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Concours externe de lieutenant de sapeurs-pompiers professionnels Annales 2008 NOTE DE SYNTHESE (Durée 4 heures - coefficient 4) DIRECTION DE LA SÉCURITÉ CIVILE Sous direction des sapeurs-pompiers et des acteurs du secours-Bureau du management et des concours - mai 2009 Sujet et corrigé Rédaction d’une note de synhèse à partir d’un dossier d’actualité suivie de la présentation d’une note formulant des propositions argumentées sur une question posée au candidat.

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Concours externe de lieutenant de sapeurs-pompiers professionnels

Annales 2008

NOTE DE SYNTHESE

(Durée 4 heures - coefficient 4)

DIRECTION DE LA SÉCURITÉ CIVILE

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Sujet et corrigé

Rédaction d’une note de synhèse à partir d’un dossier d’actualité suivie de laprésentation d’une note formulant des propositions argumentées sur une question

posée au candidat.

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C O N C O U R S E X T E R N E D E L I E U T E N A N TD E S A P E U R S - P O M P I E R S P R O F E S S I O N N E L S

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Mercredi 03 décembre 2008de 08 h30 à 12 h30

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PREMIERE EPREUVE ECRITE D’ADMISSIBILITE

Rédaction d’une note de synthèse à partir d’un dossier d’actualité suivie de laprésentation d’une note formulant des propositions argumentées sur une question posée

au candidat.

(durée 4 heures – coefficient 4)

Vous êtes fonctionnaire et vous avez été affecté au cabinet du Directeur de la Sécurité Civile(Ministère de l’intérieur, de l’outre-mer et des collectivités territoriales).

Le directeur de l’ENSOSP (l’Ecole Nationale Supérieure des Officiers Sapeurs-Pompiers),dans le cadre d’un cycle de conférences destinées à sensibiliser les officiers en formation auxproblèmes contemporains vous demande de préparer, à l’aide des documents ci-joints mis à votredisposition, une note de synthèse sur Les causes et les conséquences de la crise alimentaire (cettenote de synthèse ne devra pas dépasser 5 pages manuscrites).

Comme vous devrez présenter les résultats de cette synthèse devant les futurs officiers, ledirecteur de l’ENSOSP vous invite également à travailler sur le thème : Quelles mesures sontactuellement envisagées pour enrayer cette crise ? sous la forme d’une note de 2 pages manuscritesau maximum.

N.B.1.) La note de synthèse est notée sur 11 points, la note formulant des propositions sur 6 points ; 3 points sont réservés à la

présentation, l’orthographe, l’expression écrite, l’économie textuelle.2.) Ce document comprend 30 pages dont la page de garde et celle contenant la liste des documents.

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La crise alimentaire 1

Science.gouv.fr DOCUMENT 1

La crise alimentaire mondialele vendredi 23 mai 2008

De nombreuses causes ont été évoquées depuis le début de la crise alimentaire dans lespays du Sud. Quelle est la part réelle de ces causes dans la situation actuelle ? Quellesseront les conséquences de la hausse des prix sur la sécurité alimentaire et surl'agriculture dans ces pays ? Quelles sont les solutions envisageables pour gérer cettecrise et en sortir ? Le Cirad propose ici des éléments d'analyse et de réponse issus del'expertise de ses chercheurs ayant une connaissance fine de la situation dans les paystouchés.

Quelles sont les causes de la hausse des prix ?On ne peut être simpliste et chercher un bouc émissaire. Les causes sont multiples, et denature à la fois structurelle et conjoncturelle. En premier lieu, le pouvoir d’achat despopulations des pays émergents (Brésil, Chine, Inde) a, ces dernières décennies,augmenté. En conséquence, leur consommation alimentaire s'est accrue. En Asie, elle estpassée de 2 150 kilocalories par personne et par jour en 1970 à près de 2 800 kilocaloriesen 2000. Les habitudes alimentaires ont également changé avec une consommation deviande plus élevée. Les calories d’origine animale représentaient en 1970 moins de 5 %des calories totales consommées en Asie. Trente ans plus tard, cette part a plus quedoublé pour atteindre 11,7 %. Rappelons, en outre, qu’en moyenne sept caloriesvégétales sont nécessaires pour produire une calorie animale. Dans les autres pays duSud, on observe le même phénomène mais essentiellement dans les villes. L’urbanisationse poursuit à une vitesse très élevée. La demande alimentaire augmente ainsi plus viteque la population et cette tendance va se maintenir. La production agricole est moinsexcédentaire qu'il y a dix ans. Le marché est plus tendu.

Ressource " Dossier " : L’alimentation des villes du Sud

Si les prix flambent depuis quelques mois, c’est qu’il y a aussi un effet conjoncturel.Plusieurs pays ont en effet subi récemment des accidents climatiques (sécheresse enAustralie, typhon au Bangladesh, hiver plus froid en Chine et au Vietnam) engendrant demauvaises récoltes. Cette situation s’est traduite par une augmentation de la demandedans les pays importateurs, tels que le Bangladesh pour le riz, et une baisse de l'offre depays exportateurs majeurs comme l’Australie pour le blé. Certains pays exportateurs, demême que les courtiers en céréales, ont anticipé une hausse des prix en limitant les misesen marché. Le Vietnam et la Chine ont gelé leurs exportations de riz et attendent ladeuxième vague de récolte (avril/mai) pour réévaluer leur position. Les spéculateurs surles marchés à terme des produits agricoles considèrent ce secteur comme lucratif alorsque s'annonce une hausse de la demande pour les agrocarburants ou une baisse del'offre liée aux accidents climatiques. Si la hausse est si sensible, cela est à la fois dû àune petite diminution de l'offre et une augmentation de la demande, mais aussi et surtoutà une volatilité accrue des cours du fait de l'absence de régulation du marché :libéralisation oblige, les Etats n'interviennent plus, les stocks de céréales sont très bas.Nous sommes rentrés dans une ère d'instabilité des cours avec des risques durables deflambées intempestives.

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La crise alimentaire 2

Quelle est la part de responsabilité des agrocarburants dans cettehausse ?Ce ne sont pas les volumes actuels de produits agricoles destinés aux agrocarburants quiexpliquent la hausse des prix, sauf localement chez les fournisseurs de maïs des Etats-Unis, principaux producteurs de ces carburants. D’après les estimations d’Agrimonde,projet de prospective mené par le Cirad et l’Inra, sur le total des calories végétalesproduites dans le monde, moins de 5 % sont destinées aux usages non alimentaires dontfont partie les agrocarburants. L’alimentation humaine représente 55 % de ce total etl’alimentation animale 30 %. En outre, les volumes destinés aux agrocarburants sont, pourle moment, faibles. Ainsi, selon l’Agence internationale de l’énergie, en 2005, 1 % desterres cultivées servaient à produire des agrocarburants remplaçant 1 % de notreconsommation mondiale de carburants fossiles. En revanche, la hausse annoncée del’utilisation des céréales pour des agrocarburants accroît l’intérêt du marché des produitsagricoles pour les spéculateurs financiers. C’est donc plus l’anticipation de cette haussede la demande qu’une hausse réelle qui contribue à expliquer la flambée des prix.

Ressource " Recommandations " : Enjeux et perspectives des biocarburants pour l'Afrique

Quid de l'impact de la hausse du prix du baril de pétrole ?Le pétrole est un facteur de production important dans l'agriculture, en particulier dans lespays industrialisés, où elle est motorisée et fortement consommatrice d'intrants. La haussedu prix du baril se répercute bien évidemment sur le prix du transport, mais aussi sur celuides engrais, de l'irrigation par pompage et de la transformation agroalimentaire. Elle serépercute ainsi également sur le prix des produits agricoles. Il s’agit donc aujourd’huid'inventer une agriculture et un système de transformation et de commercialisationagroalimentaire moins énergivores. C’est un enjeu majeur.Si les pays du Sud utilisent moins d'énergie fossile pour leur production agricole, ilssubissent aussi durement la hausse du prix du pétrole. Elle se répercute sur les coûts deproduction, de transformation et de commercialisation des produits locaux.

Quelles sont les conséquences de cette hausse des prix pour lespopulations des pays du Sud ?Ce sont surtout les pays qui importent massivement des produits alimentaires pour nourrirleurs populations qui souffrent de cette hausse. Et ce sont en particulier leurs populationspauvres qui n'ont plus de marges de manœuvre pour y faire face. Cette hausse des prixn'est pas la première que subissent ces pays. En 1994, la dévaluation de 50 % du francCFA, la monnaie des pays d'Afrique francophone, s'est traduite par un quasi-doublementdes prix des aliments importés. Si cette hausse a eu des répercussions graves sur lasécurité alimentaire des populations, notamment des enfants, elle ne s'est pas traduite pardes émeutes comme c’est le cas à l’heure actuelle. Aujourd’hui, la donne a changé : lesmarges de manœuvre des populations fragilisées par des décennies de crise économiquesont très réduites. C'est en tout cas ce qui explique la crise alimentaire qu'a connue leNiger en 2005. Ce pays a subi une hausse conjoncturelle des prix liée à la demande duNigeria voisin. Après des années de fragilisation, la population ne disposait plus dessolutions qui lui permettaient d’y faire face jusqu’alors – utiliser ses stocks de sécurité,mobiliser son épargne, solliciter la famille en ville. Elle a subi le choc de plein fouet avecles conséquences nutritionnelles que l'on connaît et notamment des milliers d'enfants enmalnutrition sévère. Les émeutes que l'on observe aujourd'hui sont sans doute lamanifestation de l'épuisement d'une population qui n'en peut plus de décennies de crises.

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La crise alimentaire 3

Quelles sont les conséquences sur le secteur agricole ?Puisque le prix des produits importés augmente, les ménages vont sans doute reporterleur consommation sur les produits locaux. L'agriculture vivrière commerciale, délaisséedepuis une vingtaine d'années des priorités des politiques, revient donc sur le devant de lascène. La Banque mondiale ne s'y est d'ailleurs pas trompé : elle replace, au travers deson rapport annuel, les enjeux agricoles au centre des questions des pays endéveloppement et, au-delà, de la planète.

Ressource " Actualité " : L’agriculture : un outil majeur du développement selon la Banquemondiale. Commentaires de Denis Pesche, sociologue au Cirad

Les filières vivrières approvisionnant le marché domestique, et en particulier les marchésurbains, n'ont cependant pas attendu qu'on les soutienne pour répondre à cette demande.Celle-ci a explosé, avec un rythme d'urbanisation sans précédent dans l'histoire dumonde. Depuis trente ans, on a assisté à un fort développement de ces filières : elles ontinnové, se sont mécanisées et organisées pour offrir des produits adaptés aux modes devie des citadins et accessibles à leur pouvoir d'achat. Le marché domestique représenteaujourd'hui, en valeur, largement plus que les marchés à l'exportation dans nombre depays. Pourtant, les politiques continuent de privilégier un développement agricole parl'insertion aux marchés internationaux. Ce dynamisme du vivrier marchand, en particulieren Afrique, dément les visions pessimistes qui considèrent que l'agriculture de cecontinent est au point mort.

