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Thème 3 : Étudier les divisions politiques du monde : les frontières (24-25 heures) ORAL : s’inscrire dans le tableau Capacités : Lire des cartes, images satellites, confronter des documents, s’exprimer à l’oral, analyser, interroger, adopter une démarche réflexive, se documenter et travailler de manière autonome, prendre des notes. Introduction : les frontières dans le monde d’aujourd’hui (3h) Vidéo d’accroche (1’50’’) Étymologie : Le mot frontière vient de front : la frontière, c’est la ligne de front, c’est-à-dire la ligne des positions occupées par les soldats face aux troupes ennemies. L’étymologie nous renseigne ainsi sur le sens géopolitique de la frontière. Le mot frontière signifie au sens propre la limite d’un territoire et, par extension, la limite séparant deux États ; enfin, au sens figuré, l’idée de limite et de séparation. Carte p.156 Introduction La frontière est à la fois un objet (politique, social, culturel) et un espace (géographique, historique …) Elle est une limite. La frontière n’est pas naturelle. Tracer la frontière est acte politique. La frontière fonde un système spatial. Elle est ouverture, fermeture ou / et les deux. La frontière est à toutes les échelles : le quartier (par exemple une minorité, la rue (avec des panneaux indicateurs), le port et l’aéroport, la région, la nation, le continent … Elle est toujours le fait d’un pouvoir : un gouvernement, une FTN, un groupe mafieux, une communauté, un entrepreneur … La frontière c’est aussi un effet frontière, une dynamique (en lien avec la mondialisation). - La frontière est une interface construite sur les discontinuités et les disparités (vécues et/ou imaginées) - Elle est aussi fermeture (pour les migrants par exemple) donc elle pousse à la transgression, aux illégalismes (ou du moins elle les nourrit) Comment comprendre les frontières aujourd’hui ? I - Des frontières de plus en plus nombreuses. La fin de la guerre froide en 1991 fait émerger l’idée d’une « fin des frontières ». Pourtant, les frontières n’ont jamais été aussi nombreuses depuis trente ans. Depuis la chute de l’URSS, 14 000 kilomètres de frontières supplémentaires ont été tracées. Le monde compte actuellement 319 dyades (néologisme de Michel Foucher pour désigner une « frontière commune à deux États contigus ») terrestres. À quoi servent les frontières ? Quels processus explique la fragmentation croissante de l’espace politique mondial ?

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Thème 3 : Étudier les divisions politiques du monde : les frontières (24-25 heures) ORAL : s’inscrire dans le tableau Capacités : Lire des cartes, images satellites, confronter des documents, s’exprimer à l’oral, analyser, interroger, adopter une démarche réflexive, se documenter et travailler de manière autonome, prendre des notes.

Introduction : les frontières dans le monde d’aujourd’hui (3h) Vidéo d’accroche (1’50’’) Étymologie : Le mot frontière vient de front : la frontière, c’est la ligne de front, c’est-à-dire la ligne des positions occupées par les soldats face aux troupes ennemies. L’étymologie nous renseigne ainsi sur le sens géopolitique de la frontière. Le mot frontière signifie au sens propre la limite d’un territoire et, par extension, la limite séparant deux États ; enfin, au sens figuré, l’idée de limite et de séparation. Carte p.156 Introduction La frontière est à la fois un objet (politique, social, culturel) et un espace (géographique, historique …) Elle est une limite. La frontière n’est pas naturelle. Tracer la frontière est acte politique. La frontière fonde un système spatial. Elle est ouverture, fermeture ou / et les deux. La frontière est à toutes les échelles : le quartier (par exemple une minorité, la rue (avec des panneaux indicateurs), le port et l’aéroport, la région, la nation, le continent … Elle est toujours le fait d’un pouvoir : un gouvernement, une FTN, un groupe mafieux, une communauté, un

entrepreneur … La frontière c’est aussi un effet frontière, une dynamique (en lien avec la mondialisation). - La frontière est une interface construite sur les discontinuités et les disparités (vécues et/ou imaginées) - Elle est aussi fermeture (pour les migrants par exemple) donc elle pousse à la transgression, aux illégalismes (ou du moins elle les nourrit)

Comment comprendre les frontières

aujourd’hui ? I - Des frontières de plus en plus nombreuses. La fin de la guerre froide en 1991 fait émerger l’idée d’une « fin des frontières ». Pourtant, les frontières n’ont jamais été aussi nombreuses depuis trente ans. Depuis la chute de l’URSS, 14 000 kilomètres de frontières supplémentaires ont été tracées. Le monde compte actuellement 319 dyades (néologisme de Michel Foucher pour désigner une « frontière commune à deux États contigus ») terrestres. À quoi servent les frontières ? Quels processus explique la fragmentation croissante de l’espace politique mondial ?

