parti de quelqueshommes, l'ont pour la plupart abandon.né aujourd'hui, s'en' sont retiré. de dé.goût, et se sont ralliés au parti vraimentnational, v. aiment canadien, qui a prispour mot d'ordre: probité et honneur.

Que le peuple donne un franc jeu auxhommes sincères et vraiment patriotesqui viennent d'être appelés au pouvoir.Qu'on les appelle rouges, libérâtres, com­muniates, le nom n'y fait rien, les actessont tout. Qu'importe l'épithète inju•rieuse que l'on donne à, des hommes, sices hommes, par leur dévouement etleur patriotisme, rendent le pays pros­père, le peuple heureux. Si leur con.duite ne répond pas Il leur promesses,s'ils tombent dans le. mêmes erreursque leurs prédécesseurs, s'ils négligentcomme eux les intérêts de leurs compa­triotes, de leur pays, alors le devoir detout bon citoyen sera de les repousser,mais pail avant, si l'on veut être juste, etsi l'on travaille sincèrement dans I'Intê­rêt du pays. Tous les hommes qui ne selaissent pal guider par un ridicule féti·chisme pour un chef ou un soidiaantparti, tous ceux qui plac ent au -dessus

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de tout, les questions de race, de prin­cipes, de nationalité, de justice, doiven tdonc s'entendre pour mettre fin à ce.haines de parti, il. ces tristes dissentionsqui nous perdent; tous ceux qui parleur position, par leur haute et légitimeinlluence sur les populations, sont lesJUides naturels du peuple, doivent.'entendre pour mettre fin au parti desintérêts personnels, pour repousser ceuxqui Teulent l'ivre et grandir de nos divi­.ions intestines, pour combler l'abîmeereusê par ceux qui se sont nntés d'être

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anglais al'allt tout, par ceux qui ontconstamment enfin sacritié notre pays etnotre race aux vue. de l'Angleterre, etqui dans ces jours de plus en plus difli·ciles que nous tral'ersons voudraieniencore que l'on dit à la métropolecomme autrefois les gladiateur. à. Césa5au moment où ils allaient mourir:Morituri te &alutant, (Jœsar.

C. J. L.-LAF1U.NCE.

Québec, décembre 1873.

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