Ressources " Exemple " : Le fonio• Site internet : Fonio• Fiche : La transformation du fonio en Afrique de l'Ouest• Projet scientifique Inco-Fonio

A quelles conditions la production vivrière peut-elle prendre la relèvedes importations ?Avant de proposer des solutions techniques miracles, il faut mobiliser les réservesexistantes de gains de productivité. Elles sont encore nombreuses : il reste des terres àcultiver, des potentiels de rendement importants avec le matériel végétal existant, desmoyens de réduire les pertes. Cependant, ce potentiel ne peut pas totalement s'exprimer.La grande majorité des agriculteurs sont pauvres, n'ont pas accès aux intrants, au crédit,aux assurances ou encore aux conseils. Leur environnement n'est pas favorable à leursactivités, ne sécurise pas le risque qu'ils prennent à investir davantage dans le secteur.Car la production agricole demeure une activité risquée. Par ailleurs, les ressourcesexistantes ne sont pas toujours suffisantes. Dans bien des cas, il manque des solutionstechniques, du matériel végétal amélioré, des moyens de lutte contre les maladies pourdébloquer des goulets d'étranglement et augmenter les rendements. Les investissementsdans la recherche sur ces productions ont été insuffisants.

Ressource " Exemple " : Le cas du Burkina-Faso

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La crise alimentaire 4

Le problème se situe-t-il uniquement au niveau de la productionagricole ?Le secteur vivrier ne se limite pas aux producteurs agricoles. On l'oublie trop souvent. Ilconcerne également un très grand nombre d'activités permettant d'assurer la connexionentre les producteurs et le marché : activités de transformation agroalimentaire (extractiond'huile, broyage des céréales ou des racines et tubercules, séchage du poisson, etc.), decommercialisation et de distribution, ou encore de restauration. C'est, d'une part, grâce àce secteur que les produits circulent, sont acheminés vers des marchés, sont stockés,adaptés à la demande des consommateurs et leur sont distribués. C'est, d'autre part, parl'intermédiaire de ces activités que les incitations du marché sont transmises auxproducteurs, en termes de quantité, de qualité et de prix requis. Ce secteur est dans unesituation paradoxale : il joue un rôle crucial de courroie d'entraînement du secteur agricolepar le développement des marchés domestiques et il est pourtant presque partout négligédans les politiques. Celles-ci se limitent bien souvent à considérer d'un côté desproducteurs agricoles ruraux et de l'autre des consommateurs urbains, faisant fi de tout cesecteur qui fait le lien entre eux et régule ainsi offre et la demande.Une marge de manœuvre de taille se situe donc dans ces activités de transformation et decommercialisation, dans la création d'un environnement plus favorable à leurdéveloppement, dans la création d'infrastructures de transport, de stockage, dans lestechnologies de transformation des produits agricoles. Ce secteur est essentiellement tenupar les femmes et une grande partie de la marge de manœuvre est entre leurs mains.Mais sa forte croissance depuis une vingtaine d'années a attiré quelques gros opérateursqui spéculent et répercutent mal aux producteurs la hausse des prix à la consommation. Ilfaut donc des politiques qui permettent au marché de mieux fonctionner et non pas untotal laisser-faire qui laisse les plus puissants profiter de positions avantageuses et accroîtdavantage les inégalités.

Quelles pistes pour gérer la crise et en sortir ?A court terme, des mesures d'urgence s'imposent : la crise risque d'avoir desconséquences dramatiques sur la situation nutritionnelle des plus vulnérables. Cependant,une aide alimentaire d'urgence ne réglera pas le problème.Il est également nécessaire de libérer les marges de productivité dans le secteur du vivriermarchand, tant au niveau de la production que de la transformation et de lacommercialisation. Sans qu’il y ait de solution miracle, il suffit déjà, pour faire réagir levivrier marchand, de pouvoir garantir l'accès pour les paysans à un peu plus d'engrais, deproduits phytosanitaires, de routes en bon état, de moyens de transformation, de crédit, deconseils, d'assurance, d'informations sur les prix, de réduire les taxations policières sur lesroutes, le prix du gas-oil. Par ailleurs, les paysans sont appauvris par des annéesd'abandon du secteur agricole par les politiques. C'est donc tout un soutien à l'agriculturedes pays à vulnérabilité alimentaire qu'il faut relancer et non pas poursuivre une politiquede libéralisation accélérée de ce secteur, lui faisant subir les aléas des marchésinternationaux. Le développement agricole doit donc devenir une priorité dans l'agendainternational.A plus long terme, il sera sans doute difficile de s'affranchir de la question d'une meilleurerépartition des ressources. Car c'est bien parce que certains grands pays, très peuplés, semettent à consommer comme les pays les plus industrialisés que l'on se rend compte deslimites du système. Ceux qui souffrent aujourd'hui sont bien peu responsables de ce quiles fait souffrir. Il ne s'agit plus de transférer le modèle agro-industriel pour le généraliser àl'ensemble de la planète, mais bien d'inventer ensemble un système plus durablementéquitable.

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Cette synthèse est alimentée par les contributions de chercheurs du Cirad spécialistes desquestions d'agriculture vivrière et de sécurité alimentaire, dont un grand nombre sont enposte dans les pays du Sud. Elle sera mise à jour régulièrement au fur et à mesure desanalyses en cours sur les causes et les effets de la hausse des prix.

Les auteurs:Nicolas Bricas et Elsa Bru à partir des contributions de Estelle Bienabé, Marie-HélèneDabat, Bruno Dorin, Sandrine Dury, Fréderic Lançon, Patricio Méndez del Villar, PauleMoustier.

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La crise alimentaire 6

DOCUMENT 2Sécurité alimentaire: les raisons de la crise mondialePar Flore Coumau De ClercqCréé 04/09/2008Le gouvernement nous l'a affirmé: "Les règles de la concurrence ne sont pas respectées. La grandedistribution s'entend sur les prix au détriment des consommateurs." La grande distribution est-ellevraiment la cause de la flambée des prix ou n'est-ce pas une lame de fond que l'on tente encored'ignorer?

L'inflation que nous connaissons aujourd'hui n'est que le reflet sur le territoire français d'une crisealimentaire mondiale qui touche gravement 37 pays sur la planète. Notamment en Afrique, dans despays traditionnellement autosuffisants comme la Côte d'Ivoire, ou exportateurs comme l'Egypte. LeMexique, où le prix de l'aliment de base, la tortilla de maïs, a augmenté de 14% en 2006, ou encorel'Indonésie, dont le prix du riz a été multiplié par deux en un an, donnent des exemples de crisessociales graves latentes.

Plus près de nous, les Italiens n'avaient-ils pas, à l'automne 2007, boycotté leurs pasta pendant plusde 24 heures dénoncer l'augmentation de leur prix? Les Français, à leur tour, doivent dépenser pluspour obtenir la même quantité alimentaire.

La sécurité alimentaire mondiale est sérieusement remise en cause par différents facteurs qui seconjuguent et sont interdépendants. A la conférence de Bal, le directeur général de la FAO, JacquesDiouf, a affirmé que "le changement climatique pose un défi de taille à la sécurité alimentairemondiale".

Un pétrole qui flambe et des stocks qui s'amenuisent

Ces dernières années, les greniers à céréales de la planète, Ukraine, Etats-Unis, Australie et dansune moindre mesure l'Europe, ont affronté des catastrophes climatiques graves -sécheresses,inondations- et n'ont pu produire les quantités attendues de céréales. Cette faible productiongénéralisée, qui a entraîné la consommation des stocks mondiaux, est l'une des premières causesdésignées de l'envolée des cours de céréales.

Les pays les plus pauvres de la planète, premiers à subir les effets du changement climatiquecompte tenu de leur situation géographique -tout en étant les derniers à le générer-, ont connu desannées d'importation brute de céréales. La FAO estime que le coût total des importations de denréesalimentaires de ces pays à faible revenu dépasserait en 2007 les 107 milliards de dollars, soit 25%de plus qu'en 2006.

Officiellement désigné en seconde rôle, l'envolée de 72% -de 58 à 100 US dollars- du prix du barilde pétrole durant l'année 2007. Le coût de production et du transport des céréales, le coût de laproduction d'engrais et d'insecticides grimpent d'autant et sont répercutés sur les prix de vente.

Il est facile de réduire à ces deux maux, cette crise des prix alimentaires. Ils nous cachent en réalitédes mouvements de fond qui ont démarré avec la révolution industrielle et qui se sont accélérésaprès la seconde guerre mondiale.

Des habitudes alimentaires mondiales qui évoluent.

La population mondiale, aujourd'hui à plus de six milliards d'individus, va croissant et devraitdépasser les 9 milliards en 2050. En outre, les pays à très forte population -Chine, Inde- voient leurshabitudes alimentaires s'occidentaliser au fur et à mesure de l'accroissement de leur revenu. Cespopulations abandonnent progressivement leur régime alimentaire traditionnel, majoritairement à

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La crise alimentaire 7

base de protéines végétales, pour rejoindre le modèle occidental basé sur une très forteconsommation de protéines animales.

Pourtant, la production d'aliments d'origine animale requiert dix fois plus de terres que pour unealimentation d'origine végétale. Les terres cultivables du monde sont dédiées à 64% à la nourrituredu bétail. Pour exemple, 38% de la production de céréales et 90% de la production mondiale de sojasont dédiées à l'alimentation animale.

Cette demande alimentaire croissante en protéines animales exerce une pression directe sur lescours de céréales et indirecte sur les cours du pétrole.

En outre, l'urbanisation effrénée de la planète réduit d'autant les espaces arables et accentue leseffets des changements climatiques: la sécheresse gagne du terrain en Chine, en Afrique et, bientôt,au Brésil tandis que les inondations, de plus en plus fréquentes, génèrent, par ailleurs, de gravesdommages dans l'agriculture.

L'OCDE prévoit, qu'afin de répondre à la demande alimentaire et d'agrocarburants, la surface dessols consacrés à l'agriculture va croître de 10% d'ici à 2030. Les surfaces exploitables étant limitéesdans l'espace, elles seront prises sur les forêts et notamment les forêts primaires, avec lesconséquences que l'on connaît déjà sur le climat et la biodiversité.

Les céréales à éthanol et à biodiesel convoitées

Autre pression sur les cours de céréales et non des moindres: les stratégies énergétiques etenvironnementales des pays riches. Souhaitant doublement remédier à la raréfaction du pétrole etaux GES (gaz à effet de serre), les pays riches, notamment l'Europe, encouragent sur leur territoirela production d'agrocarburants au moyen d'incitations financières plus rentables que les subventionsagricoles.