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A – Le traité de Westphalie (1648) Les frontières sont des lignes imaginaires qui délimitent les territoires nationaux et l’espace sur lequel s’exerce la souveraineté d’un État. En cela, elles sont les héritières des traités de Westphalie (1648), qui avaient redessiné la carte de l’Europe en traçant les limites des États après la guerre de Trente ans. Ce processus de frontiérisation (Processus d’émergence et de transformation de la frontière) s’est ensuite diffusé dans les empires coloniaux des métropoles européennes, puis dans le reste du monde. B – La fragmentation du monde au XX° siècle Tout au long du XXe siècle, la fragmentation du monde par le tracé de frontières politiques s’est accentuée. Ainsi, moins de la moitié des frontières européennes existaient avant 1914. La multiplication des frontières est d’abord la conséquence des guerres mondiales, qui ont provoqué la division des empires (allemand, austro-hongrois ou ottoman) et la constitution de nouveaux États indépendants partout dans le monde.

C – La frontiérisation actuelle La frontiérisation actuelle repose surtout sur l’éclatement de certains États : la disparition de l’URSS et de la Yougoslavie ont fait émerger de nouveaux États après la guerre froide, des revendications nationalistes ont entraîné la création de nouveaux États-nations (Monténégro, Soudan du Sud). De nos jours, des mouvements indépendantistes participent à la montée en puissance des régions et réclament leur propre État (Catalogne, Écosse). Le tracé des frontières dans le monde n’est donc pas figé, mais évolue au gré des situations géopolitiques II - Des frontières plus ou moins marquées Dessous des cartes : des frontières qui se referment (2016) vidéo téléchargée La frontière ne délimite pas seulement une aire de pouvoir, elle a aussi pour fonction de contrôler et filtrer les flux qui la traversent. Les frontières connaissent actuellement un mouvement de fermeture (contrôle des migrations, taxes douanières), qui s’accompagne parfois d’une sécurisation par des barrières frontalières.

Des frontières ouvertes, fermées ? A – Des frontières fermées Quelles fonctions ? Les barrières frontalières répondent à plusieurs fonctions : – une fonction défensive, notamment le long des lignes de front actuelles ou héritées (entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, autour de la « ligne verte » à Chypre) – une fonction idéologique : le mur de Berlin (1961-1989) séparant un État capitaliste d’un État communiste, la « clôture de sécurité » construite en 2002 séparant Israël des territoires palestiniens ; – une fonction de contrôle des flux : en 2003, le Botswana a mis en place 500 km de grillage le long de sa frontière avec le Zimbabwe pour limiter l’immigration. Les murs frontaliers sont essentiellement construits par les pays riches, compte tenu de leur coût : l’Union européenne a ainsi contribué à hauteur de 250 millions d’euros pour l’installation de clôtures et de barbelés autour de l’enclave espagnole de Ceuta, pour filtrer les flux en provenance du Maroc.

B – Frontières et mondialisation Dans le même temps, la libéralisation des échanges et la libre-circulation des personnes ont provoqué l’ouverture des frontières. À l’échelle de l’espace mondial, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) impose une réglementation sur les taxes douanières qui contraint les États à ouvrir leurs frontières aux échanges de biens et de services. À l’intérieur de marchés communs comme l’Union européenne, les frontières sont largement atténuées car elles ont perdu leur fonction de barrière commerciale et sont devenues poreuses. La mondialisation ne fait cependant pas disparaître les frontières mais tire parti de ces discontinuités : le marché mondial du travail permet aux entreprises de traverser les frontières, de produire dans des États où les conditions salariales leur sont favorables (NDIT)

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III - Frontières et ouverture : affirmation d’espaces transfrontaliers. https://www.youtube.com/watch?v=l2guGyVi8hA documentaire frontière EU/Mexique (Arte 2018) vidéo téléchargée.

A – Traverser les frontières Les espaces transfrontaliers apparaissent lorsque des relations fortes et durables se développent de part et d’autre de la frontière. On peut choisir de traverser la frontière pour s’approvisionner en biens de consommation moins coûteux, s’établir durablement dans un autre lieu par choix personnel, fuir une guerre, la misère, ou pour occuper un emploi mieux rémunéré : en 2015, 355 000 Français franchissaient quotidiennement la frontière pour travailler en Suisse, au Luxembourg, en Allemagne, en Belgique ou à Monaco. Les espaces transfrontaliers reposent donc sur des relations asymétriques. B – La naissance d’espaces transfrontaliers Ils connaissent des recompositions spatiales : les mobilités transfrontalières s’effectuent grâce à des réseaux de transport qui ne s’arrêtent pas à la frontière mais la traversent ; des rapprochements voient le jour dans les

domaines économique (maquiladoras américaines implantées le long de la frontière au Mexique), sanitaire (hôpital franco-espagnol de Cerdagne) ou encore culturel. Dans ces espaces, la frontière n’est plus une ligne mais une zone. L’idée d’un monde sans frontière est paradoxale, voire erronée. Dans un contexte de forte libéralisation de l’économie, des théoriciens de la mondialisation ont pu laisser croire à un effacement des frontières, dans l’objectif très souvent de favoriser l’accès à de nouveaux marchés. Mais loin de disparaître celles-ci se renforcent et se recomposent rendant plus complexe la lecture territoriale du monde. Au niveau de la forme tout d’abord, même si elle reste encore pertinente, la ligne ne correspond plus à la seule représentation de la frontière. Les frontières sont de plus en plus à géométrie variable car la globalisation a exacerbé le tri des flux (échanges de marchandises, flux financiers, circulations humaines) qui les traversent.