La canne à sucre au Brésil, le maïs au Mexique et aux Etats-Unis, le blé, la betterave en Europe etenfin l'huile de colza, de tournesol, de palme sont utilisés pour la production d'éthanol ou de bio-diesel. Les agriculteurs, mieux subventionnés dans cette perspective, détournent leur production dela filière alimentaire pour la destiner à la filière de transformation en agrocarburant. De plus,certains producteurs de produits non transformables en agrocarburant abandonnent leurs cultureshabituelles pour les mêmes raisons de revenus financiers et se lancent dans la culture des produits àagrocarburant.

Changements climatiques, pression démographique, explosion des demandes en ressourcesénergétiques…Les trois raisons de cette crise alimentaire sont simultanément la conséquence et lacause de la flambée des cours du pétrole. Le pétrole a permis la mondialisation de l'alimentation,l'augmentation des richesses, l'accroissement des populations et a entraîné la pollutionenvironnementale. Il a généré une demande largement supérieure à sa capacité de production. Cetteflambée actuelle, et sans terme prévu, pèse non seulement sur le transport des céréales mais surl'ensemble des facteurs économiques mondiaux.

Ce n'est pas tant sur la production agricole ou sur le manque de concurrence que repose la haussevertigineuse des prix de l'alimentaire, mais plutôt sur la frénésie humaine envers une croissanceaveugle aux limites de notre planète. C'est désormais le système économique mondial qui est àrepenser avant que cette crise alimentaire annoncée n'entraîne dans son sillage d'autres crises plusprofondes.

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La crise alimentaire 8

alter info DOCUMENT 3

La crise alimentaire est-elle réelle ou s'agit-il d'une « conspiration? »

« Contrôlez le pétrole et vous contrôlerez les nations, contrôlez la nourriture etvous contrôlez la population. » Henry Kissinger (1970)

Je connais cette phrase de Kissinger depuis bon nombre d'années. Je confesse que,jusqu'à présent, je n'y avais pas donné beaucoup d'importance. Elle est pourtantd'une vérité absolue, presque un axiome, qui pourrait devenir une terrible réalité.

Par Eduardo Dimas, Progreso.com

La crise alimentaire est réelle. Le prix des denrées alimentaires monte et monte. Les réserves diminuent.Il en va de même avec le pétrole qui place de nombreuses nations et les peuples qui ne produisent pas denourriture ou de pétrole dans une situation désespérée. Est-ce le résultat d'une série d'événementsattribuables à des hasards qui surviennent en même temps, ou est-ce le résultat d'un plan visant àdominer le monde?

Si l'on se fie aux paroles de Kissinger, il semble bien que ce ne soit pas le fruit du hasard. Par conséquent,il faut se poser d'autres questions. Est-ce que l'idée d'augmenter la production d'éthanol (lancée parGeorge W. Bush en Mars 2007) en utilisant le maïs et les autres céréales de base destinées à l'alimentationhumaine et animale est également une coïncidence?

Il est bien connu que pour produire 1 litre d'éthanol destiné à alimenter les moteurs des voitures, il fautdépenser 1,2 litres de mazout. Autrement dit, il faut dépenser plus de carburant que ce qu'il sera produiten carburant. Le simple fait que l'éthanol soit devenu une bonne affaire pour la famille Bush et sesacolytes de même que pour les oligarchies de plusieurs pays, n'est-il pas en soi suffisant pour voir dans cesgestes une volonté de provoquer une grande pénurie de nourriture?

Est-ce par hasard que les grandes entreprises dans le commerce des aliments ainsi que de nombreuxinvestisseurs se soient mis à spéculer sur le prix du grain, tout en sachant si bien que la spéculation peutentraîner la mort de millions d'êtres humains? Selon les Nations Unies, toutes les cinq secondes, un enfantmeurt de faim ou de maladies associées à la malnutrition.

Était-ce une pure coïncidence que le Fonds monétaire international (FMI), que la Banque mondiale (BM) etque l'Organisation mondiale du commerce (OMC) aient fait la promotion, dans ce que l'on appelle le Tiersmonde, de la production de denrées alimentaires pour des fins d'exportation, plutôt que de pourvoir à laproduction de produits alimentaires qui puisse garantir de la nourriture aux personnes qui la cultive? Cefaisant, les pays les plus pauvres ont été mis à la merci des prix du marché mondial.

À présent, 78 nations en Asie, en Afrique, en Amérique latine et dans les Caraïbes ont un déficit dans leursréserves de produits alimentaires de base en raison des prix élevés des produits alimentaires et del'abandon des cultures traditionnelles.

Pour 37 de ces pays, la situation est particulièrement difficile. Il y a déjà eu des manifestations et dupillage d'épiceries et de supermarchés, de même que de la répression et des morts. De peur que vous nel'ayez oublié : la faim est le pire des conseillers.

Certains pays doivent rationner le riz et d'autres, le maïs et le blé. Les grands producteurs asiatiques deriz, tels que la Thaïlande et le Vietnam, ont réduit leurs exportations afin de pouvoir nourrir leurs proprespopulations. Environ 43% de la production de maïs est utilisée à l'alimentation animale. Les experts disentqu'environ 20% des récoltes mondiales de maïs seront utilisées pour produire de l'éthanol. Que reste-t-ilpour les êtres humains?

Est-ce accidentel ou est-ce le résultat d'un plan visant à dominer les nations par la faim? Le riz estl'aliment de base de 3 milliards de personnes. Le maïs est l'aliment de base pour environ 600 millions de

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La crise alimentaire 9personnes et il en est pareillement du blé, pour des centaines de millions de personnes. Au Pérou, l'arméecuisine des pains de pommes de terre afin d'essayer de réduire la demande pour le blé parmi lapopulation.

En Haïti, un mélange de boue avec du sel et de l'huile végétale est maintenant devenu l'aliment de basede centaines de milliers de personnes. La boue n'est pas gratuite. Il en coûte 5 cents un biscuit et ellecause des douleurs abdominales et transporte des parasites et d'autres maladies.

Haïti, est l'un des pays les plus pauvres au monde qui produisait presque tout le riz dont il avait besoinavant que soient introduites les règles néolibérales du FMI et de la Banque mondiale. Annuellement, Haïtia besoin de 400,000 tonnes de riz. Haïti en produit à peine 40,000 et le reste doit être importé. Au prixactuel, il n'est pas étonnant que ses habitants en soient rendus à manger des biscuits de boue.

Les grands pays producteurs d'aliments tels que les États-Unis et l'Union européenne de même que leBrésil prétendent que la pénurie de céréales est causée par une augmentation de la consommation enChine, en Inde et dans d'autres pays asiatiques. Il ne fait aucun doute que ce phénomène peut engendrerune légère augmentation des prix. Mais s'il est ainsi pour eux, alors qu'en est-il de la production d'éthanol?Il s'agit ici aussi de nourriture qui dorénavant ne servira plus à nourrir des millions d'êtres humains.

Aussi, il est vrai que les prix du pétrole ont également une incidence sur les coûts de production et detransport des denrées alimentaires. Mais qui est à blâmer de l'instabilité des marchés [du pétrole] qui parailleurs sont liés par l'instabilité en Iraq, par les menaces faites au Venezuela et d'une attaque éventuellecontre l'Iran et qui, finalement, engendre la spéculation? Quel est dont ce pays qui compte moins de 5 %de la population mondiale et qui consomme chaque jour environ 25 % du pétrole que le monde est enmesure de produire?

Si jamais l'Iran devait être attaqué, le prix du pétrole pourrait atteindre les 200 $ US le baril, un prixinsoutenable, même pour la plupart des pays développés et qui serait une véritable tragédie pour les payspauvres. Certains pays, comme la République Dominicaine, le Nicaragua, le Honduras et l'El Salvadorconnaissent déjà de graves difficultés en matière de carburant et de nourriture, malgré toute l'aidegénéreuse donnée par le gouvernement du Venezuela.

Le récent Sommet Alimentaire qui s'est tenue à Managua, convoqué par les gouvernements de l'Alternativebolivarienne pour les Amériques (ALBA) et auquel ont participé les représentants de 12 pays, incluantcertains présidents, avait pour but d'unir tous les efforts pour faire face à la crise alimentaire quiassaillent l'humanité.

Pour la plupart des participants, la cause de la crise alimentaire réside dans la répartition inégale desrichesses à travers le monde et par-dessus tout, sur le modèle économique néolibéral imposé par certainspays développés et qui furent imposé au reste du monde au cours des 20 dernières années.

Bien sûr, tout le monde n'est pas d'accord. Le Président Oscar Arias du Costa Rica a pris ses distances,puisqu'il est un fervent du « libre-échange. » Le Mexique et l'El Salvador ont également pris leurs distancesà la suite d'une série de propositions faites par la délégation vénézuélienne qui ont été ajoutées enaddenda à la Déclaration Finale.

Parmi les propositions du Venezuela on retrouvait l'idée de créer une Banque de produits agricoles quipermettrait de réduire les coûts des petits et moyens producteurs et qui permettrait également d'allouer100 millions de dollars par l'intermédiaire de la Banque d'Alba [ndt : autrement dit la Banque du Sud] pourfinancer des projets agricoles. Aussi, parmi les propositions, on retrouvait l'idée de créer un plan «Petrocaribe » (1) pour financer la production de produits alimentaires.

Jusqu'à présent, une prise de conscience s'est faite au sujet de la gravité de la situation alimentaire et desmesures urgentes qui doivent être prises afin que la nourriture ne devienne pas une arme de guerre, dumoins en Amérique latine. En réalité, l'alimentation est déjà devenue une arme de guerre dans denombreuses régions du monde.

Il faut à tout le moins être en garde contre les grandes entreprises qui produisent et qui font le commercedes produits alimentaires. Pareillement face aux entreprises qui produisent des semences transgéniques etqui imposent leurs produits partout dans le monde, au détriment des variétés naturelles. Elles sont déjàprésentes dans de nombreux pays de l'Amérique latine et dans les Caraïbes.

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La crise alimentaire 10Les semences transgéniques rendre l'agriculteur totalement dépendant de l'entreprise qui les produit.Année après année, l'agriculteur doit acheter les semences, les engrais et les insecticides. En Inde,150,000 producteurs de coton se sont suicidés parce qu'ils ne pouvaient pas payer leurs dettes envers lesmultinationales.

Il est aujourd'hui donné aux entreprises multinationales de contrôler l'approvisionnement alimentaire etpar conséquent, le peuple et ce, tel que le souhaitait Henry Kissinger. Dans un document secret qui portepour nom « Le Mémorandum concernant l'études sur la sécurité nationale (NSSM 200), » Kissinger a dessinéun plan d'action concernant la population mondiale, visant à la contrôler et à la réduire de centaines demillions de personnes en utilisant les denrées alimentaires.

Kissinger souhaitait réorganiser le marché mondial de l'alimentation, à détruire les fermes familiales et àles remplacer avec de grandes « haciendas » et des usines dirigées par la grande entreprisemultinationale. Quelque chose semblable à cela s'est réalisée depuis le début des années 1990 au Mexiqueet dans d'autres pays d'Amérique latine. Ne pensez-vous pas qu'il est temps de prendre les moyens pour ymettre fin? Je vous laisse le soin de répondre.

Traduit par Dany Quirion pour Alter Info

Source : http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=8993

NDT : (1) PetroCaraibe : Il s'agit d'une alliance entre les pays des Caraïbes et le Venezuela leurpermettant d´acheter le pétrole de ce dernier à des conditions de payement préférentielles. Cettealliance a été créée en juin 2005.

Vendredi 16 Mai 2008

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La crise alimentaire 11

DOCUMENT 4Dimanche 13 Avril 2008

La crise alimentaire bouleverse la planètePar Antoine MALOLe Journal du Dimanche

Le monde a faim. Et il se révolte. Samedi encore, de nouveaux incidents se sont déroulés auBangladesh pour réclamer une baisse des prix des produits alimentaires. Depuis plusieurssemaines, des émeutes éclatent partout à la surface du globe. Burkina-Faso, Sénégal, Côted'Ivoire, Egypte... Même des pays généralement épargnés par ces crises de subsistance,comme le Maroc, ont connu des poussées de fièvre.

Aux Philippines, le riz est sous surveillance. Son prix se négocie à 700 euros la tonne aujourd'hui.(Reuters)

Au total, selon la FAO (l'organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture), ce sont trente-sept pays qui ont été touchés par ces révoltes. Cette semaine, à Haïti, des manifestations ont faitcinq morts et des dizaines de blessés. Les prix y ont flambé en quelques jours: le sac de riz est passéde 35 à 51 dollars (32 euros). Samedi, le président haïtien René Préval a annoncé qu'il allait lebaisser à 43 dollars pour calmer le mécontentement populaire. Dans le même temps, le Premierministre Jacques-Edouard Alexis a été renversé, après le vote par le Sénat d'une motion de censure.Partout, la même cause produit les mêmes effets: la brusque montée des cours des produits agricoles- en un an, ceux du blé et du riz ont doublé - fait flamber le prix des produits de première nécessité."L'augmentation sur les céréales peut avoir un effet catastrophique dans les pays qui ne sont pas enautosuffisance alimentaire", a estimé cette semaine le commissaire européen à la Coopération et auDéveloppement, Louis Michel, qui dit redouter "un vrai tsunami économique et humanitaire".

L'ONU est elle aussi préoccupée, comme le démontre une note interne, révélée hier par le journalLe Monde: "Une des inquiétudes majeures est la possibilité que l'ensemble du système d'aidealimentaire soit incapable de faireface." La question s'est aussi invitée au sommet des ministres des Finances du G7 qui se déroule ceweek-end à Washington. Et Michel Barnier, le ministre français de l'Agriculture, souhaite mettre lasécurité alimentaire au centre des débats lors de la réunion avec ses homologues européens prévuedemain à Bruxelles. La crise est mondiale mais, pour l'heure, elle touche surtout les pays en voie dedéveloppement. "Les prix des produits alimentaires sont devenus tellement élevés que les pluspauvres n'y ont plus accès, explique Hervé Guyomard, directeur scientifique à l'Inra. La situationest telle que certains fournisseurs refusent de livrer des pays où ils courent le risque de voir leurmarchandise pillée par la population. Autre problème: il n'y a pas de réserves disponibles. Lesstocks mondiaux ont atteint leur niveau le plus bas depuis vingt-cinq ans."

Des fonds spéculatifs sont aussi entrés dans la danse

La soif de consommation des pays émergents, comme la Chine et l'Inde, entretient aussi unedemande qui croît plus vite que l'offre. Exemple: la consommation de viande en Chine par habitantest passée de 20 kg en 1980 à 50 kg aujourd'hui. Sachant qu'il faut 7 à 8 kg de céréales pourproduire un kilo de viande, difficile de maintenir une stabilité des prix. Et dans ce marché tendu, lemoindre accident enraye la machine. Comme ce fut le cas avec les mauvaises récoltes de l'annéedernière liées aux conditions climatiques. La demande croissante en biocarburants - près de 100millions de tonnes de céréales l'an passé - a perturbé un peu plus le marché. "C'est du jamais-vu. Onne comprend pas ce qui se passe et ça nous rend vraiment inquiets, explique Jean-Pierre Brun, un

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La crise alimentaire 12

courtier en riz basé dans le sud de la France. En ce moment, c'est la récolte du riz en Asie. A cettepériode, les prix redescendent habituellement. Or, là, ils restent extrêmement élevés."

Certains Etats exportateurs garderaient leur marchandise pour la vendre au plus haut. Devant lapanique, des pays producteurs comme le Vietnam, l'Inde ou la Thaïlande ont interdit lesexportations. Des fonds spéculatifs sont aussi entrés dans la danse. "La variation des prix à courtterme les a beaucoup intéressés. Et désormais, ils participent à cette volatilité du marché", analyseAndrée Defois, de la revue spécialisée Stratégie grains. En Europe, où la part du budget desménages dans l'alimentation reste mesurée, les effets de la crise ne se font pas trop sentir. "Maisdans les mois qui viennent, le panier de la ménagère française va augmenter dans des proportionsimportantes, prévient Jean-Pierre Brun. Car il va bien falloir répercuter la hausse actuelle des prix.Et cela se fait avec six mois de retard." Pour l'heure, c'est la situation dans les pays en voie dedéveloppement qui inquiète. La France a envoyé cette semaine à Haïti une aide alimentaire de 800000 euros. La FAO a débloqué 17 millions de dollars.

Autant de cautères sur une jambe de bois. "Sur le long terme, il va falloir trouver des solutions quipermettent de produire plus et mieux. C'est le défi auquel doit faire face la recherche mondiale",estime Hervé Guyomard. Et il y a urgence. Chaque année, la population mondiale augmente de 80millions d'habitants.

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La crise alimentaire 13

DOCUMENT 5Jeffrey Sachs : "Il faut changer le monde pour notrepropre survie"LEMONDE.FR : Article publié le 30.05.08

L'économiste qui a converti les pays de l'Est à l'économie de marché est au chevet

d'un monde en crise. Le "docteur choc" a fait de la lutte contre la pauvreté son

nouveau combat. Avec dans sa ligne de mire les pays riches, qui ne respectent

toujours pas les engagements pour l'aide au développement pris il y a quarante

ans.

En 1983, lorsqu'il devient, à 28 ans, le plus jeune professeur d'économie de l'université

Harvard, Jeffrey Sachs semble promis à une brillante carrière académique. Mais son ambition

se situe déjà au-delà du monde universitaire. Dans l'action. C'est ainsi qu'un jour de juillet

1985, il débarque en Bolivie pour conseiller le gouvernement pris dans une tourmente

hyperinflationniste. Mission accomplie.

Fort de ce succès, Sachs devient, après la chute du Mur, l'éminence grise de nombreux

gouvernements de pays ex-communistes, notamment en Pologne et en Russie où ses recettes

libérales (privatisation de masse, dérégulation des prix, libre-échangisme) lui valent le surnom

de " docteur choc ". Une étiquette que ce démocrate convaincu, fils d'un célèbre avocat

spécialiste du droit du travail, ne supporte guère. D'autant plus qu'il se consacre désormais à la

lutte contre la pauvreté, notamment en Afrique, en mettant l'accent sur le rôle crucial de l'aide

publique au développement. Il est ainsi l'inspirateur des Objectifs du millénaire pour le

développement adoptés par les Nations unies en 2000 (voir encadré page 46). Il a assuré le

suivi du programme de 2002 à 2006.

A 53 ans, Jeffrey Sachs est directeur de l'Institut de la terre (université Columbia, New York),

un organisme unique en son genre mêlant recherche en sciences économiques et sociales et

travail de terrain. Le but : mettre la planète sur la voie du développement durable. Lui y voit de

l'ambition, d'autres de la mégalomanie.

Sachs irrite en effet par son ego, son côté " premier de la classe " et sa fréquentation assidue

des grands de ce monde, des chefs d'Etat aux stars du show-business. Mais il ne laisse jamais

indifférent. Même ses détracteurs s'accordent à dire qu'il est un des seuls économistes capables

de mobiliser les foules et les dollars pour le rééchelonnement de la dette des pays pauvres, les

moustiquaires antipaludisme ou les engrais agricoles.

Dans son dernier ouvrage, paru aux Etats-Unis en mars, Common Wealth, Economics for a

Crowded Planet ("Richesse pour tous, économie pour une planète surpeuplée", Penguin

Press), il explique que la Terre est proche du point de rupture, menacée par la croissance, la

surpopulation et les désastres écologiques. Proposant un " plan Marshall " à l'échelle

mondiale, il estime qu'il faudrait y consacrer l'équivalent de 2 % à 3 % du revenu des pays

riches, une " bonne affaire " au regard de l'immensité et de l'urgence du défi.

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La crise alimentaire 14

Entre deux avions, il a accepté de se poser dans le jardin de sa maison new-yorkaise et de

répondre aux questions du Monde 2.

Crise immobilière américaine, crise alimentaire… Tout le monde semble pris de

court. N'était-ce pas prévisible ?

Non. La plupart des observateurs pensaient que la crise financière américaine se déclencherait

lorsque le reste du monde cesserait de financer le déficit de la balance courante américaine. Or

ce sont les marchés américains qui se sont contractés, estimant que les banques avaient prêté à

tout va. C'est donc une crise financière interne et non pas la fermeture du robinet de fonds

étrangers qui a été le détonateur. Peu de gens l'avaient pronostiqué.

Même chose pour les crises des matières premières. Dans mon dernier livre, j'explique que

nous atteignons les limites de notre mode de vie actuel mais je n'avais pas anticipé que le baril

de pétrole dépasserait les 130 dollars et que le prix du blé doublerait en un an.

Que se passe-t-il ? La crise alimentaire s'explique par un double choc : sur la production, d'une

part, à cause d'épiphénomènes comme la sécheresse en Australie ou la course aux

biocarburants, et sur la demande, d'autre part, suite à la croissance rapide de l'économie

mondiale, notamment en Asie.

La crise financière américaine s'explique, elle, par des années de politique monétaire très

expansionniste, qui, combinées avec la déréglementation des marchés financiers, ont créé un

contexte périlleux, des taux d'intérêt très bas et un taux d'épargne très faible. Il n'y a pas de

lien de causalité directe entre ces deux crises mais leurs effets se cumulent.