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Axe 1

Tracer des frontières, approche géopolitique Pour le géographe Michel Foucher, les frontières sont « du temps inscrit dans l’espace ». Tracer des frontières est un acte politique réalisé dans un contexte précis. Ces lignes dessinées arbitrairement représentent pour les États des enjeux stratégiques pour établir leur domination, matérialiser leur souveraineté, protéger leur population, séparer ou partager des entités. À travers les tracés des frontières se jouent la paix, la guerre, l’identité. Mais elles servent aussi à ajuster les intérêts et les ambitions des États et des peuples.

En quoi le tracé des frontières est un enjeu géopolitique majeur ?

I - Pour se protéger : Le limes rhénan P. 162-163 Correction 1. C’était d’abord un chemin de surveillance le long de la frontière. Les limites de l’Empire n’étaient pas les mêmes partout, parfois militarisées, parfois seulement marquées par un bornage, ou repérables à un élément naturel. 2. Pour fixer les limites de l’Empire dans la région de Germanie romaine et marquer le passage du territoire romain aux territoires barbares. 3. Elle n’était pas infranchissable mais contrôlée, ce qui permettait des échanges commerciaux et de populations. 4. Les frontières étant des constructions humaines, elles sont le fruit de processus historiques et politiques qui peuvent évoluer. BILAN Le limes était une démarcation entre territoire romain et barbare et permettait de contrôler les passages. Espace de contact, il était donc traversé par des circuits commerciaux et humains liés au ravitaillement et au commerce. A – Le limes, frontière de l’Empire romain

Le Rhin devient la frontière de l’Empire romain au moment de la conquête de la Gaule menée par Jules César entre 58 et 51 avant J.-C. Les empereurs suivants fortifient cette ligne de démarcation entre Romains et Barbares qui s’étend du Rhin jusqu’au Danube. La frontière devient le limes, une frontière défensive pour se protéger des pillages. Le tracé est constitué de tours de guet, de palissades et de fossés. Initialement en bois, ces éléments défensifs se solidifient en pierre. La surveillance est confiée à des troupes de soldats romains établies dans des camps fortifiés, comme celui de Saalburg.

B – Le limes romain : un moyen de contrôle et de passage Pour les Romains, le limes était pourtant moins une barrière militaire qu’un moyen de contrôler les flux de population. Les données archéologiques attestent que des échanges commerciaux de part et d’autre du limes existaient. Le limes n’était donc pas hermétique. Il était un point de passage pour ceux qui voulaient pénétrer au sein de l’Empire romain et qui devaient s’acquitter de droits de douane. En définitive, il servait à contrôler les relations entre les Romains et les autres peuples, tout en protégeant l’Empire

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II - Pour se partager des territoires : la conférence de Berlin et le partage de l’Afrique. A – De nouvelles règles de partage de l’Afrique Documentaire Berlin 1885, la ruée sur l’Afrique de Joël Calmettes, ou extraits éditions ARTE, 2010 / + Manuel

p. 164-165 Questionnaire : support : extrait 1. Quel pays organise la conférence ? Sous quel dirigeant allemand ? 2. Quel est le but de la conférence ? 3. Quelles sont les deux conceptions qui s’opposent ? 4. Qui ne participe pas à la conférence ? 5. Comment les occidentaux perçoivent-ils le continent africain ? 6. Comment les frontières sont-elles tracées ? 7. En quoi ce découpage présage-t-il des problèmes à venir ? 8. Qu’en est-il de la question de l’esclavage ? Quelle est la solution adoptée par les Européens ? 9. A quoi cela va-t-il servir ? 10. Avant ce découpage imposé par les Européens, quelle était la conception de la frontière en Afrique ? Bilan : La Conférence de Berlin (1ère conférence internationale) élabore des règles de partage sur le continent africain (mais pas

des frontières). En effet, depuis l’établissement des premiers comptoirs commerciaux au XV° XVI° siècle et l’exploration à l’intérieur du continent au XVIII-XIX° siècle, les puissances Européennes ont de plus en plus de litiges concernant les limites de leurs possessions. C’est surtout la France et le RU qui sont concernés (60% des territoires) > 2 principales puissances coloniales de l’époque ; + Portugal, Belgique.

La Conférence réunit 14 États : principes : - Lorsqu’une puissance prend possession d’un territoire, elle doit obligatoirement le signaler aux autres puissances

colonisatrices - Si un territoire est colonisé, la métropole doit y installer une présence militaire - Toute puissance européenne établie sur la côte acquiert automatiquement des droits sur l’arrière-pays - La navigation doit être libre sur le Congo et le Niger même en temps de guerre - + Interdiction de l’esclavage, de la vente d’armes et de l’alcool dans certaines régions B - Les conséquences Les conquêtes sont violentes > course au continent : Video sur retronews : Massacre des Hereros au début du XX° siècle (1904): 1er génocide de l’histoire ? Bilan : Massacre des Hereros (Afrique australe aujourd’hui la Namibie dont les diamants sont un objet de convoitise) par les

Allemands par exemple. Le 24 avril 1884, le gouvernement du chancelier Bismarck en prend officiellement possession. Les colons allemands fondent une

capitale proprette, Windhoek, et développent de vastes plantations en employant les indigènes à des travaux forcés, en volant leur bétail et à l'occasion leurs femmes (d'où l'apparition, rapidement, d'une communauté métissée).

Combats entre Herreros et Allemands. C'est dans ce contexte qu'éclate la révolte des Hereros. 123 Allemands sont massacrés en trois jours dans des conditions particulièrement horribles. Six mois plus tard, le général major Lothar von Trotha débarque dans la colonie avec un renfort de 3500 soldats.

Le 11 août 1904, ses troupes encerclent 7500 Hereros sur le plateau de Waterberg. Leurs armes puissantes ont facilement raison des assiégés. Les survivants sont chassés avec leur bétail vers le désert du Kalahari.

Le 2 octobre, un ordre du jour de Von Trota leur enlève tout espoir de retour. Cet ordre d'extermination (Vernichtungsbefehl) est ainsi rédigé : « À l'intérieur de la frontière allemande, tout Herero, avec ou

sans fusil, avec ou sans bétail, sera fusillé. Je n'accepte plus ni femme ni enfant, je les renvoie à leur peuple ou fais tirer sur eux. Telles sont mes paroles au peuple herero. Le grand général du puissant empereur. Von Trotha ».

Le 11 décembre de la même année, le chancelier allemand Bülow ordonne d'enfermer les Hereros survivants dans des camps de travail forcé et peu après, les dernières terres indigènes sont confisquées et mises à la disposition des colons allemands.

Dans les trois années qui suivent, des dizaines de milliers de Hereros succombent à la répression, aux combats, à la famine et aux camps. De près d'une centaine de milliers, leur population tombe à 15.000.

Autres conséquences Ø Construction de voies de chemins de fer, routes, ports .. Ø Multitude de traités entre les États qui ne seront pas toujours respectés (voir conférence de Berlin) Ø Découpage et séparation au sein des ethnies bien que là aussi problèmes à venir

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III - Pour séparer deux systèmes politiques : la frontière entre les deux Corée ORAL Lisa, Anita et Orlane Accroche : Étude de Massacre en Corée de Picasso

Vidéo 2’ France 24 (2018) / documents p. 168-169 La naissance de la frontière coréenne s’est opérée en trois temps : - 1945 : occupation conjointe de la péninsule par les États-Unis et l’Union soviétique ; - 1948 : création de deux États indépendants, la République populaire démocratique de Corée soutenue par Moscou, au nord, et

la République de Corée alliée de Washington, au sud, chacun des deux régimes revendiquant sa souveraineté sur l’ensemble du territoire coréen ;

- 1953 : fin de la guerre de Corée (sans signature de traité de paix) et maintien de la division. A - De la division temporaire à l’émergence de deux États séparés La frontière inter-coréenne est une construction imposée en 1945 par les États-Unis qui obtiennent l’accord de l’Union soviétique,

pour une occupation conjointe de la péninsule. Conçue pour être provisoire, la frontière établie à la fin de la guerre et délimitant les deux zones d’occupation suivait le tracé

linéaire du 38e parallèle (contre la volonté du peuple coréen). Bien que la division ait eu vocation à être temporaire, elle est scellée dans les premiers mois de l’occupation, à mesure que s’ébauchent de part et d’autre de la frontière deux régimes politiquement et idéologiquement distincts.

Au nord, le soutien de Moscou permet l’usurpation du pouvoir par les communistes coréens rassemblés autour de Kim Il Sung, l’épuration de l’ancienne administration coloniale et la mise en œuvre d’une réforme agraire (deux mesures très populaires).

Au sud se met en place une coalition autour des conservateurs rassemblant des nationalistes de droite, des propriétaires fonciers et des hommes d’affaires, parmi lesquels de nombreux anciens collaborateurs de l’appareil colonial. La frontière est alors encore poreuse et traversée par d’importants mouvements de population à mesure que les individus menacés au nord (anciens fonctionnaires, entrepreneurs enrichis, etc.) fuient vers le sud et vice versa, compte tenu des politiques antagonistes qui sont déployées dans chacune des deux zones d’occupation.