Quelle est la part de responsabilité des Etats-Unis dans ces crises ?

Je pense que le leadership des Etats-Unis ces dernières années a été le plus mauvais de

l'histoire récente, et de loin. L'administration Bush a commis de terribles erreurs à commencer

bien entendu par la guerre en Irak, à laquelle il faut ajouter les réductions d'impôts

économiquement injustifiées et un mépris total pour le réchauffement de la planète et

l'extrême pauvreté dans le monde. Il faut aussi souligner que depuis dix ans la Réserve fédérale

américaine (Fed) n'a cessé d'alimenter deux grandes bulles spéculatives (Internet et

l'immobilier) et a tout simplement continué à déréguler tandis que les problèmes

s'aggravaient. C'est pourquoi j'estime, contrairement à beaucoup, que le règne d'Alan

Greenspan [président de la Fed de 1987 à 2006] sera jugé sévèrement. Et je pense que son

successeur Ben Bernanke, qui est lui aussi resté bien passif pendant longtemps, se retrouve

confronté à un ensemble de problèmes très complexes.

Si vous êtes nommé au gouvernement des Etats-Unis demain, que faites-vous ?

D'abord je retire les troupes d'Irak et je renonce aux réductions d'impôts de Bush. Cela

libérerait 450 milliards de dollars par an de deniers publics. Je les utiliserai pour assurer les 50

millions d'Américains qui ne sont pas couverts par l'assurance-maladie, pour promouvoir les

investissements dans les pays les plus pauvres, pour investir dans le développement durable

(notamment l'énergie, l'eau, la pêche). Je mettrai fin aux subventions pour les biocarburants

comme l'éthanol et j'en garderai une partie pour réduire le déficit budgétaire. Autant de

mesures qui devraient être prises mais autant de raisons pour lesquelles je ne serai pas élu

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La crise alimentaire 15

président… La crise alimentaire est selon vous un signe avant-coureur du diagnostic développé

dans votre dernier livre. N'êtes-vous pas trop alarmiste ? Souvenez-vous de cette devinette : si

sur un point d'eau donné le nombre de nénuphars double chaque jour et qu'ils recouvriront

toute la surface au bout de trente jours, quand le nombre de nénuphars recouvriront-ils la

moitié du point d'eau ? Réponse : le 29e jour. Je pense que nous sommes au 29e jour. Nous

avons laissé les choses évoluer en se disant qu'on avait le temps. Et aujourd'hui, nous sommes

6,7 milliards d'habitants, le PNB mondial atteint les 70 trillions de dollars, nous infligeons des

dommages sans précédent à notre environnement et nous voulons avoir une croissance de 5 %

par an comme si de rien n'était. Cela signifie un doublement de la taille de l'économie

mondiale tous les quatorze ans.

Si la population continue à croître à ce rythme, nous serons près de 12 milliards en 2050. Et si

nos industries continuent à produire de la même façon, la concentration de dioxyde de carbone

dans l'atmosphère aura doublé à cette date. C'est pour cela que je parle de 29e jour. Produire à

nouveau 70 trillions de dollars avec nos technologies actuelles, dans notre environnement et

avec une population qui croît de 80 millions par an, ce n'est tout simplement pas réalisable ! Il

ne s'agit pas de faire peur ou de faire du malthusianisme de bas étage… Tout cela est fondé sur

des constats.

Que faire ? Les principales contraintes physiques auxquelles nous sommes confrontés – l'eau,

l'habitat, l'énergie, les émissions de dioxyde de carbone, la pêche, etc. – ne doivent pas le

rester. En utilisant des technologies éprouvées, nous pouvons résoudre toutes les difficultés

agricoles, industrielles, démographiques ou environnementales. Et à moindre coût ! Le

problème, c'est que nous n'essayons même pas de les résoudre. Nous avons besoin de

gouvernements qui se soucient vraiment de l'environnement et de la recherche de nouvelles

sources d'énergie, de l'approvisionnement en eau et en nourriture, ainsi que de l'augmentation

globale de la population et de ses conséquences pour les plus pauvres des pauvres.

Actuellement, rien n'est fait. C'est alarmant. Au cours de la campagne présidentielle

américaine actuelle, ces questions ne sont même pas abordées. George Bush a beaucoup parlé

de la nécessité de développer des sources d'énergie alternative mais il n'a rien dépensé pour y

parvenir. Où va tout notre argent public ? A la guerre.

Les pays riches se sont engagés en 1970, devant l'ONU, à consacrer 0,7 % de leur PNB à l'aide

publique au développement. La conjoncture actuelle leur fournira-t-elle une excuse pour ne

pas atteindre ce seuil ? Ils peuvent brandir le retournement de la conjoncture comme excuse, le

fait est qu'ils sont en mesure de payer 0,7 % de leur richesse nationale quelle que soit la

situation économique pour la bonne et simple raison qu'il ne s'agit que… de moins de 1 % !

C'est une décision de nature politique. Les pays occidentaux cherchent de toute évidence à ne

pas tenir leurs promesses. Mais je ne suis pas prêt à les laisser faire.

Vous prétendez que les grands problèmes de la planète peuvent être réglés si la

communauté internationale y met les moyens. Vous dites notamment qu'avec 70

milliards de dollars d'aide par an, l'Afrique pourra se passer d'aide au

développement en 2025. Vous rêvez ?

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La crise alimentaire 16

Les gens qui disent que je suis fou sont soit ceux qui estiment que la situation est désespérée,

soit ceux qui jugent qu'il faut laisser la nature faire. Il y a aussi une troisième variante de ce

scepticisme selon lequel l'aide est nécessaire mais nous sommes incapables de l'acheminer à

bon port. C'est une vision totalement erronée, une vision pathétique du monde ! Un de vos

principaux détracteurs, l'économiste William Easterly (Université de New York), dénonce,

notamment dans son livre The White Man's Burden (" Le fardeau de l'homme blanc ", 2006,

Penguin Press), les résultats mitigés des milliards consacrés à l'aide au développement depuis

cinquante ans. Il estime que vos appels pour un nouvel effort massif connaîtront le même

sort… Les Etats-Unis consacreront plus au budget du Pentagone dans la seule année 2008 que

le monde entier n'a donné à l'Afrique dans toute l'histoire. Y avons-nous vraiment déversé des

torrents d'argent ? Non. Avons-nous déjà distribué massivement des moustiquaires

antipaludisme ? Non. Et quand nous avons essayé de le faire, cela a-t-il échoué ? Non, au

contraire. Avons-nous entrepris une campagne massive de vaccination contre la rougeole ?

Oui. A-t-elle fini en corruption généralisée ? Non, cela a donné une réduction de 91 % de la

mortalité due à cette maladie.

Voilà ce qui a été réalisé depuis 2000. Je ne propose pas de donner de l'argent sans contrôle

mais pour des actions précises. Que peut-on faire ? Comment ? Qu'est-ce qui a marché ? Voilà

ce à quoi les esprits critiques devraient réfléchir. Ce qui me rend fou, c'est qu'il n'y a pas cinq

plans pour éradiquer le paludisme, il n'y en a qu'un seul et quatre personnes qui tirent dessus à

boulets rouges ! Les Objectifs du millénaire, dont vous êtes le principal auteur, ne seront pas

atteints par de nombreux pays, notamment les plus pauvres… Ils ont été rédigés en fonction de

l'argent promis. Les pays riches remplissent-ils leurs engagements ? Non. Donc l'Europe et le

Japon peuvent continuer à les négliger, les Etats-Unis peuvent continuer à faire la guerre et les

objectifs échoueront, le monde perdra espoir et aura manqué une occasion de remédier à ses

maux… Faut-il rester les bras croisés jusqu'en 2015, constater à ce moment-là que les objectifs

auront échoué et blâmer Jeff Sachs ? Cette passivité généralisée n'est pas acceptable. Votre

ministre des affaires étrangères a créé Médecins sans frontières, qu'il soutienne donc les

Objectifs, que la France tienne ses promesses de financement ! En 2007, l'aide au

développement provenant des pays industrialisés a baissé par rapport à 2006. A qui la faute ?

Vous affirmez que l'Afrique souffre de sa géographie plutôt que de ses gouvernants. Vous

semblez ignorer des facteurs comme l'absence de démocratie, la corruption ou les inégalités

sociales… J'ai dit à de nombreuses reprises que je ne suis pas favorable à un programme d'aide

à Robert Mugabe, au Zimbabwe, ou à d'autres dictateurs du même genre. Mais c'est là aussi

une fausse excuse. Il y a beaucoup de pays prêts à absorber une aide massive comme le Ghana,

le Sénégal, le Mali ou la Tanzanie, qui sont stables, démocratiques, en paix, et qui n'obtiennent

pas les fonds non plus. La Banque mondiale leur répète : " Ne croyez pas aux Objectifs du

millénaire, vous n'y parviendrez pas et l'argent promis n'arrivera pas. " Vous êtes un

partisan d'un " grand bond en avant ". Ne risquez-vous pas ainsi d'ignorer les particularités

locales, politiques ou culturelles ? Naturellement, je crois que chaque communauté doit avoir

son espace, sa liberté d'action, que sa culture doit être prise en compte. Les actions que je

supervise dans une douzaine de villages-pilotes du millénaire en sont la preuve : ce sont les

habitants qui décident de l'utilisation des moyens et des technologies que nous leur

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La crise alimentaire 17

fournissons. Mais en ce qui concerne l'éradication de la variole, la lutte contre la polio ou la

rougeole, la distribution de moustiquaires ou d'engrais, il faut agir de façon globale,

systématique et rapide. Et je ne vois pas de contradiction entre ces deux modes d'action.

Quand vous travaillez aux urgences, vous avez intérêt à travailler vite.

Je ne suis pas un révolutionnaire : je demande que 0,7 % de notre richesse soit consacrée à

extirper des gens de la misère absolue grâce à des moyens reconnus.

" Docteur choc " s'est-il converti à la lutte contre la pauvreté ? Non. Je crois et j'ai toujours cru

en une économie mixte car il y a certaines choses que le marché ne peut réguler comme

l'environnement ou la recherche scientifique. Je tiens à rappeler qu'en 1985, j'ai été le premier

universitaire américain à réclamer l'annulation de la dette extérieure de la Bolivie. Est-ce que

c'était une grande idée de droite ultralibérale ? En Europe de l'Est après la chute du

communisme, dans des pays occupés par l'armée rouge pendant quarante-cinq ans, il fallait

laisser les marchés faire leur œuvre. A chaque problème, il fallait trouver une solution

appropriée.

Star parmi les économistes, vous avez un accès privilégié à de nombreux

gouvernements et aux Nations unies. C'est un atout ?