À leur arrivée dans la péninsule coréenne, Américains et Soviétiques rencontrent des forces prêtes à se mobiliser pour l’un ou de

l’autre pôle. En effet, la Corée connaît désordre et effervescence à la fin de la guerre. Socialement, le pays est en proie aux intenses conflits de classes qu’ont exacerbés les transformations de la période coloniale. Ainsi, les paysans convertis en ouvriers par l’économie de guerre du Japon et envoyés dans ses mines de Mandchourie rentrent en Corée pour s’y découvrir privés de terres au profit de grands propriétaires (d’où la popularité de la réforme agraire). Convergent ainsi deux mouvements qui se renforcent mutuellement, l’un propre aux dynamiques internationales et à l’amorce de la guerre froide, l’autre lié à la scène coréenne et à ses déchirements internes.

Sans renoncer à l’unification par la promesse d’élections communes sous l’égide des Nations unies, l’occupation conjointe américaine et soviétique approfondit toutefois la division. Face au refus de l’Union soviétique d’organiser des élections communes à l’ensemble de la péninsule - l’URSS bloque l’entrée de la Commission temporaire des Nations unies pour la Corée (UNTCOK) chargée de superviser les élections générales -, ces dernières ont lieu dans la seule partie du territoire sous administration américaine en mai 1948.

Elles donneront naissance le 15 août 1948 à la République de Corée. En réponse, le Nord se proclame République populaire démocratique de Corée le 3 septembre 1948. En 1949, les forces d’occupation finissent de se retirer. Dès lors, les incidents se multiplient le long de la frontière coréenne qu’aucune des deux Corées n’est décidée à accepter.

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B -La guerre de Corée (1950-1953) : à la fois guerre civile et théâtre de la guerre froide Il est désormais établi que, le 25 juin 1953, les troupes nord-coréennes ont franchi le 38e parallèle et envahi la Corée du Sud,

conquérant la quasi-totalité du territoire en quelques semaines et contraignant les États-Unis à réagir. Ceux-ci sollicitent l’intervention des Nations unies qu’ils obtiennent à la faveur de la vacance du siège soviétique au Conseil de sécurité, Moscou protestant contre l’attribution du siège permanent chinois à la République de Chine (Taiwan), et non à la République populaire de Chine (RPC). L’intervention militaire menée par le général Douglas MacArthur et le double débarquement de septembre 1950 à Pusan et Inch’ŏn permettent de repousser l’armée nord-coréenne au-delà du 38eparallèle. Mais la contre-offensive américaine, menée sous l’égide de l’ONU, se heurte à l’opposition militaire de la Chine en atteignant le Yalu, fleuve matérialisant la frontière entre la Corée du Nord et le régime de Pékin. La contre-attaque chinoise entraîne le repli de l’armée de coalition au-dessous du 38e parallèle. Contrairement à l’idée selon laquelle la volonté d’envahir la RPC et d’utiliser contre elle l’arme atomique aurait été une lubie du seul général MacArthur, d’intenses débats ont alors ébranlé l’administration américaine avant que ne triomphe la voie du repli face à la menace chinoise.

La partition entre les deux Corées a été durablement inscrite dans l’espace coréen par ce conflit, extrêmement meurtrier (trois millions de victimes, dont deux tiers de civils). Elle s’est traduite par la séparation d’environ dix millions de Coréens d’une partie de leur famille et la pérennisation de la division d’un peuple ayant en partage près de 1 300 ans d’histoire. La guerre entre les deux Corées représente à la fois le premier théâtre d’opérations de la guerre froide et une de ces acmés, dont les enseignements imprégneront les développements futurs de l’affrontement entre les deux blocs.

C - L’inertie et la

tentative de rapprochement

Les décennies qui suivent ont été marquées par la faiblesse des contacts diplomatiques entre les deux Corées et leur reconstruction respective. Le Nord et ses

infrastructures industrielles avait été lourdement bombardé pendant la guerre tandis que le Sud agricole représentait en 1960 l’un des États les plus pauvres de la planète. Dans un contexte de détente entre l’URSS et les États-Unis et de rapprochement de ces derniers avec la Chine, un projet inter-coréen de réunion des familles divisées naît en 1971 sous l’égide de la Croix-Rouge. Il conduit à la déclaration commune du 4 juillet 1972 par laquelle les deux États expriment leur volonté d’une réunification pacifique

sans ingérence étrangère. Mais leurs relations se détériorent au cours des années 1980, rythmées par une série d’attentats nord-coréens (en 1983 à Rangoon contre le président sud-coréen Chun Doo Hwan, en 1987 contre le vol KAL 858 de la compagnie de Corée du Sud, Korean Air) conduisant les États-Unis à inscrire Pyongyang sur la liste des régimes soutenant le terrorisme. Ce n’est qu’à la fin de la guerre froide que des changements apparaissent, sources à la fois de rapprochements et de nouvelles tensions.

Les frontières jouent un rôle géopolitique majeur. Elles servent à délimiter, à se partager des territoires et à créer des zones ou

espaces de séparation entre deux modèles idéologique ou politique mais elles amènent parfois à des situations complexes, à affrontements voire à des massacres ou des génocides.

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Axe 2

Les frontières en débat Aucune frontière est naturelle, pourtant la moitié des tracés frontaliers s’appuient sur des éléments naturels (fleuves, massifs montagneux). Ainsi, la ligne Oder-Neisse matérialise la frontière germano-polonaise et constitue un enjeu diplomatique depuis 1945 entre les deux pays. Les frontières maritimes sont plus récentes et leurs limites provoquent parfois des litiges entre les États.

En quoi les frontières génèrent-elles un débat ? Jalons I - Reconnaître la frontière : la frontière germano-polonaise de 1939 à 1990, entre guerre et diplomatie. Étude de documents p. 178-179 La frontière germano-polonaise, d’une longueur de 472 km, suit pour l'essentiel le cours de l'Oder et de son affluent la Neisse, ce qui explique qu’elle soit souvent appelée ligne "Oder-Neisse". A – Une ligne de défense et de démarcation A la fin de la Seconde Guerre mondiale, lors de la Conférence de Potsdam (2 août 1945), les Alliés décident de fixer à la ligne constituée par les fleuves Oder et Neisse la ligne de démarcation séparant l’Allemagne et la Pologne. Cette décision fut assortie, dans les territoires passés sous administration polonaise, d’importants déplacements de populations allemandes vers l’Allemagne et l’afflux de Polonais provenant des anciens territoires orientaux de la Pologne passés sous administration soviétique. De plus, le nouveau tracé de la frontière a comme conséquence la division de plusieurs villes allemandes de Küstrin,, Guben et Görlitz, dont les parties orientales deviennent de nouvelles communes polonaises. B – Une frontière de la paix Lors des accords de Görlitz (6 juillet 1950), la ligne Oder-Neisse est confirmée comme frontière entre la République démocratique allemande (RDA) et la République populaire de Pologne qui la qualifient de "frontière de la paix". En 1967 un accord signé entre la RDA et la Pologne permet aux habitants polonais des régions frontalières d’être employés en RDA, puis à partir de 1972 la frontière entre la RDA et la Pologne connaît une courte période d’ouverture avant de se fermer à nouveau en 1980. Le 7 décembre 1970, la RFA et la Pologne signent à Varsovie un traité en vertu duquel les deux pays reconnaissent l'inviolabilité des frontières issues de la conférence de Potsdam (1945) en renonçant à toute revendication territoriale. C – Le rapprochement transfrontalier Le Traité "quatre plus deux" (12 septembre 1990) confirme les frontières de l’Allemagne réunifiée telles qu’elles ont été fixées en 1945. A la suite de la réunification allemande, l’Allemagne et à la Pologne signent un traité sur la frontière germano-polonaise (14 novembre 1990) qui vient confirmer leur frontière commune dont le tracé avait été défini par les Accords de Görlitz. Il est assorti d’un traité "sur les relations de bon voisinage et de coopération amicale" (17 juin 1991), par lequel l’Allemagne envisage positivement la perspective d’une adhésion de la Pologne à la Communauté européenne d’alors et les deux parties s’engagent à soutenir un rapprochement germano-polonais, notamment par le biais d’actions dans le domaine de la coopération transfrontalière et de l’aménagement du territoire. TRANSITION ORAL : Mur Palestine et Israël Marie-Mathilde et Anissa ORAL : Mexique/EU : Maé et Magalie II - Dépasser les frontières : le droit de la mer Les espaces maritimes jouent un rôle essentiel dans la mondialisation ce qui conduit à établir un cadre législatif international pour délimiter les frontières maritimes et réduire les litiges.

Comment le droit de la mer élargit-il la notion de frontière ? Documents P. 182-183 ORAL Justine et Clara A – La territorialisation des mers Jusqu’au XXe siècle, les espaces maritimes étaient divisés en mare clausum sous la souveraineté des États et en mare liberum ouverte à tous. Cependant, l’importance des richesses marines et sous-marines ainsi que des routes maritimes entraine une véritable course à la mer pour s’approprier les espaces maritimes entre de nombreux États. Aux revendications des États s’oppose la liberté des mers, c’est-à-dire la possibilité pour tout

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navire d’aller dans n’importe quel port pour y déposer ses marchandises et de repartir pour toute autre destination. Pour favoriser le règlement des conflits, un droit maritime international a été élaboré. Aussi, débutée en 1973, la conférence des Nations Unies sur le droit de la mer a débouché́ sur la convention de Montego Bay (Jamaïque) en 1982. Elle définit un nouveau droit de la mer et est ratifiée par 133 pays en 2011. Trois grands types d’espaces maritimes sont délimités :

• Les eaux territoriales (eaux intérieures et mer territoriale), s’étendant sur 12 milles marins (22 km) depuis les côtes et sur lesquelles l’État exerce une totale souveraineté ;

• Les zones contiguës et les zones économiques exclusives, s’étendant respectivement sur 24 milles marins et 200 milles marins (370 km) depuis les côtes et sur lesquelles l’État exerce des droits souverains en matière d’exploration et d’usage des ressources ;

• La haute mer (64% des espaces maritimes) avec une grande liberté d’usage excluant la piraterie ou l’installation de stations de radio.