Bien sûr. La mobilisation internationale a été déterminante sur les questions de santé comme

le sida et le paludisme ou sur l'annulation de la dette des pays pauvres, et j'en suis fier. Depuis

quatre ans, je répète qu'il faut aider l'Afrique à produire plus de nourriture, à faire sa "

révolution verte " comme l'Inde dans les années 1960. Et je propose des solutions, même si

elles ne plaisent pas à tout le monde. Ainsi, lorsque j'ai préconisé que le Malawi mette en place

un système de subventions agricoles, l'agence britannique du développement a hurlé au loup.

Trois récoltes réussies plus tard, est-ce que je crie sur tous les toits " Regardez, ça marche,

faisons-le ailleurs " ? Bien entendu ! Evidemment, les donateurs n'aiment pas que je leur

rappelle constamment ces vérités qui dérangent… Vous avez incité des stars comme le

chanteur Bono ou l'actrice Angelina Jolie à s'investir dans la lutte contre la pauvreté. Ne

craignez-vous pas que ce soit un phénomène de mode ? Le grand public doit comprendre qu'il

faut agir vite et qu'il y a des mesures importantes à prendre pour changer la donne. Que ce soit

les " pavés " scientifiques, les discours, un concert de U2 ou le travail de terrain, tout cela

participe du même effort de mobilisation. Il faut changer le monde pour notre propre survie.

Vous faites très souvent référence à John F. Kennedy. Pourquoi ?

Au cours de la dernière année de sa vie, il a contribué à sauver le monde. La " crise des missiles

" à Cuba, en 1962, nous avait amenés au bord de l'autodestruction et il a su trouver une issue

pacifique. Ayant réalisé à quel point nous avions frôlé le désastre, il a passé le reste de sa vie à

convaincre les Américains que l'ère de la confrontation devait laisser place à celle de la

coopération. Je ne cesse de combattre le cynisme. JFK répétait : " Ayez l'audace de réussir,

tentez, ne croyez pas que nous soyons condamnés. " Il m'inspire profondément. Trop de gens

pensent que nous ne pouvons rien faire.

Propos recueillis à New York, par Marc Perelman

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La crise alimentaire 18

DOCUMENT 6A quoi sert la FAO ?LEMONDE.FR : Article publié le 04.06.08

L'Organisation des nations unies pour l'alimentation et l'agriculture existe depuis 63 ans. Elle estjugée inefficace.

La FAO ou Organisation des nations unies pour l'alimentation et l'agriculture existe depuis soixante-

trois ans. Elle est dirigée par la conférence des nations membres qui se réunit tous les deux ans

pour examiner son travail et mettre en place plan et budget des deux années suivantes. La

conférence élit un conseil de quarante-neuf nations membres (pour trois ans, en rotation) et

un directeur général (pour six ans). Le Sénégalais Jacques Diouf dirige l'organisation depuis

novembre 1993.

L'institution se compose de huit départements et emploie plus de 3 600 personnes réparties

entre son siège à Rome et ses bureaux régionaux, sous-régionaux et nationaux. Son budget

2008-2009 s'élève à 867,6 millions de dollars. Les Etats-Unis sont les plus gros contributeurs,

suivis par le Japon et l'Allemagne.

La FAO a pour mission d'"améliorer les niveaux de nutrition, la productivité agricole et la

qualité de vie des populations rurales et contribuer à l'essor de l'économie mondiale". Dans

les faits, elle fournit des informations sur les données alimentaires mondiales, donne des

conseils en matière de politique agricole aux Etats qui le demandent et coordonne des projets

de terrain.

"UN GOUFFRE D'ARGENT POUR TRÈS PEU D'OPÉRATIONS EFFICACES"

La FAO est régulièrement accusée d'être inefficace. Le 4 mai, le président sénégalais,

Abdoulaye Wade, a réclamé la suppression de l'organisation en estimant que la crise

alimentaire mondiale actuelle était "largement son échec". "Cette institution aux activités

dupliquées par d'autres, apparemment plus efficaces (...), est un gouffre d'argent largement

dépensé en fonctionnement pour très peu d'opérations efficaces sur le terrain", a-t-il accusé.

De nombreuses institutions onusiennes traitant des problèmes alimentaires mondiaux ont été

créées dans les trente dernières années, comme le PAM (Programme alimentaire mondial) ou

le FIDA (Fonds international de développement agricole). Elles sont accusées de prendre en

charge le travail pour lequel la FAO avait été créée initialement.

Un rapport indépendant commandé par la Conférence de la FAO sur l'institution est paru en

octobre 2007, qui dresse un état des lieux accablant pour l'agence. Les experts y font l'état

d'une "crise" de la FAO et recommandent des changements immédiats pour "plus de

flexibilité" avec pas moins de cent dix propositions.

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La crise alimentaire 19

DOCUMENT 7

ALIMENTATION CONFÉRENCE INTERNATIONALE

Les pays membres de la FAO ne trouvent pas d'accordsur la façon de relancer la production alimentairemondialeArticle paru dans l'édition du 07.06.08

Les Etats membres de la FAO ont bouclé dans la douleur, jeudi 5 juin, le Sommet international

sur la sécurité alimentaire. Ils se sont engagés à « réduire de moitié le nombre de personnes

sous-alimentées pour 2015 au plus tard ». Elles sont plus de 850 millions aujourd'hui, et

l'envolée du prix des denrées fragilise la situation de 100 millions d'autres. Mais les pays sont

restés évasifs sur deux sujets sensibles : les subventions agricoles et les agrocarburants. Le

document final a été jugé « décevant » par de nombreux participants. L'Argentine a regretté

que la déclaration ne critique pas les subventions des pays industrialisés.

L'idée qui s'est dégagée de ces trois jours de négociations fait l'unanimité. Il faut doubler la

production alimentaire mondiale d'ici à 2050 et mettre l'accent sur le développement de

l'agriculture des pays pauvres, surtout en Afrique. Mais les moyens avancés pour résoudre la

crise font débat. Le texte encourage notamment « la communauté internationale à poursuivre

ses efforts en matière de libéralisation des échanges agricoles en réduisant les obstacles au

commerce, et les politiques qui sont à l'origine des distorsions de marché ».

PETITS PAYSANS TENUS À L'ÉCART

Les ONG, ravies que l'agriculture familiale et le principe d'autosuffisance alimentaire

redeviennent une priorité, estiment que le commerce et la facilitation des exportations ne sont

pas le moyen d'aider les petits producteurs, qui doivent d'abord approvisionner les marchés

locaux. Elles reprochent en outre à l'ONU de tenir les petits paysans à l'écart de sa cellule de

crise créée pour surmonter l'insécurité alimentaire, alors qu'elle y a inclu les institutions de

Bretton Woods (FMI, Banque mondiale et OMC).

L'idée que les investissements privés puissent permettre le développement de l'agriculture des

pays pauvres inquiète aussi. Des multinationales avaient été conviées au sommet. « Il faut

renforcer la production locale, pas la placer sous le contrôle de l'agrobusiness », a expliqué

Flavio Valente, le secrétaire général de l'Organisation internationale pour le droit humain à

l'alimentation (FIAN). « L'heure est venue de voir l'agriculture africaine comme une véritable

aubaine commerciale », a estimé en revanche le président de la Banque africaine de

développement, Donald Kabenuka, ravi de voir les fonds d'investissement s'intéresser à son

continent.

Cependant, la FAO se dit satisfaite du sommet. « On a pris la vraie mesure du problème de la

faim dans le monde (...), du fait que, cette fois-ci, nous n'avons pas seulement un problème

humanitaire qui touche quelques pays mais un problème qui touche tous les pays », a estimé le

directeur général de l'organisation, Jacques Diouf. Pour cette agence de l'ONU, contestée pour

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La crise alimentaire 20

son manque d'efficacité, l'objectif était d'obtenir une déclaration finale afin que le sommet

n'apparaisse pas comme un échec.

« L'important pour la FAO, c'est d'arriver à un consensus sur l'objectif de produire plus »,

disait-on dans l'entourage de M. Diouf avant la fin des négociations. Le reste, subventions et

agrocarburants en tête, est plus délicat. Les pays ont des intérêts économiques à défendre,

faisait-on remarquer pour justifier le blocage des négociations. Le dossier sera de nouveau

examiné par le G8, au Japon en juillet.

Laetitia Clavreul

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La crise alimentaire 21

DOCUMENT 8Les photos de la misère interpellent les chefs d'Etat

Article paru dans l'édition du 08.06.08

LES ÉMEUTES contre la « vie chère » en Afrique, en Asie et aux Caraïbes ont déclenché, ces

deux derniers mois, un important traitement médiatique. Et puis, plus rien.

Pourtant, le 1er juin, au Pakistan, des milliers de personnes manifestaient encore dans les rues

de Karachi pour protester contre la politique économique de leur gouvernement. C'était deux

jours avant l'ouverture, à Rome, du sommet sur la sécurité alimentaire de la FAO

(l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) qui avait pour thème

central « La sécurité alimentaire face au réchauffement climatique ». Mais les émeutes de la

faim ont vite obligé les chefs d'Etat à débattre essentiellement de « l'urgence alimentaire ».

« La crise qui secoue les pays pauvres était prévisible, mais les Etats sont restés sourds et

aveugles devant les difficultés des plus vulnérables à se nourrir, a lancé Jacques Diouf,

directeur général de la FAO. La communauté internationale ne réagit que lorsque les médias

apportent dans les foyers des pays nantis le spectacle douloureux de ceux qui souffrent dans le

monde. »

La planète compte 850 millions de malnutris, et la flambée du prix des denrées de base met en

danger 100 millions de personnes supplémentaires. Dans son discours, M. Diouf a rappelé que

la FAO avait, depuis l'automne 2007, attiré l'attention sur les risques de troubles sociaux et

lancé un appel à la mobilisation financière pour permettre aux agriculteurs des pays pauvres

d'avoir accès, pour la prochaine récolte, aux engrais et aux semences, dont les prix ont aussi

beaucoup augmenté. « En réalité, a-t-il conclu, c'est seulement lorsque les démunis et les

exclus du banquet des riches sont descendus dans la rue pour exprimer leur désespoir (...) que

les premières réactions salutaires en faveur de l'aide alimentaire ont commencé. »

Mais pendant que les chefs d'Etat se montraient à la tribune de l'assemblée plénière, leur

délégation défendait avec acharnement leurs intérêts économiques. Aucun consensus politique

n'a été trouvé, ni sur les agrocarburants ni sur les subventions agricoles, tous deux accusés

d'alimenter la hausse des prix et d'accroître les difficultés des pays pauvres.

Laetitia Clavreul

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La crise alimentaire 22

DOCUMENT 9

Crise alimentaire : comment produire plus et viteLEMONDE.FR : Article publié le 03.06.08

La sécurité alimentaire est au cœur des discussions de la conférence de la FAO, qui se tient à Romedu 3 au 5 juin. Face à l'envolée de la demande et des prix des matières agricoles, deux possibilités :augmenter les rendements et les surfaces. Mais des limites existent.

Comment le monde assurera-t-il sa sécurité alimentaire, alors que la demande explose, que les

prix s'affolent et que le réchauffement climatique complique toute volonté d'augmenter la

production ? La question est discutée lors de la conférence internationale de l'Organisation des

Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), du 3 au 5 juin à Rome.

Selon les prévisions, il sera nécessaire de doubler la production agricole d'ici à 2050, au regard

de la croissance démographique et de l'évolution des habitudes alimentaires. Avec l'élévation

du niveau de vie, la consommation de viande augmente, et donc les besoins en céréales pour

nourrir le bétail également.

Les émeutes contre la "vie chère" ont fait prendre conscience qu'il fallait produire plus et vite.

Selon les projections 2007 du Food and Agricultural Policy Research Institute (Fapri), un

centre de recherche américain, le monde aura besoin de 200 millions de tonnes de céréales

supplémentaires dès 2015 – il en a produit 2,1 milliards en 2007.

Pour produire plus, deux leviers existent : l'augmentation des surfaces et celle des rendements.

Selon la FAO, il y a 1,5 milliard de terres cultivées à l'échelle mondiale, et 4 milliards de

cultivables. Avec plus ou moins de potentiel néanmoins, car celles cultivées aujourd'hui sont

les meilleures et les plus accessibles.

"Il est certes possible d'augmenter le nombre de terres cultivées, mais cela se fera au

détriment des forêts ou des pâtures, des surfaces importantes pour le stockage du carbone et

la biodiversité", explique Bruno Dorin, chercheur au Centre de coopération internationale en

recherche agronomique pour le développement (Cirad).

Tout cela est donc question d'arbitrages. "Les pâtures servant à l'alimentation animale, ne

vaut-il pas mieux laisser brouter le bétail que de cultiver des céréales pour le nourrir?",

interroge l'économiste. Deux autres points font également question : le développement des

agrocarburants et la culture des OGM.

Le niveau élevé des prix agricoles devrait constituer l'une des principales incitations à produire

davantage, estime l'institut technique Arvalis. Dans sa revue Perspectives agricoles, cet

organisme vient de publier une carte des marges de manœuvre pour augmenter rapidement la

production mondiale. Si les potentiels existent, il pointe les limites spécifiques à chaque région.

Amérique du Sud. La zone constitue un important potentiel des terres à mettre en culture,

hors région amazonienne et prairies, principalement au Brésil. "Cependant, plus on y défriche,

plus on se dirige vers le centre du pays, donc loin des zones de consommation et des ports. La

logistique reste un frein puisqu'il y a peu d'infrastructures routières", explique Crystel

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La crise alimentaire 23

L'Herbier, économiste chez Arvalis. En Argentine, il existe plutôt une possibilité d'accroître les

rendements, à condition que la trésorerie des agriculteurs puisse leur permettre d'investir.

Amérique du Nord. Un changement d'affectation des terres au profit des céréales est

envisageable au Canada et aux Etats-Unis, selon les "Perspectives agricoles 2008-2017" de

l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et de la FAO,

publiées jeudi 29 mai.

Si les surfaces disponibles sont peu nombreuses, il s'agit de bonnes terres (13 millions

d'hectares en jachères aux Etats-Unis). Côté rendements, des innovations sont escomptées

pour le maïs. Mais, pour l'instant, les Américains misent sur les agrocarburants.

Union européenne. Selon la Commission, l'UE pourrait dans les dix ans augmenter sa

production de céréales de 50millions de tonnes (256 millions en 2007). Elle envisage d'en

gagner 38 millions par une hausse de 1 % des rendements par an, le reste provenant d'hectares

supplémentaires. La jachère pourrait être supprimée.

C'est dans les nouveaux Etats membres que les rendements peuvent réellement progresser.

Dans les pays à forte productivité comme la France, l'Allemagne ou la Grande-Bretagne, ils

plafonnent désormais. Selon une étude du ministère de l'agriculture publiée vendredi 30 mai,

le blé s'est stabilisé depuis dix ans en France autour de 70 quintaux par hectare, contre moins

de 30 au début des années 1960.

Russie et autour de la mer Noire. Il existe là un important potentiel d'anciennes terres

agricoles qu'il serait possible de remettre en culture. En Russie, selon Arvalis, plus de 20

millions d'hectares de céréales ont disparu ces quinze dernières années. Si les prix restent

incitatifs, des investisseurs pourraient s'y intéresser. Les freins majeurs restent le délai et le

coût de la remise en culture, ainsi que les problèmes de propriété foncière qui peuvent se

révéler dissuasifs.

Afrique. Près de 210 millions d'hectares sont cultivés, alors que plus de 1 milliard pourrait

l'être, dont 400 millions de très bonnes terres. Mais les experts d'Arvalis ne comptent pas sur

l'Afrique pour augmenter d'ici à 2015 la production mondiale. "Nous y imaginons certes un

développement, mais escomptons des résultats plutôt pour la décennie suivante", explique

Mme L'Herbier.

"Nombreux sont ceux qui ont une vision catastrophiste de l'agriculture africaine. Pourtant,

en vingt-cinq ans, l'Afrique de l'Ouest a doublé voire triplé sa production en consommant des

surfaces sur le mode de l'exploitation extensive", plaide Roger BLEIN, coauteur d'une étude

sur la question publiée en février par la Fondation pour l'agriculture et la ruralité dans le

monde (FARM).

Il reconnaît cependant que les sols africains sont fragiles et peu fertiles. Selon lui, les freins au

développement de la production résident dans le manque d'accès aux intrants, à la formation,

au crédit, au stockage et aux marchés urbains du fait de l'inexistence de routes. "Si la

production de riz augmente de 50 %, tout le monde aura sa marchandise sur les bras, ce sera

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La crise alimentaire 24

catastrophique", estime-t-il.

Asie et Australie. Il y a peu de potentiel d'augmentation des rendements en Australie, sauf à

trouver des variétés résistantes à la sécheresse. Le manque d'eau constitue aussi un problème

en Inde et en Chine, où l'urbanisation grignote notamment les meilleures terres agricoles. C'est

aussi en Asie que les rendements ont le plus progressé, notamment en Inde, grâce à la

révolution verte. "Il sera difficile d'y intensifier la production, d'autant plus que l'on y

pratique déjà plusieurs cultures par an sur une même terre", explique M.Dorin.

Pour produire plus et vite, l'OCDE et la FAO tablent plutôt sur les gains de productivité que sur

les terres. Mais le recours aux engrais sera moins avantageux qu'avant, car leurs prix flambent,

emportés par l'envolée du pétrole. Et, surtout, l'intensification de la production a causé des

dégâts sur l'environnement désormais bien connus. A moyen terme, l'espoir réside dans

l'"intensification écologique" de l'agriculture, mais "la recherche en est encore à la

préhistoire", explique M. Dorin.

Laetitia Clavreul

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La crise alimentaire 25

BOUSSOLE

CHRONIQUE DOCUMENT 10

La vulnérabilité financière des pays pauvresArticle paru dans l'édition du 27.05.08

LA CRISE financière est mondiale et les pays riches paient chèrement les défaillances de leurs

dispositifs de régulation. Les pays pauvres sont-ils autant exposés ? A première vue, ils

devraient être protégés des errements de l'ingénierie financière : les systèmes financiers y sont

moins développés et les banques y jouent un moindre rôle d'intermédiation. Selon la Banque

mondiale, le crédit à l'économie fourni par le système bancaire représentait, en 2005, 48 % du

produit intérieur brut (PIB) des pays à bas revenus, contre 191 % du PIB des pays à revenus

élevés. Et l'épargne dans ces pays est souvent peu liquide (bijoux, bétail), et lorsqu'elle est

monétaire, elle emprunte volontiers les circuits informels.

Les marchés des capitaux y sont aussi limités : le niveau de capitalisation des Bourses de

valeurs représentait, en 2005, 54 % du PIB dans les pays à bas revenus (malgré des progrès : ce

ratio était de 24 % en 2000), à comparer aux 113 % du PIB pour ceux à revenus élevés.

Leurs économies se sont aussi consolidées, même si cette catégorie inclut des pays aussi

hétérogènes que l'Inde, le Laos ou le Bénin. La crise de la dette, la chute des cours des matières

premières des années 1980 et les déficits budgétaires qui les avaient accompagnés avaient

asséché les flux de capitaux privés. Selon Thomas Dorsey, économiste au Fonds monétaire

international (FMI), les investissements directs étrangers y ont été multipliés par plus de 10 :

de 0,2 % du PIB des pays à bas revenus au début des années 1980 à 3 % en 2006.

Des fonds d'investissements aux origines diverses (britannique, russe, tunisienne, etc.) ciblent

le continent africain. Certes plus axés sur le profit que sur le développement, ils sont stimulés

par le boom des matières premières : non seulement celui-ci est à l'origine de taux de

croissance qui ont rendu les pays pauvres plus attractifs, mais il a généré des masses de dollars

en quête de placements.

Les pays pauvres sont néanmoins très vulnérables en raison de l'ouverture de leurs économies.

La hausse et la volatilité des prix des matières premières, en association avec la baisse du

dollar, ont entraîné celles des produits alimentaires et de l'énergie, ce qui est un choc majeur

pour les pays importateurs nets : les prix alimentaires ont augmenté de 45 % depuis fin 2006,

selon le FMI. L'inflation est d'abord supportée par les populations plus pauvres, et notamment

les pauvres urbains, contraints plus que les ruraux à recourir à des produits importés pour

survivre. Or ceux-ci représentent désormais, selon la Banque mondiale, un quart des pauvres

vivant dans les pays en développement.

En outre, si en théorie un secteur financier peu développé est un frein à la croissance, les

débats restent vifs concernant le sens de la causalité (le secteur financier favorise la croissance,

ou l'inverse ?) et les effets d'instabilité inhérents à la libéralisation financière, en particulier

aux premiers stades du développement. Sylviane Guillaumont-Jeanneney (université

d'Auvergne) et Kangni Kpodar (FMI) ont récemment montré que, sur la période 1966-2000, le

développement de l'intermédiation financière a bénéficié aux pauvres en facilitant leur accès

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La crise alimentaire 26

aux produits d'épargne et donc à des opportunités d'investissement. Ils ont aussi indiqué que

les pauvres sont plus vulnérables aux instabilités liées à ce développement, notamment celles

des systèmes de paiements (fermetures de banques, gel des dépôts).