B – Des litiges et des conflits frontaliers Cependant, la convention de Montego Bay ne résout pas tous les problèmes. Les EU+ quelques pays n’ont pas signé cette convention. Des centaines des détroits n’ont pas de chenal de haute mer donc le libre-passage y est imposé. L’exploration des ressources minières et énergétiques maritimes, l’exploitation des ressources halieutiques, les enjeux environnementaux renforcent l’enjeu du partage des océans et de nombreux conflits existent ou ont existé (zones de pêche entre la France et le Canada autour de Saint-Pierre-et-Miquelon ou entre la France et l’Espagne dans le Golfe de Gascogne, contrôle de seuil comme le détroit d’Ormuz ou le canal de Suez, îles Kouriles entre la Russie et le Japon...). Aujourd’hui, il existe environ 70 conflits, certains ont été réglés dans le cadre de négociations internationales (Russie/Norvège, Brunei/Malaisie) d’autres persistent (Argentine/Royaume-Uni, Grèce/Turquie) dont certains peuvent avoir des répercussions mondiales (Israël/Liban, Chine/Japon). Pour limiter ces tensions, il a été proposé d’étendre les ZEE au plateau continental (espace situé à proximité des côtes et dont la profondeur n’excède pas 200 m) qui prolonge les côtes : 93 États côtiers ont ainsi demandé une extension de leur ZEE. La zone internationale des grands fonds marins, gérée par l’Autorité internationale des fonds marins, est réputée comme « patrimoine commun de l’Humanité » donc doit être préservée. Pourtant, elle est la cible de nombreuses revendications Le droit maritime fixe le pouvoir des États sur les espaces maritimes. Cependant, la haute mer où ne s’exerce aucune réelle autorité reste un jeu stratégique. Podcast : site revue « Conflits » : les frontières maritimes (34’) Dossier site de l’ONU En fin de partie : Compéter la légende de la carte + principales zones de contestations

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Carte corrigée

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ORAL : Sylvain et David (Chine méridionale) ORAL : L’Arctique : Tylane et Joackim

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Objet de travail conclusif (4h)

Les frontières internes et externes de l’Union européenne Article Mediapart L’Union européenne est une production territoriale en constante évolution. Sous l’effet des différentes réglementations des frontières « points » se sont substituées aux frontières lignes à l’intérieur de l’Europe.

En quoi les frontières de l’UE suscitent-elles un débat ? I - Les enjeux de Schengen et du contrôle aux frontières : venir en Europe, passer la frontière TP venir en Europe P. 194-195 1. La convention de Schengen distingue les frontières internes et externes. L’article 2 indique que les premières « peuvent être franchies en tout lieu sans qu’un contrôle des personnes soit effectué »alors que l’article 3 indique que les secondes « ne peuvent être franchies qu’aux points de passage frontaliers ». Comme il n’y a plus de contrôle aux frontières intérieures, il est nécessaire de reporter le contrôle sur le point d’entrée dans l’espace Schengen, c’est-à-dire les frontières externes. Cela donne un rôle stratégique aux pays de première entrée. 2. Le document 2 indique une réponse commune qui consiste à dresser des murs aux frontières externes. En externalisant le contrôle, l’UE prend toutefois le risque de discriminer les migrants en fonction de leur origine et l’appel à des acteurs privés ne garantit pas l’égalité de traitement des migrants. La carte 3 confirme cette inégalité de traitement : l’UE autorise certaines populations à se rendre en Europe sans visa alors qu’elle impose des visas coûteux aux populations d’autres pays. La question des réfugiés est différente de celle des migrants car les premiers dépendent de la convention de Genève. La réponse des pays de l’espace Schengen devrait donc être homogène d’autant que la convention de Schengen réaffirme l’attachement des pays au respect de la convention de Genève. Pourtant, le document 4 indique que les pays disposent « d’une marge d’interprétation » sur le réel statut de ceux qui demandent asile. 3. Les pays qui ont suspendu la libre circulation ne disposent pas de frontières externes, si l’on excepte les ports et les aéroports. Leur choix de rétablissement des contrôles est justement lié à cette position : n’ayant pas de frontière externe, ils doivent s’en remettre au contrôle de celle-ci par les pays de première entrée. En rétablissant le contrôle, ils dénoncent indirectement le manque d’efficacité des pays de première entrée. BILAN La convention de Schengen entraîne une disparition des frontières internes et un renforcement des frontières externes. Ce renforcement semble garantir la régulation aux frontières car des murs empêchent le passage des clandestins et la politique de visas entrave la venue d’une grande partie des populations de la planète. Toutefois, la convention ne joue plus son rôle car les États qui l’ont signée sont en désaccord sur la politique migratoire à mener, notamment depuis que la menace terroriste s’est faite plus pressante. Cela se traduit par le rétablissement des contrôles sur les frontières internes mais cela conduit aussi à des drames humains et à un discrédit de l’Europe. Podcast : revue « Conflits : les espaces transfrontaliers européens ORAL Parcours d’un migrant (Emma et Maureen) et image du migrant (Yves-Marcel) Site avec carte dynamique

- Un espace de libre circulation et de libre-échange (Accords de Schengen signés en 1985) Doc 1 p. 194 - De nombreuses migrations transfrontalières : les Européens effectuent chaque année plus de 1,25

milliard de déplacements (travail, tourisme, études…) - Les Accords de Schengen ont mis en place des politiques migratoires communes (carte p. 195) et un

contrôle des frontières externes grâce à un fichier informatique (coopération policière) et l’aide de l’Agence Frontex

- Renforcement depuis 2015 face à la vague migratoire avec construction de murs le long de la frontière Grèce/Turquie ; Hongrie/serbie ; Maroc/Ceuta (doc 2 p. 194)

- Contrôles de plus en plus fréquents sur les frontières internes (doc 5 p. 195) II Les frontières d’un État adhérent Étude de cas p. 198-199

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1. Le critère ethnolinguistique explique le tracé des frontières de la Pologne. La carte 1 montre que la Hongrie est un pays homogène qui regroupe l’essentiel des locuteurs hongrois (langue finno-ougrienne). Même si les frontières d’Europe centrale ont été régulièrement modifiées, celles de la Hongrie sont restées stables depuis la fin de l’Empire austro-hongrois en 1920. 2. Tout au long du XXe siècle, la Hongrie a occupé une position de front en Europe. Elle a d’abord fait partie du « glacis » constitué par les vainqueurs de la Première Guerre mondiale face à l’URSS, puis elle a été en position de front dans le camp communiste face à l’Europe occidentale à partir de 1945 ; enfin, elle gère aujourd’hui 4 frontières externes de l’espace Schengen ce qui l’expose aux flux de migrants dans la route des Balkans (doc 4). 3. La fermeture des frontières hongroises est présentée par Viktor Orban comme un moyen de protéger l’Europe. Elle risque surtout d’entraver la circulation des personnes puisque la Hongrie est en position de carrefour. En effet, elle est à la fois un pays de première entrée dans l’espace Schengen par rapport à la Serbie ou l’Ukraine, mais elle dispose aussi de frontières fermées avec des pays de l’UE qui ne font pas partie de l’espace Schengen (Roumanie, Croatie). Enfin, l’Autriche a rétabli le contrôle à sa frontière avec la Hongrie ce qui réduit aussi la circulation à l’intérieur de l’espace Schengen. Les décisions hongroises n’entraveront donc pas uniquement la circulation des migrants qui empruntent la route des Balkans. 4. La politique migratoire de fermeture des frontières menée par Viktor Orban n’est pas conciliable avec les valeurs démocratiques européennes. D’une part, le traitement réservé aux migrants, bloqués à la frontière sans avoir été recensés pour déterminer leur statut, ne correspond pas aux préconisations de l’UE. D’autre part, Viktor Orban utilise des moyens non-démocratiques pour mettre en œuvre sa politique (renforcement des pouvoirs de contrôle et de répression de l’État) et la justifier auprès des habitants (campagne d’affirmations fausses au sujet de la politique migratoire de l’UE). BILAN La Hongrie est un pays créé autour de l’An Mil par un peuple finno-ougrien venu d’Europe du Nord-Est. Cette singularité soude les Hongrois autour d’une identité ethnolinguistique forte qui leur a permis de se construire comme nation au carrefour de l’Europe. La crise migratoire que connaît l’Europe fournit à Viktor Orban un contexte favorable pour réactiver cette singularité en axant sa politique sur le renforcement des frontières. En présentant la Hongrie comme faisant front, une nouvelle fois, il aiguillonne le nationalisme hongrois ; en accusant Bruxelles de laisser la Hongrie, pays de première entrée, seule face aux migrants, il se pose en défenseur de l’Europe tout en attisant la peur de la population pour mieux justifier sa politique répressive et sa confiscation du pouvoir (populisme).

III - Les espaces transfrontaliers intra-européens : passer et dépasser la frontière au quotidien. Pourquoi traverser quotidiennement la frontière en Europe ? Étude de documents p. 200-201

- La vitalité des échanges a permis la création d’espaces transfrontaliers dynamiques - Des relations souvent asymétriques : achats moins couteux ou emplois mieux rémunérés - Migrations pendulaires transfrontalières > réseaux de transport - Projets de coopération transfrontalière (ex : lunetterie et horlogerie Jura/Suisse ou l’Orchestre de la

Grande Région qui regroupe des musiciens français, luxembourgeois, belges et allemands). - Une intégration institutionnelle : le programme Interreg (coopération entre les régions) et le

programme des Eurorégions pour réduire les disparités (le 1er est né en 1958 entre une région d’Allemagne (Gronau) et une région des Pays-Bas (Enschende) ou Catalogne/Occitanie.

Les espaces transfrontaliers européens s’emboitent à toutes les échelles.

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L’UE est un espace unique où les frontières internes tendent à s’effacer avec l’accord des États. Ces frontières internes, comme celles externes, font donc l’objet d’enjeux multiples et de débats.

Évaluation : composition 2h