Enfin, les pays en développement souffrent de la fuite des capitaux, qui peut être concomitante

à l'afflux de capitaux internationaux. James Boyce et Léonce Ndikumana (université du

Massachusetts à Amherst) ont ainsi estimé que sur la période 1970-2004, pour chaque dollar

prêté à l'Afrique subsaharienne, 60 cents repartaient la même année sous forme de fuite des

capitaux.

Cette dernière perdure malgré les programmes des institutions financières internationales et

l'amélioration des indicateurs macroéconomiques, reflétant la défiance vis-à-vis des

institutions financières locales. En contraste avec les démocraties développées, ces pays ont du

mal à mettre en oeuvre des politiques monétaires crédibles et à construire des secteurs

financiers transparents.

L'indépendance d'institutions telles que les banques centrales est un pilier de la crédibilité des

politiques économiques. Mais les pays pauvres ont souvent des systèmes politiques

autoritaires. Les institutions y sont sujettes aux pressions et les dirigeants ne sont pas

contraints de tenir leurs promesses par une instance qui serait au-dessus d'eux. Les citoyens ne

croient pas aux politiques annoncées et craignent pour leur patrimoine, d'où des effets négatifs

: sécurisation de l'épargne à l'extérieur, hésitation à faire des investissements de long terme. La

vulnérabilité financière découle aussi de déterminants politiques.

ALICE SINDZINGRE

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La crise alimentaire 27

DOCUMENT 11PASSERELLE ECO

Une nouvelle crise alimentaire menace lemonde(mis en ligne le lundi 9 octobre 2006)

On n’avait pas connu cela depuis trente ans : les stocks de céréales n’assurent plus quecinquante-sept jours de nourriture à la population mondiale. La réduction dramatique del’approvisionnement alimentaire risque de plonger le monde dans la plus grave crise qu’il aitconnue depuis trente ans. De nouvelles statistiques montrent que les récoltes de cette annéeseront insuffisantes pour nourrir tous les habitants de la Terre, pour la sixième fois depuissept ans.

Les hommes ont jusqu’ici mangé à leur faim en prélevant sur les stocks constitués durant lesannées de vaches grasses, mais ceux-ci sont désormais tombés au-dessous du seuil critique.

En 2006, selon les estimations de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation etl’agriculture (FAO) et du ministère américain de l’Agriculture, la récolte de céréales diminuera pourla deuxième année consécutive. Selon la FAO, elle dépassera à peine 2 milliards de tonnes, contre2,38 milliards en 2005 et 2,68 milliards en 2004, alors que l’appétit de la planète ne cesse de croître,à mesure que sa population augmente. Les estimations du gouvernement américain sont encore pluspessimistes : 1 984 milliards de tonnes, soit 58 millions de tonnes de moins que la consommationprévue pour cette année.

Les stocks alimentaires sont passés d’un niveau suffisant pour nourrir le monde pendant cent seizejours en 1999 à cinquante-sept jours seulement à la fin de cette saison, bien en deçà du niveauofficiel de sécurité [soixante-dix jours].

Les prix ont d’ores et déjà grimpé d’au moins 20 % cette année.

La production a baissé dans les pays riches

La crise qui se dessine est passée largement inaperçue parce que, pour une fois, les récoltes ontchuté dans les pays riches comme les Etats-Unis et l’Australie, qui, en temps normal, sontexportateurs de denrées alimentaires, et non dans les pays les plus affamés du monde. Aussi, nil’Afrique ni l’Asie n’ont-elles souffert de grande famine.

L’effet du déficit se fera sentir progressivement, lorsque les populations pauvres ne pourront plusacheter des aliments devenus trop chers, ou lorsque leurs propres récoltes baisseront.

A travers le monde, plus de 800 millions de personnes souffrent de la faim. De 1950 à 1990, lesrendements céréaliers ont plus que doublé, et la production est passée de 630 millions à 1,78milliard de tonnes.

Mais, depuis quinze ans, les rendements progressent bien plus lentement, et la production atteintpéniblement 2 milliards de tonnes.

"Les paysans ont obtenu un résultat extraordinaire en triplant quasiment la récolte mondiale", noteLester Brown, qui préside actuellement l’Earth Policy Institute, un institut de recherche respecté deWashington. "En une seule génération, ils ont presque doublé la production céréalière par rapport

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La crise alimentaire 28

aux 11 000 années qui avaient précédé, depuis le début de l’agriculture. Mais maintenant, le ressortest cassé".

Outre l’amélioration des rendements, une autre méthode traditionnelle pour doper la productionconsiste à agrandir la superficie des terres arables. Mais cela n’est plus possible. A mesure que lapopulation s’accroît et que les terres cultivables servent à la construction de routes ou de villes - ets’épuisent en raison de la surexploitation -, la quantité de terres disponible pour chaque habitant dela planète diminue. Elle a chuté de plus de moitié depuis 1950 [de 0,23 à 0,11 hectare par personne].

Pourtant, la production alimentaire permettrait de nourrir correctement tout le monde si elleétait bien distribuée. Certes, les habitants des pays riches mangent trop et ceux des payspauvres pas assez. Mais des quantités énormes de céréales servent également à nourrir lesvaches - et les voitures. A mesure que les gens s’enrichissent, ils consomment plus de viande,et les animaux d’abattoir sont souvent nourris au grain. Ainsi, il faut 14 kilos de céréales pourproduire 2 kilos de boeuf, et 8 kilos de céréales pour 2 kilos de porc. Plus d’un tiers de larécolte mondiale sert ainsi à engraisser les animaux.

Les voitures sont devenues un autre sujet de préoccupation, depuis que l’on encourage la productionde carburants verts pour combattre le réchauffement climatique. Une "ruée vers le maïs" s’estdéclenchée aux Etats-Unis, avec l’utilisation d’une partie de la récolte pour produire unbiocarburant, l’éthanol - grâce aux subventions considérables du gouvernement Bush qui voudraitde cette façon contrer les critiques concernant son refus de ratifier le protocole de Kyoto. Un seulplein d’éthanol pour un gros 4 x 4, rappelle Lester Brown, nécessite autant de céréales qu’ilen faut pour nourrir une personne pendant une année entière. En 2006, la quantité de maïsaméricain utilisée pour fabriquer du carburant sera égale à celle vendue à l’étranger.Traditionnellement, les exportations américaines contribuent à nourrir cent pays, pour la plupartpauvres.

Favoriser les pratiques respectant l’environnement

A partir de l’année prochaine, le volume consommé par les automobiles américaines sera supérieurà celui des exportations, et la part disponible pour nourrir les pays pauvres risque bientôt de seréduire. Les usines de production d’éthanol existantes ou en projet dans l’Iowa, la grande régioncéréalière des Etats-Unis, absorberont pratiquement toute la récolte de cet Etat. Les pauvres affamésseront alors mis en concurrence avec les propriétaires de voitures. Un combat perdu d’avance, sil’on considère qu’ils consacrent déjà 70 % de leurs maigres revenus à la nourriture.

Fabriquer des voitures moins gourmandes et manger moins de viande atténuerait leproblème, mais la seule solution à long terme est de permettre aux pays pauvres

et particulièrement à leurs populations les plus défavorisées - d’accroître les culturesvivrières.

Le meilleur moyen d’y parvenir est d’encourager les petits paysans à privilégier des culturesrespectueuses de l’environnement. Les études menées par l’université de l’Essex montrent que celapermet de doubler les rendements. Mais le monde doit prendre conscience de l’urgence de lasituation. "Nous sommes au bord du gouffre", met en garde Lester Brown.

"L’Histoire juge les dirigeants sur leur capacité à faire face aux grands problèmes. Et pour notregénération, le grand problème risque fort d’être la sécurité alimentaire."

Geoffrey LeanThe Independent on SundayPublié en français dans le Courrier International 828 - 14 sept. 2006///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////

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NOTE DE SYNTHESE PROPOSITION DE CORRIGE

Concours externe de lieutenants de Sapeurs-Pompiers Professionnels, session 2008

Monsieur le Directeur de l’Ecole Nationale Supérieure des Officiers Sapeurs-Pompiers,

IntroductionLes prix s’affolent et le monde a faim.Depuis 2006, les tarifs des denrées alimentaires de base connaissent une augmentation sansprécédent qui ébranle les échanges internationaux et ont des répercussions sur la stabilitépolitique de nombreux pays. Pour la deuxième année consécutive, la production agricole esten récession. C’est pour cette raison que l’on parle de véritable crise alimentaire.Quels sont les mécanismes responsables d’un bouleversement aussi sensible ? Et partant,quels sont les effets économiques et humanitaires de cette augmentation des prix ?

I. Les causes de la crise alimentaire

I 1 Des facteurs structurelsI.1.1. Un accroissement du pouvoir d’achat dans les pays émergents ;I.1.2. Un mode de consommation et des habitudes alimentaires modifiées ;I.1.3. Les effets de la pression démographique ;I.1.4. Une production agricole en chute libre.

I.2. Des facteurs conjoncturelsI.21. L’impact des catastrophes climatiques ;I.2.2 L’augmentation du prix du baril de pétrole.

I.3 Le développement des biocarburants

II. Quels sont les effets de cette crise alimentaire ?

II.1 Un tsunami économiqueII.1.1. Une flambée des prix sans précédent ;II.1.2. Les pays importateurs restent les plus touchés par la crise

II.2. Une catastrophe humanitaireII.2.1. Les chiffres de la faim ;II.2.2. Des pays du Sud en pleine révolte.

ConclusionCette crise alimentaire est donc multifactorielle. Elle est le fruit de causes de nature diversemais interdépendantes.Elle était pour certains inévitable et pour d’autres, préméditée. Ceci étant, jamais la faim et lapauvreté n’ont engendré autant de révoltes au sein des pays du Sud. Et si les pays émergentsrestent les plus touchés par cette crise, l’éternel contraste Nord-Sud semble alors dépassé parcette situation. Cette crise est mondiale et elle exige des solutions à l’échelle internationale.

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NOTE

I . / Une meilleure régulation politique

I.1. la proposition vénézuélienne : la création d’une banque de produits agricoles ;I.2. Une amélioration du fonctionnement de la FAO, et notamment des contrôles effectués parcette organisation des Nations unies sur l’alimentation et l’agriculture ;I.3. Une répartition des richesses plus équitable ou un « plan Marshall » à l’échelle mondiale.

II. / Une production vivrière au cœur du système agricole

II.1 Exploitation de l’ensemble des terres cultivables ;II.2 L’accroissement des marges de productivité de ces terres.

III. / L’agriculture : un enjeu multisectoriel

III.1 Augmentation des marges de manœuvre dans le secteur agro-alimentaire ;III.2. Une ruée vers de nouvelles ressources d’énergie ;III.3. Une production agricole dépendante des innovations technologiques.